Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

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Article # 85

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie comme mode de vie

Deuxième édition revue et corrigée

Daniel Desroches

Les Presses de l’Université Laval

ISBN : 978-2-7637-4119-2

Date de parution : 29 mars 2019

Collection : À propos

Nombre de pages : 484

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.


5-etoiles

J’accorde au livre La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée) de Daniel Desroches et paru en 2019 chez Les Presses de l’Université Laval 5 étoiles sur cinq.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteur


Texte en quatrième de couverture

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet.

« La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. »

Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.

Daniel Desroches est professeur de philosophie et conférencier invité aux Belles soirées de l’Université de Montréal. Dans le cadre d’une étude sur l’Anthropocène, il s’intéresse aux pratiques qui s’inscrivent dans une éthique de cohabitation. Également chercheur en éthique de l’environnement, l’auteur est spécialiste de l’écologie profonde.
 

TABLE DES MATIÈRES

Table des sigles

Présentation des notes

Avant-propos

Prendre la philosophie au sérieux

Première partie

VERS LA PHILOSOPHIE

Chapitre I – À la croisée des chemins

En guise d’exhortation

Premières questions

Une évidence paradoxale

La redécouverte de la philosophie comme manière de vivre

Un premier aperçu de la vie philosophique

Les trois dimensions de la vie philosophique

Qu’est-ce que la philosophie comme mode de vie ?

Pourquoi procéder à une telle étude aujourd’hui ?

Comment faire l’étude de la vie philosophique ?

Notes

Notice – Pierre Hadot

Chapitre II – Aux origines de la philosophie

De la question de la vérité à l’emploi du mot philosophe

Mise en contexte de la philosophie antique

Les points de repère historiques et géographiques

Les sphères de l’existence antique

Pratiques de transformation de soi chez les présocratiques

Philosophie et spiritualité : la question de l’accès à la vérité

Le mystérieux voyage de Parménide

Les pouvoirs prodigieux d’Empédocle

Le modèle de l’homme divin et la purification de l’âme

La naissance de la philosophie chez Pythagore et Platon

La philosophie est un genre de vie

Premiers emplois des mots « philosophe » et « philosophie »

La fonction du philosophe et la contemplation chez Pythagore

La philosophie comme amour de la sagesse chez Platon

Notes

Notice

Exercices spirituels

Deuxième partie

LES MODES DE VIES PHILOSOPHIQUE

Chapitre III – La figure remarquable de Socrate

La justification de la vie philosophique

Les différents discours sur Socrate

Qui était Socrate ?

Socrate, un être inclassable

Socrate et l’oracle de Delphes : la mission philosophique

La défense de Socrate lors de son procès

Une conduite qui expose Socrate à la mort

La justification de la vie philosophique

Le choix de vie socratique

Les maximes socratiques

« Il vaut mieux subir l’injustice que la commettre »

« Nul ne fait le mal par choix conscient »

La maxime delphique « Connais-toi toi-même »

La justification de l’éthique par des énoncés éthopoétiques

Le dialogue socratique comme exercice spirituel

L’exhortation : de l’insouciance à la reconnaissance de l’ignorance

La dialectique : de la probatoire à la maïeutique

La postérité étonnante de Socrate

Notes

Notice

Vie philosophique

Chapitre IV – Exploits à Cynosargès : Diogène et les cyniques

La vraie vie selon les cyniques

Mise en contexte de l’école cynique

Vie et doxographie de Diogène de Sinope

Le rattachement de Diogène au mouvement socratique

Le choix de vie cynique comme quête de liberté

La panoplie du cynique

La suffisance à soi : l’autarcie conduit à l’apathie

Les principales pratiques cyniques

La réduction du discours au minimum

Vivre en accord avec la nature

La parrèsia et la résistance politique : Alexandre et Diogène

Dénoncer les vices par l’observation des citoyens

La vie cynique comme entraînement et épreuve de vérité

Le courage de la vérité et la vraie vie

Notes

Notice

Michel Foucault

Chapitre V – La médecine de Pyrrhon et des sceptiques

De la question de la vérité à celle de la santé de l’âme

Mise en contexte de l’école sceptique

Retour sur la période hellénistique

L’école sceptique : précurseurs, fondateurs et héritiers

Pyrrhon d’Élis parmi ses contemporains

Convergences et divergences par rapport à Socrate

Le pyrrhonisme d’après Timon

Ce que sont les choses

De la disposition à adopter à l’égard des choses

Les conséquences attendues de cette disposition

De la question de la vérité à celle de la santé de l’âme

Le scepticisme selon Sextus Empiricus

L’école, la désignation et la définition du scepticisme

Le choix de vie : la visée de l’ataraxie

Les formes de la réfutation du dogmatisme

La thérapeutique sceptique

De l’indifférence au silence : les exercices du sceptique

La supériorité de la vie suspensive

Notes

Chapitre VI – La recherche du plaisir au Jardin d’Épicure

L’art de vivre épicurien et le discours thérapeutique

Considérations introductives

Mise en contexte de l’école épicurienne

Épicure, un héritier des petits socratiques

Les influences doctrinales et l’autodidaxie

Œuvre d’Épicure et parties de la philosophie

Le choix de vie au Jardin d’Épicure

Les sources du malheur : souffrance et craintes injustifiées

La solution épicurienne : la réjouissance au présent

L’étude épicurienne des désirs et des plaisirs

La tripartition des désirs

Les deux grandes formes du plaisir

Du plaisir de vivre au bien vivre : l’éthique est une thérapeutique

La fonction thérapeutique du discours vrai

Le discours vide et les troubles de l’âme

Le traitement selon la médecine épicurienne

Les exercices de l’art de vivre épicurien

La méditation et l’appropriation des vérités épicuriennes

Les pratiques de la direction spirituelle

L’ascèse des désirs et le dosage des plaisirs

Notes

Notice

André-Jean Voelke

Chapitre VII – Affronter les événements à l’école du Portique

Des stoïciens grecs à ceux de la période impériale

La plus haute forme de réconciliation

Mise en contexte de l’école du Portique

Deux illustres précurseurs : Héraclès et Héraclite

L’école stoïcienne : découpage historique et grandes figures

Les trois parties du discours philosophique

Le choix de vie des stoïques

La source des malheurs humains : l’inaccessible et l’inévitable

Un fondement proprement socratique

Vers la citadelle intérieure : apathie et accord avec soi

Étude sommaire des exercices spirituels

Les écrits pour soi-même et leur fonction pragmatique

Les trois disciplines d’Épictète dans les Pensées de Marc Aurèle

Le véritable progrès philosophique

La conception cosmique de Marc Aurèle

L’exercice de la mort quotidienne

Notes

Notice

L’appropriation des exercices par le christianisme

Chapitre VIII – La vie contemplative : Platon et Aristote

De la conversion de l’âme à la vie de l’esprit

Introduction à la vie philosophique à l’Académie

La philosophie comme activité de l’âme

La conversion à la vie contemplative

Vers la contemplation : la nécessité des formes intelligibles

L’allégorie de la caverne comme illustration

Les exercices spirituels à l’école de Platon

Vertu éthique et vie contemplative au Lycée d’Aristote

Le bonheur : une activité de l’âme conforme à la vertu

Le mode de vie théorétique : la vie selon l’esprit

Notes

Notice

La tâche politique et le réel de la philosophie

Notice

L’exercice de reprise

Troisième partie

LA VIE PHILOSOPHIQUE AUJOURD’HUI

Chapitre IX – La vie examinée

Sur le mode de l’entretien

Notes

Notice

Actualiser la philosophie comme mode de vie

Notice

L’éthique aujourd’hui

Annexes

Bibliographie sélective


EXTRAIT

Avant-propos

« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux », écrivait Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe, c’est celui qui traite du sens de sa propre vie. « Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, ajoutait-il, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. » Si Camus a raison, montrer qu’une vie examinée vaut la peine d’être vécue répondrait, par le fait même, à toute question d’ordre philosophique. Qu’est-ce qu’une vie examinée ? Voilà en une seule phrase le problème que cet ouvrage, consacré en majeure partie à la philosophie gréco-romaine, pose au lecteur contemporain.

Ce livre débute par une évidence devenue paradoxale. Si nous choisissons presque tous les objets qui nous entourent, si la plupart des gens choisissent leurs amis et leur conjoint, leur domaine d’étude et leur emploi, il n’est pas évident pour autant que nous choisissions notre vie, je veux dire notre mode de vie. Sommes-nous conscients de l’importance que revêt le choix d’une existence propre ? en quoi différons-nous d’Euthydème, incapable de répondre aux questions que lui posait Socrate ? Comme chez les Grecs, ce qu’il importe le plus de savoir, ce qu’il faut chercher avant toutes choses, passe toujours inaperçu. Mais quelle voie emprunter pour examiner sa vie ? Dans quelle direction nous tourner pour oser cette navigation ? Quels écueils faut-il éviter pour ne pas nous égarer en cours de route ?

Choisir sa vie, sa manière de vivre, cela peut-il être l’objet d’une décision philosophique, d’une décision éclairée et conséquente, d’un acte posé en toute connaissance de cause ? Après Socrate, Épicure et Marc Aurèle, nous ferons le pari que oui, à la seule condition que la philosophie puisse à nouveau se présenter sous son meilleur jour, retrouver son sens premier et redevenir un choix de vie. C ’est à cette fin que ce livre propose une étude des six principales « écoles » antiques, autant de manières d’aborder la vie philosophique que d’examiner sa propre existence. et pour nous servir d’image, nous verrons au tout premier chapitre dans quel sens l’allégorie du choix d’Héraklès illustre à la fois la gravité de la décision qui nous occupe et ce que signifie ici prendre la philosophie au sérieux.

Le lieu de la philosophie

Contrairement à l’impression qu’elle nous laisse parfois, la philosophie ne se trouve pas dans les livres ! Pour comprendre cela, il faut prendre congé des conventions habituelles. en effet, la philosophie change quelque chose : elle peut nous aider à transformer notre vie. Depuis une dizaine d’années, justement, je m’intéresse à ce qui, en philosophie, change la personne, la transforme, l’incite à rendre compte de sa propre existence. Je m’intéresse, autrement dit, à la possibilité pour la philosophie d’agir sur nous, de produire un effet. Le lecteur me répondra peut-être : mais vous avez trouvé cela dans les livres, pourquoi faire comme s’il fallait les jeter aux orties ? Certes je suis un lecteur, je conçois la lecture comme un exercice spirituel, mais je ne crois pas que le livre soit le lieu propre de la philosophie. À ce propos, j’aimerais citer un passage de la vingtième des Lettres à Lucilius de Sénèque qui nous ramène à l’essentiel au moment d’aborder l’expérience philosophique :

Or il est une chose, cher Lucilius, dont je te prie, à quoi je t’exhorte : fais descendre au fond de ton cœur la philosophie ; fonde l’expérience de ton progrès non sur la chose dite ou écrite, mais sur la fermeté de l’âme et la réduction des désirs. Vérifie les paroles par les actes […] La philosophie enseigne à agir, non à parler.

Je crois pouvoir affirmer que je comprends pourquoi la philosophie académique se réduit parfois à une histoire de systèmes, de doctrines et de problèmes, bref à un travail de haute voltige sur des concepts abstraits. Je crois savoir aussi qu’il existe, presque à l’opposé, une philosophie qui se présente plutôt comme une littérature en multipliant les essais à l’infini. À distance de Charybde et de Scylla, j’aimerais montrer dans ce livre que la philosophie peut être une expérience englobante, non seulement un choix d’existence singulier, mais surtout une manière de retrouver une cohérence perdue : cohérence entre soi et soi-même, accord entre soi et les autres et, enfin, cohérence entre soi-même et la nature à laquelle nous appartenons. Pour cela, il nous faudra naviguer jusqu’à Delphes, car cette décision ne doit pas demeurer lettre morte… C’est une exigence de cohérence qui se tient derrière l’énoncé selon lequel il nous faut prendre la philosophie au sérieux. C’est cette exigence, en somme, qui justifie l’odyssée philosophique que je proposerai dans ces pages.

À propos de la navigation

Ce voyage comportera trois étapes. Pour prendre la direction de la philosophie et entamer une première navigation, comme dirait Platon, la section introductive sera constituée d’une exhortation à la vie examinée et d’une étude des origines lointaines de la philosophie. En guise d’invitation, je rappellerai l’importance que revêt la décision initiale. C’est dans cette partie que nous trouverons une introduction à la philosophie antique par une étude du « philosophe archaïque ». La deuxième étape, celle qui forme le cœur de ce livre, présentera six grandes écoles ou approches philosophiques de l’Antiquité : le socratisme, le cynisme, le scepticisme, l’épicurisme, le stoïcisme et la vie contemplative. Formée de six chapitres, cette seconde navigation sera la plus longue, car elle exige une mise en contexte de chacune des écoles, une clarification du mode de vie choisi, un survol des exercices spirituels ainsi qu’une illustration du discours philosophique. Enfin, pour retrouver notre époque, je propose dans une troisième partie une réflexion brève sur la vie examinée et l’éthique aujourd’hui. Formé d’un seul chapitre et de deux notices, cette dernière partie prendra la forme d’un entretien avec l’auteur qui permettra de répondre à quelques questions laissées en suspens au cours de la recherche. La plus importante de ces questions est de savoir en quel sens la philosophie comme mode de vie peut être actualisée aujourd’hui

Le lecteur remarquera que des notices ont été insérées entre les chapitres qui ponctuent ce parcours. On trouvera des notices d’auteurs et des notices thématiques. De quoi s’agit-il au juste ? Si les chapitres sont des textes longs, les notices sont des textes brefs et spécialisés qui permettent soit de compléter soit de faire un retour sur ce qui a été présenté. On trouvera, par exemple, une notice portant sur la contribution de l’helléniste Pierre Hadot et une autre sur la tâche politique du philosophe : ces notices complètent les chapitres qui les précèdent et proposent des approfondissements sur des questions particulières. On trouvera également une notice thématique sur la vie philosophique et une autre intitulée l’exercice de reprise : ces notices ont plutôt comme objectif de permettre au lecteur de s’approprier des éléments déjà abordés. Enfin, les notices les plus exigeantes, comme celle qui est consacrée à Foucault, celle qui aborde l’actualisation de la philosophie comme mode de vie ou celle qui s’intitule l’éthique aujourd’hui, se liront davantage comme des contributions à la discussion actuelle.

À distance de Charybde et Scylla

Cet ouvrage aborde les écoles à la manière d’attitudes possibles, c’est-à-dire comme des choix de vie autonomes et distincts. Étant donné le primat toujours consenti à la diversité et à la nécessité de laisser le lecteur philosopher par lui-même et s’approprier à sa guise les pratiques, il y a deux choses que l’on ne trouvera pas dans ce livre. On ne trouvera pas une critique des autres approches antique. Cela mérite une explication. D’abord, bien que la matière abordée puisse s’y prêter parfois, on ne trouvera pas une critique de la philosophie telle qu’elle est enseignée dans nos institutions. En effet, dans l’enseignement, nous n’insistons pas sur la manière de vivre mais sur ce qui est transférable, à savoir la connaissance philosophique. En revanche, on ne trouvera pas non plus une justification de la philosophie académique. Si nous évitons la discussion technique et érudite des doctrines et des concepts, c’est pour faire prévaloir la vie philosophique et les pratiques que l’on peut soi-même actualiser.

Ensuite, bien qu’une école philosophique pose toujours une question qui s’inscrit dans un contexte particulier et y réponde par une conception qui se voudrait une solution globale, nous ne trouverons pas dans les pages qu’on va lire une solution unique aux problèmes humains. J’ignore si une telle panacée existe et, si elle le pouvait, je doute qu’elle puisse guérir qui que ce soit. C’est pourquoi je ne disqualifierai aucune approche qui nous conviendrait moins, considérant, par exemple, que le spiritualisme est dépassé ou que le matérialisme répond mieux à notre époque. Dans ce livre, on ne choisit pas à la place de notre lecteur ; on se propose plutôt de présenter les écoles antiques sous leur meilleur jour afin de susciter une libre discussion sur leur pertinence et leur actualité. Cela dit, nous ne trouverons pas davantage le préjugé contraire selon lequel toutes les manières de vivre sont équivalentes et que tous les êtres humains sont, d’une manière ou d’une autre, un peu « philosophes ». Non, car l’élaboration d’une vie philosophique est une option exigeante qui, si elle ne peut convenir à tous, a pourtant le mérite d’être, par sa portée existentielle, matière à discussion par tous. Afin d’encourager le lecteur à élaborer son propre mode de vie, selon le bien qui lui semblera le plus digne d’être recherché, je l’inviterai surtout à se soucier de lui-même plutôt que de souscrire aux pistes d’actualisation proposées ici

La destination et le destinataire

Qu’est-ce qu’une vie examinée ? Peut-on en donner ici une première idée ? À côté de la vie ordinaire, de la routine quotidienne et des multiples contradictions de l’existence, il y aurait place pour un savoir-vivre fondamental, pour un souci de soi qui conduit à la prise de conscience de ce qui forme l’essentiel des préoccupations humaines. La vie examinée annonce une réconciliation avec soi- même, la possibilité de se pacifier afin de cohabiter avec les autres ainsi qu’avec la nature. C’est peut-être la raison profonde pour laquelle les philosophes grecs accordaient plus de valeur à la vie de l’âme qu’à la vie du corps, plus de soin à la vertu morale qu’à la réussite matérielle, bref plus d’intérêt à devenir eux-mêmes meilleurs qu’à chercher les avantages éphémères que procure la réussite sociale.

À qui s’adresse cet ouvrage ? Il s’agirait d’offrir à toute personne curieuse et intéressée par la philosophie des pistes de réflexion pour examiner sa vie. Il s’agirait de présenter, à qui veut vivre autrement, une introduction à la vie philosophique. enfin, la personne formée à la philosophie trouvera ici l’occasion d’approfondir plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de recherches érudites par Hadot, Foucault et Voelke. « Si la fortune lui est favorable », ce livre tombera entre les mains de personnes qui y trouveront un profit durable.

Encore un mot

Les réflexions que je présente au lecteur sont le fruit de différents cycles d’enseignement et de conférences publiques qui s’échelonnent sur une dizaine d’années. Je me propose de retracer brièvement ces étapes pour éclairer la démarche qui a été la mienne. Le matériau initial à la source de l’ouvrage, soit l’étude des écoles philosophiques, a été présenté pour une première fois lors de plusieurs cours offerts à la formation continue de l’Université Laval de l’automne 2002 à l’hiver 2006. Il a été approfondi et révisé à l’occasion de deux cours donnés aux étudiants de premier cycle à la Faculté de philosophie de l’Université Laval en 2006 et en 2007. Enfin, la troisième version de ce matériau fut l’objet de huit conférences publiques présentées aux Belles Soirées de l’Université de Montréal en 2013. Quant à mon travail sur Foucault, il a fait l’objet de conférences et de publications distinctes.

En terminant, j’aimerais exprimer ma profonde gratitude aux quelques personnes qui ont rendu ce livre possible ou qui en ont fait la première lecture. D’emblée, je suis redevable à Denise Leahy, ma conjointe, d’avoir suggéré qu’un premier texte soit établi à partir de conférences prononcées à Québec à l’automne 2011. Sans ses suggestions précieuses et son soutien indéfectible, cet ouvrage n’aurait probablement jamais vu le jour. Dans la même veine, j’aimerais remercier également Pierre-Alexandre Morneau-Caron qui a préparé, à partir d’enregistrements et de notes, la première version du texte qu’on va lire. Formé à la philosophie antique et ayant lui-même approfondi le rôle de l’exhortation dans le discours philosophique, je lui dois sans conteste l’intuition à la source du premier chapitre.

Si le milieu de l’enseignement favorise les rencontres, le destin de certaines d’entre elles se montre parfois favorable. C’est pourquoi il me faut remercier deux collègues qui ont bien voulu lire mon manuscrit afin de me faire parvenir des suggestions et des questions. En premier lieu, je dois au professeur de physique robert Bernier une lecture intégrale. Autodidacte et pragmatique, surtout soucieux de ne jamais laisser le discours se nourrir de croyances et d’illusions, bref mieux à même de comprendre mon projet que je l’aurais imaginé, robert Bernier m’a grandement aidé à améliorer la lisibilité de mon texte. Mais comme les ressources qui permettaient de confirmer mes hypothèses se trouvaient parfois à la porte voisine plutôt qu’à la bibliothèque, je tiens à remercier Alexandre Simard pour les échanges enrichissants que nous avons eus au cours de la dernière année. Professeur de philosophie, féru de culture antique, je lui dois de nombreuses références ainsi que d’innombrables hésitations. Quant à l’expression liminaire de l’éthique de la cohabitation que je propose ici, je la dois en partie aux discussions stimulantes que j’ai eues aux cours des dernières années avec le professeur Antoine Corriveau-Dussault.

Enfin, l’éditeur des Presses de l’Université Laval, André Baril, trouvera ici l’expression de ma reconnaissance pour son intérêt et sa collaboration. Partenaire enjoué de ce projet, premier lecteur du manuscrit et ami de la sagesse, je remercie André Baril d’avoir rendu ce livre possible, et ce même si la philosophie ne se trouve pas dans les livres !

© Les Presses de l’Université Laval 2019

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Avant-propos, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. XI-XVIII. Cet extrait est disponible sur le site web Presses de l’Université Laval.


REVUE DE PRESSE

Daniel Desroches, La philosophie comme mode de vie. Québec, Presses de l’Université Laval, 2014, 405 p.

La philosophie comme mode de vie : Une approche qui replace les philosophes au cœur de la cité

Philosophie comme mode de vie – L’Agora une agora, une encyclopédie, 13 septembre 2020

La philosophie comme manière de vivre – Olivier Michaud, Professeur en fondements de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Le Devoir, 9 janvier 2021

Quand Socrate et Voltaire se ramènent, Louis Cornellier, Le Devoir, 21 juin 2014

La vie en pandémie, un défi pour l’éthique personnelle, Radio Canada, 5 février 2021

La philosophie vivante, Ferland, Guy, Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC)

Questions de sens aujourd’hui par Daniel Desroches – Spiritualitésanté – Hôpital du Saint-Sacrement1er décembre 2016


AU SUJET DE L’AUTEUR

DANIEL DESROCHES

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Source : Daniel Desroches sur le site web du CÉGEP de Lévis.

Environnementaliste, conférencier et auteur, Daniel Desroches est titulaire d’un doctorat en philosophie. Comme conférencier, il a fait connaître la philosophie comme mode de vie avec un essai paru aux Presses de l’Université Laval. Comme environnementaliste de terrain, il a obtenu la conservation de deux boisés à Laval. Avec les Amis du Boisé Neilson, à Québec, la victoire citoyenne s’est traduite par l’intention de la Ville de faire du boisé un «parc nature». Source : Cégep de Lévis.


Recherche

Ma recherche prolonge des études en philosophie française contemporaine. En conclusion d’une thèse sur les limites du concept moderne de sujet, je retiens que la subjectivation chez Foucault prenait appui sur la description des pratiques philosophiques décrites par Hadot. Si l’analyse des pratiques conduit bien à une philosophie comme mode de vie, celle-ci doit, à l’heure de l’Anthropocène, répondre aux enjeux que pose la crise environnementale. Inspiré par Rachel Carson et l’écologie profonde de Naess, j’élabore une éthique de la cohabitation. Source : Cégep de Lévis.


Site web personnel de Daniel Desroches

Site web d’entreprise de Daniel Desroches (Les amis du boisé Neilson)

Page de Daniel Desroches sur LinkedIn


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

La philosophie comme mode de vie

Deuxième édition revue et corrigée

Daniel Desroches

Les Presses de l’Université Laval

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

(…) Loin de moi l’idée que les Grecs valaient mieux que nous ou que les progrès accomplis au cours de la modernité n’ont rien de positif, mais il me semble qu’une question essentielle ait peu à peu disparu de notre champ d’interrogation. Cette question est celle de l’art de vivre, celle de la juste manière de vivre, celle d’un mode d’être qui réaliserait un accord entre ce qui est et ce que nous sommes. Ce que les premiers philosophes illustraient par leur vie, c’est que l’élaboration d’un art de vivre est possible, et qu’un choix cohérent d’existence, loin d’être une option éthique parmi d’autres, demeure ce qui est le plus nécessaire au point de vue moral.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 1 – À la croisée des chemins, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 4.

La modernité a écarté la question de l’art de vivre ou, plutôt, elle l’a détournée au profit du progrès et de la croissance matérialismes. Aujourd’hui, on vit comme on vit, sans plus de questionnement. On juge toute prise de conscience comme source potentiel de déstabilisation. Seule compte la confiance en soi et peu importe les justifications invoquées. Aujourd’hui le mode de vie se soumet au règne de l’opinion ou du jugement. Il suffit de se donner raison ou de croire en nos opinions pour stabiliser la confiance en soi. Mais, depuis, peu on parle à tort et à travers de l’authenticité en témoignage d’un certain art de vivre.

L’idéal d’authenticité personnelle, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, est devenu l’un des piliers de nos sociétés libérales et démocratiques contemporaines, occidentales et non occidentales, comme en témoignent de nombreux phénomènes : le développement des « identités numériques » (Facebook, Twitter), le succès du « développement personnel » et du coaching sous toutes ses formes, l’importation en Occident de spiritualités orientales souvent mal comprises, car subordonnées à l’épanouissement individuel et au culte de la performance[1], la libération sexuelle, l’affirmation du droit à la différence, l’éclatement des structures traditionnelles du couple et de la famille, et peut-être même, plus près de nous, l’étiolement des structures politiques de l’État-nation — phénomènes très divers, assurément, mais qui ont en commun de placer au centre l’épanouissement de l’individu et la « réalisation de soi ». J’ai essayé de montrer dans Être soi-même[2] que ce qu’on peut appeler « les pensées de l’authenticité » (de Rousseau à Larmore en passant par Kierkegaard, Heidegger, Sartre, Taylor) ne représentent, sur le plan historique, que la partie émergée de l’iceberg des pensées de la vérité envers soi-même et d’une vérité qu’il s’agit de faire non en paroles mais « dans sa vie elle-même », comme l’écrit Aristote dans l’Éthique à Nicomaque[3]. Cette dernière question remonte en fait aux origines de la philosophie. C’est donc dans la longue durée que je me suis efforcé de réinscrire ces questions en retraçant les prémices de cet idéal typiquement moderne et les différentes formes qu’il a pu prendre, depuis la magnanimité antique, les théories rhétoriques et stylistiques du naturel, jusqu’à l’époque de l’authenticité qui s’ouvre avec Rousseau et le romantisme, et à laquelle nous appartenons encore.

NOTES

[1] Sur les usages occidentaux du bouddhisme, voir Marion Dapsance, Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? Une analyse sans concessions du bouddhisme à l’occidentale, Paris, Gallimard, « Folio essais », 2019.

[2] Cl. Romano, Être soi-même. Une autre histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2018.

[3] Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 13, 1127 a 23-26.

Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249ar

C’est l’art de vivre en personne dite authentique, non pas l’art de vivre authentique. « Elle est authentique, elle dit vrai » mentionnait un philosophe praticien à l’une des participantes à son atelier en ligne. Est-ce qu’être authentique (ou croire l’être) et dire vrai constitue un mode de vie philosophique ? Je ne crois pas. IL nous faut revenir à l’idée antique de la philosophie. Daniel Desroches écrit :

Pourquoi cette exhortation à la vie philosophique ? Peut-être parce que l’idéal antique a presque disparu de la signification du mot philosophie que nous employons aujourd’hui. en effet, la philosophie s’enseigne et s’apprend presque exclusivement dans les collèges et les universités, des institutions qui ont transformé la signification de la philosophie en mettant surtout l’accent sur sa dimension intellectuelle. Quoi qu’il en soit, la philosophie qui m’occupe depuis plusieurs années ne trouve pas sa source dans un discours savant, érudit ou spécialisé, mais plutôt dans des attitudes existentielles, des pratiques de vie et des genres d’existence. C’est ainsi que sous l’appellation de « philosophie comme mode de vie », que j’emprunterai d’abord au professeur Pierre Hadot, je proposerai d’approfondir les attitudes fondamentales expérimentées par les premiers philosophes face à l’existence. J’examinerai les options existentielles qui ont donné lieu aux six « écoles » suivantes : le socratisme, le cynisme, le scepticisme, l’épicurisme, le stoïcisme et la vie contemplative[7] . Conscient de la différence qui sépare notre programme des exigences propres au genre théorique, nous partirons de l’expérience elle-même pour étudier la philosophie, car, s’il faut le dire tout de suite, c’est à leur genre de vie que se sont reconnus les premiers qui, au VIe siècle avant notre ère, se sont appelés « philosophes ». Comme notre programme ne va pas sans questions, il est temps de préciser davantage notre route.

NOTE

[7] À strictement voir les choses, Socrate n’a pas fait école : il a exercé une influence considérable sur les socratiques qui sont à la source des principales écoles philosophiques. Par commodité, la vie contemplative chez Platon et Aristote, qui n’est pas une « école » mais un certain genre de vie partagé par les philosophes de l’Académie et du Lycée fera l’objet d’un seul chapitre.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 1 – À la croisée des chemins, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. 7-8.


(…) La philosophie antique était une conversion du regard qui visait à produire un changement radical dans la manière d’être et de percevoir le monde.

HADOT, Pierre

Cité par DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 2 – Aux origines de la philosophie, Notice – Exercices spirituels, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 84.


La maxime delphique « Connais-toi toi-même»

Résumons d’abord ce que nous avons appris de Hadot et de Arendt. Hadot a montré que le choix de vie socratique est orienté par l’amour du bien, par la valeur qu’il faut préférer et non par le simple savoir. Quant à Arendt, qui a analysé la duplicité de la conscience via le modèle dialogique, elle précise que l’exigence morale consiste à demeurer en accord avec soi afin de pouvoir cohabiter avec soi-même. Or si certains font le mal, « nul ne le fait volontairement », : car le mal est issu d’un conflit de valeurs qui dissimule toujours une certaine ignorance. Or de quelle ignorance s’agit-il ? Il s’agirait ici de l’ignorance la plus insondable : l’ignorance de soi. En effet, c’est elle qui nous place en contradiction malgré nos bonnes intentions, c’est elle qui se manifeste chez celui qui n’a pas examiné sa vie. Considérant les conséquences d’une telle insouciance, c’est ainsi que Socrate pouvait affirmer que seule une vie examinée vaut d’être vécue.

Cette ignorance de soi, nous l’appelons depuis un moment insouciance morale pour bien marquer le fait qu’elle vient d’une absence de soin, d’un refus du souci. Il faut se méfier de cette tendance, une attitude négligente que Socrate a reconnue chez les citoyens qu’il a interrogés. Car, il s’agit non seulement d’une ignorance méconnue, mais surtout d’une insouciance à l’égard du bien. C’est pourquoi il faudrait chercher à se connaître soi-même et prendre les moyens appropriés pour en savoir plus sur soi, c’est-à-dire clarifier ses valeurs avant qu’il ne soit trop tard. A chaque fois que Socrate discute des valeurs, veut trouver le « meilleur », sa recherche passe par la discussion des raisons, par l’examen rationnel des opinions, comme l’atteste le Criton[70]. Tout cela, afin de ne pas se trouver en désaccord avec soi-même en se contredisant. C’est ainsi que, pour Socrate, il n’y a qu’un seul mal véritable, c’est la faute morale qui relève de l’insouciance ou, le plus souvent, de l’indifférence à l’égard de soi. En somme, il faut plutôt examiner sa manière de vivre et s’assurer qu elle soit inspirée par la volonté de faire le bien[71].

[70] Platon, Criton, 46b.

[71] Hadot, QP, 65.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 3 – La figure remarquable de Socrate, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. 115-116.

Je suis d’accord avec Daniel Desroches au sujet de ses propos en référence à Hadot et à Arendt. J’adhère à l’affirmation de Socrate à l’effet que « seule une vie examinée vaut d’être vécue ».

Mais cette quête de la contradiction comme preuve du « désaccord avec soi-même »  doit, à mon humble avis, être actualisée. Dans le monde occidental, notre société n’en est pas à une contradiction près au point où cela nous paraît normal, acceptable. Nous relevons et dénonçons aisément les contradictions des Autres, notamment des personnalités politiques. On s’indigne, sans plus. Nous nous y sommes habitués. Alors, que nous nous contredisions nous-mêmes ne nous dérangent pas davantage qu’une promesse non tenue.

Que l’on souligne notre ignorance, nous répondrons que l’on ne peut pas tout savoir, que personne ne détient une connaissance parfaite de tout et de soi. Nous nous savons dans une ère de post-vérité (voir l’Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil, 2018 et l’Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité). Nous ne savons même plus où se trouve la vérité dans la mer de la désinformation.

Aujourd’hui, tout relève de la confiance en soi. Le doute n’est pas admissible. Nos opinions demeurent personnelles. Et « À chacun son opinion » dira-t-on.

Est-ce de l’insouciance, y compris une insouciance à l’égard du bien ? Est-ce de l’indifférence à l’égard de soi ? Peut-être mais ce n’est pas une catastrophe tant et aussi longtemps que les bases de la confiance en soi demeurent intactes. La confiance en soi n’est plus une affaire de logique mais plutôt une affaire d’émotivité, de perceptions positives de soi. Il faut maintenir le sentiment d’être bien avec soi sans forcément se pousser à examiner sa vie. Le sentiment d’être bien suffit à la tâche.

La population ne dispose pas des outils pour examiner sa vie, pour comprendre que seule une vie examinée vaut d’être vécue.

Pour discuter avec une personne des raisons de ses opinions et l’entraîner dans un examen rationnel de ces dernières, il ne faut pas la prendre de front, autrement tous ses mécanismes de défense conscients et inconscients entreront en action avec une grande virulence. Toutes ses réponses seront calculées pour donner à l’interlocuteur la meilleure image de soi. Et personne n’aime de faire repousser dans ses derniers retranchements sous la pression indue de questions dans un soit-disant dialogue, ce dialogue auquel la personne participe qu’en répondant à des questions, bref un dialogue socratique dogmatique.

Aujourd’hui, une actualisation de la démarche s’impose dans le contexte particulier de chaque culture au sein de chaque société où l’opinion, le jugement personnel, règne en roi et maître. À mon humble avis, il sera plus facile d’amener une personne à réfléchir sur la manière dont elle pense, sur son mode de penser, sur son système de penser, pour aller à la source même des opinions plutôt que de questionner une opinion donnée et la prendre en exemple jusqu’à la contradiction.

La discussion rationnelle était une pratique de la conversion à soi de l’âme, c’est-à-dire une prise de conscience de la réalité que constitue, pour elle-même, l’âme. La recherche de la vérité devra convertir l’âme de l’attrait du multiple vers l’unité. L’étude rationnelle devait permettre une conversion du regard pour voir, grâce à l’intelligence, ce qui ne change pas, ce qui est universel ou éternel. Cela dit, la conversion serait le passage d’une vie sensible, préoccupée par le multiple, par ce qui change, à une vie spirituelle qui consiste à élever l’âme jusqu’à la réalité véritable, l’intelligible, le savoir de l’universel dont l’origine est divine[25]. Gardons à l’esprit que la conversion est un retournement et un changement de direction[26].

[25] Platon, Phédon, 80a-b.

[26] Hadot, « Conversion », ES, 223-235, particulièrement 223 et 224-225.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 8 – La vie contemplative : Platon et Aristote, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 313.

La marche vers l’universel ne saurait pas être entreprise par l’examen d’une opinion particulière, individuelle. Quant à parler d’universel, partons de l’universel, de ce qu’il y a en moi d’universel.

Quant au « passage d’une vie sensible » à « une vie spirituelle » pour « élever l’âme jusqu’à la réalité véritable, l’intelligible, le savoir de l’universel », concentrons-nous dès le départ sur ce que je partage avec l’ensemble de l’humanité, plutôt que de me pousser à la contradiction.


L’ouvrage « La philosophie comme mode de vie » de Daniel Desroches chez Les Presses de l’Université Laval (deuxième édition revenue et corrigée) paru en 2019 se propose aux lecteurs comme une histoire de la philosophie et un outil de conversion à un mode de vie philosophique.

Daniel Déroches, titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en Philosophie (Université Laval), professeur de philosophie au Collège d’Enseignement Général et Professionnel de Lévis (Cégep) (Québec), nous offre un ouvrage monumental unique.

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J’accorde au livre La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée) de Daniel Desroches et paru en 2019 chez Les Presses de l’Université Laval 5 étoiles sur cinq. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

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