Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

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Résumé

 Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Mots-clés : philothérapie, philosophe praticien, philosophe consultant, philothérapeute, consultation philosophique, philosophie populaire, nouvelles pratiques philosophiques

Entrée en matière

En librairie, la philothérapie se classe dans les rayons fourre-tout du développement personnel. La composition de ce mot-valise (philosophie+thérapie) s’inscrit dans une volonté de concurrencer la psychothérapie sur son terrain commercial. Déjà en tête de liste dans le secteur des services d’aide à la personne et des publications populaires, la psychothérapie a livré d’emblée une chaude lutte à la philothérapie l’accusant de se qualifier à tort de thérapeutique, au sens médical du terme. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, le mot « philothérapie » a disparu des catalogues des éditeurs au profit de « consultation philosophique ». Cependant, la majorité des philosophes consultants s’attardent encore et toujours à distinguer leurs services de ceux de la psychothérapie dans leurs ouvrages, conséquence directe des dommages d’une mise en marché sous un nom contesté. Ainsi, le volet médiatique demeure incontournable pour dresser un état des lieux de la philothérapie.

PLAN

Résumé. 1

Mots-clés. 1

Entrée en matière. 1

PLAN.. 2

  1. Premier contact avec la population. 3
  2. Bref historique. 6
  3. Opportunité d’affaire et de carrière. 7

3.1. Le rapport du philosophe à l’argent. 7

3.2. L’offre de services. 7

3.2.1. La formation de philothérapeutes. 7

3.2.2. Le philosophe consultant en entreprise. 8

3.2.3. Aide à l’élaboration de codes d’éthique. 9

3.3. La bataille du rayonnement international de l’Occident. 9

3.4. Professionnalisation et formation universitaire. 9

  1. Méthodes. 10

4.1. Le dialogue socratique dogmatique. 10

4.2. Le dialogue philosophique. 12

4.2.1. Critique de Socrate. 13

4.3. L’Être raisonné et l’Être sensible. 13

4.4. Théories dominantes et modes de la pratique philosophique. 15

4.5. Les références aux grands philosophes. 18

  1. Les deux objectifs de la philothérapie. 19
  2. La lumière entre par les failles. 20
  3. Confusion entre le système de pensées et le système de croyances. 20
  4. Un peu de psychothérapie dans la philothérapie. 21
  5. «Maladie ou bien-être», Lou Marinoff 24
  6. La philosophie comme thérapie. 25
  7. L’aspect prescriptif de la consultation philosophique. 27
  8. La question de la crédibilité du philosophe praticien. 29

12.1 Formation. 29

12.2 Expérience de la philosophie comme manière de vivre. 29

  1. Conclusion. 31

13.1 Le contexte. 31

13.2 Interdisciplinarité. 32

13.2.1 Répression des émotions. 33

13.2.2 Neurosciences. 33

13.2.3 Intelligence émotionnelle. 34

13.2.4 Épistémologie. 35

13.3 Constat final 35

Références. 37

NOTES. 39

1. Premier contact avec la population

La population européenne entre en contact avec la philothérapie grâce à la médiatisation de l’ouverture des premiers cabinets de consultation privée et la publication de livres. À l’époque cette couverture de presse s’avère bon enfant. La nouveauté du sujet retient et captive leur attention en raison de l’accessibilité de ses propos par la population, contrairement au discours universitaire plutôt hermétique de la philosophie. La presse parle même de démocratisation de la philosophie voire d’un retour aux sources en se référant à Socrate qui avait l’habitude de philosopher avec des gens interpellés dans les rues d’Athènes.


QUELQUES EXEMPLES DE LIVRES

  • Platon, pas Projac ! La philosophie comme remède, Lou Marinoff, 2000
  • La philosophie, c’est la vie, Lou Marinoff, 2003
  • La philothérapie, Éric Suárez, 2007
  • La consultation philosophique, Eugénie Vegleris, 2010
  • Sur le divan d’un philosophe, Jean-Eudes Arnous, 2013
  • La pratique philosophique, Jérome Lecoq, 2014
  • Philosopher pour se retrouver, Laurence Bouchet, 2015
  • Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, 2017
  • Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, 2019
  • L’art de la pratique philosophique, Oscar Brenifier, 2019
  • La consultation philosophique, Oscar Brenifier, 2020

Là où les philosophes de profession trouvent déjà une place de commentateurs vedettes dans les médias, notamment en France, l’accueil de la philothérapie par la population semble bonne compte tenu des nombreux ouvrages qui paraîtront, de la multiplication des cabinets de consultation philosophique et de l’importance de la couverture de presse, d’abord locale, puis régionale et enfin nationale. Chaque philosophe consultant se fait connaître du grand public par l’écriture et la publication d’un livre où il expose théories et exemples concrets tirés de sa propre pratique. Ces publications s’ajoutent à plusieurs autres s’inscrivant déjà dans les efforts de démocratisation de la philosophie au profit du grand public.


QUELQUES ARTICLES DE PRESSE

Après le psy, la philothérapie? Le Temps, Valérie F., 10 janvier 2009.

Soucis, déprime, angoisse … comment la philo-thérapie peut-elle vous aider ? e-santé, Dr Catherine Solano, 26 août 2011.

Un philosophe en guise de psychothérapeute, Pascale Bieri, lematin.ch, 31 octobre 2013.

Philothérapie : le roman qui nous aide à guérir de la maladie d’amour, Le Journal des Femmes, 13 juin 2016

Le premier cabinet de philothérapie de la région est ouvert, La voix du nord (France), 27 mars 2018.

Quand la philo soigne, Émilie Lanez, Le Point (France), 1 septembre 2018.

« Mieux penser pour mieux vivre »: tout savoir sur la philothérapie, Le Vif weekend, 2018


En Amérique, le lancement de la consultation philosophique au sein de la population ne se réalise pas sous le vocable « philothérapie », mais plutôt sous l’appellation «Philosophical Practice » (pratique philosophique) et «Philosophical Counselling » (consultation philosophique). En 1999, un livre marquera les esprits en raison de son titre : Platon, pas Prozac ! dont l’auteur Lou Marinoff s’impose d’emblée comme le leader dans le domaine en Amérique. Cet ouvrage connaît un immense succès de librairie et compte aujourd’hui des traductions en 27 langues. Le premier contact avec la population nord-américaine s’inscrit également dans une comparaison voire une confrontation directe et assumée avec la psychologie à qui l’on reproche de ne pas tenir ses promesses.

Dans son mémoire d’étude de 2010, Les ouvrages philosophiques à destination du grand public : pour quelle philosophie ?, Léa Maubon écrit :

«D’une mode à l’autre, la philosophie remplacerait alors la psychologie et la tendance New age. On rejoint ici le phénomène de la “philothérapie”, qui considère la philosophie comme une alternative à la psychologie pour répondre aux problèmes existentiels, aux angoisses, aux cas de conscience, etc. Ainsi, des ouvrages tels que Les consolations de la philosophie ou La philosophie comme remède au chômage, ou encore le best-seller Plus de Platon, moins de Prozac ! de Lou Marinoff (figure de proue de la philothérapie aux États-Unis) correspondent exactement à ce type de conception de la philosophie. En plus de détourner les idées philosophiques, voire de les déformer aux seules fins du bien-être de l’individu, ces pratiques enferment la discipline dans une forme de complaisance et de consensualisme qui semble contradictoire avec la mission et la nature même de la philosophie. Le souci de soi, qui avait prévalu dans les sagesses antiques notamment, est aujourd’hui l’objet d’une récupération qui transforme la philosophie en une discipline foncièrement utilitariste tournée vers l’individu.»[1]

Ce virage utilitariste de la philosophie tournée vers l’individu ne cause pas de problème au sein de notre société puisque déjà fortement individualiste. En fait, les ouvrages de philothérapie arrivent à point nommé puisque la population demande des alternatives aux approches de développement personnel de plus en plus questionnées quant à leur pertinence.

Le premier contact de la population avec la philothérapie engendré par la publication d’ouvrages grand public depuis les années 2000 s’avère donc prometteur pour cette nouvelle discipline.

2. Bref historique

« Nouvelle discipline » pour le grand public, mais qui s’est mise en branle des années auparavant. Certains philosophes s’adonnent à des consultations philosophiques aussi tôt qu’en 1967.[2]

En 1995, Pierre Hadot, philosophe, historien et philologue français, introduit une idée centrale de la philothérapie en parlant de la « philosophie comme mode de vie » dans son livre « Quʼest-ce que la philosophie antique? ».[3] Si le philothérapeute demande à son client de lui soumettre une seule question en objet de la consultation, l’objectif dépasse largement la réponse à trouver. Le bénéfice de la consultation philosophique, un esprit critique, doit s’inscrire dans le mode de vie du client.

En 1980, un article intitulé « The Counselling Philosopher » paraît dans le journal The Humanist sous la plume du philosophe consultant Seymon Hersh,[4] devenant ainsi l’un des premiers à décrire cette nouvelle occupation.

En 1982, le philosophe allemand Gerd Achenbach ouvre le tout premier cabinet privé de consultation philosophique à Bergisch-Gladbach, près de Cologne. L’événement marque la naissance officielle du conseil philosophique en cabinet « en tant que mouvement et en tant que profession distincte de la psychothérapie ».[5] L’année suivante, il fonde la German Association for Philosophical Practice qui compte alors 10 membres. Cinq ans plus tard, en 1987, l’association regroupe 125 membres de différents pays. Par exemple, un premier cabinet philosophique est créé en Hollande par le philosophe Ad Hoogendijk en 1987. L’année suivante, Association néerlandaise pour la pratique philosophique voit le jour. En France, le philosophe Marc Sautet fonde le premier « café philosophique » à Paris, une formule adoptée par d’autres villes françaises, européennes et ailleurs dans le monde.

En Amérique, les philosophes Elliot D. Cohen et Paul Sharkey fondent la National Philosophical Counselling Association (NPCA) en 1992 sous les auspices de l’American Philosophical Association (APA).[6] Les philosophes Lou Marinoff et Ran Lahav co-organisent la première conférence internationale sur le conseil philoso­phique à Vancouver au Canada.[7] Suit la création de l’American Philosophical Practitioners Association (APPA) en 1998.[8]

3. Opportunité d’affaire et de carrière

3.1. Le rapport du philosophe à l’argent

Vu de l’extérieur, ce bref historique laisse entrevoir le développement commercial de la philothérapie. Tenir un cabinet, se doter d’un site web transactionnel, construire une offre de service, adopter une politique de satisfaction de la clientèle et un code d’éthique, se familiariser avec la comptabilité, notamment le seuil de rentabilité et la gestion des actifs, etc., bref, devenir travailleur indépendant, par opposition à fonctionnaire de l’État, salarié d’une institution d’enseignement ou de recherche. Or, la plupart des philothérapeutes ne disposent pas d’une formation aux affaires.

Eugénie Vegleris dans son livre « La consultation philosophie – L’art d’éclairer l’existence » écrit, parlant du philosophe consultant : « Son interlocuteur n’est plus un élève, un étudiant, un collègue, qui le sollicite pour mener une réflexion, mais un client. Ce nouveau statut juridique correspond à un changement de situation existentielle important ».[9]

Ainsi, la pratique de la consultation philosophique implique un aspect moral lié à son rapport à l’argent. « Mais pour rester philosophe, le consultant philosophe ne doit psychologiquement dépendre ni du désir de s’enrichir ni de l’angoisse de manquer. Or, notre rapport à l’argent exprime notre rapport à la vie. » ajoute Eugénie Vegleris.[10]

3.2. L’offre de services

3.2.1. La formation de philothérapeutes

Se retrouver sur la place du marché apporte son lot d’incertitudes; un jour débordé par la demande, un autre jour sans aucune demande. La réaction à cette incertitude dans le domaine de la philothérapie a été et demeure de garnir l’offre de nouveaux services, plus payants que la simple consultation philosophique individuelle.

La formation pour devenir consultant philosophe impliquant un programme de plusieurs séances fut la première extension de l’offre de services. En Europe, pour s’assurer de rejoindre la plus large clientèle possible, aucune qualification académique n’est exigée pour s’inscrire à une telle formation. En France, en l’absence d’une association professionnelle de philosophes consultants, aucun critère d’admission à la formation ne fut formalisé. Aux États-Unis, l’American Philosophical Practitioners Association limite l’accès à la formation de praticiens certifiés est limité « aux titulaires d’un M.A., ABD ou Ph.D. en Philosophie, ou Licensura dans les pays hispaniques. » De plus, les consultants professionnels peuvent accéder à la formation donnant droit au titre de membre affilié de APPA. [11]

3.2.2. Le philosophe consultant en entreprise

La seconde extension de l’offre de service ouvre le conseil philosophique à deux nouvelles sources de revenus, les entreprises et les institutions. La consultation philosophique s’adresse aux dirigeants et aux employés. Le consultant rencontre soit une seule personne, par exemple, un dirigeant, soit un groupe d’employés (ou de dirigeants).

Dans son livre « Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophique : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie », Jean-Eudes Arnoux écrit au sujet de la consultation en entreprise :

« Tout comme dans la consultation individuelle, les consultants-philosophes écoutent, posent des questions, ouvrent des perspectives, de nouvelles approches du problème. Mais à la différence d’un expert ou d’un conseiller, ils n’amènent pas une solution. Ils fournissent des outils conceptuels afin que le groupe trouve la solution au problème qui est vécu comme un facteur de blocage. »[12]

Parmi les institutions investies par les philosophes (consultant), l’hôpital attire davantage l’attention. Dans son livre « Un philosophe à l’hôpital » de Guillaume Durand, maître de conférences en philosophie à Nantes (France), écrit :

« J’avais oublié le réel. Les études de philosophie m’ont éloigné de ce que la plupart d’entre nous tiennent pour la réalité. Puis je me suis réveillé, la violence du monde s’est imposée à moi. / Tout a commencé lorsque j’ai rencontré un médecin qui m’a proposé de l’accompagner à la rencontre des patients et des soignants confrontés à des situations difficiles : demandes de contraception définitive par des jeunes d’une vingtaine d’années pour des raisons écologiques, refus de traitements vitaux, etc. Face à des situations délicates, il arrive que les soignants, les patients et leurs proches recherchent une aide dans la philosophie. Une réflexion appliquée, accessible et tournée vers l’action : une éthique clinique, « au chevet » du patient, qui consiste à déterminer pour chaque situation la voie la plus juste. »[13]

3.2.3. Aide à l’élaboration de codes d’éthique

Le philosophe (consultant) ajoute une autre source de revenus à la rémunération tirée de l’aide à l’élaboration de code d’éthique ou de déontologie pour les entreprises et les organismes sans but lucratif.

Le consultant en philosophie québécois Jean-Yves Dubé décline en ces mots son offre de service sur son site web :

«Vous aimeriez instaurer un code de déontologie pour votre organisme, votre compagnie ou votre groupe, ou améliorer celui qu’il possède déjà? Vous pouvez compter sur mon expertise. Les questions morales et éthiques sont ma spécialité.»[14]

3.3. La bataille du rayonnement international de l’Occident

Deux leaders occidentaux de la philothérapie se démarquent sur la scène internationale : Oscar Brenifier de la France et Lou Marinoff des États-Unis, le premier, président de l’Institut de pratiques philosophique et le second, co-fondateur de l’American Philosophical Practitioners Association. Les deux hommes divergent de point de vue[15] et se livrent une certaine compétition sur le marché international de la consultation philosophique.

3.4. Professionnalisation et formation universitaire

Certaines universités innovent en offrant des programmes de formation à la philosophie pratique. [16] Voici deux exemples : 1. À l’automne 2014, l’Université de Vienne a ajouté un « programme de formation continue en pratique philosophique offrant la première et la seule formation académique et de formation à la pratique philosophique dans la région germanophone ».[17] Les praticiens philosophes de cette formation « devraient être quelque chose comme des conseillers ou des coachs de vie. »;[18] 2. Depuis 2015, l’Universitatea De Vest Din Timisoara en Roumanie propose un « Master in Philosophical Counselling and Consultancy »,[19] le seul enseigné en anglais en Europe.[20]

La formation à la profession de philosophes consultants suscite des débats universitaires au sujet de la profession elle-même, des méthodes, des prétentions et des intentions des philosophes consultants autoproclamés.[21]

Bref, aujourd’hui, la consultation ou le conseil philosophique offre une opportunité d’affaire et de carrière aux étudiants et aux professeurs en philosophie, autrement confinés à l’enseignement.

4. Méthodes

Il n’y a aucune méthode universelle en philothérapie. Ainsi, la méthode varie d’un philothérapeute à l’autre. Cependant, tous identifient une même source : le dialogue socratique. Chacun en tire sa propre interprétation, sous l’influence de leurs connaissances en philosophie, de leur formation, de leurs expériences de vie, de leur personnalité, etc.

Le philosophe consultant insiste sur le dialogue d’égal à égal entre deux personnes puisque l’un et l’autre profiteront de l’échange. Le philothérapeute oppose le dialogue à la verbalisation privilégiée par le psychothérapeute. D’une part, le client du psychothérapeute n’est pas l’égal de ce dernier puisqu’une relation d’autorité s’établit. D’autre part, le client du psychothérapeute se réfère à son passé (pour se justifier) et s’étend un sujet ou plusieurs sujets, ce qui n’est pas souhaité en philothérapie.

4.1. Le dialogue socratique dogmatique

Certains philosophes praticiens font du dialogue socratique un véritable dogme, quitte à bousculer leurs clients. Questions courtes et réponses courtes s’imposent. Pour y parvenir, le philosophe consultant réprime la moindre émotion et rejette toute justification du client.

Cette observation découle de mon expérience personnelle avec le philosophe praticien français Oscar Brenifier lors de séances de formation en ligne. Le lecteur intéressé prendra connaissance de mon texte « Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien ».[22] La théorie et le témoignage exposés dans ses écrits m’apparaissaient fort à propos[23] jusqu’à ce que je fasse l’expérience de sa pratique. Tête d’affiche de la consultation philosophique en France, monsieur Brenifier forme et inspire d’autres philosophes praticiens. Dans son livre « La pratique philosophique », Jérôme Lecoq écrit :

«Je tiens tout particulièrement à remercier mon ami et mentor Oscar Brenifier, le plus fidèle héritier moderne de Socrate et l’initiateur de cette méthode. Oscar, n’oublie pas de m’inviter pour que je fasse ton apologie quand on te fera boire la cigüe.»[24]

Si l’objectif reconnu du dialogue socratique est de « faire accoucher les esprits », cet accouchement se fait dans la violence avec des forceps sous la direction des philosophes praticiens dogmatiques. Cette violence s’exerce face aux émotions du client et à ses justifications. Le client a l’impression d’être coincé avec ses contradictions. Paradoxalement, l’exercice a pour but de donner naissance ou de développer l’esprit critique du client alors qu’il vit un malaise émotionnel. Il est légitime de se demander si cet esprit critique mourra dans les minutes suivantes ou perdurera dans le temps compte tenu de l’association de sa naissance avec la brutalité de l’expérience. La raison l’emportera-t-elle sur les émotions comme le souhaite le philosophe ?

Selon Platon, Socrate pratiquait ce type de dialogue avec des personnes interpellées dans les rues d’Athènes. Il se permettait d’être de plus en plus rigide au fil du dialogue. La personne pouvait décider de poursuivre sa route sans répondre davantage. Le philosophe praticien soutient que son client peut faire de même.

Cependant, le contexte diffère grandement. 1. La personne interpellée par Socrate n’est pas un client, mais un simple citoyen. 2. Il n’y a pas de rendez-vous fixé par Socrate à la personne pour se rejoindre dans une rue donnée d’Athènes. 3. L’état d’esprit ne saurait être le même en pareilles circonstances tant pour le philosophe que pour la personne.

Aujourd’hui le philosophe patricien tenant du dialogue socratique demande au client de prendre rendez-vous et de préparer une question, la plus courte et la plus simple possible, ce qui exige des efforts particuliers. Aussi, le philosophe patricien vend un service. Il est donc rémunéré par son client. Dans ce contexte, il n’est pas question d’une personne rencontrée au cours d’une promenade dans la rue, mais plutôt d’un client. Une relation d’affaires est en cours. Qui plus est, ce client est déjà habitué à des normes élevées du service à la clientèle adoptées par notre société, notamment le respect et le bien-être liés à l’expérience client.[25]

La référence au contexte ne saurait passer sous silence le rôle de la culture du débat au sein de la société où le philosophe consultant et son client évoluent. En France, c’est bien connu, la culture du débat est bien ancrée dans la société. Le client du philosophe praticien dogmatique du dialogue socratique ne verra peut-être dans la consultation qu’un prolongement naturel de cette culture du débat. Au Québec, la culture du débat a mené la population à détester tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la chicane, tout ce qui peut déboucher sur une chicane. Le client ne s’attend donc pas à une confrontation lors de son expérience de la consultation philosophique.

Si la philosophie, comme manière ou mode de vie, implique nécessairement le dialogue, une approche socratique dogmatique risque de ne pas atteindre son objectif.

4.2. Le dialogue philosophique

À l’opposée du dialogue socratique dogmatique, le dialogue philosophique s’exerce dans un esprit de collaboration volontaire. La considération du client sous tous les angles (sans répression brutale d’un angle au profit d’un autre) suscite une confiance mutuelle, condition essentielle à tout dialogue d’égal à égal. Dans ce contexte, le philothérapeute soutient que le dialogue lui profitera tout autant qu’à son client.

La consultante philosophie Eugénie Vegleris écrit dans son livre :

« La relation philosophique n’a pas lieu entre un thérapeute et des individus à soigner, mais entre des interlocuteurs égaux face aux difficultés de l’existence et aux risques de la liberté. Si cette relation est thérapeutique, elle l’est au sens littéral. Il s’agit d’une relation où, chacun prenant soin de son esprit et de l’esprit des autres, tous deviennent chemin faisant plus ouverts, plus lucides, mieux armés pour faire face à l’existence. »[26]

Cet objectif implique une prise en compte respectueuse du contexte de l’état initial du client. Il exige une grande bienveillance.

4.2.1. Critique de Socrate

Dans son livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence », la philosophe consultante Eugénie Vegleris soutient que «le dialogue socratique conduisait à l’aporie et non à l’action» :

« Placé entre le savoir et l’ignorance, le consultant philosophe se distingue pourtant de Socrate. Celui-ci avait fait table rase de ses connaissances pour placer son savoir dans la conscience de son ignorance. Tel n’est pas le cas du consultant philosophe, qui porte en lui sa culture philosophique. Bien que déclarant ne rien savoir, Socrate occupait, dans le dialogue, le rôle du meneur, pratiquait l’art de l’interrogation maïeutique associé à l’ironie. Tel n’est pas le cas du philosophe consultant, qui questionne sans l’intention de semer la confusion chez son interlocuteur. Enfin, le dialogue socratique conduisait à l’aporie et non à l’action. Or, le consultant philosophe accompagne ses interlocuteurs dans la découverte de leurs pistes d’action. »[27]

4.3. L’Être raisonné et l’Être sensible

Cet état des lieux de la philothérapie doit impérativement inclure la distinction entre les méthodes priorisant l’Être raisonné en réfrénant l’Être sensible et celles respectant les deux à la fois. Chacun des livres servant de références à cet article s’inscrit dans l’un ou l’autre de ces deux courants de pensées : 1. une approche exclusive de l’être raisonné; 2. une approche inclusive de l’Être raisonné et l’Être sensible.

En Amérique du Nord, seule l’approche inclusive dans le respect de l’Être raisonné et de l’Être sensible peut être mise en pratique, et ce, pour des raisons culturelles. La répression des émotions n’a plus sa place depuis qu’il est admis que l’intelligence s’avère à la fois intellectuelle et émotionnelle. Popularisé depuis 1995 par le psychologue américain Daniel Goleman, le concept d’intelligence émotionnelle met en lumière les limites de la raison dans le mode de vie.

Un an auparavant, le neuropsychologue Antonio R. Damasio a fait état de ses recherches dans son livre « L’erreur de Descartes : la raison des émotions » où il nous apprend que la raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions et des sentiments dans la prise de décision. Les résultats de la recherche de Damasio impactent sérieusement la société américaine ; aucune thérapie ne pourra désormais miser que sur l’Être raisonné. La philothérapie se voit donc dans l’obligation d’inclure les émotions comme déterminant de la décision et de l’action espérées à la suite de la consultation.

L’Europe n’échappe pas à cette avancée. En 2013 à l’occasion du colloque d’Aix-en-Provence sous le thème « Socrate à l’agora – Que peut la parole philosophique », la philosophe des émotions Laura Candiotto prononce une conférence intitulée « Emotions in dialogue. A new proposal : the integral Socratic dialogue ».[28] En 2020, elle édite avec Olivier Renaut un recueil de textes sous le titre « Emotions in Plato ».[29] Pour sa part, Olivier Renaut a déjà publié en 2014 « Platon La médiation des émotions – L’éducation du thymos dans les dialogues ».[30]

Laura Candiotto écrit :

« En conclusion, je voudrais rappeler que souligner les aspects émotionnels qui caractérisent le dialogue socratique n’implique pas de nier ses aspects rationnels. Ces aspects jouent un rôle fondamental pour orienter la recherche et permettre la reconnaissance de la vérité. Je maintiens, cependant, que – même séparés de la sphère émotionnelle, ils risquent de produire une forme de recherche stérile, incapable de toucher profondément les participants et donc de provoquer des choix qui changent la vie. » [31]

Ainsi, l’Être raisonné rejoint l’Être sensible dans la pratique de la consultation philosophique, à quelques exceptions près (voir 4.1. Le dialogue socratique dogmatique).

4.4. Théories dominantes et modes de la pratique philosophique

Le tableau ci-dessous publié dans l’édition du 15 avril 2022 de la revue Religions (Bâle, Suisse, MDPI) fait état des théories dominantes et des modes de la pratique philosophie et leurs auteurs philosophes consultants.

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Ce tableau témoigne des études des chercheurs universitaires au sujet de cette nouvelle discipline du conseil philosophique. Les auteurs de ce tableau, Xiaojun Ding (Xi’an Jiaotong University) et Feng Yu (Wuhan University) écrivent :

«Comme dans toutes les autres disciplines émergentes, les chercheurs aiment classer la pratique philosophique en différents modes, en utilisant une variété de méthodes qu’ils trouvent « utiles » comme véhicules pour leur pratique de conseil, en fonction des ressources philosophiques (par exemple, concepts philosophiques pertinents, théories, et méthodes de l’histoire de la philosophie en Orient et en Occident) auxquelles ils ont recours. Si nous discutons de la pratique philosophique dans un sens général, il pourrait y avoir autant de modes que nous voudrions, et ainsi la pratique philosophique présente une pluralité méthodologique distincte (voir tableau 1). Certaines des approches les plus établies dans la pratique philosophique contemporaine comprennent, mais sans s’y limiter, les exercices spirituels (Hadot 1995), l’approche existentielle (Russell 2001), le processus PEACE (Marinoff 2002), les étapes FITT (Raabe 2001), l’Approche stoïcienne romaine (Lahav 2009), dialogue néo-socratique (Brenifier 2020 ; Littig 2010 ; Nelson 1949), méthode IDEA (Ferraiolo 2010), thérapie basée sur la logique (Cohen 2013), arbre des enjeux (Raabe 2013), éthique épicurienne (Fatic 2014), humour (Amir 2014) et poésie (Rolfs 2015). Tous ces modes peuvent aider les visiteurs à éliminer les distractions extérieures et à se concentrer sur leur esprit (et leur corps), conduisant à un équilibre possible à la fin.» [32]

La première colonne du tableau liste les théories et les modes d’intervention. La seconde dresse les étapes de chaque mode. La troisième indique la source ou l’auteur de chaque mode.

Cette multitude de théories et de modes s’inscrit dans l’esprit du fondateur de la consultation philosophique moderne, Gerd Archenback, à l’effet « d’éviter toute tentative d’articuler une méthodologie spécifique à suivre par les praticiens ».[33] Il ajoute : « (…) la pensée philosophique ne suit pas des voies préétablies, elle cherche plutôt la « bonne voie » dans chaque nouveau cas ; n’utilise aucune routine de pensée, mais les sabote afin d’éduquer à leur sujet. »[34]

« Dans ses écrits fondateurs sur la pratique philosophique, Gerd Achenbach a clairement préconisé d’éviter toute tentative d’articuler une méthodologie spécifique à suivre par les praticiens. Au lieu de cela, il a qualifié sa conception initiale de « méthode au-delà de la méthode ». Aujourd’hui, une grande variété d’approches et de méthodes forment un éventail éclectique (et souvent vivement contesté) sous la bannière globale du conseil philoso­phique. Cette diversité a conduit à des développements intéressants et controversés dans le domaine. »[35]

L’adaptabilité s’impose donc comme le maître mot des philosophes consultants (les dogmatiques faisant exception).

4.5. Les références aux grands philosophes

Composantes essentielles de toutes les méthodes, les références aux textes des grands philosophes alimentent une part du dialogue lors de la consultation.

Ces références permettent au philosophe consultant de dire à son client qu’il n’est pas le seul à vivre sa situation (À se poser une telle question) puisque des philosophes se sont penchés sur cette même situation (question) dans le passé. Les références poursuivent alors un but psychologique, c’est-à-dire apaiser l’anxiété du client et un but académique en lui livrant une part du potentiel de la philosophie à explorer.

Cette approche référentielle donnera aussi lieu à la publication d’ouvrages tels que « Agir et penser comme Nietzsche » (2020) et « Agir et penser comme Platon » (2022) du philosophe consultant Nathanaël Masselot aux Éditions de l’Opportun.[36] Cette approche occupe déjà le terrain depuis l’an 2000 avec la publication du livre « Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques », d’Oreste Saint-Drôme, agrégé de philosophie, avec le renfort de Frédéric Pagès aux éditions La Découverte.

Dans le cadre de la formation aux conseils philosophiques, les références aux textes des grands philosophes servent aussi un objectif académique. Dans ce cas, le texte en référence est lu avant la consultation en guise de préparation. Les questions du philosophes praticiens se réfèrent à ce texte, non pas pour en vérifier la compréhension par le client, mais plutôt pour le former à l’interprétation de la structure philosophique du texte (ex.: Quels présupposés relevez-vous dans ce texte).

5. Les deux objectifs de la philothérapie

Le premier objectif tient de la raison de la consultation : une situation qui impose un problème personnel ou professionnel spécifique à résoudre ou une question existentielle angoissante à dénouer. Le philothérapeute demande à son client de lui soumettre une question claire, simple et concise dont on ne dérivera pas lors de la consultation. Cette approche pratico-pratique vise ultimement à donner naissance à un esprit critique qui, espère-t-on, persistera au-delà de consultation philosophique. Si le bénéfice immédiat du recours à la philosophe semble démontré, rien n’assure la survie de l’enfant après l’accouchement. Le client n’a aucune obligation face à son philothérapeute; il peut se limiter à une seule et unique consultation.

Le deuxième objectif se rapporte à la philosophie comme mode, manière ou art de vivre. Pierre Hadot démontre la promotion de la philosophie comme mode de vie dans l’Antiquité et il propose qu’il doive en être ainsi aujourd’hui, plutôt que de se limiter à un art spéculatif, une démarche théorique ou un exercice intellectuel. [37] [38]

Je veux dire, donc, que le discours philosophique doit être compris dans la perspective du mode de vie dont il est à la fois le moyen et l’expression et, en conséquence, que la philosophie est bien avant tout une manière de vivre, mais qui est étroitement liée au discours philosophique.[39]

Pour y parvenir, le client doit, soit participer à un programme avec comme but avoué la philosophie comme mode de vie impliquant plusieurs consultations philosophiques, ce qui ne semble pas s’inscrire dans l’offre actuelle. Dès que la consultation philosophique se donne pour mission d’aborder une situation, un problème ou une question particulière, elle ne se concentre pas sur l’essentiel de la formation théorique et pratique nécessaire à la vie de l’esprit critique. Un exemple ou deux d’application pratique de la philosophie ne saurait suffire à son adoption comme mode de vie. Bref, la philothérapie ne développe pas l’autonomie du client en l’absence de la formation et du suivi nécessaires.

La philosophie comme mode de vie ne saurait se limiter à l’omniprésence d’intervention de l’esprit critique dans la vie d’un individu. Une telle vigilance de l’esprit critique devient vite insoutenable au quotidien. Il faut miser sur les vertus, le bien-être, la vie bonne, etc. Heureusement, la plupart de livres traitant de la philothérapie abordent ces sujets et offrent ainsi l’enseignement absent des programmes de consultation philosophique en personne.

6. La lumière entre par les failles

Du dialogue socratique à l’allégorie de la caverne en passant par la maxime Connais-toi toi-même et Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue, la philosophie invite à prendre du recul face à soi, ses pensées et ses croyances pour favoriser la quête de vérité.

En philothérapie, le dialogue socratique tente de créer une faille dans le système de pensées du client afin de permettre à la lumière d’éclairer la conscience du client à partir d’un exemple, d’une question soumise par le client. Malheureusement, cet exercice du dialogue socratique porte davantage sur le contenu de la pensée (sur ce que le client pense) plutôt que sur le contenant (sur comment le client pense).

Le dialogue socratique s’attarde à une déconstruction des réponses du client aux questions posées par le philosophe consultant, et ce, pour en laisser paraître les faiblesses de son système de pensées. Or, ce dernier ne figure pas en tant que tel au centre du dialogue si ce n’est comme support de la démonstration des erreurs conceptuelles du client. Si la lumière entre par les failles, elle n’apparaît que le temps du dialogue. Elle peut ainsi fort bien aveugler et blesser le client qui vit dans le noir depuis longtemps. En pareille situation, le client se hâtera à colmater la brèche pour retrouver le confort de son ignorance. Dans ce contexte, la consultation philosophique ne donnera pas lieu à la révélation nécessaire pour engendrer un changement fondamental du système de pensées et du comportement du client ou, si vous préférer, accoucher l’esprit du client.

7. Confusion entre le système de pensées et le système de croyances

Au-delà de la démonstration de l’utilité de philosopher, la consultation philosophique cherche à aider le client à ne pas prendre pour vrai une chose qu’il pense uniquement parce qu’il la pense. Or, parle-t-on des pensées ou des croyances ? Est-ce que toute pensée est une croyance ? Est-ce que l’on peut parler du système de pensées sans distinction avec le système de croyances ?

Le philothérapeute Patrick Sorrel (Grenoble) se concentre sur le système de croyances de ses clients et demande à quel besoin répond chaque croyance. Lors de sa conférence « Devenir philothérapeute »,[40] il affirme « je donne beaucoup d’importance au système de croyance dans lesquels chaque personne s’agite » et il soutient que « Le philothérapeute est soucieux de comprendre chaque système de croyances comme un Univers à part entière, respectable et précieux ! »

Or, la philothérapie oublie généralement un domaine d’expertise de la pensée, celui de l’étude de la pensée scientifique dont l’enseignement demeure essentiel à toute quête de sens. Ainsi, la majorité des philosophes consultants passe sous silence la contribution du mathématicien, physicien et philosophe français René Descartes, du philosophe français des sciences, Gaston Bachelard et plusieurs autres dans la compréhension du système de pensées. Cet enseignement interdit de confondre « je pense » avec « je crois ». Toute pensée n’est pas une croyance. Le scientifique se doit de lutter contre ses croyances.[41]

Or, dans notre société, nous utilisons davantage « Je pense » pour exprimer une croyance au lieu de « Je crois », ce qui complique passablement le compréhension de notre système de pensées. Il semble que ce soit aussi le cas en philothérapie.

8. Un peu de psychothérapie dans la philothérapie

L’histoire révèle un lien étroit entre la psychologie et la philosophie, la première ayant été longtemps considérée comme une branche de la seconde. Malheureu­sement, ce lien est plutôt ténu entre la philothérapie et la psychothérapie. Or, le philothérapeute doit être un fin psychologue lors de la consultation avec son client, non seulement pour établir une relation de confiance et prouver sa bienveillance, mais aussi et surtout pour identifier les biais cognitifs chez son client. Or, rare trouve-t-on en philothérapie une attention portée à ces biais cognitifs, principal obstacle à la logique nécessaire à la quête de sens.

Les chercheurs Xiaojun Ding (Xi’an Jiaotong University) et Feng Yu (Wuhan University) écrivent :

Le quatrième aspect est la relation entre la pratique philosophique et d’autres disciplines ou professions d’aide telles que le conseil psychologique et la thérapie. Une mission importante de la pratique philosophique contemporaine au début de son émergence était de remettre en question les présupposés théoriques ainsi que les méthodes et les effets du conseil et de la thérapie psychologiques. La plupart des chercheurs considèrent le conseil philosophique comme une alternative au conseil et à la thérapie psychologiques, visant à fournir aux personnes des conseils pour une vie rationnelle de manière autonome et à éviter l’utilisation de tout moyen psychothérapeutique (Achenbach 1998 ; Marinoff 2002 ; Raabe 2010). Cependant, Russell (2001) soutient qu’il n’y a pas de distinction claire et sans ambiguïté entre le conseil philosophique et la psychothérapie, ne serait-ce qu’en comparant ce que font les conseillers philosophiques et les psychothérapeutes et pourquoi ils le font. Amir (2004) souligne également qu’une partie décisive du conseil philosophique est la connaissance et l’expérience psychologiques pertinentes des conseillers philosophiques ; sinon, les conseillers philosophiques seront très probablement perdus dans leur propre labyrinthe philosophique. [42]

Le philothérapeute se doit de disposer d’une connaissance psychologique des relations interpersonnelles pour servir adéquatement son client en consultation. Dans leurs propos ci-dessous, le chercheurs Xiaojun Ding (Xi’an Jiaotong University) et Feng Yu (Wuhan University) parle aussi de l’expérience psychologique pertinente des philothérapeutes.

Entreprendre une consultation philosophique exige donc de prendre grand soin de ne pas éveiller les mécanismes de défense du client, plus souvent qu’autrement de nature psychologique. La provocation tout comme la répression des émotions et des justifications poussent ces mécanismes de défense à entrer en action et engendrer des frustrations ne facilitant pas le dialogue.

Dans son livre «La pratique philosophique», Oscar Brenifier ajoute en annexe une lettre d’appréciation de ses ateliers de formation en Norvège signée par le philosophe-praticien Morten Fastvold (Oslo). Ce dernier décrit la pratique des philothérapeutes en son pays:

Nous sommes supposés, dans une très large mesure, procéder avec nos clients de la même façon qu’un psychothérapeute : une écoute attentive de ce que le client nous dit de sa vie et de ses problèmes, et cela dans une approche empathique et pleine de sympathie, avec le vif désir de le mettre à l’aise et le rassurer, de façon à créer une atmosphère de confiance. C’est le client, et non le philosophe, qui est supposé maîtriser la thérapie, ce qui lui permet de changer de sujet ou de sujet de conversation comme bon lui semble, sans que l’on risque plus qu’un timide « Vous êtes conscient que vous venez de changer de sujet et de mettre fin à notre échange ? », suivi d’un « « Allez-y ! »» consentant, quand il ne change pas d’idée et veut poursuivre dans cette nouvelle direction.

En permanence, surtout lors de la première consultation, il nous faut identifier « l’urgence » du client en l’écoutant avec soin et en posant avec doigté les questions qui peuvent révéler son problème réel. Ainsi, avec cette « urgence » plus ou moins clairement exprimée et le consentement du client, nous pourrons, avec de la chance, lui proposer quelques clés philosophiques ou quelques pensées opportunes qui lui exposeront son problème sous un nouvel éclairage, en le libérant de la manière étroite dont il percevait le problème, entrevoyant quelques solutions possibles. Le plus souvent, nous considérons ceci comme une expérience de bien-être pour les deux acteurs, même si quelquefois nous rencontrons une expression émotionnelle inattendue, à laquelle il nous faut faire face. Ces incidents, cependant, sont supposés se produire rarement, et certainement pas causés par une quelconque provocation du philosophe. Cette image du philosophe comme « M. Gentil » est peut-être un tant soit peu exagérée, mais je ne crois pas qu’elle s’éloigne beaucoup de la vérité. Vrai ou faux, je l’ai moi-même expérimenté de manière évidente, mais en ressentant en même temps une gêne, sans savoir exactement d’où elle provenait. Ce pourrait être la frontière pas très claire entre notre supposée profession et une variété de psychothérapies cognitives basées sur la conversation. Ou alors ma plongée dans le champ embryonnaire de la consultation philosophique m’a-t-elle laissé un sentiment de manque et d’insuccès, peu propice à me rassurer quant à mon devenir de pseudo-psychothérapeute déguisé en « philosophe-essayant-de-faire-quelque-chose-pour-laquelle-il-n’a-pas-été-réellement-formé ». Où est le lien entre mon savoir philosophique acquis de manière théorique à l’université, et cette tâche pratique que je suis supposé entreprendre ? Existe-t-il seulement ? Ou bien la « consultation philosophique » n’est-elle qu’une fantaisie, pleine de bonnes intentions mais néanmoins incapable de créer une nouvelle profession ? [43]

Force est de constater l’influence du modèle de thérapie développé en psychologie sur la consultation philosophique.  Plus encore, l’expérience psychologique du consultant philosophe joue aussi un rôle dans la consultation avec son client. Bref, toute consultation de personne à personne exige un peu de psychologie, même en philothérapie.

9. «Maladie ou bien-être», Lou Marinoff

Dans son livre «La philosophie, c’est la vie» (2003-2004), Lou Marinoff intitule le premier chapitre «Maladie ou mal-être ?» pour lever toute confusion possible entre l’aide psychiatrique, psychologique et philosophique. Il écrit :

Donc, je vous en prie, songez attentivement à la différence entre maladie et mal-être. Si vous pensez souffrir réellement d’une pathologie — par tous les moyens, allez cherche l’assistance médicale appropriée : examen, diagnostic et traitement. Mais si vous souffrez de mal-être, c’est-à-dire d’un trouble de conscience et non pas d’un dysfonctionnement physique — allez aussi cherche l’aide qui convient : examiner votre façon de penser et de vivre. Trouvez le moyen de donner sens à circonstances, et appliquez les principes qui vous guideront le mieux. Cela s’appelle « philosophie appliquée ». Aristote la nommait phronesis, ou sagesse pratique.[44]

Plus loin, Lou Marinoff met les points sur les « i » :

Mais si vous avez juste besoin de parler à quelqu’un de votre situation, afin de lui trouver un sens, ou de distinguer les multiples significations qu’elle revêt — en termes de valeurs et de but —, le philosophe pourrait bien, dans ce cas, être la personne qu’il vous faut. Dans le monde des Anciens, et tout au long de l’histoire, les philosophes ont été ouverts au traitement des malaises de l’existence ; pourtant, dans le monde actuel, ils se montrent incroyablement inaccessibles, et peu concernés par ces problèmes. Il manque aux gens le type de conseil que le philosophe peut prodiguer, la diversité des perspectives qu’il peu proposer. Les dix dernières années, on a ainsi vu la philosophie pratique accomplir un retour impérieux. Des philosophes se sont affirmés en que consultants auprès de personnes privées, de groupes ou d’associations. Certains d’entre eux forment désormais des élèves à la philosophie pratique, en complément du rôle de professeur qu’ils jouent à l’université ou au collège.

Nous ne cherchons pas, cependant, à remplacer ou supplanter la psychiatrie ou la psychologie. Nous nous efforçons simplement de remettre la philosophie à sa juste place, en synergie avec d’autres pratiques. Nous n’avons pas plus pour projet de subvertir la philosophie académique (c’est-à-dire, «théorique»). Au contraire, les tenants les plus renommés de la philosophie pratique ont reçu des diplômes traditionnels dans le cadre des institutions universitaires comme dans celui de leur préparation pour devenir praticien.[45]

Ces précisions sur les intentions de la philosophie pratique dès 2003 s’imposaient en raison d’un débat ayant cours au sujet des lois et des règles nationales gouvernementales et celles des ordres professionnels traitant de la thérapie et du statut de thérapeute. La question était simple : peut-on reconnaître les philosophes praticiens comme des thérapeutes (au sens de la loi) ?

10. La philosophie comme thérapie

La question trouvera sa réponse dans la reconnaissance de l’aspect thérapeutique de la philosophie antique. Dans son article paru dans la revue Diogène sous le titre «La philosophie comme thérapie», Nikolay Omelchenko écrit :

«D’une part, penser à l’essence infinie de l’univers permet de concevoir une essence infinie chez l’homme lui-même et de l’ancrer dans l’infini du Cosmos. D’autre part, penser à l’infini, c’est en acquérir le pouvoir, c’est-à-dire un pouvoir infini. En un mot, penser en termes d’infini nous remplit d’infini. La philosophie permet à l’individu de dépasser les limites de son expérience vécue, de transporter son moi au-delà de la réalité quotidienne. De toute évidence, c’est précisément cette projection de l’homme dans la réalité métaphysique, dans l’univers des relations essentielles, qui garantit l’effet thérapeutique de la philosophie.

De ce point de vue, la philosophie montre les limites de certaines formes de psychanalyse et de psychothérapie, par exemple en attirant notre attention sur le caractère limité de leurs postulats méthodologiques. En outre, la philosophie a les moyens d’assimiler les résultats d’observations psychanalytiques pour élaborer, par exemple, une meilleure théorie de la vie spirituelle de l’homme. On peut donc évoquer la possibilité d’une thérapie philosophique, une thérapie de l’esprit humain au moyen de la philosophie.»[46]

Dans son Mémoire de maîtrise intitulé « Stoïcisme et thérapie de l’âme. Du bon usage des représentations à la transformation de soi à partir des « Entretiens » et du « Manuel » d’Épictète.», Jérôme Revaclier (Université de Lausanne) avance ce constat au sujet de l’aspect thérapeutique de la philosophie antique :

Bref, le constat de la philosophie antique est clair : l’âme est malade si bien que celui qui prend conscience de l’état maladif de son âme souhaite généralement guérir. Par conséquent, avoir souci de soi, c’est être déterminé à bien vouloir prendre soin de son âme. Pour cela, la philosophie propose un discours et une pratique dont la fonction thérapeutique repose essentiellement sur un bon usage de la raison pour combattre une âme dominée par les passions et les vices.[47]

Aujourd’hui, certains philosophes praticiens rappellent que le mot «thérapie» en grec signifie «soigner». Le philothérapeute Nathanaël Masselot (Lille, France) déclare : « Soigner, cela veut aussi dire donner de l’importance. Prendre cure. Les gens souffrent de leurs questions existentielles. Les aider à les surmonter peut être considéré comme une thérapie. »[48] Sur son site web, le philothérapeute Patrick Sorrel (Grenoble, France) écrit : « Tout comme la psychothérapie se propose de prendre soin de l’âme, la philothérapie se propose de prendre soin du désir et de le soigner, c’est-à-dire de redonner à la vie sa couleur, par la recherche de son sens. »[49]

Tant et aussi longtemps que les philothérapeutes et peu importe toute les autres appellations (philosophes consultants, philosophes praticiens…) ne prétendent guérir des maladies physiologiques et mentales pour s’en tenir à leur propre champ d’expertise, ils échappent aux lois et règlements gouvernementaux et aux ordres professionnels sur le statut médical du thérapeute.

11. L’aspect prescriptif de la consultation philosophique

À l’aspect thérapeutique s’ajoute l’aspect prescriptif de la consultation philosophique. Le philothérapeute livre des conseils à son client, ce dernier étant libre de les suivre ou non. Suivant ma propre expérience de formation en consultation philosophique et mes lectures, je demeure mal à l’aise face à l’aspect prescriptif des jugements de valeur prononcés par le philosophe consultant. Ces jugements de valeur prescriptif (ou «d’obligation») se fondent, à l’évidence, sur une interprétation des propos du client.

Or, dans le cas d’une approche dogmatique du dialogue socratique (maïeutique[50]), cette interprétation souffre du fait que le client ne peut pas justifier ses propos, expliquer ses réponses aux questions en rafale du philosophe praticien. Le philosophe consultant norvégien Morten Fastvold relève ce fait dans ses « Réflexions sur les sessions conduites par Oscar Brenifier » :

Apparaît alors Oscar Brenifier sur la scène. Il propose des jeux, au lieu de la « philosophie » comme nous – ou en tout cas moi – pensions devoir l’utiliser. Déclarant que « Je ne suis pas intéressé aux raisons pour lesquelles le client vient me consulter », il rejette d’entrée un des piliers supposés de notre pratique : l’identification de la requête du client, et continue en demandant avec insistance que le client produise une idée qu’il considère importante, sans se soucier si elle est vraie ou fausse, raisonnable ou pas d’un point de vue philosophique. Si cette hypothèse n’est pas trop difficile à accepter, on est choqué, une fois de plus, quand Brenifier ne permet pas au client d’expliquer pourquoi il a choisi l’idée avancée et certainement pas de l’habiller d’explications personnelles. « Que diable ce Frenchman est-il en train de faire ? » se demande M. Gentil — il s’agit de moi. Comment se permet-il de violer l’autonomie de son client quand il ne souhaite guère d’explication du contexte, refusant tout éclaircissement complémentaire ? Jouer simplement d’une idée hors contexte, sans chercher si elle est vraie ou fausse, peut paraître ne pas du tout relever de la consultation philosophique. Pire même, cela semble violer les exigences de considérer et prendre le client comme une personne unique, ce que fait tout psychothérapeute au courant des dernières techniques. Comme les consultants philosophiques, je suppose. Car, qui rêverait seulement de ne pas respecter les concepts d’Empathie, d’Ethique, et d’Autonomie ? Sûrement pas les aspirants au métier de consultant philosophique de Norvège. Revenant aux sessions conduites par Brenifier, M. Gentil commence vraiment à se faire du souci quand il se permet d’interrompre son client à plusieurs reprises, forçant ce malheureux à entrer dans le jeu du philosophe, ce qui augmente sa frustration. J’ai même l’impression que Brenifier, en plein milieu de la pression de retenue et confusion qu’il crée, mène le client à l’aventure en déformant ses arguments et en argumentant lui-même, ce qui conclut la confusion engendrée par quelques conclusions bizarres – ou plutôt quelques conclusions préliminaires – qui ne rendent pas le client très heureux. On est loin de l’atmosphère de bien-être à laquelle je m’attendais, où l’on espérait voir le client partir souriant. Ici, il se sent manipulé et insuffisamment respecté. En fait, il part plus frustré qu’il n’était venu. Et il me faut demander : « Cette sorte de jeu intellectuel plutôt brutal l’a-t-il aidé en quoi que ce soit ? » À ce point, ma réponse est : « Probablement pas. »[51]

Dans le cadre de l’aspect prescriptif (ordonnance) de la consultation philosophique, il faut considérer la certitude avec laquelle est livrée l’interprétation par le philosophe consultant. Plus la certitude est grande plus elle pose un sérieux problème au développement de l’esprit critique pour lequel le doute demeure le principal outil d’apprentissage.

Une interprétation ne peut pas avoir un statut de vérité parce qu’elle repose avant tout sur une perception, laquelle implique davantage les sens et les émotions que la raison. Une interprétation, même descriptive, ne peut pas prétendre à l’objectivité. Bref, toute interprétation est en soi un jugement de valeur, une croyance.

Est-ce que le client d’un philosophe praticien exprime un besoin ou un désir d’être jugé ? Je ne crois pas que ce soit le souhait du client puisque tout jugement implique une réaction émotive et l’éveil des mécanismes de défense, deux freins à un dialogue d’égal à égal. Malheureusement, j’observe un tel aspect prescriptif dans la littérature et sur le terrain de la philothérapie qui trahit ainsi son objectif de développement de l’esprit critique du client et sa quête de mieux-être.

12. La question de la crédibilité du philosophe praticien

12.1 Formation

L’aspect prescriptif impose aussi la question de la crédibilité du philosophe praticien. Elle repose d’abord et avant tout sur sa formation. Tel que précisé plus haut, l’American Philosophical Practitioners Association (APPA) exige que ses candidats à la formation de conseiller philosophique soient diplômés universitaires en philosophie pour devenir membre agréé de l’association et être référés à ce titre. Aussi « Les membres certifiés sont liés par le code de déontologie de l’APPA et s’engagent à suivre un développement professionnel régulier. »[52] En France, aucune association ne regroupe l’ensemble des philosophes praticiens. Chacun avance son propre code de déontologie et son propre programme de formation de philosophe consultant, formation ouverte à tous. Par conséquent, en ce pays, la prescription philosophique ne repose pas sur un prérequis universitaire, d’où une crédibilité variable.

Cependant, on notera que plusieurs philosophes consultants français s’intéressent à la philosophie pratique après l’obtention d’un diplôme universitaire en philosophie. La consultation philosophique devient ainsi pour eux un autre débouché au côté de l’enseignement à titre de professeur de philosophie.

12.2 Expérience de la philosophie comme manière de vivre

À la crédibilité de la prescription fondée sur la formation du philosophe praticien s’ajoute celle reposant sur son expérience personnelle de la philosophie comme manière de vivre. Sans une telle expérience, la consultation philosophique s’avère davantage théorique que pratique. Les philosophes consultants auteurs de publications commerciales traitant de la philothérapie témoignent très peu ou pas du tout de leur propre expérience de la philosophie dans leur manière de vivre. Le philothérapeute français Patrick Sorrel fait exception en témoignant de sa propre quête philosophique comme on peut le constater dans l’une de ses conférences disponibles en lignes.[53]

Même si les livres de philothérapie exposent des exemples concrets de client en consultation, on ne peut pas y déceler des expériences personnelles de la philosophie comme manière de vivre dans les propos des auteurs. Ces derniers témoignent largement de leurs expériences professionnelles de philosophe consultant et en tirent différentes théories. Mais ils ne nous informent pas de LEUR cheminement philosophique personnel, de l’histoire de LEURS idées, de LEUR PROPRE quête. Ainsi, la théorie demeure dominante dans ces ouvrages.

Sommes-nous en présence de théoriciens ou de praticiens de la philothérapie ? Les philothérapeutes vivent-t-ils selon la philosophie qu’ils partagent avec leurs clients ? Les philosophes se disant « praticiens » s’appliquent-ils à l’exécution d’une technique ? Est-ce uniquement de leur maîtrise d’une telle technique dont ils peuvent rendre compte, à défaut de la philosophie comme manière de vivre ?

«Emerson et Thoreau, penseurs américains importants, ont défendu l’idée antique de la philosophie comme manière de vivre délibérée, concernée par le souci critique de soi ou l’amélioration de soi. Thoreau l’énonce sans détour, « il y a aujourd’hui des professeurs de philosophie, mais pas des philosophes. Il est admirable de professer ce qu’il fut jadis admirable de vivre2 ». Tous deux ont combattu la restriction de la philosophie à un sujet seulement académique pour le pur intellect. Si Emerson a admis que « la vie n’est pas un simple jeu de dialecticien » et que « goûter la vie par l’intellect ne saurait remplacer l’activité musculaire3 », Thoreau a ensuite dit les choses plus explicitement : « Être un philosophe, ce n’est pas seulement avoir des pensées subtiles, ni même fonder une école, mais aimer la sagesse au point de vivre selon ses arrêts, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité et de confiance. C’est résoudre certains problèmes de la vie, non seulement théoriquement, mais pratiquement4.»»[54]

NOTES (dans la citation)

    1. Henry David Thoreau, Walden. NdT : pour les citations de Thoreau, R. Shusterman fait référence à The Portable Thoreau, Carl Bode éd., New York, Viking, 1964, ici p. 270. Désigné après par PT. Je traduis les citations, et donne la référence à la traduction française, ici Walden ou la Vie dans les bois, I, « Économie », trad. de G. Landré-Augier, Paris, Aubier-Montaigne, 1967, p. 89. Désigné après par W.
    1. Ralph Waldo Emerson, « Experience ». NdT : pour les citations d’Emerson, R. Shusterman fait référence à Ralph Waldo Emerson, Richard Poirier éd., Oxford, Oxford University Press, 1990, ici p. 222. Désigné après par RWE. Pour « Experience », je reprends la traduction de Christian Fournier et Sandra Laugier, in Stanley Cavell, Qu’est-ce que la philosophie américaine ?, Statuts d’Emerson, appendice II, Paris, Gallimard, 2009, coll. « Folio essais », p. 512.
    1. Thoreau, id.

L’expérience personnelle joue un rôle essentiel dans toute entreprise de conseil professionnel à la personne. La philothérapie n’échappe pas à cette règle, notamment en matière de relations interpersonnelles. Si le philothérapeute n’est pas lui-même en quête de savoir et n’a pas adopté la philosophie comme manière de vivre, la logique veut qu’il ne puisse pas interagir en conséquence avec son client.

Heureusement, la diversité des méthodes en philothérapie s’accorde avec la formation, l’expérience et la liberté que s’attribuent les philosophes consultants. Si la résolution de problème du mal-être demeure l’essentiel de l’activité, son avenir reposera sur sa capacité à aider le client à adopter la philosophie comme manière de vivre mieux.

13. Conclusion

13.1 Le contexte

Imaginez un très grand lac datant de plus de 2,500 ans. Un lac où une multitude de poissons de toutes espèces s’épanouissent en harmonie avec la nature depuis la création de leur lac. Ce lac, c’est la philosophie. Chaque poisson représente une philosophie particulière. Imaginez maintenant un homme avec sa canne à pêche dans une barque sur ce lac. Il plonge un sceau dans le lac pour y recueillir l’eau dans laquelle il mettra ses prises, question de leurs procurer le maximum de chance de survie hors du lac. Et voilà qu’un poisson mors à l’hameçon, il le sort de l’eau et il le place dans son sceau d’eau. Combien de temps ce poisson vivra-t-il dans ce sceau, une fois qu’il en aura consommé toute l’oxygène et les nutriments ? Autrement dit, combien de temps vivra-t-il hors de son contexte original ? Si le pêcheur le transfert dans un aquarium aux normes de cette espèce de poisson, se comportera-t-il comme il le faisait dans son lac ou devra-t-il s’adapter ?

L’image de ce lac et de ce pêcheur m’est venue à l’esprit en pensant aux philothérapeutes qui pêchent des références dans les philosophies de l’Antiquité et dans les nouvelles philosophies qui font l’Histoire des Idées.

Je m’interroge sérieusement sur la préservation du contexte premier de ces références tirées des travaux des philosophes depuis l’Antiquité. Le contexte dans lequel Socrate pratiquait la maïeutique n’est certainement pas le même aujourd’hui. Le contexte des personnes avec lesquels il dialoguait dans les rue d’Athènes n’était pas plus le même que le contexte du client aujourd’hui. Il s’informe, décide si l’offre leur convient et, le cas échéant, ils se font clients en prenant rendez-vous, en prévoyant le coût de la consultation dans leur budget, il se déplace au cabinet du consultant et pose la question se rapportant à leur mal-être, et ce, tout en ayant à l’esprit leurs souvenirs des consultations antérieures et leurs attentes. Nous sommes très loin de l’individu interpelé dans les rues d’Athènes il y a 2,500 ans.

Je me questionne aussi sur le fait que la philosophie est devenue un exercice intellectuel purement théorique évoluant dans sa propre bulle universitaire. C’est le contexte de la bulle en dehors de laquelle les philosophes (ou théoriciens de la philosophie) ne peuvent pas survivre, si ce n’est à titre de professeurs dans d’autres institutions scolaires avec des étudiants plus jeunes. Évoluer dans une bulle, peu importe la bulle, ne permet pas d’être en phase avec le monde réel.

Si le philosophe sort de cette bulle pour entreprendre de devenir philosophe praticien aura-t-il les réflexes nécessaires pour dialoguer avec un simple client ? Le contexte d’origine dans lequel ce nouveau philothérapeute a évolué agira-t-il comme le font les biais cognitifs ? Pourra-t-il être en communion avec le contexte propre à son client ? Son expérience personnelle et professionnelle des relations interpersonnelles sera-t-elle à la hauteur des attentes de ses clients ? Ce nouveau philothérapeute ne se trouve plus dans son contexte habituel, devant des étudiants et en contact avec ses pairs. Il se retrouve désormais en présence d’une personne qui se pose devant lui comme son client (un consommateur) sous l’influence de son propre contexte et en quête de solution à son mal-être.

13.2 Interdisciplinarité

Le philothérapeute évolue aussi dans sa propre bulle. J’en ai pour preuve les conséquences directes du manque d’interdisciplinarité dont souffre le philosophe praticien. Toutes les références dans les ouvrages de philothérapie se limitent à la philosophie. Aucun des livres à mon programme de lecture (voir la liste ci-dessous) fait état des travaux scientifiques en d’autres disciplines pouvant orienter le travail du philosophe praticien, notamment mais pas exclusivement, l’épistémologie et les neurosciences.

13.2.1 Répression des émotions

La répression des émotions se veut un des principaux thèmes de cet état des lieux de la philothérapie. D’une part et tel mentionné plus haut, je l’ai vécu personnellement lors d’une séance de formation à la philothérapie avec le philosophe praticien Oscar Brenifier.[55] D’autre part, le dialogue socratique ne considère pas les avancées des neurosciences sur la contribution des émotions dans la prise de décision.

En déclarant « Je ne suis pas intéressé aux raisons pour lesquelles le client vient me consulter »,[56] le philosophe praticien Oscar Brenifier fait preuve d’arrogance face à ses clients. Le philosophe consultant norvégien Morten Fastvold observe : « Brenifier ne permet pas au client d’expliquer pourquoi il a choisi l’idée avancée et certainement pas de l’habiller d’explications personnelles. » Une telle pratique du dialogue socratique provoque émotionnellement le client. Parlant des jeux philosophiques dans les quelques Oscar Brenifier convie ses sens, Morten Fastvold écrit : « Ce qui est aussi remarquable, c’est que de tels jeux purement philosophiques puissent faire jaillir autant de troubles et d’émotions, en plusieurs occasions, révélant quelquefois beaucoup de stress et d’obstacles présents dans l’esprit du sujet ». Brenifier ne prend en compte ces troubles et ces émotions, voire les réprime brutalement, selon ma propre expérience.

13.2.2 Neurosciences

Une telle pratique du dialogue socratique se réfère uniquement à l’Être raisonné à soustraire à toute émotivité. Or, les travaux des neurosciences démontrent clairement que l’Être raisonné ne peut pas être ainsi isolé; il a toujours besoin d’un coup de pouce de l’Être sensible, plus particulièrement, des émotions dans la prise de décision.

« Être rationnel, ce n’est pas se couper de ses émotions » écrit le neuropsychologue Antonio R. Damasio[57] dans son livre L’erreur de Descartes[58] paru en 1994 et où il expose les résultats scientifiques de ses travaux.[59] Il démontre que la conception dualiste du philosophe René Descartes (1596-1650) consistant à séparer le corps et l’esprit n’a aucun fondement scientifique et n’a pas lieu d’être.

« C’est là qu’est l’erreur de Descartes: il a instauré une séparation catégorique entre le corps, fait de matière, doté de dimensions, mû par des mécanismes, d’un côté, et l’esprit, non matériel, sans dimensions et exempt de tout mécanisme, de l’autre; il a suggéré que la raison et le jugement moral ainsi qu’un bouleversement émotionnel ou une souffrance provoquée par une douleur physique, pouvaient exister indépendamment du corps. Et spécifiquement il a posé que les opérations de l’esprit les plus délicates n’avaient rien avoir avec l’organisation et le fonctionnement d’un organisme biologique. »[60]

Poursuivant l’objectif de développer l’esprit critique de son client, le philothérapeute conduit son client à douter de ses pensées en suivant des règles de logiques. Il s’agit ni plus ni moins d’inviter le client à ne pas prendre pour vrai ce qu’il pense uniquement parce qu’il le pense. Or, l’attachement du client à ses pensées grandit d’autant qu’il les prend pour vraies. Et cet attachement est davantage de nature émotionnelle que rationnelle. Décider, consciemment ou inconsciemment, de la véracité d’une pensée, relève donc à la fois de la raison et des émotions. Plus encore, le philothérapeute lui-même n’échappe pas à cette relation entre la raison et les émotions dans ses prises de décisions, notamment dans le choix des questions qu’il adresse à son client. Dans un dialogue, les décisions s’enchaînent les unes après les autres et demeurent donc à la fois sous l’influence de la raison et des émotions, les unes n’allant pas sans les autres.

En accord avec cette preuve scientifique déboulonnant le dualisme cartésien, le mal-être du client du philothérapeute implique aussi une part émotive décisive. Le mal-être ne relève donc jamais de la raison pure ou d’une réflexion exclusivement intellectuelle. Ce sont les émotions qui informent le client de son mal-être. Et ce sont aussi ses émotions qui l’aideront à décider s’il suivra ou non les conseils du philothérapeute. Pourquoi les réprimer ?

13.2.3 Intelligence émotionnelle

Un autre concept provenant d’une autre discipline à prendre en compte en philothérapie : l’intelligence émotionnelle (EI) :

« En 1990, Salovey et Mayer en proposent une première définition : c’est la « capacité de contrôler ses propres sentiments et émotions et ceux des autres, de les discriminer et d’utiliser cette information pour guider sa pensée et ses actions » (p. 189, traduction libre)1.[61]

Dans un texte paru en 1997, ces mêmes auteurs orientent leur définition vers un ensemble d’habiletés : l’intelligence émotionnelle, c’est « (a) percevoir et exprimer l’émotion avec précision, (b) se servir de l’émotion pour faciliter les activités cognitives, (c) comprendre les émotions et (d) gérer les émotions pour une croissance à la fois émotionnelle et personnelle » (cités dans Salovey, Brackett et Mayer, 2004, p. ii, traduction libre2). »[62]

Ainsi, un esprit critique fonctionnel exige à la fois une part d’intelligence rationnelle (QI) et une part d’intelligence émotionnelle (IE).[63] Il se refuse donc à toute répression systématique des émotions.

13.2.4 Épistémologie

Enfin, voici un dernier exemple de l’étanchéité de la bulle de la philothérapie. L’épistémologie (grec epistêmê, science), une branche même de la philosophie, semble ignorée. Cette discipline « prend la connaissance scientifique pour objet. »[64].On parle aussi d’épistémologie génétique :

« Épistémologie génétique, étude de l’évolution des structures successives des connaissances au cours du développement cognitif de l’individu. (Selon J. Piaget, celles-ci s’orientent vers une conceptualisation toujours plus abstraite et générale, la pensée étant une intériorisation progressive des actions sous forme d’un système d’opérations.) »[65]

Comment peut-on envisager aider une personne à développer son esprit critique sans tenir compte de son mode de pensée actuel, ou de celui qui lui conviendrait le mieux pour répondre à son mal-être ou pour adopter la philosophie comme manière de vivre ?

13.3 Constat final

La philothérapie ne ratisse pas assez large pour établir les bases d’un esprit critique chez le client. Elle se limite trop souvent à une simple démonstration qu’un travers de pensée, ici un biais cognitif, engendre chez le client une confusion entre savoir et croyance, et ce, dans le but prendre soin d’un mal-être. Or, c’est plutôt la source première de ce mal-être dont il faut se préoccuper, c’est-à-dire l’esprit du client, son mode de pensée. Et, pour y parvenir, il faut outiller le client plutôt que de simplement le forcer à conclure qu’il se trompe, qu’il ne sait pas en réalité de quoi il parle.

En fait, Platon dans ses écrits[66] fait dire à Socrate que nous savons déjà et qu’il s’agit simplement de ramener à la surface les connaissances acquises puis oubliées de nos vies antérieures. C’est la théorie de la réminiscence sur laquelle s’appuie la maïeutique. :

« Cette théorie affirme que notre connaissance de la vérité est le souvenir d’un état ancien où, avant d’être incarnée dans un corps, notre âme vivait au contact immédiat des pures idées dans le monde intelligible. Ainsi, pour Platon, connaître c’est se souvenir, se remémorer. Chercher et apprendre sont un seul et même acte.

Cette théorie est fondée sur le postulat de l’immortalité de l’âme. Si le corps est mortel, l’âme, elle, est impérissable, elle détient donc toutes les connaissances.

Si l’âme détient toutes les vérités, il y a cependant une méthode pour la faire accoucher, pour la faire se remémorer : c’est là qu’intervient la maïeutique, la méthode de questionnement socratique, afin de faire se rappeler l’âme. »[67]

C’est dans ce contexte de ce que j’appelle « l’âme savante et immortelle » que se tiennent les dialogues philosophiques de Socrate il y a plus de 2,500 ans. Depuis, le contexte a bien changé et l’objectif du dialogue en philothérapie semble très peu relié à la théorie de la réminiscence si ce n’est de la consultation elle-même.

Le client se voit offrir soit une vidéo de la consultation, soit un document où le philosophe consultant rappelle ce qui s’est dit lors de la consultation dans le but explicite de lui demander s’il a bien compris les positions de son client.

Le philosophe praticien attend du retour de son client sur sa consultation une prise de conscience à posteriori des opérations de base de la pensée. En cours de consultation, une telle prise de conscience devient pratiquement impossible à moins d’un arrêt sur chaque opération de pensée par le philosophe consultant. Ce dernier cherche à faire comprendre à son client que son mal-être provient en partie d’opération de pensée erronée.

Pour y parvenir, le philosophe consultant doit maîtriser une connaissance approfondie des différents modes de pensée pour identifier celui de son client. Il se doit aussi de connaître et de respecter le rôle des émotions dans la prise de décision de son client et, plus généralement, sur la raison. Enfin, il doit aussi connaître et maîtriser tous les tenants et aboutissants d’une relation interpersonnelle réussie ou, si vous préférez, faire preuve d’une grande intelligence émotionnelle. Autrement, la philothérapie demeure une simple technique et la consultation une séance de questions-réponses dont on ne peut pas espérer un développement de l’esprit critique du client.

Finalement, dans quel état est l’esprit critique du client lorsqu’il se présente en consultation ? Sans un diagnostic au départ et un autre à la fin de la séance, on ne peut certainement pas prétendre à un quelconque développement de l’esprit critique du client au terme de la consultation. Ce diagnostic ne doit pas être posé comme un jugement final, dans un esprit de confrontation, qui éveillera tous les mécanismes de défense du client. Il est donc préférable de l’élaborer avec le client. Et si le client prend pour objet de la démonstration de son mode de pensée et son esprit critique le philosophe praticien ou la consultation elle-même, ce dernier devra faire preuve d’une humilité exemplaire, ce que j’ai peu observé personnellement.

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Références

Liste des livres étudiés

SAINT-DRÔME, Oreste (2000), Comment choisir son philosophe, Éditions La Découverte, Paris.

HADOT, Pierre (2001), La philosophie comme manière de vivre, Pierre Hadot, Librairie générale française, Le livre de poche – Biblio essais, 2004, Paris.

MARINOFF, Lou (2003), La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Faure, La table ronde.

SUÁREZ, Éric (2007), La philo-thérapie, Éditions Eyrolles, Paris.

VEGLERIS, Eugénie (2010), La consultation philosophique, Éditions Eyrolles, Paris.

ARNOUX, Jean-Eudes Arnoux (2013), Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophique : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie, Éditions Favre, Lausanne (Suisse).

LECOQ, Jérôme (2014), La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Éditions Eyrolles, Paris.

BOUCHET, Laurence (2015), Philosopher pour se retrouver, Laurence Bouchet, Éditions Marabout, Vanves (France).

DEVILLAIRS, Laurence (2017), Guérir la vie par la philosophie, Presses universitaires de France, Paris.

DE MOOR, Mieke (dir.) (2017), Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Éditions Vrin, Paris.

PÉPIN, Charles (2018), La confiance en soi – Une philosophie, Allary Éditions, Paris.

MASSELOT, Nathanaël (2019), Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Les Éditions de l’Opportun, Paris.

BRENIFIER, Oscar (2019), L’art de la pratique philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas.

BRENIFIER, Oscar (2020), La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas.

MASSELOT, Nathanaël (2020), Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2020.

BUISSON, Jean-François (dir.) ( 2021), La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, Genève.

DEWEY, John (2004), Comment nous pensons, John Dewey, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly, Les Empêcheurs de penser en rond, Paris, (Original anglais : 1909).

MARQUIS, Nicolas (2014), Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel, Nicolas Marquis, Presses universitaires de France, Paris.

D’ALLONNES, Myriam Revault (2018), La faiblesse du vrai – Ce que la post-vérité fait à notre monde commun, Éditions du Seuil, Paris.

ILLOUZ, Eva et CABANAS, Edgar (2018), Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Premier Parallèle, Paris.

NOTES

[1] MAUBON, Léa, Les ouvrages philosophiques à destination du grand public : pour quelle philosophie ?, Mémoires Master « Livre et savoir » / « Édition scientifique et bibliothèque », École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques [enssib], janvier 2010, p. 56. «Résumé en français : Cette étude porte sur un phénomène du paysage éditorial français actuel : la production de plus en plus importante d’ouvrages de philosophie à destination du grand public. Il s’agit de réfléchir, à partir d’une description de cette tendance, sur ses enjeux éditoriaux, mais également philosophiques. La démocratisation de la philosophie est un projet ancien, aujourd’hui soumis à l’expérience, qui interroge le devenir de la philosophie en France. » https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/48581-les-ouvrages-philosophiques-a-destination-du-grand-public.pdf

[2] RAABE, Peter Bruno, Phylosophy of philosophical counselling,   University of British Columbia, 1999, p. 13. https://open.library.ubc.ca/soa/cIRcle/collections/ubctheses/831/items/1.0055555

[3] DESROCHES, D., La philosophie comme mode de vie chez Pierre Hadot, Encyclopédie de l’Agora, Grandes questions, Dossier thématique, première version : juillet 2011, 1-28.

[4] HERSH, Seymon, The counselling philosopher, The Humanist, June 1980, pp, 32-33.

[5] « It is therefore generally held that the official birth date of philosophical counselling as a movement, and as a profession distinct from psychotherapy, is 1981. That is when philosopher Gerd Achenbach opened the first philosophical counselling practice in Bergisch-Gladbach, near Cologne, Germany. In 1982 he established the German Association for Philosophical Practice with an initial membership of 10. By 1987 the association had grown to 125 members from several countries, and it published the first edition of Agora , its journal, which later was renamed Zeitschrift für Philosophische Praxis. » AABE, Dr. Peter B., A Brief History of Philosophical Counselling, A Philosophical Counselling Website, consulté le 19 juillet 2022. URL : https://www.peterraabe.ca/history.html

[6] About Us, National Philosophical Counselling Association (NPCA). URL : https://npcassoc.org/, Consulté le 10 juillet 2022.

[7] Depuis l’événement international baptisé officiellement « International Conference on Philosophical Practice » (ICPP) se tiendra à 16 reprises. Site web : https://icpp.site/canada.html

[8] Site web : https://appa.edu/

[9] VEGLERIS, Eugénie, La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Deuxième partie – Enjeux et contexte d’un nouveau métier, 1. Questions pratiques, La rémunération, p. 197.

[10] VEGLERIS, Eugénie, La consultation philosophique – L’art d’éclaire l’existence, Deuxième partie – Enjeux et contexte d’un nouveau métier, 1. Questions pratiques, La rémunération, p. 200.

[11] American Philosophical Practitioners Association, Memberships. Site web : https://appa.edu/memberships/. Consulté le 20 juillet 2022.

[12] ARNOUX, Jean-Eudes, Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophique : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie, Chapitre 1 – Les publics de la consultation philosophique et leurs attentes, La consultation en entreprise, p. 20.

[13] Durand, Guillaume, Un philosophe à l’hôpital, Introduction, pp. 9-10. (Flammarion, 2021)

[14] Source : Jean-Yves-Dubé, consultant en philosophie: https://jeanyvesdube.com/

[15] BRENIFIER, Oscar, La pratique philosophique, Le concept épouvantail : «Échec ou pas – Cette dernière réaction, ainsi que d’autres de même trempe, pose d’ailleurs la question de la continuité du travail philosophique ainsi que sa rentabilité commerciale, s’il s’agit d’une pratique aussi risquée. Sur ce sujet les praticiens n’auront pas tous la même vision des choses. Lors d’un congrès international à Séville, nous eûmes sur ce point une différence avec Lou Marinoff, un célèbre collègue américain.»

[16] Cependant, qui dit philosophie pratique ne dit pas nécessairement consultation philosophique. L’Université de Sherbrooke au Québec offre un doctorat en philosophie pratique consacré à l’éthique. » Ce dernier ne traite pas de la consultation philosophique. Site web : https://www.usherbrooke.ca/admission/programme/733/doctorat-en-philosophie-pratique/. Consulté le 22 juillet 2022.

[17] « The continuing education program in Philosophical Practice offers the first and only academic education and training in philosophical practice in the German-speaking area. » Uiversität Wien, postgraduate centeré Sie wen : https://www.postgraduatecenter.at/en/programs/education-social-care/philosophical-practice/. Consulté le 22 juillet 2022.

[18] WIESELBERG, Lukas, Die « Philosophische Praxis » öffnet ihre Pforten, science.ORF.at. « Philosophische Praktiker sollen also so etwas wie Ratgeber oder Lebensberater sein. » Site web : https://sciencev2.orf.at/stories/1746791/index.html. Consulté le 22 juillet 2022.

[19] Site web : https://admitere.uvt.ro/program/philosophical-counselling-and-consultancy/. Consulté le 22 juillet 2022.

[20] FRUNZA, Sandu, Cu Florin Lobonț despre profesionalizarea consilierii filosofice în lumea aflată în criza pandemicăfrunză. Site web : https://frunzasandu.wordpress.com/2020/06/09/cu-florin-lobont-despre-profesionalizarea-consilierii-filosofice-in-lumea-aflata-in-criza-pandemica/.

[21] ZIMAICH , Samuel, Jr., Gerd B. Achenbach’s ‘Beyond-Method’ Method, International Journal of Philosophical Practice, Volume 2, Issue 2, Spring 2004. Site web : https://www.pdcnet.org/ijpp/content/ijpp_2004_0002_0002_0052_0062. Consulté le 22 juillet 2022. HATEGAN, Vasile (West University of Timisoara ), Philosophical Practitioner or Philosophical Counselor, options for new profession in Romania, Revue Roumaine de Philosophie , December 2018. Site web : https://www.researchgate.net/publication/329610662_Philosophical_Practitioner_or_Philosophical_Counselor_options_for_new_profession_in_Romania. Consulté le 22 juillet 2022.

[22] Lien : https://philotherapie.ca/2021/10/02/fin-du-chapitre-oscar-brenifier-philosophe-praticien/

[23] Lien : https://philotherapie.ca/2021/09/07/article-11-la-consultation-philosophique-oscar-brenifier-editions-alcofribas-2020/

[24] LECOQ, Jérôme, La pratique philosophique, Remerciements, Eyrolles, 2014.

[25] « L’expérience client désigne l’ensemble des émotions et sentiments ressentis par un client avant, pendant et après l’achat d’un produit ou service. C’est le résultat de l’ensemble des interactions qu’un client peut avoir avec la marque ou l’entreprise. », Définitions marketing – L’encyclopédie illustrée du marketing. Site web : https://www.definitions-marketing.com/definition/experience-client/. Consulté le 23 juillet 2022.

[26] VEGLERIS, Eugénie, La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Consultation philosophique et mondes de la vie, Consultation philosophique et mondes psy, pp. 31-32.

[27] VEGLERIS, Eugénie, La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Deuxième partie – Enjeux et contextes d’un nouveau métier, 1. Questions pratiques, Avoir les yeux partout, pp. 184-185.

[28] CANDIOTTO, Laura, Emotions in dialogue. A new proposal : the integral Socratic dialogue, Socrate à l’agora – Que peut la parole philosophique, Actes du colloque d’Aix-en-Provence (7-8 décembre 2013), Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017.

[29] Site web : https://brill.com/view/title/35103?contents=editorial-content.

[30] Site web : https://www.vrin.fr/livre/9782711625307/platon-la-mediation-des-emotions.

[31] CANDIOTTO, Laura, Emotions in dialogue. A new proposal : the integral Socratic dialogue, Socrate à l’agora – Que peut la parole philosophique, Actes du colloque d’Aix-en-Provence (7-8 décembre 2013), Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 89. Traduction libre : «En conclusion, je voudrais rappeler que souligner les aspects émotionnels qui caractérisent le dialogue socratique n’implique pas de nier ses aspects rationnels. Ces aspects jouent un rôle fondamental pour orienter la recherche et permettre la reconnaissance de la vérité. Je maintiens, cependant, que – même séparés de la sphère émotionnelle, ils risquent de produire une forme de recherche stérile, incapable de toucher profondément les participants et donc de provoquer des choix qui changent la vie. »

[32] Ding, X.; Yu, F. Philosophical Practice as Spiritual Exercises towards Truth, Wisdom, and Virtue. Religions 2022, 13, 364. https://doi.org/10.3390/rel13040364. Les auteurs : Xiaojun Ding, Department of Philosophy, School of Humanities and Social Sciences, Xi’an Jiaotong University, China. Feng Yu, Department of Psychology, School of Philosophy, Wuhan University, China. Article distributed under the Creative Commons Attribution License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/).

[33] AABE, Dr. Peter B., A Brief History of Philosophical Counselling, A Philosophical Counselling Website, consulté le 19 juillet 2022. URL : https://www.peterraabe.ca/history.html.

[34] ACHENBACH, Gerd B., Kurzgefaßte Beantwortung der Frage: Was ist Philosophische Praxis?. Site web : https://www.achenbach-pp.de/de/philosophischepraxis_text_was_ist.asp. Consulté le 25 juillet 2022. «Soll nun allerdings bündig gesagt werden, auf welche Weise der praktische Philosoph seinem Besucher weiterhelfe – üblicherweise lautet die Frage: „nach welcher Methode » verfahren werde -, so ist zu sagen, Philosophie arbeite nicht mit, sondern allenfalls an Methoden. Methodengehorsam ist Sache der Wissenschaften, nicht der Philosophie. Philosophisches Denken bewegt sich nicht in vorgefertigten Bahnen, es sucht den jeweils „richtigen Weg » vielmehr jeweils neu; bedient sich keiner Denkroutinen, sondern sabotiert sie, um über sie aufzuklären. »

[35] AABE, Dr. Peter B., A Brief History of Philosophical Counselling, A Philosophical Counselling Website, consulté le 19 juillet 2022. URL : https://www.peterraabe.ca/history.html.

[36] « Agir et penser comme Nietzsche » (2020) et « Agir et penser comme Platon » (2022). Site web des éditions de l’Opportun : https://www.editionsopportun.com/search?utf8=%E2%9C%93&q=masselot. Consulté le 25 juillet 2022.

[37] HADOT, Pierre, La Philosophie comme manière de vivre. Paris, Albin Michel, 2001.

[38] Philosophie comme mode de vie : http://agora.qc.ca/dossiers/Philosophie_comme_mode_de_vie

[39] HADOT, Pierre, Qu’est-ce que la philosophie antique? p. 19

[40] SOREL, Patrick, conférence «Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel ». Sur la plateforme vidéo YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=h4jGdBoY7h8.

[41] Il faut aussi se référer à la linguistique. Voir : GOSSELIN, Laurent (Titulaire d’un doctorat d’université en linguistique française (Caen, 1986). Professeur de linguistique à l’Université de Rouen et membre du laboratoire DYALANG du CNRS (en 2005)), L’expression de l’opinion personnelle : « Je crois / pense / trouve / considère / estime que p ». L’information grammaticale, Peeters Publishers, 2015, 144, pp.34-40. (10.2143/IG.144.0.3071277). (hal-02310056). URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02310056. Consulté le 26 juillet 2022. Site web : https://sites.google.com/site/laurentgosselin14/. Consulté le 26 juillet 2022.

[42] Ding, X.; Yu, F. Philosophical Practice as Spiritual Exercises towards Truth, Wisdom, and Virtue. Religions 2022, 13, 364. https://doi.org/10.3390/rel13040364. Les auteurs : Xiaojun Ding, Department of Philosophy, School of Humanities and Social Sciences, Xi’an Jiaotong University, China. Feng Yu, Department of Psychology, School of Philosophy, Wuhan University, China. Article distributed under the Creative Commons Attribution License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/).

[43] BRENIFIER, Oscar, LA CONSULTATION PHILOSOPHIQUE, JEUX SÉRIEUX – LA POSSIBILITÉ DE REDÉFINIR UN PARADIGME PHILOSOPHIQUE – Réflexions sur les sessions conduites par Oscar Brenifier, Fastvold, Morten, pp.162-169.

[44] MARINOFF, Lou, La philosophie, c’est la vie, Première partie, I – Maladie ou mal-être ?, Éditions de la Table Ronde, Paris, 2004, p. 21

[45] MARINOFF, Lou, La philosophie, c’est la vie, Première partie, I – Maladie ou mal-être ?, Éditions de la Table Ronde, Paris, 2004, pp. 22-23.

[46] OMELCHENKO Nikolay, « La philosophie comme thérapie », Diogène, 2009/4 (n° 228), p. 95-105. DOI : 10.3917/dio.228.0095. URL : https://www.cairn.info/revue-diogene-2009-4-page-95.htm

[47] Revaclier, Jérôme, Stoïcisme et thérapie de l’âme. Du bon usage des représentations à la transformation de soi à partir des « Entretiens » et du « Manuel » d’Épictète, (Mémoire de) maîtrise (master), Université de Lausanne, Faculté des lettres (https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_S_31805).

[48] Warsztacki, Sandrine, Soigner par la philosophie, En Marche – Le journal de la Mutualité chrétienne, 15 Septembre 2020.  https://www.enmarche.be/culture/lectures/soigner-par-la-philosophie.htm

[49] https://www.patricksorrel.com/

[50] 1. Méthode suscitant la mise en forme des pensées confuses, par le dialogue (Socrate, dans les œuvres de Platon). (Dictionnaires Le Robert). 2. Dans la philosophie socratique, art de conduire l’interlocuteur à découvrir et à formuler les vérités qu’il a en lui (Dictionnaire Larousse).

[51] BRENIFIER, Oscar, LA CONSULTATION PHILOSOPHIQUE, JEUX SÉRIEUX – LA POSSIBILITÉ DE REDÉFINIR UN PARADIGME PHILOSOPHIQUE – Réflexions sur les sessions conduites par Oscar Brenifier, Fastvold, Morten, pp.162-169.

[52] (Certified Members are bound by the APPA Code of Ethical Professional Practice, and are committed to regular professional development.) Memberships, American Philosophical Practitioners Association. https://appa.edu/memberships/

[53] Sorrel, Patrick, Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. Disponible sur la plateforme YouTube :  https://www.youtube.com/watch?v=h4jGdBoY7h8.  «Vous aussi, pensez que la philosophie peut maintenant sortir des bancs de l’école, et permettre d’aider concrètement des personnes à clarifier le sens de leur existence? Entre philosophie et psychologie, la philothérapie offre une approche d’accompagnement centrée».

[54] SHUSTERMAN Richard, « La philosophie comme vie éveillée chez Emerson et Thoreau », Cahiers philosophiques, 2009/4 (N° 120), p. 15-24. DOI : 10.3917/caph.120.0015. URL : https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2009-4-page-15.htm

[55] Voir mon article en ligne «Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien» sur le site web de l’observatoire québécois de la philothérapie : https://philotherapie.ca/2021/10/02/fin-du-chapitre-oscar-brenifier-philosophe-praticien/

[56] BRENIFIER, Oscar, LA CONSULTATION PHILOSOPHIQUE, JEUX SÉRIEUX – LA POSSIBILITÉ DE REDÉFINIR UN PARADIGME PHILOSOPHIQUE – Réflexions sur les sessions conduites par Oscar Brenifier, Fastvold, Morten, pp.162-169.

[57] « Antonio R. Damasio est professeur de psychologie, de neurosciences et de neurologie. Il est directeur de l’Institut pour l’étude neurologique de l’émotion, de la décision et de la créativité à l’Université de Californie du Sud. Il est également l’auteur de Spinoza avait raison et du Sentiment même de soi. » Texte en quatrième de couverture du livre L’Erreur de Descartes – La raison des émotions chez Odile Jacob. https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/erreur-de-descartes_9782738124579.php

[58] « L’Erreur de Descartes : la raison des émotions est un essai paru en 1994 du neuropsychologue António Damásio qui traite de la question du dualisme entre le corps et l’esprit. Damásio présente l’hypothèse du marqueur somatique, un mécanisme proposé par lequel les émotions guident le comportement et la prise de décision, et posent que cette rationalité requiert un apport émotionnel. Il soutient que « l’erreur » de René Descartes était la séparation dualiste de l’esprit et du corps, la rationalité et l’émotion. » Source : Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Erreur_de_Descartes_:_la_raison_des_%C3%A9motions

[59] « Être rationnel, ce n’est pas se couper de ses émotions. Le cerveau qui pense, qui calcule, qui décide n’est pas autre chose que celui qui rit, qui pleure, qui aime, qui éprouve du plaisir et du déplaisir. Le cœur a ses raisons que la raison… est loin d’ignorer. Contre le vieux dualisme cartésien et contre tous ceux qui voudraient réduire le fonctionnement de l’esprit humain à de froids calculs dignes d’un super ordinateur, c’est en tout cas ce que révèlent les acquis récents de la neurologie : l’absence d’émotions et de sentiments empêche d’être vraiment rationnel. » Texte en quatrième de couverture du livre L’Erreur de Descartes – La raison des émotions chez Odile Jacob. https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/erreur-de-descartes_9782738124579.php

[60] DAMASIO, Antonio R., L’erreur de Descartes – La raison des émotions, Éditions Odile Jacob, 1995, Éditions 2010 – 2021, p. 337.

[61] Denise Normand-Guérette, orthopédagogue, professeure associée, Département d’éducation et formation spécialisées, Université du Québec à Montréal, Comment apprivoiser les émotions ?, Société de recherche en orientation humaine (SROH). Voir l’article en ligne pour prendre connaissance de la note en bas de page # 1 :  https://sroh.org/fr/pages/que-signifie-sroh

[62] Létourneau, M. (2015). Comprendre et équilibrer ses émotions dans un contexte professionnel, Psychologie préventive, (48), 30-38. Chronique sur l’intelligence émotionnelle, en ligne : http://www.sroh.org/fr/intelligence-emotionnelle-section/243-equilibrer-la-volonte-de-puissance-et-insecurite-pour-renforcer-identite.

NOTES 1 et 2 dans la citation :

1 Pour expliquer le concept de « volonté de puissance », nous nous référons aux travaux de Guitouni :

« L’étude de la globalité identitaire nécessite la connaissance de trois éléments : la nature du fonctionnement cognitif, émotif et instinctif de la personne. La dynamique de ces trois éléments qui forment la base de l’identité humaine doit être comprise à la lumière des deux pulsions de vie animant tout être, à savoir la volonté de puissance et la recherche de sécurité. » (Guitouni et Brissette, 2000, p. 143.)

« “[…] chaque personne vient au monde avec une double pulsion : la recherche de sécurité et la volonté de puissance. Ces deux éléments sont innés. L’insécurité est déclenchée par le choc de la naissance et par la dépendance du nourrisson dans ses besoins de survie. Mais au-delà de la fragilité de la petite enfance, l’être humain naît aussi avec un autre mécanisme de pulsion de vie qui s’appelle la volonté de puissance et que je définis comme la force qui nous pousse à réclamer nos droits et à puiser en nous-mêmes l’énergie pour nous libérer de la dépendance. L’insécurité permet de protéger sa survie et la volonté de puissance incite à chercher le moyen de grandir. […]

L’établissement, au courant de la vie, d’un équilibre entre ces deux tendances conduit l’individu au développement et à l’épanouissement de son identité. En effet, si quelqu’un sait se protéger et en même temps se développer, il s’achemine vers une évolution personnelle garante d’une identité forte.” (Guitouni, 1991, p. 10-11.)

Par contre, “nous avons constaté qu’une personne vivant un conflit continuel entre sa volonté de puissance, c’est-à-dire son désir de s’imposer et de prendre la place qui lui revient, et son incapacité à faire face à l’insécurité, sera dans l’impossibilité d’avancer et de s’améliorer. […]” (Guitouni, 1985, p. 23.)

Ainsi, lorsque nous vivons un déséquilibre, “notre volonté de puissance [est réduite] à un mécanisme de réaction alors qu’en fait, [elle] devrait en être un d’action et de correction, et […] nos insécurités [sont exacerbées] au point de nous rendre obsédés de la sécurité et de pousser le ridicule de notre préservation jusqu’à l’apathie et au laisser-aller.” (Guitouni, 1985a, p. 9) » (Guitouni et Normand-Guérette, 1993, p. 161-162.)

L’exemple que nous analysons dans cet article illustre une forme de déséquilibre entre la sécurité et la volonté de puissance. L’intervention que le professionnel doit faire suscite son insécurité pour toutes les raisons mentionnées, cependant, en hésitant à prendre des décisions, il va à l’encontre de sa volonté de puissance, dont le rôle est de l’amener à s’affirmer et à évoluer. Après avoir brimé sa volonté de puissance, lorsque le professionnel s’affirme enfin, sa réaction peut ressembler à celle d’un ressort qui se détend brusquement et il peut avoir de la difficulté à évaluer sa portée. Il en est de même avec la volonté de puissance qui cherche à prendre sa revanche et à s’exprimer avec force. Elle prend alors une ampleur surdimensionnée et pousse la personne à se gonfler d’orgueil et à se croire momentanément plus forte qu’elle ne l’est. L’intérêt de développer son intelligence émotionnelle est d’enrichir la connaissance de soi par la compréhension des émotions, ce qui concoure au renforcement de son identité personnelle. Ainsi, l’individu est de plus en plus conscient des raisons de ses comportements, de ses forces, de ses compétences et de ses vulnérabilités. De plus, une connaissance réaliste de sa valeur contribue au développement d’une confiance et d’une sécurité personnelles ainsi qu’à l’expression d’une volonté de puissance équilibrée.

2 Bien sûr, la complexité de certaines de ces expériences dérangeantes nécessitera que le professionnel fasse appel à des services spécialisés pour l’aider dans sa démarche.

[63] «L’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. [TRADUCTION] (Mayer & Salovey, 1997). » © Academic, 2000-2022, https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/824844.

[64] Épistémologie, définition, Larousse. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9pist%C3%A9mologie/30520

[65] Épistémologie, définition, Larousse. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9pist%C3%A9mologie/30520

[66] Ménon, Phédon, Phèdre : https://1000idcg.com/reminiscence-platon/

[67] Platon et la Réminiscence: Definition & Analyse, La-Philosophie.com, https://la-philosophie.com/reminiscence-platon.


Au sujet de l’auteur

Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est né à Lévis (Québec, Canada) en 1957.
Il est avant tout un auteur. Il a d’abord écrit et publié deux recueils de poésie au cours de son adolescence: Lueur de solitude et La conscience aux heures de pointe. À la même époque, il fonde une revue de poésie: Infusion. Il glisse très tôt vers les médias avec une chronique intitulée «Salut les poètes» publiée dans La tribune de Lévis et diffusée à l’antenne de la station de radio CFLS. À 16 ans, il est le plus jeune membre de la Société des poètes canadiens français, rebaptisée depuis Société des poètes Québécois. Il accède au Conseil d’administration de la Société et devient directeur national du concours annuel de poésie.

De formation autodidacte et travailleur autonome depuis plus de 30 ans, il a été animateur, commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef au service de différents médias québécois et ontariens, notamment à la radio de Radio-Canada à Québec, au quotidien Le Soleil de Québec, aux hebdomadaires L’Express de Toronto et Le Nord de Hearst, au magazine Flash PME de Québec et autres.

Son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le milieu scolaire. Le film, Les enfants de la télévision, produit par l’Office National du Film du Canada, témoigne du projet «Jeunes téléspectateurs actifs» réalisé par le Club d’initiation aux médias, un organisme d’éducation aux médias qu’il a fondé en 1981. Il a animé plus de 250 conférences et séminaires au sujet de l’influence des médias devant plus de 35,000 jeunes du Québec, de l’Ontario et des provinces maritimes.

En 1987, il quitte le milieu communautaire pour se joindre à l’entreprise privée à titre de consultant en communication et en marketing. En 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche marketing, soit l’étude des motivations d’achat des consommateurs, axée sur l’évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des services, nouveaux et améliorés. Il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de plus d’une centaine d’études des motivations d’achat pour différents manufacturiers et distributeurs canadiens. Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du caractère scientifique du marketing sous le titre “Science & Marketing ”, Prédire le potentiel commercial des biens et des services”.

Reconnu depuis toujours pour sa franchise, il n’hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «penseur entrepreneur», à la fois fonceur et analytique.

Il revient à l’écriture à l’aube de l’an 2000 avec un essai de gouvernance personnel intitulé «J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison», un essai sur le marketing intitulé «Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université» et un essai sur le marketing politique intitulé «Comment motiver les Québécois à voter pour ou contre l’indépendance du Québec – Analyse et point de vue strictement marketing / Apolitique».

En savoir plus (curriculum vitae)

AVERTISSEMENT

Je suis pas un philosophe consultant et, par conséquent, je n’offre pas de consultation philosophique privée. Je n’offre pas de formation en philothérapie. Je demeure un observateur de la naissance et du développement de la philothérapie ou, si vous préférez, du domaine de la consultation philosophique. Il n’est pas non plus question ici de coach et encore moins de gourou en philothérapie. Je me limite à la lecture de livres et autres documents traitant de la philothérapie et de faire rapport de ces lectures. Aussi, à partir de ces lectures, je prépare, offre et anime des conférences. De plus, je témoigne de l’apport de la philosophie dans ma vie personnelle et professionnelle. Enfin, je suis l’auteur d’un livre intitulé J’AIME PENSER – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison (exemplaire numérique gratuit – PDF), un essai et témoignage de gouvernance personnelle qui est le sujet de l’une de mes conférences.


Au sujet de l’Observatoire québécois de la philothérapie

(Lévis – Québec – 11 avril 2022) Le Lévisien Serge-André Guay crée le tout premier Observatoire québécois de la philothérapie consacré à l’examen et à la promotion de cette nouvelle pratique. Déjà bien implantée en Europe et aux États-Unis, la philothérapie offre à la personne la possibilité de rencontrer en privé un consultant philosophe pour discuter de sa vie et de ses problèmes existentiels. Le terme « philothérapie » est copié sur le terme « psychothérapie ». Cependant, la philothérapie ne relève pas de la médecine; elle ne soigne pas les traumatismes et les troubles psychiques. Lors d’une séance de philothérapie, le clinicien ou le consultant philosophe entretiendra un dialogue d’égal à égal avec vous. L’animateur s’assure uniquement que ce dialogue soit initiateur de prises de conscience révélatrices de la réalité de soi et du monde. La philothérapie se distingue ainsi de l’exercice de verbalisation du patient du psychologue.

Serge-André Guay ne se présente pas comme un consultant en philosophie. Il se limite à observer le développement de la nouvelle pratique. Il met à la disposition de la population des informations, dont plus de vingt rapports de lecture de livres traitant de la philothérapie. Il offre des conférences fondées sur ses lectures et sa propre expérience de la philosophie dans sa vie personnelle et professionnelle.

La création de cet observatoire s’inscrit parmi les suites de la publication de son livre J’AIME PENSER – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, un essai et témoignage de gouvernance personnelle.

Les intéressés peuvent visiter le site web de l’observatoire au https://philotherapie.ca/.

J’expérimente les bienfaits de la philosophie dans ma vie personnelle et professionnelle depuis plus de 25 ans. La philosophie contribue au bien-être de mon esprit et de ma psyché. Désormais, je partage avec vous mes connaissances et mon témoignage sur ce site web dédié.

Aussi, j’offre des conférences traitant de la philothérapie. Vous trouverez sur ce site web la vidéo et les notes de ma toute première conférence « La philothérapie ─ Quand la philosophie nous aide » accessible gratuitement.

Cette conférence vous introduit à la philothérapie à l’aide de mes lectures sur le sujet.
À titre de bibliographe amateur, je mets à votre disposition l’ensemble de mes rapports de lecture au sujet de philothérapie dans la section «J’ai lu pour vous».

Enfin, ce site web se veut un Observatoire de la philothérapie au Québec.


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Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

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