Vidéo : LE STOÏCISME – Le but de la vie par Charles Robin / Le Rapporteur
Une vidéo proposée par Charles Robin, dit le précepteur
QUI EST LE PRÉCEPTEUR ? Charles Robin est précepteur et enseignant en philosophie, français et mathématiques. Depuis plusieurs années, il accompagne des élèves de tous niveaux dans leur parcours scolaire. Ses élèves l’apprécient pour son franc parler, son sens de l’écoute et sa capacité à rendre claires des notions parfois complexes. Son projet, à terme, est de créer une école populaire autonome dans laquelle seraient valorisés les savoirs fondamentaux, les arts et l’initiative collective.
Mon histoire
Je m’appelle Charles Robin, je suis professeur particulier de philosophie à Montpellier. J’ai créé la chaîne YouTube « Le Précepteur » en 2018 pour partager ma passion pour la philosophie et la transmission.
Lorsque j’ai démarré sur YouTube, je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir un tel engouement du public pour la philosophie. YouTube est avant tout une plateforme de divertissement, et si on m’avait dit un jour que mes vidéos sur Platon, sur Spinoza ou sur le stoïcisme seraient vues par plusieurs centaines de milliers de personnes, je ne l’aurais jamais cru.
C’est assez paradoxal car, au fond, j’ai toujours considéré que la philosophie était une discipline ouverte à tous et qui s’adressait au plus grand nombre. Bien souvent, si les gens tournent le dos à la philosophie, c’est surtout à cause de la manière dont on leur en parle. Beaucoup l’associent à du verbiage pompeux et sans grande utilité, sans voir que les questions que soulève la philosophie sont des questions qui les concernent directement et qu’ils se posent eux-mêmes au cours de leur vie. Et ça, ce sont d’abord les représentants de la philosophie qui en sont responsables.
La philosophie
Ma manière de parler de philosophie va à rebours de cette conception. Je considère que si ce qu’on dit n’est pas compris par le public ou ne suscite pas son intérêt, le problème ne vient pas du public, mais de nous.
J’ai toujours estimé nécessaire de me mettre à la place de celui ou celle à qui je m’adresse, et de trouver les mots qui rendront mon propos compréhensible. C’est cet attachement à la clarté et à la simplicité qui, je pense, est à l’origine du succès de ma chaîne.
Lorsque je vois passer un commentaire d’un internaute qui me fait savoir que je l’ai réconcilié avec la philosophie, c’est pour moi la plus grande des récompenses. Car alors mon travail prend tout son sens, celui d’être un médiateur entre les grands auteurs et le public, celui de donner de la matière à la pensée.
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ?
Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?
Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce ! […]
« La science fait partie de la culture. » — Pierre Thuillier, Les Savoirs ventriloques
Je me souviens de la réaction de ma grand-mère lorsque, il y a une dizaine d’années, je lui ai dit que j’allais étudier la philosophie à la Sorbonne en parallèle de ma scolarité à en école de commerce : « Mais Romain, ce n’est pas pour toi ! Tu es un matheux ! ». Sa réaction illustre un préjugé bien ancré dans la société française : les sciences et les lettres sont deux mondes distincts, hermétiques — et peut-être même antinomiques. Dès l’école, les enfants doivent choisir entre scientifique et littéraire : la société tout entière est sommée de choisir.
Cette distinction repose fondamentalement sur l’idée que la science est un discours sans appel, une forme supérieure de connaissance dont la teneur en vérité la place au-dessus des critiques et au-dessus de la culture — comme autrefois la religion. Impressionné par les prouesses techniques, anesthésié par le confort, l’homme moderne adhère à l’idée selon laquelle la science est intouchable. Or, les travaux des historiens montrent que la science appartient malgré tout à la culture. Elle n’est pas le pur discours de la vérité, car elle s’inscrit dans une réalité à la fois économique, politique et sociale.
Après, il faut reconnaître que la science moderne produit des connaissances d’un niveau de fiabilité inédit. Mais on peut regretter le divorce entre la science et la culture qui grandit depuis les Lumières. Les savants des XVIe et XVIIe siècles voyaient, eux, le savoir comme un seul et vaste ensemble dont l’homme cultivé doit pouvoir maîtriser la totalité.
Dans cette leçon, je vais répondre aux questions suivantes :
1) Comment définir la science ?
2) Quels sont les jalons de la conception de la science ?
3) Comment la science progresse-t-elle ?
4) Comment classifier les sciences ?
5) Qui sont les scientifiques les plus importants au XXIe siècle ?
Vous avez des questions ?
Écrivez-les dans les commentaires et je vous répondrai avec plaisir.
La mission du site1000 idées de culture générale est de vous faire découvrir le meilleur de la pensée sans vous « prendre la tête », en misant sur un format particulièrement clair et synthétique.
Vidéo : LE STOÏCISME – La morale par Charles Robin / Le Rapporteur
Une vidéo proposée par Charles Robin, dit le précepteur
QUI EST LE PRÉCEPTEUR ? Charles Robin est précepteur et enseignant en philosophie, français et mathématiques. Depuis plusieurs années, il accompagne des élèves de tous niveaux dans leur parcours scolaire. Ses élèves l’apprécient pour son franc parler, son sens de l’écoute et sa capacité à rendre claires des notions parfois complexes. Son projet, à terme, est de créer une école populaire autonome dans laquelle seraient valorisés les savoirs fondamentaux, les arts et l’initiative collective.
Mon histoire
Je m’appelle Charles Robin, je suis professeur particulier de philosophie à Montpellier. J’ai créé la chaîne YouTube « Le Précepteur » en 2018 pour partager ma passion pour la philosophie et la transmission.
Lorsque j’ai démarré sur YouTube, je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir un tel engouement du public pour la philosophie. YouTube est avant tout une plateforme de divertissement, et si on m’avait dit un jour que mes vidéos sur Platon, sur Spinoza ou sur le stoïcisme seraient vues par plusieurs centaines de milliers de personnes, je ne l’aurais jamais cru.
C’est assez paradoxal car, au fond, j’ai toujours considéré que la philosophie était une discipline ouverte à tous et qui s’adressait au plus grand nombre. Bien souvent, si les gens tournent le dos à la philosophie, c’est surtout à cause de la manière dont on leur en parle. Beaucoup l’associent à du verbiage pompeux et sans grande utilité, sans voir que les questions que soulève la philosophie sont des questions qui les concernent directement et qu’ils se posent eux-mêmes au cours de leur vie. Et ça, ce sont d’abord les représentants de la philosophie qui en sont responsables.
La philosophie
Ma manière de parler de philosophie va à rebours de cette conception. Je considère que si ce qu’on dit n’est pas compris par le public ou ne suscite pas son intérêt, le problème ne vient pas du public, mais de nous.
J’ai toujours estimé nécessaire de me mettre à la place de celui ou celle à qui je m’adresse, et de trouver les mots qui rendront mon propos compréhensible. C’est cet attachement à la clarté et à la simplicité qui, je pense, est à l’origine du succès de ma chaîne.
Lorsque je vois passer un commentaire d’un internaute qui me fait savoir que je l’ai réconcilié avec la philosophie, c’est pour moi la plus grande des récompenses. Car alors mon travail prend tout son sens, celui d’être un médiateur entre les grands auteurs et le public, celui de donner de la matière à la pensée.
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ?
Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?
Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce ! […]
Les plus émotifs d’entre nous éprouvent parfois de l’angoisse ou de la culpabilité lorsqu’ils sont placés dans des situations qui les poussent à exprimer leurs ressentis. Aujourd’hui diabolisées ou au contraire survalorisées, les émotions et leur expression sont-elles un obstacle à l’épanouissement de soi ?
En proposant un voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Ilaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos états d’âme comme des contraintes. En s’appuyant sur les plus grands philosophes et la littérature, des récits initiatiques d’Homère à Spinoza, Ilaria Gaspari révèle à quel point le plus intime est aussi universel : ce sont nos émotions qui nous rendent humains. Partageant sa propre expérience de grande émotive dans un style vivant, elle propose de reconnaître nos émotions pour ce qu’elles sont et ne plus les subir ; et ainsi nous réconcilier avec nous-mêmes.
Ilaria Gaspari est docteure en philosophie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est notamment l’auteure aux Puf de Leçons de bonheur. Exercices philosophiques pour bien conduire sa vie (2020).
Sommaire
Nostalgie
L’émotion au passé morbide
Regret et remords, ou : j’avoue que j’ai vécu
L’angoisse est une question
Compassion, ou : se découvrir humains
Antipathie, l’émotion inconfessable
Colère funeste ou colère importune ?
Envie : l’œil et le mauvais œil
Jalousie, paradoxe et supplice
Émerveillement, ici naît la philosophie
« Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d’une lame »
Gratitude, la sensation d’être au monde
Bibliographie
Extrait
Rien ne se produit dans la nature qu’on puisse attribuer à un vice de sa part [1].
Baruch Spinoza
Une petite toux
À 9 ans, j’ai été pour la première fois à la Scala de Milan, voir le Roméo et Juliette de Prokofiev. J’ai beaucoup de souvenirs de cette soirée : les loges, les lustres gigantesques, les velours, le faste, le foyer où tout le monde buvait du vin. Les danseurs, la scénographie, les costumes… J’étais aux anges. À un détail près. Les consignes avaient été claires : ne fais pas de bruit, ne parle pas. On ne peut même pas tousser, au théâtre. Et si ça me gratte la gorge, comment je fais ? Las, l’étiquette théâtrale était catégorique. Éternuer, bâiller, chuchoter, tousser : interdit.
Et c’est ainsi que pendant toute la soirée, assise à une loge, le souffle court et les yeux rivés à la scène, bouleversée par la beauté de cette première sortie de grands, je n’avais cependant pensé qu’à une chose : à ma toux. Je n’ai pas le droit de tousser, me répétais-je, et bien que je ne fusse pas enrhumée le moins du monde, à force de me concentrer sur cette seule pensée obsessive, il ne faut pas que je tousse – il ne faut pas que je tousse – il ne faut pas que je tousse, je m’étais mise à ressentir une irritation dans le fond de la gorge qui disparut dès le rideau baissé.
Tout le monde en a fait l’expérience, n’est-ce pas ? On vous dit : ne riez pas, et vous vous sentez envahi d’une hilarité périlleuse, vous étouffez votre envie, vous n’y tenez plus, vous explosez. On vous dit : ne pleurez pas, ce n’est pas le moment, et plus on vous le dit, plus vos yeux et votre nez se mettent à picoter, il suffit qu’on vous le répète encore une fois et ça y est, c’est trop tard.
J’ai été une petite fille émotive, une adolescente émotive et, sans surprise, me voilà aujourd’hui une femme émotive. Un rien suffit à me troubler, je me laisse emporter, je m’émeus, je change d’humeur. Je pleure devant les films, y compris les navets, je pleure au moment des au revoir, même quand c’est moi qui pars ; j’oublie les fins des livres parce que la seule idée que les choses ont une fin me déprime. Il m’arrive de sentir mon cœur exploser de joie, puis tout à coup, l’instant d’après, une ombre s’abat sur moi. Je garde tout, les billets de train, les cartes postales, les tickets de caisse, pour essayer de me rappeler qui j’étais, qui je suis, dans l’espoir de rester connectée aux choses que j’ai vécues.
J’ai déjà éclaté en sanglots quand je n’aurais pas dû. La dernière fois, c’était pendant une rencontre en ligne : les larmes sur Zoom ne sont pas moins embarrassantes, croyez-moi. Est-ce que j’ai eu honte ? Et comment. Je n’aurais pas voulu dévoiler cette fragilité, mais comme on dit : ça a été plus fort que moi. Bien, me suis-je dit : où est-il écrit qu’une larme rabaisse celui qui la laisse couler ? Il est humain de pleurer ; pour des tas de raisons différentes, cela arrive à tout le monde.
Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’être émotive ne signifie pas être instable ou déséquilibrée : simplement être vivante, ouverte et vulnérable face à l’expérience du monde.
Les émotions sont frappées d’un interdit contradictoire : d’un côté, elles sont repoussées, parce que signe de faiblesse, parce que honteuses, parce qu’elles ouvrent une brèche qui ressemble peut-être un peu trop à une blessure sur l’intimité de ceux qui les éprouvent ; de l’autre, elles sont savamment exhibées, comme un trophée, pour la curiosité mal placée de ceux qui les regardent.
Beaucoup d’hommes jugent encore inconvenant d’afficher leurs larmes ou de laisser transparaître leur émotion ; d’admettre que la vie les bouleverse, les meurtrit, les renverse. Pourtant, une fois de plus, cela arrive à tout le monde. Pour les femmes, le fait d’être considérées comme émotives, et donc instables, est prétexte à une permanente remise en cause de leur autorité, au travail, en politique, dans les rapports humains ; même quand la rhétorique de l’émotivité et de l’empathie est mise en avant et célébrée, l’émotion continue à être perçue comme un trait de caractère relatif à une forme de victimisation, qui dévalorise non seulement celui qui l’éprouve, mais l’émotion elle-même.
Combien de fois devons-nous réprimer un élan intime parce que nous avons peur du regard des autres, ou parce que nous ne nous sentons pas légitimes à le ressentir ? Il arrive même que, par culpabilité, nous niions à nous-mêmes le droit d’éprouver quoi que ce soit. Pourquoi ? Parce que nous sommes habitués à nous méfier des émotions ; parce que nous n’avons pas été éduqués au discours émotionnel.
Mais la peur de paraître vulnérable, la honte de laisser affleurer ce qui nous consume, l’envie à l’égard de ceux qui semblent parvenir mieux que nous à gérer leur tumulte intérieur, tout ça, est-ce que ce ne sont pas aussi des émotions ?
Seulement, pour ne pas nous être fiés en premier lieu à ce que nous éprouvions, nous nous retrouvons prisonniers d’une impasse : de ce que nous avons réprimé est né autre chose, quelque chose de plus fort et de plus tenace qui peut – dès lors – nous dominer. Honte, peur : « passions tristes », insidieuses, dans la mesure où elles nous obligent à nous replier sur nous-mêmes, à nous éloigner des autres ; nous empêchent de progresser, de nous connaître en profondeur – or n’est-ce pas la condition sine qua non pour espérer atteindre le bonheur ? Autant essayer de les connaître, alors, ces émotions qui nous traversent et qui traversent nos semblables. Même les négatives : pour éviter qu’elles nous enferment et nous soumettent à un chantage permanent. Autant essayer de sortir de cet état d’analphabétisme émotionnel qui génère incompréhension, voire, parfois, violence.
Le thème est d’autant plus délicat que la classification des émotions est encore sujette à débat : beaucoup d’études de psychologie évolutive s’accordent sur l’existence de quelques émotions « fondamentales », dont le nombre oscille entre six et huit. Il s’agit d’émotions qui sont exprimées de la même manière dans le monde entier (en général, la liste comprend : dégoût, surprise, peur, colère, bonheur et tristesse – pas l’amour : trop lié à des rituels socioculturels spécifiques), mais il existe pléthore de théories et de paradigmes pour cataloguer les émotions. Ce livre ne prétend aucunement en offrir une classification exhaustive ; il se veut un parcours, une sorte de bref voyage émotionnel qui, en partant des émotions liées à la conscience du temps (ardue et si éperdument humaine) et en passant par celles ayant trait au conflit entre le moi et l’autre dans la définition (impossible) de l’identité, nous mène à l’ouverture au monde, consécutive à la reconnaissance de l’autre comme d’un semblable.
Certes, pour chacun de nous, l’émerveillement, l’amour, la haine et le désir, la joie et la tristesse [2] ont un visage différent. Ce que chacun de ces mots évoque en nous est lié à notre expérience, qui lui associe un souvenir, un parfum, une personne, un épisode de notre vie passée ; mais ces émotions, nous les éprouvons tous. Les forts et les faibles, les chanceux et les malchanceux, les joyeux et les mélancoliques. À tel point que nous savons les reconnaître au moment même où elles sont éprouvées par quelqu’un d’autre – quand bien même elles revêtent pour nous une signification personnelle, intime, souvent à la limite de l’ineffable. Avez-vous remarqué ? Les manifestations de dégoût, d’attendrissement ou de surprise de vos proches vous sont sûrement plus familières que les vôtres – à moins que vous ne passiez votre vie devant un miroir. Sur eux, vous avez eu maintes fois l’occasion d’épier, comme les ondes sur la surface d’un lac, le froissement des traits caractéristiques de tel ou tel mouvement d’âme. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à lire les émotions sur le visage des personnes qui nous aiment et prennent soin de nous ; de la même façon, toute notre vie, quelqu’un saura lire les nôtres – à notre insu, la plupart du temps. Ces émotions nous permettent de communiquer grâce à un langage universel, que nous intégrons pour la bonne et simple raison qu’il nous réunit les uns les autres – parce que les émotions nous concernent tous, nous touchent tous. Les réprimer, ou les exacerber dans un mouvement ostentatoire qui les déformerait en les rendant presque insincères, entraîne un désagrément non dénué de risque – comme celui de se condamner à une irritation de la gorge en plein spectacle, pile le soir où on nous a interdit de tousser.
La philosophie guérit les maux
Mais une émotion, qu’est-ce que c’est ?
Le mot est relativement jeune, ce qui n’est pas le cas du concept auquel il se réfère – mais on sait bien que les choses changent en fonction de la façon dont on les regarde et dont on parle d’elles.
Avant de porter leur nom actuel, celles que nous appelons aujourd’hui les émotions ont été identifiées pendant des siècles, et dans de nombreuses langues, à partir du grec πάσχειν (pàschein) et de son homologue latin pati (littéralement : « pâtir »), comme des passions. La notion rattachée au terme « passion » est celle de la passivité : passivité de l’âme, à la différence du corps, lequel est actif, comme le résume Descartes au milieu du XVIIe siècle dans son traité sur les Passions de l’âme. On trouve à l’origine de cette dialectique un préjugé tenace vis-à-vis du corps, qui serait un « poids » et un obstacle à la liberté et au développement de l’âme ; comme si ce que nous éprouvons, qui nous ancre au monde sensible, était d’une certaine façon une entrave à notre perfectionnement intellectuel et spirituel. Depuis la fin de l’Antiquité, philosophes et médecins se sont intéressés aux passions : les premiers ont peu à peu façonné l’idée selon laquelle les manifestations de notre sensibilité et de notre être pourraient être répertoriées au sein d’un système de vices et de vertus – Aristote en fut le précurseur, et ce courant s’étira jusqu’à la scolastique ; les seconds, à travers la dite « théorie des humeurs », qui s’est transmise d’Hippocrate à la Renaissance tout en étant investie durant le Moyen Âge par la médecine islamique, identifient dans le corps humain quatre différentes substances élémentaires (« humeurs »), dont les proportions déterminent non seulement les natures et les caractères, mais aussi les états d’âme. Selon cette thèse, qui fusionne médecine, physiognomonie et étude de la personnalité, tous les êtres humains peuvent être répartis en quatre tempéraments fondamentaux en fonction de l’humeur qui prévaut dans leur constitution. Galien en a mis au jour quatre : le colérique, qui a un excès de bile jaune ; le mélancolique, de bile noire ; le flegmatique, de flegme ; et le sanguin, de sang (sans surprise).
Au beau milieu du XVIIe siècle, quelques années après Descartes, un philosophe anticonformiste et génial, Baruch Spinoza, introduisit dans le lexique des émotions un lemme alternatif pour parler des passions : « affecto » – en latin, affectus –, une façon pour lui de liquider cette implicite dimension de passivité. Spinoza postule que tout raisonnement sur l’homme doit prendre en considération ce que nous ressentons, dans la mesure où cela nous permet de bâtir notre propre connaissance du monde. Qu’il faut écouter ce que nous dit notre corps. Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis.
Entre-temps, à Londres, le médecin Thomas Willis s’employait avec ardeur à disséquer les cadavres des pendus. Et en lui cheminait l’hypothèse selon laquelle les manifestations émotionnelles – tremblements, élans cardiaques – trouvaient leur origine au cœur de l’organisme : dans le subtil réseau constitué par le système nerveux. Nul besoin, selon lui, de brandir les concepts d’âme, de passivité, les humeurs et les tempéraments.
L’écossais Thomas Brown fut philosophe, médecin et poète, et mourut jeune, en 1820 ; c’est à lui que nous devons l’avènement du terme « emotion » dont sera fait par la suite un usage massif. Il s’agit d’un calque du français : pas un néologisme mais la remise au goût du jour d’un mot déjà existant qui n’avait jusqu’alors recouvert qu’une signification assez vague, celle d’une « mise en mouvement », d’une oscillation.
Ce n’est que dans le XIXe siècle tardif [3] qu’on se mit à évoquer de plus en plus souvent les émotions, distinctes des passions parce que soustraites au soupçon de la passivité, mais également des sentiments, l’autre lemme fondamental de ce lexique en pleine mutation. Par rapport au sentiment, qui est ce que nous sentons de manière consciente, l’émotion désigne quelque chose de plus immédiat, de plus somatique, de plus inconscient, en tout cas au premier abord. L’émotion est une « réaction complexe », souvent accompagnée d’une manifestation mimique – une expression qui change, un comportement modifié –, qui se compose de deux éléments : une variation physiologique et une expérience subjective qu’on peut qualifier, pour le coup, de « sentimentale ». Spinoza avait donc raison : le corps et l’esprit ensemble sont impliqués dans l’expérience de l’émotion.
« Vain est le discours du philosophe par lequel l’homme n’est guéri d’aucune passion [4] », a écrit Épicure ; et de fait, les philosophes antiques ont mis leur sagesse au service de l’homme et de sa vocation au bonheur (que le monde classique voit non pas comme un état émotionnel temporaire, passager, mais comme un parcours vertueux d’autoperfectionnement), en imaginant, pour la plupart d’entre eux, qu’il faut faire appel à la raison pour dominer ses passions, s’isoler des flots tempétueux de la vie, être imperturbable – ataraxique – et libéré de ce qui se passe autour de soi – autarcique.
Mais l’autarcie et l’ataraxie ne conviennent pas à tout le monde, bien au contraire : ne risque-t-on pas, en se figeant dans un état d’imperturbabilité et d’autosuffisance vis-à-vis du monde extérieur, de se priver d’une part importante de la vie [5] ? Le risque qui pèse sur ce bonheur tel qu’envisagé par la philosophie antique est qu’à force d’être dissocié de l’immédiateté, du contact direct avec ce que nous éprouvons, il devienne une notion abstraite, hors d’atteinte.
L’existence même des émotions, qui dessinent le « paysage de notre vie spirituelle et sociale [6] », témoigne de l’impossibilité de se penser autosuffisant. Et si nous essayions alors de chercher une alternative à l’ataraxie ? Pour connaître les émotions sans nous laisser dominer par elles, pour ne pas les subir, ni les réprimer, mais les vivre, il nous faudra avant tout nous éduquer à leur langage.
Les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ; mais, pour éviter qu’elles ne deviennent passions tristes, il faut que nous nous fiions à ce qu’elles nous disent, de nous-mêmes, mais aussi des autres : l’alphabet des émotions, qui est écrit dans les expressions du visage, nous l’avons appris en prenant l’habitude de nous voir en qui nous est proche. Ces réactions physiques ancestrales, avec leur hérédité évolutive et leur composante biologique, sont cependant également tributaires de phénomènes à l’œuvre dans notre inconscient, de notre expérience la plus subjective.
Chacune des émotions que nous éprouvons a une histoire, faite aussi de toutes les personnes qui l’ont éprouvée avant nous, communiquée, chantée, révélée, étudiée. L’histoire des émotions, de leur métamorphose et de leur vie secrète, est liée non seulement à la philosophie, qui a largement enquêté à leur propos en construisant des paradigmes d’observation et d’étude, mais aussi à la littérature, et à la poésie, laquelle, selon William Wordsworth, l’un des premiers théoriciens des émotions de l’époque moderne, n’est qu’une émotion revécue dans la tranquillité – emotion recollected in tranquillity.
À l’endroit même où germe la philosophie, qui nous permet de nous déchiffrer, germe toujours la littérature, qui nous donne les instruments pour nous raconter en tant qu’être humain. Être humain, c’est-à-dire douloureusement conscient de ne disposer que d’un temps limité dont nous ne connaissons cependant pas la limite exacte ; être humain, c’est-à-dire à la fois unique et constitutivement similaire à d’autres, appelé à conquérir à travers un parcours fascinant et semé d’embûches la possibilité de dire « je » pour pouvoir être à même de penser « nous », pour pouvoir nous ouvrir aux autres et au monde.
Michel de Montaigne s’est attelé à la rédaction des Essais avec l’idée de composer un recueil de maximes célèbres, un florilège de citations tirées de la philosophie antique, selon une mode en vigueur à la Renaissance ; il s’aperçut toutefois bien vite qu’il lui était impossible d’extraire ces mots écrits des siècles auparavant par des hommes qu’il n’avait pas connus sinon à travers leurs pensées confiées au papier (ou au parchemin) sans être amené à réfléchir sur lui-même. Sans entrer lui-même dans le tableau, avec son Je qui, en écrivant, petit à petit, se découvrait fragmentaire, contradictoire, ambivalent ; avec ses pensées, ses excès, son mal de rein, ses cicatrices qu’il a peut-être – peut-être – tenté de dissimuler (ce dont Rousseau allait par la suite l’accuser), profitant des coups de pinceau indolents, impressionnistes, avec lesquels il osa brosser son portrait, pour la première fois dans l’histoire. Dans ce récit de soi si passionné, si profond, si vivace et vivant, affleure le secret le plus magnifique de l’humanisme : pour différents que nous soyons, éloignés par l’histoire, la culture, la vie, le fait d’être humain nous permet de nous parler à distance de siècles, d’être contemporains même si séparés par les abysses du temps.
Il s’agira d’un voyage émotionnel par étape : chaque étape, en essayant de reconstituer les événements qui ont mené à employer tel mot pour désigner ce que nous éprouvons (et en tentant, chemin faisant, de rappeler qu’aucune émotion n’est bonne ou mauvaise dans l’absolu), s’essaiera à une recollection in tranquillity, une « réinvocation » des émotions grâce au souvenir, et dessinera l’esquisse d’un autoportrait : fragmentaire, composite, imparfait. Parce que nous nous ressemblons tous dans notre vulnérabilité ; et se reconnaître émotif induit avant tout de prendre conscience que nous ne sommes pas autosuffisant, que nous avons des besoins et que ce sont bien ces besoins qui nous rendent humain.
Je dédie ce livre à tous les paumés, les assoiffés, les agités, les imparfaits.
NOTES
[1] Spinoza, Éthique, éd. Fokke Akkerman et Piet Steenbakkers, trad. Pierre-François Moreau, introduction et annotations Pierre-François Moreau et Piet Steenbakkers, Paris, Puf, 2020, « Préface », III, p. 243.
[2] Telles sont les six « passions primitives » recensées par Descartes dans ses Passions de l’âme.
[3] C’est Charles Darwin qui consacrera le mot dans son essai L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux, une analyse monumentale de la mimique émotionnelle qui insiste sur les ressemblances entre les hommes et les primates, et confirme sa théorie de l’évolution. L’essai, publié en 1872 après de nombreuses années de recherches et d’observations passionnées, connut un énorme succès avant de sombrer dans l’oubli, jusqu’aux années 1970, un siècle plus tard, au moment où une discipline était également remise au goût du jour : l’éthologie.
[4] Épicure, Lettres, maximes et autres textes, éd. et trad. Pierre-Marie Morel, Paris, GF-Flammarion, 2017.
[5] Spinoza soutenait déjà cette thèse en affirmant que l’expérience de l’affection est cruciale notamment pour la construction des notions qui nous permettent de bâtir un chemin de connaissance.
[6] Martha Nussbaum, Upheavals of Thought. The Intelligence of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.
Ilaria Gaspari étudie la philosophie à l’École normale supérieure de Pise. En 2012, elle poursuit ses études à l’Université Panthéon-Sorbonne pour une thèse dirigée par Chantal Jaquet, sur l’étude des passions au XVIe siècle. En septembre 2015, elle publie son premier roman Etica dell’acquario [1], traduit en Françe en 2017.
En 2020, elle publie Leçons de bonheur [2].
NOTES
[1] (it) « Ilaria Gaspari, ‘Etica dell’acquario’ – La recensione » [archive], sur Panorama, 24 novembre 2015 (consulté le 13 août 2021)
[2] « Ilaria Gaspari, philosophe : « Avec les Anciens, retrouver le bonheur comme parcours, avec ses joies et ses échecs » » [archive], sur L’Humanité, 19 octobre 2020 (consulté le 24 juillet 2021)
Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs
Haria Gaspard
Traduit de l’italien par Romane Lafore
Presses Universitaires de France, 2022
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit :
En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ».
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, quatrième de couverture, PUF, 2022.
J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Mon constat accepté, j’ai poursuivi ma lecture de ce livre d’Ilaria Gaspari avec moins d’appréhension. En fait, l’auteure s’adresse aux grands émotifs parce qu’elle est elle-même une grande émotive.
Au détour d’une page, elle nous révèle qu’elle n’est pas philosophe :
Je pensais à la phrase d’Épicure : « Vain est le discours du philosophe par lequel l’homme n’est guéri d’aucune passion » ; et alors, même si je ne me définirais pas comme une philosophe, je me suis dit : essayons ! Après tout. j’ai étudié la philosophie en long et en large, autant mettre à profit ce que j’ai appris, ce que j’ai pensé, pour l’offrir à qui en aura envie.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, « Bonheur atteint, par toi / On marche sur le fil d’une lame », PUF, 2022, pp 197-198.
Elle répétera qu’elle n’est pas philosophe dans une entrevue à la radio. Son éditeur évite aussi de la nommer « philosophe », il écrit : « Ilaria Gaspari est docteure en philosophie de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ».
Nous voilà donc avec un témoignage de la vie personnelle d’une grande émotive, docteure en philosophie. Je ne perçois pas ce livre comme un « manuel philosophique » parce que le témoignage personnel de l’auteur est le fil d’Ariane de son œuvre.
Loin de moi l’idée que ce livre aurait davantage de valeur philosophique si son auteure se présentait comme une philosophe. J’insiste uniquement parce que je m’attendais à un véritable « manuel philosophique ».
Citations et commentaires des premiers chapitres
NOSTALGIE – L’émotion au passé morbide
La seule cure possible contre la nostalgie ne la fait pas disparaître, bien au contraire : elle se niche dans la subtile souffrance qui en découle, celle-là même qui nous raconte tant de nous-même, de ce que nous pourrions être mais que nous ne sommes plus, de ce nous avons été à l’époque où nous ne savions pas nous voir ni nous comprendre.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Nostalgie, PUF, 2022, p. 38.
Pourquoi l’auteur associe « nostalgie » et « souffrance » ? Je ne comprends pas, du moins, en référence à ma vie personnelle et professionnelle. Quand je suis nostalgique, je suis ni malheureux, ni triste, ni souffrant. Je suis en porte-à-faux avec les propos de l’auteure et la définition suivante :
Je trouve une utilité à tout, tant aux souvenirs heureux que malheureux. Si j’ai des regrets, ils ne sont sûrement pas mélancoliques. La nostalgie m’apaise ou m’excite ; elle ne me blesse pas. Je peux même affirmer que la nostalgie participe à mon bien-être. Je ne m’accroche pas à mes désirs insatisfaits de ma vie passé et j’aurais même de la difficulté à me les remémorer. Mes désirs furent tantôt satisfaits, tantôt insatisfaits. Ces derniers furent laissés-pour-compte, comme on se débarrasse d’un produit passés date ou morts dans mon passé. Ainsi, mes désirs demeurent historiques, avec une vie et une mort dans un temps et un lieu donnés.
REGRET ET REMORDS, ou : j’avoue que j’ai vécu
Aucun enfant ne sait ce qu’est le regret, sinon de cette façon qu’ils ont de croire tout savoir sur tout. Le regret n’est pas une émotion taillée pour la prime jeunesse. Adolescent, on peut l’imaginer, mais dans une teinte poétique, guidé par de fugaces intuitions. Pour réellement connaître le regret, il faut avoir vécu suffisamment pour savoir ce que signifie, et combien pèse, et combien semble cruelle, une petite phrase de quatre mots : il est trop tard.
(…)
La nostalgie a trait aux lieux (aux lieux auxquels le temps interdit l’accès), tandis que le regret, et le remord – dont nous nous efforçons toujours de la différencier, affirmant par exemple que nous ne voulons avoir aucun des premiers quand nous sommes disposés à affronter des seconds -, a trait au temps : occasions perdues dans le cas du regret, erreurs plus ou moins volontaires dans le cas du remord.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Regret et remords, ou : j’avoue que j’ai vécu, PUF, 2022, pp. 44-45.
En principe, il n’est jamais trop tard si on accepte que ce sera différent, le temps ayant changé le contexte et la sagesse ayant œuvré mon âme et mon esprit. À celui ou celle qui se dit « il est trop tard », je rappelle le caractère historique des désirs. Les désirs d’hier ne sauraient pas être intacts aujourd’hui à moins de nier toute évolution et expérience de vie.
On entend souvent « J’ai toujours voulu… Je réalise un rêve aujourd’hui ». Dans ce cas, est-ce que le désir d’hier est demeuré intact jusqu’à aujourd’hui contrairement à ce que j’écris ci-dessus ? Certainement pas, le désir demeure marqué par le temps et l’expérience de celui ou celle qui le porte. Comme je le dit ci-dessus : « il n’est jamais trop tard si on accepte que ce sera différent ». Le désir d’un saut en parachute à vingt ans ne sera pas le même qu’un désir d’un saut en parachute à quatre-vingt ans.Je ne désire pas de la même façon à vingt ans qu’à quatre-vingt ans. Il en va de même du désir.
L’ANGOISSE EST UNE QUESTION
Chercher à habiter le présent, si tant est que cela soit possible, est une bonne façon de faire taire le ressassement provoqué par l’angoisse, la tentation d’anticiper le pire, de se sentir accablé par les présages, par la peur d’une chose invisible; il faut faire taire tout ça pour se mettre en condition d’entendre le message profond de l’angoisse.
Bien sûr, il existe des cas où il est souhaitable que le traitement de l’anxiété passe par la médecine – des cas où la souffrance excessive se transforme en paralysie. Mais je crois que nous devons avant tout une chose à notre angoisse : l’écouter, la déchiffrer. Ne pas en avoir honte, si c’est nous qui l’éprouvons, ne pas s’en moquer, si elle est éprouvée par l’un de nos proches. Souvent, elle veut nous demander quelque chose. Ne serait-ce que de prendre le temps de nous mesurer au sentiment habituel de notre imperfection.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, L’angoisse est une question, PUF, 2022, p. 79.
J’aime bien anticiper le pire, m’inventer les pires scénarios. Mais cet exercice de ma pensée ne produit pas automatiquement un surplus d’angoisse ou d’anxiété en moi. En fait, je suis angoissé et anxieux de nature, depuis toujours, j’ai donc eu le temps d’en apprivoiser les sentiments, d’apprendre à vivre avec eux. Je ne ressens aucune honte d’être ainsi fait. Après tout, c’est moi qui décide d’anticiper le pire (ou le meilleur). Je ne suis pas surpris par l’angoisse et ainsi, elle ne parvient pas à m’étouffer ou à me paralyser.
En revanche, si l’on associe le sentiment d’anxiété à la nervosité, je dois avouer être de nature nerveuse. Et dans ce cas, je suis plus souvent qu’autrement pris par surprise, submergé rapidement, détourné complètement de ma vie, sans contrôle.
COMPASSION, OU : SE DÉCOUVRIR HUMAIN
Se dessine alors dans la compassion l’ébauche du secret qui préside à l’humanité tout entière. Sans cet élan sincère qui nous pousse à nous voir dans la douleur d’autrui, nous ne saurions reconnaître notre semblable, nous ne saurions ce qu’il ressent, ce qui le trouble et, potentiellement, ce qui pourrait nous troubler aussi. La compassion rend impraticable l’indifférence, sinon comme un choix précis, comme un acte qui engage notre responsabilité morale et dont il nous faudra répondre : nous pouvons toujours essayer, comme dans l’essai de Lucrèce, d’assister à un semblable parmi les être qui luttent pour résister aux vagues, nous perdons toute innocence du spectateur, et nous prenons part à son combat, même en silence, avec nos larmes, notre peut. Même si nous décidions de l’ignorer, nous sommes déjà en train de participer.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Compassion, ou : se découvrir humain, PUF, 2022, p. 95.
Dans cet extrait, l’auteure nous donne en exemple des gens sur une plage qui regarde sur la mer les passagers d’un bateau en péril sur une mer agité. Au départ, nous sommes spectateurs du malheureux événement. Mais si nous reconnaissons un ami parmi les passagers, nous devenons des participants en raison de la compassion qui nous anime.
J’aime bien cette affirmation de l’auteur : « La compassion rend impraticable l’indifférence (…) ».
La compassion, c’est la capacité d’aimer l’autre et non pas seulement de ressentir ce qu’il ressent, comme un double.
De tous les chapitres de ce livre, mon préféré est celui intitulé « Émerveillement, ici naît la philosophie ».
ÉMERVEILLEMENT, ICI NAÎT LA PHILOSOPHIE
Pourtant, c’est précisément parce qu’il nous renvoie à un stade presque enfantin que l’émerveillement – qui ne peut être ni induit, ni simulé ; mais qui se produit et doit saisir par surprise pour être authentique – est une émotion à sauvegarder à tous prix. L’émerveillement nous demande d’être vulnérable, d’une façon joyeuse : prêt a nous laisser décoiffer par la vie, à nous laisser intriguer. Il nous donne une attitude ouverte, plus spontanée que ne le sera jamais aucune pose, quand bien même nous tentions de nous faire immortaliser avec un air naïf ; et il joue un rôle fondamental dans notre vie cognitive, en plus de notre vie émotive.
Sans émerveillement, pour commencer, la philosophie n’existerait pas : qu’est-ce qui, sinon la stupeur, aurait pu donner à un Grec en chiton un frisson de curiosité assez fort pour l’inciter à se poser des questions, à observer le ciel, les phénomènes naturels, le monde, avec un regard neuf ; à tomber tête première dans un puits, comme Thalès, le premier des philosophes, qui marchait en gardant les yeux rivés sur les étoiles ? (…)
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, Émerveillement, ici naît la philosophie, PUF, 2022, pp. 184-185.
L’auteure souligne que l’émerveillement « ne peut être ni induit, ni simulé », qu’il « doit saisir par surprise pour être authentique ». Nous avons donc aucun contrôle sur l’émerveillement. Elle précise le bénéfice de l’émerveillement en ce qu’il « nous donne une attitude ouverte ». Ilaria Gaspari utilise le mot « stupeur » dont voici la définition donnée par Le Robert : « Étonnement profond. ➙ stupéfaction. »
Si nous ne pouvons pas provoquer nous même notre étonnement, nous pouvons tout de même nous disposer à l’accueillir en cultivant une attitude ouverte. Et cela commence par la directive stricte à l’effet de ne pas prendre pour vrai ce que nous pensons uniquement parce que nous le pensons, en ne prenant rien pour acquis et en évitant que le but de notre vie soit de nous donner raison. Être émerveillé ne demande pas que nous nous forgions une opinion sur le champ mais que nous posions des questions, des questions aussi étonnantes que l’émerveillement lui-même. L’émerveillement devrait engendrer une certaine admiration, un « Sentiment de joie et d’épanouissement devant ce qu’on juge supérieurement beau ou grand » (Le Robert), et une méditation philosophique.
L’exemple le plus courant de l’émerveillement dans ma vie est celui où je suis surpris de comprendre ce que l’on m’explique : « Là je comprends. Ah ! Si on m’avait dit cela plus tôt ». On ne peut pas soutenir qu’on aurait compris plus tôt si à ce moment là nous n’avions pas une l’ouverture d’esprit, c’est-à-dire qui nous n’étions alors pas disposé à l’émerveillement.
Enfin, la grande question posée par le livre PETIT MANUEL DE PHILOSOPHIE À L’INTENTION DES GRANDS ÉMOTIFS » concerne le rôle des émotions et leurs impacts sur notre capacité de raisonnement. Bref, faut-il lutter contre nos émotions.
Au beau milieu du XVIIe siècle, quelques années après Descartes, un philosophe anticonformiste et génial, Baruch Spinoza, introduisit dans le lexique des émotions un lemme alternatif pour parler des passions : « affecto » – en latin, affectus –, une façon pour lui de liquider cette implicite dimension de passivité. Spinoza postule que tout raisonnement sur l’homme doit prendre en considération ce que nous ressentons, dans la mesure où cela nous permet de bâtir notre propre connaissance du monde. Qu’il faut écouter ce que nous dit notre corps. Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 16.
La proposition intermédiaire (lemme) de Spinoza pour distancer la passion de l’émotion répond aux observations des premiers philosophes en Grèce qui considéraient les passions comme l’ennemie du philosopher. Avançant qu’il faut lutter contre les passions dévorantes et déstabilisantes, le premiers philosophe ne parlaient pas des émotions ou ne les distinguaient pas des passions.
LA PHILOSOPHIE GUÉRIT LES MAUX
Mais une émotion, qu’est-ce que c’est ?
Le mot est relativement jeune, ce qui n’est pas le cas du concept auquel il se réfère – mais on sait bien que les choses changent en fonction de la façon dont on les regarde et dont on parle d’elles.
Avant de porter leur nom actuel, celles que nous appelons aujourd’hui les émotions ont été identifiées pendant des siècles, et dans de nombreuses langues, à partir du grec πάσχειν (pàschein) et de son homologue latin pati (littéralement : « pâtir »), comme des passions. La notion rattachée au terme « passion » est celle de la passivité : passivité de l’âme, à la différence du corps, lequel est actif, comme le résume Descartes au milieu du XVIIe siècle dans son traité sur les Passions de l’âme. On trouve à l’origine de cette dialectique un préjugé tenace vis-à-vis du corps, qui serait un « poids » et un obstacle à la liberté et au développement de l’âme ; comme si ce que nous éprouvons, qui nous ancre au monde sensible, était d’une certaine façon une entrave à notre perfectionnement intellectuel et spirituel.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 15.
La directive philosophique proposant le recours à la raison pour dominer, contrôler et même éliminer les passions (et les émotions), ne tient pas la route.
LA PHILOSOPHIE GUÉRIT LES MAUX
Les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ; mais, pour éviter qu’elles ne deviennent passions tristes, il faut que nous nous fiions à ce qu’elles nous disent, de nous-mêmes, mais aussi des autres : l’alphabet des émotions, qui est écrit dans les expressions du visage, nous l’avons appris en prenant l’habitude de nous voir en qui nous est proche. Ces réactions physiques ancestrales, avec leur hérédité évolutive et leur composante biologique, sont cependant également tributaires de phénomènes à l’œuvre dans notre inconscient, de notre expérience la plus subjective.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, PUF, 2022, p. 19.
Ilaria Gaspari affirme que « les émotions que nous éprouvons nous rendent humains ». Or, c’est justement à ce titre, un être humain, que nous philosophons. Exclure les émotions est un exercice déshumanisant. Considérer les émotions comme un obstacle dans l’exercice de la raison, c’est nier une part de l’humain. On ne peut pas au risque de philosopher sans l’enseignement qu’offre les émotions à la raison. On tombe alors dans une pratique philosophique évacuant la subjectivité induite par les émotions pour se réfugier dans la raison pure, dans une objectivité parfaite complètement détachée du corps, ce qui est impossible.
Ilaria Gaspari, en référence à Spinoza, vient de nous dire : « Que s’enfermer dans la pure rationalité ne sert à rien, parce que nous ne sommes ni tout corps ni tout esprit, ni corps-marionnette dans lequel aurait été insufflée une âme, mais bien corps et esprit réunis. »
Mon étonnement à la lecture de la citation suivante fut très instructif. Elle est tiré d’un livre du chercheurs en marketing Louis Cheskin paru en 1961 :
« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.
Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »
Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.
J’ai compris que je devais m’interroger sur ce qui attirait mon attention, ce sur quoi ma subjectivité activée par mes émotions s’était arrêté, ce à quoi j’étais sensible et chercher à comprendre pourquoi.
La principale leçon que l’on peut retirer de toute cette histoire est que les sentiments jouent un rôle décisif dans le flot incessant de nos décisions personnelles. Si la violence des sentiments peut s’avérer catastrophique pour le raisonnement, leur méconnaissance peut être tout aussi désastreuse, surtout lorsqu’il s’agit de prendre des décisions dont peut dépendre notre avenir – quel métier choisir ? doit-on quitter un emploi sûr pour un autre moins stable mais plus intéressant? quel homme ou quelle femme fréquenter ou épouser ? dans quelle région s’établir ? quel appartement ou maison louer ou acheter? et ainsi de suite, notre vie durant. La raison seule ne peut fonder ces décisions ; elles exigent que l’on sente les choses « dans les tripes » et que l’on mette à profit cette sagesse des sentiments accumulée au fil des expériences passées. La logique formelle ne vous permettra jamais de choisir votre conjoint ou votre métier, ni de déterminer si vous pouvez faire confiance à quelqu’un. Il est des domaines où la raison est aveugle sans les sentiments.
Les signes intuitifs qui nous guident en ces moments décisifs sont des impressions viscérales d’origine limbique, ce que Damasio nomme des « marqueurs somatiques », des sentiments instinctifs. Un marqueur somatique est une sorte d’alarme automatique dont le rôle est d’attirer l’attention sur le danger potentiel présenté par telle ou telle ligne d’action. Le plus souvent, ces marqueurs nous détournent d’un certain choix contre lequel notre expérience nous met en garde, mais il arrive aussi qu’ils nous signalent une occasion à ne pas manquer. Dans ces moments-là, nous ne nous rappelons généralement pas des expériences particulières à l’origine de notre sentiment négatif, seul importe l’avertissement qui nous est donné. Chaque fois qu’apparaît un tel sentiment instinctif, nous avons la possibilité de nous décider avec plus de confiance, et donc de réduire l’éventail de nos choix. En bref, pour rendre plus saines nos décisions personnelles, il faut être en accord avec nos propres sentiments.
GOLEMAN, Daniel, L’intelligence émotionnelle, Éditions Robert Laffont, Paris, 1997, p. 75.
Dans un autre rapport, j’ai aussi insisté de lecture sur les travaux de Laura CANDIOTTO proposant une nouvelle approche du dialogue socratique intégrant, cette fois, les émotions :
Ainsi, les émotions permettent la constitution de l’identité dans la dimension cognitive intersubjective parallèlement à une transformation de soi. Ceci est possible grâce à leur caractère médiateur : les émotions ne sont pas des aspects irrationnels mais des instances médiatrices entre l’irrationnel et le rationnel. En d’autres termes, ils sont cruciaux pour le bien-être harmonieux de l’individu – et de la polis – qui est à la recherche de la juste composition. Lorsqu’elles sont correctement orientées, les émotions – grâce à la collaboration avec la composante rationnelle – sont la force motrice qui conduit l’âme à la découverte de la vérité. Si toutefois les émotions sont corrompues et ne sont pas régies par la partie rationnelle de l’âme, elles conduisent l’âme à commettre les plus grands méfaits (dans cette perspective, l’analyse de l’âme du tyran menée dans la République est exemplaire).
N’est-ce pas suffisamment clair ? Les émotions et la raison doivent travailler en équipe. Et c’est ce que propose Ilaria Gasparie dans son PETIT MANUEL PHILOSOPHIQUE À L’INTENTION DES GRANDS ÉMOTIFS :
En proposant un voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Ilaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos états d’âme comme des contraintes.
GASPARI, Ilaria, Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotif, quatrième de couverture, PUF, 2022, p. 15.
Lors d’une entrevue à la radio accordée dans la foulée de la sorti de son livre, elle dit : « Il faut comprendre l’émotion, non pas la juger. On peut juger le comportement engendrer par l’émotion. »
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
« Socrate est souvent considéré comme le fondateur de la philosophie occidentale. N’ayant laissé aucun écrit, nous connaissons sa pensée à travers ce que nous en ont transmis ses disciples, en particulier Platon. Mais cet attachement de Socrate à l’enseignement oral n’est-il pas, en soi, un indice sur sa conception de la philosophie ? Mon analyse dans cette vidéo. »
Une vidéo proposée par Charles Robin, dit le précepteur
QUI EST LE PRÉCEPTEUR ? Charles Robin est précepteur et enseignant en philosophie, français et mathématiques. Depuis plusieurs années, il accompagne des élèves de tous niveaux dans leur parcours scolaire. Ses élèves l’apprécient pour son franc parler, son sens de l’écoute et sa capacité à rendre claires des notions parfois complexes. Son projet, à terme, est de créer une école populaire autonome dans laquelle seraient valorisés les savoirs fondamentaux, les arts et l’initiative collective.
Mon histoire
Je m’appelle Charles Robin, je suis professeur particulier de philosophie à Montpellier. J’ai créé la chaîne YouTube « Le Précepteur » en 2018 pour partager ma passion pour la philosophie et la transmission.
Lorsque j’ai démarré sur YouTube, je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir un tel engouement du public pour la philosophie. YouTube est avant tout une plateforme de divertissement, et si on m’avait dit un jour que mes vidéos sur Platon, sur Spinoza ou sur le stoïcisme seraient vues par plusieurs centaines de milliers de personnes, je ne l’aurais jamais cru.
C’est assez paradoxal car, au fond, j’ai toujours considéré que la philosophie était une discipline ouverte à tous et qui s’adressait au plus grand nombre. Bien souvent, si les gens tournent le dos à la philosophie, c’est surtout à cause de la manière dont on leur en parle. Beaucoup l’associent à du verbiage pompeux et sans grande utilité, sans voir que les questions que soulève la philosophie sont des questions qui les concernent directement et qu’ils se posent eux-mêmes au cours de leur vie. Et ça, ce sont d’abord les représentants de la philosophie qui en sont responsables.
La philosophie
Ma manière de parler de philosophie va à rebours de cette conception. Je considère que si ce qu’on dit n’est pas compris par le public ou ne suscite pas son intérêt, le problème ne vient pas du public, mais de nous.
J’ai toujours estimé nécessaire de me mettre à la place de celui ou celle à qui je m’adresse, et de trouver les mots qui rendront mon propos compréhensible. C’est cet attachement à la clarté et à la simplicité qui, je pense, est à l’origine du succès de ma chaîne.
Lorsque je vois passer un commentaire d’un internaute qui me fait savoir que je l’ai réconcilié avec la philosophie, c’est pour moi la plus grande des récompenses. Car alors mon travail prend tout son sens, celui d’être un médiateur entre les grands auteurs et le public, celui de donner de la matière à la pensée.
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ?
Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?
Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce ! […]
par Méta de choc, Olivier Sartenaer et Élisabeth Feytit
Janvier 2023
Voici la captation d’une table-ronde à laquelle j’ai participé à l’université de Namur, sur la question épineuse et non moins passionnante des frontières entre sciences et pseudosciences.
Cette conversation avec Olivier Sartenaer, physicien et philosophe des sciences, trouve son point de départ dans l’évocation du parcours intellectuel du biologiste belge du début du XXe siècle : Hector Lebrun. Ce chercheur brillant voulait concilier la théorie de l’évolution de Charles Darwin et la pensée créationniste catholique.
Nous y abordons des sujets aussi variés que la croyance en la Terre plate, la lithothérapie, la Loi de l’attraction, l’anti-vaccinisme ou les préoccupations environnementales. La crédulité est-elle liée à un manque d’intelligence ? La quête spirituelle est-elle compatible avec l’intérêt pour les sciences ? La crise du Covid aurait-elle révélé notre manque criant de rationalité ?
« La vérité est une invention de l’Homme. L’Homme est imparfait. Donc la vérité est imparfaite. »
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
La philosophe Myriam Revault d’Allonnes va encore plus loin en parlant d’une « ère post-factuel » :
Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.
L’erreur serait pourtant de penser que la post-vérité et la fabrication de « faits alternatifs » dans des sociétés démocratiques relèvent des mêmes mécanismes que l’idéologie totalitaire. Certes, dans les deux cas on propose un substitut à la réalité, un réarrangement de toute la texture factuelle en sorte qu’un monde fictif vient en lieu et place du monde des expériences et des relations que nous avons en partage et qui est le « sol » sur lequel nous nous tenons.
Dans les systèmes totalitaires, une idéologie « fantasmatiquement fictive » suscite un monde à la fois mensonger et cohérent que l’expérience est impuissante à contrarier. Le penser idéologique s’affranchit de l’existence de la réalité plus « vraie » que celle que nous appréhendons et percevons. Il ordonne les faits selon une procédure entièrement logique : en partant d’une prémisse tenue pour un axiome et dont tout le reste est déduit, on parvient à une cohérence jamais rencontrée dans le réel.
La vérité se fait bardasser par tout un chacun en ces temps qui courent. Elle est victime d’érosion comme les berges soumis aux ondes de tempête provoquées par les changements climatiques.
Il y a 25 ans, en pleine crise intellectuelle au début de ma quarantaine d’âge, je me suis réfugié dans la méthode de la pensée scientifique, dans l’épistémologie, c’est-à-dire dans l’étude de la connaissance de la connaissance. J’en suis venu à la conclusion que nous devrions importer dans notre vie de tous les jours la méthode de la pensée scientifique, notamment le doute systématique. Mon objectif : une pensée juste débarrassée des biais cognitifs, libérée de mes opinions, de mes préjugés… Admettre pour vrai uniquement ce que les sciences exactes ont démontré, tout en considérant qu’en ces sciences, la connaissance se bâtit sur la destruction du déjà-su dont on s’est donné formellement l’obligation de douter.
À la fin de cette décennie de ma vie, j’ai observé de plus en plus de gens prendre pour vrai ce qu’ils pensaient uniquement parce qu’ils le pensaient. Cette absence complète de recul et de doute court-circuite voire détruit le système de penser. « Seul ce que je pense est vrai » semble dire ces personnes plus attachées à leurs opinions qu’au savoir et à la connaissances eux-mêmes. Or, la première règle de la pensée scientifique est de lutter contre ses opinions.
À la question « Pourquoi la vérité ne triomphe pas par elle-même ? », je répond « parce qu’elle est imparfaite » et cette imperfection vient du fait qu’on la cherche dans des domaines où elle ne peut pas émerger, comme dans les sciences inexactes. Une imperfection justifiée aussi par le fait qu’elle est un concept de l’Homme et que ce dernier est lui-même imparfait. La vérité n’existe pas non plus dans la Nature. La vérité est une invention conceptuelle de l’Homme qui lui permet de s’assurer de la correspondance de ses observations avec la réalité.
Pour commencer, il faut distinguer la vérité et la réalité : la vérité n’est pas la réalité. La réalité est une propriété des choses. La vérité est une propriété du discours ou de la pensée. Une chose est réelle, si elle est, si elle existe, si elle est effective. Ici, nous entendons « réalité » dans son sens ordinaire, et non pas dans son sens technique.
La vérité tient donc du seul fait de l’expérience que nous faisons de la réalité pour en tirer une connaissance (vraie).
Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.
Et si des experts se prononcent sur notre temps en évoquant dans notre histoire une ère de post-vérité, ce n’est pas parce que la vérité change avec le temps mais plutôt parce que les critères de la vérité changent. « (…) la vérité est par définition absolue, universelle et transhistorique », nous dit Gabriel Gay-Para :
De prime abord, si on considère l’essence ou la nature de la vérité, et non ses critères, la vérité est par définition absolue, universelle et transhistorique. Prenons un exemple simple : « la somme des angles d’un triangle est égale à un angle plat. » Cette vérité, dans le cadre de la géométrie euclidienne, respecte cette triple propriété. Elle est absolue : comme cette propriété découle de l’essence même du triangle, elle est indépendante de toute condition. Elle vaut pour tout le monde, qu’on soit géomètre ou non. Mais elle vaut aussi pour tous les triangles, quelles que soient leurs propriétés particulières (triangle isocèle, équilatéral, rectangle, etc.) ; elle est donc universelle. Elle est enfin transhistorique : elle vaut pour toutes les époques. Cette propriété vaut pour les arpenteurs de l’Égypte ancienne, comme pour les mathématiciens du XXe siècle : le développement des géométries non-euclidiennes depuis le XIXe siècle n’y a rien changé. Un triangle dessiné sur une surface plane a toujours la somme de ses angles égale à un angle plat. La vérité semble donc transhistorique ou éternelle, indépendante du temps qui passe. Dans cette perspective, comment la vérité pourrait-elle avoir une histoire ? Si la vérité est la propriété qui caractérise nos énoncés lorsque ceux-ci décrivent ce qui est, autrement dit, « correspondent » ou sont en adéquation avec la réalité, comment pourrait-elle avoir une histoire, et donc évoluer avec le temps ? Historiciser le concept de vérité, n’est-ce pas le vider de son contenu ?
La vérité n’a pas d’histoire parce qu’elle « (…) est par définition absolue, universelle et transhistorique ».
La vérité existe que dans son rapport à la réalité. C’est une théorie de la vérité nommée « correspondantisme » : « Le correspondantisme, appelé aussi théorie de la vérité-correspondance, est l’ensemble des théories définissant la vérité comme une relation de correspondance entre un énoncé et une chose réelle. Un énoncé est vrai seulement s’il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité. » (source : Vérité, Wikipédia, consulté le 26 janvier 2023).
À présent, toute connaissance s’accomplit dans l’assimilation du connaissant à la chose connue, et l’on dit que cette assimilation est cause de la connaissance, comme la vue connaît la couleur du fait qu’elle y est disposée par l’espèce de la couleur. De la sorte, le premier rapport de l’étant à l’intellect tient à ce que l’étant et l’intellect concordent, concordance qui est appelée adéquation de l’intellect et de la chose [adaequatio intellectus et rei], et dans laquelle la notion de vrai s’accomplit formellement. C’est donc cela que le vrai ajoute à l’étant, la conformité ou l’adéquation de la chose et de l’intellect [adaequationem rei et intellectus], conformité de laquelle, comme on l’a dit, suit la connaissance de la chose. Ainsi l’entité de la chose précède-t-elle la notion de vérité alors que la connaissance est un certain effet de la vérité.
Si la vérité ne triomphe pas toujours par elle-même, si elle ne s’impose pas d’emblée à tous, c’est parce que nous ne nous entendons pas sur la réalité. Et si nous ne nous entendons pas sur la réalité, c’est en raison des différences et des variations des perceptions de cette réalité d’une personne à l’autre, et ce, même si nous disposons tous du même « matériel biologique » de perception. Notre histoire personnelle, sociétale, nationale, civilisationnelle… caractérise nos perceptions non seulement de la réalité mais aussi de nos interprétations.
Le seul et unique moyen dont nous disposons pour décerner la statut de vérité à une chose matérielle, c’est la pensée scientifique à la barre de l’expérience scientifique. Le scientifique nous propose une hypothèse concernant une chose matérielle spécifique, il vérifie cette hypothèse lors d’une expérience et tous ceux et celles qui reprendront avec rigueur la même expérience arriveront aux mêmes résultats confirmant l’hypothèse. Cette dernière est prouvée. Elle est une vérité. Personnellement, je préfère soutenir que l’hypothèse ainsi mise à l’épreuve de l’expérience est une « connaissance ». Reprenons la citation tiré du texte de Gabriel Gay-Para :
Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.
Mais ce « vrai » n’est pas nécessairement « absolue, universelle et transhistorique » tel que le précise Gabriel Gay-Para. Car, en science du moins, une connaissance est admise pour vraie que le temps qu’une autre connaissance la rende caduque et lui soustrait son caractère de vérité. En science la connaissance se construit sur la destruction du déjà-su. Autrement dit, une connaissance scientifique n’est pas nécessairement absolue et transhistorique. Il y a obligation de douter de toute connaissance. La connaissance n’est vrai que le temps que l’on en doute.
Si une connaissance peut être admise comme étant « absolue, universelle et transhistorique » tel que le précise Gabriel Gay-Para en donnant en exemple « la somme des angles d’un triangle est égale à un angle plat », c’est uniquement parce qu’elle a résisté jusqu’ici à tous les doutes et à toutes les expériences des scientifiques tout comme à tous les changements de critères de vérité survenus au fil du temps.
Dans ce contexte, faut-il donner un statut différent aux connaissances scientifiques qui ne sont pas absolues, universelles et transhistoriques ? Que faire de cette « connaissance » scientifique qui se construit sur la destruction du déjà-su ? Les question est posée. Je n’ai pas de réponse pour l’instant.
Enfin, si j’ai toujours et encore un problème avec la vérité, c’est parce que chacun se forge « sa vérité ». La vérité est devenue aussi personnelle que les perceptions personnelles de la réalité. Dans le film LA RÈGLE DU JEU (France, 1939, 1h52) de JEAN RENOIR (1894 – 1979), l’un des personnages dit : « Tu comprends, sur cette terre, il y a une chose effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons ».
Dis donc vieux, j’ai envie de foutre le camp. J’ai envie de disparaître dans un trou.
Ça t’avancerait à quoi ?
Ça m’avancerait à plus rien voir. À ne plus chercher, à savoir ce qui est bien, ce qui est mal. Parce que, tu comprends, sur cette terre, il y a une chose effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons.
« À chacun sa vérité » revient sans cesse dans les discussions, à l’instar de « À chacun son opinion ». Ainsi devenue une simple affaire personnelle, la vérité n’est plus absolue, universelle et transhistorique. Le concept de vérité en prend pour son rhume avec ce critère de validité personnelle.
Pour plusieurs, la vérité n’est rien de plus que ce que l’on croit ou, si vous préférez, une simple croyance à défendre avec force de conviction. La vérité perd ainsi son sens propre (absolue, universelle et transhistorique).
La vérité laisse place à l’interprétation et, de ce fait, elle n’est que rarement absolue, universelle et transhistorique.
Comparé à la perfection des concepts de base en mathématiques, les chiffres et les nombres, celui de la vérité se caractérise par ses imperfections. Si nous prenons le chiffre « 2 », jamais nous le rencontrerons au coin de la rue parce qu’il s’agit d’un concept abstrait parfait. Il en va de même de la vérité; nous ne la rencontrerons pas non plus au coin de la rue. La supériorité des concepts de base en mathématique (chiffres et nombres) repose sur sa parfaite adéquation avec la réalité qu’ils désignent. Lorsqu’on dénombre 2 pommes, il y en a pas 1, 2½ ou 3, et ce, peu importe les perceptions personnelles. Je ne rencontre aucun problème avec un tel concept abstrait parfait qui nous donne un vérité absolue, universelle et transhistorique.
Cependant, je rencontre un grave problème avec la vérité lorsqu’elle est relative, personnelle et historique parce qu’elle donne lieu à de multiple interprétations et d’opinions, toujours particulières.
En général, on définit la vérité soit comme un jugement conforme à son objet (on parle alors de vérité-correspondance), soit comme un jugement non-contradictoire (on parle alors de vérité-cohérence). Son caractère universel la distingue de l’opinion qui est toujours particulière.
Dans la définition ci-dessus, le mot « jugement » associé à la « vérité » me cause aussi un problème. Je me demande si l’on porte un jugement lorsqu’on exprime une vérité.
Vérité (nom commun)
Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.
Exemple(s)
La vérité d’une proposition scientifique est parfois difficile à établir.
C’est une vérité bien admise que les poules ne poussent pas sur les arbres.
La vérité du capitalisme, c’est l’exploitation.
Terme(s) associé(s)
correspondance, faux
Remarque
La définition de « vérité » est controversée. Il n’y a d’accord ni sur la nature du concept, ni sur la façon de le penser. Même la définition précédente , pourtant très classique, ne fait pas consensus. Ceux qui tendent à l’accepter ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. « Qu’est ce que la vérité ? » reste une question ouverte. Difficultés philosophiques mises de coté, la « vérité » est une notion très courante. Son usage est peut-être inévitable, en dépit des incertitudes philosophiques.
0) (traditionnellement) Adequatio rei et intellectus
1) (sens commun) Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
2) Proposition, jugement, ou croyance qui est vraie.
3) « Réalité stable, profonde, essentielle, par opposition aux apparences aux accidents »
(Dictionnaire de Philosophie, Godin).
Remarques
Jugement & proposition. La définition dite commune de la vérité la donne comme « jugement » ou « proposition » conforme à la réalité. Cette expression est d’emblée problématique : elle utilise deux termes dans leur sens philosophique pour circonscrire ce qu’on présente comme le sens commun. L’usage courant de jugement & de proposition n’est pas celui qu’on mobilise ici. Si on devait définir depuis le sens commun, on dirait que c’est une « phrase » qui est conforme ou non à la réalité.
Stricto sensu, une proposition est une entité abstraite, dotée d’une valeur de vérité unique (ou bien vrai ou bien faux), et qui s’exprime dans des phrases. Deux phrases prononcées dans des langues différentes peuvent expriment la même proposition [4], et deux phrases linguistiquement identiques refléter des propositions différentes selon le contexte spatio-temporel de son énonciation et son locuteur (« Il faisait beau hier » ; « J’aime le chocolat »). Les propositions sont des entités hors du temps, leur valeur (V/F) est et sera toujours la même [5]. La possibilité d’être V ou F est essentielle à une proposition, même si certaines propositions pourront êtres dites vraies en vertu de leur forme et d’autres en vertu des faits [6]. Il semble que les propositions soient d’emblée des entités linguistiques (cf. « proposition » est presque une abréviation de « proposition linguistique »).
A contrario, un jugement est le résultat de la faculté de juger, il met en relation ordonnée des concepts, mais n’est ni forcément une entité linguistique, ni toujours ou bien vrai ou bien faux. On peut penser le jugement comme un élément mental, et refuser à des jugements absurdes, moraux, ou esthétiques la possibilité d’être vrai ou faux. La notion de jugement est plus lâche : il n’est pas clair que le jugement soit une entité abstraite ou concrète. Par rapport à la proposition on peut considérer que ce qui permet à un jugement d’être vrai est le fait d’exprimer une proposition. On enchâsse alors les deux notions.
La définition classique & commune de la vérité oscille donc entre deux descriptions proches mais distinctes des vériporteurs, tout en maintenant un usage vague et imprécis des termes philosophiques qu’elle mobilise. D’un coté on use de concepts précis, de l’autre on noie la différence entre ces concepts, en présentant la définition comme « commune », alors même que son expression est philosophique.
[4] Au delà de non-nominalisme dans lequel engage l’admission de propositions, le fait qu’on sache mal quand une proposition exprimée par une phrase est la même que celle exprimée par une autre phrase a été critiqué.
[5] La proposition qui dit qu’il faisait beau hier, prononcée le jour/mois/année à l’endroit E, aura toujours la même valeur de vérité (V/F), parce qu’en dépit de la possibilité de réitérer la phrase « il faisait beau hier », la proposition exprimée sera toujours différente (sauf au cours de la journée X, où pendant toute la journée « hier » réfère à X-1 jour).
[6] Ce qui pose la question de ce qui est à l’origine de la vérité.
La définition de la vérité comme étant « Proposition, jugement, ou croyance qui est vraie », cette fois en ajoutant au terme « jugement » celui de « croyance » me déstabilise. Il y a toujours un danger de prendre pour vrai ce que l’on croit, et ce, uniquement parce qu’on le pense. L’expression d’une croyance comme étant en adéquation avec une réalité donnée relève à mes yeux du monde métaphysique plutôt que du monde physique perceptible (par nos sens). À mon avis, la métaphysique se classe parmi les sciences inexactes et ne peut pas prétendre être absolue, universelle et transhistorique.
Aussi, je ne mets sur le même pied une « proposition » et un « jugement ». À mon avis, une proposition peut être objective tandis qu’un jugement sera toujours subjectif. Certaines personnes parlent de la « vérité d’une proposition » et de la « vérité d’un jugement », ce qui me complique davantage la vie. Dans ce cas, la vérité ne peut pas être un jugement puisque ce dernier peut ne pas être vrai en raison de sa subjectivité. Il en va de même avec la proposition qui possède pas un caractère de vérité qui lui soit intrinsèque puisqu’elle peut ne pas être vraie. Or, à mes yeux, une vérité existe que si la seule et unique option est qu’elle soit vraie.
Une vérité ne peut pas être déclarée fausse, à moins qu’il y ait eu méprise. Dans ce cas, la vérité est contestée, ce qui va à l’encontre de son caractère absolue, universelle et transhistorique. Et c’est ce qui se produit lorsqu’on croit en une vérité ou que l’on prend la vérité pour croyance vraie.
Je considère que la vérité doit tout simplement être admise. Je me rapproche ainsi de la connaissance. Revenons donc à la citation tirée de Gabriel Gya-Para :
Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d’un bronze perdu réalisé par Lysippe. Collection du Louvre. This file is licensed under the Creative CommonsAttribution-Share Alike 2.5 Generic license. Attribution: Sting
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.
Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !
STEPHANIE DEZIEL
Formation de l’esprit critique et société de consommation
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)
FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.
Extrait
Chapitre III : Socrate et la formation de l’esprit critique
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…)
Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
L’enseignement de Socrate n’est en rien celui d’un professeur qui donne des cours théoriques à ses étudiants. L’école de Socrate c’était l’agora, l’espace public où il se provenait, abordait ses concitoyens et les interrogeait sans cesse. C’est de cette rencontre que pouvait jaillir la vie de l’esprit. En effet, lorsque Socrate rencontrait un citoyen d’Athènes, il ne lui apprenait pas un savoir déjà tout fait, mais il le questionnait. Alors l’esprit de son interlocuteur s’échauffait, Socrate l’amenait à penser par lui-même et formuler ses propres réponses. L’objectif de la méthode éducative de Socrate est donc la formation de l’esprit critique. Cette méthode s’appelle la maïeutique. Dans son livre Considérations morales, Hanna Arendt explique que nous pouvons entrevoir la méthode de Socrate à travers trois métaphores, Socrate est à la fois une sage-femme, un taon et une raie-torpille.
3.1- Socrate l’accoucheur des esprits
Penser de façon critique, frayer le chemin de la pensée à travers les préjugés, à travers les opinions et les croyances reçues sans examen, est un vieux souci de la philosophie, que nous pouvons faire remonter, pour autant qu ‘il s’agisse d’une entreprise consciente, à la maïeutique socratique à Athènes.
Arendt, Hannah, Juger. Sur la philosophie politique de Kant.
3.1.1- L’ironie socratique
La maïeutique est, au sens propre, l’art de mener les accouchements, cet art que possèdent les sages-femmes. Dans le livre de Platon, Théétète, Socrate affirme qu’il a le même métier que sa mère qui était sage-femme. Il utilise ce terme au sens figuré, sa méthode, la maïeutique, n’accouche pas les corps mais les esprits. C’est ce qu’il affirme dans le Théêtète : « Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes; mais il digère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des femmes et qu’il surveille leur âme en travail et non leurs corps » . Au cœur de la maïeutique se trouve la question ti esti : qu’est-ce que c’est? Socrate parcourait les rues d’Athènes et arrêtait les citoyens pour leur demander : qu’est-ce que l’amour, la justice, l’amitié, etc. Ses interlocuteurs tentaient alors de définir ces réalités. 11 questionnait souvent ses contemporains sur les thèmes qui les touchaient personnellement et qui leur étaient familiers. Par exemple, s’il rencontrait un général, il le questionnait sur le courage puisque celui-ci devait savoir comment combattre courageusement l’ennemi.
Le moyen utilisé par Socrate pour faire accoucher les esprits de ses interlocuteurs est 1’ironie. L’ironie socratique n’est pas 1’ironie comme nous l’entendons aujourd’hui. Ce n’est pas se moquer de quelqu’un en disant le contraire de ce que l’on veut faire entendre. Elle est plutôt « une attitude psychologique selon laquelle 1’individu cherche à paraître inférieur à ce qu’il est : il se déprécie lui-même » . Socrate paraissait vouloir apprendre quelque chose de son interlocuteur et lui demandait ainsi quelle était sa définition de tel ou tel concept. ll feignait au départ de considérer la position de l’autre comme valable. L’ironie socratique consiste à feindre de donner raison à l’autre et d’adopter son point de vue. C’est ce qu’explique Cicéron : « Socrate, se dépréciant lui-même, concédait plus qu’il ne fallait aux interlocuteurs qu’il voulait réfuter : ainsi pensant une chose et en disant une autre, il prenait plaisir à user habituellement de cette dissimulation que les Grecs appellent « ironie » . Par exemple, dans le dialogue Lachès, Lysimaque et Mélèsias demandent aux militaires Lachès et Nicias de leur expliquer comment donner une bonne éducation à leurs fils pour les rendre courageux. Socrate est convié à participer à la délibération. Il demande alors aux militaires de définir ce qu’est le courage avant de s’entendre sur le moyen d’éduquer les jeunes à développer cette vertu. Alors, Lachès donne sa définition du courage. Socrate feint au départ de considérer sa position comme acceptable, mais par la suite il lui fait admettre toutes les conséquences de cette position. Socrate posait la question « ti esti » dans 1’intention de mettre les hommes en contradiction avec eux-mêmes. Il voulait leur faire prendre conscience qu’ils étaient incapables de dire ce qu’est réellement le courage, la justice, l’amitié, l’amour, etc.
Trop souvent, 1’interlocuteur répondait par un exemple lorsque la question « ti esti » lui est posée. Socrate posait de nouvelles questions relatives à ce cas particulier et amenait l’interlocuteur à donner des réponses contradictoires à sa première réponse. Lachès n’était pas capable de définir le courage, tout ce qu’il pouvait faire c’était de donner des exemples d’actes courageux. Il affirmait entre autres que le courage c’est quand on accepte de rester dans le rang et de repousser l’ennemi, au lieu de prendre la fuite. Socrate avait vite fait de lui donner des contre-exemples. Parfois, il peut être courageux de prendre la fuite. Socrate voulait savoir ce qu’est le courage dans tous les cas. Il voulait découvrir ce qu’il y a d’identique dans toutes les manifestations du courage. Donc, passer de la multiplicité des exemples, dont les manifestations varient selon les circonstances, à une unité. L’interlocuteur devait expliquer ce que ces exemples avaient en commun pour parvenir ainsi au concept de courage. Comme le dit Socrate, il devait découvrir « ce qu’il y a d’identique en toutes ces variétés de courage » . Il cherchait à dégager des phénomènes qu’on appelle beaux, ce qu’est la beauté; des actions que l’on nomme justes, ce que c’est que la justice, etc. Par exemple, dans le Banquet, tous les invités tentent de dire ce qu’est l’amour. Pour Phèdre, 1’amour est un Dieu; pour Pausanias, il y a deux sortes d’amour : un céleste et un populaire, et ainsi de suite. Il y a tellement de façons de se représenter l’amour; pourtant Socrate voulait aller vers une connaissance de l’amour qui englobe toutes les autres. Le concept universel de l’amour. La personne soumise au questionnement ironique de Socrate devait tenter de définir ce concept universel de la pensée.
De même que la sage-femme examine de près l’enfant qui vient de venir au monde, de même Socrate examinait consciencieusement les définitions proposées par ses interlocuteurs. Dans le Théétète, Socrate invite Théétète à définir la nature de la science. Il en est incapable. Socrate lui dit qu’il faut trouver une définition unique pour désigner la pluralité des connaissances. Théétète explique à Socrate qu’il est incapable de définir la nature de la science, mais qu’en même temps, il est tourmenté par cette définition, il veut à tout prix la trouver. Socrate lui explique alors la cause de son tourment : « C’est que tu es en butte aux douleurs de l’enfantement, mon cher Théétète, parce que ton âme n’est pas vide, mais grosse » . Théétète souffre, car il porte bel et bien en lui la réponse au questionnement de Socrate, mais il ne parvient pas à l’exprimer seul. Il a besoin de l’aide de Socrate pour la faire émerger. Il est ainsi semblable à une femme enceinte qui doit être délivrée par une sage-femme. Ainsi sont tous les interlocuteurs de Socrate. L’art de l’accoucheur des âmes consiste à délivrer les autres des pensées dont ils sont gros pour examiner, une fois qu’elles ont vu le jour, si elles sont viables ou non. Par ses questions, Socrate tourmente ses interlocuteurs. C’est le cas de Lachès. Le général croyant être le spécialiste du courage découvert qu’il ne savait pas réellement ce qu’est une action courageuse. Socrate voulait faire sentir à son interlocuteur son erreur, non pas en la réfutant directement, mais en l’exposant pour que l’absurdité de son discours lui apparaisse clairement. L’interlocuteur passe donc ainsi de la certitude aux doutes. Le but de Socrate était qu’ils découvrent qu’ils souffrent du pire des maux, celui de la double ignorance.
§ 3.1.2- La double ignorance
Socrate voulait que les citoyens découvrent leur propre ignorance face à ces réalités primordiales de la vie. Grâce à la réfutation, il emplissait la tête de son interlocuteur de doutes sur les réponses et les idées qu’il tenait pourtant pour vraies. L’interlocuteur réalisait alors qu’il ne savait plus pourquoi il agissait. Ainsi, il devait reconnaître que les idées qu’il tenait pour vraies n’étaient pas ce qu’il croyait. Il ne pouvait demander à Socrate la bonne réponse, puisque celui-ci se savait aussi ignorant que lui. Comme la sage-femme, Socrate est stérile. C’est ce qu’il explique à Théétète. Il lui rappelle qu’à leur époque, les sages- femmes pouvaient pratiquer leur métier lorsqu’elles étaient hors d’état d’avoir des enfants, donc lorsqu’elles étaient stériles. Socrate, lui, est stérile en matière de sagesse. Il n’a ni réponses ni savoirs à offrir au disciple. C’est lors de son procès qu’il affirme être lui-même ignorant. Il faut se rappeler qu’il fut accusé de corrompre la jeunesse et d’introduire de nouveaux dieux dans la cité. Il était perçu comme un danger pour l’ordre social, car il amenait les gens, surtout les jeunes, à réfléchir. Lors de son procès il affirme : « … j’ai bien conscience, moi, de n’être savant ni peu ni prou » . Aussi, il s’adressa aux Athéniens pour leur rappeler le message « divin » révélé par l’oracle de Delphes. Il leur expliqua qu’un jour, son ami d’enfance Chéréphon alla à Delphes et consulta l’oracle pour lui demander s’il pouvait exister quelqu’un de plus sage que Socrate. Pythie, la Prêtresse du dieu Apollon, aurait répondu qu’i1 n’y avait personne de plus sage que lui. Cette affirmation intrigua énormément Socrate, car il ne se considérait pas sage et pourtant le dieu Apollon ne pouvait mentir. Il en fut si bouleversé qu’il voulut savoir pourquoi il le considérait le plus sage des hommes. C’est ainsi qu’il se mit à interroger les hommes à Athènes qui sont considérés comme sages : les hommes politiques, les poètes et les artisans qui travaillent de leurs mains.
Son enquête lui a permis de découvrir que toutes ces personnes pensaient, à tort, détenir la vérité. Bien sûr, l’homme d’état sait conduire une armée, le poète composer un poème et l’homme de métier fabriquer des chaussures ou un navire. Ils détiennent tous le savoir nécessaire à l’exercice de leur métier. Ils savent quelque chose, mais ils ignorent l’essentiel. Ils savent faire, mais ne savent pas pourquoi ils le font. Les politiciens, par exemple, savent parler au peuple, comment le persuader de prendre telle décision, etc. Mais savent-ils dans quel but ils agissent ainsi? Sûrement pour atteindre la justice. Mais qu’est- ce que la justice? Une fois la question posée, ils se retrouvent bien embarrassés. Ils s’embrouillent et sont incapables de définir ce qui fonde pourtant tous leurs actes. Ils sont ignorants de l’essentiel et ils ignorent qu’ils sont ignorants. Tous ces hommes que Socrate a interrogés souffrent de la double ignorance. Dans le dialogue Alcibiade, Socrate interroge Alcibiade sur la justice et celui-ci est incapable de définir la justice. Pourtant il parle du juste et de l’injuste aux Athéniens comme s’il était un savant en la matière. Alcibiade, qui se dit apte à gouverner, est incapable de définir ce concept fondamental de la politique. Aux yeux de Socrate, il est lui aussi atteint de l’ignorance suprême, la double ignorance qui consiste non seulement à ignorer, mais aussi à ignorer que l’on ignore. Voici comment il la définit : « Ne vois-tu pas que les erreurs de conduite viennent de cette sorte d’ignorance qui consiste à croire savoir ce que l’on ignore? (…) C’est que non seulement tu ignores ces choses importantes, mais encore que tu crois les connaître » . Socrate était donc réellement le plus sage. Il ne savait pas réellement davantage ce qu’est la justice ou le courage, mais tandis que les autres s’imaginaient savoir ce que sont ces réalités primordiales de l’existence, lui, Socrate, était conscient de son ignorance. C’est ce qu’explique Jacques Brunschwig dans son texte sur Socrate : « Tous croient savoir quelque chose, et ne savent pas qu’ils ne savent rien. Sous le feu des questions de Socrate, ces certitudes nai’ves se dégonflent comme baudruches. Lui, au moins, sait qu’il ne sait rien : l’oracle avait raison » . Ainsi Socrate, à la suite du signe divin, s’est cru investi d’une mission, celle d’éprouver ceux qui se croient sages sans l’être. À ses yeux, le dieu de Delphes lui avait assigné pour tâche de philosopher, c’est-à-dire non seulement de se soucier de se scruter lui-même, mais aussi de sonder les autres. Il devait interroger ceux qui pensaient savoir et démasquer les faux savoirs. Il voulait ainsi que les citoyens pensent par eux-mêmes, qu’ils découvrent réellement ce que signifient le courage, la justice, le bien, l’amour, etc. En somme, il voulait les doter d’un esprit critique.
3.2- Socrate le taon
Il semble bien que le procès de Socrate ne soit pas seulement un événement historique en marge de toute répétition possible; le procès de Socrate c’est le procès fait à la pensée qui recherche, en dehors de la médiocrité quotidienne, les problèmes véritables. Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchait de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites : Socrate est celui, qui, en nous étonnant nous interdit de penser selon les habitudes acquises. Socrate se situe aux antipodes du confort intellectuel, de la bonne conscience et de la sérénité béate.
Jean Brun, Socrate.
3.2.1- Penser par soi-même
Dans un premier temps Socrate voulait conscientiser ses citoyens sur leur double ignorance, mais il voulait aussi que ceux-ci pensent par eux-mêmes, qu’ils aient un esprit critique. Socrate aimait se comparer à un taon qui réveille ses concitoyens de leur torpeur routinière. Ceux-ci se sécurisent dans des solutions toute faites. C’est ainsi qu’il se décrit dans l’Apologie de Socrate : « Si, en effet, vous me condamner à mort par votre vote, vous ne trouverez pas facilement un autre homme comme moi, un homme somme toute – et je le dit au risque de paraître ridicule – attaché à la cité par le dieu, comme le serait un taon au flanc d’un cheval (…) le dieu m’a attaché à votre cité, moi qui suis cet homme qui ne cesse de vous réveiller (…) » . Par sa méthode interrogative, Socrate éveille les citoyens, il les conscientise. Socrate éveille ses concitoyens à la pensée. Il est donc avant tout un Athénien qui fait réfléchir ceux qu’il rencontre à l’agora. Socrate voulait que les citoyens d’Athènes fassent table rase des certitudes irréfiéchies pour qu’ils se mettent en quête des valeurs qu’ils souhaitent être au fondement de leurs actions. Il voulait aussi qu’ils soient armés contre les démagogues et les hommes d’état qui prononcent de faux discours afin d’avoir leur assentiment et ainsi obtenir davantage de pouvoir.
Socrate vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.-C. et à cette époque la démocratie athénienne était, contrairement à aujourd’hui, directe. Le peuple ne passait pas par des représentants pour faire valoir ses droits. Les hommes libres (ce qui exclut les étrangers, les esclaves et les femmes) délibéraient tous à l’assemblée en prenant des décisions sur la paix, les lois, la justice, etc. La puissance oratoire était donc très importante pour celui qui intervenait afin de proposer des décisions. Si l’individu qui prenait position était éloquent, il parvenait à charmer la foule et elle était portée à le croire plus facilement. Celui qui pouvait convaincre l’assemblée était celui qui avait le pouvoir. La démocratie athénienne fit donc naître des maîtres de la dialectique et de l’argumentation qui profitaient de la situation pour s’enrichir en donnant des cours sur l’art de la parole. Ces sophistes formaient des virtuoses de la communication qui cherchaient à atteindre le pouvoir sans nécessairement avoir le souci de la vérité. Ils enseignaient aux jeunes l’art de la persuasion. Voici comment Auguste Diès décrit le sophiste : « Le sophiste nous apparaît comme le magicien de la parole : il rend vrai ce qui est faux, il fait être ce qui n’est pas » . Les sophistes sont des démagogues. Ils enseignaient qu’il est possible de mentir au peuple, qu’il est bien de feindre la vérité si cela permet d’atteindre le pouvoir. Ils enseignaient donc les règles permettant de persuader le peuple. Les Athéniens n’étaient que des instruments pour acquérir la gloire et la richesse. Socrate menait un combat contre la sophistique. Il ne pouvait accepter que les citoyens se fassent conditionner par les sophistes et qu’ils intériorisent des opinions fausses et mauvaises. Il jugeait inacceptable cet enseignement qui ne visait pas à atteindre la vérité. Il voulait rendre les citoyens aptes à discerner si l’homme qui parle est sincère, si ce qu’il avance est fondé et s’il ne cherche pas seulement à profiter d’eux. Il tentait de leur donner des outils pour les rendre capables de discerner le vrai du faux et pour reconnaître ceux qui semblent dire la vérité sans la connaître. Il cherchait donc à les doter d’un esprit critique et à les armer contre les démagogues. 11 souhaitait ainsi qu’ils se libèrent de l’opinion publique et pense réellement par eux-mêmes.
3.2.2- Le refus de la doxa
Lorsqu’il interrogeait les citoyens, Socrate refusait toute conception ou opinion qui provenait de la doxa, de l’opinion publique. Grâce à son questionnement, il discernait si les réponses tendaient vers le vrai ou le faux, si elles n’étaient que des clichés et des préjugés véhiculés dans la société. L’art de la maïeutique est l’art de discerner, dans la discussion provoquée par les questions, les idées qui proviennent de la personne. Hannah Arendt souligne que Socrate « (…) purgeait les gens de leurs « opinions », ces préjugés non critiques qui empêchent de penser en suggérant que nous savons alors que non seulement nous ne savons pas mais ne pouvons savoir; en les aidant, comme le note Platon, à se débarrasser de ce qui est mauvais en eux – ces opinions – mais sans toutefois les rendre meilleurs ou leur donner la vérité » . L’ironie permet de purifier l’esprit de toutes les idées et les conceptions qui proviennent de la doxa pour découvrir les idées qui viennent de la personne elle-même. La personne interrogée est poussée à exprimer par elle-même ce qu’est la vertu, la justice, l’amour, etc. Ces conceptions sont enfouies, elles ont besoin d’un accoucheur pour les mettre à jour. Comme l’explique Herbert Marcuse, « C’est en Socrate que (. . .) le principe de 1’intériorité, de l’indépendance absolue de la pensée est parvenu à sa libre expression (. . .) Socrate enseigne que l’homme doit découvrir et reconnaître en lui- même ce qui est juste et bien (. . .) » . Donc Socrate est l’accoucheur des esprits. Comme la sage-femme, il n’engendre pas, il ne le peut pas, car il ne sait rien. Cependant, il aide les autres à s’engendrer eux-mêmes. Socrate ne dit pas simplement à l’autre qu’il est, mais il l’aide à mieux réfléchir. II l’aide à découvrir sa double ignorance. Prenant conscience qu’il sait qu’il ne sait pas, il pourra essayer de corriger cet état et essayer d’atteindre la vérité. Cette prise de conscience de sa propre ignorance libère celui qui est interrogé. Elle donne le goût de découvrir ce qu’est vraiment la justice, la beauté, l’amour, etc.
3.3- Socrate poisson torpille
L’homme livré à Socrate, réveillé par la piqûre du « taon », du sommeil dont ses opinions sont les rêves, est devenu une inquiétude, une recherche, une conscience.
Jacques, Brunschwig, Socrate et écoles socratiques.
3.3.1- La remise en question de ses convictions
Socrate était finalement comparé par Ménon à la raie torpille. Ce poisson a comme propriété de paralyser ses proies. Socrate paralyse le disciple lorsque celui-ci découvre que son savoir est un pseudo-savoir, qu’au fond il n’est sûr de rien. Dans le dialogue Ménon, Socrate demande à Ménon de définir la vertu. Comme Lachès, celui-ci a beaucoup de difficulté à préciser sa pensée. Ménon vit cette incapacité comme une paralysie. C’est ce qu’il affirme dans le passage suivant :
(…) me voilà ensorcelé par toi, j’ai bu ton filtre magique, je suis, c’est bien simple, la proie de tes enchantements, si bien que je suis maintenant tout embarrassé de doutes! À mon sens, supposé que l’on doive ici faire à la raillerie quelque place, tu es, de tout point, tant par ton extérieur qu’à d’autres égards, on ne peut plus semblable à cette large torpille marine qui, comme on sait, vous plonge dans la torpeur aussitôt qu’on s’en approche et qu’on y touche. C’est une impression analogue qu’à cette heure, je crois, tu as produite sur moi! Une véritable torpeur envahit en effet mon âme aussi que ma bouche, je ne sais que te répondre. Et pourtant, oui, j’ai sur la vertu mille et mille fois copieusement parlé, et devant de grands auditoires, enfin, au moins si je m’en crois, avec plein succès! Or, à présent, ce qu’elle est, je suis totalement incapable de même le dire.
La réfutation socratique brise 1’illusion de connaître un concept et de se voir en droit de 1’utiliser pour juger et donc pour vivre. C’est ainsi que, de par l’enseignement de Socrate, le disciple est poussé à remettre en doute ses propres opinions qu’il croyait pourtant vraies jusqu’à présent. Son système de valeurs lui parait sans fondement au bout de la discussion. Il s’identifiait pourtant jusque là à ce système de valeurs qui lui communiquait sa manière de penser et d’agir. Il n’a donc rien appris à la fin de sa discussion avec Socrate. Au contraire, il ne sait plus rien du tout. Cette remise en doute du disciple est vécue comme une paralysie. Voilà comment Pierre Hadot décrit Socrate :
« Éternel questionneur, Socrate amenait ses interlocuteurs par d’habiles interrogations à reconnaître leur ignorance. Il les remplissait ainsi d’un trouble qui les amenait éventuellement à une remise en question de toute leur vie » .
L’enseignement de Socrate paralyse, mais en même temps s’élève une tempête dans I’esprit de l’interlocuteur. Ce vent de la pensée qui se lève défait et secoue son langage qui était gelé en mots, concepts, phrases, définitions et doctrines. La réflexion critique a donc un effet destructeur sur les critères déjà établis et les valeurs acquises. Elle déroute. L’interlocuteur n’est plus tout à fait certain de ce qui pourtant lui semblait indubitable auparavant. Il est porté à critiquer les valeurs sociales apprises. Socrate apparaissait donc comme un démolisseur de la tradition. Il n’est pas surprenant qu’il fut perçu comme un empêcheur de tourner en rond, que les Athéniens lui firent un procès et le condamnèrent à mort. 11 est très difficile d’accepter la critique. Être soumis à un examen constant devient rapidement insupportable. Comme le dit bien Hanna Arendt dans son livre Considérations morales, tout examen critique doit passer par une remise en question, une phase de négation des opinions et des valeurs qui étaient jusque-là perçues comme vraies. Cette phase de négation peut être dangereuse, elle peut mener au cynisme. En effet, les discussions avec Socrate conduisent toutes à des impasses et celui qui est interrogé doit repartir les mains vides. Certains peuvent être mécontents de ne pas apprendre de doctrine qui pourrait combler le vide de cet examen critique de leurs propres idées et valeurs. Ils risquent donc d’affirmer, puisque Socrate ne sait rien et que tous sont ignorants, qu’il n’y a donc pas de vérité et qu’il est inutile de se questionner plus longtemps sur ces concepts. Ou bien, d’autres peuvent soutenir qu’il est beaucoup plus simple de ne pas effectuer cet examen critique de nos propres valeurs et opinions en évitant ainsi un embarras certain et une déstabilisation. Il est beaucoup moins exigeant de s’attacher fermement aux règles de conduite admises à notre époque et dans notre société. C’est pour cette raison que la pensée est subversive, elle met en doute ces codes et ces signes qui permettent aux hommes de s’orienter. Penser, c’est consentir à ne pas tout comprendre et à vivre dans une certaine insécurité. Cependant, penser c’est en même temps marcher vers davantage de lucidité et de liberté individuelle.
3.3.2- L’amour de la sagesse
Malgré ces dangers inhérents à l’exercice de la pensée, l’aspect positif d’un tel exercice est qu’il peut aussi éveiller chez le disciple la quête de sens. Ce désir (Éros) de découvrir la vérité, de s’approcher de la sagesse. Là, nous touchons au cœur même de la philosophie, l’amour de la sagesse. Le mot philosophie vient du grec ancien philosophia et est composé des mots philein, et sophfa. Philein signifie amour et sophia sagesse ou savoir. L’étymologie du terme « philosophie » indique bien que le philosophe est celui qui tend vers la sagesse. Découvrir que nous ne savons rien, que nous ne sommes pas sages, peut nous donner l’envie irrésistible de le devenir un peu plus. Socrate a conscience qu’il n’est pas sage. Il n’est pas sophos, mais philosophos, quelqu’un qui désire la sagesse parce qu’il en est privé. De ce sentiment de privation naît un immense désir. Socrate, comme la raie torpille, paralyse tous ceux qu’il questionne, mais ce qui peut sembler n’être qu’une simple paralysie, est aussi un dynamisme. L’esprit s’échauffe et la prise de conscience de 1’ignorance exalte les facultés intellectuelles. À la suite de son contact avec Socrate, le disciple est en quête, il veut savoir pourquoi il agit, comment devenir un homme meilleur et comment créer une vie significative. La piqûre de Socrate est donc féconde. Socrate excite l’esprit, allume l’étincelle. Au lieu d’apporter un savoir sur un plateau d’argent, il pousse à la réflexion. Au bout du compte, 1’interlocuteur n’a rien appris de son échange avec Socrate, même qu’il ne sait plus rien du tout. Malgré tout, comme le dit bien Pierre Hadot, « (…) pendant tout le temps de la discussion, il a expérimenté ce qu’est l’activité de l’esprit, mieux encore, il a été Socrate lui-même, c’est-à-dire 1’interrogation, la mise en question, le recul par rapport à soi, c’est-à-dire finalement la conscience » . C’est grâce à ce désir de connaître que 1’interlocuteur sera poussé à chercher à se connaître et à prendre soin de son âme.
3.4- Le soin de l’âme
Socrate cherchait à savoir comment l’on doit vivre sa vie. Au temps de Socrate, philosopher, c’était surtout faire de l’astronomie et de la physique. Les philosophes spéculaient sur l’origine de l’univers, sur la cause de chaque chose, ce qui la fait être, ce qui la fait périr. Socrate allait à contre-courant des philosophes qui s’intéressaient avant tout à l’étude de la nature. À ses yeux, cette connaissance du monde n’apportait pas vraiment de lumière sur la manière de bien conduire sa vie. Il cherchait plutôt une connaissance utile aux hommes, une connaissance qui pourrait les éclairer sur leurs comportements. Il croyait, que les hommes devaient découvrir comment agir, comment devenir meilleurs et comment être plus heureux. C’est ce qu’explique Xénophon :
Il ne discutait pas non plus, comme la plupart des autres, sur la nature de l’univers et ne recherchait point comment est né ce que les philosophes appellent le monde, ni par quelles lois nécessaires se produit chacun des phénomènes célestes; il démontrait même que c’était folie de s’occuper de ces problèmes. Lui, au contraire, ne s’entretenait jamais que des choses humaines. Il examinait ce qui est pieux ou impie, ce qui est beau ou honteux, ce qui est juste ou injuste (…).
Sur le fronton du temple de Delphes, les Athéniens pouvaient lire différentes formules de sagesse dont la phrase célèbre attribuée à Socrate : « Connais-toi toi-même », « gnôthi seauton ». Il invitait justement ses disciples à cet examen d’eux-mêmes. Que chacun sache ce qu’il fait et pourquoi il le fait. La maïeutique atteint cet objectif. Grâce au questionnement de Socrate, l’interlocuteur est obligé de se pencher sur lui-même et sur ses propres actions : « L’individu est (…) remis en question dans les fondements mêmes de son action, il prend conscience du problème vivant qu’il est lui-même pour lui-même’’ » .
Comme nous l’avons vu, l’individu interrogé par Socrate remet en question ses convictions profondes. Pour Socrate, une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue : « (…) je soumets les autres et moi-même à cet examen, et je vais jusqu’à dire qu’une vie à laquelle cet examen ferait défaut ne mériterait pas d’être vécue (…) » . Alcibiade, ce jeune présomptueux aux ambitions politiques, est présenté dans le Banquet comme un exemple de l’attitude inverse du souci de l’âme. Il y explique que Socrate le contraint à s’avouer qu’il persiste à ne pas se soucier de lui-même et que cette vérité le rend honteux. Ce souci de 1’âme n’est pas la recherche d’une connaissance particulière de soi, de ses propres aptitudes, de ses qualités et de ses défauts. Socrate invite plutôt son interlocuteur à se tourner vers ces concepts du langage qui expriment ces réalités essentielles qui traversent notre vie à tous : la justice, le bonheur, le plaisir, la beauté, etc. L’individu ne doit pas s’adonner à une introspection psychologique pour découvrir ses aptitudes, son caractère, ses forces ou ses faiblesses. Non, il doit plutôt trouver ce qui fait sens et comment orienter ses actions vers une vie significative. Il voulait qu’il cherche la meilleure direction à donner à sa vie. Grâce à Socrate, le disciple va chercher qui il est vraiment et il va examiner sa vie pour mener une existence digne.
Pour Socrate, tous doivent faire cette recherche, l’homme d’État comme le cordonnier. Pour lui, nous ne pouvons nous rendre meilleurs que si nous prenons soin de nous-mêmes, que si nous savons qui nous sommes. Malheureusement, la plupart des hommes ne se soucient guère de leur vie intérieure. Par leurs actions et leur divertissement, ils s’empêchent de penser et d’examiner leur âme. Socrate aussi constatait que les citoyens d’Athènes étaient peu soucieux d’entretenir et d’améliorer leur âme. Voici comment il s’adresse à ces derniers lors de son procès : « Ô le meilleur des hommes, toi qui es Athénien, un citoyen de la cité la plus importante et la plus renommée dans les domaines de la sagesse et de la puissance, n’as-tu pas honte de te soucier de la façon d’augmenter le plus possible richesses, réputation et honneurs, alors que tu n’as aucun souci de la pensée, de la vérité et de l’amélioration de ton âme, et que tu n’y songes même pas? » . Socrate voulait réveiller chaque homme en lui disant connais-toi toi-même! Voue ta vie à des valeurs précieuses et non au conformisme, à l’habitude et à la peur. À ses yeux, 1’être humain n’a pas réellement vécu une vie libre tant qu’il ne s’est pas interrogé. Comme le dit bien Jean Brun, « Socrate invite donc le disciple à un retournement sur lui-même, à une conversion le guérissant des divertissements multiples tout le long desquels il ne peut que se perdre en se détournant de l’essentiel (…) il fait naître dans le disciple le désir véritable d’une maîtrise intérieure le conduisant à l’autonomie que seul le « connais-toi toi-même » peut lui conférer » . La démarche de Socrate est existentielle. Elle met en question l’individu qui est poussé à se soucier de ce qu’il pense et fait. Il nous permet d’accéder au sérieux de l’existence. Il nous fait prendre conscience qu’il faut réfléchir sur nous-mêmes et ne pas être endormis, donc avoir un esprit critique. Celui qui pense se soucie de son âme, réalise que l’essentiel n’est pas dans le confort et la sécurité d’une vie dictée par les normes sociale, mais que l’essentiel est dans la liberté. La liberté de choix et de ce que l’on veut devenir.
En conclusion, dans ce troisième chapitre, nous avons tenté de démontrer que la méthode de Socrate est la méthode par excellence pour développer l’esprit critique. Pour ce faire, nous avons expliqué en quoi consiste cette méthode. Nous avons alors utilisé trois métaphores pour expliquer la maïeutique de Socrate. Premièrement, Socrate est un accoucheur d’esprit. Telle sa mère qui était sage-femme, Socrate tente de délivrer ses interlocuteurs de leurs propres pensées sur les réalités importantes de l’existence. Il les questionne ainsi sur divers concepts tels que l’amour, le bien, la justice, etc. La question « ti esti », « qu’est-ce que c’est? », est donc au cœur de la maïeutique. L’ironie aussi joue un rôle primordial dans la méthode de Socrate. En effet, Socrate feignait de reconnaître comme juste et valable la première définition donnée par ses interlocuteurs, mais par la suite il démontrait toutes les apories d’une telle définition. Il voulait ainsi leur démontrer qu’ils se croient tous savants, mais qu’au fond ils ne savent pas ce que sont ces réalités. Il est donc réellement le plus sage des Athéniens comme l’affirmait l’Oracle de Delphes, car il ne souffre pas de la double ignorance. Il sait qu’il ne sait pas. Deuxièmement, Socrate est un taon qui voulait pousser les autres à penser par eux-mêmes. Par son questionnement perpétuel, il cherchait à les éveiller. II voulait les doter d’un esprit critique et les rendre aptes à remette en question ce qui est véhiculé par la doxa, l’opinion publique. À l’époque de Socrate, la démocratie était directe et les sophistes enseignaient l’art de persuader pour prendre le pouvoir politique. Il voulait donc que les citoyens soient en mesure d’identifier les propos démagogues et qu’ils cessent de mener une vie fidèle à l’opinion publique.
Troisièmement, Socrate était comparé au poisson torpille qui paralyse ses proies à son contact. Il paralysait ses interlocuteurs, car ils étaient incapables de donner la définition des réalités qu’ils croyaient bien connaître. Il remettait donc ainsi en question leurs idées et leurs convictions profondes. Cependant, suite à cet engourdissement, le désir de connaître émergeait en eux. Ils devenaient assoiffés de connaissances et désiraient découvrir le sens de ces réalités primordiales de l’existence. Ils devenaient des amoureux de la sagesse et, par le fait même, faisaient ainsi de la philosophie au sens étymologique de ce mot. Au bout du compte, Socrate voulait qu’ils réalisent 1’importance de prendre soin de leur âme. Qu’il est essentiel de chercher à se connaître pour choisir ses propres valeurs, ses propres idées pour trouver réellement un sens à leur vie.
NOTES
Hadot, Pierre, Eloge de Socrate, Paris, Éditions Allia, 1998, p. 29.
Brunschwig, Jacques, «Socrate et écoles socratiques», dans Encyclopaedia universalis, Paris, 1989, Tome 21, p .234.
Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 30e, p. 110.
Diès, Auguste, dans Platon, Le Sophiste, trad. Auguste Diès Paris, Éditions Belles Lettres, 1925, p. 268.
Arendt, Hannah, Considérations morales, trad. Marc Ducassou et Didier Maes, Paris, Editions Pavot et Rivages, coll. « Rivages poche/Petite Bibliothèque », 1996, p. 50.
Marcuse, Herbert, Raison et révolution : Hegel et la naissance de la théorie sociale, trad. Robert Castel, Pans, Editions de Minuit, coll. « Sens commun », 1968, pp. 288-289.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Problèmes de philosophie (1912) marque un tournant dans l’histoire philosophique de la logique moderne. Ce livre offre aussi, par le souci constant qu’il manifeste d’éviter les questions trop techniques ; par le rappel des grandes conceptions classiques que Bertrand Russell passe en revue afin de mieux situer sa démarche ; par la clarté, enfin, avec laquelle il pose les grands problèmes de la théorie de la connaissance et en parcourt le domaine — une excellente introduction à toute une part de la philosophie contemporaine. Source : Bibliothèque philosophique Payot.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Citation tirée du livre Problèmes de philosophie (1912), chapitre La valeur de laphilosophie, de Bertrand Russell
« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu. »
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« Dans ce texte (voir la citation ci-dessus), Bertrand Russell fait un éloge de la philosophie en commençant par une affirmation qui peut paraître paradoxale. La valeur de la philosophie ne vient pas essentiellement de sa capacité à répondre aux questions quelle pose, comme cela peut être le cas de la science. La valeur de la philosophie vient notamment de sa capacité à susciter l’incertitude. Cela peut sembler étonnant car, en tant qu’humain, nous avons plutôt tendance à fuir l’incertitude et à chercher des certitudes. Pourquoi pourrait-on alors dire que l’incertitude est une bonne chose ?
Pour Bertrand Russell, l’incertitude n’est pas la seule valeur de la philosophie, mais elle est essentielle car être incertain c’est être travaillé par le doute, c’est refuser d’adhérer à une idée sans s’interroger. En somme, c’est donc être le contraire d’un esprit dogmatique qui accepte les idées sans les remettre en question. Ainsi, pour Russell, un homme qui ne fait pas de philosophie aura tendance à être aveuglé et prisonnier des préjugés et croyances de son époques et de son pays. Ne pas faire de philosophie c’est donc ne pas être libre car c’est être conditionné par les opinions communes et rester toujours dans les mêmes idées et les mêmes habitudes.
A ses yeux, la philosophie a une grande valeur car elle nous sort de l’habitude et l’habitude est un grand mal. Selon lui, une âme habituée est une âme morte, c’est une âme où il ne se passe plus rien de nouveau, où tout ce qui nous entoure a toujours le même sens et n’a rien de surprenant. Au contraire, faire de la philosophie c’est questionner le réel pour tenter de le voir différemment, c’est peut-être refuser ce qui est pour dire ce qui devrait être, c’est envisager les possibles. »
Dans ce texte extrait de l’ouvrage intitulé Problèmes de philosophie (1912), Bertrand Russell s’interroge sur la valeur de la philosophie. Cette interrogation est d’autant plus nécessaire que la philosophie rencontre de nombreux détracteurs, tant chez ceux qui, ralliant l’opinion commune, la jugent inutile au regard des préoccupations de la vie pratique, que chez ceux qui la dénigrent sous prétexte qu’elle ne peut pas accéder au statut de science. Dans le cadre de cette polémique, Russell avance un argument décisif en faveur de la philosophie. La thèse qu’il défend est énoncée explicitement dès la première phrase : « En fait, c’est dans son incertitude que réside largement la valeur de la philosophie ». Encore faut-il en saisir toute la portée. Loin de faire une simple et complaisante apologie de la philosophie, Russell cherche ici à retourner contre lui-même l’argument de ses adversaires.
Il est, en effet, de bon ton d’opposer la science et la philosophie. La science serait définie par un ensemble de connaissances dont nous pouvons être sûrs, car elles ont été soit démontrées, soit prouvées expérimentalement. La philosophie, en revanche, dans la mesure où elle échoue à répondre de manière définitive aux problèmes dont elle se préoccupe, serait placée sous le signe de l’incertitude. Or, cette incertitude, loin d’être un défaut, n’est-elle pas ce qui fait la valeur de la philosophie ? L’opinion commune aurait tendance à considérer l’incertitude comme une faiblesse et le doute comme un échec. La thèse défendue par Russell est paradoxale, puisqu’elle consiste à renverser cette opinion commune. Dans quelle mesure l’incertitude et le doute qui l’accompagne, loin d’être le signe d’une faiblesse ou la conséquence d’un échec, sont-ils bénéfiques ?
Pour établir sa thèse, Russell commence par montrer dans quelle mesure la certitude et l’absence de doute peuvent être néfastes (lignes 1 à 8). L’homme ordinaire, parce qu’il est certain, ne pense pas : il se contente de croire. Replié sur lui-même, enfermé dans ses certitudes, il est incapable de s’interroger et de considérer des points de vue différents du sien. La philosophie, parce qu’elle réintroduit le doute au milieu des croyances communément admises, permet d’éviter ces écueils (lignes 8 à 18). Celui qui la pratique non seulement se libère des croyances, mais, reconsidérant le monde à partir d’un point de vue nouveau, le redécouvre et devient ainsi plus à même de l’apprécier dans toute sa complexité.
* * *
Développement
1. La prison des certitudes
a) L’attitude du non-philosophe
Russell a recours à une comparaison : celui qui ne fait pas de philosophie vit « comme un prisonnier ». Cette comparaison n’est pas originale [1]. En filigrane, on comprend aussitôt que, si la philosophie a de la valeur, c’est dans la mesure où elle contribue à la libération de l’individu. Ce thème sera repris dans la deuxième partie du texte. Encore faut-il préciser de quoi l’homme ordinaire est prisonnier. Russell énumère rapidement les différents barreaux de sa prison.
Celui qui ne fait pas de philosophie ne doute pas : il vit donc dans la croyance. Russell envisage différents cas : certaines croyances sont universelles et se retrouvent chez tous les hommes (« les préjugés du sens commun ») ; d’autres sont relatives à une société ou à une culture particulière, et sont transmises par l’éducation (« les croyances de son pays ou de son temps ») ; enfin, certaines croyances sont individuelles : l’homme croit, parce qu’il a besoin de croire ; la croyance l’aide à vivre. Pensons, par exemple, aux croyances religieuses (« convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison »).
Dans tous les cas, l’homme ordinaire est passif. Cette passivité provient du fait qu’il croit, au lieu de penser par lui-même et de faire usage de sa raison. D’une part, puisqu’il ne pense pas par lui-même, il est soumis à la pensée des autres : il croit ce que les autres croient ; ses croyances dépendent très largement de la société dans laquelle il vit. D’autre part, il croit sans faire usage de sa raison, donc de manière irrationnelle : esclave des autres, il est aussi esclave de lui-même, car il est soumis à ses propres émotions et sentiments. L’homme ordinaire est donc prisonnier de toutes ces idées auxquelles il a donné son assentiment sans réfléchir, et qu’il a intériorisées malgré lui, à cause de l’influence des autres, ou en proie à certaines émotions. L’absence de questionnement qui le caractérise va de pair avec une attitude dogmatique, à la fois face au monde et dans le rapport avec les autres.
b) Les conséquences de cette attitude
Le rapport au monde. Tout d’abord, ne pensant pas, refusant de s’interroger, l’homme ordinaire considère le monde à travers le verre réducteur de ses propres croyances. « Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement » : la certitude s’accompagne d’un sentiment de familiarité avec le monde. Du point de vue de l’homme ordinaire, les choses sont telles qu’elles lui apparaissent ; à aucun instant, il n’envisage la possibilité que les choses soient différentes. Lorsqu’il regarde autour de lui, on pourrait dire qu’il est « en terrain connu » : chaque chose peut entrer dans une catégorie distincte ; un chat est un chat, un chien est un chien ; il n’y a pas de place pour des objets insolites ou inclassables. Il n’y a pas non plus de place pour des événements imprévisibles, tant tout semble se répéter sous l’effet de l’habitude. Dès lors, on comprend mieux pourquoi l’homme ordinaire refuse de douter, et consent à son propre esclavage. Même si sa connaissance du monde est illusoire ou trompeuse, elle a au moins le mérite de le rassurer. Un monde « connu », c’est-à-dire un monde familier et auquel on est habitué, est un monde dans lequel on peut se sentir en sécurité. Des croyances même fausses valent mieux qu’une remise en question perpétuelle qui entraînerait une perte de repères, ce qui est, à l’évidence, déstabilisant et inconfortable dans la vie quotidienne.
Le rapport aux autres. On comprend aussi pourquoi « les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris ». Refusant d’interroger le monde dans lequel il vit, l’homme qui ne fait pas de philosophie refuse toute remise en question éventuelle de ses croyances. En ce sens, puisqu’il est si sûr de lui, il se montre facilement méprisant à l’égard d’autrui, lorsque celui-ci ose émettre une opinion différente de la sienne, et refuse, à l’avance, tout dialogue. Ainsi, non seulement il se montre intolérant, ce qui pose problème, d’un point de vue moral, mais il se prive aussi de toute chance d’évoluer : ses croyances sont définitivement figées. Pour se libérer de la « prison mentale » qu’il s’est construite, il devra apprendre à considérer les choses à partir d’un point de vue différent du sien, quitte à abandonner le sentiment de certitude qui l’habite.
2. Le doute libérateur
a) Concession
Ayant établi que la certitude peut avoir des conséquences négatives, Russell en vient à montrer, de manière symétrique, les bienfaits de l’incertitude, et donc de la philosophie. Son éloge échappe pourtant à la naïveté et à la complaisance : en tant que philosophe réfléchissant sur la valeur de sa propre discipline, il ne nie pas son caractère incertain, et concède même volontiers son échec à connaître. « Sans doute la philosophie ne nous apprend pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir ». Il faut donc distinguer le domaine de la philosophie, et celui des sciences. Si l’homme scientifique peut répondre aux questions qu’il pose, car il dispose d’un procédé fiable pour découvrir la réponse, le philosophe, en revanche, échoue à savoir. Mais cet échec est, en quelque sorte, et non sans paradoxe, positif. Certes, le philosophe ne sait pas. Mais, à l’instar de Socrate, il sait qu’il ne sait pas : tel est son avantage décisif tant par rapport à l’homme ordinaire qui vit dans les croyances que par rapport à l’homme scientifique qui peut se targuer de savoir. Le doute se révèle positif, parce qu’il permet à l’homme de se libérer de ses croyances, et d’envisager le monde selon de nouvelles perspectives. Russell reprend donc, de manière rigoureuse, les différents thèmes qu’il a abordés précédemment, instaurant un certain parallélisme entre les deux moments du texte.
b) Les vertus du doute
Se libérer des croyances. Tout d’abord, le doute a une valeur libératrice. Si l’homme ordinaire « traverse l’existence comme un prisonnier », le philosophe peut, en doutant, se libérer « de la tyrannie de l’habitude ». Russell a, de nouveau, recours à une image : en assimilant l’habitude à un pouvoir tyrannique, il suggère que celle-ci s’impose, avant tout, par la force, du fait de la répétition des événements, et donc sans aucune légitimité. Contrairement à l’homme ordinaire, le philosophe refuse d’obéir au pouvoir de l’habitude ; au lieu de croire, il préfère examiner et continuer à chercher, pour se prémunir contre toute conclusion hâtive. De fait, il ne faut pas se fier aux premières impressions : les choses « pourraient » être autrement qu’elles n’apparaissent. Le philosophe possède ce qu’on pourrait appeler avec Robert Musil « le sens du possible », c’est-à-dire, « la faculté de penser tout ce qui pourrait être « aussi bien », et de ne pas accorder plus d’importance à ce qui est qu’à ce qui n’est pas [2]». Ainsi, contrairement à l’homme de science, le philosophe ne dira pas : « ici s’est produite, va se produire, doit se produire telle ou telle chose » ; mais « il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d’une chose qu’elle est comme elle est, il pense qu’elle pourrait aussi bien être autre [3]». Ce « sens du possible » a des conséquences dans le domaine pratique : le philosophe critique les idées reçues, mais aussi la morale établie et la politique de son temps ; selon lui, les hommes pourraient vivre autrement. Il y aurait un lien profond entre la philosophie et l’utopie.
Redécouvrir le monde. Si la philosophie est positive, c’est aussi qu’elle « détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur » et qu’elle « maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu ». En ce sens, remettant en question l’opinion commune, le philosophe s’ouvre au dialogue avec les autres, et redécouvre le monde. Tel un enfant, il pose sans cesse de nouvelles questions, est toujours capable de s’étonner, contrairement à l’homme ordinaire que rien n’étonne. En ce sens, le philosophe peut prétendre, au cours de sa recherche de la vérité, à une certaine forme de « bonheur ». Russell le sous-entend ici, mais il faut le rappeler. Depuis l’origine, la philosophie est étroitement liée à la recherche du bonheur. S’il s’agit de se libérer des croyances, apprendre à penser par soi-même pour redécouvrir le monde dans toute sa complexité, c’est d’abord dans l’espoir qu’une telle activité procure à celui qui s’y consacre une vie plus riche et plus intense, donc plus heureuse.
NOTES
[1] Elle est même devenue un lieu commun depuis l’allégorie de la caverne, développée par Platon au début du livre VII de la République.
[2] L’Homme sans qualités, I, Chap. 4. Le passage en entier ( « Points Seuil », p.20) :
« S’il y a un sens du réel, et personne ne doutera qu’il ait son droit à l’existence, il doit bien y avoir quelque chose que l’on pourrait appeler le sens du possible.
L’homme qui en est doué, par exemple, ne dira pas : ici s’est produite, va se produire, doit de produire telle ou telle chose ; mais il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d’une chose qu’elle est comme elle est, il pense qu’elle pourrait aussi bien être autre. Ainsi pourrait-on définir simplement le sens du possible comme la faculté de penser tout ce qui pourrait être « aussi bien », et de ne pas accorder plus d’importance à ce qui est qu’à ce qui n’est pas. On voit que les conséquences de cette disposition créatrice peuvent être remarquables : malheureusement, il n’est pas rare qu’elle fasse apparaître faux ce que les hommes admirent et licite ce qu’ils interdisent, ou indifférents l’un et l’autre… Ces hommes du possible vivent, comme on dit ici, dans une trame plus fine, trame de fumée, d’imaginations, de rêveries et de subjonctifs ; quand on découvre des tendances de ce genre chez un enfant, on s’empresse de les lui faire passer, on lui dit que ces gens sont des rêveurs, des extravagants, des faibles, d’éternels mécontents qui savent tout mieux que les autres.
Quand on veut les louer au contraire, on dit de ces fous qu’ils sont des idéalistes, mais il est clair que l’on ne définit jamais ainsi que leur variété inférieure, ceux qui ne peuvent pas saisir le réel ou l’évitent piteusement, ceux chez qui, par conséquent, le manque de sens du réel est une véritable déficience. Néanmoins, le possible ne comprend pas seulement les rêves des neurasthéniques mais aussi les desseins encore en sommeil de Dieu. Un événement et une vérité possibles ne sont pas égaux à un événement et une vérités réels moins la valeur « réalité », mais contiennent selon leurs partisans du moins, quelque chose de très divin, un feu, une envolée, une volonté de bâtir, une utopie consciente qui, loin de redouter la réalité, la traite simplement comme une tâche et une invention perpétuelles. ».
Problèmes de philosophie est un livre écrit par Bertrand Russell, publié en 1912.
Ce livre comporte une perspective analytique générale. Russell s’efforce, par le rappel de quelques conceptions classiques, de passer en revue afin de mieux situer sa propre démarche. Il pose les questions de la théorie de la connaissance et offre une introduction à la philosophie.
Russell aborde sous le titre kantien : « comment la connaissance a priori est-elle possible ? », une question de la possibilité de l’application des mathématiques au monde empirique; comment comprendre, se demande Russell, ce pouvoir d’anticipation de l’expérience que semble posséder la mathématique, si on refuse la réponse kantienne des formes a priori de la sensibilité ? La réponse passe par la découverte que les énoncés arithmétiques sont concernés exclusivement par des universaux, que nous connaissons par « expérience directe. »
Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire) et mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth (pays de Galles), est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.
Russell est considéré comme l’un des philosophes les plus importants du XXe siècle. Sa pensée peut être présentée selon trois grands axes : la logique, la philosophie analytique, et l’éthique.
Russell est, avec Frege, l’un des fondateurs de la logique contemporaine qui fait de cette dernière le fondement des mathématiques. Son ouvrage majeur, écrit avec Alfred North Whitehead, a pour titre Principia Mathematica. À la suite des travaux d’axiomatisation de l’arithmétique de Peano, Russell a tenté d’appliquer ses propres travaux de logique à la question du fondement des mathématiques (cf. logicisme).
Il soutient l’idée d’une philosophie scientifique et propose d’appliquer l’analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l’analyse de l’esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l’existence du monde extérieur. Il est ainsi le père de la philosophie analytique.
Bertrand Russell en novembre 1957.
Il écrit des ouvrages philosophiques dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d’une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l’amour. Il s’engage dans de nombreuses polémiques qui lui valent le qualificatif de « Voltaire anglais » ou de « Voltaire du XXe siècle », défend des idées proches du socialisme de tendance libertaire et milite également contre toutes les formes de religion, considérant qu’elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l’ignorance. Il organise le tribunal Sartre-Russell contre les crimes commis pendant la guerre du Viêt Nam.
Son œuvre est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1950, « en reconnaissance des divers écrits, toujours de premier plan, qui le posent en champion des idéaux humanistes et de la liberté de pensée ».
La découverte de la citation en vedette dans cet article me rend heureux, tout comme les commentaires des professeurs Caroline Vincent et de Gabriel Gay-Para. Tirée du livre Problèmes de philosophie de Bertrand Russell publié en 1912, cette citation demeure pertinente.
Et c’est sans compter qu’elle s’inscrit en ligne directe avec l’idée que je mets de l’avant depuis mon adolescence : la lumière entre par les failles, ces dernières étant les doutes nécessaires pour éclairer notre esprit et nos pensées. Vivre sans douter, c’est vivre dans le noir. Et vivre en se précipitant pour colmater toutes failles, c’est aussi vivre dans le noir.
Or le doute est le principal outil de l’acquisition et du développement de l’esprit critique à la base de LA philosophie.
Tout aussi paradoxale que cela puisse paraître, le bénéfice du doute, c’est la certitude, une certitude dont on se permettra de douter si elle est remise en question. En science, on acquiert des connaissances que l’on considère comme vraies que le temps qu’une autre connaissance viennent la mettre en doute. Bref, la connaissance scientifique se bâtie sur la destruction du déjà-su. Pourquoi ne pas nous appliquer cette méthode pour penser et réfléchir sainement et librement ?
J’ai remarqué que bon nombre de personnes prennent pour vrai ce qu’elles pensent uniquement parce qu’elles le pensent. Le doute est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux. Dans une société où l’on enseigne qu’il faut se convaincre, renforcer ses convictions, croire dur comme fer, se faire confiance pour réussir, et pour y parvenir, de ne pas douter, on devient esclave de soi-même. Pourtant, le doute n’est pas lié à un manque de confiance en soi. Au contraire, douter, c’est se faire confiance, confiance en sa liberté de penser et en sa capacité de réfléchir.
« Si tu as une meilleure idée que la mienne, presses-toi de me la donner. Je n’ai pas de temps à perdre. Rien n’est coulé dans le béton. Je veux avancer ». Je suis prêt à remettre en question toutes mes idées, mes connaissances et mes croyances. Je ne vis pas pour autant dans l’incertitude et le doute ne me fait pas peur. Mes opinions n’ont de valeur que pour être remise en question. Je profite d’une grande liberté intellectuelle…
La liberté intellectuelle, ou sagesse, c’est le doute. (…). Douter, c’est examiner, c’est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous.
Alain, Propos, 1912, p. 134.
Dans le doute, je ne m’abstiens pas car je peux ainsi changer mes actions en tout temps et en toute autre direction.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
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