Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article «L’art de couper les cheveux en quatre» d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Quand un proche me dit :

« Je ne suis pas heureux quand je n’ai pas raison. »

Je suis forcé de conclure que son éducation exige une sérieuse réorientation.

Serge-André Guay, Observatoire de la philothérapie

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Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Toutes les observations et les théories concernant l’Homme qui se donne raison retient mon attention depuis mon adolescence dans les années 70-80.

À cette époque, je ne pouvais pas placer un mot durant les repas en famille et lorsque j’y parvenais tout de même je n’avais pas raison. La force de conviction avec laquelle les adultes se donnaient raison m’impressionnait. J’eus même l’impression qu’être adulte, c’était obtenir le pouvoir d’avoir raison. Adolescent, on n’est trop jeune, sans l’expérience utile de la vie, pour avoir raison, du moins du point de vue des adultes.

Le contexte se distinguait assurément de celui de mes connaissances. Je grandissais dans une famille fortement politisée puisque l’un des mes oncle était député à la Chambre des Communes du parlement canadien. En politique, se donner raison, prendre pour vrai ce que l’on dit est essentiel. Mais cela vous donne une vision trouble du monde si vous ne suivez pas la parade. Le bénéfice de se donner raison me paraissait très faible comparé à la liberté de parole.

Enfin, les opinions exprimées avec une telle force de conviction me semblaient davantage des croyances aveugles, des prisons, que des vérités de faits.

Tout cela s’ajoutait à ma déception grandissante face au monde loin d’être tel que l’on me l’avait inculqué durant mon enfance et depuis mon adolescence.

À la maison, je préférais la solitude à tous ces échanges où tout un chacun se donnait raison, heureusement, la plupart du temps, dans la même direction. J’écrivais de la poésie dans le plus grand secret et plongé dans le silence du grand salon à l’usage réservé aux grandes occasions dans la maison familiale.

Cette solitude, épousée et chérie avec le plus grand soin, a fait de moi un solitaire. J’avais donc peu d’amis, dans mon quartier et à l’école.

Moi, tout ce que j’avais, c’était des idées et un amour fou de la métaphores à la base de ma poésie. Mes idées se présentaient comme des solutions aux problèmes que j’observais au sein de notre société.

Mais, du premier au cinquième secondaire (de la 5ème à Première en France), tout a progressivement changé. Je suis devenu, bien inconsciemment, comme un fonceur pur à l’image des adultes de ma famille, de bon nombre de mes professeurs, de mes nouveaux amis, de mes camarades… Il semble que le seul modèle disponible était celui du fonceur, obligatoire pour réussir dans la vie.

Le fonceur ne se demande pas s’il a ou non raison. Cette question lui est étrangère. Il est la raison en soi. Ainsi, il se donne toujours raison.

J’avais un trait distinctif : j’étais un fonceur solitaire et créatif, avec pour seuls outils, des idées et ma capacité à en faire des projets.

Je fus et je demeure un « gars de cause ». À cette âge, ayant vécu des problèmes de communication avec ces adultes, je croyais que tous les problèmes impliquaient un problème de communication. Il ne s’agissait pas d’établir ou de réorienter la communication ou, si vous préférez, de communiquer pour communiquer en misant sur la bonne volonté. Je cherchais une communication qui provoquerait une nouvelle prise de conscience, une révélation. Bref, je communiquais mes idées sous la forme de projet qui forçait une nouvelle approche du problème ciblé.

J’ai donc vendu mes idées pendant ma carrière pour brusquement prendre un virage à 180 degrés à trente-cinq ans. Un chercheur en marketing provoqua en moi une grande révélation : il valait mieux offrir de tester les idées plutôt que d’en fournir de nouvelles à l’infini. Et « tester » relève d’un processus scientifique. De là, je me suis intéressé à la pensée scientifique et son développement. J’ai vite compris que la pensée scientifique ne cherche pas à avoir raison, que ce n’est pas parce que le chercheur se donne raison que la science progresse. « La connaissance scientifique se bâtie sur la destruction du déjà-su. » Il ne faut donc rien tenir pour acquis définitivement. On peut tout remettre en question… sur des bases scientifiques. La suite de ma carrière en communication consista à tester les idées proposée par d’autres idéateurs et créateurs aux entrepreneurs.

Ma vie personnelle et familiale changea drastiquement. Désormais, avoir raison n’avait plus aucune importance. Je m’efforçais d’intégrer une pensée scientifique dans ma vie de tous les jours et dans l’éducation de mes enfants. « Notre valeur n’est pas liée au fait d’avoir ou non raison. » « La confiance en soi ne doit pas reposer sur le fait d’avoir raison ». « Le doute est notre meilleur allié pour avancer librement dans la vie. » « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense. »

Et ainsi de suite jusqu’au jour un l’un de mes proches me déclara : « Je ne suis pas heureux lorsque je n’ai pas raison ». Une telle déclaration au sein de mon entourage me déstabilisa. Je croyais avoir inculqué à mon entourage les principes énoncés ci-dessus. J’ai tout repris à zéro avec cette personne au meilleur de mes capacité. Si l’objectif d’avoir raison s’est maintenu, l’idée de liée le bonheur au fait d’avoir ou non raison s’est éteinte.

La question en titre du dossier de Philosophie magazine de juin 2024, « Comment savoir quand on a raison ? », présuppose que l’on peut avoir raison ou non. Personnellement, je me demande plutôt s’il est nécessaire et important d’avoir raison ? Le but dans la vie n’est pas d’avoir raison. Avoir raison ne se pose pas comme une condition pour vivre, pour vivre bien en amoureux et praticien de la Sagesse.

Dans l’introduction de son article «  L’art de couper les cheveux en quatre », Alexandre Lacroix explique qu’avoir raison peut s’entendre de deux manières différentes. Voici la première :


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« Cela peut signifier que ce que j’affirme est justifié, est vrai. »

SOURCE : LACROIX, Alexandre, L’art de couper les cheveux en quatre, Dossier : Comment savoir quand on a raison ? Philosophie Magazine, No 180, Juin 2024, p. 44.

SUR LE WEB : https://www.philomag.com/articles/lart-de-couper-les-cheveux-en-quatre


La notion du vrai, de la vérité, s’impose parce que nous vivons dans un monde où tout un chacun se donne raison. Et plus souvent qu’autrement, on se donne raison sur l’autre. La question « Qui dit vrai ? » ou « Qui a raison ? » devient essentielle dans un tel monde. Tous s’accordent sur l’importance de savoir qui dit vrai et qui dit faux. Mais ne serait-ce pas là un engrenage dont notre monde est victime ? Je me demande si la quête d’avoir raison ne produit par une vision du monde étriquée, réductrice de la réalité qui, objectivement, ne cherche pas à avoir raison.

Voici la deuxième manière dont peut s’entendre « Avoir raison » :


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« Mais cela peut aussi vouloir dire que j’ai de bonnes raisons de croire ce que je crois ou de penser ce que je pense, indépendamment du fait que ce soit vrai ou non. »

SOURCE : LACROIX, Alexandre, L’art de couper les cheveux en quatre, Dossier : Comment savoir quand on a raison ? Philosophie Magazine, No 180, Juin 2024, p. 44.

SUR LE WEB : https://www.philomag.com/articles/lart-de-couper-les-cheveux-en-quatre


Lier « Avoir raison » et « Croire » n’a pas de sens parce que la première demande des preuves et la seconde n’en demande aucune. Ainsi, dès que je crois avoir raison, je suis dans la croyance en ce que je pense. Et de là il n’y a qu’un pas à franchir pour prendre pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense.

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Centre national d'enseignement à distance (CNED), France
Centre national d’enseignement à distance (CNED), France.

Peut-on être sûr d’avoir raison ?

par F. Burbage

Introduction

On a raison lorsque ce qu’on dit est vrai, ou lorsque ce qu’on fait est juste. La vérité a souvent été définie comme l’adéquation de ce qu’on pense et de ce qui est. On serait sûr d’avoir raison s’il n’y avait en nous aucun doute à propos de cette adéquation.

Il importe de bien prendre la mesure de la question posée : on ne demande pas si l’on peut avoir raison, et quels sont les moyens dont on dispose pour cela, mais si l’on peut être sûr d’avoir raison. La question ne porte pas seulement sur le fait – donnée objective – qu’on ait ou non raison, mais aussi sur ses modalités subjectives : peut-on ou non en être assuré ?

Ce dont on peut d’abord s’étonner, c’est qu’une telle question soit simplement posée. Il ne fait aucun doute en effet qu’il nous arrive d’être sûr d’avoir raison. Le fanatisme en témoigne, d’une manière tellement paroxystique qu’on pourrait voir dans cette assurance un fait extraordinaire. Mais il est assez banal d’être comme on dit, « sûr et certain » du bien-fondé de ce qu’on fait, ou de ce qu’on dit. La difficulté qu’on éprouve à détromper ceux qui sont dans l’erreur l’indique immédiatement.

Si question il y a, c’est donc sous une certaine hypothèse : que l’assurance d’avoir raison ait été ébranlée, qu’on la soupçonne de n’être pas aussi bien fondée qu’on croyait. Qui pose cette question ? C’est un homme inquiet : y a-t-il une assurance véritable et durable d’avoir raison, et pas seulement une assurance hâtive, destinée à disparaître au moindre examen sérieux ? L’inquiétude, ce serait que l’assurance puisse se dérober, et qu’on s’aperçoive qu’elle est, en réalité, chose impossible ou illusoire. Pourquoi serait-on conduit à une telle situation ? Quel est ici le problème ?

On en prend une première mesure en considérant l’oscillation suivante :

  • la vérité est tellement difficile à établir qu’elle semble parfois échapper : les tribunaux les plus intègres commettent des erreurs, les savants les plus scrupuleux se trompent. Les progrès de la science supposent qu’on identifie les erreurs des prédécesseurs, qu’on travaille patiemment à les rectifier… jusqu’au jour où l’on sera soi-même critiqué et peut-être réfuté. Qui pourrait dans ces conditions être « sûr » d’avoir raison ? Ne serait-ce pas surestimer les capacités humaines à connaître, et prendre, naïvement, le simplement probable pour le vrai ?
  • mais il est difficile de nier qu’il y a des vérités : il est vrai que « 3 + 3 = 6 », et j’ai raison lorsque j’adhère à un tel énoncé. Celui qui en douterait passerait pour bien farfelu, d’autant plus que des preuves existent, et qu’un tel énoncé est tout sauf arbitraire. On peut faire et refaire les opérations, croiser les résultats, retourner aux règles fondamentales de l’arithmétique… Les cahiers des jeunes écoliers sont remplis de ces vérités « élémentaires », et ils vont à l’école justement pour en prendre connaissance, pour pouvoir ensuite faire fond sur elles, dans des analyses plus sophistiquées et plus délicates. Comment de telles vérités pour- raient-elles ne pas donner lieu à certitude ? Ne serait-il pas déraisonnable de douter qu’on ait alors raison ?

Qu’est-ce qui est ici indiqué : que certains objets sont plus difficiles à connaître que d’autres ? Que certaines méthodes sont moins performantes que d’autres ? Le problème serait alors celui de la délimitation des lieux et des moyens de la vérité.

Mais, et peut-être plus profondément, la difficulté est ailleurs : qu’advient-il à la vérité, dès lors qu’on l’inscrit dans l’ordre de la raison, et non plus simplement dans l’ordre de la révélation ou de l’autorité ? On a le souci de montrer que ce qui est donné comme vrai peut aussi être déduit, ou retrouvé par expérience : il s’agit de vérifier, d’apporter la preuve – la raison d’être – de ce qu’on avance, en considérant que la vérité consiste moins dans la conformité d’un énoncé à la réalité des choses (qui pourrait être due au hasard) que dans le mouvement de pensée qui permet de l’établir. Aurait-on raison sans ce travail du raisonnement, de l’observation, souvent associés ? L’efficacité de ce travail, c’est d’arracher la vérité au dogmatisme : au lieu qu’elle soit ce qui précède la pensée et qui la commande, elle en sera le produit. N’est-ce pas ce travail de la vérification qui est incompatible avec l’assurance d’avoir raison ? En a-t-on jamais fini avec le travail d’identification des faits, de détermination des valeurs ?

N’y a-t-il d’assurance que dogmatique ? Y a-t-il, et à quelles conditions, une assurance instruite, compatible avec les réquisits1 d’une détermination rationnelle du vrai et du faux ?

(…)

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1. note du CNED : réquisits ou exigences.

Source : Burdage, Frank, Introduction, Peut-on être sûr d’avoir raison ? Séquence 4, Leçon 30, Terminale – Philosophie (PDF en ligne), Centre national d’enseignement à distance (CNED), France, consulté le 17 août 2024.


Toute croyance relève du dogmatisme. Par conséquent, « Croire » que j’ai raison donne à ce que je pense le statut de dogme, une vérité fondamentale, incontestable. Je ne doute pas.

Or, sans le doute, rien ne peut venir éclairer ce que je pense et ce que je crois. Je ne peux pas savoir si j’ai raison ou si j’ai tort, pas plus que les hommes dans la Caverne de Platon.

Un jour, un proche à qui je demandais inlassablement des preuves de chacune de ses affirmations a fini par répondre : « C’est moi la preuve. » À force de réfléchir à cette réponse étonnante, j’ai conclu que les affirmations en question étaient, non pas des faits démontrés, mais de simples croyances, ce qui ne demande aucune preuve formelle.

Bon nombre de discussions se limite à des échanges de ce que les gens pensent d’un fait. Dans ce contexte, le fait lui-même n’a plus autant d’importance qu’il devrait. L’opinion ou le jugement du fait prime sur le fait lui-même. Finalement, c’est l’opinion ou le jugement du fait qu’on l’on prend pour la vérité et que l’on intègre automatiquement à ses croyances.

Personnellement, j’ai l’impression qu’en ce monde la vérité pour être « vérité » doit atteindre le statut de croyance, de dogme, pour plusieurs personnes.


c.myriam-tevault-d-allonnes-1a-1024L’irruption de la notion de « post-vérité », désignée comme mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford, a suscité beaucoup de commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fake news, mais peu de réflexions de fond. Or, cette notion ne concerne pas seulement les liens entre politique et vérité, elle brouille la distinction essentielle du vrai et du faux, portant atteinte à notre capacité à vivre ensemble dans un monde commun.

En questionnant les rapports conflictuels entre politique et vérité, Myriam Revault d’Allonnes déconstruit nombre d’approximations et de confusions. Elle montre que le problème majeur de la politique n’est pas celui de sa conformité à la vérité mais qu’il est lié à la constitution de l’opinion publique et à l’exercice du jugement. L’exploration du « régime de vérité » de la politique éclaire ce qui distingue fondamentalement les systèmes démocratiques, exposés en permanence à la dissolution des repères de la certitude, à la tentation du relativisme et à la transformation des « vérités de fait » en opinions, des systèmes totalitaires, où la toute-puissance de l’idéologie fabrique un monde entièrement fictif.

Loin d’enrichir le monde, la « post-vérité » appauvrit l’imaginaire social et met en cause les jugements et les expériences sensibles que nous pouvons partager. Il est urgent de prendre conscience de la nature et de la portée du phénomène si nous voulons en conjurer les effets éthiques et politiques.

Myriam Revault d’Allonnes est professeur à l’École pratique des hautes études. Elle a publié de nombreux essais au Seuil, et notamment La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps (2012).

Source : REVAULT D’ALLONNES, Myriam, La faiblesse du vrai – Ce que la post-vérité fait à notre monde commun, coll. La Couleur des idées, Éditions du Seuil,2018, quatrième de couverture.


Aujourd’hui, on s’approprie un fait pour s’en faire une opinion en le jugeant et ainsi se donner raison. Il y a une grande différence entre « Avoir raison » et « Se donner raison ». « Avoir raison » exige un degré élevée de concordance avec le réel, la réalité, en dehors de tout jugement. « Se donner raison » relève plutôt de la liberté que l’on se donne face au réel, une liberté débridée.


c.myriam-tevault-d-allonnes-1a-1024Apparemment, l’idée selon laquelle nous nous situerions à un moment, voire à une époque, d’« après » la vérité constitue une rupture signifiante au regard d’une notion fondamentale de la métaphysique occidentale et sur laquelle repose également, pour le sens commun, l’évidence du réel : une proposition est dite « vraie » lorsqu’elle est garantie par sa conformité à ce qui est. Le souci de la vérité a pu s’énoncer de multiples façons, antagonistes, plus ou moins savantes, dans des domaines divers, mais la pluralité des approche n’a jamais conduit à remettre en question le caractère « vital » de la référence au vrai.

(…)

Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.

Source : REVAULT D’ALLONNES, Myriam, La faiblesse du vrai – Ce que la post-vérité fait à notre monde commun, Introduction, coll. La Couleur des idées, Éditions du Seuil,2018, pp. 10-11.


Bref, la liberté de se donner raison se traduit par « À chacun sa vérité », peu importe les faits, le réel. « C’est ce que je crois être vrai qui est vrai… pour moi. »

La mise en exergue des défauts de la perception et des biais cognitifs au cours des décennies a discrédité l’universel au profit de l’individuel. « C’est ma perception du réel qui compte. » Le doute demeure absent avec toutes les conséquences néfastes du manque de recul. Le réel est une affaire devenue personnelle sans l’obligation consciente des conventions universelles, si ce n’est civilisationnelle, y compris culturelle.

Dans ce contexte personnel, un lien malsain est né, celui entre « Avoir raison » et la confiance en soi et, par extension, avec le bonheur.

Quand un proche me dit :

« Je ne suis pas heureux quand je n’ai pas raison. »

Je suis forcé de conclure que son éducation exige une sérieuse réorientation

Serge-André Guay, Observatoire de la philothérapie

La confiance en soi repose sur notre valeur intrinsèque, c’est-à-dire la vie en elle-même, celle qui nous fait Être. La confiance en soi vacille si elle se fonde sur l’idée d’avoir raison car l’expérience démontre que nous avons souvent tort. Il en va de même avec l’idée de lier notre bonheur avec l’idée d’avoir raison. Il suffit amplement d’être heureux d’Être, d’Être en vie. Quand nous soutenons être insatisfait de notre vie, ce n’est jamais la vie elle-même qui en cause. La vie ne se compare pas à baromètre de la température. Elle garde sa valeur intrinsèque peu importe ce que nous visons dans l’exercice de nos facultés, peu importe nos pensées et nos expériences, peu importe les contraintes et les opportunités. La valeur de l’Être et de l’existence demeure inaltérable et le fondement le plus sûr de la confiance en soi. Accuser la vie de « sa vie » relève de la confusion dans la quête d’une excuse mal ficelée d’avance.

Mais prenons garde car la vie n’est pas l’ivresse de la vie. L’ébriété, cet « état d’exaltation, d’euphorie sous l’effet d’une passion forte » installe la confusion et, à terme, la dépendance aveugle. Il ne s’agit pas d’être ivre de la vie mais plutôt de la reconnaître comme la valeur ultime de soi et des autres. Il s’agit de vivre pleinement sa vie et non pas de s’en enivrer. Pour ce faire, il faut vivre en harmonie avec ses émotions et nous éviter la perte contrôle.

Évidemment, la démarche demande beaucoup de créativité. Or, « Avoir raison » ou « Donner raison » tue la créativité car cette dernière exige le doute, le doute systématique, que nous assure de toujours prendre le recul nécessaire pour une vision libérée des acquis et du conditionnement. Être créatif, c’est être capable de tout remettre en question, condition essentielle pour la naissance d’idées nouvelles.

« Si vous avez une meilleure idée que la mienne, je vous prie de bien vouloir me la transmettre rapidement que je ne perde pas mon temps » ai-je souvent répété au cours de ma vie. Une telle disposition permet de maintenir l’ouverture d’esprit à son meilleur et alimente ainsi la créativité. Je n’accorde jamais à mes idées le statut de vérité et encore moins de croyance. Vous m’entendrez dire « J’ai une idée » beaucoup plus souvent que « Je crois ». Dans le monde des idées, avoir raison importe peu.

Il en va autrement dans le monde de l’opinion et du jugement où avoir raison est le motif principal de la prise de recul. Or, on ne prend pas du recul pour juger ou se faire une opinion mais pour comprendre. Et toute compréhension doit elle-même être sujette au doute. Dans cet optique, le savoir et la connaissance (expérience du savoir) ne seront jamais acquises définitivement.

Personnellement, ma créativité trouve sa motivation dans les problèmes à résoudre, qu’ils soient personnels, interpersonnels, sociaux, culturels, économiques…

problem-directed-men-louis-cheskin-001J’adhère à l’idée que ce dont notre société a le plus besoin, ce sont des hommes et des femmes orientés vers les problèmes.[1]

« Se donner raison » demeure un grave problème en notre monde. Il referme chaque individu sur lui-même ou, si vous préférez, il l’enferme dans la Caverne de Platon.

Exprimer sa compréhension d’un problème sous la forme d’une opinion ou d’un jugement ou confondre sa compréhension d’un problème avec son opinion ou son jugement est en soi un problème. Car comprendre n’est pas juger. Comprendre, c’est d’abord acquérir un savoir et une connaissance de l’objet et du problème s’y rattachant, une connaissance qui permet ensuite d’expliquer le problème, non pas de juger.

La compréhension se définit comme la « Faculté de comprendre, de percevoir par l’esprit, par le raisonnement. La compréhension du problème. ➙ intelligence ; familier comprenette. » (Dictionnaires Le Robert). En philosophie, l’explication de la compréhension s’avère beaucoup plus complexe.


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3 – L’unité de l’acte de compréhension

1° – Comprendre, c’est dénombrer

Comprendre la table, c’est saisir l’unité de la table ; c’est comprendre qu’il s’agit d’un objet. Quoi que je pense, il faut que je pense « un ». Mais penser la table et la comprendre revient à penser et comprendre l’unité d’une pluralité. En effet, la table a quatre pieds. L’unité et la pluralité sont deux limites : on ne pense jamais l’unité pure et la pluralité pure puisque l’unité pure ne peut être saisie que comme la négation de la pluralité. Aussi ce qui m’est donné à comprendre est-il ce qui fait la synthèse de l’unité et de la pluralité, à savoir la totalité. C’est pourquoi comprendre revient à dénombrer.

2° – Comprendre, c’est comparer

Il faut bien reconnaître que nous ne saisissons rien en soi mais toujours par comparaison. Supposons que le monde soit vert, nous ne le saurions pas puisque le vert n’est que par comparaison à d’autres couleurs. Il n’y a donc pas de couleur en soi : si le tableau est, c’est par rapport à la blancheur de la craie. Il y a d’abord une existence qualitative qui s’impose à partir d’une intuition : par exemple, le jaune de la table se donne immédiatement au niveau de la perception. Mais le jaune est une détermination qui exclut tout le reste. Enfin, si je conçois que cette chose est mais qu’elle n’est pas plus que cela, on cerne la couleur jaune par élimination successive. Ainsi paraît la limitation : je saisis les choses comme étant et, par comparaison, n’étant pas plus que ce qu’elles sont.

3° – Comprendre, c’est relier

Comprendre, c’est comprendre selon des rapports et les choses relativement les unes par rapport aux autres. Or, la chose se présente à moi comme devenir. Aussi, pour comprendre l’objet, faut-il voir que tout se tient sous les diverses apparences du devenir. Ce qui se tient, c’est la substance : l’arbre change mais c’est le même arbre. Ainsi pensé-je que le devenir est supporté par une identité à savoir la substance. Mais, à son tour, le changement reste identique à lui-même. Les choses changent toujours de la même façon. Malgré les apparences, les mêmes causes entraînent les mêmes effets. Nous trouvons donc la permanence à l’intérieur du changement. Dans la nature, tout se tient ; les causes ne sont pas isolées, elles s’entrecroisent. Ainsi le vase clos est-il relié à l’univers par sa clôture.

4° – Comprendre, c’est donner plus ou moins de valeur à son jugement

Comprendre consiste à savoir limiter la valeur de son jugement, c’est-à-dire le nuancer : par exemple, si l’on me pose la question de savoir combien il y a de tables dans une salle et que je suis à l’extérieur, je ferai un calcul qui me permettra de dire qu’il est possible que la salle contienne tant de tables. Le jugement que j’émettrai est problématique. Alors que si je suis dans la salle même, ma perception me met en rapport avec les tables réelles et le jugement que je vais émettre va être un jugement assertorique.

La catégorie du nécessaire apparaît au niveau des rapports conceptuels : j’émets alors un jugement apodictique (par exemple, lorsque j’affirme que la sphère est nécessairement obtenue par un demi cercle tracé autour du diamètre).

Références

Scholz, Oliver R. « Compréhension, interprétation et herméneutique ». Sens et interprétation, édité par Christian Berner et Denis Thouard, traduit par Christian Berner, Presses universitaires du Septentrion, 2008, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.75173.

ARON Raymond, « Compréhension et signification », dans : Introduction à la philosophie de l’histoire sous la direction de ARON Raymond. Paris, Gallimard, « Tel », 1991, p. 57-60. URL : https://www.cairn.info/introduction-a-la-philosophie-de-l-histoire–9782070723539-page-57.htm

Source : Philosophie : « Qu’entend-on par comprendre ?», LIBRE SAVOIR.


À cette étape, le doute prend toute son importance et se soustraire à l’objectif d’avoir raison. Sans le doute, l’individu vit dans un système sans faille. Or, c’est par les failles que la lumière entre. Évidemment, plus l’individu vit dans le noir depuis une longue période, la lumière l’aveuglera. Il sera alors porté à colmater la faille qui laisse entrer cette lumière pour retrouver son confort… dans le noir. Se donner raison, c’est vivre dans le noir.


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Bref éloge du doute

Quand des convictions intimes deviennent certitudes absolues, la folie guette, la barbarie aussi. C’est pourquoi, tout en défendant ses choix, il faut cultiver le doute philosophique.

Par Roger-Pol Droit, Les Échos, 5 juillet 2019

« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. » Le diagnostic – établi par Nietzsche en 1888, dans « Ecce Homo » – paraît plus actuel et plus utile que jamais. Car notre époque voit proliférer et se durcir des kyrielles de pseudocertitudes affolantes. Elles engendrent des flots de discours, mais aussi des actions marquées par le délire et la déraison.

Complotistes, islamistes et djihadistes, collapsologues fanatiques de décroissance, néonazis, suprématistes blancs – par exemple… – rivalisent ainsi de certitudes qui les font délirer. Il n’est pas question de les mettre dans le même sac : des différences colossales et insurmontables les séparent. Malgré tout, ils ont en commun avec bon nombre d’autres contemporains d’être habités de convictions arrogantes, de se croire certains de détenir des vérités, de se considérer par là même justifiés à les mettre en œuvre quoi qu’il en coûte.

Contre cette montée des dogmatismes, il faut rappeler combien le noyau dur de l’attitude philosophique est au contraire constitué, depuis Socrate, par une forme spécifique de prise de distance envers les certitudes – même les mieux assurées, même les plus répandues. Il faut préciser que ce n’est évidemment pas toute certitude, quelle qu’elle soit, qui fait déraisonner. Que deux et deux fassent quatre, nul n’en doute. Mais cela ne suscite aucune fantasmagorie. La dérive commence seulement quand une croyance est confondue avec un savoir, quand une conviction forte est prise pour une vérité absolue.

Lire la suite : Les Echos.


Éprouver un malaise face au doute signale une confrontation avec ses certitudes, ses vérités, devenues des croyances, elles-mêmes devenues des dogmes. Il nous faut apprendre à vivre dans le doute et comment en tirer le bénéfice.

Dans l’enseignement de la pensée scientifique, je trouve la réponse à la question « Quel est le bénéfice du doute ? » « Il faut apprendre à tirer le bénéfice du doute » nous dit-on mais sans jamais nous préciser quel est ce fameux bénéfice. « Le bénéfice du doute », c’est la certitude ». Ce n’est qu’une fois que l’on a douté (remis en question) une connaissance, une expérience et ses résultats, ce que nous pensons, comment nous l’avons pensé… que l’on sera certain, jusqu’au prochain doute. Ainsi va la connaissance scientifique. Elle n’est certaine que le temps qu’un nouveau doute la remette en question, soutenu par une connaissance nouvelle ou complémentaire.

« La connaissance (scientifique) se bâtit sur la destruction du déjà-su ». Une nouvelle connaissance scientifique vient en détruire une plus ancienne pour prendre sa place. Ce processus n’est possible que si on accepte de douter de toutes les connaissances scientifiques, de rien prendre pour acquis pour l’éternité. Le scientifique n’a jamais raison. Son opinion n’a aucune valeur. Il dispose uniquement des preuves fournies par ses expériences, reprises par ses collègues pour les confirmer. Bref, pas de doute, pas de connaissance scientifique.

Et pourquoi n’en serait-il pas ainsi dans nos vies ? Si oui, ce n’est plus la connaissance (expérience su savoir) qui mobilise l’attention mais plutôt le processus et plus particulièrement le doute. C’est ma capacité de douter qui donne à mon esprit toute sa valeur. Je peux avoir confiance en moi que si je doute.

C’est la démonstration de mes doutes que met de l’avant ma force de conviction, non pas à titre de vérité ou de croyance, mais d’une simple idée à débattre.

Toute ma vie professionnelle fut bâtie sur mes idées, mes idées de solutions à des problèmes. Je ne me suis pas avancé en soutenant avoir raison mais avec des idées originales et contextualisées.

J’ai mené la plus grande partie de ma carrière à titre de travailleur indépendant (autonome) plutôt que d’employé. Ainsi, je me suis soustrait à l’influence du système de l’entreprise cliente de mes idées. J’ai aussi échappé à l’obligation d’une vision de l’intérieur de l’entreprise au profit d’une vision de l’extérieur permettant la prise de recul nécessaire pour cerner et comprendre le problème à l’étude.

Jamais au grand jamais je me suis présenté en affirmant « J’ai raison » et je vous démontrerai que « Vous avez raison » de retenir mes services. Ma devise : « Je propose, vous disposez. »

J’exposais mes idées sous la forme de projets développés sur papier. Autrement dit, peu importe le démarchage, je déposais toujours un projet écrit original pour chaque client avec un résultat de 80/20[2] pour la signature d’un contrat. J’ai donc gagné ma vie en écrivant.

Je ne demandais pas au client de me donner raison mais d’expérimenter avec moi la réalisation d’un projet avec une définition claires de l’objet, de l’objectif et des moyens. Je me suis imposé ces définitions après avoir observé une certaine confusion chez les décideurs en entreprise.

Tous mes projets/écrits visaient un seul objectif : démontrer que je comprenais le problème avoué ou non par le décideur. En effet, souvent le décideur désire ce dont il n’a pas besoin. Mais mission : l’amener à désirer ce dont il a réellement besoin.

Les décideurs me demandaient souvent mon opinion, ce à quoi je me refusais en affirmant « Mes opinions ne comptent pas. Je me trompe souvent mais ce n’est pas le cas de mes recherches. » Je soutenais ma position en insistant sur le processus scientifique auquel je soumettais mes recherches. « Il nous faut entretenir le doute sur la décision à prendre jusqu’à ce que les résultats de mes recherches soient connus. »

À cette époque je ne vendais plus mes idées mais je testais celles des autres proposées aux décideurs. Mes projets se présentaient alors comme des « projets de recherche » consistant en une série de tests, chacun soumis à un processus scientifique. Le défi du décideur est d’accepter ces résultats.

À son habitude, le décideur fonde ses décisions sur des études, des rapports statistiques notamment des sondages, les résultats de groupes de discussion et le fruit de ses échanges avec d’autres personnes, compris des conseillers externes. À vrai dire, en bout de ligne, c’est son opinion au sujet de ces études, de ces rapports… qui compte le plus dans la balance ou, si vous préférez, sa subjectivé.


images_books_101107« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

Source : CHESKIN, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


« Avoir raison » ou « Se donner raison » se fonde toujours sur la subjectivité de l’individu. Aucune opinion, aucun jugement, ne peut se targuer d’être un tant soit peu objectif. Pour être honnête, il nous faudrait toujours déclarer « Voici ce qui a attiré mon attention ». Et les plus humbles d’entre nous ajouteront : « Et ce n’est peut-être pas l’essentiel ».

Dans ce contexte, la subjectivité fournit des indices sur la sensibilité, la culture et l’expérience de l’individu. Il est donc impossible de la bannir de la réflexion pour autant que l’on puisse la cerner.


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Dans son rapport au savoir, et plus largement au réel, la bêtise est celle de la doxa, dont le règne mérite d’être qualifié de dictature idéologique tant son influence est contraignante. Il y a un dogme de la doxa que l’on pourrait décomposer selon trois traits distinctifs, et qui relèvent tous d’une survalorisation des fonctions intellectuelles : narcissique, angoissée, et fataliste. Le narcissisme de l’opinion se caractérise par une surdétermination des atouts psychologiques, qui se répand en discours dérisoires de rationalisation, de dénégation de l’ignorance, employant au service de la certitude les arguments les plus inconsistants — l’évidence sensible (c’est vrai parce que je l’ai vu), l’autorité (c’est vrai parce qu’un tel l’a dit) et le consensus (c’est vrai parce que tout le monde le dit) —. L’opinion a toujours raison.

L’ignorant justifie sa propre ignorance en en faisant porter la responsabilité par quelqu’un ou quelque chose d’autre que lui ; s’il ignore, ça n’est pas de son propre chef, ça n’est pas qu’il est bête, c’est qu’il a été empêché de savoir — la proximité du narcissisme et de la paranoïa est ici flagrante —. L’exaltation de soi est d’autant plus forte que le sujet n’est pas dupe de ce qui s’oppose au libre exercice de son intelligence feinte. Elle atteint son paroxysme lorsqu’il se flatte de ce qu’on lui cache, car pourquoi faudrait-il tenir un impuissant dans l’ignorance ? La plupart du temps, l’homo loquax se moque bien de toute justification à son discours (laquelle se satisfait de l’obscurité de l’implicite), puisque l’enjeu est tout autre : la justification de soi par le discours. La manière est commode. « C’est parce que je l’affirme vrai que ça l’est » assure-t-il, en lieu et place de « c’est parce que c’est vrai que je l’affirme ». Ce qui est affirmé dans le discours, c’est l’image d’un soi-même désirée mais non réalisée, par répugnance pour ce long et patient travail d’ascèse qu’impose tout désir authentique de connaissance. Ce qui est affirmé, c’est l’impuissance de la raison, drapée du voile de la certitude. Le besoin de certitude cache l’angoisse, le deuxième trait distinctif de l’opinion évoqué plus haut. Le besoin irréfléchi de positivités conduit à ce comportement intellectuel trouble qui voit tout discours, pour aussi inepte qu’il fût, confirmé par n’importe quoi de persuasif ou de rassurant. L’« idiot » pense sur le mode de la fascination, la fascination du vraisemblable, et son manque d’imagination à créer un sens du monde le conduit le plus souvent à se rendre au consensus amiotique de la culture. Le sentiment de déréliction, qui ne manque d’envahir toute conscience affrontant la question du sens du monde, est traité par l’homme de l’opinion par la distraction. La pensée d’opinion est une conduite de fuite à l’égard du réel qui ne cesse de manifester sa cruauté, sa résistance à l’égard de notre désir de vérité et de bien-être. La maladie, la douleur, la vieillesse, la mort font l’objet d’une crainte incontrôlée ou d’une indifférence feinte. Et que dire des désordres de l’âme (passions, désirs refoulés, espoirs déçus…), des aléas et du chaos de l’histoire (les violences absurdes du totalitarisme, de la pauvreté, de l’injustice sociale…), des incertitudes de la science (caractère provisoire des théories, problèmes irrésolus) ? Le fatalisme, troisième trait distinctif de l’opinion, traduit l’inefficacité des stratégies communes à résoudre une crainte irréductible et des désirs irrépressibles. Victime de lui-même, acculé au constat d’impuissance, le misologue choisit l’extrême refuge de l’indigence en quoi consiste d’ériger des faits en commandements. Comme le troupeau de brebis, qui prend la fuite soudaine d’une des leurs pour un ordre, il fait sien, parce qu’il ne le comprend pas, tout ce qui s’affirme et le persuade. Impuissant à jouir du réel — il n’en connaît que les postiches de positivités — il se contente des miettes du banquet et, à la manière du chameau de Nietzsche, se charge du poids des valeurs esclaves. Et si pour jouir il adopte les distractions, ça n’est pas pour être heureux mais pour oublier qu’il ne l’est pas.

Source : GO Nicolas, « La sagesse du philosophe », Le Philosophoire, 2003/2 (n° 20), p. 67-81. DOI : 10.3917/phoir.020.0067. URL : https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2003-2-page-67.htm.


Dans ce contexte, revenons à la question posée en tête de l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » dans le numéro de juin 2024 de Philosophie magazine : « Quand peut-on se fier à son jugement ? ».

L’auteur de cet article, Alexandre Lacroix enchaine en soutenant que « Selon les circonstances, il existe plusieurs manières de répondre à cette question ». En fait, il en propose quatre.[3]


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  1. « Je sais que j’ai raison, parce que beaucoup de gens pensent ou font comme moi. »

Alexandre Lacroix qualifie cette approche de « conformiste ». Lorsque je pense ou que je fais comme « beaucoup de gens », je me questionne à savoir si nous ne sommes pas tous dans l’erreur. Je double mon doute de ma créativité. Ma sensibilité attire tout particulièrement mon attention sur les problèmes persistant d’une génération à l’autre. J’avoue préférer vivre en marge, ce qui me permet des prises de recul originales ou non conformistes.

  1. « Je sais que j’ai raison parce que, lorsque je mets mes idées en pratique, ça marche, j’obtiens de bon résultat. »

« Cette approche relève du pragmatisme » écrit Alexandre Lacroix. Si une idée mise en pratique fonctionne et donne de bon résultat, pourquoi dois-je ajouter « J’ai raison » ? Juger une idée ne sert pas la crédibilité du fondement de son utilité.

  1. « Je sais que j’ai raison, parce que je peux avancer des arguments solides en faveur de ma position et répondre aux objections.»

« L’une des méthodes couramment utilisées pour savoir si l’on a raison consiste à soumettre son avis ou son projet aux autres. On s’en remet alors à la dynamique de la délibération » écrit Alexandre Lacroix. Est-ce là attendre des autres qu’ils nous donnent raison ? Faut-il que les autres me donnent raison pour combler mon désir d’avoir raison ? Et si c’est le cas, est-ce réellement mon désir d’avoir raison pour me conforter dans ma position ou mon désir d’avoir raison sur les autres ? Est-ce nécessaire ?

  1. « Je sais que j’ai raison, parce que je dis la vérité et que je peux le prouver !»

SUR LE WEB : https://www.philomag.com/articles/lart-de-couper-les-cheveux-en-quatre


« La vérité la vérité la vérité est une poignée de sable fin. La vérité la vérité la vérité qui glisse entre mes doigts » chante de philosophe et artiste Raôul Duguay dans Le voyage :

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« La vérité est une invention de l’Homme.

L’Homme est imparfait.

Donc la vérité est imparfaite. »

Serge-André Guay, Observatoire de la philothérapie


Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ». La philosophe Myriam Revault d’Allonnes va encore plus loin en parlant d’une « ère post-factuel » dans son livre « La faiblesse du vrai » :


c.myriam-tevault-d-allonnes-1a-1024Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, p. 11.


L’erreur serait pourtant de penser que la post-vérité et la fabrication de « faits alternatifs » dans des sociétés démocratiques relèvent des mêmes mécanismes que l’idéologie totalitaire. Certes, dans les deux cas on propose un substitut à la réalité, un réarrangement de toute la texture factuelle en sorte qu’un monde fictif vient en lieu et place du monde des expériences et des relations que nous avons en partage et qui est le « sol » sur lequel nous nous tenons.

Dans les systèmes totalitaires, une idéologie « fantasmatiquement fictive » suscite un monde à la fois mensonger et cohérent que l’expérience est impuissante à contrarier. Le penser idéologique s’affranchit de l’existence de la réalité plus « vraie » que celle que nous appréhendons et percevons. Il ordonne les faits selon une procédure entièrement logique : en partant d’une prémisse tenue pour un axiome et dont tout le reste est déduit, on parvient à une cohérence jamais rencontrée dans le réel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, p. 14.[4]


La vérité se fait bardasser par tout un chacun en ces temps qui courent. Elle est victime d’érosion comme les berges soumis aux ondes de tempête provoquées par les changements climatiques.[5]

Soutenir que l’on a raison parce qu’on dit la vérité, preuves à l’appui, est d’abord et avant tout une affaire de croyance. Et dans ce cas, les preuves ne sont que des croyances si elles ne sont pas scientifiques. « Avoir raison », c’est croire que ce que l’on pense est vrai ou prendre pour vrai ce que l’on pense. « Dire la vérité », c’est croire que l’on dit la vérité. Peu importe la nature des preuves à l’appui, il faut en douter, être toujours prêt à les remettre en question. Ce qui est vrai un jour ne le sera peut-être pas un jour suivant.


« La vérité la vérité la vérité est une poignée de sable fin.
La vérité la vérité la vérité qui glisse entre mes doigts.
 »

DUGUAY, Raôul, Le voyage, Disque 2, Monter en amour, 1993.


À la vérité, je préfère et de loin la connaissance, cette expérience personnelle ou professionnelle du Savoir, pour autant que l’on sache distinguer Savoir, Connaissance, Opinion et Croyance.

Guillaume Lecointre[6] s’attarde à la différence entre Savoir, Croyance et Opinion dans son Guide de l’enseignement « Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Édition Belin / Humensis, 2018. » Ce livre est référencé dans le manuel scolaire « Esprit critique et scientifique, Enseignement scientifique Terminale,  » dont voici un court extrait :


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Savoir – Un savoir s’appuie sur des données et des faits objectifs, concrets et rationnels qui peuvent être justifiés, prouvés et qui sont validés collectivement. Au point de départ d’un savoir, on trouve un questionnement ; chaque savoir peut être continuellement questionné, voire potentiellement réfuté.

Croyance – Une croyance est une certitude individuelle et subjective qui peut reposer sur l’autorité ou sur la confiance, mais qui n’a pas été validée de façon objective. Une croyance n’est pas justifiée rationnellement et elle ne peut donc pas être réfutée.

Opinion – Une opinion repose sur de multiples fondements, plus ou moins objectifs et rationnels : des savoirs, des croyances, des informations de sources diverses, des vécus individuels ou collectifs, ou encore des données culturelles et sociales. / Une opinion est personnelle, mais elle peut être débattue, exposée, confrontée, ce qui lui permet souvent d’évoluer.

L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.

― Aristote

Source : Différencier savoir, opinion et croyance, Esprit critique et scientifique, Enseignement scientifique Terminale, lelivrescolaire.fr, p. 271.


Il nous faut aussi tenir compte de la distinction entre Savoir et Connaissance.


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Le savoir est un construit formalisé pour être transmis. Il est décrit dans des ouvrages, des programmes d’études, des documents. Le savoir est admis et partagé par une communauté, qui le place justement au rang de « savoir » ; il peut dès lors être transmis (par exemple, enseigné), acquis et valorisé. La transmission du savoir se fait par apprentissage ; en d’autres mots, pour devenir connaissance, le savoir doit être appris. Cela suppose un acte volontaire, « une démarche mentale active au cours de laquelle chaque apprenant confronte toute information nouvelle avec ses connaissances antérieures avant de l’incorporer dans sa base de connaissances » (12). Pour intérioriser un savoir, il faut le comprendre et se l’approprier.

L’intériorisation, l’incorporation de savoirs et d’expériences par une personne produisent la connaissance. Ainsi, la connaissance recouvre une dimension individuelle, alors que le savoir est plus général et « impersonnel » au sens qu’il n’est pas lié à une personne. La connaissance ne se transmet pas mais peut être transposée d’une situation à une autre par le même individu. La connaissance permet d’appréhender une réalité, de se faire une idée de la situation.

(…)

Il est possible de dire aussi que la connaissance est un processus dynamique permanent, alors que le savoir est « figé » à un moment donné en sachant que, par ailleurs, il est évolutif et formalisé par périodes. Selon Juignet, « Il est cependant intéressant de distinguer le processus actif de production, que nous nommerons la “connaissance”, de son résultat, que nous appellerons le “savoir”. Il s’agit de faire jouer la différence entre l’action et son résultat, ce qui revient à dire que la mise en acte d’une connaissance produit du savoir » (13).

_____________

  1. Nendaz M, Charlin B, Leblanc V, Bordage G. Le raisonnement clinique : données issues de la recherche et implications pour l’enseignement. Pédagogie médicale. 2005 Nov;6(4):235-54.
  1. Juignet P. Philosophie, science et société : connaissance – savoir (définitions) [En ligne sur Internet Archive].

Source : Dallaire C, Jovic L. Distinguer savoir et connaissances. Rech Soins Infirm. 2021 Mar;(144):7-9.


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Différence entre savoir et connaître

Sur le plan sémantique, connaître, c’est avoir la connaissance de l’existence d’une chose, c’est l’identifier, la tenir pour réelle; tandis que savoir, c’est avoir une connaissance approfondie d’une chose qui résulte d’un apprentissage, c’est avoir dans l’esprit un ensemble d’idées et d’images constituant des connaissances à propos de cet objet de pensée.

Généralement, savoir implique une connaissance plus approfondie et plus rationnelle que connaître.

Source : Différence entre savoir et connaître, Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue française, consulté le 25 août 2024.


Il ne s’agit donc pas d’avoir ou de se donner raison lorsqu’on parle de la connaissance et du savoir. Il s’agit de comprendre.


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« Connaître » c’est rassembler le maximum d’information, « savoir » c’est intégrer cette connaissance dans son esprit, « comprendre » c’est relier ce savoir à tout ce qu’on sait déjà et l’utiliser pour aller plus loin dans la conscience de soi-même et du monde.

Source : BRISSON, Pierre, Connaître, Savoir, Comprendre! Exploration spatiale | Le blog de Pierre Brisson, 16 mai 2020.


« J’ai compris » ne signifie pas « J’ai raison ». Autrement dit, le but de l’exercice de compréhension ne s’inscrit pas dans une démarche pour avoir raison. Car, lorsque je comprends, je ne juge pas. Je me rends à une évidence en mon intelligence ou, si vous préférez, une évidence m’est révélée en ma conscience. Bref, comprendre ne me donne pas raison. Je peux ainsi m’expliquer ou expliquer ma compréhension, y réfléchir et, si besoin est, l’exposer aux autres. Et cet exposé ne sert pas davantage à me donner raison sur les autres mais plutôt constitue un simple partage de connaissance et de savoir qui demeure discutable par le fait même que l’on puisse en douter.

Je ne m’oppose pas à la raison, cette « faculté qui permet à l’être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes ( compréhension, entendement, esprit, intelligence), et spécialement de bien juger et d’appliquer ce jugement à l’action ( discernement, jugement, bon sens) » (définition de raison, Le Robert – Dico en ligne).

Cette définition généraliste de la raison implique de « juger », de « bien juger ». Or, « le jugement fou le camp[7] », par manque d’attention, de formation, d’expérience, de connaissance, de savoir, de rigueur, de logique… Aussi, le jugement est devenu affaire d’opinion davantage que de raison.


fernand-buisson-002Juger, dit Aristote, c’est affirmer une chose d’une autre chose. Le jugement est essentiellement l’opération de l’esprit qui consiste à affirmer un attribut d’un sujet. « Le feu est chaud, la terre est ronde, l’homme est un animal raisonnable, Dieu est bon », sont des jugements.

Exprimé par le langage, le jugement s’appelle proposition. Toute proposition a en effet trois termes : le sujet et l’attribut, mis en rapport par le verbe.

Source : BUISSON, Ferdinand, Nouveau dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, sous la direction de Ferdinand BUISSON, 1911. Édition électronique de l’institut français de l’éducation consultée le 28 août 2024.


Aujourd’hui, le jugement n’est pas une simple « proposition ». On croit en son jugement. On se donne implicitement raison en jugeant.

On a le jugement facile et industriel, comme des produits fabriqués à la chaîne par des robots qui ne pensent pas. On va même jusqu’à se donner de la valeur sur la base de ses jugements, une valeur toute subjective.

Notons aussi la dictature des jugements de valeur sur les jugements de la réalité ou d’existence, sur l’expression des faits. L’Office québécois de la langue française offre cette définition du jugement de valeur : « Opinion formulant une appréciation, des préférences, par laquelle un être projette sur un objet, une personne ou une activité ses desiderata. Note : S’oppose au jugement de réalité qui, lui, repose sur des faits, des critères objectifs.[8] »


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Kant: Synthetic A Priori Judgments

Traduction en français après le texte en anglais

Varieties of Judgment

In the Prolegomena to any Future Metaphysic (1783) Kant presented the central themes of the first Critique in a somewhat different manner, starting from instances in which we do appear to have achieved knowledge and asking under what conditions each case becomes possible. So he began by carefully drawing a pair of crucial distinctions among the judgments we do actually make.

The first distinction separates a priori from a posteriori judgments by reference to the origin of our knowledge of them. A priori judgments are based upon reason alone, independently of all sensory experience, and therefore apply with strict universality. A posteriori judgments, on the other hand, must be grounded upon experience and are consequently limited and uncertain in their application to specific cases. Thus, this distinction also marks the difference traditionally noted in logic between necessary and contingent truths.

But Kant also made a less familiar distinction between analytic and synthetic judgments, according to the information conveyed as their content. Analytic judgments are those whose predicates are wholly contained in their subjects; since they add nothing to our concept of the subject, such judgments are purely explicative and can be deduced from the principle of non-contradiction. Synthetic judgments, on the other hand, are those whose predicates are wholly distinct from their subjects, to which they must be shown to relate because of some real connection external to the concepts themselves. Hence, synthetic judgments are genuinely informative but require justification by reference to some outside principle.

Kant supposed that previous philosophers had failed to differentiate properly between these two distinctions. Both Leibniz and Hume had made just one distinction, between matters of fact based on sensory experience and the uninformative truths of pure reason. In fact, Kant held, the two distinctions are not entirely coextensive; we need at least to consider all four of their logically possible combinations:

  • Analytic a posteriori judgments cannot arise, since there is never any need to appeal to experience in support of a purely explicative assertion.
  • Synthetic a posteriori judgments are the relatively uncontroversial matters of fact we come to know by means of our sensory experience (though Wolff had tried to derive even these from the principle of contradiction).
  • Analytic a priori judgments, everyone agrees, include all merely logical truths and straightforward matters of definition; they are necessarily true.
  • Synthetic a priori judgments are the crucial case, since only they could provide new information that is necessarily true. But neither Leibniz nor Hume considered the possibility of any such case.

Unlike his predecessors, Kant maintained that synthetic a priori judgments not only are possible but actually provide the basis for significant portions of human knowledge. In fact, he supposed (pace Hume) that arithmetic and geometry comprise such judgments and that natural science depends on them for its power to explain and predict events. What is more, metaphysics—if it turns out to be possible at all—must rest upon synthetic a priori judgments, since anything else would be either uninformative or unjustifiable. But how are synthetic a priori judgments possible at all? This is the central question Kant sought to answer.


TRADUCTION

Variétés de jugement

Dans les Prolégomènes à une métaphysique future (1783), Kant a présenté les thèmes centraux de la première Critique d’une manière quelque peu différente, en partant de cas dans lesquels nous semblons avoir atteint la connaissance et en se demandant dans quelles conditions chaque cas devient possible. Il a donc commencé par établir soigneusement une paire de distinctions cruciales entre les jugements que nous portons effectivement.

La première distinction distingue les jugements a priori des jugements a posteriori en fonction de l’origine de la connaissance que nous en avons. Les jugements a priori sont fondés sur la seule raison, indépendamment de toute expérience sensorielle, et s’appliquent donc avec une stricte universalité. Les jugements a posteriori, en revanche, doivent être fondés sur l’expérience et sont par conséquent limités et incertains dans leur application à des cas spécifiques. Ainsi, cette distinction marque également la différence traditionnellement observée en logique entre les vérités nécessaires et les vérités contingentes.

Mais Kant fait également une distinction moins connue entre les jugements analytiques et les jugements synthétiques, en fonction de l’information qu’ils véhiculent en tant que contenu. Les jugements analytiques sont ceux dont les prédicats sont entièrement contenus dans leurs sujets ; comme ils n’ajoutent rien à notre concept du sujet, ces jugements sont purement explicatifs et peuvent être déduits du principe de non-contradiction. Les jugements synthétiques, en revanche, sont ceux dont les prédicats sont entièrement distincts de leurs sujets, auxquels il faut montrer qu’ils se rapportent en raison d’un lien réel extérieur aux concepts eux-mêmes. Par conséquent, les jugements synthétiques sont véritablement informatifs mais doivent être justifiés par référence à un principe extérieur.

Kant supposait que les philosophes précédents n’avaient pas réussi à faire correctement la différence entre ces deux distinctions. Leibniz et Hume n’avaient fait qu’une seule distinction, entre les faits fondés sur l’expérience sensorielle et les vérités non informatives de la raison pure. En fait, selon Kant, les deux distinctions ne sont pas entièrement coextensibles ; nous devons au moins considérer les quatre combinaisons logiquement possibles :

  • Les jugements analytiques a posteriori ne peuvent pas apparaître, puisqu’il n’est jamais nécessaire de faire appel à l’expérience pour soutenir une affirmation purement explicative.
  • Les jugements synthétiques a posteriori sont les questions de fait relativement peu controversées que nous connaissons grâce à notre expérience sensorielle (bien que Wolff ait essayé de les dériver du principe de contradiction).
  • Les jugements a priori analytiques, tout le monde en convient, comprennent toutes les vérités purement logiques et les questions de définition simples ; ils sont nécessairement vrais.
  • Les jugements synthétiques a priori constituent le cas crucial, puisqu’ils sont les seuls à pouvoir fournir de nouvelles informations nécessairement vraies. Mais ni Leibniz ni Hume n’ont envisagé la possibilité d’un tel cas.

Contrairement à ses prédécesseurs, Kant soutenait que les jugements synthétiques a priori sont non seulement possibles, mais qu’ils constituent en fait la base d’une grande partie de la connaissance humaine. En fait, il suppose (comme Hume) que l’arithmétique et la géométrie comprennent de tels jugements et que la science naturelle dépend d’eux pour son pouvoir d’expliquer et de prédire les événements. De plus, la métaphysique – si elle s’avère possible – doit reposer sur des jugements synthétiques a priori, car toute autre approche serait soit non informative, soit injustifiable. Mais comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles ? Telle est la question centrale à laquelle Kant a cherché à répondre.

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source : The Philosophy Pages by Garth Kemerling .


Je dénonce le détournement de la raison au profit de la confiance en soi et son glissement aveugle dans le monde des croyances. « Aussitôt dit, aussitôt cru. » L’obligation volontaire et/ou inconsciente de croire ce que l’on dit dénature la raison.

Du fait que l’on croit ce que l’on dit, on croit aussi que l’autre dit ce qu’il croit. Ainsi, nous demeurons dans le monde des croyances même lorsqu’il s’agit d’une simple opinion (d’un simple jugement). L’opinion n’est plus qu’une croyance.

Or, il manque une étape importante tenant à la nature même de la raison : le raisonnement. L’effort de raisonner par soi-même ne peut s’enclencher sans une formation et un entraînement rigoureux de notre esprit.


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Définition de raisonnement – nom masculin

  1. Activité de la raison (I), manière dont elle s’exerce.

Opinion fondée sur le raisonnement ou sur l’expérience.

  1. Fait de raisonner en vue de parvenir à une conclusion. Les prémisses, la conclusion d’un raisonnement. Un raisonnement juste ; faux.

Source : Raisonnement, Le Robert, dico en ligne. Consulté le 31 août 2024.


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Raisonnement – nom masculin


  1. Activité, exercice de la raison, de la pensée : Comprendre les choses par intuition plutôt qu’en faisant appel au raisonnement.

Contraires : instinct – intuition

  1. Suite d’arguments, de propositions liés les uns aux autres, en particulier selon des principes logiques, et organisés de manière à aboutir à une conclusion : Suivez bien mon raisonnement.

Synonymes : argument – déduction – démonstration – preuve – raison

Source : Raisonnement, Larousse. Consulté le 31 août 2024.


Dans notre société, les conclusions des raisonnements circulent davantage que la « suite d’argument, de propositions liés les uns aux autres, en particulier selon des principes logiques ».

Ainsi, nous adoptons des conclusions sans en connaître le raisonnement. Notre seule préoccupation consiste à croire ou non en cette conclusion en référence à nos autres croyances. « J’ai raison de croire » ou « J’ai raison de rejeter » cette conclusion. Il faut maintenir l’équilibre de la confiance en soi en ne mettant pas en cause ce que je crois déjà.

Le raisonnement, en cas de demande d’explication, viendra à posteriori. On justifiera ce l’on croit, souvent sans lien avec le raisonnement d’origine puisqu’on ne le connaît pas.

Toute conclusion éveille d’emblée nos mécanismes de défense, lesquels protègent alors notre confiance en soi et l’image que nous donnerons aux autres en l’adoptant ou en la rejetant. À la limite, il s’agit d’une réaction involontaire qui échappe à notre conscience.

Dans notre société submergée de conclusions, nous n’avons pas le temps de remonter au raisonnement à la source de chaque conclusion. Nous trouverons bien une raison pour expliquer notre croyance si jamais une demande d’explications se pointe.

Au-delà de nos mécanismes de défense, se trouve notre inconscient et ce dernier est informé par nos sens de ce qui se passe et des options qui s’offrent à nous (croire ou ne pas croire) bien avant notre conscience

Car il ne faut pas oublier notre subjectivité et sa gestion par notre inconscient a priori de tout travail de la conscience. Lorsque nos sens transmettent des sensations au cerveau, l’inconscient est le tout premier à en être informé. L’objet de la sensation devient une perception et elle sera appréciée suivant notre schéma de références, lui-même acquis inconsciemment au fil de nos expériences auprès des membres de notre famille, de nos amis et de nos ennemis, de nos professeurs, etc. Cette référence d’appréciation de l’objet perçu dicte alors l’attitude à adopter (favorable, défavorable ou indifférence) face à l’objet de la perception. Et cette attitude dictera la position à adopter ou le geste concret à poser. Tout ce processus demeure inconscient et a priori du processus conscient. Ce processus inconscient est particulièrement bien expliqué par le chercheur américains Louis Cheskin (1907-1981), pionnier de l’étude des motivations d’achat et de la recherche prédictive en marketing.[9]

Dans notre contexte, le stimuli d’origine capté par nos sens peut être aussi bien un texte lu ou une parole entendue exprimant une opinion (un jugement) ou une croyance. Lorsque le confiance en soi repose sur l’absence de doute, la certitude de détenir la vérité (sa vérité), une opinion soulevant un doute engendrera une attitude défavorable et nos mécanismes de défense la rejetteront, question de survie, de protection de la confiance en soi. Il faut avoir raison de penser ce que l’on pense sur toute la ligne. Le doute, ennemi no 1 de la confiance en soi, doit mourir dans l’œuf. Il est plus pressant de sauter aux conclusions plutôt que de s’enquérir du raisonnement en amont et réfléchir à son tour.

Il n’y a donc pas de prise de recul. On est en accord ou en désaccord avec l’opinion ou la croyance, sans réfléchir davantage.

Un monde où tout un chacun se donne raison vit dans un bocal étanche à tout raisonnement. De l’extérieur, nous pouvons nous demander si la raison n’a pas perdu la raison. C’est la dictature du « J’ai raison » sur la conscience et l’esprit. La raison, pour autant que cela soit logiquement envisageable, est en voie de déshumanisation, réduite à des réactions involontaires et inconscientes.

Quand l’opinion que l’on a des faits prime sur les faits eux-mêmes, on doit faire le deuil du raisonnement, de cette « Suite d’arguments, de propositions liés les uns aux autres, en particulier selon des principes logiques, et organisés de manière à aboutir à une conclusion ». Ainsi, le raisonnement ne s’exprime plus dans opinion. Seule la conclusion compte.

Revenons au texte de Philosophie Magazine. Dans son article, Alexandre Lacroix, pose cette question : « Quand peut-on se fier à son jugement ? » et il explique qu’il y a plusieurs manières d’y répondre selon les circonstances. Nous avons déjà vu les trois premières. Voici la quatrième :


« Je sais que j’ai raison, parce que je dis la vérité et que je peux le prouver ! »

SOURCE : LACROIX, Alexandre, L’art de couper les cheveux en quatre, Dossier : Comment savoir quand on a raison ? Philosophie Magazine, No 180, Juin 2024, p. 44.

SUR LE WEB : https://www.philomag.com/articles/lart-de-couper-les-cheveux-en-quatre


D’emblée Alexandre Lacroix précise que « La notion de preuve n’a pas le même sens dans tous les domaines (…) ». Il donne en exemple les preuves de la culpabilité d’un suspect (identification ADN, traces archéologiques, écrites ou photographiques) déposées au tribunal. Il enchaîne avec la preuve mathématique : « elle repose sur une démonstration contraignante qui progresse, à partir de ses prémisses, en respectant les règles formelles de la logique ».

« Malheureusement, écrit Alexandre Lacroix, il existe aussi de nombreux domaines où il n’est passible d’avancer aucune preuve! » Monsieur Lacroix ajoute : « C’est ce qu’affirme le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein dans son Tractatus logico-philosophicus (1921) : « en dehors des tautologies et des contradictions, qui sont toujours vraies ou fausses, seules les “propositions de la science naturelle” sont susceptibles de se révéler, après une confrontation avec l’expérience, exactes ou inexactes. (…) D’où cette règle que se propose de suivre Wittgenstein : “Ne rien dire que ce qui se laisse dire, à savoir les propositions de la science de la nature – quelque chose qui, par conséquent, n’a rien à voir avec la philosophie –, puis, quand quelqu’un voudrait dire quelque chose de métaphysique, lui démontrer toujours qu’il a omis de donner, dans ses propositions, une signification à certains signes. ” »

Alexandre Lacroix conclut son texte en ces mots : « En dehors du conformisme, du pragmatisme ou de la délibération, nous n’avons pas grand-chose pour nous conforter dans nos avis personnels : même quand les autres nous approuvent et que la chance nous sourit, dans l’absolu, il reste possible que nous ayons tort ! »

Et cette possibilité implique ce que je mets de l’avant dans ce texte : le doute. Il est le fondement de ma liberté de penser, de mon indépendance de penser. Je suis un libre penseur que si je doute. Je doute donc je suis libre ! Autrement, je suis comme cette luciole enfermé dans un bocal; ma raison devient prison. Je suis coupable d’abus et de détournement de raison. Bref, un appel à la raison est un appel au doute.

Pour celui ou celle qui cherche constamment à se donner raison, le doute éveille une sensibilité déstabilisante en laissant libre court aux émotions les plus inconfortables. Dans ce cas, le doute n’est pas une affaire raisonnable mais strictement émotive.

Dans cette relation émotionnelle avec le doute nous ne pouvons plus parler d’un « doute raisonnable ». Pour plusieurs, « douter de ce que l’on pense » revient à « douter de soi » et ainsi à remettre en cause la « confiance en soi ». Ce lien est fallacieux et insidieux car il rejette tout doute.

Pourquoi ? Parce que « Détenir la vérité » est devenu un besoin existentiel. On en trouve la démonstration dans la conclusion malheureuse de plusieurs débats interpersonnels : « À chacun sa vérité », « À chacun son opinion ». Ainsi, la personne s’enferme dans « sa » vérité et elle emprisonne l’autre dans la sienne. Tout doute est écarté ou, si vous préférez, la possibilité que nous ayons tort est réduite à néant. À la limite, on ne doutera plus de l’opinion de l’autre puisque la vérité est une affaire personnelle. Il est admis que chacun possède la vérité, « sa » vérité.

Ce besoin existentiel de vérité expulse le vrai et le faux universels au profit du particulier : « Pour autant que j’y crois ». Devenue individuelle, la vérité n’a plus besoin de s’accorder avec le réel, si ce n’est « ma » perception du réel et « mon intuition personnelle comme preuves de véracité de ce que je pense et de ce que je dis ». Bref, « Si je crois que c’est vrai, cela me suffit amplement. »

La question d’avoir « confiance en soi » est remplacée par celle d’avoir « foi en soi », d’avoir « Foi en ce que je crois ». C’est la religion de soi, le dogme de soi.

J’ai interrogé avec insistance une personne sur les preuves de ses affirmations interprétatives au sujet de l’actualité. Exaspérée, la personne finira par me répondre : « C’est moi la preuve ». J’ai cogité cette réponse plusieurs mois pour admettre que les affirmations de cette personne devaient être avant tout des croyances (vraies) plutôt que des vérités de faits. Ma demande répétée de preuves avait donc tout pour agacer cette personne puisque les croyances n’ont pas besoin de preuves formelles. Croire suffit.

Dans le cas précis de l’actualité diffusée par les médias d’information, le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur n’ont ni les compétences ni le temps de vérifier l’information. Pour adopter ou croire en une actualité, ils doivent donc s’en remettre aux médias d’information.

Paradoxalement, le doute reprend sérieusement du service dans le cas des médias d’information comme le démontre le Digital news reports Canada et l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme. La confiance envers les médias d’information connaît une baisse constante.


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3.1 La confiance dans les nouvelles : La confiance envers la plupart des nouvelles la plupart du temps continue à fléchir au pays : seulement 39 % (-1 pp par rapport à 2023) des Canadiens partagent cette confiance (figure 34). Il s’agit du plus bas score obtenu par le Canada dans l’enquête jusqu’ici. Avec cette légère baisse depuis l’an dernier, ce score se retrouve tout juste en dessous du score international, qui reste stable (40 %), mais il demeure bien au-dessus des résultats des États-Unis (32 %) ou de la France (30 %)10. Depuis 2016, première participation du pays à l’enquête, la part de personnes en confiance est passée de 55 % à 39 % (-16 pp), et l’écart entre les Canadiens qui estiment pouvoir faire confiance à la plupart des informations la plupart du temps (39 %) et ceux qui réfutent cette idée (30 %) n’a jamais été aussi faible.

DIGITAL NEWS REPORT CANADA, SYNTHÈSE DES DONNÉES 2024, 3. CONFIANCE ET INTÉRÊT POUR LES NOUVELLES, 3.1 La confiance dans les nouvelles, Centre d’études sur les médias, p.44 (PDF).

3.4 L’évitement des nouvelles : Paradoxalement, l’augmentation de l’intérêt des Canadiens pour les nouvelles (voir section 3.2) concorde avec une hausse de la part de répondants les évitant (figure 37). Ils sont 69 % (+6 pp) à essayer au moins occasionnellement d’éviter les nouvelles, et 40 % des répondants (+7 pp) indiquent le faire parfois ou souvent. Dans les deux cas, ces proportions se rapprochent de celles de 2022 (respectivement 42 % et 71 %).

DIGITAL NEWS REPORT CANADA, SYNTHÈSE DES DONNÉES 2024, 3. CONFIANCE ET INTÉRÊT POUR LES NOUVELLES, 3.4 L’évitement des nouvelles, Centre d’études sur les médias, p.50 (PDF).

3.5 La fatigue informationnelle : Le sentiment de découragement face à la quantité d’informations suit le même mouvement que l’évitement des nouvelles (figure 38). La part de Canadiens s’estimant « découragé(e) par la quantité d’informations qui circule aujourd’hui » est passée de 28 % en 2019, dernière année où nous avions posé cette question, à 41 % en 2024 (+13 pp). Contrairement à ce qui était observé en 2019, les répondants anglophones sont plus portés à être découragés par la quantité d’informations qui circule (41 %, une hausse de 14 pp) que les francophones (38 %, une hausse de 6 pp).

DIGITAL NEWS REPORT CANADA, SYNTHÈSE DES DONNÉES 2024, 3. CONFIANCE ET INTÉRÊT POUR LES NOUVELLES, 3.5 La fatigue informationnelle, Centre d’études sur les médias, p.51 (PDF).


Statista nous offre un texte de Valentine Fourreau accompagné d’un graphique sous le titre « La confiance envers les médias à travers le monde » (24 oct. 2023) :

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Source web

https://fr.statista.com/infographie/25174/niveau-de-confiance-dans-les-medias-par-pays/


Le doute remettant en cause le degré de confiance envers les médias concerne, selon moi, plus spécifiquement les prises de position par les commentateurs-chroniqueurs (qui se donnent raison) et auxquels les rédactions accordent de plus en plus de place. La prise de connaissance de ces prises de position a le pouvoir de confronter les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs. Qui plus est, et ce n’est pas de moindre importance, « les nouvelles ne sont pas bonnes », ce qui finit par ébranler le sentiment de sécurité des « consommateurs de médias », d’où l’évitement tire probablement une part de son explication. Le doute envers les médias…


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Si l’homme était forcé de se prouver à lui-même toutes les vérités dont il se sert chaque jour, il n’en finirait point ; il s’épuiserait en démonstrations préliminaires sans avancer ; comme il n’a pas le temps, à cause du court espace de la vie, ni la faculté, à cause des bornes de son esprit, d’en agir ainsi, il en est réduit à tenir pour assurés une foule de faits et d’opinions qu’il n’a eu ni le loisir ni le pouvoir d’examiner et de vérifier par lui-même, mais que de plus habiles ont trouvés ou que la foule adopte. C’est sur ce premier fondement qu’il élève lui-même l’édifice de ses propres pensées. Ce n’est pas sa volonté qui l’amène à procéder de cette manière ; la loi inflexible de sa condition l’y contraint.

Il n’y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d’autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit.

Ceci est non seulement nécessaire, mais désirable. Un homme qui entreprendrait d’examiner tout par lui-même ne pourrait accorder que peu de temps et d’attention à chaque chose ; ce travail tiendrait son esprit dans une agitation perpétuelle qui l’empêcherait de pénétrer profondément dans aucune vérité et de se fixer avec solidité dans aucune certitude. Son intelligence serait tout à la fois indépendante et débile. Il faut donc que, parmi les divers objets des opinions humaines, il fasse un choix et qu’il adopte beaucoup de croyances sans les discuter, afin d’en mieux approfondir un petit nombre dont il s’est réservé l’examen.

Il est vrai que tout homme qui reçoit une opinion sur la parole d’autrui met son esprit en esclavage ; mais c’est une servitude salutaire qui permet de faire un bon usage de la liberté.

Source : TOCQUEVILLE (de), Alexis, De la démocratie en Amérique, Tome III — Première partie — Influence de la Démocratie sur le Mouvement intellectuel aux États-Unis, Chapitre II — De la source principale des croyances chez les peuples démocratiques, Pagnerre, 1848, pp. 12-13 (Wikisource).


MA CONCLUSION

L’article «  L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix de le numéro de juin 2024 de PHILOSOPHIE MAGAZINE est excellent en ce qu’il nous fait réfléchir sérieusement à la question « Quand peut-on se fier à son jugement ? » Ma recherche personnelle à la suite de la lecture de cet article me conduit à conclure que vivre dans un monde où tout chacun se donne raison, pour tout et pour rien, par habitude défensive de la confiance en soi, ne nous permet pas de vivre raisonnablement, c’est-à-dire en tirant le bénéfice du doute. La force de la raison se définit par la force du doute qu’elle entretient en plaçant la confiance en soi dans celui-ci. Ce n’est que si je doute que je peux, si je le désire, avoir raison, mais, dans le temps, cela se limite au prochain doute.

J’ai aussi pris davantage conscience que la philosophie est un monde d’idées plutôt que de certitudes. Pour philosopher, il m’apparaît essentiel de mettre sa raison au service des idées et de soumettre ces idées au doute pour réfléchir encore et encore. Je peux me fier à mon jugement que si j’en doute.

Aussi, la confiance en soi ne repose donc pas sur des certitudes mais sur mes facultés que me procure la simple fait d’Être, d’avoir une existence pour en prendre conscience et les développer. C’est là à la fois ma valeur ultime et mon devoir. Et avoir ou se donner raison ne sera jamais un outil utile pour accomplir ce devoir.

Enfin, avant de rejeter ou de se détourner d’une idée que l’on ne comprend pas, il faut se demander « Pourquoi je ne comprends pas ? ». Et si je comprends, je dois m’interroger à savoir pourquoi tel ou tel autre soutient le contraire, pour autant que je me donne la peine de ne pas épouser la première idée venue, de faire vraiment le tour du sujet. Dans ce contexte l’école devrait avoir comme première mission de nous apprendre à chercher, à trouver ce dont nous aurons besoin de savoir au cours de notre vie. Un professeur qui se donne raison ne sert à rien, sinon à enseigner que le bonheur, c’est d’avoir raison.


NOTES

[1]  Problem-directed men – Our greatest need in business and government, Louis Cheskin, The Bobbs-Merrill Company Inc., New York, 320 pages, 1964.

[2] Le taux de succès de mes démarches auprès de clients potentiels s’élevait 80%. Habituellement, le taux de succès est de 20% (20/80).

[3] SOURCE : LACROIX, Alexandre, L’art de couper les cheveux en quatre, Dossier : Comment savoir quand on a raison ? Philosophie Magazine, No 180, Juin 2024, pp. 44-49.

SUR LE WEB : https://www.philomag.com/articles/lart-de-couper-les-cheveux-en-quatre

[4] Voir aussi mon résumé de lecture sur le site web de l’Observatoire de la philothérapie : Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil.

[5] Voir aussi : « J’ai un problème avec la vérité », Observatoire de la philothérapie.

[6] « Guillaume Lecointre est l’auteur de plusieurs livres à succès aux éditions Belin, notamment la Classification phylogénétique du vivant et le Guide critique de l’évolution. Il intervient fréquemment dans les écoles, collèges et lycées. »

[7] GRAND’MAISON, Jacques (1931-2016), Quand le jugement fou le camp. Essai sur la déculturation, Les Éditions Fides, 1999, 230 page. (Gratuit sur le site web Les Classiques des Sciences sociales – Université du Québec à Chicoutimi.)

[8] Jugement de valeur, Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, Auteur de la définition : Académie des sciences commerciales, 1979.

[9] Voir le site web : Comment motiver les consommateurs à l’achat avec Louis Cheskin. Lien vers le site web : http://louis-cheskin.blogspot.com/


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DOSSIER

QUAND LA PHILOSOPHIE NOUS AIDE

 Page d’accueil du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.


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