Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

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J’ai lu pour vous

Le rôle social des idées

Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine

Max Lamberty (1893 – 1975)

Les Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936

P. Lethielleux Éditeur, Paris, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41)

La démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines.

Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?


PRÉSENTATION DU LIVRE ET DE L’AUTEUR

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

  • Origine et plan de l’ouvrage
  • Les idées
  • Les hiérarchie des idées
  • La valeur variable des idées
  • Idées « raisonnables » et idées « absurdes »
  • Le critère
  • Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative?
  • Pourquoi recherchons-nous le vrai
  • Thèses
  • Conclusion pratique

CHAPITRE PREMIER

LA SOUVERAINETÉ DES IDÉES ou la généalogie de notre temps

  • Retour au XVe siècle
  • Force expansive des méditations philosophiques
  • Le découronnement de l’esprit
  • L’apologie de la nature
  • L’individu sans raison
  • L’unité dans la variété
  • L’individualisme
  • Le nationalisme
  • Le naturalisme
  • Le matérialisme et l’utilitarisme

CHAPITRE II

LE POUVOIR DE GROUPEMENT DES IDÉES ou l’histoire d’une guerre

  • Le « concert européen »
  • De l’attentat de Sérajevo à la guerre européenne
  • Intelligence et instinct
  • Les idées et l’évolution matérielle
  • La puissance de l’Entente : le nombre
  • La puissance de l’Entente : les idées
  • La puissance de l’Entente : le matériel
  • « Intelligence avec l’ennemi»

CHAPITRE III

  • LA RELATIVITÉ DES IDÉES ou l’histoire d’une défaite et d’un traité de paix
  • Le « coup de poignard dans le dos »
  • Le « jour de deuil de l’armée allemande »
  • Les pertes
  • La France merveilleuse
  • L’effondrement de la volonté de lutte des Allemands
  • La propagande de l’Entente
  • Wilson
  • Lénine
  • Pourquoi les Allemands ne répondent-ils pas ?
  • Ce que les Allemands auraient pu faire
  • Ce que les Allemands n’ont pas fait
  • Ce que les Allemands ont fait
  • Où se cachent les amis de l’empire ?
  • Versailles
  • La guerre manifestation de la pensée

CHAPITRE IV

LA MÉTAMORPHOSE DES IDÉES ou de Rousseau et Marx à Mussolini et Hitler

  • Questions
  • L’explication par le christianisme et par l’industrie moderne
  • L’explication par l’Antiquité
  • L’explication par la psychologie et la morale
  • Objections
  • La source des idées socialistes
  • Les idées et l’apparition tardive du socialisme
  • Les idées et les faits dans le socialisme
  • Le libéralisme dans le socialisme
  • Une première métamorphose : le libéralisme se fait antilibéral
  • La deuxième métamorphose : le marxisme
  • Dramatis personae
  • Marx et la guerre mondial
  • La troisième métamorphose : le communisme bolcheviste
  • La quatrième métamorphose : le socialisme opportuniste
  • La  réaction antisocialiste
  • La bourgeoisie révolutionnaire et le marxisme passif
  • Les classes moyennes déchues
  • La cinquième et la sixième métamorphose : le fascisme italien et le national-socialisme allemand
  • La septième métamorphose : le « planisme » socialiste
  • Le raisonnement continu

CHAPITRE V

  • LA FORGE RÉVOLUTIONNAIRE DES IDÉES ou la «technique du coup d’État»
  • Qu’est-ce qu’une révolution ?
  • La révolution française
  • La révolution par un seul homme
  • Lénine et Trotzky
  • Mussolini
  • La chute d’un dictateur
  • Hitler
  • Le Chef, la masse et les idées
  • La force suggestive des faits et la psychologie des foules

CHAPITRE VI

LA DÉTRESSE DES IDÉES ou la philosophie d’une crise économique.

  • L’idée et l’intérêt matériel
  • La crise économique
  • L’idée et l’ordre économique
  • Le recours à la force
  • Le recours à la raison

CHAPITRE VII

LE SALUT PAR LES IDEES OU la philosophie comme thérapeutique sociale.

  • Le sens de l’histoire
  • L’idée et l’esprit
  • L’idée et le « fait »
  • Le cœur et le cerveau
  • Vérité et moralité
  • L’idée, la joie et la douleur
  • A pathologie intellectuelle, thérapeutique intellectuelle
  • La révolution philosophique nécessaire

EXTRAIT

INTRODUCTION [1]


[1] Le présent livre est la version française du volume édité en langue flamande à Bruges (Belgique), aux Éditions Cultura, en mai 1935, sous le titre « Heerschappij en Nood der Ideeên of twintig jaar Europeesche Geschiedenis », c’est-à-dire : Domination et détresse des idées, ou vingt années d’histoire européenne. / La version française s’écarte en beaucoup d’endroits de la version flamande. Certains passages ont été précisés et complétés, d’autres ont été abrégés. Enfin, en divers chapitres, la disposition des matières et la succession des paragraphes a été remaniées. / Les modifications apportées à la version primitive ont eu pour but de mieux dégager les éléments essentiels de l’argumentation.


Origine et plan de l’ouvrage.

Les conclusions auxquelles aboutissent les pages qui vont suivre, sont le résultat d’une confrontation de faits de l’histoire contemporaine avec certaines conceptions théoriques.

Les données concernant les faits, je les ai puisées dans l’examen d’un certain nombre de témoignages écrits, ainsi que dans les souvenirs que le contact immédiat avec les événements eux-mêmes m’a laissés.

Quant aux conceptions théoriques qui ont orienté mes efforts, ce sont celles qui, repoussant l’interprétation matérialiste de l’histoire, attribuent à l’esprit et à ses idées un rôle prépondérant dans la conduite des affaires humaines et visent à établir sur des bases solides une conception spiritualiste de la philosophie de l’histoire et de la sociologie.

Suivant cet ordre de recherches, je me suis appliqué à marquer le rôle de l’esprit et de ses idées dans le développement des faits.

Je me suis cependant efforcé bien davantage à étudier l’instabilité et la variabilité de la force de rayonnement et du pouvoir de groupement des idées.

Il me parut, en effet :

Que s’il est possible d’aller fort loin dans l’explication de l’évolution des sociétés par les idées, même dans les domaines où semblent prévaloir les besoins matériels, il faut néanmoins tenir compte du fait patent que les idées n’exercent pas toujours leur action dès qu’elles existent et parce qu’elles existent ;

Que, en d’autres termes, la valeur sociale des idées est variable, instable, relative ;

Que, si l’on veut faire un pas de plus dans l’explication de l’évolution sociale par les idées et éviter les écueils auxquels se heurtent généralement ceux qui entendent recourir à la raison pour comprendre l’histoire, il faut renoncer à prendre comme point de départ « l’idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une essence indépendante de la réalité concrète, toujours identique à elle-même et conservant toujours la même valeur absolue ;

Qu’il faut, au contraire, en se plaçant à un point de vue analogue à celui des « nominalistes » du Moyen âge, considérer les idées comme existant non pas ante, rem, mais in re et post rem, c’est-à-dire comme le résultat d’une activité librement déployée par l’esprit au sein de la réalité et à propos de la réalité, ou encore, comme une construction de l’esprit aussi instable et mouvante que la réalité à laquelle elle reste intimement liée ;

Que toute tentative pour expliquer, en tout ou en partie, l’évolution des sociétés par les idées, doit avoir pour point de départ : la valeur sociale relative des idées.

L’étude de la valeur sociale relative des idées, je l’ai poursuivie dans le cadre des trois questions suivantes :

1) Le sort des peuples européens a-t-il été déterminé par des facteurs d’ordre matériel, par des instincts aveugles ou par des idées ?

2) Quelles sont les idées qui ont dominé l’histoire contemporaine de l’Europe ?

3) Pourquoi et comment certaines idées ont-elles acquis une force d’attraction qu’elles ont perdue ensuite ?

Pour étudier de plus près la relativité des idées sur le plan social, il m’eût été difficile de trouver un meilleur terrain d’expériences que l’histoire européenne depuis 1914. La guerre mondiale, les années de paix, la crise économique et sociale actuelle, ont ruiné, à un rythme précipité, à peu près autant d’idées qu’elles en virent naître, c’est-à-dire beaucoup. Je n’avais que l’embarras du choix. L’étude de la naissance, de la vie, de l’action et de la décadence des idées, ne me donnait pas seulement la possibilité de chercher une solution à des problèmes qui me préoccupaient depuis longtemps. Elle allait aussi me permettre de renforcer l’argumentation que, dans un livre antérieur, j’avais opposée à l’interprétation matérialiste de l’histoire. Enfin, elle me fournissait l’occasion de tenter un effort pour situer l’idée non seulement à l’égard de la matière, mais aussi à l’égard de l’instinct.

Les idées.

Dans le flux et le reflux infinis de l’histoire humaine, il est un facteur plus important que les autres. C’est par lui que l’histoire des hommes se distingue de celle de la nature. Ce facteur, c’est l’esprit humain, avec sa conscience, avec sa faculté de discerner, de comparer, de raisonner, de juger, de penser, avec ses idées.

Par idées, nous entendrons ici :

tantôt les représentations, images psychiques des formes particulières et concrètes de la réalité ;

tantôt les concepts, représentations des attributs essentiels fie la réalité, obtenues par généralisation et abstraction ;

tantôt les jugements qui, en unissant ou en séparant les représentations et les concepts, cherchent à saisir à formuler ce qui est, le réel ;

tantôt les systèmes qui groupent les représentations, les concepts et les jugements en un ensemble coordonné, en partant de jugements qui leur servent de base, les principes ;

soit, d’une manière générale, l’ensemble des notions que l’esprit recueille et coordonne au cours de son exploration du réel et qui relèvent du domaine propre de l’intellect.

La hiérarchie des idées.

Nos idées concernent tantôt le Vrai, tantôt le Bien — qui comprend l’Utile —, tantôt le Beau.

Le Vrai, le Bien et le Beau ont une valeur inégale à l’égard de la société organisée.

La société n’est pas gouvernée au nom de la Beauté. Elle est gouvernée au nom du Bien et plus particulièrement de l’Utile.

Mais le contenu du Bien — et par conséquent de l’Utile — n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Vrai ? Le Vrai n’implique-t-il pas le Bien comme les prémisses d’un syllogisme impliquent sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur. Ce principe essentiel de la scolastique est profondément et éternellement exact.

Pour comprendre que, dans une même société, l’un s’efforce de réaliser la perfection morale, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut interroger les idées que l’un et l’autre ont sur le Vrai.

Un jugement de vérité qui affirme ou nie l’immortalité de l’âme, implique nécessairement, dans l’un et l’autre cas, une série de jugements de valeur : ils portent sur l’ensemble des éléments qui composent et notre vie psychique et notre vie physique ; ils fixent des degrés dans 1 appréciation des divers déments ; ils établissent entre ceux-ci une hiérarchie qui sera totalement différente selon que le jugement sur le vrai aura abouti à une affirmation ou à une négation.

L’action des jugements de vérité s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement matérielles: nous cédons plus ou moins facilement, tant aux unes qu’aux autres, selon que les jugements de vérité et les jugements de valeur que ces derniers impliquent, nous le conseillent ou nous le déconseillent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet : lorsqu’il reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il entend la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, l’action se substitue à la contemplation et l’idée- lumière devient idée-force, rendant possible non seulement la volonté et l’effort de transformation mais aussi la violence.

Étant le juge et le protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, la Vrai joue un rôle non seulement primordial mais décisif dans la conduite de la cité.

La valeur variable des idées.

Le problème du vrai a toujours été au centre des préoccupations des philosophes. Ils se sont efforcés d’établir les signes auxquels on peut reconnaître le vrai et le faux. Ils ont tenté de déterminer les méthodes permettant d’arriver à la connaissance du vrai. Ils ont consacré à cette étude une branche distincte de la philosophie : la logique.

Dès le premier contact avec la société politique, il semble que celle-ci soit à peu près l’antithèse des enseignements de la logique. Tout ce que les philosophes ont cru établir, pour tous les esprits et pour tous les temps, y paraît d’emblée incertain et instable. Même la terminologie de la logique ne trouve guère d’emploi et le vrai y reçoit d’autres appellations. La valeur et l’attrait des idées y sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui, qualifiées « raisonnables », au début, furent considérées ensuite comme « absurdes » ; d’autres qui, proclamées d’abord « absurdes », furent plus tard déclarées « raisonnables »; d’autres encore qui sont « absurdes » en deçà et « raisonnables » au-delà.

L’histoire contemporaine surtout nous a donné des exemples frappants de la valeur relative des idées dans le domaine de la politique. En quatre-vingts ans la France a remplacé deux fois une république par un empire, une fois un empire par un royaume, une fois un empire par une république. En quinze ans l’Allemagne a remplacé un empire autocratique par une république démocratique et la république démocratique par le régime autoritaire du national-socialisme.

Idées « raisonnables » et idées « absurdes ».

Sont-ce des caprices qui poussent notre esprit à que certaines idées sont raisonnables et dignes de confiance, d’autres insensées et dangereuses ? Sont-ce ces caprices qui nous poussent à considérer comme nécessaire ce qui naguère avait été jugé inopportun, à condamner comme erroné et absurde ce qui naguère avait été déclaré parfait ?

Non pas. L’examen des faits auquel nous voulons livrer plus loin peut révéler en quoi consiste la différence qui sépare l’idée jugée raisonnable de l’idée jugée absurde. Il peut mettre en lumière qu’en distinguant le raisonnable de l’absurde, l’esprit de l’homo politicus suit non pas un caprice, mais des règles aussi peu nombreuses que fixes.

Qu’est-ce que l’idée jugée raisonnable ? C’est l’idée à laquelle on croit pouvoir se fier, qui est digne de confiance, qui n’oublie rien de tout ce dont elle prétend tenir compte, qui prévoit toutes ses conséquences et n’en omet aucune ; c’est l’idée que l’on ne peut accuser de dire que la réalité est blanche alors que celle-ci est noire ; c’est l’idée qui n’aboutit pas à la défaite alors qu’elle a annoncé la victoire ; c’est l’idée que l’on affirme utilisable, saine, intelligente, logique, et qui s’accompagne du sentiment de la certitude.

Qu’est-ce que l’idée jugée absurde ? Exactement le contraire de tout ce qui précède. C’est l’idée qui se présente comme l’image fidèle de la réalité, alors qu’elle est, en tout ou en partie, basée sur une fiction ; c’est l’idée qui est imparfaitement et inexactement renseignée, qui proclame ce qui n’est pas et promet ce qu’elle ne tient pas ; c’est l’idée à laquelle on applique une série de qualifications qui vont de l’erreur au mensonge et à la duperie, en passant par le mécompte et l’illusion.

Le critère.

En examinant de plus près on peut constater que la différence entre le raisonnable et l’absurde est identique à celle qui existe entre le vrai et le faux, à tel point que l’idée jugée raisonnable et l’idée jugée absurde peuvent tout aussi bien être appelées l’idée jugée vraie et l’idée jugée fausse.

Ce qui nous permet de distinguer l’affirmation vraie de l’affirmation fausse, c’est la concordance, c’est-à- dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. [2]

C’est également par la concordance, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité, que l’on distingue l’affirmation raisonnable de l’affirmation absurde.

L’assimilation de l’affirmation raisonnable à l’affirmation vraie ne se commande pas seulement en raison de l’identité du critère, mais encore et surtout en raison de son contenu : dans l’une comme dans l’autre affirmation, ce contenu concerne le vrais.

En effet :

Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi un table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai.

L’idée que l’on juge raisonnable c’est celle qui, en parvenant à la conscience, s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies;

avec les valeur que celles-ci impliquent;

avec les faits;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relève du domaine du vrai.

L’idée jugée absurde est, au contraire, celle qui, en parvenant à la conscience, est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits ;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Nous voilà revenus à la logique que nous croyions abandonner en entrant dans le domaine de la vie politique et sociale : le « raisonnable » et l’« absurde » sont respectivement des formes du vrai et du faux. L’un et l’autre se rapportent au vrai par leur contenu. Et ce sont les vieux critères du vrai, l’évidence et la contradiction, qui permettent de les départager.

Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative ?

Si l’on admet ce qui précède on peut faire un pas de plus et trouver, dans le cadre de ces principes, une explication à la relativité de la valeur des idées sur le plan social :

Si l’idée que l’on a proclamée raisonnable, perd cette qualité, à certain moment, c’est qu’elle est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits.

Quant à l’idée que l’on a déclarée absurde, si elle échappe, à certain moment, au verdict qui la condamne, c’est qu’elle s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits.

Si le raisonnable peut devenir absurde, et si l’absurde peut devenir raisonnable, ils le doivent à la confrontation d’un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Le vrai est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité, comme il est celui de la distinction entre le raisonnable et l’absurde.

L’attitude des sociétés à l’égard des idées politiques et sociales n’est qu’un cas particulier de l’attitude éternelle de l’esprit humain à l’égard des idées fondamentales concernant le vrai et le faux.

Si la forme et le contenu du vrai restaient toujours identiques, les idées politiques et sociales ne se modifieraient guère. L’évolution des uns entraîne l’évolution des autres. Les idées politiques et sociales se transforment dès que les idées sur le vrai évoluent :

la démocratie parlementaire ne put se substituer à la monarchie absolue qu’au moment où les conceptions sur le rôle et la signification de l’individu dans l’État s’étaient transformées sous l’influence des idées jugées vraies par la Réforme et la philosophie moderne;

le socialisme n’aurait pu se développer si Rousseau et Marx n’avaient établi, le premier en ce qui concerne les droits de l’individu, le second en ce qui concerne l’évolution économique, des idées que des milliers d’esprits purent juger vraies ;

la démocratie n’aurait pu être vaincue dans un grand nombre de pays, si, à certain moment, dans sa réalisation intégrale, elle n’avait paru être en contradiction avec des idées préalablement jugées vraies, avec les valeurs que ces idées impliquent, ainsi qu’avec les faits, c’est-à-dire avec les éléments auxquels nous avons fait allusion plus haut et qui relèvent du vrai.

Pourquoi recherchons-nous le vrai ?

Il faut aller plus loin et poser cette question : Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Pourquoi fuyons-nous la contradiction, marque distinctive du faux ?

La question s’impose. N’arrive-t-il pas que le vrai se trouve — tout au moins en apparence — renié au nom « d’intérêts » ou d’une « nécessité » quelconque? N’arrive-t-il pas aussi et plus souvent encore, que des groupes importants de la collectivité restent attachés à certaines idées malgré les évidentes contradictions qu’elles révèlent et que leurs défenseurs semblent s’obstiner à ne pas voir ?

Pour trouver une explication satisfaisante à notre attitude à l’égard du vrai et de la contradiction, il nous faut descendre au tréfonds de notre vie psychique, là où vivent et agissent les tendances élémentaires de l’être psychique, tellement élémentaires et fondamentales qu’elles se confondent avec lui. Nous y trouvons notamment celle qui semble résumer toutes les autres : la volonté d’être et ses formes les plus courantes, le « désir de durer » ou de se conserver et le « désir de s’affirmer » ou d’agir.

La volonté d’être implique des besoins qui sont le corollaire nécessaire de son existence. Elle naît et se développe en effet dans un monde mouvant, où les hivers succèdent aux étés, où l’ombre de la nuit succède à la lumière du jour, où la maladie succède à la santé, la faiblesse à la force, la mort à la vie. Dans ce perpétuel devenir qui apparaît souvent comme la négation de la volonté d’être, l’esprit cherche ce qui demeure, ce qui est, au-delà du devenir fuyant et incertain. L’être a besoin de l’être. Il le cherche en lui. Il le cherche autour de lui. Et cette recherche se manifeste dans le besoin d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre.

La possession d’un appui écarte l’image du vide, du néant, du non-être. Elle fournit la clef de voûte d’un ordre, lequel est indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être, en nous et autour de nous.

C’est l’effort vers la possession d’un appui qui explique notre attitude à l’égard du vrai.

Le besoin d’un appui nous fait tendre vers la lumière dans la nuit ; il nous fait désirer des limites à l’infinité du ciel, il nous pousse à déterminer le repère qui nous permettra de nous orienter ; il nous fait rechercher l’axe autour duquel nous pourrons grouper toutes les données recueillies par nos sens au sujet de la réalité ; il nous incite enfin à découvrir l’immuable à travers la variété infinie et éternellement mouvante des phénomènes.

Un appui, un axe, un repère, la réalité immuable, c’est ce qui nous permet de situer les êtres et les choses dans l’univers ; c’est la commune mesure qui nous donne le moyen de comparer, d’évaluer, de juger tout ce qui nous entoure, tout ce que nous pensons, tout ce que nous faisons ; c’est la base d’un ordre qui assure la plénitude de l’être et éloigne le néant.

Le besoin d’un appui s’exprime chez l’enfant qui tend ses bras vers ses parents ; chez le philosophe qui cherche à saisir la loi des phénomènes ; dans la prière du croyant.

Le besoin d’un appui explique la recherche d’une vérité et d’une certitude. Il explique aussi l’aversion à l’égard de la contradiction et du doute.

Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Parce que le vrai nous assure l’indispensable appui. Pourquoi fuyons-nous la contradiction, caractéristique du faux ? Précisément parce qu’elle laisse planer un doute sur la réalité de l’appui. Parce qu’elle présente un masque incertain ou trompeur, là où nous espérions trouver un sol ferme et stable. Lorsque l’on entend formuler à la fois les deux jugements contradictoires : « A est B » et « A n’est pas B », on voit disparaître la certitude sur ce qui est, et, en même temps, l’appui indispensable.

Pourquoi les partisans de systèmes philosophiques ou politiques manifestent-ils si souvent une méfiance ou une hostilité inflexibles à l’égard de «l’esprit critique» ? Parce que celui-ci menace toujours d’ébranler le système dans lequel les adhérents ont trouvé leur appui.

Là aussi où l’on voit défendre des idées qui méconnaissent la vérité commune et révèlent de flagrantes contradictions, on se trouve en présence d’une manifestation du même besoin fondamental. Il arrive notamment que des partis politiques ou des gouvernements proclament « raisonnables » ou « nécessaires », des idées qui violent plus ou moins ouvertement la vérité commune et fourmillent de contradictions. Entendent-ils alors préférer le faux et rejeter le vrai, rechercher le doute et repousser la certitude ? Non pas. Ils croient découvrir dans leur vérité particulière une réalité plus profonde que celle de la vérité commune. Le besoin d’un appui qui semble les inciter à méconnaître le vrai universel, les pousse simplement à servir la vérité qui leur paraît la plus sûre, c’est- à-dire à se tourner vers l’appui apparemment le plus réel.

Les hommes sont toujours les serviteurs d’une vérité, sinon de la vérité. Même lorsqu’ils apparaissent comme des renégats de la vérité. Même lorsqu’ils lui préfèrent l’ « utile ». Même lorsqu’ils lui substituent des « intérêts », ou la « nécessité qui ne connaît pas de lois », ou le « primum vivere », ou la « Raison d’État ». Ainsi le veulent les tendances et les besoins fondamentaux de notre être psychique.

Thèses.

Nous aboutissons finalement aux thèses suivantes que nous avons tenté d’illustrer plus loin, à la lumière des principaux faits de l’histoire contemporaine :

I. L’élément caractéristique, distinguant l’histoire des hommes de celle de la nature qui les entoure, est l’esprit humain, doué d’intelligence, connaissant des idées ; l’étude des sociétés doit avoir pour point de départ, non pas la vie matérielle, ou animale, que mène l’homme au sein de la nature, mais l’esprit humain, doué d’intelligence et connaissant des idées, c’est-à-dire l’intellect.

II. Parmi les idées que connaît l’esprit humain, il en est qui servent de base à toutes les autres et, dès lors, dépassent toutes les autres en importance : ce sont les idées dans et par lesquelles l’esprit cherche à saisir le réel, c’est-à-dire ce qui est, ou encore le vrai ;

l’attrait qu’exerce le vrai, comme l’aversion qu’inspire la contradiction, marque distinctive du faux, sont la conséquence de tendances et de besoins fondamentaux de notre vie psychique : la volonté d’être et le besoin corrélatif d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre, l’ordre étant indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être ;

le vrai implique un ensemble de valeurs spirituelles ou matérielles, qui partagent son autorité et le suivent dans sa décadence comme dans son rayonnement.

III. L’effort pour la possession des moyens matériels d’existence est la manifestation, sur le plan matériel, de la volonté d’être, tendance fondamentale de notre vie psychique ;

dans chaque phase de son développement, cet effort subit directement le contrôle et l’action de l’intellect et notamment de l’ensemble des idées jugées vraies et des valeurs qu’elles impliquent ; c’est l’intellect qui en détermine les modalités les plus importantes pour la société, modalités qui vont du « renoncement » au « désir de sécurité », du « désir de briller » et de la «soif des richesses » à la « volonté de puissance» ;

le contrôle et l’action de l’intellect s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement physiques, auxquelles nous cédons, avec plus ou moins de facilité, dans la mesure où elles sont reconnues et admises par les idées sur le vrai et les valeurs que celles-ci impliquent.

IV. La force de rayonnement et la valeur des idées politiques et sociales ne sont pas absolues, mais relatives : elles sont conditionnées à la fois par l’effort de l’esprit pour saisir le vrai et réaliser les valeurs que celui-ci implique, ainsi que par les vicissitudes de cet effort et de ses résultats ;

une idée conserve son attrait et son autorité aussi longtemps qu’elle s’accorde manifestement avec d’autres idées, préalablement jugées vraies, avec les valeurs que celles-ci impliquent, ou avec les faits ;

elle perd son attrait et son autorité dès qu’elle est manifestement en contradiction avec d’autres idées, préalablement jugées vraies, avec les valeurs que celles-ci impliquent, ou avec les faits ;

les idées jugées vraies, les valeurs qu’elles impliquent et les faits étant des éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du vrai, celui-ci est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité ;

en adoptant comme « raisonnables » ou en condamnant comme « absurdes » des idées ou des régimes politiques, la société prononce, en réalité, un jugement de vérité : le « raisonnable » est une forme du V vrai, comme l’« absurde » est une forme du faux.

V. L’idéal politique ou social est la représentation d’une perfection future, consistant dans la possession de l’idée Vraie et la réalisation complète de toutes les valeurs qu’elle implique ;

réaliser un progrès intellectuel et moral, c’est mieux saisir l’idée vraie et mieux posséder les valeurs que celle-ci implique ; réaliser un progrès matériel, c’est, en substituant un mécanisme jugé supérieur à un mécanisme jugé inférieur, adopter les organes qui répondent le mieux aux valeurs reconnues par l’idée vraie.

VI. L’histoire consciente des sociétés politiquement organisées se compose dès lors essentiellement :

d’une part, d’un effort permanent pour saisir l’idée vraie et réaliser dans la vie collective les valeurs spirituelles et matérielles que cette idée implique, reconnaît et recommande ;

d’autre part, d’un effort simultané en vue d’échapper à l’idée fausse et d’écarter les dangers qu’elle représente pour les valeurs reconnues en vertu de l’idée vraie ;

le double effort est conduit par les groupes les plus conscients de la collectivité, c’est-à-dire par ceux qui discernent ou croient discerner le plus nettement l’idée vraie et les valeurs qu’elle implique ;

la volonté, l’énergie, la passion, le nombre des éléments composant ces groupes, sont la conséquence de leurs idées : c’est par et pour leurs idées qu’ils prendront, à l’égard des circonstances ou à l’égard des défenseurs d’autres idées, soit l’attitude de l’ami, soit celle de l’adversaire, soit celle de l’indifférent.

VII. Le « fait » — par lequel il faut entendre l’ensemble des « facteurs d’ordre matériel » en nous et hors de nous, le « concours des circonstances » heureux ou malheureux qui assiste ou contrarie notre effort, la violence, l’accident, le hasard — n’a pas de signification absolue à l’égard de l’esprit ; celui-ci reste, en effet, toujours vis-à-vis du fait, à la fois un juge et un organisateur ;

l’effort pour atteindre le Vrai ainsi que le Bien qu’il implique, se poursuit indifféremment tantôt à l’occasion du fait tantôt en accord avec le fait, tantôt malgré et contre le fait ;

le rôle que le fait joue à l’égard de la pensée, apparaît principalement lorsque, avec l’autorisation de l’esprit, il contribue à la formation des idées :

le fait peut suggérer, compléter, confirmer ou infirmer des idées ;

il peut arriver que l’esprit ne se borne pas à incorporer le fait dans ses idées sur le vrai, mais l’adopte comme critère unique de la vérité.

VIII. Les phénomènes pathologiques qui peuvent se manifester dans la société, les malaises, les crises, les désordres, ressortissent à l’intellect, comme tous les autres aspects de la vie sociale ;

d’une part, l’intellect peut être lui-même la cause immédiate du désordre, lorsqu’il admet comme vraies, à certain moment, des idées qui sont fausses ;

d’autre part, étant juge et organisateur de la réalité, son intervention en vue du rétablissement de l’ordre, tant économique que politique, peut être décisive ;

en conséquence, la thérapeutique sociale, à opposer à la pathologie sociale, trouve un élément essentiel dans les idées jugées vraies et les valeurs que celles-ci impliquent ; elle est, au premier chef, affaire de l’intellect, et, dans une large mesure, une thérapeutique intellectuelle.

Conclusion pratique.

Je ne me suis pas borné à étudier la vie sociale des idées, à souligner leur rôle dans l’histoire, ainsi qu’à rechercher les raisons de leurs succès ou de leurs échecs.

En appliquant les thèses formulées plus haut à l’histoire contemporaine, en les basant sur le double témoignage de la grandeur et de la détresse de notre époque, j’ai été amené à définir les idées qui ont gouverné et gouvernent encore les peuples et à mentionner certaines de leurs conséquences pour l’histoire européenne.

Du diagnostic à l’indication du remède il n’y avait qu’un pas. Je n’ai pas hésité à le franchir, considérant que l’exploration du passé n’est jamais plus féconde que lorsqu’elle sert à mettre en lumière les besoins du présent et les tâches de l’avenir.

Aux conclusions d’ordre théorique, rejetant d’une part l’interprétation

matérialiste de l’histoire, admettant, d’autre part, le rôle essentiel de l’esprit et plus spécialement de l’intellect dans l’évolution des sociétés, une autre conclusion, d’ordre pratique, vint s’ajouter : le nécessité du retour des peuples à une conception religieuse de l’univers.

_______________

[1] Le présent livre est la version française du volume édité en langue flamande à Bruges (Belgique), aux Éditions Cultura, en mai 1935, sous le titre « Heevschappii en Nood dev Tdeeën, of twintig jaar Euvopeesche geschiedenis », c’est-à-dire : Domination et détresse des idées, ou vingt années d’histoire européenne.

La version française s’écarte en beaucoup d’endroits de la version flamande. Certains passages ont été précisés et complétés, d’autres ont été abrégés. Enfin, en divers chapitres, la disposition des matières et la succession des paragraphes ont été remaniées.

Les modifications apportées à la version primitive ont eu pour but de mieux dégager les éléments essentiels de l’argumentation.

[2] La réalité étant ici, au sens philosophique : les réel, ce qui est, ou encore le vrai, l’être et le vrai se confondant.


Réponse de l’auteur à la critique de son livre

Domination et détresse des idées

(Heerschappij en Nood der Ideeën)

Publié par Cultura, Vlamingstraat, Bruges, 1935.

Après huit mois passés à voir paraître des critiques sur mon livre « ‘Heerschappij en Nood der Ideeën’  » (Domination et détresse des idées – Voir note de bas de page (1), je suis obligé de reconnaître que ceux qui ont écrit sur mon travail n’ont pas toujours bien saisi les intentions de l’auteur.

  • Certains n’ont vu que la conclusion pratique de mon ouvrage : à savoir la nécessité du retour des peuples à une conception religieuse-universaliste de la vie ;
  • d’autres ne se sont attardés que sur l’argument de la suprématie de l’esprit ;
  • peu ont découvert l’essentiel de l’ouvrage, à savoir : un argument contre le matérialisme historique et sociologique, avec une argumentation renouvelée.

C’est donc avec plaisir que je saisis l’occasion qui m’est offerte par la rédaction de « De Vlaamsche Gids » de résumer pour ses lecteurs les points de vue que j’ai tenté d’exprimer plus concrètement dans l’ouvrage susmentionné.

Le point de départ.

Celui qui refuse de voir dans le développement historique et social des peuples un processus qui trouve sa base dans la matière ; celui qui refuse de voir dans l’esprit un produit accidentel et en tout cas subordonné de ce développement historique et social, doit nécessairement se tourner vers les idées, vers les images qui habitent notre esprit conscient.

C’est avec ce schéma de pensée, le schéma de pensée classique de tout anti-matérialiste dans le domaine historique et sociologique, que je me suis appliqué, tant dans mon premier livre, ‘Philosophie der Vlaamsche Beweging’ (Philosophie du mouvement flamand), que dans le second, Heerschappij en Nood der Ideeën (Domination et détresse des idées), soulignant le rôle de l’esprit et de ses idées.

Dans le deuxième livre, cependant, je me suis consacré, dans une mesure encore plus grande, à l’étude de l’instabilité et de la mutabilité du pouvoir d’attraction et de recrutement des idées. Je me suis abstenu de prendre comme point de départ l' »Idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une substance qui se tient de façon plus ou moins autonome par rapport à la réalité concrète, reste toujours elle-même égale et conserve toujours la même valeur absolue. J’ai, au contraire, conçu l’idée comme une construction évolutive de l’esprit, comme le résultat d’une activité jamais stagnante, au milieu de la réalité concrète, infiniment diverse et éternellement changeante, à laquelle les idées restent inséparablement liées. J’ai pris comme point de départ de mon travail la relativité de la valeur sociale des idées. Au lieu de placer l’idée comme une reine dominatrice et impérieuse sur un trône en dehors et au-dessus de la réalité, je l’ai abaissée ; au lieu de lui attribuer des attributs éternels et immuables, je lui ai dénié toute valeur durable ; au lieu de la considérer comme une réalité absolue, j’ai vu en elle une construction toujours incertaine, instable et relative de notre esprit.

Cette conception de l’idée m’a permis d’éviter une objection sérieuse, que l’on oppose habituellement avec succès à toute tentative de voir dans l’esprit et ses idées la cause principale du développement historique et qui repose sur le fait indéniable que les idées n’exercent pas leur influence d’elles-mêmes dès qu’elles existent et seulement parce qu’elles existent. Elle m’a immédiatement permis de tenter de mieux étayer la conception non matérialiste de l’histoire et, par conséquent, d’élargir considérablement le rôle de l’esprit et de ses idées dans le développement historique et social des peuples.

Les idées.

J’ai donné au terme idée le sens le plus général. J’ai considéré qu’il s’agissait d’abord des représentations, des images psychiques des formes de la réalité concrète ;

  • Les concepts, les généralisations, sont le résultat de notre capacité d’abstraction ;
  • maintenant des jugements, reliant ou séparant les représentations et les concepts ;
  • enfin, les systèmes, qui combinent les idées, les concepts et les jugements en un tout ordonné, fondé sur des principes ;
  • bref, toutes les données que notre esprit recueille et organise lorsqu’il examine ce qui existe et qui appartiennent au domaine de l’intellect.

Classement des idées.

Nous avons des idées sur le Vrai, sur le Bien – qui inclut l’Utile – sur le Beau.

Elles ont une valeur inégale par rapport à la société organisée. La société n’est pas gouvernée au nom du Beau. Elle est gouvernée au nom du Bien et surtout de l’Utile.

Mais le contenu du Bien – et par conséquent de l’Utile – n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Réel ? Le Vrai n’inclut-il pas le Bien, comme les prémisses d’un syllogisme incluent d’avance sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur, enseignait, à juste titre, la philosophie médiévale. Le Vrai et le Bien sont difficilement séparables.

Pour comprendre que, dans une même communauté, l’un cherche à atteindre la perfection spirituelle, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut examiner les idées que les uns et les autres se font du Vrai.

Un jugement de vérité, qui accepte la matière comme certitude finale, inclut inévitablement une série de jugements de valeur, qui mettent principalement l’accent sur les éléments de l’existence matérielle. Un jugement de vérité qui, au contraire, accepte un monde surnaturel comme certitude finale, comprend, tout aussi inévitablement, une série de jugements de valeur qui donnent à la vie psychique une valeur absolue et décisive, la vie matérielle n’ayant qu’une valeur additionnelle. L’action des jugements de vérité s’étend même au domaine du plaisir et de l’inconfort purement physiques : nous cédons plus volontiers à l’un comme à l’autre, si les jugements de vérité et les jugements de valeur qui leur sont liés les encouragent ou les découragent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet, lorsque le Vrai reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il veut la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, alors l’action succède à la contemplation, alors l’idée porteuse de lumière devient une idée porteuse de pouvoir, permettant non seulement l’effort mais aussi la violence.

En tant que juge et protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, le Vrai joue un rôle non seulement important, mais aussi décisif dans l’orientation de la communauté.

La valeur changeante des idées.

La question du Vrai a toujours été le principal objet d’intérêt des sages. Ils se sont appliqués à déterminer les signes qui permettent de distinguer le vrai du faux. Ils ont essayé de déterminer la méthode qui peut conduire à la connaissance du Vrai. Ils ont consacré à cette étude une discipline distincte de la philosophie : la logique.

À la première rencontre avec la communauté politiquement organisée, il semble qu’elle soit plus ou moins le pendant des principes de la logique. Tout ce que les philosophes pensaient établir pour tous les esprits et tous les temps se révèle immédiatement incertain et instable. Même la terminologie de la logique n’est plus guère utilisée et le Vrai reçoit d’autres noms. La valeur et l’attrait des idées sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui ont d’abord été qualifiées de « sensées », puis de « folles ». Nous connaissons tous des idées qui ont d’abord été Les idées sont dites « insensées » et ensuite « sensées ». Nous connaissons tous des idées qui sont qualifiées de « folles » ici et de « sensées » là.

Des idées « sensées » et des idées « erronées ».

Est-ce l’arbitraire capricieux qui pousse notre esprit à qualifier certaines idées de sensées, raisonnables et fiables, d’autres de folles, stupides et dangereuses, à juger nécessaire ce que l’on appelait autrefois inapproprié, à condamner comme faux et imparfait ce que l’on qualifiait autrefois de parfait ?

Certainement pas ! L’examen des faits que j’ai cités dans mon livre montre la différence entre les idées jugées « sensées » et « imparfaites ». Il met clairement en évidence que l’esprit de l’homo politicus, lorsqu’il fait la distinction entre ce qui est « sensé » ou « raisonnable » et ce qui est « défectueux » ou « faux », n’obéit pas à ses caprices, mais suit au contraire des règles fixes, qui ne sont d’ailleurs pas nombreuses.

Qu’est-ce que l’idée « raisonnable » ? C’est l’idée sur laquelle on peut compter, qui est fiable, qui n’oublie rien de tout ce qu’elle veut prendre en compte, qui prévoit toutes les conséquences d’une action et n’en perd aucune de vue ; c’est l’idée dont on ne peut prétendre appeler la réalité blanche quand elle est noire ; c’est l’idée qui ne conduira pas à la défaite quand elle a promis le triomphe ; c’est l’idée que l’on appelle utile, saine, sagace, logique ; c’est l’idée qui nous donne le sentiment de la sécurité.

Quelle est l’idée jugée « défectueuse » ? Précisément le contraire de tout ce qui précède : c’est l’idée qui se présente comme l’image fidèle de ce qui est, alors qu’elle est construite, en tout ou en partie, sur ce qui n’est pas ; c’est l’idée incomplète et mal informée, qui proclame ce qui n’est pas et promet ce qu’elle ne peut pas tenir ; c’est l’idée à laquelle on donne une série d’appellations allant de l’erreur au mensonge et à la tromperie, en passant par l’erreur de calcul et l’illusion.

Le critère.

En y regardant de plus près, on constate que la différence entre le « sensé » et le « défectueux » est la même que celle qui existe entre le « sensé » et le « défectueux ». Entre le Vrai et le Faux. Et de telle sorte que l’idée sensible et l’idée fausse peuvent tout aussi bien être appelées l’idée vraie et l’idée fausse.

Ce qui permet de distinguer le Vrai du Faux, c’est la correspondance, c’est-à-dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. Voir note (2).

C’est de même par la similitude, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité Voir note (3), que l’on distingue l’idée sensible de l’idée fausse.

L’équivalence entre l’idée sensible et l’idée vraie n’est pas seulement nécessaire en raison de l’identité du critère, mais aussi et surtout en raison du contenu : dans l’une comme dans l’autre, ce contenu se rapporte entièrement au Vrai.

En effet, lorsqu’une idée politique pénètre la conscience individuelle ou collective, elle y trouve d’autres idées. En effet, elle y trouve des idées sur le Réel, qui sont à la base de toutes les autres. Elle y trouve aussi une échelle de valeurs appartenant aux idées de Vérité. Enfin, elle y trouve des données que l’esprit a identifiées sur le monde extérieur – sur les « faits » – et qui sont généralement incluses dans ses idées sur le Réel.

L’idée que l’homo politicus considère comme sage, c’est l’idée qui, à son entrée dans la conscience, est visiblement d’accord :

  • Avec des idées vraies préexistantes ;
  • Avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;
  • donc avec une série d’éléments qui, directement ou indirectement, appartiennent au domaine du Vrai.

L’idée erronée est, au contraire, cette idée qui, à son entrée dans la conscience, contredit visiblement :

  • Avec des idées vraies préexistantes ;
  • Avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;
  • donc avec une série d’éléments qui, directement ou indirectement, appartiennent au domaine du Vrai.
  • L’idée erronée est, au contraire, cette idée qui, à son entrée dans la conscience, contredit visiblement :
  • avec les idées vraies préexistantes ;
  • avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;

Immédiatement, nous sommes revenus à la logique que nous pensions avoir abandonnée en entrant dans la vie politique et sociale : le « sensible » et le « vicié » sont des formes du Vrai et du Faux, respectivement. L’un et l’autre se rapportent au Vrai par leur contenu. Et c’est par les vieux critères de l’évidence et de la contradiction que l’on peut distinguer l’un de l’autre.

Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative ?

Après avoir accepté ce qui précède, on peut faire un pas de plus et, dans le cadre de ces principes, trouver une explication à la relativité de la valeur sociale des idées.

Si l’idée que l’homo politicus appelle sensée perd cette qualité à un moment donné, c’est parce qu’elle entre visiblement en conflit avec des idées préexistantes jugées vraies :

  • Avec les valeurs qui appartiennent à ces idées ;
  • avec les faits.

Or, si l’idée que l’homo politicus qualifie de défectueuse échappe à un moment donné au jugement qui la condamne, c’est parce qu’elle correspond visiblement à des idées vraies préexistantes ; à des faits.

  • avec les idées vraies préexistantes ;
  • avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits.

Si le sensible peut devenir vicié et le vicié sensible, c’est en raison de la confrontation d’une série d’éléments qui appartiennent, directement ou indirectement, au domaine du Réel.

Le Réel est le pivot de la valeur sociale des idées et de sa relativité, comme il est le pivot de la distinction entre le « sensible » et le « défectueux ».

L’attitude que la société adopte à l’égard des idées politiques et sociales n’est qu’un cas particulier de l’attitude éternelle que l’esprit humain adopte à l’égard des idées fondamentales sur le Vrai et le Faux.

Si la forme et le contenu du Réel restaient toujours les mêmes, les idées politiques et sociales ne subiraient jamais de changement. L’évolution des unes provoque l’évolution des autres. Les idées politiques et sociales changent dès que les idées sur le Réel ont changé.

En effet, la démocratie parlementaire n’a pu supplanter la monarchie que lorsque les idées sur le rôle et la signification de l’individu dans l’Etat ont changé sous l’influence des idées jugées vraies par la Réforme et la philosophie moderne. La démocratie parlementaire, quant à elle, n’aurait pas été vaincue dans un grand nombre de pays si, à un certain moment après la guerre mondiale, elle n’avait pas pris l’allure d’un régime contraire aux idées jugées vraies à l’avance, aux valeurs appartenant à ces idées et aux faits, c’est-à-dire aux éléments susmentionnés dérivés du Vrai.

Dans mon livre, j’ai moins utilisé les termes vrai et faux que les termes sensé et défectueux. J’ai pensé que l’utilisation de ces termes populaires de la vie politique quotidienne réduirait la distance entre les situations politiques concrètes et les concepts abstraits de la logique et que cela faciliterait ma tâche.

Pourquoi cherchons-nous le vrai ?

Après avoir cherché une explication à l’attraction changeante des idées dans l’attitude éternelle de notre esprit envers le Vrai, en partant du principe que les valeurs appartiennent toujours au Vrai, une autre question peut être posée : Pourquoi cherchons-nous le Vrai ?

J’ai cherché l’explication de notre attitude envers le Réel dans un besoin fondamental de notre être psychique : le besoin d’une assise, forme élémentaire du besoin d’ordre, un ordre qui est également nécessaire à l’existence, à l’expression et à la pleine réalisation de l’être.

Pourquoi cherchons-nous le Vrai ? Parce que le Vrai fournit l’assise indispensable. Pourquoi fuir la contradiction, caractéristique du faux ? Parce qu’elle laisse planer le doute sur la réalité de l’accrochage, parce qu’il offre une apparence incertaine ou trompeuse, là où nous espérions trouver un terrain solide.

Or, il se trouve que les gouvernements et les partis font précisément ce qui est contraire au Vrai généralement supposé. Préfèrent-ils vraiment le faux au vrai, recherchent-ils le doute et rejettent-ils la certitude ? Non. Même dans ce cas, ils préfèrent le Vrai, recherchent la certitude et rejettent le doute. Dans les idées qui les guident et qui semblent s’opposer au Réel, ils trouvent une réalité plus profonde et une emprise plus certaine que dans la vérité généralement admise. Ils servent cette vérité qui leur paraît la plus sûre et la plus réelle. Ils s’accrochent à la prise qu’ils considèrent comme la plus solide. Ils observent encore le Vrai, même lorsqu’ils en violent la lettre.

Thèses

Ainsi, finalement, je suis arrivé à la série de thèses suivantes, qui constituent la formulation systématique de mon point de vue et que j’ai essayé de clarifier dans mon livre, en utilisant les faits concrets de l’histoire contemporaine :

I – L’élément caractéristique qui distingue l’histoire de l’humanité de celle de la nature est l’esprit humain ; il est doué d’intelligence et connaît les idées ; l’étude de la société doit trouver son point de départ, non pas dans la vie matérielle, ou animale, que l’homme mène dans le sein de la nature, mais dans l’esprit humain, qui est doué d’intelligence et connaît les idées, c’est-à-dire dans l’intellect.

II – Parmi les idées connues de l’esprit humain, il y en a certaines qui servent de base à toutes les autres et qui sont donc plus importantes que toutes les autres : ce sont les idées dans et par lesquelles l’esprit essaie de saisir ce qui existe réellement, ce qui est, ou le Réel ;

l’inclinaison vers le Vrai, ainsi que l’aversion pour la contradiction, caractéristique du non-vrai, sont la conséquence d’un besoin fondamental de notre esprit : le besoin d’une prise, forme élémentaire du besoin d’ordre, d’un ordre qui est la condition préalable à l’existence, à l’expression et à la réalisation de l’être ;

le Vrai inclut un ensemble de valeurs spirituelles ou matérielles, qui participent à son autorité et le suivent dans sa déchéance comme dans sa splendeur.

III. – La lutte pour les moyens matériels d’existence est directement supervisée et influencée par l’intellect et, en particulier, par l’ensemble des idées réputées vraies et des valeurs qui leur appartiennent ; c’est l’intellect qui détermine les modalités les plus importantes de cette lutte pour la communauté, allant du « renoncement aux biens terrestres » au « désir de sécurité » et du « désir de dépassement » à la « volonté de puissance » ;

l’action de l’intellect s’étend au domaine de l’agréable ou du désagréable purement physique, auquel nous cédons plus ou moins facilement, selon qu’il est ou non reconnu et accepté par les idées sur le Réel et les valeurs appartenant au Réel.

IV – L’attrait et la valeur des idées dans la vie politique et sociale ne sont pas absolus, mais relatifs : ils sont déterminés aussi par l’effort de l’esprit pour saisir le Réel et réaliser les valeurs qui lui appartiennent, ainsi que par les vicissitudes de cet effort et de ses résultats ;

l’idée jugée vraie conserve son attrait et son autorité tant qu’elle correspond visiblement à d’autres idées jugées vraies par avance, aux valeurs appartenant à ces idées ou aux faits ;

elle perd son attrait et son autorité dès qu’il devient évident qu’elle est en conflit avec d’autres idées jugées vraies préexistantes, avec les valeurs appartenant à ces idées ou avec les faits ;

puisque les idées jugées vraies, les valeurs qui leur sont propres et les faits sont autant d’éléments qui, directement ou indirectement, s’enracinent dans le Réel, ce dernier est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité ;

Lorsque la communauté accepte des idées ou des régimes politiques comme étant « sensés » ou les rejette comme étant « défectueux », elle parle ils portent en réalité un jugement de vérité : le « sensible » est une forme de Vrai, tout comme le « défectueux » est une forme de Faux.

V – L’idéal politique ou social est la représentation d’une perfection future, constituée par la possession de l’Idée vraie et la pleine réalisation de toutes les valeurs qui lui sont propres ;

le progrès spirituel consiste à mieux saisir l’Idée vraie et à mieux réaliser les valeurs qui lui appartiennent ; le progrès matériel consiste à substituer un équipement considéré comme supérieur à un équipement considéré comme inférieur et à introduire ainsi les organes qui correspondent le mieux aux valeurs reconnues par l’Idée vraie.

VI – L’histoire consciente des peuples politiquement organisés consiste donc essentiellement à :

d’une part, en un effort constant pour saisir l’idée vraie et, dans la vie commune, pour réaliser les valeurs spirituelles et matérielles que cette idée englobe, reconnaît et recommande ;

d’autre part, en un effort simultané pour se débarrasser de l’idée fausse et écarter de la vie commune les dangers qu’elle représente pour les valeurs reconnues en vertu de l’idée vraie ;

ce double effort est mené par les groupes les plus conscients de la communauté, c’est-à-dire par ceux qui distinguent ou croient distinguer le plus clairement l’idée vraie et les valeurs qui lui sont attachées ;

le nombre, la volonté, le zèle, la passion des membres de ces groupes sont la conséquence de leurs idées : c’est par et pour leurs idées qu’ils sont amis, ennemis, indifférents aux circonstances ou aux défenseurs d’autres idées.

VII. – Le fait, par lequel il faut entendre les facteurs matériels, les événements naturels, les nombres, les violences, les circonstances inattendues et accidentelles, n’a pas de signification absolue à l’égard de l’esprit ; il reste, en effet, vis-à-vis du fait, toujours un juge et un organisateur ;

la recherche de la réalisation du Vrai et des valeurs.

qui lui appartient se développe sans être perturbé, soit en réponse au fait, soit en accord avec le fait, soit en dépit du fait et contre le fait ;

le rôle joué par le fait à l’égard de la pensée apparaît principalement là où il contribue, avec le consentement de l’esprit, à la formation des idées :

le fait peut inspirer, compléter, confirmer ou infirmer les idées ;

il peut arriver que l’esprit ne se contente pas d’inclure le fait dans ses idées sur le Réel, mais l’accepte comme seul critère de vérité, comme c’est le cas des « positivistes ».

* * *

Or, si l’on voulait caractériser en une phrase l’orientation générale des thèses qui précèdent, on pourrait dire que, d’une part, elles rejettent le matérialisme historique, d’autre part, elles assument l’importance centrale de l’esprit, principalement de l’intellect, dans l’évolution de la communauté, dans le but d’aboutir finalement à une sociologie intellectualiste.

MAX LAMBERTY.


REVUE DE PRESSE

Recension du livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES dans la revue québécoise L’ACTION NATIONALE

L'action nationale, 1938-03, Collections de BAnQ.
L’action nationale, 1938-03, Collections de BAnQ.

max-lamberty-revue-de-presse

Books Abroad 1938: Vol 12 Iss 1 – Internet Archive


AU SUJET DE L’AUTEUR

Max Lamberty

Max Lamberty, mai 1933
Max Lamberty, mai 1933. Source : Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).

Koninklijke Bibliotheek, national library of the Netherlands
Koninklijke Bibliotheek, national library of the Netherlands

dbnl

Lamberty, Max -, né en 1895, a écrit Philosophie du mouvement flamand (Philosophie der Vlaamsche Beweging), 1933. Il s’oppose à la contemplation socialiste d’Hendrik de Man ; voir ici. Selon Lamberty, le Mouvement flamand n’est pas l’œuvre de la masse populaire, mais d’intellectuels ; il n’est pas le résultat de relations sociales, mais d’idées et d’idéaux.

Lamberty, Max -, geb. 1895, schreef Philosophie der Vlaamsche Beweging, 1933. Hij kwam op tegen de socialistische beschouwing van Hendrik de Man; zie daar. Volgens Lamberty is de Vlaamse Beweging niet het werk van de volksmassa, doch van intellectuelen; niet het gevolg van maatschappelijke verhoudingen, doch van ideeën en idealen.

Source : Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren (DBNL) –  Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).

Max Lamberty

Textes dans d’autres livres/journaux dans DBNL – Textes de Max Lamberty dans des revues et autres livres Notes

Source : Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren (DBNL) -: Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).


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Max Lamberty (Sint-Gillis, 31 décembre 1893 – Bruxelles, 13 août 1975) était un philosophe culturel flamand et un intellectuel de premier plan du Mouvement flamand.

Biographie

Lamberty était le fils d’un père wallon décédé prématurément, tandis que sa mère, Anna Maria De Raet, était la sœur du célibataire Lodewijk de Raet, qui vint vivre avec elle et s’occupa de l’éducation de ses deux fils. Sous son influence, ils devinrent flamands.

Il termine ses études secondaires à l’Athénée royal de Bruxelles et commence à étudier à l’Université libre de Bruxelles en 1914. Il doit les interrompre en raison de la guerre et commence à travailler pour une compagnie d’assurance allemande en 1915. En 1917-18, il est professeur d’études à Gand et étudiant à l’université Von Bissing. À partir de 1918, par l’intermédiaire de Camille Huysmans, il travaille pour l’Internationale socialiste et pour le Parti ouvrier belge.

En 1925, il devient fonctionnaire à la Chambre des représentants. Il reste également actif au sein du BWP, plus précisément au sein de la revue Ontwikkeling, dans laquelle il publie, sous différents pseudonymes, des articles sur le Mouvement flamand.

Plus tard, il reprend ses études universitaires. À l’université d’État de Gand, il devient licencié (1940) et docteur (1947) en sciences sociales. À partir de 1945, il enseigne la sociologie générale à l’Institut universitaire des territoires d’outre-mer à Anvers.

En 1936-1938, Lamberty est secrétaire particulier du ministre Désiré Bouchery. De 1940 à 1944, il travaille au ministère des Affaires économiques et, à partir de septembre 1944, il reprend ses fonctions à la Chambre.

En 1956, il devient professeur, chef de la section des sciences sociales, à l’École royale militaire. Il est devenu émérite en 1963.

Il est cofondateur de la Fondation de l’école secondaire populaire Lodewijk de Raet et en devient le président général.

Il a collaboré à Rommelpot (1945-1949) après la Seconde Guerre mondiale.

Max Lamberty était marié à Fanny Leys (Borgerhout, 1907 – Uccle, 2001), qui était directrice au Sénat.

Points de vue

Son approche était fortement inspirée par la philosophie idéaliste de Georg Hegel, mais elle a acquis son propre profil culturel et philosophique.

Son ouvrage Philosophie der Vlaamsche Beweging (Philosophie du mouvement flamand) est intéressant. Il y décrit les idées et les sentiments collectivement appelés « flamandité ». Selon lui, l’histoire du mouvement flamand est l’histoire de la naissance, de la croissance et de la victoire de la flamandité.

Une synthèse de sa pensée culturelle et philosophique se trouve dans Vocation de l’Occident.

Bibliographie

Lamberty a publié plus de deux cents livres et articles, dont la moitié est consacrée au Mouvement flamand. Parmi les principaux :

  • Philosophie du mouvement flamand, Bruges, 1933
  • Domination et nécessité des idées, 1935
  • La noblesse de la politique, 1946
  • Le mouvement flamand aujourd’hui, 1948
  • Lodewijk de Raet, fondateur de la politique populaire flamande, 1951
  • Qu’est-ce que la culture occidentale, 1961
  • La vocation de l’Occident, 1968
  • La résurrection flamande, 1971-1973

Il a également contribué, sans le nommer, au magazine satirique flamand d’après-guerre Rommelpot, notamment par des articles sur le premier congrès flamand d’après-guerre. Sa femme Fanny Leys en fait mention dans sa biographie.

Littérature

  • Clem DE RIDDER, Max Lamberty, in: Twintig eeuwen Vlaanderen, 1976
  • Fanny LEYS, Max Lamberty, 1977
  • Clem DE RIDDER & Pieter VAN HEES, Max Lamberty, in: Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, Tielt, 1997.

Traduction du néerlandais au français avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


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Lamberty, Max

Olivier Boehme (2023, herwerking), Pieter Van Hees (1998)

Prénom complet : Maximilien M.G.

Naissance : Saint-Gilles, 31 décembre 1893

La mort : Bruxelles, 13 août 1975

Lien de parenté : (est cousin/cousine de) De Raet, Louis

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Max Lamberty (1893-1975) était un philosophe politique et social qui a produit des travaux théoriques sur les fondements du mouvement flamand.

Max Lamberty (1893-1975) was een politiek en sociaal filosoof, die theoretisch werk over de grondslagen van de Vlaamse beweging leverde.

Source : Max Lamberty, s.d. (Collection de la Ville d’Anvers, Letterenhuis, tglhph35231)

Formation, études et début de carrière

Max Lamberty était le neveu de Lodewijk de Raet et fils d’un père wallon décédé prématurément, qui exerçait la profession d’agent commercial. La veuve, Anna Maria de Raet, retourne avec ses deux fils chez sa mère, avec laquelle vit son frère Lodewijk, qui n’est pas marié. Ce dernier s’occupe de l’éducation de ses deux neveux et les fait étudier. Il les incite également à devenir flamands. Lamberty fait ses études primaires à l’école communale de Saint-Gilles et ses études secondaires à l’Athénée royal de Bruxelles (section gréco-latine).

Il commence ses études universitaires à l’Université libre de Bruxelles. Il doit interrompre ces études en 1914 en raison de l’éclatement de la guerre et de la mort soudaine de son oncle. En 1915, il travaille pour une compagnie d’assurance allemande à Bruxelles. En 1917-1918, il travaille à Gand comme maître d’étude et étudie à l’université dite « Von Bissing », qui a été néerlandisée par l’occupant allemand. Grâce à Camille Huysmans il obtient un certificat de fidélité civile après la libération en 1918 et ne subit aucun désavantage du fait de ses études dans une institution considérée comme illégale.

Huysmans s’est également arrangé pour qu’il travaille comme commis à l’Internationale socialiste à Bruxelles (1918), puis (1922) au Parti ouvrier belge (BWP). En 1925, Lamberty devient fonctionnaire à la Chambre des représentants après avoir passé un examen. Parallèlement, il accepte un poste au service de documentation du PTB.

Philosophe du mouvement flamand

En 1929, il devient collaborateur de la revue Ontwikkeling, dirigée par Huysmans. Il y publie, sous divers pseudonymes, une longue série de contributions détaillées sur le mouvement flamand. Cela aboutit à un ouvrage de synthèse, publié à Bruges en 1933 sous le titre : Philosophie der Vlaamsche Beweging en der overige sociale stroomingen in België. Lamberty y souligne le rôle joué par les facteurs socio-psychologiques, en particulier les jugements de valeur, dans le développement de la communauté flamande. En effet, les idées et les valeurs constituent des cadres mentaux qui guident les gens dans leur évaluation et leur appréciation d’une situation. Sur cette base, les conditions linguistiques dans la Flandre d’alors pouvaient être perçues comme injustifiées et susciter un engagement flamand. Par conséquent, d’autres points de vue pourraient provoquer une attitude différente.

Lamberty adhérait ainsi à une forme d’idéalisme philosophique, un mouvement qui s’était épanoui dans l’Allemagne de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, sous l’impulsion notamment de G. W. F. Hegel, F. Schelling et J. G. Fichte. Un représentant influent de ce courant à l’époque de Lamberty était B. Croce, qui s’est fait connaître jusqu’en Italie. Dans l’esprit de cet idéalisme, Lamberty considérait que les idées guidaient le cours de l’histoire plus que les relations matérielles et économiques. Dans les cercles socialistes, où le matérialisme historique était encore très présent, ce son était encore inhabituel à l’époque, bien qu’il ait également trouvé un écho auprès d’une figure de proue du BWP comme Hendrik de Man. Parmi les nationalistes flamands, Hendrik Elias a livré avec son Histoire de la pensée flamande en quatre volumes (1963-1965), a donné une interprétation du mouvement flamand fondée sur le rôle prépondérant des idées.

La bibliographie de Lamberty comptera plus de deux cents titres à la fin de sa vie, dont plus de la moitié sont consacrés au mouvement flamand. Ces écrits traitent de divers aspects et évolutions du mouvement flamand. Les thèses qu’il a développées dans Philosophie der Vlaamsche Beweging en sont toujours restées la base : le mouvement flamand a trouvé son origine et trouve toujours son élan dans des idées et des sentiments, dans des jugements de valeur qui, ensemble, sont appelés « flamandité » et déterminent à la fois son attrait et son pouvoir de recrutement. Les abus étaient les conditions contraires à l’échelle de valeurs acceptée et étaient dénoncés sur la base de l’échelle de valeurs. L’histoire du mouvement flamand est l’histoire de l’émergence, de la croissance et de la victoire en Flandre de cette perspective exploratoire appelée flamandité. En cela, il attribue un rôle particulier à son oncle Lodewijk de Raet, auquel il donne une allure presque messianique et dont il attire l’attention sur l’œuvre par plusieurs publications.

Lamberty a également appliqué sa théorie sur l’influence des idées politiques et sociales sur la vie mentale européenne. Mais il a toujours insisté sur le rôle des facteurs spirituels : si la société peut être sauvée de la ruine, ce n’est pas grâce à des facteurs matériels, mais grâce à un retournement dans le domaine de l’esprit. Même sur des thèmes brûlants comme le fascisme, le totalitarisme et le racisme qu’il aborde dans les années 1930. Cela l’a amené à se heurter à Victor Leemans en 1935 qui, inspiré par la philosophie de la vie et la révolution allemande de droite, rejette l’approche de Lamberty en la qualifiant d’idéalisme exsangue. Il s’agit notamment de la contradiction entre la défense de la démocratie par Lamberty, qui n’exclut pas la critique de la démocratie, et le rejet de celle-ci par Leemans.

Tous deux appartenaient à la Société des sciences économiques, qui publiait la Revue d’économie et de sociologie et visait à promouvoir la pratique de ces disciplines scientifiques en Flandre néerlandophone. L’un de ses autres membres était Gaston Eyskens dans la vision économique de la Flandre duquel Lamberty voyait la continuation de l’œuvre de son oncle. Sa théorie des idées et son anti-matérialisme lui valurent également, en tant que social-démocrate, d’être apprécié dans les milieux catholiques.

De fonctionnaire à professeur

En raison du contenu de ses discours, Lamberty aspire à un titre académique. Malgré ses fonctions de fonctionnaire à la Chambre, il poursuit ses études en sciences sociales, désormais à l’Université d’État de Gand, où il devient successivement licencié (1940) et docteur en sciences sociales (1947). Pendant ces années d’études, en plus de ses autres fonctions, il est secrétaire particulier du ministre Désiré Bouchery de 1936 à 1938.

Son profond désaccord avec Leemans ne l’empêche pas d’être nommé collaborateur de cabinet en 1940, sous l’occupation allemande, à l’initiative de Leemans, nouveau secrétaire général du département des affaires économiques. Ce faisant, Leemans a même défié les protestations du leader du VNV -Hendrik Elias. À partir de 1944, Lamberty reprend son travail à la Chambre.

Lamberty a poursuivi un renouveau de la social-démocratie, inspiré en partie par les idées d’Hendrik de Man et, pendant la guerre, il a contribué à la création du nouveau parti socialiste belge d’après-guerre (PSB) D’APRÈS-GUERRE. En outre, il a cherché à coopérer et à s’inspirer au-delà des frontières idéologiques.

Il a fait valoir qu’après l’épisode de l’activisme pendant la Première Guerre mondiale et celui de la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale en faveur de la réconciliation. Il estime que l’émergence d’une aile nationaliste flamande extrême du mouvement flamand à la suite de la Première Guerre mondiale a été un stimulant favorable pour l’ensemble du mouvement. En 1948, dans The Flemish Movement Now, il préconise l’amnistie des condamnations pour collaboration comme condition préalable à la renaissance du mouvement flamand. Ce ton n’était pas inhabituel, même parmi les Flamands qui n’avaient pas collaboré, mais en plus, Lamberty lui-même avait été en contact avec l’activisme et les cercles collaborationnistes au cours de ses études et de sa carrière professionnelle.

En 1945, Lamberty devient professeur de sociologie générale à l’Institut universitaire des territoires d’outre-mer à Anvers. En 1950, il cofonde la Fondation Lodewijk de Raet et en devient le président général. En 1956, il devient professeur à temps plein à l’École royale militaire, chef de la section des sciences sociales et membre du conseil de l’Académie de cette institution, après quoi il abandonne son poste à la Chambre des représentants. En décembre 1963, ayant atteint l’âge de la retraite, il devient professeur émérite. En 1972, il reçoit la médaille de l’Ordre du Prince qui lui a été décerné.

Travail

— Philosophie der Vlaamsche Beweging en der overige sociale stroomingen in België, 1933.

— Heerschappij en Nood der Ideeën, 1935 (Le rôle social des idées, 1939).

— Over Vlaamsche Volkskracht (keuze uit de geschriften van L. de Raet, met slotwoord van G. Eyskens), 1939.

— Adel der Politiek, 1946.

— De Vlaamse Beweging Nu, 1948.

— Vlaanderen van het einde van de XVIIIe eeuw tot het begin der XXe eeuw. De politieke geschiedenis, in: Geschiedenis van Vlaanderen, vol. 6, 1949, pp. 9-115.

— Vlaanderen van het einde van de XVIIIe eeuw tot het begin der XXe eeuw. De Vlaamse beweging, in: Geschiedenis van Vlaanderen, vol. 6, 1949, pp. 119-267.

— Wat is Cultuur?, 1951.

— Lodewijk de Raet, grondlegger van een Vlaamse volkspolitiek, 1951 (bewerkte edities: Lodewijk de Raet in het perspectief van deze tijd, 1960; Lodewijk de Raet. Een levensbeeld, 1961).

— La Flandre et les Flamands dans la communauté belge, in: Aspects de la société belge, 1958.

— Constructieve bespiegelingen, in: De Vlaamse Gids, 1959, september.

— Wat is Westerse cultuur?, 1961.

— Roeping van het Westen, 1968.

— De Vlaamse Opstanding, 1971- 1973, 2 dln.

— Mede-uitgever van Twintig eeuwen Vlaanderen, 15 delen, Hasselt, 1972-1979.

Littérature

— C. de Ridder, Max Lamberty, in: Twintig Eeuwen Vlaanderen, vol. 14, 1976, p. 327.

— F. Leys, Max Lamberty, 1977.

— F. Judo, Een debat over totalitarisme in de jaren dertig. Victor Leemans’ bijdrage tot de polemiek omtrent Max Lambery’s ideeën, in: Wetenschappelijke Tijdingen, jg. 54, 1995, nr. 4, pp. 185-199.

— N. Wouters, De Führerstaat. Overheid en collaboratie in België (1940-1944), 2006.

— O. Boehme, Greep naar de markt. De sociaal-economische agenda van de Vlaamse Beweging en haar ideologische versplintering tijdens het interbellum, 2008.

— O. Boehme, Revolutie van rechts en intellectuelen in Vlaanderen tijdens het interbellum. Ideeënhistorische bijdragen, 2011 (2de ed.).

— E. Schandevyl, Tussen revolutie en conformisme. Het engagement en de netwerken van linkse intellectuelen in België, 1918-1956, 2011.

SOURCE : Max Lamberty sur l’Encyclopedie van de Vlaamse beweging


MON RAPPORT DE LECTURE

Le rôle social des idées

Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine

Max Lamberty (1893 – 1975)

Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936

À la lecture de ce livre, il m’apparaît évident que les idées mènent le monde, du moins qu’elles forgent profondément la société. L’auteur démontre clairement que les idées précèdent les faits ou, si vous préférez, que tout part d’abord d’une idée, des idées. Dans ce contexte, l’auteur reconnaît la philosophie comme créatrice d’idées dont la valeur social ne fait pas de doute. L’influence des idées se fait donc sentir sur notre société et son histoire.

Mon intérêt pour ce livre repose en grande partie sur celui que je porte envers les idées de la philosophie pratique depuis les années 1980 et leur influence sur la personne et la société. Le livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES expose un exercice pratique de l’étude de l’apport direct des idées minoritaires ou majoritaires adoptées en nos sociétés.

Je me suis cependant efforcé bien davantage à étudier l’instabilité et la variabilité de la force de rayonnement et du pouvoir de groupement des idées.

Il me parut, en effet :

Que s’il est possible d’aller fort loin dans l’explication de l’évolution des sociétés par les idées, même dans les domaines où semblent prévaloir les besoins matériels, il faut néanmoins tenir compte du fait patent que les idées n’exercent pas toujours leur action dès qu’elles existent et parce qu’elles existent ;

Que, en d’autres termes, la valeur sociale des idées est variable, instable, relative ;

Que, si l’on veut faire un pas de plus dans l’explication de l’évolution sociale par les idées et éviter les écueils auxquels se heurtent généralement ceux qui entendent recourir à la raison pour comprendre l’histoire, il faut renoncer à prendre comme point de départ « l’idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une essence indépendante de la réalité concrète, toujours identique à elle-même et conservant toujours la même valeur absolue ;

Qu’il faut, au contraire, en se plaçant à un point de vue analogue à celui des « nominalistes » du Moyen âge, considérer les idées comme existant non pas ante, rem, mais in re et post rem, c’est-à-dire comme le résultat d’une activité librement déployée par l’esprit au sein de la réalité et à propos de la réalité, ou encore, comme une construction de l’esprit aussi instable et mouvante que la réalité à laquelle elle reste intimement liée ;

Que toute tentative pour expliquer, en tout ou en partie, l’évolution des sociétés par les idées, doit avoir pour point de départ : la valeur sociale relative des idées.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 8-9.

Ce livre revêt aussi une importance capitale en raison du contexte historique de son écriture et de sa publication en 1936, c’est-à-dire entre les deux guerres mondiales. L’auteur propose et argumente le rôle social des idées en relation avec l’histoire passée et celle de son époque. Il nous offre une belle leçon d’histoire et de son interprétation à partir de l’influence sociale des idées. L’histoire est donc le point d’appui de sa démonstration. Se référant au Moyen-Âge, à la Première Guerre mondiale (1914-1918) et aux nombreuses révolutions en Europe de l’entre-deux-guerres, il relève les idées philosophiques aux postes d’influence et sur leur adhésion ou leur rejet par les populations.

Au sous-titre « La hiérarchie des idées » dans son Introduction, Max Lamberty indique aux lecteurs et lectrices que son analyse du rôle social des idées implique nécessairement la qualité reconnue à chaque idée, qualité qui lui donne son pouvoir, faible ou fort.

La hiérarchie des idées.

Nos idées concernent tantôt le Vrai, tantôt le Bien — qui comprend l’Utile —, tantôt le Beau.

Le Vrai, le Bien et le Beau ont une valeur inégale à l’égard de la société organisée.

La société n’est pas gouvernée au nom de la Beauté. Elle est gouvernée au nom du Bien et plus particulièrement de l’Utile.

Mais le contenu du Bien — et par conséquent de l’Utile — n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Vrai ? Le Vrai n’implique-t-il pas le Bien comme les prémisses d’un syllogisme impliquent sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur. Ce principe essentiel de la scolastique est profondément et éternellement exact.

Pour comprendre que, dans une même société, l’un s’efforce de réaliser la perfection morale, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut interroger les idées que l’un et l’autre ont sur le Vrai.

Un jugement de vérité qui affirme ou nie l’immortalité de l’âme, implique nécessairement, dans l’un et l’autre cas, une série de jugements de valeur : ils portent sur l’ensemble des éléments qui composent et notre vie psychique et notre vie physique ; ils fixent des degrés dans 1 appréciation des divers déments ; ils établissent entre ceux-ci une hiérarchie qui sera totalement différente selon que le jugement sur le vrai aura abouti à une affirmation ou à une négation.

L’action des jugements de vérité s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement matérielles: nous cédons plus ou moins facilement, tant aux unes qu’aux autres, selon que les jugements de vérité et les jugements de valeur que ces derniers impliquent, nous le conseillent ou nous le déconseillent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet : lorsqu’il reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il entend la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, l’action se substitue à la contemplation et l’idée- lumière devient idée-force, rendant possible non seulement la volonté et l’effort de transformation mais aussi la violence.

Étant le juge et le protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, la Vrai joue un rôle non seulement primordial mais décisif dans la conduite de la cité.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 11-12.

Rien n’est fixe avec les idées. Leur valeur est variable. Au fil de l’histoire, le vrai peut devenir faux, le raisonnable devenir absurde, et vice-versa, démontre Max Lamberty :

La valeur variable des idées.

Le problème du vrai a toujours été au centre des préoccupations des philosophes. Ils se sont efforcés d’établir les signes auxquels on peut reconnaître le vrai et le faux. Ils ont tenté de déterminer les méthodes permettant d’arriver à la connaissance du vrai. Ils ont consacré à cette étude une branche distincte de la philosophie : la logique.

Dès le premier contact avec la société politique, il semble que celle-ci soit à peu près l’antithèse des enseignements de la logique. Tout ce que les philosophes ont cru établir, pour tous les esprits et pour tous les temps, y paraît d’emblée incertain et instable. Même la terminologie de la logique ne trouve guère d’emploi et le vrai y reçoit d’autres appellations. La valeur et l’attrait des idées y sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui, qualifiées « raisonnables », au début, furent considérées ensuite comme « absurdes » ; d’autres qui, proclamées d’abord « absurdes », furent plus tard déclarées « raisonnables »; d’autres encore qui sont « absurdes » en deçà et « raisonnables » au-delà.

L’histoire contemporaine surtout nous a donné des exemples frappants de la valeur relative des idées dans le domaine de la politique. En quatre-vingts ans la France a remplacé deux fois une république par un empire, une fois un empire par un royaume, une fois un empire par une république. En quinze ans l’Allemagne a remplacé un empire autocratique par une république démocratique et la république démocratique par le régime autoritaire du national-socialisme.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 13-14.

Max Lamberty propose aussi un critère pour distinguer l’idée du vrai de l’idée du faux, l’idée jugée raisonnable de l’idée jugée absurde, critère auquel il ajoute bien entendu le contenu de l’idée :

Le critère.

En examinant de plus près on peut constater que la différence entre le raisonnable et l’absurde est identique à celle qui existe entre le vrai et le faux, à tel point que l’idée jugée raisonnable et l’idée jugée absurde peuvent tout aussi bien être appelées l’idée jugée vraie et l’idée jugée fausse.

Ce qui nous permet de distinguer l’affirmation vraie de l’affirmation fausse, c’est la concordance, c’est-à- dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. [1]


[1] La réalité étant ici, au sens philosophique : le réel, ce qui est, ou encore le vrai, l’être et le vrai se confondant.


C’est également par la concordance, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité[1]↑, que l’on distingue l’affirmation raisonnable de l’affirmation absurde.

L’assimilation de l’affirmation raisonnable à l’affirmation vraie ne se commande pas seulement en raison de l’identité du critère, mais encore et surtout en raison de son contenu : dans l’une comme dans l’autre affirmation, ce contenu concerne le vrais.

En effet :

Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi une table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai.

L’idée que l’on juge raisonnable c’est celle qui, en parvenant à la conscience, s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies;

avec les valeur que celles-ci impliquent;

avec les faits;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relève du domaine du vrai.

L’idée jugée absurde est, au contraire, celle qui, en parvenant à la conscience, est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits ;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Nous voilà revenus à la logique que nous croyions abandonner en entrant dans le domaine de la vie politique et sociale : le « raisonnable » et l’« absurde » sont respectivement des formes du vrai et du faux. L’un et l’autre se rapportent au vrai par leur contenu. Et ce sont les vieux critères du vrai, l’évidence et la contradiction, qui permettent de les départager.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 15-17.

De la citation ci-dessus, j’accorde à ce paragraphe une grande importance :

« Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi une table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai. »


À mon humble avis, cela s’applique non seulement aux idées politiques mais à toutes les idées mises en circulation peu importe le domaine. Je l’ai observé lors d’étude des motivations d’achat des consommateurs.

En marketing, nous parlons du « schéma de référence » des consommateurs (c’est la table des valeurs dont parle Max Lamberty). Ce schéma de référence est plus souvent qu’autrement inconscient, Il dicte l’attitude à adopter par le consommateurs face au produit ou au service. Le geste d’achat sera posé si l’attitude du consommateurs est favorable. Si l’idée sur le vrai fait d’une couleur en particulier une donnée de fait (d’expérience) pour juger un produit de bonne qualité, votre produit doit être de cette couleur pour connaître un succès des ventes. Le concept du schéma de référence sera mis au jour en marketing à la même époque de l’entre-deux-guerre par un professeur américain du nom de Louis Cheskin. Il profite de ses heures de loisir pour sculpter de petites figurines, toutes du même modèle et différenciable uniquement par la couleur. Constatant que les figurines d’une couleur données se vendent rapidement au détriment des autres couleurs, il se demandera pourquoi. Ses tests le conduiront à observer un transfert de sensations inconscient effectué de la couleur de la figurine à la figurine elle-même. Louis Cheskin finira par mettre au point une méthode permettant de mesurer le transfert de sensation de la couleur, de la forme, du nom, de l’emballage, de la publicité, du prix, du merchandising… au produit lui-même, et ce, avec une précision mathématique.


Pourquoi recherchons-nous le vrai ?

Il faut aller plus loin et poser cette question : Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Pourquoi fuyons-nous la contradiction, marque distinctive du faux ?

La question s’impose. N’arrive-t-il pas que le vrai se trouve — tout au moins en apparence — renié au nom « d’intérêts » ou d’une « nécessité » quelconque ? N’arrive-t-il pas aussi et plus souvent encore, que des groupes importants de la collectivité restent attachés à certaines idées malgré les évidentes contradictions qu’elles révèlent et que leurs défenseurs semblent s’obstiner à ne pas voir ?

Pour trouver une explication satisfaisante à notre attitude à l’égard du vrai et de la contradiction, il nous faut descendre au tréfonds de notre vie psychique, là où vivent et agissent les tendances élémentaires de l’être psychique, tellement élémentaires et fondamentales qu’elles se confondent avec lui. Nous y trouvons notamment celle qui semble résumer toutes les autres : la volonté d’être et ses formes les plus courantes, le « désir de durer » ou de se conserver et le « désir de s’affirmer » ou d’agir.

La volonté d’être implique des besoins qui sont le corollaire nécessaire de son existence. Elle naît et se développe en effet dans un monde mouvant, où les hivers succèdent aux étés, où l’ombre de la nuit succède à la lumière du jour, où la maladie succède à la santé, la faiblesse à la force, la mort à la vie. Dans ce perpétuel devenir qui apparaît souvent comme la négation de la volonté d’être, l’esprit cherche ce qui demeure, ce qui est, au-delà du devenir fuyant et incertain. L’être a besoin de l’être. Il le cherche en lui. Il le cherche autour de lui. Et cette recherche se manifeste dans le besoin d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre.

La possession d’un appui écarte l’image du vide, du néant, du non-être. Elle fournit la clef de voûte d’un ordre, lequel est indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être, en nous et autour de nous.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 19-20.

Créatrice d’idées, la philosophie fournira cet appui. Max Lamberty affirme dans son livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES que « La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41). Il cite M. Paul Hazard, le savant professeur du Collège de France : « … C’est bien d’une mêlée d’idées dynamiques et vivantes, s’affrontant et se corrigeant l’une par l’autre qu’a dépendu la conduite des affaires des hommes. En définitive, ce sont les philosophies qui dirigent la vie » [voir « Les Nouvelles littéraires » du 26 janvier 1935] .

Les idées philosophiques mènent le monde !

Ce n’est pas par hasard que se développe l’extraordinaire engouement pour la nature et les sciences exactes, ainsi que pour les faits sociaux et économiques. Tout cela s’explique par les idées. Tout cela est en relation directe avec le discrédit qui atteint désormais l’intellect, déclaré incapable de saisir l’essence de l’univers. Tout cela découle de l’aversion qu’inspire le supra-naturel. Inévitablement le découronnement de l’esprit doit favoriser l’étude des faits sociaux et de la nature. Le développement prodigieux des sciences naturelles et des sciences sociales est un fruit de la philosophie moderne telle qu’elle se présente après Kant.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41

Max Lamberty nous parle de ces idées de la philosophie moderne dont l’influence social saute aux yeux (à son époque comme à la nôtre).

Alors que l’esprit de la Renaissance a conquis l’Europe et que celle-ci est encore en proie aux guerres de religion, la philosophie moder fait son apparition, flanquée à ses deux ailes par le rationalisme et l’empirisme.

Le rationaliste Descartes nous apprend que nous prouvons douter de tout, sauf de notre propre pensée; que notre propre pensée est la dernière certitude; que dans cette pensée nous trouvons les bases ultimes de notre savoir et de notre foi, « toute la science est qui nécessaire à la conduite de la vie ».

L’empiriste Bacon nous enseigne que nous sommes certains de connaître la cause d’un phénomène lorsque nous-mêmes, par notre propre intervention, nous pouvons le provoquer.

(…)

L’individualisme

La philosophie moderne, après Kant, ne nous apporte pas seulement l’individu sans la raison, mais aussi l’individu contre la raison.

Les droits inaliénables que l’Église et la philosophie moderne ont accordées à la personne humaine vis-à-vis de l’État ne suffisent plus à l’individu sans raison. Il veut être tel qu’il a été créé par l’apport des générations successives au cours des siècles. Il veut être « lui-même ». Et il est convaincu qu’il le ne sera intéressant que dans la mesure où il sera « lui-même ».

(…)

Le nationalisme

La nationalisme, c’est l’individualisme de la nation.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste se prend elle-même comme le point de départ et mesure de toutes choses.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste réclame le droit de déployer librement et sans entraves toutes ses possibilités telles qu’elle se sont formées par l’apport des siècles, dans des territoires dont la sage nature a elle-même tracé les limites.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste veut être « elle-même ».

(…)

Le naturalisme

À côté de l’individualisme et du nationalisme se développe le naturalisme, tendance de ceux qui cherchent dans la nature concrète, la sagesse ultime et le meilleur exemple.

Les illustrations les plus pures et les plus importantes du naturalisme doivent être rattachées à l’influence des théories de Darwin.

Les intellectuels qui, avant Darwin, cherchaient leur point d’appui dans la nature, se trouvaient toujours devant un mystère qui pouvait être l’œuvre d’un Créateur.

Darwin confère à la nature une force créatrice propre. Les organismes les plus compliqués et douée d’une grande perfection, sont issus d’organisme élémentaires, plus simples, par le développement autonome de la nature elle-même, sans intervention du dehors. Avec Darwin, dit un commentateur, « le miracle et le mystère sont à jamais jetés au ruisseau. »

(…)

Le matérialisme et l’utilitarisme

La matérialisme et l’utilitarisme sont voisins du naturalisme.

Le vieux matérialisme avant repris vie, déjà avant Kant, dans les milieux des libres-penseurs. Après Kant il se développe avec une force d’expansion inconnue jusqu’alors.

Laissons de côté le matérialisme métaphysique, éthique et logique. Une seule forme du matérialisme importe ici parce qu’il a influencé profondément l’atmosphère de la société contemporaine : le souci extrême de l’existence matérielle.

Il ne faut pas cherche loin les degrés qui y conduisent : l’étude de l’individu, l’étude de la nature, l’étude des peuples et des races, l’étude de l’organisation sociale et des classes sociales, l’étude de la vie économique et des besoins économiques…

(…)

Le scepticisme et le positivisme

Deux parents : le sceptique qui doute à priori devient nécessairement un positiviste qui ne reconnaît que l’évidence du fait.

Le scepticisme ainsi que l’agnosticisme, vérité de ceux qui ne croient pas à la vérité, on plus d’amis que jamais. C’est une marque d’intelligence que d’être sceptique. C’est une mode de railler ceux qui croient à l’existence d’une certitude.

Il y a beaucoup de positivistes. C’est compréhensible : si l’on ne peut croire au déduction d’un esprit déclaré infirme il faut bien que l’on s’abandonne au langage direct du fait concret.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 32-49


La démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines.

Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?


5-etoiles

J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre « LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES » de MAX LAMBERTY paru en 1936 chez Les Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936 et dans sa version française chez P. Lethielleux Éditeur, Paris, 1936.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

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Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Image par Peggy und Marco Lachmann-Anke de Pixabay
Image par Peggy und Marco Lachmann-Anke de Pixabay

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise ».

L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Jérôme Lecoq a adopté l’approche interrogative par opposition à l’approche conversationnelle. Inspiré du dialogue socratique  (maïeutique), l’approche interrogative confronte les participants à l’atelier sommés de répondre aux questions de l’animateur. Il s’agit alors, plus souvent qu’autrement, de questions fermées à répondre par un « oui » ou « non ». De plus, l’animateur ne permet pas aux participants de se lancer dans de longues justifications de leur réponse, surtout pas d’en appeler à leur passé. Enfin, l’animateur réprime les émotions des participants.

Cette approche frontale ne peut qu’agacer certains des participants, tout autant que ceux de Socrate lui-même. Un tel interrogative pousse l’ego à réagir, éveille les mécanismes de défense du participant voire le blesse. Mais il n’est pas question de laisser une quelconque place à une conversation sur les états d’âme des participants. Il faut les mettre au pas.

Parfois il arrive même, surtout dans les équipes en entreprise, que je me trouve face à plusieurs résistances simultanées. Il faut alors que je puisse moi-même me retirer du jeu, de l’équation, puisque c’est sur ma personne que se cristallisent les agressivités. Alors je renverse la situation : je m’arrête et je propose à la personne en question, sans bluffer, de venir prendre ma place et de faire l’atelier à ma place.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Cette réaction primaire de l’animateur répond au manque de discipline par un manque de respect.

Si l’animateur en est rendu là, c’est que quelque chose ne va pas dans la mise en branle de son approche, dans la préparation des participants à son atelier. Si l’animateur doit prendre autorité en chemin, c’est qu’il ne l’a pas établie dès le départ. Soit il n’a pas bien fait comprendre les rôles de chacun en ouverture de séance, soit il a sauter cette étape cruciale. Il est également possible que son introduction théorique ne corresponde pas à la pratique en cours de séance.

La responsabilité de cet échec forçant un retrait du jeu incombe à la fois à l’animateur et aux participants indisciplinés. Dans un cas comme dans l’autre, la personnalité de l’un et l’autre joue inévitablement un rôle de premier plan.

Nous avons le choix entre quatre types de personnalité, chacun ayant chacun son style interpersonnel : le fonceur, l’analytique, l’aimable et l’expressif.


Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l'expansion de votre entreprise, Centre de création et d'expansion d'entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l'une est datée de 1992 et l'autre de 2004, soit 12 ans d'écart. À force de chercher, j'ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu'aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd'hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.
Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise, Centre de création et d’expansion d’entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l’une est datée de 1992 et l’autre de 2004, soit 12 ans d’écart. À force de chercher, j’ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu’aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd’hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.

On peut éliminer le style interpersonnel de l’AIMABLE en raison de ses limites :

  • Action lente;
  • Manque d’affirmation et d’assurance;
  • Évite les conflits;
  • Peur de prendre des risques;
  • Personne très émotive.

Ce n’est donc pas lui qui va se lancer dans une confrontation.

Puis le style interpersonnel de l’ANALYTIQUE, toujours en raison de ses limites :

  • Prise de décision personnelle très difficile;
  • Personne ne pouvant être stimulée pour agir rapidement;
  • Comportement peu affirmatif et peu émotif;
  • Recueille des informations nécessaires et n’écoute plus par la suite.

L’analytique ayant besoin de beaucoup d’information, il ne sera pas stimulé par une confrontation.

Il ne nous reste que deux styles interpersonnels : l’EXPRESSIF et le FONCEUR

Les limites de l’expressif :

  • Réflexion très difficile;
  • Change fréquemment d’idées;
  • Néglige de vérifier sa compréhension avant d’agir;
  • Personne susceptible et impulsive;
  • Besoin constant d’activités stimulantes et de rétroaction.

Les limites du fonceur :

  • Écoute très difficile;
  • Tendance à l’impatience;
  • Peu susceptible de demander des informations supplémentaires pour clarifier un sujet;
  • S’arrête peu à la compréhension des attitudes et des émotions des autres.

Le style expressif répondra à chaque question avec créativité en livrant avec empressement une foule d’idées.

Le style fonceur… fonce dans le tas. Et si cela ne suffit pas, il menace de se retirer du jeu pour y revenir encore plus fort.

L’approche interrogative ne peut être le fait que d’un fonceur. Quand à l’indiscipline d’un participant, elle relève soit de l’expressif, soit du fonceur.


Respect

Peu importe le style interpersonnel de l’animateur et de chacun des participants, un seul mot s’impose : RESPECT. On ne peut pas répondre au manque de respect par un manque de respect. Menacer de se retirer du jeu est un manque de respect envers soi-même et envers les autres.


Jérôme Lecoq fait de « cette « procédure » » un conseil pour « “tenir la position”  » :

J’invite tous les managers qui animent des réunions à tester ce petit « truc » du : “OK vas-y fais la réunion à ma place”, ou à m’inviter pour que je vienne faire un atelier dans leur équipe.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Un tel conseil forcera l’indiscipliné à rentrer dans le rang mais la brutalité de cette procédure l’humiliera et, par conséquent, ne le disposera pas d’emblée à la réflexion en objectif de l’atelier.


Je me demande aussi pourquoi le philosophe praticien écrit et publie un tel témoignage sur son site web et le réseau LinkedIn. À l’évidence, il souhaite démontrer par ce billet son savoir-faire face à l’indiscipline lors de ses ateliers. Ce texte étant accessible à tous, il désire peut-être aussi prévenir les futurs participants indisciplinés à ses ateliers.

Ce témoignage laisse clairement paraître que le philosophe praticien fut contrarié par ce participant indiscipliné. C’est parce que le participant refuse de répondre aux questions du philosophe praticien que ce dernier est contrarié. Et il l’est suffisamment pour en témoigner publiquement.

Le philosophe praticien explique son retrait du jeu au participant indiscipliné en ces mots :

« (…) Voyez-vous, cela n’en a pas l’air, mais c’est un travail de faire penser les gens, et pour cela je leur pose des questions parce que j’ai vu un problème dans leur discours ou leur attitude. Si les gens ne veulent pas répondre, mon travail n’a plus aucun sens. C’est pourquoi je vous demande de bien vouloir venir à ma place et de continuer l’atelier parce que manifestement vous connaissez une méthode qui marche mieux que la mienne.”

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.


Méthodes

Nous voici au cœur du développement de cet article avec la référence à « (…) une méthode qui marche mieux que la mienne ». Nous l’avons souligné ci-dessus, la méthode du philosophe praticien Jérôme Lecoq est liée à l’approche interrogative. Philosophie oblige : il faut douter de cette approche, la remettre en question, la comparer avec d’autres méthodes. La réplique du participant indiscipliné aurait pu être : « Est-ce que vous-même vous connaissez une meilleure méthode que la vôtre et pourquoi avez-vous retenu celle que vous pratiquez ? »

Le doute inspirera d’autres questions :

  • L’approche interrogative est-elle la seule méthode en philosophie pratique ?
  • Est-ce que le recours à l’approche interrogative peut devenir dogmatique ?
  • L’approche interrogative est-elle la meilleure méthode et pourquoi ?
  • L’approche interrogative s’applique-t-elle à tous les participants compte tenu de leur diversité culturelle ?
  • Etc.

Il y a plusieurs approches en philosophie pratique. Voici la liste des méthodes brièvement présentées ci-dessous :

  • La méthode Achenbach (méthode au-delà de la méthode)
    • Achenbach’s method (beyond-method method)
  • La philosophie comme mode de vie
    • Philosophy as a Way of Life
  • La méthode psycho-philosophique
    • Psycho-philosophical method
  • Faire appel aux philosophes
    • Calling on philosophers
  • La méthode de prise de décision en deux étapes
    • Two-stage decision-making method
  • La méthode des six étapes de la relation
    • Six-stage relationship method
  • Méthode de groupe
    • Group method
  • Le dialogue socratique
    • Socratic dialogue
  • Méthodes fondées sur la logique
    • Logic-based methods
  • La méthode PEACE
    • PEACE method
  • Méthode MEANS
    • MEANS method
  • La méthode Amir
    • Amir method
  • Approche appréciative
    • Appreciative approach
  • La méditation philosophique comme méthode de conseil
    • Philosophical meditation as a counseling method

2. Analyse documentaire : les méthodes de conseil philosophique

Nous partirons de l’hypothèse que la résolution d’un problème (quel qu’il soit) nécessite une méthode spécifique, c’est-à-dire une manière de formuler une solution. Par conséquent, dès les premières tentatives dans le domaine de la consultation philosophique, plusieurs méthodes ont émergé, aidant les philosophes en exercice à résoudre les problèmes de leurs clients. Étant donné que le domaine de la consultation philosophique est plutôt caractérisé par la transdisciplinarité, dans le sens où il emprunte, dans une certaine mesure, des approches, des méthodes et des techniques à d’autres types de consultation, on sait que les théoriciens de ce domaine ont donné au conseiller philosophique la liberté de résoudre le ou les problèmes de ses clients par les meilleures méthodes (à leur propre discrétion) susceptibles de leur apporter une solution optimale. Il est également important de mentionner que nous pouvons faire la distinction entre les approches, les méthodes et les techniques de résolution des problèmes. C’est pourquoi nous nous concentrons d’abord sur quelques méthodes examinées par Raabe (1999), puis nous complétons sa liste avec quelques méthodes conçues au cours des deux dernières décennies. En outre, nous discuterons de ces méthodes dans une perspective herméneutique et critique, afin de pouvoir présenter, à la fin de cette section, la nouvelle méthode qui fait l’objet de la présente recherche.

2. Literature review: methods in philosophical counseling

We will start from the hypothesis that solving a problem (of any kind) requires a specific method, i.e. a way to formulate a solution. Therefore, from the first attempts in the field of philosophical counseling, several methods have emerged, helpful to practicing philosophers to solve clients’ problems. Because the field of philosophical counseling is rather characterized by transdisciplinarity, in the sense that it borrows, to some extent, approaches, methods and techniques from other types of counseling, it is known that theorists in this field have given the philosophical counselor the freedom to solve the clients’ problem or problems through the best methods (at their own discretion) that could provide an optimal solution to them. It is also important to mention that we can distinguish between approaches, methods and techniques for solving problems. Therefore, we first focus on a few methods discussed by Raabe (1999), and then complete his list with some methods that have been designed in the last two decades. Moreover, we will discuss these methods from a hermeneutical and critical perspective, in order to be able to introduce, at the end of this section, the new method that is the subject of the present research.

La méthode Achenbach (méthode au-delà de la méthode)

Gerd Achenbach est considéré comme le fondateur de la consultation philosophique depuis 1981, date à laquelle il a ouvert le premier cabinet consacré à ce type de consultation (Achenbach, 1984). Ainsi, dans la pratique proposée aux clients, la méthode de conseil qu’il utilise a été appelée par Shlomit Schuster (1993) méthode au-delà de la méthode, car le philosophe allemand considère que le processus de conseil implique une variété de méthodes afin d’améliorer la vie des clients (Achenbach, 1996). En d’autres termes, pour Achenbach, la résolution des problèmes liés à la consultation philosophique ne se limite pas à la pensée d’un seul philosophe, mais le conseiller doit prendre en compte tout ce que la philosophie signifie afin d’aider le client (Schuster, 1996a). C’est donc la méthode proposée par Achenbach qui ouvre le champ d’expertise de la consultation philosophique (Schuster, 1995).

De plus, dans cette méthode, Raabe (1999) trouve qu’il serait nécessaire d’appliquer quatre règles : 1) le conseiller philosophique doit s’adapter aux problèmes du client ; 2) le conseiller philosophique aide le client, en premier lieu, à comprendre la ou les causes du malaise ressenti ; 3) le conseiller ne doit pas abandonner le client jusqu’à ce que les problèmes du client soient résolus ; et 4) le conseiller philosophique doit aider le client à élargir l’horizon de sa vie (celle du client).

Achenbach’s method (beyond-method method)

Gerd Achenbach is considered to be the founder of philosophical counseling since 1981, when he opened the first cabinet dedicated to this type of counseling (Achenbach, 1984). Thus, in the practice offered to clients, the method of counseling used by him was called by Shlomit Schuster (1993) beyond-method method, as the German philosopher considers that the counseling process involves a variety of methods in order to improve the life of clients (Achenbach, 1996). In other words, for Achenbach, solving problems related to philosophical counseling is not limited to the thinking of a single philosopher, but the counselor must consider everything that philosophy means in order to help the client (Schuster, 1996a). As such, this is the method proposed by Achenbach that opens the field of expertise in philosophical counseling (Schuster, 1995).

Moreover, in this method, Raabe (1999) finds that it would be necessary to apply four rules: 1) the philosophical counselor must adapt to the client’s problems; 2) the philosophical counselor helps the client, first of all, to understand the cause(s) of the discomfort felt; 3) the counselor should not abandon the client until the client’s problems are resolved; and 4) the philosophical counselor must help the client to broaden the horizon of his / her (the client’s) life.

La philosophie comme mode de vie

Inspirés par les travaux de Pierre Hadot (1999), comme le souligne Raabe (1999), certains philosophes ont repensé la possibilité de faire de la philosophie un mode de vie – comme la philosophie était considérée par les anciens. (…)

Philosophy as a Way of Life

Inspired by the work of Pierre Hadot (1999), as Raabe (1999) points out, some philosophers rethought the possibility of philosophy as a way of life – as philosophy was considered for the ancients. (…)

La méthode psycho-philosophique

Cette méthode rassemble des idées issues de la psychologie, de la psychothérapie et de la philosophie (Cohen, 2004) qui sont utiles au conseiller philosophique dans la pratique. (…)

Psycho-philosophical method

This method brings together ideas from psychology, psychotherapy and philosophy (Cohen, 2004) which are useful to a philosophical counselor in practice. (…)

Faire appel aux philosophes

Contrairement à l’opinion d’Achenbach, certains philosophes praticiens parlent de l’utilisation individuelle de la pensée des philosophes dans la pratique philosophique. (…)

Calling on philosophers

Contrary to Achenbach’s view, some practicing philosophers speak of the individual use of philosophers’ thinking in philosophical practice. (…)

La méthode de prise de décision en deux étapes

Il s’agit d’une méthode proposée par Marinoff (1995) et qui vise à résoudre les problèmes de conseil éthique qui prévalent dans le champ d’expertise des philosophes praticiens depuis les années 1990 (Cozma, 2021). Cette méthode se déroule en deux étapes et vise à lever la paralysie décisionnelle. Dans un premier temps, le conseiller aide le client à clarifier les options possibles, tout en discutant des résultats qui seraient obtenus dans chaque cas. La deuxième étape consiste à proposer d’autres possibilités pour résoudre le(s) problème(s) du client. (…)

Two-stage decision-making method

This is a method proposed by Marinoff (1995) and aims to solve the problems of ethical counseling, which has prevailed in the field of expertise of practicing philosophers since the 1990s (Cozma, 2021). This method is done in two steps and aims to remove decision paralysis. The first step is for the counselor to help the client clarify the possible options, while also discussing the results that would be obtained in each case. The second step is to propose other possibilities to solve the client’s problem(s). (…)

La méthode des six étapes de la relation

Il s’agit d’une méthode proposée par Annette Prins-Bakker (1995) qui vise manifestement à résoudre les problèmes philosophiques qui peuvent survenir dans un couple. (…)

Six-stage relationship method

It is a method proposed by Annette Prins-Bakker (1995) and obviously aims to solve philosophical problems that may arise in a couple. (…)

Méthode de groupe

Cette méthode est destinée à la consultation de groupe ; par exemple, lorsqu’un conseiller philosophique est appelé à discuter avec les membres d’une société, d’une organisation, etc. Elle consiste à aider ces membres à conceptualiser les problèmes et, en outre, à améliorer leur vie en écoutant leurs collègues. En d’autres termes, il s’agit d’élargir la vision du monde, comme l’observe Ruschmann (1998). Raabe (1999) affirme que grâce à cela, les clients en viennent à examiner l’adéquation de leur conception du monde, ce qui peut modifier leur comportement quotidien (au sein de l’organisation / de l’entreprise, etc.). (…)

Group method

This method is intended for group counseling; for example, when a philosophical counselor is asked to discuss with members of a corporation, organization, etc.. It consists of helping these members to conceptualize problems and, moreover, to improve their lives by listening to their colleagues. In other words, it is about broadening the worldview, as Ruschmann (1998) observes. Raabe (1999) states that through this, the clients come to examine the adequacy of their conception of the world, which can change their daily behavior (within the organization / corporation etc.). (…)

Le dialogue socratique

Outre la référence claire aux dialogues de Platon, cette méthode est discutée et attribuée à Leonard Nelson (1949), qui a également proposé quelques règles utiles pour la pratique philosophique, même si ces règles sont apparues bien plus tard dans le domaine du conseil. Par exemple, le conseiller philosophique qui utilise le dialogue socratique proposé par Nelson pose une question aux participants et exige d’eux des réponses pertinentes avec des exemples de situations dans leur vie où ils ont vécu une telle chose. Après avoir écouté leurs réponses, le conseiller choisit un cas d’événement exemplaire à discuter ensemble (Raabe, 1999 ; Farnsworth, 2021). En d’autres termes, dans un tel cas, le rôle du conseiller philosophique est de modérer une discussion sur un sujet qu’il a lui-même défini. (…)

Socratic dialogue

In addition to the clear reference to Plato’s dialogues, this method is discussed and attributed to Leonard Nelson (1949), who also proposed some useful rules for philosophical practice, even though these rules came into this field of counseling much later. For example, the philosophical counselor who uses the Socratic dialogue proposed by Nelson asks a question to the participants and requires from them relevant answers with examples of situations in their lives when they have experienced such a thing. After listening to their answers, the counselor chooses a case of an exemplary event to discuss together (Raabe, 1999; Farnsworth, 2021). In other words, in such a case, the role of the philosophical counselor is to moderate a discussion on a topic established by him. (…)

Méthodes fondées sur la logique

Il existe également des méthodes basées sur la pensée logique ou critique, parfois sans distinction claire entre ces deux types de pensée. L’idée sous-jacente à ces méthodes est que les déclarations du client peuvent être analysées logiquement (Cohen, 1995). Le rôle du conseiller philosophique qui utilise cette méthode est de rechercher avec le client les éventuelles erreurs logiques insérées dans le raisonnement de ce dernier. Là encore, l’idée est très simple : tant que le client commet des erreurs logiques lorsqu’il exprime ses idées, son système d’hypothèses, de préjugés et de croyances en pâtit, car il est basé sur des syllogismes non valides. Le conseiller philosophique doit donc détecter ces syllogismes et les reformuler afin que le système philosophique du client soit logiquement correct (Cohen, 1995). (…)

Logic-based methods

There are also methods based on logical or critical thinking, sometimes there is no clear distinction between these two types of thinking. The idea behind these methods is that the client’s statements can be analyzed logically (Cohen, 1995). The role of the philosophical counselor who uses this method is to investigate together with the client the possible logical errors inserted in the reasoning of the latter. Again, the idea is very simple, as long as the client makes logical mistakes when expressing his / her ideas, his / her system of assumptions, prejudices, beliefs suffers, as they are based on some invalid syllogisms. As such, the philosophical counselor must detect these syllogisms and reformulate them so that the client’s philosophical system is logically correct (Cohen, 1995). (…)

La méthode PEACE

Cette méthode est l’une des plus connues dans le domaine du conseil philosophique. Proposée par Lou Marinoff (2014), il s’agit d’une méthode progressive en cinq étapes. Ainsi, ses étapes sont : le problème, l’émotion, l’analyse, la contemplation et l’équilibre. En bref, si un conseiller applique cette méthode pour résoudre le(s) problème(s) de son client, l’objectif est d’atteindre un « équilibre » avec le sens du bien-être dans la vie. Par conséquent, le problème auquel le client est confronté doit d’abord être identifié, puis les émotions liées au problème sont détectées, suivies de l’étape au cours de laquelle ces émotions sont analysées et réfléchies – le client est invité à philosopher avec le conseiller. Frunză (2018), un conseiller philosophique roumain, estime que cette méthode est efficace pour de nombreuses formes de pratique philosophique, mais aussi pour le conseil personnel ou la thérapie philosophique. (…)

PEACE method

This method is one of the best known methods in the field of philosophical counseling. It was proposed by Lou Marinoff (2014) and is a progressive five-step method. Thus, its stages are: problem, emotion, analysis, contemplation and equilibrium. In short, if a counselor applies this method to solve the client’s problem (s), then the objective is to achieve “equilibrium” with the meaning of well-being in life. Therefore, the problem that the client is facing must first be identified, then the emotions related to the problem are detected, followed by the stage in which these emotions are analyzed and reflected – the client is asked to philosophize with the counselor. Frunză (2018), a Romanian philosophical counselor, finds that this method is effective for many forms of philosophical practice, but also for personal counseling or philosophical therapy. (…)

Méthode MEANS

La méthode MEANS est une autre méthode proposée par Marinoff (2003). MEANS est un acronyme qui représente en fait les étapes de la méthode. Il s’agit des étapes suivantes : Moments de vérité, Attentes, Attachements, Émotions négatives et Choix sagaces (Marinoff, 2003, p. 320). Le philosophe praticien pense que cette méthode aidera le client à s’inspecter philosophiquement et, en outre, à clarifier ce que nous pourrions appeler sa propre philosophie de la vie. (…)

MEANS method

The MEANS method is another method proposed by Marinoff (2003). MEANS is an acronym and represents, in fact, the stages of the method. These are: Moments of truth, Expectations, Attachments, Negative emotions, and Sagacious choices (Marinoff, 2003, p. 320). The practicing philosopher believes that this method will help the client to inspect himself philosophically and, moreover, to clarify what we might call his or her own philosophy of life. (…)

La méthode Amir

Partant du principe que la consultation philosophique vise à dissiper la confusion du client sur certains aspects de la vie (Iftode, 2010), Amir (2003) propose une méthode en plusieurs étapes. Le point de départ ou la première étape consiste à poser une question sur le problème du client ; le processus de conseil commence alors. Des réponses alternatives à cette question sont fournies et, après les avoir mises en évidence, la troisième étape de la méthode commence, c’est-à-dire l’évaluation critique des réponses. Sur la base de cette évaluation, une autre question est posée et le processus reprend. Il est important que cette séquence de questions soit correcte par rapport au niveau d’abstraction du client (Amir, 2003). (…)

Amir method

Assuming that philosophical counseling aims to remove the client’s confusion about some aspects of life (Iftode, 2010), Amir (2003) proposes a multi-steps method. The starting point or the first step is asking a question about the client’s problem; thus, the counseling process begins. Alternative answers to this question are provided, and after highlighting them, the third step of the method starts, i.e. the critical evaluation of the answers. Based on this assessment, another question is asked and the process is resumed. It is important that this sequence of questions is correct in relation to the level of abstraction of the client (Amir, 2003). (…)

Approche appréciative

Sandu (2012) a proposé une méthode de conseil éthique, mais qui peut également être appliquée à certaines questions qui ne sont pas nécessairement liées à l’éthique. La méthode appréciative proposée par le philosophe roumain est basée sur le fait que le processus de conseil part de certains points forts et positifs liés au problème du client et que, par la suite, grâce à leur analyse, le conseiller philosophique propose des solutions (dans la même clé appréciative) avec le client. (…)

Appreciative approach

Sandu (2012) offered a method of ethical counseling, but which can also be applied to some issues that are not necessarily related to ethics. The appreciative method proposed by the Romanian philosopher is based on the fact that the counseling process starts from some strengths and positive issues related to the client’s problem and, further, through their analysis, the philosophical counselor proposes solutions (in the same appreciative key) with the client. (…)

La méditation philosophique comme méthode de conseil

Haţegan (2019) propose la méditation (philosophique) comme méthode de conseil philosophique. Si cette méthode est appliquée, le conseiller philosophique doit guider son client et participer activement au processus de conseil, en répondant aux questions du premier. Ce qu’il est important de noter à propos de cette méthode, c’est son ouverture à d’autres méthodes ou techniques de conseil. En outre, elle peut être considérée comme une méthode herméneutique, car le conseiller peut réfléchir avec son client sur des textes philosophiques. (…)

Philosophical meditation as a counseling method

Haţegan (2019) proposes (philosophical) meditation as a method in philosophical counseling. If this method is applied, the philosophical counselor must guide his client and actively participate in the counseling process, by answering the questions of the former. What is important to note about this method is its openness to other methods or techniques of counseling. In addition, it can be considered a hermeneutic method, because the counselor can reflect with the client on philosophical texts. (…)

Méthode IPAA

En partant des quatre principes de la méthode de résolution de problèmes de Pólya, par analogie, nous proposons dans cet article une nouvelle méthode de conseil philosophique. Les objectifs de cette étude sont donc les suivants : passer en revue plusieurs méthodes de conseil philosophique ; justifier la nécessité d’une nouvelle méthode, que nous avons appelée la méthode IPAA ; développer les quatre principes – le principe d’identification (I), le principe de planification (P), le principe d’application (A) et le principe d’hypothèse (A). Pour y parvenir, nous avons tenu compte du fait que la nature des problèmes philosophiques rencontrés par les clients des conseillers philosophiques, qu’ils soient existentiels, moraux ou métaphysiques, peut être résolue par elle-même. Par conséquent, nous avons soutenu que si, dans un premier temps, les clients ont réellement besoin de l’apport des conseillers philosophiques, tant que ces derniers utilisent la méthode IPAA – une méthode de résolution de problèmes – ils peuvent offrir aux clients la possibilité de s’auto-conseiller. La nouveauté de la méthode IPAA réside dans le fait qu’elle offre au client, assisté et guidé au départ par le conseiller, la possibilité de réaliser l’acte de conseil en dehors du cabinet, en étant habilité à appliquer les quatre principes méthodologiques mentionnés ci-dessus. La présente étude est pertinente dans la mesure où la nouvelle méthode IPAA, une méthode axée sur la résolution des problèmes quotidiens, est une méthode utile à la fois pour les conseillers philosophiques, car son application en cabinet les aide à former les clients à la recherche, à la compréhension et à la prise en charge de leur propre vie, et pour les clients, car s’ils sont aidés en premier lieu par l’expertise du conseiller, ils peuvent clarifier et résoudre de manière autonome leurs difficultés quotidiennes.

IPAA method

Starting from the four principles of Pólya’s problem-solving method, by analogy, in this paper we propose a new method of philosophical counseling. Thus, the objectives of this study are as follows: the review of several methods of philosophical counseling; justifying the need for a new method, which we called the IPAA method; developing the four principles – the principle of identification (I), the principle of planification (P), the principle of application (A) and the principle of assumption (A). In order to achieve these, we took into account the fact that the nature of the philosophical problems faced by the clients of the philosophical counselors, whether they are existential, moral or metaphysical, can be solved on their own. Therefore, we argued that if in the first instance, clients really need the input of the philosophical counselors, as long as the latter uses the IPAA method – a problem-solving method – they can offer clients the opportunity to self-counsel. The novelty of the IPAA method consists in the fact that it offers the client, assisted and guided at the beginning by the counselor, the possibility to carry out the act of counseling outside the office, being empowered to apply the four methodical principles mentioned above. The present study is relevant in that the new IPAA method, a method focused on solving everyday problems, is a useful method for both philosophical counselors, as its application in the office helps them to train the clients in researching, understanding and assuming their own lives, as well as for the clients, because if they are assisted in the first instance by the counselor’s expertise, they can independently clarify and solve their daily difficulties

Source : Hagiu, A., Bortoș, S., & Tamaș, I. (2023). A New Method in Philosophical Counseling (IPAA). Postmodern Openings, 14(1), 46-61. https://doi.org/10.18662/po/14.1/603

Traduction : Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


Diversité des méthodes VS Monopôle du dialogue socratique

Le domaine de la philosophie pratique en appelle à une grande diversité de méthodes. Le dialogue socratique classé dans l’approche interrogative ne détient donc pas le monopôle de la pratique philosophique. Elle est choix. Mais est-ce un choix éclairé ? Est-ce un choix qui convient encore de nos jours ?

J’ai déjà dénoncé le caractère dogmatique dans l’application du dialogue socratique par certains philosophes praticiens, une dénonciation fondée sur ma propre expérience de leurs pratiques. Je reproche à l’approche interrogative la répression des émotions chez le client (Article # 32 – Les émotions en philothérapie).

Je ne suis pas un adepte de cette pratique du dialogue socratique, du moins ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une technique rigide voire dogmatique. Je l’ai expérimentée à trois reprises avec différents philosophes praticiens et je n’ai pas aimé le traitement qui me fut réservé.

Le recours à des questions fermées avec deux choix de réponses (oui ou non), la répression de mon être émotionnel, l’interdiction de se justifier au-delà d’une seule phrase et de se référer à l’historique de son idée, à son passé, font de cette pratique contemporaine du dialogue socratique qu’il perd sa nature même de dialogue.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

Débat sur la scène internationale – Démontration

Sur la scène internationale, le dialogue socratique (approche interrogative) fait débat; le doute et le questionnement sont toujours de mise en philosophie. En voici la démonstration.


Morten Fastvold

L’approche policière de la consultation philosophique

La manière de faire de la consultation philosophique est dans une large mesure une question d’attitude. Qu’est-ce que le conseiller peut s’autoriser à faire vis-à-vis de son invité, qu’est-ce qu’il doit s’abstenir ou même s’interdire de faire, comment doit-il décrire l’invité et la situation de consultation de manière métaphorique – ce type de questions influencera inévitablement le conseiller dans sa pratique, qu’il en soit conscient ou non. Examinons donc de plus près la question de l’attitude, ainsi que les possibilités et les limites qui y sont liées.

Tout d’abord, j’examinerai l’attitude prédominante du type de conseiller « au-delà de la méthode », telle qu’elle est modélisée dans la formation dispensée par la Société norvégienne de conseil philosophique et dans un manuel récent (Svare/Herrestad : Filosofi for livet) sur la manière dont le conseil philosophique doit être effectué. Je qualifierai cette attitude d' »approche bienveillante ». J’opposerai ensuite cette attitude à ce que j’appellerai, peut-être de manière choquante, « l’approche policière » de la consultation philosophique. Mes camarades de classe et mes mentors ne seront pas surpris d’apprendre que cette « approche policière » est propagée par notre collègue français Oscar Brenifier, même si l’étiquette est mon invention et non la sienne. Oscar a toutefois avancé la métaphore du bon policier lors d’un séminaire de conseil philosophique qui s’est tenu ce mois-ci à Oslo, où il a également dirigé une session qui a démontré comment une telle attitude pouvait être employée dans une pratique réelle. Cette séance sera abordée dans mon document, à titre d’exemple.

La recherche d’un climat de confiance : L’approche bienveillante

En Norvège, l’attitude prédominante du conseiller philosophique est celle d’un compagnon de conversation attentif et empathique qui a à cœur de faire en sorte que son invité se sente chez lui et à l’aise pendant la consultation. Le conseiller fait une petite cérémonie de bienvenue en offrant du thé ou du café à son invité, il souligne l’égalité entre lui et son invité en meublant son bureau de deux fauteuils égaux groupés dans un angle de 120 degrés pour éviter la connotation de confrontation de 180 degrés, et il parle et se comporte d’une manière douce et sympathique afin de créer une atmosphère de confiance et de sécurité. Le message est le suivant : « N’hésitez pas à me dire ce que vous voulez », et lorsque l’invité commence à parler, le conseiller s’empresse de lui laisser la scène. Les questions sont principalement destinées à encourager l’invité à poursuivre ou à développer certains points, en particulier au début de la consultation. La question « Pouvez-vous m’en dire plus ? » est fréquemment utilisée et recommandée, accompagnée de regards et de hochements de tête encourageants, car le conseiller sait qu’il est utile de se taire la plupart du temps et de créer ainsi l’espace nécessaire pour que son invité puisse réfléchir à haute voix en sa présence. Souvent, cela suffit, nous dit-on, car l’invitée parviendra à une meilleure compréhension d’elle-même simplement en parlant en présence d’un interlocuteur attentif qui s’abstient d’exprimer ses propres préoccupations et inquiétudes. C’est dans cette incongruité que réside une différence cruciale entre une consultation et un entretien avec un ami, car vous ne pouvez pas attendre de votre ami qu’il vous laisse autant d’espace pour vous-même qu’un conseiller.

Ainsi, la croyance dans le pouvoir éclairant et clarifiant de la pensée à haute voix en présence d’une personne ayant reçu une formation philosophique semble être un élément central de la méthode de conseil actuelle, influencée par « l’au-delà de la méthode ». Cela présuppose une attitude bienveillante d’empathie et de confiance afin que l’invité se sente libre de révéler ses pensées et ses inquiétudes. De temps en temps, le conseiller peut poser une question qui remet en question la façon de penser de l’invité, ou peut-être une métaphore ou un point de vue alternatif qui peut lui ouvrir les yeux sur (pour lui) de nouvelles façons de voir les choses. Mais cela se fait en improvisant, et non en suivant une méthode, car chaque invité est un être humain unique et chaque conversation est nouvelle et différente de toutes les conversations précédentes dans le bureau du conseiller. Le conseiller doit s’efforcer d’être prudent et attentif, et non d’acquérir des compétences méthodologiques qui seraient trop mécaniques pour la tâche délicate de la consultation philosophique.

(…)

La quête de la vérité : l’approche policière

L’approche bienveillante ayant été présentée comme la seule attitude appropriée d’un conseiller philosophique, nous pourrions trouver la métaphore du bon policier à la recherche de la vérité tout à fait inappropriée pour décrire notre pratique, si ce n’est totalement hors de propos ou même folle. Un policier, même un bon policier, représente tout ce que le conseiller bienveillant cherche à éviter : la confrontation, une atmosphère déstabilisante, une enquête insistante où des questions sont posées sans cesse jusqu’à ce qu’une vérité cachée et souvent désagréable soit trouvée. Pourquoi un conseiller devrait-il adopter une métaphore aussi peu attrayante, et pourquoi un invité devrait-il accepter d’être traité comme un suspect, et même payer cher pour cela ? Si l’invité a avant tout besoin d’un espace suffisant pour réfléchir à voix haute en présence d’un conseiller attentif et compréhensif, toute interrogation persistante à la recherche d’une vérité serait au mieux inutile, au pire préjudiciable. Comment pourrait-on alors justifier la suggestion d’une approche policière de la consultation philosophique ?

Pour aller plus loin sur ce point, il faut remettre en cause ce présupposé de base selon lequel les gens ont tendance à découvrir les choses par eux-mêmes uniquement en réfléchissant à haute voix dans l’espace de confiance que leur offre le conseiller. S’il est vrai que cela se produit, comme nous en faisons parfois l’expérience nous-mêmes et avec d’autres, il n’en reste pas moins que les gens ont tendance à fuir leurs propres pensées, et surtout les implications de leurs propres pensées. Comme le répète Oscar Brenifier, les gens ont souvent peur de leurs propres mots. Le refus des gens de s’en tenir à ce qu’ils ont réellement déclaré et d’être confrontés à leurs propres mots est un phénomène étonnant qui est révélé à maintes reprises dans ses sessions, même si ce phénomène n’est pas décrit, et encore moins réfléchi, dans notre manuel actuel. Ayant moi-même expérimenté ce phénomène en étant plusieurs fois l’invité d’Oscar, et ayant regardé plusieurs de ses sessions avec d’autres invités, je crois maintenant que le fait d’échapper à ses propres mots et aux implications de ses propres pensées est une tendance très humaine, peut-être même un aspect de la condition humaine.

Il ne s’agit pas de la notion de refoulement propre aux psychanalystes, où une expérience douloureuse est refoulée dans l’inconscient et où le patient s’oppose à ce qu’elle soit ramenée au grand jour ; la vie privée et la biographie de l’invité ne sont pas le sujet des séances d’Oscar. Non, il s’agit d’idées générales et philosophiques produites par l’invité, qui doivent être examinées d’une manière purement philosophique, jusqu’à ce que le conseiller et l’invité en révèlent les implications. Il s’agit d’aider l’invité à donner naissance à ses propres idées et à examiner la viabilité de ces « rejetons » d’une manière très socratique, où la « vie » est censée être exclue de la discussion apparemment purement intellectuelle, mais où la « vie » ne cesse de surgir, principalement sous la forme d’une résistance et d’une envie d’échapper à l’examen de ses propres idées.

(…)

La raison pour laquelle Oscar ne prévoit pas d’écouter les récits des gens sur leur vie privée dans ses séances est, comme il l’a révélé comme un secret de polichinelle après sa séance de foyer à la conférence Bildung de Copenhague, qu’il trouve ce genre de conversation ennuyeux. (Sa raison officielle : « Je ne suis pas psychologue, je ne peux donc pas m’occuper de problèmes privés et émotionnels »). Il ne s’agit évidemment pas d’un argument philosophique, mais simplement d’une déclaration de propension personnelle. Écouter les gens raconter leur vie n’est tout simplement pas sa tasse de thé. Si d’autres philosophes aiment s’adonner au style de conseil « conversation cultivée », il ne lancera pas de croisade contre eux, même s’il ne trouve pas ces conversations très philosophiques ou très utiles. Il préférera faire de la philosophie avec son invité, en étudiant ses idées, au lieu de se contenter d’échanger des opinions et des idées, ce qui n’est pas faire de la philosophie selon lui.

(…)

Source : FASTVOLD, Morten Fastvold, The Policeman Approach to Philosophical Counseling.

Traduction : Traduit avec DeepL.com (version gratuite).

À LIRE DU MÊME AUTEUR : Conversation or interrogation: two different approaches to philosophical counseling, Morten Fastvold.


Le dialogue socratique, un modèle désormais dépassé?

Livio Rossetti

Cet article prend pour point de départ un double paradoxe. D’une part, il s’ancre sur cette divergence, spectaculaire, existant entre l’habitude que nous avons de penser que Socrate a été le champion du dialogue d’égal à égal, habitude qui, pour nous, Italiens, est liée à l’enseignement de Guido Calogero, et les arguments avancés récemment par un spécialiste sud-américain, Walter Oman Kohan. Kohan suggère en effet presque le contraire de ce que dit Calogero. Il insiste sur le fait que, dans les dialogues aporétiques de Platon — en réalité, ce n’est pas seulement dans le cas de ce groupe de dialogues dits socratiques que cela se produit —, Socrate se révèle souvent incapable d’écouter son interlocuteur, déterminé comme il est à suivre son intuition et à s’opposer sans hésitation (ou presque) à son interlocuteur.

Source : LIVIO, Rossetti, Le dialogue socratique, un modèle désormais dépassé ?, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p.17. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)


Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue

(Émotion dans le dialogue – Une nouvelle proposition du dialogue socratique intégré)

Laura Candiotto

Extrait de Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

Le texte «Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue (Émotion dans le dialogue – Une nouvelle proposition du dialogue socratique intégré) de Laura Candiotto m’a également ravi dès les premières lignes parce qu’il propose de tenir compte des émotions dans le dialogue avec le client en consultation philosophique.

Les citations ci-dessous furent traduites de l’anglais au français par https://www.onlinedoctranslator.com/fr/.

Aristote est connu pour sa théorie rhétorique et pour analyser la relation entre les émotions et la persuasion. On peut soutenir que Platon a été le premier à explorer et à acquérir des connaissances significatives sur cette relation. Par exemple, le Sophiste 230b-230e5 de Platon (le passage du « noble sophisme ») montre clairement le lien entre le niveau logique et le niveau émotionnel que l’on retrouve dans l’elenchus socratique (réfutation). Pour être complète, la purification a également besoin d’un accord psychologique, qui est le résultat de la collaboration avec les émotions, principalement la honte.

Surtout dans les premiers dialogues platoniques, Socrate n’aborde pas seulement la partie intellectuelle de l’âme des interlocuteurs, en audience ou en public, mais il utilise également le canal émotionnel. Ce processus a lieu pour diverses raisons : d’abord pour orienter le dialogue et transmettre un contenu spécifique au public, mais aussi pour accompagner l’interlocuteur à travers une véritable transformation de soi – une transformation ayant le pouvoir d’engendrer un nouveau style de vie.

En d’autres termes, Platon suscite la collaboration des sphères rationnelle et émotionnelle afin d’inciter les citoyens à poursuivre un style de vie philosophique, changeant ainsi leurs modes de vie, leurs valeurs et leurs modèles.

Ainsi, les émotions permettent la constitution de l’identité dans la dimension cognitive intersubjective parallèlement à une transformation de soi. Ceci est possible grâce à leur caractère médiateur : les émotions ne sont pas des aspects irrationnels mais des instances médiatrices entre l’irrationnel et le rationnel. En d’autres termes, ils sont cruciaux pour le bien-être harmonieux de l’individu – et de la polis – qui est à la recherche de la juste composition. Lorsqu’elles sont correctement orientées, les émotions – grâce à la collaboration avec la composante rationnelle – sont la force motrice qui conduit l’âme à la découverte de la vérité. Si toutefois les émotions sont corrompues et ne sont pas régies par la partie rationnelle de l’âme, elles conduisent l’âme à commettre les plus grands méfaits (dans cette perspective, l’analyse de l’âme du tyran menée dans la République est exemplaire).

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, pp. 79-80. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)

P.S. : Polis – Wikipédia.: «En Grèce antique, la polis (en grec ancien πόλις / pólis ; « cité » dans l’étymologie latine « civitas » ; au pluriel poleis) n’est pas une cité-État, le mot État étant anachronique, mais une communauté de citoyens libres et autonomes(1), le corps social lui-même, l’expression de la conscience collective des Grecs(2).»

(1) Le mot grec polis a donné le mot politique (politics en langue anglaise) : dans la Grèce antique, les politai (citoyens) étaient les acteurs de la vie politique.

(2) Louis Gernet, Les débuts de l’hellénisme, Les Grecs sans miracle, Paris, 1983

Laura Candiotto nous lance sur la piste d’une adaptation contemporaine de l’ancien dialogue socratique.

Cette interprétation du rôle des émotions permet de penser la philosophie comme un mode de vie, comme une pratique visant à la transformation et à l’amélioration à la fois du philosophe et de son contexte de vie, grâce non seulement à des « outils pour penser » mais aussi à « outils pour ressentir ».

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p. 80. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)


C’est pour ces raisons que j’expérimente depuis quelques années une forme spécifique de dialogue socratique, que je définis comme « intégrale ». Le dialogue socratique contemporain devrait assumer une vision intégrale de la pratique philosophique, selon laquelle les émotions ne sont pas seulement considérées comme l’antithèse de la rationalité mais comme des éléments constitutifs de l’être humain, travaillant constamment avec la raison dans les divers processus de recherche.

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p. 82. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)

Selon Laura Candiotto, « une méthode philosophique incapable d’intégrer le niveau émotionnel risque de perdre en efficacité ».


Everybody’s Philosophical Counselling

Shlomit Schuster

The Philosophers’ Magazine

(…)

Achenbach refuse de transformer son idée de praxis en méthode et préfère garder le style de conversation indéterminé et ouvert. Néanmoins, il est possible de présenter des descriptions, des « panneaux routiers », qui donnent des indications à d’autres philosophes désireux d’imiter ses conseils fructueux et responsables aux personnes en quête de sens ou de solutions dans des situations problématiques. Parmi ces panneaux routiers, quatre sont fondamentaux :

  • La communication sincère entre le praticien philosophique et le visiteur, basée sur une méthode « au-delà de la méthode ».
  • L’importance du dialogue, en tant que ce qui vivifie – et découle de l’être.
  • « Auslegen » – une recherche d’explications – dans laquelle le praticien s’unit au problème, non pas en transmettant sa propre compréhension de celui-ci, mais en donnant au visiteur une nouvelle impulsion pour s’expliquer lui-même.
  • La composante innovante du dialogue, l’élément d’émerveillement dans la pratique philosophique, qui ne permet pas de points de vue fixes, d’attitudes standard ou de solutions permanentes.


Beyond method, Anders Lindseth style: The quest to open up philosophical space in the consulting room

The Norwegian Society of Philosophical Counseling

Philosophical Practice, November 2005; 1(3): 171 /183.

MORTEN FASTVOLD

L’approche « au-delà de la méthode » est essentielle pour le philosophe norvégien Anders Lindseth, qui a été le pionnier de la consultation philosophique en Norvège et le mentor d’autres conseillers. Lui-même influencé par Gerd Achenbach, Lindseth n’aime ni les méthodes ni les thérapies et préconise plutôt le principe de « l’ignorance touchée ». Lors d’un séminaire à Oslo l’année dernière, Lindseth a discuté de ces concepts avec des étudiants en conseil philosophique, et a fait évaluer une session de démonstration. Basé sur le séminaire, cet article présente la position de Lindseth et jette un regard critique sur la notion de  » au-delà de la méthode « . Au lieu de renoncer complètement à la méthode, l’auteur affirme que les conseillers philosophiques peuvent employer la méthode dans un sens limité sans succomber à la « thérapie » au sens professionnel et péjoratif du terme. Mots-clés : L’approche au-delà de la méthode, le mode du non-savoir touché, la création d’un « espace libre » pour la pensée, la focalisation sur la vulnérabilité de l’invité, la métaphore d’un ruisseau de soupirs, le mode de travail « structurel », le dédain de la méthode et de la thérapie.

FASTVOLD, Morten, Beyond method, Anders Lindseth style: The quest to open up philosophical space in the consulting room, The Norwegian Society of Philosophical Counseling, Philosophical Practice, November 2005; 1(3): 171 /183.


On Getting Beyond Idle Talk – some Additional Reflections on Oscar Brenifier’s Sessions

(Dépasser le stade des discussions oiseuses – quelques réflexions supplémentaires sur les sessions d’Oscar Brenifier)

Mes efforts pour comprendre et défendre la méthode de conseil d’Oscar Brenifier ont déclenché un débat parmi les conseillers philosophiques norvégiens au printemps 2004. Dans cet article, je réponds aux critiques de certains de mes collègues et je présente une autre méthode de conseil, préconisée par le conseiller canadien Peter Raabe.

Depuis la visite d’Oscar, j’ai trouvé le temps de lire le livre de Peter B. Raabe Philosophical Counceling. Theory and Practice de Peter B. Raabe, que je trouve très instructif et judicieux dans sa description de ce que pourrait être le conseil philosophique. L’un de ses termes intéressants est celui de « compétence dialogique », et je suggère que la découverte de ce qu’est réellement la compétence dialogique devrait être une question majeure dans nos études ultérieures. J’ai trouvé qu’Oscar possédait une bonne dose de compétence dialogique, tout comme Socrate, selon les écrits de Platon, même si je ne peux pas donner une définition exacte de ce qu’est cette faculté. Étant un nouveau venu dans ce domaine, je peux seulement dire que « je le sais quand je le vois ». Et que je veux certainement en apprendre davantage à ce sujet, que ce soit en ayant des séances avec des praticiens ayant une compétence dialogique considérable ou en lisant attentivement les histoires de cas de Raabe et d’autres, et certainement les dialogues socratiques.

Pour en revenir à Raabe, je trouve que son propre concept de pratique philosophique (tel qu’il est décrit dans son chapitre 4) dans son chapitre 4) pour combler le fossé supposé entre ma conception initiale de la pratique philosophique comme une entreprise centrée sur l’invité et, dans une large mesure, sur l’écoute, et une approche directe et centrée sur le praticien représentée par Oscar. Selon Raabe, la consultation philosophique devrait comporter quatre étapes, à savoir :

– Étape 1 : Conversation libre où l’invité est autorisé à parler librement de ses problèmes et où le praticien se contente d’écouter.

– Étape 2 : Résolution immédiate du problème, où l’invité et le praticien se concentrent sur un problème immédiat qui doit être résolu par le biais d’un dialogue philosophique.

– Étape 3 : L’enseignement en tant qu’acte intentionnel, où le praticien fournit à l’invité les capacités de réflexion nécessaires pour faire face à des problèmes similaires aujourd’hui et à l’avenir.

– Étape 4 : Trancendance, où l’invité est amené à discuter de questions antérieures d’une manière générale, en transcendant son besoin immédiat de résolution de problèmes.

Tous les invités ne vont pas jusqu’au stade 4, nous dit Raabe ; certains se contentent d’être écoutés au stade 1, d’autres abandonnent après avoir résolu leurs problèmes immédiats au stade 2, tandis que d’autres veulent acquérir des compétences de réflexion au stade 3 et peut-être même s’adonner à une véritable philosophie au stade 4. Ces étapes peuvent également être entrelacées, dit-il, par exemple en revenant à l’étape 1 si un nouveau problème émerge lors du traitement d’un autre problème à l’étape 2, ou même pendant la session d’enseignement à l’étape 3.

Ce que je trouve révélateur, c’est que le stade 1 de Raabe correspond très bien à mon concept initial de conseil philosophique, comme « la façon dont nous le faisons ici en Norvège ». Ce qui est révélateur, c’est que le stade 1, aussi nécessaire qu’il soit, ne représente pas l’ensemble de la situation, comme j’étais initialement enclin à le croire. À un moment donné, peut-être dès la deuxième séance, le praticien peut estimer que l’invité est prêt à passer à l’étape 2, en s’attaquant plus directement à ses problèmes.

Pour ce faire, il ne suffit pas d’être un bon auditeur emphatique qui connaît les positions philosophiques et a quelques citations réconfortantes à portée de main ; il faut aussi posséder un certain minimum de compétences dialogiques que l’on pourrait qualifier d’outils et d’astuces du métier. La capacité à poser la bonne question au bon moment me semble essentielle à cet égard, tout comme un boucher doit savoir où planter son couteau dans l’animal abattu, afin d’obtenir les bonnes tranches de viande souhaitées par ses clients. (Platon n’utilise-t-il pas cette analogie du boucher pour parler de ce que nous pourrions appeler la compétence dialogique ? Je me souviens qu’il le fait). Pour amener l’invité au stade 3, le praticien doit également connaître les techniques de pensée critique telles que la logique informelle et être capable de l’enseigner d’une manière adaptée à l’invité, et au stade 4, il doit vraiment connaître les différentes positions philosophiques. Il s’agit là d’exigences très strictes.

Si l’on s’en tient au modèle de Raabe, la compétence dialogique d’Oscar et d’autres ne sera pas utilisée avant le stade 2, et les jeux « purement philosophiques » d’Oscar ne seront peut-être pas joués avant les stades 3 et 4. Vu sous cet angle, nous n’avons pas à débattre pour ou contre « l’approche d’Oscar », comme si nous devions choisir entre « notre belle manière » et « sa manière grossière » de faire les choses. Une telle discussion me semble peu fructueuse et en fait inutile. Le modèle de Raabe, plutôt orienté vers le bon sens, utilise les deux approches, ce qui est une situation gagnant-gagnant – mais une situation où les exigences en matière de compétence dialogique doivent être mises en évidence. Et doit être enseigné de manière approfondie à tous les étudiants en conseil philosophique.

Pour le dire brièvement et crûment : si vous ne possédez pas de compétence dialogique au point de pouvoir l’utiliser pendant une séance, vous n’êtes tout simplement pas compétent en tant que conseiller philosophique. L’exercice de la capacité d’écoute par la répétition de l’étape 1 dans les séances d’apprentissage entre étudiants ne nous permettra pas d’être des conseillers philosophiques à terme. Ce sur quoi nous devons vraiment nous concentrer, c’est sur la manière de dépasser ce flot de paroles et de commencer à mener une enquête dialogique, ce qui n’est pas facile du tout. Je pense que nous devons nous livrer à des histoires de cas et à des jeux de rôles basés sur de bons exemples, afin d’acquérir les compétences nécessaires.

(…)

Ayant fait de Peter Raabe un héros intermédiaire de ce document, j’aimerais lui donner le dernier mot (extrait de Philosophical Counseling, p. 171), où il développe ce point et souligne également la principale différence, selon lui, entre la consultation philosophique et la psychothérapie :

[Le conseil philosophique implique clairement que si certaines aptitudes cognitives et compétences rationnelles/morales sont enseignées au client au cours du processus de conseil philosophique pour une utilisation future, le conseil philosophique peut fournir les moyens par lesquels le client peut non seulement être mieux en mesure de faire face aux problèmes futurs lorsqu’ils surviennent, mais aussi de prévoir, d’anticiper et donc d’éviter les problèmes ou d’empêcher qu’ils ne surviennent en premier lieu. C’est en dépassant le stade 2, la résolution immédiate des problèmes, pour passer aux stades 3 et 4, l’enseignement et la transcendance, tels que présentés par le modèle, que la consultation philosophique devient véritablement proactive ou préventive, car c’est au cours de ces deux stades que les connaissances spécialisées, les capacités et les dispositions du philosophe sont transmises au client. Les étapes 3 et 4 permettent au client de mieux comprendre pourquoi les problèmes sont apparus dans le passé, et c’est cette compréhension qui l’aide à éviter les problèmes à l’avenir.

Je pense que toute conception de la consultation philosophique devrait inclure l’impératif selon lequel chaque conseiller philosophique devrait travailler à la création du type de conscience et de capacité de raisonnement chez son client qui lui permettra d’anticiper – et donc de prévenir – d’éventuels problèmes futurs. Non seulement un élément proactif ou préventif fort rendra beaucoup moins probable le fait que le client se retrouve involontairement confronté à des problèmes inattendus et malvenus, mais la pratique de la consultation philosophique sera ainsi plus propice à l’autonomie que la psychothérapie, et donc plus clairement différenciée de cette dernière.

FASTVOLT, Morten, On Getting Beyond Idle Talk – some Additional Reflections on Oscar Brenifier’s Sessions.

Traduction : Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


Cette démonstration des débats sur la scène internationale au sujet des approches interrogatives et conversationnelles nous invite à la réflexion et à fuir tout dogmatisme. Le choix d’une approche et de l’attitude face aux clients en consultation philosophique doivent être libres du biais de rigidité ou d’ancrage qui bloque la prise de recul.


« Le biais de rigidité, aussi connu sous le nom de biais d’ancrage, est un biais cognitif qui nous incite à accorder une importance disproportionnée à la première information que nous recevons sur un sujet. Cela peut nous amener à nous accrocher à des idées ou à des croyances même lorsqu’elles sont contredites par des preuves contraires. » (Gemini, Google, IA.)


Voir aussi : Biais d’ancrage sur Biaiscongnitifs.com.


Gerd B. Achenbach

On Wisdom in Philosophical Practice

(De la sagesse dans la pratique philosophique)

Lecture for the “Third International Conference on Philosophical Practice”, New York, 22. – 24. July 1997

(…)

Puisque la pratique philosophique a été fondée il y a 16 ans, nous pouvons répondre : Oui, il est temps de poser une telle question, et la pratique philosophique est cette institution qui lui offre l’espace dont elle a besoin. Nietzsche l’appelait « la question de la vérité », je propose de l’appeler la question réelle de la sagesse, qui est nécessairement une question très personnelle, ou, en termes plus distingués, une question existentielle. Reposer cette question est la tâche de la pratique philosophique. Et il appartient à sa sagesse de trouver une réponse toujours nouvelle dans chaque cas singulier et particulier. En tant que telle, cette sagesse doit faire ses preuves.

J’aurais pu m’arrêter ici. Mais je veux laisser les derniers mots à un philosophe que j’admire et que j’aime depuis longtemps – et seul un pédant pourrait objecter qu’il est impossible d’admirer et d’aimer quelqu’un en même temps. longtemps – et seul un pédant pourrait objecter qu’il est impossible d’admirer et d’aimer quelqu’un en même temps.
Mais qui se soucie des pédants ?

Ainsi : Dans son « Sur la notion de sagesse », Ernst Bloch a défini le mode d’emploi d’une philosophie actuelle de la sagesse d’une manière telle qu’il est difficile d’imaginer une devise plus précise pour la pratique philosophique : « La philosophie de la sagesse ». de telle manière qu’il est difficile de trouver une devise plus précise pour la pratique philosophique : « La sagesse », dit Bloch, « est une caractéristique, aussi discrète qu’inévitable, d’une philosophie pratique savante et unifiée ».

Et plus loin : Il faut des sages pour éviter qu’un « mouvement ne devienne routinier et pragmatique ». Ce sont eux qui maintiennent le savoir en mouvement. (Ernst Bloch: “Philosophische Aufsätze – Zur objektiven Phantasie”, Frankfurt 1969, p. 388f). A l’avenir, rien ne sera plus important pour le mouvement encore jeune de la pratique philosophique.

Source : Achenbach, Gerd B., On Wisdom in Philosophical Practice (Translated by Patrick Neubaue). Lecture for the „Third International Conference on Philosophical Practice”, New York, 22. – 24. July 1997.

Original en anglais

Since philosophical practice was founded 16 years ago, we can reply: Yes, there is time for such a question now, and philosophical practice is that institution which offers it the space it needs. Nietzsche called it „the question of truth”, I suggest calling it the actual question of wisdom, which necessarily is a very personal question, or, in more distinguished terms, an existential one. To raise this question again is the task of philosophical practice. And it belongs to its wisdom that it has to find an answer ever anew in any singular, particular case. As this kind of wisdom, it has to prove itself.

I might have stopped here. But I want to leave the last words to a philosopher whom I have admired and loved for a long time – and only a pedant might object that it is impossible to admire and to love somebody at the same time. But who cares about pedants anyway?

Thus: In his „On the notion of wisdom”, Ernst Bloch has defined the instructions for a today’s philosophy of wisdom in such a way that a more pointed motto for philosophical practice could hardly be thought of: “Wisdom”, says Bloch, “is a characteristic, as unobstrusive as unavoidable, of a learned and unified practical philosophy”.

And further: There have to be wise persons in order to prevent “a movement from becoming routine and practicistic. They are the ones who keep knowledge moving.”

In the future, there will be nothing more important for the still young movement of philosophical practice.

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)


Qu’il s’agissent de l’approche interrogative ou de l’approche conversationnelle, il faut maintenir le savoir en mouvement et, pour ce faire, il ne faut rien tenir pour acquis définitivement, c’est-à-dire douter.

Dans le cas où le philosophe praticien détermine que le problème est le participant indiscipliné à son atelier ou sa consultation, une question demeure : est-ce que l’approche interrogative employée par le philosophe praticien est ou n’est pas partie prenante au comportement du participant indiscipliné ? Mais cette question ne vient pas naturellement à l’esprit.

Le philosophe praticien Jérôme Lecoq ne se limite pas au participant indiscipliné. Il va plus loin et généralise en pointant du doigts « surtout les hommes » « qui avons justement appris qu’au contraire il fallait s’exprimer, défendre son point de vue, convaincre les autres etc. » Il note aussi que l’exercice proposé dans son atelier « entraîne de grandes résistances notamment en provenance des « mâles alphas ». » C’est donc la faute des autres, « surtout les hommes » et « les mâles alphas ». Si le philosophe praticien rapporte ici de simples observations fondées sur son expérience personnelle et professionnelle, en aucun temps il se retourne vers lui-même dans son article. De toute évidence, il dérange comme dérangeait Socrate en son temps.


Désormais en quête de vérité, Socrate dérange ses contemporains dans leur vie quotidienne pour leur proposer un examen serré de leurs idées. Il traite n’importe quelle personne de la même manière, comme un parent, sans politesse ; tel un psychanalyste, il passe au crible l’existence de son interlocuteur – il l’examine avec une certaine cruauté, il ne fait aucun cadeau.

Source : TREFFEL, Romain, Socrate comme vous ne le connaissez pas, 1000 idées de culture générale.

Socrate dérange beaucoup de monde à Athènes. Il questionne, il provoque, il interroge sur le travail, le pouvoir, la démocratie, la bonne moralité. Souvent on voyait Socrate errer à travers les rues d’athènes pour questionner ses concitoyens, la barbe mal taillée et les pieds nus.

Source : Socrate le rebelle !


C’est le propre de l’Homme se s’accrocher à ce qu’il fait, non plus comme une simple pratique maîtrisée, mais comme une croyance en sa propre interprétation de l’efficacité de sa pratique. Cette croyance fonde sa confiance en sa pratique, en son approche. Et devenue croyance, la pratique n’accorde plus autant d’importance aux preuves empririques, si ce n’est qu’accessoire de la croyance. Nous sommes alors a un pas d’une pratique dogmatique. On ne se questionne pas sur les autres méthodes ou les autres approches. On demeure dans l’IGNORANCE inconsciente de ces méthodes et de ces approches. Le savoir n’est plus en mouvement. On reste sur place. On devient expert… sur place. On dira : « Peu m’importe si je dérange, j’ai la bonne approche. Et c’est justement parce que je dérange que je suis réconforté dans le choix mon approche. » Mais est-ce un choix sur j’ignore les autres approches ? Suis-je prisonnier de la première impression de la première approche avec laquelle je fus en contact ? Ma quête s’est-elle arrêtée à la première approche recontrée ? Philosophie oblige : me suis-je donné la peine d’effectuer la visite de toutes les écoles avant d’en choisir une ?


L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

L’approche interrogative permet de disséquer une idée (ou un problème) jusqu’à ce que je me contredise et que je sois forcé de conclure que je ne sais pas de quoi je parle, bref que je suis ignorant. Cette ignorance doit engendrer en moi un étonnement suffissamment révélateur et motivant pour que je me mette à la recherche du vrai.

L’approche conversationnelle permet de comprendre le mécanisme à l’origine de l’idée (ou de mon problème), son historique et sa logique actuelle, à savoir le « comment je pense » cette idée et de corriger mes erreurs à la source. Cette nouvelle compréhension permet la prise de recul dans l’étonnement et motive un quête philosophique saine.


dossier-consulter-un-philosophe.01

Liste des rapports de lecture

et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

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Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times :

(…) Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, l’affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants (The New York Times, 8 mars 1998).

Traduction avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Version originale en anglais

(…) Dorothy Cantor, former president of the American Psychological Association, makes the point starkly: philosophical counsellors naively assume that purely intellectual discourse can address problems that are intractably emotional and sometimes severely debilitating (The New York Times, 8 March 1998).

SOURCE : GOORD, Margaret , Philosophical Counselling: the case against, The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.

Cet extrait est tiré de la conclusion de l’article Margaret Goord paru dans The Philosophers’ Magazine et dont voici le texte intégral :


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The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.

Philosophical Counselling: the case against

(Conseil philosophique : l’argument contre)

Conclusion

Cet article est parti d’une question. Doit-on se réjouir du succès que connaît actuellement la consultation philosophique ? Pour l’instant, la réponse doit être que le jury n’a pas encore tranché. Il se peut que la consultation philosophique apporte des avantages importants au domaine de la santé mentale. Par exemple, elle constitue un correctif opportun aux excès du modèle médical. La dépression et l’anxiété ne doivent pas toujours être traitées par le Prozac et d’autres produits similaires. Mais il y a beaucoup de questions sans réponse et de pièges potentiels. À court terme, la naïveté pourrait être la plus grande source de dommages potentiels pour ceux qui consultent des conseillers philosophiques. Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, l’affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants (The New York Times, 8 mars 1998).

Version originale en anglais

SOURCE : GOORD, Margaret , Philosophical Counselling: the case against, The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.


J’ai retrouvé la référence dans l’édition du 8 mars 1998 du quotidien The New York Times.


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The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine

(La Nation : Je facture, donc je suis ; Les philosophes s’interrogent sur une mine d’or thérapeutique)

By Joe Sharkey, March 8, 1998

« Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association, rejette l’idée que « le conseil philosophique, ou quel que soit le nom qu’on lui donne », puisse légitimement s’occuper de « quelque chose d’aussi délicat que la santé mentale d’une personne ». Les philosophes qui se considèrent comme des thérapeutes de la santé mentale, dit-elle, souffrent d’une « hypothèse naïve » selon laquelle un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes personnels qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants. »

Traduction avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Version originale en anglais

« Dorothy Cantor, a clinical psychologist and former president of the American Psychological Association, dismissed the idea that  »philosophical counseling, or whatever the heck they’re calling it, » has a legitimate claim on dealing with  »something as delicate as a person’s mental health. » Philosophers who consider themselves mental-health therapists, she said, suffer from a  »naive assumption » that purely intellectual discourse can address personal problems that are intractably emotional and sometimes severely debilitating. »

SOURCE : SHARKEY, Joe Sharkey, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


L’affirmation date de plus de 25 ans et nous sommes alors au début de la consultation philosophique aux États-Unis. Nous pourrions donc la passer sous silence en espérant que les propos de l’ancienne présidente de l’American Psychological Association, Dorothy Cantor, n’ont plus aucune importance.

Malheureusement cette association entre la philosophie et le « discours purement intellectuel » remonte bien avant les propos de Dorothy Cantor et perdure dans le temps jusqu’à aujourd’hui. En 1998, Dorothy Cantor ne fait que remettre de l’avant ce préjugé envers la philosophie en l’appliquant, cette fois, aux conseillers philosophiques entrés depuis peu dans la sphère publique. Le préjugé à l’effet que la philosophie ne se présente que sous la forme de « discours purement intellectuel » sied déjà aux universitaires.

L’auteur de l’article dans le journal The New York Times donne la parole à Lou Marinoff, conseiller philosophique, devenu aujourd’hui une figure de proue de la philosophie pratique :


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« La psychiatrie et la psychologie ont fini par décevoir les gens« , a déclaré Lou Marinoff, professeur de philosophie au City College de New York, qui reçoit des clients privés – à raison de 100 dollars par séance, soit à peu près ce que gagnent les psychologues – depuis 1991. Le Dr Marinoff, qui estime à plusieurs dizaines le nombre de philosophes exerçant en cabinet privé aux États-Unis, souhaite ramener ses collègues à leur ancienne place, au centre du tumulte émotionnel de la vie quotidienne.

Selon lui, les clients typiques sont des « réfugiés de la psychothérapie« , certains recherchant des vérités plus profondes et d’autres une meilleure façon de gérer la dépression et l’anxiété.

« Ce que nous suggérons, c’est que si vous pouvez être orienté par votre médecin traitant vers un psychologue ou un psychiatre, vous devriez également pouvoir être orienté vers un philosophe », a déclaré le Dr Marinoff, qui est le président de l’American Philosophical Practitioners Association (Association américaine des praticiens de la philosophie), qui compte plusieurs centaines de membres. L’association a élaboré des critères d’autorisation d’exercer et mène une campagne de certification État par État. Le succès le plus notable à ce jour est un projet de loi en cours d’examen par l’Assemblée de l’État de New York, qui établirait un conseil chargé d’agréer les praticiens philosophes, ce qui favoriserait leur campagne pour obtenir le remboursement par les assurances.

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Version originale en anglais

 »Psychiatry and psychology ultimately have failed people, » said Lou Marinoff, a professor of philosophy at City College in New York who has been seeing private clients — at $100 a session, about what psychologists get — since 1991. Dr. Marinoff, who estimates that there are several dozen philosophers in private practice in the United States, wants to lead like-minded colleagues back to their ancient place at the center of the emotional tumult of daily life.

Typical clients, he said, are  »refugees from psychotherapy, » some seeking deeper truths and others just looking for a better way to deal with depression and anxiety.

 »What we’re suggesting is, if you can be referred by your H.M.O. to a psychologist or a psychiatrist, you should be able to be referred to a philosopher, too, » said Dr. Marinoff, who is the president of the American Philosophical Practitioners Association, which has several hundred members. The group has drafted licensing criteria and is leading a state-by-state drive for certification. The most notable success so far is a bill making its way through the New York State Assembly that would establish a board to license philosopher practitioners, and thus propel their campaign to qualify for insurance reimbursement.

SOURCE : SHARKEY, Joe, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


D’abord la question du « discours »

Première erreur de Dorothy Cantor, cette ancienne présidente de l’American Psychological Association : elle « affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel (…).

Les conseillers philosophique ne s’adressent pas à leurs clients avec un DISCOURS mais ils procède en ouvrant et en entretenant un DIALOGUE avec leurs clients.

Ensuite la question de l’« intellectuel »

La deuxième erreur de Dorothy Cantor, cette ancienne présidente de l’American Psychological Association : elle réfère négativement au caractère « intellectuel ».

Or, le mot « intellectuel » signifie :

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  1. Qui se rapporte à l’intelligence (connaissance ou entendement).
    La vie intellectuelle.
  2. Qui a un goût prononcé (ou excessif) pour les choses de l’esprit.

Source : Dictionnaire Le Robert.

Qu’il s’agisse d’un discours ou d’un dialogue, se rapporter à l’intelligence du client, c’est-à-dire, sa connaissance et son entendement, s’avère essentiel.

Et puis la question de la philosophie et de la santé mentale

Dans The New York Times, on rapporte ce propos de Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association à l’effet qu’elle « rejette l’idée que « le conseil philosophique, ou quel que soit le nom qu’on lui donne« , puisse légitimement s’occuper de « quelque chose d’aussi délicat que la santé mentale d’une personne » ».

Troisième erreur de Madame Cantor : il a toujours été question de la santé mentale dans la philosophie. La philosophie traite du bien être et de la vie bonne depuis sa naissance. Le bien être et la vie bonne s’inscrivent donc en toute légitimité dans la santé mentale.

Un an après la publication des articles dans The New York Times et The Philosophers’ Magazine, en 1998, paraît ce livre de Lou Marinoff au titre évocateur :

1999 Plato Not Prozac: Applying Philosophy to Everyday Problems, HarperCollins, NY. Translated into 27 languages.
1999 Plato Not Prozac: Applying Philosophy to Everyday Problems, HarperCollins, NY. (Aujourd’hui traduit en 27 langues).

Un an plus tard, en 2000, sortira la traduction française.

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« La psychiatrie et la psychologie ont fini par décevoir les gens« 

Lou Marinoff

« Selon lui (Lou Marinoff), les clients typiques sont des « réfugiés de la psychothérapie », certains recherchant des vérités plus profondes et d’autres une meilleure façon de gérer la dépression et l’anxiété. »

« Ce que nous suggérons, c’est que si vous pouvez être orienté par votre médecin traitant vers un psychologue ou un psychiatre, vous devriez également pouvoir être orienté vers un philosophe. »

Lou Marinoff

SOURCE : SHARKEY, Joe, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


Depuis la sortie du livre « La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne » de William Kirk Kilpatrick en 1989, dix ans auparavant la sortie de « Platon pas Projac ! », nous avions déjà tous raison de questionner l’efficacité de la psychologie. Quand Lou Marinoff nous parle de « réfugiés de la psychothérapie » en 1999, nous savons pourquoi.

Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».
Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».

Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie » dont voici un extrait :


« L’ÉCHEC DE LA FOI PSYCHOLOGIQUE

Quelque bien intentionné et agréable qu’il soit, il n’est pas évident que l’« establishment » sache aider. Partout il existe de sombres signes que cette foi n’est pas efficace. En dépit de la création d’une armée virtuelle de psychiatres, psychologues, psychométriciens, conseillers et éducateurs sociaux, il n’y a eu aucune diminution du taux de maladies mentales, suicides, alcoolisme, toxicomanie, enfants maltraités, divorces, meurtres et voies de fait de toutes sortes. Contrairement à ce qu’on pourrait espérer dans une société analysée si soigneusement et assistée par tant d’experts de la santé mentale, il y a eu un accroissement dans tous ces domaines. Il semble parfois exister un rapport direct entre le nombre grandissant de ceux qui aident et le nombre grandissant de ceux qui ont besoin d’aide. Plus nous avons de psychologues, plus nous récoltons de maladies mentales; plus nous avons d’éducateurs sociaux et de délégués à la liberté surveillée, plus la criminalité s’accroît; plus nous avons d’enseignants et plus l’ignorance grandit.

Il nous faut nous interroger devant tout cela. En clair, cela est suspect. Nous sommes contraints de concevoir la possibilité que la psychologie et les professions qui gravitent autour d’elle proposent des solutions aux problèmes qu’elles ont elles-mêmes contribué à faire naître. Ainsi, nous voyons des psychologues élever chez les gens l’espoir de bonheur ici-bas à un niveau démesuré, pour ensuite dispenser leurs conseils sur la crise qui survient vers la mi-vie et à la mort. Nous voyons des psychologues faire de l’attention portée à soi-même une vertu, pour ensuite s’étonner du nombre croissant de narcissistes. Nous voyons des psychologues alléguer devant les tribunaux que les mauvais garçons et même les mauvais adultes n’existent pas, pour ensuite formuler des théories afin d’expliquer l’augmentation de la criminalité. Nous voyons des psychologues mettre à rude épreuve les liens de la vie familiale, pour ensuite mener une thérapie dans les foyers brisés.

ATTENTES ET RÉSULTATS

Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans les domaines où les professionnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanislas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :

« Ainsi, dans un pays où il y a pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans ce domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les lieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »18

Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie? Le professeur Andreski poursuit :

« … Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et sœurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes qui n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix; et qu’il aurait dû en être toujours plus ainsi durant le dernier quart de siècle en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »19

Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont pas sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmentation de celui-ci. Les conseils matrimoniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle dans un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qu’il peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, ils ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu »20 ».

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Référence : ANDRESKI, Stanislas, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, pp. 25-26.

Source : KILPATRICK (Kirk), William, La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne, Centre Biblique Européen, 288 pages, 1985. Traduction de l’original anglais « Psychological Seduction: The Failure of Modern Psychology » , William Kirk Kilpatrick, THOMAS NELSON PUBLISHERS Nashville, Tenn, USA Copyright © 1983 by William Kirk Kilpatrick.


La cause de l’inefficacité de la psychologie est donnée dans le passage suivant : « (…) lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis ». En effet, comment ne pas conclure que la connaissance de la psychologie soit mal établie devant de tels résultats ? Évidemment, il y a des professionnels qui savent aider mais ils ne sont pas légion.

Conclusion

Lorsque Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association, arrive dans le décor avec ses critiques des conseillers philosophiques et de leurs interventions auprès de leurs clients, elle ne fait que défendre sa profession et rien d’autre. Et, pour ce faire, elle dénigne maladroitement les philosophes praticiens. Or, et c’est bien connu, on ne taille pas une place (on ne défend pas sa place au soleil) en marchant sur la tête des autres. Ses propos manquent de psychologie et de… philosophie !


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

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Article # 84

La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie comme mode de vie

OBJET – OBJECTIF – MOYENS

Par Serge-André Guay, Observatoire francophone de la philothérapie


Introduction

Après deux ans d’observation et d’analyse de la philothérapie, j’ai lu 19 livres traitant directement du sujet, 23 livres traitant de la philosophie, 5 livres traitant de la philosophie et de notre société et 5 livres critiques du développement personnel. J’ai écouté des balados (podcasts) et des conférences et j’ai participé à des ateliers en ligne offerts par des philosophes praticiens.  J’ai l’impression d’avoir fait le tour de la philothérapie francophone, notamment française. Et voici mes observations et mes conclusions.


OBJET

Vous n’avez pas idée jusqu’à quel point les gens confondent objet, objectif et moyen. J’y été confronté avec les clients de la firme en recherche marketing créée avec mon épouse et associée. Je proposais une approche scientifique obligeant de distinguer très nettement l’objet, l’objectif et les moyens mis en œuvre. Je demandais à chaque client de bien vouloir me préciser chacun de ces trois points. Le désordre sautait aux yeux. Par exemple, les responsables du marketing affirmaient que l’objet de l’étude était les consommateurs, l’objectif de vendre leurs nouveaux produits et le moyen de réaliser l’étude. Les bonnes réponses étaient (et demeurent) :

  1. Objet : produit
  2. Objectif: déterminer si le produit aura tous les pouvoirs utiles pour motiver les consommateurs à l’achat
  3. Tests scientifiques (tester est un processus scientifique) mesurant les pouvoirs du produits sur les consommateurs ciblés.

Dans ce contexte, le consommateur n’est que le révélateur (allusion au révélateur en photographie) des pouvoirs du produit et non pas l’objet d’étude. Pourquoi ? Parce que la seule et unique chose sur laquelle l’entreprise a tout le loisir d’agir, c’est le produit lui-même. Malheureusement, encore de nos jours, les firmes de recherche marketing étudient les consommateurs, ce qui explique sans doute le taux d’échec de 80% des nouveaux produits mis en marché. Le consommateur conscient des questions qui lui sont adressées et de la perception qu’il donnera de lui-même par ses réponses, il dit une chose pour bien paraître aux yeux de l’intervieweur mais, en réalité, il fait autre chose. Une décision marketing fondée sur les opinions des consommateurs (groupes de discussion/focus group, sondages) n’assurent en rien le succès de la mise en marché du nouveau produit. (Voir mon livre numérique gratuit « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université.)

Cet exemple donné de la confusion entre objet, objectif et moyen, quant est-il en philosophie ? Voici ma proposition :

  1. Objet : l’Homme (Être) ?
  2. Objectif : Conversion à un mode de vie philosophique ?
    • Prise de conscience immédiate ?
    • Révélation ?
  3. Moyen(s) : discours, dialogues et textes (méthode) ?

Si vous pensez que je me trompe, écrivez-moi à : info@philoptherapie.ca


OBJECTIF

Conversions à un mode de vie philosophique

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

La conversion en philosophie est un acte personnel qui consiste en un profond changement de regard sur soi et sur le monde. La conversion philosophique se rapproche de la conversion religieuse mais ne se confond pas avec elle.

Source : Conversion (philosophie), Wikipédia, consulté le 27 février 2024.

Les intéressés par cette conversion en philosophie trouveront différentes définitions, notamment celle de l’écrivain et philosophe Gabriel Liiceanu :

« Non, la philosophie, étrange folie, présuppose un retournement, une périagogè, un chemin de Damas. Pour faire de la philosophie il ne suffit pas d’avoir des idées générales. La philosophie n’est pas le simple prolongement d’une science que l’on envisagerait alors d’un point de vue plus élevé. On ne fait pas de philosophie avec de la psychologie mais avec de la philosophie, c’est-à-dire en partant d’un aveuglement préalable avant que ne survienne l’illumination sur le chemin de Damas qui entraîne alors une conversion, une rupture, le saut dans un autre langage, langage défini par Hegel comme celui de la raison et qui diffère de celui de l’intellect. 

Gabriel Liiceanu, Le Journal de Paltinis. Récit d’une formation spirituelle et philosophique, lire la page en ligne [archive].

Source : Conversion (philosophie), Wikipédia, consulté le 27 février 2024.

Voir mon rapport de lecture de ce livre sur ce site web
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Le philosophe Pierre Hadot est celui qui a mis au jour la philosophie comme mode de vie dans l’Antiquité chez les grecs. Il associe la philosophie à des « exercices spirituels » :

Dans la mesure même où elle est pratique d’exercices spirituels, la vie philosophique est un arrachement à la vie quotidienne : elle est une conversion, un changement total de vision, de style de vie, de comportement.

P. HADOT, Exercices spirituels, op. cit., p. 50.

Cité par Jean Greisch (Philosophe, Directeur du 3ème cycle de la Faculté de philosophie Institut catholique de Paris) dans son texte La conversion philosophique et ses effets publié dans  La philosophie dans la Cité aux Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles en 1997 (Publication sur OpenEdition Books : 28 mai 2019).

La conversion philosophie est largement discutée en raison de son importance dans l’adoption du mode de vie qu’elle recherche comme un effet sur les gens qui prêtent l’oreille à ses discours et participent à ses dialogues. Voici un extrait des premières lignes du Mémoire de Maîtrise Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique de Jonathan Naud :

Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique

Introduction

1. Problématique

Dans la recherche actuelle en philosophie ancienne, le thème de la « conversion » philosophique(1) revient fréquemment. Dans sa 6e lettre à Lucilius, Sénèque remarque que, dans sa quête de sagesse, il ne se contente pas de se corriger, mais il fait l’expérience d’une transformation(2). Comme le note Paul Veyne(3,) cette métamorphose est le fruit de la pratique de la vie philosophique. Cette idée que la philosophie entraîne un changement majeur dans la vie de tous les jours, bien qu’elle soit relevée par plusieurs chercheurs, est surtout analysée avec attention dans l’œuvre de Pierre Hadot(4) et les derniers travaux de Michel Foucault(5). En effet, leur intérêt pour ce phénomène est sans pareil dans le cercle des chercheurs contemporains.

Toutefois, malgré la présence depuis quelques années de ce thème dans un grand nombre de travaux portant sur la philosophie ancienne, la conversion philosophique a rarement fait l’objet d’une étude approfondie. Dans la très grande majorité des cas, l’existence d’une conversion philosophique est notée au passage sans que le sens de cette expression soit défini clairement. Non seulement Hadot et Foucault s’y intéressent davantage que les autres, mais ils se distinguent aussi en faisant de la conversion philosophique un objet d’étude en lui-même. Sous cet angle, leurs travaux sont d’un intérêt particulier pour celui qui souhaite mieux comprendre ce phénomène dans les écoles philosophiques de l’Antiquité.

Pourtant, malgré des affinités apparentes entre les études de Hadot et de Foucault, une lecture plus approfondie nous révèle des divergences importantes. D’une part, Pierre Hadot caractérise la conversion philosophique à l’aide de deux pôles principaux : l’epistrophê (désignant un mouvement de retour à l’origine) et la metanoia (désignant un repentir qui provoque une transformation/renaissance). Loin d’être opposés, ces deux pôles représentent plutôt deux mouvements présents à différents degrés dans les écoles philosophiques anciennes (du platonisme jusqu’au néoplatonisme) et dans le christianisme naissant. La conversion est selon lui une transformation de soi. D’autre part, Michel Foucault croit qu’il existe un troisième pôle, le « soi », qui aurait joué un rôle prédominant dans la période couvrant les deux premiers siècles de notre ère. Ce pôle aurait marqué le phénomène de la conversion au point qu’on pourrait parler, pour cette époque, d’une conversion à soi. La conversion serait alors une constitution du soi.

(…)


NOTES

(1) Par exemple : Michel Foucault, Le souci de soi, Paris : Gallimard, 1984, pp. 89-92; L’herméneutique du sujet, Paris: Gallimard/Seuil, 2001, pp. 199-219; Pierre Grimai, « Anatomie d’une conversion», Augustinus 32 (1987) : pp. 73-78; Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris : Albin Michel, 2002, pp. 223-235 et p. 290; Introduction aux « Pensées » de Marc Aurèle, Paris : LGF, 2005, p. 491; Paul Veyne, « Préface », dans Sénèque, Entretiens. Lettres à Lucilius, Paris : Robert Laffont, 1993, p. XI; André-Jean Voelke, L’idée de volonté dans le stoïcisme, Paris: PUF, 1973, p. 136.

(2) Lettres à Lucilius 6,1.

(3) « Préface », dans Sénèque, Entretiens. Lettres à Lucilius, op. cit., p. CX-CXI.

(4) Cf. « Conversion », dans Exercices spirituels et philosophie antique, op. cit., pp. 223-235; ibid., p. 290; Introduction aux « Pensées » de Marc Aurèle, op. cit., p. 491.

(5) Cf. L’herméneutique du sujet, op. cit., pp. 182-183.


NAUD, Jonathan, Le stoïcisme impérial et la conversion philosophique, Mémoire de Maîtrise, Département de philosophie et d’éthique appliquée, Faculté des Lettre et des Sciences Humaine, Université de Sherbrooke, 2010. Consulté en ligne le 27 février 2024.

Dans son mémoire , Louis Charles Fauteux se penche sur la conversion selon Plotin. Il donne cette citation tirée de l’essai de Pierre Hadot : « On entre, pour ainsi dire, en philosophie comme on entre en religion, par une conversion qui provoque un changement total d’existence. » (Hadot, P., Plotin ou la simplicité du regard, Paris, Gallimard, 1997, p. 129.)

Mais il faut sûrement tout d’abord se méfier du mot lui-même. Le mot français a un sens bien différent, une connotation religieuse évidente pour chacun, que le terme grec, du moins à l’origine, ne connaît guère.

En effet, dans le terme même de conversion se cache une certaine polysémie. À l’origine, le mot conversion, du latin conversio, signifie l’action de tourner; il désigne donc un mouvement circulaire, une révolution mais en un sens purement physique, voire astronomique. Son premier sens renvoie donc à ce mouvement qui s’apparente à la carrière des astres; il s’agit d’un mouvement régulier, naturel, périodique. Ce mot latin correspond à deux mots grecs, ἐπιστροφή, terme qui se rapproche le plus du sens premier de conversio, et μετάνοια, qui signifie changement de pensée, repentir, et implique l’idée d’une mutation et d’une renaissance. Le christianisme préférera le second ; la philosophie, le premier. On voit la polysémie du mot conversion. Il y aura toujours pour nous une tension entre ces deux pôles,

entre cette conversion qui est retour, fidélité, et nécessité et celle qui est renaissance, rupture et libération(4). Et si l’on admet que la conversion est un phénomène purement chrétien, c’est justement parce que le christianisme aura insisté particulièrement sur la conversion comprise comme μετάνοια, comme nouvelle naissance et de fait, c’est avec lui qu’apparaît un usage systématique du terme, la tradition philosophique lui préférant largement celui d’ἐπιστροφή.

Si, comme l’affirmait Bardy « l’idée d’une conversion, au sens que nous donnons aujourd’hui à ce mot, est restée pendant longtemps, peut-être jusqu’à l’avènement du christianisme, totalement étrangère à la mentalité gréco-romain (5) », cette notion d’ἐπιστροφή est tout de même largement développée par les philosophes, notamment chez les stoïciens et les platoniciens qui, dans la civilisation antique, bien plus que la religion traditionnelle, se préoccupait de la vie morale, de salut, de liberté et de bonheur, bref des questions qui à nos yeux relèvent davantage de la religion. Épictète concevait ainsi la philosophie : « C’est un cabinet médical, hommes, que l’école d’un philosophe : on ne doit pas, quand on sort, avoir joui, mais avoir souffert. Car vous n’y allez pas étant bien portants (6). » « On entre, pour ainsi dire, en philosophie comme on entre en religion, par une conversion qui provoque un changement total d’existence (7) », ajouterons-nous avec Pierre Hadot.

Et c’est au courant dit néoplatonicien que l’on doit la plus importante conceptualisation de la notion de conversion : « L’epistrophè néoplatonicienne résume toute une tradition qui, au-delà des Stoïciens, remonte à des intuitions plus primitives sur le rythme vital, notamment sur la respiration. Dans sa notion plus évoluée, l’epistrophè est la définition même de la vie spirituelle dans laquelle l’âme se replace dans le mouvement éternel de l’être : la perfection de l’être, c’est son retour vers sa propre source. En ce sens l’epistrophè est anamnèsis, réminiscence : elle mime l’unité originelle, antérieure à l’être (8). »


NOTES

(4) Tension qui s’apparente à celle que recèle l’ambiguïté d’un mot comme révolution.

(5) Bardy, G., La Conversion au christianisme durant les premiers siècles, Paris, éditions Montaigne, 1947, p. 9

(6) Épictète, Entretiens, III, 23, 30

(7) Hadot, P., Plotin ou la simplicité du regard, Paris, Gallimard, 1997, p. 129.

(8) Hadot, P., « Epistrophè et metanoia dans l’histoire de la philosophie » in Actes du XIème Congrès International de philosophie XII, Amsterdam, North-Holland Publishing Company ; Louvain, E. Nauwelaerts, 1953, p. 31-36


Fauteux, Louis Charles, La conversion chez Plotin, Mémoire de Maîtrise présenté à la Faculté des arts et des sciences en vue de l’obtention du grade de Maîtrise ès arts en sciences des religions, Université de Montréal, 2018.


« C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. »

Pierre Hadot


La pratique philosophique et le souci de soi

Même si elle s’en démarque sur des points essentiels, la pratique philosophique telle que je propose de la mettre en place doit beaucoup aux philosophies de l’Antiquité et aux travaux de Pierre Hadot, qui sut montrer la spécificité de leur approche par rapport aux philosophies contemporaines.

Pierre Hadot a montré dans ses ouvrages, que dans l’Antiquité « l’acte philosophique ne se situe pas seulement dans l’ordre de la connaissance, mais dans l’ordre du soi et de l’être : c’est un progrès qui nous fait plus être, qui nous rend meilleurs. C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. Elle le fait passer d’un état de vie inauthentique, obscurci par l’inconscience, rongé par le souci, à un état de vie authentique, dans lequel l’homme atteint la conscience de soi, la vision exacte du monde, la paix et la liberté intérieures ».

À l’instar de ce qui se passait dans l’Antiquité, celui qui s’adonne à la pratique philosophique ne se contente pas de théoriser par exemple sur les désirs naturels et les désirs vains chez Épicure, ou encore sur la joie ou la tristesse selon Spinoza, mais il examine à la lumière des concepts de ces philosophes ce qui se passe en lui.

Source : BOUCHET, Laurence (professeur de philosophie et philosophe praticienne, La pratique philosophique est-elle une thérapie ? Site web : https://www.laurencebouchet-pratiquephilosophique.com/ ), La pratique philosophique est-elle une thérapie ?, Diotime, n°70 (10/2016) .

Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.
La philosophie comme mode de vie – Faire vivre la philosophie ! Rappeler que celle-ci était d’abord un exercice, une pratique de transformation de soi, c’est-à-dire un art de vivre. Dans cette synthèse unique, l’auteur retrouve les grandes écoles antiques et enrichit son analyse de plusieurs thèmes qui ont fait l’objet de travaux érudits par Pierre Hadot et Michel Foucault. Sans équivalent dans la bibliothèque québécoise, ce livre sert désormais de référence sur le sujet. « La philosophie comme mode de vie est un ouvrage atypique qui se situe à mi-chemin entre un ouvrage grand public et un texte spécialisé. L’auteur s’y est donné l’ambitieux défi de produire un texte qui pourrait conduire le lecteur à un effort de transformation de soi. » Benoît D’Amours, Laval théologique et philosophique, 70-2, 2014.

Pour souligner la portée pratique du savoir philosophique, analysons un dernier extrait. Notre passage est tiré de la Lettre VII de Platon dont le contexte est le suivant. Platon fit trois voyages à Syracuse : un premier, lors duquel il se lia d’amitié à Dion et affronta le tyran Denys ; les deux autres, à la demande de Dion, pour former son fils, Denys II, à la philosophie. Le dernier voyage, toutefois, s’expliquait plutôt mal, car Platon était hostile au despotisme du tyran et la mission de conseiller politique était devenue périlleuse. D’où la nécessité de justifier son action. Comme dans le premier extrait, nous avons affaire ici à une justification de la vie philosophique. Mettant l’accent sur la tâche que se prescrit le philosophe, Foucault rappelle que Platon voulait se montrer capable de passer à l’action, prouvant ainsi que la philosophie n’est pas qu’un discours (24). La question est la suivante : à quelle condition Platon peut-il réussir à convertir Denys II à la philosophie ? Pour faire comprendre toute la difficulté à laquelle il s’attaquait, Platon a établi dans le passage qui suit une comparaison entre le conseil philosophique et celui du médecin :

Quand on donne des conseils à un homme malade et qui suit un mauvais régime, la première chose à faire pour le ramener à la santé est de changer son mode de vie. et si le malade accepte d’obéir, il faut dès lors lui faire d’autres recommandations. en revanche, s’il refuse, celui qui renoncerait à conseiller un tel malade, je le tiendrais pour un homme et pour un médecin ; mais celui qui se résignerait, je le tiendrais au contraire pour quelqu’un qui n’est ni un homme ni un médecin. et il en va bien de même pour une cité, qu’elle ait à sa tête un seul homme ou plusieurs. S’il s’agit de conseiller […] un régime politique qui suit comme il convient la bonne voie, donner ces conseils aux dirigeants d’une telle cité serait le fait d’un homme de bon sens. Mais s’il s’agit de conseiller des dirigeants qui s’écartent tout à fait d’un régime politique correct […] celui qui se résignerait à donner ce genre de conseils, je le tiendrais pour quelqu’un qui n’est pas un homme […] Voilà donc l’état d’esprit qui est le mien quand quelqu’un vient me demander conseil sur un des points les plus importants de sa vie […] (25)

Que retenir de ce passage ? Il en va en politique comme en médecine et en philosophie. Le politique, s’il veut être conseillé par le philosophe, devra changer son régime de vie, sinon, comme le fait le médecin, le vrai philosophe cessera de lui prodiguer ses conseils. La portée réelle ou l’utilité de la philosophie devrait conduire à un changement de vie. Platon a cherché à obtenir un tel effet sur Denys le Jeune ; il espérait une conversion, il s’attendait à ce que son discours soit écouté, mis en pratique puis intégré à l’existence(26). La conclusion qui s’impose est celle-ci : on ne peut réduire la connaissance philosophique à une stricte argumentation ni à un simple discours, car celle-ci vise à un effet pratique.

DESROCHES, Daniel, La philosophie comme mode de vie, Chapitre I – À la croisée des chemins, Presses de l’Université Laval, 2014, pp.21-22.

Mode de vie et conscience

Nous n’avons pas conscience de notre mode de vie par manque de recul face à notre vie. Quelques questions peuvent surgir sous la pression sociale et forcer la prise de conscience de quelques aspects de notre mode de vie. C’est notamment le cas de l’impact de notre mode de vie sur l’écologie, l’environnement, la Nature, la consommation… Mais rares sont les prise de conscience impromptues sur le rapport de notre mode de vie avec soi-même. À la fois lié en partie à nos réactions involontaires, en partie à notre conscience et en partie à notre inconscient, notre mode de vie s’inscrit dans un spectre très large, celui de notre civilisation et de sa culture.

Ainsi faut-il que la philosophie comme mode de vie soit aussi comme un mode de vie de la conscience, en à la conscience. Il ne s’agit pas de la vie intellectuelle mais du mode de penser de la conscience dans son mode de vie. Après la conversion à un mode de vie philosophique, nous ne penserons plus comme avant. Car être révélé à soi-même implique nécessairement une prise de recul immédiate qui change tout en sa conscience.

Un mode de vie philosophique subjectif

La philosophie n’est pas objective mais subjective. Elle nous appelle subjectivement et nous y réagissons subjectivement. Cette subjectivité incontournable modèle nos perceptions et nos réflexions au sujet de la philosophie. Autrement dit, le mode de vie philosophique est subjectif et permet ainsi une adaptation personnalisée.

La conversion n’est que le commencement du voyage vers SON mode de vie philosophique. La personne se retrouve sur le quai de la gare. Elle doit choisir une destination et choisir son train en fonction de l’itinéraire. Le voyage est soit personnel soit organisé (en groupe). Dans ce dernier cas, il s’agira d’une conversion à l’une ou l’autre des écoles de penser philosophiques, à un mode de vie prêt à porter. Elle rejoindra une communauté. Dans le cas d’un voyage personnel, seule en charge, la personne choisira non seulement une destination et son itinéraire mais aussi son moyen et sa vitesse de déplacement pour atteindre son but. Elle peut faire le tour des différentes écoles de penser et s’en inspirer ou non pour bâtir son propre mode de vie philosophique. Dans tous les cas la démarche demeure subjective.

L’honnêteté avec soi-même pour contrer le risque de dérapage

La conversion, pour qui en est témoin, comprend une sérieux risque de dérapage. On veut convertir tout le monde autours de soi voire le monde entier ! La conversion, toute conversion, peut s’accompagner d’un élan de folie. Et se buter au refus de ses proches peut entraîner une coupure radicale du lien avec ces derniers. Si entrer en philosophie, c’est comme entrer en religion, il faut éviter le sectarisme où cet élan de folie sera encouragé et maintenue à son plus haut et permettra ainsi la manipulation, la perte de la liberté.

Je ne vois qu’un seul moyen de réduire ce risque de dérapage à sa plus simple expression : faire preuve d’honnêteté envers soi-même pour rester maître de soi-même. Comment ? En prenant conscience de ses limites de la connaissance de soi, de ses croyances, de ses pensées et de ses valeurs et respecter ces limites. La conversion n’est pas une invitation à se lancer à corps perdu dans une croisade et, d’ailleurs nous n’en avons jamais les moyens dès le départ.

Changement de comportement

Cette conversion implique d’emblée un changement de comportement. On trouve plusieurs études au sujet du changement de comportement en différentes disciplines et de multiples contextes. Or, ces études n’offrent pas la clé du changement de comportement.

Le changement de comportement implique soit un long processus de travail sur soi, souvent sans fin ultime, soit un processus quasi instantané, sans effort particulier.

Il faut donc revenir à l’essentiel en se limitant à observer ce qui entraîne les changements de comportement chez un individu. Selon le chercheur américain en étude des motivations, Louis Cheskin, dont j’ai personnellement expérimenté la méthode pendant 5 ans auprès de différentes entreprises québécois, le changement de comportement intervienne à la suite :

    • d’une révélation;

ou

    • d’un traumatisme.

RÉVÉLATION

Phénomène par lequel une réalité cachée ou ignorée se manifeste, s’impose soudainement à la conscience ou à la connaissance; prise de conscience immédiate, découverte par voie d’intuition, d’inspiration, d’illumination. Cette espèce d’instinct, plus sûr que le raisonnement, qui, par une révélation intime, soudaine, profonde, donne à chacun comme la vive intuition de ce qui est au fond de toutes les âmes (Lamennaisds L’Avenir, 1831, p. 351).[Une impression] si particulière, si spontanée, qui n’avait été ni tracée par mon intelligence, ni atténuée par ma pusillanimité, mais que la mort elle-même, la brusque révélation de la mort, avait, comme la foudre, creusée en moi, selon un graphique surnaturel, inhumain, comme un double et mystérieux sillon (Proust,Sodome, 1922, p. 759).

Révélation – Ortolang – Outils et Ressources pour une Traitement Optimisé de la LANGue, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale (CNRTL), consulté le 28 février 2024.


TRAUMATISME

Quant au traumatisme, en terme médicale, il s’agit d’un « Ensemble de manifestations locales ou générales provoquées par une action violente sur l’organisme », et en terme psychologique, d’un « Violent choc émotionnel provoquant chez le sujet un ébranlement durable » (GDEL). Traumatisme affectif, psychologique, psychique. »

Traumatisme –  Ortolang – Outils et Ressources pour une Traitement Optimisé de la LANGue, Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale (CNRTL), consulté le 28 février 2024.).


La révélation contenue dans un dialogue, un discours ou un texte engendrera une prise de conscience immédiate et suivra le chemin habituel dans le cerveau de l’individu le conduisant à un changement de comportement tout aussi immédiat. Au départ, les sens entrent en jeux, suivis par la perception qui résulte des sensations, acheminée ensuite au schéma de références de l’individu, puis une é-motion et une motion (comportement). Le comportement demeure un acte physique. Un mode de vie philosophique relève aussi de l’adoption d’un comportement physique, dans ce cas précis, facilité par la prise de conscience immédiate engendrée par la révélation ou le traumatisme. La cohérence entre le comportement de l’esprit et celui du corps émerge comme un allègement drastique des difficultés connus des changements de comportement volontaires et travaillés de longue haleine.

Le changement de comportement, dans le cas d’une révélation ou d’un traumatisme, est donc involontaire; il ne s’agit pas d’une décision volontaire même si on pourra le justifier comme tel pour expliquer après-coup son changement de comportement.


MOYENS

Discours, dialogues, textes

La philosophie dispose de trois moyens principaux pour parvenir à cette fin : le discours et le dialogue et les textes.

1- Discours

J’ai animé plus de 350 conférences en éducation aux médias de 1983 à 1987 devant plus 35,000 personnes, majoritairement des adolescents fréquentant les écoles secondaires québécoises. Je poursuivais deux objectifs, le premier très officiel présenté aux autorité scolaire, le second. plus subtile, visait un changement de comportement par une prise de conscience immédiate. L’objectif officiel était simple : développer le sens critique des jeunes face aux médias, y compris la musique qu’ils aiment, cette dernière étant classé parmi les médias. Le second objectif, plus subtil, non déclaré, ciblait le comportement même des jeunes face à eux-mêmes, leurs valeurs et leur vie en société.

La conférence la plus populaire s’intitulait « La musique Rock et la déformation de l’information ». Je commençais chaque conférence en donnant le choix aux jeunes entre une conférence laïque ou une conférence confessionnelle chrétienne. À cette époque, bon nombre de groupes Rock progressif et Heavy Metal parlait dans leurs chansons de l’enfer, du diable, du 666 de l’Apocalypse et autres sujets tirés de la bible. Je promettais aux jeunes d’expliquer ces références à la bible uniquement dans la conférence confessionnelle chrétienne. Il va sans dire que les jeunes préféraient cette approche dans l’espoir de comprendre toutes ces références bibliques.

Je devais prendre les jeunes et les amener du point A au point Z, non pas comme on le fait d’habitude en se limitant à une démarche du point A au point B. En me rendant jusqu’au Z, je m’assurais d’une démarche complète, c’est-à-dire avec une prise de conscience immédiate par RÉVÉLATION d’eux-mêmes sur eux-mêmes. Et j’ai eu la confirmation du changement de valeurs et de comportement de plusieurs jeunes à la lecture du courrier qu’il m’adressait, travail exigé par les écoles à la suite de mon passage.

Mais une telle intervention auprès des jeunes ne se fait en 45 minutes, temps généralement alloué à une période de cours. J’exigeais des écoles une dispense de 2½ heures de cours. Plusieurs directeurs d’école me disaient que leurs élèves ne tiendraient pas en place au cours d’une si longue conférence puisqu’ils s’agitaient déjà au bout de 20 minutes dans leur période de cours de 45 minutes. Une seule directrice d’école ne m’a pas accordé les 2½ heures nécessaires pour une conférence complète. Elle insistait sur une conférence de 45 minutes. Alors au bout de 45 minutes de conférences, j’ai demandé aux jeunes s’ils voulaient que je poursuive la conférence où que j’y mette fin. Tous les jeunes ont demandé la suite de la conférence jusqu’à la fin. La directrice de l’école a été forcé d’accepter.

Pour animer une conférence de 2½ heures, debout et en mouvement sur la scène de l’auditorium ou dans le gymnase de l’école, je me devais d’attirer l’attention, la retenir, et ceci fait, je pouvais communiquer avec les jeunes.

Pour y parvenir, la conférence devenait rapidement spectacle parce que j’actais mes propos, un atout de plus dans ma poche. Aussi, je projetais de nombreuses diapositives sur écran et je faisais entendre de nombreux extraits de la musique dont j’entretenais les jeunes.

La conférence tenait en deux volets, juxtaposés. Le premier concernait la déformation de l’information. Je prenais en exemple un article de presse, souvent sensationnel, et je remontais à la source en prenant les articles précédant jusqu’au journaliste à l’origine de la première publication de la nouvelle.

Plus de 9 mois de recherche et 5,000$ CAD avaient été nécessaires pour une solide démonstration de la déformation de l’information par les médias… suivant leurs lignes éditoriales et leurs valeurs.

Le second volet concernait les jeunes eux-mêmes à savoir si leurs valeurs dans le choix de leur musique étaient bel et bien alignées sur leurs comportement. Et c’est aux moments d’aborder la question des valeurs, avec beaucoup d’humour, que je parvenais à une prise de conscience immédiate, à une révélation d’eux-mêmes à eux-mêmes.

En 1983, j’étais âgé de 23 ans et ce fut la première expérience de ma vie avec un impact réel sur les comportements, en l’occurrence, celui des jeunes et de leurs parents. Car la conférence à l’école le jour était suivie d’une autre conférence, le soir, pour les parents. Et si les jeunes voulaient aussi assister à la conférence en soirée, ils devaient obligatoirement être accompagnés de leurs parents.

Les jeunes et leurs parents avaient droit au chapitre, sous mes ordres. Je pointais régulièrement des jeunes et des parents en particulier au cours de ma conférence afin de les questionner, de les confronter.

Je ne tolérais aucun échange entre leurs jeunes pendant la conférence, qui j’arrêtais volontiers pour ramener à l’ordre ceux qui ne respectaient pas la consigne. « Si vous parlez en même temps que moi, vous n’entendais pas ce que j’ai vous dire et vous allez peut-être raconter des conneries à mon sujet en sortant de la salle » disais-je. Je n’acceptais pas également qu’un jeune envisage de passer 2½ heures avec moi avec son manteau sur le dos, c’était souvent le cas de gars en veste de cuir : « Tu vas finir par avoir chaud. Tu vas te tortiller sur ta chaise pour enlever ton manteau. Tu sera en sueur et ce ne sera pas de bonne odeur pour tes voisins. Enlève-le donc maintenant avant que je commence ». Et les jeunes s’exécutaient avec un sourire aux lèvres face à mon comportement tout autant hautain qu’arrogant. Bref, je prenais l’auditoire à bras de corps.

Pourquoi je témoigne ici de cette période de ma vie de jeune adulte conférencier ? Pour souligner l’importance du discours et de sa structure, des émotions et des attitudes, nécessaires pour provoquer une prise de conscience immédiate. Je le constatais non seulement dans leurs écrits mais aussi à leurs commentaires et leurs questions à fin de la conférence alors que plusieurs se massaient devant la scène.

« Je ne te parle pas. Je parle à ton cerveau. Il me semble plus intelligent que toi » dis-je parfois à un jeune ou un parent dans la salle.

Communiquer en livrant son témoignage personnel et transmette des informations vérifiées et vérifiables ne suffisent pas pour tenir un discours philosophique.

Il n’y a pas de recette pour bâtir et tenir un discours philosophique initiatique d’une prise de conscience immédiate et engendrer une révélation si ce n’est de très bien connaître son auditoire et sa culture. J’oubliais, il faut aussi avoir vécu soi-même un telle prise de conscience immédiate et une telle révélation pour parcourir de le chemin du A à Z et animer à une grande force de conviction.

Le discours peut être tenu à une seule personne. Un jour, dans la vingtaine, je fais une nouvelle rencontre avec une personne qui deviendra un ami. Il me témoigne de sa quête d’un sens à sa vie, une quête sans queue ni tête, dans un désordre complet, sautant du Discours de la méthode de Descartes à L’imagination constructive : principes et processus de la pensée créative et du brainstorming de Alexander Faickney Osborn à La dianétique du fondateur de la Scientologie L. Ron. Hubbard à… Il s’entourait de livres de toutes sortes, pèle-mêle dans son chambre devenue un véritable salon de lecture. Un désordre tel y régnait que je ne pouvais que me l’expliquer par un désordre similaire en son esprit.

Nous voulions mieux nous connaître et un soir il me laissa la parole. Je lui ai tenu un discours qui racontait ma vie et l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience dans un tel ordre qu’il fut épaté après seulement seulement une trentaine de minutes. Je lui ai alors proposé de nous trouver un endroit où je pourrais poursuive mon histoire. Il me proposa le chalet d’été de sa famille. Nous étions en plein hiver et pour atteindre ce chalet, sans isolation, il fallut traverser à pied un grand lac gelé, balayé par un vent de grand froid et des bourrasques de neige. Nous sommes arrivés au chalet complètement gelé. Seul un tout petit poêle à bois permettait d’envisager de nous réchauffer. Nous avons donc allumé un feu de bois qui s’avéra peu efficace. Nous nous sommes donc installés en plaçant nos chaises tout près de ce poêle à bois, emmitouflé de plusieurs couvertures qui ne nous empêchaient pas de temps en temps de grelotter. Je lui ai tenu un discours sur ma vie, son organisation, l’histoire et le classement de mes idées, suivant rigoureusement, par chaque chapitre, introduction-développement-conclusion. Mon discours a duré huit heures sans arrêt, si ce n’est des pauses pipi. Puis, nous sommes allés nous coucher. Au levée, il ne dit pas un mot sur mon discours. Il semblait estomaqué. Le seule échange fut pour orchestré notre retour en ville. Au cours de voyage, il ne dit toujours pas un mot et je me suis joint à lui dans son silence.

Lors de la rencontre subséquente, il me témoigna de son étonnement admiratif envers l’organisation de mes pensées et l’historique rigoureux de la vie de mes idées dont j’avais fait la démonstration dans mon discours. Il avait eu une révélation. Tout le monde n’était pas perdu dans ses pensées. Toute le monde ne menait pas une vie de l’esprit désorganisée. Il entreprit de faire le ménage dans sa vie, y compris dans son esprit. Bref, il changea de comportement.

Mais il rencontrait une énorme difficulté : il ne savait pas dire non, se dire non ! Le classement de ses idées et des informations dont il disposait de par ses lectures semblaient impossible, surtout sur le plan des valeurs.

Lorsqu’une personne ne sait pas se dire non, on ne peut pas être directif, c’est-à-dire lui dire à quoi dire, et on peut pas dire non à sa place. Jusque-là, j’avais 20 ans, le seul moyen dont je disposais pour apprendre à une personne à dire, c’était de me sacrifier, de m’offrir comme source d’un non décisif. Bref, j’amenais la personne à me dire non dans l’espoir qu’elle en tire une prise de conscience profonde et durable dans le temps, quitte à la perdre comme ami. Mon seul arme : lui dire la vérité sur elle-même ou sévir avec une critique telle que la personne me dira non. Et je n’y allais avec le dos de cuillère, avec des grenades ou des missiles, mais plutôt avec une bombe nucléaire. Bref, je violais l’esprit de la personne jusque dans ses valeurs et convictions les plus profondes, existentielles. Évidemment, la personne me servait un NON retentissant. Elle venait d’apprendre à dire non. Mais elle mettait fin sur-le-champ à notre amitié. Est-ce que cet apprentissage fut mis à profit par la suite ? Je ne sais. J’ai appris qu’il avait choisi un seule voie, celle de La dianétique du fondateur de la Scientologie L. Ron. Hubbard, ce qui impliquait d’avoir dit non à toutes les autres voies qu’ils exploraient. Je n’approuvais pas ce choix mais il n’en su rien. Je n’ai donc pas relevé le défi de lui apprendre comment faire des choix éclairés parce que je ne me sentais pas à la hauteur face à sa conversion religieuse (scientologie).

2- Le dialogue un à un

Parler à la fois de « dialogue » et de « philosophie » nous conduit dans l’ornière du dialogue socratique fondé sur le questionnement de l’Autre jusqu’à ce qu’il se contredise et admettre enfin qu’il ne sait pas vraiment de quoi il parle, qu’il est ignorant de ce dont il parle, point de départ pour que l’Autre se mette enfin à la recherche de ce qu’il ignore sachant maintenant qu’il a conscience de qu’il ignore.

Je ne suis pas un adepte de cette pratique du dialogue socratique, du moins ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une technique rigide voire dogmatique. Je l’ai expérimentée à trois reprises avec différents philosophes praticiens et je n’ai pas aimé le traitement qui me fut réservé.

Le recours à des questions fermées avec deux choix de réponses (oui ou non), la répression de mon être émotionnel, l’interdiction de se justifier au-delà d’une seule phrase et de se référer à l’historique de son idée, à son passé, font de cette pratique contemporaine du dialogue socratique qu’il perd sa nature même de dialogue. 

Cabinet du Dialogue Socratique

COMMENT ÇA MARCHE :

Actualisée, la maïeutique antique de Socrate prend aujourd’hui la forme d’une technique visant à poser de BONNES questions au BON moment et à analyser mot par mot / élément par élément les réponses reçues en retour dans le but de relever les contradictions, identifier le fond du problème et prendre conscience des moyens de sa résolution. Il s’agit du processus de prise de conscience où votre réflexion se libère de la piège émotionnelle devenant ainsi lucide et rationnelle. La solution de votre problème vient ainsi à vous comme une évidence. Ce n’est pas votre inconscient qui m’intéresse, c’est votre pleine conscience. La technique socratique n’a rien à voir avec la psychanalyse, ni avec la programmation neurolinguistique type PNL, ni avec les pratiques énergétiques ou spirituelles, cela relève uniquement du domaine de la psycho-linguistique et de la philosophie pratique veillant sur la lucidité, la logique et la cohérence entre les pensées et les mots utilisées.

Source : Cabinet du dialogue socratique, Anna Gichkina, je suis psycho-linguiste et philothérapeute spécialisée en maïeutique et en philosophie du langage, diplômée (PhD) de l’Université Sorbonne ainsi que de l’Université Pomorsky d’Arkhangelsk et de l’Institut des Pratiques Philosophiques de Bourgogne. Aujourd’hui, mes compétences professionnelles sont régulièrement remises à niveau en collaboration avec l’Université VolGu de Volgograd et l’Institut des Pratiques Philosophiques

Le dialogue implique explicitement un échange libre et respectueux de votre Être tout entier, votre Être raisonné et votre Être émotionnel. Ce ne fut pas le cas. Je n’ai pas joui d’un échange libre et respectueux. Être questionné ne me dérange pas, au contraire, j’aime bien chercher les fondements de mes pensées, des réponses à des questions existentielles, constater que je fais des erreurs de pensée, que je me trompe… Mais je déteste la répression agressive par limitations de ma liberté de parole lors d’une discussion car, dans ce cas, il n’y a pas un véritable dialogue

2. Les caractéristiques du dialogue philosophique

Le mode d’énonciation du dialogue philosophique s’apparente à celui du théâtre. Il appartient au discours. La forme du dialogue philosophique est cependant plus libre, moins soumise au découpage strict des scènes et des actes.

Le dialogue constitue l’essence même de la démarche philosophique. En effet, ne disposant d’aucune certitude absolue, la philosophie se déploie comme un jeu de questions et de réponses constituant des thèses perpétuellement ré-examinées et re-questionnées.

Il y a plusieurs types de dialogues philosophiques.

a. Le dialogue dialectique

Dans le dialogue dialectique, les interlocuteurs sont égaux. Leurs arguments se complètent au fil du discours et ils parviennent, à la fin, à faire émerger la vérité.

b. Le dialogue polémique

Dans le dialogue polémique, deux points de vue diamétralement opposés s’affrontent.

La recherche de la vérité n’est pas l’objet de ce type de dialogue. Il est plutôt question de l’emporter sur l’autre.

c. Le dialogue didactique

Le dialogue didactique ressemble au dialectique, mais les deux interlocuteurs ne sont pas égaux : l’un en sait plus que l’autre et lui transmet son savoir par le biais du dialogue.

Source : Le dialogue philosophique, myMAXIVOURS, Les éditions Bordas, consulté le 29 février 2024.

Dans sa pratique contemporaine du dialogue socratique, le philosophe praticien ne se donne pas la peine de repérer la style interpersonnel de son client. Il lance un dialogue indifférencié ou inadapté à son client. Je soupçonne qu’ils ne savent pas comment le faire. On n’aborde pas une personne dans son cabinet de consultation philosophique en le renvoyant d’emblée dans les cordes.

J’ai travaillé dans les médias d’information à titre de chroniqueur, journaliste et rédacteur en chef invités à plusieurs occasions tout au long de ma vie professionnelle. Je connais bien les techniques d’interrogation journalistique, notamment, celle voulant qu’on ne prépare qu’une seule question, les autres s’attachant à la réponse de l’interviewé. Or, il ne me serait jamais venu à l’idée d’apostropher mon hôte, de réprimer ses émotions, de limiter sa liberté de parole, de l’empêcher de me répondre à sa guise, bref, de se révéler à moi.

Et c’est bien là tout le problème du dialogue socratique : il se tient sans que le philosophe praticien permette à son client de se révéler dans son mode de pensée. L’objectif du philosophe praticien est de vous pousser à la contradiction dans l’espoir d’une prise de conscience de votre ignorance sur la base de cette contradiction.

Est-ce encore pertinent de nos jours de diagnostiquer la contradiction comme une ignorance dans une relation d’aide ? Apprendre que je me contredits ne m’aide pas réellement. Me voilà avec un problème de plus : je suis ignorant. Comment puis-je trouver la motivation nécessaire dans cette prise de conscience qui ne révèle qu’un fait objectif me concernant pour me mettre à recherche de la réponse à ma question existentielle ? Je me trompe et puis après. Dois-je comprendre de mon erreur que je suis ignorant pour autant ? Tout le monde se trompe et se contredit, souvent sans le savoir. Or, si le dialogue socratique n’a pour but que de me faire prendre conscience que je me trompe, je le sais déjà, et que je suis ignorant, c’est admissible aisément et en toute logique sur tout ce que je ne connais pas.

Je suis ignorant à l’instar du philosophe praticien devant moi.

« Je sais que je ne sais rien. » – Socrate

Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien (en grec ancien : ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα hén oȋda hóti oudèn oȋda, et en latin « scio me nihil scire ») est une maxime attribuée par Platon au philosophe grec Socrate. Elle se trouve dans l’Apologie de Socrate (21d), dans le Ménon (80d 1-3) et dans Hippias mineur (372b-372d).

Elle est également connue sous la citation « Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence » et sous sa traduction littérale du grec ancien : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » ou « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

Source : Je sais que je ne sais rien, Wikipédia, consulté le 29 février 2024.

Dans sa pratique du dialogue socratique, le philosophe praticien présuppose que son client prend pour vrai ce qu’il pense, qu’il croit en ce qu’il sait, et s’avance ainsi dans sa vie… dans l’ignorance dont il n’a pas conscience. Croire dans ce que je pense parce que je le pense et/ou croire en ce que je sais, ne relève pas de l’ignorance mais d’erreurs de pensée, de biais cognitifs et, surtout de l’absence de tout doute et de son bénéfice.


Commettez-vous des erreurs de pensée ?

Les dix distorsions cognitives selon David D. Burns, M.D., Être bien dans sa peau

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    1. L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    2. L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Bien sûr, apprendre que je me contredits peut soulever un doute sur ce que je crois savoir. Mais ce n’est pas par ignorance mais plutôt par manque de cohérence, de logique. Et entre en jeu la confiance en moi, en « mon » savoir. Le dialogue socratique revient à dire à la personne qu’elle ne peut pas ou plus se faire confiance et faire confiance en son savoir.

Le dialogue socratique dirige une lumière directement dans les yeux de la personne interpelée alors qu’elle vit dans le noir. Le seul effet est de l’aveugler, de la blesser, et d’éveiller ses mécanismes de défenses involontaires et inconscients. Cet aveuglement ne réveille pas l’intelligence afin qu’elle se mette à recherche de la vérité.

Avant d’être un mode de vie, la philosophie est d’abord et avant un mode, une manière de penser. C’est cette manière de penser qui cause problème au départ et qui doit avant attirer et retenir l’attention du philosophe praticien. Il ne doit pas non plus de concentrer sur sa technique de questionnement mais plutôt sur la personne avec laquelle il veut lancer un dialogue.

Personnellement, je questionne l’intelligence émotionnelle des philosophes praticiens dans la pratique du dialogue socratique, une pratique dogmatique.

Je le répète depuis l’âge de 15 ans : « La lumière entre par les failles ». Créer un faille dans la manière de pensée s’accompagne d’une très grande responsabilité dans le soin de la personne ainsi éclairée, aveuglée. On ne déstalise pas une personne en son esprit sans lui tenir fermement la main pour lui éviter une chute subitte en elle-même.

La FAILLE dont je parle, c’est le DOUTE et il suffit à la tâche. Également lié à la confiance en soi, le doute peut la renforcer. « Je peux avoir confiance en moi car je doute. » « Je ne peux pas avoir confiance en moi car je suis ignorant. » « Si je doute, je peux alors en tirer le bénéfice. » Les philosophes praticiens connaissent-ils le bénéfice du doute ? La réponse se trouve chez tous ceux et celles qui ont érigé le doute en principe nécessaire, obligatoire, à toute connaissance. Le bénéfice du doute, c’est la certitude d’une connaissance jusqu’à cette dernière soit détrônée par une connaissance en plus certaine. Ainsi avance la science. « La connaissance se construit sur la destruction du déjà-su, ce qui implique un doute systématique de toute connaissance, opinion, croyance.

C’est la révélation par l’adhésion au doute, plutôt que par prise de conscience de mon ignorance.

Il ne faut pas oublier que Socrate croyait que le savoir se cachait en soi et que faire accoucher les esprits visait à retrouver ce savoir en soi.

La maïeutique est au cœur de la philosophie socratique. En effet, elle se définit comme l’accouchement des esprits. Par le biais de questionnements, l’esprit du questionné parvient à trouver en lui-même les vérités.

La maïeutique est donc l’art d’accoucher les esprits, de leur faire enfanter la vérité. Socrate en philosophe affirme que chacun porte en lui le savoir, sans en avoir conscience. Le questionnement vise à se faire ressouvenir, c’est la fameuse théorie de la réminiscence. Ceci est bien sûr fondé sur la thèse de l’immortalité de l’âme. Puisque l’âme est immortelle, elle détient déjà tous les savoirs.

Source : La maïeutique selon Socrate, La-Philo, consulté le 29 février 2024.

C’est une hypothèse dont on doit douter en l’absence de preuve. Personnellement, j’ai acquis trop de connaissance et de savoir de l’Autre pour m’en reconnaître la source. Je ne crois pas que je porte en moi le savoir sans en avoir conscience. Je ne crois plus à la théorie de la réminiscence et que théorie Le questionnement vise à se faire ressouvenir. Je n’adhère pas à la thèse de l’immortalité de l’âme. L’idée que l’immortalité de l’âme lui confère déjà tous les savoirs ne me séduit pas davantage.


Différence entre savoir et connaître

Sur le plan sémantique, connaître, c’est avoir la connaissance de l’existence d’une chose, c’est l’identifier, la tenir pour réelle; tandis que savoir, c’est avoir une connaissance approfondie d’une chose qui résulte d’un apprentissage, c’est avoir dans l’esprit un ensemble d’idées et d’images constituant des connaissances à propos de cet objet de pensée.

Généralement, savoir implique une connaissance plus approfondie et plus rationnelle que connaître.

Source : Différence entre savoir et connaître, Banque de dépannage linguistique, Office québécois de la langue française, consulté le 29 février 2024.


Le doute témoigne de l’honnêteté de l’homme envers lui-même. Ainsi, je doute des bénéfices réels de la maïeutique par honnêteté envers moi-même. » Je rejette dont l’idée à que tout le savoir ne se retrouve pas en mon âme. Socrate se croyait investi de dieu, ce n’est pas mon cas. Dans mon univers intérieur, je crois que tous les dieux sont des inventions de l’homme.

Revenons au dialogue un à un comme moyen de conversion au mode de vie philosophique. Dois-je douter de moi lorsque je me contredis ? Est-ce que ma valeur d’homme s’en trouve diminué ? On saura vite me répondre qu’il s’agit, non pas de douter de soi, mais plutôt de douter de notre savoir. En théorie, certainement, en pratique, rien n’est moins certain. Je ne suis pas convaincu que la prise de conscience de mes contradictions lors d’un dialogue socratique soit purement objective et, par conséquent, traitée raisonnablement, sans influence subjective. Toute prise de conscience a sa part d’affect.

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objecti­vement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous appa­raissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Toute perception est subjective même si je la considère objective. Le dialogue de un à un implique un échange subjectif. C’est pourquoi le philosophe doit absolument tenir compte de la subjectivité de son client et de sa propre subjectivité. Une demande de consultation philosophique trouve sa motivation dans la subjectivité du client, dans la compréhension subjective de son besoin. Et c’est à ce besoin qu’il faut d’abord répondre.

Les styles interpersonnels

Permettez-moi de revenir sur mon affirmation : « Dans sa pratique contemporaine du dialogue socratique, le philosophe praticien ne se donne pas la peine de repérer la style interpersonnel de son client. Il lance un dialogue indifférencié ou inadapté à son client. Je soupçonne qu’ils ne savent pas comment le faire. »

En 1992, à l’âge de 34 ans, mon statut de travaileur autonome ne suffisait plus à tâche pour livrer concurrence; il me fallait fonder une compagnie. Ne sachant pas comment procéder, je me suis incrit à un cours – concours d’entrepremeurship. Je fus surpris par le titre du premier cours « Connaissance de soi ». Je m’attendais à un cursus strictement administratif et légal couvrant aussi les études de marché, les études de mise en marché (marketing et publicité)… mais jamais sur la « Connaissance de soi ». Après tout, ne faut-il pas savoir, dès le départ, quel type d’entrepreneur je suis pour aller plus loin.

J’arrivais dans ce cours traumatisé par une expérience inédite depuis mes premiers pas à titre de travailleur autonome depuis quinze ans. Une compagnie venait de me voler un contrat haut la main. J’avais l’impression d’avoir été frappé par un train et de ne plus être moi-même, dissais-je à la professeur du cours « Connaissance de soi ». Elle me répondit que je venais sans doute de changer de style interpersonnel en raison de ce traumatisme.

L’une des séances de ce cours traitait justement des styles interpersonnels selon Larry Wilson. Il nous fallait découvrir le style interpersonnel de chacun des participants au cours, des entrepreneurs en herbe. Un graphique devait nous y aider, le voici :

Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l'expansion de votre entreprise, Centre de création et d'expansion d'entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l'une est datée de 1992 et l'autre de 2004, soit 12 ans d'écart. À force de chercher, j'ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu'aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd'hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.
Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise du Centre de création et d’expansion d’entreprises (C.C.E.E.) du Collège de Limoilou en juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l’une est datée de 1992 et l’autre de 2004, soit 12 ans d’écart. À force de chercher, j’ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu’aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd’hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.

L’exercice consistait à presser de questions chaque participant afin qu’il atteigne son rythme régulier d’élocution. Nous n’avions qu’une minute par participant pour déceler son style interpersonnel.

Un rythme d’élocution lent, nous laissait le choix entre Analytique ou Aimable tandis qu’un rythme d’élocution rapide nous laissait le choix entre Fonceur ou Expressif. Pour effectuer ce choix, nous devions déceler si le niveau d’émotion dans le langage du participant. Un niveau d’émotion bas nous laissait le choix entre Analytique ou Fonceur tandis qu’un niveau d’émotion élevé nous laissait le choix entre Aimable ou Expressif. Au final, nous devions déterminer si le participant, dans ses réponses, donnait la Priorité à la tâche ou Priorité à la Personne.


Pour trouver le style d’un interlocuteur, il s’agit d’identifier, dans un premier temps, le débit de son élocution sur une échelle de 4 niveaux :

Débit lent (1, 2) : Styles « Aimable » et « Analytique »,

Débit rapide (3, 4) : Styles « Expressif » et « Fonceur ».

Dans un deuxième temps, on observe le mode de fonctionnement spontané de l’individu qui consiste à prioriser soit la « tâche » ou la « personne ».

Les styles « Aimable » et « Expressif » priorisent la PERSONNE.

Les styles « Analytique » et « Fonceur » priorisent la TÂCHE.


Mon tour venu, moi qui avait réponse (opinion) à tout, je prenais bien involontairement un temps de réflexion de quelques seconde avant de répondre. Ce n’était pas le moi que je connaissais. Par contre, on m’attribua « Priorité à la tâche », et je m’y reconnaissais. Et les participants dire de moi que j’étais Analytique. J’étais étonné parce que je ne connaissais qu’un style personnel en affaires : le Fonceur. Moi, je foncais et cela m’avait réussi jusqu’à ce qu’une compagnie me soustire un contrat. Je croyais qu’il me suffirait de fonder une compagnie pour être d’égal à égal avec la concurrence. Je me trompais.

Catégorisé parmi les Analytiques, à la fin du cours, je demandai à la professeur, consultante en ressources humaines de son métier, pourquoi je passais, selon moi, de Fonceur à Analytique. Je ne me reconnaisas plus. C’est là qu’elle profita de l’occasion pour m’explique que mon expérience tramatique des mois précédents m’avait sans doute permutée de Fonceur à Analytique. Non seulement, je venais de découvrir qu’il y avait d’autres styles mais je n’avais celui que je croyais avoir eu toute ma vie jusque-là.

Il nous fallait déceler le style interpersonnel de chacun des participants en une minute pour agir de même et dans le même temps avec nos futurs clients et leur donner ce qui correspondait à leur style.


Voici les caractéristiques de chacun de ces styles « purs », leurs forces et limites respectives.

STYLE AIMABLE

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : lente.
  • Non-verbal : air doux, sourire (même fâché), semble bonasse.
  • Tendance à l’acquiescement (oui facile).

Forces

  • Très bonne capacité d’écoute;
  • S’exprime avec douceur;
  • Favorise des relations chaleureuses;
  • Sensible aux sentiments des autres;
  • S’efforce d’établir de bonnes relations et s’assure de l’existence d’un climat positif avant d’entreprendre une tâche;
  • Favorise un rythme de travail très pondéré;
  • Se préoccupe de répondre aux besoins des autres et leur accorde une attention personnelle;
  • Réagit bien au leadership des autres;
  • À l’aise avec des personnes qui s’expriment clairement.

Limites

  • Action lente;
  • Manque d’affirmation et d’assurance;
  • Évite les conflits;
  • Peur de prendre des risques;
  • Personne très émotive.

Style Analytique

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : lente.
  • Non-verbal : air suspicieux, œil sceptique, semble juger les autres.
  • Tendance à l’évitement (fuite).

Forces

  • Très bonne capacité de réflexion;
  • Approche orientée sur l’étude des faits, rassemble des données;
  • Fonctionnement prudent, actions non précipitées;
  • Personne calme et possédant des réponses aux situations ennuyeuses;
  • Objectivité et précision dans ses interventions;
  • Exige des réponses logiques et claires;
  • Aptitudes pour régler des problèmes;
  • N’impose pas ses idées sans certitude;
  • Aime aider les autres à prendre des décisions.

Limites

  • Prise de décision personnelle très difficile;
  • Personne ne pouvant être stimulée pour agir rapidement;
  • Comportement peu affirmatif et peu émotif;
  • Recueille des informations nécessaires et n’écoute plus par la suite.

Style Expressif

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : rapide.
  • Non-verbal : air énervé, gestes en rond, semble sans mesure.
  • Tendance à l’attaque (explosion).

Forces

  • Très bonne capacité de décision;
  • Amène l’humour et l’enthousiasme dans les situations;
  • S’engage rapidement;
  • A besoin de peu d’indications précises; Personne stimulante et persuasive;
  • Capacité de prendre des décisions sans encadrement;
  • Pense à ce qui plaît aux autres;
  • Habile dans les techniques orientées vers les gens;
  • Compréhension intuitive des situations.

Limites

  • Réflexion très difficile;
  • Change fréquemment d’idées;
  • Néglige de vérifier sa compréhension avant d’agir;
  • Personne susceptible et impulsive;
  • Besoin constant d’activités stimulantes et de rétroaction.

Style Fonceur

Caractéristiques

  • Vitesse d’élocution : rapide.
  • Non-verbal : air sévère, gestes saccadés, semble rigide.
  • Tendance à l’autocratie (ordre).

Forces

  • Très bonne capacité d’action;
  • Rythme rapide, efficacité et orientation vers des buts précis;
  • Disposition à prendre des responsabilités pour aller de l’avant et prendre des décisions;
  • Personne habile à traiter des situations difficiles sans être contrariée par la critique et le rejet;
  • Capacité à déterminer les faits et ensuite passer à l’action;
  • Aptitude pour présenter un point de vue d’une façon confiante et énergique.

Limites

  • Écoute très difficile;
  • Tendance à l’impatience;
  • Peu susceptible de demander des informations supplémentaires pour clarifier un sujet;
  • S’arrête peu à la compréhension des attitudes et des émotions des autres.

En résume, face à Analytique, on donne beaucoup d’information mais on prend soin qu’il ne soit pas paralyser par son analyse. Face à un Fonceur, on se limite à donner deux choix d’action, dans la même direction; trois choix l’embêtera. Face à un Aimable, on s’enquiert avant tout de sa personne, sa santé, ses enfants… avant de parler affaire mais il faut prendre soin de ne pas de faire dire un « oui » complaisant qui ne donnera aucune occasion d’affaires. Face à un expressif, il ne faut absolument éviter la réflexion, cette personne est heureuse dans une pluie d’idées.

« Tout cela est bien beau en théorie », me disais-je « mais quant est-il sur le terrain ? » Je doutais.

À mon plus grand étonnement, l’approche préconisée par ces quatre styles interpersonnels fonctionnait à merveille au point où je me demandais s’il ne s’agissait pas de manipulations.

Mon démarchage donnait des résultats exceptionnels avec un taux de réponses positives à 80% alors que c’était plutôt le contraire habituellement (20% de réponses positive et 80% d’absence de réponse). Ma compagnie d’études des motivations (d’achat) a rencontré un tel succès qu’il me fallut réduire le démarchage pour soutenir un service qualité et embauché des dizaines de contractuels.


Pour vous permetttre de découvrir toute l’histoire de notre Compagnie d’enquête de motivation, j’offre gratuitement en format numérique (PDF) mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université ».


Qu’est ce que les styles interpersonnels viennent donc faire dans ce texte ? Souvenez-vous que je reproche aux philosophes praticiens de ne pas adapter leurs interventions à chacun de leurs clients parce qu’ils ne savent pas le faire. Le dialogue socratique est devenu dogmatique entre leurs mains. Il n’y a pas ou peu de prise en compte du style interpersonnel du client. Le dialogue socratique, du moins, avec les philosophes praticiens que j’ai consulté, est rigide.

La verbalisation

Pour déterminer le style interpersonnel dans le dialogue socratique, le philosophe praticien doit connaître son propre style interpersonnel et celui de son client pour obtenir l’effet recherché, un prise de conscience immédiate. Or, lors de mes expériences de la consultation et de l’atelier philosophiques, la verbalisation est réprimée, les réponses aux questions posées par le philosophe praticien réduites à des « oui » et des « non », et les justifications par le client à une phrase. Cette approche est justifiée par le fait qu’il ne s’agit pas d’une psychanalyse ou d’une psychothérapie (« On n’est pas là pour raconter sa vie »). Dans ce contexte, le philosophe praticien ne se donne pas toutes les moyens utiles à une prise de conscience immédiate ET PERSONNELLE par son client. Car c’est bien le caractère PERSONNELLE  de la prise de conscience immédiate par le client qui agira sur SON choix d’un mode de vie philosophique, adapté à ses propres besoins et à son environnement.

Le philosophe praticien n’est pas aux temps de Socrate dans la Grèce Antique. Il ne se tient pas au coin de la rue interpellant des piétons pour les questionner. Il n’est pas vêtu d’un vieux manteau doublé et pieds nus, bref, il n’a rien d’un itinérant ou d’un SDF plus pauvre que pauvre. Aujourd’hui, le philosophe praticien se présente bien, comme vous et moi. Car avant de devenir philosophe praticien, il était déjà intégré à notre société, il en respectait autant que faire se peut les codes de conduite sociale. Désormais, par son travail, il est un homme ou une femme d’affaires, il vend ses consultations. Il tient un cabinet. Les gens qui le consultent ne sont pas des lambdas dans la Cité, du moins il ne se considère pas comme tel. Ils sont respectables et leur situation leur permet de se payer une consultation philosophique. Ils n’évoluent pas dans le même contexte personnel et social que celui des gens interpellés par Socrate. Il faut donc adapter le dialogue socratique non plus le dogmatiser.

Cette adaptation passe par l’introduction de la verbalisation dans le dialogue socratique parce qu’elle permet au philosophe consultant de déceler le style interpersonnel du client et de répondre à ses besoins dans les paramètres de ces derniers.

3- Les textes

Plusieurs philosophes praticiens accompagnent leur vie professionnel de la publication d’un ouvrage traitant de leur pratique en philothérapie. Je me suis imposé la lecture de toutes les publications que j’ai trouvées. Bref, j’ai lu plusieurs livres au sujet de la philothérapie, la consultation philosophique, la philosophie et le développement personnel dont voici la liste ci-dessous:

PHILOTHÉRAPIE

  1. Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, 2019
  2. Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre, 2013
  3. Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout, 2015
  4. La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris, 2010
  5. Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France
  6. La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020
  7. La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007
  8. La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001
  9. La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021
  10. Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017
  11. La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004
  12. Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  13. Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  14. La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014
  15. Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018
  16. Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)
  17. Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023
  18. 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022
  19. À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023
  20. Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Pour tout vous dire et sans prétention aucune, j’ai fait le tour de la littérature livresque de langue française traitant de la philothérapie. Dans la majorité de ces livres, la présentation et les explications théoriques sont quasi parfaites. Souvent, des exemples d’interaction avec des clients aident à très bien comprendre la démarche du philosophe praticien. Si révélation il y a à la suite de la lecture de l’un ou de plusieurs de ces livres, elle concerne plus spécifiquement l’étonnement face à la nouveauté de la consultation philosophique et la découverte des bienfaits de la philosophie ainsi pratiquée. Le texte comme moyen de conversion à un monde de vie philosophique ne figure pas au programme de ces livres traitant de la philothérapie et de la consultation philosophique.

PHILOSOPHIE

J’ai lu aussi plusieurs ouvrages traitant de la philosophie :

  1. Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000
  2. S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme
  3. Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale
  4. Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil
  5. La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018
  6. Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société
  7. L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995
  8. Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob
  9. Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007
  10. Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017
  11. Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000
  12. Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel
  13. Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022
  14. La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.
  15. Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018
  16. À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023
  17. Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019
  18. Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997
  19. Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000
  20. Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021
  21. Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005
  22. Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989
  23. À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

PHILOSOPHIE ET SOCIÉTÉ

J’ai lu aussi des essais proposés par des philosophes mettant à profit notre esprit critique face à ce que nous sommes face la société :

  1. Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021
  2. La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil
  3. Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018
  4. La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023
  5. Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Et à ces essais, j’ai ajouté des livres questionnant le développement personnel :

  1. L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006
  2. Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019
  3. Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021
  4. Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France, 2014
  5. Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

Cliquez ici pour retrouver tous mes rapports de lecture de ces livres


Le texte comme moyen de conversion à un mode de vie philosophique

Le texte comme moyen de conversion à un mode de vie philosophique ne figure pas au programme des livres ci-dessus. Ils sont avant tout théoriques et leur lecture procure bon nombre de prises de consciences très influentent sur notre intérêt envers la philosophie.

Un texte philosophique initiatique à un mode de vie philosophique implique d’« instruire et engagée la pensée dans une aventure personnelle ».

Qu’est-ce que l’initiation à la philosophie ?

Mais une Initiation philosophique est autre chose : il lui faut à la fois instruire des débutants et engager la pensée dans une aventure personnelle, inviter, si l’on peut dire à philosopher, amener le lecteur, averti ou novice, à une pratique effective de la réflexion tout en lui en fournissant la matière.

LACROIX, Jean, Initiation philosophique, Le Monde, août 1948, consulté le 3 mars 2024.

Le conte philosophique figure sans doute au sommet des genres littéraires les plus efficaces pour fournir aux lecteurs l’occasion d’une révélation impliquant une conversions à la philosophie.

La communication en spirale conique inversée

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Auteur : Ag2gaeh (Wikipédia)

« Un  oiseau avait fait son nid dans le fourneau d’une pipe oubliée sous une armoire abandonnée dans une maison sans plus aucune porte dans un village déserté. Lorsqu’une histoire commence ainsi, on peut s’inventer quelques craquements de bois au deuxième étage et laissant à penser qu’il est hanté. (…) »

« (…) Pendant ce temps, dans la forêt, un homme parcourait la forêt avec un porte sur le dos. Il recherchait, de village en village, une maison où l’entrée laissée sans porte correspondrait aux dimensions de sa porte. Fatigué, l’homme posant sa porte au sol contre un arbre au pied du duquel il s’assied pour se reposer. Il s’endormit. Lorsqu’il se réveilla, il regarda sa montre, les aiguilles avaient rouillées. Lorsqu’il se leva, il s’enfargea dans sa barbe. Il se demanda combien de temps il avait bien pu dormir. (…) »

Ce conte dont le souvenir me fait défaut aujourd’hui dure 45 minutes et je l’ai entendu dans la Tente des Créateurs lors de la Chant’août à l’été 1975 à Québec. Il fut pour moi l’exemple parfait de la communication en spirale inversée. L’auteur commence par un détail et il élargit progressivement le sujet et tire son lecteur vers le haut… jusqu’à une prise de conscience révélatrice.

Écrire un texte en spirale conique inversé dans le but, plus ou moins secret, d’étonner le lecteur par une prise de conscience immédiate facilitant la conversion à un mode de vie philosophique relève de l’exploit.


CONCLUSION

La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion à un mode de vie philosophique

Philosopher pour philosopher, questionner pour questionner, dialoguer pour dialoguer, penser pour penser… ne relève pas de la philosophie puisque ces actions n’offrent en soi aucune opportunité de conversion à un mode de vie philosophique.

La philosophie peut engendrer une évolution intellectuelle mais elle n’est pas un jeu intellectuel.

La philosophie n’est pas davantage une méthode (dialogue socratique / maïeutique), c’est l’un des moyens dont elle dispose, pour autant que cette méthode ne soit pas dogmatique.

Lorsque j’écris que « La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion à un mode de vie philosophique », c’est bien beau, en théorie. Mais qu’en est-il en pratique ? La philosophie passe par le philosophe et « est philosophe celui qui produit durablement des pensées philosophiques et, s’il est cohérent, les constitue en règle de vie » :

La philosophie des philosophes et celle des autres – en quoi consiste la seconde et comment l’historien de la philosophie doit la prendre en charge

Définitions : philosophie, pensée philosophique, philosophe

Commençons par distinguer philosophie et pensée philosophique. La philosophie est une modalité spécifique de la vie des idées apparue dans l’histoire à certaines périodes et en certains lieux ; c’est une discipline singulière qui prend place dans l’évolution intellectuelle et l’évolution des modes de vie – discipline au double sens de corps doctrinal organisé et d’existence régulée (étant entendu qu’un mode de vie est philosophique dans la mesure où il se rattache à un mode de pensée qui l’est aussi). La pensée philosophique, de son côté, n’est pas une discipline, mais le produit particulier d’une conceptualisation individuelle. Le point de vue n’est pas le même : pour définir la philosophie, il faut penser la structuration globale du champ intellectuel et y repérer une façon originale de penser, pratiquée à grande échelle ; tandis que pour définir la pensée philosophique, il suffit que la production d’un individu quelconque réponde à certains critères à préciser. On dira de la même façon que la définition du Droit n’est pas celle d’un raisonnement juridique, ou la définition de la Science celle d’une réflexion savante particulière. Pour le dire d’une façon imagée une discipline est aux pensées qui s’y rattachent ce que le tas de sable est aux grains de sable ou le tout à la partie. Comme le tout n’est pas dans les parties, on n’exigera pas d’une pensée qu’elle réponde à la définition de la philosophie pour être qualifiée de philosophique : ce serait trop exiger, comme de vouloir que chaque grain de sable contînt en quelque façon le tas. Ainsi, l’application existentielle d’une pensée philosophique n’entre pas dans sa définition, alors qu’on amputerait grandement la philosophie si on ne la définissait que par l’activité pensante, abstraction faite de la vie du penseur.

En tant que modalité de la vie intellectuelle et mode de vie, la philosophie doit se définir par rapports aux autres modes de pensée et aux pratiques qui lui sont comparables dans l’histoire. Précisons : aux modes de pensée qui nourrissent une ambition théorique, qui veulent expliquer le réel, qui proposent une vision du monde, qui prétendent énoncer des vérités et pas seulement promouvoir des valeurs ou orienter l’action. Cela restreint énormément le champ de la comparaison. Dans la mesure où la science apparaît après la philosophie (et devra justement se situer par rapport à elle), la religion seule fournit le repère historique à partir duquel peut se définir la philosophie. Cette dernière en est une transformation : elle est une religion sécularisée. L’une et l’autre ont une triple dimension cognitive-éthique-pratique, c’est-à-dire se présentent comme une ontologie, une axiologie et une praxis(1). La philosophie comme la religion énoncent ce qui est, ce qui doit être, comment se comporter, et elles appliquent leurs préceptes. En un mot et en considérant l’importance des guillemets, elles sont la combinaison d’une « science » (par leurs prétentions cognitives), d’une « morale » (par leurs injonctions normatives) et d’un « art » (une technique d’application à l’existence concrète des idées théoriques). La seule différence est que la philosophie le fait dans une langue plus rationnelle et plus argumentée que la religion, ce qui implique une individualisation plus poussée et une dimension collective retreinte. Quand la coordination d’un savoir, d’une morale et d’un guide de comportement se présente sous une forme relativement individualisée, on lui donne le nom de sagesse(2) ; la philosophie est une recherche de sagesse – l’étymologie n’est pas trompeuse. Dans la mesure où elle est une discipline plus individuelle que collective, la philosophie n’est pas un fait social ni un ciment social au même degré que la religion. La croyance se renforce par la socialisation, et plus l’on a de liens sociaux forts, plus l’on est porté à croire avec ardeur. Inversement, la pensée de groupe est une gageure : on pense d’autant plus et d’autant mieux que l’on pense en toute indépendance (ce qui n’implique évidemment pas de se couper des autres penseurs). C’est d’ailleurs l’un des problèmes que connaît la philosophie quand elle se pratique en secte, en école, en filiation maître-disciple, en corporation ou même dans le cadre d’une profession, où l’on a tendance à penser comme son groupe social, c’est-à-dire à concéder trop à la croyance. La professionnalisation de la philosophie, avantageuse sous certains aspects, a ceci de négatif qu’elle donne aux philosophes une sorte de préjugé commun qui tient à cette forme particulière de socialisation – nous y reviendrons.

(…)

Certes, il ne suffit pas de philosopher cinq minutes pour être philosophe. Qu’est-ce donc qu’un philosophe ? On pourrait dire, sur le modèle de nos définitions de la philosophie et de la pensée philosophique, que c’est un religieux laïcisé (un clerc hors religion) à condition de mettre l’accent sur le second terme. Là encore, c’est une question de degré (donc de discernement pour l’historien), car bien des philosophes sont aussi croyants, passablement dogmatiques et plus ou moins placés sous des tutelles intellectuelles. En tout cas il importe de distinguer le producteur ponctuel de pensées philosophiques du philosophe stricto sensu, de même que tout croyant n’est pas un homme d’Église. Il faut, pour être philosophe, que sa production d’idées philosophiques soit abondante et régulière. L’identité d’une personne, nous semble-t-il, doit être définie par la nature et l’intensité de son engagement, certainement pas par la qualité supposée de sa production. On est lanceur de javelot si l’on lance des javelots régulièrement, pas si on les lance loin ; on est philosophe si l’on philosophe, pas si l’on pense loin. L’erreur serait de réserver le titre de « philosophe » à ceux que l’on estime tout particulièrement, comme s’il s’agissait d’une dignité, et de le refuser aux autres. Ce serait aussi absurde que de nier qu’un prêtre soit un religieux sous prétexte qu’il n’est pas adepte de la bonne religion. « Philosophe » n’est pas un honneur, mais la désignation d’une réalité individuelle et sociale. Il faut aborder la question le plus froidement possible : est philosophe celui qui produit durablement des pensées philosophiques et, s’il est cohérent, les constitue en règle de vie, comme est religieux celui qui produit avec constance des idées religieuses et les met en pratique.

____________

1. Nous précisons cette définition de la philosophie dans Citot, 2017b, III. La « théorie de la connaissance » étant une réflexion sur notre mode d’accès à l’être, elle relève de l’ontologie – laquelle regroupe l’ensemble des questions « cognitives ».

2. Que l’on distinguera de la morale, de la « spiritualité » ou de la sotériologie, qui ne s’occupent guère de questions cognitives. Inversement, la science se borne à celles-ci.

CITOT Vincent, « La philosophie des philosophes et celle des autres – en quoi consiste la seconde et comment l’historien de la philosophie doit la prendre en charge », Le Philosophoire, 2019/2 (n° 52), p. 141-168. DOI : 10.3917/phoir.052.0141. URL : https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2019-2-page-141.htm, pp. 144-145

Seul le philosophe qui a adopté un mode de vie philosophique avec suffisamment de recul peut prendre conscience de son propre cheminement vers la prise de conscience immédiate initiale qui fut pour lui une révélation ayant entraîner sa conversion à un mode de vie philosophique.


On ne donne pas ce que l’on n’a pas.


Je veux dire, donc, que le discours philosophique doit être compris dans la perspective du mode de vie dont il est à la fois le moyen et l’expression et, en conséquence, que la philosophie est bien avant tout une manière de vivre, mais qui est étroitement liée au discours philosophique.

Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique? 19

Philosophie comme mode de vie

On conçoit souvent la philosophie comme la discussion de textes savants, comme l’élaboration de systèmes ou de doctrines abstraites, bref comme une succession de conceptions théoriques. Pourtant, l’examen attentif des textes anciens par l’helléniste Pierre Hadot (1922-2010) a bien montré que la signification première de la philosophie antique réside dans un choix de vie formé d’exercices, c’est-à-dire dans la pratique d’un mode de vie propre. Si la redécouverte récente de la vie philosophique par Hadot a donné lieu à un nouveau regard sur la philosophie antique en France et à l’étranger, il est maintenant permis de penser qu’elle préfigure un mouvement philosophique plus profond – à condition toutefois d’être actualisée.

* * *

Au premier abord, et parce qu’elle est issue de problèmes posés par l’interprétation des textes grecs, la philosophie comme mode de vie est une ligne d’interprétation de la pensée antique, un cadre général pour lire, traduire et interpréter les écrits anciens, bref c’est une perspective qui permet d’aborder de manière cohérente la philosophie gréco-romaine. Reconnaître cette perspective de recherche, l’approfondir ou la faire valoir, c’est travailler en philosophie comme mode de vie.

D’autre part, la philosophie comme mode de vie est aussi une approche qui accorde la primauté à la vie philosophique ou à l’exercice de la philosophie par rapport à tous les autres aspects souvent associés à la philosophie (l’étude des oeuvres, la création de concepts, la discussion critique des problèmes), bref c’est une approche qui accorde la primauté à la vie philosophique par rapport au discours philosophique, au discours sur la philosophie et surtout à la littérature philosophique.

La philosophie comme mode de vie se reconnaît enfin à l’exigence d’actualiser pour soi-même, avec les autres et dans le respect de la nature une discipline de vie issue d’une autre période historique que la nôtre. Si l’exigence est respectée, la philosophie comme mode de vie restera vivante même si nous ne vivons pas comme les Grecs. En conclusion, la philosophie comme mode de vie pourra donc être abordée comme une perspective de recherche, une approche philosophique ou une discipline de vie, c’est-à-dire comme «un mode de vivre accordé à la philosophie» (J.-F. Balaudé).

DESROCHES, Daniel, Philosophie comme mode de vie (Dossier), L’Agora – Une agora, une encyclopédie, Dimanche le 13 septembre 2020, consulté le 4 mars 2024.

Dans cet article, je questionne le dialogue socratique qui, devenu dogmatique, stérilise les interventions du philosophe praticien et, de ce fait, ne conduit pas à la conversion de leurs clients à un mode de vie philosophie.

Aussi, je remets en question les sévères limites à la verbalisation imposées par les philosophes praticiens à leurs clients, ce qui les empêchent d’identifier et de composer avec le style interpersonnel de chacun de leurs clients, bref, de connaître même sommairement leurs clients pour le succès maximum de leurs interventions.

De plus, je m’interroge sur le lien entre le questionnement socratique (souvent dogmatique) et un dialogue. Est-ce qu’un échange Questions/Réponses est véritablement un dialogue ? Est-ce que l’on peut dialoguer avec des questions fermées ? Est-ce qu’on peut dialoguer en excluant la justification des réponses par le client ? Est-ce qu’on peut dialoguer en réprimant les émotions du client ? Bref, est-ce que le dialogue socratique (maïeutique) convertit le client à un mode de vie philosophique ? À toutes ces questions, je répond « Non ».

J’ai souligné le fait que prendre conscience que nous nous contredisons et que nous sommes, de ce fait, ignorants, ne conduit pas automatiquement à la discipline du doute face à chaque pensée, opinion ou croyance. Vivre dans le doute ou ne pas prendre d’emblée pour vrai ce que l’on pense ne débouche pas sur une conversion à un mode de vie philosophique. Si notre ignorance peut conduire à une quête de connaissance, il faut en évaluer le pouvoir de motivation. Et peu importe l’étendue de notre ignorance, nous ne sommes jamais ignorant de tout. L’ignorance, ainsi prise en concience, peut tout aussi bien susciter l’indifférence ou être simplement tolérée. En pareils cas, le dialogue philosophique ne force à la démarche d’une vie examinée mais plutôt et plus souvent qu’autrement à un examen limité de mes pensées, opinions et croyances.

Et cet examen, je le mentionnais aussi, sera subjectif. Je répondrai à ce qui m’interpelle subjectivement parmi toutes les connaissances. Je choisirai subjectivement en croyant avoir fait un choix objectif. Le philosophe praticien ne me semble pas bien au fait des motivations profondes du comportement de son client, de ses réactions involontaires et inconscientes. Le philosophe lui-même a-t-il conscience de sa subjectivité ?

Enfin, je rappelle avoir l’impression d’avoir fait le tour de la philothérapie. Je relève d’un livre à l’autre traitant de la philothérapie les mêmes forces et faiblesse. Forces dans la théorie, faiblesse dans la pratique. Heureusement, il y a des exceptions mais elles se font rares.


P.S.: Le développement personnel et professionnel ne conduit pas à un mode de vie philosophique.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

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Article # 78

J’AI LU POUR VOUS

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon

Paris, 2023
EAN : 9782259317597
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 240
Format : 140 x 225 mm

J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.

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Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteure.


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Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

« Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et le témoignage (“moi je”). Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. Cette “dictature des ressentis”, pour ne pas dire du ressentiment, fait prospérer l’idéologie woke : cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter.

Il n’y a plus de vérité universelle et “ma” vérité ne saurait être remise en cause sans me “blesser”. Celui qui crie le plus fort, celui qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. C’est cet étalage des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société. Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ?

Depuis plusieurs années, dans le Figaro, je décrypte les ressorts de cette déconstruction qui affecte notre société. Parce que la critique est aisée mais l’art difficile, je rends aussi hommage à des figures du passé et du présent qui m’aident à mieux comprendre ce qui nous arrive. Ce livre est un recueil de ces chroniques. »

Source : Éditions Plon


SOMMAIRE

Sauver la liberté de pensée

Première partie – Déconstruction, le mal du siècle

  • Tu seras un homme déconstruit, mon fils
  • Le wokisme ou la dictature des ressentis
  • L’émoji de l’homme enceint ou l’alliance du woke et de la Silicon Valley
  • Le progrès est-il une idée morte ?
  • Pourquoi les sociologues sont (presque) tous de gauche
  • Déconstruire les déconstructeurs
  • Dans la tête d’un révolutionnaire trans
  • Une espèce en voie d’extinction : les boomers d’extrême-gauche
  • « Famille, je vous hais ! » : le manifeste geignard et narcissique de Geoffroy de Lagasnerie
  • Bouteldja, prêtresse indigéniste
  • Féminisme, la grande fracture
  • La tentation totalitaire du néo-féminisme
  • Notre culture judéo-chrétienne a inventé le féminisme
  • Théorie du genre à l’école : déconstruire plutôt qu’instruire
  • La McDonaldisation de l’Éducation nationale
  • La société de loisirs, une fabrique à crétins ?
  • Immigration, « le grand renoncement »

Deuxième partie – Les contemporains à contre-courant

  • Ces intellectuels français qui ne reconnaissent plus leur gauche
  • Pierre Nora ou la politesse de l’intelligence
  • Sylviane Agacinski ou le souci du mot juste
  • Michel Houellebecq est-il réac ?
  • Hubert Védrine, un réaliste aux pays des droits de l’homme
  • Jérôme Fourquet, ethnologue de la France d’après
  • Pierre Manent ou l’esprit de finesse
  • Michel Houellebecq-Michel Onfray : conversation au bord de l’abîme
  • Gaspard Proust, hussard Karamazov
  • Alain Finkielkraut, le réac imaginaire

Troisième partie – Écrivains d’hier, remèdes d’aujourd’hui

  • Trois raisons de lire Montaigne
  • La Boétie contre l’État-nounou
  • Barbey d’Aurevilly, le dandy catholique
  • Tolstoï ou Dostoïevski ?
  • Charles Péguy, l’anti-boomer
  • Quand Charles Péguy parlait des retraites
  • George Eliot, une vie retrouvée
  • Antoine de Saint-Exupéry et André Breton : quand l’idéologie tue l’amitié
  • Georges Bernanos, homme d’hier et d’après-demain
  • L’Été de Camus : préserver la beauté du monde
  • Jean Cau l’apostat
  • Soljénitsyne ou la lutte héroïque contre le mensonge
  • Cristina Campo, la Simone Weil italienne
  • Philippe Muray, pamphlet d’outre-tombe

Remerciements

Du même auteur

Actualité des Éditions Plon


EXTRAITS

Préface

Sauver la liberté de pensée

Je me souviens de mon entrée à Sciences Po. C’était il y a quinze ans. Jeune fille fraîchement débarquée rue Saint-Guillaume, je ne connaissais pas grand-chose de la vie, et n’avais jamais percé le périmètre étroit de la bourgeoisie de droite de province. J’atterrissais dans une classe composée pour moitié d’étudiants d’extrême gauche, et pour l’autre moitié de centristes désabusés et ricaneurs. Avec une dose d’habileté, de sens social et de fantaisie, on pouvait encore vivre ensemble. On riait, on échangeait, on débattait jusqu’au bout de la nuit, même quand on appartenait à des bords politiques opposés. Le goût du bon mot, la littérature, le mépris de la chose politique nous réunissaient.

Quinze ans plus tard, tout nous sépare.

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

En juin 2023, au milieu des émeutes qui mettaient la France à feu et à sang à la suite de la mort du jeune Nahel, l’artiste Christine and the Queens – qui a pris le nom de « Redcar » après sa transition – prenait la parole dans une courte vidéo pour se plaindre du peu de médiatisation de ses albums depuis son changement de genre. Elle insistait sur la souffrance terrible que lui infligeaient ceux qui continuaient à l’appeler « elle » : « Vous m’appelez elle toutes les cinq minutes, ça me blesse en fait ! […] Tout ce que je suis en train de faire, qui est mon upgrade artistique, vous n’y faites même pas attention. » Ces jérémiades narcissiques, alors que des événements d’une gravité inouïe se déroulaient dans notre pays, m’ont semblé révéler la quintessence de la « dictature des ressentis » qui anime notre époque.

Quand je lis mes anciens camarades de Sciences Po devenus woke disserter sur la révolution à venir, je suis agacée, énervée, mais je ne suis pas blessée. Je revendique pour ma part le droit d’entendre une parole qui dérange, de porter le cautère dans l’entaille, d’encaisser et de rendre les coups, de parler franchement, vivement, de tous les sujets. Car c’est en « frott[ant] et lim[ant] notre cervelle contre celle d’autrui » (Montaigne) qu’on parvient à tâtons à la vérité.

Est-ce encore possible ?

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent, et la conversation devient de plus en plus râpeuse. Mais il y a autre chose aujourd’hui. Le privé étant désormais politique – selon le slogan de la gauche progressiste –, on ne peut plus accrocher sa veste militante au vestiaire et aller boire un coup comme si de rien n’était. La discorde entre dans la chambre à coucher, le bar étudiant, le cercle d’amis, et la polarisation guette toutes les strates de l’existence, du steak que l’on avale au fait divers que l’on relaie sur Facebook, du type d’écriture qu’on emploie dans un courriel à la couleur de ses cheveux.

Au moment de l’affaire Dreyfus, le combat idéologique était violent. On se battait à coups de canne au Quartier latin. Mais deux choses permettaient de se réunir par-delà les clivages et les haines : la patrie et la littérature. Dreyfusards et antisémites se réconcilièrent pendant la Première Guerre mondiale. Le sang des tranchées emporta (pour un temps) leurs désaccords. La droite et la gauche les plus extrêmes pouvaient s’entendre dans une admiration littéraire commune. En témoigne l’amitié que porta Léon Blum à Maurice Barrès ou Drieu la Rochelle à Aragon. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui. Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature.

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

La France, nation de la raison, pays où l’on aime à se battre pour un mot, s’écharper pour un principe, se quereller pour une idée, patrie de l’architecture, c’est-à-dire de l’ordonnancement du monde par la géométrie, et des intellectuels, semblait pourtant encore être une terre à part.

Chacun se replie sur son moi

Cette particularité de la France est peut-être une des raisons qui fait qu’elle a résisté (un peu) à la déferlante woke qui nous vient d’Amérique. Notre vieux fonds catholique, notre amour pour la littérature, une pointe d’ironie voltairienne, constituaient autant d’anticorps à la religiosité et à l’esprit de sérieux constitutifs du progressisme postmoderne. Pourtant, cet esprit français est de plus en plus attaqué. Un vent mauvais souffle sur le jardin à la française. Il tombe en loques sous les assauts de la déconstruction, du relativisme culturel, du culte narcissique du moi, du présentisme qui nous arrachent aux grands piliers civilisationnels du passé.

Est-ce propre à la France ? Non, bien sûr. Dans son livre magnifique L’Âme désarmée (The Closing of the American Mind), publié en 1987, le philosophe américain Allan Bloom explique comment le relativisme a progressivement gagné les mentalités américaines par le biais de l’éducation. Comment, en disqualifiant la culture classique, double héritage de la Grèce et de Rome, jugée discriminante et impérialiste, nous avions en réalité sapé les fondements de la civilisation occidentale. Après la révolte des campus dans les années 1960, la remise en question systématique de l’autorité, l’allègement des programmes et l’introduction de la discrimination positive, Allan Bloom s’inquiétait que l’université, naguère îlot de liberté intellectuelle dans un pays gouverné par l’opinion publique, soit progressivement gagnée par les « problèmes de société » et prône l’égalitarisme plutôt que l’excellence, le relativisme plutôt que la recherche de la vérité, l’« ouverture » aux autres cultures plutôt que l’universalisme de la civilisation. Le professeur analysait brillamment le délabrement intellectuel de ses élèves. « Le tissu délicat de la civilisation, fait de la trame de la chaîne des générations successives, s’est complètement effiloché, et les enfants sont encore élevés, mais ne sont plus éduqués », écrit-il sombrement.

Un autre penseur, venu d’Europe de l’Est, Leszek Kolakowski, a théorisé l’autodestruction de la civilisation occidentale au nom du relativisme culturel. Pour lui, la force de l’Europe est d’être la seule civilisation qui assume sa propre critique. Son universalisme est inquiet, son identité est inachevée, sa destinée est de douter. « Nous n’avons pas le choix entre la perfection totale et l’autodestruction totale : notre destin temporel, c’est le souci sans fin, l’inachèvement sans fin. C’est dans le doute qu’elle entretient sur elle-même que la culture européenne peut trouver son équilibre spirituel et la justification de sa prétention à l’universalité. » Cela n’implique pas de tomber dans le relativisme, bien au contraire : le doute est pour Kolakowski la marque certaine d’une supériorité qu’il faut assumer. Affirmer l’égalité des cultures, des valeurs et des civilisations, revient à trahir l’esprit européen : « L’universalisme culturel se nie s’il est généreux au point de méconnaître la différence entre l’universalisme et l’exclusivisme, entre la tolérance et l’intolérance, entre soi-même et la barbarie ; il se nie, si pour ne pas tomber dans la tentation de la barbarie, il donne aux autres le droit d’être barbares. »

Nous y sommes. Le relativisme est désormais endémique dans notre société. Nos élites en sont pour la plupart convaincues : le bien et la vérité n’existent pas. Jean-François Delfraissy, alors président du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, en avait fait le triste aveu lors d’une interview : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » Ce pourrait être la devise de l’époque. Dans un monde en ruines, la seule valeur encore inculquée est celle du progrès. « Comment peut-on encore penser ainsi en 2023 » est souvent le seul argument de ceux qui considèrent qu’il y a d’un côté les « ouverts », et de l’autre les « fermés ». On fait encore semblant de croire.

Le paradoxe est qu’à mesure que se répand ce relativisme progresse en même temps l’intolérance. À mesure que croît le subjectivisme grandit le sectarisme. Un sectarisme qui n’est plus idéologique mais compassionnel et sentimental. Il n’y a plus de vérité universelle mais « ma » vérité ne saurait être remise en cause sous prétexte de me « blesser ». Celui qui crie le plus fort, qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. Les réseaux sociaux amplifient les désaccords et l’archipellisation intellectuelle d’une société qui ne parvient plus à s’accorder sur une définition du bien commun. Les moralines artificielles, les indignations stériles, les démonstrations de vertu s’exhibent virtuellement à mesure que la décivilisation progresse. Alors même que les dangers les plus graves nous guettent (réchauffement climatique, épuisement des ressources, changement démographique, basculement civilisationnel, hausse de la violence), nous sommes désarmés par la déconstruction pour y faire face.

Retour à Ithaque

Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ? À me lire, beaucoup diront que c’est la seconde étiquette qui me convient le mieux. Mon goût gascon du panache s’en accommode, comme d’un stigmate devenu médaille à force d’avoir été distribué par les imbéciles. Mais un vieux sage m’a dit un jour que la vérité n’était pas le contraire de l’erreur, et qu’à fuir les boussoles indiquant le sud on ne se retrouve pas forcément chez soi.

ChatGPT, qui est plus objectif que bien des journalistes, me définit ainsi : « intellectuelle conservatrice ». « Intellectuelle » : le mot est trop flatteur, ou trop insultant. « Conservatrice » : je prends. Je suis conservatrice car je crois qu’il y a, chevillé au cœur de l’homme, deux postulations contraires. L’idée de croissance, de conquête, de dépassement, d’inventivité sans cesse renouvelée. C’est Icare se brûlant les ailes en voulant s’approcher du Soleil. Et puis l’idée de limite, de prudence, d’enracinement. C’est Ulysse rentrant à Ithaque. Après avoir vécu son moment « Icare », celui d’un progressisme débridé, d’une confiance absolue et aveugle dans la technique et les ressources illimitées du monde, la plasticité et la malléabilité infinie de l’homme, il me semble que l’humanité est en train de vivre un moment « Ulysse ». Toutes les limites que l’homme a voulu abolir sont en train de lui revenir dans la figure : limites énergétiques et économiques – c’est évident avec la crise écologique –, mais aussi limites que sont les frontières avec la crise civilisationnelle de l’immigration et limites biologiques avec la différence des sexes.

Nous vivons un moment charnière de l’histoire occidentale. Sommes-nous sur la pente inexorable du déclin, comme le pensent les deux Michel, Onfray et Houellebecq, ou bien à la croisée des chemins ? Ce livre se veut autant un frein dans la pente qu’une (modeste) lanterne dans le brouillard.

Dans Le Figaro, chaque semaine, j’essaie de décrypter tant bien que mal la vie intellectuelle sous forme de recensions d’essais, d’analyses ou de portraits d’acteurs de la vie des idées. Ce livre en rassemble un florilège. La critique est aisée, mais l’art est difficile, c’est pourquoi j’essaie de doser entre l’éreintement cathartique, la transmission de connaissances, l’admiration et la moquerie, l’éloge et la baffe. J’ai regroupé ces textes en trois grands axes.

Le premier se propose de déconstruire la déconstruction. Féminisme, postcolonialisme, rejet de l’histoire nationale, wokisme, transidentité, j’essaie de décortiquer les assauts conjoints des mouvements postmodernes et de donner aux lecteurs les armes pour y résister intellectuellement.

Le deuxième suggère d’admirer ce qui peut encore l’être. Nous sommes la seule civilisation qui se soit donné comme objectif sa propre déconstruction. Ce qui était notre gloire – l’esprit critique – s’est retourné contre nous dans un hara-kiri aux allures de cirque grotesque. Pourtant, il serait vain de s’enfermer dans la complainte et le ressentiment. De nous flageller de nous être flagellés. Il nous faut encore admirer et sauver ce qui peut l’être. Honorer ceux qui, dans le crépuscule, tiennent encore le flambeau, et le passeront aux suivants. C’est pourquoi j’ai voulu rendre hommage, par quelques portraits, à ces intellectuels ou ces écrivains qui ont su transmettre et nous donnent encore des raisons d’espérer. Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Pierre Manent, Michel Houellebecq figurent dans ces pages comme autant de sentinelles du renouveau.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

On nous a tant inculqué le « préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. Nous avons oublié la dose d’effort, de contraintes, d’ascèse qu’a exigée la construction lente de notre civilisation. C’est pourquoi j’ai voulu saluer, à travers une série d’exercices d’admiration, des figures du passé qui m’ont marquée, et dans lesquelles je puise pour mieux comprendre ce qui nous arrive. Parce que la littérature est le dernier refuge d’extraterritorialité, et demeure au-delà des clivages partisans et des fausses morales.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 7-17.

Source : leslibraires.ca (Extrait à télécharger).

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023


Chapitre 2

Le wokisme ou la dictature des ressentis

Une actrice qui compte « les Noirs dans la salle », des pronoms neutres pour ne pas offenser, un autodafé de bandes dessinées jugées racistes, une pièce de théâtre interdite, une conférence annulée, des portraits d’ancêtres décrochés, des statues déboulonnées, des toilettes transgenres… Il ne se passe plus un jour sans que le militantisme woke fasse l’actualité.

« Privilège blanc », « masculinité toxique », « grossophobie », « intersectionnalité », « hétéronormativité » : leur jargon prétentieux envahit l’espace public. Leurs postures radicales sont tellement fantaisistes qu’on finit par se demander s’il s’agit d’une menace bien consistante ou bien d’une minorité d’activistes sans réel pouvoir. La lecture de l’essai des deux intellectuels américains Helen Pluckrose et James Lindsay Le Triomphe des impostures intellectuelles vient nous démontrer qu’il faut prendre très au sérieux la théorie qui anime ces nouveaux utopistes.

Au départ, il y a la doctrine : le postmodernisme. Pluckrose et Lindsay remontent aux origines de ce mouvement intellectuel né en France dans les années 1960 (et baptisé French Theory aux États-Unis) dont les pères fondateurs furent Michel Foucault, Jacques Derrida et Jean-François Lyotard. Un credo : la déconstruction. Et deux grands principes : le principe postmoderne de connaissance, un scepticisme radical sur la possibilité même d’une connaissance objective (tout est construction sociale, y compris le savoir) ; le principe politique postmoderne selon lequel la société est structurée par des systèmes de pouvoir (le patriarcat, le privilège blanc, etc.).

Pouvoir partout, vérité nulle part. Ce « complot sans comploteurs », pour reprendre la formule de Boudon parlant de Bourdieu, se mue en délire paranoïaque : nos démocraties, loin d’être des sociétés égalitaires où s’est déployé un progrès unique au monde pour les femmes et les minorités, seraient le théâtre d’une oppression.

Pluckrose et Lindsay dégagent quatre grandes thématiques postmodernes : le brouillage des frontières, le pouvoir du langage, le relativisme culturel, la fin de l’individu et de l’universel. À l’université, la théorie, au service de la cause de la justice sociale, se déploie dans divers départements : postcolonialisme, théorie de la race, théorie queer, études de genre, fat studies (« études de corpulence »). Le point commun entre ces domaines d’étude ? Indexer la science sur le militantisme et fonder la recherche sur le nouveau « cogito victimaire » : « Je subis l’oppression, donc je suis… comme sont aussi la domination et l’oppression ».

Le tout enrobé d’un langage délibérément abscons puisqu’il s’agit d’œuvrer dans l’indéfinissable. « Si pendant un certain temps, la ruse du désir est calculable pour les usages de la discipline, bientôt la répétition de la culpabilité […] des autorités fallacieuses et des classifications peut être considérée comme l’effort désespéré de normaliser formellement la perturbation d’un discours de clivage qui viole les prétentions rationnelles et éclairées de la modalité énonciative », écrit ainsi Judith Butler, la papesse du queer. Vous n’avez rien compris ? C’est normal : chez les théoriciens de la justice sociale, le manichéisme simplificateur va de pair avec la sophistication intimidante.

Contrairement à la psychanalyste Élisabeth Roudinesco – qui dans son livre Soi-même comme un roi tentait de disculper la French Theory des dérives identitaires de ses héritiers –, Lindsay et Pluckrose démontrent la continuité entre les grands discours déconstructeurs des années 1960 et les fruits vénéneux du wokisme. Ils comparent les trois phases du postmodernisme à un arbre : le tronc représente la théorie, élaborée dans les années 1960-1970, les branches sont le postmodernisme appliqué (postcolonialisme, études queer, etc.), et les feuilles de l’arbre figurent l’activisme proprement dit de justice sociale et ses méthodes de cancel culture. « Ce qui se passe à l’université ne reste pas cantonné à l’université », remarquent les essayistes américains, qui soulignent que les facultés, gagnées par la théorie, deviennent « outils d’endoctrinement culturel nuisible à nul autre pareil ».

Nos auteurs ne manquent pas de relever les incohérences de la théorie. Ainsi, elle professe un scepticisme absolu sauf en matière d’oppression, conçue comme une réalité objective et irréfutable (Robin DiAngelo, la papesse de la race, écrit ainsi : « la question n’est pas : “Y a-t-il eu du racisme ?” mais plutôt “Comment le racisme s’est manifesté dans cette situation ?” »). Elle brouille les frontières en permanence sauf quand il s’agit de la race. Elle prétend déconstruire tout essentialisme et multiplie les catégories (LGBTIQ). Surtout, point essentiel, on comprend à les lire le paradoxe d’un postmodernisme qui, parti du relativisme le plus radical, arrive au dogmatisme le plus extrême. Parce que justement, s’il n’y a de vérités que subjectives, c’est la dictature des ressentis qui s’installe.

« Le nihilisme s’est fait moralisme », remarquait déjà Allan Bloom en 1987. Lindsay et Pluckrose dédouanent, eux, complètement le libéralisme progressiste des dérives du postmodernisme, et en font même l’antidote. De l’arbre du postmodernisme surgi brutalement dans les années 1960, ils oublient les racines. Pour le conservateur Allan Bloom, il y a au contraire une continuité entre le principe d’ouverture radicale prônée par les démocraties libérales, l’idée progressiste de table rase et le terreau sur lequel s’épanouissent les rêves rageurs de déconstruction. Si l’éthique minimale promue par le libéralisme se veut une promesse de paix, elle échoue dans les faits à maintenir une société ensemble. Il n’y a pas de civilisation composée uniquement d’individus. Une société dont les rapports ne sont organisés que par le marché et le droit, sans traditions ni transmission, est vouée à l’implosion. Le délire woke n’est qu’une hérésie de la religion du progrès.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Le wokisme ou la dictature des ressentis, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 24-28.

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023

Source : leslibraires.ca (Extrait à télécharger).


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AU SUJET DE L’AUTEURE

Eugénie Bastié

SOURCE : Éditions Plon - Facebook.
SOURCE : Éditions Plon – Facebook.

Eugénie Bastié est grand reporter au Figaro et chroniqueuse sur CNews et Europe 1. Elle a déjà publié trois ouvrages, dont La Guerre des idées (Robert Laffont, 2021).


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langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgEugénie Bastié, née le 18 novembre 1991 à Toulouse, est une journaliste, polémiste et essayiste française.

Elle commence sa carrière sous le parrainage d’Élisabeth Lévy et de Natacha Polony, notamment dans le média d’opinion de droite dure Le Figaro Vox et dans le journal conservateur Causeur. Elle est ensuite engagée comme journaliste au Figaro, et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

Ses positions critiques vis-à-vis du féminisme, des idéaux sociaux, et les polémiques qu’elle alimente sur les réseaux sociaux (notamment Twitter) et à la télévision en font une figure de la droite conservatrice. Perçue dès ses débuts comme un des nouveaux visages de la droite réactionnaire, elle participe à la résurgence médiatique de ces discours, observée depuis la fin des années 2010.

Source : Eugénie Bastié, Wikipédia (lire la suite)


Voir aussi la page dédiée à Eugénie Bastié sur Wikiquote


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Les articles d’Eugénie Bastié sur le site web du quotidien Le Figaro


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon, Paris, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite pas des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.


« allez manger vos morts »

Je n’oublierai jamais l’expression « allez manger vos morts » rapportée par Eugénie Bastié dans LA DICTATURE DES RESSENTIS. Je demeure sous le choc de la violence de cette expression prononcée par une députée, Danièle Obono.

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Les néo-féministes ont la parade pour disqualifier leurs adversaires : vous nous résistez aujourd’hui comme vous résistiez hier à nos mères et nos grands-mères ; la révolution féministe a toujours suscité une opposition du patriarcat, et l’histoire a prouvé que la radicalité est nécessaire pour faire bouger les choses. Si vous n’êtes pas d’accord, « allez manger vos morts », comme dirait la députée Danièle Obono.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Féminisme, la grande fracture, Première partie : Déconstruction, le mal du siècle, Édition Plon, Paris, 2023, p. 69

L’expression « allez manger vos morts » m’était complètement étrangère. Elle m’a estomaqué. Je n’en reviens pas que l’on puisse dire une chose pareille. Je me doutais bien que je ne pouvais la prendre au pied de la lettre mais mon imagination m’a devancé me donnant l’image d’une personne mangeant un cadavre. J’ai donc effectué une recherche pour comprendre le sens réel de cette expression.

La députée La France insoumise a invité ceux qui ont sifflé lors de la manifestation de soutien aux Iraniennes dimanche à « manger vos morts ».

(…)

La forme aura une nouvelle fois éclipsé le fond. L’Insoumise Danièle Obono a dénoncé dans un tweet les personnes qui « instrumentalisent la lutte des femmes en Iran contre l’oppression pour insulter et disqualifier la lutte des femmes en France contre l’oppression », désignant par là les personnes qui ont sifflé lors d’une manifestation de soutien aux Iraniennes. Mais son message aura été laissé de côté, rattrapé par la conclusion de la députée LFI : « mangez vos morts ».

(…)

En effet, « mange tes morts » est à l’origine une expression gitane, et plus précisément, yéniche, une communauté apparentée aux gens du voyage basée dans le nord de la France. Selon le réalisateur Jean-Charles Hue, qui a fréquenté cette communauté, cette expression serait utilisée lorsque quelqu’un renie ses origines ou ses ancêtres. Mais elle peut également être utilisée pour insulter quelqu’un, pour l’éconduire brutalement.

Source : « Mangez vos morts » : d’où vient cette expression utilisée par la députée LFI Danièle Obono ?, TF1 INFO, 3 octobre 2022, consulté le 6 février 2024.

Prononcée et/ou publiée par un député québécois ou canadien, ce dernier serait dans l’obligation de démissionner et demeurerait stigmatisé sa vie durant. À son décès, nos médias le désigneraient comme celui qui a écrit dans un tweet « Allez manger vos morts ». Au Québec, rares sont les gens auxquels nous accordons une deuxième chance. Et c’est sans compter que les Québécois ont une sainte horreur de la chicane. Nos mères le rappelaient sans cesse à leurs enfants : « Ne vous chicanez pas ! » Et c’est sans doute l’une des raisons pour laquelle les Québécois ne sont des fans de débats par peur d’un dérapage jusqu’au manque de savoir vivre, de respect, et surtout par peur qu’il débouche sur une chicane sans pardon.

Dans l’histoire du Québec, nous avons en mémoire les nombreuses divisions (chicanes) entre les familles et même entre les membres d’une famille à l’occasion des deux campagnes référendaires au sujet de l’indépendance du Québec.


« Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. »

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 7-8.

« Ta pensée me fait souffrir » ? Voilà une bien drôle de chose à dire à quelqu’un. Quand la pensée des autres te fait souffrir, il y a là un très grave problème d’intolérance face à la différence d’opinion. Sur les réseaux sociaux, dit-on, les gens se rassemblent suivant le partage et le renforcement des mêmes opinions. « Qui se ressemble s’assemble. »

Quel est l’origine de l’expression « Qui se ressemble s’assemble » ?

L’expression “Qui se ressemble s’assemble” trouve ses racines au Moyen Âge. Elle est issue d’une ancienne maxime latine “Similis simili gaudet” qui se traduit par “Le semblable se plaît avec le semblable”. Cette maxime était utilisée pour souligner l’attrait naturel entre les personnes ayant des traits, des intérêts ou des croyances communs. Au fil des siècles, cette maxime latine a été traduite et adaptée dans différentes langues, dont le français.

Source : Tutorat Pro.


« (…) il n’y a plus de liberté de pensée possible »

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 8.

Interdire à des pensées d’être exprimées de vive voix ou par écrit, par exemple interdire la venue d’un conférencier, controversé ou non, sous prétexte de la portée de ces pensées sur la société ou une groupe particulier de personnes, ne me paraît pas acceptable à moins que les propos enfreignent la loi.

J’ai animé dans les écoles des centaines de conférences devant des milliers d’élèves au sujet de la déformation de l’information dans le cadre de l’éducation aux médias dans les années 1980. Aujourd’hui, la porte d’accès aux jeunes est verrouillée à double tour. N’essayez pas d’entrer dans les écoles québécoises pour informer les jeunes plus avant sur un sujet de l’heure, même s’ils sont concernés au premier chef, si vous n’êtes pas certifié par une agence (de conférenciers) ou cautionné par une instance quelconque ou par les médias. On s’assure de votre conformité et de votre fidélité au modèle du politiquement correct. Autrement dit, on ne veut pas d’un conférencier critiquant les jeunes, leurs professeurs et l’école et ainsi soulever des débats en faveur de la liberté de penser. L’école est formatée et les jeunes ne trouvent plus que les réseaux sociaux pour s’exprimer, pour se donner la liberté de penser (avec les pauvres moyens dont ils disposent à défaut d’un esprit critique acquis de la famille et de l’école).

« C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis (…) »

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 10-11.

Oh ! La, la. Nous ne sommes pas sortie du bois avec cette histoire de « Woke ». Mais cette idéologie n’est pas tombée du ciel du jour au lendemain. Ses origines dépassent largement la nouvelle civilisation numérique. La prédominance de l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je ») remonte au moins jusqu’à mon adolescence dans les années 1970, moment privilégié où l’on prend (peut prendre) conscience du monde dans lequel nous vivons. À cette époque personne ne m’a enseigné les tenants et les aboutissants du fameux « Je pense donc je suis » et les bénéfices du doute mis de l’avant par Descartes. L’école nous plongeait dans les sciences (mathématique, algèbre…) sans aucune formation préalable à l’esprit scientifique. Aucun cours de philosophie lors des cinq années d’études secondaires.

Ce que j’observais, c’est que mes collègues de classe, les étudiants aux niveaux supérieurs et les adultes passaient la plupart de leur temps à se donner raison. Je me disais que ces gens prennent pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent. Ils pouvaient bien s’expliquer pendant des heures, ça revenait au même : ils avaient toujours raison peut importe les objections et les critiques. La force de conviction de ces gens reposait essentiellement sur la force de leurs émotions. Ils témoignaient et ne témoignaient que de ce qu’ils prenaient pour la vérité. Le « Je, me, moi » date de bien avant la civilisation numérique.

Quant à l’image, le journal et la télévision faisaient preuve de tout mais seuls des extraits survivaient, souvent montés en épingle, mésinterprétés, sujets à la force subjective des émotions, et ici encore pour se donner raison.

La vitesse, pour sa part, c’était la télévision. L’assassinat de John F. Kennedy, l’homme sur la lune… Et, croyez-moi, les gens étaient tout aussi pressés qu’aujourd’hui. C’est en constatant ces empressements que j’ai écrit ce poème :

L’Homme de course

La Terre est un champ de course.
Les dieux misent sur les points de vie
À savoir qui trouvera la fin
de ce circuit où la rapidité
ne détermine aucun vainqueur.

L’Homme de course

L’homme a métamorphosé la Terre
en une grande piste de course
sans loi et sans limite.

L’homme de course court
pour rattraper le temps perdu.

Mais il n’aura jamais le temps
de reprendre le temps
qu’il met à la poursuite du temps
déjà perdu.

Et si l’homme de course réussissait
à rejoindre son temps
il mourrait
puisque son temps serait écoulé.

Un conseil ? Prenez votre temps.

Serge-André Guay, 17 ans
Juillet 1975

Eugénie Bastié présente en ces mots le troisième axe (troisième partie) de regroupement des textes de son recueil.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Le chauffeur de l’autobus bondée de passagers répétait ce « avancez en arrière » à chaque arrêt pour entasser davantage d’étudiants en direction du collège. Parfois, les étudiants n’avançaient pas suffisamment en arrière pour faire de la place aux nouveaux passagers. Le chauffeur se levait et se plantait alors devant tous les étudiants et il disait : « Si vous n’avancez pas vers l’arrière, je vous fais descendre de l’autobus ». Les passagers se tassaient encore un peu plus vers l’arrière de l’autobus et le chauffeur reprenait le volant de son autobus. Nous trouvions stupide l’idée d’avancer vers l’arrière, ça nous paraissait contradictoire, illogique. Dans le contexte amené par Eugénie Bastié suivant les dires de Leszek Kolakowski, il nous faut nous référer, pour avancer, revenir au passé, vers ceux qui nous ont précédé.

Eh ! Bien, justement, il y a un problème au Québec avec cette attention à porter à nos prédécesseurs. Dans les année 1960, le Québec s’est pris en main en se libérant, entre autres, du contrôle de la religion sur la vie des Québécois, notamment , sur la politique et sur la moral. Ce fut, ce que nous appelons le plus sérieusement du monde, une « révolution tranquille ». Et pour inscrire ce tournant au plus profond de la société jusque dans l’intimité de chacun, le Québec a jeté le bébé avec l’eau du bain. Les nouvelles autorités de l’instruction publique coupèrent drastiquement avec les 2,500 ans d’histoire de l’Homme. Ainsi, tout ce qui précédait les années 1960 n’était soudainement plus pertinent. Toute la sagesse de l’Homme acquise depuis des temps immémoriaux n’en valait plus la peine. Il fallait tout créer à partir de zéro. Au diable, le programme du cours classique de l’enseignement secondaire et collégial : Éléments latins (8e année), Syntaxe (9e année), Méthode (10e année), Versification (11e année); Rhétorique (12e année), Belles lettres (13e année), Philo I (14e année), Philo II (15e année). Et à la poubelle tous les livres scolaires utilisés jusque-là.

Même l’école élémentaire ne fut plus jamais la même. Désormais, on apprenait en s’amusant. On retrouvait dans ma classe de sixième année avec Mademoiselle Laflamme un écureuil, une tortue, des poissons rouges, de l’équipement vidéo, un théâtre de marionnettes, des affiches éducatives, tout pour les arts plastiques… Bref, la classe était devenue, du jours au lendemain, un terrain de jeux. Et terminées les leçons apprises par cœur. On improvisait. On disait tout dans nos propres mots.

Évidemment, on apprenait toujours à lire, à écrire et à compter mais les jeux grugeaient beaucoup de temps à l’enseignante sur l’essentiel.

Quand mes parents m’ont demandé quelle école je voulais fréquenter pour mes études secondaires, j’ai simplement répondu : « Là où il y a le moins d’étudiants possible ». Toute cette agitation de mes confrères et consœurs de classe dans ce qui était devenue « l’école active » m’énervait au plus haut point. Le choix fut facile : le collège privée dirigé par des prêtres avec 300 élèves plutôt que la polyvalente avec 1,000 élèves. Mais même le collège privé devait se soumettre à la Révolution tranquille et adopter les nouveaux cursus scolaires.

Mais, surprise ! Dans la trentaine, au cours des années 1990, je découvre un premier trésor de l’enseignement classique des années 1950, avant la Révolution tranquille. Je mets la main sur les manuels scolaires « Leçons de logique » et « Stylistique française », fruits ultimes de la connaissance accumulée depuis plus de 2,000 ans. Depuis ce temps, j’avance vers l’arrière.


« On nous a inculqué le préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. (…) »

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Hippolyte Taine sur Wikipédia


Mes attentes inspirées du litre de ce livre, LA DICTATURE DES RESSENTIS, étaient très élevées. Elle ne furent pas toutes satisfaites. À première vue, j’espérais être surpris tout autant que lors de ma lecture du livre Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies.

Le titre « LA DICTATURE DES RESSENTIS » se réfère directement à un seul chapitre du même titre dans le livre.

Peu familier avec le vie intellectuelle et l’actualité française, j’ai sans doute passé à côté de beaucoup de choses.

Il vous revient maintenant de découvrir LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIÉ auquel j’accorde cinq étoiles sur cinq.


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J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

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Article # 77

J’AI LU POUR VOUS

Problèmes de philosophie

Bertrand Russell

Nouvelle traduction

Éditions Payot

Collection Bibliothèque philosophique Payot

Paris, 1989

François Rivenc (Préfacier)

François Rivenc (Traducteur)

ISBN : 978-2-228-88172-2
EAN: 9782228881722
Nombre de Pages : 194
Achevé d’imprimer 2020

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Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

Problèmes de philosophie (1912) marque un tournant dans l’histoire philosophique de la logique moderne. Ce livre offre aussi, par le souci constant qu’il manifeste d’éviter les questions trop techniques ; par le rappel des grandes conceptions classiques que Bertrand Russell passe en revue afin de mieux situer sa démarche ; par la clarté, enfin, avec laquelle il pose les grands problèmes de la théorie de la connaissance et en parcourt le domaine — une excellente introduction à toute une part de la philosophie contemporaine.

Source : Payot & Rivages.


Note : Ce livre de Bertrand Russell est disponible gratuitement dans sa langue originale de publication (anglais) (1912).


TABLE DES MATIÈRES

Introduction de François Rivenc

Avant-propos

  • Apparence et réalité
  • L’existence de la matière
  • La nature de la matière
  • Idéalisme
  • Connaissance par accointance et connaissance par description
  • Sur l’induction
  • Sur notre connaissance des principes généraux
  • Comment une connaissance a priori est-elle possible
  • Le monde des universaux
  • Sur la connaissance intuitive
  • Vérité et erreur
  • Connaissance, erreur et opinion probable
  • Les limites de la connaissance philosophique
  • La valeur de la philosophie

Note bibliographique

Appendice : Introduction à la traduction allemande


EXTRAITS

Avant-Propos

Dans les pages suivantes je me suis limité pour l’essentiel aux problèmes de la philosophie à propos desquels j’ai cru possible de dire des choses positives et constructives, car une critique seulement négative eût été, me semble-t-il, hors de propos. Pour cette raison, la théorie de la connaissance occupe une place plus grande dans cet ouvrage que la métaphysique, et certains thèmes abondamment discutés par les philosophes sont traités brièvement, ou pas du tout.

J’ai trouvé une aide précieuse dans les travaux inédits de G.E. Moore et J.M. Keynes : en ce qui concerne les relations des sense-data aux objets physique pour le premier, la probabilité et l’induction pour le second. Je suis aussi grandement redevable au Professeur Gilbert Murray pour ses critiques et ses suggestions.

1912

Note de la dix-septième édition :

Concernant certaines affirmations aux pages 66, 97, 154 et 155, il faut remarquer que ce livre a été écrit dans la première moitié de l’année 1912, alors que la Chine était encore un Empire et que le nom du dernier Premier ministre commençait par la lettre B.

1943

SOURCE : RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Éditions Payot, Paris, 1989.


Bertrand Russell. Problèmes de philosophie. (1912) Payot (1989), p. 180.181.

« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier: prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais […] à peine commençons-nous à philosopher que même les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir: mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu.

 Mais à côté de cette fonction d’ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur – et peut-être est-ce là sa valeur la plus haute – de la grandeur des objets qu’elle contemple, et de la libération à l’égard de la sphère étroite des buts individuels que cette contemplation induit ».

Bertrand Russell. Problèmes de philosophie. (1912) Payot (1989), p. 180.181.


Autres extraits – Autre traduction de l’original de 1912

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À lire aussi sur le web au sujet de ce livre

Russell. La valeur de la philosophie – Par Gabriel Gay-Para.

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La valeur de la philosophie. Bertrand Russell. Publié Par Simone MANON Sur 2 octobre 2008 @ 6 h 21 min Dans Chapitre I – La philosophie.,Explication de texte,Textes

Russell, Problèmes de philosophie: Valeur de la philosophie – Corrigé complet fait par l’élève. Note obtenue : 16. Dernière mise à jour : 12/09/2021 • Proposé par: Audrey Guintrand (élève)


Lire d’autres extraits en ligne


AU SUJET DE L’AUTEUR

Bertrand Russell en novembre 1957. Source : Wikipédia.
Bertrand Russell, 28 novembre 1957. Source : Wikipédia.

Bertrand Russell

(1872-1970)

« Bertrand Russell (1872-1970), mathématicien et philosophe, prix Nobel de littérature en 1950, chef de file de la philosophie analytique, est considéré comme le fondateur de la logique mathématique moderne. Il est l’auteur de plusieurs livres aux Éditions Payot, dont Analyse de l’esprit, La Méthode scientifique en philosophie, ou encore La Conquête du bonheur. »

SOURCE : RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Éditions Payot, Paris, 1989.


Russell et la Philosophie par Anne-Françoise Schmid (1)

Bertrand Russell : ce qu’est la philosophie – Apprendre la philosophie

Russell, logique et réalité par François Brooks

Fabien Schang, « Les attitudes russelliennes », Cahiers de philosophie de l’université de Caen [En ligne], 54 | 2017, mis en ligne le 01 février 2019, consulté le 25 janvier 2024. URL : http://journals.openedition.org/cpuc/328 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cpuc.328

Bertrand Russell : pour une philosophie de l’action en temps de guerre par Andrea Mercier, Centre canadien d’études allemandes et européennes, Université de Montréal, Canada

Bertrand Russell et Harold Joachim par Nicholas Griffin, Université McMaster


Bertrand Russell sur le site web de la Bibliothèque nationale de France

Bertrand Russell sur Encyclopædia Universalis 

Bertrand Russell sur Wikipédia

Bertrand Russell sur Wikisource

Bertrand Russell sur Wikiquote

Bertrand Russell sur le site web des Prix Nobel

Biographie de Bertrand Russell > Bertrand Russell (18 mai 1872 [Trelleck, Pays de Galles] – 2 février 1970 [Penrhyndeudraeth, Pays de Galles])

Bertrand Russell, ÉLOGE DE L’OISIVETÉ. (1932) – Les classiques des sciences sociales – Livre à télécharger gratuitement

Bertrand Russell, L’art de philosopher, trad. de l’anglais par Michel Parmentier, Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. «Zêtêsis», 2005, 95 pages.

Bertrand Russell, l’œuvre d’une vie – 4 épisodes – Les Chemins de la philosophie, France Culture


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Problème de philosophie

Bretrand Russell

Éditions Payot
Paris, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

J’ai lu pour vous la réédition de 1989 chez Payot («Cet ouvrage est une nouvelle traduction du texte de Bertrand Russell dont les Éditions Payot avait publié la première version française de S. M. Guillemin»). Cette réédition propose une «Introduction et traduction de l’anglais par François Rivenc».

J’ai passé assez rapidement sur cet introduction en raison de l’érudition qu’elle exige du lecteur. François Rivenc nous fait part des enjeux qu’il a relevé dans la traduction du texte de cette œuvre de Bertrand Russell. Il tente aussi de situer PROBLÈME DE PHILOSOPHIE dans l’histoire de la philosophie. Le style et l’approche de François Rivenc est tout à l’opposée du texte de BERTRAND RUSSELL, beaucoup plus compréhensible. Truffée d’exemples concrets, le texte de Bertrand Russell retient vite notre attention.

I – Apparence et réalité

L’objet de nos perceptions sensorielles existe-t-il vraiment et est-ce que nos perceptions sont la seule réalité de l’objet que nous percevons ? Bref, est-ce que tout se passe dans notre tête et, si c’est le cas, la table que nous voyons existe-t-elle réellement ?

Quelques termes simples, au sens défini et clair, nous aiderons à traiter ces questions. Appelons «sense-data» ces choses immédiatement connues dans la sensation : couleurs, sons, odeurs, les différentes duretés, rugosités, etc. Et appelons «sensations» l’expérience d’être immédiatement conscient de ces choses. Ainsi, voir une couleur, c’est avoir la sensation de la couleur, mais la couleur elle-même est un sense-datum, pas une sensation. La couleur est ce dont nous avons immédiatement conscience, et cette conscience elle-même est la sensation. Il est évident que toute connaissance de la table passe par sense-date – la couleur brune, la forme rectangulaire, l’aspect lisse, etc. –, que nous associons à la table; mais, pour des raisons déjà invoquées, nous ne pouvons pas dire que la table est l’ensemble des sense-date, ni même que les sens-date sont des propriété appartenant directement à la table. Ainsi surgit la question de la relation entre les sense-date et la table réelle, à supposer qu’elle existe.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre I – Apparence et réalité, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 33-34.

Je comprend qu’il ne faut pas prendre ce que nous percevons par nos sens pour la réalité elle-même de l’objet ainsi perçu. Ainsi Bertrand Russell se demande si la table existe réellement. Ce que nous connaissons, ce sont les sensations que nous procurent nos sens. Nous sommes certains de percevoir une couleur mais de la couleur elle-même nous ne connaissons rien.

Auparavant, revenons un instant sur ce que nous avons découvert. Nous avons vu qu’étant donné un objet ordinaire quelconque, du genre de ceux qu’on suppose être connus par les sens, nous sens ne nous apprennent pas immédiatement la vérité sur l’objet en soi, mais seulement la vérité sur des sense-data qui dépendent, à ce qu’il semble, des relations entre nous et l’objet. Ainsi ce que nous voyons et ressentons est une simple « apparence », dont nous pensons qu’elle est le signe d’une « réalité » cachée derrière elle. Mais si la réalité n’est pas ce qui apparaît, avons-nous un moyen de savoir s’il y a bien une réalité ? Et si oui, de nous en faire une image ?

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre I – Apparence et réalité, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 37.

II – L’existence de la matière

Bertrand Russell se réfère à Descartes et au doute systématique dans le chapitre suivant, L’existence de la matière. Il l’introduit en ces mots :

La question de ce chapitre est de savoir s’il existe une chose telle que la matière, en quelque sens que ce soit. Y a-t-il une table doutée d’une nature propre, qui continue d’exister quand je ne la regarde pas, ou bien n’est-elle qu’un produit de mon imagination, un rêve de table dans un durable songe ? (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre II – L’existence de la matière, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 39.

Descartes, explique Russell, a montré que «la subjectivité est ce qu’il y a de plus certain».

Descartes, le fondateur de la philosophie moderne, a inventé une méthode qu’on peut encore utiliser avec profit — le doute méthodique. Il décida de ne rien croire qu’il ne concevait pas clairement et distinctement être vrai. Tout ce qu’il pouvait mettre en doute, il le rejetterait jusqu’à ce qui perçoive une raison de cesser de douter. En appliquant cette méthode, il acquit progressivement que la seule existence dont il pouvait être absolument certain était la sienne propre. Il imagine alors un mauvais génie trompeur qui présente à ses sens des choses sans réalité en une perpétuelle illusion et tromperie; l’existence de ce malin génie est peut-être improbable; encore est-il qu’elle est possible, et donc on peut douter des choses perçues par les sens.

(…)

(…) Ainsi sa propre existence était une certitude absolue pour lui : «Je pense, écrit-il, donc je suis » (Cogito, ergo sum); et sur le fondement de cette certitude il entreprend de reconstruire l’univers de la connaissance ruiné par l’opération du doute. En inventant le doute méthodique, et en montrant que la subjectivité est ce qu’il y a de plus certain, Descartes rendit une grand service à la philosophie, de sorte qu’aujourd’hui encore son enseignement est profitable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre II – L’existence de la matière, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 40.


«Est subjectif ce qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul (synonyme : individuel) ; ou encore ce qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit» (superprof, L’opposition entre être objectif ou subjectif).


III – La nature de la matière

Je comprend qu’on ne peut pas déterminer la nature de la matière de l’objet que nous percevons sur la base de ces perceptions.

IV – L’idéalisme

Le mot « idéalisme » a, selon les philosophes, des acceptions quelque pu différentes. Nous le prendrons au sen de la doctrine pour laquelle tout ce qui existe, ou du moins tout ce dont nous pouvons connaître l’existence, doit être d’une façon ou d’une autre de nature mentale. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 59.

Parlant du philosophe George Berkeley, Bertrand Russell écrit :

Les raison en faveur de l’idéalisme sont généralement dérivées de la théorie de la connaissance. La première tentative sérieuse pour asseoir l’idéalisme sur ces fondements fut celle de Berkeley. Il utilise d’abord des argument en grande partie valides pour prouver que nos sense-date ne peuvent avoir une existe3nce indépendante de nous, maus doivent au contraire être au moins pour une part «dans» l’esprit, au sens où ils n’existeraient pas sans la vie, l’ouï, ne les autres sens. Et jusqu’ici sa thèse sinon tous les arguments utilisés, est à peu près incontestable. Mais il va plus loin et s’efforce de montrer que les sens-data sont les seules réalités dont nos perceptions nous assurent, qu’être connu c’est être «dans» l’esprit  et donc mental. D’où il conclut que rien ne peut être connu sauf à être dans un esprit, et que ce qui est connu mais n’est pas dans mon esprit doit résider dans un autre.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 60.

(…) Si bien qu’il n’y a dans le monde que des esprits avec leurs idées, et que rien d’autre n’est connaissable puisque seule une idée peut être connue.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 61.

C’est fou cette doctrine de l’idéalisme. Seul l’idée que j’ai de la réalité est réelle et ainsi tout ce qui est réel est dans ma tête. Je pense à toi, mais tu n’es pas dans ma tête. Quand le pense à toi, c’est l’idée de toi qui est dans ma tête. Et tu existe indépendamment de l’idée que j’ai de toi.

Cette distinction entre l’acte et l’objet dans le phénomène de l’appréhension est d’une importance majeure, puisque c’est toute notre faculté de connaître qui lui est liée. La capacité d’avoir l’expérience directe de ce qui n’est pas lui, de ce qui est autre, est la principale caractéristique de l’esprit. L’expérience directe d’un objet est dans son essence une relation entre l’esprit et quelque chose de différent; et c’est en cela que réside la faculté qu’a l’esprit de connaître. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 64.

V – Connaissance par expérience directe et connaissance par description

Nous venons de voir dans le chapitre précédent qu’il y a deux sortes de connaissances : celle des choses, et celle des vérités. Ce chapitre sera exclusivement consacré à la connaissance des choses, que nous devons à nouveau diviser en deux genres. La connaissance des choses, quand elle est du genre que nous nommerons connaissance par expérience directe. est essentiellement plus simples que la connaissance des vérité, et logiquement indépendante d’elle, bien qu’il soit téméraire de prétendre qu’un être humain puisse jamais avoir une expérience d’une chose sans du même coup connaître quelque vérité à son sujet. La connaissance des choses par description, au contraire, présuppose toujours la connaissance de certaines vérités à titre d’origine ou de fondement : nous le verrons en cours de route.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, V – Connaissance par expérience directe et connaissance par description, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 69.

Bertrand Russell nous introduit à l’expérience directe par la mémoire, à l’expérience directe dans l’introspection, de l’expérience directe des universaux.

VI – Sur l’induction

Ce principe peut être appelé le principe d’induction, et ses deux m0ments peuvent s’énoncer ainsi :

a) Si on a découvert qu’une certaine chose A est associée avec une autre chose B, et si on ne l’a jamais trouvée en l’absence de B, plus est le nombre de cas où A et B ont été associés dans une situation où l’on sait que l’un des deux est présent.

b) Sous les même conditions, un nombre suffisant de cas d’association fera que la probabilité d’une nouvelle association tende vers la certitude, et s’en approchera au-delà de toute limite assignable.

Sous cette forme, le principe s’applique seulement à la confirmation de notre prévision d’un seul nouveau cas. (…)

(…)

(…) Les deux moments du principe peuvent donc être reformulés en terme de loi générale ainsi :

a) Plus grand est le nombre de cas où une chose du genre A a été trouvée associée à une chose du genre B, plus grande est la probabilité que A soit toujours associé à B (à condition qu’il n’y ait aucun cas connu d’absence d’association).

b) Sous les même conditions, un nombre suffisant de cas d’association fera que la probabilité que A soit toujours associe à B tende vers la certitude, la loi générale s’approchant alors de la certitude au-delà de toute limite assignable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VI – Sur l’induction, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 89-90.

VII – Notre connaissance des principes généraux

Dans ce chapitre Bertrand Russell répond à la question : « Comment parvenons-nous à la connaissance des principes généraux ? »

La connaissance a priori n’est pas seulement de nature logique, domaine que nous venons de mentionner. Peut-être la connaissance des valeurs éthiques est-elle l’exemple le plus important d’une connaissance a priori qui ne soit pas de nature logique. Je ne parle pas ici des jugements d’utilité ou de convenance, car ces jugements requièrent des prémices empiriques, mais des jugements concernant la valeur intrinsèque des choses. Un chose est utile dans la mesure où elle permet la réalisation d’une fin; si nous avons poursuivi l’analyse assez loin, cette doit avoir de la valeur en elle-même, et non seulement à titre de moyens en vue d’une autre fin. Tous les jugements d’utilité sont ainsi suspendus à des jugements de valeur en soi.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VII – Notre connaissance des principes généraux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 98.

VIII – Comment une connaissance a priori est-elle possible ?

(…) De nombreux philosophes, à la suite de Kant, ont soutenu que les relations sont l’œuvre de l’esprit : en elles-mêmes les choses n,entretiennent aucune relation, mais l’esprit, les rapportant l’une à l’autre par un acte de la pensée, engendrerait les rapports qu’il affirme entre les choses.

Or cette thèse prête le flanc aux même objections que la théorie kantienne. Il est évident que ce n’est pas la pensée qui est responsable de la vérité de la proposition « Je suis dans ma chambre ». Il est peut-être vrai qu’un perce-oreille est dans ma chambre, alors même qui ni moi ni l’insecte ni personne n’est au courant de cette vérité; cette vérité se rapporte uniquement à l’insecte et à la pièce, et ne dépend de rien d’autre. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VIII – Comment une connaissance a priori est-elle possible ?, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 112.

IX – Le monde des universaux

Le mot « idée » s’est chargé avec le temps d’associations nombreuses et qui peuvent égarer sur le sens proprement platonicien du mot. Nous parerons donc d’«universel» plutôt que d’«idée» pour décrire ce que Platon a en vue.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, IX – Le monde des universaux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 117.

X – Notre connaissance des universaux

(…) Toute connaissance a priori concerne exclusivement les relations entre universaux. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, X – Notre connaissance des universaux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 127.

XI – La connaissance intuitive

Le sentiment général est que toutes nos croyances doivent pourvoir être prouvées, ou qu’on doit pouvoir du moins établir leur grande probabilité. Et c’est une opinion répandue qu’une croyance dont on ne peut rendre raison est irrationnelle. C’est là un point de correct pour l’essentiel. Presque toutes nos croyances familières sont inférées, ou susceptibles de l’être, à partir d’autres croyances qu’on peut considérer comme leurs fondements. En règle général, nous avons oublié, ou n’avons jamais su clairement, pour quelles raisons nous les tenons pour vraies. Qui d’entre nous se demande, par exemple, pourquoi il y a lieu de croire que la nourriture que nous allons absorber ne nous empoisonnera pas tout d’un coup ? Mais nous sentons bien que si l’on nous mettait au défi, nous pourrions invoquer une raison parfaitement correcte, même si nous ne l’avons pas sous la main. Et d’ordinaire nous avons raison de penser ainsi.

Mais imaginons (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XI – La connaissance intuitive, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 135.

XII – Le vrai et le faux

Selon nos trois réquisits, la théorie de la vérité que nous cherchons doit : (1) faire sa place à la possibilité du faux en tant qu’opposé du vrai; (2) faire de la vérité une propriété de la croyance, mais ; (3) une propriété qui dépende entièrement des relations entre la croyance et quelque chose d’extérieur.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XII – Le vrai et le faux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 147.

On remarquera que ce n’est pas l’esprit qui crée le vrai ou le faux. L’esprit crée la croyance, mais une fois qu’elle est là, ce n’est pas l’esprit qui la rend vraie ou fausse, exception faite des cas où elle porte sur des événements futurs qu’il est dans le pouvoir de l’individu de réaliser, prendre un train par exemple, C’est le fait qui rend la croyance vraie, et ce fait (sauf exception) ne présuppose pas l’esprit de la personne qui est le sujet de la croyance.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XII – Le vrai et le faux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 153.

XIII – La connaissance, l’erreur, l’opinion probable

(…) Là où notre croyance est ferme, si de plus elle est vraie, nous parlons de connaissance, à condition qu’il s’agisse de connaissance intuitive dont elle s’ensuit logiquement. Là où notre croyance est ferme, mais fausse, nous parlons d’erreur. Là où notre croyance est ferme, mais où nous ne pouvons parler ni de connaissance ni d’erreur; et là aussi où notre croyance est hésitante parce qu’il lui manque le plus haut degré d’évidence, où parce qu’elle est dérivée d’autre chose auquel ce plus haut degré manque pareillement, nous pouvons parler d’opinion probable. De sorte que la plus grande ce qui se passe ordinairement pour de la connaissance est en fait une forme ou une autre d’opinion probable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XIII – La connaissance, l’erreur, l’opinion probable, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 163.

XIV – Les limites de la connaissance philosophique

Si tout ce qui précède est vrai, la connaissance philosophique ne diffère pas essentiellement de la connaissance scientifique; il n’y a de source tout à fait spéciale d’un savoir supérieur qui serait accessible à la philosophie sans l’être à la science; et les résultats que peut obtenir la philosophie ne sont pas non plus radicalement de ceux que peut apporter la science. La caractéristique essentielle de la philosophie, ce qui fait d’elle un savoir différent de la science, c’est sa dimension critique. La philosophie mène un examen critique des principes à l’œuvre dans les sciences comme dans la vie quotidienne; elle traque les éventuels incohérences de ce principes, et ne les accepte que lorsque leur analyse critique a montré que nous n’avons pas de raison de les rejeter. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XIV – Les limites de la connaissance philosophique, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 173.

XV – La valeur de la philosophie

En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XV – La valeur de la philosophie, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 180-181.

Ma lecture de cette citation m’a inspiré un premier article dans notre dossier : Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell.

Puis, je me suis procuré le livre d’où provenait cette citation et objet du présent article.

J’interprète cette citation comme un éloge au doute, celui qui, comme une faille dans le mur d’une pièce fermée, qui laisse enfin entrer la lumière. Les personnes familières avec les articles de ce dossier savent bien que je répète sans cesse que « La lumière entre par les failles ». Le questionnement philosophique représente, selon moi, la pioche qui permet de fissurer le mur et d’ouvrir une faille qui laisse entrer la lumière. Évidement, sil y a longtemps que la personne dans la pièce vit dans le noir, cette lumière l’aveuglera et elle sera ainsi portée instinctivement à colmater rapidement la faille. Si une personne se donne raison constamment pour une raison ou pour une autre, elle vit dans cette pièce sans aucune lumière; elle vit dans le noir. Nous sommes à l’opposée de la Caverne de Platon qui laisse entrer la lumière, les personnes présentent, dos à la porte de la caverne, voit leurs ombres sur le mur du fond de la caverne en les prenant pour la réalité, et dont le regard est détourné du fond de la caverne pour voir la porte et se diriger hors de la caverne pour voir la réalité vraie. La pièce sans lumière aucune laisse la personne qui l’habite dans une situation encore plus grave que celles dans la Caverne de Platon. Il n’y a aucune illusion de la réalité, aucune ombre sur le fond de la caverne et aucune porte ou fenêtres visibles, dans la pièce sans lumière. Il ne reste plus qu’à cette personne dans le pièce sans lumière à se donner raison sur la seule base de ses souvenirs au temps où vivait en contact avec la réalité, pour autant qu’elle ait de tels souvenirs. À défaut de souvenirs, la personne dans la pièce sans lumière peut compter sur son imagination pour se donner raison. Ainsi, cette personne, assise dans le noir, croit que son confort repose essentiellement sur le fait d’avoir raison. Seule une faille laissant pénétrer la lumière peut libérer cette personne.


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J’accorde au livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE de BERTRAND RUSSELL cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

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Article # 76

J’AI LU POUR VOUS

Croyance, connaissance, justification

Textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel

et traduits par

E. Bourgognon, A. Brunet, N, Cominotti, J. Dutant, P. Egré, P. Engel, E. Glon, F. Roudaut

Collection Texte Clés de philosophie de la connaissance

Libraire philosophique J. Vrin

2005

464 pages – 11 × 18 × 2,8 cm

ISBN 978-2-7116-1666-4 – avril 2005

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Croyance, connaissance, justification

Textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel

et traduits par

E. Bourgognon, A. Brunet, N, Cominotti, J. Dutant, P. Egré, P. Engel, E. Glon, F. Roudaut

Collection Texte Clés de philosophie de la connaissance

Libraire philosophique J. Vrin

2005

464 pages – 11 × 18 × 2,8 cm

ISBN 978-2-7116-1666-4 – avril 2005


Présentation

La philosophie de la connaissance – l’enquête classique qui consiste à chercher à définir la notion de connaissance et à établir ses sources et ses limites – connaît, depuis une trentaine d’années, un essor important, principalement dans la tradition anglophone de philosophie analytique. En reprenant l’entreprise du Théétète, et en réponse au défi du sceptique cartésien, les philosophes contemporains ont formulé des théories rivales de la connaissance, tantôt “internalistes”, tantôt “externalistes”, alors que les tentatives de réponse au trilemme d’Agrippa ont donné naissance au débat entre les théories “fondationnalistes” et “cohérentistes” de la justification des croyances. Des formes renouvelées de scepticisme ont vu le jour, en même temps que des réponses fondées sur le sens commun, dans la tradition de Reid et de Moore. A travers la subtilité des arguments, l’inventivité des exemples et la complexité des définitions qui les distinguent, ces théories renouvellent radicalement les interrogations classiques et en éclairent les présupposés. Ce recueil a été conçu pour permettre l’accès du lecteur français à un ensemble de textes contemporains représentatifs de ce domaine.

Avec des textes de : L. BonJour, R. Chisholm, E. Gettier, A. Goldman, K. Lehrer, G.E. Moore, R. Nozick, E. Sosa, B. Stroud, T. Williamson et L. Zagzebski.

Source : J. Vrin Éditeur.


Table des matières

Introduction générale

Définition de la connaissance

  • E. Gettier, La connaissance est-elle la croyance vraie justifiée? (1963)
  • R. Nozick, Les conditions de la connaissance (1981)

Fondationnalisme et cohérentisme

  • R. Chisholm, Une version du fondationnalisme (1982)
  • K. Lehrer, La théorie cohérentiste de la connaissance (1986)
  • E. Sosa, Le radeau et la pyramide (1980)

Internalisme et Externalisme

  • A. Goldman, Qu’est-ce qu’une croyance justifiée? (1979)
  • L. BonJour, Les théories externalistes de la connaissance empirique (1980)
  • T. Williamson, La connaissance est-elle un état de l’esprit? (2000)

Scepticisme

  • B. Stroud, Comprendre la connaissance humaine en général (1989)
  • G.E. Moore, Preuve qu’il y a un monde extérieur (1952)
  • D. Lewis, Insaisissable connaissance (1996)

Epistémologie de la vertu

  • L. Zagzebski, La connaissance comme vertu intellectuelle (1995)

Extrait

INTRODUCTION GÉNÉRALE

en hommage à Keith Lehrer

Ce que recouvre l’expression « philosophie de la connaissance » est assez divers. Cette appellation désigne au moins cinq choses : (a) une enquête philosophique générale sur la nature, les sources, et les limites de la connaissance, (b) un ensemble de doctrines relevant de cette enquête chez un philosophe particulier, (c) un type de philosophie qui met l’accent sur la connaissance (plutôt que sur l’être, ou sur l’action, par exemple), (d) l’étude des méthodes de la science en général ou (e) à partir de l’histoire des sciences. La difficulté est que les termes désignant ces divers types d’enquête n’ont pas le même sens d’une langue philosophique à une autre. Erkenntnistheorie désigne à la fois la « théorie de la connaissance » au sens général (a) et un certain type de doctrines néo-kantiennes sur la connaissance au sens (c), dans la mesure où le kantisme est supposé être une philosophie qui fait de la philosophie de la connaissance la philosophie première (par opposition à l’ontologie). On emploie plus rarement « gnoséologie » pour désigner aussi bien (a) que (b) (la gnoséologie de Thomas d’Aquin, celle des stoïciens) [1] (d) correspond tantôt à ce que l’on appelle en allemand Wissen- schoftslehre – la doctrine de la science -, tantôt à ce que l’on appelle «logique» au sens large (la Logic de Mill par exemple couvre l’ensemble des méthodes des sciences déductives et inductives [2]), tantôt à ce que l’on appelle « méthodologie ».

Épistémologie est le mot qui a subi les destins les plus divers. En anglais epistemology désigne la théorie de la connaissance en général au sens (a), mais en français il désigne plus couramment une enquête sur les sciences de type (d) (épistémologie générale des sciences) ou (e) (épistémologies régionales). En fait le sens (e) où l’épistémologie est la philosophie historique des sciences, est le sens qui a tendu à prédominer en français depuis les années 1930. Des auteurs comme Meyerson ou Goblot désignaient encore par «épistémologie» la théorie générale de la connaissance[3]. La tradition française, depuis Comte et Cournot au moins, n’avait jamais séparé l’histoire des sciences de ce que ce dernier appelait la « critique philosophique ». Mais au xxe siècle, sous l’influence notamment de Brunschvicg, Bachelard et Canguilhem, le terme «épistémologie» a fini par désigner une étude historique des sciences, quelquefois l’histoire des sciences elle-même, conçue en opposition à l’idée d’une théorie générale de la connaissance, soupçonnée de proposer une épistémologie normative ignorante des réalités historiques et de souscrire implicitement à un programme d’unification des sciences comparable à celui du positivisme logique. Selon la version la plus radicale de cette conception, il y a sans doute des épistémologies régionales, mais il n’y a pas d’épistémologie générale.

L’ÉPISTEMOLOGIE

Nous suivons ici l’usage de Meyerson et celui de l’anglais, et désignons par épistémologie ou philosophie de la connaissance une enquête générale sur la connaissance, ses sources et ses limites. Ce choix n’est évidemment pas neutre. Il résulte d’une prise de position philosophique, qui est en général celui de la tradition «analytique»: il est possible de mener une enquête autonome sur la nature de la connaissance en général, sa portée et ses limites. Cette enquête porte, pour reprendre les termes de Barry Stroud, sur «la connaissance humaine en général» (1989, texte repris dans ce volume) et sa possibilité, au sens même où le sceptique la met en doute, et au sens où la philosophie entend lui répondre. Le théoricien de la connaissance partage en effet avec le sceptique une aspiration à la généralité. Cette généralité n’est pas celle à laquelle aspiraient les positivistes dans leur programme d’unification méthodologique des sciences, auquel l’épistémologie, au sens où nous l’entendons ici, n’a pas à souscrire. Le programme d’unité de la science concernait la notion d’explication aussi bien que l’ontologie de la science et supposait qu’on puisse ramener l’une et l’autre sous un même type. Ce dont il est question ici est autre : il s’agit de la définition même de la connaissance, de ses liens conceptuels à la croyance, à la vérité et à la justification, ainsi que de sa possibilité.

Une analogie aidera. On a coutume de désigner sous le nom de « méta-éthique » les questions qui concernent le statut des jugements moraux et des propriétés morales, la question de leur justification, et de leur liens avec la motivation éthique, et on distingue cette enquête de l’éthique dite «normative» qui concerne le choix des éthiques particulières (utilitarisme, kantisme, perfectionnisme, etc.). L’épistémologie générale se situe au même plan de généralité que la méta-éthique, et les positions particulières (fondationnalisme, cohérentisme, etc.) sont, mutatis mutandis, des épistémologies normatives. Ces questions relèvent tout autant de ce que l’on peut appeler, dans une perspective kantienne, une critique, ou plus rarement la « métaphysique de la connaissance » [4]. Mais l’épistémologie générale n’est tenue ni de souscrire aux présupposés de la première ni aux thèses de la seconde, bien qu’elle rencontre souvent des questions réputées métaphysiques, comme celles de la nature du possible et du nécessaire, de la causalité et des relations de la pensée et de la réalité. Ses méthodes sont celles que la philosophie analytique nous a léguées : l’analyse, la logique, l’exemple, l’expérience de pensée, et l’argumentation conceptuelle.

L’idée qu’une telle enquête soit simplement possible rencontre non seulement l’opposition de nombre de sociologues et d’historiens des sciences qui considèrent que la notion abstraite de connaissance n’a pas de sens, mais aussi celle de certains philosophes au sein même de la tradition analytique. Ainsi Quine ne croit pas que l’épistémologie soit possible, sauf à être «naturalisée», c’est-à-dire absorbée dans une étude scientifique des capacités naturelles des espèces (humaine et animales). Elle cesse ainsi d’avoir un statut autonome et surtout d’avoir un statut normatif[5]. Il répudie toute question du type de celle que posait Descartes (Comment échapper au scepticisme et fonder la connaissance sur des bases sûres?) en soutenant, dans une veine proche de celle du pragmatisme, que les seuls doutes sceptiques sérieux sont des doutes scientifiques. Il est suivi en cela par nombre d’auteurs «néo-pragmatistes» ou relativistes, tels que Rorty (1979) ou Stich (1990) qui nient que l’entreprise «analytique » en épistémologie ait un sens quelconque. Contre ce type d’éliminativisme, les auteurs représentés dans ce recueil acceptent l’idée d’une épistémologie générale comme sujet autonome, et ils prennent le sceptique au sérieux, même quand ils sont naturalistes[6]. Si ceux qui ne sont prêts à parler d’épistémologie que pour en faire la nécrologie avaient raison, on comprendrait mal pourquoi ce domaine est si actif dans la philosophie contemporaine[7].

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[1] On peut aussi utiliser «gnoséologie» en un sens encore plus large: une récente Philosophie des sciences (D. Andler, A. Fagot-Largeault, B. Saint Sernin, Paris. Gallimard, 2002) place sous ce terme des sujets tels que la philosophie de la nature, la construction intersubjective de l’objectivité scientifique, et l’étude des processus cognitifs.).

[2] Un célèbre historien de la pensée allemande vint un jour chez P. Engel et, désignant ses étagères de livres d’épistémologie, déclara : «Tout cela, c’est de la logique anglaise!».

[3] C/. Meyerson, Identité et réalité, Paris, Alcan, 1912; 2e éd. Paris, Vrin, 1951. Le Traité de la Connaissance, de Louis Rougier, modelé sur l’Allgeineine Erkenntnistheorie de Schlick, est peut-être le dernier ouvrage de ce style paru en France. Cf. aussi Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, P31’5, É’U.F., 1968, p.294. Lalande lui-même (Ibid.) déplore l’usage d épistémologie en ce sens, déclarant: «en français il ne devrait se dire correctement que de la philosophie des sciences ». On ne voit pas pourquoi.

[5] L’expression est utilisée par J. Vuillemin dans ses Leçons sur la première philosophie de Russell, Paris, A. Colin, 1968, p. 5.

[5] Quine soutient qu’elle est comme l’ingénierie, ce qui revient au même que de lui conférer un statut descriptif.

[6] Voir par exemple la critique de Quine par Kim (1988).

[7] Les anthologies et manuels parus récemment, comme Kim et Sosa 2000, Berneker et Drestke 2000. Williams 2001 ou Moser2002 en témoignent.

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P.S. : Dans cet extrait, j’ai volontairement changé le numéros des Notes en bas de chaque page dans le livre papier afin qu’elles concordent avec une numérotation continue pour un positionnement en fin de texte.


Au sujet des auteurs


JULIAN DUTANT

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Source : Page Facebook de Julian Dutant.
Senior Lecturer chez King’s College London.

« Je suis un philosophe spécialisé en épistémologie (au sense de philosophie de la connaissance), épistémologie formelle, philosophie du langage, et théorie de la rationalité (en éthique et théorie de la décision). Je m’intéresse aussi à l’histoire de l’épistémologie.

Je suis lecturer (maître de conférences) à King’s College London. Avant de rejoindre King’s j’ai été affilié à l’Université de Genève, en particulier au groupe Episteme de Pascal Engel. J’ai aussi été visiteur aux universités d’Oxford (2000-01, 2009-10, 2012, 2013-14), de Berkeley (2011) et du Michigan (2014-15).

La plupart de mes publications sont accessible sur PhilPapers.

Voici mon CV complet (ou CV en anglais). »

Source : site web de Julian Dutant

Page de Julian Dutant sur le King’s College London

Page de Juilan Dutant sur PhilPapers

Page de Julian Dutant sur Facebook

Page de Julian Dutant sur acamedia.edu


PASCAL ENGEL

Pascal Engel, 2000, auteur : Pommeret35 (Wikipédia).
Pascal Engel, 2000, auteur : Pommeret35 (Wikipédia).

Directeur d’études émérite à l’Ecole des hautes études en sciences sociales

Professeur honoraire, Université de Genève

Membre du Centre de recherches sur les arts et le langage ( CRAL, CNRS, EHESS)

Pascal Engel, ancien élève de l’ENS rue d’Ulm, a fait un doctorat à l’Université de Paris I  et un doctorat d’Etat à Aix en Provence . Il a enseigné aux universités de Paris XII, Grenoble, Caen, Paris-Sorbonne et Genève. Il a été professeur invité notamment à Montréal, Hong Kong, Tunis, Athènes, Aarrhus, Canberra, Oslo, Leuven, Lund, Pékin, Taiwan, Saint Louis, special professor à Nottingham. Il a été membre de l’Institut universitaire de France,  de Rationalités contemporaines à Paris IV, du CREA à l’Ecole polytechnique, de l’Institut Jean Nicod, et du groupe Epistémè à Genève. Il est secrétaire général de l‘Institut international de philosophie, membre de l’Academia Europaea et de l’Association internationale de philosophie des sciences . Ses travaux ont porté sur la philosophie de la logique et du langage, en particulier sur Davidson, et sur la philosophie de l’esprit et de la connaissance. Ses intérêts actuels portent sur la vérité, les normes épistémiques, la nature de la croyance, et la théorie des raisons. Il est l’auteur notamment de La norme du vrai (1989), Davidson et la philosophie du langage (1994), Introduction à la philosophie de l’esprit (1994) Philosophie et psychologie (1996), La dispute (1997), Truth (2002), Ramsey , Truth and Success (with Jérôme Dokic, 2002) , A quoi bon la vérité ? (with R. Rorty, 2005), Va savoir! (2007) , Les lois de l ‘esprit (2012) , Les vices du savoir (2019), Manuel rationaliste de survie (2020), et comme éditeur Inquiries into Meaning and Truth (1991, with N. Cooper), Précis de philosophie analytique (2000), and Believing and accepting (2000). Il a été éditeur de dialectica de 2005 à 2011. Depuis 2023 il est directeur d’études émérite à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et membre du CRAL.

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Toutes publications de Pascal Engel


Mon rapport de lecture du livre

Croyance, connaissance, justification

Textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel

Vrin Éditeur

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.


X sait que Pssi

(i) O est vrai

(ii) X croit que P

(iii) Si P était faux, X ne croirait pas que P

(iv) Si P était vrai, X croirait que P

J. Dutant et P. Engel (Testes réunis par), Philosophie de la connaissance — Croyance, connaissance, justification, Introduction générale, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 16.


Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Plus tard, je comprendrai que les nombres sont des concepts abstrait qui ne laissent place à aucune interprétation. 2+2=4. On ne rencontre pas le nombre 2 au coin de la rue. À l’opposé, les mots laissent une place importante à l’interprétation. Dans ce contexte, je relevais avec succès le contrôle de l’interpréation de mes écrits par mon interlocuteur en les codant avec précision dans le langage de cet interlocuteur.

L’épitémologie

Nous suivons ici l’usage de Meyerson et celui de l’anglais, et désignons par épitémologie ou philosophie de la connaissance une enquête générale sur la connaissance, ses sources et ses limites. Ce choix n’est évidemment pas neutre. Il résulte d’une prise de position philosophique, qui est en général celui de la tradition « analytique » : il est possible de mener une enquête autonome sur la nature de la connaissance en général, sa portée et ses limites. (…)

J. Dutant et P. Engel (Testes réunis par), Philosophie de la connaissance — Croyance, connaissance, justification, Introduction générale, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 9.

Cette enquête générale est avant tout une histoire des différentes théories de la connaissance, des problèmes qu’elles posent et de leur évolution.

Le problème de Gettier

Le point de départ des développement contemporais en philosophie analytique de la connaissance est précisément la démonstration par E. Gettier (1963, article repris dans ce volume) des difficultés de cette définition. Gettier présente deux contre-exemples où un sujet possède une croyance vraie justifiée mais qui n’est pas de la connaissance. Voici un exemple du même type : supposez qu’un policier vous demande si vous avez votre passeport sur vous, Elle est également vraie L le passeport est bien là. Maism à votre insu, un pickpocket très habile vous l’a dérobé, et, n’y trouvant l’argent qui l’intéressit, à trouvé le moyen de la remettre dans votre poche. Savez-vous que vous avez votre passeport ? Il semble que non. Votre croyance a beau être justifiée, elle n’est vraie que par hasard : le portefeuille aurait bien pu être absent, vous ne l’auriez pas remarqué. Pendant plus d’une trentaine d’années au moins, nombre de philosophes anglophones se livrèrent à l’exercice consistant à répondre à cet article, en formulant des définitions de la connaissance suceptibles de passer le test de Grettier, puis des objections à ces définitions, et d’autres contre-exemples (pour avoir une idée partielle de cette littérature, connue sous le nom de « Giettierologie » voir Shope 1983). La première partie de ce recueil en présente les enjeux.

Il est assez difficile, rétrospectivement, de comprendre comment un article aussi court et apparemment anodin que celui de Gettier a pu provoquer une si vaste littérature. New reproduit-il pas tout simplement une vielle objection de Socrate selon laquelle une opinion vraie obtenue par hasard n’est pas une connaissance (Théétète, 201 a-c; 207 a-208 a) ? (…)

J. Dutant et P. Engel (Testes réunis par), Philosophie de la connaissance — Croyance, connaissance, justification, Introduction générale, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 14.

J’apprends qu’il y a plusieurs définitions (purement) théoriques de la connaissance, ce qui me pose un problème. Mais je me dois d’admettre que différentes réflexions par différents philosophes peut bel et bien conduire à des définition fort différentes.

Je rencontre aussi un problème avec l’association entre la connaissance et la vérité (connaissances vraies). À mon (très) humble avis, une connaissance n’est ce qu’elle est que si elle est objective, que si elle est conforme à la réalité. Introduire la notions de vérité, suppose que l’on peut remettre en question la véracité de la connaissance, ce qui n’a pas lieu d’être. La connaissance n’a pas besoin d’être reconnue comme vraie; il faut simplement l’accepter comme une information objective. Lorsque je vois neigé, je ne me demande pas si c’est vrai. Il neige, c’est tout. Lorsque j’additionne 2 et 2 et que le résultat est 4, je ne me demande pas si c’est vraie. 2+2=4, c’est tout. Toujours à mon (très) humble avis, une connaissance sujette à la vérité devient instantanément subjective, à l’opposé de son caractère objectif. Alors, je parle d’une interprétation de la connaissance et non pas de la connaissance elle-même.

(…) Cette analyse suppose que la connaissance est un composé d’un facteur interne mental, la croyance, et d’un facteur externe, le monde qui rend vraie ou fausses les croyances on croit que p que p soit vrai ou faux, mais si on sait que p, alors p est nécessairement vrai). (…)

J. Dutant et P. Engel (Testes réunis par), Philosophie de la connaissance — Croyance, connaissance, justification, Introduction générale, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 25.

L’idée que la connaissance a besoin d’être crue ne me plaît pas non plus. À ma connaissance, la croyance n’a pas besoin de preuve. Ce n’est certainement pas parce que je crois que c’est vrai que c’est vrai. J’ai l’impression que ce livre au sujet de connaissance et de la connaissance est fort loin des obligations de l’esprit scientifique, de la pensée scientifique et de la connaissance scientifique.

En titre d’un chapitre de ce livre, on trouve cette question : « Une croyance vraie et justifiée est-elle une connaissance ? (Edmund L. Gettier). Mais réponse est un « NON » retentissant. Une croyance demeure une croyance et, du fait qu’elle n’a pas besoin de preuve, sa justification est à la fois spéculative et subjective.

Keith Lehrer

La théorie conhérentiste de la connaissance

Mon programme de recherche a consité à formuler une théorie conhérentiste de la connaissance. L’analyse de la connaissance que cette théorie contient est traditionnelle dans sa forme, mais elle ne l’est pas dans son contenu. Elle s’inscrit dans la tradition des analyses de la connaissance comme croyance vraie, justifiée et non défaite (undefeated). (…)

J. Dutant et P. Engel (Testes réunis par), Philosophie de la connaissance — Croyance, connaissance, justification, Fondamentalisme et cohérentisme, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2017, p. 111.

Croire dans la connaissance ne m’apparait toujours pas comme étant logique. Dans L’ENCYCLOPIE PHILOSOPHIQUE en ligne et en accès libre, on peut lire ceci à l’entrée « Croyance » :

(…)

La notion de croyance n’est pas seulement centrale dans notre psychologie et dans nos discours quotidiens. Elle joue également un rôle crucial dans de nombreux domaines de la philosophie. L’une des questions les plus débattues en épistémologie concerne les conditions dans lesquelles une croyance compte comme rationnelle et justifiée. Dans les analyses classiques de la connaissance, la croyance est une condition indispensable du savoir. En philosophie de l’esprit, la croyance est considérée comme l’une des attitudes mentales les plus fondamentales. (…)

Fassio, David (2022), «Croyance (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l’Encyclopédie philosophique, consulté le 26 janvier 2024, https://encyclo-philo.fr/

Croyance, Encyclopédie philosophique : https://encyclo-philo.fr/item/1705.


Revenons à ce passage « Dans les analyses classiques de la connaissance, la croyance est une condition indispensable du savoir. » Pour savoir, je dois croire ? Que je crois ou non que le fleuve près de chez-moi est pollué ou non, ça ne change rien au fait qu’il est pollué. Nous pouvons bien croire tout ce que nous voulons et c’est exactement pourquoi la croyance n’est pas « une condition indispensable du savoir ».

Je classe mes croyances comme étant au dernier rang de ma liste des choses que je considère importantes. En tête de ce palmares personnel, le savoir et mes connaissances, (comme étant mes expériences du savoir). Au milieu, se trouve mes opinions.


Je recommande le livre Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification uniquement aux érudits familiés avec l’étude approfondie de l’épistémologie. À titre d’amateur, Je ne peux donc pas me permettre d’accorder une note à cet ouvrage.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

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Article # 75

J’AI LU POUR VOUS

Les théories de la connaissance

Jean-Michel Besnier

Que sais-je?

Presses universitaires de France

Quatrième édition

Paris, 10 février 2021

EAN : 9782715406032
ISBN : 9782715406032 (2715406037)
Nombre de Pages : 128

cover

Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

Élaborer une théorie de la connaissance, c’est s’attacher à démonter les mécanismes producteurs du savoir, identifier les présupposés théoriques et les implications métaphysiques qui en règlent l’exercice. C’est aussi interroger les dimensions métaphysiques et éthiques que révèle tout acte de connaître.

Jean-Michel Besnier nous présente et nous explique les modèles épistémologiques qui rendent compte de l’acquisition des connaissances. Il situe l’apport contemporain des sciences cognitives dans le sillage des conceptions philosophiques traditionnelles.


SOMMAIRE

Avant-propos

Première partie – Connaître la connaissance

Chapitre premier – Antécédents philosophiques

I. – Assumer la rupture

II. – Docte ignorance

III. – Connaître n’est pas sentir

Chapitre II – Anatomie des théories

I. – L’esprit n’est-il qu’un seau ?

II. – Empirisme et rationalisme

III. – Déduction et induction

Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science

I. – Hume : connaître, c’est croire

II. – Kant : connaître, c’est construire

III. – Le critère de l’« expérience possible »

IV. – Au risque de la réfutation

V. – Popper, Einstein et l’amibe

VI. – Contre le « théâtre cartésien »

Seconde partie – Métaphysique de la connaissance

Affirmer des raisons de croire

Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition

I. – Connaître, c’est « computer »

II. – Connaître, c’est connecter

III. – Connaître par sélection naturelle

IV. – Connaître, c’est faire émerger

V. – Connaître, c’est déléguer à l’intelligence artificielle

Chapitre II – Recherche et religiosité

I. – La question du sens

II. – Einstein avec Schopenhauer

III. – Connaître, c’est réduire à l’unité

Conclusion

Glossaire

Bibliographie


EXTRAITS

Avant-Propos

« Pour forger, il faut un marteau, et pour avoir un marteau, il faut le fabriquer. Ce pourquoi on a besoin d’un autre marteau […]. » Spinoza voulait réformer l’entendement*1 « pour qu’il comprenne les choses facilement, sans erreur et le mieux possible », mais il ne croyait pas dans les vertus d’une théorie de la connaissance se présentant comme l’inventaire raisonné des instruments nécessaires pour connaître. La bonne méthode consistait, pour lui, en une autoréflexion de la connaissance en acte : comme on prouve le mouvement en marchant, on édifie la science en connaissant (en forgeant progressivement ses outils) et non pas parce qu’on applique des méthodes qui supposeraient la connaissance déjà acquise.

Soucieuse d’éviter la recherche à l’infini des moyens de connaître, l’argumentation de Spinoza n’a cependant pas empêché que la connaissance soit apparue comme un problème exigeant des théories. Aujourd’hui, de nombreux philosophes et hommes de science considèrent même comme étant de première urgence la tâche d’élaborer « une connaissance de la connaissance ». Leurs raisons méritent d’être brièvement examinées.

Le mobile le plus immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de conscience accrue de nos ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien nous ignorons. Personne ne croit plus, comme lord Kelvin au XIXe siècle, à l’achèvement prochain des sciences physiques, et l’on tend même à se résigner à ce que nous demeurent voilées les 10-43 premières secondes de l’univers. S’efforcer de comprendre pourquoi nous nous trompons, pourquoi nous errons, pourquoi nos connaissances semblent ainsi affectées d’une indélébile « tache aveugle » : telle est l’ambition initiale des théories de la connaissance, contemporaines des grandes découvertes scientifiques.

Ignorance n’est pas innocence, et les hommes de science le savent bien. Les tiendrait-on, autrement, pour responsables des désordres que les applications de leurs travaux peuvent provoquer ? L’accusation qu’on leur porte d’être des « apprentis sorciers » traduit la conviction populaire qu’un savoir vrai et entier apporterait le bien tandis que leur demi-science serait grosse de tous les dégâts. En ce début de XXIe siècle, la réflexion sur les mécanismes qui engendrent les connaissances prend parfois la forme d’une autocritique : comment la science a-t-elle pu se rendre complice de tant d’horreurs ? Le XVIIIe siècle en espérait Lumières et Liberté, le XXe siècle a appris à la redouter comme l’agent des catastrophes les plus irréparables. Il y a de ce fait, dans le projet de connaître la connaissance, l’ambition de maîtriser la perversion toujours envisageable des instruments du progrès technoscientifique, le désir de restaurer la confiance du citoyen qui attend de la démocratie qu’elle conjugue et pondère l’un par l’autre le savoir et le pouvoir.

C’est d’ailleurs sur le front de l’éthique et de la politique que certains hommes de science – comme Jacques Monod – n’hésitent pas à justifier leur intérêt pour le questionnement épistémologique : mettre en lumière les ressorts de la découverte scientifique, évaluer les moyens conceptuels à l’œuvre pour constituer l’objectivité et interroger les modes d’organisation de la communauté des savants, n’est-ce pas militer pour les idéaux du siècle des Lumières : la Raison et le progrès moral ? Bien comprise, l’objectivité scientifique décrit et consacre l’intersubjectivité des hommes de science. Dans cette perspective, la théorisation de l’acte de connaître débouche sur l’éthique de la connaissance et sur le rêve d’une humanité délivrée des frayeurs qu’entretiennent les obscurantismes de toute sorte. À l’heure où l’on déplore volontiers la perte des repères symboliques et le triomphe d’un scepticisme généralisé, il paraît donc urgent de soutenir l’action des « travailleurs de la preuve », comme les nommait Gaston Bachelard, et de justifier leur vocation à la vérité.

Si la caution du philosophe ne suffit pas, on ira chercher celle de l’économiste qui sait de quel poids la connaissance pèse désormais dans la balance des « nouveaux pouvoirs ». Le scénario des prospectivistes ne manque jamais de souligner que les savoirs seront au XXIe siècle l’une des sources essentielles de richesses. Au premier rang d’entre eux, Alvin Toffler va jusqu’à prédire la prochaine dématérialisation du capital et sa transformation en « symboles qui ne représentent eux-mêmes que d’autres symboles, enclos dans les mémoires et la pensée des hommes – ou des ordinateurs2 ». Le travail de la terre et les machines industrielles seraient ainsi en passe de céder la place au savoir comme ressource économique dominante. Dans le droit-fil de la révolution informatique, le triomphe de l’« immatériel » annoncerait que le pouvoir appartiendra à celui qui sait manipuler les symboles, maîtriser les sources d’information, gérer et exploiter les connaissances.

Voilà peut-être la raison ultime qui rend légitime l’intérêt accru pour les théories cognitives, les méthodes d’apprentissage, la logique floue*, la neurobiologie et les recherches sur la construction des savoirs. S’il ne s’exprime pas en philosophe, A. Toffler n’en réclame pas moins les efforts des théoriciens de la connaissance : « Le savoir est encore plus mal réparti que les armes et la richesse. Il en résulte qu’une redistribution du savoir (et surtout du savoir sur le savoir) est plus importante encore qu’une redistribution des autres ressources, qu’elle peut d’ailleurs engendrer3. »

S’attacher à démonter les mécanismes de la connaissance, à identifier ses présupposés théoriques et à exprimer ses implications philosophiques : qui dira que cette entreprise est vaine si elle concourt à prévenir l’erreur, à maîtriser les conséquences des progrès technoscientifiques, à élucider les conditions d’une morale laïque et finalement à accueillir les promesses du futur ?

Dans une large mesure, la sagesse de l’homme de ce début de siècle est solidaire de sa volonté d’interroger les sources et les voies de la connaissance. La Renaissance avait éprouvé cette solidarité d’où étaient issues les grandes figures de l’humanisme.

1. La première occurrence d’un mot défini dans le glossaire est suivie d’un astérisque (*).
2. Alvin Toffler, Les Nouveaux Pouvoirs. Savoir, richesse et violence à la veille du XXIe siècle, Paris, Fayard, 1991.
3. Ibid.

Source : BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Coll. Que sais-je ? Presses universitaires de France, quatrième édition, Paris, 2021, pp. 7-9.


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AU SUJET DE L’AUTEUR

Jean-Michel Besnier

Jean-Michel Besnier, né le 5 avril 1950 à Caen, est un philosophe français.

Professeur émérite de philosophie à Sorbonne Université.

Professeur de philosophie à Paris IV – Sorbonne (chaire de Philosophie des technologies d’information et de communication) où il dirige le DESS « Conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées«. Il est également membre du CNRS.


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JEAN-MICHEL BESNIER est professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), où il a créé et dirigé le Master « conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées » de 2001 à 2013, avant de prendre la direction de l’Equipe de recherche « Rationalités contemporaines ». Il est également responsable scientifique du Pôle de recherche « Santé connectée, Homme augmenté » à l’Institut des sciences de la communication du CNRS. Il est membre du conseil scientifique de l’IHEST, du Directoire du MURS (Mouvement universel pour la responsabilité scientifique) et de la commission Littérature scientifique et technique du CNL. Ses enseignements et l’encadrement des Thèses de doctorat inscrites sous sa direction (11 à ce jour) portent sur la philosophie des technologies. Il a été membre du Comité d’éthique et de précaution pour les applications de la recherche agronomique de l’INRA et de l’IFREMER (comepra) de 2000 à 2007. Il a aussi appartenu au Comité d’éthique du CNRS (le COMETS) pendant la même période. Il a été directeur scientifique du Secteur sciences et société du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2008, jusqu’en avril 2011. Il a créé et anime la collection Mélétè aux éditions Le Pommier. Ses recherches actuelles concernent principalement l’impact philosophique et éthique des sciences et des techniques sur les représentations et les imaginaires individuels et collectifs. Il a notamment publié Demain les post-humains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ?, Paris, Fayard, 2010. L’Homme simplifié. Le syndrome de la touche étoile, Paris, Fayard, 2012. Un cerveau très prometteur (avec F. Brunelle et F. Gazeau), Paris, Editions Le Pommier 2016. Il est également coauteur de plusieurs ouvrages publiés dans la collection « Questions vives » chez Acte Sud: La science en jeu, 2010 ; La Science et le débat public, 2012 ; Sciences et société, les normes en question, 2014.

Par kerila le 13 Décembre 2021


Jean-Michel Besnier sur Radio France


Jean-Michel Besnier dans la Revue Esprit


Jean-Michel Besnier sur Les Rencontres Philosophiques de Monaco




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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les théories de la connaissance

Jean-Michel Besnier

Que sais-je ? Presses universitaire de France
Quatrième édition – 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Le mobile le plus immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de conscience accrue de nos ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien nous ignorons. Personne ne croit plus, comme lord Kelvin au XIXe siècle, à l’achèvement prochain des sciences physiques, et l’on tend même à se résigner à ce que nous demeurent voilées les 10-43 premières secondes de l’univers. S’efforcer de comprendre pourquoi nous nous trompons, pourquoi nous errons, pourquoi nos connaissances semblent ainsi affectées d’une indélébile « tache aveugle » : telle est l’ambition initiale des théories de la connaissance, contemporaines des grandes découvertes scientifiques.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Avant-propos, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 6.

Au sous-titre III – CONNAÎTRE N’EST PAS SENTIR du CHAPITRE PREMIER – ANTÉCÉDENTS PHILOSOPHIQUES de la PREMIÈRE PARTIE – CONNAÎTRE LA CONNAISSANCE, Jean-Michel Besnier rappelle la théorie des sophistes soutenant qu’il ne peut pas y avoir de connaissances universelles parce que la connaissance est d’abord une affaire de sensations et puisque ces dernières sont différentes d’une personne à l’autre, la connaissance est toujours personnelle.

C’est dans une situation culturelle dominée par l’offensive des sophiste * contre l’idée d’un savoir universel que Platon et certains de ses contemporains (Criton, Simmias de Thèbes…) interrogent la nature de la science. « L’homme est la mesure de toutes choses, de l’existence de celles qui existent et de la non-existence de celles qui n’existent pas » : cette déclaration imputée à Protagoras est en effet un véritable défi pour la pensée ; elle expose le savoir à une indétermination absolue et le savant à n’êtes qu’un imposteur. Platon écrit dans Théétète pour tenter d’arracher la science aux sophistes. Ce faisant, il dessine les cadres d’une théorie de la connaissance qui ménage une place à la compréhension de l’erreur, faute de quoi il n’est pas de vérité concevable.

(…)

Que résulte-t-il donc de l’affirmation soutenue par Protagoras selon laquelle la science n’est rien d’autre que sensation ?  À première vue, trois conséquences qui contreviennent à l’idée que le sens commun se fait du savoir : 1/ « La sensation, en que science, a toujours un objet réel »(152x) ; elle est toujours vraie pour celui qui l’éprouve ; autrement dit, elle rend l’erreur impensable. 2/ Si la science se réduit à la sensation, il n’y a pas d’accord possible entre les hommes ; rien n’existe en soi qui permettrait un tel accord et chacun est le jouet de ses sens, lesquels modifient même à tout moment l’identité du sujet qui prétend se confier à eux pour connaître, 3/ Les mots ne veulent plus rien dire puisqu’ils ont l’impossible fonction de dénoter des réalités qui sont en fait toujours changeantes. Il faut donc en convenir : confondre la science avec les sensations, c’est s’interdire la vérité et l’erreur, l’objectivité et l’intersubjectivité, le langage et l’effort conceptuel – c’est-à-dire les éléments minimaux que paraît requérir l’ambition de connaître.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre premier – Antécédents philosophiques, III. – Connaître n’est pas sentir, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 19-21.

Plus de quatre cents ans avant Jésus-Christ, il fallait ramener à l’ordre les gens qui définissaient la réalité suivant les sensations qu’ils en éprouvaient.

Le présupposé du Sophiste est sensualiste : toute connaissance est fondée sur les sensations. Or les sensations varient d’un individu à l’autre, et même d’un moment à l’autre (le point de vue, la luminosité, etc., changent). Chacun a donc nécessairement une connaissance différente d’une même chose.

Source : Les Sophistes, Ve siècle avant J.-C. , L’Agora une agora, une encyclopédie.

La confusion entre sensations et connaissances persiste encore de nos jours. Plusieurs personnes se base sur leurs sensations pour juger ou, si vous préférez, pour se faire une opinion, et faire de cette dernière une croyance vraie. Bref, même de nos jours, des personnes se donnent raison sur la base de leurs sensations.

Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison ne me convient pas. C’est pourquoi je plaide pour une connaissance de base de la pensée scientifique et sa mise en pratique dans la vie de tous tous les jours. Il m’apparaît primordial d’aider les gens à prendre conscience du comment ils pensent et de l’importance de ne pas prendre pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent.

Définie minimalement, la connaissance est la mise en relation d’un sujet et d’un objet par le truchement d’une structure opératoire. C’est en ces termes que Jean Piaget caractérise le processus cognitif (1) : chaque fois qu’on énonce une proposition traduisant un savoir, ces trois éléments – c’est-à-dire le sujet, l’objet et la structure – se trouvent mobilisés. (…)

(…)

La théorie de la connaissance s’interroge sur l’origine et la nature des structures que le sujet doit solliciter pour décrire l’objet auquel il est confronté. (…)

_____

(1) Jean Piaget, Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1967.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre II – Anatomie des théories, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 24.

La connaissance est une mise en relation, nous dit Jean-Michel Besnier. Il s’agit d’une mise en relation entre le sujet (vous, moi, toute personne) et l’objet (devant nous). Cette mise en relation implique une structure opératoire. La description de cette structure opératoire donnée par Jean Piaget n’est pas aisée à comprendre. Disons simplement, qu’il s’agit d’un processus cognitif. Parlant des « structures de la connaissance », Jean Piaget écrit : « Elles désignent l’organisation d’ensemble des actions ou opérations de la pensée intervenant à tous les niveaux dans la connaissance des objets. »

J’acquiers de l’objet devant moi des informations ou, plus précisément, je reconnais à l’objet devant moi des propriétés que je connais déjà et acquises par mon expérience. Par exemple, je peux reconnaître le forme d’un triangle puis d’une pyramide à cet objet parce que je sais déjà ce qu’est un triangle et une pyramide. Il en va de même pour toutes autres propriétés de cet objet que je peux reconnaître. Cela ne signifie pas que je connais déjà toutes propriétés de cet objet. Je peux alors acquérir une nouvelle propriété à prendre en considération, pour autant qu’on m’en informe. Par exemple, l’objet devant est de couleur or et je peux supposer qu’il est fait d’or. Mais on peut aussi m’informer qu’il s’agit uniquement d’objet plaqué or. Ainsi, désormais, à chaque fois que je suis en relation avec un objet de couleur or, je dois m’interroger à savoir s’il s’agit d’un objet fait d’or ou plaqué or. Il en sera de même sur la valeur de ce plaqué or. On m’apprendra que le prix de l’or dépend de son carat (10k, 14k, 18k, etc.).


Permettez-moi d’ajouter le phénomène du transfert de sensations. Par une opération cognitive (plus souvent inconsciente que consciente) j’effectuai un transfert de sensations de la valeur du plaqué or selon sa teneur en carats à l’objet lui-même. Et ainsi de suite pour les autres propriétés de l’objet.

J’explique en ces mots le phénomène du TRANSFERT DE SENSATIONS dans mon livre COMMENT MOTIVER LES CONSOMMATEURS À L’ACHAT (Pdf gratuit) : « Les mots-clés : Phénomène inconscient universel. Transférer la sensation d’une chose à une autre, tel que de l’emballage au produit contenu dans l’emballage; juger un livre par sa couverture ou une personne par ses vêtements. En plus d’être inconscient, le phénomène du transfert de sensations est universel, dans le sens scientifique du terme. »

Au final, la mise en relation entre moi-même (sujet) et l’objet peut passer à la fois par un processus cognitif d’une part conscient et d’autre part inconscient. Notez que le sujet d’un transfert de sensations n’est pas traité dans le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE de Jean-Michel Besnier.


Pour David Hume, connaître, c’est croire. Pour Emmanuel Kant, connaître, c’est construire. Jean-Michel Besnier examine les théories de ces deux philosophes.

(…) Kant décide donc de changer de perspective : on ne dira plus que le sujet connaissant doit tourner autour de l’objet pour tâcher de le comprendre mais, au contraire, que cet objet se règle sur les facultés de connaître du sujet, c’est-à-dire qu’il est connu pour autant qu’il satisfait aux caractéristiques structurelles de ces facultés. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science, III. – Le critère de l’«expérience possible », Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 47-48.

Je connais suivant les facultés dont je dispose et leurs structures. Comment pourrait-il en être autrement. La connaissance n’appartient à l’objet, ce dernier ne possède pas de connaissance. La connaissance se bâtie en moi suivant mes facultés de connaître. Si à la suite de mon analyse cognitive de l’objet, j’affirme que cet objet est beau, je lui attribue une qualité. Mais, en lui-même, l’objet de possède pas la beauté que je lui accorde. L’objet peut être une représentation de la beauté selon son créateur. Lorsque j’affirme, selon mes critères propres et mon expérience, que l’objet est beau, je rejoins alors son créateur. Mais la beauté affirmé par moi n’est pas nécessairement celle représentée par son créateur.


« Si vous lez étudier chez l’un quelconque des physiciens théoriciens les méthodes qu’il utilise, je vous suggère de vous tenir à ce principe de base : n’accordez aucun crédit à ce qu’il dit, mais jugez ce qu’il a produit ! » Albert Einstein

Cité par Jean-Michel Besnier dans son livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE, p. 54


Comment se développe la connaissance du sujet ? Tout simplement grâce à l’épreuve qu’il fait du réel, par modification, élimination et substitution de la forme de connaissance qui préexiste en lui. Popper ne renonce pas à l’antique théorie selon laquelle la vérité consiste dans la correspondance de nos idées avec la réalité. C’est pourquoi il soutient que la connaissance se transforme en vue de se rapprocher davantage de la vérité — en quoi l’idéal scientifique peut être décrit en termes de « vérisimilitude ». (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science, III. – Le critère de l’«expérience possible », Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 55.

On retrouve ici encore l’idée selon laquelle nous connaissons selon nos facultés de connaître : « (…) de la forme de connaissance qui préexiste en lui ». C’est très intéressant parce que cette idée implique de bien connaître les potentiels et les limites de nos facultés et de les développer car nous ne connaîtront pas autrement.


(…) connaître, ce n’est jamais plus qu’affirmer des raisons de croire dans la vérité d’un énoncé. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Affirmer des raisons de croire, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 65.


J’appuie sur le frein lorsque j’observe une association entre les mots « croire » et « vérité ». Ai-je besoin de croire ce qui est vrai ? Non, il me suffit amplement d’admettre une connaissance pour vraie. La vérité n’a pas besoin d’être crues mais admise pour vrai. Bref, la vérité s’impose d’elle et n’a pas besoin d’être crue. Autrement, la vérité crue devient subjective.

Dans le Chapitre premier (Les paradoxes de la cognition) de la Deuxième partie (Métaphysique de la connaissance) de son ouvrage, Jean-Michel Besnier nous introduit aux différents positionnements des sciences cognitives face aux théories de la connaissance. Le chapitre commence en ces mots :

À première vue, les recherches sur la cognition héritent du projet des théories de la connaissance. Pour répondre aux questions laissées ouvertes par les philosophes, elles mobilisent de nombreuses disciplines (de l’informatique à la neurobiologie, en passant par la psychologie ou la linguistique) désormais regroupées sous le nom de « sciences cognitives ».

Pourtant, il ne suffit pas de démonter les mécanismes de l’acte de connaître pour suivre les traces de Hume ou de Kant. L’évolution des sciences cognitives donne plutôt à penser un éloignement progressif par rapport aux théories traditionnelles que la première partie de ce livre a décrites. À cet égard, ces jeunes sciences mériteraient d’être interprétées comme un geste de sortie hors des sentiers empruntés par les principaux théoriciens de la connaissance.

Chez certains de leurs protagonistes, le projet de connaître la connaissance a même pris une tournure surprenante, telle que l’historien des idées est parfois tenté d’y déchiffrer le regain d’une préoccupation de nature métaphysique. Avec les Temps modernes, connaître signifiait la volonté d’assumer la dispersion du Cosmos des Anciens et l’extranéation* de l’homme. Aujourd’hui, l’explication des processus cognitifs paraît parfois s’accommoder – sinon se réclamer – d’une sorte de « réenchantement du monde », par exemple en révélant les bases d’une coappartenance des êtres – végétal, animal ou homme – à une nature unique, dont la cognition exprimerait les degrés de réalisation. Dans certaines de leurs versions, les sciences de la cognition nourrissent en effet cette tendance au « réductionnisme* », sans toujours s’aviser du retour de constructions métaphysiques qu’elles favorisent et dont LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE devrait, en 1781, sonner le glas.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 67-68.

Le titre lui-même du chapitre, Les paradoxes de la cognition, soulève en mon esprit un doute au sujets des sciences cognitives et de ses affirmations au sujet des mécanismes de la connaissance. Les sous-titres de ce chapitre en disent long :


I. – Connaître, c’est « computer »

II. – Connaître, c’est connecter

III. – Connaître par sélection naturelle

IV. – Connaître, c’est faire émerger

V. – Connaître, c’est déléguer à l’intelligence artificielle


Il faut désormais déployer bien des efforts pour convaincre de ce que l’intelligence ne se réduit pas au simple calcul, que des machines effectueront de toute façon avec toujours plus d’efficacité que les humains. Il n’est pas aisé d’objecter aux adeptes de ces technologies cognitives qui triomphent dans le monde contemporain, que d’autres formes d’intelligence, plus subtiles et moins réductibles à des formalismes ou à des algorithme, restent le privilèges de l’humain : Howard Gardner en proposait huit, en 1983, parmi lesquelles « l’intelligence intra- et interpersonnelle », « l’intelligence musical-rythmique », « l’intelligence naturalise-écologiste » ou « l’intelligence existentielle »(1). Pourquoi ne pas conclure que cette intelligence protéiforme, telle nécessaire à la production des connaissances, demeure le point de fuite que n’atteindront jamais les machines.

________

(1) Howard Gardner, Les Intelligences multiples. La théorie qui bouleverse nos idées reçues, trad. Y. Bonin, Paris, Retz, 2008.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 91.

Jusqu’ici, je donnais raison à Antonio Damasio, mondialement connu, est professeur de neurosciences, de neurologie, de psychologie et de philosophie à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, où il dirige le Brain and Creativity Institute. L’auteur de L’Erreur de Descartes, de Spinoza avait raison, de L’Ordre étrange des choses et Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience qui ont connu un immense succès. En quatrième de couverture de ce dernier livre, on peut lire :

Ce livre, écrit par l’un des plus grands neuroscientifiques, propose une analyse tout à fait nouvelle et passionnante du phénomène de la conscience et de son rôle dans le vivant. Jusqu’à tout récemment, beaucoup de philosophes et de neuroscientifiques s’accordaient pour penser que la question de la conscience était insoluble. Antonio Damasio, au contraire, est convaincu qu’avec la neurobiologie, la psychologie et l’intelligence artificielle nous disposons des outils nécessaires pour résoudre le mystère de la conscience.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, quatrième de couverture.

Aujourd’hui, avec Théories de la connaissance de  Jean-Michel Besnier, je doute que « nous disposons des outils nécessaires pour résoudre le mystère de la conscience ». La conscience et la connaissance ne réduisent pas à des mécanismes biologiques impliquant le système nerveux et le cerveau. Une nouvelle connaissance vient de prendre le dessus.


Les théories de la connaissance

Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance
Chapitre II – Recherche et religiosité

1 – La question du sens

On a longtemps affirmé que la science avait acquis ses gages de rigueur en écartant les questions relatives à la valeur et à la signification de ses objets. Attachée à décrire et à comprendre le « comment », elle n’aurait que faire du « pourquoi » auquel la philosophie cherche, en revanche, à répondre. « Comment la vie est-elle donc apparue sur terre ? », et non pas : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » La connaissance serait en quelque sorte devenue scientifique du jour où elle aurait fait son deuil de ses préoccupations concernant la totalité du réel et la destination de l’homme.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 94.


« (…) On assiste de nos jours à une véritable prise de conscience du caractère dogmatique et stérile des prétentions à purger la science de tout apport métaphysique. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 96.


Il y a un besoin métaphysique dans l’humanité qui justifie que la volonté de connaître se porte au-delà de l’expérience, jusqu’à la raison ultime de tout ce qui existe de manière éparse. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 101.


Je ne connaissais pas les prétentions de la science (de certaines sciences) à vouloir tout expliquer sur la base de l’expérimentation du réel, soutenant que le réel n’est que physique, que matériel. Jean-Michel nous l’écrit : « la volonté de connaître se porte au-delà de l’expérience », au-delà de ce que la science peut expérimenter. La science contribue à la métaphysique en ce qu’elle alimente le « comment » mais elle ne peut pas expérimenter le « pourquoi », d’où la philosophie.


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J’accorde à ce livre 5 étoiles sur cinq. Je vous en recommande donc vivement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

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Article # 74

J’AI LU POUR VOUS

Présentations de la philosophie

André Comte-Sponville

Éditions Albin Michel, 2000

Le livre de poche

180 pages

Date de parution: 23/10/2002

Langue: Français

EAN : 9782253153320

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PRÉSENTATION

(Sur le site web de Le livre de Poche)

Philosopher, c’est penser par soi-même, chercher la liberté et le bonheur, dans la vérité. Mais nul n’y parvient sans l’aide de la pensée des autres, sans ces philosophes qui, depuis l’Antiquité, ont voulu éclairer les grandes questions de la vie humaine.

Pour nous aider dans nos premiers pas, André Comte-Sponville nous propose ici douze thèmes éternels, tels que la politique et la morale,l’amour et la mort, la connaissance et la sagesse… Se référant aux principaux courants philosophiques, il nous invite à continuer ensuite l’exploration par nous-mêmes, en nous proposant un guide détaillé des œuvres et des auteurs essentiels de la philosophie occidentale.

Donner l’envie à chacun d’aller y voir de plus près, l’aider à y trouver à la fois du plaisir et des lumières : telle est l’ambition d’André Comte-Sponville, spécialiste qui n’a pas oublié l’appel de Diderot : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! »

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

(Sur le site des Éditions Albin Michel)

Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ?.

Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux: les philosophes ont bon appétit !


Table des matières

Avant-propos

  1. La morale
  2. La politique
  3. L’amour
  4. La mort
  5. La connaissance
  6. La liberté
  7. Dieu
  8. L’athéisme
  9. L’art
  10. Le temps
  11. L’homme
  12. La sagesse

Bibliographie


Extrait du livre

Avant-propos

« Philosophie : la doctrine et l’exercice de la sagesse (non simple science) »

Kant

Philosopher, c’est penser par soi-même ; mais nul n’y parvient valablement qu’en s’appuyant d’abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n’est pas seulement une aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d’un. C’est ce qui m’a poussé, ces dernières années, à publier des « Carnets de philosophie ». De quoi s’agissait-il ? D’une collection d’initiation à la philosophie : douze petits volumes, chacun constitué d’une quarantaine de textes choisis, souvent très brefs, et s’ouvrant par une Présentation de quelques feuillets, dans laquelle j’essayais de dire, sur telle ou telle notion, ce qui me semblait l’essentiel…

Ce sont ces douze Présentations, revues et sensiblement augmentées, qui constituent le présent volume. La modestie du propos reste la même : il s’agit toujours d’une initiation, disons d’une porte d’entrée, parmi cent autres possibles, dans la philosophie. Mais qui laisse au lecteur le soin, une fois ce livre lu, de partir lui-même à la découverte des œuvres, comme il faut le faire tôt ou tard, et de se constituer, s’il le veut, sa propre anthologie… Vingt-cinq siècles de philosophie font un trésor inépuisable. Si ce petit livre peut donner l’envie, à tel ou tel, d’aller y voir de plus près, s’il peut l’aider à y trouver du plaisir et des lumières, il n’aura pas été écrit en vain.

Quant au public visé, je pensais d’abord aux adolescents, avant de découvrir, notamment par le courrier reçu, qu’il allait bien au-delà. De ce parti pris initial, il est pourtant resté quelque chose : le choix de certains exemples, un certain point de vue, un certain ton, l’insistance mise, parfois, sur tel ou tel aspect… C’est aussi ce qui explique le tutoiement, qui s’est imposé à moi – sans doute parce que je pensais à mes propres enfants, qui sont en effet adolescents, davantage qu’à mes élèves ou à mes étudiants, que je n’ai jamais tutoyés… Autant de traits que je n’ai pas cru devoir, reprenant l’ensemble, corriger. Il n’y a pas d’âge pour philosopher ; mais les adolescents, plus que les adultes, ont besoin qu’on les y accompagne.

Qu’est-ce que la philosophie ? Je m’en suis expliqué bien souvent, et encore dans le dernier de ces douze chapitres. La philosophie n’est pas une science, ni même une connaissance ; ce n’est pas un savoir de plus : c’est une réflexion sur les savoirs disponibles. C’est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant : on ne peut qu’apprendre à philosopher. Comment ? En philosophant soi-même : en s’interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que l’expérience nous apprend, sur ce qu’elle nous laisse ignorer… Qu’on rencontre en chemin les œuvres de tel ou tel philosophe professionnel, c’est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n’est pas d’abord une spécialité, ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l’existence humaine. Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous, inévitablement, d’articuler l’une à l’autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher (par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.

La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s’il le faut, ni même s’il faut faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l’humanité, ni ce qu’elles valent. C’est pourquoi il faut philosopher : parce qu’il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, et qu’aucun savoir n’y suffit ou n’en dispense. L’art ? La religion ? La politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu’on les interroge, ou dès qu’on s’interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le contestera. Mais interroger la philosophie, ce n’est pas en sortir, c’est y entrer.

Par quelle voie ? J’ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie occidentale. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas d’autres. Philosopher, c’est vivre avec la raison, qui est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu’il y ait, notamment en Orient, d’autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l’ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensées orientales que je ne connais, pour la plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n’en crois rien. Mais qu’il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la nôtre, j’en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c’est vers elle, en elle, que je voudrais guider mon lecteur. L’ambition de ces Présentations, sous la brièveté du propos, est déjà démesurément vaste. Cela devrait excuser leur incomplétude, qui fait partie de leur définition.

Vivre avec la raison, disais-je. Cela indique une direction, qui est celle de la philosophie, mais ne saurait en épuiser le contenu. La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de concepts (même si on le fait aussi dans d’autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l’esprit ou de la raison : pensée de la pensée), méditation sur sa propre histoire et sur celle de l’humanité, recherche de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c’est l’art de la raison, si l’on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration, toujours, de thèses, d’arguments, de théories… Mais elle est aussi, et peut-être d’abord, critique des illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme – ou la philosophie des autres. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux : les philosophes ont bon appétit !

En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est étranger. Cela ne signifie pas qu’ils soient tous d’égale importance. Kant, dans un passage fameux de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ?. « Les trois premières questions se rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment vivre ? Dès qu’on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu’on n’échappe à la philosophie que par la bêtise ou l’obscurantisme.

Faut-il faire de la philosophie ? Dès qu’on se pose la question, en tout cas dès qu’on essaie d’y répondre sérieusement, on en fait déjà. Cela ne veut pas dire que la philosophie se réduise à sa propre interrogation, encore moins à son autojustification. Car on en fait aussi, peu ou prou, bien ou mal, lorsqu’on s’interroge (de façon à la fois rationnelle et radicale) sur le monde, sur l’humanité, sur le bonheur, sur la justice, sur la liberté, sur la mort, sur Dieu, sur la connaissance… Et qui pourrait y renoncer ? L’être humain est un animal philosophant : il ne peut renoncer à la philosophie qu’en renonçant à une part de son humanité.

Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu’on ne sait. Dans quel but ? Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre… C’est ce qu’on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on l’atteindre ? Jamais totalement sans doute. Mais cela n’empêche pas d’y tendre, ni de s’en rapprocher. « La philosophie, écrit Kant, est pour l’homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de plus pour s’y mettre sans tarder. Il s’agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail ; la sagesse, ce repos.

Qu’est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s’en faut, que les philosophes. Cela n’empêche pas toutefois qu’elles se recoupent ou convergent vers l’essentiel. Pour ma part, j’ai un faible, depuis mes années d’études, pour la réponse d’Épicure : « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C’est définir la philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite n’est jamais totale, que de l’enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but ; la philosophie, le chemin. Bon voyage à tous !

Source : https://www.feedbooks.com/item/484307/presentations-de-la-philosophie


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Extrait du Chapitre 1 – La morale

« Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un porc satisfait ; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »

John Stuart Mill

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate est mort en prison, et plus libre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là où aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libres : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

Tu voudrais bien voler ce disque ou ce vêtement dans le magasin… Mais un vigile te regarde, ou bien il y a un système de surveillance électronique, ou bien tu as peur, simplement, d’être pris, d’être puni, d’être condamné… Ce n’est pas honnêteté ; c’est calcul. Ce n’est pas morale ; c’est précaution. La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n’est vertu que de prudence.

Imagine, à l’inverse, que tu aies cet anneau qu’évoque Platon, le fameux anneau de Gygès, qui te rendrait à volonté invisible… C’est une bague magique, qu’un berger trouve par hasard. Il suffit de tourner le chaton de la bague vers l’intérieur de la paume pour devenir totalement invisible, de le tourner vers l’extérieur pour redevenir visible… Gygès, qui passait auparavant pour honnête homme, ne sut pas résister aux tentations auxquelles cet anneau le soumettait : il profita de ses pouvoirs magiques pour entrer au Palais, séduire la reine, assassiner le roi, prendre lui-même le pouvoir, l’exercer à son bénéfice exclusif… Celui qui raconte la chose, dans La République, en conclut que le bon et le méchant, ou supposés tels, ne se distinguent que par la prudence ou l’hypocrisie, autrement dit que par l’importance inégale qu’ils accordent au regard d’autrui, ou par leur habileté plus ou moins grande à se cacher… Posséderaient-ils l’un et l’autre l’anneau de Gygès, plus rien ne les distinguerait : « ils tendraient tous les deux vers le même but ». C’est suggérer que la morale n’est qu’une illusion, qu’un mensonge, qu’une peur maquillée en vertu. Il suffirait de pouvoir se rendre invisible pour que tout interdit disparaisse, et qu’il n’y ait plus que la poursuite, par chacun, de son plaisir ou de son intérêt égoïstes.

Est-ce vrai ? Platon, bien sûr, est convaincu du contraire. Mais nul n’est tenu d’être platonicien… La seule réponse qui vaille, pour ce qui te concerne, est en toi. Imagine, c’est une expérience de pensée, que tu aies cet anneau. Que ferais-tu ? Que ne ferais-tu pas ? Continuerais-tu, par exemple, à respecter la propriété d’autrui, son intimité, ses secrets, sa liberté, sa dignité, sa vie ? Nul ne peut répondre à ta place : cette question ne concerne que toi, mais te concerne tout entier. Tout ce que tu ne fais pas mais que tu t’autoriserais, si tu étais invisible, relève moins de la morale que de la prudence ou de l’hypocrisie. En revanche, ce que, même invisible, tu continuerais à t’imposer ou à t’interdire, et non par intérêt mais par devoir, cela seul est moral strictement. Ton âme a sa pierre de touche. Ta morale a sa pierre de touche, où tu te juges toi-même. Ta morale ? Ce que tu exiges de toi, non en fonction du regard d’autrui ou de telle ou telle menace extérieure, mais au nom d’une certaine conception du bien et du mal, du devoir et de l’interdit, de l’admissible et de l’inadmissible, enfin de l’humanité et de toi. Concrètement : l’ensemble des règles auxquelles tu te soumettrais, même si tu étais invisible et invincible.

Cela fait-il beaucoup ? Cela fait-il peu ? C’est à toi d’en décider. Accepterais-tu par exemple, si tu pouvais te rendre invisible, de faire condamner un innocent, de trahir un ami, de martyriser un enfant, de violer, de torturer, d’assassiner ? La réponse ne dépend que de toi ; tu ne dépends, moralement, que de ta réponse. Tu n’as pas l’anneau ? Cela ne te dispense pas de réfléchir, de juger, d’agir. S’il y a une différence autre qu’apparente entre un salaud et un honnête homme, c’est que le regard des autres n’est pas tout, c’est que la prudence n’est pas tout. Tel est le pari de la morale et sa solitude ultime : toute morale est relation à autrui, mais de soi à soi. Agir moralement, c’est prendre en compte les intérêts de l’autre, certes, mais « à l’insu des dieux et des hommes », comme dit Platon, autrement dit sans récompense ni châtiment possible et sans avoir besoin pour cela de quelque autre regard que le sien propre. Un pari ? Je m’exprime mal, puisque la réponse, encore une fois, ne dépend que de toi. Ce n’est pas un pari, c’est un choix. Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut en décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu ne vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction – quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien – de bien faire.

C’est l’esprit de Spinoza : « Bien faire et se tenir en joie. » C’est l’esprit tout court. Comment être joyeux sans s’estimer au moins un peu ? Et comment s’estimer sans se gouverner, sans se maîtriser, sans se surmonter ? À toi de jouer, comme on dit, mais ce n’est pas un jeu, encore moins un spectacle. C’est ta vie même : tu es, ici et maintenant, ce que tu fais. Inutile, moralement, de rêver être quelqu’un d’autre. On peut espérer la richesse, la santé, la beauté, le bonheur… Il est absurde d’espérer la vertu. Être un salaud ou quelqu’un de bien, c’est à toi de choisir, à toi seul : tu vaux, exactement, ce que tu veux.

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit à lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui ne serait qu’égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’être pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité, et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitimes – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin » : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? La morale n’est légitime qu’à la première personne. Dire à quelqu’un : « Tu dois être généreux », ce n’est pas faire preuve de générosité. Lui dire : « Tu dois être courageux », ce n’est pas faire preuve de courage. La morale ne vaut que pour soi ; les devoirs ne valent que pour soi. Pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.

Au reste, qui peut connaître les intentions, les excuses ou les mérites d’autrui ? Nul, moralement, ne peut être jugé que par Dieu, s’il existe, ou par soi, et cela fait une existence suffisante. As-tu été égoïste ? As-tu été lâche ? As-tu profité de la faiblesse de l’autre, de sa détresse, de sa candeur ? As-tu menti, volé, violé ? Tu le sais bien, et ce savoir de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui est le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe. Un procès ? Une amende ? Une peine de prison ? Ce n’est que la justice des hommes : ce n’est que droit et police. Combien de salauds en liberté ? Combien de braves gens en prison ? Tu peux être en règle avec la société, et sans doute il le faut. Mais cela ne te dispense pas d’être en règle avec toi-même, avec ta conscience, et c’est la seule règle en vérité.

Y a-t-il alors autant de morales que d’individus ? Non pas. C’est tout le paradoxe de la morale : elle ne vaut qu’à la première personne mais universellement, autrement dit pour tout être humain (puisque tout être humain est un « je »). Du moins c’est ainsi que nous la vivons. Nous savons bien, en pratique, qu’il y a des morales différentes, qui dépendent de l’éducation qu’on a reçue, de la société ou de l’époque dans lesquelles on vit, des milieux qu’on fréquente, de la culture dans laquelle on se reconnaît… Il n’y a pas de morale absolue, ou nul n’y a accès absolument. Mais quand je m’interdis la cruauté, le racisme ou le meurtre, je sais aussi que ce n’est pas seulement une question de préférence, qui dépendrait du goût de chacun. C’est d’abord une condition de survie et de dignité pour la société, pour toute société, autrement dit pour l’humanité ou la civilisation.

Si tout le monde mentait, plus personne ne croirait personne : on ne pourrait même plus mentir (puisque le…

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Revue de presse


Au sujet de l’auteur

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André Comte-Sponville

André Comte-Sponville est né le 12 mars 1952, à Paris. Il fait ses études secondaires au lycée François Villon (Paris XIVe), sa prépa au lycée Louis-le-Grand, ses études supérieures à l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, et à la Sorbonne. Il est reçu troisième à l’agrégation de philosophie, en 1975. Il a enseigné de 1976 à 1998, d’abord en lycée (dans le Nord puis dans l’Yonne), ensuite en Ecole Normale d’Instituteurs (à Melun), enfin, les 14 dernières années, à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il cesse d’enseigner en 1998, pour consacrer davantage de temps à l’écriture et aux conférences qu’il donne en dehors de l’Université. Ses philosophes de prédilection : Epicure, Lucrèce et les stoïciens dans l’Antiquité ; Montaigne, Pascal et Spinoza chez les Modernes ; Marcel Conche, Lévi-Strauss et Clément Rosset chez les contemporains. Il se sent proche aussi, en Orient, de Krishnamurti et Svami Prajnanpad.

Ses trois livres préférés (en philosophie) : les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, l’Ethique de Spinoza.

Il se définit comme philosophe matérialiste, au même sens qu’Epicure, rationaliste, au même sens que Spinoza, et humaniste, au même sens que Montaigne, et aussi comme  » athée fidèle ». Il propose une sagesse pour notre temps et une spiritualité sans Dieu.

Ses livres les plus récents : « Dictionnaire amoureux de Montaigne » (Plon, 2020), « Dictionnaire philosophique » (réédition augmentée, PUF, 2021), et « La clé des champs et autres impromptus » (PUF, 2023).


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Présentations de la philosophie ?

André Comte-Sponville

Le livre de poche

© Éditions Albin Michel S.A., Paris, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :

1. La morale

Dans la société québécoise, le thème de la morale devient presque tabou à la suite de la Révolution Tranquille dans les années 1960 qui rejette l’autorité de la religion catholique sur le politique, le social, le culturel, l’économie, etc.

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord, pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate en mort en prison, et plus livre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là ou aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 17.

Punitions, répressions, condamnations, c’est que nous avons vécues entre les mains de la religion au nom de la morale. André Comte-Sponville nous dit que nous nous trompons si nous considérons la morale dans son association personnelle et collective avec la religion. Il affirme que «La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.»

À la question « Qu’est-ce que la morale ?», il répond :

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui serait égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’êtes pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitime – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 20-21.

La morale se présente donc comme une affaire personnelle face à l’autre et une certaine idée de l’humanité. On coupe le cordon avec la religion.

(…) Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu me vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction — Quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien — de bien faire.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 20.

André Comte-Sponville se veut clair :


« La morale n’est valide qu’à la première personne ».

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.


On sait fort bien si nous avons bien ou mal agi, « et ce savoir, de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe ». J’aime bien cette définition de la conscience comme étant un savoir de toi à toi. Elle implique d’éviter d’être moralisateur :

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.

Le lien « Alain « est de moi.


Tu veux savoir si telle ou telle action est bonne ou condamnable ? Demande-toi ce qui se passerait si tout le monde se comportait comme toi.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 23.


2. La politique

Dans ma jeunesse, un animateur à une station de radio très populaire, répétait souvent en ondes : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, le politique va s’occuper de toi ». Il répondait ainsi à ceux et celles qui disaient ne pas s’intéresser à la politique et à ceux et celles qui la rejetaient du revers de la main.

Ma famille comptait un élu, le frère de mon père, député du comté au parlement canadien. La politique faisait donc partie de nos vie et très souvent des discussions autours de la table des repas de famille et lors des visites fréquentes chez mon oncle. Bref, tout le monde s’impliquait dans la politique du comté et du pays.

On ne confondra pas cette vigilance républicaine avec la dérision, qui rend tout dérisoire, ni avec le mépris, qui rend tout méprisable. Être vigilant, ce n’est pas croire sur parole ; ce n’est pas condamner ou dénigrer par principe. On ne réhabilitera pas la politique, comme c’est aujourd’hui urgent, en crachant perpétuellement sur ceux qui la font. Dans un état démocratique, on a les hommes politiques que l’on mérite. C’est une raison de plus pour préférer ce régime à tous les autres — et certes ce ne sont pas les raisons qui manquent — qu’à la condition d’agir, avec d’autres, pour le transformer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 2. La politique, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 38.

J’ai observé de mes propres yeux les exigences de la politique sur le terrain et de la vie parlementaire. Si la politique se caractérise souvent par une passion, elle demande une abdication au profit de la société et elle impose ainsi le respect des élus.

3. L’amour

(…) L’amour plaît à tous. Cela, qui n’est que trop compréhensible, devrait nous pousser à la vigilance. L’amour de la vérité doit accompagner l’amour de l’amour, l’éclairer, le guider, qui à en modérer, peut-être, l’enthousiasme. Qu’il faille s’aimer soi, par exemple, c’est une évidence : comme pourrait-on nous demander, sinon, d’aimer nos prochain comme nous-même ? Mais qu’on aime souvent que soi, ou que pour soi, c’est une expérience et c’est un danger, Pourquoi nous demanderait-on, autrement, d’aimer aussi notre prochain ?

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 44.

L’amour se révèle dans nos intérêts. Si je m’intéresse à la philosophie, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse au soccer, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse à une personne, c’est que je l’aime d’amitié ou d’amour, ou encore par admiration et par respect.

(…) Mais nul intérêts sans amour, et cela me ramène à mon point de départ : l’amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n’a d’intérêt qu’à proportion de l’amour que nous y mettons ou y trouvons.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

Il y aussi dans nos intérêts un révélateur de notre subjectivité, de Soi et de notre conscience de Soi. Nos intérêts vibrent de par nos valeurs. Ainsi, nos intérêts ne sont jamais objectifs même si nous pouvons croire fermement le contraire.

Il faut donc aimer l’amour ou n’aimer rien – il faut aimer l’amour ou mourir ; c’est pourquoi l’amour, non le suicide, est le seul problème philosophique vraiment sérieux.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

À mon avis, le suicide est un problème philosophique aussi sérieux que l’amour, du moins, il implique sans réserve l’amour dans son malheur.

(…) Le bonheur est un amour heureux, ou plusieurs, ; le malheur, un amour malheureux, ou plus d’amour du tout. La psychose dépressive ou mélancolique, dira Freud, se caractérise d’abord par « la perte de la capacité d’aimer » – y compris s’aimer soi. Qu’on ne s’étonne pas si elle est si souvent suicidaire. C’est l’amour qui fait vivre, puisque c’est lui qui rend la vie aimable. C’est l’amour qui sauve ; c’est don lui qu’il s’agit de sauver.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 43.

Mais le suicide est-il le fait d’un manque de d’amour de soi, d’un manque d’amour envers les autres ou d’une privation de l’amour de soi par les autres ? Tout dépend de ce sur quoi on fonde l’amour de soi et celui avec lequel nous aimons les autres. La perception de l’amour demeure une perception ; ce n’est l’amour lui-même. La conscience de l’amour demeure aussi fruit de la conscience ; ce n’est pas l’amour lui-même. L’amour ne me semble pas devoir se fonder sur la force et le degré de la confiance en soi ou en l’autre. La seule valeur philosophique fondatrice de l’amour, c’est la vie, la vie elle-même, le simple fait que j’existe. La vie n’a pas de prix dit-on. Elle est la valeur ultime ; heureuse ou malheureuse, la vie conserve toute sa valeur.

L’idée de s’enlever la vie, de mettre fin à son existence, de se suicider, naît d’un manque de perspective. La descente dans un trou sans fond est infernale et elle ne laisse guère de possibilités d’acquérir une perspective de sa situation. Et si la dépression est, non pas psychologique, mais plutôt philosophique, on peut questionner la dépression elle-même en notre conscience, même si on ne porte plus pied à terre. Sentir ses valeurs se liquéfier et ses convictions les plus essentielles remises en cause, n’enlève pas la vie à la vie. La gravité qui nous tire vers le bas dans ce trou sans fond est une loi de la physique et non pas de la métaphysique. Or, la dépression est d’abord et avant tout métaphysique. Preuve en est, malgré les explications de la chimie du cerveau, qu’elle se guérie par la correction des biais cognitifs (voir le livre ÊTRE BIEN DANS SA PEAU par le docteur David D. Burns). La dépression se bâtie sur des erreurs de pensées, des erreurs de logique, de fausses perceptions et interprétations de la réalité. Est-ce par l’amour de la vie qu’il faille aborder le problème ? Il faut d’abord corriger les erreurs de pensées pour prendre du recul et se séparer de l’idée de mettre fin à sa vie. ET, dans ce cas, prendre du recul, c’est remonter à la surface, contrecarrer la loi de la gravité.

4. La mort

La mort se classe dans les premiers sujets dont je discute (avec moi-même et avec les autres) depuis mon adolescence, plu spécifiquement, lorsque l’un de meilleurs amis est décédé. Je n’ai pas peur de la mort. Elle me donner à penser, surtout dans les moments difficiles de ma vie personnelle et professionnelle et, ces moments furent nombreux. Je parle de la mort au point où on me dit que si j’en parle autant, c’est ce que j’en ai peur. Or, c’est le contraire. Dans ma vie, la mort m’accompagne et ce n’est pas parce que je l’ai souvent frôlée souvent. La mort m’accompagne comme un ami qui devient maléfique en moment de déprime; elle se présente comme une solution ultime. Mais je ne répond à son invitation. Je préfère discuter avec elle.

Mais en disant cela, je me contredit depuis peu car la mort, selon moi, ne peut pas ÊTRE. Dans la mort, tel que je la conçois, il n’y a pas d’Être, d’existence. On ne peut pas dire que la mort existe puisqu’il n’y aucun Être dans la mort. Comment pourrait-on soutenir JE SUIS mort ou IL EST MORT. Je ne suis pas dans la mort car je n’existe pas en elle. La mort ne peut pas non plus ÊTRE un ÉTAT puisqu’il n’y a aucune existence dans la mort. Il faut impérativement de la VIE pour EXISTER. Or, il n’y en a aucune dans la mort. On ne va pas me dire que la mort existe sans existence. Loin de moi l’idée de renier la mort, mon ami depuis mes jeunes années d’adolescent. La mort n’est qu’une idée pour expliquer que la vie a une fin. On ne peut pas dire non plus que la mort est ceci ou cela; elle ne peut pas ÊTRE. Que l’on me parle alors du néant, de l’inexistence ou l’absence d’existence. Mais ce n’est encore là qu’une idée puisque le néant, comme la mort, ne peut pas ÊTRE. Vous saurez me dire que je tourne en rond, que je joue avec mots, mais il n’en est rien. Je suis sérieux. La mort et le néant ne peuvent exister qu’en tant que concept ou idées. Il faut plutôt parler de la vie qui s’éteint, qui prend fin.

Qu’il y est ou non quelque chose après la mort, quelque chose d’immortelle en moi qui survie, peu m’importe. Le sujet reste ouvert comme touts les mystères de la vie.

Enfin, contrairement à certains philosophes, je ne trouve pas dans l’idée de la mort une valeur à la vie, une incitation à profiter de la vie dans le plus grand des respects. Ce n’est pas parce que je vais mourir un jour que ma vie prend de la valeur.

On dit que « philosopher, c’est apprendre à mourir » mais…

On rencontre ici la formule fameuse ; Que philosopher, c’est apprendre à mourir… » Sous cette forme, en français, c’est le titre d’un des Essais de Montaigne, le vingtième du livre 1. Mais Montagne en emprunte expressément l’idée à Cicéron, lequel, dans les Tusculanes, la présente comme une citation de Platon… Disons que c’est une idée de Platon, traduite en latin par Cicéron, puis en français par Montaigne… L’important est ailleurs : l’important, c’est que cette phrase peut se prendre en deux sens différents, comme Montaigne le remarquait déjà, entre lesquels, peu ou prou, toute la vie – et toute une partie de la philosophie – se décide.

Il y a le sens de Platon : la mort, c’est-à-dire ici la séparation de l’âme et du corps, serait le but de la vie, vers lequel la philosophie ferait une espèce de raccourci. Un suicide ? Au contraire : une vie plus vivante, plus pure, plus libre, parce que libérée par anticipation de cette prison — voire de ce tombeau comme le dit Georgias — Qu’est le corps… » Les vrais philosophes sont déjà mort » écrit Platon, et c’est pourquoi la mort ne les effraie pas : que pourrait-elle leur prendre ?

Et puis il y a les sens de Montaigne : la serait non « le but » mais « le bout » de la vie, son terme, sa finitude (et non sa finalité) essentielle. Il faut s’y préparer, l’accepter, puisqu’on ne peut la fuir, sans la laisser pourtant gâcher notre vie et nos plaisirs. Dans les premiers Essais, Montaigne veut y penser toujours, pour s’y habituer, pour s’y préparer, pour se roidir, comme il dit, contre elle. Dans les derniers, l’habitude est telle, que cette pensée devient moins nécessaire, moins constante, moins pressante : l’acceptation suffit, qui se fait, avec le temps, de plus en plus légère et douce… C’est moins une contradiction qu’une évolution, qui marque la réussite, en tous cas les progrès, de Montaigne. (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 4. La mort, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 54-55.

Personnellement, je refuse de percevoir mon corps comme une prison d’où s’envolerait un petit oiseau à ma mort pour une vie éternelle ou un réincarnation. Je penche plutôt vers l’idée que la mort est le bout de la vie. Mais je réfute l’idée de l’acceptation de la mort pour s’y préparer, à moins d’être révolté contre elle. Que la vie ait un bout, on le sait depuis notre tendre enfance en voyant les fleurs de faner et mourir. Je ne vois pas pourquoi je devrais travailler en mon esprit pour accepter la mort des fleurs, des parents, des amis, de l’autre que je connais et de celle que je ne connais… La vie a une fin et ce n’est pas dommage car la vie ne serait pas la vie sans l’idée de la mort.

5. La connaissance

Connaître, c’est penser ce qui est : la connaissance est un certain rapport — de conformité, de ressemblance, d’adéquation — entre l’esprit et le monde, entre le sujet et l’objet. Ainsi connaît-on ses amis, son quartier, sa maison : ce que nous avons dans l’esprit, quand nous y pensons, correspond à peu près à ce qui existe en réalité.

Cet à peu près est ce qui distingue la connaissance de la vérité. Car, sur ses amis, on peut se tromper. Sur son quartier, on ne sait jamais tout. Sur sa maison, même, on peut ignorer bien des choses. (…) Il n’y a pas de connaissance absolue, pas de connaissance parfaite, pas de connaissance infinie. (…) Il y faudrait une science achevée et une intelligence infinie : nu l’une ni l’autre ne sont à notre portée.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 59-60.

André Comte-Sponville se demande : « Nous ne pouvons connaître que que ce soit que nos sens, notre raison, nos théories. Comment y aurait-il une connaissance immédiate, puisque toute connaissance, par nature, est médiation ? ».


Selon Olivier Clain, Professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université Laval (Québec, Québec), dont on reconnaît l’intérêt pour l’épistémologie :

« Il y a trois moments dans toute connaissance du monde :

1. Moment dans lequel je fais l’expérience de l’objet avec ses qualités propres et ses déterminations empiriques.

2. Moment de la construction des concepts, des catégories que j’utilise pour décrire les qualités de l’objet.

3. Moment, en constante relation avec les deux autres et qui sert de médiation dans le rapport entre les deux autres, et qui est le moment de la formulation des énoncés à caractère théorique. »


« Lorsqu’on croit de la foi la plus ferme que l’on possède la vérité, on doit savoir qu’on l’on croit, non pas croire qu’on le sait »

(Jacques Lequier cité par André Comte-Sponville)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 64-65.


Avant son dernier thème, la sagesse, André Compte-Sponville traite de : 6. La liberté; 7. Dieu ; 8. L’athéisme ; 8. L’art ; 10. Le temps ; 11. L’homme

12. La sagesse

C’est qui qui distingue la sagesse de la philosophie, qui serait plutôt un savoir-penser. Mais la philosophie n’a de sens que pour autant qu’elle nous rapproche de la sagesse : il s’agit de penser mieux pour mieux vivre, et cela seul est philosopher en vérité. «La philosophie est celle qui nous instruit à vivre », écrit Montaigne. C’est donc que nous ne savons pas ? Bien sût : c’est parce que nous ne sommes pas des sages que nous avons besoin de philosopher ! La sagesse est le but ; la philosophie le chemin.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 144.


Quelle sagesse ? Les philosophes divergent là-dessus comme sur tout. Une sagesse du plaisir comme chez Épicure ? De la volonté, comme chez les stoïciens ? Du silence, comme chez les septiques ? De la connaissance et de l’amour, comme chez Spinoza ? Du devoir et de l’espérance, comme chez Kant ? À chacun là-dessus se forger son opinion, qui pourra emprunter à diverses écoles. C’est pourquoi il faut philosopher soir-même : parce que personne ne peut penser ni vivre à notre place. Mais ce sur quoi les philosophes s’accordent, du moins presque tous, c’est sur l’idée que la sagesse se reconnaît à un certain bonheur, à une certaine sérénité, disons à une certaine paix intérieure, mais joyeuse et lucide, laquelle ne vas pas sans un exercice rigoureux de la raison. C’est le contraire de l’angoisse, c’est le contraire de la folie, c’est le contraire du malheur. C’est pourquoi la sagesse est nécessaire. C’est pourquoi il faut philosopher. Parce que nous ne savons pas vivre. Parce qu’il faut apprendre. Parce que l’angoisse, la folie ou le malheur ne cesse de nous menacer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 146-145.

Selon André Comte-Sponville, « il faut tendre : vers la vie la plus intelligente possible. »

Mais l’intelligence ne suffit pas. Mais les livres ne suffisent pas. À quoi bon tant penser, si c’est vivre pour si peu ? Que d’intelligence dans les sciences, dans l’économie, dans la philosophie ! Et que de sottises souvent dans la vie des savants, des hommes d’affaires, des philosophes… L’intelligence ne touche à la sagesse que dans la mesure où elle transforme notre existence, où elle l’éclaire, où elle la guide. Il ne s’agit pas d’inventer des système. Il ne suffit pas de manier des concepts, ou ceux-ci ne sont que des moyens. Le but, le seul, c’est de penser et de vivre un peu mieux, ou un peu moins mal.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


(…) La morale répond à la question : « Que dois-je faire ? » L’éthique, à la question : « Comment vivre ? » (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.


Je n’ai pas aimé :

1. Tutoiement

Je n’ai pas aimé le tutoiement utilisé par André Comte-Sponville pour s’adresser à moi (et à tous les lecteurs). PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE est le premier et le seul livre du philosophe André Comte-Sponville que j’ai lu. Je ne sais pas s’il recourt au tutoiement dans toutes ses œuvres ou s’il l’utilise que pour certaines de ses œuvres. Selon mon expérience, le tutoiement isole le lecteur de l’ensemble des autres lecteurs.

2. Philosophie directive

Dans son livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE, André Comte-Sponville est directif dans ses propos. Voici quelques exemples :

C’est en faisant bien l’homme, ou la femme, qu’on aide l’humanité à se faire. Et il le faut : elle a besoin de toi, comme tu as besoin d’elle.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 27.

Entre l’ignorance absolue et le savoir absolu, il y a place pour la connaissance et le progrès des connaissances. Bon travail à tous !

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 68.

Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.

Je n’ai pas aimé cette philosophie directive qui, visiblement, caractérise le lecteur et lui ordonne de travailler, d’avoir confiance… Je ne crois pas que la philosophie doit être directive, qu’elle nous ordonne quoi que ce soit… qu’elle pense à notre place. Je préfère et de loin qu’elle nous questionne et nous aide ainsi à prendre du recul par différentes prises de conscience. « Philosopher, c’est penser par soi-même » écrit André Comte-Sponville. Or, s’il promeut notre liberté de penser, notre liberté de choisir et notre liberté d’opinion, on constate qu’il nous dirige dans une direction donnée à l’aide de nombreuses références et ses propres opinions (jugements).


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J’accorde au livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE ? de ANDRÉ COMTE-SPONVILLE quatre étoiles et une demie sur cinq.

Je vous en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

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Article # 73Qu’est-ce que la philosophie ?

J’AI LU POUR VOUS

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

(1950-2022)

Le livre de poche – Librairie générale française

Paris, 1997

EAN : 9782253942412

160 pages


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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

M. M.


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Extrait du livre

L’ÉTAT DE LA PHILOSOPHIE

Jamais on n’a eu autant besoin de philosophie qu’aujourd’hui. Dans un monde fragmenté, désorienté, où l’esprit analytique semble l’avoir emporté, la quête d’une synthèse est plus pressante que jamais. Les scientifiques ont pris le relais des philosophes, trop occupés à répéter que la philosophie était morte et qu’il n’y a plus rien à dire, qu’au mieux, on peut tout juste redire et relire le plus fidèlement du monde les penseurs du passé, l’idéal étant là aussi de devenir un « spécialiste ». Déjà Nietzsche condamnait l’esprit philologique que certains philosophes professent en passant leur vie à décortiquer un auteur : au nom de la pensée, la grande, ils s’interdisent ainsi toute pensée propre, pour se réfugier dans le confort d’une orthodoxie dont ils se veulent les dépositaires vigilants. Mais qui parlera alors de l’origine de l’univers, de la mort, de la vie, de l’évolution, de la nature, de la vérité, de la liberté, du sens du Soi et de l’Autre, sinon les hommes de science ou les hommes de religion ? À cela, qu’oppose la philosophie, si ce n’est que tout a été dit, ou impossible à dire au nom d’une rigueur qu’elle n’a jamais eue et dont elle se fait l’écho lointain, depuis que les progrès de la science l’ont amputée de ses illusions ?

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait ainsi le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a faites siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi, il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’état de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 7-8.


Extrait du livre

LES QUESTIONS ULTIMES DE LA PENSÉE

Pour les Anciens, la philosophie était divisée en trois grandes disciplines : la logique, la physique et l’éthique. Les Stoïciens parlaient même de la physique comme d’un champ dont les clôtures étaient la logique et le produit, l’éthique. D’où vient cette division de la philosophie ? A-t-elle encore un sens, à une époque où les disciplines scientifiques se sont multipliées au-delà de la seule physique, où la métaphysique spéculative issue d’Aristote et du christianisme a fécondé la philosophie moderne, où le rapport à l’action et au politique déborde le cadre de la morale ?

Si on regarde attentivement l’histoire de la pensée, on ne peut s’empêcher d’observer que la tripartition est demeurée une constante, malgré tous les développements dont il a été question.

Prenons Kant par exemple. Il écrit trois grandes Critiques, celle de la Raison Pure, celle de la Raison Pratique et celle de la Critique de la Faculté de juger. De quoi traitent précisément ces trois grands livres ? La Critique de la raison pure s’attache à rendre compte de notre rapport au monde ; la Critique de la raison pratique porte sur le rapport à autrui ; quant à la dernière Critique, elle est en quelque sorte la synthèse des deux premières en ce qu’elle s’interroge sur ce qui rend possible le fait de s’interroger sur la nature, de s’en distancier, de la contempler pour elle-même bref, de l’étudier tout en en faisant partie. Cette réflexivité consacre l’identité, qui est le maître mot de la logique, même si le projet kantien est anthropologique et esthétique, au sens où la contemplation de soi par rapport à ce qui n’est pas soi est source d’étonnement, d’admiration.

Certes, on est loin ici de la logique au sens classique du terme, mais si l’on veut bien réfléchir au sens qu’a pris l’identité après et avec Descartes, on pourra se rendre compte que l’identité des choses et des êtres s’enracine désormais dans celle du Soi, immortalisée dans le Je pense, donc je suis, source de toute identité possible, même si elle est avant tout la nôtre.

D’ailleurs, déjà chez Hume, grand inspirateur de Kant, on peut voir à l’œuvre la tripartition de la philosophie proclamée par les Anciens. Le Traité de la nature humaine, par exemple, se subdivise en trois grands livres : l’entendement, les passions et la morale en sont les objets respectifs. Ce qui recouvre précisément la physique, c’est-à-dire le rapport à la nature, au monde, pour le premier livre ; et pour le second, qui traite des passions, on retrouve le problème du Soi, de l’identité, forme nouvelle que prend le fondement du champ logique à l’ère de la subjectivité – qui devient la pensée – qui a connu, on le sait, peu de progrès en logique au sens strict ; reste le troisième livre, consacré à l’éthique.

Soi, le Monde et Autrui : telles sont, en définitive, et semble-t-il depuis toujours, les grandes questions de la philosophie. Celles qui agitent l’homme depuis l’aube des temps, et qui alimentent tous ses soucis et ses préoccupations les plus fondamentales. L’identité n’est d’ailleurs pas simplement une affaire de logique, de raisonnement, de méthode ; elle est aussi l’expression de ce que l’on est, et l’âme, qui nourrit tout raisonnement possible, s’est vue interrogée sur son identité éternelle, au travers du problème de la survie, de la mort, de l’existence. Avant toute psychologie, au sens où on l’entend habituellement, l’âme – ce que l’on appellerait aujourd’hui le Soi – a été conçue comme le principe moteur de la vie, de ce que l’on était, de l’identité et des identités issues de la pensée et du raisonnement, une partie d’elle-même étant la source du logique et du rationnel, à côté d’autres parties, retenues davantage par l’émotion, le biologique et l’animal (anima = âme), où, précisément, l’identité se perd, se dilue, se fluidifie dans une sensibilité erratique, tissée de mouvements contradictoires et changeants. Les goûts, les besoins, les plaisirs, les intérêts même, relèvent ainsi de cette partie de l’âme où elle n’est pas vraiment un Soi, une identité, une raison logique, car elle est déchirée entre plusieurs directions qui l’attirent tour à tour ou simultanément, selon les circonstances.

Soi, le Monde et Autrui sont ainsi les points d’ancrage de la réflexion philosophique depuis toujours, et le lecteur contemporain, s’il est sincère avec lui-même, retrouvera dans ces trois grands problèmes ce qui sous-tend les siens encore à l’heure actuelle. Qui ne s’interroge sur ce qu’il est, surtout dans un monde comme le nôtre ? Les rôles sociaux, jadis fixés une fois pour toutes, se diluent : on est enfant, parent, mari ou femme, amant, employé un jour, cadre ou chômeur peu après (c’est rarement l’ordre inverse), contribuable, citoyen, électeur, voire élu, client, épargnant, pensionné, voyageur, etc. Bref, qui est-on au juste et quel sens cela a-t-il de faire tous ces parcours, alors que la mort annule tous nos rôles d’un revers de la main ?

Mais aussi que faire, si tout est futile, absurde eût dit Camus ou Sartre ? N’y a-t-il pas un minimum d’exigence à l’égard d’autrui, que prescrit la morale et que la politique s’efforce de faire respecter en théorie, dans l’intérêt de tous ?

Et enfin, il y a les choses. Pour notre malheur mais aussi notre bonheur : elles nous sont utiles, mais avant cela, elles nous posent problème ; le monde est opaque, l’univers mystérieux. A-t-il été créé ou existe-t-il depuis toujours ? Pourquoi l’Homme ? Y aurait-il un dessein caché dans l’Univers, que l’on pourrait peut-être même découvrir ? La science, la connaissance, le goût d’apprendre, donc de lire et de voir, ne peuvent qu’orienter et alimenter cette quête pour comprendre ce qui fait question.

Soi, le Monde, Autrui : vivre, c’est toujours d’une certaine façon, dérivée la plupart du temps, avoir résolu, souvent sans l’avoir voulu, ces trois grands problèmes. On n’y échappe pas. On a tous, de fait, une vision du monde et des autres comme de soi-même, qui agit sur nous, qui guide nos actes et nos pensées. On est donc tous philosophes, comme Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir. C’est sans doute pour cela que tout le monde s’intéresse à la philosophie, pour aller au fond de soi, de ses possibilités, de ses angoisses et de ses espérances.

Le philosophe y répond-il ?

Trop souvent, on lui reproche d’être obscur. Il prétend décrire l’entendement commun ou l’homme que nous sommes chacun, mais ce faisant, il va forcément au-delà de ce que chacun dirait, s’éloignant ainsi de son objet, au point que certains n’hésiteront pas à dire qu’il le perd et que cela n’a plus rien à voir avec l’homme de la rue. Certes, le physicien n’agit pas autrement sans qu’on le lui reproche. Il explique la lumière ou la chaleur avec des concepts inintelligibles pour la plupart d’entre nous. Mais chez le philosophe, cela semble inadmissible. La philosophie ne saurait être une science : elle doit divulguer les vérités enfouies au fond de soi, de chacun, pour les rendre accessibles à chacun. Le concept est par là condamné, même s’il est bien souvent inévitable.

L’autre reproche est sans doute le fait que la philosophie ne donne pas de réponses, alors que la science progresse en résolvant sans arrêt de nouveaux problèmes. N’est-ce pas le signe même de sa faiblesse ? Ne faut-il pas alors quitter le terrain de la Raison, préférer la religion, ou qui sait ?, la secte et la magie, l’horoscope et la divination ?

Que répondre à de tels reproches ?

Il est vrai que la philosophie est parfois obscure, qu’elle nécessite un apprentissage, tout simplement parce qu’elle a une histoire, avec des concepts qui se modifient au fil des siècles. On ne peut rentrer dans la philosophie contemporaine et ignorer ce qui précède. La philosophie est difficile ; c’est une ascèse, elle incarne l’inutile parce que l’essentiel est inutile. Mais le propre de l’essentiel est que l’on en a besoin, qu’il est incontournable. Il faut donc accepter de penser de façon élaborée. De plus, il est moins que certain que l’objet de la philosophie soit l’homme ordinaire. En tout cas, ce n’est pas la préoccupation première de la philosophie, et c’est au mieux, un problème dérivé. L’homme n’intéresse en propre la philosophie que de Descartes à Nietzsche, car avant comme après, il est appréhendé à partir d’autre chose que lui-même : Dieu, l’être, l’univers, la matière et, aujourd’hui, les sciences humaines ont détrôné la philosophie à cet égard, même si ce n’est que pour offrir des visions fragmentées et analytiques. C’est l’esprit du temps : d’ailleurs les synthèses sont rares, et les esprits synthétiques ont été remplacés par des « spécialistes ».

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 9-14.


Au sujet de l’auteur

Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/
Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/


wikipedia-1pceMichel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles et mort le 23 mai 2022 à Waterloo, est un philosophe belge, professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’université de Mons.

Michel Meyer est économiste et philosophe de formation, licencié en sciences économiques (1973), maître ès arts de l’Université Johns-Hopkins aux États-Unis (1975), agrégé de philosophie (1973) et docteur en philosophie (1977).

Professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Mons, il a été président du Centre européen pour l’étude de l’argumentation, directeur de la Revue internationale de philosophie et directeur de la collection L’interrogation philosophique aux Presses universitaires de France. Il est membre de l’Académie royale de Belgique et de I’Institut international de philosophie.

Sa réflexion porte sur la rhétorique à laquelle il a contribué par l’introduction d’une approche de l’argumentation qu’il nomme « problématologie ».

Lire la suite : Wikipédiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Meyer_(philosophe)


Hommage au philosophe Michel Meyer (1950-2022)

Comment concevoir la morale aujourd’hui ?

La rhétorique, l’argumentation et les sciences humaines (1) – Philippe Descola (2010-2011)


LinkedIn

Page de Michel Meyer sur le réseau d’affaire LinkedIn


In memoriam. Michel Meyer (1950-2022)

Paul Earlie, Arnaud Pelletier

Dans Revue internationale de philosophie 2022/2 (n° 300), pages 5 à 7

La Revue internationale de philosophie pleure la disparition de son directeur Michel Meyer, décédé subitement le 23 mai 2022 à l’âge de 71 ans. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel foisonnant et varié non seulement à sa famille – son épouse Corinne et ses fils Patrick et Alexandre –, mais aussi à ses amis, ses collègues, ses étudiants, et enfin ses lecteurs.

2 Beaucoup a été dit – et beaucoup sera encore dit – de la contribution très singulière de Michel Meyer à la pensée contemporaine, de sa recherche sans cesse renouvelée du questionnement dans les aspects fondamentaux de la réflexion humaine, tant en histoire de la philosophie que dans les domaines du langage, de la rhétorique, de la politique ou de la société. À une époque de spécialisation croissante et de partis pris méthodologiques, son œuvre est tout à fait unique et inclassable. Son souci d’embrasser toutes les disciplines et de regarder ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise, allait à contre-courant de la culture universitaire contemporaine, vis-à-vis de laquelle il gardait une certaine distance amusée. Cette distance lui conférait toutefois une précieuse vision d’ensemble. Comme il l’a écrit, de son aplomb si caractéristique, dans la préface de ses récents Principia Politica : « la question essentielle qui se pose aujourd’hui en sciences humaines, comme en philosophie d’ailleurs, est celle de la synthèse ».

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IN MEMORIAM MICHEL MEYER
(11 novembre 1950 – 23 mai 2022)

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ULB-Faculté de Philosophie et Sciences sociales – C’est avec une grande tristesse que avons appris le décès de notre collègue Michel MEYER, Professeur émérite de notre Faculté et philosophe belge de renommée internationale, ce 23 mai 2022. Michel Meyer était l’un des héritiers de la pensée de Chaïm Perelman. Il a notamment introduit la notion de « problématologie » dans le champ et la pratique philosophiques. Il a également dirigé pendant de nombreuses années la « Revue internationale de Philosophie ». Nos pensées accompagnent sa famille à qui nous présentons nos condoléances les plus sincères.


ARTICLES

L’origine du questionnement

À propos de la lecture de Platon et Aristote par Michel Meyer

Arnaud Macé

Dans Revue internationale de philosophieRevue internationale de philosophie 2011/3 (n° 257)2011/3 (n° 257), pages 17 à 46
Éditions De Boeck Supérieur

Qu’est-ce que la philosophie? Comme en témoigne Hérodote, «philosopher», c’est, au sens courant que ce verbe avait en grec ancien, être mû par la curiosité de tout savoir, parcourir le monde pour observer la diversité des choses 1 , la forme et les couleurs des fleurs comme la configuration des institutions et des mœurs des hommes. En ce sens la philosophie est un désir de tout connaître, et par conséquent un désir de tous les savoirs et de toutes les pratiques en lesquels se dissémine l’expérience que les hommes font de ce qu’il y a: de la botanique à la science politique, de la médecine à l’astronomie, rien n’échappe à ce désir. Il semble que se soit en outre ajouté à cet idéal celui de chercher l’unité dissimulée derrière l’étonnante diversité des choses, aussi bien que des savoirs et des pratiques qui se préoccupent de celles-ci2. Michel Meyer adhère résolument à cette idée de l’exercice philosophique comme recherche d’une «vision synthétique des différents domaines de la culture comme des diverses activités humaines»: il souligne en outre que la philosophie propose une certaine «lisibilité» de cette diversité, en essayant peut-être de déterminer un type de «problèmes» commun3. Nous avons récemment avancé l’idée que l’œuvre de Platon consiste à proposer une telle lisibilité, en déployant un type d’écriture susceptible à la fois de recueillir la plus grande diversité des formes d’expérience et de savoir de son temps et de faire paraître l’unité transversale d’un même problème à l’œuvre dans chacune de celles-ci4. Plus encore, parce qu’il met en scène les protagonistes de conversations variées et toujours recommencées, sans jamais parler en son nom propre, Platon choisit un mode d’écriture qui qui manifeste la nature même du problème dont il s’agit de lire la présence dans tous les domaines de la réalité. C’est en effet sous la forme d’une multiplicité dont l’unité n’est pas donnée d’avance que les dialogues platoniciens se présentent: or, en faisant l’épreuve de la lecture de ces œuvres, on découvre aussi que la réalité que les hommes découvrent se signale, dans chacune de ses parties ou sous toutes ses formes, comme une multiplicité dont l’unité doit être trouvée. L’écriture platonicienne reproduit le type de problématicité qui est celle des choses mêmes et c’est en ce sens qu’elle est un lieu où s’exercer à devenir philosophe, en parcourant ces anciennes multiplicités que Platon pouvait trouver dans les savoirs et les pratiques de son temps. Beaucoup de lecteurs, depuis deux millénaires et demi, se sont exercés dans les dialogues, avant de sortir au grand air, affronter le multiple de leur temps.

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Argumentation et Analyse du Discours

2 | 2009

Rhétorique et argumentation

Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ?

How should we consider the relationship between rhetoric and argumentation?

Michel Meyer

La rhétorique, dit Aristote, est le pendant de la dialectique et de l’argumentation. Cela pose le problème de leur harmonisation au sein d’une théorie unifiée, où la rhétorique littéraire voisine avec la logique juridique. La problématologie est cette conception unifiée. Les questions expresses relèvent du conflit argumenté, comme en droit, qui les codifie, et les questions indirectes, des réponses qui les avalent par l’élégance et le style pour se faire passer pour résolutoires de ces questions. La rhétorique est la négociation de la distance entre les individus sur une question donnée, une question plus ou moins problématique et conflictuelle. La problématologie est à la base d’une véritable nouvelle rhétorique, avec de nouvelles prémisses fondées sur le questionnement, laissées jusque-là en friche. Des figures de rhétorique à l’inférence du vraisemblable, le questionnement est le socle où viennent s’articuler la raison, le langage et la persuasion.

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Bibliographie – Michel Meyer

Découverte et justification en science – Kantisme, néo-positivisme et problématologie, Klincksieck, Paris, 1979.

Logique, langage et argumentation, Michel Meyer, Hachette, Paris, 1982, 2e édition 1985, (ISBN 978-2010072901).

(en) Meaning and Reading. A philosophical Essay on Language and Litterature, John Benjamins Publishing Company (en), Amsterdam, 1983.

De la problématologie : langage, science et philosophie, Mardaga, Bruxelles, 1986, Le Livre de Poche, 1994.

Science et métaphysique chez Kant, Michel Meyer et Quadrige, PUF, Paris, 1988. 2e édition Poche : Quadrige, Paris, PUF, 1995, (ISBN 978-2130471271).

Langage et littérature, PUF, Paris, 1992, Quadrige, 2001.

Questions de rhétorique, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-essais, 1993.

De l’insolence : essai sur la morale et le politique, Paris, Grasset, 1995.

Science et métaphysique chez Kant, Paris, Presses Universitaires de France – PUF, coll. « Quadrige », 1er juin 1995, 256 p. (ISBN 978-2-13-047127-1).

Pour une critique de l’ontologie, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, (ISBN 978-2800410265). Édition de Poche, Quadrige, PUF, 1999.

Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Hachette, Biblio-Essais, 1997.

Les passions ne sont plus ce qu’elles étaient, Bruxelles, Labor, 1998.

Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, avec Manuel Maria Carrilho et Benoît Timmermans, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 1999.

Petite métaphysique de la différence, Paris, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 2000.

Questionnement et historicité, Paris, PUF, 2000. Réédition : Paris, PUF, Quadrige, mars 2011.

Le tragique et le comique. Penser le théâtre et son histoire, Paris, PUF, 2003.

La rhétorique, « Que Sais-je ? », PUF, 2004.

Éric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Albin Michel, 2004.

Qu’est-ce que l’argumentation ?, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2005.

Comment penser la réalité ?, Paris, PUF, 2006.

Le philosophe et les passions. Esquisse d’une histoire de la nature humaine, Michel Meyer, Presses Universitaires de France – PUF, Paris, 14 septembre 2007, (ISBN 978-2130564423).

Rome et la naissance de l’art européen, Paris, Éditions Arléa, 2007.

Principia Rhetorica, Paris, Fayard, 2008. Réédition : Paris, PUF, « Quadrige », 2010, traduction roumaine, 2011.

De la problématologie, Paris, PUF, 2008.

La problématologie, « Que Sais-je ? », Paris, PUF, 2009.

Esthétique générale. Les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2009.

La rhétorique, Paris, PUF, collection Que sais-je, 2009.

Chaïm Perelman (1912-2012). De la nouvelle rhétorique à la logique juridique, avec Benoît Frydman, Paris, PUF, 2012.

Qu’est-ce que le refoulement?, Paris, L’Herne, 2012.

Principia Moralia, Paris, Fayard, 2013.

Qu’est-ce que l’histoire, progrès ou déclin ?, Paris, PUF, 2013.

Source : Meyer, Michel – Wikipédia.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

Le livre de poche

© Librairie Générale Française

Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond :

La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Dans le Développement personnel (DP), on trouve plutôt des directives (Faites ceci, faite cela…) en réponse aux questions adressés par les clients à leurs coachs. Le développement personnel exploite (malheureusement trop) souvent la philosophie mais, en fait, cette activité ne se questionne pas sur elle-même, si ce n’est sur le comment commercial.

Michel Meyer consacre un chapitre de son livre aux arguments en philosophie dont voici un court extrait :

L’argumentation en philosophie est essentielle, car celle-ci n’a ni les ressources expérimentales de la sciences, ni la contraignance formelle des mathématique ou de la logique. Il ne lui reste qu’à débattre des questions, en se nourrissant des multiples arguments qui ont trait aux thèses qu’elle défend à un moment donné.

Les conclusions de la philosophie n’auront donc jamais rien d’absolu : elles resteront toujours, quelque part, problématiques. C’est-à-dire source de questions, celles que l’on se pose, celles qui nous interpellent et même qui s’adressent à notre sensibilité. C’est là, peut-être, que la philosophie est le plus proche de la sophistique, cette mauvaise rhétorique tant décrié par Platon, et que l’on doit dénoncer en déconstruisant la rhétorique en général pour ne plus se laisser abuser par des artifices de langage. Cela dit, n’oublions jamais que la problématicité de la philosophie est conforme à ce qu’elle est : une réflexion sur les problèmes, ce qui est déjà une réponse.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les arguments de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 41.

Bref, on ne peut pas conclure définitivement en philosophie. La réponse pose toujours d’autres problèmes à questionner à leur tour.

Michel Meyer aborde aussi la question de la « nature même de la pensée philosophique » dans le chapitre Philosophie, art et religion :

(…) Quelle est la différence de base entre la philosophie et la religion. La religion se meut dans le dogme et la foi, c’est-à-dire ce qui échappe à l’interrogation. Elle répond sans mettre en question, et elle accepte mal la mise en question. La philosophie, elle, aimerait pouvoir se réclamer de certitudes, mais les seules réponses qu’elle peut mettre en avant sont issues d’un questionnement, et le plus souvent, elle se maintient dans un répondre éminament problématique. La philosophie est, jusque dans la métaphysique même, interrogative. N’admettre pour réponse que ce qui a d’abord été mis en question : telle est, depuis Socrate, la nature même de la pensée philosophique. (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Philosophie, art et religion, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 44.

Philosopher, c’est questionner la question. Il s’agit d’ailleurs du propre de l’Homme que de pouvoir se retrouver en lui-même, en sa conscience, et de se questionner. Un singe ne se demande pas s’il est un singe. Une fleur ne se demande pas si elle-est une fleur. Seul l’Homme se demande ce qu’il est vraiment.

Évidemment, on peut vivre sans se poser de questions, à la surface de Soi. On peut repousser toutes les questions embarrassantes pour éviter le malaise des réponses ou de l’absence de réponses. Se questionner est négatif pour certaines personnes.

Encore faut-il  « Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants ».

La problémacité est dont vécue non comme une richesse et une positivité, mais comme une impossibilité et un échec. Faute d’avoir questionner le questionnement, la philosophie se heurte malgré tout à lui avec les vieux concepts qui en ont fait quelque chose de négatif. Elle affronte le problématique sans y être préparée. Elle véhicule une tradition centrée sur les solutions qui évacuent les questions, et non ce qui les pensent.

Il faut donc aller au-delà, et ne pas se contenter de voir les questions qui surgissent. Il faut penser le questionnement comme tel, à partir de lui-même, et accepter l’idée que la première étape de toute résolution possible a lieu avec la question. Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants, est le tout premier pas de la pensée dans sa positivité même.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Qu’est-ce que la métaphysique ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 52.

À mon humble avis, toute question soulève un doute et ce dernier pose lui-même problème. En effet, certaines personnes tissent un lien malsain entre le doute et la confiance en soi. Plus encore, elles lient la confiance en soi au confort d’avoir raison. Autrement dit, certaines personnes perdent pied lorsqu’elles n’ont pas raison. Elles évacuent ainsi tous les doutes possibles et bénéfiques à la vie bonne. Or et ce n’est pas nouveau : la lumière entre par les failles ou, si vous préférez, par les doutes. Le doute est aussi la clé de toute pensée féconde, notamment la pensée scientifique.

Or, on ne peut négliger la science, encore moins l’ignorer, car elle fait partie intégrante de la réflexion de l’homme. Tout dépend de ce que l’on attend d’elle. Et s’il s’agit de la « fonder », comme Descartes le voulait, force est de constater que c’est inutile : elle n’en a pas besoin. Par contre, s’il s’agit de voir comment elle procède afin de mieux comprendre la Raison, alors la science est importante pour la philosophie. Et il s’agit d’interpréter la science et ses résultats, afin d’intégrer en une vision systématique ce qu’elle dit de l’espace, du temps, de la matière, etc., alors la philosophie, en retour, sera importante pour la science, qui verra mieux, ce qu’elle apporte de façon fragmentée et analytique, au nom de l’efficacité, alimentant la réflexion de fond que l’homme a de l’univers et de sa place dans cet univers.

La méthodologie de la science – ce que l’on appelle l’épistémologie – illustre bien le fonctionnement de l’esprit humain.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Que dit la philosophie à propos de la science ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 57-58.


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épistémologie

Définition de épistémologie ​​​

nom féminin

didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

L’épistémologie m’intéresse depuis plus de 25 ans. Je cherche dans cette discipline de la philosophie des réponses à la question « Comment nous pensons ? » afin de prendre conscience et d’agir sur mes erreurs de pensée, ce que je considère comme une forme de philothérapie.

Un peu d’esprit scientifique dans nos ne nous fera pas de tort.


La formation de l’esprit scientifique

Gaston Bachelard

La Formation de l’esprit scientifique (sous-titré Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective) est un essai d’épistémologie de Gaston Bachelard publié aux éditions Vrin en 1938. Bachelard y propose une analyse de la transition entre l’esprit « préscientifique » et l’esprit « scientifique » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette évolution est rendue possible par la prise en compte et le dépassement de ce qu’il définit comme des obstacles épistémologiques, permettant alors la construction rationnelle d’une expérience. Celle-ci, par la longue réflexion qui la précède, dépasse l’observation directe d’un fait empirique et entraîne l’abstraction et la mathématisation du phénomène physique, seul moyen à ses yeux d’échapper aux préjugés inhérents à la nature humaine qui ont longtemps paralysé le progrès scientifique. Tout au long de l’ouvrage, il cite un grand nombre d’ouvrages préscientifiques illustrant les différents obstacles qu’il met en lumière, en particulier des œuvres d’alchimistes et de savants du siècle des Lumières. Source : InternetArchive.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L’obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…)

5. L’obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique. Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (substans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L’obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. » (…)

Consulter ce livre en libre téléchargement


Évidemment, on ne peut pas se limiter à surmonter des obstacles épistémologiques pour acquérir un peu d’esprit scientifique dans notre vie de tous les jours. Pour penser juste, il faut suivre quelques « Leçons de logiques ».


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Leçons de logique

ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939)

Manuel scolaire,
Première édition : 1914 – Québec
Réédition de la huitième édition parue en 1940
Collection du domaine public de la
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, Canada,
20 novembre 2009, 236 pages.
ISBN 978-2-89612-315-5

EXEMPLAIRE NUMÉRIQUE : GRATUIT (PDF)

NOTES DE L’ÉDITEUR

Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys

«Où est passée la logique ?» À la poubelle, tout simplement, comme un vieux manuel scolaire. Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut l’enseigner. Or, au Québec, l’enseignement de la logique a pris le bord lors du grand ménage de la Révolution tranquille au cours des années 60. Parce que la logique alors au programme se référait à la religion catholique, la logique est disparue dans le tourbillon de la modernisation, comme on jette le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui, on la cherche partout sans succès, d’où l’urgence de remettre en circulation LEÇONS DE LOGIQUE, un petit manuel scolaire, purement québécois, dont la toute première édition remonte à 1914. Lire la suite.


À ces leçons de logiques nécessaires pour profiter de l’esprit scientifique dans nos vie de tous les jours, j’ajoute la correction incontournable de nos biais cognitifs.


Biais cognitifs

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David D Burns, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.

Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.

Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.

Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.

L’interprétation indue : vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.

L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».

Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.

Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.

L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.

La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

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Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


(…) « le philosophe ne peut aller au fond des choses sans s’interroger sur ce qu’il fait en s’interrogeant. » (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Pour une ontologie minimale : les faits, les choses et leur catégorisation, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 93.

Ainsi nous faut-il découvrir comment nous pensons pour penser juste. J’ai finalement compris pourquoi le philosophe consultant Jérôme Lecoq interroge et problématise les interventions et les questions des participants à ses ateliers de philosophie en ligne.

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Quelques exemples d’ateliers

ATELIER SUR LE RESSENTI

ATELIER CONFLITS INTERNES

ATELIER LE MOI EST-IL HAïSSABLE ?

ATELIER FAUT-IL PLUS SE MÉFIER DE NOUS-MÊMES OU D’AUTRUI ?

À lire

Les 10 accords socratiques par Jérôme Lecoq.

À visiter

Site web de Jérôme Lecoq

Groupe Facebook Ateliers de la pensée par Jérôme Lecoq

Page Facebook de Jérôme Lecoq

Page LinkedIn de Jérôme Lecoq


« Raison sans passion n’est ruine de l’âme. »

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme est-il un animal raisonnable ? La logique des passions, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 113.

La raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour parvenir à prendre une décision. Lorsque vous vous retrouver devant cinq chois différents pour l’achat d’une automobile, d’une maison, de la date d’un prochain rendez-vous, etc., vous pouvez analyser en détails toutes les offres pendant des heures sans pour autant avoir les connaissances et les synthèses pour effectuer votre choix. C’est dans de telles circonstances que les émotions viennent à la rescousse avec « un coup de cœur » pour la meilleure offre. À lire : L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, Antonio Damascio. À écouter : Sentir d’abord : une exploration de la conscience, Antonio Damasio, Fleur bleue, Radio France.


La philosophie est une question en soi, pour elle-même, parce qu’elle est l’interrogativité même qui s’interroge, qui est en question. De ce fait même, on la voit à l’oeuvre dans la science comme dans la vie, qui l’une et l’autre interpellent et problématisent. La philosophie nous ramène au principe, au sens, c’est-à-dire à ce dont il est question, mais elle nous oblige à penser systématiquement les différentes problématiques, telle que les voit en science ou en art par exemplae, donc à les articuler et à les différencier également.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme et la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 151.


* * * * *

J’accorde au livre QU’EST-CE LA PHILOSOPHIE ? de MICHEL MEYER cinq étoiles sur cinq.

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

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