Qu’est-ce que la philothérapie ?

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Image par Freddy Amend de Pixabay

PHILO-THERAPIE

La philo-thérapie (avec ou sans trait d’union) associe la philosophie elle-même avec la thérapie dans le sens de prendre soin de sa façon de penser. Le but est de mieux penser par soi-même en corrigeant les erreurs de pensée pour ainsi de mieux vivre grâce à l’analyse critique. Nous pouvons donc envisager une certaine paix d’esprit et une liberté de pensée renouvelée. La philothérapie nous libère de l’emprise de nos opinions et de nos croyances sur nos pensées au profit de la connaissance et de la sagesse. Après tout, Philosophie signifie «Amour de la sagesse».


Dans le contexte de la philothérapie, prendre soin se distingue de guérir ou contrôler une maladie, objectif réservé à la médecine. La philothérapie ne relève donc pas de la médecine; elle ne soigne pas les traumatismes et les troubles psychiques. Il faut distinguer la philothérapie de la psychothérapie, même si parfois cette dernière aborde des sujets et poursuit des objectifs philosophiques en raison de ses origines historiques. En effet, «la psychologie a longtemps été considérée comme une branche de la philosophie» (source : Quelle est la différence entre la psychologie et la philosophie ?  Institut Pandore).

La consultation philosophique naît en 1981 en Allemagne avec Gerd Achenbach qui entend rendre la philosophie plus accessible au public. Prônant la maïeutique socratique, il veut offrir une alternative à la psychothérapie à des personnes qui éprouvent des difficultés existentielles sans pour autant être atteintes de pathologie. Le rôle du philosophe est selon lui d’aider à démêler les idées et les pensées de son client sans lui imposer de norme.

Source : Halpern, Catherine, Enquête sur les nouvelles pratiques philosophiques, SCIENCES HUMAINES, Mensuel N° 207 – Août-septembre 2009.

Lors d’une séance de philothérapie, le clinicien ou le consultant philosophe entretiendra un dialogue d’égal à égal avec vous. À vrai dire, l’animateur/trice d’une telle séance ne se considère pas comme supérieur à celui ou celle qui le consulte. Il en résulte un apprentissage autant pour l’animateur/trice que pour la personne en consultation. L’animateur s’assure uniquement que ce dialogue soit initiateur de prises de conscience révélatrices de la réalité de soi et du monde. «Penser juste pour être et agir autrement» serait un bon slogan car la philosophie n’est pas un exercice intellectuel. La philosophie, celle qui sera la vôtre, donnera lieu à un style de vie adapté à la sagesse du bonheur. Bref, la philosophie se vit au quotidien une fois acquise.

Le dialogue d’égal à égal de la philothérapie se distingue de la verbalisation priorisée lors d’une psychothérapie. Si le patient du psychothérapeute trouvera un certain réconfort en verbalisant ce qu’il ressent et ce qu’il vit face à une oreille attentive sans préjugés, il demeure concentré sur son « moi », ses émotions, ses blessures, ses peurs, ses sentiments et ressentiments… dont on cherche la racine dans son passé. Or, en pareil cas, la prise de recul nécessaire peut n’être qu’apparente, le bien-être que partiel ou sans réel conséquence sur le style de vie plaçant ainsi parfois le patient dans un état de dépendance face à son thérapeute. Certes, pansé et être en paix avec son passé demeurent essentiel à la psyché, «socle de la personnalité».

La philothérapie va bien au-delà de la personnalité de l’individu. Elle aborde l’Homme et le Monde dans son universalité, c’est-à-dire dans ce qui est commun à tous les hommes, y compris l’Être en consultation pour son Existence. L’usage des mots «Homme», «Monde», «Être» et «Existence» ne relève pas d’un exercice de style pour faire savant. Ils invitent à une large et profonde prise de conscience de soi qui a le pouvoir de dédramatiser les fausses perceptions de réalité et ainsi vivre en phase avec le réel.

À ce stade de cette définition, on peut parler aussi de la «vérité», c’est-à-dire «ce qui est conforme à la réalité perçue ou objective».

La vérité est la correspondance entre ce que je dis, et ce qui est : elle s’oppose donc à la fausseté – au sens d’erreur, mais aussi de mensonge. Détenir la vérité, c’est donc énoncer un discours objectif qui correspond à la réalité. Ainsi, pour trouver la vérité, nous sommes confrontés au défi de dépasser notre subjectivité – c’est-à-dire non seulement les croyances, les préjugés, les opinions qui constituent notre personnalité, mais aussi le sensible tel qu’il nous apparaît, car il peut être source d’illusions. En effet, rien ne nous autorise à considérer que la réalité se limite à ce que nos sens nous en disent !

Source : Philosophie : qu’est-ce que la vérité ? France Culture.

La philothérapie aide à ne pas vivre dans une illusion de la vérité, à ne pas prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense.


La philosophie permet de remonter à la source de la situation ou du problème vécu ou encore de la question existentielle posée. Je me représente la philosophie comme la science des profondeurs de la pensée. Elle révèle notre système de pensées et comment nous pensons.


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Image par Ameya Bhavsar de Pixabay

En termes imagés, la philosophie se compare à un sous-marin. Elle nous protège de la pression des profondeurs de la pensée pour éviter qu’elle n’engendre un fardeau émotif et intellectuel très inconfortable. À bord du sous-marin de la philosophie nous évitons le mal ou l’ivresse des profondeurs de la pensée. De plus, nous pouvons compter sur la bienveillance du capitaine.

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Image par Click on 👍🏼👍🏼, consider ☕ Thank you! 🤗 de Pixabay

À l’opposée, ceux et celles demeurés à la surface des eaux se voient ballottés par les vagues et les tempêtes. Leur barque peut chavirer à tous moments. Leur vulnérabilité se lit dans leurs opinions et leurs croyances, ennemies jurées de la connaissance de soi. Et si jamais ils tombent à l’eau, le poids de leurs opinions et de leurs croyances les entraînera vers le fond privant leur esprit de l’air dont il a tant besoin.


La philosophie se définit comme l’Amour de la sagesse ou du savoir


209px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgLa philosophie, du grec ancien φιλοσοφία (composé de φιλεῖν, philein : « aimer » ; et de σοφία, sophia : « sagesse » ou « savoir »)¹, signifiant littéralement « amour du savoir » et communément « amour de la sagesse », est une démarche qui vise à une compréhension du monde et de la vie par une réflexion rationnelle et critique. Elle est une recherche de la vérité qui est guidée par un questionnement sur le monde, la connaissance et l’existence humaine².

NOTES

  1. Sur l’origine du terme voir: Anne-Marie Malingrey, Philosophia. Étude d’un groupe de mots dans la littérature grecque, des Présocratiques au IVe siècle après J.-C., Paris, Klincksieck, 1961.
  2. Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Philosophie » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales

Source : Philosophie, Wikipédia.


Le thérapeute est un serviteur qui prend soin de…

Un philothérapeute est dès lors un « serviteur qui prend soin de … l’amour » (en grec, philos signifie « aimer »).

Cette étymologie ne correspond pas à l’activité consensuellement reconnue des philothérapeutes. En effet, la philothérapie est en général définie comme « un entretien philosophique au cours duquel la personne qui consulte peut trouver des réponses aux questions existentielles qu’elle se pose ». Le but y est identifié comme étant celui de penser par soi-même et de mieux vivre grâce à l’analyse critique (voir l’article Pourquoi philosopher et pourquoi principalement avec Spinoza ?). Dans cette optique, un philothérapeute serait plutôt un « serviteur qui prend soin de la façon de penser ». Et c’est aussi d’ailleurs cette optique qui impose à la philothérapie « classique » de se limiter aux « questions » ou « problèmes » existentiels (par exemple, qu’est-ce que le travail ?) et lui interdit de s’étendre aux « souffrances » vécues (par exemple, au « burnout »).

Source : Spinoza philothérapeute (1/7), Jean-Pierre Vandeuren, Vivre Spinoza.