Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

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Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs

Ilaria Gaspari

Traduit de l’italien par Romane Lafore

Publication originale : Vita segreta delle emozioni
© 2021 Ilaria Gaspari
Publié avec l’aimable collaboration de The Italian Literary Agency

ISBN 978-2-13-083548-6

Dépôt légal – 1re édition : 2022, mai

© Presses Universitaires de France / Humensis,
pour l’édition française, 2022

170 bis, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris


Résumé

Les plus émotifs d’entre nous éprouvent parfois de l’angoisse ou de la culpabilité lorsqu’ils sont placés dans des situations qui les poussent à exprimer leurs ressentis. Aujourd’hui diabolisées ou au contraire survalorisées, les émotions et leur expression sont-elles un obstacle à l’épanouissement de soi ?

En proposant un voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Ilaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos états d’âme comme des contraintes. En s’appuyant sur les plus grands philosophes et la littérature, des récits initiatiques d’Homère à Spinoza, Ilaria Gaspari révèle à quel point le plus intime est aussi universel : ce sont nos émotions qui nous rendent humains. Partageant sa propre expérience de grande émotive dans un style vivant, elle propose de reconnaître nos émotions pour ce qu’elles sont et ne plus les subir ; et ainsi nous réconcilier avec nous-mêmes.


Autour de l’auteur

Photo de l'auteure - Source : Page Facebook de l'auteur : https://www.facebook.com/ilaria.gaspari.5
Photo de l’auteure – Source : Page Facebook de l’auteur : https://www.facebook.com/ilaria.gaspari.5

Ilaria Gaspari est docteure en philosophie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est notamment l’auteure aux Puf de Leçons de bonheur. Exercices philosophiques pour bien conduire sa vie (2020).


Sommaire

Nostalgie

L’émotion au passé morbide

Regret et remords, ou : j’avoue que j’ai vécu

L’angoisse est une question

Compassion, ou : se découvrir humains

Antipathie, l’émotion inconfessable

Colère funeste ou colère importune ?

Envie : l’œil et le mauvais œil

Jalousie, paradoxe et supplice

Émerveillement, ici naît la philosophie

« Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d’une lame »

Gratitude, la sensation d’être au monde

Bibliographie


Extrait

Rien ne se produit dans la nature qu’on puisse attribuer à un vice de sa part [1].

Baruch Spinoza

Une petite toux

À 9 ans, j’ai été pour la première fois à la Scala de Milan, voir le Roméo et Juliette de Prokofiev. J’ai beaucoup de souvenirs de cette soirée : les loges, les lustres gigantesques, les velours, le faste, le foyer où tout le monde buvait du vin. Les danseurs, la scénographie, les costumes… J’étais aux anges. À un détail près. Les consignes avaient été claires : ne fais pas de bruit, ne parle pas. On ne peut même pas tousser, au théâtre. Et si ça me gratte la gorge, comment je fais ? Las, l’étiquette théâtrale était catégorique. Éternuer, bâiller, chuchoter, tousser : interdit.

Et c’est ainsi que pendant toute la soirée, assise à une loge, le souffle court et les yeux rivés à la scène, bouleversée par la beauté de cette première sortie de grands, je n’avais cependant pensé qu’à une chose : à ma toux. Je n’ai pas le droit de tousser, me répétais-je, et bien que je ne fusse pas enrhumée le moins du monde, à force de me concentrer sur cette seule pensée obsessive, il ne faut pas que je tousse – il ne faut pas que je tousse – il ne faut pas que je tousse, je m’étais mise à ressentir une irritation dans le fond de la gorge qui disparut dès le rideau baissé.

Tout le monde en a fait l’expérience, n’est-ce pas ? On vous dit : ne riez pas, et vous vous sentez envahi d’une hilarité périlleuse, vous étouffez votre envie, vous n’y tenez plus, vous explosez. On vous dit : ne pleurez pas, ce n’est pas le moment, et plus on vous le dit, plus vos yeux et votre nez se mettent à picoter, il suffit qu’on vous le répète encore une fois et ça y est, c’est trop tard.

J’ai été une petite fille émotive, une adolescente émotive et, sans surprise, me voilà aujourd’hui une femme émotive. Un rien suffit à me troubler, je me laisse emporter, je m’émeus, je change d’humeur. Je pleure devant les films, y compris les navets, je pleure au moment des au revoir, même quand c’est moi qui pars ; j’oublie les fins des livres parce que la seule idée que les choses ont une fin me déprime. Il m’arrive de sentir mon cœur exploser de joie, puis tout à coup, l’instant d’après, une ombre s’abat sur moi. Je garde tout, les billets de train, les cartes postales, les tickets de caisse, pour essayer de me rappeler qui j’étais, qui je suis, dans l’espoir de rester connectée aux choses que j’ai vécues.

J’ai déjà éclaté en sanglots quand je n’aurais pas dû. La dernière fois, c’était pendant une rencontre en ligne : les larmes sur Zoom ne sont pas moins embarrassantes, croyez-moi. Est-ce que j’ai eu honte ? Et comment. Je n’aurais pas voulu dévoiler cette fragilité, mais comme on dit : ça a été plus fort que moi. Bien, me suis-je dit : où est-il écrit qu’une larme rabaisse celui qui la laisse couler ? Il est humain de pleurer ; pour des tas de raisons différentes, cela arrive à tout le monde.

Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’être émotive ne signifie pas être instable ou déséquilibrée : simplement être vivante, ouverte et vulnérable face à l’expérience du monde.

Les émotions sont frappées d’un interdit contradictoire : d’un côté, elles sont repoussées, parce que signe de faiblesse, parce que honteuses, parce qu’elles ouvrent une brèche qui ressemble peut-être un peu trop à une blessure sur l’intimité de ceux qui les éprouvent ; de l’autre, elles sont savamment exhibées, comme un trophée, pour la curiosité mal placée de ceux qui les regardent.

Beaucoup d’hommes jugent encore inconvenant d’afficher leurs larmes ou de laisser transparaître leur émotion ; d’admettre que la vie les bouleverse, les meurtrit, les renverse. Pourtant, une fois de plus, cela arrive à tout le monde. Pour les femmes, le fait d’être considérées comme émotives, et donc instables, est prétexte à une permanente remise en cause de leur autorité, au travail, en politique, dans les rapports humains ; même quand la rhétorique de l’émotivité et de l’empathie est mise en avant et célébrée, l’émotion continue à être perçue comme un trait de caractère relatif à une forme de victimisation, qui dévalorise non seulement celui qui l’éprouve, mais l’émotion elle-même.

Combien de fois devons-nous réprimer un élan intime parce que nous avons peur du regard des autres, ou parce que nous ne nous sentons pas légitimes à le ressentir ? Il arrive même que, par culpabilité, nous niions à nous-mêmes le droit d’éprouver quoi que ce soit. Pourquoi ? Parce que nous sommes habitués à nous méfier des émotions ; parce que nous n’avons pas été éduqués au discours émotionnel.

Mais la peur de paraître vulnérable, la honte de laisser affleurer ce qui nous consume, l’envie à l’égard de ceux qui semblent parvenir mieux que nous à gérer leur tumulte intérieur, tout ça, est-ce que ce ne sont pas aussi des émotions ?

Seulement, pour ne pas nous être fiés en premier lieu à ce que nous éprouvions, nous nous retrouvons prisonniers d’une impasse : de ce que nous avons réprimé est né autre chose, quelque chose de plus fort et de plus tenace qui peut – dès lors – nous dominer. Honte, peur : « passions tristes », insidieuses, dans la mesure où elles nous obligent à nous replier sur nous-mêmes, à nous éloigner des autres ; nous empêchent de progresser, de nous connaître en profondeur – or n’est-ce pas la condition sine qua non pour espérer atteindre le bonheur ? Autant essayer de les connaître, alors, ces émotions qui nous traversent et qui traversent nos semblables. Même les négatives : pour éviter qu’elles nous enferment et nous soumettent à un chantage permanent. Autant essayer de sortir de cet état d’analphabétisme émotionnel qui génère incompréhension, voire, parfois, violence.

Le thème est d’autant plus délicat que la classification des émotions est encore sujette à débat : beaucoup d’études de psychologie évolutive s’accordent sur l’existence de quelques émotions « fondamentales », dont le nombre oscille entre six et huit. Il s’agit d’émotions qui sont exprimées de la même manière dans le monde entier (en général, la liste comprend : dégoût, surprise, peur, colère, bonheur et tristesse – pas l’amour : trop lié à des rituels socioculturels spécifiques), mais il existe pléthore de théories et de paradigmes pour cataloguer les émotions. Ce livre ne prétend aucunement en offrir une classification exhaustive ; il se veut un parcours, une sorte de bref voyage émotionnel qui, en partant des émotions liées à la conscience du temps (ardue et si éperdument humaine) et en passant par celles ayant trait au conflit entre le moi et l’autre dans la définition (impossible) de l’identité, nous mène à l’ouverture au monde, consécutive à la reconnaissance de l’autre comme d’un semblable.

Certes, pour chacun de nous, l’émerveillement, l’amour, la haine et le désir, la joie et la tristesse [2] ont un visage différent. Ce que chacun de ces mots évoque en nous est lié à notre expérience, qui lui associe un souvenir, un parfum, une personne, un épisode de notre vie passée ; mais ces émotions, nous les éprouvons tous. Les forts et les faibles, les chanceux et les malchanceux, les joyeux et les mélancoliques. À tel point que nous savons les reconnaître au moment même où elles sont éprouvées par quelqu’un d’autre – quand bien même elles revêtent pour nous une signification personnelle, intime, souvent à la limite de l’ineffable. Avez-vous remarqué ? Les manifestations de dégoût, d’attendrissement ou de surprise de vos proches vous sont sûrement plus familières que les vôtres – à moins que vous ne passiez votre vie devant un miroir. Sur eux, vous avez eu maintes fois l’occasion d’épier, comme les ondes sur la surface d’un lac, le froissement des traits caractéristiques de tel ou tel mouvement d’âme. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à lire les émotions sur le visage des personnes qui nous aiment et prennent soin de nous ; de la même façon, toute notre vie, quelqu’un saura lire les nôtres – à notre insu, la plupart du temps. Ces émotions nous permettent de communiquer grâce à un langage universel, que nous intégrons pour la bonne et simple raison qu’il nous réunit les uns les autres – parce que les émotions nous concernent tous, nous touchent tous. Les réprimer, ou les exacerber dans un mouvement ostentatoire qui les déformerait en les rendant presque insincères, entraîne un désagrément non dénué de risque – comme celui de se condamner à une irritation de la gorge en plein spectacle, pile le soir où on nous a interdit de tousser.

La philosophie guérit les maux

Mais une émotion, qu’est-ce que c’est ?

Le mot est relativement jeune, ce qui n’est pas le cas du concept auquel il se réfère – mais on sait bien que les choses changent en fonction de la façon dont on les regarde et dont on parle d’elles.

Avant de porter leur nom actuel, celles que nous appelons aujourd’hui les émotions ont été identifiées pendant des siècles, et dans de nombreuses langues, à partir du grec πάσχειν (pàschein) et de son homologue latin pati (littéralement : « pâtir »), comme des passions. La notion rattachée au terme « passion » est celle de la passivité : passivité de l’âme, à la différence du corps, lequel est actif, comme le résume Descartes au milieu du XVIIe siècle dans son traité sur les Passions de l’âme. On trouve à l’origine de cette dialectique un préjugé tenace vis-à-vis du corps, qui serait un « poids » et un obstacle à la liberté et au développement de l’âme ; comme si ce que nous éprouvons, qui nous ancre au monde sensible, était d’une certaine façon une entrave à notre perfectionnement intellectuel et spirituel. Depuis la fin de l’Antiquité, philosophes et médecins se sont intéressés aux passions : les premiers ont peu à peu façonné l’idée selon laquelle les manifestations de notre sensibilité et de notre être pourraient être répertoriées au sein d’un système de vices et de vertus – Aristote en fut le précurseur, et ce courant s’étira jusqu’à la scolastique ; les seconds, à travers la dite « théorie des humeurs », qui s’est transmise d’Hippocrate à la Renaissance tout en étant investie durant le Moyen Âge par la médecine islamique, identifient dans le corps humain quatre différentes substances élémentaires (« humeurs »), dont les proportions déterminent non seulement les natures et les caractères, mais aussi les états d’âme. Selon cette thèse, qui fusionne médecine, physiognomonie et étude de la personnalité, tous les êtres humains peuvent être répartis en quatre tempéraments fondamentaux en fonction de l’humeur qui prévaut dans leur constitution. Galien en a mis au jour quatre : le colérique, qui a un excès de bile jaune ; le mélancolique, de bile noire ; le flegmatique, de flegme ; et le sanguin, de sang (sans surprise).

Au beau milieu du XVIIe siècle, quelques années après Descartes, un philosophe anticonformiste et génial, Baruch Spinoza, introduisit dans le lexique des émotions un lemme alternatif pour parler des passions : « affecto » – en latin, affectus –, une façon pour lui de liquider cette implicite dimension de passivité. Spinoza postule que tout raisonnement sur l’homme doit prendre en considération ce que nous ressentons, dans la mesure où cela nous permet de bâtir notre propre connaissance du monde. Qu’il faut écouter ce que nous dit notre corps. Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis.

Entre-temps, à Londres, le médecin Thomas Willis s’employait avec ardeur à disséquer les cadavres des pendus. Et en lui cheminait l’hypothèse selon laquelle les manifestations émotionnelles – tremblements, élans cardiaques – trouvaient leur origine au cœur de l’organisme : dans le subtil réseau constitué par le système nerveux. Nul besoin, selon lui, de brandir les concepts d’âme, de passivité, les humeurs et les tempéraments.

L’écossais Thomas Brown fut philosophe, médecin et poète, et mourut jeune, en 1820 ; c’est à lui que nous devons l’avènement du terme « emotion » dont sera fait par la suite un usage massif. Il s’agit d’un calque du français : pas un néologisme mais la remise au goût du jour d’un mot déjà existant qui n’avait jusqu’alors recouvert qu’une signification assez vague, celle d’une « mise en mouvement », d’une oscillation.

Ce n’est que dans le XIXe siècle tardif [3] qu’on se mit à évoquer de plus en plus souvent les émotions, distinctes des passions parce que soustraites au soupçon de la passivité, mais également des sentiments, l’autre lemme fondamental de ce lexique en pleine mutation. Par rapport au sentiment, qui est ce que nous sentons de manière consciente, l’émotion désigne quelque chose de plus immédiat, de plus somatique, de plus inconscient, en tout cas au premier abord. L’émotion est une « réaction complexe », souvent accompagnée d’une manifestation mimique – une expression qui change, un comportement modifié –, qui se compose de deux éléments : une variation physiologique et une expérience subjective qu’on peut qualifier, pour le coup, de « sentimentale ». Spinoza avait donc raison : le corps et l’esprit ensemble sont impliqués dans l’expérience de l’émotion.

« Vain est le discours du philosophe par lequel l’homme n’est guéri d’aucune passion [4] », a écrit Épicure ; et de fait, les philosophes antiques ont mis leur sagesse au service de l’homme et de sa vocation au bonheur (que le monde classique voit non pas comme un état émotionnel temporaire, passager, mais comme un parcours vertueux d’autoperfectionnement), en imaginant, pour la plupart d’entre eux, qu’il faut faire appel à la raison pour dominer ses passions, s’isoler des flots tempétueux de la vie, être imperturbable – ataraxique – et libéré de ce qui se passe autour de soi – autarcique.

Mais l’autarcie et l’ataraxie ne conviennent pas à tout le monde, bien au contraire : ne risque-t-on pas, en se figeant dans un état d’imperturbabilité et d’autosuffisance vis-à-vis du monde extérieur, de se priver d’une part importante de la vie [5] ? Le risque qui pèse sur ce bonheur tel qu’envisagé par la philosophie antique est qu’à force d’être dissocié de l’immédiateté, du contact direct avec ce que nous éprouvons, il devienne une notion abstraite, hors d’atteinte.

L’existence même des émotions, qui dessinent le « paysage de notre vie spirituelle et sociale [6] », témoigne de l’impossibilité de se penser autosuffisant. Et si nous essayions alors de chercher une alternative à l’ataraxie ? Pour connaître les émotions sans nous laisser dominer par elles, pour ne pas les subir, ni les réprimer, mais les vivre, il nous faudra avant tout nous éduquer à leur langage.

Les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ; mais, pour éviter qu’elles ne deviennent passions tristes, il faut que nous nous fiions à ce qu’elles nous disent, de nous-mêmes, mais aussi des autres : l’alphabet des émotions, qui est écrit dans les expressions du visage, nous l’avons appris en prenant l’habitude de nous voir en qui nous est proche. Ces réactions physiques ancestrales, avec leur hérédité évolutive et leur composante biologique, sont cependant également tributaires de phénomènes à l’œuvre dans notre inconscient, de notre expérience la plus subjective.

Chacune des émotions que nous éprouvons a une histoire, faite aussi de toutes les personnes qui l’ont éprouvée avant nous, communiquée, chantée, révélée, étudiée. L’histoire des émotions, de leur métamorphose et de leur vie secrète, est liée non seulement à la philosophie, qui a largement enquêté à leur propos en construisant des paradigmes d’observation et d’étude, mais aussi à la littérature, et à la poésie, laquelle, selon William Wordsworth, l’un des premiers théoriciens des émotions de l’époque moderne, n’est qu’une émotion revécue dans la tranquillité – emotion recollected in tranquillity.

À l’endroit même où germe la philosophie, qui nous permet de nous déchiffrer, germe toujours la littérature, qui nous donne les instruments pour nous raconter en tant qu’être humain. Être humain, c’est-à-dire douloureusement conscient de ne disposer que d’un temps limité dont nous ne connaissons cependant pas la limite exacte ; être humain, c’est-à-dire à la fois unique et constitutivement similaire à d’autres, appelé à conquérir à travers un parcours fascinant et semé d’embûches la possibilité de dire « je » pour pouvoir être à même de penser « nous », pour pouvoir nous ouvrir aux autres et au monde.

Michel de Montaigne s’est attelé à la rédaction des Essais avec l’idée de composer un recueil de maximes célèbres, un florilège de citations tirées de la philosophie antique, selon une mode en vigueur à la Renaissance ; il s’aperçut toutefois bien vite qu’il lui était impossible d’extraire ces mots écrits des siècles auparavant par des hommes qu’il n’avait pas connus sinon à travers leurs pensées confiées au papier (ou au parchemin) sans être amené à réfléchir sur lui-même. Sans entrer lui-même dans le tableau, avec son Je qui, en écrivant, petit à petit, se découvrait fragmentaire, contradictoire, ambivalent ; avec ses pensées, ses excès, son mal de rein, ses cicatrices qu’il a peut-être – peut-être – tenté de dissimuler (ce dont Rousseau allait par la suite l’accuser), profitant des coups de pinceau indolents, impressionnistes, avec lesquels il osa brosser son portrait, pour la première fois dans l’histoire. Dans ce récit de soi si passionné, si profond, si vivace et vivant, affleure le secret le plus magnifique de l’humanisme : pour différents que nous soyons, éloignés par l’histoire, la culture, la vie, le fait d’être humain nous permet de nous parler à distance de siècles, d’être contemporains même si séparés par les abysses du temps.

Il s’agira d’un voyage émotionnel par étape : chaque étape, en essayant de reconstituer les événements qui ont mené à employer tel mot pour désigner ce que nous éprouvons (et en tentant, chemin faisant, de rappeler qu’aucune émotion n’est bonne ou mauvaise dans l’absolu), s’essaiera à une recollection in tranquillity, une « réinvocation » des émotions grâce au souvenir, et dessinera l’esquisse d’un autoportrait : fragmentaire, composite, imparfait. Parce que nous nous ressemblons tous dans notre vulnérabilité ; et se reconnaître émotif induit avant tout de prendre conscience que nous ne sommes pas autosuffisant, que nous avons des besoins et que ce sont bien ces besoins qui nous rendent humain.

Je dédie ce livre à tous les paumés, les assoiffés, les agités, les imparfaits.

NOTES

[1] Spinoza, Éthique, éd. Fokke Akkerman et Piet Steenbakkers, trad. Pierre-François Moreau, introduction et annotations Pierre-François Moreau et Piet Steenbakkers, Paris, Puf, 2020, « Préface », III, p. 243.
[2] Telles sont les six « passions primitives » recensées par Descartes dans ses Passions de l’âme.
[3] C’est Charles Darwin qui consacrera le mot dans son essai L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, une analyse monumentale de la mimique émotionnelle qui insiste sur les ressemblances entre les hommes et les primates, et confirme sa théorie de l’évolution. L’essai, publié en 1872 après de nombreuses années de recherches et d’observations passionnées, connut un énorme succès avant de sombrer dans l’oubli, jusqu’aux années 1970, un siècle plus tard, au moment où une discipline était également remise au goût du jour : l’éthologie.
[4] Épicure, Lettres, maximes et autres textes, éd. et trad. Pierre-Marie Morel, Paris, GF-Flammarion, 2017.
[5] Spinoza soutenait déjà cette thèse en affirmant que l’expérience de l’affection est cruciale notamment pour la construction des notions qui nous permettent de bâtir un chemin de connaissance.
[6] Martha Nussbaum, Upheavals of Thought. The Intelligence of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.


Source : Presses universitaires de France.


Revue de presse

« Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs », d’Ilaria Gaspari : la chronique « philosophie » de Roger-Pol Droit, Le Monde, 27 mai 2022.

Petit Manuel philosophique à l’intention des grands émotifs – Une recension de Jean-Marie Durand, Philosophie Magazine, 29 avril 2022.

Invitée : petits conseils pour les grands émotifs, avec Ilaria, TF 1

Radio France

ILARIA GASPARI SUJET SENSIBLE – Liger, Baptiste.  Lire; Paris N° 509/510,  (Jul/Aug 2022): 50-53.

Le monde selon… Ilaria Gaspari, Immorama.


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Ilaria Gaspari étudie la philosophie à l’École normale supérieure de Pise. En 2012, elle poursuit ses études à l’Université Panthéon-Sorbonne pour une thèse dirigée par Chantal Jaquet, sur l’étude des passions au XVIe siècle. En septembre 2015, elle publie son premier roman Etica dell’acquario [1], traduit en Françe en 2017.

En 2020, elle publie Leçons de bonheur [2].

NOTES

[1] (it) « Ilaria Gaspari, ‘Etica dell’acquario’ – La recensione » [archive], sur Panorama, 24 novembre 2015 (consulté le 13 août 2021)

[2] « Ilaria Gaspari, philosophe : « Avec les Anciens, retrouver le bonheur comme parcours, avec ses joies et ses échecs » » [archive], sur L’Humanité, 19 octobre 2020 (consulté le 24 juillet 2021)

Source : Ilaria Gaspari, Wikipédia.


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Page Facebook d’Ilaria Gaspari


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Mon rapport de lecture du livre

Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs

Haria Gaspard

Traduit de l’italien par Romane Lafore

Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit :

En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ».

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, quatrième de couverture, PUF, 2022.

J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Mon constat accepté, j’ai poursuivi ma lecture de ce livre d’Ilaria Gaspari avec moins d’appréhension. En fait, l’auteure s’adresse aux grands émotifs parce qu’elle est elle-même une grande émotive.


Au détour d’une page, elle nous révèle qu’elle n’est pas philosophe :

Je pensais à la phrase d’Épicure : « Vain est le discours du philosophe par lequel l’homme n’est guéri d’aucune passion » ; et alors, même si je ne me définirais pas comme une philosophe, je me suis dit : essayons ! Après tout. j’ai étudié la philosophie en long et en large, autant mettre à profit ce que j’ai appris, ce que j’ai pensé, pour l’offrir à qui en aura envie.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, « Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d’une lame », PUF, 2022, pp 197-198.

Elle répétera qu’elle n’est pas philosophe dans une entrevue à la radio. Son éditeur évite aussi de la nommer « philosophe », il écrit : « Ilaria Gaspari est docteure en philosophie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ».

Nous voilà donc avec un témoignage de la vie personnelle d’une grande émotive, docteure en philosophie. Je ne perçois pas ce livre comme un « manuel philosophique » parce que le témoignage personnel de l’auteur est le fil d’Ariane de son œuvre.

Définition de manuel ​​​ – nom masculin : Ouvrage didactique présentant les notions essentielles d’une science, d’une technique. ➙ abrégé, cours. Un manuel de chimie. Manuel, Le Robert.

Loin de moi l’idée que ce livre aurait davantage de valeur philosophique si son auteure se présentait comme une philosophe. J’insiste uniquement parce que je m’attendais à un véritable « manuel philosophique ».

Citations et commentaires des premiers chapitres


NOSTALGIE – L’émotion au passé morbide

La seule cure possible contre la nostalgie ne la fait pas disparaître, bien au contraire : elle se niche dans la subtile souffrance qui en découle, celle-là même qui nous raconte tant de nous-même, de ce que nous pourrions être mais que nous ne sommes plus, de ce nous avons été à l’époque où nous ne savions pas nous voir ni nous comprendre.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Nostalgie, PUF, 2022, p. 38.

Pourquoi l’auteur associe « nostalgie » et « souffrance » ? Je ne comprends pas, du moins, en référence à ma vie personnelle et professionnelle. Quand je suis nostalgique, je suis ni malheureux, ni triste, ni souffrant. Je suis en porte-à-faux avec les propos de l’auteure et la définition suivante :

Définition de nostalgie ​​​- nom féminin – 1. Mal du pays. 2. Regret mélancolique (d’une chose révolue ou de ce qu’on n’a pas connu) ; désir insatisfait. ➙ mélancolie. Avoir la nostalgie de son enfance, Le Robert.

Je trouve une utilité à tout, tant aux souvenirs heureux que malheureux. Si j’ai des regrets, ils ne sont sûrement pas mélancoliques. La nostalgie m’apaise ou m’excite ; elle ne me blesse pas. Je peux même affirmer que la nostalgie participe à mon bien-être. Je ne m’accroche pas à mes désirs insatisfaits de ma vie passé et j’aurais même de la difficulté à me les remémorer. Mes désirs furent tantôt satisfaits, tantôt insatisfaits. Ces derniers furent laissés-pour-compte, comme on se débarrasse d’un produit passés date ou morts dans mon passé. Ainsi, mes désirs demeurent historiques, avec une vie et une mort dans un temps et un lieu donnés.

REGRET ET REMORDS, ou : j’avoue que j’ai vécu

Aucun enfant ne sait ce qu’est le regret, sinon de cette façon qu’ils ont de croire tout savoir sur tout. Le regret n’est pas une émotion taillée pour la prime jeunesse. Adolescent, on peut l’imaginer, mais dans une teinte poétique, guidé par de fugaces intuitions. Pour réellement connaître le regret, il faut avoir vécu suffisamment pour savoir ce que signifie, et combien pèse, et combien semble cruelle, une petite phrase de quatre mots : il est trop tard.

(…)

La nostalgie a trait aux lieux (aux lieux auxquels le temps interdit l’accès), tandis que le regret, et le remord – dont nous nous efforçons toujours de la différencier, affirmant par exemple que nous ne voulons avoir aucun des premiers quand nous sommes disposés à affronter des seconds -, a trait au temps : occasions perdues dans le cas du regret, erreurs plus ou moins volontaires dans le cas du remord.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Regret et remords, ou : j’avoue que j’ai vécu, PUF, 2022, pp. 44-45.

En principe, il n’est jamais trop tard si on accepte que ce sera différent, le temps ayant changé le contexte et la sagesse ayant œuvré mon âme et mon esprit. À celui ou celle qui se dit « il est trop tard », je rappelle le caractère historique des désirs. Les désirs d’hier ne sauraient pas être intacts aujourd’hui à moins de nier toute évolution et expérience de vie.

On entend souvent « J’ai toujours voulu… Je réalise un rêve aujourd’hui ». Dans ce cas, est-ce que le désir d’hier est demeuré intact jusqu’à aujourd’hui contrairement à ce que j’écris ci-dessus ? Certainement pas, le désir demeure marqué par le temps et l’expérience de celui ou celle qui le porte. Comme je le dit ci-dessus : « il n’est jamais trop tard si on accepte que ce sera différent ». Le désir d’un saut en parachute à vingt ans ne sera pas le même qu’un désir d’un saut en parachute à quatre-vingt ans.Je ne désire pas de la même façon à vingt ans qu’à quatre-vingt ans. Il en va de même du désir.

L’ANGOISSE EST UNE QUESTION

Chercher à habiter le présent, si tant est que cela soit possible, est une bonne façon de faire taire le ressassement provoqué par l’angoisse, la tentation d’anticiper le pire, de se sentir accablé par les présages, par la peur d’une chose invisible; il faut faire taire tout ça pour se mettre en condition d’entendre le message profond de l’angoisse.

Bien sûr, il existe des cas où il est souhaitable que le traitement de l’anxiété passe par la médecine – des cas où la souffrance excessive se transforme en paralysie. Mais je crois que nous devons avant tout une chose à notre angoisse : l’écouter, la déchiffrer. Ne pas en avoir honte, si c’est nous qui l’éprouvons, ne pas s’en moquer, si elle est éprouvée par l’un de nos proches. Souvent, elle veut nous demander quelque chose. Ne serait-ce que de prendre le temps de nous mesurer au sentiment habituel de notre imperfection.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, L’angoisse est une question, PUF, 2022, p. 79.

J’aime bien anticiper le pire, m’inventer les pires scénarios. Mais cet exercice de ma pensée ne produit pas automatiquement un surplus d’angoisse ou d’anxiété en moi. En fait, je suis angoissé et anxieux de nature, depuis toujours, j’ai donc eu le temps d’en apprivoiser les sentiments, d’apprendre à vivre avec eux. Je ne ressens aucune honte d’être ainsi fait. Après tout, c’est moi qui décide d’anticiper le pire (ou le meilleur). Je ne suis pas surpris par l’angoisse et ainsi, elle ne parvient pas à m’étouffer ou à me paralyser.

En revanche, si l’on associe le sentiment d’anxiété à la nervosité, je dois avouer être de nature nerveuse. Et dans ce cas, je suis plus souvent qu’autrement pris par surprise, submergé rapidement, détourné complètement de ma vie, sans contrôle.

COMPASSION, OU : SE DÉCOUVRIR HUMAIN

Se dessine alors dans la compassion l’ébauche du secret qui préside à l’humanité tout entière. Sans cet élan sincère qui nous pousse à nous voir dans la douleur d’autrui, nous ne saurions reconnaître notre semblable, nous ne saurions ce qu’il ressent, ce qui le trouble et, potentiellement, ce qui pourrait nous troubler aussi. La compassion rend impraticable l’indifférence, sinon comme un choix précis, comme un acte qui engage notre responsabilité morale et dont il nous faudra répondre : nous pouvons toujours essayer, comme dans l’essai de Lucrèce, d’assister à un semblable parmi les être qui luttent pour résister aux vagues, nous perdons toute innocence du spectateur, et nous prenons part à son combat, même en silence, avec nos larmes, notre peut. Même si nous décidions de l’ignorer, nous sommes déjà en train de participer.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Compassion, ou : se découvrir humain, PUF, 2022, p. 95.

Dans cet extrait, l’auteure nous donne en exemple des gens sur une plage qui regarde sur la mer les passagers d’un bateau en péril sur une mer agité. Au départ, nous sommes spectateurs du malheureux événement. Mais si nous reconnaissons un ami parmi les passagers, nous devenons des participants en raison de la compassion qui nous anime.

J’aime bien cette affirmation de l’auteur : « La compassion rend impraticable l’indifférence (…) ».

La compassion, c’est la capacité d’aimer l’autre et non pas seulement de ressentir ce qu’il ressent, comme un double.


De tous les chapitres de ce livre, mon préféré est celui intitulé « Émerveillement, ici naît la philosophie ».

ÉMERVEILLEMENT, ICI NAÎT LA PHILOSOPHIE

Pourtant, c’est précisément parce qu’il nous renvoie à un stade presque enfantin que l’émerveillement – qui ne peut être ni induit, ni simulé ; mais qui se produit et doit saisir par surprise pour être authentique – est une émotion à sauvegarder à tous prix. L’émerveillement nous demande d’être vulnérable, d’une façon joyeuse : prêt a nous laisser décoiffer par la vie, à nous laisser intriguer. Il nous donne une attitude ouverte, plus spontanée que ne le sera jamais aucune pose, quand bien même nous tentions de nous faire immortaliser avec un air naïf ; et il joue un rôle fondamental dans notre vie cognitive, en plus de notre vie émotive.

Sans émerveillement, pour commencer, la philosophie n’existerait pas : qu’est-ce qui, sinon la stupeur, aurait pu donner à un Grec en chiton un frisson de curiosité assez fort pour l’inciter à se poser des questions, à observer le ciel, les phénomènes naturels, le monde, avec un regard neuf ; à tomber tête première dans un puits, comme Thalès, le premier des philosophes, qui marchait en gardant les yeux rivés sur les étoiles ? (…)

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Émerveillement, ici naît la philosophie, PUF, 2022, pp. 184-185.

L’auteure souligne que l’émerveillement « ne peut être ni induit, ni simulé », qu’il « doit saisir par surprise pour être authentique ». Nous avons donc aucun contrôle sur l’émerveillement. Elle précise le bénéfice de l’émerveillement en ce qu’il « nous donne une attitude ouverte ». Ilaria Gaspari utilise le mot « stupeur » dont voici la définition donnée par Le Robert : « Étonnement profond. ➙ stupéfaction. »

Si nous ne pouvons pas provoquer nous même notre étonnement, nous pouvons tout de même nous disposer à l’accueillir en cultivant une attitude ouverte. Et cela commence par la directive stricte à l’effet de ne pas prendre pour vrai ce que nous pensons uniquement parce que nous le pensons, en ne prenant rien pour acquis et en évitant que le but de notre vie soit de nous donner raison. Être émerveillé ne demande pas que nous nous forgions une opinion sur le champ mais que nous posions des questions, des questions aussi étonnantes que l’émerveillement lui-même. L’émerveillement devrait engendrer une certaine admiration, un « Sentiment de joie et d’épanouissement devant ce qu’on juge supérieurement beau ou grand » (Le Robert), et une méditation philosophique.

L’exemple le plus courant de l’émerveillement dans ma vie est celui où je suis surpris de comprendre ce que l’on m’explique : « Là je comprends. Ah ! Si on m’avait dit cela plus tôt ». On ne peut pas soutenir qu’on aurait compris plus tôt si à ce moment là nous n’avions pas une l’ouverture d’esprit, c’est-à-dire qui nous n’étions alors pas disposé à l’émerveillement.


Enfin, la grande question posée par le livre PETIT MANUEL DE PHILOSOPHIE À L’INTENTION DES GRANDS ÉMOTIFS » concerne le rôle des émotions et leurs impacts sur notre capacité de raisonnement. Bref, faut-il lutter contre nos émotions.

Au beau milieu du XVIIe siècle, quelques années après Descartes, un philosophe anticonformiste et génial, Baruch Spinoza, introduisit dans le lexique des émotions un lemme alternatif pour parler des passions : « affecto » – en latin, affectus –, une façon pour lui de liquider cette implicite dimension de passivité. Spinoza postule que tout raisonnement sur l’homme doit prendre en considération ce que nous ressentons, dans la mesure où cela nous permet de bâtir notre propre connaissance du monde. Qu’il faut écouter ce que nous dit notre corps. Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 16.

La proposition intermédiaire (lemme) de Spinoza pour distancer la passion de l’émotion répond aux observations des premiers philosophes en Grèce qui considéraient les passions comme l’ennemie du philosopher. Avançant qu’il faut lutter contre les passions dévorantes et déstabilisantes, le premiers philosophe ne parlaient pas des émotions ou ne les distinguaient pas des passions.

LA PHILOSOPHIE GUÉRIT LES MAUX

Mais une émotion, qu’est-ce que c’est ?

Le mot est relativement jeune, ce qui n’est pas le cas du concept auquel il se réfère – mais on sait bien que les choses changent en fonction de la façon dont on les regarde et dont on parle d’elles.

Avant de porter leur nom actuel, celles que nous appelons aujourd’hui les émotions ont été identifiées pendant des siècles, et dans de nombreuses langues, à partir du grec πάσχειν (pàschein) et de son homologue latin pati (littéralement : « pâtir »), comme des passions. La notion rattachée au terme « passion » est celle de la passivité : passivité de l’âme, à la différence du corps, lequel est actif, comme le résume Descartes au milieu du XVIIe siècle dans son traité sur les Passions de l’âme. On trouve à l’origine de cette dialectique un préjugé tenace vis-à-vis du corps, qui serait un « poids » et un obstacle à la liberté et au développement de l’âme ; comme si ce que nous éprouvons, qui nous ancre au monde sensible, était d’une certaine façon une entrave à notre perfectionnement intellectuel et spirituel.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 15.

La directive philosophique proposant le recours à la raison pour dominer, contrôler et même éliminer les passions (et les émotions), ne tient pas la route.

LA PHILOSOPHIE GUÉRIT LES MAUX

Les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ; mais, pour éviter qu’elles ne deviennent passions tristes, il faut que nous nous fiions à ce qu’elles nous disent, de nous-mêmes, mais aussi des autres : l’alphabet des émotions, qui est écrit dans les expressions du visage, nous l’avons appris en prenant l’habitude de nous voir en qui nous est proche. Ces réactions physiques ancestrales, avec leur hérédité évolutive et leur composante biologique, sont cependant également tributaires de phénomènes à l’œuvre dans notre inconscient, de notre expérience la plus subjective.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 19.

Ilaria Gaspari affirme que « les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ». Or, c’est justement à ce titre, un être humain, que nous philosophons. Exclure les émotions est un exercice déshumanisant. Considérer les émotions comme un obstacle dans l’exercice de la raison, c’est nier une part de l’humain. On ne peut pas au risque de philosopher sans l’enseignement qu’offre les émotions à la raison. On tombe alors dans une pratique philosophique évacuant la subjectivité induite par les émotions pour se réfugier dans la raison pure, dans une objectivité parfaite complètement détachée du corps, ce qui est impossible.

Ilaria Gaspari, en référence à Spinoza, vient de nous dire : « Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis. »

Mon étonnement à la lecture de la citation suivante fut très instructif. Elle est tiré d’un livre du chercheurs en marketing Louis Cheskin paru en 1961 :

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

J’ai compris que je devais m’interroger sur ce qui attirait mon attention, ce sur quoi ma subjectivité activée par mes émotions s’était arrêté, ce à quoi j’étais sensible et chercher à comprendre pourquoi.

J’ai déjà mentionné l’importance de la découverte en neuroscience à la l’effet que « la raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions » dans la prise de décision d’après les travaux de Antonio Damassio, neuropsychologue (voir les rapports de lecture : L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995 et Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob, 2021). À ce sujet, je me suis aussi référé au livre L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE de Daniel Goleman, journaliste au New-York Times, commentant la découverte de Damasio :  :

La principale leçon que l’on peut retirer de toute cette histoire est que les sentiments jouent un rôle décisif dans le flot incessant de nos décisions personnelles. Si la violence des sentiments peut s’avérer catastrophique pour le raisonnement, leur méconnaissance peut être tout aussi désastreuse, surtout lorsqu’il s’agit de prendre des décisions dont peut dépendre notre avenir – quel métier choisir ? doit-on quitter un emploi sûr pour un autre moins stable mais plus intéressant? quel homme ou quelle femme fréquenter ou épouser ? dans quelle région s’établir ? quel appartement ou maison louer ou acheter? et ainsi de suite, notre vie durant. La raison seule ne peut fonder ces décisions ; elles exigent que l’on sente les choses « dans les tripes » et que l’on mette à profit cette sagesse des sentiments accumulée au fil des expériences passées. La logique formelle ne vous permettra jamais de choisir votre conjoint ou votre métier, ni de déterminer si vous pouvez faire confiance à quelqu’un. Il est des domaines où la raison est aveugle sans les sentiments.

Les signes intuitifs qui nous guident en ces moments décisifs sont des impressions viscérales d’origine limbique, ce que Damasio nomme des « marqueurs somatiques », des sentiments instinctifs. Un marqueur somatique est une sorte d’alarme automatique dont le rôle est d’attirer l’attention sur le danger potentiel présenté par telle ou telle ligne d’action. Le plus souvent, ces marqueurs nous détournent d’un certain choix contre lequel notre expérience nous met en garde, mais il arrive aussi qu’ils nous signalent une occasion à ne pas manquer. Dans ces moments-là, nous ne nous rappelons généralement pas des expériences particulières à l’origine de notre sentiment négatif, seul importe  l’avertissement qui nous est donné. Chaque fois qu’apparaît un tel sentiment instinctif, nous avons la possibilité de nous décider avec plus de confiance, et donc de réduire l’éventail de nos choix. En bref, pour rendre plus saines nos décisions personnelles, il faut être en accord avec nos propres sentiments.

GOLEMAN, Daniel, L’intelligence émotionnelle, Éditions Robert Laffont, Paris, 1997, p. 75.

Dans un autre rapport, j’ai aussi insisté de lecture sur les travaux de Laura CANDIOTTO proposant une nouvelle approche du dialogue socratique intégrant, cette fois, les émotions :

Ainsi, les émotions permettent la constitution de l’identité dans la dimension cognitive intersubjective parallèlement à une transformation de soi. Ceci est possible grâce à leur caractère médiateur : les émotions ne sont pas des aspects irrationnels mais des instances médiatrices entre l’irrationnel et le rationnel. En d’autres termes, ils sont cruciaux pour le bien-être harmonieux de l’individu – et de la polis – qui est à la recherche de la juste composition. Lorsqu’elles sont correctement orientées, les émotions – grâce à la collaboration avec la composante rationnelle – sont la force motrice qui conduit l’âme à la découverte de la vérité. Si toutefois les émotions sont corrompues et ne sont pas régies par la partie rationnelle de l’âme, elles conduisent l’âme à commettre les plus grands méfaits (dans cette perspective, l’analyse de l’âme du tyran menée dans la République est exemplaire).

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, pp. 79-80.

N’est-ce pas suffisamment clair ? Les émotions et la raison doivent travailler en équipe. Et c’est ce que propose Ilaria Gasparie dans son PETIT MANUEL PHILOSOPHIQUE À L’INTENTION DES GRANDS ÉMOTIFS :

En proposant un voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Ilaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos états d’âme comme des contraintes.

GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, quatrième de couverture, PUF, 2022, p. 15.

Lors d’une entrevue à la radio accordée dans la foulée de la sorti de son livre, elle dit : « Il faut comprendre l’émotion, non pas la juger. On peut juger le comportement engendrer par l’émotion. »

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq.

* * *

Je me permets de vous en recommander la lecture.

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Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

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