Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

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Article # 116

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut de recherches
philosophiques de Lyon (université Jean-Moulin-Lyon-III)

ISBN : 978-2-13-085449-4

Presses universitaires de France / Humensis

25 octobre 2023

Format : 15 x 21.3 cm

440 pages

EAN : 9782130854470

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

 * * *

Stéphane Madelrieux est professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3. Il est l’auteur de William James. L’attitude empiriste (Puf, 2008), de La Philosophie de John Dewey (Vrin, 2016) et plus récemment de Philosophie des expériences radicales (Seuil, 2022).

Source : Presses universitaires de France.


TABLE DES MATIÈRES

Introduction – Doctrine, méthode et attitude

Première partie – L’attitude pragmatiste

Chapitre 1 – Philosophie et tempérament

A Feast of Visions

A Storm of Moods

A Clash of Tempers

Chapitre 2 – À la recherche d’une méthode philosophique

Credo religieux ou méthode philosophique ?

Les dilemmes de la volonté de croire

L’attitude de l’enquêteur

La volonté de ne pas croire en Dieu

Chapitre 3 – L’esprit de la méthode pragmatique

Deux grandes orientations intellectuelles

Restriction de l’enquête

Catégorisation a priori de l’expérience

L’esprit de système

Pour un pragmatisme sans base

L’esprit anglais

Méthode pragmatiste et métaphysique de l’expérience

Chapitre 4 – Méthode scientifique et vertus morales

Pragmatisme et anti-autoritarisme

Une méthode sans identité

Une science sans unité

Des règles sans rigidité

Une méthode inutile ?

L’enquête scientifique et les vertus morales

Deuxième partie – L’esprit critique

Chapitre 5 – La critique sans critère

Philosophie critique et métaphilosophie pragmatiste

Une thérapie sans dissolution

Un dépassement sans dévoilement

Une contestation sans émancipation

Chapitre 6 – L’empirisme sans ontologie

L’expérience pure, un concept à purifier

Métaphysique des bébés

Une ontologie moniste ?

Marmelade cosmique et confusion philosophique

L’expérience pure comme méthode critique

Reconstruction naturaliste

Chapitre 7 – Le pluralisme sans dogme

De la vérité pragmatiste à la réalité pluraliste

Le philosophe au manteau d’Arlequin

Une variété de pluralismes

Expérience et différence

Chapitre 8 – La conversion sans la religion

Trois expériences de conversion

Renversement de perspective

Mysticisme et alcoolisme

La religion comme attitude

Déconversion théorique

Diversion pratique

Origine des chapitres

Bibliographie

Table des matières


Extrait

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web Les Presses Universitaires de France

Introduction

Doctrine, méthode et attitude

Nos actions peuvent être considérées sous trois aspects. Il y a d’abord le mouvement qu’elles accomplissent et les changements qu’elles effectuent dans le monde. Je joue aux échecs : je déplace manuellement une pièce sur un plateau. Toute action est un changement qui produit un changement, une différence faite qui fait une différence. Je lève mon bras, et ce geste fait une différence dans la situation. Je bouge mon cavalier, et une nouvelle configuration est produite dont mon adversaire devra tenir compte. Mais ces actions ne s’accomplissent pas au hasard, et les changements conséquents ne sont pas fortuits. Les différents gestes effectués sont coordonnés comme leur succession est organisée pour atteindre l’objectif visé. Les mouvements peuvent bien sûr être mal coordonnés et organisés, et dans ce cas l’action pourra échouer ; mais si l’action que j’entreprends vise bien à atteindre une fin désirée, on trouvera toujours à chaque instant une certaine coordination sensori-motrice comme une certaine organisation de la séquence temporelle de son déroulement. Je bouge le cavalier avec ma main, plutôt qu’avec mon pied ou ma bouche – même si cela serait possible –, et je suis également la règle de ses déplacements autorisés pour que le changement effectué soit reconnu par mon adversaire comme un coup valable pour le jeu. On peut regrouper sous le terme général « méthode » l’ensemble des manières dont nos mouvements volontaires sont organisés, régulés et dirigés pour atteindre une fin. Il faut prendre ici le terme dans le sens le plus large possible, qui va des manières régulières d’agir qui ont prouvé leur valeur par le passé, comme les habitudes, les coutumes ou les savoir-faire empiriques, jusqu’aux règles explicites, comme un algorithme avec des étapes bien distinctes, le règlement d’un jeu ou d’un sport, ou les lois d’un pays qui visent l’obtention de certaines conditions d’existence jugées désirables (la sécurité, la liberté, etc.). On pourrait voir l’ensemble de ces « méthodes » comme des manières de canaliser et de réguler les changements que nous accomplissons pour les rapprocher du but désiré, un peu comme le tracé des berges d’un canal permet d’orienter le mouvement spontané de l’eau de la rivière qui l’alimente dans une direction voulue. Les êtres humains, comme tous les autres animaux, n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à bouger : un nouveau-né agite spontanément ses bras et ses jambes. Mais l’apprentissage consiste à lui faire acquérir tout un ensemble de techniques, de procédés, de méthodes pour canaliser cette activité en organisant et régulant ses mouvements en fonction de buts jugés utiles, importants ou intéressants (apprendre à parler, à manger correctement à table, à jouer aux échecs).

Mais il y a un troisième aspect que l’on peut dégager de nos actions. Lorsque je joue du piano, mon buste est penché en avant, mes mains parcourent le clavier, mes doigts enfoncent les touches, mais pas sans ordre ni méthode comme on l’a vu – il a fallu de longues heures d’apprentissage pour arriver à produire les effets musicaux que je tire aujourd’hui de l’instrument. Seulement, on dit parfois que tel interprète joue « sans âme », un peu comme le ferait un piano mécanique dont les mouvements suivent un algorithme. On ne veut pas dire ici que « l’âme » serait quelque chose de séparé ou de séparable de l’action faite, et qui s’ajouterait ou non aux enchaînements mécaniques des doigts et des touches. On porte plutôt un jugement sur la manière dont cette action est menée, et sur l’effet global qui en résulte. Ce n’est pas que cette action manque de méthode : la coordination sensori-motrice est parfaite, et les notes sont enfoncées dans le bon ordre – on reconnaît sans problème la mélodie, exécutée sans faute. Ce qui est en cause, c’est la manière dont la méthode elle-même est suivie : il faudrait plus d’ardeur, ou plus d’élégance, plus de caractère en tout cas ; or le pianiste n’y est pas, et l’ensemble manque d’expressivité. Comme la méthode, ce troisième aspect de l’action relève de la manière d’accomplir un mouvement, mais il marque un degré supplémentaire de réflexivité. Si la méthode se comprend en rapport avec le mouvement qu’elle régule et organise, ce nouvel aspect se comprend en rapport à cette méthode elle-même et à la manière dont elle est employée et mise en œuvre. Les esprits étroits sont ainsi dits appliquer mécaniquement les règles de leur institution, comme s’il s’agissait de lois de la nature ne souffrant aucune exception, et tant pis pour les cas singuliers ou atypiques. Ces trois aspects ne sont pas des couches séparables d’une action finalisée, mais on peut les distinguer par ce degré de réflexivité, et la description de l’action peut se concentrer sur l’une ou l’autre de ces dimensions. Je porte du riz à ma bouche ; je le fais en formant une boulette avec mes doigts, ou en le saisissant avec des baguettes, ou en le soulevant avec une fourchette ; je manipule mon ustensile distraitement, sans guère prêter attention à ce que je mange, ou bien je peux le faire solennellement, comme pour mieux célébrer l’instant savoureux. Je déplace une pièce en bois sur un plateau (playing) ; je bouge le cavalier selon la règle de son déplacement (the game) ; je bouge la pièce dans un esprit ludique (the playfulness), ou bien avec tout le sérieux du monde, ce qui n’en fait plus tout à fait un jeu. Il s’agit bien d’une seule et même action, mais sous trois descriptions différentes, celle du changement pratique effectuée, celle de la forme de son effectuation, celle de l’attitude de l’agent qui l’effectue.

L’idée directrice que ce livre veut défendre et illustrer est que l’on peut analyser la philosophie de la même manière. Comme jouer au piano ou monter des meubles, la philosophie est une activité, et il n’y a pas de raison qu’elle soit un état d’exception par rapport aux autres actions humaines. C’est plus précisément une activité de réflexion, et qui produit certains résultats. Ces résultats peuvent être de nouvelles prises de position, de nouvelles thèses soutenues, de nouvelles argumentations qui les justifient, de nouveaux concepts qu’elles articulent, de nouvelles manières de juger certaines choses. Ces changements qu’un individu prétend apporter sur la manière dont il conviendrait de concevoir ou de juger tel ou tel point permettent de distinguer facilement un philosophe d’un autre. Platon pense qu’il faut chasser les poètes de la Cité. Wittgenstein pense que les règles diffèrent en nature des propositions factuelles. Locke soutient que l’âme n’est pas le principe de notre identité personnelle. Bergson défend l’idée que l’être humain est une espèce privilégiée dans l’évolution de la vie. Goodman défend celle que les œuvres d’art ont des fonctions cognitives. Ces philosophes ne se contentent pas d’énoncer de telles thèses, ils les explicitent, les illustrent, en donnent des raisons, en dégagent des présupposés, en déroulent des implications, préviennent des objections à leur encontre, les situent vis-à-vis de thèses concurrentes, etc., et l’ensemble que forment ces propositions constitue ce qu’on appelle communément leur « doctrine ». Pour le dire sommairement, une doctrine, c’est l’ensemble articulé des thèses d’un auteur, formulées dans son vocabulaire propre. Ces doctrines sont quelquefois identifiées par un terme en « -isme ». Elles peuvent s’appliquer non seulement à cet auteur mais également à celles et ceux qui le suivent plus ou moins fidèlement : le platonisme, le cartésianisme, le bergsonisme. De tels termes peuvent opérer des recoupements plus larges, qui permettent de distinguer de grandes positions philosophiques entre lesquelles les philosophes se partagent en fonction de la proximité de leurs thèses et de la manière dont ils comprennent certains concepts fondamentaux, même s’ils le font chacun à leur manière singulière : matérialisme et spiritualisme, réalisme et idéalisme, empirisme et rationalisme, déterminisme et indéterminisme, monisme, dualisme et pluralisme, etc. Ces positions générales, mais cela vaut pour chaque thèse affirmée et chaque nouveau concept introduit, sont comme des coups effectués par un philosophe dans l’espace philosophique : ce sont des propositions, au sens dynamique et non pas seulement linguistique du terme.

Ces doctrines sont néanmoins inséparables de méthodes que les philosophes utilisent, que ce soient des procédures de découverte permettant d’aboutir à ces résultats, des modes de justification visant à fournir des raisons de les accepter, des règles d’analyse pour éclairer les concepts mobilisés ou des règles de composition pour en proposer des nouveaux, des moyens d’organisation formelle et de systématisation de ces résultats, voire des procédés stylistiques ou de mise en page. L’ensemble de ces méthodes montre qu’une philosophie ne se compose pas seulement de résultats énonçables sous forme de thèses et d’éléments de doctrine, mais qu’elle propose de manière indissociable une certaine manière de conduire la réflexion permettant d’aboutir ou de rendre plus intelligible ces résultats. Les controverses philosophiques, pour peu qu’elles se développent dans tous leurs présupposés, ne portent jamais seulement sur le contenu de telle ou telle thèse, mais toujours également sur la manière même de faire de la philosophie, sur la conception qu’il faut avoir de la philosophie et de ses méthodes – comme le clivage de la philosophie continentale et de la philosophie analytique nous l’a montré tout au long du XXe siècle. C’est une caractéristique bien connue de la philosophie que chaque thèse philosophique implique toujours aussi des thèses métaphilosophiques dont l’explicitation demande un degré de réflexivité supplémentaire. Les grands philosophes ne proposent d’ailleurs pas seulement de nouvelles thèses ou de nouvelles manières de concevoir les choses qui bouleversent le paysage philosophique de leur époque en en redistribuant les lignes de partage ; ils proposent aussi de nouvelles méthodes, en cherchant à les imposer comme la manière supérieure de faire de la philosophie et d’aboutir à des résultats qui soient proprement philosophiques. Ils ne font pas qu’introduire de nouveaux coups dans le jeu ou de nouvelles ouvertures, en inventant une nouvelle manière de positionner les pièces les unes par rapport aux autres – à la manière de Bergson disant de Berkeley qu’il a proposé une combinaison inédite du nominalisme, de l’idéalisme, du spiritualisme et du théisme. Les grands philosophes sont en effet ceux qui parviennent à changer les règles mêmes du jeu, parce qu’ils ont compris qu’au grand jeu de la philosophie, le gagnant est celui qui arrive à imposer ses règles plutôt que ses thèses, en amenant ses interlocuteurs sur son propre terrain. Si l’on fait généralement commencer la philosophie avec Socrate, c’est précisément parce qu’avec la recherche de définition générale sur des termes difficiles (« beauté », « piété », etc.), conduite dans le cadre d’un dialogue, il lance un nouveau mode de réflexion, et l’absence de résultats de certains dialogues importe peu face à cette nouvelle manière d’interroger. Platon est un nom qu’on associe de manière privilégiée à une doctrine, celle des Idées « platoniciennes », mais Socrate est d’abord le nom d’une méthode, d’un moyen de faire accoucher de la vérité. Et si l’on fait parfois de Calliclès son adversaire le plus irréductible, c’est que celui-ci refuse d’entrer dans le jeu socratique, pas seulement en refusant de répondre à ses questions, mais en refusant le type même de question qui lui est posée. Les disciples orthodoxes d’un philosophe répètent généralement à la fois la doctrine et la méthode de leur maître, en se contentant d’en corriger çà et là quelques points secondaires et de systématiser davantage l’ensemble, mais les disciples hétérodoxes les plus inventifs savent retourner la nouvelle méthode contre sa doctrine. Ils font alors valoir le manque de systématicité dans l’application de la nouvelle méthode, comme si des vestiges des anciennes manières de penser se mêlaient encore aux percées accomplies. On songe au cas exemplaire des hégéliens de gauche, qui ont cherché à émanciper la dialectique comme méthode révolutionnaire proposée par Hegel du conservatisme religieux et politique de sa position idéaliste générale, pour mieux la retourner contre lui : « celui qui mettait l’accent sur le système de Hegel pouvait être passablement conservateur dans ces deux domaines ; celui qui, par contre, considérait la méthode dialectique comme l’essentiel, pouvait, tant en religion qu’en politique, appartenir à l’opposition la plus extrême[1] ». Les découpages chronologiques que nous effectuons en histoire de la philosophie suivent d’ailleurs bien plus souvent les ruptures méthodologiques que les nouvelles propositions doctrinales. Si l’on fait débuter la philosophie moderne à Descartes et à Bacon, ce n’est pas seulement pour les nouvelles conceptions de l’esprit ou de la nature qu’ils proposent, mais aussi et avant tout en raison de leur prétention à apporter de toutes nouvelles méthodes en philosophie, plus fécondes que celles utilisées au cours des siècles précédents, dans la mesure où elles comptent répercuter les innovations méthodologiques qui ont fait décoller les mathématiques et les sciences physiques modernes. Si Kant occupe dans cette histoire une place privilégiée, c’est encore parce qu’il a su reprendre ces théories modernes en faisant de l’enquête philosophique la recherche non pas des causes des phénomènes de connaissance ou des actions morales, mais de leurs conditions de possibilité telles qu’elles sont en droit : un nouveau type de question, d’analyse et d’argumentation (l’argumentation dite transcendantale) semble ouvrir une nouvelle page dans la philosophie moderne. Les grands courants contemporains, comme la philosophie analytique, la phénoménologie ou le pragmatisme, se sont tous d’abord présentés comme de nouvelles méthodes pour faire enfin de la philosophie une activité digne d’être poursuivie, plutôt que comme de nouvelles doctrines, de nouveaux « -ismes », même si ces méthodes étaient d’emblée liées à des thèses substantielles.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie. Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[2] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[3] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[4].

Si la thèse du primat de l’attitude est fortement exprimée par Hadot, il n’y a pas de raison de limiter cette conception à une période particulière ou à un type de philosophie particulier. Il n’y a pas de raison non plus de penser que seules ces attitudes sont réactualisables, comme si les doctrines et les méthodes ne l’étaient pas, et comme si, surtout, ces attitudes étaient invariables à travers le temps, formant une sorte d’essence de la philosophie authentique qui courrait plus ou moins souterrainement depuis les Grecs. Les dispositions, comme les doctrines et les méthodes, dépendent des contextes, et elles sont proposées et deviennent visibles à des moments précis de l’histoire : il y a une histoire possible des attitudes philosophiques, tout autant que des doctrines et des méthodes, même si elles sont sans doute plus persistantes. Rien ne dit d’ailleurs qu’on en ait déjà le compte complet, et les grands philosophes continuent de recommander de nouvelles dispositions, si ce n’est de nouvelles attitudes. Enfin, il n’y a pas à opposer doctrine théorique et attitude pratique comme deux pôles contraires. D’abord, il n’y a pas à restreindre l’idée d’attitude à l’éthique pratique ou aux engagements existentiels : une attitude envers ses propres croyances et ses propres thèses est tout aussi philosophiquement importante qu’une attitude envers ce qui nous arrive dans la vie, d’autant plus si l’on considère que les croyances sont des dispositions à l’action. Qu’on songe à l’esprit critique, attitude majeure de la philosophie moderne et notamment du siècle des Lumières et qu’on aurait de la peine à retrouver dans l’Antiquité. Non seulement ces attitudes philosophiques sont générales, ne se réduisant pas à une réaction particulière ou à une collection de réactions particulières, mais elles sont potentiellement susceptibles d’affecter l’ensemble de la vie intellectuelle et morale : elles animent et peuvent unifier l’ensemble de nos rapports à nos concepts, nos jugements, nos théories, mais aussi à nos valeurs, nos normes, nos critères, nos idéaux, et encore à nos habitudes, nos savoir-faire, nos coutumes et nos règles, nos institutions, nos organisations, etc., et ceci dans toutes les activités humaines (éducation, travail, science, religion, politique, art, commerce, etc.) et tous les modes d’association (famille, école, entreprise, gouvernement, club, église, etc.). Cette généralité même contribue à en faire des attitudes philosophiques, puisque la philosophie a depuis toujours revendiqué un certain rapport au tout et à l’ultime. Mais c’est une erreur de penser qu’il faille nécessairement substantiver ce tout et cet ultime sur le modèle des Grecs, et qu’une attitude n’est philosophique que si elle est prise envers le tout cosmique ou envers la mort comme point ultime devant déterminer tous les moments de la vie. Généralité, totalité, caractère ultime, sont d’abord des traits de l’attitude elle-même, et non pas de ce à quoi elle se rapporte. Il en va ici comme d’un tempérament psychologique (comme être optimiste ou dépressif) : il est général, il unifie la personnalité, il est utilisé comme explication finale d’un comportement. De même une attitude philosophique, qu’on dégage comme « l’esprit » d’une méthode ou d’une doctrine : elle est plus générale que la méthode et la doctrine, elle permet d’en unifier les différents aspects, elle leur donne leur sens le plus important et leur valeur finale.

S’il n’y a pas à opposer un pôle théorique et un pôle pratique, c’est précisément aussi parce que toute philosophie se présente d’emblée à la fois comme une doctrine, articulée dans des thèses, comme une méthode, formulée dans des règles, et comme une attitude, exhibée dans des dispositions intellectuelles et morales. Les trois dimensions sont inséparables, bien qu’elles soient distinguables et que l’on puisse argumenter en faveur d’un primat de la méthode sur la doctrine et de l’attitude sur la méthode. Du point de vue factuel, il y a une circularité inévitable entre les trois dimensions. Ce point a souvent été relevé au sujet des rapports entre doctrine et méthode. Certes, il est toujours possible, à partir d’une doctrine, d’en isoler la méthode et d’en expliciter formellement les règles en les énonçant dans leur plus grande généralité abstraite. Mais il ne faut jamais perdre de vue qu’il s’agit alors d’une abstraction, commandée soit par le désir de l’examiner, comme on démonte un moteur ou qu’on inspecte n’importe quel outil, afin d’en proposer des améliorations possibles, soit par l’objectif pédagogique de la communiquer ou de l’enseigner. Une méthode ne s’exerce pas dans le vide, et elle n’est pas susceptible d’être étudiée de manière totalement séparée de l’activité de recherche où elle est employée ni des résultats qu’elle produit : « c’est en action qu’il faut la considérer[5] ». Surtout, il est illusoire de penser qu’une méthode pourrait être parfaitement neutre, dénuée de tout présupposé, indépendante donc de toute thèse substantielle[6]. Dans l’énoncé même des règles sont mobilisés des concepts solidaires de la doctrine du philosophe, et l’idée qu’il se fait de la méthode, des objectifs qu’il lui donne, des obstacles majeurs qu’il se propose de surmonter grâce à elle, n’est pas totalement dissociable des engagements doctrinaux qu’il défend par ailleurs, sur la nature de la réalité, de l’esprit ou de la connaissance par exemple. Dès la première règle de Descartes, « ne recevoir aucune chose pour vraie, que je connusse évidemment être telle », il y a toute une théorie de la vérité, reposant sur l’évidence, qui y est impliquée, et l’on pourrait contester d’emblée cette méthode en raison des présupposés substantiels sur lesquels elle repose, avant même d’en examiner la mise en œuvre efficace. Présenter sa propre méthode comme étant la méthode d’une philosophie prenant enfin le bon départ ou parvenant enfin à réaliser son essence propre n’est précisément qu’un coup de plus dans le jeu philosophique, un coup visant à imposer ses règles comme les seules possibles – the only game in town. On peut toujours chercher à émanciper une méthode des engagements doctrinaux de son inventeur ou promoteur, mais cette émancipation, il faut justement la faire, elle n’est pas déjà donnée toute faite dans son œuvre. Elle implique des interventions critiques sur son œuvre qui modifieront non seulement sa doctrine, mais le sens et la valeur de la méthode qu’il a proposée, en la rendant susceptible de résultats différents et parfois même contraires. Réciproquement, en philosophie, une doctrine n’est pas, sauf abstraction, susceptible d’être présentée comme un résultat tout fait, détaché et clos sur lui-même, autosuffisant, indépendant de l’ensemble des moyens que le philosophe a mobilisés pour y parvenir, la justifier et l’exposer. En philosophie, la méthode n’est pas comme un échafaudage qu’on pourrait retirer une fois l’édifice construit. C’est plutôt la manière même dont le matériau de la doctrine a été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peut la retirer sans tout faire s’écrouler. Les berges de la rivière, bien que plus stables que le courant, sont sculptées et remodelées par le mouvement de l’eau, autant qu’elles en régulent et en orientent le cours. La doxographie, que personne ne confond avec la restitution authentique d’une philosophie, est précisément la tentative d’énoncer des thèses d’un auteur comme si elles étaient détachées de la manière et des moyens mis en œuvre pour les formuler : une collection d’opinions détachées entre elles comme de toute activité organisée de réflexion. Il n’est pas jusqu’aux procédés de style d’un philosophe, dans la mesure où ils sont réfléchis, qui n’adhèrent aux thèses qu’il propose, et leur paraphrase dans un langage différent, si elle est utile et importante du point de vue de la communication et de l’enseignement, et même nécessaire du point de vue de la critique, laisse toujours échapper quelque chose de sa pensée, comme lorsque l’on traduit ligne à ligne un poème en prose.

Les mêmes arguments s’appliquent a fortiori aux rapports de l’attitude avec la méthode et la doctrine. Il n’y a pas d’attitude qui vaille en soi et pour soi, indépendamment des règles dans lesquelles elle s’opérationnalise et des thèses qui l’incarnent et l’expriment dans un contexte historique donné, déterminé par les débats d’une époque. On n’est pas colérique si l’on ne se met jamais en colère dans aucune situation particulière. On pourra certes ne pas se mettre en colère dans telles ou telles circonstances particulières, mais on le fera quand même généralement. Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

Il en ressort une règle de lecture des philosophes, qu’on peut appeler la méthode de « l’ascension éthique ». Une doctrine vaut certes par les thèses qu’elle articule, et par rapport aux autres doctrines dans l’espace des positions philosophiques. Mais elle peut être lue à un autre niveau, comme illustrant et incarnant des méthodes de penser. Il s’agit non pas de sauter purement et simplement du niveau de la doctrine à celui de la méthode, comme s’il s’agissait de plans séparés, mais de comprendre cette doctrine même du point de vue méthodologique, en montrant qu’au-delà du sens immédiat qu’elle possède en tant que doctrine reliée ou opposée à d’autres doctrines, elle exhibe et promeut une certaine manière de faire de la philosophie. Il s’agit moins de passer de la doctrine à la méthode comme si la méthode était extérieure à la doctrine que de transposer l’ensemble de la doctrine dans une clef méthodologique. De ce point de vue, les thèses défendues sont à présent comprises comme des règles à recommander pour bien penser en philosophie. Les concepts proposés sont à leur tour compris non dans leur sens substantiel, mais dans un sens opératoire – comme des instruments d’analyse et de direction de la réflexion, attirant l’attention sur les aspects les plus importants des phénomènes étudiés. Un bon exemple de cette ascension méthodologique est la lecture que Deleuze donne de Bergson dans le premier chapitre de son commentaire[7]. Du point de vue doctrinal, la durée chez Bergson est un concept métaphysique qui entend faire référence à un trait constitutif de la réalité. Sa thèse est qu’on ne peut éliminer la durée d’une réalité quelconque sans faire disparaître cette réalité même : ce qui en reste, si on le fait, n’en est plus qu’une représentation symbolique, qui peut avoir son utilité pratique mais qui n’est pas vraie. Deleuze fait valoir dans sa lecture qu’il faut d’abord entendre cette thèse comme une règle générale de méthode philosophique. Ce que Bergson propose, c’est de considérer toute chose du point de vue de la durée. En ce sens, la durée est moins l’objet privilégié de la philosophie, qui devrait se substituer aux objets philosophiques traditionnels tels que la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs, que la méthode permettant d’étudier tous les autres objets, que ce soit la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs – mais aussi le rapport du corps à l’esprit, l’évolution des espèces, le rire ou les œuvres d’art. Tous ces objets doivent être compris et définis en termes temporels, ou bien l’on n’en aura que des représentations symboliques. Il s’agit d’un « tournant temporaliste » en philosophie, qui doit affecter la manière d’ensemble de poser et de résoudre les problèmes philosophiques. Dans le même sens, comme l’a bien souligné Richard Rorty, le « tournant linguistique » n’a pas consisté (seulement) à prendre le langage propositionnel comme objet privilégié de l’analyse philosophique en lieu et place des états mentaux, mais aussi et surtout à considérer que « les problèmes philosophiques sont des problèmes qui peuvent être résolus (ou dissous) soit en réformant le langage, soit en comprenant mieux le langage que nous utilisons quotidiennement[8] ». C’est un tournant méthodologique encore plus que doctrinal : toute la philosophie ne se réduit pas à la « philosophie du langage », mais elle devrait tout entière prendre la forme d’une « philosophie linguistique », où le langage est considéré comme l’outil d’analyse des problèmes philosophiques en général[9].

Cette ascension méthodologique peut se poursuivre jusqu’au niveau éthique, en entendant par là celui des grandes attitudes et dispositions intellectuelles et morales. Car si les méthodes, à leur tour, valent par rapport aux résultats doctrinaux qu’elles produisent comme par rapport aux autres méthodes philosophiques auxquelles elles entendent se substituer, elles peuvent être comprises au niveau des grandes dispositions qu’elles permettent d’opérationnaliser et dont elles incarnent l’esprit dans la lettre de leurs règles. Si l’on distingue la lettre et l’esprit d’une règle, c’est que l’énoncé d’une règle n’indique pas en lui-même l’esprit dans lequel il convient de l’appliquer : on peut toujours appliquer une règle dans un esprit contraire à celui dans lequel elle avait été originellement énoncée. Mais cet esprit est précisément ce qui donne son sens à la règle dans la manière dont on l’utilise dans un cas particulier, et c’est lui qui fournit un modèle d’interprétation pour les applications suivantes. C’est aussi lui qui permet, au besoin, de corriger la lettre de la règle si l’on s’aperçoit qu’elle est systématiquement utilisée à l’encontre de l’esprit qu’on aurait voulu promouvoir lorsqu’on l’a énoncée. En ce qui concerne la philosophie, et comme pour le rapport entre doctrine et méthode, il ne s’agit pas de sauter purement et simplement d’un plan à l’autre, mais de comprendre une doctrine (et une méthode) du point de vue de l’esprit qu’elle incarne, exhibe et promeut – de retrouver l’esprit qui l’anime, et qui permet si besoin de la corriger en étant plus fidèle à cet esprit que les thèses (ou les règles), telles qu’elles sont énoncées à un moment historique donné, ne le manifestent. Le rationalisme par exemple est classiquement défini comme la doctrine selon laquelle toute connaissance véritable est fondée sur des principes universels et nécessaires, qu’on ne peut dériver de l’expérience, mais qu’on tire seulement de la raison, et en ce sens, il s’oppose à la théorie empiriste. Derrière cette doctrine, qui connaît d’ailleurs de nombreuses variantes et évolutions, on peut retrouver l’exigence d’une méthode plus permanente. Le rationalisme peut et doit s’entendre aussi et même d’abord comme la promotion de la méthode de la démonstration rationnelle, qui part de prémisses considérées comme simples et évidentes, pour produire, par des étapes contrôlées et rigoureusement enchaînées, des vérités certaines. C’est en fait plus généralement la promotion d’un ensemble de techniques de mise en ordre de la pluralité des idées et des choses (d’une multiplicité quelconque de termes), qui puisse faire saisir leurs relations intelligibles réelles par-delà leurs relations empiriques de coexistence et de succession comme leurs relations de ressemblances et de différences sensibles. Les jardins zoologiques classiques sont des espaces rationnellement organisés, car leur architecture spatiale tend à reproduire la classification rationnelle du vivant, en regroupant dans une même zone les animaux qui sont proches du point de vue anatomique – tous les félins par exemple –, alors même qu’ils peuvent ne jamais se côtoyer dans leurs milieux empiriques – comme le jaguar d’Amazonie et le tigre d’Asie. Au nom de cette méthode, on peut critiquer des éléments de doctrine qui semblent en gêner la pleine application : il n’y a par exemple aucune nécessité à définir la raison comme la faculté des « idées innées » pour justifier une telle technique de mise en ordre, et le rationalisme pourra dépasser ce stade « cartésien » sans perdre de sa force méthodologique. Les techniques de mise en ordre d’une multiplicité empirique quelconque ont en effet rapidement débordé les présupposés du rationalisme doctrinal de Descartes qui limitait la méthode à des chaînes unilinéaires de raisons suspendue à des « natures simples ». Notamment le mode d’arrangement tabulaire, qui croise lignes et colonnes en une série de séries, et dont le tableau de Mendeleiev sera vu comme l’une des grandes réussites, marquera durablement un rationalisme plus complexe, des combinatoires leibniziennes aux diagrammes structuralistes.

Mais l’on peut reconduire encore la doctrine et la méthode au rationalisme comme attitude. Si l’on peut en effet corriger une technique rationnelle donnée au nom même du rationalisme, d’un rationalisme mieux compris et plus radical, c’est que celui-ci ne se confond pas purement et simplement avec un ensemble de méthodes. À la raison entendue comme faculté de connaissance des principes et comme ensemble d’instruments de mise en ordre s’ajoute la raison comme attitude générale de l’esprit. Ce qui importe en effet pour un rationaliste, c’est d’être rationnel dans sa pensée et sa conduite, et les méthodes ne sont là que pour aider l’esprit à le devenir en acquérant les bonnes habitudes de penser. Sur ce plan, le rationalisme est d’ailleurs plus facile à saisir par les attitudes qu’il rejette. C’est ainsi que Gilles-Gaston Granger l’oppose au mysticisme, au romantisme et à l’existentialisme considérés non comme des doctrines, mais bien comme des « attitudes négatives », « des modes de pensée et d’action qui, pour être moins systématiques que les doctrines des différents philosophes, n’en sont pas moins doués d’une existence et d’une consistance historique probablement plus prégnante »[10]. Ce qui définit l’attitude rationnelle, c’est en effet une foi dans la puissance de l’esprit à pouvoir pénétrer dans l’ordre véritable des choses, qui ne serait jamais donné immédiatement. Son premier adversaire est l’esprit pré-rationnel, qui fait naïvement confiance à l’ordre apparent des choses – ordre qui n’est pourtant dû qu’au hasard, aux coïncidences non réfléchies, à la tradition, aux conventions –, et qu’il n’accepte pour clair et évident que parce qu’il y est accoutumé. Mais son adversaire le plus frontal, son ennemi intime, est le mode de pensée irrationnel, qui est disposé à croire qu’il existe quelque chose de plus profond et d’inanalysable qui résistera toujours à nos techniques de mise en ordre rationnelle. Une telle attitude dispose à croire aux miracles exceptionnels qui échappent à l’ordre de la nature ou aux mystères insondables qui défient toute entreprise de compréhension rationnelle. Elle dispose à invoquer comme des principes supérieurs d’explication et de direction morale des forces naturelles ou humaines plus profondes que tout ordre précairement imposé par la raison, comme l’élan de la Vie qui déborde toutes les catégories ou la violence des passions qui dépasse toute mesure. Le rationalisme est en ce sens critique de l’expérience sensible, de l’imagination, des coutumes sociales, des savoir-faire empiriques, comme modes de pensée et de conduite infra-rationnels (empiriques) et en attente de rationalisation. De ce point de vue, il se veut révolutionnaire : il veut tout reprendre à partir de principes d’organisation censés découler de l’ordre même des choses, plutôt que de l’expérience et de la tradition. Mais il est encore plus critique des révélations de la foi, de l’expérience mystique, de l’intuition ou de l’émotion métaphysique comme supposés modes supra-rationnels (mystiques, romantiques ou existentialistes) d’accès au véritable sens des choses sous l’ordre de surface de la raison humaine. Et de ce point de vue, il est de tempérament classique et manifeste une tendance conservatrice, dont le danger propre est de convertir la recherche d’ordre en défense d’un ordre spécifique établi[11].

Il ne s’agit ici que d’une esquisse d’ascension éthique, pour attirer l’attention sur les rapports entre doctrine, méthode et attitude. L’ascension éthique ne consiste pas à dire que telle position philosophique renvoie à une attitude plutôt qu’à une doctrine, car les deux sont indissociables. Mais qu’il faut la comprendre d’abord comme une attitude, avant de la comprendre comme une méthode et une doctrine, qui en constituent des sens dérivés, bien qu’indispensables. Si l’on pouvait émanciper la formule kantienne de ses connotations dualistes, on pourrait dire que l’attitude est vide sans règles de méthode qui canalisent et opérationalisent ses dispositions et sans thèses doctrinales qui lui donnent voies d’expression et points d’application dans un espace de positions déterminé ; et que doctrines et méthodes sont aveugles sans attitude pour indiquer l’orientation générale de la réflexion ou sa ligne directrice. Les résultats méthodologiques et doctrinaux obtenus constituent des preuves spécifiques de l’intérêt et de l’importance d’une attitude philosophique, quand cette attitude fournit la raison la plus générale de les adopter – pas seulement au sens où l’attitude permettrait de rendre compte de telle méthode ou doctrine, mais au sens où la fréquentation de telle méthode ou doctrine doit permettre de développer des dispositions intellectuelles et morales qui paraissent les meilleures, celles qui permettent de faire le plus progresser la réflexion. L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Leurs changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telles attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. C’est pourquoi, lorsqu’une telle transformation se produit, elle prend souvent la forme d’une sorte de conversion, qui donne l’impression que l’ensemble des convictions et méthodes d’un philosophe bascule tout d’un coup – comme un changement de l’ensemble de la personnalité, plutôt que de telle ou telle thèse ou règle particulière, aussi cruciales soient-elles.

Les positions en « -isme » constituent un terrain de choix pour une telle lecture éthique de la philosophie. Il a déjà été proposé de dépasser les impasses de la controverse entre réalisme et antiréalisme en la reprenant du point de vue des attitudes adoptées envers la science, plutôt que du point de vue des positions doctrinales défendues[12]. Bas C. Van Fraassen, renvoyant d’ailleurs à Crasnow, et à partir du cas privilégié de l’empirisme, a cherché à montrer

qu’une position philosophique peut consister en quelque chose d’autre qu’une croyance au sujet du monde […] [elle] peut consister en une posture [stance] (une attitude, un engagement, une approche, ou un assemblage de telles choses, qui pourrait également inclure des attitudes propositionnelles comme des croyances). Une telle posture peut bien sûr être exprimée, et elle peut également impliquer ou présupposer des croyances, mais elle ne peut pas purement et simplement équivaloir au fait d’avoir des croyances ou de faire des assertions au sujet de ce qui est[13].

Il en vient alors à défendre l’idée que « l’empirisme est une posture plutôt qu’une thèse factuelle ou une théorie[14] » – comme le fait de croire que toute proposition au sujet du monde dérive de l’expérience. Sur son exemple, Daniel Andler a plus récemment proposé de « renonc[er] à considérer le naturalisme comme une thèse au profit d’une autre modalité », et de retrouver « l’esprit du naturalisme » en en faisant précisément une « attitude » ou un « parti » à prendre et à développer dans des programmes de recherche spécifiques[15]. Mon exemple privilégié sera ici le pragmatisme. Plus encore que le réalisme, l’empirisme ou le naturalisme, je crois qu’il peut constituer un modèle pour penser la philosophie comme attitude.

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

La première est que les pragmatistes ont distingué, de manière explicite et relativement détaillée, les trois niveaux et qu’ils ont eux-mêmes identifié le pragmatisme d’abord et avant tout à une attitude. Charles S. Peirce a défini le pragmatisme non comme une doctrine métaphysique mais comme une simple méthode de logique pour rendre les idées claires : la signification d’un concept réside selon lui dans « les habitudes générales de conduite que la croyance en la vérité du concept […] développerait de manière raisonnable[18] ». En conséquence, « l’explication la plus parfaite d’un concept susceptible d’être transmise par des mots consiste dans la description de l’habitude que ce concept est destiné à produire[19] ». Il concevait cette méthode comme la transposition dans le champ philosophique de celle qui a fait le succès des sciences modernes, dans la mesure où les scientifiques, contrairement à celles et ceux dont la culture est essentiellement livresque, pensent toute chose en termes d’expérimentation possible, c’est-à-dire de conduite rationnellement contrôlée. Or Peirce voyait précisément dans la science non pas seulement un système de vérités (premier niveau) ni même une méthode spécifique pour parvenir à la vérité (deuxième niveau), mais d’abord et avant tout une certaine attitude générale – la manière expérimentale de penser, la tournure d’esprit expérimentaliste – et même un mode de vie. La philosophie ne pourrait que progresser, selon lui, si les philosophes adoptaient une même tournure d’esprit pour les problèmes qui les occupent. On trouve généralement à l’entrée « pragmatisme » des dictionnaires la référence à la théorie de la vérité de James. Mais pour James, comme pour Peirce, le pragmatisme désigne avant tout non une doctrine mais une méthode, qui fournit non seulement un test pour clarifier la signification des concepts abstraits, mais un moyen pour résoudre les disputes philosophiques qui semblent interminables. Or cette méthode, il la réfère à son tour à une attitude plus générale :

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

C’est la raison pour laquelle il dédia son Pragmatism (1907) à la mémoire du philosophe empiriste britannique John Stuart Mill « qui, le premier, m’enseigna l’ouverture d’esprit pragmatique », et qu’il lui donna comme sous-titre : « un nouveau nom pour une ancienne manière de penser [way of thinking] ». De cette formule, on souligne souvent les marqueurs temporels, mais l’idée d’une manière générale de penser, qui marque une continuité entre l’empirisme britannique et le pragmatisme américain par-delà les ruptures doctrinales et les infléchissements méthodologiques, est en réalité plus déterminante pour comprendre la philosophie de James. John Dewey a critiqué à son époque l’enseignement des sciences à l’école, dans la mesure où il n’était présenté que des résultats sous la forme d’un ensemble d’informations à apprendre dans un manuel. S’il a fait campagne pour introduire des laboratoires dans les écoles, c’était pour que les élèves apprennent la science en la faisant, c’est-à-dire en comprenant de quelle manière ces résultats sont produits, selon quelle méthode et avec quels instruments. Il s’est même présenté comme un philosophe de la méthode, cherchant à transposer la méthode scientifique dans la résolution des problèmes humains et des conflits de valeurs. On ne peut savoir à l’avance quelle sera la solution à ces problèmes, mais on a selon lui de bonnes raisons de savoir à l’avance que la meilleure méthode pour les résoudre sera une méthode d’intelligence collective en action, comme l’est la méthode expérimentale des scientifiques. Or le projet même de cette transposition indique que l’on puisse décoller une attitude scientifique plus générale des méthodes particulières que les scientifiques utilisent dans leur laboratoire. C’est, au-delà des procédures particulières des méthodes scientifiques, cette attitude d’enquête que Dewey souhaitait faire acquérir aux élèves et dont il défendait l’adoption pour résoudre les conflits humains : lorsque la science dénote non pas seulement un compte rendu de faits particuliers découverts au sujet du monde mais une attitude générale envers lui – par contraste avec des choses spécifiques à faire –, alors elle devient philosophie. Car une disposition sous-jacente représente une attitude, non pas envers telle ou telle chose, ni même envers une collection de choses connues, mais envers les considérations qui gouvernent la conduite [Dewey, DE, LW9, p. 334].

Du point de vue même de ses premiers propagateurs, ce serait donc une erreur de rabattre le pragmatisme comme philosophie sur le seul plan de la méthode (serait-ce la méthode pour rendre les idées claires ou la méthode de l’enquête) ou de la doctrine (serait-ce la théorie de la vérité ou de l’expérience)[21].

La deuxième raison qui fait du pragmatisme un modèle privilégié est l’image globale de l’histoire et des progrès de la pensée qu’on y trouve. Peirce a distingué quatre grandes méthodes pour fixer les croyances, mais en réalité il en oppose une, la méthode scientifique, aux trois autres (méthode de ténacité, méthode d’autorité, méthode a priori). Du point de vue des attitudes, l’histoire de la philosophie oscille en effet entre l’attitude du scientifique, prêt à renverser toutes ses théories si l’expérience le demande, et l’attitude de celles et ceux qui s’accrochent à leurs croyances et ne raisonnent que pour les défendre coûte que coûte. James a affirmé que l’on peut voir toute l’histoire de la philosophie comme celle du conflit entre deux grands tempéraments philosophiques, les « tender-minded » (les délicats) qu’il qualifie de « rationalistes », et les « tought-minded » (les coriaces) qu’il identifie aux « empiristes ». Les premiers aiment les grands principes et tendent à être dogmatiques, quand les seconds préfèrent les petits faits et sont enclins à être critiques. On pourrait écrire l’histoire de la philosophie en rangeant chaque philosophe dans l’une ou l’autre colonne, selon l’inclination dominante de sa pensée, et en montrant comment chaque avancée doctrinale ou méthodologique de l’une des tendances appelle des réactions et des modifications de l’autre pour en défendre et en réactualiser l’attitude générale. L’ensemble de l’œuvre de Dewey est structuré par l’opposition entre une ancienne et une nouvelle manière de penser, dont il analyse les formes générales à travers tous les champs philosophiques et dont il dégage les facteurs historiques, tant sociaux que scientifiques. S’il fait de la révolution scientifique des XVIe et XVIIe siècles un tournant dans l’histoire de la culture, c’est qu’elle commence à introduire un nouvel esprit d’enquête à l’opposé de cette manière dualiste de penser qui répond à une quête de certitude absolue. À leur suite, Rorty voit dans la culture et la pensée l’histoire d’une lutte entre des tendances pour et des tendances contre la recherche de fondements intemporels pouvant servir de sources non-humaines d’autorité à nos manières de vivre et de penser. Il se dégage donc de l’œuvre de ces pragmatistes une image globale de l’histoire de la philosophie, sinon de la culture, qui en localise la détermination la plus importante dans le conflit entre deux grandes attitudes, l’attitude faillibiliste, expérimentale et antidogmatique d’une part, qui prépare les individus à critiquer et reconstruire toutes leurs croyances et leurs valeurs lorsque c’est nécessaire, et d’autre part l’attitude fondationnaliste, absolutiste, dogmatique, qui exprime le besoin des individus de chercher la certitude et de se référer à l’autorité de principes ultimes et de critères définitifs. La philosophie, au sens normatif du terme, y est d’ailleurs identifiée à la première de ces attitudes, qui, dans l’histoire, est en réalité toujours seconde et doit être conquise en surmontant la première, qui représente une inclination plus naturelle de la pensée. Ce conflit se joue à l’échelle des individus tout autant que de l’histoire collective. Il est ainsi possible de lire l’œuvre d’un philosophe comme étant encore en transition, partagée selon des proportions variables entre l’ancienne et la nouvelle manière de penser. Cette tension n’épargne pas les pragmatistes eux-mêmes, si bien que leurs successeurs et héritiers peuvent chercher à expurger de leurs œuvres les vestiges de modes de pensée pré-pragmatistes au nom d’une fidélité supérieure à l’attitude même qu’ils ont cherché à promouvoir. Cette tension est également à l’œuvre en chacun d’entre nous, et si la philosophie, pour les pragmatistes, a une vocation éthique et éducative fondamentale, c’est qu’elle doit nous inciter à former les bonnes dispositions à penser, et pas seulement à nous informer sur les traits constituants de la réalité, la nature de la connaissance ou les principes fondamentaux de la démocratie.

La troisième raison générale est que les pragmatistes ont réalisé eux-mêmes un certain nombre d’ascensions éthiques qui ont ouvert la voie d’une telle stratégie de compréhension des conceptions philosophiques. Ils l’ont fait, nous l’avons noté, pour le terme même « pragmatisme », terme en « -isme » à qui il convient d’appliquer sa propre médecine. Une telle caractérisation éthique du pragmatisme est fidèle au pragmatisme lui-même puisqu’elle permet de le comprendre pragmatiquement : identifié à une attitude ou à un caractère comme complexe de dispositions, plutôt qu’à un système de thèses ou un ensemble de méthodes, le pragmatisme comme conception philosophique se voit ainsi défini en termes de résultats pratiques et d’habitudes d’action. Il en va de même pour tous les autres termes dont on se sert communément pour préciser la position pragmatiste, et dont la plupart ont fait l’objet, de la part des pragmatistes historiques, d’une lecture méthodologique ou éthique : « faillibilisme », « expérimentalisme », « empirisme », « pluralisme », « naturalisme », « méliorisme », « antifondationnalisme », « antireprésentationalisme », « antiscepticisme », etc. Cette stratégie de lecture permet de retrouver le sens pragmatiste de ces conceptions dont le succès a parfois amoindri le tranchant. Par exemple, le faillibilisme, dont le terme est inventé par Peirce, est défini aujourd’hui dans les dictionnaires philosophiques par la thèse suivant laquelle il n’est pas de croyance si justifiée qui ne puisse être fausse. Or le faillibilisme énonce moins une thèse sur une propriété curieuse de nos croyances qu’il ne désigne une attitude à recommander vis-à-vis de l’ensemble de nos croyances. Il se formule sous la forme de préceptes tels que « ne te repose jamais dans tes croyances établies », « ne les érige pas en dogmes absolus », « cherche constamment à les améliorer », « ne bloque pas la voie de l’enquête ». Le rapport entre le faillibilisme et le reste des croyances n’est ainsi pas un lien d’une croyance particulière (sur nos croyances) aux autres croyances. Il renvoie à une manière de croire, plutôt qu’à une croyance particulière énonçable sous la forme d’une thèse séparée. Sa valeur tient dans les effets qu’une telle disposition vis-à-vis de ses propres croyances produit, en ce qu’elle est la condition de la critique et de la reconstruction de toutes nos croyances. C’est donc en faisant du faillibilisme une attitude et non simplement une doctrine (même si elle est inséparable de certaines conceptions substantielles, par exemple sur la nature des croyances) qu’on retrouvera le sens pragmatiste du faillibilisme, en même temps que sa dimension éthique. Enfin, tous les concepts majeurs des pragmatistes ont fait l’objet de la part des pragmatistes, ou sont susceptibles de faire l’objet, d’une telle ascension méthodologique et éthique. On l’a déjà aperçu pour le concept pragmatiste de « science ». On en approfondira plusieurs autres exemples, à titre de modèles, dans les chapitres qui suivent, au sujet de la « volonté de croire », de l’« enquête » ou de l’« expérience pure ».

La dernière raison est que les pragmatistes n’ont pas seulement conçu la philosophie comme attitude, mais qu’ils ont également élaboré une riche philosophie des attitudes. Leur participation à l’essor de la nouvelle psychologie scientifique, dans ses aspects aussi bien biologiques que sociaux, les a conduits à mobiliser largement un vocabulaire éthologique ou comportementaliste : tempérament, caractère, disposition, habitude, geste, rôle et attitude sociale, vertu. Leur perspective naturaliste singulière – anti-dualiste et anti-réductioniste – les a par ailleurs amenés à favoriser le champ lexical de la modalité (une nature unique, mais diversement modulée) : manière d’agir et de penser, mode de vie, modification, adverbe de manière, ways, méthode, moyen. Ces deux aspects sont particulièrement développés chez Dewey. Partant d’un monde d’interactions, il entend rendre compte de toute chose, y compris des différents aspects de l’expérience humaine, en fonction des modes particuliers d’interactions qui les constituent. L’instinct, l’habitude et l’intelligence sont des modes spécifiques d’interaction avec l’environnement naturel et social. L’esprit en général est une certaine manière de se conduire (la manière intelligente), et non une substance séparée du corps ou de l’environnement. Le moi est un complexe d’habitudes en reconstruction continue. Les croyances sont des dispositions générales à agir. Les concepts sont des manières générales de se comporter vis-à-vis des faits particuliers. La science est une certaine manière de conduire sa pensée. L’éducation est le processus contrôlé de formation des dispositions, l’école n’étant qu’une des formes que ce contrôle peut prendre. La démocratie est un certain mode de vie associée, avant d’être un ensemble d’institutions. La religion est une certaine attitude envers le tout de la vie, avant d’être un ensemble de doctrines et d’organisations[22]. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la philosophie elle-même, considérée à son tour comme une activité, se voie définie par les grandes attitudes qu’elle exhibe et promeut. Si l’on considère que les croyances sont des habitudes d’action, alors les dispositions pragmatistes sont des habitudes au second degré. Ce sont les habitudes de la pensée réfléchie[23].

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

____________

NOTES

[1] Engels, 1974, p. 19-20.

[2] Hadot, 2001, p. 177.

[3] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[4] Hadot, 1995, p. 379-407.

[5] Comte, 1996, p. 74.

[6] Rorty, LT, p. 1-15.

[7] Deleuze, 1966, p. 1-28.

[8] Rorty, LT, p. 4.

[9] Marconi, 1997, p. 13-16.

[10] Granger, 1955, p. 24.

[11] Karl Popper définit aussi son rationalisme critique comme une attitude générale de l’esprit plutôt qu’en fonction de doctrines particulières (l’attitude d’être disposé à écouter les arguments critiques et à apprendre de l’expérience, Popper, 1994, p. XII-XIII – voir sur ce point Bouveresse, 1984, p. 78-79), mais il caractérise en fait ici l’attitude critique dans son opposition à l’attitude dogmatique, plutôt que l’attitude rationaliste dans son opposition à l’attitude empiriste (on verra tout au long de ce livre que l’empirisme a prétendu depuis le début à incarner de manière plus consistante l’attitude antidogmatique).

[12] Fine, 1984 et surtout Crasnow, 2000.

[13] Van Fraassen, 2002, p. 47-48.

[14] Van Fraassen, 2002, p. 49.

[15] Andler, 2016, p. 93-94.

[16] Madelrieux, 2008.

[17] Van Fraassen en reconnaît la priorité pour la caractérisation de l’empirisme comme attitude (2002, p. 213) et Andler le mentionne quand il indique que le choix en faveur du naturalisme exprime un tempérament philosophique (Andler, 2016, p. 95 et 476 n).

[18] Peirce, EP2, p. 448.

[19] Peirce, CP5, p. 491.

[20] James, P, p. 32.

[21] Les ouvrages d’ensemble sur le pragmatisme se présentent généralement : 1) soit comme des études historiques retraçant le développement du mouvement et l’élargissement progressif du sens du terme « pragmatisme », avec une insistance sur les œuvres des différentes figures (du club métaphysique de Peirce et James au néopragmatisme post-analytique de Rorty et Putnam : Mounce, 1997 ; Murphy, 1990 ; Misak, 2013) ; 2) soit comme des études thématiques (Morris, 1970 ; Eames, 1977, Talisse et Atkins, 2008) : la méthode pragmatique, la théorie faillibiliste de la connaissance et de la vérité, la métaphysique indéterministe et pluraliste, l’analyse naturaliste des valeurs (morale, politique, art, religion) ; 3) soit comme le relevé d’une série de thèses fondamentales (par exemple Putnam, 1994) comme l’antifondationnalisme et l’antiscepticisme, l’opposition à la dichotomie fait/valeur, l’antireprésentationnalisme, etc. ; 4) soit, le plus souvent, comme un mixte de ces différentes présentations (Thayer, 1981 ; Cometti, 2010). Même si leur importance est soulignée, les considérations sur le pragmatisme comme méthode, et a fortiori comme manière générale de penser, sont donc généralement réservées et limitées aux premiers temps de la présentation (ou aux moments de bilan, dans la conclusion), au lieu d’être prises comme point de vue systématique permettant d’éclairer l’ensemble des thèses et des thèmes, voire le développement d’une même histoire. L’expression « tournant pragmatiste » ou « pragmatique », au lieu de référer à une révolution méthodologique à l’exemple du « tournant linguistique », a même pu être utilisée dans un sens relativement substantiel. Egginton et Sandbothe (2004) font résider ce tournant dans les différentes stratégies néo-pragmatistes de critique du représentationalisme. Richard Bernstein (2010) le repère dans la critique de la conception cartésienne de l’esprit et de la connaissance inaugurée par Peirce. John E. Smith a bien parlé de « l’esprit de la philosophie américaine » (Smith, 1963), mais il utilise l’expression de manière vague, synonyme de « vision philosophique », qui mélange attitude d’esprit et thèses métaphysiques et épistémologiques fondamentales (Smith, 1992). L’ouvrage de Colin Koopman (2009) présentant le pragmatisme comme l’introduction d’un point de vue « transitionnel » en chaque champ d’étude (connaissance, éthique, politique, etc.) peut être considéré comme un essai d’ascension méthodologique et même, implicitement, éthique (Madelrieux, 2017b).

[22] Pour des contributions francophones récentes à la théorie pragmatiste des attitudes en philosophie de l’esprit et de l’action, voir Steiner, 2019 ; Girel, 2021 ; Quéré, 2021. Sur la démocratie comme manière d’agir, voir Frega, 2020.

[23] Sur le rapport entre habitude et moralité réfléchie chez Dewey, voir Madelrieux, 2020. La redescription du pragmatisme comme attitude ne doit pas être comprise comme une simple réduction de la connaissance à la morale – non seulement parce que l’on ne peut court-circuiter les méthodes et les doctrines, mais aussi parce que les théories morales elles-mêmes doivent être revivifiées dans l’épreuve de l’ascension éthique.

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Revue de presse

France_Inter_logo_2021.svgDoctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF

Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude.  Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques.  Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des  pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude.

L’essai « La philosophie comme attitude »  voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

ÉCOUTER L’ENTREVUE

La philosophie comme attitude, France Inter (Radio France), 14 juin 2024

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La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux

Jean-Philippe Pierron

Philosophe, directeur de la chaire « Valeurs du soin », enseigne à l’université de Bourgogne où il dirige le master « Humanités médicales et environnementales ».

Dans ce nouvel ouvrage, rédigé avec une grande clarté de style, et non sans d’incisives touches d’ironie, le philosophe Stéphane Madelrieux, spécialiste de William James (1842-1910) et de John Dewey (1859-1952), poursuit son projet en faveur d’une compréhension moins métaphysique (Henri Bergson, Jean Wahl et Gilles Deleuze) du projet pragmatiste de James et de Dewey (voir la recension de son précédent livre, Philosophie des expériences radicales, Seuil, 2022, dans Études, mai 2023). Le livre débute par une magistrale et limpide introduction qui donne son titre au livre. Alors que l’on tend à penser essentiellement les philosophies par leurs méthodes, entendues comme une certaine manière de conduire la réflexion, et par leurs doctrines formulées en des thèses et un vocabulaire spécifique, l’auteur propose de se concentrer sur ce qui les fonde, à savoir une attitude. Cette façon spécifique de penser et de se conduire mobilise des dispositions intérieures et un style : l’attitude éthique des Grecs, l’attitude critique des Lumières… C’est elle qui fait de la philosophie une activité vivante. Sur un mode combatif, il cherche alors à prémunir, parfois en radicalisant plus encore l’empirisme radical (James sans le malentendu de la religion, Dewey sans la foi religieuse), contre un dogmatisme dont la « Religion » serait le concentré. Face au « Dogme », l’attitude empiriste consiste à « être disposé à expérimenter ses croyances et ses valeurs, à les mettre à l’œuvre et à l’épreuve dans l’expérience pour savoir s’il faut les adopter, les rejeter ou les corriger » (p. 317). Mais les autres attitudes philosophiques, si elles ne se muent pas en idéologies, ne font-elles pas de même ?

Revue de culture contemporaine ETUDES, Mars 2024.

la-vie-des-idees

Lumières du pragmatisme

À propos de : Stéphane Madelrieux, La philosophie comme attitude, Puf

par Romain Mollard , le 6 janvier

Le pragmatisme est bien plus qu’une méthode d’analyse ou un ensemble de thèses fondées sur l’expérience : c’est une disposition d’esprit, et c’est certainement en cela que ce courant reste si vivant.

Cet ouvrage de Stéphane Madelrieux est issu d’articles réécrits ou augmentés pour composer un volume dont l’unité est bien réelle. L’auteur y développe des idées déjà exposées dans ses précédents livres, dont William James, L’attitude empiriste (2008) et Philosophie des expériences radicales (2022) avec une maturité accrue.

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librairie-les-volcansLibrairie les Volcans SCOP

Stéphane Madelrieux – La philosophie comme attitude

1 juillet 2024

Rencontre-Dédicace du 29 juin 2024 avec Stéphane Malderieux pour son ouvrage La Philosophie comme attitude aux éditions PUF. La rencontre en partenariat avec les rencontre philosophiques clermontoises était animée par Nathan Ben Kemoun et Valentin Debatisse.

Écouter l’entretien


Du même auteur

Stéphane Madelrieux

La philosophie comme attitude 

Stéphane Madelrieux 25 octobre 2023

Madelrieux_148334_couverture

Philosophie des expériences radicales 

Stéphane Madelrieux 4 novembre 2022

Voir la revue de presse

archives-de-philosophie

Relire Rorty, dans Archives de Philosophie, 2019/3 (Tome 82) 

Stéphane Madelrieux (dir.) 30 septembre 2019

A14462

John Dewey | L’influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine 

Édition publiée sous la direction de Claude Gautier et Stéphane Madelrieux 23 mai 2016

Trad. de l’anglais (États-Unis) par Lucie Chataigné Pouteyo, Claude Gautier, Stéphane Madelrieux et Emmanuel Renault.

9782711626465_large

La philosophie de John Dewey. Repères 

Stéphane Madelrieux 16 mars 2016

SOURCE

Institut de Recherches Philosophiques de Lyon

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William James. L’attitude empiriste

Stéphane Madelrieux

19/11/2008

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Bergson et James, cent ans après

Stéphane Madelrieux

30/11/2011

william-james-le-pragmatisme

William James
Le pragmatisme
Un nouveau nom pour d’anciennes manières de penser

Édition de : Stéphane Madelrieux

Traduction (Anglais) : Nathalie Ferron

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VOIR AUSSI

La revue en ligne Pragmata est consacrée à la recherche en langue française sur le pragmatisme, par la connaissance de son histoire et l’exploration de ses usages.
La revue en ligne Pragmata est consacrée à la recherche en langue française sur le pragmatisme, par la connaissance de son histoire et l’exploration de ses usages.

DOSSIER THÉMATIQUE

L’Avantage du pragmatisme

Sous la direction de Stéphane Madelrieux

Voir le dossier dans La revue Pragmata (PDF)

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Stéphane Madelrieux sur OpenEdition

La conversion sans la religion
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https://doi.org/10.4000/theoremes.376

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Pragmatism and the Social Dimension of Doubt
Symposium on Cheryl Misak’s The American Pragmatists
Interfamilial Issues
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https://doi.org/10.4000/ejpap.549

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Le principe de la folie et de la raison. Association des idées et liaison des idées aux XVIIe et XVIIIe siècles
Dossier
Conclusion. Le projet scientifique de la psychologie associationniste
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https://doi.org/10.4000/asterion.2529

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Pragmatism and/on Science and Scientism
Multilingual
Symposium sur Stéphane Madelrieux Philosophie des expériences radicales
La différence pragmatiste
Réponse à Rossella Fabbrichesi, Claude Gautier et Philippe Sabot
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Hume – L’individu
La perception de la ressemblance – Hume, James, Deleuze –
Frédéric Brahami et Stéphane Madelrieux
p. 21-46
https://doi.org/10.4000/philosophique.142


Au sujet de l’auteur

Stéphane Madelrieux

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Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL)
Responsable du Master 2 mention « Philosophie », parcours « Philosophie contemporaine »

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RÉFÉRENCES

Stéphane Madelrieux se référant aux travail de William James, voici un site web qui en offre les ouvrages en téléchargement gratuit

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Les livres en accès gratuit de William James sur le site web Les classiques des sciences sociales


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Mon rapport de lecture du livre

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Presses universitaires de France (PUF)

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

Le lecteur tirera de cet ouvrage, suivant l’idée que « le médium est le message », non seulement un exemple de la structure d’une histoire érudite, dans ce cas précis, de la philosophie pragmatiste, mais aussi une exemple concret d’application d’un esprit critique étendu à tous les aspects d’un sujet.

Personnellement, le mot « attitude » m’interpelle plus particulièrement en raison de mon travail de président fondateur et directeur général d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs au cours des années 1990. Notre méthode d’enquête prédictive mesurait le pouvoir du produit à générer des attitudes favorables ou défavorables des consommateurs potentiels. Plus le pourcentage d’attitudes favorables générées par les consommateurs face au produit est élevé, au-delà du seuil de 70%, plus le succès du produit sur le marché est assuré. Pourquoi les attitudes ? Parce qu’il s’agit de la toute dernière opération mentale déterminant et agissant sur le comportement d’achat du consommateur. Et pour le chercheur américain Louis Cheskin (1907—1981), à l’origine de cette méthode, les consommateurs n’ont pas conscience de leurs attitudes, On ne peut donc pas fonder sa recherche sur des questions directes aux consommateurs. Il faut plutôt adopter une « Approche indirectes des réactions du marché » pour passer outre les mécanismes de défense naturelle des consommateurs. Pour de plus amples information, télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateur à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez pas à l’université (PDF) ». Le processus conduit à l’adoption d’une attitude favorable ou défavorable est plus court que celui débouchant sur une opinion. L’attitude a donc, à ce titre, plus d’impact sur le comportement du consommateur que son opinion. Et si je rapporte cela à la philosophie, je dois donc admettre que toute philosophie implique en amont une attitude, ce qui rejoint les propos du professeur Stéphane Madelrieux.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles.

« On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte — un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». »

On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-14.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

Qu’est qu’une attitude ? « L’attitude est l’« état d’esprit » d’un sujet ou d’un groupe vis-à-vis d’un objet, d’une action, d’un autre individu ou groupe. Elle ressort au savoir-être de quelqu’un. C’est une prédisposition mentale à agir de telle ou telle façon. Elle désigne surtout une intention et n’est donc pas directement observable. » (Source Wikipédia).

Il y a toujours un problème ou un autre avec la définition d’une attitude, surtout en philosophie. On le constate à la lecture du texte « Les attitudes philosophiques » du Docteur en philosophie Oscar BRENIFIER (Diotime, n°30 (07/2006). Tantôt il parle d’« attitude philosophique », tantôt il parle de « vertu philosophique », ce qui est très d’être la même chose. Aussi, il écrit que « Les attitudes sont des aptitudes ».

APTITUDES

Les attitudes sont des aptitudes. L’origine est la même, le sens quasiment identique. Si ce n’est que le premier renvoie à l’être, à un savoir-être, et le second à l’action, à un savoir-faire. Mais il reste à savoir si l’action doit déterminer l’être, ou si l’être doit déterminer l’action. Là encore, question d’attitude ou d’acte de foi, ce positionnement déterminera à la fois le contenu de la philosophie enseignée, mais aussi la manière de l’enseigner, la nécessité de l’enseigner, le rapport à l’autre, le rapport à soi ainsi que le rapport au monde. Mais pour prendre en charge cette problématique faut-il encore ne pas nier que le philosopher ait un sujet : nous-même, ou l’autre. Constat qui nous empêche de parler pour la philosophie et nous autorise à se saisir de la parole uniquement dans la perspective réduite d’un être singulier, d’une parole singulière. Mais là encore, c’est prôner une attitude spécifique qui ne saurait échapper à la critique de celui qui souhaiterait y échapper.

Source : BRENIFIER, Oscar, Les attitudes philosophiques, Diotime, n°30 (07/2006).

L’Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors parle de « Propositional Attitudes » (Attitudes propositionnelles) :

Propositional Attitudes

Sentences such as “Galileo believes that the earth moves” and “Pia hopes that it will rain” are used to report what philosophers, psychologists, and other cognitive scientists call propositional attitudes—for example, the belief that the earth moves and the hope that it will rain. Just what propositional attitudes are is a matter of controversy. In fact, there is some controversy as to whether there are any propositional attitudes. But it is at least widely accepted that there are propositional attitudes, that they are mental phenomena of some kind, and that they figure centrally in our everyday practice of explaining, predicting, and rationalizing one another and ourselves.

For example, if you believe that Jay desires to avoid Sally and has just heard that she will be at the party this evening, you may infer that he has formed the belief that she will be at the party and so will act in light of this belief so as to satisfy his desire to avoid Sally. That is, you will predict that he will not attend the party. Similarly, if I believe that you have these beliefs and that you wish to keep tabs on Jay’s whereabouts, I may predict that you will have made the prediction that he will not attend the party. We effortlessly engage in this sort of reasoning, and we do it all the time.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

TRADUCTION – GOOGLE

Attitudes propositionnelles

Des phrases telles que « Galilée croit que la terre bouge » et « Pia espère qu’il pleuvra » sont utilisées pour décrire ce que les philosophes, psychologues et autres spécialistes des sciences cognitives appellent des attitudes propositionnelles — par exemple, la croyance que la terre bouge et l’espoir qu’il pleuvra. La définition exacte des attitudes propositionnelles est sujette à controverse. En fait, il existe une certaine controverse quant à l’existence d’attitudes propositionnelles. Mais il est au moins largement admis qu’il existe des attitudes propositionnelles, qu’elles sont des phénomènes mentaux d’une certaine sorte et qu’elles occupent une place centrale dans notre pratique quotidienne d’explication, de prédiction et de rationalisation des autres et de nous-mêmes.

Par exemple, si vous croyez que Jay désire éviter Sally et vient d’apprendre qu’elle sera à la fête ce soir, vous pouvez en déduire qu’il a formé la croyance qu’elle sera à la fête et qu’il agira donc en fonction de cette croyance afin de satisfaire son désir d’éviter Sally. Autrement dit, vous prédirez qu’il n’ira pas à la fête. De même, si je crois que vous avez ces croyances et que vous souhaitez garder un œil sur les allées et venues de Jay, je peux prédire que vous aurez fait la prédiction qu’il n’ira pas à la fête. Nous nous engageons sans effort dans ce genre de raisonnement, et nous le faisons tout le temps.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

L’Encyclopédie Universalis introduit en ces mots sa définition de Attitude :

Le mot attitude vient du latin aptitudo. Son sens primitif appartient au domaine de la plastique : « Manière de tenir le corps. [Avoir] de belles attitudes », dit Littré. Du physique le terme se transpose au moral : « L’attitude du respect » ; puis il déborde le moral pour indiquer des dispositions diverses : « Le gouvernement par son attitude a rassuré les amis de la paix », dit encore Littré. Le mot commence à apparaître régulièrement dans le vocabulaire scientifique avec les premiers travaux de la psychologie expérimentale. Très rapidement, en effet, les psychologues ont remarqué que la réussite devant une tâche, et plus généralement la réaction à une stimulation, dépendait de certaines dispositions mentales. Déjà, H.  Spencer écrivait que « la formulation des jugements corrects sur des questions controversées dépend beaucoup de l’attitude mentale (the attitude of mind) que nous manifestons en écoutant ou en prenant part à la discussion ». La notion d’attitude apparaît donc comme fondamentale pour expliquer la relation entre stimulation et réponses.

Source : BOUDON, Raymond (membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur à l’université de Paris-IV-Sorbonne), ATTITUDE, Encyclopædia Universalis.

Aussi on peut ce résumé ans le document « La relation attitude-comportement : un état des lieux » :

Résumé·s

La définition psychosociale de l’attitude en fait un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière lorsque la situation implique la présence réelle ou symbolique de l’objet d’attitude, d’où l’effort récurrent d’évaluer ce lien qui existe entre les réponses verbales et les actes. L’auteur présente ainsi trois générations de travaux qui abordent, avec des éclairages différents la question de la consistance entre attitude et comportement : ceux qui concluent à une relation très faible, ceux qui concluent à une relation modérée, ceux qui mettent en évidence des conditions nécessaires à la prédictivité des attitudes.

Les deux premiers paragraphe de l’article

La relation attitude-comportement est une des relations les plus difficiles à cerner. En effet, elle est l’objet d’importants débats depuis de nombreuses années, et pourtant elle ne semble pas encore clairement définie.

Nous savons que dans le langage ordinaire, l’attitude correspond, au sens propre, à une position du corps, à une manière de se tenir, et au sens figuré, à une conduite tenue dans certaines circonstances. Par contre en psychologie sociale, l’attitude est essentiellement employée dans le sens d’un état mental et neurophysiologique déterminé par l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le préparant à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets ou d’événements (Allport, 1935). Autrement dit, l’attitude est considérée comme une variable intermédiaire qui prépare l’individu à agir d’une certaine manière à l’égard d’un objet donné. Cependant, les auteurs qui se sont intéressés à la question de l’attitude ont un point de vue différent au sujet de l’évaluation de l’attitude. Pour certains, l’attitude a essentiellement un caractère unidimensionnel : elle ne s’exprimerait que par des réponses affectives positives ou négatives (Osgood, Succi & Tannenbaum, 1957 ; Petty & Cacioppo, 1981). Pour d’autres, l’attitude a un caractère tridimensionnel (Hovland & Rosenberg, 1960) : son évaluation est à la fois cognitive (connaissances et croyances au sujet d’un objet d’attitude), conative (les intentions), tout autant qu’affective.

Source : Michelik, Fabienne, La relation attitude-comportement : un état des lieux, Éthique et économique = Ethics and economics ; vol. 6, no 1., Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, 2008. Télécharger le document (PDF).

Et voici la définition que je donne au mot attitude dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat » :

ATTITUDES. Les mots-clés : 1. Inconscient. 2. Convergence.

Disposition, état d’esprit (à l’égard de quelqu’un ou quelque chose); ensemble de jugements et de tendances qui pousse à un comportement (Le Petit Robert). “Une attitude est donc une orientation générale de la manière d’être face à certains éléments du monde. C’est l’expression dynamique d’un principe affectif profond et inconscient (ou valeur) acquis à travers la succession ou la répétition d’expérience de la vie. Une attitude prédispose à percevoir et à agir d’une certaine manière. C’est parce que les attitudes influencent la perception, la mémoire et le raisonnement qu’elles interviennent puissamment dans l’orientation des conduites et sont donc des motivations.” (13). L’attitude est le dernier facteur en liste à influencer le comportement, après l’attitude vient l’acte. À ce titre, l’attitude est le point de convergence de tous les facteurs, conscients et inconscients, qui influencent le comportement. Aussi, l’attitude prédispose à l’action et, par le fait même, elle annonce (laisse voir) l’acte qui sera posé. Il n’est donc pas besoin de connaître et de contrôler tous les facteurs agissant sur le comportement d’un individu pour prédire s’il posera ou non un geste d’achat. Il suffit d’identifier l’objet des attitudes (ex. : praticité), d’en déterminer la qualité (favorable, défavorable ou mi-favorable, mi-défavorable) et d’en mesurer la force pour savoir si le produit sera ou non l’objet d’un geste d’achat. Alors que nous nous sommes déjà faits une « opinion inconsciente » de l’objet perçu et avons adopté inconsciemment l’attitude qui s’impose, le cerveau conscient vient à peine de recevoir sa copie du message envoyé par les organes sensoriels. Il entreprend alors de se faire une opinion de l’objet perçu.

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13. Alex Mucchielli, Les Motivations, Collection Que sais-je ?, No 1949, Presses Universitaires de France, Paris, 2000, Cinquième édition mise à jour, p. 78.

GUAY, Serge-André, Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’Université, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec), 2007, p. 45.

Bref, à mon avis, l’attitude n’est pas une disposition intellectuelle consciente.

Reprenons la citation tirée de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE ci-dessus et poursuivons avec le paragraphe suivante :

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie.

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures » (Hadot, 2001, p. 177.)

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[1] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[2] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[3].

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[1] Hadot, 2001, p. 177.

[2] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[3] Hadot, 1995, p. 379-407.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-15.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

À chaque référence à « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Hadot (voir mon rapport de lecture), je pense inévitablement à la manière de vivre des philosophes à savoir si leurs dires étaient en adéquation avec leurs comportements. Et je trouve une part de la réponse dans le livre « Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques » d’Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès chez La Découverte et paru en 2000. (Voir mon rapport de lecture).

oreste-saint-drome-philo-tableau-p96-1280

« (...) En philosophie, la méthode n'est pas un échafaudage qu'on pourrait retirer une fois l'édifice construit. C'est plutôt de la manière même dont le matériau de la doctrine à été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peu la retirer sans tout faire s'écrouler. (...) »


MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.18.

Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.19.

J’insiste sur ce passage : « La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. » C’est clair ! Avant même que soient penser les doctrines et les méthodes des philosophes, il y a en chacune une attitude déjà en action dans la vie du philosophe.

Permettez-moi de citer Louis Cheskin :

Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Le philosophe n’échappe pas à cet état de fait. C’est pourquoi, Stéphane Madelrieux se rapporte à la réalité, lorsqu’il écrit : « Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. »

(…) L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on se rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Les changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telle attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. (…)

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.25.

« Changes d’attitudes » est un ordre que nous entendons souvent. Or, changer d’attitude ne se fait généralement pas avec l’aisance que nous voudrions. En fait, lors des études de motivation, on constate que l’abandon d’une attitude n’est possible que si une autre vient la détrôner, souvent à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme.


Voici l’entrevue accordée par Stéphane Madelrieux à L’heure Philo sur FranceInter le 14 juin 2024.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l'activité philosophique. Mais il y a aussi l'attitude philosophique. Alors qu'est ce qu'une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans " La philosophie comme attitude" au PUF Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans " La philosophie comme altitude", édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c'est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l'attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l'auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. L'essai "La philosophie comme attitude" voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d'abord l'exercice d'une attitude spécifique, l'esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l'examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l'histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l'attitude dogmatique et autoritaire, et l'attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l'expérience, au-delà même de leurs méthodes d'analyse et d'enquête, la promotion et l'extension d'une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine - depuis la science jusqu'à la morale, la politique et la religion - sont leur projet le plus important et le plus digne d'être enseigné aujourd'hui.
Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF / Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. / L’essai « La philosophie comme attitude » voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui. À écouter sur FranceInter – Radio France.

Attitude empiriste et référence directes à William James

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 27-28.

Citation tirée de l’œuvre de William James

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

[20] James, P, p. 32.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.29.

« Ce livre porte sur… »

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.36.


Dans ce rapport de lecture, je me suis limité à commenter l’introduction du livre LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE  de Stéphane Madelrieux parce que je ne me sens pas capable d’aborder l’histoire très complexe du pragmatisme et de l’œuvre de William James.

La référence au philosophe québécois Charles Taylor a retenu mon attention :

A feast of vision

On peut considérer que le pragmatisme américain classique continue en partie le romantisme européen en ce que celui-ci avait accordé une place centrale à la créativité humaine[1] . (…)

Cette insistance sur la créativité dépend en effet de ce que Charles Taylor a justement nommé « un tournant expressiviste[2]. Pour un romantique, exprimer quelque chose dans un médium particulier (comme des mots ou des pigments) n’est pas manifester de manière extérieure, comme s’il s’agissait seulement de soulever un voile et de découvrir ce qui était déjà la mais encore dissimulé. Au contraire, le processus même par lequel des sentiments intérieurs inchoatifs sont formulées dans des mots contribue à leur donner forme, si bien que le médium fait partie du message. L’expression est par là un processus de création et non seulement d’explication. (…)

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[1] Goodaman, 2008.

[2] Taylor, 1998, p. 567-601

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 44-45.

Une affaire canadienne

L’idée que « le médium fait partie du message », en référence à l’essai « LES SOURCES DU MOI – LA FORMATION DE L’IDENTITÉ MODERNE » du philosophe canadien CHARLES TAYLOR, me ramène au sociologue canadien MARSHALL McLUHAN qui soutenait « Le médium est le message » dans son livre POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS. Dans sa version originale en anglais, POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS fut publié en 1964, soit 25 ans avant LES SOURCES DU MOI de Charles Taylor dont la première édition originale en anglais remonte à 1989. Autrement dit, l’idée que le médium fait partie du message ne provient pas d’une analyse de Charles Taylor mais plutôt de Marshall McLuhan. Pourquoi est-ce important ? Pour illustrer la portée du texte fondateur de McLuhan dans toutes les disciplines, et ce, par la force même de la nouvelle attitude avec laquelle le sociologue canadien a abordé la compréhension du rôle des médias. McLuhan force une prise de recul dans l’analyse de l’impact des médias sur la société. Le choix du médias pour annoncer son produit ou son service ne relèvera plus uniquement de la clientèle spécifique à chaque médium mais aussi et surtout de perception du médium lui-même par la société en générale, comme quoi une attitude peut se propager dans le temps sur une large échelle.

Une philosophie est ainsi une « attitude intellectualisée envers la vie[1] ». La vérité de sa vision n’est pas atteinte par révélation ou par hasard. Par opposition à l’amateur que ne développe par une vision tempéramentale puissante, mais accepte celles des autres ou, à la rigueur, combine ou alterne des visions toutes faites sans trop se soucier de leur compatibilité, ce qui intéresse le philosophe professionnel est « les prémises spécifiques » de sa croyance, « le sens dans lequel elle est comprise, les objections qu’elle évite, les difficultés dont elle rend compte. La théorie doit donc faire médiation entre la vision et la réaction. Mais cela signifie que « tout l’appareil technique[2] » est subordonné aux fonctions d’articulation de la vision et de justification de la réaction, et n’a donc pas sa fin en elle-même. Prendre les détails techniques du système d’un philosophe professionnel pour sa vision philosophique personnelle et sa contribution propre à l’histoire, c’est « prendre l’arbre pour la forêt[3] ».

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[1] James, SPP, p.10.

[2] James, PU, p. 12.

[3] James, ERM, p. 24.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 52-53.

Bon, je suis un amateur, tel que je le précise sur la page d’accueil de cet Observatoire de la philothérapie. Et c’est par défaut que je corresponds pas à la définition qui en est donnée dans la citation ci-dessus car je ne m’intéresse pas (encore) aux différentes philosophies et aux différent philosophes. Je me limite à la philosophie elle-même. C’est aussi pourquoi, tout au long de ma lecture de ce livre, je ne suis pas entré dans le débat plus que complexe entourant William James et son œuvre.

Lire un philosophe, c’est par là même accompagner « le centre d’expansion d’un caractère humain » : une personnalité originale et singulière, dans le cours de son processus d’expression de soi, sous la forme d’une vision articulée et intellectualisée, qui contribue en retour à définir qui il est. Ramener toutes ses thèses au centre actif d’une vision en cours de développement est, par là même, faire l’expérience et la connaissance d’une personne dans sa singularité : c’est une connaissance par « sympathie intuitive[1] » ou, dirait plutôt James, une « knowledge by acquaintance[2] ». Une telle compréhension sympathique est une manière de surmonter ce que James a appelé « la cécité naturelle des êtres humains », en se placant du point de vue de ce qui rend le monde intéressant pour quelqu’un d’autre, afin de comprendre ce qui, pour lui, rend la vie précieuse[3].

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[1] James, PU, p. 117.

[2] James TT, p. 132-149.

[3] James, P, p. 7.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 53-54.


Voir aussi


On pourrait même parler d’une « compréhension bienveillante » ou d’une « compréhension compatissante ». La question « À quoi ce philosophe est-il sensible ? » se traduit par « Quels sont les éléments auxquels l’auteur s’arrête compte tenu qu’il ne peut s’arrêter qu’à ce qui attire subjectivement son attention ? ».

(…) Ce ne sont donc pas les méthodes spécifiques des sciences de la nature que les pragmatistes proposent d’adopter en philosophie, mais plus généralement, et plus fondamentalement, l’esprit scientifique, c’est-à-dire les dispositions intellectuelles et vertus morales dont font preuve les enquêteurs scientifiques (ou dont ils devraient faire preuve pour être à proprement parler scientifique) — on reviendra plus en détail sur cette question au chapitre 4.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 83.

J’adhère fortement à cette idée d’un esprit scientifique étendu à la philosophie, mais, pas seulement à la philosophie, mais aussi à toutes les autres disciplines des sciences humaines, sans oublier à notre propre vie, personnelle et professionnelle.

Quand le président d’une importante boulangerie se pointe dans mon bureau, un vendredi en fin d’après-midi, et me demande « Y a-t-il un moyen de prédire si un produit sera ou non un succès ? », les bras chargés de retours d’un nouveau produit, je n’ai pour réponse que je vais m’informer. Jusque-là, à titre de conseiller en communication, je ne connaissais les tenants et les aboutissants des études de marché. Une semaine plus tard, je concluais que les différents d’études prédictives du marché se classaient parmi les sciences inexactes, ce qui ne valait pas la peine de s’y arrêter dans le contexte où les directeurs du marketing affirmaient « des fois, ça marche », « des fois, ça ne marche pas » et on ne sait pas pourquoi. À l’époque, dans les années 1990, au Québec, seul un nouveau produit sur dix connaissait le succès commercial espéré par l’entreprise. Un taux d’échec de 90% décridibilisait les études de marché, pourtant très populaires.

Finalement, j’ai trouvé les travaux d’un chercheur, Louis Cheskin, qui s’efforcait d’enseigner comment il était parvenu à sortir les études prédictives du marché de la famille des sciences inexactes pour les faire entrer dans la famille des sciences exactes. Je vous livre ici un seul indice du « comment » il a fait. Il s’est d’abord demandé quel était l’object d’étude du marketing compte tenu que l’objet d’étude d’une science détermine s’il doit être classé parmi les exactes ou les sciences inexactes. En ce temps-à, nous sommes dans les années 1930-1940, les spécialistes répondaient que l’objet d’étude du marketing était les consommateurs, ce qui en faisait une science humaine et par conséquent une science inexacte. Louis Cheskin a soutenu qu’il s’agissait d’une erreur grave et que le seul objet du marketing était le produit lui-même, un objet physique dont l’étude se classe parmi les sciences exactes. Pour la suite, prière de télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tous ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » (PDF).

(…) Être un philosophe, ce serait adopter une telle attitude antidogmatique dans tous les problèmes de la vie, et non pas seulement pour résoudre les problèmes spécifiques que les scientifiques professionnels étudient. En ce sens, une vision personnelle serait philosophique dans la mesure où, d’abord, elle exhiberait une telle attitude générale et la ferait vivre sur le plan personnel.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 85.

Je le répète depuis des décennies : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense ». Aujourd’hui, je constate que la très grande majorité des opinions ne sont en fait que des croyances. L’information circule beaucoup moins que les opinions que nous en avons. Il est devenu plus important de croire que d’être informé. Et je le répète aussi depuis des décennies : « La lumière entre par les failles ». Le dogmatique n’aiment pas les failles qui laissent pénétrer la lumière car elles l’aveuglent. Je prône de se ranger du côté des véritables sciences en admettant que la connaissance se contruit sur la destruction du déjà-su; une connaissance n’est vraie que le temps qu’une autre connaissance vienne la détrôner.

(…) Si un caractère est un système d’habitudes, et si la philosophie est un complexe de dispositions, être un philosophe signifie alors développer les bonnes habitudes expérimentales pour l’esprit, les manières les plus fécondes de penser et d’expériencier — ce qui n’est rien d’autre qu’un processus moral de construction de soi. À ce compte, il n’y a plus d’objection à faire de la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 87.

Va pour « la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie », mais ce n’est pas nécessairement le cas des philosophies puisque chacune tire la couverture de son bord. Peut-on, dans le respect et la pratique de l’esprit scientifique, adopter une philosophie plutôt qu’une autre ? Est-ce je dois choisir une philosophie en fonction de mon caractère ou en fonction d’intérêts supérieurs à mon mode de vie ? À vous de réfléchir.


Je vous recommande fortement la lecture de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE de STÉPHANE MADELRIEUX aux Presses Universitaires de France paru en 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

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Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

Article # 105

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie antique comme exercice spirituel ?

Un paradigme en question

Sylvain Roux

Les Belles Lettres – Paris – 2024

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La philosophie antique comme exercice spirituel ?

Un paradigme en question

Sylvain Roux

Société d’édition Les Belles Lettres – Paris

Date de parution : 13 septembre 2024

EAN13 : 9782251456034

ISBN : 978-2-251-45603-4

Catégorie(s) : Essais, Philosophie

Collection : Anagônê

Nombre de pages : 176


Texte de la quatrième de couverture

La philosophie antique comme exercice spirituel ?

Un paradigme en question

Sylvain Roux

Une nouvelle conception de la philosophie antique mais aussi, plus largement, de la philosophie elle-même, s’est progressivement imposée durant la seconde moitié du vingtième siècle, à la suite des nombreux travaux de Pierre Hadot. Cette conception n’a cessé de rencontrer un vif succès, que ce soit auprès des spécialistes ou auprès d’un public plus large, qu’intéressent les questions relatives au sens de l’activité philosophique. Selon cette nouvelle conception, la philosophie aurait été comprise, depuis Socrate, comme une manière de vivre et non comme une discipline purement théorique visant à produire un savoir. En ce sens, elle avait donc d’abord une finalité pratique : fournir aux hommes les moyens de parvenir au bonheur. Mais surtout, elle reposait sur des exercices de nature spirituelle, dont l’objectif était à la fois, par un entraînement constant, de se préparer à cette vie philosophique et d’en poursuivre la pratique. De tels exercices n’étaient donc pas seulement une partie de la philosophie, ils se confondaient avec elle et constituaient l’activité philosophique tout entière.

Une telle conception a acquis la valeur d’un véritable paradigme au sens où elle est devenue un modèle pour tous ceux qui veulent comprendre la philosophie antique. Mais elle n’a jamais fait l’objet d’une analyse critique approfondie ou d’une réflexion portant sur les présupposés qui sont les siens. Il s’agira donc, dans ce livre, de s’interroger sur les fondements d’une telle conception, et d’en signaler les limites, afin d’ouvrir à nouveau le débat sur le sens de la philosophie antique

* * *

Sylvain Roux est professeur de philosophie ancienne à l’Université de Poitiers. Ses travaux portent sur l’histoire du platonisme, et plus particulièrement sur Plotin et le néoplatonisme.

Source : Les Belles Lettres, 2024.


Table des matières

Introduction

Un nouveau paradigme

Les raisons d’un succès

Deux problèmes comme clés de lecture

I. Pierre Hadot et le problème des exercices spirituels

Qu’est-ce qu’un exercice spirituel ?

Les exercices spirituels dans la philosophie antique

La concentration sur soi

L’attention

La méditation de la mort

L’examen de conscience

L’expansion du moi

Le regard d’en haut

La définition physique

La philosophie comme manière de vivre

Une première extrapolation : la théorie et la pratique

Une seconde extrapolation : la philosophie et son histoire

II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?

De la philosophie comme étude (θεωρία)

La philosophie selon Socrate : une rupture

La question du rapport au savoir

Socrate physicien ?

Le sens du souci de soi

Socrate : rupture ou continuité ?

La place de Socrate dans l’histoire de la philosophie

Les témoignages d’Aristote et de Cicéron

III. Platon : le sens de la philosophie en question

Isocrate : une autre conception de la philosophie

Le passé de la philosophie selon Platon

Le sens platonicien de la philosophie

La question de la valeur de la θεωρία

La philosophie est-elle inachevable ?

La place de la θεωρία dans la vie pratique

IV. Aristote : la contemplation comme mode de vie philosophique ?

Aristote et ses prédécesseurs

La philosophie comme θεωρία

L’activité contemplative

Supériorité de l’activité théorétique

Peut-on vivre en vue de la contemplation ?

La vie contemplative est-elle exclusive ?

La recherche du savoir comme mode de vie ?

L’activité théorétique est-elle une éthique ?

L’orientation de la vie philosophique selon Aristote

V. Des cyniques aux sceptiques : la philosophie est-elle une manière de vivre ?

Une tradition philosophique originale

Les cyniques

Les sceptiques

La dimension éthique d’une lignée philosophique

Un modèle exagérément étendu ?

L’anti-intellectualisme dans la philosophie hellénistique

Une critique du platonisme

Qui est philosophe ? Un débat singulier

« Manières de vivre » : une confusion ?

Conclusion. Les voies de la philosophie

Bibliographie

Index des noms

Index des passages cités

Source : Les Belles Lettres, 2024.


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EXTRAIT PAPIER EN LIGNE

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EXTRAIT

INTRODUCTION

Les analyses et les ouvrages de Pierre Hadot ont imposé une nouvelle conception de la philosophie antique. Celle-ci occupe désormais une place centrale dans le champ des études anciennes, car elle ne constitue pas simplement une conception différente, s’ajoutant à celles qui existent déjà, mais elle s’est imposée, progressivement, comme le modèle principal pour tous ceux qui souhaitent s’interroger sur le sens de la philosophie antique. L’hypothèse qui commande les analyses qui vont suivre est donc que notre rapport à ce moment de l’histoire de la philosophie qu’est la philosophie antique est aujourd’hui largement dépendant de ce que l’on pourrait appeler le paradigme spiritualiste (la philosophie comprise comme exercice spirituel). C’est cette situation originale que nous souhaitons mettre en lumière, étudier, et soumettre à une discussion critique. Il nous faut, pour commencer, en indiquer les raisons.

Un nouveau paradigme

Dans des analyses devenues célèbres, Thomas S. Kuhn a mis en évidence l’importance de la notion de paradigme dans l’histoire des sciences. Rappelons d’abord certains éléments essentiels de sa théorie, puisque nous souhaitons en faire usage dans un contexte différent, qui concerne l’historiographie de la philosophie. T. S. Kuhn soutient qu’il faut distinguer deux moments dans le développement d’une science. Le premier est celui de la « science normale », durant lequel les scientifiques travaillent à partir d’une théorie qui a fait ses preuves et qui est acceptée par une majorité d’entre eux. Les travaux qu’ils conduisent s’en inspirent et se situent dans son sillage. Une telle théorie joue donc un rôle à plusieurs niveaux : elle circonscrit par avance la nature des problèmes à traiter, elle détermine la méthode à appliquer pour leur apporter une solution, elle constitue le cadre dans lequel le travail scientifique doit s’inscrire. Dès lors qu’on reconnaît sa légitimité, les travaux auxquels se livrent les scientifiques ne font que développer toutes les potentialités contenues en elle. La théorie est ainsi un modèle qui permet à la fois de comprendre le monde et de l’étudier suivant des règles pratiques définies. C’est pourquoi tout paradigme donne naissance, selon T. S. Kuhn, à une « tradition1 ». La Physique d’Aristote ou l’Almageste de Ptolémée ont joué ce rôle dans l’histoire des sciences occidentales. Mais il existe un second moment dans le développement des sciences, car celles-ci peuvent connaître des formes de crise durant lesquelles le paradigme dominant se trouve mis en difficulté par des problèmes qu’il ne peut et ne sait résoudre. Ce second moment n’est pas le plus fréquent et il a donc, au sens strict, un aspect « extraordinaire » puisqu’il fait sortir la science de son fonctionnement habituel. Il lui faut en effet mettre en place de nouveaux modèles pour faire face au vide laissé par l’abandon de l’ancien paradigme. Cette situation donne progressivement naissance à une nouvelle étape durant laquelle une théorie s’impose progressivement parce qu’elle permet de lever les difficultés que l’ancienne ne pouvait pas résoudre. Ce changement de paradigme reconduit cependant à l’étape antérieure dans laquelle les scientifiques se pliaient à un paradigme dominant ; de sorte que l’état le plus habituel de la science est bien celui dans lequel un paradigme domine les travaux effectués, tandis que l’état de crise reste au contraire exceptionnel et transitoire. En ce sens, l’histoire des sciences possède nécessairement une dimension cyclique.

Or, il nous semble que cette description du fonctionnement de la science par T. S. Kuhn, dont il ne s’agit pas ici de discuter la pertinence, peut être utile pour décrire la situation dans laquelle nous nous trouvons désormais à l’égard de la compréhension de la philosophie ancienne.

Il convient tout d’abord de remarquer que P. Hadot lui-même a souhaité faire de sa conception un véritable modèle de lecture et d’analyse des textes, puisqu’il l’a présentée comme un paradigme méthodologique. En effet, dans l’avant-propos du recueil d’articles intitulé Exercices spirituels et philosophie antique, il indique qu’un « double anachronisme » menace ceux qui veulent s’intéresser aux textes anciens : d’une part, ils risquent de croire que ces textes avaient essentiellement une dimension informative, c’est-à-dire qu’ils cherchaient d’abord à transmettre un contenu doctrinal ; d’autre part, ils risquent par là même de penser que ces textes ont une dimension biographique, dans la mesure où ils nous renseigneraient sur la pensée de ceux qui les ont écrits2. Ils seraient alors un témoignage sur les conceptions propres aux grands auteurs de l’histoire de cette discipline que l’on nomme philosophie, et c’est à ce titre qu’il conviendrait de s’y référer. Il ne fait pas de doute que P. Hadot s’en prend ici à la conception qui est désormais la nôtre. Il décrit notre tendance à voir dans des textes la manifestation d’une force de raisonnement, d’une puissance intellectuelle qui aboutit à des idées et à des systèmes de pensée complexes. Or, cette tendance joue le rôle, selon lui, d’un véritable obstacle épistémologique. Elle nous empêche de voir que les textes anciens avaient une tout autre finalité, qui était avant tout « psychagogique » : ils cherchaient à transformer l’âme des lecteurs et non à exprimer le point de vue d’un auteur. P. Hadot en appelle donc à un renversement de perspective : il faut lire ces textes en se demandant quel effet ils cherchaient à produire sur ceux auxquels ils s’adressaient.

Cette conception est explicitement reprise dans un autre de ses ouvrages :

C’est pourquoi il est nécessaire d’insister sur certains impératifs méthodologiques. Pour comprendre les œuvres philosophiques de l’Antiquité, il faudra tenir compte des conditions particulières de la vie philosophique à cette époque, y déceler l’intention profonde du philosophe, qui est, non pas de développer un discours qui a sa fin en lui-même, mais d’agir sur les âmes. En fait, toute assertion devra être comprise dans la perspective de l’effet qu’elle vise à produire dans l’âme de l’auditeur ou du lecteur3.

Dans ce passage, P. Hadot insiste particulièrement sur une opposition fondamentale, que nous étudierons plus longuement dans les prochains chapitres. Il s’agit d’une opposition entre deux dimensions de la philosophie, la dimension théorique et la dimension pratique. Plus précisément, il propose de considérer les textes anciens comme l’expression d’une dimension pratique plutôt que comme celle d’une dimension théorique. Selon cette nouvelle perspective et ce nouveau modèle, on ne cherchera plus seulement à retrouver dans ces textes une conception du monde mais une opération qui vise à produire un effet sur des récepteurs afin de modifier leur manière de vivre. Car la philosophie consiste essentiellement en une entreprise de transformation des âmes. C’est pourquoi il devient impérieux de s’intéresser aux conditions de production des discours philosophiques, à la situation et au statut de celui qui les énonce comme à la situation et au statut de celui qui les reçoit, puisqu’ils tiennent leur sens et leur fonction de ces différents aspects. Tels sont les « impératifs méthodologiques » qui découlent de ce renversement de perspective.

Mais si P. Hadot a conféré à cette nouvelle conception de la philosophie ancienne une valeur de paradigme, ce n’est pas seulement pour mener ses propres recherches. Il a souhaité, comme les textes que nous avons cités en témoignent, qu’elle constitue aussi un paradigme pour les recherches menées par d’autres dans le domaine de l’histoire de la philosophie. Sur ce point, il faut bien reconnaître que son souhait a été largement exaucé, car les chercheurs contemporains ont, pour la plupart, adopté sa conception, non seulement pour comprendre et étudier la philosophie antique mais, de façon plus surprenante parfois, pour l’appliquer à d’autres périodes, plus récentes, de l’histoire de la philosophie. En effet, de nombreux travaux ont cherché à montrer que des exercices spirituels étaient présents chez des auteurs modernes et contemporains comme Montaigne4, Nietzsche5 ou encore Husserl6. P. Hadot avait d’ailleurs lui-même ouvert la voie à ces recherches en montrant que la philosophie telle qu’il l’entendait (comme mode de vie et exercice spirituel) n’avait pas disparu à l’époque contemporaine et qu’on en trouvait encore la trace chez Montaigne, Descartes ou Kant7. Enfin, certains travaux ont même cherché à appliquer la notion d’exercices spirituels à des pratiques qui ne relèvent pas de la philosophie, les pratiques sportives par exemple, afin d’en proposer des analyses nouvelles8.

Les raisons d’un succès

Pour quelles raisons l’analyse de P. Hadot s’est-elle ainsi imposée au point de prendre la forme d’un véritable paradigme interprétatif ? Plusieurs explications sont possibles. On pourra d’abord insister sur le fait qu’elle ne relève pas immédiatement, et pas seulement, de la philosophie, mais s’inscrit dans une tradition scientifique, notamment celle de la philologie et de l’histoire des textes anciens. En ce sens, elle paraît échapper d’emblée aux critiques que l’on adresse souvent à certaines études, à qui l’on reproche de dépendre d’une orientation elle-même philosophique et de tenter de restituer le sens de la pratique philosophique sans réussir à s’extraire d’un point de vue particulier. Au contraire, l’analyse de P. Hadot se place dans une autre perspective, qui consiste à vouloir retrouver la posture qui, pour les différents auteurs de l’Antiquité, a déterminé l’acte même d’écrire. Cette extériorité lui confère la supériorité d’un point de vue non partisan. C’est pourquoi on a pu rapprocher cette analyse d’une forme d’exploration et la comparer à une découverte, en reprenant alors le vocabulaire dévolu habituellement à la description du travail scientifique. Jean Greisch, par exemple, voit dans les réflexions de P. Hadot une véritable « percée » permettant de mettre à jour une dimension oubliée de la philosophie, qui est pourtant sa dimension essentielle, et permettant d’ouvrir la voie à la définition d’une véritable « expérience » philosophique9. Comme on le voit, l’emploi du terme « percée » reprend à la fois le vocabulaire de l’exploration d’un territoire inconnu et celui de la stratégie militaire ; il évoque le mérite  de  ceux  qui  réussissent  à  ouvrir une nouvelle voie comme de ceux qui réussissent à briser des résistances pour établir une brèche dans un front ennemi.

Il est toutefois possible d’expliquer d’une autre manière l’importance reconnue aux travaux de P. Hadot. La première explication que nous venons de rappeler insiste sur la nouveauté que constitue le  fait de poser un  regard extérieur sur la  philosophie, un regard différent de celui que la philosophie pose sur elle-même. Cette extériorité se comprend par rapport à la discipline philosophique. Mais il existe une autre forme d’extériorité, qui consiste cette fois en un regard décentré par rapport à notre époque, en une mise à distance du présent de la philosophie. Les travaux de Hadot ont contribué à une interrogation de la philosophie sur sa situation contemporaine et sur la conception que nous nous en faisons. Cet aspect a été tout particulièrement mis en évidence par Jean-François Balaudé, qui montre très justement que la conception de P. Hadot a obligé de nombreux auteurs contemporains à repenser leur rapport à la philosophie antique. En effet, celle-ci ne procède pas par projection sur le passé de problèmes et de concepts actuels. Elle cherche au contraire à prendre en considération les intentions propres aux auteurs anciens, à s’attacher, comme nous l’avons vu, aux principes qui commandaient leur pratique de l’écriture et de la lecture, et à montrer qu’ils accordaient aux textes une finalité essentiellement pratique. Surtout, la conception de P. Hadot permet une lecture rétroactive de la philosophie qui consiste à prendre conscience du processus par lequel nous en sommes arrivés à une conception radicalement opposée à celle des Anciens et qui a en partie sa source dans les transformations que le christianisme lui a imposées. En ce sens, elle nous amène, par un « pas en arrière », à prendre conscience de nous-mêmes en tant que philosophes, et à prendre conscience de la particularité de notre pratique actuelle de la philosophie10. Elle nous conduit donc à nous rendre extérieurs à notre présent, afin de nous comprendre par la prise en compte de notre passé.

Il est indéniable que P. Hadot a ainsi admirablement servi la cause de la philosophie, et de la philosophie antique en particulier, en la replaçant au centre des réflexions contemporaines et en lui redonnant une actualité qu’elle n’avait peut-être plus. Mais, ce faisant, il a accrédité l’idée que la philosophie antique avait un sens que nous avons perdu et a laissé penser que nos propres pratiques de la philosophie lui sont inférieures parce qu’elles s’en sont écartées. En suivant son analyse, on accepte implicitement l’idée que notre conception moderne de la philosophie est d’une certaine manière fautive par rapport à celle de l’Antiquité. Sommes-nous donc condamnés à ne voir l’histoire de la philosophie que comme celle d’une perte ? Ne faut-il pas plutôt s’interroger sur la conception proposée par P. Hadot et sur la valeur paradigmatique qui lui est attribuée ?

Deux problèmes comme clés de lecture

Pour ce faire, nous attirerons l’attention sur deux problèmes que pose, selon nous, une telle conception de la philosophie antique. Le premier nous ramène à nos remarques précédentes sur les raisons qui ont contribué à son succès. Nous indiquions que cette conception veut éviter tout anachronisme dans la mesure où elle refuse de chercher à comprendre la philosophie antique à partir de notre conception moderne. Pourtant, n’est-ce pas justement le refus de la forme qu’a empruntée la philosophie moderne et contemporaine qui porte P. Hadot à cette recherche du sens authentique de la philosophie antique ? C’est ce qui apparaît souvent dans ses différents textes. Ainsi, il se désole de ce qu’est devenue la philosophie au point de considérer comme « urgent de redécouvrir la notion antique du “philosophe”11 » et, dans un texte que nous avons déjà évoqué12, il indique que la conception qu’il se fait de la philosophie antique dépend en fait de la conception plus générale, et en même temps plus personnelle, de la philosophie qu’il a d’abord adoptée et qui est issue de l’influence conjuguée du bergsonisme et de l’existentialisme. Celle-ci a donc préexisté à ses recherches sur l’histoire et le sens de la philosophie, et la conception de la philosophie antique comme manière de vivre ne s’est peut-être pas imposée à lui a posteriori, comme une simple nécessité d’ordre méthodologique. Dans les entretiens qu’il a accordés à Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, il indique en effet que cette conception lui est venue de la volonté de surmonter certaines difficultés de lecture posées par les textes anciens, difficultés qui se dissipent dès lors qu’on conçoit la philosophie antique comme un ensemble d’exercices spirituels et comme une manière de vivre13. Mais on pourrait se demander s’il ne conviendrait pas d’inverser l’ordre des choses : n’est-ce pas parce que P. Hadot concevait la nécessité de penser la philosophie sous une forme nouvelle qu’il a cherché à en retrouver les fondements dans l’Antiquité ? En ce sens, il a peut-être bien interrogé la philosophie antique à partir d’une situation et d’un problème contemporains. L’analyse de la philosophie antique est donc indissociable d’un diagnostic et d’un jugement sur l’état actuel de la philosophie, et la position de Hadot relève elle-même, en ce sens, d’une position philosophique. On ne peut échapper au cercle interprétatif suivant : c’est toujours au nom d’une certaine conception de la philosophie, qui n’est pas toute la philosophie, que l’on questionne son histoire et que l’on prétend retrouver son sens originel et principiel. Il est donc impossible de revenir au sens même de la philosophie parce qu’il est impossible de se situer hors d’une orientation philosophique pour interroger le sens de la philosophie. Comme nous le montrerons, les analyses de P. Hadot ne sauraient échapper à cette difficulté.

Nous voulons également soulever un second problème, qui ne concerne plus les présupposés de la démarche de P. Hadot mais la méthode qu’il a adoptée pour la mener à bien. On peut en effet considérer que celle-ci est une méthode de type essentialiste, qui consiste, comme son nom l’indique, à chercher l’essence de la démarche philosophique, c’est-à-dire ce qui la définit en propre. Poser la question « qu’est-ce que la philosophie antique ? » (question qui donne son titre à l’un des ouvrages de P. Hadot), c’est privilégier les aspects communs à des pratiques pourtant différentes et à des périodes elles-mêmes différentes, afin de faire apparaître une seule et même conception de la philosophie. Une telle volonté s’explique notamment par le contexte que nous venons de rappeler : Hadot veut critiquer la conception contemporaine de la philosophie et pour cela, il lui faut procéder par distinction et opposition pour mieux mettre en valeur la conception spécifiquement antique. Cette méthode offre l’avantage de dégager certains aspects originaux de la philosophie ancienne, mais elle repose nécessairement sur une forme de généralisation et risque d’aboutir à une réduction du sens de la philosophie à l’une des formes qu’elle a empruntées à un moment de son histoire. En adoptant une approche de type essentialiste, c’est-à-dire en cherchant d’abord et surtout ce qu’est la philosophie, il n’est pas sûr que l’analyse de P. Hadot puisse complètement éviter ce risque.

C’est pourquoi il nous apparaît important d’ouvrir la voie à une autre approche, plus descriptive et pluraliste, qui cherche au contraire à manifester la variété des démarches philosophiques présentes dans l’Antiquité. Pour cela, une attention particulière doit être accordée aux textes anciens qui s’interrogeaient déjà sur le sens de la recherche philosophique : il faut se demander, par exemple, comment la philosophie était perçue par ceux-là mêmes qui la pratiquaient ou tout simplement s’en réclamaient, et en quel sens ils s’en réclamaient. Dans le travail qui va suivre, nous nous appuierons donc souvent sur l’historiographie ancienne de la philosophie (en particulier sur les analyses de Platon, d’Aristote, de Cicéron, ou de Diogène Laërce), parce qu’elle révèle la multiplicité des formes que la philosophie a pu revêtir comme la variété de ses pratiques, et permet ainsi d’échapper à toute forme de réduction du sens de la philosophie à l’une de ses définitions.

À la lumière des deux problèmes que nous venons de signaler, nous chercherons d’abord à restituer les analyses de P. Hadot en insistant sur l’orientation philosophique dont elles dépendent (et que Hadot lui-même nomme « existentielle »). Cette recherche fera principalement l’objet des deux premiers chapitres. Nous essaierons, dans les trois chapitres suivants, de rendre manifestes les limites auxquelles se heurte l’application d’une telle conception de la philosophie aux différents auteurs de l’Antiquité, tout en montrant que la philosophie antique a emprunté des voies multiples et que celles-ci résistent à toute tentative d’unification. À travers cette discussion critique, il ne s’agira donc pas seulement de contester le paradigme que l’on pourrait appeler spiritualiste, mais aussi d’insister sur la nécessité de savoir résister à l’emprise exercée par l’adoption d’un paradigme (de quelque nature qu’il soit). L’étude de la philosophie antique doit d’abord savoir rester attentive à son essentielle diversité.

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  1. Sur ce point, voir S. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1972, p. 25-26.
  2. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Études augusti- niennes, 1987 (2e éd. rev. et aug.), p. 9.
  3. Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, Folio essais, 1996,
  4. 412. Nous soulignons.
  5. Tsakas, « Les Essais de Montaigne, un “exercice spirituel” ? », Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne, 2019/1, no 69, p. 115-121.
  6. Jeanmart, « Les exercices spirituels dans la philosophie de Nietzsche », Philosophique, no 7, 2007, p. 7-24. L’article s’appuie aussi sur des concepts empruntés à l’œuvre de M. Foucault (« pratiques de soi », « esthétique de l’existence », etc.).
  7. Pavie, Exercices spirituels dans la phénoménologie de Husserl, Paris, L’Harmattan, 2009.
  8. Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, op. cit., p. 392 sq.
  9. Voir Moreau et P. Taranto (dir.), Activités physiques et exercices spirituels. Essais de philosophie du sport, Paris, Vrin, 2008.
  10. Greisch, Vivre en philosophant. Expérience philosophique, exercices spirituels et thérapies de l’âme, Paris, Hermann, 2015, p. 11. De même, G. Aubry fait remar- quer que la conception de la philosophie proposée par P. Hadot ne relève pas d’une démarche « antiphilosophique » (qui rejetterait tout discours et tout savoir philosophiques) mais d’une démarche « archiphilosophique », qui entend plutôt revenir aux sources de la philosophie, à ce qui en fait l’essence (l’origine et le principe en même temps). Voir sur ce point, G. Aubry, « La philosophie comme manière de vivre et l’antiphilosophie », dans A. I. Davidson et F. Worms (dir.), Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes, Paris, Éditions rue d’Ulm, 2010, p. 94.
  11. -F. Balaudé, « Rétroaction philosophique : Pierre Hadot, les   anciens et les contemporains », dans A. I. Davidson et F. Worms (dir.), Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes, op. cit., p. 37-46.
  12. Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, op. cit., p. 414.
  13. Exercices spirituels et philosophie antique, cit., p. 9.
  14. La philosophie comme manière de vivre. Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Paris, Librairie générale française, Le Livre de poche, 2003, p. 148. A. I. Davidson attire particulièrement l’attention sur la présentation méthodologique que fait P. Hadot de l’origine de sa conception de la philosophie ancienne. Voir A. I. Davidson et F. Worms, « Apprendre à lire, apprendre à vivre », dans Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes, op. cit., p. 9.

Source : Les Belles Lettres, 2024.


AU SUJET DE L’AUTEUR

Sylvain Roux - Professeur en philosophie ancienne. - Responsable du Master de Philosophie. Membre de l’EA 2626 « Métaphysique allemande et Philosophie pratique » (MAPP). Chercheur associé au Centre Jean Pépin-UMR ENS/CNRS 8230. © Université de Poitiers
Sylvain Roux – Professeur en philosophie ancienne. – Responsable du Master de Philosophie. Membre de l’EA 2626 « Métaphysique allemande et Philosophie pratique » (MAPP). Chercheur associé au Centre Jean Pépin-UMR ENS/CNRS 8230. © Université de Poitiers.

Sylvain Roux

(1975-)

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DU MÊME AUTEUR

Ouvrages :

  1. La recherche du Principe chez Platon, Aristote et Plotin, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Tradition de la pensée classique »), 2005, 382 p.
  2. L’être et le substrat. Essai sur Plotin et la métaphysique, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Histoire des doctrines de l’Antiquité classique »), 2017, 295 p.
  3. La réserve de l’être. Actualité du néoplatonisme : Bergson, Deleuze, Levinas, Paris, Éditions Hermann (collection « De Visu»), 2017.
  4. La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Paris, Éditions Belles Lettres (collection « Anagôgê »), 2024.

Direction d’ouvrages :

-1. Les émotions, sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Éditions Vrin (collection « Thema »), 2009.

-2. Homère et les philosophes. Actes du colloque international de Poitiers (20-22 mars 2019) sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Éditions Hermann, 2020.

-3. Que peut-on enseigner de la vérité ? Ouvrage collectif sous la direction d’Emmanuel Nal (Mulhouse, LISEC, EA 2310, équipe Normes et Valeurs) et de Sylvain Roux (Poitiers, MAPP, EA 2626), Rennes, Presses universitaires de Rennes (coll. « Paideia »), 2023.

4. « Athènes et Jérusalem face à la naissance de la philosophie ». Actes du colloque organisé en collaboration avec Philippe Grosos (Université de Poitiers) et Camille Riquier (Institut Catholique de Paris) à l’Institut Catholique de Paris) (7 et 8 décembre 2023). À paraître aux Presses Universitaires de Rennes, 2025.

Articles publiées dans des revues avec comités de lecture

 -1. « Platon et l’origine de la tyrannie », Florentia Iliberritana, Revista de Estudios de Antigüedad Clásica (Universidad de Granada), 6, 1995, p. 433-443.

-2. « Aristote et Anaximandre, ou : comment faire l’histoire de la philosophie ? », L’Enseignement Philosophique, 4, Mars-Avril 1999, p. 5-26.

-3. « Entre mythe et tragédie : l’origine de la tyrannie selon Platon », Revue des Études Grecques, Tome 114, n° 2, 2001, p. 140-159.

-4. « Raison et bonheur selon Plotin : une lecture du traité 46 (I 4), 1-4 », Kairos, 25, 2005, p. 199-226.

-5. « La place du destin. Aspects d’un problème dans la pensée de Plotin », Revue des Études Anciennes, T. 113, 2011, n°2, p. 409-429.

-6. « Transcendance et relation. Plotin et l’antinomie du principe », Archives de Philosophie, 75, 2012, p. 49-76.

-7. « Conscience et image. Plotin et le rôle de la phantasia », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 9-10, 2011-2012, p. 81-102.

-8. « Georges Bataille et la question de l’impersonnel. Une expérience néoplatonicienne ? », Archives de Philosophie, 76, 2013, p. 407-423.

-9. « “Ἐπέκεινα τῆς οὐσίας” : une formule platonicienne chez Numénius et Alcinoos ? » Ktêma, 38, 2013, p. 363-373.

-10. « La théorie du Premier moteur : Plotin critique d’Aristote », Les Études platoniciennes, 10, 2013.

-11. « Foucault, Vernant et la question du sujet dans l’Antiquité. Réflexions sur un débat contemporain », Res Antiquae, 11, 2014, p. 189-202.

-12. « Rendre raison du corps : Plotin et le problème de la corporéité », Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 100, 2016, p. 9-25.

-13. « Éthique et ipséité ; Aristote dans la pensée de Paul Ricœur », Philosophie, 132, 2016, p. 100-111.

-14. « Quel nom pour le Principe ? Un problème chez Plotin et Proclus », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 15-16, 2017-2018, p. 545-564.

-15. « Plotin et la liberté selon Bergson », Lo Sguardo, rivista di filosofia, « Bergson dal vivo », a cura di Federica Buongiorno, Rocco Ronchi, Caterina Zanfi, n°26-2018 (I), p. 117-130.

-16. « André Leroi-Gourhan et le devenir de l’homme. Regards d’un préhistorien », Regards croisés. Revue franco-allemande d’histoire de l’art et d’esthétique (Centre allemand d’histoire de l’art / DFK Paris, Humboldt-Universität zu Berlin, Paris 1-Sorbonne/ HiCSA), 2019.

Traduction allemande dans le même numéro : « André Leroi-Gourhan und die zukünftige Entwicklung des Menschen. Der Blick eines Vor- und Frühgeschichtlers ».

-17. « Georges Bataille et René Char : l’écriture et la question du monde », Studia Romanica et Anglica zagrabiensia, Revue publiée par les Sections romane, italienne et anglaise de la Faculté des Lettres de l’Université de Zagreb, vol. LXIV, 2019.

-18. « Is Levinas a Platonist ? », Studia Phaenomenologica, “Phenomenology and the History of Platonism”, guest Editors: Daniele De Santis & Claudio Majolino, vol. 20,  2020.

-19. « De l’Intellect à l’Un : la notion de συνυπόστασις chez Plotin », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 18-19, 2020-2021, p. 501-514.

20. « Platon et la question du commencement : un modèle explicatif original », Théophilyon, Revue des Facultés Catholiques de Théologie et de Philosophie de Lyon, Tome XXVII – vol. 2, 2022, p. 239-256.

21. « Fonction et ambiguïté de l’ekplexis dans la philosophie néoplatonicienne ». À paraître dans la revue Pallas, 2025.

22. « L’interprétation plotinienne de Timée 39e et ses difficultés ». À paraître dans la revue Chôra, 2025.

23. « L’aporétique du principe chez Plotin et Damascius : convergences ou différences ? », À paraître dans le volume « Les Platonismes de l’Antiquité tardive », Éditions E. J. Brill (série « Ancient Philosophy and Religion »), 2026.

Chapitres d’ouvrages collectifs :

-1. « Le statut du corps dans la philosophie platonicienne », in Le corps, sous la direction de J-C. Goddard, Paris, Vrin (Thema), 2005, p. 11-42.

-2. « Le Bien comme Principe : Aristote contre les platoniciens », Le Principe, sous la direction de B. Mabille, Paris, Vrin (Thema), 2006, p. 43-69.

-3. « Le manque et l’écart : la genèse du temps selon Plotin »,  Le temps, sous la direction de Alexander Schnell, Paris, Vrin (Thema), 2007, p. 35-59.

-4. « L’idée de conversion chez Plotin : remarques sur une difficulté », Métamorphose et conversion. Actes du colloque tenu à la Sorbonne les 21 et 22 mai 2005 (édités par Antoine Faivre), Cahier du Groupe d’Études Spirituelles Comparées 12, Paris, Archè Edidit, 2008, p. 9-33.

-5. « Affectivité et émotion selon Plotin », Les émotions, sous la direction de S. Roux, Paris, Vrin (Thema), 2009, p. 59-82.

-6. « L’ambiguïté néoplatonicienne : Bergson et la philosophie grecque dans le chapitre 4 de L’Évolution créatrice », dans Bergson, L’Évolution créatrice, Paris, Vrin (Études et commentaires), 2010, p. 285-305.

-7. « Pouvoir des élites et aristocratie dans la Politique d’Aristote », La cité et ses élites. Pratiques et représentations des formes de domination et de contrôle social dans les cités grecques. Textes réunis par L. Capdetrey et Y. Lafond, Bordeaux, Editions Ausonius, 2010, p. 49-68.

-8. « Les conditions de la meilleure constitution dans le livre VII des Politiques : Aristote critique de Platon », Les Politiques d’Aristote, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux (« Histoire des pensées »), 2011, p.139-154.

-9. « Maître et disciple dans la tradition platonicienne. L’exemple de Plotin », De l’un à l’autre. Regards comparatifs sur la transmission de maître à disciple, sous la direction d’A. Névot, Paris, Éditions du CNRS, 2013, p. 65-86.

-10. « “Témoigner du différend” : Lyotard, Plotin », L’invisibilité sociale. Approches critiques et anthropologiques, sous la direction d’Hubert Faes, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 199-213.

-11. « Platonisme ou aristotélisme ? Matière et forme dans l’Esthétique transcendantale », Actes du colloque international De la sensibilité. Les esthétiques de Kant (29-03 avril 2010), sous la direction de F. Calori, M. Fœssel, D. Pradelle, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 23-35.

-12. « Le modèle de la lumière. Le platonisme en question (E. Levinas, M. Henry) »,  Ambivalences de la lumière, sous la direction de Charlotte Beaufort et de Marylène Lebrère, Pau, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (collection « Espaces Frontières Métissages »), 2016, p. 25-45.

13. « Intellection et simplicité. La critique de Métaphysique, Lambda, 9 dans le traité 38 (VI 7) de Plotin », La réception de la théologie aristotélicienne. D’Aristote à Michel d’Ephèse, Louvain-La-Neuve, Peeters (collection « Aristote. Traductions et études), 2017, p. 185-205.

14. « Le principe est-il rythmique ? Le problème de l’usage du néoplatonisme dans la pensée de Bernard Mabille », Du principe à la liberté : hommage à Bernard Mabille, sous la direction de Gilles Marmasse et Alexandra Roux, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, p. 61-73.

-15. « Présence de la philosophie ancienne dans l’œuvre de Shakespeare ? Le cas du stoïcisme », Shakespeare au risque de la philosophie, sous la direction de Pascale Drouet et Philippe Grosos, Paris, Hermann, 2017, p. 11-31.

-16. « André Leroi-Gourhan et l’ethnologie comparée », L’ailleurs et l’avant. Comparatisme, ethnologie et préhistoire, J.-L. Georget, Ph. Grosos, R. Kuba (dir.), Paris, Cerf, 2019.

-17. « Ulysse et les tyrans. Sur le sens d’une figure homérique chez Platon », Homère et les philosophes, Actes du colloque international de Poitiers (20-22 mars 2019), sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Hermann, 2020.

18. « La Cité comme origine de la philosophie ? Retour sur une interprétation », Athènes et Jérusalem face à la naissance de la philosophie, sous la direction de Philippe Grosos, Camille Riquier et Sylvain Roux, à paraître aux Presses Universitaires de Rennes, 2025.

Articles de dictionnaires :

 -1. « Philippe d’Oponte » (en collaboration avec Tiziano Dorandi), Dictionnaire des Philosophes Antiques, sous la direction de Richard Goulet, Tome V a, de Paccius à Ploutiadès de Tarse, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 294-301.

-2. « Platon. Études d’orientation », Dictionnaire des Philosophes Antiques, sous la direction de Richard Goulet, Tome V a, de Paccius à Ploutiadès de Tarse, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 619-622.

-3. Article « Philosophe », dans le Dictionnaire de l’homme grec antique, Sous la direction de Lydie Bodiou et Véronique Mehl. À paraître aux presses Universitaires de Rennes en 2025.

 Traductions :

 -1. Porphyre, Sur la manière dont l’embryon reçoit l’âme, travaux édités sous la responsabilité de L. Brisson, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Histoire des doctrines de l’Antiquité classique »), 2012, 383 p. Participation à la traduction collective et responsable des chapitres 17 et 18 du traité.

-2. Proclus, Éléments de théologie, à paraître à la Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Histoire des doctrines de l’Antiquité classique »), Paris, 2025. Traduction des chapitres 25 à 39.

Articles de vulgarisation scientifique :

-1. « Quand Platon et Aristote refaisaient le monde », Le Nouvel Observateur, Hors-série « L’origine du monde », Janvier-Février 2011.

-2. « Le Banquet de Platon », Le banquet, de Marseille à Rome, plaisirs et jeux de pouvoir, catalogue de l’exposition présentée au Musée d’Archéologie méditerranéenne (Marseille, 3 décembre 2016-21 juin 2017), Paris, Éditions Lienart, 2016.

Source : Sylvain Roux, Université de Poitiers.

P.S.: Les liens hypertextes sont de nous.


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Mon rapport de lecture

La philosophie antique comme exercice spirituel ?

Sylvain Roux

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement.

Il est indéniable que P. Hadot a ainsi admirablement servi la cause de la philosophie, et de la philosophie antique en particulier, en la replaçant au centre des réflexions contemporaines et en lui redonnant une actualité qu’elle n’avait peut-être plus. Mais, ce faisant, il a accrédité l’idée que la philosophie antique avait un sens que nous avons perdu et a laissé penser que nos propres pratiques de la philosophie lui sont inférieures parce qu’elles s’en sont écartées. En suivant son analyse, on accepte implicitement l’idée que notre conception moderne de la philosophie est d’une certaine manière fautive par rapport à celle de l’Antiquité. Sommes-nous donc condamnés à ne voir l’histoire de la philosophie que comme celle d’une perte ? Ne faut-il pas plutôt s’interroger sur la conception proposée par P. Hadot et sur la valeur paradigmatique qui lui est attribuée ?

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.14.

En ne prenant pas pour acquise et définitive la conception proposée par Pierre Hadot, à savoir que la philosophie est une manière de vivre, et en nous invitant à la questionner, le professeur Sylvain Roux nous étonne et nous ouvre ainsi la porte à une saine réflexion.

(…) Mais on pourrait se demander s’il ne conviendrait pas d’inverser l’ordre des choses : n’est-ce pas parce que P. Hadot concevait la nécessité de penser la philosophie sous une forme nouvelle qu’il a cherché à en retrouver les fondements dans l’Antiquité ? En ce sens, il a peut-être bien interrogé la philosophie antique à partir d’une situation et d’un problème contemporains. L’analyse de la philosophie antique est donc indissociable d’un diagnostic et d’un jugement sur l’état actuel de la philosophie, et la position de Hadot relève elle-même, en ce sens, d’une position philosophique. On ne peut échapper au cercle interprétatif suivant : c’est toujours au nom d’une certaine conception de la philosophie, qui n’est pas toute la philosophie, que l’on questionne son histoire et que l’on prétend retrouver son sens originel et principiel. Il est donc impossible de revenir au sens même de la philosophie parce qu’il est impossible de se situer hors d’une orientation philosophique pour interroger le sens de la philosophie. Comme nous le montrerons, les analyses de P. Hadot ne sauraient échapper à cette difficulté.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.15.

Sous l’influence du succès populaire de la thèse du philosophe Pierre Hadot, nous ne nous sommes pas réellement questionnés comme l’exige toute acte de philosophie. Le professeur Sylvain Roux plonge dans ce questionnement avec tact et une grande précision. Il soulève « Deux problèmes comme clés de lecture ».

Pour ce faire, nous attirerons l’attention sur deux problèmes que pose, selon nous, une telle conception de la philosophie antique. Le premier nous ramène à nos remarques précédentes sur les raisons qui ont contribué à son succès. Nous indiquions que cette conception veut éviter tout anachronisme dans la mesure où elle refuse de chercher à comprendre la philosophie antique à partir de notre conception moderne. Pourtant, n’est-ce pas justement le refus de la forme qu’a empruntée la philosophie moderne et contemporaine qui porte P. Hadot à cette recherche du sens authentique de la philosophie antique ?

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.14.


Nous voulons également soulever un second problème, qui ne concerne plus les présupposés de la démarche de P. Hadot mais la méthode qu’il a adoptée pour la mener à bien. On peut en effet considérer que celle-ci est une méthode de type essentialiste, qui consiste, comme son nom l’indique, à chercher l’essence de la démarche philosophique, c’est-à-dire ce qui la définit en propre. Poser la question « qu’est-ce que la philosophie antique ? » (question qui donne son titre à l’un des ouvrages de P. Hadot), c’est privilégier les aspects communs à des pratiques pourtant différentes et à des périodes elles-mêmes différentes, afin de faire apparaître une seule et même conception de la philosophie. Une telle volonté s’explique notamment par le contexte que nous venons de rappeler : Hadot veut critiquer la conception contemporaine de la philosophie et pour cela, il lui faut procéder par distinction et opposition pour mieux mettre en valeur la conception spécifiquement antique. Cette méthode offre l’avantage de dégager certains aspects originaux de la philosophie ancienne, mais elle repose nécessairement sur une forme de généralisation et risque d’aboutir à une réduction du sens de la philosophie à l’une des formes qu’elle a empruntées à un moment de son histoire. En adoptant une approche de type essentialiste, c’est-à-dire en cherchant d’abord et surtout ce qu’est la philosophie, il n’est pas sûr que l’analyse de P. Hadot puisse complètement éviter ce risque.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 15-16.

Il ne s’agit pas de déterminer si le philosophe Pierre Hadot a ou non raison de soutenir la thèse à l’effet que la philosophie est une manière de vivre ou de considérer la philosophe comme exercice spirituel. Nous pouvons accepter que la philosophie soit une manière de vivre mais, à la lumière de ce livre du professeur Sylvain Roux, nous ne pouvons plus accepter de définir la philosophie exclusivement comme une manière de vivre.

C’est pourquoi il nous apparaît important d’ouvrir la voie à une autre approche, plus descriptive et pluraliste, qui cherche au contraire à manifester la variété des démarches philosophiques présentes dans l’Antiquité. Pour cela, une attention particulière doit être accordée aux textes anciens qui s’interrogeaient déjà sur le sens de la recherche philosophique : il faut se demander, par exemple, comment la philosophie était perçue par ceux-là mêmes qui la pratiquaient ou tout simplement s’en réclamaient, et en quel sens ils s’en réclamaient. Dans le travail qui va suivre, nous nous appuierons donc souvent sur l’historiographie ancienne de la philosophie (en particulier sur les analyses de Platon, d’Aristote, de Cicéron, ou de Diogène Laërce), parce qu’elle révèle la multiplicité des formes que la philosophie a pu revêtir comme la variété de ses pratiques, et permet ainsi d’échapper à toute forme de réduction du sens de la philosophie à l’une de ses définitions.

À la lumière des deux problèmes que nous venons de signaler, nous chercherons d’abord à restituer les analyses de P. Hadot en insistant sur l’orientation philosophique dont elles dépendent (et que Hadot lui-même nomme « existentielle »). Cette recherche fera principalement l’objet des deux premiers chapitres. Nous essaierons, dans les trois chapitres suivants, de rendre manifestes les limites auxquelles se heurte l’application d’une telle conception de la philosophie aux différents auteurs de l’Antiquité, tout en montrant que la philosophie antique a emprunté des voies multiples et que celles-ci résistent à toute tentative d’unification. À travers cette discussion critique, il ne s’agira donc pas seulement de contester le paradigme que l’on pourrait appeler spiritualiste, mais aussi d’insister sur la nécessité de savoir résister à l’emprise exercée par l’adoption d’un paradigme (de quelque nature qu’il soit). L’étude de la philosophie antique doit d’abord savoir rester attentive à son essentielle diversité.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 16-17.

« Diversité », c’est le mot clé dont se servira le professeur Sylvain Roux pour opposer la multitude des conceptions et des approches de la philosophie antique à l’unicité de la théorie de Pierre Hadot. On ne peut pas déduire que la philosophie mise de l’avant comme une manière de vivre par tous les philosophes de l’Antiquité. Le contexte même de l’Antiquité ne se prête pas à une telle affirmation. Il y a et il y aura toujours des théories et la fin de ces théories n’est pas toujours pratique ou affairant à une manière de vivre.

Une première extrapolation : la théorie et la pratique

Deux conceptions des exercices spirituels sont en effet possibles. La première consisterait à la considérer comme une partie, plu ou moins importante, de la philosophie. Dans ce cas, ils se distingueraient de l’activité philosophique elle-même, tout en ayant pour but d’y préparer ou d’en conforter la pratique. Les exercices spirituels ne seraient alors qu’un auxiliaire, certes important, mais secondaire tout de même par rapport à la démarche philosophique en tant que telle. La seconde conception du statut de ces exercices opérerait une renversement complet de perspective puisqu’elle les considérerait comme le tout de la philosophie. Dès lors, ils n’auraient plus simplement un rôle propédeutique ou pratique, mais ils seraient la philosophie elle-même. Or, c’est bien cette dernière conception que se propose de défendre P. Hadot. Un passage extrait d’un article que nous avons déjà cité en apporte la confirmation :

La vraie philosophie est donc, dans l’Antiquité, exercice spirituel. Les théories philosophiques sont ou bien mises explicitement au service de la pratique spirituelle, comme c’est le cas dans le stoïcisme et l’épicurisme, ou bien prises comme objets d’exercices intellectuels, c’est-à-dire d’une pratique de la vie contemplative qui n’est elle-même rien d’autre qu’un exercice spirituel. Il n’est donc pas possible de comprendre les théories philosophiques de l’Antiquité sans tenir compte de cette perspective concrète qui leur donne leur véritable signification(23).

La défense de ce que nous avons désigné comme la seconde conception du statut des exercices spirituels s’appuie ici sur deux arguments. Le premier consiste à inverser le rapport établi traditionnellement entre théorie et pratique. La philosophie comporte bien, dans tous les courants de pensée qui s’en réclament, une dimension théorique à travers laquelle elle cherche à comprendre le monde sous ses différents aspects, et la distinction entre pratique et théorie trouve en partie sa source chez les philosophes eux-mêmes. Ainsi Aristote distingue-t-il différentes branches de la philosophie. L’une d’elles, la partie théorétique, consiste selon lui en une étude purement désintéressée des types de réalités qui comprend l’ensemble du Réel(24). Elle s’oppose à la partie pratique, constituée notamment de l’éthique et de la politique. (…)

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(23) Voir l’article « Exercices spirituels », dans P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Études augustiniennes, 1987 (2ème éd. revue. et augmentée.), p. 51.

(24) Pour cette classification des sciences, vois notamment Aristote, Métaphysique, E, 1. 1025 b 25 sq. et K, 7, 1064 a 10 sq, L’activité théorétique est présentée comme une activité désintéressée, ayant donc sa fin en elle-même, dans l’Éthique à Nicomaque, X, 7, 1177 b 1-4.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, 1. Pierre Hadot et le problème des exercices spirituels, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 32-33.

J’ai lu le livre « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Hadot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001) et j’ai fait mon rapport de lecture. J’ai accordé à ce livre de Pierre Hadot 2½ étoiles sur 5. Bref, si je n’avais pas de problème avec la philosophie comme manière de vivre ou, plus précisément, comme influenceur de la manière de vivre, j’en ai questionné sérieusement l’argumentaire selon ma propre expérience de vie.

À la lecture du livre du professeur Sylvain Roux, notamment de la citation d’un article se rapportant à Pierre Hadot (ci-dessus), je me rends à l’évidence que Pierre Hadot ne propose pas la philosophie comme manière de vivre mais veut plutôt l’imposer comme on défend un dogme. Pierre Hadot croit en ce qu’il avance, c’est-à-dire qu’à ses yeux il exprime une vérité. Il fait donc d’une interprétation une vérité, ce qui ne cadre pas du tout avec ma propre conception de la philosophie qui doit prendre ses distances de toutes croyances.

Le professeur Sylvain Roux dans son livre « La philosophie antique comme exercice spirituels ? » démontre clairement que la philosophie a des racines historiques au-delà de celle de Socrate, contrairement à ce que prétend Pierre Hadot, à savoir que tout a commencé avec Socrate.

La philosophie selon Socrate : une rupture

De quelle manière P. Hadot montre-t-il que Socrate, par ses attitudes et par le dialogue, en vient à rompre avec cette conception dont nous venons de voir qu’elle prévalait jusqu’alors ?

Notons-le pour commencer, P. Hadot n’ignore rien, bien sûr, de sens premier du terme « philosophie » (ou des termes dérivés et apparentés) puisqu’il présente et analyse les textes auxquels nous avons précédemment fait allusion pour rappeler les origines de la notion de philosophie. Mais, selon lui, par sa pratique originale, Socrate est celui qui va inspirer à Platon et à tous ses successeurs le sens qu’ils reconnaîtront à la philosophie, en la dégageant du sens premier attaché à la notion (12). Cela suppose de considérer que le sens socratique ou, du moins, le sens qui provient de la pratique socratique, est bien le sens fondamental de la philosophie. Comme si, avec Socrate, celle-ci trouvait progressivement la forme qui sera définitivement la sienne. Une telle conception comme nous allons le voir, ne va pas de soi, notamment parce que certains témoignages de l’Antiquité donnent à voir une réalité en partie différente.

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(12) Socrate, selon P. Hadot, connaissait probablement ce sens premier du terme « philosophie » comme « culture générale que les sophistes et d’autres pouvaient dispenser à leurs élèves ». Il s’y référait peut-être encore avant que Platon n’expose le sens nouveau issu du modèle de vie qu’il lui a inspiré. Voir Qu’est ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, coll. Folio essais, 1996, p. 70.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 48.

Puis-je interpréter l’approche de Pierre Hadot comme une « perversion » de l’origine de la notion de philosophie, comme si tout avait commencé avec Socrate, comme si seul Socrate était digne d’être dit le premier vrai philosophe ? Le professeur Sylvain Roux démontre que la notion de philosophie apparaissait chez les présocratiques et, par conséquent, que Socrate n’est pas la source originale de la philosophie et encore moins en rupture avec le passé.

(…) Considérer que la philosophie a pris avec Socrate un tour nouveau, absolument révolutionnaire, c’est donc se heurter à un élément surprenant : seuls ses disciples semblent l’avoir perçu. Pour ceux qui ne l’étaient pas, c’est plutôt une certaine continuité qui prévalait à leurs yeux. On peut donc se demander si ce ne sont pas les disciples de Socrate qui ont construit cette image d’un homme qui rompt totalement avec les pratiques de son temps. L’interprétation de P. Hadot en est en grande partie dépendante et elle a plutôt tendance à gommer, selon nous, l’ambiguïté des témoignages qui nous sont parvenus.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 54.


En conclusion, on voit que les témoignages relatifs à Socrate ne permettent pas d’en dresser un portrait uniforme et sans ambiguïté. Certains d’entre eux manifestent bien son intérêt pour l’étude des phénomènes naturels, comme sa volonté de parvenir au vrai et de posséder un savoir qui puisse s’enseigner. En ce sens, ces différents aspects dessinent un personnage qui présente des éléments de continuité avec ses prédécesseurs et ses contemporains.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 56.

Socrate en sait davantage qu’il ne l’affirme, et ce, en relation avec le passé de la philosophie. Le « Je sais que je ne sais rien » fait davantage référence à l’incapacité de Socrate à maîtriser la connaissance des phénomènes naturels à sa satisfaction. Pour autant, Socrate affiche tout même un savoir éthique, notamment ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.

Le sens du souci de soi

L’interprétation de P. Hadot ne s’appuie pas que sur ces témoignages. Comme on l’a vu, la démarche socratique repose sur la reconnaissance de sa propre ignorance. Mais, ce qui est le plus important pour P. Hadot, c’est qu’elle ne débouche pas pour autant sur la recherche d’un nouveau savoir mais bien plutôt sur la pratique du souci de soi et sur une nouvelle manière d’être. En indiquant clairement vouloir privilégier ce qu’il appelle le souci de soi. Socrate revendiquerait une forme de refus du savoir au bénéfice d’une dimension purement éthique de la philosophie. La rupture serait alors radicale par rapport à ses prédécesseurs puisque la fin de la démarche philosophique serait désormais « existentielle ». (…)

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 56.

Se référant au dialogue platonicien l’Alcibiade majeur, le professeur Sylvain Roux nous informe de ce « soi » :

(…) Le soi dont il est question ici n’est pas encore exactement l’âme dont parlera la seconde partie du dialogue (c’est-à-dire une entité métaphysique particulière). Le terme renvoie plutôt ici à l’ensemble des qualités acquises qui constituent la personnalité et à l’ensemble des savoirs, des compétences qu’un individu possède. Ajoutons par ailleurs qu’un tel projet n’a pas nécessairement une dimension éthique. Ce que Socrate signale à Alcibiade, c’est que, s’il veut réussir et atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, il doit se soucier de lui-même. Socrate ne se demande pas ici si cet objectif est en lui-même acceptable et justifiable, alors qu’on pourrait estimer, par exemple, que son projet de toute puissance relève d’une forme de démesure (ὕβρις).

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 59.


(…) Or, comme nous l’indiquions précédemment, les analyses de P. Hadot tendent à montrer que la démarche socratique est essentiellement « existentielle », au sens où elle provoque, chez l’interlocuteur, une profonde remise en question qui doit le conduire à adopter un nouveau mode de vie. La souci de soi vise une réforme morale de l’individu. Pourtant, dans la première partie de l’Alcibiade, Socrate n’invite pas Alcibiade à changer de vie, à se réformer, mais seulement à cherche à acquérir les compétences qui lui manquent pour réaliser son projet, ou, tout du moins, pour s’en donner les moyens. Il l’appelle ainsi à appliquer tous ses soins à lui-même pour améliorer son état, c’est-à-dire à faire preuve d’une qualité qui n’est pas à proprement parler une qualité philosophique mais une aptitude des Grecs en général, par laquelle ils se distinguent des barbares (48).

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(48) Voir Platon, Œuvres complètes, t. I : Introduction, Hippias mineur, Alcibiade, Apologie de Socrate, Euthyphron, Criton, trad. M. Croiset, Paris, Les Belles Lettres, coll. des universités de France, 1920 (trad. M. Croiset modifiée). 123 d 2-5.

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 59-60.

Est-il besoin d’adopter un nouveau style de vie pour contrer son ignorance ? Personnellement, lorsque je prends conscience de mon ignorance, je ne change pas de manière de vivre. Je cherche plutôt à savoir ce que je ne sais pas, à mettre à l’épreuve ma capacité de comprendre ce que je trouverai. Je ne suis pas automatiquement un ignorant qui s’ignore. Ce n’est que si je prends pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense, dans ce cas, je suis ignorant car je ne doute pas de ce que je pense.


EN COMPLÉMENT – ARTICLE DE REVUE TIRÉ DE

L’Enseignement philosophique

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La figure de Socrate chez Pierre Hadot : motifs kierkegaardiens

Par Vincent Delecroix

Le sens d’un retour à Socrate

Si l’on veut comprendre l’enjeu de la figure de Socrate chez Hadot – c’est-à-dire d’abord pourquoi il est question d’une figure – il faut s’interroger sur la signification, à la fois historique et conceptuelle, de ce geste récurrent de la philosophie qui consiste à « revenir » à Socrate pour se comprendre elle-même. C’est Hadot lui-même qui nous y incite.

Dans « Éloge de Socrate » [1], en effet, Hadot ne cherche pas retrouver le « vrai » Socrate, mais à déceler l’usage de sa figure dans ses reprises successives et à rendre raison de sa construction. Si ce n’est pas Socrate qui l’intéresse, mais bien la figure de Socrate et sa signification dans l’histoire de la philosophie [2], il nous invite à comprendre le sens philosophique de ce geste qui consiste à invoquer Socrate tout autant qu’à l’évoquer, et à faire jouer sa figure dans (ou peut-être contre) l’histoire de la philosophie. Geste de rappel et injonction, paradoxal en ce sens qu’il est à la fois ce qui voudrait établir une continuité entre l’origine et les développements de la philosophie et ce qui brise cette continuité, en faisant jouer l’origine contre une histoire qui se caractériserait comme un oubli de Socrate, c’est-à-dire d’abord, selon les catégories de Hadot, contre la philosophie conçue comme simple « discours philosophique » recouvrant le philosopher comme « manière de vivre ».

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[1] La figure de Socrate est traitée par P. Hadot dans deux grands textes, qui portent le même titre mais ont un contenu différent. D’un côté dans Qu’est-ce que la philosophie antique ? Paris, Gallimard (Coll. : Folio Essais), 1995. De l’autre, il y a le texte repris dans Exercices spirituels et philosophie antique, sous le titre de « Figure de Socrate » également, mais qui reproduit le texte d’une conférence donnée à Ascona en 1974 sous le titre de « Éloge de Socrate » et publiée la même année dans la revue Eranos. C’est sous ce dernier titre d’ailleurs qu’il est paru séparément aux éditions Allia. La fusion entre la description de la figure et son éloge est évidemment un signe.

[2] Cf. P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Albin Michel, 2002, p. 102 : « Je ne cherche pas ici à retrouver, à reconstituer ce Socrate historique. Ce que je vais essayer de vous présenter maintenant.

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Source : Delecroix, V. (2013). La figure de Socrate chez Pierre Hadot : motifs kierkegaardiens. L’Enseignement philosophique, 63e Année(1), 36-47. https://doi.org/10.3917/eph.631.0036.

Lire la suite


Je pourrais poursuivre citation après citation du livre « La philosophie antique comme exercice spirituels ? – Un paradigme en question » du professeur Sylvain Roux et ainsi alimenter davantage mon rapport de lecture mais ce serait gâcher la découverte de cette œuvre tant étonnante qu’originale. En voici donc une toute dernière.

Le conception de la philosophie ancienne que propose P. Hadot repose sur un refus. En effet, à une conception qu’il présente essentiellement moderne, et qui a réduit la philosophie à un discours théorique sur le monde, il oppose une autre conception, selon laquelle celle-ci ne fut pas d’abord ni seulement un discours et une étude mais avant tout une pratique (consistant à se transformer soi-même). Cette nouvelle conception ne vise pas simplement à réhabiliter la dimension pratique pour lui redonner une place à côté de la dimension théorique, mais à opérer un véritable renversement de perspective : désormais, la philosophie se ramène intégralement à sa dimension pratique puisque le discours théorique n’est lui-même qu’une modalité de la pratique dans la mesure où il prend la forme d’exercices spirituels qui doivent contribuer à une nouvelle manière d’être du sujet. L’objectif de P. Hadot est donc de remettre en cause le partage entre théorie et pratique au nom duquel une certaine conception de la philosophie est devenue, selon lui, dominante. Il le fait en soulignant, comme nous l’avons vu, le rôle essentiel de Socrate dans l’émergence de la conception originelle de la philosophie (comme manière de vivre).

ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Conclusion – Les voies de la philosophie, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 59-60.

Si la philosophie converge dans une manière de vivre, il faut alors mettre en perspective la vie même des philosophes, ce que Oreste Saint-Drôme a fait dans son livre « Comment choisir son philosophe – Guide de première urgence à l’usage des angoissé métaphysiques » (lire ma rapport de lecture).

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Orestre Saint-Drôme nous propose « la voie des affinités électives » pour « Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant ». Cette voie « passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe ». J’ai mentionné en introduction à cet article, trouver un philosophe ayant vécu ou vivant en harmonie avec sa philosophie s’avère difficile, du moins, selon les mini-biographies proposées par Oreste Saint-Drôme dans son livre. Je me suis donc rabattue sur la seconde voie :« L’autre accès consiste à choisir préalablement sa question et à trouver la réponse la plus adéquate dans l’œuvre du philosophe le plus approprié ». On trouve ce tableau dans à la fin du livre :

Dans l’Antiquité, vous auriez utilisé comme médicament une théorie plus ou moins diluée ou une combinaison de plusieurs doctrines. Aujourd’hui, le choix est encore plus vaste pour entreprendre une mono ou une plurithérapie. C’est cette pharmacopée – ancienne et moderne – que nous vous présentons dans le tableau suivant.

Source : Saint-Drôme, Oreste, Comment choisir son philosophe ?, Paris, Éditions La Découverte, 2000, p. 197.

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Toutes les théories philosophiques ne se conçoivent pas dans le but d’être mise en pratique dans une manière de vivre. Dans le bonheur de vivre vient en amont le bonheur de penser. Mener un vie vertueuse, éthiquement correct, c’est bien, même très bien, même si l’objectif ne sera jamais atteint. « Je tends vers… », « Je m’efforce de… ».

Mais ce que j’aime le plus de la philosophie, c’est qu’elle me donne à penser et plus un ouvrage me donne à penser, plus il gagne en nombre d’étoiles.


J’accorde cinq étoiles sur cinq

au livre La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question

de SYLVAIN ROUX

paru en 2024 à la Société d’édition Les Belles Lettres.

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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME, sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines. / Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? » Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.


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Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

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Article # 86

J’AI LU POUR VOUS

Les consolations de la philosophie

Alain De Botton, 2000

Mercure de France, 2001, pour la traduction française

Éditeur : POCKET

Collection : POCKET

Date de parution : 15 avril 2003

Rayon : PHILOSOPHIE

Format : Poche

EAN13 / ISBN : 9782266111973

Nombre de pages : 302

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5-etoiles

J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Les consolations de la philosophie de Alain De Botton et paru dans traduction française en 2021 chez Mercure de France. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Au IVe siècle avant J.-C., Épicure disait que celui qui déclarait ne pas être prêt pour la philosophie était comme celui qui se prétendait trop jeune ou trop vieux pour le bonheur.

Conscient que les petits travers de l’existence provoquent les plus grands tourments, Alain de Botton a réuni les pensées de six philosophes qui se sont attachés à relativiser les affections ordinaires de l’âme humaine. Ainsi, là où Socrate reste le meilleur remède au sentiment d’impopularité, Épicure saura nous délivrer de l’angoisse de manquer d’argent ; là où Sénèque nous soulagera de nos frustrations, Montaigne nous aidera à nous accepter tels que nous sommes.

À découvrir les paroles apaisantes de ces philosophes, nous apprendrons tout simplement à être plus heureux, intelligemment plus heureux……


Alain de Botton a choisi six philosophes, divisé son livre en six chapitres, un pour chacun, et nous raconte comment nous consoler des peines inhérentes à toute vie humaine en faisant appel à ces grands hommes. À travers la biographie de chacun de ces maîtres, en même temps que des références extrêmement précises à leur œuvre, il manie l’humour, l’impertinence et une solide dose de bon sens.

Source : Les consolations de la philosophie, Google Book.


The Consolations of Philosophy

In Ancient Greece or Rome, philosophers were seen as natural authorities on the most pressing questions. However, since then, the idea of finding wisdom from philosophy has come to seem bizarre. Enter a university department today and ask to study wisdom, and you will politely but firmly be shown the door. The Consolations of Philosophy sets out to refute the notion that good philosophy must be irrelevant and gathers together six great philosophers who were convinced of the power of philosophical insight to work a practical effect on our lives.

Source : Site web de l’auteur Alain De Botton.

TRADUCTION

Les consolations de la philosophie

Dans la Grèce ou la Rome antiques, les philosophes étaient considérés comme des autorités naturelles sur les questions les plus pressantes. Cependant, depuis lors, l’idée de trouver la sagesse dans la philosophie a fini par sembler bizarre. Entrez aujourd’hui dans un département universitaire et demandez à étudier la sagesse, et l’on vous montrera poliment mais fermement la porte. Les Consolations de la philosophie vise à réfuter l’idée qu’une bonne philosophie doit être sans intérêt et rassemble six grands philosophes qui étaient convaincus du pouvoir de la réflexion philosophique d’avoir un effet pratique sur nos vies.

Source : TRADUCTION DeepL (Site web de l’auteur Alain De Botton).


TABLE DES MATIÈRES

Consolations en cas…

I. D’impopularité

II. De manque d’argent

III. De frustration

IV. De déficience personnelle

V. De peine de cœur

VI. De difficultés


EXTRAIT

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REVUE DE PRESSE

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Nous avons coutume de penser que la philosophie est une discipline théorique sans aucune portée pratique. Mais en réalité, la philosophie n’est pas un simple jeu rhétorique que des intellectuels pratiquent dans leur tour d’ivoire. Les philosophes sont pleinement conscients des dilemmes et des problèmes concrets de la vie. Dans ce livre, l’auteur interprète la pensée de six philosophes et nous expose de façon simple et plaisante comment la philosophie peut nous permettre de venir à bout de six souffrances psychologiques courantes.

Source : Les consolations de la philosophie, BooKey.

Résumé chez BooKet : Les consolations de la philosophie | Télécharger PDF gratuit

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Alain de Botton, Les Consolations de la philosophie

Ed. Mercure de France

Depuis ses débuts, Alain de Botton (né à Zürich en 1969, vit à Londres) écrit des fictions inclassables. Son Com- ment Proust peut changer votre vie (10/18) était une véritable réussite littéraire emplie d’humour. Portrait d’une jeune fille anglaise, son dernier roman, traitait un personnage, la fiancée du narrateur, avec les méthodes d’investigation de la biographie. Avec les Consolations de la philosophie, comme toujours, l’auteur mêle le récit à l’essai.

Inspiré par les «fragments» de Barthes, les moralistes français et bien sûr Laurence Sterne, l’auteur s’attache à mettre en scène six philosophes. Il montre comment Socrate vous aidera à résister au fait d’être impopulaire ; Epicure, qui a manqué d’argent, vous conduira vers le plaisir afin d’oublier la dureté des temps ; Sénèque vous consolera des frustrations et des épreuves de toutes sortes : «Je dois ma vie à la philosophie». Un dictionnaire sénéquien – s’appuyant sur des conflits divers – est livré pour atténuer l’impact le plus doux de nos désirs sur le mur inébranlable de la réalité. Montaigne, qui s’est réfugié dans son moi et les livres, nous allégera de la déficience personnelle, culturelle et corporelle, en explorant l’affectivité et les situations concrètes… Alain de Botton montre ainsi que les livres nous aident à vivre et à ne pas être seuls : ils nous éclairent sur nos interrogations, l’informulé. Schopenhauer nous fera comprendre nos chagrins d’amour ; Nietzsche, face à ses difficultés, nous donnera le moyen de surmonter l’anxiété, le désespoir, la colère, le mépris de soi… Abolir la souffrance, disait paradoxalement le philosophe… Ce livre est une sorte de manuel de sagesse, et Alain de Botton, son auteur qui écrit en anglais, l’un des écrivains les plus novateurs de sa génération.

Patrick Amine

Source : Alain de Botton, Les Consolations de la philosophie, ArtPress.

Les consolations de la philosophie de Alain de Botton

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La sagesse des grands maîtres à notre portée

Dans ce livre écrit avec verve et beaucoup d’humour, Alain de Botton nous montre qu’il ne faut pas se laisser intimider par les écrits des grands maîtres de la philosophie. Au contraire, il nous indique comment utiliser la sagesse des plus grands philosophes pour nous aider dans notre vie de tous les jours et plus spécialement en cas de difficulté.
Le livre est divisé en six chapitres, un pour chacun des philosophes retenus: chacun a sa spécialité: Socrate nous consolera en cas d’impopularité. Sénèque lorsqu’on se sent victime d’une injustice. En cas de chagrin d’amour, Schopenhauer. Pour les cas de difficultés financière, on se tournera vers Epicure, en cas de frustration personnelle vers Montaigne. Et finalement Nietzsche nous aide à surmonter les difficultés présentes en nous expliquant que toute élévation implique une souffrance préalable.

Lire la suite et Source : Les consolations de la philosophie de Alain de Botton, Critiques Libres.


Revue de presse de LES CONSOLATIONS DE LA PHILOSOPHIE sur le site web de l’auteur


AU SUJET DE L’AUTEUR

Der Schriftsteller, Bestseller-Autor und Philosoph, Alain de Botton, waehrend eines Interviews am 14.5.2013 im Hotel Greulich in Zuerich.
L’écrivain, auteur de best-sellers et philosophe, Alain de Botton, lors d’une interview le 14.5.2013 à l’hôtel Greulich à Zurich – Der Schriftsteller, Bestseller-Autor und Philosoph, Alain de Botton, waehrend eines Interviews am 14.5.2013 im Hotel Greulich in Zuerich. Photographs by Mathias Marx.

Alain De Botton

Alain de Botton est un auteur britannique extraordinairement talentueux dont les livres se sont vendus par milliers d’exemplaires partout dans le monde. Il a été élu membre de la Royal Society of Literature en 2011. De Botton a publié des romans, tels que Essais amoureux et Le mouvement romantique. Il a également écrit d’importants ouvrages, tels que Comment Proust peut changer votre vie et Les consolations de la philosophie.

Source : Les consolations de la philosophie, BooKey.


Biographie d’Alain de Botton Alain de Botton est né à Zurich en 1969. Installé à Londres depuis de nombreuses années, l’auteur de Petite Philosophie de l’amour, Comment Proust peut changer votre vie ou Splendeurs et misères du travail a également fondé The School of Life. Ses livres sont traduits dans plus de vingt langues.

Source : Les consolations de la philosophie, La Librairie Gallimard de Montréal.


Alain de Botton est né à Zurich, en Suisse, en 1969 et vit aujourd’hui à Londres. Il est l’auteur de livres d’essais qui ont été décrits comme une « philosophie de la vie quotidienne ». Il a écrit sur l’amour, les voyages, l’architecture et la littérature. Ses livres ont été des best-sellers dans 30 pays. Alain a également créé et aide à diriger une école à Londres, The School of Life, qui se consacre à une nouvelle vision de l’éducation. Le dernier livre d’Alain, publié en avril 2016, s’intitule The Course of Love.

Alain a commencé à écrire très jeune. Son premier livre, Essays in Love [intitulé On Love aux États-Unis], a été publié à l’âge de vingt-trois ans. Il y analysait minutieusement le processus de l’amour et du désamour, dans un style qui mêlait des éléments de roman à des réflexions et des analyses que l’on trouve normalement dans un ouvrage non romanesque. C’est un livre dont beaucoup de lecteurs sont encore très attachés et qui s’est vendu à deux millions d’exemplaires dans le monde.

C’est avec « Comment Proust peut changer votre vie » que le travail d’Alain a atteint un public véritablement mondial. Le livre a connu un succès particulier aux États-Unis, où le mélange d’une enveloppe ironique de « développement personnel » et d’une analyse de l’un des livres les plus vénérés mais les moins lus du canon occidental a touché une corde sensible. Il a été suivi par Les Consolations de la philosophie, qu’il accompagnait à bien des égards. Bien que parfois décrits comme des ouvrages de vulgarisation, ces deux livres étaient au fond des tentatives de développer des idées originales (sur, par exemple, l’amitié, l’art, l’envie, le désir et l’insuffisance) à l’aide des pensées d’autres penseurs – une approche qui aurait été familière à des écrivains comme Sénèque ou Montaigne et qui n’a disparu qu’avec la professionnalisation croissante de l’érudition au 19e siècle.

Alain est ensuite revenu à un style d’écriture plus lyrique et personnel. Dans L’art du voyage, il s’est penché sur des thèmes liés à la psychologie du voyage : comment nous imaginons les lieux avant de les avoir vus, comment nous nous souvenons des belles choses, ce qui nous arrive lorsque nous regardons des déserts, que nous séjournons dans des hôtels ou que nous allons à la campagne. Dans Status Anxiety, il s’est penché sur une anxiété presque universelle qui est rarement mentionnée directement : l’anxiété liée à ce que les autres pensent de nous, au fait que nous soyons jugés comme un succès ou un échec, un gagnant ou un perdant. Dans L’architecture du bonheur, Alain aborde les questions de la beauté et de la laideur en architecture. Une grande partie du livre a été écrite dans la maison de Botton à l’ouest de Londres, juste à côté du rond-point de Shepherd’s Bush, l’un des endroits les plus laids construits par l’homme, qui fournit néanmoins des exemples utiles pour montrer à quel point il est important d’avoir une architecture correcte.

Dans The Pleasures and Sorrows of Work, Alain a voyagé à travers le monde pendant deux ans, accompagné d’un photographe, pour observer les gens sur leur lieu de travail et réfléchir aux grands thèmes du travail : pourquoi le faisons-nous ? Comment le rendre plus supportable ? Qu’est-ce qu’une vie qui a du sens ? Le livre est à la fois lyrique et captivant, comme peut l’être un roman, mais aussi plein d’idées et d’analyses.

Au cours de l’été 2009, Alain a été nommé premier écrivain en résidence à Heathrow et a écrit un livre sur ses expériences, A Week at the Airport.

En 2011, Alain a écrit un livre sur son expérience, Une semaine à l’aéroport.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

Source : Alain De Botton – Curriculum vitae (site web de l’auteur).


Site web de l’auteur : https://www.alaindebotton.com/philosophy/


https://www.youtube.com/watch?v=TDJHOKRXkjE


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les consolations de la philosophie

Alain de Botton

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

I. Les consolation en cas d’impopularité

Parlant de Socrate, il écrit :

Mais sa caractéristique la plus curieuse était cette habitude qu’il avait d’aborder les Athéniens de tout âge et de toute condition pour leur demander sans façons, et sans se soucier de savoir s’ils le jugeraient excentrique ou exaspérant, d’expliquer précisément pourquoi ils croyaient telle ou telle chose relevant du sens commun, ou quel était selon eux le sens de la vie. Comme le racontait un général surpris :

(Chaque fois que quelqu’un) s’approche de lui pour discuter, il arrive immanquablement que, même s.il a voulu aborder un autre sujet, Socrate l’amène par ses arguments à répondre à des questions qui se rapporte autant à la façon dont il vit présentement qu’à celle dont il a vécu jusque-là. Et une fois qu’il l’a amené là, Socrate ne le laisse pas partir avant d’avoir examiné à fond toutes ces questions.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 24.

Les lecteurs de mes précédent rapport de lecture savent fort bien à quel point je critique le dialogue socratique lorsqu’il devient dogmatique dans sa pratique. Déjà, Socrate lui-même faisait l’objet de vives critiques : «Beaucoup trouvaient ses questions exaspérantes. Certains le raillaient d’autres l’auraient volontiers occis », écrit Alain De Boton. Il poursuit :

(…) Dans sa pièce Les Nuées, représentée pour la première fois dans le théâtre de Dionysos au printemps de l’an 423 avant notre ère, Aristophane offrit aux Athéniens une caricature du philosophe qui, parmi eux, refusait d’accepter le sens commun sans en examiner d’abord interminablement la logique. (…)

Aristophane exprimait là un reproche qui est souvent fait aux intellectuels, à savoir qu’avec toutes leurs questions il s’écartent davantage des opinions raisonnables que ceux qui ne se sont jamais risqués à analyser les choses de façon systématique. Ce qui séparait l’auteur comique du philosophe, c’était une divergence d’appréciation quant à la valeur des explications ordinaires. Alors que les gens sensés pouvaient, aux yeux d’Aristophane, se contenter de savoir que les puces sautent haut et loin par rapport à leur taille et que les moucherons font du bruit avec quelque choses, Socrate était accusé de suspicion maniaque envers le sens commun, et d’entretenir une passions perverse pour les solutions compliquées et ineptes.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 25-26.

À l’instar de plusieurs autres Athéniens du temps de Socrate, y compris d’Aristophane, je critique Socrate en raison de son approche des gens qu’il interpelle. Je me demande s’il était gentil avec ceux qui acceptaient de discuter avec lui. Au-delà de mes préoccupations, je reconnais toute de même que son enseignement, son message de fond, profitait à la société athénienne :

Socrate nous encourage à ne pas nous laisser troubler par l’assurance de ceux qui ne respectent pas cette complexité et formulent leurs idées sans au moins autant de rigueur qu’un potier. Ce qui est présenté comme évident et « naturel » l’est rarement. La reconnaissance de cette vérité devrait nous apprendre à penser que le monde est plus flexible qu’il n’a a l’air, car les idées établies sont souvent le résultat non d’un raisonnement sans faille, mais de siècles de confusion intellectuelle. Il y a peut-être par de bonnes raisons pour que les choses soient comme elles sont.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 33.

Voici « La méthode socratique de réflexion selon Alain De Botton :


La méthode socratique de réflexion

1. Relever une assertion présentée avec assurance comme étant « de bon sens ».

Le courage consiste à ne pas battre en retraite sur le champ de bataille.

Pour être vertueux, il faut de l’argent.

2. Imaginer un instant que, malgré l’assurance de la personne qui la propose, l’assertion est fausse. Chercher des situations ou des contextes dans lesquels elle ne serait pas vraie.

Ne peut-on pas être courageux et pourtant battre en retraite ?

Ne peut-on pas rester à son poste au combat et pourtant ne pas être courageux ?

Ne peut-on pas avoir de l’argent et ne pas être vertueux ?

Ne peut-on pas manquer d’argent et être vertueux ?

3. Si l’on trouve une exception, l’assertion est nécessairement fausse ou du moins imprécise.

Il est possible d’être courageux et de battre en retraite.

Il est possible de rester à son poste au combat et pourtant de ne pas être courageux.

Il est possible d’avoir de l’argent et d’être un escroc.

Il est possible d’être pauvre et vertueux.

4. L’assertion initiale doit être nuancée pour tenir compte de l’exception.

Le courage peut consister aussi bien à battre en retraite qu’à avancer au combat.

Les gens qui ont de l’argent ne peuvent être qualifiés de vertueux que s’ils l’ont acquis d’une façon vertueuse, et ceux qui n ‘en ont pas peuvent être vertueux, s’ils ont vécu dans des circonstances où il était impossible de gagner de l’argent en étant vertueux.

5. Si l’on trouve ensuite des exceptions aux assertions améliorées, le processus doit être répété. La vérité, dans la mesure où un être humain est capable d’atteindre une telle chose, réside dans une assertion qu’il semble impossible de réfuter. C’est en découvrant ce qu’une chose n’est pas qu’on peut le mieux comprendre ce qu’elle est.

6. Le produit de la réflexion est, quoi qu’insinuât Aristophane, supérieur au produit de l’intuition.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 35-36.


La méthode socratique de réflexion nous propose un moyen de nous forger des opinions dans lesquelles nous pourrons, même pris dans une tempête, avoir véritablement confiance.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 38.

Personnellement, j’observe notre monde et je constate que l’opinion règne en roi et maître, quelles soient de bons ou de mauvais jugements. Et c’est bien là le problème : l’opinion n’est rien d’autre qu’un jugement. Pire encore, elle sert de nos jours et avant tout à se donner raison, à avoir une confiance aveugle en ce que l’on pense PARCE QU’ON LE PENSE. Nous sommes si exercés à juger, comme des athlètes olympiques dans leurs disciplines, que nous jugeons avec une telle confiance en nous, en ce que l’on pense et dit, que le savoir et la connaissance nous échappent. Il se trouve même des gens dans notre monde qui croient que la seule chose que peut générer leur cerveau est une opinion. Tout est devenu qu’une simple opinion, qu’un simple jugement. On juge le savoir et la connaissance sans même les posséder.

Une idée défectueuse énoncée avec autorité, mais sans qu’on sache comment elle a été formée, peut, pendant un certain temps, avoir tout le poids d’une idée juste. Nous en venons à respecter à tort les autres quand nous nous concentrons uniquement sur leurs conclusions — et c’est pourquoi Socrate nous encourage à nous pencher sur la logique qu’ils ont utilisée pour y arriver. Même si nous ne pouvons échapper aux conséquences de leur opposition, au moins nous n’aurons pas le sentiment débilitant d’être dans l’erreur.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 44.

Personnellement, je n’accorde pas à mes opinions un statut d’exactitude. Je me fais une opinion mais je suis disposé à l’abonner en tout temps pour une autre qui m’apparaîtra meilleure, plus juste. Je ne fonde donc pas ma confiance en moi sur mes opinions. Et si l’une de mes opinions s’avère fausse, je n’ai aucun « sentiment débilitant ». Au contraire, j’éprouve un sentiment de fierté parce que la fausseté de l’une de mes opinions se présente comme une faille qui laisse entrer la lumière. Si je peux avancer une opinion avec une forte conviction, je laisse toujours une place à une faille. Tout comme la connaissance scientifique se bâtie sur la destruction du déjà-su, mes opinions s’érigent sur les ruines de mes opinions précédentes. Être dans l’erreur, c’est être dans la capacité d’apprendre.


II. Les consolations en cas de manque d’argent

On croit souvent que le bonheur repose sur l’accumulation de richesses matérielles et un grand train de vie font le bonheur. Alain De Botton nous parle d’Épicure et des essentiels du bonheur :

Ceux qui avaient entendu les rumeurs devraient être surpris en découvrant les goûts réels du philosophe du plaisir. Il n’avait pas de superbe demeure. Sa nourriture était simple, Épicure buvait de l’eau plutôt que du vin et se contentait pour ses repas de pain, de légumes et d’une poignée d’olives. « Envoie-moi un pot de fromage, pour que je puisse festoyer chaque fois que j’en ai envie », demanda-t-il à un ami. Tels étaient les goûts de l’homme qui affirmait que le plaisir était le souverain bien dans l’existence.

Il ne voulait tromper personne. Son amour du plaisir était bien plus grand que même ceux qui l’accusaient de débauche n’auraient pu l’imaginer. Mais après avoir examiné rationnellement la question, il était arrivé à quelques conclusions frappantes sur ce qui rendait la vie réellement agréable – et, heureusement pour eux qui ne disposait pas d’un gros revenu, il semblait bien que les ingrédient essentiels du bonheur, si difficile à appréhender qu’ils fussent, ne coûtassent pas très cher.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 75.

Alain De Botton souligne l’importance de l’amitié dans le bonheur en citant Épicure :

De toutes les choses que la sagesse vous procure pour nous aider à vivre heureux toute notre vie, la plus grande est de loin l’amitié.

ÉPICURE


Avant de manger ou de boire quoique ce soit, demande-toi avec qui tu vas manger et boire, plutôt que ce que tu vas manger et boire ; car se restaurer sans ami est le fait d’un lio ou d’un loup.

ÉPICURE

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 76.


Nos vrais amis ne nous jugent pas sur la mine, c’est ce que nous sommes réellement qui les intéresse ; comme celui de parents idéaux, leur amour pour nous n’est affecté par notre apparence ou notre rang social, et donc nous ne sommes gênés avec eux de porter de vieux vêtement ou d’avouer que nous n’avons pas gagné grand-chose cette année. Il ne faudrait peut-être pas toujours interpréter la soif de richesse comme un simple désir de confort et de luxe ; un motif plus important pourrait être le désir d’être apprécié et bien traité. Nous pouvons chercher fortune à seule fin de nous assurer le respect et l’attention de personnes que sans cela ne nous verraient même pas. Épicure, discernant notre besoin profond, conclut qu’une poignée de vrais amis peut nous apporter l’affection et le respect que même une fortune ne pourrait nous procurer.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 77.

Opposer ainsi la richesse matériel et le grand train de vie à la richesse de l’amitié, un bien plus grand, persiste jusqu’à aujourd’hui. Nous savons que l’argent ne fait pas le bonheur. Mais face à un manque d’argent pour l’essentiel, nous pouvons ajouter que si l’argent ne fait pas le bonheur, il aide. Mais sans amitié solidaire, le bonheur ne sera que complaisant avec nous-mêmes. J’ai souvent observé que les gens les plus généreux sont souvent les gens les moins fortunés car ils comprennent ce qu’un manque d’argent pour l’essentiel peut entraîner de malheur. J’ai aussi été témoin de jugements très négatifs mettant en cause la pauvreté jusqu’au dédain de la personne.

Rapport Bonheur/Argent

Si l'on exprime le rapport épicurien entre argent et bonheur sous forme graphique, on constate que la capacité de l'argent à engendrer le bonheur est déjà présente dans les petits salaires et n'augmentera pas avec de plus gros revenus. Nous ne cesserons pas d'être heureux pour autant, mais - insistait Épicure - nous ne dépasserons pas le niveau de bonheur auquel peuvent déjà prétendre ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent.
Si l’on exprime le rapport épicurien entre argent et bonheur sous forme graphique, on constate que la capacité de l’argent à engendrer le bonheur est déjà présente dans les petits salaires et n’augmentera pas avec de plus gros revenus. Nous ne cesserons pas d’être heureux pour autant, mais – insistait Épicure – nous ne dépasserons pas le niveau de bonheur auquel peuvent déjà prétendre ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent. BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 81.

« Rien ne satisfait celui qui ne se contente pas de peu. »

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, www.pocket.fr, p. 83.
BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 83.

III. Les consolations philosophiques en cas de frustration

Frustrés, nous nous mettons souvent en colère.


« Et pour Sénèque, la colère résulte d’idées dangereusement optimiste sur le monde et les autres. »

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 106.

La façon dont nous réagissons aux problèmes dépend essentiellement de l’idée que nous nous faisons de ce qui est normal ou non. Nous pouvons être ennuyés qu’il pleuve, mais nous en avons tellement l’habitude qu’il est peu probable que nous nous mettions en colère pour ça. Nos irritations sont tempérées parce que nous pouvons savoir attendre du monde, par notre expérience quant à ce qui est normal d’espérer. Nous ne sommes pas submergés par la colère chaque fois que nous ne pouvons obtenir ce que nous désirons, mais seulement quand nous estimons y avoir droit. Nos plus grandes fureurs sont provoquées par des événements qui bafouent ce que nous jugeons être les règles élémentaires de l’existence.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 106.

Voilà une excellente explication : « La façon dont nous réagissons aux problèmes dépend essentiellement de l’idée que nous nous faisons de ce qui est normal ou non ».

Un jour que j’étais en colère contre le responsable du service à la clientèle d’un magasin, ma sœur aînée me répondit que je ne devais pas m’attendre à ce que les autres, notamment ce responsable du service à la clientèle, soient comme moi, gentil et advenant en pareille situation. Il est vrai que je m’attendais que les autres soient comme moi. Je ne tenais pas compte de la personnalité propre, des différences de l’autre lors de certains événements que je souhaitais soumis à une règle universelle. Si la règle est universelle, son application diffère souvent d’un événement à l’autre.

De telles rages sont toujours explicables. Vedius Pollio (un ami de l’empereur Auguste) était en colère pour une raison identifiable : parce qu’il croyait en un monde où les verres ne sont pas brisés pendant les fêtes. Nous crions quand nous n’arrivons pas à trouver la télécommande parce que nous croyons implicitement en un monde où les télécommandes ne sont pas égarées. La colère est causée par la conviction, presque comique par ce qu’elle a d’optimiste (et si tragique qu’elle soit par ailleurs dans ses effets) que telle ou telle source de mécontentement n’a pas été incluse dans le contrat de vie.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 107-108.

P.S. : le lien et la première parenthèse sont de moi.

« Sénèque, ajoute Alain De Botton, a essayé de réduire nos attentes et nos espérances pour que nous ne braillions pas si fort quand elles sont frustrées ». Autrement dit, ce sont nos attentes et nos espérances frustrées qui fomentent nos colères. On m’a conseillé de vivre sans attente pour ne pas être frustré. Mais je ne crois toujours pas que nous pouvons vivre sans attente. Mais les réduire me semble plus sage, plus réalisable.

Je comprends aussi aujourd’hui, en ce moment même, que si nos attentes sont alignées sur une idéologie, nous seront insatisfaits en permanence. Le monde idéalisé n’existe que dans nos attentes. La recommandation de John Ralston Saul dans son livre La civilisation inconsciente à l’effet qu’il faut se méfier des idéologies prend maintenant un tout autre sens.

Si un jour vous et moi atteignons un équilibre stable, les membres moins heureux de ne notre entourage pourrons tirer deux conclusions. Ils diront : ou bien il est mort, ou bien il est entré dans un état d’illusion clinique. Et vivre dans l’illusion, c’est vivre dans le confort de l’idéologie

RALSTON SAUL, Saul, John, La civilisation inconsciente, Chapitre V – De l’idéologie vers l’équilibre, Payot et Rivages, Paris, 1997, p. 173.


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La civilisation inconsciente, John Ralston Saul, PAYOT ET RIVAGES, 1997. ISBN 2228891088.

LA CIVILISATION INCONSCIENTE

Publié en Italie, Allemagne, France, Australie, Canada, Espagne, Suède, Serbie, Grèce, Royaume Uni, Macédoine

DESCRIPTION

John Ralston Saul n’est pas seulement un grand voyageur mais surtout un baroudeur de l’esprit. Persuadé qu’il faut établir une relation judicieuse entre les idées et l’action, il a décidé de dresser une anatomie de la société moderne. Après Les bâtards de Voltaire (Payot, 1993), il récidive dans sa condamnation de la raison et surtout de l’esprit technocratique avec Le compagnon du doute (Payot, 1996), vade-mecum de la bêtise ordinaire. Dans La civilisation inconsciente, il affine sa thèse; le seul mode véritable de mise en cause des sociétés en crise a toujours été le langage. Il vaut revivifier les mots, mener une « guérilla linguistique » contre l’égoïsme et le conformisme. La raison n’est qu’un paravent derrière lequel les élites s’abritent pour gouverner le monde comme bon leur semble, parfois même dans la plus totale… irrationalité. Dans ce troisième volume, John Saul relie le langage à la réalité, clarifie les notions d’individualisme et de démocratie et fustige avec conviction le retour des corporatismes. John Saul est né en 1947, à Ottawa, au Canada. Après des études à Londres et à Paris, il fit carrière dans la finance et l’industrie, qu’il abandonna pour se consacrer à l’écriture. Il a écrit trois romans d’aventures, Baraka, Mort d’un général et Paradis Boues, et un recueil de nouvelles, De si bons Américains.


Nous cesserons d’être si mécontents quand nous cesserons de trop attendre des autres et du monde.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 109.

Sentiment d’être persécuté

Chez des gens d’ordinaire timides et effacés, le sentiment qu’on se paye leur tête peut provoquer soudain un accès de rage et des actes de cruauté allant jusqu’au meurtre.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 128.

IV. Les consolations philosophique en cas de déficience personnelle

Dans ce chapitre, Alain De Botton se réfère à Montaigne et la lecture de ce dernier m’a fait bien rire.

S’il avait eu le choix, Montaigne n’aurait peut-être pas, en fin de compte, opté pour une existence caprine — mais c’eût été tout juste. Cicéron avant présenté l’intellect sous un jour favorable. Seize siècles plus tard, il revint à Montaigne d’introduire l’idée contraire : D’apprendre qu’on a dit ou fait une sottise, ce n’est rien que cela. Il faut apprendre, qu’on n’est qu’un sot… — les plus grands sots de tous étant les philosophes comme Cicéron, qui n’ont jamais soupçonné qu’ils puissent l’être. Une confiance aveugle dans l’intellect est la source de l’idiotie – et, indirectement, de l’incompétence.

Sous ses travées peintes (de sa bibliothèque), Montaigne esquissa une nouvelle sorte de philosophie, qui reconnaissait que nous n’avons pas grand-chose à voir avec les créatures rationnelles et sereines que la plupart des penseurs de l’Antiquité imaginaient que nous étions. Nous sommes essentiellement des êtres grossiers et tourmentés, hystériques et insensés, à côté desquels les animaux sont à maints égards des modèles de santé et de vertu – une triste réalité que la philosophie se doit de refléter, mais reflète rarement :

Nostre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en escrit que reveremment et regulierement, il en laisse en arriere plus de la moitié

(Notre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en écrit que revéremment et régulièrement, il en laisse en arrière plus de la moitié.)

Et pourtant si nous acceptons nos faiblesses, et cessons de revendiquer une maîtrise intellectuelle et morale que nous n’avons pas, nous pouvons nous apercevoir — selon la philosophie généreuse et rédemptrice de Montaigne — que nous sommes malgré tout, en définitive, suffisamment capables à notre façon particulière, mi-sage, mi-sotte.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 152-153.

P.S.: Les parenthèses sont de moi.

Que dire de plus. Rien.


Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 189.

De la déficience intellectuelle

Si l’on essaie de définir la philosophie de l’éducation qui caractérisait le collège de Guyenne ou, d’ailleurs, celle de la plupart des écoles et universités avant et après cette époque, on peut dire qu’elle reposait en gros sur l’idée que plus un élève apprend de choses sur le monde (histoire, science, littérature), mieux cela vaut. Mais Montaigne, après avoir consciencieusement suivi les cours du collège jusqu’à son examen, ajouta une condition importante :

“ Si l’homme estoit sage, il prendroit le vray prix de chasque chose, selon qu’elle seroit la plus utile et propre à sa vie ”

(Si l’homme était sage, il estimerait véritablement chaque chose selon qu’elle serait la plus utile et la plus approprié à sa vie. (L2, XII, p.592))

Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 189.

P.S.: La parenthèse est de moi.

À la suite de mes études secondaire, je suis passé aux études de niveau collégial. Il m’est alors venu à l’idée que si l’on m’instruisait d’un répertoire de tous les savoirs disponibles, y compris les savoirs contradictoires ou en débat, et comment les trouver, je n’aurais pas besoin de plus en apprendre dans les détails. Je me disais qui le besoin se faisait sentir pour tel ou tel savoir au cours de ma vie, je saurais alors où et comment le trouver. Mais ce n’est jamais comme cela que ça se passe. Les professeurs choisissent les savoirs et les auteurs qu’ils vous enseignent et en laisse une pléthore de côté. Je me suis fait alors un malin plaisir de demander à mon père de me donner les moyens financiers d’acheter tous les livres de la liste de références fournie par mes professeurs. Il a dit oui. Je me suis ensuite référé au bibliothécaire du collège pour qu’il me trouve des livres contredisant ceux que je venais de me procurer. Il n’en fallait pas pour je passe finalement à l’action en classe en demandant à chaque professeur pourquoi il avait mis de côté tel et tel auteur disant le contraire de ceux qu’il avait choisi d’enseigner. Apprenti journaliste à l’hebdomadaire locaux et à un quotidien national, on m’avait appris de toujours vérifier les sources soutenant le contraire ou critiquant ma source principale. C’est donc ce que je faisais en classe au grand dam de mes professeurs.

L’affirmation de Alain De Botton à savoir qu’«Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris» me plaît beaucoup. Déjà lors de mes études de niveau secondaire, j’entendais parfois certains élèves dire : « Veux-tu bien dire à quoi cela va me servir dans la vie ? » en pointant du doigt tel ou tel matière au programme.

V. Les  consolations philosophiques en cas de peine de cœur

Pour les chagrins d’amour, c’est peut-être le plus indiqué de tous les philosophes :

1788 Arthur Schopenhauer — événement qu’il sera enclin à regretter plus tard : « Nous pouvons considérer notre vie comme une perturbation inutilement pénible dans le bienheureux repos du néant. » « L’existence humaine, précise-t-il, doit être une sorte d’erreur, on peut en dire :  »Elle est affreuse aujourd’hui et chaque jour elle sera pire, jusqu’au désastre final » » (…)

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 211.


1809-1811 Il (Arthur Schopenhauer) étudie à l’université de Göttingen et décide de devenir philosophe : « La vie est une triste affaire, j’ai résolu de passer la mienne à y réfléchir. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 214.


1888 Il (Arthur Schopenhauer) termine Le Monde comme volonté et comme représentation, qu’il sait être un chef-d’œuvre. Il explique ainsi son manque d’amis : « Une homme de génie ne peut guère être sociable, car, en vérité, quels dialogues pourraient être aussi intelligents et distrayants que ses propres monologues ? »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp.215-216.


(…) Il prend l’habitude de dormir durant de longs moments dans la journée : « Si la vie était quelque chose d’agréable, chacun sombrerait à contrecœur dans l’inconscience du sommeil et en émergerait de nouveau avec joie. Mais c’est tout le contraire qui se produit, car chacun va volontiers se coucher, et se lève de mauvaise grâce. » Il justifie sa soif de sommeil en se comparant à deux de ses penseurs préférés : « Les êtres humains ont d’autant plus besoin de sommeil que leur cerveau est plus développé (…) et plus actif. Montaigne dit de lui-même qu’il a toujours été un gros dormeur, qu’il a passé une grande partie de sa vie à dormir et qu’à un âge avancé il dort encore de huit à neuf heures d’affilée. Descartes aussi, dit-on dormait beaucoup. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 221.


(…) « Est-ce qu’un grand esprit aurait jamais pu atteindre son but et créer une œuvre durable, s’il avait pris pour guide le feu follet fantasque de l’opinion publique, c’est-à-dire l’opinion des petits esprits ? » (…)

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 221.


« Je peux supporter l’idée que bientôt les vers rongeront mon corps, mais je frémis en imaginant ma philosophie rongée par des professeurs de philosophie. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 224.


Il ne voulait pas nous déprimer, mais plutôt nous délivrer des espoirs qui suscitent tôt ou tard de l’amertume. Il est consolant, quand l’amour nous a déçu, d’entendre dire que le bonheur n’a jamais fait partie du projet. Les penseur les plus pessimistes peuvent être, paradoxalement, les plus réconfortants :

Il n’y a qu’une erreur innée, et c’est l’idée que nous existons pour être heureux. (…) Tant que nous persistons dans cette erreur (…) le monde nous semble plein de contradiction. Car à chaque pas, dans les grandes choses comme dans les petites, nous sommes forcés de constater que le monde et la vie ne sont certainement pas propices à une existence heureuse (…) c’est pourquoi le visages de presque tous les gens âgée exprime ce qu’on appelle le désappointement.

Ils n’auraient jamais été aussi désappointés s’ils n’avaient attendu de l’amour que des choses raisonnables :

Ce qui trouble la jeunesse et la rend malheureuse (…), c’est cette recherche du bonheur fondée sur la conviction qu’il faut le trouver dans la vie. Il en résulte un espoir constamment déçu et don un profond mécontentement. Des images trompeuses de vague bonheur issues de nos rêves flottent dans notre esprit en des formes capricieuses, et nous cherchons en vain l’originale (…) Il y aurait beaucoup à gagner si l’on pouvait, grâce à un enseignement et des conseils opportuns, extirper de l’esprit des jeunes gens l’idée erronée que le monde a beaucoup à offrir.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 242-243.


Bon, c’est assez. Arthur Schopenhauer est un philosophe pessimiste, nous le constatons : Notre existence est une erreur. La vie est une triste affaire. Notre souffrance est normale en cas de rejet (amoureux). Le bonheur n’a jamais fait partie du projet. Il faut extirper de l’esprit des jeunes gens l’idée erronées que le monde a beaucoup à offrir… Wow ! C’est exaspérants mais vrai plus souvent qu’autrement.

La philosophe Laurence Devillars dans son livre Guérir la vie par la philosophie écrit : « Comme si la vie était un cadeau » :

Vivre, se sentir vivant, exister ici et maintenant, tel serait, à en croire certains, le secret du bonheur. Comme si la vie était un cadeau ; comme si le moment présent n’était que magie et poésie. Pour tous ceux qui vivent d’amour et d’eau fraîche, de vacances et de loisirs, dans le luxe, le calme et la volupté, il en va sans doute ainsi. Cependant, pour la majorité d’entre nous, vivre n’est pas un cadeau, mais une série de contraintes, de figures et d’horaires imposés.

DEVILLAIRS, Laurence, Guérir la vie par la philosophie, Presses Universitaires de France / Humensis, 2020, p. 17.

Lire mon rapport de lecture de ce livre

Je crois effectivement que la vie n’est pas un cadeau mais on nous dit le contraire très jeune. Puis nous passons d’un âge à un autre en espérant tout de ce cadeau pour finalement nous rendre à l’évidence que la vie suit son cours sans nous demander notre avis. Il ne s’agit pas pour autant de vivre la tête entre les deux jambes, pas plus que de vivre le nez en l’air, mais de vivre, vivre raisonnablement sans s’enchaîner à des attentes. Vivre, simplement vivre, est un objectif des plus nobles, dans la vallée tout comme au sommet de la montagne. C’est la vie elle-même, libérée de nos projections, qui a de valeur, qui est la valeur ultime et intrinsèque de l’existence humaine. Le bonheur de vivre, d’être en vie, d’avoir la vie, suffit.

VI. Les consolations philosophiques en cas  de difficultés

Peu de philosophes ont estimé que cela pouvait être une bonne chose de se sentir malheureux. On a traditionnellement associé la sagesse à une tentative pour réduire la souffrance : anxiété, désespoir, colère, mépris de soi, peines de cœur.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 251.


Le maître (Arthur Schopenhauer) changea la vie du jeune homme (Friedrich Nietzsche). L’essence de la sagesse philosophique, expliquait Schopenhauer, était exprimé par cette réflexion d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque :

L’homme prudent recherche l’absence de douleur, et non le plaisir. (Aristote)

La priorité, pour tous ceux qui cherchent le contentement, est de reconnaître l’impossibilité du bonheur et d’éviter ainsi les tourments et l’anxiété que nous rencontrons nécessairement en courant après :

(Nous devons) nous efforcer non de jouir de ce qui est plaisant et agréable dans la vie, mais d’éviter autant que faire se peut, ses innombrables maux. (…) Le sort le plus heureux est celui de l’homme qui a vécu sans aucune grande douleur, physique ou morale. (Friedrich Nietzsche)

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 253.

C’est simple : évitons d’être malheureux sans croire que cela nous rendra heureux ? Non, cette affirmation ne fait pas de bon sens. Disons plutôt : le bonheur est une illusion mais le malheur est bien réel et indispensable ? Cela n’a pas plus de sens. Écoutons Friedrich Nietzsche :

Et si le plaisir et le déplaisir étaient étroitement liés que quiconque veut avoir autant que possible de l’un doit aussi avoir autant que possible de l’autre ? (…) Tu as le choix : ou bien aussi peu de déplaisir possible, bref une absence de souffrance (…) ou bien autant de déplaisir que possible, pour le  prix d’une abondance de plaisirs subtils et de joies encore rarement éprouvées. Si tu optes pour la première solution et désires réduire la souffrance des hommes, tu dois aussi réduire leurs aptitude à la joie. (Friedrich Nietzsche)

Les projets humains les plus gratifiants semblent inséparables d’un certain degré de tourment, les sources de nos plus grandes joies étant fâcheusement proches de celle de nos plus grandes peines :

Examinez la vie des individus et des peuples les plus brillants et féconds et demandez-vous si un arbre qui est censé atteindre une noble hauteur peut se dispenser de mauvais et de tempêtes; si l’infortune et les obstacles extérieurs tel que la haire, la jalousie, l’obstination, la méfiance, la dureté, l’avarice ou la violence, ne font pas partie des conditions favorables sans lesquelles aucun grand épanouissement, y compris même de la vertu, n’est vraiment possible. (Friedrich Nietzsche)

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 262.

Ok, je dois l’avouer : c’est dans mes plus grands revers engendrant mes plus grands malheurs débouchant sur de profondes dépressions, que ma créativité fut la plus féconde et que je me suis épanoui à nouveau. Je ne cours pas pour autant après les grands malheurs pour stimuler ma créativité mais je les sais inévitable; un jour ou l’autre un grand malheur reviendra me visiter. Le fait n’alimente pas en moi de l’anxiété et encore moins de l’appréhension maladive. Je ne vis pas une corde raide. C’est par trop de confiance en notre monde que mes grands malheurs se développent et viennent me dire que mes attentes étaient illusoires.


Le dialogue platonicien cette sorte de dialectique affreusement autosatisfaite et puérile, ne peut avoir un effet stimulant que si l’on n’a jamais lu aucun bon auteur français (…) Platon est assommant.

Friedrich Nietzsche

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 255.


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Les consolations de la philosophie de Alain De Botton et paru dans traduction française en 2021 chez Mercure de France. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

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Article # 85

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie comme mode de vie

Deuxième édition revue et corrigée

Daniel Desroches

Les Presses de l’Université Laval

ISBN : 978-2-7637-4119-2

Date de parution : 29 mars 2019

Collection : À propos

Nombre de pages : 484

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.


5-etoiles

J’accorde au livre La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée) de Daniel Desroches et paru en 2019 chez Les Presses de l’Université Laval 5 étoiles sur cinq.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteur


Texte en quatrième de couverture

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet.

« La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. »

Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.

Daniel Desroches est professeur de philosophie et conférencier invité aux Belles soirées de l’Université de Montréal. Dans le cadre d’une étude sur l’Anthropocène, il s’intéresse aux pratiques qui s’inscrivent dans une éthique de cohabitation. Également chercheur en éthique de l’environnement, l’auteur est spécialiste de l’écologie profonde.
 

TABLE DES MATIÈRES

Table des sigles

Présentation des notes

Avant-propos

Prendre la philosophie au sérieux

Première partie

VERS LA PHILOSOPHIE

Chapitre I – À la croisée des chemins

En guise d’exhortation

Premières questions

Une évidence paradoxale

La redécouverte de la philosophie comme manière de vivre

Un premier aperçu de la vie philosophique

Les trois dimensions de la vie philosophique

Qu’est-ce que la philosophie comme mode de vie ?

Pourquoi procéder à une telle étude aujourd’hui ?

Comment faire l’étude de la vie philosophique ?

Notes

Notice – Pierre Hadot

Chapitre II – Aux origines de la philosophie

De la question de la vérité à l’emploi du mot philosophe

Mise en contexte de la philosophie antique

Les points de repère historiques et géographiques

Les sphères de l’existence antique

Pratiques de transformation de soi chez les présocratiques

Philosophie et spiritualité : la question de l’accès à la vérité

Le mystérieux voyage de Parménide

Les pouvoirs prodigieux d’Empédocle

Le modèle de l’homme divin et la purification de l’âme

La naissance de la philosophie chez Pythagore et Platon

La philosophie est un genre de vie

Premiers emplois des mots « philosophe » et « philosophie »

La fonction du philosophe et la contemplation chez Pythagore

La philosophie comme amour de la sagesse chez Platon

Notes

Notice

Exercices spirituels

Deuxième partie

LES MODES DE VIES PHILOSOPHIQUE

Chapitre III – La figure remarquable de Socrate

La justification de la vie philosophique

Les différents discours sur Socrate

Qui était Socrate ?

Socrate, un être inclassable

Socrate et l’oracle de Delphes : la mission philosophique

La défense de Socrate lors de son procès

Une conduite qui expose Socrate à la mort

La justification de la vie philosophique

Le choix de vie socratique

Les maximes socratiques

« Il vaut mieux subir l’injustice que la commettre »

« Nul ne fait le mal par choix conscient »

La maxime delphique « Connais-toi toi-même »

La justification de l’éthique par des énoncés éthopoétiques

Le dialogue socratique comme exercice spirituel

L’exhortation : de l’insouciance à la reconnaissance de l’ignorance

La dialectique : de la probatoire à la maïeutique

La postérité étonnante de Socrate

Notes

Notice

Vie philosophique

Chapitre IV – Exploits à Cynosargès : Diogène et les cyniques

La vraie vie selon les cyniques

Mise en contexte de l’école cynique

Vie et doxographie de Diogène de Sinope

Le rattachement de Diogène au mouvement socratique

Le choix de vie cynique comme quête de liberté

La panoplie du cynique

La suffisance à soi : l’autarcie conduit à l’apathie

Les principales pratiques cyniques

La réduction du discours au minimum

Vivre en accord avec la nature

La parrèsia et la résistance politique : Alexandre et Diogène

Dénoncer les vices par l’observation des citoyens

La vie cynique comme entraînement et épreuve de vérité

Le courage de la vérité et la vraie vie

Notes

Notice

Michel Foucault

Chapitre V – La médecine de Pyrrhon et des sceptiques

De la question de la vérité à celle de la santé de l’âme

Mise en contexte de l’école sceptique

Retour sur la période hellénistique

L’école sceptique : précurseurs, fondateurs et héritiers

Pyrrhon d’Élis parmi ses contemporains

Convergences et divergences par rapport à Socrate

Le pyrrhonisme d’après Timon

Ce que sont les choses

De la disposition à adopter à l’égard des choses

Les conséquences attendues de cette disposition

De la question de la vérité à celle de la santé de l’âme

Le scepticisme selon Sextus Empiricus

L’école, la désignation et la définition du scepticisme

Le choix de vie : la visée de l’ataraxie

Les formes de la réfutation du dogmatisme

La thérapeutique sceptique

De l’indifférence au silence : les exercices du sceptique

La supériorité de la vie suspensive

Notes

Chapitre VI – La recherche du plaisir au Jardin d’Épicure

L’art de vivre épicurien et le discours thérapeutique

Considérations introductives

Mise en contexte de l’école épicurienne

Épicure, un héritier des petits socratiques

Les influences doctrinales et l’autodidaxie

Œuvre d’Épicure et parties de la philosophie

Le choix de vie au Jardin d’Épicure

Les sources du malheur : souffrance et craintes injustifiées

La solution épicurienne : la réjouissance au présent

L’étude épicurienne des désirs et des plaisirs

La tripartition des désirs

Les deux grandes formes du plaisir

Du plaisir de vivre au bien vivre : l’éthique est une thérapeutique

La fonction thérapeutique du discours vrai

Le discours vide et les troubles de l’âme

Le traitement selon la médecine épicurienne

Les exercices de l’art de vivre épicurien

La méditation et l’appropriation des vérités épicuriennes

Les pratiques de la direction spirituelle

L’ascèse des désirs et le dosage des plaisirs

Notes

Notice

André-Jean Voelke

Chapitre VII – Affronter les événements à l’école du Portique

Des stoïciens grecs à ceux de la période impériale

La plus haute forme de réconciliation

Mise en contexte de l’école du Portique

Deux illustres précurseurs : Héraclès et Héraclite

L’école stoïcienne : découpage historique et grandes figures

Les trois parties du discours philosophique

Le choix de vie des stoïques

La source des malheurs humains : l’inaccessible et l’inévitable

Un fondement proprement socratique

Vers la citadelle intérieure : apathie et accord avec soi

Étude sommaire des exercices spirituels

Les écrits pour soi-même et leur fonction pragmatique

Les trois disciplines d’Épictète dans les Pensées de Marc Aurèle

Le véritable progrès philosophique

La conception cosmique de Marc Aurèle

L’exercice de la mort quotidienne

Notes

Notice

L’appropriation des exercices par le christianisme

Chapitre VIII – La vie contemplative : Platon et Aristote

De la conversion de l’âme à la vie de l’esprit

Introduction à la vie philosophique à l’Académie

La philosophie comme activité de l’âme

La conversion à la vie contemplative

Vers la contemplation : la nécessité des formes intelligibles

L’allégorie de la caverne comme illustration

Les exercices spirituels à l’école de Platon

Vertu éthique et vie contemplative au Lycée d’Aristote

Le bonheur : une activité de l’âme conforme à la vertu

Le mode de vie théorétique : la vie selon l’esprit

Notes

Notice

La tâche politique et le réel de la philosophie

Notice

L’exercice de reprise

Troisième partie

LA VIE PHILOSOPHIQUE AUJOURD’HUI

Chapitre IX – La vie examinée

Sur le mode de l’entretien

Notes

Notice

Actualiser la philosophie comme mode de vie

Notice

L’éthique aujourd’hui

Annexes

Bibliographie sélective


EXTRAIT

Avant-propos

« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux », écrivait Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe, c’est celui qui traite du sens de sa propre vie. « Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, ajoutait-il, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. » Si Camus a raison, montrer qu’une vie examinée vaut la peine d’être vécue répondrait, par le fait même, à toute question d’ordre philosophique. Qu’est-ce qu’une vie examinée ? Voilà en une seule phrase le problème que cet ouvrage, consacré en majeure partie à la philosophie gréco-romaine, pose au lecteur contemporain.

Ce livre débute par une évidence devenue paradoxale. Si nous choisissons presque tous les objets qui nous entourent, si la plupart des gens choisissent leurs amis et leur conjoint, leur domaine d’étude et leur emploi, il n’est pas évident pour autant que nous choisissions notre vie, je veux dire notre mode de vie. Sommes-nous conscients de l’importance que revêt le choix d’une existence propre ? en quoi différons-nous d’Euthydème, incapable de répondre aux questions que lui posait Socrate ? Comme chez les Grecs, ce qu’il importe le plus de savoir, ce qu’il faut chercher avant toutes choses, passe toujours inaperçu. Mais quelle voie emprunter pour examiner sa vie ? Dans quelle direction nous tourner pour oser cette navigation ? Quels écueils faut-il éviter pour ne pas nous égarer en cours de route ?

Choisir sa vie, sa manière de vivre, cela peut-il être l’objet d’une décision philosophique, d’une décision éclairée et conséquente, d’un acte posé en toute connaissance de cause ? Après Socrate, Épicure et Marc Aurèle, nous ferons le pari que oui, à la seule condition que la philosophie puisse à nouveau se présenter sous son meilleur jour, retrouver son sens premier et redevenir un choix de vie. C ’est à cette fin que ce livre propose une étude des six principales « écoles » antiques, autant de manières d’aborder la vie philosophique que d’examiner sa propre existence. et pour nous servir d’image, nous verrons au tout premier chapitre dans quel sens l’allégorie du choix d’Héraklès illustre à la fois la gravité de la décision qui nous occupe et ce que signifie ici prendre la philosophie au sérieux.

Le lieu de la philosophie

Contrairement à l’impression qu’elle nous laisse parfois, la philosophie ne se trouve pas dans les livres ! Pour comprendre cela, il faut prendre congé des conventions habituelles. en effet, la philosophie change quelque chose : elle peut nous aider à transformer notre vie. Depuis une dizaine d’années, justement, je m’intéresse à ce qui, en philosophie, change la personne, la transforme, l’incite à rendre compte de sa propre existence. Je m’intéresse, autrement dit, à la possibilité pour la philosophie d’agir sur nous, de produire un effet. Le lecteur me répondra peut-être : mais vous avez trouvé cela dans les livres, pourquoi faire comme s’il fallait les jeter aux orties ? Certes je suis un lecteur, je conçois la lecture comme un exercice spirituel, mais je ne crois pas que le livre soit le lieu propre de la philosophie. À ce propos, j’aimerais citer un passage de la vingtième des Lettres à Lucilius de Sénèque qui nous ramène à l’essentiel au moment d’aborder l’expérience philosophique :

Or il est une chose, cher Lucilius, dont je te prie, à quoi je t’exhorte : fais descendre au fond de ton cœur la philosophie ; fonde l’expérience de ton progrès non sur la chose dite ou écrite, mais sur la fermeté de l’âme et la réduction des désirs. Vérifie les paroles par les actes […] La philosophie enseigne à agir, non à parler.

Je crois pouvoir affirmer que je comprends pourquoi la philosophie académique se réduit parfois à une histoire de systèmes, de doctrines et de problèmes, bref à un travail de haute voltige sur des concepts abstraits. Je crois savoir aussi qu’il existe, presque à l’opposé, une philosophie qui se présente plutôt comme une littérature en multipliant les essais à l’infini. À distance de Charybde et de Scylla, j’aimerais montrer dans ce livre que la philosophie peut être une expérience englobante, non seulement un choix d’existence singulier, mais surtout une manière de retrouver une cohérence perdue : cohérence entre soi et soi-même, accord entre soi et les autres et, enfin, cohérence entre soi-même et la nature à laquelle nous appartenons. Pour cela, il nous faudra naviguer jusqu’à Delphes, car cette décision ne doit pas demeurer lettre morte… C’est une exigence de cohérence qui se tient derrière l’énoncé selon lequel il nous faut prendre la philosophie au sérieux. C’est cette exigence, en somme, qui justifie l’odyssée philosophique que je proposerai dans ces pages.

À propos de la navigation

Ce voyage comportera trois étapes. Pour prendre la direction de la philosophie et entamer une première navigation, comme dirait Platon, la section introductive sera constituée d’une exhortation à la vie examinée et d’une étude des origines lointaines de la philosophie. En guise d’invitation, je rappellerai l’importance que revêt la décision initiale. C’est dans cette partie que nous trouverons une introduction à la philosophie antique par une étude du « philosophe archaïque ». La deuxième étape, celle qui forme le cœur de ce livre, présentera six grandes écoles ou approches philosophiques de l’Antiquité : le socratisme, le cynisme, le scepticisme, l’épicurisme, le stoïcisme et la vie contemplative. Formée de six chapitres, cette seconde navigation sera la plus longue, car elle exige une mise en contexte de chacune des écoles, une clarification du mode de vie choisi, un survol des exercices spirituels ainsi qu’une illustration du discours philosophique. Enfin, pour retrouver notre époque, je propose dans une troisième partie une réflexion brève sur la vie examinée et l’éthique aujourd’hui. Formé d’un seul chapitre et de deux notices, cette dernière partie prendra la forme d’un entretien avec l’auteur qui permettra de répondre à quelques questions laissées en suspens au cours de la recherche. La plus importante de ces questions est de savoir en quel sens la philosophie comme mode de vie peut être actualisée aujourd’hui

Le lecteur remarquera que des notices ont été insérées entre les chapitres qui ponctuent ce parcours. On trouvera des notices d’auteurs et des notices thématiques. De quoi s’agit-il au juste ? Si les chapitres sont des textes longs, les notices sont des textes brefs et spécialisés qui permettent soit de compléter soit de faire un retour sur ce qui a été présenté. On trouvera, par exemple, une notice portant sur la contribution de l’helléniste Pierre Hadot et une autre sur la tâche politique du philosophe : ces notices complètent les chapitres qui les précèdent et proposent des approfondissements sur des questions particulières. On trouvera également une notice thématique sur la vie philosophique et une autre intitulée l’exercice de reprise : ces notices ont plutôt comme objectif de permettre au lecteur de s’approprier des éléments déjà abordés. Enfin, les notices les plus exigeantes, comme celle qui est consacrée à Foucault, celle qui aborde l’actualisation de la philosophie comme mode de vie ou celle qui s’intitule l’éthique aujourd’hui, se liront davantage comme des contributions à la discussion actuelle.

À distance de Charybde et Scylla

Cet ouvrage aborde les écoles à la manière d’attitudes possibles, c’est-à-dire comme des choix de vie autonomes et distincts. Étant donné le primat toujours consenti à la diversité et à la nécessité de laisser le lecteur philosopher par lui-même et s’approprier à sa guise les pratiques, il y a deux choses que l’on ne trouvera pas dans ce livre. On ne trouvera pas une critique des autres approches antique. Cela mérite une explication. D’abord, bien que la matière abordée puisse s’y prêter parfois, on ne trouvera pas une critique de la philosophie telle qu’elle est enseignée dans nos institutions. En effet, dans l’enseignement, nous n’insistons pas sur la manière de vivre mais sur ce qui est transférable, à savoir la connaissance philosophique. En revanche, on ne trouvera pas non plus une justification de la philosophie académique. Si nous évitons la discussion technique et érudite des doctrines et des concepts, c’est pour faire prévaloir la vie philosophique et les pratiques que l’on peut soi-même actualiser.

Ensuite, bien qu’une école philosophique pose toujours une question qui s’inscrit dans un contexte particulier et y réponde par une conception qui se voudrait une solution globale, nous ne trouverons pas dans les pages qu’on va lire une solution unique aux problèmes humains. J’ignore si une telle panacée existe et, si elle le pouvait, je doute qu’elle puisse guérir qui que ce soit. C’est pourquoi je ne disqualifierai aucune approche qui nous conviendrait moins, considérant, par exemple, que le spiritualisme est dépassé ou que le matérialisme répond mieux à notre époque. Dans ce livre, on ne choisit pas à la place de notre lecteur ; on se propose plutôt de présenter les écoles antiques sous leur meilleur jour afin de susciter une libre discussion sur leur pertinence et leur actualité. Cela dit, nous ne trouverons pas davantage le préjugé contraire selon lequel toutes les manières de vivre sont équivalentes et que tous les êtres humains sont, d’une manière ou d’une autre, un peu « philosophes ». Non, car l’élaboration d’une vie philosophique est une option exigeante qui, si elle ne peut convenir à tous, a pourtant le mérite d’être, par sa portée existentielle, matière à discussion par tous. Afin d’encourager le lecteur à élaborer son propre mode de vie, selon le bien qui lui semblera le plus digne d’être recherché, je l’inviterai surtout à se soucier de lui-même plutôt que de souscrire aux pistes d’actualisation proposées ici

La destination et le destinataire

Qu’est-ce qu’une vie examinée ? Peut-on en donner ici une première idée ? À côté de la vie ordinaire, de la routine quotidienne et des multiples contradictions de l’existence, il y aurait place pour un savoir-vivre fondamental, pour un souci de soi qui conduit à la prise de conscience de ce qui forme l’essentiel des préoccupations humaines. La vie examinée annonce une réconciliation avec soi- même, la possibilité de se pacifier afin de cohabiter avec les autres ainsi qu’avec la nature. C’est peut-être la raison profonde pour laquelle les philosophes grecs accordaient plus de valeur à la vie de l’âme qu’à la vie du corps, plus de soin à la vertu morale qu’à la réussite matérielle, bref plus d’intérêt à devenir eux-mêmes meilleurs qu’à chercher les avantages éphémères que procure la réussite sociale.

À qui s’adresse cet ouvrage ? Il s’agirait d’offrir à toute personne curieuse et intéressée par la philosophie des pistes de réflexion pour examiner sa vie. Il s’agirait de présenter, à qui veut vivre autrement, une introduction à la vie philosophique. enfin, la personne formée à la philosophie trouvera ici l’occasion d’approfondir plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de recherches érudites par Hadot, Foucault et Voelke. « Si la fortune lui est favorable », ce livre tombera entre les mains de personnes qui y trouveront un profit durable.

Encore un mot

Les réflexions que je présente au lecteur sont le fruit de différents cycles d’enseignement et de conférences publiques qui s’échelonnent sur une dizaine d’années. Je me propose de retracer brièvement ces étapes pour éclairer la démarche qui a été la mienne. Le matériau initial à la source de l’ouvrage, soit l’étude des écoles philosophiques, a été présenté pour une première fois lors de plusieurs cours offerts à la formation continue de l’Université Laval de l’automne 2002 à l’hiver 2006. Il a été approfondi et révisé à l’occasion de deux cours donnés aux étudiants de premier cycle à la Faculté de philosophie de l’Université Laval en 2006 et en 2007. Enfin, la troisième version de ce matériau fut l’objet de huit conférences publiques présentées aux Belles Soirées de l’Université de Montréal en 2013. Quant à mon travail sur Foucault, il a fait l’objet de conférences et de publications distinctes.

En terminant, j’aimerais exprimer ma profonde gratitude aux quelques personnes qui ont rendu ce livre possible ou qui en ont fait la première lecture. D’emblée, je suis redevable à Denise Leahy, ma conjointe, d’avoir suggéré qu’un premier texte soit établi à partir de conférences prononcées à Québec à l’automne 2011. Sans ses suggestions précieuses et son soutien indéfectible, cet ouvrage n’aurait probablement jamais vu le jour. Dans la même veine, j’aimerais remercier également Pierre-Alexandre Morneau-Caron qui a préparé, à partir d’enregistrements et de notes, la première version du texte qu’on va lire. Formé à la philosophie antique et ayant lui-même approfondi le rôle de l’exhortation dans le discours philosophique, je lui dois sans conteste l’intuition à la source du premier chapitre.

Si le milieu de l’enseignement favorise les rencontres, le destin de certaines d’entre elles se montre parfois favorable. C’est pourquoi il me faut remercier deux collègues qui ont bien voulu lire mon manuscrit afin de me faire parvenir des suggestions et des questions. En premier lieu, je dois au professeur de physique robert Bernier une lecture intégrale. Autodidacte et pragmatique, surtout soucieux de ne jamais laisser le discours se nourrir de croyances et d’illusions, bref mieux à même de comprendre mon projet que je l’aurais imaginé, robert Bernier m’a grandement aidé à améliorer la lisibilité de mon texte. Mais comme les ressources qui permettaient de confirmer mes hypothèses se trouvaient parfois à la porte voisine plutôt qu’à la bibliothèque, je tiens à remercier Alexandre Simard pour les échanges enrichissants que nous avons eus au cours de la dernière année. Professeur de philosophie, féru de culture antique, je lui dois de nombreuses références ainsi que d’innombrables hésitations. Quant à l’expression liminaire de l’éthique de la cohabitation que je propose ici, je la dois en partie aux discussions stimulantes que j’ai eues aux cours des dernières années avec le professeur Antoine Corriveau-Dussault.

Enfin, l’éditeur des Presses de l’Université Laval, André Baril, trouvera ici l’expression de ma reconnaissance pour son intérêt et sa collaboration. Partenaire enjoué de ce projet, premier lecteur du manuscrit et ami de la sagesse, je remercie André Baril d’avoir rendu ce livre possible, et ce même si la philosophie ne se trouve pas dans les livres !

© Les Presses de l’Université Laval 2019

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Avant-propos, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. XI-XVIII. Cet extrait est disponible sur le site web Presses de l’Université Laval.


REVUE DE PRESSE

Daniel Desroches, La philosophie comme mode de vie. Québec, Presses de l’Université Laval, 2014, 405 p.

La philosophie comme mode de vie : Une approche qui replace les philosophes au cœur de la cité

Philosophie comme mode de vie – L’Agora une agora, une encyclopédie, 13 septembre 2020

La philosophie comme manière de vivre – Olivier Michaud, Professeur en fondements de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Le Devoir, 9 janvier 2021

Quand Socrate et Voltaire se ramènent, Louis Cornellier, Le Devoir, 21 juin 2014

La vie en pandémie, un défi pour l’éthique personnelle, Radio Canada, 5 février 2021

La philosophie vivante, Ferland, Guy, Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC)

Questions de sens aujourd’hui par Daniel Desroches – Spiritualitésanté – Hôpital du Saint-Sacrement1er décembre 2016


AU SUJET DE L’AUTEUR

DANIEL DESROCHES

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Source : Daniel Desroches sur le site web du CÉGEP de Lévis.

Environnementaliste, conférencier et auteur, Daniel Desroches est titulaire d’un doctorat en philosophie. Comme conférencier, il a fait connaître la philosophie comme mode de vie avec un essai paru aux Presses de l’Université Laval. Comme environnementaliste de terrain, il a obtenu la conservation de deux boisés à Laval. Avec les Amis du Boisé Neilson, à Québec, la victoire citoyenne s’est traduite par l’intention de la Ville de faire du boisé un «parc nature». Source : Cégep de Lévis.


Recherche

Ma recherche prolonge des études en philosophie française contemporaine. En conclusion d’une thèse sur les limites du concept moderne de sujet, je retiens que la subjectivation chez Foucault prenait appui sur la description des pratiques philosophiques décrites par Hadot. Si l’analyse des pratiques conduit bien à une philosophie comme mode de vie, celle-ci doit, à l’heure de l’Anthropocène, répondre aux enjeux que pose la crise environnementale. Inspiré par Rachel Carson et l’écologie profonde de Naess, j’élabore une éthique de la cohabitation. Source : Cégep de Lévis.


Site web personnel de Daniel Desroches

Site web d’entreprise de Daniel Desroches (Les amis du boisé Neilson)

Page de Daniel Desroches sur LinkedIn


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

La philosophie comme mode de vie

Deuxième édition revue et corrigée

Daniel Desroches

Les Presses de l’Université Laval

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

(…) Loin de moi l’idée que les Grecs valaient mieux que nous ou que les progrès accomplis au cours de la modernité n’ont rien de positif, mais il me semble qu’une question essentielle ait peu à peu disparu de notre champ d’interrogation. Cette question est celle de l’art de vivre, celle de la juste manière de vivre, celle d’un mode d’être qui réaliserait un accord entre ce qui est et ce que nous sommes. Ce que les premiers philosophes illustraient par leur vie, c’est que l’élaboration d’un art de vivre est possible, et qu’un choix cohérent d’existence, loin d’être une option éthique parmi d’autres, demeure ce qui est le plus nécessaire au point de vue moral.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 1 – À la croisée des chemins, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 4.

La modernité a écarté la question de l’art de vivre ou, plutôt, elle l’a détournée au profit du progrès et de la croissance matérialismes. Aujourd’hui, on vit comme on vit, sans plus de questionnement. On juge toute prise de conscience comme source potentiel de déstabilisation. Seule compte la confiance en soi et peu importe les justifications invoquées. Aujourd’hui le mode de vie se soumet au règne de l’opinion ou du jugement. Il suffit de se donner raison ou de croire en nos opinions pour stabiliser la confiance en soi. Mais, depuis, peu on parle à tort et à travers de l’authenticité en témoignage d’un certain art de vivre.

L’idéal d’authenticité personnelle, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, est devenu l’un des piliers de nos sociétés libérales et démocratiques contemporaines, occidentales et non occidentales, comme en témoignent de nombreux phénomènes : le développement des « identités numériques » (Facebook, Twitter), le succès du « développement personnel » et du coaching sous toutes ses formes, l’importation en Occident de spiritualités orientales souvent mal comprises, car subordonnées à l’épanouissement individuel et au culte de la performance[1], la libération sexuelle, l’affirmation du droit à la différence, l’éclatement des structures traditionnelles du couple et de la famille, et peut-être même, plus près de nous, l’étiolement des structures politiques de l’État-nation — phénomènes très divers, assurément, mais qui ont en commun de placer au centre l’épanouissement de l’individu et la « réalisation de soi ». J’ai essayé de montrer dans Être soi-même[2] que ce qu’on peut appeler « les pensées de l’authenticité » (de Rousseau à Larmore en passant par Kierkegaard, Heidegger, Sartre, Taylor) ne représentent, sur le plan historique, que la partie émergée de l’iceberg des pensées de la vérité envers soi-même et d’une vérité qu’il s’agit de faire non en paroles mais « dans sa vie elle-même », comme l’écrit Aristote dans l’Éthique à Nicomaque[3]. Cette dernière question remonte en fait aux origines de la philosophie. C’est donc dans la longue durée que je me suis efforcé de réinscrire ces questions en retraçant les prémices de cet idéal typiquement moderne et les différentes formes qu’il a pu prendre, depuis la magnanimité antique, les théories rhétoriques et stylistiques du naturel, jusqu’à l’époque de l’authenticité qui s’ouvre avec Rousseau et le romantisme, et à laquelle nous appartenons encore.

NOTES

[1] Sur les usages occidentaux du bouddhisme, voir Marion Dapsance, Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? Une analyse sans concessions du bouddhisme à l’occidentale, Paris, Gallimard, « Folio essais », 2019.

[2] Cl. Romano, Être soi-même. Une autre histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2018.

[3] Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 13, 1127 a 23-26.

Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249ar

C’est l’art de vivre en personne dite authentique, non pas l’art de vivre authentique. « Elle est authentique, elle dit vrai » mentionnait un philosophe praticien à l’une des participantes à son atelier en ligne. Est-ce qu’être authentique (ou croire l’être) et dire vrai constitue un mode de vie philosophique ? Je ne crois pas. IL nous faut revenir à l’idée antique de la philosophie. Daniel Desroches écrit :

Pourquoi cette exhortation à la vie philosophique ? Peut-être parce que l’idéal antique a presque disparu de la signification du mot philosophie que nous employons aujourd’hui. en effet, la philosophie s’enseigne et s’apprend presque exclusivement dans les collèges et les universités, des institutions qui ont transformé la signification de la philosophie en mettant surtout l’accent sur sa dimension intellectuelle. Quoi qu’il en soit, la philosophie qui m’occupe depuis plusieurs années ne trouve pas sa source dans un discours savant, érudit ou spécialisé, mais plutôt dans des attitudes existentielles, des pratiques de vie et des genres d’existence. C’est ainsi que sous l’appellation de « philosophie comme mode de vie », que j’emprunterai d’abord au professeur Pierre Hadot, je proposerai d’approfondir les attitudes fondamentales expérimentées par les premiers philosophes face à l’existence. J’examinerai les options existentielles qui ont donné lieu aux six « écoles » suivantes : le socratisme, le cynisme, le scepticisme, l’épicurisme, le stoïcisme et la vie contemplative[7] . Conscient de la différence qui sépare notre programme des exigences propres au genre théorique, nous partirons de l’expérience elle-même pour étudier la philosophie, car, s’il faut le dire tout de suite, c’est à leur genre de vie que se sont reconnus les premiers qui, au VIe siècle avant notre ère, se sont appelés « philosophes ». Comme notre programme ne va pas sans questions, il est temps de préciser davantage notre route.

NOTE

[7] À strictement voir les choses, Socrate n’a pas fait école : il a exercé une influence considérable sur les socratiques qui sont à la source des principales écoles philosophiques. Par commodité, la vie contemplative chez Platon et Aristote, qui n’est pas une « école » mais un certain genre de vie partagé par les philosophes de l’Académie et du Lycée fera l’objet d’un seul chapitre.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 1 – À la croisée des chemins, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. 7-8.


(…) La philosophie antique était une conversion du regard qui visait à produire un changement radical dans la manière d’être et de percevoir le monde.

HADOT, Pierre

Cité par DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 2 – Aux origines de la philosophie, Notice – Exercices spirituels, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 84.


La maxime delphique « Connais-toi toi-même»

Résumons d’abord ce que nous avons appris de Hadot et de Arendt. Hadot a montré que le choix de vie socratique est orienté par l’amour du bien, par la valeur qu’il faut préférer et non par le simple savoir. Quant à Arendt, qui a analysé la duplicité de la conscience via le modèle dialogique, elle précise que l’exigence morale consiste à demeurer en accord avec soi afin de pouvoir cohabiter avec soi-même. Or si certains font le mal, « nul ne le fait volontairement », : car le mal est issu d’un conflit de valeurs qui dissimule toujours une certaine ignorance. Or de quelle ignorance s’agit-il ? Il s’agirait ici de l’ignorance la plus insondable : l’ignorance de soi. En effet, c’est elle qui nous place en contradiction malgré nos bonnes intentions, c’est elle qui se manifeste chez celui qui n’a pas examiné sa vie. Considérant les conséquences d’une telle insouciance, c’est ainsi que Socrate pouvait affirmer que seule une vie examinée vaut d’être vécue.

Cette ignorance de soi, nous l’appelons depuis un moment insouciance morale pour bien marquer le fait qu’elle vient d’une absence de soin, d’un refus du souci. Il faut se méfier de cette tendance, une attitude négligente que Socrate a reconnue chez les citoyens qu’il a interrogés. Car, il s’agit non seulement d’une ignorance méconnue, mais surtout d’une insouciance à l’égard du bien. C’est pourquoi il faudrait chercher à se connaître soi-même et prendre les moyens appropriés pour en savoir plus sur soi, c’est-à-dire clarifier ses valeurs avant qu’il ne soit trop tard. A chaque fois que Socrate discute des valeurs, veut trouver le « meilleur », sa recherche passe par la discussion des raisons, par l’examen rationnel des opinions, comme l’atteste le Criton[70]. Tout cela, afin de ne pas se trouver en désaccord avec soi-même en se contredisant. C’est ainsi que, pour Socrate, il n’y a qu’un seul mal véritable, c’est la faute morale qui relève de l’insouciance ou, le plus souvent, de l’indifférence à l’égard de soi. En somme, il faut plutôt examiner sa manière de vivre et s’assurer qu elle soit inspirée par la volonté de faire le bien[71].

[70] Platon, Criton, 46b.

[71] Hadot, QP, 65.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 3 – La figure remarquable de Socrate, Les Presses de l’Université Laval, 2019, pp. 115-116.

Je suis d’accord avec Daniel Desroches au sujet de ses propos en référence à Hadot et à Arendt. J’adhère à l’affirmation de Socrate à l’effet que « seule une vie examinée vaut d’être vécue ».

Mais cette quête de la contradiction comme preuve du « désaccord avec soi-même »  doit, à mon humble avis, être actualisée. Dans le monde occidental, notre société n’en est pas à une contradiction près au point où cela nous paraît normal, acceptable. Nous relevons et dénonçons aisément les contradictions des Autres, notamment des personnalités politiques. On s’indigne, sans plus. Nous nous y sommes habitués. Alors, que nous nous contredisions nous-mêmes ne nous dérangent pas davantage qu’une promesse non tenue.

Que l’on souligne notre ignorance, nous répondrons que l’on ne peut pas tout savoir, que personne ne détient une connaissance parfaite de tout et de soi. Nous nous savons dans une ère de post-vérité (voir l’Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil, 2018 et l’Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité). Nous ne savons même plus où se trouve la vérité dans la mer de la désinformation.

Aujourd’hui, tout relève de la confiance en soi. Le doute n’est pas admissible. Nos opinions demeurent personnelles. Et « À chacun son opinion » dira-t-on.

Est-ce de l’insouciance, y compris une insouciance à l’égard du bien ? Est-ce de l’indifférence à l’égard de soi ? Peut-être mais ce n’est pas une catastrophe tant et aussi longtemps que les bases de la confiance en soi demeurent intactes. La confiance en soi n’est plus une affaire de logique mais plutôt une affaire d’émotivité, de perceptions positives de soi. Il faut maintenir le sentiment d’être bien avec soi sans forcément se pousser à examiner sa vie. Le sentiment d’être bien suffit à la tâche.

La population ne dispose pas des outils pour examiner sa vie, pour comprendre que seule une vie examinée vaut d’être vécue.

Pour discuter avec une personne des raisons de ses opinions et l’entraîner dans un examen rationnel de ces dernières, il ne faut pas la prendre de front, autrement tous ses mécanismes de défense conscients et inconscients entreront en action avec une grande virulence. Toutes ses réponses seront calculées pour donner à l’interlocuteur la meilleure image de soi. Et personne n’aime de faire repousser dans ses derniers retranchements sous la pression indue de questions dans un soit-disant dialogue, ce dialogue auquel la personne participe qu’en répondant à des questions, bref un dialogue socratique dogmatique.

Aujourd’hui, une actualisation de la démarche s’impose dans le contexte particulier de chaque culture au sein de chaque société où l’opinion, le jugement personnel, règne en roi et maître. À mon humble avis, il sera plus facile d’amener une personne à réfléchir sur la manière dont elle pense, sur son mode de penser, sur son système de penser, pour aller à la source même des opinions plutôt que de questionner une opinion donnée et la prendre en exemple jusqu’à la contradiction.

La discussion rationnelle était une pratique de la conversion à soi de l’âme, c’est-à-dire une prise de conscience de la réalité que constitue, pour elle-même, l’âme. La recherche de la vérité devra convertir l’âme de l’attrait du multiple vers l’unité. L’étude rationnelle devait permettre une conversion du regard pour voir, grâce à l’intelligence, ce qui ne change pas, ce qui est universel ou éternel. Cela dit, la conversion serait le passage d’une vie sensible, préoccupée par le multiple, par ce qui change, à une vie spirituelle qui consiste à élever l’âme jusqu’à la réalité véritable, l’intelligible, le savoir de l’universel dont l’origine est divine[25]. Gardons à l’esprit que la conversion est un retournement et un changement de direction[26].

[25] Platon, Phédon, 80a-b.

[26] Hadot, « Conversion », ES, 223-235, particulièrement 223 et 224-225.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée), Première partie – Vers la philosophie, Chapitre 8 – La vie contemplative : Platon et Aristote, Les Presses de l’Université Laval, 2019, p. 313.

La marche vers l’universel ne saurait pas être entreprise par l’examen d’une opinion particulière, individuelle. Quant à parler d’universel, partons de l’universel, de ce qu’il y a en moi d’universel.

Quant au « passage d’une vie sensible » à « une vie spirituelle » pour « élever l’âme jusqu’à la réalité véritable, l’intelligible, le savoir de l’universel », concentrons-nous dès le départ sur ce que je partage avec l’ensemble de l’humanité, plutôt que de me pousser à la contradiction.


L’ouvrage « La philosophie comme mode de vie » de Daniel Desroches chez Les Presses de l’Université Laval (deuxième édition revenue et corrigée) paru en 2019 se propose aux lecteurs comme une histoire de la philosophie et un outil de conversion à un mode de vie philosophique.

Daniel Déroches, titulaire d’un doctorat (Ph.D.) en Philosophie (Université Laval), professeur de philosophie au Collège d’Enseignement Général et Professionnel de Lévis (Cégep) (Québec), nous offre un ouvrage monumental unique.

5-etoiles

J’accorde au livre La philosophie comme mode de vie (Deuxième édition revue et corrigée) de Daniel Desroches et paru en 2019 chez Les Presses de l’Université Laval 5 étoiles sur cinq. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

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Article # 84

La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie comme mode de vie

OBJET – OBJECTIF – MOYENS

Par Serge-André Guay, Observatoire francophone de la philothérapie


Introduction

Après deux ans d’observation et d’analyse de la philothérapie, j’ai lu 19 livres traitant directement du sujet, 23 livres traitant de la philosophie, 5 livres traitant de la philosophie et de notre société et 5 livres critiques du développement personnel. J’ai écouté des balados (podcasts) et des conférences et j’ai participé à des ateliers en ligne offerts par des philosophes praticiens.  J’ai l’impression d’avoir fait le tour de la philothérapie francophone, notamment française. Et voici mes observations et mes conclusions.


OBJET

Vous n’avez pas idée jusqu’à quel point les gens confondent objet, objectif et moyen. J’y été confronté avec les clients de la firme en recherche marketing créée avec mon épouse et associée. Je proposais une approche scientifique obligeant de distinguer très nettement l’objet, l’objectif et les moyens mis en œuvre. Je demandais à chaque client de bien vouloir me préciser chacun de ces trois points. Le désordre sautait aux yeux. Par exemple, les responsables du marketing affirmaient que l’objet de l’étude était les consommateurs, l’objectif de vendre leurs nouveaux produits et le moyen de réaliser l’étude. Les bonnes réponses étaient (et demeurent) :

  1. Objet : produit
  2. Objectif: déterminer si le produit aura tous les pouvoirs utiles pour motiver les consommateurs à l’achat
  3. Tests scientifiques (tester est un processus scientifique) mesurant les pouvoirs du produits sur les consommateurs ciblés.

Dans ce contexte, le consommateur n’est que le révélateur (allusion au révélateur en photographie) des pouvoirs du produit et non pas l’objet d’étude. Pourquoi ? Parce que la seule et unique chose sur laquelle l’entreprise a tout le loisir d’agir, c’est le produit lui-même. Malheureusement, encore de nos jours, les firmes de recherche marketing étudient les consommateurs, ce qui explique sans doute le taux d’échec de 80% des nouveaux produits mis en marché. Le consommateur conscient des questions qui lui sont adressées et de la perception qu’il donnera de lui-même par ses réponses, il dit une chose pour bien paraître aux yeux de l’intervieweur mais, en réalité, il fait autre chose. Une décision marketing fondée sur les opinions des consommateurs (groupes de discussion/focus group, sondages) n’assurent en rien le succès de la mise en marché du nouveau produit. (Voir mon livre numérique gratuit « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université.)

Cet exemple donné de la confusion entre objet, objectif et moyen, quant est-il en philosophie ? Voici ma proposition :

  1. Objet : l’Homme (Être) ?
  2. Objectif : Conversion à un mode de vie philosophique ?
    • Prise de conscience immédiate ?
    • Révélation ?
  3. Moyen(s) : discours, dialogues et textes (méthode) ?

Si vous pensez que je me trompe, écrivez-moi à : info@philoptherapie.ca


OBJECTIF

Conversions à un mode de vie philosophique

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

La conversion en philosophie est un acte personnel qui consiste en un profond changement de regard sur soi et sur le monde. La conversion philosophique se rapproche de la conversion religieuse mais ne se confond pas avec elle.

Source : Conversion (philosophie), Wikipédia, consulté le 27 février 2024.

Les intéressés par cette conversion en philosophie trouveront différentes définitions, notamment celle de l’écrivain et philosophe Gabriel Liiceanu :

« Non, la philosophie, étrange folie, présuppose un retournement, une périagogè, un chemin de Damas. Pour faire de la philosophie il ne suffit pas d’avoir des idées générales. La philosophie n’est pas le simple prolongement d’une science que l’on envisagerait alors d’un point de vue plus élevé. On ne fait pas de philosophie avec de la psychologie mais avec de la philosophie, c’est-à-dire en partant d’un aveuglement préalable avant que ne survienne l’illumination sur le chemin de Damas qui entraîne alors une conversion, une rupture, le saut dans un autre langage, langage défini par Hegel comme celui de la raison et qui diffère de celui de l’intellect. 

Gabriel Liiceanu, Le Journal de Paltinis. Récit d’une formation spirituelle et philosophique, lire la page en ligne [archive].

Source : Conversion (philosophie), Wikipédia, consulté le 27 février 2024.

Voir mon rapport de lecture de ce livre sur ce site web
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Le philosophe Pierre Hadot est celui qui a mis au jour la philosophie comme mode de vie dans l’Antiquité chez les grecs. Il associe la philosophie à des « exercices spirituels » :

Dans la mesure même où elle est pratique d’exercices spirituels, la vie philosophique est un arrachement à la vie quotidienne : elle est une conversion, un changement total de vision, de style de vie, de comportement.

P. HADOT, Exercices spirituels, op. cit., p. 50.

Cité par Jean Greisch (Philosophe, Directeur du 3ème cycle de la Faculté de philosophie Institut catholique de Paris) dans son texte La conversion philosophique et ses effets publié dans  La philosophie dans la Cité aux Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles en 1997 (Publication sur OpenEdition Books : 28 mai 2019).

La conversion philosophie est largement discutée en raison de son importance dans l’adoption du mode de vie qu’elle recherche comme un effet sur les gens qui prêtent l’oreille à ses discours et participent à ses dialogues. Voici un extrait des premières lignes du Mémoire de Maîtrise Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique de Jonathan Naud :

Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique

Introduction

1. Problématique

Dans la recherche actuelle en philosophie ancienne, le thème de la « conversion » philosophique(1) revient fréquemment. Dans sa 6e lettre à Lucilius, Sénèque remarque que, dans sa quête de sagesse, il ne se contente pas de se corriger, mais il fait l’expérience d’une transformation(2). Comme le note Paul Veyne(3,) cette métamorphose est le fruit de la pratique de la vie philosophique. Cette idée que la philosophie entraîne un changement majeur dans la vie de tous les jours, bien qu’elle soit relevée par plusieurs chercheurs, est surtout analysée avec attention dans l’œuvre de Pierre Hadot(4) et les derniers travaux de Michel Foucault(5). En effet, leur intérêt pour ce phénomène est sans pareil dans le cercle des chercheurs contemporains.

Toutefois, malgré la présence depuis quelques années de ce thème dans un grand nombre de travaux portant sur la philosophie ancienne, la conversion philosophique a rarement fait l’objet d’une étude approfondie. Dans la très grande majorité des cas, l’existence d’une conversion philosophique est notée au passage sans que le sens de cette expression soit défini clairement. Non seulement Hadot et Foucault s’y intéressent davantage que les autres, mais ils se distinguent aussi en faisant de la conversion philosophique un objet d’étude en lui-même. Sous cet angle, leurs travaux sont d’un intérêt particulier pour celui qui souhaite mieux comprendre ce phénomène dans les écoles philosophiques de l’Antiquité.

Pourtant, malgré des affinités apparentes entre les études de Hadot et de Foucault, une lecture plus approfondie nous révèle des divergences importantes. D’une part, Pierre Hadot caractérise la conversion philosophique à l’aide de deux pôles principaux : l’epistrophê (désignant un mouvement de retour à l’origine) et la metanoia (désignant un repentir qui provoque une transformation/renaissance). Loin d’être opposés, ces deux pôles représentent plutôt deux mouvements présents à différents degrés dans les écoles philosophiques anciennes (du platonisme jusqu’au néoplatonisme) et dans le christianisme naissant. La conversion est selon lui une transformation de soi. D’autre part, Michel Foucault croit qu’il existe un troisième pôle, le « soi », qui aurait joué un rôle prédominant dans la période couvrant les deux premiers siècles de notre ère. Ce pôle aurait marqué le phénomène de la conversion au point qu’on pourrait parler, pour cette époque, d’une conversion à soi. La conversion serait alors une constitution du soi.

(…)


NOTES

(1) Par exemple : Michel Foucault, Le souci de soi, Paris : Gallimard, 1984, pp. 89-92; L’herméneutique du sujet, Paris: Gallimard/Seuil, 2001, pp. 199-219; Pierre Grimai, « Anatomie d’une conversion», Augustinus 32 (1987) : pp. 73-78; Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris : Albin Michel, 2002, pp. 223-235 et p. 290; Introduction aux « Pensées » de Marc Aurèle, Paris : LGF, 2005, p. 491; Paul Veyne, « Préface », dans Sénèque, Entretiens. Lettres à Lucilius, Paris : Robert Laffont, 1993, p. XI; André-Jean Voelke, L’idée de volonté dans le stoïcisme, Paris: PUF, 1973, p. 136.

(2) Lettres à Lucilius 6,1.

(3) « Préface », dans Sénèque, Entretiens. Lettres à Lucilius, op. cit., p. CX-CXI.

(4) Cf. « Conversion », dans Exercices spirituels et philosophie antique, op. cit., pp. 223-235; ibid., p. 290; Introduction aux « Pensées » de Marc Aurèle, op. cit., p. 491.

(5) Cf. L’herméneutique du sujet, op. cit., pp. 182-183.


NAUD, Jonathan, Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique, Mémoire de Maîtrise, Département de philosophie et d’éthique appliquée, Faculté des Lettre et des Sciences Humaine, Université de Sherbrooke, 2010. Consulté en ligne le 27 février 2024.

Dans son mémoire , Louis Charles Fauteux se penche sur la conversion selon Plotin. Il donne cette citation tirée de l’essai de Pierre Hadot : « On entre, pour ainsi dire, en philosophie comme on entre en religion, par une conversion qui provoque un changement total d’existence. » (Hadot, P., Plotin ou la simplicité du regard, Paris, Gallimard, 1997, p. 129.)

Mais il faut sûrement tout d’abord se méfier du mot lui-même. Le mot français a un sens bien différent, une connotation religieuse évidente pour chacun, que le terme grec, du moins à l’origine, ne connaît guère.

En effet, dans le terme même de conversion se cache une certaine polysémie. À l’origine, le mot conversion, du latin conversio, signifie l’action de tourner; il désigne donc un mouvement circulaire, une révolution mais en un sens purement physique, voire astronomique. Son premier sens renvoie donc à ce mouvement qui s’apparente à la carrière des astres; il s’agit d’un mouvement régulier, naturel, périodique. Ce mot latin correspond à deux mots grecs, ἐπιστροφή, terme qui se rapproche le plus du sens premier de conversio, et μετάνοια, qui signifie changement de pensée, repentir, et implique l’idée d’une mutation et d’une renaissance. Le christianisme préférera le second ; la philosophie, le premier. On voit la polysémie du mot conversion. Il y aura toujours pour nous une tension entre ces deux pôles,

entre cette conversion qui est retour, fidélité, et nécessité et celle qui est renaissance, rupture et libération(4). Et si l’on admet que la conversion est un phénomène purement chrétien, c’est justement parce que le christianisme aura insisté particulièrement sur la conversion comprise comme μετάνοια, comme nouvelle naissance et de fait, c’est avec lui qu’apparaît un usage systématique du terme, la tradition philosophique lui préférant largement celui d’ἐπιστροφή.

Si, comme l’affirmait Bardy « l’idée d’une conversion, au sens que nous donnons aujourd’hui à ce mot, est restée pendant longtemps, peut-être jusqu’à l’avènement du christianisme, totalement étrangère à la mentalité gréco-romain (5) », cette notion d’ἐπιστροφή est tout de même largement développée par les philosophes, notamment chez les stoïciens et les platoniciens qui, dans la civilisation antique, bien plus que la religion traditionnelle, se préoccupait de la vie morale, de salut, de liberté et de bonheur, bref des questions qui à nos yeux relèvent davantage de la religion. Épictète concevait ainsi la philosophie : « C’est un cabinet médical, hommes, que l’école d’un philosophe : on ne doit pas, quand on sort, avoir joui, mais avoir souffert. Car vous n’y allez pas étant bien portants (6). » « On entre, pour ainsi dire, en philosophie comme on entre en religion, par une conversion qui provoque un changement total d’existence (7) », ajouterons-nous avec Pierre Hadot.

Et c’est au courant dit néoplatonicien que l’on doit la plus importante conceptualisation de la notion de conversion : « L’epistrophè néoplatonicienne résume toute une tradition qui, au-delà des Stoïciens, remonte à des intuitions plus primitives sur le rythme vital, notamment sur la respiration. Dans sa notion plus évoluée, l’epistrophè est la définition même de la vie spirituelle dans laquelle l’âme se replace dans le mouvement éternel de l’être : la perfection de l’être, c’est son retour vers sa propre source. En ce sens l’epistrophè est anamnèsis, réminiscence : elle mime l’unité originelle, antérieure à l’être (8). »


NOTES

(4) Tension qui s’apparente à celle que recèle l’ambiguïté d’un mot comme révolution.

(5) Bardy, G., La Conversion au christianisme durant les premiers siècles, Paris, éditions Montaigne, 1947, p. 9

(6) Épictète, Entretiens, III, 23, 30

(7) Hadot, P., Plotin ou la simplicité du regard, Paris, Gallimard, 1997, p. 129.

(8) Hadot, P., « Epistrophè et metanoia dans l’histoire de la philosophie » in Actes du XIème Congrès International de philosophie XII, Amsterdam, North-Holland Publishing Company ; Louvain, E. Nauwelaerts, 1953, p. 31-36


Fauteux, Louis Charles, La conversion chez Plotin, Mémoire de Maîtrise présenté à la Faculté des arts et des sciences en vue de l’obtention du grade de Maîtrise ès arts en sciences des religions, Université de Montréal, 2018.


« C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. »

Pierre Hadot


La pratique philosophique et le souci de soi

Même si elle s’en démarque sur des points essentiels, la pratique philosophique telle que je propose de la mettre en place doit beaucoup aux philosophies de l’Antiquité et aux travaux de Pierre Hadot, qui sut montrer la spécificité de leur approche par rapport aux philosophies contemporaines.

Pierre Hadot a montré dans ses ouvrages, que dans l’Antiquité « l’acte philosophique ne se situe pas seulement dans l’ordre de la connaissance, mais dans l’ordre du soi et de l’être : c’est un progrès qui nous fait plus être, qui nous rend meilleurs. C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. Elle le fait passer d’un état de vie inauthentique, obscurci par l’inconscience, rongé par le souci, à un état de vie authentique, dans lequel l’homme atteint la conscience de soi, la vision exacte du monde, la paix et la liberté intérieures ».

À l’instar de ce qui se passait dans l’Antiquité, celui qui s’adonne à la pratique philosophique ne se contente pas de théoriser par exemple sur les désirs naturels et les désirs vains chez Épicure, ou encore sur la joie ou la tristesse selon Spinoza, mais il examine à la lumière des concepts de ces philosophes ce qui se passe en lui.

Source : BOUCHET, Laurence (professeur de philosophie et philosophe praticienne, La pratique philosophique est-elle une thérapie ? Site web : https://www.laurencebouchet-pratiquephilosophique.com/ ), La pratique philosophique est-elle une thérapie ?, Diotime, n°70 (10/2016) .

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.
La philosophie comme mode de vie – Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.

Pour souligner la portée pratique du savoir philosophique, analysons un dernier extrait. Notre passage est tiré de la Lettre VII de Platon dont le contexte est le suivant. Platon fit trois voyages à Syracuse : un premier, lors duquel il se lia d’amitié à Dion et affronta le tyran Denys ; les deux autres, à la demande de Dion, pour former son fils, Denys II, à la philosophie. Le dernier voyage, toutefois, s’expliquait plutôt mal, car Platon était hostile au despotisme du tyran et la mission de conseiller politique était devenue périlleuse. D’où la nécessité de justifier son action. Comme dans le premier extrait, nous avons affaire ici à une justification de la vie philosophique. Mettant l’accent sur la tâche que se prescrit le philosophe, Foucault rappelle que Platon voulait se montrer capable de passer à l’action, prouvant ainsi que la philosophie n’est pas qu’un discours (24). La question est la suivante : à quelle condition Platon peut-il réussir à convertir Denys II à la philosophie ? Pour faire comprendre toute la difficulté à laquelle il s’attaquait, Platon a établi dans le passage qui suit une comparaison entre le conseil philosophique et celui du médecin :

Quand on donne des conseils à un homme malade et qui suit un mauvais régime, la première chose à faire pour le ramener à la santé est de changer son mode de vie. et si le malade accepte d’obéir, il faut dès lors lui faire d’autres recommandations. en revanche, s’il refuse, celui qui renoncerait à conseiller un tel malade, je le tiendrais pour un homme et pour un médecin ; mais celui qui se résignerait, je le tiendrais au contraire pour quelqu’un qui n’est ni un homme ni un médecin. et il en va bien de même pour une cité, qu’elle ait à sa tête un seul homme ou plusieurs. S’il s’agit de conseiller […] un régime politique qui suit comme il convient la bonne voie, donner ces conseils aux dirigeants d’une telle cité serait le fait d’un homme de bon sens. Mais s’il s’agit de conseiller des dirigeants qui s’écartent tout à fait d’un régime politique correct […] celui qui se résignerait à donner ce genre de conseils, je le tiendrais pour quelqu’un qui n’est pas un homme […] Voilà donc l’état d’esprit qui est le mien quand quelqu’un vient me demander conseil sur un des points les plus importants de sa vie […] (25)

Que retenir de ce passage ? Il en va en politique comme en médecine et en philosophie. Le politique, s’il veut être conseillé par le philosophe, devra changer son régime de vie, sinon, comme le fait le médecin, le vrai philosophe cessera de lui prodiguer ses conseils. La portée réelle ou l’utilité de la philosophie devrait conduire à un changement de vie. Platon a cherché à obtenir un tel effet sur Denys le Jeune ; il espérait une conversion, il s’attendait à ce que son discours soit écouté, mis en pratique puis intégré à l’existence(26). La conclusion qui s’impose est celle-ci : on ne peut réduire la connaissance philosophique à une stricte argumentation ni à un simple discours, car celle-ci vise à un effet pratique.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie, Chapitre I – À la croisée des chemins, Presses de l’Université Laval, 2014, pp.21-22.

Mode de vie et conscience

Nous n’avons pas conscience de notre mode de vie par manque de recul face à notre vie. Quelques questions peuvent surgir sous la pression sociale et forcer la prise de conscience de quelques aspects de notre mode de vie. C’est notamment le cas de l’impact de notre mode de vie sur l’écologie, l’environnement, la Nature, la consommation… Mais rares sont les prise de conscience impromptues sur le rapport de notre mode de vie avec soi-même. À la fois lié en partie à nos réactions involontaires, en partie à notre conscience et en partie à notre inconscient, notre mode de vie s’inscrit dans un spectre très large, celui de notre civilisation et de sa culture.

Ainsi faut-il que la philosophie comme mode de vie soit aussi comme un mode de vie de la conscience, en à la conscience. Il ne s’agit pas de la vie intellectuelle mais du mode de penser de la conscience dans son mode de vie. Après la conversion à un mode de vie philosophique, nous ne penserons plus comme avant. Car être révélé à soi-même implique nécessairement une prise de recul immédiate qui change tout en sa conscience.

Un mode de vie philosophique subjectif

La philosophie n’est pas objective mais subjective. Elle nous appelle subjectivement et nous y réagissons subjectivement. Cette subjectivité incontournable modèle nos perceptions et nos réflexions au sujet de la philosophie. Autrement dit, le mode de vie philosophique est subjectif et permet ainsi une adaptation personnalisée.

La conversion n’est que le commencement du voyage vers SON mode de vie philosophique. La personne se retrouve sur le quai de la gare. Elle doit choisir une destination et choisir son train en fonction de l’itinéraire. Le voyage est soit personnel soit organisé (en groupe). Dans ce dernier cas, il s’agira d’une conversion à l’une ou l’autre des écoles de penser philosophiques, à un mode de vie prêt à porter. Elle rejoindra une communauté. Dans le cas d’un voyage personnel, seule en charge, la personne choisira non seulement une destination et son itinéraire mais aussi son moyen et sa vitesse de déplacement pour atteindre son but. Elle peut faire le tour des différentes écoles de penser et s’en inspirer ou non pour bâtir son propre mode de vie philosophique. Dans tous les cas la démarche demeure subjective.

L’honnêteté avec soi-même pour contrer le risque de dérapage

La conversion, pour qui en est témoin, comprend une sérieux risque de dérapage. On veut convertir tout le monde autours de soi voire le monde entier ! La conversion, toute conversion, peut s’accompagner d’un élan de folie. Et se buter au refus de ses proches peut entraîner une coupure radicale du lien avec ces derniers. Si entrer en philosophie, c’est comme entrer en religion, il faut éviter le sectarisme où cet élan de folie sera encouragé et maintenue à son plus haut et permettra ainsi la manipulation, la perte de la liberté.

Je ne vois qu’un seul moyen de réduire ce risque de dérapage à sa plus simple expression : faire preuve d’honnêteté envers soi-même pour rester maître de soi-même. Comment ? En prenant conscience de ses limites de la connaissance de soi, de ses croyances, de ses pensées et de ses valeurs et respecter ces limites. La conversion n’est pas une invitation à se lancer à corps perdu dans une croisade et, d’ailleurs nous n’en avons jamais les moyens dès le départ.

Changement de comportement

Cette conversion implique d’emblée un changement de comportement. On trouve plusieurs études au sujet du changement de comportement en différentes disciplines et de multiples contextes. Or, ces études n’offrent pas la clé du changement de comportement.

Le changement de comportement implique soit un long processus de travail sur soi, souvent sans fin ultime, soit un processus quasi instantané, sans effort particulier.

Il faut donc revenir à l’essentiel en se limitant à observer ce qui entraîne les changements de comportement chez un individu. Selon le chercheur américain en étude des motivations, Louis Cheskin, dont j’ai personnellement expérimenté la méthode pendant 5 ans auprès de différentes entreprises québécois, le changement de comportement intervienne à la suite :

    • d’une révélation;

ou

    • d’un traumatisme.

RÉVÉLATION

Phénomène par lequel une réalité cachée ou ignorée se manifeste, s’impose soudainement à la conscience ou à la connaissance; prise de conscience immédiate, découverte par voie d’intuition, d’inspiration, d’illumination. Cette espèce d’instinct, plus sûr que le raisonnement, qui, par une révélation intime, soudaine, profonde, donne à chacun comme la vive intuition de ce qui est au fond de toutes les âmes (Lamennaisds L’Avenir, 1831, p. 351).[Une impression] si particulière, si spontanée, qui n’avait été ni tracée par mon intelligence, ni atténuée par ma pusillanimité, mais que la mort elle-même, la brusque révélation de la mort, avait, comme la foudre, creusée en moi, selon un graphique surnaturel, inhumain, comme un double et mystérieux sillon (Proust,Sodome, 1922, p. 759).

Révélation – Ortolang – Outils et Ressources pour une Traitement Optimisé de la LANGue, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale (CNRTL), consulté le 28 février 2024.


TRAUMATISME

Quant au traumatisme, en terme médicale, il s’agit d’un « Ensemble de manifestations locales ou générales provoquées par une action violente sur l’organisme », et en terme psychologique, d’un « Violent choc émotionnel provoquant chez le sujet un ébranlement durable » (GDEL). Traumatisme affectif, psychologique, psychique. »

Traumatisme –  Ortolang – Outils et Ressources pour une Traitement Optimisé de la LANGue, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale (CNRTL), consulté le 28 février 2024.).


La révélation contenue dans un dialogue, un discours ou un texte engendrera une prise de conscience immédiate et suivra le chemin habituel dans le cerveau de l’individu le conduisant à un changement de comportement tout aussi immédiat. Au départ, les sens entrent en jeux, suivis par la perception qui résulte des sensations, acheminée ensuite au schéma de références de l’individu, puis une é-motion et une motion (comportement). Le comportement demeure un acte physique. Un mode de vie philosophique relève aussi de l’adoption d’un comportement physique, dans ce cas précis, facilité par la prise de conscience immédiate engendrée par la révélation ou le traumatisme. La cohérence entre le comportement de l’esprit et celui du corps émerge comme un allègement drastique des difficultés connus des changements de comportement volontaires et travaillés de longue haleine.

Le changement de comportement, dans le cas d’une révélation ou d’un traumatisme, est donc involontaire; il ne s’agit pas d’une décision volontaire même si on pourra le justifier comme tel pour expliquer après-coup son changement de comportement.


MOYENS

Discours, dialogues, textes

La philosophie dispose de trois moyens principaux pour parvenir à cette fin : le discours et le dialogue et les textes.

1- Discours

J’ai animé plus de 350 conférences en éducation aux médias de 1983 à 1987 devant plus 35,000 personnes, majoritairement des adolescents fréquentant les écoles secondaires québécoises. Je poursuivais deux objectifs, le premier très officiel présenté aux autorité scolaire, le second. plus subtile, visait un changement de comportement par une prise de conscience immédiate. L’objectif officiel était simple : développer le sens critique des jeunes face aux médias, y compris la musique qu’ils aiment, cette dernière étant classé parmi les médias. Le second objectif, plus subtil, non déclaré, ciblait le comportement même des jeunes face à eux-mêmes, leurs valeurs et leur vie en société.

La conférence la plus populaire s’intitulait « La musique Rock et la déformation de l’information ». Je commençais chaque conférence en donnant le choix aux jeunes entre une conférence laïque ou une conférence confessionnelle chrétienne. À cette époque, bon nombre de groupes Rock progressif et Heavy Metal parlait dans leurs chansons de l’enfer, du diable, du 666 de l’Apocalypse et autres sujets tirés de la bible. Je promettais aux jeunes d’expliquer ces références à la bible uniquement dans la conférence confessionnelle chrétienne. Il va sans dire que les jeunes préféraient cette approche dans l’espoir de comprendre toutes ces références bibliques.

Je devais prendre les jeunes et les amener du point A au point Z, non pas comme on le fait d’habitude en se limitant à une démarche du point A au point B. En me rendant jusqu’au Z, je m’assurais d’une démarche complète, c’est-à-dire avec une prise de conscience immédiate par RÉVÉLATION d’eux-mêmes sur eux-mêmes. Et j’ai eu la confirmation du changement de valeurs et de comportement de plusieurs jeunes à la lecture du courrier qu’il m’adressait, travail exigé par les écoles à la suite de mon passage.

Mais une telle intervention auprès des jeunes ne se fait en 45 minutes, temps généralement alloué à une période de cours. J’exigeais des écoles une dispense de 2½ heures de cours. Plusieurs directeurs d’école me disaient que leurs élèves ne tiendraient pas en place au cours d’une si longue conférence puisqu’ils s’agitaient déjà au bout de 20 minutes dans leur période de cours de 45 minutes. Une seule directrice d’école ne m’a pas accordé les 2½ heures nécessaires pour une conférence complète. Elle insistait sur une conférence de 45 minutes. Alors au bout de 45 minutes de conférences, j’ai demandé aux jeunes s’ils voulaient que je poursuive la conférence où que j’y mette fin. Tous les jeunes ont demandé la suite de la conférence jusqu’à la fin. La directrice de l’école a été forcé d’accepter.

Pour animer une conférence de 2½ heures, debout et en mouvement sur la scène de l’auditorium ou dans le gymnase de l’école, je me devais d’attirer l’attention, la retenir, et ceci fait, je pouvais communiquer avec les jeunes.

Pour y parvenir, la conférence devenait rapidement spectacle parce que j’actais mes propos, un atout de plus dans ma poche. Aussi, je projetais de nombreuses diapositives sur écran et je faisais entendre de nombreux extraits de la musique dont j’entretenais les jeunes.

La conférence tenait en deux volets, juxtaposés. Le premier concernait la déformation de l’information. Je prenais en exemple un article de presse, souvent sensationnel, et je remontais à la source en prenant les articles précédant jusqu’au journaliste à l’origine de la première publication de la nouvelle.

Plus de 9 mois de recherche et 5,000$ CAD avaient été nécessaires pour une solide démonstration de la déformation de l’information par les médias… suivant leurs lignes éditoriales et leurs valeurs.

Le second volet concernait les jeunes eux-mêmes à savoir si leurs valeurs dans le choix de leur musique étaient bel et bien alignées sur leurs comportement. Et c’est aux moments d’aborder la question des valeurs, avec beaucoup d’humour, que je parvenais à une prise de conscience immédiate, à une révélation d’eux-mêmes à eux-mêmes.

En 1983, j’étais âgé de 23 ans et ce fut la première expérience de ma vie avec un impact réel sur les comportements, en l’occurrence, celui des jeunes et de leurs parents. Car la conférence à l’école le jour était suivie d’une autre conférence, le soir, pour les parents. Et si les jeunes voulaient aussi assister à la conférence en soirée, ils devaient obligatoirement être accompagnés de leurs parents.

Les jeunes et leurs parents avaient droit au chapitre, sous mes ordres. Je pointais régulièrement des jeunes et des parents en particulier au cours de ma conférence afin de les questionner, de les confronter.

Je ne tolérais aucun échange entre leurs jeunes pendant la conférence, qui j’arrêtais volontiers pour ramener à l’ordre ceux qui ne respectaient pas la consigne. « Si vous parlez en même temps que moi, vous n’entendais pas ce que j’ai vous dire et vous allez peut-être raconter des conneries à mon sujet en sortant de la salle » disais-je. Je n’acceptais pas également qu’un jeune envisage de passer 2½ heures avec moi avec son manteau sur le dos, c’était souvent le cas de gars en veste de cuir : « Tu vas finir par avoir chaud. Tu vas te tortiller sur ta chaise pour enlever ton manteau. Tu sera en sueur et ce ne sera pas de bonne odeur pour tes voisins. Enlève-le donc maintenant avant que je commence ». Et les jeunes s’exécutaient avec un sourire aux lèvres face à mon comportement tout autant hautain qu’arrogant. Bref, je prenais l’auditoire à bras de corps.

Pourquoi je témoigne ici de cette période de ma vie de jeune adulte conférencier ? Pour souligner l’importance du discours et de sa structure, des émotions et des attitudes, nécessaires pour provoquer une prise de conscience immédiate. Je le constatais non seulement dans leurs écrits mais aussi à leurs commentaires et leurs questions à fin de la conférence alors que plusieurs se massaient devant la scène.

« Je ne te parle pas. Je parle à ton cerveau. Il me semble plus intelligent que toi » dis-je parfois à un jeune ou un parent dans la salle.

Communiquer en livrant son témoignage personnel et transmette des informations vérifiées et vérifiables ne suffisent pas pour tenir un discours philosophique.

Il n’y a pas de recette pour bâtir et tenir un discours philosophique initiatique d’une prise de conscience immédiate et engendrer une révélation si ce n’est de très bien connaître son auditoire et sa culture. J’oubliais, il faut aussi avoir vécu soi-même un telle prise de conscience immédiate et une telle révélation pour parcourir de le chemin du A à Z et animer à une grande force de conviction.

Le discours peut être tenu à une seule personne. Un jour, dans la vingtaine, je fais une nouvelle rencontre avec une personne qui deviendra un ami. Il me témoigne de sa quête d’un sens à sa vie, une quête sans queue ni tête, dans un désordre complet, sautant du Discours de la méthode de Descartes à L’imagination constructive : principes et processus de la pensée créative et du brainstorming de Alexander Faickney Osborn à La dianétique du fondateur de la Scientologie L. Ron. Hubbard à… Il s’entourait de livres de toutes sortes, pèle-mêle dans son chambre devenue un véritable salon de lecture. Un désordre tel y régnait que je ne pouvais que me l’expliquer par un désordre similaire en son esprit.

Nous voulions mieux nous connaître et un soir il me laissa la parole. Je lui ai tenu un discours qui racontait ma vie et l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience dans un tel ordre qu’il fut épaté après seulement seulement une trentaine de minutes. Je lui ai alors proposé de nous trouver un endroit où je pourrais poursuive mon histoire. Il me proposa le chalet d’été de sa famille. Nous étions en plein hiver et pour atteindre ce chalet, sans isolation, il fallut traverser à pied un grand lac gelé, balayé par un vent de grand froid et des bourrasques de neige. Nous sommes arrivés au chalet complètement gelé. Seul un tout petit poêle à bois permettait d’envisager de nous réchauffer. Nous avons donc allumé un feu de bois qui s’avéra peu efficace. Nous nous sommes donc installés en plaçant nos chaises tout près de ce poêle à bois, emmitouflé de plusieurs couvertures qui ne nous empêchaient pas de temps en temps de grelotter. Je lui ai tenu un discours sur ma vie, son organisation, l’histoire et le classement de mes idées, suivant rigoureusement, par chaque chapitre, introduction-développement-conclusion. Mon discours a duré huit heures sans arrêt, si ce n’est des pauses pipi. Puis, nous sommes allés nous coucher. Au levée, il ne dit pas un mot sur mon discours. Il semblait estomaqué. Le seule échange fut pour orchestré notre retour en ville. Au cours de voyage, il ne dit toujours pas un mot et je me suis joint à lui dans son silence.

Lors de la rencontre subséquente, il me témoigna de son étonnement admiratif envers l’organisation de mes pensées et l’historique rigoureux de la vie de mes idées dont j’avais fait la démonstration dans mon discours. Il avait eu une révélation. Tout le monde n’était pas perdu dans ses pensées. Toute le monde ne menait pas une vie de l’esprit désorganisée. Il entreprit de faire le ménage dans sa vie, y compris dans son esprit. Bref, il changea de comportement.

Mais il rencontrait une énorme difficulté : il ne savait pas dire non, se dire non ! Le classement de ses idées et des informations dont il disposait de par ses lectures semblaient impossible, surtout sur le plan des valeurs.

Lorsqu’une personne ne sait pas se dire non, on ne peut pas être directif, c’est-à-dire lui dire à quoi dire, et on peut pas dire non à sa place. Jusque-là, j’avais 20 ans, le seul moyen dont je disposais pour apprendre à une personne à dire, c’était de me sacrifier, de m’offrir comme source d’un non décisif. Bref, j’amenais la personne à me dire non dans l’espoir qu’elle en tire une prise de conscience profonde et durable dans le temps, quitte à la perdre comme ami. Mon seul arme : lui dire la vérité sur elle-même ou sévir avec une critique telle que la personne me dira non. Et je n’y allais avec le dos de cuillère, avec des grenades ou des missiles, mais plutôt avec une bombe nucléaire. Bref, je violais l’esprit de la personne jusque dans ses valeurs et convictions les plus profondes, existentielles. Évidemment, la personne me servait un NON retentissant. Elle venait d’apprendre à dire non. Mais elle mettait fin sur-le-champ à notre amitié. Est-ce que cet apprentissage fut mis à profit par la suite ? Je ne sais. J’ai appris qu’il avait choisi un seule voie, celle de La dianétique du fondateur de la Scientologie L. Ron. Hubbard, ce qui impliquait d’avoir dit non à toutes les autres voies qu’ils exploraient. Je n’approuvais pas ce choix mais il n’en su rien. Je n’ai donc pas relevé le défi de lui apprendre comment faire des choix éclairés parce que je ne me sentais pas à la hauteur face à sa conversion religieuse (scientologie).

2- Le dialogue un à un

Parler à la fois de « dialogue » et de « philosophie » nous conduit dans l’ornière du dialogue socratique fondé sur le questionnement de l’Autre jusqu’à ce qu’il se contredise et admettre enfin qu’il ne sait pas vraiment de quoi il parle, qu’il est ignorant de ce dont il parle, point de départ pour que l’Autre se mette enfin à la recherche de ce qu’il ignore sachant maintenant qu’il a conscience de qu’il ignore.

Je ne suis pas un adepte de cette pratique du dialogue socratique, du moins ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une technique rigide voire dogmatique. Je l’ai expérimentée à trois reprises avec différents philosophes praticiens et je n’ai pas aimé le traitement qui me fut réservé.

Le recours à des questions fermées avec deux choix de réponses (oui ou non), la répression de mon être émotionnel, l’interdiction de se justifier au-delà d’une seule phrase et de se référer à l’historique de son idée, à son passé, font de cette pratique contemporaine du dialogue socratique qu’il perd sa nature même de dialogue. 

Cabinet du Dialogue Socratique

COMMENT ÇA MARCHE :

Actualisée, la maïeutique antique de Socrate prend aujourd’hui la forme d’une technique visant à poser de BONNES questions au BON moment et à analyser mot par mot / élément par élément les réponses reçues en retour dans le but de relever les contradictions, identifier le fond du problème et prendre conscience des moyens de sa résolution. Il s’agit du processus de prise de conscience où votre réflexion se libère de la piège émotionnelle devenant ainsi lucide et rationnelle. La solution de votre problème vient ainsi à vous comme une évidence. Ce n’est pas votre inconscient qui m’intéresse, c’est votre pleine conscience. La technique socratique n’a rien à voir avec la psychanalyse, ni avec la programmation neurolinguistique type PNL, ni avec les pratiques énergétiques ou spirituelles, cela relève uniquement du domaine de la psycho-linguistique et de la philosophie pratique veillant sur la lucidité, la logique et la cohérence entre les pensées et les mots utilisées.

Source : Cabinet du dialogue socratique, Anna Gichkina, je suis psycho-linguiste et philothérapeute spécialisée en maïeutique et en philosophie du langage, diplômée (PhD) de l’Université Sorbonne ainsi que de l’Université Pomorsky d’Arkhangelsk et de l’Institut des Pratiques Philosophiques de Bourgogne. Aujourd’hui, mes compétences professionnelles sont régulièrement remises à niveau en collaboration avec l’Université VolGu de Volgograd et l’Institut des Pratiques Philosophiques

Le dialogue implique explicitement un échange libre et respectueux de votre Être tout entier, votre Être raisonné et votre Être émotionnel. Ce ne fut pas le cas. Je n’ai pas joui d’un échange libre et respectueux. Être questionné ne me dérange pas, au contraire, j’aime bien chercher les fondements de mes pensées, des réponses à des questions existentielles, constater que je fais des erreurs de pensée, que je me trompe… Mais je déteste la répression agressive par limitations de ma liberté de parole lors d’une discussion car, dans ce cas, il n’y a pas un véritable dialogue

2. Les caractéristiques du dialogue philosophique

Le mode d’énonciation du dialogue philosophique s’apparente à celui du théâtre. Il appartient au discours. La forme du dialogue philosophique est cependant plus libre, moins soumise au découpage strict des scènes et des actes.

Le dialogue constitue l’essence même de la démarche philosophique. En effet, ne disposant d’aucune certitude absolue, la philosophie se déploie comme un jeu de questions et de réponses constituant des thèses perpétuellement ré-examinées et re-questionnées.

Il y a plusieurs types de dialogues philosophiques.

a. Le dialogue dialectique

Dans le dialogue dialectique, les interlocuteurs sont égaux. Leurs arguments se complètent au fil du discours et ils parviennent, à la fin, à faire émerger la vérité.

b. Le dialogue polémique

Dans le dialogue polémique, deux points de vue diamétralement opposés s’affrontent.

La recherche de la vérité n’est pas l’objet de ce type de dialogue. Il est plutôt question de l’emporter sur l’autre.

c. Le dialogue didactique

Le dialogue didactique ressemble au dialectique, mais les deux interlocuteurs ne sont pas égaux : l’un en sait plus que l’autre et lui transmet son savoir par le biais du dialogue.

Source : Le dialogue philosophique, myMAXIVOURS, Les éditions Bordas, consulté le 29 février 2024.

Dans sa pratique contemporaine du dialogue socratique, le philosophe praticien ne se donne pas la peine de repérer la style interpersonnel de son client. Il lance un dialogue indifférencié ou inadapté à son client. Je soupçonne qu’ils ne savent pas comment le faire. On n’aborde pas une personne dans son cabinet de consultation philosophique en le renvoyant d’emblée dans les cordes.

J’ai travaillé dans les médias d’information à titre de chroniqueur, journaliste et rédacteur en chef invités à plusieurs occasions tout au long de ma vie professionnelle. Je connais bien les techniques d’interrogation journalistique, notamment, celle voulant qu’on ne prépare qu’une seule question, les autres s’attachant à la réponse de l’interviewé. Or, il ne me serait jamais venu à l’idée d’apostropher mon hôte, de réprimer ses émotions, de limiter sa liberté de parole, de l’empêcher de me répondre à sa guise, bref, de se révéler à moi.

Et c’est bien là tout le problème du dialogue socratique : il se tient sans que le philosophe praticien permette à son client de se révéler dans son mode de pensée. L’objectif du philosophe praticien est de vous pousser à la contradiction dans l’espoir d’une prise de conscience de votre ignorance sur la base de cette contradiction.

Est-ce encore pertinent de nos jours de diagnostiquer la contradiction comme une ignorance dans une relation d’aide ? Apprendre que je me contredits ne m’aide pas réellement. Me voilà avec un problème de plus : je suis ignorant. Comment puis-je trouver la motivation nécessaire dans cette prise de conscience qui ne révèle qu’un fait objectif me concernant pour me mettre à recherche de la réponse à ma question existentielle ? Je me trompe et puis après. Dois-je comprendre de mon erreur que je suis ignorant pour autant ? Tout le monde se trompe et se contredit, souvent sans le savoir. Or, si le dialogue socratique n’a pour but que de me faire prendre conscience que je me trompe, je le sais déjà, et que je suis ignorant, c’est admissible aisément et en toute logique sur tout ce que je ne connais pas.

Je suis ignorant à l’instar du philosophe praticien devant moi.

« Je sais que je ne sais rien. » – Socrate

Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien (en grec ancien : ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα hén oȋda hóti oudèn oȋda, et en latin « scio me nihil scire ») est une maxime attribuée par Platon au philosophe grec Socrate. Elle se trouve dans l’Apologie de Socrate (21d), dans le Ménon (80d 1-3) et dans Hippias mineur (372b-372d).

Elle est également connue sous la citation « Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence » et sous sa traduction littérale du grec ancien : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » ou « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

Source : Je sais que je ne sais rien, Wikipédia, consulté le 29 février 2024.

Dans sa pratique du dialogue socratique, le philosophe praticien présuppose que son client prend pour vrai ce qu’il pense, qu’il croit en ce qu’il sait, et s’avance ainsi dans sa vie… dans l’ignorance dont il n’a pas conscience. Croire dans ce que je pense parce que je le pense et/ou croire en ce que je sais, ne relève pas de l’ignorance mais d’erreurs de pensée, de biais cognitifs et, surtout de l’absence de tout doute et de son bénéfice.


Commettez-vous des erreurs de pensée ?

Les dix distorsions cognitives selon David D. Burns, M.D., Être bien dans sa peau

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    1. L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    2. L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Bien sûr, apprendre que je me contredits peut soulever un doute sur ce que je crois savoir. Mais ce n’est pas par ignorance mais plutôt par manque de cohérence, de logique. Et entre en jeu la confiance en moi, en « mon » savoir. Le dialogue socratique revient à dire à la personne qu’elle ne peut pas ou plus se faire confiance et faire confiance en son savoir.

Le dialogue socratique dirige une lumière directement dans les yeux de la personne interpelée alors qu’elle vit dans le noir. Le seul effet est de l’aveugler, de la blesser, et d’éveiller ses mécanismes de défenses involontaires et inconscients. Cet aveuglement ne réveille pas l’intelligence afin qu’elle se mette à recherche de la vérité.

Avant d’être un mode de vie, la philosophie est d’abord et avant un mode, une manière de penser. C’est cette manière de penser qui cause problème au départ et qui doit avant attirer et retenir l’attention du philosophe praticien. Il ne doit pas non plus de concentrer sur sa technique de questionnement mais plutôt sur la personne avec laquelle il veut lancer un dialogue.

Personnellement, je questionne l’intelligence émotionnelle des philosophes praticiens dans la pratique du dialogue socratique, une pratique dogmatique.

Je le répète depuis l’âge de 15 ans : « La lumière entre par les failles ». Créer un faille dans la manière de pensée s’accompagne d’une très grande responsabilité dans le soin de la personne ainsi éclairée, aveuglée. On ne déstalise pas une personne en son esprit sans lui tenir fermement la main pour lui éviter une chute subitte en elle-même.

La FAILLE dont je parle, c’est le DOUTE et il suffit à la tâche. Également lié à la confiance en soi, le doute peut la renforcer. « Je peux avoir confiance en moi car je doute. » « Je ne peux pas avoir confiance en moi car je suis ignorant. » « Si je doute, je peux alors en tirer le bénéfice. » Les philosophes praticiens connaissent-ils le bénéfice du doute ? La réponse se trouve chez tous ceux et celles qui ont érigé le doute en principe nécessaire, obligatoire, à toute connaissance. Le bénéfice du doute, c’est la certitude d’une connaissance jusqu’à cette dernière soit détrônée par une connaissance en plus certaine. Ainsi avance la science. « La connaissance se construit sur la destruction du déjà-su, ce qui implique un doute systématique de toute connaissance, opinion, croyance.

C’est la révélation par l’adhésion au doute, plutôt que par prise de conscience de mon ignorance.

Il ne faut pas oublier que Socrate croyait que le savoir se cachait en soi et que faire accoucher les esprits visait à retrouver ce savoir en soi.

La maïeutique est au cœur de la philosophie socratique. En effet, elle se définit comme l’accouchement des esprits. Par le biais de questionnements, l’esprit du questionné parvient à trouver en lui-même les vérités.

La maïeutique est donc l’art d’accoucher les esprits, de leur faire enfanter la vérité. Socrate en philosophe affirme que chacun porte en lui le savoir, sans en avoir conscience. Le questionnement vise à se faire ressouvenir, c’est la fameuse théorie de la réminiscence. Ceci est bien sûr fondé sur la thèse de l’immortalité de l’âme. Puisque l’âme est immortelle, elle détient déjà tous les savoirs.

Source : La maïeutique selon Socrate, La-Philo, consulté le 29 février 2024.

C’est une hypothèse dont on doit douter en l’absence de preuve. Personnellement, j’ai acquis trop de connaissance et de savoir de l’Autre pour m’en reconnaître la source. Je ne crois pas que je porte en moi le savoir sans en avoir conscience. Je ne crois plus à la théorie de la réminiscence et que théorie Le questionnement vise à se faire ressouvenir. Je n’adhère pas à la thèse de l’immortalité de l’âme. L’idée que l’immortalité de l’âme lui confère déjà tous les savoirs ne me séduit pas davantage.


Différence entre savoir et connaître

Sur le plan sémantique, connaître, c’est avoir la connaissance de l’existence d’une chose, c’est l’identifier, la tenir pour réelle; tandis que savoir, c’est avoir une connaissance approfondie d’une chose qui résulte d’un apprentissage, c’est avoir dans l’esprit un ensemble d’idées et d’images constituant des connaissances à propos de cet objet de pensée.

Généralement, savoir implique une connaissance plus approfondie et plus rationnelle que connaître.

Source : Différence entre savoir et connaître, Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue française, consulté le 29 février 2024.


Le doute témoigne de l’honnêteté de l’homme envers lui-même. Ainsi, je doute des bénéfices réels de la maïeutique par honnêteté envers moi-même. » Je rejette dont l’idée à que tout le savoir ne se retrouve pas en mon âme. Socrate se croyait investi de dieu, ce n’est pas mon cas. Dans mon univers intérieur, je crois que tous les dieux sont des inventions de l’homme.

Revenons au dialogue un à un comme moyen de conversion au mode de vie philosophique. Dois-je douter de moi lorsque je me contredis ? Est-ce que ma valeur d’homme s’en trouve diminué ? On saura vite me répondre qu’il s’agit, non pas de douter de soi, mais plutôt de douter de notre savoir. En théorie, certainement, en pratique, rien n’est moins certain. Je ne suis pas convaincu que la prise de conscience de mes contradictions lors d’un dialogue socratique soit purement objective et, par conséquent, traitée raisonnablement, sans influence subjective. Toute prise de conscience a sa part d’affect.

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objecti­vement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous appa­raissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Toute perception est subjective même si je la considère objective. Le dialogue de un à un implique un échange subjectif. C’est pourquoi le philosophe doit absolument tenir compte de la subjectivité de son client et de sa propre subjectivité. Une demande de consultation philosophique trouve sa motivation dans la subjectivité du client, dans la compréhension subjective de son besoin. Et c’est à ce besoin qu’il faut d’abord répondre.

Les styles interpersonnels

Permettez-moi de revenir sur mon affirmation : « Dans sa pratique contemporaine du dialogue socratique, le philosophe praticien ne se donne pas la peine de repérer la style interpersonnel de son client. Il lance un dialogue indifférencié ou inadapté à son client. Je soupçonne qu’ils ne savent pas comment le faire. »

En 1992, à l’âge de 34 ans, mon statut de travaileur autonome ne suffisait plus à tâche pour livrer concurrence; il me fallait fonder une compagnie. Ne sachant pas comment procéder, je me suis incrit à un cours – concours d’entrepremeurship. Je fus surpris par le titre du premier cours « Connaissance de soi ». Je m’attendais à un cursus strictement administratif et légal couvrant aussi les études de marché, les études de mise en marché (marketing et publicité)… mais jamais sur la « Connaissance de soi ». Après tout, ne faut-il pas savoir, dès le départ, quel type d’entrepreneur je suis pour aller plus loin.

J’arrivais dans ce cours traumatisé par une expérience inédite depuis mes premiers pas à titre de travailleur autonome depuis quinze ans. Une compagnie venait de me voler un contrat haut la main. J’avais l’impression d’avoir été frappé par un train et de ne plus être moi-même, dissais-je à la professeur du cours « Connaissance de soi ». Elle me répondit que je venais sans doute de changer de style interpersonnel en raison de ce traumatisme.

L’une des séances de ce cours traitait justement des styles interpersonnels selon Larry Wilson. Il nous fallait découvrir le style interpersonnel de chacun des participants au cours, des entrepreneurs en herbe. Un graphique devait nous y aider, le voici :

Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l'expansion de votre entreprise, Centre de création et d'expansion d'entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l'une est datée de 1992 et l'autre de 2004, soit 12 ans d'écart. À force de chercher, j'ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu'aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd'hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.
Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise du Centre de création et d’expansion d’entreprises (C.C.E.E.) du Collège de Limoilou en juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l’une est datée de 1992 et l’autre de 2004, soit 12 ans d’écart. À force de chercher, j’ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu’aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd’hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.

L’exercice consistait à presser de questions chaque participant afin qu’il atteigne son rythme régulier d’élocution. Nous n’avions qu’une minute par participant pour déceler son style interpersonnel.

Un rythme d’élocution lent, nous laissait le choix entre Analytique ou Aimable tandis qu’un rythme d’élocution rapide nous laissait le choix entre Fonceur ou Expressif. Pour effectuer ce choix, nous devions déceler si le niveau d’émotion dans le langage du participant. Un niveau d’émotion bas nous laissait le choix entre Analytique ou Fonceur tandis qu’un niveau d’émotion élevé nous laissait le choix entre Aimable ou Expressif. Au final, nous devions déterminer si le participant, dans ses réponses, donnait la Priorité à la tâche ou Priorité à la Personne.


Pour trouver le style d’un interlocuteur, il s’agit d’identifier, dans un premier temps, le débit de son élocution sur une échelle de 4 niveaux :

Débit lent (1, 2) : Styles « Aimable » et « Analytique »,

Débit rapide (3, 4) : Styles « Expressif » et « Fonceur ».

Dans un deuxième temps, on observe le mode de fonctionnement spontané de l’individu qui consiste à prioriser soit la « tâche » ou la « personne ».

Les styles « Aimable » et « Expressif » priorisent la PERSONNE.

Les styles « Analytique » et « Fonceur » priorisent la TÂCHE.


Mon tour venu, moi qui avait réponse (opinion) à tout, je prenais bien involontairement un temps de réflexion de quelques seconde avant de répondre. Ce n’était pas le moi que je connaissais. Par contre, on m’attribua « Priorité à la tâche », et je m’y reconnaissais. Et les participants dire de moi que j’étais Analytique. J’étais étonné parce que je ne connaissais qu’un style personnel en affaires : le Fonceur. Moi, je foncais et cela m’avait réussi jusqu’à ce qu’une compagnie me soustire un contrat. Je croyais qu’il me suffirait de fonder une compagnie pour être d’égal à égal avec la concurrence. Je me trompais.

Catégorisé parmi les Analytiques, à la fin du cours, je demandai à la professeur, consultante en ressources humaines de son métier, pourquoi je passais, selon moi, de Fonceur à Analytique. Je ne me reconnaisas plus. C’est là qu’elle profita de l’occasion pour m’explique que mon expérience tramatique des mois précédents m’avait sans doute permutée de Fonceur à Analytique. Non seulement, je venais de découvrir qu’il y avait d’autres styles mais je n’avais celui que je croyais avoir eu toute ma vie jusque-là.

Il nous fallait déceler le style interpersonnel de chacun des participants en une minute pour agir de même et dans le même temps avec nos futurs clients et leur donner ce qui correspondait à leur style.


Voici les caractéristiques de chacun de ces styles « purs », leurs forces et limites respectives.

STYLE AIMABLE

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : lente.
  • Non-verbal : air doux, sourire (même fâché), semble bonasse.
  • Tendance à l’acquiescement (oui facile).

Forces

  • Très bonne capacité d’écoute;
  • S’exprime avec douceur;
  • Favorise des relations chaleureuses;
  • Sensible aux sentiments des autres;
  • S’efforce d’établir de bonnes relations et s’assure de l’existence d’un climat positif avant d’entreprendre une tâche;
  • Favorise un rythme de travail très pondéré;
  • Se préoccupe de répondre aux besoins des autres et leur accorde une attention personnelle;
  • Réagit bien au leadership des autres;
  • À l’aise avec des personnes qui s’expriment clairement.

Limites

  • Action lente;
  • Manque d’affirmation et d’assurance;
  • Évite les conflits;
  • Peur de prendre des risques;
  • Personne très émotive.

Style Analytique

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : lente.
  • Non-verbal : air suspicieux, œil sceptique, semble juger les autres.
  • Tendance à l’évitement (fuite).

Forces

  • Très bonne capacité de réflexion;
  • Approche orientée sur l’étude des faits, rassemble des données;
  • Fonctionnement prudent, actions non précipitées;
  • Personne calme et possédant des réponses aux situations ennuyeuses;
  • Objectivité et précision dans ses interventions;
  • Exige des réponses logiques et claires;
  • Aptitudes pour régler des problèmes;
  • N’impose pas ses idées sans certitude;
  • Aime aider les autres à prendre des décisions.

Limites

  • Prise de décision personnelle très difficile;
  • Personne ne pouvant être stimulée pour agir rapidement;
  • Comportement peu affirmatif et peu émotif;
  • Recueille des informations nécessaires et n’écoute plus par la suite.

Style Expressif

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : rapide.
  • Non-verbal : air énervé, gestes en rond, semble sans mesure.
  • Tendance à l’attaque (explosion).

Forces

  • Très bonne capacité de décision;
  • Amène l’humour et l’enthousiasme dans les situations;
  • S’engage rapidement;
  • A besoin de peu d’indications précises; Personne stimulante et persuasive;
  • Capacité de prendre des décisions sans encadrement;
  • Pense à ce qui plaît aux autres;
  • Habile dans les techniques orientées vers les gens;
  • Compréhension intuitive des situations.

Limites

  • Réflexion très difficile;
  • Change fréquemment d’idées;
  • Néglige de vérifier sa compréhension avant d’agir;
  • Personne susceptible et impulsive;
  • Besoin constant d’activités stimulantes et de rétroaction.

Style Fonceur

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : rapide.
  • Non-verbal : air sévère, gestes saccadés, semble rigide.
  • Tendance à l’autocratie (ordre).

Forces

  • Très bonne capacité d’action;
  • Rythme rapide, efficacité et orientation vers des buts précis;
  • Disposition à prendre des responsabilités pour aller de l’avant et prendre des décisions;
  • Personne habile à traiter des situations difficiles sans être contrariée par la critique et le rejet;
  • Capacité à déterminer les faits et ensuite passer à l’action;
  • Aptitude pour présenter un point de vue d’une façon confiante et énergique.

Limites

  • Écoute très difficile;
  • Tendance à l’impatience;
  • Peu susceptible de demander des informations supplémentaires pour clarifier un sujet;
  • S’arrête peu à la compréhension des attitudes et des émotions des autres.

En résume, face à Analytique, on donne beaucoup d’information mais on prend soin qu’il ne soit pas paralyser par son analyse. Face à un Fonceur, on se limite à donner deux choix d’action, dans la même direction; trois choix l’embêtera. Face à un Aimable, on s’enquiert avant tout de sa personne, sa santé, ses enfants… avant de parler affaire mais il faut prendre soin de ne pas de faire dire un « oui » complaisant qui ne donnera aucune occasion d’affaires. Face à un expressif, il ne faut absolument éviter la réflexion, cette personne est heureuse dans une pluie d’idées.

« Tout cela est bien beau en théorie », me disais-je « mais quant est-il sur le terrain ? » Je doutais.

À mon plus grand étonnement, l’approche préconisée par ces quatre styles interpersonnels fonctionnait à merveille au point où je me demandais s’il ne s’agissait pas de manipulations.

Mon démarchage donnait des résultats exceptionnels avec un taux de réponses positives à 80% alors que c’était plutôt le contraire habituellement (20% de réponses positive et 80% d’absence de réponse). Ma compagnie d’études des motivations (d’achat) a rencontré un tel succès qu’il me fallut réduire le démarchage pour soutenir un service qualité et embauché des dizaines de contractuels.


Pour vous permetttre de découvrir toute l’histoire de notre Compagnie d’enquête de motivation, j’offre gratuitement en format numérique (PDF) mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université ».


Qu’est ce que les styles interpersonnels viennent donc faire dans ce texte ? Souvenez-vous que je reproche aux philosophes praticiens de ne pas adapter leurs interventions à chacun de leurs clients parce qu’ils ne savent pas le faire. Le dialogue socratique est devenu dogmatique entre leurs mains. Il n’y a pas ou peu de prise en compte du style interpersonnel du client. Le dialogue socratique, du moins, avec les philosophes praticiens que j’ai consulté, est rigide.

La verbalisation

Pour déterminer le style interpersonnel dans le dialogue socratique, le philosophe praticien doit connaître son propre style interpersonnel et celui de son client pour obtenir l’effet recherché, un prise de conscience immédiate. Or, lors de mes expériences de la consultation et de l’atelier philosophiques, la verbalisation est réprimée, les réponses aux questions posées par le philosophe praticien réduites à des « oui » et des « non », et les justifications par le client à une phrase. Cette approche est justifiée par le fait qu’il ne s’agit pas d’une psychanalyse ou d’une psychothérapie (« On n’est pas là pour raconter sa vie »). Dans ce contexte, le philosophe praticien ne se donne pas toutes les moyens utiles à une prise de conscience immédiate ET PERSONNELLE par son client. Car c’est bien le caractère PERSONNELLE  de la prise de conscience immédiate par le client qui agira sur SON choix d’un mode de vie philosophique, adapté à ses propres besoins et à son environnement.

Le philosophe praticien n’est pas aux temps de Socrate dans la Grèce Antique. Il ne se tient pas au coin de la rue interpellant des piétons pour les questionner. Il n’est pas vêtu d’un vieux manteau doublé et pieds nus, bref, il n’a rien d’un itinérant ou d’un SDF plus pauvre que pauvre. Aujourd’hui, le philosophe praticien se présente bien, comme vous et moi. Car avant de devenir philosophe praticien, il était déjà intégré à notre société, il en respectait autant que faire se peut les codes de conduite sociale. Désormais, par son travail, il est un homme ou une femme d’affaires, il vend ses consultations. Il tient un cabinet. Les gens qui le consultent ne sont pas des lambdas dans la Cité, du moins il ne se considère pas comme tel. Ils sont respectables et leur situation leur permet de se payer une consultation philosophique. Ils n’évoluent pas dans le même contexte personnel et social que celui des gens interpellés par Socrate. Il faut donc adapter le dialogue socratique non plus le dogmatiser.

Cette adaptation passe par l’introduction de la verbalisation dans le dialogue socratique parce qu’elle permet au philosophe consultant de déceler le style interpersonnel du client et de répondre à ses besoins dans les paramètres de ces derniers.

3- Les textes

Plusieurs philosophes praticiens accompagnent leur vie professionnel de la publication d’un ouvrage traitant de leur pratique en philothérapie. Je me suis imposé la lecture de toutes les publications que j’ai trouvées. Bref, j’ai lu plusieurs livres au sujet de la philothérapie, la consultation philosophique, la philosophie et le développement personnel dont voici la liste ci-dessous:

PHILOTHÉRAPIE

  1. Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, 2019
  2. Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre, 2013
  3. Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout, 2015
  4. La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris, 2010
  5. Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France
  6. La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020
  7. La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007
  8. La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001
  9. La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021
  10. Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017
  11. La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004
  12. Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  13. Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  14. La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014
  15. Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018
  16. Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)
  17. Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023
  18. 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022
  19. À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023
  20. Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Pour tout vous dire et sans prétention aucune, j’ai fait le tour de la littérature livresque de langue française traitant de la philothérapie. Dans la majorité de ces livres, la présentation et les explications théoriques sont quasi parfaites. Souvent, des exemples d’interaction avec des clients aident à très bien comprendre la démarche du philosophe praticien. Si révélation il y a à la suite de la lecture de l’un ou de plusieurs de ces livres, elle concerne plus spécifiquement l’étonnement face à la nouveauté de la consultation philosophique et la découverte des bienfaits de la philosophie ainsi pratiquée. Le texte comme moyen de conversion à un monde de vie philosophique ne figure pas au programme de ces livres traitant de la philothérapie et de la consultation philosophique.

PHILOSOPHIE

J’ai lu aussi plusieurs ouvrages traitant de la philosophie :

  1. Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000
  2. S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme
  3. Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale
  4. Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil
  5. La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018
  6. Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société
  7. L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995
  8. Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob
  9. Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007
  10. Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017
  11. Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000
  12. Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel
  13. Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022
  14. La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.
  15. Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018
  16. À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023
  17. Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019
  18. Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997
  19. Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000
  20. Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021
  21. Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005
  22. Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989
  23. À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

PHILOSOPHIE ET SOCIÉTÉ

J’ai lu aussi des essais proposés par des philosophes mettant à profit notre esprit critique face à ce que nous sommes face la société :

  1. Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021
  2. La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil
  3. Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018
  4. La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023
  5. Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Et à ces essais, j’ai ajouté des livres questionnant le développement personnel :

  1. L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006
  2. Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019
  3. Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021
  4. Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France, 2014
  5. Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

Cliquez ici pour retrouver tous mes rapports de lecture de ces livres


Le texte comme moyen de conversion à un mode de vie philosophique

Le texte comme moyen de conversion à un mode de vie philosophique ne figure pas au programme des livres ci-dessus. Ils sont avant tout théoriques et leur lecture procure bon nombre de prises de consciences très influentent sur notre intérêt envers la philosophie.

Un texte philosophique initiatique à un mode de vie philosophique implique d’« instruire et engagée la pensée dans une aventure personnelle ».

Qu’est-ce que l’initiation à la philosophie ?

Mais une Initiation philosophique est autre chose : il lui faut à la fois instruire des débutants et engager la pensée dans une aventure personnelle, inviter, si l’on peut dire à philosopher, amener le lecteur, averti ou novice, à une pratique effective de la réflexion tout en lui en fournissant la matière.

LACROIX, Jean, Initiation philosophique, Le Monde, août 1948, consulté le 3 mars 2024.

Le conte philosophique figure sans doute au sommet des genres littéraires les plus efficaces pour fournir aux lecteurs l’occasion d’une révélation impliquant une conversions à la philosophie.

La communication en spirale conique inversée

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Auteur : Ag2gaeh (Wikipédia)

« Un  oiseau avait fait son nid dans le fourneau d’une pipe oubliée sous une armoire abandonnée dans une maison sans plus aucune porte dans un village déserté. Lorsqu’une histoire commence ainsi, on peut s’inventer quelques craquements de bois au deuxième étage et laissant à penser qu’il est hanté. (…) »

« (…) Pendant ce temps, dans la forêt, un homme parcourait la forêt avec un porte sur le dos. Il recherchait, de village en village, une maison où l’entrée laissée sans porte correspondrait aux dimensions de sa porte. Fatigué, l’homme posant sa porte au sol contre un arbre au pied du duquel il s’assied pour se reposer. Il s’endormit. Lorsqu’il se réveilla, il regarda sa montre, les aiguilles avaient rouillées. Lorsqu’il se leva, il s’enfargea dans sa barbe. Il se demanda combien de temps il avait bien pu dormir. (…) »

Ce conte dont le souvenir me fait défaut aujourd’hui dure 45 minutes et je l’ai entendu dans la Tente des Créateurs lors de la Chant’août à l’été 1975 à Québec. Il fut pour moi l’exemple parfait de la communication en spirale inversée. L’auteur commence par un détail et il élargit progressivement le sujet et tire son lecteur vers le haut… jusqu’à une prise de conscience révélatrice.

Écrire un texte en spirale conique inversé dans le but, plus ou moins secret, d’étonner le lecteur par une prise de conscience immédiate facilitant la conversion à un mode de vie philosophique relève de l’exploit.


CONCLUSION

La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion à un mode de vie philosophique

Philosopher pour philosopher, questionner pour questionner, dialoguer pour dialoguer, penser pour penser… ne relève pas de la philosophie puisque ces actions n’offrent en soi aucune opportunité de conversion à un mode de vie philosophique.

La philosophie peut engendrer une évolution intellectuelle mais elle n’est pas un jeu intellectuel.

La philosophie n’est pas davantage une méthode (dialogue socratique / maïeutique), c’est l’un des moyens dont elle dispose, pour autant que cette méthode ne soit pas dogmatique.

Lorsque j’écris que « La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion à un mode de vie philosophique », c’est bien beau, en théorie. Mais qu’en est-il en pratique ? La philosophie passe par le philosophe et « est philosophe celui qui produit durablement des pensées philosophiques et, s’il est cohérent, les constitue en règle de vie » :

La philosophie des philosophes et celle des autres – en quoi consiste la seconde et comment l’historien de la philosophie doit la prendre en charge

Définitions : philosophie, pensée philosophique, philosophe

Commençons par distinguer philosophie et pensée philosophique. La philosophie est une modalité spécifique de la vie des idées apparue dans l’histoire à certaines périodes et en certains lieux ; c’est une discipline singulière qui prend place dans l’évolution intellectuelle et l’évolution des modes de vie – discipline au double sens de corps doctrinal organisé et d’existence régulée (étant entendu qu’un mode de vie est philosophique dans la mesure où il se rattache à un mode de pensée qui l’est aussi). La pensée philosophique, de son côté, n’est pas une discipline, mais le produit particulier d’une conceptualisation individuelle. Le point de vue n’est pas le même : pour définir la philosophie, il faut penser la structuration globale du champ intellectuel et y repérer une façon originale de penser, pratiquée à grande échelle ; tandis que pour définir la pensée philosophique, il suffit que la production d’un individu quelconque réponde à certains critères à préciser. On dira de la même façon que la définition du Droit n’est pas celle d’un raisonnement juridique, ou la définition de la Science celle d’une réflexion savante particulière. Pour le dire d’une façon imagée une discipline est aux pensées qui s’y rattachent ce que le tas de sable est aux grains de sable ou le tout à la partie. Comme le tout n’est pas dans les parties, on n’exigera pas d’une pensée qu’elle réponde à la définition de la philosophie pour être qualifiée de philosophique : ce serait trop exiger, comme de vouloir que chaque grain de sable contînt en quelque façon le tas. Ainsi, l’application existentielle d’une pensée philosophique n’entre pas dans sa définition, alors qu’on amputerait grandement la philosophie si on ne la définissait que par l’activité pensante, abstraction faite de la vie du penseur.

En tant que modalité de la vie intellectuelle et mode de vie, la philosophie doit se définir par rapports aux autres modes de pensée et aux pratiques qui lui sont comparables dans l’histoire. Précisons : aux modes de pensée qui nourrissent une ambition théorique, qui veulent expliquer le réel, qui proposent une vision du monde, qui prétendent énoncer des vérités et pas seulement promouvoir des valeurs ou orienter l’action. Cela restreint énormément le champ de la comparaison. Dans la mesure où la science apparaît après la philosophie (et devra justement se situer par rapport à elle), la religion seule fournit le repère historique à partir duquel peut se définir la philosophie. Cette dernière en est une transformation : elle est une religion sécularisée. L’une et l’autre ont une triple dimension cognitive-éthique-pratique, c’est-à-dire se présentent comme une ontologie, une axiologie et une praxis(1). La philosophie comme la religion énoncent ce qui est, ce qui doit être, comment se comporter, et elles appliquent leurs préceptes. En un mot et en considérant l’importance des guillemets, elles sont la combinaison d’une « science » (par leurs prétentions cognitives), d’une « morale » (par leurs injonctions normatives) et d’un « art » (une technique d’application à l’existence concrète des idées théoriques). La seule différence est que la philosophie le fait dans une langue plus rationnelle et plus argumentée que la religion, ce qui implique une individualisation plus poussée et une dimension collective retreinte. Quand la coordination d’un savoir, d’une morale et d’un guide de comportement se présente sous une forme relativement individualisée, on lui donne le nom de sagesse(2) ; la philosophie est une recherche de sagesse – l’étymologie n’est pas trompeuse. Dans la mesure où elle est une discipline plus individuelle que collective, la philosophie n’est pas un fait social ni un ciment social au même degré que la religion. La croyance se renforce par la socialisation, et plus l’on a de liens sociaux forts, plus l’on est porté à croire avec ardeur. Inversement, la pensée de groupe est une gageure : on pense d’autant plus et d’autant mieux que l’on pense en toute indépendance (ce qui n’implique évidemment pas de se couper des autres penseurs). C’est d’ailleurs l’un des problèmes que connaît la philosophie quand elle se pratique en secte, en école, en filiation maître-disciple, en corporation ou même dans le cadre d’une profession, où l’on a tendance à penser comme son groupe social, c’est-à-dire à concéder trop à la croyance. La professionnalisation de la philosophie, avantageuse sous certains aspects, a ceci de négatif qu’elle donne aux philosophes une sorte de préjugé commun qui tient à cette forme particulière de socialisation – nous y reviendrons.

(…)

Certes, il ne suffit pas de philosopher cinq minutes pour être philosophe. Qu’est-ce donc qu’un philosophe ? On pourrait dire, sur le modèle de nos définitions de la philosophie et de la pensée philosophique, que c’est un religieux laïcisé (un clerc hors religion) à condition de mettre l’accent sur le second terme. Là encore, c’est une question de degré (donc de discernement pour l’historien), car bien des philosophes sont aussi croyants, passablement dogmatiques et plus ou moins placés sous des tutelles intellectuelles. En tout cas il importe de distinguer le producteur ponctuel de pensées philosophiques du philosophe stricto sensu, de même que tout croyant n’est pas un homme d’Église. Il faut, pour être philosophe, que sa production d’idées philosophiques soit abondante et régulière. L’identité d’une personne, nous semble-t-il, doit être définie par la nature et l’intensité de son engagement, certainement pas par la qualité supposée de sa production. On est lanceur de javelot si l’on lance des javelots régulièrement, pas si on les lance loin ; on est philosophe si l’on philosophe, pas si l’on pense loin. L’erreur serait de réserver le titre de « philosophe » à ceux que l’on estime tout particulièrement, comme s’il s’agissait d’une dignité, et de le refuser aux autres. Ce serait aussi absurde que de nier qu’un prêtre soit un religieux sous prétexte qu’il n’est pas adepte de la bonne religion. « Philosophe » n’est pas un honneur, mais la désignation d’une réalité individuelle et sociale. Il faut aborder la question le plus froidement possible : est philosophe celui qui produit durablement des pensées philosophiques et, s’il est cohérent, les constitue en règle de vie, comme est religieux celui qui produit avec constance des idées religieuses et les met en pratique.

____________

1. Nous précisons cette définition de la philosophie dans Citot, 2017b, III. La « théorie de la connaissance » étant une réflexion sur notre mode d’accès à l’être, elle relève de l’ontologie – laquelle regroupe l’ensemble des questions « cognitives ».

2. Que l’on distinguera de la morale, de la « spiritualité » ou de la sotériologie, qui ne s’occupent guère de questions cognitives. Inversement, la science se borne à celles-ci.

CITOT Vincent, « La philosophie des philosophes et celle des autres – en quoi consiste la seconde et comment l’historien de la philosophie doit la prendre en charge », Le Philosophoire, 2019/2 (n° 52), p. 141-168. DOI : 10.3917/phoir.052.0141. URL : https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2019-2-page-141.htm, pp. 144-145

Seul le philosophe qui a adopté un mode de vie philosophique avec suffisamment de recul peut prendre conscience de son propre cheminement vers la prise de conscience immédiate initiale qui fut pour lui une révélation ayant entraîner sa conversion à un mode de vie philosophique.


On ne donne pas ce que l’on n’a pas.


Je veux dire, donc, que le discours philosophique doit être compris dans la perspective du mode de vie dont il est à la fois le moyen et l’expression et, en conséquence, que la philosophie est bien avant tout une manière de vivre, mais qui est étroitement liée au discours philosophique.

Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique? 19

Philosophie comme mode de vie

On conçoit souvent la philosophie comme la discussion de textes savants, comme l’élaboration de systèmes ou de doctrines abstraites, bref comme une succession de conceptions théoriques. Pourtant, l’examen attentif des textes anciens par l’helléniste Pierre Hadot (1922-2010) a bien montré que la signification première de la philosophie antique réside dans un choix de vie formé d’exercices, c’est-à-dire dans la pratique d’un mode de vie propre. Si la redécouverte récente de la vie philosophique par Hadot a donné lieu à un nouveau regard sur la philosophie antique en France et à l’étranger, il est maintenant permis de penser qu’elle préfigure un mouvement philosophique plus profond – à condition toutefois d’être actualisée.

* * *

Au premier abord, et parce qu’elle est issue de problèmes posés par l’interprétation des textes grecs, la philosophie comme mode de vie est une ligne d’interprétation de la pensée antique, un cadre général pour lire, traduire et interpréter les écrits anciens, bref c’est une perspective qui permet d’aborder de manière cohérente la philosophie gréco-romaine. Reconnaître cette perspective de recherche, l’approfondir ou la faire valoir, c’est travailler en philosophie comme mode de vie.

D’autre part, la philosophie comme mode de vie est aussi une approche qui accorde la primauté à la vie philosophique ou à l’exercice de la philosophie par rapport à tous les autres aspects souvent associés à la philosophie (l’étude des oeuvres, la création de concepts, la discussion critique des problèmes), bref c’est une approche qui accorde la primauté à la vie philosophique par rapport au discours philosophique, au discours sur la philosophie et surtout à la littérature philosophique.

La philosophie comme mode de vie se reconnaît enfin à l’exigence d’actualiser pour soi-même, avec les autres et dans le respect de la nature une discipline de vie issue d’une autre période historique que la nôtre. Si l’exigence est respectée, la philosophie comme mode de vie restera vivante même si nous ne vivons pas comme les Grecs. En conclusion, la philosophie comme mode de vie pourra donc être abordée comme une perspective de recherche, une approche philosophique ou une discipline de vie, c’est-à-dire comme «un mode de vivre accordé à la philosophie» (J.-F. Balaudé).

DESROCHES, Daniel, Philosophie comme mode de vie (Dossier), L’Agora – Une agora, une encyclopédie, Dimanche le 13 septembre 2020, consulté le 4 mars 2024.

Dans cet article, je questionne le dialogue socratique qui, devenu dogmatique, stérilise les interventions du philosophe praticien et, de ce fait, ne conduit pas à la conversion de leurs clients à un mode de vie philosophie.

Aussi, je remets en question les sévères limites à la verbalisation imposées par les philosophes praticiens à leurs clients, ce qui les empêchent d’identifier et de composer avec le style interpersonnel de chacun de leurs clients, bref, de connaître même sommairement leurs clients pour le succès maximum de leurs interventions.

De plus, je m’interroge sur le lien entre le questionnement socratique (souvent dogmatique) et un dialogue. Est-ce qu’un échange Questions/Réponses est véritablement un dialogue ? Est-ce que l’on peut dialoguer avec des questions fermées ? Est-ce qu’on peut dialoguer en excluant la justification des réponses par le client ? Est-ce qu’on peut dialoguer en réprimant les émotions du client ? Bref, est-ce que le dialogue socratique (maïeutique) convertit le client à un mode de vie philosophique ? À toutes ces questions, je répond « Non ».

J’ai souligné le fait que prendre conscience que nous nous contredisons et que nous sommes, de ce fait, ignorants, ne conduit pas automatiquement à la discipline du doute face à chaque pensée, opinion ou croyance. Vivre dans le doute ou ne pas prendre d’emblée pour vrai ce que l’on pense ne débouche pas sur une conversion à un mode de vie philosophique. Si notre ignorance peut conduire à une quête de connaissance, il faut en évaluer le pouvoir de motivation. Et peu importe l’étendue de notre ignorance, nous ne sommes jamais ignorant de tout. L’ignorance, ainsi prise en concience, peut tout aussi bien susciter l’indifférence ou être simplement tolérée. En pareils cas, le dialogue philosophique ne force à la démarche d’une vie examinée mais plutôt et plus souvent qu’autrement à un examen limité de mes pensées, opinions et croyances.

Et cet examen, je le mentionnais aussi, sera subjectif. Je répondrai à ce qui m’interpelle subjectivement parmi toutes les connaissances. Je choisirai subjectivement en croyant avoir fait un choix objectif. Le philosophe praticien ne me semble pas bien au fait des motivations profondes du comportement de son client, de ses réactions involontaires et inconscientes. Le philosophe lui-même a-t-il conscience de sa subjectivité ?

Enfin, je rappelle avoir l’impression d’avoir fait le tour de la philothérapie. Je relève d’un livre à l’autre traitant de la philothérapie les mêmes forces et faiblesse. Forces dans la théorie, faiblesse dans la pratique. Heureusement, il y a des exceptions mais elles se font rares.


P.S.: Le développement personnel et professionnel ne conduit pas à un mode de vie philosophique.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

La pratique philosophique comme exercices spirituels vers la vérité, la sagesse et la vertu, par Xiaojun Ding et Feng Yu dans Religion

religions-mdpi-001


Article – Traduction de l’anglais au français avec Google traduction


La pratique philosophique comme exercices spirituels vers la vérité, la sagesse et la vertu

par Xiaojun Ding1,*et Feng Yu2,*


1. Département de philosophie, École des sciences humaines et sociales, Université Xi’an Jiaotong, Xi’an 710049, Chine.

2. Département de psychologie, École de philosophie, Université de Wuhan, Wuhan 430079, Chine.

* Auteurs auxquels la correspondance doit être adressée.


Éditeur académique : Daniel M. Stuart

Religions 2022 , 13 (4), 364 ; https://doi.org/10.3390/rel13040364

Reçu : 18 mars 2022 / Révisé : 7 avril 2022 / Accepté : 11 avril 2022 / Publié: 15 avril 2022

(Cet article appartient à la rubrique Religions et Humanités/Philosophies )


Résumé