Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

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Article # 83

J’AI LU POUR VOUS

Raviver de l’esprit en ce monde

Un diagnostic contemporain

François Jullien

© Éditions de l’Observatoire / Humensis, 2023
170 bis, boulevard du Montparnasse, 75014 Paris

ISBN : 9791032930014

EAN : 9791032930014

Date de parution : 23 novembre 2023

Collection : Hors collection

Nombre de pages : 224

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J’accorde au livre RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC DU CONTEMPORAIN de FRANÇOIS JULLIEN chez Éditions de l’Observatoire (2023) 4 étoiles sur cinq.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteur.


Résumé

Réflexion philosophique sur la potentialité d’une perte d’intelligence et d’esprit dans la société du XXIe siècle. L’auteur s’interroge sur les habitudes et les modes de vie qui traduisent une tendance allant vers la fainéantise intellectuelle : livres faciles à lire, relations sans prises de tête, entre autres. A l’heure de l’intelligence artificielle, il s’interroge sur l’intelligence humaine.


Texte en quatrième de couverture

Il est une menace dont tout le monde s’émeut – à juste titre – parce qu’elle est spectaculaire : la Terre se réchauffe et la vie pourrait s’y tarir. Mais il en est une autre qu’on évite de remarquer. Cela parce qu’elle touche à l’invisible et nous implique peut-être encore davantage – d’ailleurs comment la nommer ?

Ses effets cependant sont des moins contestables : « d’un clic », on croit que tout est à portée, qu’il n’y a plus à accéder. Ou l’on fait du Livre un « produit » comme un autre. L’écran fait écran et l’événement de la présence est perdu. Et, d’abord, les médias distillent leur coïncidence idéologique à notre insu.

Ne sommes-nous pas en train de devenir des sujets inertes sans plus d’élan – d’essor – qui nous mobilise ?

J’ai choisi de nommer de l’« esprit » cette autre perte qui nous menace. Et donc, à l’encontre de la vie qui ne vit pas, de la non-vie menaçant nos vies, d’appeler à la défense et l’illustration de l’« esprit », une fois celui-ci décapé de tout spiritualisme.

Dans le monde de la Connexion généralisée, de la Communication et de la Consommation gérées par le numérique, où font loi la Commodité et le Marché, quel écart et quel espacement reste-t-il encore où de l’esprit puisse se déployer ?

Or rien ne sert de dénoncer cet état de fait et le renverser est impossible. Mais j’appelle à en dé-coïncider : en fissurant la chape invisible sous laquelle nos vies se laissent enfermer.


SOMMAIRE

Copyright

I. D’un clic

II. L’adieu au Livre

III. La perte de la présence

IV. L’étau de la coïncidence

V. Sujet inerte / sujet alerte

VI. Fin de la philosophie ?

VII. « De l’esprit », concept de combat

Table des matières


EXTRAIT

Chapitre I. D’un clic

1. Un si petit mot – à peine un mot – règle désormais nos vies entières : un « clic ». « D’un clic », je dirige et je dispose. L’onomatopée ne fait même plus, comme jadis, entendre le bruit d’un claquement ; elle commande en silence à l’ordinateur : je clique sur l’écran, sur l’icône, et tout, d’un coup, apparaît : tout aussitôt se réalise. Y a-t-il geste plus simple, mais qui soit plus magique ? D’un clic, on atteint sans attendre, apparaît soudain sur l’écran le résultat escompté et cette automaticité est merveilleuse. Car « cliquer » n’est même pas appuyer, la pression du doigt est la plus légère, elle est égale et sans insistance : je n’éprouve plus sous la main, venant du monde, de résistance. Et même, tout s’opérant à proximité, entre le doigt et le clavier, il n’y a plus à franchir de distance ou d’opacité. L’homme enfin n’aurait plus à faire ce qu’il a fait depuis la nuit des temps : à faire effort. Car le geste est minimal, à peine esquissé, je ne fais qu’effleurer la touche : il n’y a même plus à enfoncer, donc de force à dépenser, l’intensité est minimale. Il n’y a même plus de bouton à tourner, comme pour régler le niveau du son ou du chauffage : « Vous n’avez qu’à cliquer », du bout du doigt, et l’effet suit de lui-même. N’a-t-on pas su capter enfin – et canaliser – l’immanence dispersée naguère encore dans tant de rouages et de processus, mais désormais soumise à mon gré ? Il n’y aura donc plus à chercher, à viser, ou même seulement à projeter. L’obtention est quasi immédiate et tout ne fait toujours qu’obtempérer, il n’y aura même plus à souhaiter ou espérer. Et même qu’ai-je besoin encore de « volonté » ?

« Cliquer » est par là même le verbe de notre contemporain. En outre, il s’associe à d’autres formant réseau. Cliquer d’abord va avec « cocher ». Or, quand on coche, on n’a plus à écrire et exprimer : les cases sont prêtes, prédisposées ; autrement dit, les choix sont faits, en tout cas sont cadrés : le système des possibles est pré-déterminé. Où serait encore mon initiative ? Ou bien l’autre de « cliquer » est « zapper ». Je clique pour garder ou bien je zappe : ou je retiens ou je laisse aller. Il y a beau temps que zapper ne signifie plus seulement passer d’une chaîne de télévision à l’autre (to zap) et ce verbe donne sa forme générale – comme son allure – à notre temps. Dès que cela ne m’intéresse plus, je zappe. Que je clique pour m’arrêter et m’attacher ou bien que je zappe et passe à autre chose est désormais la seule alternative connue du dispositif, mais qui reste constamment ouverte : je peux passer à tout instant de l’un à l’autre. Mais, dans un cas comme dans l’autre, je reste dans l’instantané et le réactif. Ces emplois sont devenus symboliques de tout un comportement et même sans doute d’une nouvelle façon d’être de l’humain. Je ne patiente et ne persévère plus : dès que cela ne m’attire plus, je « saute ». On connaît tous cette baisse d’expérience : quand on se dérange pour aller au cinéma, à l’heure donnée, au lieu fixé, on regarde le film en demeurant tenu et tendu par lui, en continu, les yeux levés au loin dans l’obscurité concentrante. Mais quand c’est en restant chez moi et sur mon écran, dans cet étroit circuit qui ne me donne plus à me déplacer, dès que cela ne me plaît plus, je « zappe ». Or quelle en est la conséquence pour ce qu’on appelle d’ordinaire la « vie de l’esprit » ? – commençons d’avancer précautionneusement ce terme qui sera tout au long à reprendre et retravailler. Car si mon esprit aussi n’a plus comme critère que ce qui d’emblée le capte et temporairement l’arrête ? S’il ne va plus au-delà d’une première impression, se conforme aussitôt à mon impulsion et ne « creuse » pas davantage ?

On lisait cette affiche, en ce début d’hiver, dans les stations du métro parisien : « Vous êtes à un clic de vos prochaines vacances en Égypte ». Est-ce mon rêve qui serait enfin mis en image : vue du désert doré, des dunes et des pyramides ? « À un clic », c’est mieux encore qu’« à portée de main » : toutes les démarches sont désormais comprimées, réduites à ce léger toucher du clavier. Comme si ce petit geste suffisait à faire enjamber d’un coup le temps et l’espace, qu’il réussissait à nous transporter dans un autre monde. Le raccourci tendant à l’instantané, je pourrais « d’un clic » réaliser mon désir, car celui-ci s’y trouverait déjà complètement formaté – et même y a-t-il place encore pour du « désir » ? Click and collect : le clic est le coup de baguette magique de notre temps que nous répétons désormais à longueur de journée, sans même plus nous en étonner. Il n’y a plus à cheminer soi-même, par une démarche qui serait proprement la sienne, dans l’étendue et dans la durée : le « clic » dispense de la lente et longue médiation qui donne accès. Car, ce clic étant inscrit dans tout un agencement aménagé pour prédisposer ma conduite, il est d’emblée son résultat, le geste pré-commandé n’a plus ensuite à appeler de ma part ni de réflexion ni d’action. Plus de quête aventureuse et qui serait volontaire : le monde se gère sous mon doigt, dompté, discipliné, sans plus broncher. Et moi-même sans plus bouger.

Dans l’instant, à ma table et de mon fauteuil : le « monde » est soumis à mon clavier, celui-ci est devenu un tableau de bord, il n’y a plus de dehors à conquérir, il n’y a même plus de différé. De quoi qu’il s’agisse dans ma vie de tous les jours et de plus ordinaire – une commande, une demande, un achat, etc. – j’avance désormais, non plus de moment en moment, mais de clic en clic, télécommandé que je suis par le programme et ses algorithmes. C’est peu de dire que j’y suis « guidé », j’y suis plutôt conditionné et, n’ayant plus de marge de manœuvre, je n’ai pas plus à faire appel à ma pensée qu’à ma volonté : qu’est-ce qui, d’un clic, s’atrophie alors de ma capacité, dans ma relation au monde comme à moi-même, qui ne me laisse plus désirer ou même seulement imaginer ? Quel espace à la fois de creusement et de déploiement m’est retiré, non seulement au dehors, mais à l’intérieur de moi ? Or c’est là ce que personne n’a choisi, ce pour quoi personne n’a « voté », ce n’est là qu’un effet conséquent du marché, lui-même suscitant et précipitant l’invention, mais ne se prévalant, en fait, que de sa commodité – et qui fait que, bientôt, je n’aurai plus à pénétrer dans rien du « monde » ; et même que je n’aurai peut-être un jour, à travers tous ces « portails » successivement ouverts, plus personne, au bout du tunnel, à qui m’adresser.

2. Je peux d’ordinaire, par volonté, résister à la commodité : préférer monter à pied plutôt qu’utiliser l’ascenseur ; ou gravir la montagne au lieu de prendre le téléphérique. Mais dorénavant cette commodité m’est imposée : je ne peux plus me déplacer pour me rendre un jour quelque part, dans un bureau, me renseigner ; je ne peux opérer ma commande ou formuler ma demande que d’un clic et « sur Internet ». Déjà, quand je n’ai plus qu’à tourner le bouton pour régler l’intensité du son, la musique en est aplatie en même temps qu’elle est amortie ; en réglant au degré près la température, je m’installe dans mon confort, je ne sais plus rien du froid au dehors. Or c’est ce que ce clic, de nos jours, généralise : en cliquant, je reste définitivement chez moi, au propre comme au figuré : je n’ai plus à risquer et m’aventurer. Dès lors, qu’est-ce que je rencontrerai encore du monde ? Ou qu’est-ce qui du coup se nivelle de mon expérience, à la fois s’égalise et s’uniformise : un clic fait entrer dans la même quasi-immédiateté, établit sur le même plan et comme étant du même ordre la commande d’un billet de train et l’apparition d’un ami par Zoom sur l’écran de l’ordinateur. Or les deux ne sont-ils pas – si discrètement que cela soit – incommensurables entre eux et que reste-t-il alors, dans ce cadrage, de son Visage ? Peut-on donc n’y pas prêter attention, feindre d’ignorer ce si peu, si discrètement, mais qui change tout ?

Cette commodité du clic a donc son coût et son envers : non seulement le fastidieux du geste n’appelle plus aucune habileté, à l’opposé du piano n’exige plus de « doigté » et ne peut qu’être inlassablement répété. Mais, en outre, la montée du stress rôde toujours sous cette facilité, et cela jusqu’à l’angoisse. Car « stress » est bien le mot et le mal générés par notre modernité technologique : le stress, comme tension nerveuse d’appréhension, est à l’opposé de la fatigue venant de l’effort effectué, qu’il soit intellectuel ou physique. Déjà, comme on a été mis par contrainte dans le régime de l’instantané, ces quelques secondes qui sont à attendre à l’allumage sont, par leur vide, longues à passer. En outre, si l’accès est quasi immédiat, les conditions d’accès, quant à elles, ne cessent d’être toujours plus retorses et compliquées : mot de passe, identifiant, code de vérification… – n’y a-t-il pas là, en amont, toujours plus d’embûches à traverser ? Or il faut que je suive sans le moindre écart toutes les chicanes du dispositif, sans quoi tout s’annule et doit être recommencé ; ou tout peut aussi bien d’un coup, sans que je sache pourquoi, se paralyser. Ou bien tout simplement la case indiquée ne correspond pas à ma demande. Or, je n’ai là plus aucune initiative, tout se trouvant toujours déjà emboîté.

Bien sûr – inutile de me le répéter – je sais bien que, de cette commodité du « clic », on ne pourra plus désormais se priver. Je sais surtout qu’il faut se garder de tout « attardement », de tout attachement passif au passé, et s’ouvrir par principe à l’invention qui vient. Mais il n’en est pas moins vrai que, de par ce dispositif et son confort, s’organise – en même temps qu’une paresse – une déréliction. Car l’attention demandée n’est pas d’intelligence, mais régie par le mécanisme : qu’est-ce que, en apprenant à « cliquer », je désapprends du même coup sans le mesurer ? Dans quel tunnel secrètement édifié, et dont je ne vois pas les parois, suis-je obligé chaque fois d’entrer ? Je demanderai de nouveau : qu’y reste-t-il d’une démarche possible de l’« esprit » ? On me répondra bien sûr que ce n’est là qu’une question d’habitude, de réflexes à acquérir, que la jeunesse y est tellement à l’aise désormais et que, à force, on s’y fait. Mais on « se fait » à quoi ? Mais au prix de quelle aliénation d’un moi-sujet ?

Au-delà de la commodité, du temps gagné par tant de démarches et de déplacements évités, on vantera l’offre illimitée. Avec le développement des réseaux, le débit ne cesse de s’accroître, la vitesse de s’accélérer, la précision d’être plus poussée et par suite le choix, en streaming, de se multiplier. Le stockage ne cessant d’augmenter, les propositions affluent de partout et à tout instant. D’un clic, vous avez indéfiniment accès à la musique la plus variée, à tous les films et documentaires que vous voulez, vous suivez sur YouTube toutes les conférences qui pourraient vous intéresser… C’est là le triomphe du « culturel » : à la fois par la diversification – il y en a pour « tous les goûts » – et la gratuité. On ne dépend plus d’une programmation, comme dans la télévision d’autrefois, et chacun peut désormais y faire son marché à son gré.

Face à quoi je ne répéterai pas seulement que la pollution va croissant de concert et même augmente vertigineusement d’année en année ; ou que le système génère de lui-même une addiction à son égard : que, comme le spectacle est en continu, on ne cesse plus de regarder et que cette profusion nous rend prisonniers. De fait, il ne s’agit même pas de juger, comme c’est le cas à chaque nouveauté, si c’est là une bonne ou mauvaise invention : de mettre en regard la commodité acquise et le risque de dépendance, de faire un bilan comparatif des avantages et des inconvénients ou de mettre en regard les gains et les pertes. Mais plutôt de comprendre comment ce gain lui-même se retourne en perte. Comme le disent les Anglais, too many choices is no choice : à pouvoir indéfiniment choisir, on n’est plus en mesure de choisir. Car ou bien le choix est paramétré d’avance ou bien s’offre en premier ce qui a été le plus écouté ou regardé. Mon choix est alors plus qu’influencé, il est induit, quantitativement pré-déterminé. Ou bien il y a tant de choix possibles que j’en suis complètement recouvert et encombré : je ne peux plus faire de comparaison et mon « choix » n’est plus concerté, il ne peut être qu’aléatoire. Car puis-je encore exercer mon jugement sur ce dont je me trouve ainsi submergé ?

3. Le terme auquel on recourt le plus volontiers, en Europe, pour parler de notre contemporain et juger de ses mutations abruptes est celui de « crise ». « Crise » à la fois focalise et dramatise : en cet instant même, tout va soudain et définitivement se « trancher », krisis. Chez les Grecs, « crise » dit, au théâtre, le point culminant de l’action : entre le bain de sang ou la réconciliation finale, dans quel sens va basculer l’histoire ? En médecine (Hippocrate) : la maladie, parvenue à son acmé, va-t-elle basculer vers un retour à la santé ou vers la mort ? Ce terme passionne, crée de lui-même une intensité, nous met dans la tension d’une imminence : quelle en sera donc l’issue ? Le terme est tragique en mettant dans l’attente d’un dénouement : il capte notre désir, suscite notre intérêt par ce qu’il fait craindre ou bien espérer. Or souvenons-nous, en regard, qu’une langue-pensée comme la chinoise en a développé, à l’inverse, une intelligence stratégique et non point pathétique : le binôme traduisant « crise » en chinois, wei-ji (危機), en même temps qu’il reconnaît qu’il y a là une « difficulté », dit aussi qu’il faut savoir la faire muter patiemment, avec persévérance (mais ce « faire » est déjà trop actif), jusqu’à ce qu’elle s’inverse en « opportunité ». Il est vrai aussi que, en Europe, ce terme de « crise » nous rassure en secret, en même temps qu’il nous alarme, par ce qu’il laisse entendre d’un nécessaire et prochain dénouement : si l’on y est entré, on ne peut qu’en sortir – « crise » reste marqué par l’idée religieuse, jamais complètement évacuée en Europe, jamais complètement laïcisée, d’un salut. Or ce passionnel de la « crise » et son montage, en nous maintenant sous la pression du sensationnel et de l’événement, ne nous dissimuleraient-ils pas une logique plus discrète de l’Histoire, en tout cas de celle que nous sommes en train de vivre, sans peut-être nous en rendre compte ?

Il y a bien cette ouverture indéfinie des possibles que nous croyons connaître aujourd’hui grâce aux exploits du numérique, à l’offre illimitée que celui-ci procure, à l’annonce spectaculaire qui s’en fait chaque fois sur le marché. Or ne sommes-nous pas aussi en train de subir, sous elle, en cette génération et même de façon accélérée, ce qu’il faudrait plutôt nommer, à l’envers, une restriction ou, mieux, une « rétraction des possibles », mais d’un autre ordre ? Cependant, parce qu’elle ne se manifeste pas en événement, sous forme de « crise », mais se distille au fil des jours, cette rétraction des possibles nous échappe. Sous ce que nous aimons nous figurer comme l’avènement, d’une « crise » à l’autre, d’un nouveau monde accroissant toujours ses prouesses, prodiguant par à-coups ses promesses, et dont ces crises seraient d’inévitables sursauts et soubresauts de croissance, ne sommes-nous pas en train de subir, de fait, un grand rabattement ? Par différence avec le « déclin » dont on se plaint tant, qu’on dénonce à grands cris quand on ne croit plus au Progrès, mais de façon aussi sonore et démonstrative, ce « rabattement », avouons-le, n’offre guère de prise à la déclamation. Car rabattement dit seulement qu’on prive alors de sa hauteur, de sa vigueur, comme on rabat un arbre : non pas qu’on taille ou qu’on élague pour concentrer la force, mais qu’on rabaisse et qu’on réduit : rabattre est priver de son essor. Ou l’on rabat le bétail qui s’égaille pour qu’il se range en troupeau. « Se rabattre sur » est se contenter d’un moindre ; « en rabattre » est renoncer à ses exigences… Or quel rabattement général, que je qualifierai de l’« esprit », vivons-nous donc aujourd’hui sans même nous en rendre compte ?

Ce qui fait que ce rabattement contemporain de l’esprit nous échappe est en effet que, à l’encontre de la logique de la crise qui est celle de l’événement, un tel rabattement relève plutôt de ce que j’ai nommé, m’inspirant de la pensée chinoise, une « transformation silencieuse ». Si l’événement focalise et passionne, fait saillie dans la continuité temporelle et émerge par conséquent au regard, que c’est par suite sur lui que se braque l’attention, la transformation silencieuse procède, quant à elle, d’une logique inverse : parce qu’elle est globale et continue, elle ne se démarque pas, donc on ne la remarque pas et c’est pourquoi elle est « silencieuse » – on ne l’entend pas cheminer. À la fois elle se déploie sans bruit et on n’en parle pas : silence des deux côtés. Mais, moins on perçoit cette transformation progresser, plus son résultat ensuite éclate de façon sonore : l’« événement » qui en résulte est d’autant plus frappant dans son débouché.

Or cela est de commune expérience. Nous ne nous percevons pas vieillir parce que c’est tout en nous qui vieillit, qui se transforme et dans la durée, que rien donc ne s’en distingue suffisamment pour se bien repérer. Mais, quand nous tombons sur une photographie d’il y a vingt ans, soudain, brutalement, nous nous en rendons compte. Ou bien le réchauffement climatique est une transformation silencieuse à laquelle, parce qu’elle est globale et continue, nous n’avons si longtemps pas prêté d’attention. Mais maintenant qu’elle est devenue spectaculaire dans son résultat, si « sonore » dans ses méfaits, nous en faisons finalement le grand événement de notre temps et sonnons le tocsin – mais si tard. Or il en va de même du rabattement de l’esprit que nous vivons aujourd’hui : comme il concerne tout de notre monde comme en nous-mêmes, procède de tant de modifications diverses et s’étend en durée, qu’il se dissout dans le quotidien en se mêlant au cours entier de nos vies, nous ne le distinguons pas et, par conséquent, ne le percevons pas. Mais, quand il aura enfin manifesté bruyamment ses effets et que nous ne pourrons pas ne pas le constater, alors ce sera trop tard. Ou peut-être n’aurons-nous même plus alors la capacité de l’analyser, nous y étant à ce point habitués, et n’en ferons-nous plus qu’un « état de fait ». Un état de fait, c’est-à-dire ce qui fait partie désormais de la réalité, dont nous ne nous étonnons plus, dont nous ne songeons même plus à nous étonner, tellement nous en sommes habités, nous y sommes définitivement soumis et « pliés ».

Ou plutôt ce résultat sonore, quant à la « vie de l’esprit », n’aurait-il pas commencé déjà de s’imposer ? Si par mégarde on ouvre encore, un soir, un poste de télévision, on mesure d’un coup, avec effroi, un tel rabattement. On est stupéfait soudain de ce qui s’étale sur l’écran de vulgarité généralisée, à la fois de faux pathétique et d’ineptie de la pensée : entre le tout positif de la réclame publicitaire et le sensationnel impudique, on est si tôt lassé. Nous ne pouvons pas ne pas nous en rendre compte en même temps que nous y sommes déjà tellement conformés et soumis. Cependant, à voir tant de médiocrité affichée, se consommant selon la loi de l’audimat et du marché, on se demande, dès qu’on y songe, comment on a pu en arriver là : y reste-t-il une percée d’intelligence ou bien la moindre trace d’élégance, quelque saillie de l’esprit sous ce plafond bas qu’on ne voit pas ? Or, ce n’est pas « élitiste » de le dire, pas plus qu’il n’était « passéiste » de soupçonner précédemment la commodité imposée – je préférerais tellement être « futuriste » (comme y appelait Apollinaire) : « À la fin tu es las de ce monde ancien. »

Mais qu’on se rappelle seulement les émissions intellectuelles de qualité qui ont été supprimées, au cours des dernières années. Or à peine a-t-on protesté. Ou qu’on pense à l’évolution récente du marché des revues, dont les meilleurs titres ont été fauchés l’un après l’autre ; ainsi qu’à l’étiolement des « Suppléments littéraires ». Or, il n’y a pas nostalgie à le dire – ou quelle fausse pudeur (serait-ce de l’« intelligence », celle de celui qui « comprend » son époque ?) me retiendrait de l’évoquer ? Force seulement est de comparer et de constater. On répondra bien sûr que personne, en fait, ne regarde plus « cela » le soir et n’y prête attention. Et puis « on sait bien tout cela », dit-on en haussant les épaules, pourquoi encore s’en alarmer ? Or néanmoins, ce faisant et nul ne s’y opposant ou même seulement ne le faisant remarquer, ce bas régime finit par s’imposer, fixe ce qui devient la norme, s’étale avec complaisance, « forme » l’opinion et en vient insidieusement à rétracter les possibles de l’esprit jusqu’à les faire oublier. Sans même qu’on s’en aperçoive, on s’y est résigné : le rabattement de l’esprit est déjà de fait si avancé – procédant d’une transformation silencieuse, mais qui maintenant devient « sonore » – qu’il ne nous choque plus et même ne nous étonne plus.

4. Il est vrai qu’on s’inquiète enfin aujourd’hui de ce qui nous menace, depuis peu, mais si brutalement : on s’inquiète de la perte des ressources naturelles et de l’avenir de la planète et même on en fait, à raison, une priorité de notre temps comme de notre monde. L’avenir de celui-ci, au lieu d’apparaître comme un déploiement indéfini, soudain se referme brutalement sur nous et nous nous découvrons pris au piège que nous avons nous-mêmes provoqué. Mais n’en va-t-il pas de même de ces autres ressources qu’on appellera globalement de l’intelligence ou de la conscience ou, plus globalement encore, de l’« esprit », ce terme, je l’ai dit, étant lui-même à retravailler ? Nous multiplions aujourd’hui les marches pour le climat, la volonté de mobilisation est de plus en plus générale, et cela pour continuer de pouvoir vivre – ou survivre – sur la Terre et de respirer. Mais s’aperçoit-on que ces autres ressources – de l’« esprit » – pour des raisons analogues sont en train, elles aussi, de s’atrophier et de se raréfier ? Car, de même que la production technique s’est retournée contre la vie sur Terre et la menace, la commodité technique et, plus récemment, numérique s’est retournée contre ces ressources de l’esprit qui nous font « vivre », et cela d’une façon qui n’est pas seulement figurée. Mais se soucie-t-on de cette autre « menace » ?

Car s’il y a bien eu également dans les deux cas transformation silencieuse, parce que globale et continue, mais qui maintenant se perçoit dans ses résultats, il s’avère que dans l’un, de ce que la Terre se réchauffe, le phénomène s’éprouve de façon flagrante, à vif, dans notre chair et physiquement. On voit sous nos yeux que tant d’espèces sont en train de disparaître et que la Terre est effectivement menacée dans sa vivabilité. Les savants peuvent analyser les facteurs en jeu, en développer un savoir positif et même modéliser l’évolution à venir. Dans l’autre cas, en revanche, celui de la vie de l’esprit, le phénomène est intérieur à nous-mêmes, à notre « esprit », ce pourquoi on est sans distance, par conséquent aussi sans prise aisée pour l’analyser. D’un côté, il y a une cause assignable, qu’on peut nettement invoquer et dénoncer (le CO2) ; mais, de l’autre, non seulement les raisons sont plus diffuses et ne se prêtent pas aussi commodément à l’objectivité de la mesure, mais surtout la transformation s’opère elle-même dans l’invisible. Pour autant on en perçoit maintenant des effets également sensibles : la chute de la lecture, la perte de la présence, l’étiolement du sujet, etc. – je reprendrai tous ces points l’un après l’autre et pas à pas.

Mais encore faut-il vouloir, ces effets devenus patents, les remarquer. Ou bien l’on s’en fait de temps en temps la remarque, mais sans plus l’approfondir. Ou bien même l’on s’y résigne justement parce que le principe en est dans l’invisible et qu’on ne se voit pas de prise tangible pour s’y opposer. Voire, nous faisons semblant de croire, parce que les moyens culturels, grâce au numérique, vont se démultipliant, que tout ce qui s’y laisse remarquer d’effets négatifs, concernant la vie de l’esprit, est promis à être largement compensé. En vrai, nous sommes concernés de trop près, c’est-à-dire en nous-mêmes, cela nous remet nous-mêmes trop en question, pour accepter d’y prêter davantage attention et entreprendre d’y résister. Ce pourquoi nous continuons de passer cette transformation sous silence, au lieu de nous en alarmer.

On entend annoncer, chez ceux qui se sont les premiers mobilisés pour la planète, que nous devrions ne plus avoir dorénavant d’autre « morale » que de « favoriser la vie sur Terre ». Or, la question désormais nous revient cruciale : peut-il y avoir « vie » proprement humaine sans que celle-ci soit également une « vie de l’esprit » ? Ou bien « vie », quand il s’agit de l’esprit, ne serait-il que d’un emploi second, dilué ou métaphorique ? Ou bien sinon métaphysique ? De là qu’il incombe désormais à la philosophie, après avoir critiqué la pensée religieuse et métaphysique qui l’a précédée, elle qui exaltait l’« Esprit » par rupture d’avec le monde, mais maintenant est en retrait, de repenser ce qu’est la « vie » quand elle ne se borne pas au vital, mais ne se cantonne pas non plus dans un sens abstrait ou figuré ni ne s’extrapole dans un autre monde. C’est-à-dire de se demander en quoi « être en vie » n’est pas seulement « ne pas être mort », mais relève également de la capacité d’être plus pleinement ou surabondamment vivant – « au-delà » donc du vital, mais sans que cet au-delà soit celui d’un Au-delà du monde et d’une autre vie. Ou comment penser l’invisible de l’« esprit » sans qu’il renvoie à l’Invisible ?

Il faudra repenser, autrement dit, sous le terme de « vie de l’esprit », une vie dont le contraire n’est pas la mort, mais ce que j’ai nommé la « non-vie », la vie inerte, enlisée, qui n’est plus qu’une apparence de vie ou pseudo-vie, vie rabattue ou vie « perdue ». En opposition à quoi est à concevoir la vie « alerte », vie en essor, ou la « vraie vie ». Or, ne sommes-nous pas en train précisément aujourd’hui, par transformation silencieuse et sous le régime du numérique, de l’Intelligence artificielle et de tout ce qui s’impose de technicité trop commode, de sombrer peu à peu dans ce qui ne serait plus que de la non-vie – de « la vie qui ne vit pas » – sans même nous en rendre compte ? De là qu’il faudra faire de la vie de l’esprit un concept de combat, décapé de la spiritualité d’antan, celle du spiritualisme et de la métaphysique, et mobilisant notre présent même. Nous mobilisant par conséquent comme on se mobilise aujourd’hui pour la planète : de sorte que la vie humaine soit portée à se promouvoir, et cela « en ce monde », le seul, au lieu de s’y laisser étioler, sans même qu’on songe à s’en révolter.

5. Car c’est aussi un fait de notre modernité que le philosophe, ne s’occupant plus seulement d’idéalité et de raison pure, tourne son regard vers le présent de ce monde : qu’il se conçoive ainsi en diagnosticien du contemporain. Mais quelle disposition – ou plus précisément quelle distance – faut-il avoir alors avec ce contemporain, en même temps qu’on y applique son attention, pour pouvoir « voir à travers » lui, dis-cerner en son centre, ou plus précisément dans son « entre », dia : en être proprement le « dia-gnosticien » ? Car la tâche du philosophe n’est pas de commenter ce présent, ce que fait pour son compte le journaliste (en quoi je me sépare ici de ceux qu’on nomme des « Intellectuels ») ; n’est pas de le jauger et de l’évaluer pour le gérer à ses fins, comme le fait l’homme politique ; ni non plus de le juger, de le blâmer et de le dénoncer, comme le fait le Moraliste. Il s’agit, pour mener ce diagnostic du présent, d’en dégager l’évolution d’après ce qu’il laisse appréhender de symptômes, donc aussi en fonction d’exigences et de cohérences qui puissent rendre ces faits plus lisibles.

(…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre 1 – D’un clic, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 7-27. Extrait disponible sur le site web de l’éditeur.



AU SUJET DE L’AUTEUR

FRANÇOIS JULLIEN

Source : https://francoisjullien.hypotheses.org/
Source : https://francoisjullien.hypotheses.org/

Philosophe, helléniste et sinologue, François Jullien a déployé son chantier entre les pensées de la Chine et de l’Europe. Il en a développé une philosophie de l’existence. Son œuvre compte plus d’une trentaine d’essais. C’est l’un des penseurs contemporains les plus traduits dans le monde.

Source : Éditions de l’Observatoire.


Philosophe et sinologue français. Ancien élève de l’École normale supérieure, Ulm, Paris (1972-1977). Agrégé de l’université (1974). Responsable de l’antenne française de sinologie, Hong-Kong (1978-1981). Docteur ès lettres (1983). Président du Collège International de philosophie, Paris (1995-1998).

Professeur, Université Paris-Diderot, France / Chaire sur l’altérité, FMSH, Paris, France L’œuvre de François Jullien se déploie au carrefour la sinologie et de la philosophie générale. Fondée sur une étude de la pensée de la Chine antique, du néoconfucianisme et des conceptions littéraires et esthétiques de la Chine classique, elle questionne l’histoire et les catégories de la raison européenne en instaurant un vis à vis entre les cultures. En faisant le détour par la Chine, le travail de François Jullien a ainsi ouvert des pistes fécondes et exigeantes pour penser l’interculturalité.

Le travail actuel de François Jullien vise à la fois à dépayser la pensée, en explorant en Extrême-­Orient d’autres intelligibilités que celles qu’a développées la pensée européenne ; et, par effet de retour, à partir de cet écart, à remonter dans les choix enfouis de la raison européenne et à la réinterroger dans ses partis pris – autrement dit dans son impensé. En tentant d’éviter le double écueil du préjugé ethnocentrique et de la fascination exercée par l’exotisme, l’ambition du chantier ouvert est de construire un rapport interculturel qui se garde de l’universalisme facile comme du relativisme paresseux qui aboutit au culturalisme ; elle est, en faisant jouer l’« hétérotopie » chinoise, de remettre en perspective la tradition européenne, de dé­ et re-catégoriser la pensée et de contribuer ainsi à une reconfiguration du champ du pensable.

François Jullien est l’auteur de plus de vingt ouvrages majeurs, traduits dans plus de 20 pays (dont  la Chine et le Viet-Nam). Il a récemment signé Cette étrange idée du beau (Grasset, Paris, 2010) ; L’invention de l’idéal et le destin de l’Europe (Seuil, Paris, 2009) ; De l’universel, de l’uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures (Fayard, Paris  2008) et Chemin faisant, connaître la Chine ou relancer la philosophie (Seuil, Paris, 2006).

Son œuvre a fait l’objet de nombreuses études et colloques. Il a reçu le prix Rousseau de la Ville de Genève, le prix de l’Académie Française, le prix de la Maison des gens de lettres et le prix Hannah-Arendt pour la pensée politique.

Source : François Jullien, Canal U.


Bibliographie

Chantier philosophique Chine-Europe

Lu Xun. Écriture et révolution, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1979, 128 p. (ISBN 2-7288-0061-8)

La Valeur allusive : Des catégories originales de l’interprétation poétique dans la tradition chinoise, Paris, École française d’Extrême-Orient, 1985, 312 p. (ISBN 2-85539-744-8)19 ; rééd. PUF, « Qudrige », 2002

La Chaîne et la trame. Du canonique, de l’imaginaire et de l’ordre du texte en Chine, Extrême-Orient/Extrême-Occident, Presses Universitaires de Vincennes ; réed. « Quadrige », PUF, 2004, 240 p.

Procès ou Création. Une introduction à la pensée des lettrés chinois, Seuil, 198920, 320 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 1996

Fonder la morale. Dialogue de Mencius avec un philosophe des Lumières., Grasset, 199521, 219 p. ; rééd. Dialogue sur la morale, Le Livre de Poche, « Biblio », 1998

Un sage est sans idée ou L’Autre de la philosophie, Seuil, 1998, 237 p. ; rééd. « Points », Seuil, 2013.

Du « temps ». Éléments d’une philosophie du vivre, Grasset, 2001, 240 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2012

L’Ombre au tableau, du mal ou du négatif, Seuil, 200422, 192 p. ; rééd. Du mal/du négatif, « Points Essai », 2006

Nourrir sa vie. À l’écart du bonheur, Seuil, 2005, 176 p. ; rééd. « Points », Seuil, 2015

Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie. Réplique à ***, Seuil, 2006, 160 p.

Sortir de la langue de l’Être ?

Figures de l’immanence. Pour une lecture philosophique du Yi king, Grasset, 199323,24,21, 288 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 1995 : rééd. Seuil « Points essai », 2012

Si parler va sans dire. Du logos et d’autres ressources, Seuil, 2006, 208 p.

Les Transformations silencieuses, Grasset, 2009, 200 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2010.

De l’Être au vivre, Lexique euro-chinois de la pensée, Gallimard, 2015, 315 p. ; rééd Gallimard « Folio », 2019

Ce Point obscur d’où tout a basculé, Éditions de l’Observatoire, 2021, 160 p.25 ; rééd. De l’évasif, « Alpha » Éditions de l’Observatoire, 2023

Interroger « Dieu »

Ressources du christianisme, Mais sans y entrer par la foi, Éditions de L’Herne, 2018, 121 p.

Moïse ou la Chine. Quand ne se déploie pas l’idée de Dieu, Éditions de l’Observatoire, 2022, 384 p. ; rééd. Gallimard « Folio », 2004

Dieu est dé-coïncidence, Labor et Fides, 2024, 103 p.

Efficacité et stratégie

La Propension des choses. Pour une histoire de l’efficacité en Chine, Seuil, 199226, 288 p. ; rééd. Seuil, « Points essais », 2003

Le Détour et l’Accès. Stratégies du sens en Chine, en Grèce, Grasset, 199527,21,28,29, 462 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 1995 ; Seuil, « Points essais », 2010

Traité de l’efficacité, Grasset, 199730,31,32,33, 240 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2002

Conférence sur l’efficacité, PUF, 2005, 96 p. ; rééd. PUF, « Quadrige », 2020

Philosophie de l’art

Éloge de la fadeur. À partir de la pensée et de l’esthétique de la Chine, Philippe Picquier, 1991[1], [2], [3], 144 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 1993, 2004

De l’Essence ou du nu34, 152 p., Seuil, 2000 ; rééd. Le Nu impossible, Seuil, « Points », 2005.

La Grande image n’a pas de forme ou Du non-objet par la peinture, Seuil, 2003[4], 384 p. ; rééd. Seuil, « Points essais », 2009

Cette étrange idée du beau, Grasset, 2010, 266 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2011

Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison, Gallimard, 2014, 258 p. ; rééd. Gallimard, « Folio essais », 202235

L’universel et le dialogue des cultures

De l’universel, de l’uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures36, Fayard, 2008, 270 p. ; rééd. « Points », Seuil, 2010.

L’invention de l’idéal et le destin de l’Europe, Seuil, 2009, 204 p. ; rééd. Gallimard, Folio, 2017

L’écart et l’entre. Leçon inaugurale de la Chaire sur l’altérité, Galilée, 2012, 91 p. ; rééd. Gallimard, « Folio essais », 2018.

Le Pont des singes (De la diversité à venir). Fécondité culturelle face à identité nationale, Galilée, 2010, 72 p. ; rééd Altérités, Gallimard, « Folio essais », 2020

Il n’y a pas d’identité culturelle, mais nous défendons les ressources d’une culture37, Éditions de L’Herne, 2016, 93 p.

Entrer dans une pensée ou Des possibles de l’esprit, Gallimard, 2012, 188 p. ; rééd. Gallimard, « Folio essais « , 2018.

Philosophie du vivre

Philosophie du vivre, Gallimard, 2011, 256 p. ; rééd. Gallimard, Folio, 2015.

Cinq concepts proposés à la psychanalyse, Grasset, 2012, 185 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2013.

De l’intime. Loin du bruyant Amour, Grasset, 2013, 253 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2014.

Vivre en existant, Une nouvelle éthique, Gallimard, 2016, 281 p.

Près d’elle, Présence opaque : présence intime, Galilée, 2016, 119 p. ; rééd. Altérités, Gallimard, « Folio essais », 2020

Une seconde vie, Grasset, 2017, 185 p. ; rééd. Le Livre de Poche, « Biblio », 2018.

Si près tout autre, De l’écart et de la rencontre, Grasset, 2018, 223 p. ; rééd. De la rencontre, Gallimard, « Folio essais », 2020

L’inouï, Grasset, 2019, 207 p. ; rééd. Le Livre de Poche, 2021

De l’écart à l’inouï, Éditions de L’Herne, 2019, 129 p.

De la vraie vie, Éditions de l’Observatoire, 2020, 200 p. ; rééd. Le Livre de Poche, 2022

L’Incommensurable, Éditions de L’Observatoire, 2022, 250 p.

La Transparence du matin, Éditions de L’Observatoire, 2023, 272 p.38

Philosophie de la dé-coïncidence

Dé-coïncidence. D’où viennent l’art et l’existence?, Grasset, 2017, 162 p. ; rééd. Le Livre de Poche, 2020

Politique de la décoïncidence, Éditions de L’Herne, 2020, 122 p.

Rouvrir des possibles. Décoïncidence, un art d’opérer [archive], 2023, 168 p., Éditions de l’Observatoire

Raviver de l’esprit en ce monde, un diagnostic du contemporain, Éditions de l’Observatoire, 2023, 217 p.

Source : François Jullien, Wikipédia.


Voir aussi

La page François Jullien sur Lieux-dits

Publications de François Jullien diffusées sur Cairn.info

Page de François Jullien sur Canal U

Page de François Jullien sur l’École normale supérieure – Savoir ENS

Page de François Jullien sur l’Académie française

Page de François Julien sur Radio France

François Jullien sur YouTube


dossier-consulter-un-philosophe.01

Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Raviver de l’esprit en ce monde

Un diagnostic du contemporain

François Jullien

Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

I. D’un clic

« L’homme enfin n’aurait plus à faire ce qu’il a fait depuis la nuit des temps : à faire effort.  »

1. Un si petit mot – à peine un mot – règle désormais nos vies entières : un « clic ». « D’un clic », je dirige et je dispose. L’onomatopée ne fait même plus, comme jadis, entendre le bruit d’un claquement ; elle commande en silence à l’ordinateur : je clique sur l’écran, sur l’icône, et tout, d’un coup, apparaît : tout aussitôt se réalise. Y a-t-il geste plus simple, mais qui soit plus magique ? D’un clic, on atteint sans attendre, apparaît soudain sur l’écran le résultat escompté et cette automaticité est merveilleuse. Car « cliquer » n’est même pas appuyer, la pression du doigt est la plus légère, elle est égale et sans insistance : je n’éprouve plus sous la main, venant du monde, de résistance. Et même, tout s’opérant à proximité, entre le doigt et le clavier, il n’y a plus à franchir de distance ou d’opacité. L’homme enfin n’aurait plus à faire ce qu’il a fait depuis la nuit des temps : à faire effort. Car le geste est minimal, à peine esquissé, je ne fais qu’effleurer la touche : il n’y a même plus à enfoncer, donc de force à dépenser, l’intensité est minimale. Il n’y a même plus de bouton à tourner, comme pour régler le niveau du son ou du chauffage : « Vous n’avez qu’à cliquer », du bout du doigt, et l’effet suit de lui-même. N’a-t-on pas su capter enfin – et canaliser – l’immanence dispersée naguère encore dans tant de rouages et de processus, mais désormais soumise à mon gré ? Il n’y aura donc plus à chercher, à viser, ou même seulement à projeter. L’obtention est quasi immédiate et tout ne fait toujours qu’obtempérer, il n’y aura même plus à souhaiter ou espérer. Et même qu’ai-je besoin encore de « volonté » ?

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre I – D’un clic, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 7.

J’ose parler de la culture du clic, qui ne l’a pas observé avance lui-même sans conscience de son clic. En faut parler de la culture du clic, clic, clic par empressement car très souvent la personne ne se donne même plus la peine de s’arrêter aux résultats affichés et se perd. Ce clic, clic, clic témoigne d’une confiance en soi et en la machine mal placée. Nous pouvons parler de parler de geste machinale voire involontaire, qui échappe à la conscience.

(…) j’avance désormais, non plus de moment en moment, mais de clic en clic, télécommandé que je suis par le programmes et ses algorithmes. C.est peu dire que l’y suis «guidé», j’y suis plutôt conditionné et, n’ayant plus de marge de manœuvre, je n’ai pas plus à faire appel à ma pensée qu’à ma volonté : qu’est-ce qui, d’un clic, s’atrophie alors de ma capacité, dans ma relation au monde comme à moi-même, que ne me laisse plus désirer ou même seulement imaginer ? (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre I – D’un clic, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 11.

Je me suis arrêté à chaque occasion offerte sur le philosophie elle-même, notamment ce passage :

Car la tâche du philosophe n’est pas de commenter ce présent, ce que fait pour son compte le journaliste (en quoi je me sépare ici de ceux qu’on nomme des « Intellectuels ») ; n’est pas de le jauger et de l’évaluer pour le gérer à ses fins, comme le fait l’homme politique ; ni non plus de le juger, de le blâmer et de le dénoncer, comme le fait le Moraliste. Il s’agit, pour mener ce diagnostic du présent, d’en dégager l’évolution d’après ce qu’il laisse appréhender de symptômes, donc aussi en fonction d’exigences et de cohérences qui puissent rendre ces faits plus lisibles.

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre I – D’un clic, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 27.

II. l’adieu au Livre

1. Partons donc de plus haut, en amont, au départ de ce qui fait « livre » : un livre n’est pas seulement l’œuvre d’un auteur, il est aussi un support de civilisation. Et cela depuis des millénaires, depuis que la civilisation se connaît comme civilisation.(…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre II – L’adieu au Livre, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 31.

J’ai lu ce chapitre avec un intérêt particulier parce que je suis moi-même auteur (et non pas écrivain professionnel) et éditeur (Fondation littéraire Fleur de Lys). Je partage avec François Jullien son constat : les livres contribuant à la « vie de l’esprit » se font rares.

Car encore faut-il s’entendre sur ce qu’est un « livre » : un texte un peu long et qui soit édité suffit-il à faire un livre ? Un Livre ne se détache-t-il pas de la mer indéfinie de l’écrit qui l’entoure ou par quoi se qualifie-t-il, ou se rehausse-t-il, à par-tir de quoi se noue-t-il, et cela sans qu’on veuille l’enrober pour autant de sacralité, serait-elle la dernière qui nous reste ? Or demandons-nous : quelle est la nature, en regard, de ce qui se vise et se vend aujourd’hui comme « livre » ? Que de plus en plus de personnes veuillent, dans notre société, écrire un livre et le publier peut être tenu pour un progrès démocratique et participe à l’émancipation politique. Et que l’édition numérique le permette, pourquoi ne serait-ce pas, en effet, le plus souhaitable ? Car chacun n’a-t-il pas dans sa tête quelque livre à écrire et ne peut-on imaginer qu’il y ait, au fil du temps et par inversion progressive des parties, de plus en plus d’« auteurs » et de moins en moins de « lecteurs » ? Que, à terme, tout le monde écrive et que plus personne ne lise n’est pas une hypothèse à éliminer. Mais il vaudra alors d’autant plus la peine de préciser à quelles exigences internes répond un « livre » et ce qui, en termes de civilisation, avec le Livre, aujourd’hui disparaît ; et par quoi aussi il est remplacé. Ou bien à quoi nous disons « adieu ». À mieux cerner cette transformation silencieuse se présentant donc comme tout le contraire d’un séisme, mais néanmoins si perceptible désormais dans son résultat, saura-t-on mieux ce qui se joue là d’une mutation qui fait si violemment symptôme et nous donne à songer pour l’avenir.

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre II – L’adieu au Livre, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 34-35.

À titre d’éditeur en ligne de livres papier (imprimé à la demande – un exemplaire à la sois à la suite de l’achat par un lecteur) et de livres numériques et n’ayant pour seule distribution et point de vente ma propre librairie en ligne, je m’inscris dans « un progrès démocratique » et je « participe à l’émancipation politique ».

Je m’appuie sur un constant simple : les éditeurs traditionnels (avec distribution en librairies) refusent plus de 90% des manuscrit soumis à leur attention par les nouveaux auteurs et les écrivains professionnels. Il nous reste donc un maigre 10% des écrits qui sont édités. Ainsi, aussi grande que puisse être une librairie avec pignons sur rue, elle n’offre qu’une part des 10% des écrits finalement édités puisqu’il n’en est pas proposé davantage. Et il va de même des bibliothèques nationales. Elles ne recueille, par le dépôt légal, que les 10% des écrits édités.

Le plus important critère de sélection des manuscrit par les éditeurs traditionnels est commercial (Ce manuscrit, si je l’édite, sera-t-il rentable ?) C’est dire que les éditeurs traditionnels sélectionnent les manuscrits à éditer, moins de 10%, sur la base de leur rentabilité commerciale.

En bout de ligne, nous disposons que de moins de 10% des écrits du bon peuple, de ceux et celles qui se donnent la peine d’écrire en vue d’être lus. Notre patrimoine littéraire est donc amputé de plus de 90% des écrits du bon peuple.

Depuis l’arrivée de l’impression à la demande (un exemplaire à la fois suivant la vente de ce dernier) jumelée aux technologies numériques permettant la production à moindre coût du livre en format numérique, l’accès à l’édition et à l’autoédition se démocratise. Plusieurs nouveaux auteurs, auteurs et écrivains n’offrent plus leurs manuscrits en lecture à un éditeur traditionnel. Ils s’adresse directement à un éditeur en ligne ou un service d’autoédition en ligne.

François Jullien écrit : « Car chacun n’a-t-il pas dans sa tête quelque livre à écrire et ne peut-on imaginer qu’il y ait, au fil du temps et par inversion progressive des parties, de plus en plus d’« auteurs » et de moins en moins de « lecteurs » ? Que, à terme, tout le monde écrive et que plus personne ne lise n’est pas une hypothèse à éliminer ». Certes, la question est légitime mais dans une perspective uniquement économique de rentabilité. Car, les nouveaux auteurs, les auteurs et les écrivains professionnels que j’édite ne poursuivent pas tous un ou ne souffrent pas tous du « syndrome Harry Potter » (succès mondial). Ces gens-à écrivent avant tout pour leurs proches ou les personnes intéressées par l’expérience de vie et ou de travail dans une discipline donnée.

Quand j’accepte le manuscrit d’un auteur et que je lui demande quelle de mise en marché ils souhaitent, il peut choisir, entre trois options, la seule option de la gratuité : « Offrir gratuitement la version numérique aux lecteurs potentiels ». Et plusieurs auteurs préfèrent cette option. Ainsi, plutôt que de voir leurs œuvres en vente dans notre librairie en ligne, ils les retrouvent dans notre bibliothèque de livres numériques gratuits. Le mercantilisme a donc beaucoup moins d’importance que le laisse prétendent les statistiques de vente des grands éditeurs en ligne.

Et qui sont ces auteurs ? On dénombre très de jeunes; ils sont occupés à cliquer, texter, et faire leurs devoirs scolaires. Ces auteurs sont plus souvent qu’autrement des pré-retraités, des retraités ou des professionnels aguerris encore au travail dans leur discipline respective, avec leurs expériences en sujet de leurs essais, bref, des gens qui ont le temps d’écrire et, souvent, pour qui écrire est un projet longuement mûri au cours de leur vie. La plupart ne regardent pas du côté de l’édition traditionnelle avant de se tourner vers l’édition en ligne ou l’autoédition. Et dans notre maison d’édition, plus du tiers des livres édités depuis plus de vingt ans sont des ouvrages qui donnent à penser, qui ravivent l’esprit. Sachant qu’il n’y aura pas rejet ou de censure d’un éditeur traditionnel, ils se donnent une grande liberté en s’engageant dans des chemins de travers.

François Jullien écrit : « Mais il vaudra alors d’autant plus la peine de préciser à quelles exigences internes répond un « livre » et ce qui, en termes de civilisation, avec le Livre, aujourd’hui disparaît ; et par quoi aussi il est remplacé. » C’est vrai, le livre, celui avec une lettre majuscule, le livre de fond qui donne conscience et la change en même temps, le livre révélateur au sens philosophique du terme, disparaît peu à peu, d’une génération à l’autre.

Les lecteurs en âge et en expérience, scolarisés et instruits au cours des décennies des années 1950-1960, héritiers de l’enseignement Classique, meurent peu à peu et avec eux le Livre.

On peut toujours mettre en cause la marchandisation du livre mais, de par sa nature, si le marché du livre ne trouvait pas preneurs (lecteurs), sous un clic ou en personne, il sombrerait avec le livre ou s’adapterait à créer une nouvelle demande et s’imaginer qu’il répond à un besoin. Il pourrait s’accaparer un part de marché d’autres produits, vendre des jeux, des bibelots et même des soupes aux côtés des livres. Que le meilleur gagne.

Les jeunes ne lisent plus, dit-on. Forcés de lire au cours de leurs études, ils abandonnent rapidement la lecture au cours de leur vie d’adulte. C’est pourquoi j’ai intitulé mon plus récent ouvrage : « LE DERNIER LIVRE – POUR LE JEUNES QUI NE PASSERONT PAS LEUR VIE À LIRE – TOUT CE QUE VOUS N’APPRENDREZ PAS AU SECONDAIRE ET AU COLLÉGIAL ».


Le dernier livre – Pour les jeunes qui ne passeront pas leur vie à lire. Cliquez ici pour télécharger gratuitement ce livre (PDF) ou cliquez ici pour le lire en ligne sur ce site web.
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La civilisation du livre va-t-elle céder sa place à la civilisation du clic ? Pour les jeunes, c’est déjà le cas. Pour les adultes, c’est la civilisation du « non livres » :

Je n’ai même pas besoin de citer de tels livres puisque ce sont ceux qu’on voit le plus souvent étalés dans les librairies et que chacun connaît. Car les librairies se sont elles-mêmes, durant ces dernières années, silencieusement recomposées. Sauf exceptions dues à la résistance de libraires indépendants et qu’il faut hautement saluer. Des rayons se sont souvent massivement accrus, plutôt faits de ce que j’appellerai des « non livres », s’étendant du Développement personnel au marché du Bonheur : relevant donc à la fois de la « spiritualité » et de la « para-psychologie », comme on parle de « para-pharmacie ». Les rayons consacrés à la philosophie se trouvent, de ce fait, de plus en plus reportés dans le fond et réduits : l’érosion a été lente et régulière, mais elle devient maintenant spectaculaire. Car cela se mesure bien d’abord en termes de place : non pas tant qu’il y en ait moins, mais on retrouve de plus en plus les mêmes livres empilés partout pour être imposés à la vente. La loi est de plus en plus, comme ailleurs, celle du monopole sous la diversité tant vantée : il n’est plus guère laissé de lieu pour les autres, l’espace réservé aux livres sur table ou sur les rayons, mais tout aussi bien dans les journaux comme à la radio, se trouvant de plus en plus consacré au tout-venant de l’actualité captant l’intérêt du jour. (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre II – L’adieu au Livre, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 38-39.

À la fin des années 1990, toujours consterné par le succès des non livres de la série « Bouillon de poulet pour l’âme », du fait que les lecteurs préféraient un bouillon en place et lieu d’un repas complet nourrissant (ravivant) l’esprit, j’ai entrepris la rédaction d’un essai offrant à la conscience un tel repas : « J’AIME PENSER – COMMENT PRENDRE PLAISIR À PENSER DANS UN MONDE OÙ TOUT UN CHACUN SE DONNE RAISON – ESSAI ET TÉMOIGNAGE DE GOUVERNANCE PERSONNEL ».

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J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison. Cliquez ici pour télécharger gratuitement ce livre (PDF) ou cliquez ici pour le lire en ligne sur un site web dédié.

Ce livre, anti-développement-personnel-à-la-volée, fut proposé, par principe à l’éditeur des « Bouillons de poulet pour l’âme » et refusé d’emblée. Un casse-croûte n’offre pas de restauration gastronomique, même amateur, et je le savais. Je voulais simplement que cet éditeur le sache aussi, si ce n’était pas déjà le cas.

III. La perte de présence

Parmi les pertes de notre contemporain, il en est une particulièrement cruciale, en effet, mais que nous pointons moins – sans doute parce qu’elle se mêle désormais le plus intimement à notre quotidien et  que nous ne savons plus suffisamment la repérer pour la penser. Une perte qui, par suite, ira s aggravant en même temps que s’assimilant toujours davantage et qui ne peut appeler – une fois pointée – que le sursaut d’une résistance : celle que j’ai commencé de nommer la « perte de la présence ». (…)

(…) Perte sans doute la plus urgente à penser parce que abîmant si crûment l’humain, aggravant la non-vie, en même temps qu’elle paraît compensée par tant d’avantages qui sont patents et par suite la recouvrent et la dissimulent : on évite ainsi tant de déplacements, on pourra tout gérer de son fauteuil – le numérique nous relie aussitôt à tout et à tous, on est d’emblée « connecté » avec le monde, à tout instant. Plus besoin de se déranger ni de se dépenser : il y a à la fois économie de moyens et gain de temps. En outre, à cette facilité et « démocratie » de l’accès s’ajoute un profit écologique « pour la planète »… (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre III – La perte de présence, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 55.

Je résume ainsi ce chapitre : « Je ne suis plus ici mais là, là et encore là, bref ne m’attendez pas au coin de la rue. Et même si je vais au café avec mes amis, je ne serai pas présent à eux. »

Si cette commodité technique défait donc si cruellement – parce que si sournoisement, si sourdement – la présence, c’est qu’on se croit encore en présence, alors qu’on ne l’est plus, qu’on est dans un semblant de présence, ou pseudo-présence, comme j’ai déjà parlé de pseudo-livres et de pseudo-vie : de ce semblant de présence je n’aurais même pas à m’inquiéter parce que son leurre demeure dissimulé et qu’on reste dans une proximité physique qui le cautionne et l’absout. Il ne s’agira pourtant pas là de refaire le procès ordinaire contre la technique, mais seulement de constater : quand les voyageurs descendent du car devant un « beau » paysage, ils se mettent aussitôt à prendre des photos sans commencer de se rendre présents à ce paysage, c’est-à-dire de se laisser envahir par ce qu’ils ont sous les yeux – mais qui n’est pas seulement « sous les yeux » et se creuse « en esprit ». En quoi leur vue peut se perdre jusqu’à les absorber. Ou plutôt le font-ils comme par réflexe et par démission pour ne pas avoir à tenter d’être présents au paysage, à en faire effort : pour pouvoir se dérober à l’effraction, au dérangement silencieux, au si bouleversement qu’il pourrait susciter. Ces photos, qui n’ont rien à voir avec l’art de la photographie, escamotent ainsi la présence, s’y substituent et en dispensent. Ou bien les jeunes gens qui se retrouvent au café et se mettent à lire chacun leurs textos s’évitent le heurt du face-à-face, l’inouï de se rencontrer. Et cela sans s’en rendre compte, comme si de rien n’était.

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre III – La perte de présence, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 57-58.

Cette situation impliquant des jeunes attablés ensemble dans un café et chacun plongé, rivé à son téléphone cellulaire, sans dire un seul mot à l’Autre, ça me dépasse complètement. Je ne comprends pas. Et même les familles, les couples font de même au restaurant. Je classe un tel comportement dans les insultes, tant à soi-même qu’à l’Autre. Ces gens n’ont pas de vie. Ils sont dans la « non-vie » comme le souligne si bien François Jullien dans son livre RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE. Mais contrairement à Monsieur Jullien, je ne parlerais même pas de « pseudo-présence ». Ce gens-là ne sont pas là du tout. Et s’agit-il encore d’être humain ou simplement de robots en esclavage technologique ? « Ne gaspillez pas votre jeunesse ! » Sont-ils conscients d’être absents ? Je ne comprend pas.

Et pour qu’il y ait « perte de la présence », ne faut-il pas qu’une présence précède ? Ont-ils déjà été présents ? Dès l’enfance, ils se fixent à leurs téléphones, à leurs console de jeux, à leur tablette, avec l’assentiment de leur parents. Comment ces parents peuvent-ils éduquer ces absents ?

Notre jeunesse gaspille sa jeunesse. Dans la Bible Louis Segond, il est écrit : « Que personne ne méprise ta jeunesse; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté. » IL LA MÉPRISE EUX-MÊMES !!!

IV. L’étau de la coïncidence

(…) J’ai déjà été conduit à nommer « coïncidence », d’un point de vue social et politique, ce fait élémentaire qu’une « idée » – dès lors qu’elle est collectivement assimilée, n’est par conséquent plus questionnée et même n’est plus soupçonnée, donc qu’on ne pense plus à la penser – devient par là même « idéologie ». Elle s’étale dès lors en pseudo-« évidence » – comme j’ai parlé de pseudo-présence – et génère d’elle-même une obédience, en deçà même de l’opinion ou de la croyance, qui est d’autant plus puissante dans ses effets, par
l’adhérence engendrée, qu’elle est subie sans plus laisser de prise pour la critiquer ou même seulement la remarquer. Or il n’en découle pas seulement que l’uniformisation intellectuelle tue alors la pensée ; ou que la standardisation des thèmes empêche la singularité des points de vue ; ou bien que la logique de la communication l’emporte sur
le travail d’élaboration ; ou encore que ces sillons /filons) du marché se creusent désespérément en ornières restreignant l’invention. Il en résulte surtout un effet de contrainte d’autant plus redoutable qu’il n’est pas suspecté et donc n’est pas interrogé, encore moins analysé.

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre IV – L’étau de la coïncidence, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 86-87.

Tout coïncide et tout doit coïncider. C’est la devise du nouveau marché des idées remplaçant la place, le lieu, des débats. Le monde des idées est marchandisé. Ainsi, il revient sur les mêmes idées à la mode et y revient encore, creusant ce que François Jullien identifie comme des sillons, des ornières. Et nous connaissons tous les dangers de sortir des ornières sur la route avec nos automobiles; il faut y rester au risque de prendre le clot (prendre le champ). Cette coïncidence des idées créée l’uniformisation intellectuelle et la standardisation des thèmes dans un chemin toujours plus étroit, d’où l’idée de « l’étau de la coïncidence ».

La thématisation médiatique obéit comme telle à deux lois concurrentes qui la mettent en tension et la tiennent constamment en activité : la répétition poussée jusqu’au ressassement (et recouvrant tout autre événement) et la variation appelant un perpétuel renouvellement (empêchant par là l’approfondissement). D’une part, le fait qu’on ne peut parler que de ce dont on parle (ou que l’on ne peut débattre que de ce qui est déjà en débat) est la grande loi des médias tendant à bloquer la machine médiatique en circuit fermé. Il faut entendre ce « ne peut » : il signifie que les médias ne prêtent attention qu’à ce qu’ils ont déjà fait entrer dans le champ de leur attention. Le montage médiatique ne vaut dès lors que pour lui-même, tournant en boucle jusqu’à épuisement. D’où se justifie, d’autre part, la loi de son renouvellement appelant à faire entrer du nouveau dans le champ de son attention, mais un « nouveau » qui, dans ce cas, n’est pas véritablement nouveau puisqu’il est moins d’exploration que de compensation et de variation : il faut bien en effet « passer à autre chose » nous changeant de cet événement « usé ».

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre IV – L’étau de la coïncidence, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 94-95.

J’ai travaillé à la radio de Radio-Canada à Québec alors que je n’avais que 18 ans (il y a près de vingt ans). Je prenais le micro à titre de chroniqueur au culturel aux émissions matinales de la fin de la semaine (weekend).

Un jour, je flânais dans la salle des nouvelles et j’ai saisi un dossier sur un bureau ayant attiré mon attention de par son titre annonçant les nouvelles à venir. Je l’ai ouvert et je l’ai lu. Il s’y trouvait une liste des événements à ne pas oublier À CHAQUE ANNÉE : magasinage des Fêtes de Noël, Fêtes du Nouvel An, St-Valentin, arrivée du printemps, Pâques et le chocolat, le solstice d’été, la fin de l’année scolaire, la Fête Nationale, le début des vacances d’été, les récoltes de fruits et légumes, la Fête du Travail et ainsi de suite jusqu’au retour au début (magasinage des Fêtes de Noël). Pour un sillon, en voilà tout un. Et c’était il y a presque cinquante ans ! Je fus bouleversé du seul fait de l’existence de cette liste dans un dossier sur le bureau du chef de pupitre de la salle des nouvelles. L’étau de la coïncidence se resserre depuis plusieurs décennies !

V. Sujet inerte / sujet alerte

Comme elle ne croit plus à un statut donné, substantiel et comme auto-consistant d’un moi-sujet, la pensée moderne s’est plutôt attachée aux modes de « subjectivation » générés par la société. Or notre contemporain est marqué par trois modes prépondérants de subjectivation nous portant à l’« inertie » : le sujet est aujourd’hui Connecté, Communiquant et Consommateur. (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre V – Sujet inerte / sujet alerte, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 113.

Dans la vingtaine, j’ai importé de la France au Québec le programme JEUNES TÉLÉSPECTATEURS ACTIFS (JTA). Il s’agissait d’une nouvelle disciple, l’éducation aux médias. Le but du programme, comme son nom le révèle, visait à contrer la passivité des jeunes connectés à l’écran du téléviseur. Nous parlions alors des livres L’enfant de la télévision, Lire le journal et Pour comprendre les médias. On croyait qu’il suffisait d’expliquer le fonctionnement des médias pour développer le sens critique de leurs auditoires respectifs.  La lutte contre l’abrutissement du monde par les médias ne date donc pas d’hier. Le sous-titre du livre Pour comprendre les médias était le suivant : « Les prolongements technologiques de l’homme ». Aujourd’hui, avec les appareils numériques, on ne peut pas parler de prolongements technologiques de l’homme mais plutôt de prolongement humain de la technologie. Les rôles son complètement inversé. L’homme ne possède plus la machine. C’est la machine qui le possède. Elle fait de lui un sujet inerte, en référence aux propos de François Jullien.

VI. Fin de la philosophie ?

(…) Car ce ne sont peut-être pas les ressources propres à la philosophie, mais les conditions de possibilités de son exercice qui se sont aujourd’hui taries. (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre VI – La fin de la philosophie, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 155.

Heureusement qu’il s’agit d’une question : « Fin de la philosophie ? ». La philosophie, pour autant qu’elle se donne de l’esprit et se rapporte à lui, résiste à sa disparition depuis des millénaires. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? Parce que « les conditions de possibilités de son exercice qui se sont aujourd’hui taries » nous signale François Jullien. Parmi ces conditions, la place – le lieu – l’agora – où exercer la philosophie, où les esprits se rencontrent, partagent et débattent. Cette place se rétrécie. C’est vrai.

Cependant, je crois que la philosophie, avant toute rencontre de l’Autre, s’exerce dans un espace intérieur pour murir en mode de vie. Il est aussi vrai que cet espace intérieur se rétrécie (sujet inerte).

Personnellement, j’en suis venu à la conclusion que la philosophie n’est pas pour tout le monde, n’est pas accessible à tous. La philosophie est devenue le secret d’une vie bonne, d’une vraie vie. Alors, la philosophie peut-elle vivre que par l’exemple de ce mode de vie au sein de notre civilisation ? Oui. Mais l’influence sur l’Autre n’est pas plus assuré aujourd’hui qu’hier. La philosophie n’est pas tout le monde. Elle est non seulement devenue un secret mais aussi mystère. Et c’est ce statut, comme une graine en terre qu’on ne voit pas, qui éveillera l’intérêt dans un autre temps, lorsque la jeune pousse sortira en plein milieu du désert. Les secrets et les mystères en feront l’attrait comme toujours en toute civilisation.

Encore faut-il que celle-ci (la philosophie) reconnaisse sa part de responsabilité dans son propre naufrage : quand, faisant le choix de se penser comme « connaissance », elle a défini la « sagesse » comme étant la « science », sophia comme épistémè, elle a laissé tomber le « désir » de sagesse qui la portait – qui la portait à penser quoi si ce n’est vivre ? C’est donc le religieux, avec la pensée du « mystère » et du « salut », qui en a récupéré la charge. De cette bifurcation s’ensuivent une complicité et comme une bipartition des rôles, en Europe, avec le christianisme. Or, avec le retrait contemporain du religieux, vivre s’est trouvé abandonné et comme laissé en friche ; et c’est pourquoi, dans ce vide de la pensée, le marché du Développement personnel et du Bonheur a prospéré avec le succès qu’on sait – autant dire jusqu’à recouvrir la philosophie. (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre VI – La fin de la philosophie, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 177.

Note : Les mots (la philosophie) entre parenthèses sont de moi.

Pour l’instant, nous marchons dans un champ fleuri de bout en bout des fleurs du développement personnel. Mais ce dernier se tarira aussi en raison d’une contribution trop éphémère, par manque d’efficacité durable de la vie bonne promise et qui, somme toute, ne sera que saisonnière, et non pas vivace. Les gens ne veulent pas un Moi amélioré mais un tout nouveau Moi et seule la philosophie l’offre. Les fournisseurs et les distributeurs du développement personnel le savent. Et c’est pourquoi ils tentent de se relier à la philosophie pour se crédibiliser. Malheureusement pour eux, il n’est pas dans la nature même de la philosophie en en vertu de son statut civilisationnelle d’être autrement que vécue plutôt qu’exploitée comme un simple produit. Ils donnent l’illusion de la philosophie mais ils ne sont pas eux-mêmes des philosophes, si ce n’est que corrompus par un méli-mélo de toutes les sciences.

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VII. « De l’esprit », concept de combat

J’imagine avoir déjà fait assez travailler ici le terme d’« esprit », jusqu’à le mailler le plus étroite-ment avec la philosophie, l’avoir accommodé progressivement et plié à mon usage, l’avoir à la fois dégonflé et fait lever d’à ras l’expérience, pour pouvoir enfin l’aborder de front et le porter au concept en vue de penser en lui ce qui vient à défaillir : pour en faire l’outil d’un diagnostic du contemporain et, par suite, d’un combat à mener contre ce qui, par sa défaillance, nous menace aujourd’hui. Et d’abord il ne s’agit pas ici de l’« âme », mais de l’esprit. On clame de nos jours à grands cris la « mort de l’âme », son « abolition », mais l’âme est une notion qui restera irrémédiablement idéologique (est-elle « immortelle » ou non ?), affectivement connotée (le « supplément d’âme »), donc dont la perte porte si facilement à la désolation-consolation – ce dont je veux d’abord me garder ici. En outre, l’âme a rapport à la vie par le vital (déjà l’âme « nutritive » d’Aristote), mais l’esprit par le vivant. Or c’est ce vivant, comme contraire de la « vie qui ne vit pas », c’est-à dire qui ne vit pas vraiment, de la vie aliénée dont nous sommes menacés, que j’appelle à défendre et à promouvoir. Et ce en faisant de l’esprit un concept de combat – Kampf-hegriff dirait l’allemand – à tourner contre cette non-vie en train de nous enserrer sans qu’on l’aperçoive.

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre VII – « De l’esprit », concept de combat, Éditions de l’Observatoire, 2023, pp. 188-189.

(…) Pourquoi ne ferait-on pas en effet de ce rabattement de la vie de l’esprit, de ce qui s’en perd de ressources, une Cause, nationale et mondiale, réunissant l’humanité face à son danger, comme tente de la faire pour l’autre menace, concernant la « planète » ? (…)

JULLIEN. François, Raviver de l’esprit en ce monde – Un diagnostic du contemporain, Chapitre VII – « De l’esprit », concept de combat, Éditions de l’Observatoire, 2023, p. 217.

Mener un combat ? Devenir combattant ? « Et ce en faisant de l’esprit un concept de combat » ? Mobiliser les esprits alertes pour en faire des lanceurs d’alerte ? Le tout dans une « Cause, nationale et mondiale, réunissant l’humanité » ? « Réunissant l’humanité, toutes les civilisations » ?

On ne peut pas envisager un tel combat sur l’inspiration du combat pour la « planète ». Ce dernier est né de l’extérieur, de la planète elle-même qui se fait lanceur d’alerte. La planète se fait entendre et prend tous les moyens naturels à sa disposition. Dans ce contexte, quel agent extérieur aussi tangible que la planète pourrait aussi se faire entendre et provoquer un combat, une mobilisation de toute l’humanité contre « ce rabattement de la vie de l’esprit » ?

À bien y penser, il faut admettre que la crise climatique est un symptôme du « rabattement de la vie de l’esprit » depuis la révolution industrielle jusqu’à nos jours avec la révolution technologique/numérique. Autrement dit, pour sauver la planète et nos civilisations, il faut lutter contre ce rabattement de l’esprit. Car c’est bien un problème de conscience qui a laissé courir la pollution de la planète depuis plus d’un siècle. Et c’est encore un problème de conscience qui permis le rabattement de l’esprit. Pollution de la planète et pollution de l’esprit proviennent toutes deux d’un manque de conscience. Nous n’avons pas anticipé les effets de nos inventions sur nous-même sur la planète par manque d’exercice de notre conscience devenue aussi enfumée que l’air. Nous n’avons pas écouté les lanceurs d’alerte à l’époque de l’ère industrielle. Notre conscience dormait au gaz. Puis, soudainement, nous nous sommes mis à courir dans tous les sens, pour tout et pour rien. C’est toute une chance que l’anxiété nous fut donnée en réponse normale aux menaces.

Il y a près de cinquante ans, j’écrivais ce poème sur les rives de mon adolescence.


L’Homme de course

La Terre est un champ de course.
Les dieux misent sur les points de vie
À savoir qui trouvera la fin
de ce circuit où la rapidité
ne détermine aucun vainqueur.

L’Homme de course

L’homme a métamorphosé la Terre
en une grande piste de course
sans loi et sans limite.

L’homme de course court
pour rattraper le temps perdu.

Mais il n’aura jamais le temps
de reprendre le temps
qu’il met à la poursuite du temps
déjà perdu.

Et si l’homme de course réussissait
à rejoindre son temps
il mourrait
puisque son temps serait écoulé.

Un conseil ? Prenez votre temps.

Serge-André Guay, 17 ans
Juillet 1975


François Jullien est un lanceur d’alerte dont je recommande fortement la lecture de son livre  RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC DU CONTEMPORAIN chez les Éditions de l’Observatoire et paru en 2023.

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J’accorde 4½ étoiles sur 5 au livre RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC DU CONTEMPORAIN chez les Éditions de l’Observatoire (2023).


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

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Article # 82

J’AI LU POUR VOUS

À quoi sert la philosophie ?

Marc Sautet

Éditions Pleins Feux

1997, Nantes, France

Langue ‏ : ‎ Français

ISBN-10 ‏ : ‎ 2912567017

ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2912567017

Poids de l’article ‏ : ‎ 81,6 g

Dimensions ‏ : ‎ 11 x 0.5 x 21 cm

Nombre de pages : 60

9782912567017_1


4-etoiles

J’accorde au livre À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? quatre étoiles sur cinq.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteur.


Texte de la quatrième de couverture

« Il me semble que, jusqu’à Anaxagre et après lui, mais au moins jusque-là, il n’y a pas de philosophe et que la philosophie n’arrive que par dépit ».

M. Sautet


EXTRAIT

Présentation

par Gérard Allard, Directeur du PIANO’CKTAII, – Bouguenais

Bonsoir, nous sommes impressionnés, enfin moi en tout cas, très impressionné par votre nombre. Ce soir je suis incapable de compter mais certainement autour de cinq cent cinquante personnes ont pris leur billet pour assister à cette conférence de Marc Sautet.

Pas étonné, tout de même, parce que lorsqu’on a imaginé consacrer ces soirées à la philosophie au Piano’cktail, nous savions que ce volet de la culture, longtemps resté le privilège de quelques-uns, concerne aujourd’hui un grand nombre de citoyens et répond incontestablement à un besoin. Alors, puisque le pari est bien engagé avec votre présence ici, ce soir, il nous reste à le faire exister ensemble. Pour cela nous avons choisi de faire appel à des philosophes qui ont la même volonté que nous de faire aimer et progresser la philosophie dans la cité pour le plus grand nombre.

Le premier à nous avoir répondu présent pour ce projet c’est Marc Sautet, l’inventeur des premiers cafés philosophiques à Paris et praticien de la philosophie puisqu’il a créé un cabinet de philosophie où comme un thérapeute ou un psychanalyste il reçoit en consultation et aide ceux qui le désirent à s’interroger, à appréhender les nombreuses questions de la vie et de la société d’aujourd’hui.

Nous avons donc mis en place les soirées « Lundis Philosophie » dont je vous rappelle les sujets et les animateurs : « À quoi sert la philosophie ? » avec Marc Sautet en introduction, sujet important, essentiel; « Toutes les cultures se valent-elles ? » avec Pierre Fougeyrollas ; « Les sources de l’écologie » avec Alice Cbalanset ; « Faut-il défendre la République ? » avec Jean-Pierre Faye.

Avant d’engager le premier thème, « Â quoi sert la philosophie ? », je voudrais donner la règle du jeu de cette soirée et de celles qui suivront… (Le bruit d’une bouteille débouchée résonne dans la salle. Rires du public). Eh bien, ça démarre très fort… À la vôtre… J’ai demandé à Marc Sautet de vous faire part de ses connaissances et de son point de vue philosophique sur la question du Jour. Puis, comme nous voulons faire vivre cette soirée, le débat s’ouvrira avec vous, je ne dis pas avec chacun d’entre vous mais avec vous, et j’espère que ce débat contribuera à faciliter un bon climat d’échange et d’écoute.

Je vous souhaite une bonne soirée à tous et je vous laisse en compagnie de Marc Sautet.


EXTRAIT

A QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ?

Si, par hasard, quelqu’un avait envie de s’asseoir à mes côtés, qu’il en prenne à son aise, c’est prévu pour et, là, pour l’instant, je vous sens un peu gênés. J’aime être seul mais pas en public. C’était le point zéro.

Le point suivant, un petit scanner sur le programme dans son ensemble que nous vous avons concocté, Gérard et moi. Il a proposé les thèmes et j’ai choisi le personnel. Mes critères étaient des critères de métier, je dirais, mais alors métier dans tous les sens. D’abord des anciens, dont je ne fais pas encore tout à fait partie : Pierre Fougeyrollas, la prochaine fois, et Jean-Pierre Faye dont la notoriété me semble avoir dépassé les bornes de la région parisienne, pour finir, je crois. Et vous aurez des médiums, des gens qui oscillent entre quarante et cinquante ans, donc la petite moyenne : Alice Chalanset, qui travaille comme enseignante et à Radio-France – sur France-Culture, elle participe au Banquet -, qui est de ma génération. Pierre Fougeyrollas, Jean-Pierre Faye ont soixante/soixante-dix, ils ont bien vécu, bien bourlingué. La présence d’astres déclinants n’exclut pas qu’ils ne soient pas brillants. Bien au contraire, c’est souvent l’inverse. C’est quand on décline qu’on est le plus beau, ça vaut pour Vénus et bien des étoiles. C’était le point un.

Le point deux, avant de passer au thème, je tiens tout de même à remercier Gérard Allard. Je crois que, là, ce soir, pour le coup, se confirme vraiment et se justifie complètement son nom… Je n’y avais pas pensé auparavant mais je crois vraiment que Gérard « a l’art » de recevoir. Là où il me piège, en revanche, c’est que je ne voulais pas jouer le jeu de la conférence, mais en me mettant sur un I sofa il m’y contraint un peu.

Ce n’est pas tout à fait un bistrot, ici ; il n’y a pas de I chaises, on n’est pas en train de se voir tous vraiment les uns les autres et donc je vais me plier à l’exercice relativement classique du discours solitaire, un moment. J’aimerais vraiment qu’ensuite sur la base de quelque chose que j’aurais pu dire se noue un dialogue, un trilogue ou un plurilogue et que quelque chose se noue. J’entends par là : que quelque chose se passe non pas seulement entre le conférencier et l’auditoire mais à l’intérieur même de ce qui 1 était jusqu’alors un auditoire. Si la philosophie a une chance, et si, enfin, elle peut aider en quelque chose, je crois que c’est à cette condition-là, qu’il n’y ait plus ce rapport, conférencier-auditoire, enseignant-enseigné, celui qui détient le savoir et ceux qui ne l’ont pas et qui écoutent béats et qui ont l’impression d’être beaucoup plus intelligents quand ils sortent d’une conférence alors que le lendemain, évidemment, ils ont tout oublié. C’est, pour moi, le drame de la philo.
Je viens à mon sujet et l’on va commencer par cette énormité¹ qui se tient au-dessus de moi.

(Il désigne une grande affiche accrochée au rideau.)

Énormité en deux sens, d’abord parce qu’elle tient beaucoup de place et puis ensuite parce qu’elle dit exactement ce qui, à mon avis, est le contraire de la philosophie et ce sera donc l’objet, j’espère, de ce qui va tout à l’heure nous nouer. Je ne suis pas sûr que nous parviendrons à nous dénouer…

 » À quoi sert la philo ? », certainement pas à ÇA. Certainement pas à ça ; on a pu le croire longtemps, reste à savoir quand et pourquoi et si, désormais, c’est encore valide : j’ai un très grand doute, à ce sujet. Le peu que j’ai compris de la philosophie c’est qu’elle part de ce qui passe pour acquis. C’est une réflexion sur les préjugés et réflexion veut dire que j’essaie de voir ce que ça vaut, ce qui est acquis, ce qui passe pour évident, ce qui passe pour vrai, ce qui passe pour bon, ou pour mal, ou pour faux. Et puis, voilà, j’exerce mon esprit critique. Alors, je vais commencer l’exercice sur ce qui est écrit là et qui semble devoir être imputé à Monsieur Larousse bien que la citation ne soit pas tout à fait explicitée. On n’a pas l’auteur mais ÇA passe pour acquis… Et je vais tenter de vous proposer un travail critique sur ce qui passe pour acquis au sujet de la philosophie. « À quoi sert la philosophie ? », on dit que cela sert à ça, alors je vais lire la citation, on va réfléchir ensemble à ÇA.

J’ai l’impression que l’on a admis que la philosophie pouvait être la reine des sciences, la science des sciences, le savoir du savoir et cela me paraît aberrant. Ce qui est écrit là — je ne la connais pas par cœur, parce que j’essaye de me détacher de ce que je sais par cœur… :
(il se retourne pour regarder 1 affiche)

N.E, ça a l’air d’être nom commun féminin, du latin \ philosophia, mais tiré du grec sophia, science, sagesse. Et / alors, c’est ici qu’arrive l’essentiel, ensemble des 1 considérations et des réflexions générales, constitué en r doctrines ou en systèmes sur les principes fondamentaux \ de la connaissance, de la pensée et de l’action ‘ humaine. Bon, moi j’ai appris ÇA. J’ai appris ça avant de , faire de la philosophie… Il n’y a toujours personne, là…

(il désigne une place vacante à ses côtés)

… et puis, je suis tombé des nues, tout simplement, au fil des ans, parce que ça ne colle pas. On peut le croire, on peut encore le croire, on peut vouloir le croire, j’ai l’impression qu’on se « bourre le mou » pour être vulgaire, et que s’il y a des enseignants dans la salle, j’aimerais bien qu’ils fassent un effort pour essayer de me convaincre que c’est encore ça, que c’est plausible. Je suis prêt, finalement, à l’admettre, il se peut que j’aie tort de renoncer à sa définition mais il faut qu’on me le montre. Désormais je ne me laisserai plus abuser, je n’ai plus envie d’être dupe des opinions, ni des autres, ni des miennes…

(…)

________

¹ Il s’agit de la définition de la philosophie. Philosophie : n.f fiat. philosophie gr. sophia, science, sagesse). Ensemble des considérations et des réflexions générales constitué en doctrines ou en systèmes sur les principes fondamentaux de la connaissance, de la pensée et de l’action.


AU SUJET DE L’AUTEUR

Source de l'image : Wolfgang Wackernagel (Wikipédia)
Marc Sautet au Café des Phares, Paris, France, 1994. Source de l’image : Wolfgang Wackernagel (Wikipédia)

MARC SAUTET

Marc Sautet (Champigny-sur-Marne, 25 février 1947 – Paris 15e, 2 mars 1998¹), ayant fait ses études à Évreux, était un philosophe, enseignant (à l’Université et à Sciences Po Paris), écrivain et traducteur français.

Il est le fondateur des cafés-philo en France.

(…)

_______

¹ Relevé des fichiers de l’Insee

Source : Marc Sautet, Wikipédia.


Voir aussi

MARC SAUTET, 10 ANS DEJA : HOMMAGES , 13 avril, 2008 Posté dans Brèves, Café Philo de Noarbonne

LA PHILOSOPHIE NOYÉE EN CAFÉS ET EN FAUSSES CITATIONS – CONNAISSANCE OUVERTE, jeudi 20 juillet 2023

Marc Sautet répertorié par Google

Mort de Marc Sautet, pilier de la philosophie de comptoir. Ce spécialiste de Nietzsche est mort hier à 51 ans, des suites d’une tumeur au cerveau. par Marc RAGON, publié le 3 mars 1998 à 21h59, Libération

Marc Sautet, Le Monde

Apologie de Sautet par Jean-François Chazerans. Paru dans l’Incendiaire n°7, avril-mai 1998
6 pages

Le café philo a vingt ans – Depuis 1995, le café-philo anime les mercredis soir dans le centre-ville. Décryptage de ce phénomène de société. CENTRE PRESSE.


MARC SAUTET

DATES

25 février 1947 : Naissance en Normandie dans une famille ouvrière.

Études supérieures à la Sorbonne, puis à Dijon et Besançon.

Docteur en philosophie, il fut enseignant dans le secondaire, à l’université, puis Maître de Conférences à l’Institut d’Études Politiques de Paris jusqu’en 1996.

1981 : Spécialiste de la pensée de Nietzsche, il publie Nietzsche et la Commune (Le Sycomore).

1985 : Nietzsche pour débutants (en collaboration avec Patrick Boussignac, La Découverte).

Entre 1989 et 1993 : révision de la traduction, annotations et commentaire de Pour une généalogie de la morale, Par delà le bien et le mal, Le gai savoir (dans la collection « Classiques de la philosophie » au Livre de Poche).

1992 : Fondateur du premier Cabinet de Philosophie de France, pour recevoir des particuliers en consultation.

1995 : Commentaire de la correspondance de Nietzsche et de Cosima Wagner en collaboration avec Stefan Kampfer aux Éditions du Cherche Midi.

1995 : Un café pour Socrate, aux éditions Robert Laffont, traduit dans plusieurs langues.

1996 : Dans la collection « les philosophes à la question », recueils d’interviews posthumes menés avec les plus grands philosophes (aux éditions J.C. Lattès) ; paru : »Les femmes, de leur émancipation ».

Il dirigeait peu avant sa disparition un cycle d’initiation à la philosophie dans le cadre de l’université de la Culture Permanente de Paris X / Nanterre.

Décès à Paris le 2 mars 1998 à 51 ans des suites d’une tumeur au cerveau.

Source : Marc Sautet sur Philo5


Marc Sautet insistait, et cela dès la naissance des cafés-philo, sur deux écueils : le risque de tomber dans « on se raconte, le psychologisme » ou le risque d’une conceptualisation érudite et cérébrale. Observons que cette polarité traverse l’ensemble de la société : parfois un « anti-intellectualisme »opposé à un « savoir » abstrait, rendu peu accessible.

Source : Café philo, pour qui ? pour quoi ? Christophe BAUDET , responsable de l’association « Les artisans de la philo », DIOTIME, Revue internationale de la didactique et des pratiques de la philosophie.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

À quoi sert la philosophie ?

Marc Sautet

Éditions Pleins feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.


Transcription de l’enregistrement intégral de la conférence-débat animée par Marc Saule! le 4 novembre 1996 dans le cadre des Lundis Philo organisés par le PIANO’CKTAIL à Bouguenais (44340). Afin de sauvegarder l’authenticité de la conférence, les éditions Pleins Feux ont tenu à en conserver le caractère oral et spontané. Us notes et commentaires sont de l’éditeur.


Offert à l’écrit ce qui fut à l’oral (transcription) ne passe pas aisément à moins de lire et relire à haute voix, ce que je n’ai pas fait. Ma lecture fut donc ardue.

Marc Sautet avançait l’idée que la philosophie avait échoué à nous mettre d’accord :

(…) S’il était possible de dire le vrai sur ce qui dit le vrai, on le saurait déjà. Alors, il me semble qu’il est bon de partir de là et justement de prendre un petit peu de recul pour se demander, après tout, depuis le temps, notamment – quoi ? trois, quatre siècles ? – depuis les Lumières*, depuis Diderot, l’Encyclopédie¹, Voltaire on devrait tout de même avoir un discours sur la science et sur la politique, sur le savoir (le vrai) et sur l’action (le bien), pertinent. On devrait pouvoir : être tous d’accord désormais. Cela fait au moins trois siècles que cette idée court, qu’elle est là, et, jamais, jamais les hommes n’ont été aussi en désaccord entre eux, il n’y a jamais eu autant d’affrontements, il n’y a jamais eu autant ‘ de galères, de conflits, de menaces. Donc quelque chose ne va pas. Si la philosophie était ÇA, elle a eu sa chance avec les Lumières, elle aurait dû s’imposer pour de bon. Or, je ; constate, c’est un simple constat, il est peut-être mal fait , mais c’est ce que je crois pouvoir constater – on verra si quelqu’un d’autre a constaté mieux -, j’ai l’impression que ce mandat-là, cette promesse-là n’a pas été tenue. Et c’est mon problème car on continue d’enseigner la philosophie sous ces auspices, me semble-t-il, et je crois que, là, il y a maldonne. Comme cette promesse n’a pas été tenue, personne ne peut désormais y croire, et, si on ne trouve pas une autre définition à la philosophie, elle va mourir et ce ne sera que justice parce qu’elle aura cautionné son propre échec. Nous aurons à la place ce qui aujourd’hui, me semble-t-il, nous pend au nez : la victoire de l’irrationnel², la victoire de l’ennemi du logos³, la victoire des sectes, de toutes sortes, et, à ma connaissance, de mon propre point de vue, la défaite de la raison, la défaite du logos.

___________

* Philosophie des Lumières : courant philosophique européen du mit siècle (all. . Aufklärung) caractérisé par le rationalisme, et par l’idée que le progrès des lumières, c’est-à-dire le progrès de la rationalité (dans les sciences et leurs applications techniques, dans les rapports humains) est la voie qui mène au bonheur et à la réalisation véritable de l’humanité (Nouveau vocabulaire des études philosophiques, Sylvain Auroux et Yvonne Weil, col! « Faire le point », Hachette, 1975),

¹ Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, publication inspirée par un ouvrage similaire de Chambers (1729) et dirigée par Diderot (1751-1772). Elle avait pour but dé faire connaître les progrès de la science et de la pensée dans lotis les domaines. Les auteurs donnèrent une orientation économiste et industrielle à l’ouvrage. Ils comprenaient, outre Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Jaucourt, des médecins et des ingénieurs. La publication, à laquelle s’opposèrent le clergé et la noblesse de cour, fut menée à terme grâce au sens des affaires du libraire Le Breton et à l’énergie de Diderot. Précédée du « Discours préliminaire » de d’Alembert, /’Encyclopédie imposa l’idée du progrès économique; elle fut annonciatrice de l’avènement de la bourgeoisie (Larousse, 1996).

² Irrationnel : 1) lato contraire à la raison et à ses normes, par ext. souvent synonyme contraire à la science ; 2) Sans raison, soit absolument, soit relativement à un certain point de vue ; synonyme absurde ; 3) qui dépasse la raison, qui ne peut être expliqué par la science ; 4) qui n ‘est pas le produit d’une activité consciente et guidée par la raison ; ex. : le rêve, les mythes, sont irrationnels (Nouveau vocabulaire des études philosophiques, op. cit.).

³ Logos ; mot grec signifiant à la fois parole, raison et rapport, parfois employé pour désigner la raison comme principe (id).

SAUTET, Marc, À quoi sert la philosophie ?, Première partie – Conférence de Marc Sautet, Éditions Pleins Feu, 1997, pp. 6-7.

Marc Sautet a-t-il raison de dire, en 1996 : « Nous aurons à la place ce qui aujourd’hui, me semble-t-il, nous pend au nez : la victoire de l’irrationnel, la victoire de l’ennemi du logos, la victoire des sectes, de toutes sortes, et, à ma connaissance, de mon propre point de vue, la défaite de la raison, la défaite du logos » (de la raison) ? Est-ce qu’aujourd’hui, 26 ans plus tard, nous devons admettre que l’irrationnel a gagné la guerre sur le rationnel ? Le moins que nous puissions admettre est que le vrai de vrai montrent ses faiblesses davantage à tel point qu’on nous dit être dans une « ère de post-vérité ».

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Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

L’irruption de la notion de « post-vérité », désignée comme mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford, a suscité beaucoup de commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fake news, mais peu de réflexions de fond. Or, cette notion ne concerne pas seulement les liens entre politique et vérité, elle brouille la distinction essentielle du vrai et du faux, portant atteinte à notre capacité à vivre ensemble dans un monde commun.

En questionnant les rapports conflictuels entre politique et vérité, Myriam Revault d’Allonnes déconstruit nombre d’approximations et de confusions. Elle montre que le problème majeur de la politique n’est pas celui de sa conformité à la vérité mais qu’il est lié à la constitution de l’opinion publique et à l’exercice du jugement. L’exploration du « régime de vérité » de la politique éclaire ce qui distingue fondamentalement les systèmes démocratiques, exposés en permanence à la dissolution des repères de la certitude, à la tentation du relativisme et à la transformation des « vérités de fait » en opinions, des systèmes totalitaires, où la toute-puissance de l’idéologie fabrique un monde entièrement fictif.

Loin d’enrichir le monde, la « post-vérité » appauvrit l’imaginaire social et met en cause les jugements et les expériences sensibles que nous pouvons partager. Il est urgent de prendre conscience de la nature et de la portée du phénomène si nous voulons en conjurer les effets éthiques et politiques.

Myriam Revault d’Allonnes est professeur à l’École pratique des hautes études. Elle a publié de nombreux essais au Seuil, et notamment La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps (2012).

Source : Éditions du Seuil.


Marc Sautet attendait de la science et de la philosophie qu’« on devrait pouvoir : être tous d’accord désormais », qu’ « on devrait tout de même avoir un discours sur la science et sur la politique, sur le savoir (le vrai) et sur l’action (le bien), pertinent ». Je crois qu’il s’illusionnait, sinon qu’il voulait encourager le débat suivant sa conférence.

Personnellement, je me suis posé une seule question au sujet de la vérité au cours de ma vie, ce fut au début de ma vie d’adulte, il y a cinquante ans : « Pourquoi la vérité (le vrai de vrai) ne triomphe pas ou ne s’impose pas par elle-même ? » L’article # 53 de ce dossier traite du sujet.


Article # 53

J’ai un problème avec la vérité

Serge-André Guay

Observatoire québécois de la philothérapie

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Lire la suite


Si nous ne sommes toujours pas d’accord sur « un discours sur la science et sur la politique, sur le savoir (le vrai) et sur l’action (le bien), pertinent » après des siècles de recherche et de questionnement, c’est sans doute parce que cela est simplement impossible, du moins, à l’échèle de la planète.

Il me semble qu’il y a une première difficulté dans la définition, qu’on peut pointer assez facilement et, peut-être, extirper de notre intellect : l’idée que sophia voudrait dire science ou sagesse. Le peu de grec que je connais me rend très perplexe sur ce point. C’est vrai que dans philo-sophia, il y a sophia, il y a philein – aimer, être attiré par, avoir envie de – et qu’on a tous envie de dire : philosophie, envie de sagesse, amour de la sagesse. Et puis, on dit à côté : science. Cela colle bien avec ce qui succède, connaissance, action humaine.

Or, il y a un premier os sur ce point. Avant tout, avant d’être savoir et avant d’être sagesse, la sophia c’est l’habileté chez les Grecs. Je ne dis pas chez Aristote ou chez Platon forcément, chez Plotin, ou chez les Pères du Moyen Âge qui étaient aussi hellénistes que latinistes, je ne dis pas qu’ils n’aient pas retenu essentiellement ces acceptions-là, je dis simplement que pour le Grec du commun, sophia c’était avant tout l’habileté de l’artiste ou de l’artisan, c’était encore plus humble que cela. Par exemple, le médecin ou le potier avaient l’art de, ils étaient bons pour, l’un pour faire des vases qui ne perdaient pas l’eau ou le vin, très précieux à l’époque, et puis l’autre, pour guérir. Ils étaient habiles dans leur art. En ce sens c’étaient des sophistes¹, au sens complètement ordinaire et banal du terme – encore une fois, à ma connaissance.

Cet aspect-là a tout de même un intérêt, c’est que les philosophes, bien sûr, pouvaient se qualifier eux-mêmes de philosophes. Thalès² l’a fait le premier, je ne suis pas sûr, d’ailleurs – on va y revenir – qu’il était philosophe. Mais Socrate³, pour ne prendre que lui, était qualifié par les gens de la rue, par l’agora4, par les marchands, par les navigateurs. On l’appelait philosophe. Pourquoi ? Parce qu’il ! était vraiment amoureux de la sagesse et du savoir ? Peut- I être… Sûrement… Mais peut-être tout autant parce qu’il i était habile. Reste à savoir en quoi. Peut-être qu’il était habile clans la recherche de la sagesse, dans la recherche du vrai, d’accord. Mais il était avant tout, peut-être, habile. Il était plus habile que les autres, que la moyenne, certainement supérieur en habileté à la plupart des Athéniens pour chercher le vrai, pour débusquer le faux, pour pointer du doigt le mal, l’injustice, mais, avant tout, habile : habile à poser des questions aux gens5, et à faire en sorte qu’ils s’en posent. Et je crois que là on tombe sur quelque chose de crucial. J’ai évoqué Thalès, à l’instant, et je crois que, là, on pourrait commencer à faire la part des choses.

_____________

¹ Sophistes : 1) Au sens propre, professeurs de sagesse. 2) Au Vè siècle av. J.-C., philosophes grecs contemporains de Socrate, partisans du conventionnalisme et du relativisme, spécialisés en rhétorique et en grammaire ; Socrate et Platon ont combattu leur enseignement et en ont donné une image (partiale et inexacte) qui correspond au sens «3». 3) Péj. Rhéteur de mauvaise foi ; homme qui démontre n’importe quoi ; individu qui raisonne mal (Nouveau vocabulaire des études philosophiques op. cit.).

² Thalès : Issu d’une famille tbébaine, Thalès naît à Mile! en Ionie à la fin du VIT siècle. Malhématicien, il contribue à la naissance de la géométrie. Il aurait dans ce domaine bénéficié, d’après Hérodote (Histoires, II, 109) de l’apport de la science égyptienne. Proclus souligne que ses travaux ont servi à ses successeurs, dont Euclide au ttT siècle dans l’élaboration de ses Éléments (Anthologie chronologique; « philosophes et philosophie », tome 1, Nathan, 1992).

³ Socrate : 469-399 avant J.-C, originaire d’Athènes, Socrate est sans doute le personnage le plus marquant de la philosophie grecque et pas seulement de la fin du / siècle avant J.-C. Cet esprit critique et provocateur, qui fascina et irrita ses compatriotes, fut accusé de corrompre la jeunesse et fut condamné à boire la ciguë, à lire « Apologie de Socrate », « Criton », « Phédon » de Platon qui fut son disciple (ld.).

3 Agora : place publique, centre de la vie politique, religieuse et économique de la cité dans l’Antiquité grecque.

5 La méthode de Socrate ou dialectique des pensées comprend deux parties : L’ironie dirigée contre la présomption et le sophisme. En dissimulant avec art la supériorité qu’il puise dans sa notion de la vraie sagesse, il engage les sophistes dans des discussions d’où ils doivent sortir compromis, et étale ainsi la vanité de leur sagesse menteuse. La maïeutique ou l’art d’accoucher des esprits, qui consiste, sur la place publique, à s’adresser au premier venu, à l’humble artisan comme aux plus illustres citoyens, à l’esclave comme au maître. Peu importent les temps, les lieux, les personnages. Tout est occasion de discours et de recherches ; tout esprit est capable d’enfanter au moins quelques idées ou de provoquer chez les autres un enfantement analogue. De toute âme et de toute chose il sait que la vérité peut sortir. Ces dialogues, ces discussions, ces confrontations d’opinions adverses dans le but d’accéder à la vérité c’est la Dialectique (Histoire de la philosophie, 5′ éd., A. Fouillée).

SAUTET, Marc, À quoi sert la philosophie ?, Première partie – Conférence de Marc Sautet, Éditions Pleins Feu, 1997, pp. 9-10.

La philosophie pratique ferait donc appel à une habileté (σοφία, sophía féminin (Ancienne écriture : σοϕία) ), une habileté dans le questionnement.


PHILOSOPHIE, n. f.

XIIe siècle. Emprunté, par l’intermédiaire du latin, du grec philosophia, de même sens, lui-même composé à partir de phileîn, « aimer », et sophia, « habileté, sagesse ».

Source : Ortolang – Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la LANGue, CNRS, France.


Mais peut-on soutenir qu’être habile, c’est être sage ? Je ne pense que l’on répondre par l’affirmative à cette question. Selon moi, l’habileté demeure un OUTIL et non pas une sagesse en soi. Je connais des gens habillent qui sont loin d’être sages, avec un mode de vie peu vertueux.


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J’accorde quatre étoiles sur cinq au livre À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE de MARS SAUTET chez les ÉDITIONS PLEINS FEUX (1997).


P.S. : Ce livre n’est plus disponible en librairie mais vous le trouverez dans la section des livres de seconde main.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

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Article # 81

J’AI LU POUR VOUS

L’empire des coachs

Une nouvelle forme de contrôle social

Roland Gori et Pierre Le Coz

Éditions Albin Michel

Paris, France

Langue ‏ : ‎ Français
Livre broché ‏ : ‎ 208 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2226174982
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2226174987
Poids de l’article ‏ : ‎ 286 g
Dimensions ‏ : ‎ 15 x 2 x 22.5 cm

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J’accorde au livre L’EMPIRE DES COACHS – UNE NOUVELLE FORME DE CONTRÔLE SOCIALE de Roland Gori et Pierre Le Coz 4 étoiles sur cinq.

J’en recommande fortement la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteur.


RÉSUMÉ

(Texte de la quatrième de couverture)

« Il faudrait en France un coach pour 50 habitants ! » s’exclamait il y a quelques années le premier formateur de coachs français. En réalité, cet appel était une prophétie : le coaching s’étend aujourd’hui à tous les domaines de la vie quotidienne. On le rencontre jusque dans les établissements de santé, où il explique comment bien se comporter pour mieux se porter. Avec ses recettes psychologiques et son jargon managérial, il touche jusqu’au plus intime de nous-mêmes.

Nouvelle forme de contrôle social, le coaching nous apprend à intérioriser les impératifs de performance et de compétitivité ; il nous exhorte à augmenter notre rentabilité comportementale. Dans ce miroir grossissant de la crise du lien social, nous ne serions rien de plus que des micro-entreprises à gérer, des stocks d’énergie humaine à exploiter…

Il est urgent de mettre un coup d’arrêt à l’emprise insidieuse de ces « managers de l’âme » dont les pratiques, sous prétexte d’épanouissement personnel, visent avant tout à normaliser les sujets et à anéantir toute capacité d’esprit critique.

Source : Éditions Albin Michel.


TABLE DES MATIÈRES

Introduction

1 – Un nouvel opium du peuple?

L’entraîneur enterré

Quand le malheur des uns remplit la cagnotte des autres

Le marchand de sens est passé

La stratégie du méli-mélo

Une plus-value ontologique par un contrat de service

Un champ d’application infini

2. – Le management des âmes poussé jusqu’à l’absurde : le « coaching-santé »

L’hôpital converti en entreprise de soins

L’avènement du patient flexible et autogéré

Quelques illustrations de la « réussite « du « coaching-santé »

Le temps de la maladie

3. – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique

L’individu est la source de ses problèmes

Du coaching comme addiction

Un conditionnement individualiste au service d’un conformisme généralisé

Le coaching envisagé comme rituel d’initiation.

La civilisation médicale des mœurs

Le coaching dans l’histoire de la normalisation

La promotion d’un mythe social : le consentement éclairé de l’individu à son « complet bien-être »

La technicisation des relations intersubjectives.

Le coaching; comme falsification du rapport éthique avec autrui

Le mythe de l’individu-roi

La croissance individuelle soluble dans la croissance économique

La méthode du coaching : le « zapping » thérapeutique

Le coaching sportif et son destin

Conclusion : « Non aux nouveaux directeurs de conscience… »

Notes

Bibliographie


EXTRAIT

Introduction

« Lorsque nous voyons souffrir quelqu’un, nous saisissons volontiers l’occasion offerte de prendre possession de lui. C’est là, par exemple, ce que fait l’homme charitable et compatissant, lui aussi croit éprouver de l’amour dès qu’il désire une nouvelle possession et il y trouve du plaisir comme à l’appel d’une nouvelle conquête. »

F. Nietzsche, Le Gai Savoir.

To coach signifie « entraîner » ou « accompagner » dans le sens actif de « motiver ». Ce verbe anglais a pour origine un mot français, « coche », qui, au XVI’ siècle, désigne une voiture tirée par des chevaux et conduite par un cocher. Le coach, suivant cette signification originaire, est celui qui fait avancer les voyageurs ; c’est grâce à lui qu’ils peuvent bouger, se déplacer d’un endroit à un autre. La première extension sémantique le doit au domaine du sport où le coach va devenir l’entraîneur sportif des équipes de football américain. Le coaching désigne une technique de mobilisation et de stimulation des ressources psychologiques du sportif de haute compétition, destinée à compléter son entraînement physique par une préparation mentale censée optimiser ses performances. Cette extension, amorcée aux États-Unis dans les années 1950, va gagner l’ensemble du domaine sportif au cours des années 1980 où le coaching désignera le conditionnement mental du champion, qui n’est plus seulement un corps à entretenir mais un stock de ressources psychiques à maximiser.

Qu’il s’agisse d’optimiser la concentration de l’athlète à l’affût d’un record à battre ou le potentiel psychique des joueurs d’une équipe, le coach se présente ainsi comme un stratège de la « mentalisation ». Il s’active au bénéfice de ceux qui visent « plus vite, plus haut, plus fort », selon la devise des Jeux olympiques formulée par Pierre de Coubertin. Meneur d’hommes, le coach assume des fonctions de préparateur mental, étant entendu que les sportifs de haut niveau sont capables de performances physiques équivalentes et que ce qui les départagera relèvera de la force du conditionnement mental. Le coaching s’annonce ainsi comme un multiplicateur de compétences.

Améliorer ses performances, augmenter ses compétences, intensifier sa puissance… La rhétorique qui alimente le fonds de commerce du coaching entre en totale consonance avec l’idéologie ultralibérale de notre temps. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce qu’il ait pu essaimer hors de son foyer sportif d’origine en dilatant son champ d’intervention dans des sphères extérieures à la compétition physique. Sans avoir déserté les stades, le coaching a très vite su s’exporter dans le domaine de l’entreprise et c’est essentiellement en qualité de pratique managériale qu’il a gagné la France dans les années 1990 [1]. À croire qu’il y a un air de famille entre le milieu du sport et celui de l’entreprise. La logique de l’un nous éclaire sur la logique de l’autre : la continuation de la guerre par d’autres moyens. Et avec d’autres stratèges : les coachs. Deux apôtres notoires de notre idéologie de la puissance, Pierre Angel et Patrick Amar, n’ont pas manqué de constater qu’« en entreprise, les enjeux et les comparaisons en termes de compétition, d’excellence, de besoin de dépassement justifient une telle approche [2] ». Par la gymnastique psychique du coaching, il s’agira pour une entreprise de « muscler l’esprit pendant plusieurs générations », comme le dit romantiquement un prestigieux coach américain traduit en onze langues [3]. Dans ce nouveau contexte, il incombe aux entraîneurs du moi d’aider les jeunes cadres à rester dynamiques (ou les plus vieux à le redevenir) en actualisant le potentiel énergétique et mental dont ils sont porteurs.

À lire ces témoignages – et ils ne manquent pas, que ce soit dans les librairies de gare ou sur les sites électroniques -, le coach est débordant de bons sentiments à notre égard. Certes, il demande beaucoup d’argent, mais soyons-en assurés, il n’a qu’une seule idée en tête : aider son client à prendre de la hauteur, à ajuster son style de vie à ses ambitions professionnelles. Par bonheur, les ambitions du coaché, même s’il n’en a pas immédiatement conscience, coïncident avec celles de l’entreprise : sa volonté la plus profonde est d’accroître ses performances, de se sentir plus rentable et productif. Si le coaché ne parvient pas à s’adapter à son environnement économique, le coach l’aidera à surmonter cette petite défaillance ontologique… Par exemple, il se peut qu’un dirigeant se sente embarrassé lorsqu’il s’agit de licencier ou de délocaliser du personnel. Comment se désencombrer de ce scrupule archaïque de justice sociale ? Moyennant une petite rétribution, le coach peut l’aider à changer sa vision de la situation. En effet, comme l’écrit Whitmore dans son Guide du coaching, « tout se joue dans nos têtes [4] » ! On peut tout apprendre, même à supporter la souffrance des autres. Le coach enseigne l’art d’imposer son jeu à ses adversaires, comme dans n’importe quelle compétition sportive : « L’exercice, qui allie soutien psychologique et assistance à la décision, est largement influencé par les méthodes appliquées dans le monde sportif. Ici, les grands matchs à gagner, ce sont les défis liés au changement dans l’entreprise, tels que fusions, restructurations ou internationalisation [5]. »

Et le coaching tient ses promesses : « Il permet à une personne, un groupe, d’améliorer ses propres performances pour mieux répondre à la demande de l’entreprise, soucieuse de son efficacité », ainsi que l’écrit la Société française de coaching [6]. Il faut accorder crédit à ses promoteurs s’ils prétendent que leur fantasme est de préparer l’avènement d’un conformisme social généralisé. Les croire dans leur prétention à inculquer une mentalité de « gagnant » chez les managers qui tombent comme des mouches (du coach) entre leurs mains… Avoir confiance aussi dans leur pouvoir de normaliser les esprits en les assujettissant aux impératifs de rentabilité économique.

Pour l’heure, la clientèle privilégiée du coaching demeure celle de jeunes cadres désireux d’accroître leur rayonnement auprès de leurs subordonnés ou bien celle de salariés qui aspirent à prendre de l’envergure en endossant des responsabilités nouvelles au sein de leur entreprise. Cependant, le succès actuel que rencontre cette forme d’accompagnement personnalisé dans des milieux étrangers à l’univers de la marchandise atteste qu’une nouvelle forme d’assujettissement des masses est bel et bien en route. Nous sommes notamment les contemporains de l’essor d’un « coaching-santé » au sein des établissements de soin qui consacre le triomphe universel du paradigme sportivo-managérial. En effet, le coaching émerge à l’interface de cette culture sportive du moi et de la médicalisation de l’existence. Comme nous aurons l’occasion de le montrer, la rhétorique du sport croise celle des discours de santé publique qui disent aux populations comment elles doivent vivre pour vivre bien et plus longtemps. Traditionnellement conçu pour être un espace d’hospitalité et d’accueil de la souffrance humaine, l’hôpital aurait-il désormais vocation à reproduire le schéma managérial qui modèle la vie des entreprises ? La question est bien de savoir quel peut être le coût psychologique de ce genre d’exportation sauvage.

Quelles sont les sources du succès croissant de cette nouvelle « relation d’aide » auprès des entrepreneurs, des managers, des soignants, voire de nos concitoyens ? De quelles fragilités est-elle symptomatique ? Que veulent au juste les coachs et de quels pouvoirs sont-ils les opérateurs ? Quels objectifs et quelles méthodes se donnent-ils pour répondre à la demande croissante des entreprises, des administrations ou des particuliers ? La stratégie « coaching » peut-elle s’étendre à n’importe quel domaine de l’existence ? Y a-t-il des champs de l’activité professionnelle auxquels son application serait appropriée et d’autres non ?

La question de fond est de savoir si le coaching n’est pas un remède pire que le mal qu’il prétend conjurer. Ne s’agit-il pas d’une solution à une situation de crise du lien social qui, bien loin de nous aider à en sortir, risque de contribuer à nous y installer irrémédiablement ?

Nous n’en voulons pas particulièrement aux coachs et sommes prêts à concéder qu’un certain nombre d’entre eux œuvrent avec une réelle conscience professionnelle. Mais c’est le coaching en tant que symptôme qui a retenu notre attention. C’est de l’idéologie du coaching qu’il est question ici. Que nous dit sur notre époque l’engouement qu’il suscite ? La niche dans laquelle il s’est développé est celle d’une culture en crise : crise économique, crise du lien social, crise des valeurs, crise des processus de subjectivation. Au moment même où la précarité envahit tous les domaines de l’existence quotidienne, où la fragilité des liens humains donne au sujet et à autrui un caractère jetable, liquide, flexible, interchangeable, éphémère et contingent, le coaching apparaît comme un système de contention sociale, de domestication sécuritaire autant que comme un mirage psychologique.

NOTES

  1. La Société française de coaching (SFCoach) a été fondée en 1996 et son objet est circonscrit par le souci de « faire connaître et valoriser les spécificités du coaching auprès des entreprises » (http ://www.sfcoach.fr).
  2. Angel P., Amar P., Le Coaching, PUF, 2005, p. 11.
  3. Whitmore J., Le Guide du coaching, Maxima, 2005, p. 19.
  4. Ibid., p. 59.
  5. Polot J.-E, Les Échos, n° 17876, 12 avril 1999, p. 66.
  6. http ://www.sfcoach.fr.

GORI, Roland et LE COZ, Pierre, L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Introduction, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, pp. 7-13.


AU SUJET DES AUTEURS

Pierre Le Coz

Professeur de philosophie, Pierre Le Coz dirige le département des sciences humaines de la Faculté de médecine de Marseille. Ancien vice-président du Comité national d’éthique jusqu’en 2012, il préside le Comité de déontologie et de prévention des conflits d’intérêts de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES).

Source : Éditions Albin Michel.

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Roland GORI

Roland Gori est Professeur honoraire de  Psychopathologie clinique à l’Université d’Aix-Marseille, Chaire de philosophie (2015-2016) de l’École des sciences philosophiques et religieuses de l’Université Saint Louis à Bruxelles,  Psychanalyste Membre d’Espace analytique. Initiateur avec Stefan Chedri de l’Appel des appels, il est l’actuel Président de l’Association Appel des appels. 

Chaire à vif à l’École  d’art de La Cambre de Bruxelles (2020-2021).

Source : Site web de Roland Gori.

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L’Appel des appels



Revue de presse – L’empire des coachs

https://www.larevuecadres.fr/articles/l-empire-des-coachs-une-nouvelle-forme-de-controle-social/5415

Le livre noir du coaching – Réseau EVAL

L’empire des coachs : Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Co sur http://1libertaire.free.fr/RGori15.html


dossier-consulter-un-philosophe.01

Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

L’empire des coachs

Une nouvelle forme de contrôle social

Roland Gori et Pierre Le Coz

Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Il n’en est pas question. Depuis mon adolescence, je refuse cette idée de la pensée positive qui tort le cou aux pensées négatives. « Soyez positifs » clamait-on haut et fort. « Je t’envoie des pensées positives » dit-on encore aujourd’hui. « Restez positifs même si ça va mal, ça va s’arranger ». Or, dès l’adolescence et toute ma vie durant, c’est dans les périodes les plus dépressives et solitaires que je demeure le plus créatif. Non pas que je me complais dans ces déprimes, dans des pensées et des perceptions négatives, mais plutôt parce que je peux voir le monde tel qu’il est, avec des hauts et des bas, très utiles pour prendre de l’expérience et gagner en originalité. Je me suis donné pour mission de sauver le monde, de résoudre des problèmes, de répondre à des besoins concrets… J’ai connu de nombreuses défaites au cours mes guerres aux problèmes. Aujourd’hui, j’ai une statue d’Atlas dans mon bureau pour me rappeler ce commentaire d’une amie devant mon désarroi il y a vingt ans: « Ne portes pas le monde sur tes épaules ».

J’ai connu la dépression mais elle n’était pas de nature psychologique. Il s’agissait d’une dépression philosophique, d’où je suis sorti avec philosophie. Mes lecteurs comprendront donc pourquoi j’ai créé cet Observatoire francophone de la philothérapie depuis ma retraite.


À la suite de ma lecture du livre L’EMPIRE DES COACHS – UNE NOUVELLE FORME DE CONTRÔLE SOCIAL, je comprends plus intimement que nous ne pouvons pas échapper au fait que nous sommes tous un « produit » de la société dans laquelle nous visons, elle-même le fruit d’une longue histoire de civilisations. La prise de recul face à ce que nous sommes au sien de la société dans laquelle nous visons est non seulement nécessaire mais essentielle pour découvrir et comprendre l’Être humain en nous et dans le monde actuel. La société nous façonne jusqu’au tréfonds de notre ÊTRE et nous devons en prendre conscience. Bref, nous sommes tous formatés par la société dans laquelle nous visons.

Est-ce que les coachs savent qu’ils sont eux-mêmes un « produit » de la société ? Une chose apparaît clairement : les coachs semblent très confortables dans notre société puisqu’elle leurs activités de prendre sans cesse de l’ampleur. Pouvons-nous dire pour autant qu’ils répondent à un besoin au sein de notre société ? Certainement. Mais ce besoin est lui-même le fruit de cette société.

Les auteurs de L’EMPIRE DES COACHS, Richard Gori et Pierre Le Coz, respectivement, psychanalyste et philosophe, font preuve de recul en sous-titrant leur ouvrage « Une nouvelle forme de contrôle social ». Ils perçoivent dans le coaching, non pas une simple contribution à la vie sociale comme nous aimerions croire, mais une certaine mise au pas des coachés.


(…) lorsque les principes du coaching régiront et sous-tendront tous les comportements (…)

D’abord conçu pour les hauts dirigeant, le coaching s’est peut à peu étendu à l’ensemble des cadres d’entreprise avec une ambition passablement totalitaire qui a de quoi faire frémir lorsqu’elle se double d’une prophétie plausible : « Le plein potentiel de performance des collaborateurs ne sera libéré que lorsque les principes du coaching régiront et sous-tendront tous les comportements et les interaction de management, ce qui, à mon avis ne manquera pas d’arriver ¹. » Ainsi parle le nouveau Zarathoustra de notre temps, John Whitmore, grand prophète du surhomme néolibéral.

¹ Whitmore J., Le Guide du coaching, Maxima, 2005, p.14.

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 1 – Un nouvel opium du peuple ?, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 19.


Le verbe employé par l’auteur de LE GUIDE DU COACHING, John Whitmore, est RÉGIR. Les coachs peuvent utiliser ce verbe pour définir leur objectif dans le contexte où ils croient DEVOIR RÉGIR leurs clients ou, plus subtilement, amener leurs clients à se RÉGIR EUX-MÊMES, SOUS LEURS DIRECTIVES.

Est-ce bien ou mal ? Et pour qui ? Dans notre société qui prône la liberté, il ne faudrait pas de dérapage et encore moins de révolution. Il faut donner à la liberté un certain encadrement pour, chacun, dans sa liberté, ne remette pas en cause la société dans laquelle il vit si ce n’est par de simples opinions. Ce que le coaching permet de mette en cause, c’est plutôt sa propre vie personnelle et professionnelle. Ainsi, le coach protège la société d’une nouvelle Révolution à la Française avec guillotine.

Notre société donne lieu au mal de vivre chez plusieurs. Elle demande l’impossible aux personnes, tant leur vie personnelle que professionnelle. L’adhésion aux exigences de la société demande de plus en plus souvent un effort qui, s’il n’est pas fourni, donne lieu au mal de vivre ou l’impression d’être inadapté.

D’autant que la souffrance des autres peut avoir du bon si on sait en tirer profit. On peut faire de l’argent avec tout, y compris et surtout avec le mal de vivre. Le coaching a reformulé le cogito cartésien : « Ils souffrent donc je suis. » Cette souffrance professionnelle le doit à l’absence de repères et au climat d’incertitude qui règne dans le monde de l’entreprise. (…)

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 1 – Un nouvel opium du peuple ?, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 20.

Je ne crois pas que le coaching soit à l’origine d’une telle reformulation du cogito cartésien : « Ils souffrent donc je suis. » La nature humaine étant ce qu’elle est, elle implique une part de souffrance depuis son apparition sur le terre. La vie étant ce qu’elle est, elle comprend aussi une part de souffrance depuis son apparition sur notre planète. Et cette souffrance demeure à la fois physique et psychique. De cette souffrance est né notre instinct de survie, individuel et collectif. Se porter au secours de notre collègue en difficulté de notre chasse aux mammouths participait de la survie du groupe et de son alimentation. Face à la souffrance, nous sommes naturellement, instinctivement, solidaire, d’abord sympathique puis empathique.

Depuis que notre société force l’isolement dans notre individualité. Elle engendre la solitude qui engendre le mal de vivre. Le coaching ne fait que répondre à cette situation. Il est de bon aloi d’aider les autres. Et si le coach consacre toute sa vie de travail à aider les autres, il doit pouvoir lui-même vivre de ce travail. Il en va de même de tous les médecins, les infirmières, les pompiers, les policiers, les conseillers, bref, de tous les métiers et professions qui viennent en aide à l’un ou à l’autre.

Dans ce contexte, pouvons-nous affirmer, comme les auteurs de L’EMPIRE DES COACHS, « que la souffrance des autres peut avoir du bon si on sait en tirer profit » ? Non. Une telle affirmation est elle-même néolibéral en ce qu’elle s’inscrit dans une économie du profit. Les auteurs soutiennent qu’« on peut faire de l’argent avec tout », or c’est le propre de notre société capitaliste. Voir du profit partout et en tout, que ce soit dans les opinions, les analyses et les actes, est très capitaliste. Les auteurs sont eux-mêmes un « produit » de cette société capitaliste qui les rémunèrent, tout autant que les coachs.

Ils ont tout de même raison d’affirmer que le coaching est « Une nouvelle forme de contrôle social ». Il faut nécessairement parler d’une NOUVELLE FORME car le contrôle social a existé et existe dans toutes les civilisations. La nature humaine étant ce qu’elle est,…

(…) Le succès du coaching tient à cette illusion qu’un Autre sait de moi ce que je pressens ignorer et qui me serait tellement important pour me comprendre moi-même. La psychanalyse freudienne a déjà enseigné qu’à travers certains symptômes de cette facette obscure de notre être s’exprime fragmentairement (rêves, actes manqués». Elle a rendu compte du mécanisme de transfert par lequel le sujet projette sur le thérapeute ce savoir inconscient dont il est en quête.

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 1 – Un nouvel opium du peuple ?, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 28.

Ce n’est pas une illusion ! L’Autre peut vraiment savoir de moi « ce que je pressens ignorer et qui me serait tellement important pour me comprendre moi-même ». Si je ne présuppose pas que l’Autre peut m’aider, aussi bien rester dans mon coin, tout seul, victime de ma solitude. Peut-être que l’Autre ne SAIT pas tout ou suffisamment de choses à mon sujet mais il a du moins une PERCEPTION SUBJECTIVE de moi qui peut m’aider à prendre du recul. Puis-je exiger de l’Autre qu’il me connaisse mieux que je me connais ? Non. Mais je peux lui prêter volontiers une perception différente de la mienne, pour autant que je ne m’accroche à me donner toujours raison à mon sujet et que je respecte et accueille sans préjugé la perception de l’Autre.

Suis-je train de parler d’amitié ? N’est-ce pas là une relation amicale ? Ne s’agit-il pas de ce que j’attends d’un véritable ami empreint d’honnêteté et de respect à mon égard. Le mot clé ici, c’est complémentaire. Deux personnes liées d’amitié qui se complètent. Où sont-ils passés tous ces amis qui me conseillaient jadis ? Je ne sais pas mais j’observe que les gens se rassemblent encore et toujours par ressemblance. « Qui ressemble s’assemble. »


Quel est l’origine de l’expression « Qui se ressemble s’assemble » ?

L’expression “Qui se ressemble s’assemble” trouve ses racines au Moyen Âge. Elle est issue d’une ancienne maxime latine “Similis simili gaudet” qui se traduit par “Le semblable se plaît avec le semblable”. Cette maxime était utilisée pour souligner l’attrait naturel entre les personnes ayant des traits, des intérêts ou des croyances communs. Au fil des siècles, cette maxime latine a été traduite et adaptée dans différentes langues, dont le français.

Source : Qui se ressemble s’assemble, Tutorat Pro consulté le 16 février 2024.


Si l’observation demeure d’actualité, elle va à l’encontre de l’Être humain qui recherche, par nature, la complémentarité. Cette même complémentarité que l’on trouve dans notre environnement, dans la nature. Notre mode d’Êtres, au sens philosophique du terme, se veut complémentaire. On ne trouve rien d’autre que soi dans l’Autre qui nous ressemble.

Privé d’amis complémentaires à lui-même, de différence dans ses relations aux Autres, l’Homme moderne cherche, sans s’illusionner, dans le conseiller indépendant, externe à sa communauté, un avis différent. Cette quête est peut-être en partie inconsciente, en partie involontaire, ou encore strictement instinctive ou intuitive, mais peu importe, elle répond de sa nature même. C’est là tout le succès des conseillers externes appelés à la rescousse en entreprise. Devenu une véritable industrie en soi, le conseil personnel et professionnel, répond à cette recherche d’un avis différent, d’un savoir différent, complémentaire.

Un jour, dans les années 1990, un conseiller industriel en poste au gouvernement du Québec, m’a expliqué que son ministère, celui de l’industrie et du Commerce, exigeait désormais de la part de chaque entrepreneur de joindre un diagnostic de son entreprise à sa demande de subvention. Le diagnostic, me précisa ce conseiller, devait obligatoirement être fait par une firme privée externe. Pourquoi ? Parce que les entrepreneurs n’identifiaient pas toujours le problème réel de leurs entreprises. Après l’accord de la subvention, les conseillers industriels du gouvernement devaient se rendre à l’évidence que le problème et la solution pour lesquels l’entrepreneur avait demandé et reçu une subvention, ne réglait rien. La situation a provoqué au sein du gouvernement une réflexion sur la capacité des entrepreneurs à identifier le vrai problème pour lequel ils avaient besoin d’aide. Et pourquoi les conseillers du gouvernement ne réalisaient plus eux-mêmes les diagnostics des entreprises en demande de subvention ? Parce qu’ils se voulaient protéger leurs relations avec les entrepreneurs car les diagnostics mettaient en cause les entrepreneurs eux-mêmes comme étant le problème majeur de leurs entreprises dans 80% des cas. Apprendre que l’on est soi-même le problème de son entreprise ne passe nécessairement comme une lettre à la poste. C’est pourquoi les conseillers du gouvernement préféraient que le diagnostic d’entreprise soit fait et présenté par une firme externe.

Si vous êtes assez âgé, vous avez vu naître cette industrie des services dans ce que l’on annonçait comme l’économie du savoir.


Économie du savoir

L’économie du savoir, l’économie de la connaissance, l’économie de l’immatériel ou encore le capitalisme cognitif, est, selon certains économistes, une nouvelle phase de l’histoire économique qui aurait commencé dans les années 1990.

Source : Économie du savoir – Wikipédia, consulté le 16 février 2024.


Dans ce contexte historique, pourquoi les coachs n’auraient pas droit au chapitre au sein des entreprises, de nos vies professionnelle et personnelles ? Après tout, ils ne sont ni plus ni moins que des conseillers comme les autres ?

En fait, le problème n’est là. Le problème est dans l’approche et l’orientation des services de coaching, dans leurs impacts sur la personne, l’entreprise et sur la société.

Les auteurs de L’EMPIRE DES COACHS examinent l’impact social du coaching en soutenant qu’il s’agit d’« Une nouvelle forme de contrôle social ».

Nous avons accumulé suffisamment d’éléments à charge dans notre dossier sur le coaching pour éviter de tomber dans le piège de la critique nuancée. Les coachs sont les premiers à avancer que le coaching comporte des dérives, qu’il faut savoir distinguer entre les bons et les mauvais coachs. Il n’est pas de pire moyen pour combattre le coaching que de dire qu’il faut faire acte de vigilance contre ses mésusages, comme s’il existait une essence pure du coaching seulement souillée de l’extérieur par quelques imposteurs. Nous préconisons, quant à nous, le rejet en bloc de cette soupe sportive remixée à la sauce managériale. Il faut attaquer le mal à la racine en identifiant les foyers pestilentiels de son extension, les croyances collectives dont tirent profit nos nouveaux directeurs de conscience…

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 3 – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 91.

Certains critiques de L’EMPIRE DES COACHS reprochent aux auteurs de manquer de nuances dans leurs propos. Or, les auteurs voient dans la nuance un piège : « Nous avons accumulé suffisamment d’éléments à charge dans notre dossier sur le coaching pour éviter de tomber dans le piège de la critique nuancée. »

Si ce livre se veut sans nuance dans le propos, les auteurs n’avancent jamais sans apporter de solides références. Mais ils n’attaquent pas pour autant le mal à la racine. Ils observent proposent une analyse et prennent position. Ils dénoncent la coaching comme étant « un puissant moyen de contrôle social au service de la soumission généralisée des masses ».

Sous cet aspect, le coaching est une manière cynique de faire l’impasse sur des facteurs de désordre psychique tels que le rythme ou l’organisation du travail, un salaire inadéquat à la besogne accomplie, l’absurdité ou la répétition de tâches dont la portée éthique est problématique. Déjà, on nous a annoncé que le diagnostic de dépression s’est multiplié par sept entre 1979 et 19963. Le traitement soft du coaching apporte sa contribution à la lutte contre ce fléau collectif en aidant les individus qui ont la tête sous l’eau à remonter à la surface afin de réintégrer au plus vite le monde de la production et de la consommation. Il se révèle ainsi comme un puissant moyen de contrôle social au service de la soumission généralisée des masses, assurant le minimum de protection compassionnelle en dessous duquel le système marchand ne pourrait plus fonctionner.

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 3 – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 93.

On peut affectivement voir le coaching comme une nouvelle forme de contrôle social et craindre l’impact de ce contrôle sur la Cité, sur le bien commun auxquels participent les coachés. Le coaching n’a aucune responsabilité sociale dans la Cité. Sa responsabilité se limite aux coachés ou à ceux qui requièrent leurs services dans les entreprises dans les hôpitaux et autres institutions, bref à leurs clients.

On peut toujours se rabattre sur l’idée que plus il y a de meilleurs individus, plus la société sera meilleure. Mais rien n’est moins certain puisqu’on parle finalement que de cet individu, de l’individualisme ; l’individu est préoccupé uniquement par lui-même, non pas par la Cité, dans le sens philosophique du terme.

Au IVe siècle avant J.-C., déjà, les philosophes grecs ont mis la cité au cœur de leur réflexion. Aristote la pense comme étant « naturelle » (Politique). Elle est, pour lui, une communauté « accomplie » et « autosuffisante », formée en vue du « bien-vivre ». Tout comme la cité existe « par nature », l’homme est, par nature, « un animal politique » (destiné à vivre en cité). L’homme, en outre, est le seul des animaux à posséder le logos, conçu comme la faculté lui permettant de percevoir et d’exprimer le juste et l’injuste. Et c’est bien la commune possession de cette capacité qui est au fondement de la famille et de la cité.

Source : CITÉ-ÉTAT, Encyclopædia Universalis, consulté le 17 février 2024.

Or, le coach se concentre sur son client et invite son client à se concentrer sur lui-même car il trouvera en lui toutes les ressources dont il a besoin. Je ne crois pas que nous ayons en nous toutes les ressources dont nous avons besoin, pas plus que nous ayons tous le potentiel pour concrétiser nos ambitions. On le croire mais on ne peut pas le prouver scientifiquement. C’est une idée, un concept, forgé par l’Homme (et ses conseillers). Nous ne sommes pas tous égaux.

Directeurs de performances cognitives, pédagogues en flexibilité psychique ou mentors en stratégies comporte-mentales, nos coachs sont aussi et avant tout des « guides moraux » assurant la promotion des valeurs utilitaires. Ils savent que les valeurs de vérité et de justice (dont notre époque n’a que faire) ne leur rapporteront rien. L’honneur et l’esthétique, l’éthique et l’esprit critique n’ont de valeur sur le marché néolibéral qu’à pouvoir se vendre, à rapporter du profit ou consolider des stratégies.(…)

(…)

On ne peut comprendre la prolifération du coaching sans prendre la mesure de cette transformation mercantile des expériences subjectives et personnelles de la vie en systèmes reproductibles de réactions comportementales (stimuli/réactions pouvant faire l’objet d’un apprentissage). C’est ce que les experts nomment une « économie de l’expérience », à savoir un monde où la vie de chaque individu peut prendre une valeur marchande potentielle¹. Selon la terminologie des nouveaux stratèges du marketing, on parlera de la lifetime value, la valeur marchande potentielle de chaque moment de la vie d’un individu consommé par lui-même sous forme de « segments commercialisés ».

Dans cette nouvelle économie, le coaching recycle ce qui, au sein de la transaction marchande, a déserté le lien social : la vie vécue et le lien avec autrui. D’où les marchandises-simulacres qui, dans le coaching, s’y substituent sous la forme du « développement personnel » et de la négociation d’entreprise. Le coaching apparaît de la sorte comme la forme idéologique d’une prescription sociale où tout se vend et s’achète, y compris l’expérience humaine, son vécu singulier et sa valeur politique.

¹Angel P., Amar P. Le Choaching, PUF, 2005, p.25.

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 3 – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, pp. 110-112.

Les auteurs de L’EMPIRE DES COACHS sont obnubilés par le capitalisme du coaching dans le contexte de notre économie néo-libérale. Or, un tel contexte se prête à toutes les critiques du consumérisme depuis les années 1970. On ne peut pas remettre en question un arbre qui pousse au sein de la forêt. Il est dans son environnement et il remplit sa fonction. Il en va de même du coaching. Le succès qu’on lui connaît démontre fort bien qu’il est en phase avec son environnement, dans cas, le terreau de notre économie néo-libérale.

Mais rien n’empêche de relever ses dérives menaçant le bien être collectif. Si chacun se replie sur soi, sur ses ambitions, la relation avec la communauté des Hommes en souffre passablement. On ne vit plus en société mais en soi-même par soi-même. Faut-il rappeler la maxime voulant que le tout est plus que la somme de ses parties (ou autre qu’elle) ? L’impact du coaching à l’échèle d’un individu n’est pas le même que son impact à l’échèle de la société et c’est ce dont les auteurs de L’EMPIRE DES COACHS s’inquiètent.

Le coaching comme nouvelle manière de concevoir le lien social dans une culture néolibérale constitue davantage qu’une relation d’aide psychologique. Comme bonne maniéré de vivre en société (en particulier dans l’entreprise, mais en général dans la vie de nos sociétés occidentales), il constitue le signe annonciateur d’une nouvelle forme de normalisation sociale. En d’autres termes, le coaching consacre le passage d’une civilisation disciplinaire à une civilisation autonormée, un conditionnement sécuritaire des individus à de nouvelles bonnes manières d’être et de vivre en société.

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 3 – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, pp. 144-145.

Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation des auteurs de L’EMPIRE DES COACHS : « (…) le coaching consacre le passage d’une civilisation disciplinaire à une civilisation autonormée (…) ». Le coaching ne peut pas entraîner à lui seul un changement de civilisation, peu importe l’ampleur de son succès. La société individualiste précède et de loin l’arrivée du coaching.


Sommes-nous dans une société de plus en plus individualiste ?

Notre siècle serait celui du règne de l’individualisme. Ainsi sont pointés du doigt la précarisation de nos liens et une prétendue fragmentation de la société. Mais qu’en est-il vraiment ? Placer l’individu au centre ne permet-il pas d’être plus attentifs à nos droits ?

« L’individualisme peut être entendu comme la glorification, non du moi, mais de l’individu en général. » Émile Durkheim

Source : Sommes-nous dans une société de plus en plus individualiste ? Série « Comment la société pèse-t-elle sur les individus ? » Radio France, Vendredi 24 novembre 2023, consulté le 17 février 2024.


L’individualisme fait de l’individu le fondement de la société et prône l’initiative individuelle, l’indépendance et l’autonomie de la personne par rapport à la société et à tous les groupes sociaux auxquels elle appartient et qui font peser sur elle de multiples pressions.

Source : Individualisme, La Toupie, consulté le 17 février 2024.


(…) Au sens de l’éthique, l’individualisme est une doctrine qui fait de la personne – de l’individu – un point de référence indépassable. « Individualisme » en ce sens s’oppose notamment à « collectivisme ». Au sens sociologique, on dit qu’une société est individualiste lorsque l’autonomie consentie aux individus par les lois, les mœurs et les contraintes sociales est très large. Pour désigner ce type de sociétés, Durkheim utilise, en des sens voisins, quoique non absolument synonymes, les notions d’« égoïsme » et d’« individualisme ». De même, Tocqueville se déclare frappé par le développement de l’« individualisme » dans la société américaine du milieu du XIXe siècle et résume par cette expression le fait que le citoyen américain lui était apparu comme surtout soucieux de sa vie privée et peu concerné par la vie publique. (…)

Source : BOUDON Raymond, Sur l’individualisme – Théories et méthodes – Chapitre 2. Individualisme et holisme dans les sciences sociales, Presses de Sciences Po, 1991, (CAIRN.INFO, consulté le 17 février 2024).


Cette société individualiste nous dit « Débrouilles-toi tout seul, pour autant que tu fais des enfants et que tu travailles. Pour le reste, il y a la médecine officielle, les gourous et les coachs, à toi de choisir, et n’oublie pas d’aller voter. Nous te laissons l’illusion d’être libre et autonome. »

Et d’ajouter : « Une crise des valeurs ? Peu m’importe, trouves-t-en d’autres, toi-même par exemple. »

Quelle histoire que celle du coaching et ce livre, L’EMPIRE DES COACHS ! Ce livre a déjà 18 ans et s’inscrit encore dans la polémique. On le traite de LIVRE NOIR DU COACHING.

L’un des deux auteurs est philosophe, Pierre Le Coz. mais il n’est jamais question du « coaching philosophique », ou de ce que j’appelle encore la philothérapie avec ses nombreux philosophes consultants ou praticiens.

C’est la « philosophie pratique » en action sur le terrain et qui échappe à cette société individualiste à l’économie néolibérale puisque ses racines remontent à plus de 2,500 ans. Remise à l’avant-scène en 1982 par le philosophe allemand Gerd B. Achenbach, Pierre Hadot et plusieurs autres en plusieurs pays, cette nouvelle pratique de la philosophie, le conseil philosophique, vient répondre aux questions que le coaching ne peut pas répondre. Il n’est pas philosophe même s’il pige dans la philosophie des citations pour se crédibiliser.


(…) La philosophie est amour de la sagesse, non pas sa possession (…)

GORI, Richard et LE COZ, Pierre,  L’Empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Chapitre 3 – De la nécessité d’une cure de désintoxication idéologique, Éditions Albin Miche, Paris, 2006, p. 150.



4-etoiles

J’accorde quatre étoiles sur cinq au livre L’EMPIRE DES COACHS – UNE NOUVELLE FORME DE CONTRÔLE SOCIAL de Roland Gori et Pierre Le Coz aux Éditions Albin Michel (2006).

Je vous invite à le lire en tenant compte que les auteurs sont eux-mêmes des « produits » de notre société.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

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Article # 78

J’AI LU POUR VOUS

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon

Paris, 2023
EAN : 9782259317597
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 240
Format : 140 x 225 mm

J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.

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Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteure.


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Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

« Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et le témoignage (“moi je”). Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. Cette “dictature des ressentis”, pour ne pas dire du ressentiment, fait prospérer l’idéologie woke : cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter.

Il n’y a plus de vérité universelle et “ma” vérité ne saurait être remise en cause sans me “blesser”. Celui qui crie le plus fort, celui qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. C’est cet étalage des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société. Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ?

Depuis plusieurs années, dans le Figaro, je décrypte les ressorts de cette déconstruction qui affecte notre société. Parce que la critique est aisée mais l’art difficile, je rends aussi hommage à des figures du passé et du présent qui m’aident à mieux comprendre ce qui nous arrive. Ce livre est un recueil de ces chroniques. »

Source : Éditions Plon


SOMMAIRE

Sauver la liberté de pensée

Première partie – Déconstruction, le mal du siècle

  • Tu seras un homme déconstruit, mon fils
  • Le wokisme ou la dictature des ressentis
  • L’émoji de l’homme enceint ou l’alliance du woke et de la Silicon Valley
  • Le progrès est-il une idée morte ?
  • Pourquoi les sociologues sont (presque) tous de gauche
  • Déconstruire les déconstructeurs
  • Dans la tête d’un révolutionnaire trans
  • Une espèce en voie d’extinction : les boomers d’extrême-gauche
  • « Famille, je vous hais ! » : le manifeste geignard et narcissique de Geoffroy de Lagasnerie
  • Bouteldja, prêtresse indigéniste
  • Féminisme, la grande fracture
  • La tentation totalitaire du néo-féminisme
  • Notre culture judéo-chrétienne a inventé le féminisme
  • Théorie du genre à l’école : déconstruire plutôt qu’instruire
  • La McDonaldisation de l’Éducation nationale
  • La société de loisirs, une fabrique à crétins ?
  • Immigration, « le grand renoncement »

Deuxième partie – Les contemporains à contre-courant

  • Ces intellectuels français qui ne reconnaissent plus leur gauche
  • Pierre Nora ou la politesse de l’intelligence
  • Sylviane Agacinski ou le souci du mot juste
  • Michel Houellebecq est-il réac ?
  • Hubert Védrine, un réaliste aux pays des droits de l’homme
  • Jérôme Fourquet, ethnologue de la France d’après
  • Pierre Manent ou l’esprit de finesse
  • Michel Houellebecq-Michel Onfray : conversation au bord de l’abîme
  • Gaspard Proust, hussard Karamazov
  • Alain Finkielkraut, le réac imaginaire

Troisième partie – Écrivains d’hier, remèdes d’aujourd’hui

  • Trois raisons de lire Montaigne
  • La Boétie contre l’État-nounou
  • Barbey d’Aurevilly, le dandy catholique
  • Tolstoï ou Dostoïevski ?
  • Charles Péguy, l’anti-boomer
  • Quand Charles Péguy parlait des retraites
  • George Eliot, une vie retrouvée
  • Antoine de Saint-Exupéry et André Breton : quand l’idéologie tue l’amitié
  • Georges Bernanos, homme d’hier et d’après-demain
  • L’Été de Camus : préserver la beauté du monde
  • Jean Cau l’apostat
  • Soljénitsyne ou la lutte héroïque contre le mensonge
  • Cristina Campo, la Simone Weil italienne
  • Philippe Muray, pamphlet d’outre-tombe

Remerciements

Du même auteur

Actualité des Éditions Plon


EXTRAITS

Préface

Sauver la liberté de pensée

Je me souviens de mon entrée à Sciences Po. C’était il y a quinze ans. Jeune fille fraîchement débarquée rue Saint-Guillaume, je ne connaissais pas grand-chose de la vie, et n’avais jamais percé le périmètre étroit de la bourgeoisie de droite de province. J’atterrissais dans une classe composée pour moitié d’étudiants d’extrême gauche, et pour l’autre moitié de centristes désabusés et ricaneurs. Avec une dose d’habileté, de sens social et de fantaisie, on pouvait encore vivre ensemble. On riait, on échangeait, on débattait jusqu’au bout de la nuit, même quand on appartenait à des bords politiques opposés. Le goût du bon mot, la littérature, le mépris de la chose politique nous réunissaient.

Quinze ans plus tard, tout nous sépare.

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

En juin 2023, au milieu des émeutes qui mettaient la France à feu et à sang à la suite de la mort du jeune Nahel, l’artiste Christine and the Queens – qui a pris le nom de « Redcar » après sa transition – prenait la parole dans une courte vidéo pour se plaindre du peu de médiatisation de ses albums depuis son changement de genre. Elle insistait sur la souffrance terrible que lui infligeaient ceux qui continuaient à l’appeler « elle » : « Vous m’appelez elle toutes les cinq minutes, ça me blesse en fait ! […] Tout ce que je suis en train de faire, qui est mon upgrade artistique, vous n’y faites même pas attention. » Ces jérémiades narcissiques, alors que des événements d’une gravité inouïe se déroulaient dans notre pays, m’ont semblé révéler la quintessence de la « dictature des ressentis » qui anime notre époque.

Quand je lis mes anciens camarades de Sciences Po devenus woke disserter sur la révolution à venir, je suis agacée, énervée, mais je ne suis pas blessée. Je revendique pour ma part le droit d’entendre une parole qui dérange, de porter le cautère dans l’entaille, d’encaisser et de rendre les coups, de parler franchement, vivement, de tous les sujets. Car c’est en « frott[ant] et lim[ant] notre cervelle contre celle d’autrui » (Montaigne) qu’on parvient à tâtons à la vérité.

Est-ce encore possible ?

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent, et la conversation devient de plus en plus râpeuse. Mais il y a autre chose aujourd’hui. Le privé étant désormais politique – selon le slogan de la gauche progressiste –, on ne peut plus accrocher sa veste militante au vestiaire et aller boire un coup comme si de rien n’était. La discorde entre dans la chambre à coucher, le bar étudiant, le cercle d’amis, et la polarisation guette toutes les strates de l’existence, du steak que l’on avale au fait divers que l’on relaie sur Facebook, du type d’écriture qu’on emploie dans un courriel à la couleur de ses cheveux.

Au moment de l’affaire Dreyfus, le combat idéologique était violent. On se battait à coups de canne au Quartier latin. Mais deux choses permettaient de se réunir par-delà les clivages et les haines : la patrie et la littérature. Dreyfusards et antisémites se réconcilièrent pendant la Première Guerre mondiale. Le sang des tranchées emporta (pour un temps) leurs désaccords. La droite et la gauche les plus extrêmes pouvaient s’entendre dans une admiration littéraire commune. En témoigne l’amitié que porta Léon Blum à Maurice Barrès ou Drieu la Rochelle à Aragon. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui. Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature.

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

La France, nation de la raison, pays où l’on aime à se battre pour un mot, s’écharper pour un principe, se quereller pour une idée, patrie de l’architecture, c’est-à-dire de l’ordonnancement du monde par la géométrie, et des intellectuels, semblait pourtant encore être une terre à part.

Chacun se replie sur son moi

Cette particularité de la France est peut-être une des raisons qui fait qu’elle a résisté (un peu) à la déferlante woke qui nous vient d’Amérique. Notre vieux fonds catholique, notre amour pour la littérature, une pointe d’ironie voltairienne, constituaient autant d’anticorps à la religiosité et à l’esprit de sérieux constitutifs du progressisme postmoderne. Pourtant, cet esprit français est de plus en plus attaqué. Un vent mauvais souffle sur le jardin à la française. Il tombe en loques sous les assauts de la déconstruction, du relativisme culturel, du culte narcissique du moi, du présentisme qui nous arrachent aux grands piliers civilisationnels du passé.

Est-ce propre à la France ? Non, bien sûr. Dans son livre magnifique L’Âme désarmée (The Closing of the American Mind), publié en 1987, le philosophe américain Allan Bloom explique comment le relativisme a progressivement gagné les mentalités américaines par le biais de l’éducation. Comment, en disqualifiant la culture classique, double héritage de la Grèce et de Rome, jugée discriminante et impérialiste, nous avions en réalité sapé les fondements de la civilisation occidentale. Après la révolte des campus dans les années 1960, la remise en question systématique de l’autorité, l’allègement des programmes et l’introduction de la discrimination positive, Allan Bloom s’inquiétait que l’université, naguère îlot de liberté intellectuelle dans un pays gouverné par l’opinion publique, soit progressivement gagnée par les « problèmes de société » et prône l’égalitarisme plutôt que l’excellence, le relativisme plutôt que la recherche de la vérité, l’« ouverture » aux autres cultures plutôt que l’universalisme de la civilisation. Le professeur analysait brillamment le délabrement intellectuel de ses élèves. « Le tissu délicat de la civilisation, fait de la trame de la chaîne des générations successives, s’est complètement effiloché, et les enfants sont encore élevés, mais ne sont plus éduqués », écrit-il sombrement.

Un autre penseur, venu d’Europe de l’Est, Leszek Kolakowski, a théorisé l’autodestruction de la civilisation occidentale au nom du relativisme culturel. Pour lui, la force de l’Europe est d’être la seule civilisation qui assume sa propre critique. Son universalisme est inquiet, son identité est inachevée, sa destinée est de douter. « Nous n’avons pas le choix entre la perfection totale et l’autodestruction totale : notre destin temporel, c’est le souci sans fin, l’inachèvement sans fin. C’est dans le doute qu’elle entretient sur elle-même que la culture européenne peut trouver son équilibre spirituel et la justification de sa prétention à l’universalité. » Cela n’implique pas de tomber dans le relativisme, bien au contraire : le doute est pour Kolakowski la marque certaine d’une supériorité qu’il faut assumer. Affirmer l’égalité des cultures, des valeurs et des civilisations, revient à trahir l’esprit européen : « L’universalisme culturel se nie s’il est généreux au point de méconnaître la différence entre l’universalisme et l’exclusivisme, entre la tolérance et l’intolérance, entre soi-même et la barbarie ; il se nie, si pour ne pas tomber dans la tentation de la barbarie, il donne aux autres le droit d’être barbares. »

Nous y sommes. Le relativisme est désormais endémique dans notre société. Nos élites en sont pour la plupart convaincues : le bien et la vérité n’existent pas. Jean-François Delfraissy, alors président du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, en avait fait le triste aveu lors d’une interview : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » Ce pourrait être la devise de l’époque. Dans un monde en ruines, la seule valeur encore inculquée est celle du progrès. « Comment peut-on encore penser ainsi en 2023 » est souvent le seul argument de ceux qui considèrent qu’il y a d’un côté les « ouverts », et de l’autre les « fermés ». On fait encore semblant de croire.

Le paradoxe est qu’à mesure que se répand ce relativisme progresse en même temps l’intolérance. À mesure que croît le subjectivisme grandit le sectarisme. Un sectarisme qui n’est plus idéologique mais compassionnel et sentimental. Il n’y a plus de vérité universelle mais « ma » vérité ne saurait être remise en cause sous prétexte de me « blesser ». Celui qui crie le plus fort, qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. Les réseaux sociaux amplifient les désaccords et l’archipellisation intellectuelle d’une société qui ne parvient plus à s’accorder sur une définition du bien commun. Les moralines artificielles, les indignations stériles, les démonstrations de vertu s’exhibent virtuellement à mesure que la décivilisation progresse. Alors même que les dangers les plus graves nous guettent (réchauffement climatique, épuisement des ressources, changement démographique, basculement civilisationnel, hausse de la violence), nous sommes désarmés par la déconstruction pour y faire face.

Retour à Ithaque

Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ? À me lire, beaucoup diront que c’est la seconde étiquette qui me convient le mieux. Mon goût gascon du panache s’en accommode, comme d’un stigmate devenu médaille à force d’avoir été distribué par les imbéciles. Mais un vieux sage m’a dit un jour que la vérité n’était pas le contraire de l’erreur, et qu’à fuir les boussoles indiquant le sud on ne se retrouve pas forcément chez soi.

ChatGPT, qui est plus objectif que bien des journalistes, me définit ainsi : « intellectuelle conservatrice ». « Intellectuelle » : le mot est trop flatteur, ou trop insultant. « Conservatrice » : je prends. Je suis conservatrice car je crois qu’il y a, chevillé au cœur de l’homme, deux postulations contraires. L’idée de croissance, de conquête, de dépassement, d’inventivité sans cesse renouvelée. C’est Icare se brûlant les ailes en voulant s’approcher du Soleil. Et puis l’idée de limite, de prudence, d’enracinement. C’est Ulysse rentrant à Ithaque. Après avoir vécu son moment « Icare », celui d’un progressisme débridé, d’une confiance absolue et aveugle dans la technique et les ressources illimitées du monde, la plasticité et la malléabilité infinie de l’homme, il me semble que l’humanité est en train de vivre un moment « Ulysse ». Toutes les limites que l’homme a voulu abolir sont en train de lui revenir dans la figure : limites énergétiques et économiques – c’est évident avec la crise écologique –, mais aussi limites que sont les frontières avec la crise civilisationnelle de l’immigration et limites biologiques avec la différence des sexes.

Nous vivons un moment charnière de l’histoire occidentale. Sommes-nous sur la pente inexorable du déclin, comme le pensent les deux Michel, Onfray et Houellebecq, ou bien à la croisée des chemins ? Ce livre se veut autant un frein dans la pente qu’une (modeste) lanterne dans le brouillard.

Dans Le Figaro, chaque semaine, j’essaie de décrypter tant bien que mal la vie intellectuelle sous forme de recensions d’essais, d’analyses ou de portraits d’acteurs de la vie des idées. Ce livre en rassemble un florilège. La critique est aisée, mais l’art est difficile, c’est pourquoi j’essaie de doser entre l’éreintement cathartique, la transmission de connaissances, l’admiration et la moquerie, l’éloge et la baffe. J’ai regroupé ces textes en trois grands axes.

Le premier se propose de déconstruire la déconstruction. Féminisme, postcolonialisme, rejet de l’histoire nationale, wokisme, transidentité, j’essaie de décortiquer les assauts conjoints des mouvements postmodernes et de donner aux lecteurs les armes pour y résister intellectuellement.

Le deuxième suggère d’admirer ce qui peut encore l’être. Nous sommes la seule civilisation qui se soit donné comme objectif sa propre déconstruction. Ce qui était notre gloire – l’esprit critique – s’est retourné contre nous dans un hara-kiri aux allures de cirque grotesque. Pourtant, il serait vain de s’enfermer dans la complainte et le ressentiment. De nous flageller de nous être flagellés. Il nous faut encore admirer et sauver ce qui peut l’être. Honorer ceux qui, dans le crépuscule, tiennent encore le flambeau, et le passeront aux suivants. C’est pourquoi j’ai voulu rendre hommage, par quelques portraits, à ces intellectuels ou ces écrivains qui ont su transmettre et nous donnent encore des raisons d’espérer. Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Pierre Manent, Michel Houellebecq figurent dans ces pages comme autant de sentinelles du renouveau.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

On nous a tant inculqué le « préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. Nous avons oublié la dose d’effort, de contraintes, d’ascèse qu’a exigée la construction lente de notre civilisation. C’est pourquoi j’ai voulu saluer, à travers une série d’exercices d’admiration, des figures du passé qui m’ont marquée, et dans lesquelles je puise pour mieux comprendre ce qui nous arrive. Parce que la littérature est le dernier refuge d’extraterritorialité, et demeure au-delà des clivages partisans et des fausses morales.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 7-17.

Source : leslibraires.ca (Extrait à télécharger).

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023


Chapitre 2

Le wokisme ou la dictature des ressentis

Une actrice qui compte « les Noirs dans la salle », des pronoms neutres pour ne pas offenser, un autodafé de bandes dessinées jugées racistes, une pièce de théâtre interdite, une conférence annulée, des portraits d’ancêtres décrochés, des statues déboulonnées, des toilettes transgenres… Il ne se passe plus un jour sans que le militantisme woke fasse l’actualité.

« Privilège blanc », « masculinité toxique », « grossophobie », « intersectionnalité », « hétéronormativité » : leur jargon prétentieux envahit l’espace public. Leurs postures radicales sont tellement fantaisistes qu’on finit par se demander s’il s’agit d’une menace bien consistante ou bien d’une minorité d’activistes sans réel pouvoir. La lecture de l’essai des deux intellectuels américains Helen Pluckrose et James Lindsay Le Triomphe des impostures intellectuelles vient nous démontrer qu’il faut prendre très au sérieux la théorie qui anime ces nouveaux utopistes.

Au départ, il y a la doctrine : le postmodernisme. Pluckrose et Lindsay remontent aux origines de ce mouvement intellectuel né en France dans les années 1960 (et baptisé French Theory aux États-Unis) dont les pères fondateurs furent Michel Foucault, Jacques Derrida et Jean-François Lyotard. Un credo : la déconstruction. Et deux grands principes : le principe postmoderne de connaissance, un scepticisme radical sur la possibilité même d’une connaissance objective (tout est construction sociale, y compris le savoir) ; le principe politique postmoderne selon lequel la société est structurée par des systèmes de pouvoir (le patriarcat, le privilège blanc, etc.).

Pouvoir partout, vérité nulle part. Ce « complot sans comploteurs », pour reprendre la formule de Boudon parlant de Bourdieu, se mue en délire paranoïaque : nos démocraties, loin d’être des sociétés égalitaires où s’est déployé un progrès unique au monde pour les femmes et les minorités, seraient le théâtre d’une oppression.

Pluckrose et Lindsay dégagent quatre grandes thématiques postmodernes : le brouillage des frontières, le pouvoir du langage, le relativisme culturel, la fin de l’individu et de l’universel. À l’université, la théorie, au service de la cause de la justice sociale, se déploie dans divers départements : postcolonialisme, théorie de la race, théorie queer, études de genre, fat studies (« études de corpulence »). Le point commun entre ces domaines d’étude ? Indexer la science sur le militantisme et fonder la recherche sur le nouveau « cogito victimaire » : « Je subis l’oppression, donc je suis… comme sont aussi la domination et l’oppression ».

Le tout enrobé d’un langage délibérément abscons puisqu’il s’agit d’œuvrer dans l’indéfinissable. « Si pendant un certain temps, la ruse du désir est calculable pour les usages de la discipline, bientôt la répétition de la culpabilité […] des autorités fallacieuses et des classifications peut être considérée comme l’effort désespéré de normaliser formellement la perturbation d’un discours de clivage qui viole les prétentions rationnelles et éclairées de la modalité énonciative », écrit ainsi Judith Butler, la papesse du queer. Vous n’avez rien compris ? C’est normal : chez les théoriciens de la justice sociale, le manichéisme simplificateur va de pair avec la sophistication intimidante.

Contrairement à la psychanalyste Élisabeth Roudinesco – qui dans son livre Soi-même comme un roi tentait de disculper la French Theory des dérives identitaires de ses héritiers –, Lindsay et Pluckrose démontrent la continuité entre les grands discours déconstructeurs des années 1960 et les fruits vénéneux du wokisme. Ils comparent les trois phases du postmodernisme à un arbre : le tronc représente la théorie, élaborée dans les années 1960-1970, les branches sont le postmodernisme appliqué (postcolonialisme, études queer, etc.), et les feuilles de l’arbre figurent l’activisme proprement dit de justice sociale et ses méthodes de cancel culture. « Ce qui se passe à l’université ne reste pas cantonné à l’université », remarquent les essayistes américains, qui soulignent que les facultés, gagnées par la théorie, deviennent « outils d’endoctrinement culturel nuisible à nul autre pareil ».

Nos auteurs ne manquent pas de relever les incohérences de la théorie. Ainsi, elle professe un scepticisme absolu sauf en matière d’oppression, conçue comme une réalité objective et irréfutable (Robin DiAngelo, la papesse de la race, écrit ainsi : « la question n’est pas : “Y a-t-il eu du racisme ?” mais plutôt “Comment le racisme s’est manifesté dans cette situation ?” »). Elle brouille les frontières en permanence sauf quand il s’agit de la race. Elle prétend déconstruire tout essentialisme et multiplie les catégories (LGBTIQ). Surtout, point essentiel, on comprend à les lire le paradoxe d’un postmodernisme qui, parti du relativisme le plus radical, arrive au dogmatisme le plus extrême. Parce que justement, s’il n’y a de vérités que subjectives, c’est la dictature des ressentis qui s’installe.

« Le nihilisme s’est fait moralisme », remarquait déjà Allan Bloom en 1987. Lindsay et Pluckrose dédouanent, eux, complètement le libéralisme progressiste des dérives du postmodernisme, et en font même l’antidote. De l’arbre du postmodernisme surgi brutalement dans les années 1960, ils oublient les racines. Pour le conservateur Allan Bloom, il y a au contraire une continuité entre le principe d’ouverture radicale prônée par les démocraties libérales, l’idée progressiste de table rase et le terreau sur lequel s’épanouissent les rêves rageurs de déconstruction. Si l’éthique minimale promue par le libéralisme se veut une promesse de paix, elle échoue dans les faits à maintenir une société ensemble. Il n’y a pas de civilisation composée uniquement d’individus. Une société dont les rapports ne sont organisés que par le marché et le droit, sans traditions ni transmission, est vouée à l’implosion. Le délire woke n’est qu’une hérésie de la religion du progrès.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Le wokisme ou la dictature des ressentis, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 24-28.

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023

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AU SUJET DE L’AUTEURE

Eugénie Bastié

SOURCE : Éditions Plon - Facebook.
SOURCE : Éditions Plon – Facebook.

Eugénie Bastié est grand reporter au Figaro et chroniqueuse sur CNews et Europe 1. Elle a déjà publié trois ouvrages, dont La Guerre des idées (Robert Laffont, 2021).


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langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgEugénie Bastié, née le 18 novembre 1991 à Toulouse, est une journaliste, polémiste et essayiste française.

Elle commence sa carrière sous le parrainage d’Élisabeth Lévy et de Natacha Polony, notamment dans le média d’opinion de droite dure Le Figaro Vox et dans le journal conservateur Causeur. Elle est ensuite engagée comme journaliste au Figaro, et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

Ses positions critiques vis-à-vis du féminisme, des idéaux sociaux, et les polémiques qu’elle alimente sur les réseaux sociaux (notamment Twitter) et à la télévision en font une figure de la droite conservatrice. Perçue dès ses débuts comme un des nouveaux visages de la droite réactionnaire, elle participe à la résurgence médiatique de ces discours, observée depuis la fin des années 2010.

Source : Eugénie Bastié, Wikipédia (lire la suite)


Voir aussi la page dédiée à Eugénie Bastié sur Wikiquote


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Les articles d’Eugénie Bastié sur le site web du quotidien Le Figaro


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon, Paris, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite pas des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.


« allez manger vos morts »

Je n’oublierai jamais l’expression « allez manger vos morts » rapportée par Eugénie Bastié dans LA DICTATURE DES RESSENTIS. Je demeure sous le choc de la violence de cette expression prononcée par une députée, Danièle Obono.

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Les néo-féministes ont la parade pour disqualifier leurs adversaires : vous nous résistez aujourd’hui comme vous résistiez hier à nos mères et nos grands-mères ; la révolution féministe a toujours suscité une opposition du patriarcat, et l’histoire a prouvé que la radicalité est nécessaire pour faire bouger les choses. Si vous n’êtes pas d’accord, « allez manger vos morts », comme dirait la députée Danièle Obono.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Féminisme, la grande fracture, Première partie : Déconstruction, le mal du siècle, Édition Plon, Paris, 2023, p. 69

L’expression « allez manger vos morts » m’était complètement étrangère. Elle m’a estomaqué. Je n’en reviens pas que l’on puisse dire une chose pareille. Je me doutais bien que je ne pouvais la prendre au pied de la lettre mais mon imagination m’a devancé me donnant l’image d’une personne mangeant un cadavre. J’ai donc effectué une recherche pour comprendre le sens réel de cette expression.

La députée La France insoumise a invité ceux qui ont sifflé lors de la manifestation de soutien aux Iraniennes dimanche à « manger vos morts ».

(…)

La forme aura une nouvelle fois éclipsé le fond. L’Insoumise Danièle Obono a dénoncé dans un tweet les personnes qui « instrumentalisent la lutte des femmes en Iran contre l’oppression pour insulter et disqualifier la lutte des femmes en France contre l’oppression », désignant par là les personnes qui ont sifflé lors d’une manifestation de soutien aux Iraniennes. Mais son message aura été laissé de côté, rattrapé par la conclusion de la députée LFI : « mangez vos morts ».

(…)

En effet, « mange tes morts » est à l’origine une expression gitane, et plus précisément, yéniche, une communauté apparentée aux gens du voyage basée dans le nord de la France. Selon le réalisateur Jean-Charles Hue, qui a fréquenté cette communauté, cette expression serait utilisée lorsque quelqu’un renie ses origines ou ses ancêtres. Mais elle peut également être utilisée pour insulter quelqu’un, pour l’éconduire brutalement.

Source : « Mangez vos morts » : d’où vient cette expression utilisée par la députée LFI Danièle Obono ?, TF1 INFO, 3 octobre 2022, consulté le 6 février 2024.

Prononcée et/ou publiée par un député québécois ou canadien, ce dernier serait dans l’obligation de démissionner et demeurerait stigmatisé sa vie durant. À son décès, nos médias le désigneraient comme celui qui a écrit dans un tweet « Allez manger vos morts ». Au Québec, rares sont les gens auxquels nous accordons une deuxième chance. Et c’est sans compter que les Québécois ont une sainte horreur de la chicane. Nos mères le rappelaient sans cesse à leurs enfants : « Ne vous chicanez pas ! » Et c’est sans doute l’une des raisons pour laquelle les Québécois ne sont des fans de débats par peur d’un dérapage jusqu’au manque de savoir vivre, de respect, et surtout par peur qu’il débouche sur une chicane sans pardon.

Dans l’histoire du Québec, nous avons en mémoire les nombreuses divisions (chicanes) entre les familles et même entre les membres d’une famille à l’occasion des deux campagnes référendaires au sujet de l’indépendance du Québec.


« Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. »

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 7-8.

« Ta pensée me fait souffrir » ? Voilà une bien drôle de chose à dire à quelqu’un. Quand la pensée des autres te fait souffrir, il y a là un très grave problème d’intolérance face à la différence d’opinion. Sur les réseaux sociaux, dit-on, les gens se rassemblent suivant le partage et le renforcement des mêmes opinions. « Qui se ressemble s’assemble. »

Quel est l’origine de l’expression « Qui se ressemble s’assemble » ?

L’expression “Qui se ressemble s’assemble” trouve ses racines au Moyen Âge. Elle est issue d’une ancienne maxime latine “Similis simili gaudet” qui se traduit par “Le semblable se plaît avec le semblable”. Cette maxime était utilisée pour souligner l’attrait naturel entre les personnes ayant des traits, des intérêts ou des croyances communs. Au fil des siècles, cette maxime latine a été traduite et adaptée dans différentes langues, dont le français.

Source : Tutorat Pro.


« (…) il n’y a plus de liberté de pensée possible »

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 8.

Interdire à des pensées d’être exprimées de vive voix ou par écrit, par exemple interdire la venue d’un conférencier, controversé ou non, sous prétexte de la portée de ces pensées sur la société ou une groupe particulier de personnes, ne me paraît pas acceptable à moins que les propos enfreignent la loi.

J’ai animé dans les écoles des centaines de conférences devant des milliers d’élèves au sujet de la déformation de l’information dans le cadre de l’éducation aux médias dans les années 1980. Aujourd’hui, la porte d’accès aux jeunes est verrouillée à double tour. N’essayez pas d’entrer dans les écoles québécoises pour informer les jeunes plus avant sur un sujet de l’heure, même s’ils sont concernés au premier chef, si vous n’êtes pas certifié par une agence (de conférenciers) ou cautionné par une instance quelconque ou par les médias. On s’assure de votre conformité et de votre fidélité au modèle du politiquement correct. Autrement dit, on ne veut pas d’un conférencier critiquant les jeunes, leurs professeurs et l’école et ainsi soulever des débats en faveur de la liberté de penser. L’école est formatée et les jeunes ne trouvent plus que les réseaux sociaux pour s’exprimer, pour se donner la liberté de penser (avec les pauvres moyens dont ils disposent à défaut d’un esprit critique acquis de la famille et de l’école).

« C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis (…) »

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 10-11.

Oh ! La, la. Nous ne sommes pas sortie du bois avec cette histoire de « Woke ». Mais cette idéologie n’est pas tombée du ciel du jour au lendemain. Ses origines dépassent largement la nouvelle civilisation numérique. La prédominance de l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je ») remonte au moins jusqu’à mon adolescence dans les années 1970, moment privilégié où l’on prend (peut prendre) conscience du monde dans lequel nous vivons. À cette époque personne ne m’a enseigné les tenants et les aboutissants du fameux « Je pense donc je suis » et les bénéfices du doute mis de l’avant par Descartes. L’école nous plongeait dans les sciences (mathématique, algèbre…) sans aucune formation préalable à l’esprit scientifique. Aucun cours de philosophie lors des cinq années d’études secondaires.

Ce que j’observais, c’est que mes collègues de classe, les étudiants aux niveaux supérieurs et les adultes passaient la plupart de leur temps à se donner raison. Je me disais que ces gens prennent pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent. Ils pouvaient bien s’expliquer pendant des heures, ça revenait au même : ils avaient toujours raison peut importe les objections et les critiques. La force de conviction de ces gens reposait essentiellement sur la force de leurs émotions. Ils témoignaient et ne témoignaient que de ce qu’ils prenaient pour la vérité. Le « Je, me, moi » date de bien avant la civilisation numérique.

Quant à l’image, le journal et la télévision faisaient preuve de tout mais seuls des extraits survivaient, souvent montés en épingle, mésinterprétés, sujets à la force subjective des émotions, et ici encore pour se donner raison.

La vitesse, pour sa part, c’était la télévision. L’assassinat de John F. Kennedy, l’homme sur la lune… Et, croyez-moi, les gens étaient tout aussi pressés qu’aujourd’hui. C’est en constatant ces empressements que j’ai écrit ce poème :

L’Homme de course

La Terre est un champ de course.
Les dieux misent sur les points de vie
À savoir qui trouvera la fin
de ce circuit où la rapidité
ne détermine aucun vainqueur.

L’Homme de course

L’homme a métamorphosé la Terre
en une grande piste de course
sans loi et sans limite.

L’homme de course court
pour rattraper le temps perdu.

Mais il n’aura jamais le temps
de reprendre le temps
qu’il met à la poursuite du temps
déjà perdu.

Et si l’homme de course réussissait
à rejoindre son temps
il mourrait
puisque son temps serait écoulé.

Un conseil ? Prenez votre temps.

Serge-André Guay, 17 ans
Juillet 1975

Eugénie Bastié présente en ces mots le troisième axe (troisième partie) de regroupement des textes de son recueil.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Le chauffeur de l’autobus bondée de passagers répétait ce « avancez en arrière » à chaque arrêt pour entasser davantage d’étudiants en direction du collège. Parfois, les étudiants n’avançaient pas suffisamment en arrière pour faire de la place aux nouveaux passagers. Le chauffeur se levait et se plantait alors devant tous les étudiants et il disait : « Si vous n’avancez pas vers l’arrière, je vous fais descendre de l’autobus ». Les passagers se tassaient encore un peu plus vers l’arrière de l’autobus et le chauffeur reprenait le volant de son autobus. Nous trouvions stupide l’idée d’avancer vers l’arrière, ça nous paraissait contradictoire, illogique. Dans le contexte amené par Eugénie Bastié suivant les dires de Leszek Kolakowski, il nous faut nous référer, pour avancer, revenir au passé, vers ceux qui nous ont précédé.

Eh ! Bien, justement, il y a un problème au Québec avec cette attention à porter à nos prédécesseurs. Dans les année 1960, le Québec s’est pris en main en se libérant, entre autres, du contrôle de la religion sur la vie des Québécois, notamment , sur la politique et sur la moral. Ce fut, ce que nous appelons le plus sérieusement du monde, une « révolution tranquille ». Et pour inscrire ce tournant au plus profond de la société jusque dans l’intimité de chacun, le Québec a jeté le bébé avec l’eau du bain. Les nouvelles autorités de l’instruction publique coupèrent drastiquement avec les 2,500 ans d’histoire de l’Homme. Ainsi, tout ce qui précédait les années 1960 n’était soudainement plus pertinent. Toute la sagesse de l’Homme acquise depuis des temps immémoriaux n’en valait plus la peine. Il fallait tout créer à partir de zéro. Au diable, le programme du cours classique de l’enseignement secondaire et collégial : Éléments latins (8e année), Syntaxe (9e année), Méthode (10e année), Versification (11e année); Rhétorique (12e année), Belles lettres (13e année), Philo I (14e année), Philo II (15e année). Et à la poubelle tous les livres scolaires utilisés jusque-là.

Même l’école élémentaire ne fut plus jamais la même. Désormais, on apprenait en s’amusant. On retrouvait dans ma classe de sixième année avec Mademoiselle Laflamme un écureuil, une tortue, des poissons rouges, de l’équipement vidéo, un théâtre de marionnettes, des affiches éducatives, tout pour les arts plastiques… Bref, la classe était devenue, du jours au lendemain, un terrain de jeux. Et terminées les leçons apprises par cœur. On improvisait. On disait tout dans nos propres mots.

Évidemment, on apprenait toujours à lire, à écrire et à compter mais les jeux grugeaient beaucoup de temps à l’enseignante sur l’essentiel.

Quand mes parents m’ont demandé quelle école je voulais fréquenter pour mes études secondaires, j’ai simplement répondu : « Là où il y a le moins d’étudiants possible ». Toute cette agitation de mes confrères et consœurs de classe dans ce qui était devenue « l’école active » m’énervait au plus haut point. Le choix fut facile : le collège privée dirigé par des prêtres avec 300 élèves plutôt que la polyvalente avec 1,000 élèves. Mais même le collège privé devait se soumettre à la Révolution tranquille et adopter les nouveaux cursus scolaires.

Mais, surprise ! Dans la trentaine, au cours des années 1990, je découvre un premier trésor de l’enseignement classique des années 1950, avant la Révolution tranquille. Je mets la main sur les manuels scolaires « Leçons de logique » et « Stylistique française », fruits ultimes de la connaissance accumulée depuis plus de 2,000 ans. Depuis ce temps, j’avance vers l’arrière.


« On nous a inculqué le préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. (…) »

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Hippolyte Taine sur Wikipédia


Mes attentes inspirées du litre de ce livre, LA DICTATURE DES RESSENTIS, étaient très élevées. Elle ne furent pas toutes satisfaites. À première vue, j’espérais être surpris tout autant que lors de ma lecture du livre Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies.

Le titre « LA DICTATURE DES RESSENTIS » se réfère directement à un seul chapitre du même titre dans le livre.

Peu familier avec le vie intellectuelle et l’actualité française, j’ai sans doute passé à côté de beaucoup de choses.

Il vous revient maintenant de découvrir LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIÉ auquel j’accorde cinq étoiles sur cinq.


5-etoiles

J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

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Article # 77

J’AI LU POUR VOUS

Problèmes de philosophie

Bertrand Russell

Nouvelle traduction

Éditions Payot

Collection Bibliothèque philosophique Payot

Paris, 1989

François Rivenc (Préfacier)

François Rivenc (Traducteur)

ISBN : 978-2-228-88172-2
EAN: 9782228881722
Nombre de Pages : 194
Achevé d’imprimer 2020

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Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

Problèmes de philosophie (1912) marque un tournant dans l’histoire philosophique de la logique moderne. Ce livre offre aussi, par le souci constant qu’il manifeste d’éviter les questions trop techniques ; par le rappel des grandes conceptions classiques que Bertrand Russell passe en revue afin de mieux situer sa démarche ; par la clarté, enfin, avec laquelle il pose les grands problèmes de la théorie de la connaissance et en parcourt le domaine — une excellente introduction à toute une part de la philosophie contemporaine.

Source : Payot & Rivages.


Note : Ce livre de Bertrand Russell est disponible gratuitement dans sa langue originale de publication (anglais) (1912).


TABLE DES MATIÈRES

Introduction de François Rivenc

Avant-propos

  • Apparence et réalité
  • L’existence de la matière
  • La nature de la matière
  • Idéalisme
  • Connaissance par accointance et connaissance par description
  • Sur l’induction
  • Sur notre connaissance des principes généraux
  • Comment une connaissance a priori est-elle possible
  • Le monde des universaux
  • Sur la connaissance intuitive
  • Vérité et erreur
  • Connaissance, erreur et opinion probable
  • Les limites de la connaissance philosophique
  • La valeur de la philosophie

Note bibliographique

Appendice : Introduction à la traduction allemande


EXTRAITS

Avant-Propos

Dans les pages suivantes je me suis limité pour l’essentiel aux problèmes de la philosophie à propos desquels j’ai cru possible de dire des choses positives et constructives, car une critique seulement négative eût été, me semble-t-il, hors de propos. Pour cette raison, la théorie de la connaissance occupe une place plus grande dans cet ouvrage que la métaphysique, et certains thèmes abondamment discutés par les philosophes sont traités brièvement, ou pas du tout.

J’ai trouvé une aide précieuse dans les travaux inédits de G.E. Moore et J.M. Keynes : en ce qui concerne les relations des sense-data aux objets physique pour le premier, la probabilité et l’induction pour le second. Je suis aussi grandement redevable au Professeur Gilbert Murray pour ses critiques et ses suggestions.

1912

Note de la dix-septième édition :

Concernant certaines affirmations aux pages 66, 97, 154 et 155, il faut remarquer que ce livre a été écrit dans la première moitié de l’année 1912, alors que la Chine était encore un Empire et que le nom du dernier Premier ministre commençait par la lettre B.

1943

SOURCE : RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Éditions Payot, Paris, 1989.


Bertrand Russell. Problèmes de philosophie. (1912) Payot (1989), p. 180.181.

« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier: prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais […] à peine commençons-nous à philosopher que même les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir: mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu.

 Mais à côté de cette fonction d’ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur – et peut-être est-ce là sa valeur la plus haute – de la grandeur des objets qu’elle contemple, et de la libération à l’égard de la sphère étroite des buts individuels que cette contemplation induit ».

Bertrand Russell. Problèmes de philosophie. (1912) Payot (1989), p. 180.181.


Autres extraits – Autre traduction de l’original de 1912

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Wikisource – La bibliothèque libre

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Bertrand Russel sur le Project Gutenberg

37 citations de Bertrand Russell sur ABC-CITATIONS


À lire aussi sur le web au sujet de ce livre

Russell. La valeur de la philosophie – Par Gabriel Gay-Para.

Russell : problèmes de philosophie (1912) – Abrégé résumé par César Valentine –

La valeur de la philosophie. Bertrand Russell. Publié Par Simone MANON Sur 2 octobre 2008 @ 6 h 21 min Dans Chapitre I – La philosophie.,Explication de texte,Textes

Russell, Problèmes de philosophie: Valeur de la philosophie – Corrigé complet fait par l’élève. Note obtenue : 16. Dernière mise à jour : 12/09/2021 • Proposé par: Audrey Guintrand (élève)


Lire d’autres extraits en ligne


AU SUJET DE L’AUTEUR

Bertrand Russell en novembre 1957. Source : Wikipédia.
Bertrand Russell, 28 novembre 1957. Source : Wikipédia.

Bertrand Russell

(1872-1970)

« Bertrand Russell (1872-1970), mathématicien et philosophe, prix Nobel de littérature en 1950, chef de file de la philosophie analytique, est considéré comme le fondateur de la logique mathématique moderne. Il est l’auteur de plusieurs livres aux Éditions Payot, dont Analyse de l’esprit, La Méthode scientifique en philosophie, ou encore La Conquête du bonheur. »

SOURCE : RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Éditions Payot, Paris, 1989.


Russell et la Philosophie par Anne-Françoise Schmid (1)

Bertrand Russell : ce qu’est la philosophie – Apprendre la philosophie

Russell, logique et réalité par François Brooks

Fabien Schang, « Les attitudes russelliennes », Cahiers de philosophie de l’université de Caen [En ligne], 54 | 2017, mis en ligne le 01 février 2019, consulté le 25 janvier 2024. URL : http://journals.openedition.org/cpuc/328 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cpuc.328

Bertrand Russell : pour une philosophie de l’action en temps de guerre par Andrea Mercier, Centre canadien d’études allemandes et européennes, Université de Montréal, Canada

Bertrand Russell et Harold Joachim par Nicholas Griffin, Université McMaster


Bertrand Russell sur le site web de la Bibliothèque nationale de France

Bertrand Russell sur Encyclopædia Universalis 

Bertrand Russell sur Wikipédia

Bertrand Russell sur Wikisource

Bertrand Russell sur Wikiquote

Bertrand Russell sur le site web des Prix Nobel

Biographie de Bertrand Russell > Bertrand Russell (18 mai 1872 [Trelleck, Pays de Galles] – 2 février 1970 [Penrhyndeudraeth, Pays de Galles])

Bertrand Russell, ÉLOGE DE L’OISIVETÉ. (1932) – Les classiques des sciences sociales – Livre à télécharger gratuitement

Bertrand Russell, L’art de philosopher, trad. de l’anglais par Michel Parmentier, Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. «Zêtêsis», 2005, 95 pages.

Bertrand Russell, l’œuvre d’une vie – 4 épisodes – Les Chemins de la philosophie, France Culture


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Problème de philosophie

Bretrand Russell

Éditions Payot
Paris, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

J’ai lu pour vous la réédition de 1989 chez Payot («Cet ouvrage est une nouvelle traduction du texte de Bertrand Russell dont les Éditions Payot avait publié la première version française de S. M. Guillemin»). Cette réédition propose une «Introduction et traduction de l’anglais par François Rivenc».

J’ai passé assez rapidement sur cet introduction en raison de l’érudition qu’elle exige du lecteur. François Rivenc nous fait part des enjeux qu’il a relevé dans la traduction du texte de cette œuvre de Bertrand Russell. Il tente aussi de situer PROBLÈME DE PHILOSOPHIE dans l’histoire de la philosophie. Le style et l’approche de François Rivenc est tout à l’opposée du texte de BERTRAND RUSSELL, beaucoup plus compréhensible. Truffée d’exemples concrets, le texte de Bertrand Russell retient vite notre attention.

I – Apparence et réalité

L’objet de nos perceptions sensorielles existe-t-il vraiment et est-ce que nos perceptions sont la seule réalité de l’objet que nous percevons ? Bref, est-ce que tout se passe dans notre tête et, si c’est le cas, la table que nous voyons existe-t-elle réellement ?

Quelques termes simples, au sens défini et clair, nous aiderons à traiter ces questions. Appelons «sense-data» ces choses immédiatement connues dans la sensation : couleurs, sons, odeurs, les différentes duretés, rugosités, etc. Et appelons «sensations» l’expérience d’être immédiatement conscient de ces choses. Ainsi, voir une couleur, c’est avoir la sensation de la couleur, mais la couleur elle-même est un sense-datum, pas une sensation. La couleur est ce dont nous avons immédiatement conscience, et cette conscience elle-même est la sensation. Il est évident que toute connaissance de la table passe par sense-date – la couleur brune, la forme rectangulaire, l’aspect lisse, etc. –, que nous associons à la table; mais, pour des raisons déjà invoquées, nous ne pouvons pas dire que la table est l’ensemble des sense-date, ni même que les sens-date sont des propriété appartenant directement à la table. Ainsi surgit la question de la relation entre les sense-date et la table réelle, à supposer qu’elle existe.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre I – Apparence et réalité, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 33-34.

Je comprend qu’il ne faut pas prendre ce que nous percevons par nos sens pour la réalité elle-même de l’objet ainsi perçu. Ainsi Bertrand Russell se demande si la table existe réellement. Ce que nous connaissons, ce sont les sensations que nous procurent nos sens. Nous sommes certains de percevoir une couleur mais de la couleur elle-même nous ne connaissons rien.

Auparavant, revenons un instant sur ce que nous avons découvert. Nous avons vu qu’étant donné un objet ordinaire quelconque, du genre de ceux qu’on suppose être connus par les sens, nous sens ne nous apprennent pas immédiatement la vérité sur l’objet en soi, mais seulement la vérité sur des sense-data qui dépendent, à ce qu’il semble, des relations entre nous et l’objet. Ainsi ce que nous voyons et ressentons est une simple « apparence », dont nous pensons qu’elle est le signe d’une « réalité » cachée derrière elle. Mais si la réalité n’est pas ce qui apparaît, avons-nous un moyen de savoir s’il y a bien une réalité ? Et si oui, de nous en faire une image ?

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre I – Apparence et réalité, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 37.

II – L’existence de la matière

Bertrand Russell se réfère à Descartes et au doute systématique dans le chapitre suivant, L’existence de la matière. Il l’introduit en ces mots :

La question de ce chapitre est de savoir s’il existe une chose telle que la matière, en quelque sens que ce soit. Y a-t-il une table doutée d’une nature propre, qui continue d’exister quand je ne la regarde pas, ou bien n’est-elle qu’un produit de mon imagination, un rêve de table dans un durable songe ? (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre II – L’existence de la matière, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 39.

Descartes, explique Russell, a montré que «la subjectivité est ce qu’il y a de plus certain».

Descartes, le fondateur de la philosophie moderne, a inventé une méthode qu’on peut encore utiliser avec profit — le doute méthodique. Il décida de ne rien croire qu’il ne concevait pas clairement et distinctement être vrai. Tout ce qu’il pouvait mettre en doute, il le rejetterait jusqu’à ce qui perçoive une raison de cesser de douter. En appliquant cette méthode, il acquit progressivement que la seule existence dont il pouvait être absolument certain était la sienne propre. Il imagine alors un mauvais génie trompeur qui présente à ses sens des choses sans réalité en une perpétuelle illusion et tromperie; l’existence de ce malin génie est peut-être improbable; encore est-il qu’elle est possible, et donc on peut douter des choses perçues par les sens.

(…)

(…) Ainsi sa propre existence était une certitude absolue pour lui : «Je pense, écrit-il, donc je suis » (Cogito, ergo sum); et sur le fondement de cette certitude il entreprend de reconstruire l’univers de la connaissance ruiné par l’opération du doute. En inventant le doute méthodique, et en montrant que la subjectivité est ce qu’il y a de plus certain, Descartes rendit une grand service à la philosophie, de sorte qu’aujourd’hui encore son enseignement est profitable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre II – L’existence de la matière, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 40.


«Est subjectif ce qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul (synonyme : individuel) ; ou encore ce qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit» (superprof, L’opposition entre être objectif ou subjectif).


III – La nature de la matière

Je comprend qu’on ne peut pas déterminer la nature de la matière de l’objet que nous percevons sur la base de ces perceptions.

IV – L’idéalisme

Le mot « idéalisme » a, selon les philosophes, des acceptions quelque pu différentes. Nous le prendrons au sen de la doctrine pour laquelle tout ce qui existe, ou du moins tout ce dont nous pouvons connaître l’existence, doit être d’une façon ou d’une autre de nature mentale. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 59.

Parlant du philosophe George Berkeley, Bertrand Russell écrit :

Les raison en faveur de l’idéalisme sont généralement dérivées de la théorie de la connaissance. La première tentative sérieuse pour asseoir l’idéalisme sur ces fondements fut celle de Berkeley. Il utilise d’abord des argument en grande partie valides pour prouver que nos sense-date ne peuvent avoir une existe3nce indépendante de nous, maus doivent au contraire être au moins pour une part «dans» l’esprit, au sens où ils n’existeraient pas sans la vie, l’ouï, ne les autres sens. Et jusqu’ici sa thèse sinon tous les arguments utilisés, est à peu près incontestable. Mais il va plus loin et s’efforce de montrer que les sens-data sont les seules réalités dont nos perceptions nous assurent, qu’être connu c’est être «dans» l’esprit  et donc mental. D’où il conclut que rien ne peut être connu sauf à être dans un esprit, et que ce qui est connu mais n’est pas dans mon esprit doit résider dans un autre.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 60.

(…) Si bien qu’il n’y a dans le monde que des esprits avec leurs idées, et que rien d’autre n’est connaissable puisque seule une idée peut être connue.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 61.

C’est fou cette doctrine de l’idéalisme. Seul l’idée que j’ai de la réalité est réelle et ainsi tout ce qui est réel est dans ma tête. Je pense à toi, mais tu n’es pas dans ma tête. Quand le pense à toi, c’est l’idée de toi qui est dans ma tête. Et tu existe indépendamment de l’idée que j’ai de toi.

Cette distinction entre l’acte et l’objet dans le phénomène de l’appréhension est d’une importance majeure, puisque c’est toute notre faculté de connaître qui lui est liée. La capacité d’avoir l’expérience directe de ce qui n’est pas lui, de ce qui est autre, est la principale caractéristique de l’esprit. L’expérience directe d’un objet est dans son essence une relation entre l’esprit et quelque chose de différent; et c’est en cela que réside la faculté qu’a l’esprit de connaître. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, Chapitre IV – L’idéalisme, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 64.

V – Connaissance par expérience directe et connaissance par description

Nous venons de voir dans le chapitre précédent qu’il y a deux sortes de connaissances : celle des choses, et celle des vérités. Ce chapitre sera exclusivement consacré à la connaissance des choses, que nous devons à nouveau diviser en deux genres. La connaissance des choses, quand elle est du genre que nous nommerons connaissance par expérience directe. est essentiellement plus simples que la connaissance des vérité, et logiquement indépendante d’elle, bien qu’il soit téméraire de prétendre qu’un être humain puisse jamais avoir une expérience d’une chose sans du même coup connaître quelque vérité à son sujet. La connaissance des choses par description, au contraire, présuppose toujours la connaissance de certaines vérités à titre d’origine ou de fondement : nous le verrons en cours de route.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, V – Connaissance par expérience directe et connaissance par description, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 69.

Bertrand Russell nous introduit à l’expérience directe par la mémoire, à l’expérience directe dans l’introspection, de l’expérience directe des universaux.

VI – Sur l’induction

Ce principe peut être appelé le principe d’induction, et ses deux m0ments peuvent s’énoncer ainsi :

a) Si on a découvert qu’une certaine chose A est associée avec une autre chose B, et si on ne l’a jamais trouvée en l’absence de B, plus est le nombre de cas où A et B ont été associés dans une situation où l’on sait que l’un des deux est présent.

b) Sous les même conditions, un nombre suffisant de cas d’association fera que la probabilité d’une nouvelle association tende vers la certitude, et s’en approchera au-delà de toute limite assignable.

Sous cette forme, le principe s’applique seulement à la confirmation de notre prévision d’un seul nouveau cas. (…)

(…)

(…) Les deux moments du principe peuvent donc être reformulés en terme de loi générale ainsi :

a) Plus grand est le nombre de cas où une chose du genre A a été trouvée associée à une chose du genre B, plus grande est la probabilité que A soit toujours associé à B (à condition qu’il n’y ait aucun cas connu d’absence d’association).

b) Sous les même conditions, un nombre suffisant de cas d’association fera que la probabilité que A soit toujours associe à B tende vers la certitude, la loi générale s’approchant alors de la certitude au-delà de toute limite assignable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VI – Sur l’induction, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 89-90.

VII – Notre connaissance des principes généraux

Dans ce chapitre Bertrand Russell répond à la question : « Comment parvenons-nous à la connaissance des principes généraux ? »

La connaissance a priori n’est pas seulement de nature logique, domaine que nous venons de mentionner. Peut-être la connaissance des valeurs éthiques est-elle l’exemple le plus important d’une connaissance a priori qui ne soit pas de nature logique. Je ne parle pas ici des jugements d’utilité ou de convenance, car ces jugements requièrent des prémices empiriques, mais des jugements concernant la valeur intrinsèque des choses. Un chose est utile dans la mesure où elle permet la réalisation d’une fin; si nous avons poursuivi l’analyse assez loin, cette doit avoir de la valeur en elle-même, et non seulement à titre de moyens en vue d’une autre fin. Tous les jugements d’utilité sont ainsi suspendus à des jugements de valeur en soi.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VII – Notre connaissance des principes généraux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 98.

VIII – Comment une connaissance a priori est-elle possible ?

(…) De nombreux philosophes, à la suite de Kant, ont soutenu que les relations sont l’œuvre de l’esprit : en elles-mêmes les choses n,entretiennent aucune relation, mais l’esprit, les rapportant l’une à l’autre par un acte de la pensée, engendrerait les rapports qu’il affirme entre les choses.

Or cette thèse prête le flanc aux même objections que la théorie kantienne. Il est évident que ce n’est pas la pensée qui est responsable de la vérité de la proposition « Je suis dans ma chambre ». Il est peut-être vrai qu’un perce-oreille est dans ma chambre, alors même qui ni moi ni l’insecte ni personne n’est au courant de cette vérité; cette vérité se rapporte uniquement à l’insecte et à la pièce, et ne dépend de rien d’autre. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, VIII – Comment une connaissance a priori est-elle possible ?, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 112.

IX – Le monde des universaux

Le mot « idée » s’est chargé avec le temps d’associations nombreuses et qui peuvent égarer sur le sens proprement platonicien du mot. Nous parerons donc d’«universel» plutôt que d’«idée» pour décrire ce que Platon a en vue.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, IX – Le monde des universaux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 117.

X – Notre connaissance des universaux

(…) Toute connaissance a priori concerne exclusivement les relations entre universaux. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, X – Notre connaissance des universaux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 127.

XI – La connaissance intuitive

Le sentiment général est que toutes nos croyances doivent pourvoir être prouvées, ou qu’on doit pouvoir du moins établir leur grande probabilité. Et c’est une opinion répandue qu’une croyance dont on ne peut rendre raison est irrationnelle. C’est là un point de correct pour l’essentiel. Presque toutes nos croyances familières sont inférées, ou susceptibles de l’être, à partir d’autres croyances qu’on peut considérer comme leurs fondements. En règle général, nous avons oublié, ou n’avons jamais su clairement, pour quelles raisons nous les tenons pour vraies. Qui d’entre nous se demande, par exemple, pourquoi il y a lieu de croire que la nourriture que nous allons absorber ne nous empoisonnera pas tout d’un coup ? Mais nous sentons bien que si l’on nous mettait au défi, nous pourrions invoquer une raison parfaitement correcte, même si nous ne l’avons pas sous la main. Et d’ordinaire nous avons raison de penser ainsi.

Mais imaginons (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XI – La connaissance intuitive, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 135.

XII – Le vrai et le faux

Selon nos trois réquisits, la théorie de la vérité que nous cherchons doit : (1) faire sa place à la possibilité du faux en tant qu’opposé du vrai; (2) faire de la vérité une propriété de la croyance, mais ; (3) une propriété qui dépende entièrement des relations entre la croyance et quelque chose d’extérieur.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XII – Le vrai et le faux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 147.

On remarquera que ce n’est pas l’esprit qui crée le vrai ou le faux. L’esprit crée la croyance, mais une fois qu’elle est là, ce n’est pas l’esprit qui la rend vraie ou fausse, exception faite des cas où elle porte sur des événements futurs qu’il est dans le pouvoir de l’individu de réaliser, prendre un train par exemple, C’est le fait qui rend la croyance vraie, et ce fait (sauf exception) ne présuppose pas l’esprit de la personne qui est le sujet de la croyance.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XII – Le vrai et le faux, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 153.

XIII – La connaissance, l’erreur, l’opinion probable

(…) Là où notre croyance est ferme, si de plus elle est vraie, nous parlons de connaissance, à condition qu’il s’agisse de connaissance intuitive dont elle s’ensuit logiquement. Là où notre croyance est ferme, mais fausse, nous parlons d’erreur. Là où notre croyance est ferme, mais où nous ne pouvons parler ni de connaissance ni d’erreur; et là aussi où notre croyance est hésitante parce qu’il lui manque le plus haut degré d’évidence, où parce qu’elle est dérivée d’autre chose auquel ce plus haut degré manque pareillement, nous pouvons parler d’opinion probable. De sorte que la plus grande ce qui se passe ordinairement pour de la connaissance est en fait une forme ou une autre d’opinion probable.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XIII – La connaissance, l’erreur, l’opinion probable, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 163.

XIV – Les limites de la connaissance philosophique

Si tout ce qui précède est vrai, la connaissance philosophique ne diffère pas essentiellement de la connaissance scientifique; il n’y a de source tout à fait spéciale d’un savoir supérieur qui serait accessible à la philosophie sans l’être à la science; et les résultats que peut obtenir la philosophie ne sont pas non plus radicalement de ceux que peut apporter la science. La caractéristique essentielle de la philosophie, ce qui fait d’elle un savoir différent de la science, c’est sa dimension critique. La philosophie mène un examen critique des principes à l’œuvre dans les sciences comme dans la vie quotidienne; elle traque les éventuels incohérences de ce principes, et ne les accepte que lorsque leur analyse critique a montré que nous n’avons pas de raison de les rejeter. (…)

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XIV – Les limites de la connaissance philosophique, Éditions Payots, Paris, 1989, p. 173.

XV – La valeur de la philosophie

En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu.

RUSSELL, Bertrand, Problèmes de philosophie, XV – La valeur de la philosophie, Éditions Payots, Paris, 1989, pp. 180-181.

Ma lecture de cette citation m’a inspiré un premier article dans notre dossier : Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell.

Puis, je me suis procuré le livre d’où provenait cette citation et objet du présent article.

J’interprète cette citation comme un éloge au doute, celui qui, comme une faille dans le mur d’une pièce fermée, qui laisse enfin entrer la lumière. Les personnes familières avec les articles de ce dossier savent bien que je répète sans cesse que « La lumière entre par les failles ». Le questionnement philosophique représente, selon moi, la pioche qui permet de fissurer le mur et d’ouvrir une faille qui laisse entrer la lumière. Évidement, sil y a longtemps que la personne dans la pièce vit dans le noir, cette lumière l’aveuglera et elle sera ainsi portée instinctivement à colmater rapidement la faille. Si une personne se donne raison constamment pour une raison ou pour une autre, elle vit dans cette pièce sans aucune lumière; elle vit dans le noir. Nous sommes à l’opposée de la Caverne de Platon qui laisse entrer la lumière, les personnes présentent, dos à la porte de la caverne, voit leurs ombres sur le mur du fond de la caverne en les prenant pour la réalité, et dont le regard est détourné du fond de la caverne pour voir la porte et se diriger hors de la caverne pour voir la réalité vraie. La pièce sans lumière aucune laisse la personne qui l’habite dans une situation encore plus grave que celles dans la Caverne de Platon. Il n’y a aucune illusion de la réalité, aucune ombre sur le fond de la caverne et aucune porte ou fenêtres visibles, dans la pièce sans lumière. Il ne reste plus qu’à cette personne dans le pièce sans lumière à se donner raison sur la seule base de ses souvenirs au temps où vivait en contact avec la réalité, pour autant qu’elle ait de tels souvenirs. À défaut de souvenirs, la personne dans la pièce sans lumière peut compter sur son imagination pour se donner raison. Ainsi, cette personne, assise dans le noir, croit que son confort repose essentiellement sur le fait d’avoir raison. Seule une faille laissant pénétrer la lumière peut libérer cette personne.


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J’accorde au livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE de BERTRAND RUSSELL cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

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Article # 75

J’AI LU POUR VOUS

Les théories de la connaissance

Jean-Michel Besnier

Que sais-je?

Presses universitaires de France

Quatrième édition

Paris, 10 février 2021

EAN : 9782715406032
ISBN : 9782715406032 (2715406037)
Nombre de Pages : 128

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Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

Élaborer une théorie de la connaissance, c’est s’attacher à démonter les mécanismes producteurs du savoir, identifier les présupposés théoriques et les implications métaphysiques qui en règlent l’exercice. C’est aussi interroger les dimensions métaphysiques et éthiques que révèle tout acte de connaître.

Jean-Michel Besnier nous présente et nous explique les modèles épistémologiques qui rendent compte de l’acquisition des connaissances. Il situe l’apport contemporain des sciences cognitives dans le sillage des conceptions philosophiques traditionnelles.


SOMMAIRE

Avant-propos

Première partie – Connaître la connaissance

Chapitre premier – Antécédents philosophiques

I. – Assumer la rupture

II. – Docte ignorance

III. – Connaître n’est pas sentir

Chapitre II – Anatomie des théories

I. – L’esprit n’est-il qu’un seau ?

II. – Empirisme et rationalisme

III. – Déduction et induction

Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science

I. – Hume : connaître, c’est croire

II. – Kant : connaître, c’est construire

III. – Le critère de l’« expérience possible »

IV. – Au risque de la réfutation

V. – Popper, Einstein et l’amibe

VI. – Contre le « théâtre cartésien »

Seconde partie – Métaphysique de la connaissance

Affirmer des raisons de croire

Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition

I. – Connaître, c’est « computer »

II. – Connaître, c’est connecter

III. – Connaître par sélection naturelle

IV. – Connaître, c’est faire émerger

V. – Connaître, c’est déléguer à l’intelligence artificielle

Chapitre II – Recherche et religiosité

I. – La question du sens

II. – Einstein avec Schopenhauer

III. – Connaître, c’est réduire à l’unité

Conclusion

Glossaire

Bibliographie


EXTRAITS

Avant-Propos

« Pour forger, il faut un marteau, et pour avoir un marteau, il faut le fabriquer. Ce pourquoi on a besoin d’un autre marteau […]. » Spinoza voulait réformer l’entendement*1 « pour qu’il comprenne les choses facilement, sans erreur et le mieux possible », mais il ne croyait pas dans les vertus d’une théorie de la connaissance se présentant comme l’inventaire raisonné des instruments nécessaires pour connaître. La bonne méthode consistait, pour lui, en une autoréflexion de la connaissance en acte : comme on prouve le mouvement en marchant, on édifie la science en connaissant (en forgeant progressivement ses outils) et non pas parce qu’on applique des méthodes qui supposeraient la connaissance déjà acquise.

Soucieuse d’éviter la recherche à l’infini des moyens de connaître, l’argumentation de Spinoza n’a cependant pas empêché que la connaissance soit apparue comme un problème exigeant des théories. Aujourd’hui, de nombreux philosophes et hommes de science considèrent même comme étant de première urgence la tâche d’élaborer « une connaissance de la connaissance ». Leurs raisons méritent d’être brièvement examinées.

Le mobile le plus immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de conscience accrue de nos ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien nous ignorons. Personne ne croit plus, comme lord Kelvin au XIXe siècle, à l’achèvement prochain des sciences physiques, et l’on tend même à se résigner à ce que nous demeurent voilées les 10-43 premières secondes de l’univers. S’efforcer de comprendre pourquoi nous nous trompons, pourquoi nous errons, pourquoi nos connaissances semblent ainsi affectées d’une indélébile « tache aveugle » : telle est l’ambition initiale des théories de la connaissance, contemporaines des grandes découvertes scientifiques.

Ignorance n’est pas innocence, et les hommes de science le savent bien. Les tiendrait-on, autrement, pour responsables des désordres que les applications de leurs travaux peuvent provoquer ? L’accusation qu’on leur porte d’être des « apprentis sorciers » traduit la conviction populaire qu’un savoir vrai et entier apporterait le bien tandis que leur demi-science serait grosse de tous les dégâts. En ce début de XXIe siècle, la réflexion sur les mécanismes qui engendrent les connaissances prend parfois la forme d’une autocritique : comment la science a-t-elle pu se rendre complice de tant d’horreurs ? Le XVIIIe siècle en espérait Lumières et Liberté, le XXe siècle a appris à la redouter comme l’agent des catastrophes les plus irréparables. Il y a de ce fait, dans le projet de connaître la connaissance, l’ambition de maîtriser la perversion toujours envisageable des instruments du progrès technoscientifique, le désir de restaurer la confiance du citoyen qui attend de la démocratie qu’elle conjugue et pondère l’un par l’autre le savoir et le pouvoir.

C’est d’ailleurs sur le front de l’éthique et de la politique que certains hommes de science – comme Jacques Monod – n’hésitent pas à justifier leur intérêt pour le questionnement épistémologique : mettre en lumière les ressorts de la découverte scientifique, évaluer les moyens conceptuels à l’œuvre pour constituer l’objectivité et interroger les modes d’organisation de la communauté des savants, n’est-ce pas militer pour les idéaux du siècle des Lumières : la Raison et le progrès moral ? Bien comprise, l’objectivité scientifique décrit et consacre l’intersubjectivité des hommes de science. Dans cette perspective, la théorisation de l’acte de connaître débouche sur l’éthique de la connaissance et sur le rêve d’une humanité délivrée des frayeurs qu’entretiennent les obscurantismes de toute sorte. À l’heure où l’on déplore volontiers la perte des repères symboliques et le triomphe d’un scepticisme généralisé, il paraît donc urgent de soutenir l’action des « travailleurs de la preuve », comme les nommait Gaston Bachelard, et de justifier leur vocation à la vérité.

Si la caution du philosophe ne suffit pas, on ira chercher celle de l’économiste qui sait de quel poids la connaissance pèse désormais dans la balance des « nouveaux pouvoirs ». Le scénario des prospectivistes ne manque jamais de souligner que les savoirs seront au XXIe siècle l’une des sources essentielles de richesses. Au premier rang d’entre eux, Alvin Toffler va jusqu’à prédire la prochaine dématérialisation du capital et sa transformation en « symboles qui ne représentent eux-mêmes que d’autres symboles, enclos dans les mémoires et la pensée des hommes – ou des ordinateurs2 ». Le travail de la terre et les machines industrielles seraient ainsi en passe de céder la place au savoir comme ressource économique dominante. Dans le droit-fil de la révolution informatique, le triomphe de l’« immatériel » annoncerait que le pouvoir appartiendra à celui qui sait manipuler les symboles, maîtriser les sources d’information, gérer et exploiter les connaissances.

Voilà peut-être la raison ultime qui rend légitime l’intérêt accru pour les théories cognitives, les méthodes d’apprentissage, la logique floue*, la neurobiologie et les recherches sur la construction des savoirs. S’il ne s’exprime pas en philosophe, A. Toffler n’en réclame pas moins les efforts des théoriciens de la connaissance : « Le savoir est encore plus mal réparti que les armes et la richesse. Il en résulte qu’une redistribution du savoir (et surtout du savoir sur le savoir) est plus importante encore qu’une redistribution des autres ressources, qu’elle peut d’ailleurs engendrer3. »

S’attacher à démonter les mécanismes de la connaissance, à identifier ses présupposés théoriques et à exprimer ses implications philosophiques : qui dira que cette entreprise est vaine si elle concourt à prévenir l’erreur, à maîtriser les conséquences des progrès technoscientifiques, à élucider les conditions d’une morale laïque et finalement à accueillir les promesses du futur ?

Dans une large mesure, la sagesse de l’homme de ce début de siècle est solidaire de sa volonté d’interroger les sources et les voies de la connaissance. La Renaissance avait éprouvé cette solidarité d’où étaient issues les grandes figures de l’humanisme.

1. La première occurrence d’un mot défini dans le glossaire est suivie d’un astérisque (*).
2. Alvin Toffler, Les Nouveaux Pouvoirs. Savoir, richesse et violence à la veille du XXIe siècle, Paris, Fayard, 1991.
3. Ibid.

Source : BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Coll. Que sais-je ? Presses universitaires de France, quatrième édition, Paris, 2021, pp. 7-9.


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AU SUJET DE L’AUTEUR

Jean-Michel Besnier

Jean-Michel Besnier, né le 5 avril 1950 à Caen, est un philosophe français.

Professeur émérite de philosophie à Sorbonne Université.

Professeur de philosophie à Paris IV – Sorbonne (chaire de Philosophie des technologies d’information et de communication) où il dirige le DESS « Conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées«. Il est également membre du CNRS.


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JEAN-MICHEL BESNIER est professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), où il a créé et dirigé le Master « conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées » de 2001 à 2013, avant de prendre la direction de l’Equipe de recherche « Rationalités contemporaines ». Il est également responsable scientifique du Pôle de recherche « Santé connectée, Homme augmenté » à l’Institut des sciences de la communication du CNRS. Il est membre du conseil scientifique de l’IHEST, du Directoire du MURS (Mouvement universel pour la responsabilité scientifique) et de la commission Littérature scientifique et technique du CNL. Ses enseignements et l’encadrement des Thèses de doctorat inscrites sous sa direction (11 à ce jour) portent sur la philosophie des technologies. Il a été membre du Comité d’éthique et de précaution pour les applications de la recherche agronomique de l’INRA et de l’IFREMER (comepra) de 2000 à 2007. Il a aussi appartenu au Comité d’éthique du CNRS (le COMETS) pendant la même période. Il a été directeur scientifique du Secteur sciences et société du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en 2008, jusqu’en avril 2011. Il a créé et anime la collection Mélétè aux éditions Le Pommier. Ses recherches actuelles concernent principalement l’impact philosophique et éthique des sciences et des techniques sur les représentations et les imaginaires individuels et collectifs. Il a notamment publié Demain les post-humains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ?, Paris, Fayard, 2010. L’Homme simplifié. Le syndrome de la touche étoile, Paris, Fayard, 2012. Un cerveau très prometteur (avec F. Brunelle et F. Gazeau), Paris, Editions Le Pommier 2016. Il est également coauteur de plusieurs ouvrages publiés dans la collection « Questions vives » chez Acte Sud: La science en jeu, 2010 ; La Science et le débat public, 2012 ; Sciences et société, les normes en question, 2014.

Par kerila le 13 Décembre 2021


Jean-Michel Besnier sur Radio France


Jean-Michel Besnier dans la Revue Esprit


Jean-Michel Besnier sur Les Rencontres Philosophiques de Monaco




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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les théories de la connaissance

Jean-Michel Besnier

Que sais-je ? Presses universitaire de France
Quatrième édition – 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Le mobile le plus immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de conscience accrue de nos ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien nous ignorons. Personne ne croit plus, comme lord Kelvin au XIXe siècle, à l’achèvement prochain des sciences physiques, et l’on tend même à se résigner à ce que nous demeurent voilées les 10-43 premières secondes de l’univers. S’efforcer de comprendre pourquoi nous nous trompons, pourquoi nous errons, pourquoi nos connaissances semblent ainsi affectées d’une indélébile « tache aveugle » : telle est l’ambition initiale des théories de la connaissance, contemporaines des grandes découvertes scientifiques.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Avant-propos, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 6.

Au sous-titre III – CONNAÎTRE N’EST PAS SENTIR du CHAPITRE PREMIER – ANTÉCÉDENTS PHILOSOPHIQUES de la PREMIÈRE PARTIE – CONNAÎTRE LA CONNAISSANCE, Jean-Michel Besnier rappelle la théorie des sophistes soutenant qu’il ne peut pas y avoir de connaissances universelles parce que la connaissance est d’abord une affaire de sensations et puisque ces dernières sont différentes d’une personne à l’autre, la connaissance est toujours personnelle.

C’est dans une situation culturelle dominée par l’offensive des sophiste * contre l’idée d’un savoir universel que Platon et certains de ses contemporains (Criton, Simmias de Thèbes…) interrogent la nature de la science. « L’homme est la mesure de toutes choses, de l’existence de celles qui existent et de la non-existence de celles qui n’existent pas » : cette déclaration imputée à Protagoras est en effet un véritable défi pour la pensée ; elle expose le savoir à une indétermination absolue et le savant à n’êtes qu’un imposteur. Platon écrit dans Théétète pour tenter d’arracher la science aux sophistes. Ce faisant, il dessine les cadres d’une théorie de la connaissance qui ménage une place à la compréhension de l’erreur, faute de quoi il n’est pas de vérité concevable.

(…)

Que résulte-t-il donc de l’affirmation soutenue par Protagoras selon laquelle la science n’est rien d’autre que sensation ?  À première vue, trois conséquences qui contreviennent à l’idée que le sens commun se fait du savoir : 1/ « La sensation, en que science, a toujours un objet réel »(152x) ; elle est toujours vraie pour celui qui l’éprouve ; autrement dit, elle rend l’erreur impensable. 2/ Si la science se réduit à la sensation, il n’y a pas d’accord possible entre les hommes ; rien n’existe en soi qui permettrait un tel accord et chacun est le jouet de ses sens, lesquels modifient même à tout moment l’identité du sujet qui prétend se confier à eux pour connaître, 3/ Les mots ne veulent plus rien dire puisqu’ils ont l’impossible fonction de dénoter des réalités qui sont en fait toujours changeantes. Il faut donc en convenir : confondre la science avec les sensations, c’est s’interdire la vérité et l’erreur, l’objectivité et l’intersubjectivité, le langage et l’effort conceptuel – c’est-à-dire les éléments minimaux que paraît requérir l’ambition de connaître.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre premier – Antécédents philosophiques, III. – Connaître n’est pas sentir, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 19-21.

Plus de quatre cents ans avant Jésus-Christ, il fallait ramener à l’ordre les gens qui définissaient la réalité suivant les sensations qu’ils en éprouvaient.

Le présupposé du Sophiste est sensualiste : toute connaissance est fondée sur les sensations. Or les sensations varient d’un individu à l’autre, et même d’un moment à l’autre (le point de vue, la luminosité, etc., changent). Chacun a donc nécessairement une connaissance différente d’une même chose.

Source : Les Sophistes, Ve siècle avant J.-C. , L’Agora une agora, une encyclopédie.

La confusion entre sensations et connaissances persiste encore de nos jours. Plusieurs personnes se base sur leurs sensations pour juger ou, si vous préférez, pour se faire une opinion, et faire de cette dernière une croyance vraie. Bref, même de nos jours, des personnes se donnent raison sur la base de leurs sensations.

Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison ne me convient pas. C’est pourquoi je plaide pour une connaissance de base de la pensée scientifique et sa mise en pratique dans la vie de tous tous les jours. Il m’apparaît primordial d’aider les gens à prendre conscience du comment ils pensent et de l’importance de ne pas prendre pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent.

Définie minimalement, la connaissance est la mise en relation d’un sujet et d’un objet par le truchement d’une structure opératoire. C’est en ces termes que Jean Piaget caractérise le processus cognitif (1) : chaque fois qu’on énonce une proposition traduisant un savoir, ces trois éléments – c’est-à-dire le sujet, l’objet et la structure – se trouvent mobilisés. (…)

(…)

La théorie de la connaissance s’interroge sur l’origine et la nature des structures que le sujet doit solliciter pour décrire l’objet auquel il est confronté. (…)

_____

(1) Jean Piaget, Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1967.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre II – Anatomie des théories, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 24.

La connaissance est une mise en relation, nous dit Jean-Michel Besnier. Il s’agit d’une mise en relation entre le sujet (vous, moi, toute personne) et l’objet (devant nous). Cette mise en relation implique une structure opératoire. La description de cette structure opératoire donnée par Jean Piaget n’est pas aisée à comprendre. Disons simplement, qu’il s’agit d’un processus cognitif. Parlant des « structures de la connaissance », Jean Piaget écrit : « Elles désignent l’organisation d’ensemble des actions ou opérations de la pensée intervenant à tous les niveaux dans la connaissance des objets. »

J’acquiers de l’objet devant moi des informations ou, plus précisément, je reconnais à l’objet devant moi des propriétés que je connais déjà et acquises par mon expérience. Par exemple, je peux reconnaître le forme d’un triangle puis d’une pyramide à cet objet parce que je sais déjà ce qu’est un triangle et une pyramide. Il en va de même pour toutes autres propriétés de cet objet que je peux reconnaître. Cela ne signifie pas que je connais déjà toutes propriétés de cet objet. Je peux alors acquérir une nouvelle propriété à prendre en considération, pour autant qu’on m’en informe. Par exemple, l’objet devant est de couleur or et je peux supposer qu’il est fait d’or. Mais on peut aussi m’informer qu’il s’agit uniquement d’objet plaqué or. Ainsi, désormais, à chaque fois que je suis en relation avec un objet de couleur or, je dois m’interroger à savoir s’il s’agit d’un objet fait d’or ou plaqué or. Il en sera de même sur la valeur de ce plaqué or. On m’apprendra que le prix de l’or dépend de son carat (10k, 14k, 18k, etc.).


Permettez-moi d’ajouter le phénomène du transfert de sensations. Par une opération cognitive (plus souvent inconsciente que consciente) j’effectuai un transfert de sensations de la valeur du plaqué or selon sa teneur en carats à l’objet lui-même. Et ainsi de suite pour les autres propriétés de l’objet.

J’explique en ces mots le phénomène du TRANSFERT DE SENSATIONS dans mon livre COMMENT MOTIVER LES CONSOMMATEURS À L’ACHAT (Pdf gratuit) : « Les mots-clés : Phénomène inconscient universel. Transférer la sensation d’une chose à une autre, tel que de l’emballage au produit contenu dans l’emballage; juger un livre par sa couverture ou une personne par ses vêtements. En plus d’être inconscient, le phénomène du transfert de sensations est universel, dans le sens scientifique du terme. »

Au final, la mise en relation entre moi-même (sujet) et l’objet peut passer à la fois par un processus cognitif d’une part conscient et d’autre part inconscient. Notez que le sujet d’un transfert de sensations n’est pas traité dans le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE de Jean-Michel Besnier.


Pour David Hume, connaître, c’est croire. Pour Emmanuel Kant, connaître, c’est construire. Jean-Michel Besnier examine les théories de ces deux philosophes.

(…) Kant décide donc de changer de perspective : on ne dira plus que le sujet connaissant doit tourner autour de l’objet pour tâcher de le comprendre mais, au contraire, que cet objet se règle sur les facultés de connaître du sujet, c’est-à-dire qu’il est connu pour autant qu’il satisfait aux caractéristiques structurelles de ces facultés. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science, III. – Le critère de l’«expérience possible », Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 47-48.

Je connais suivant les facultés dont je dispose et leurs structures. Comment pourrait-il en être autrement. La connaissance n’appartient à l’objet, ce dernier ne possède pas de connaissance. La connaissance se bâtie en moi suivant mes facultés de connaître. Si à la suite de mon analyse cognitive de l’objet, j’affirme que cet objet est beau, je lui attribue une qualité. Mais, en lui-même, l’objet de possède pas la beauté que je lui accorde. L’objet peut être une représentation de la beauté selon son créateur. Lorsque j’affirme, selon mes critères propres et mon expérience, que l’objet est beau, je rejoins alors son créateur. Mais la beauté affirmé par moi n’est pas nécessairement celle représentée par son créateur.


« Si vous lez étudier chez l’un quelconque des physiciens théoriciens les méthodes qu’il utilise, je vous suggère de vous tenir à ce principe de base : n’accordez aucun crédit à ce qu’il dit, mais jugez ce qu’il a produit ! » Albert Einstein

Cité par Jean-Michel Besnier dans son livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE, p. 54


Comment se développe la connaissance du sujet ? Tout simplement grâce à l’épreuve qu’il fait du réel, par modification, élimination et substitution de la forme de connaissance qui préexiste en lui. Popper ne renonce pas à l’antique théorie selon laquelle la vérité consiste dans la correspondance de nos idées avec la réalité. C’est pourquoi il soutient que la connaissance se transforme en vue de se rapprocher davantage de la vérité — en quoi l’idéal scientifique peut être décrit en termes de « vérisimilitude ». (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Première partie – Connaître la connaissance, Chapitre III – Pour ne pas en finir avec la science, III. – Le critère de l’«expérience possible », Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 55.

On retrouve ici encore l’idée selon laquelle nous connaissons selon nos facultés de connaître : « (…) de la forme de connaissance qui préexiste en lui ». C’est très intéressant parce que cette idée implique de bien connaître les potentiels et les limites de nos facultés et de les développer car nous ne connaîtront pas autrement.


(…) connaître, ce n’est jamais plus qu’affirmer des raisons de croire dans la vérité d’un énoncé. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Affirmer des raisons de croire, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 65.


J’appuie sur le frein lorsque j’observe une association entre les mots « croire » et « vérité ». Ai-je besoin de croire ce qui est vrai ? Non, il me suffit amplement d’admettre une connaissance pour vraie. La vérité n’a pas besoin d’être crues mais admise pour vrai. Bref, la vérité s’impose d’elle et n’a pas besoin d’être crue. Autrement, la vérité crue devient subjective.

Dans le Chapitre premier (Les paradoxes de la cognition) de la Deuxième partie (Métaphysique de la connaissance) de son ouvrage, Jean-Michel Besnier nous introduit aux différents positionnements des sciences cognitives face aux théories de la connaissance. Le chapitre commence en ces mots :

À première vue, les recherches sur la cognition héritent du projet des théories de la connaissance. Pour répondre aux questions laissées ouvertes par les philosophes, elles mobilisent de nombreuses disciplines (de l’informatique à la neurobiologie, en passant par la psychologie ou la linguistique) désormais regroupées sous le nom de « sciences cognitives ».

Pourtant, il ne suffit pas de démonter les mécanismes de l’acte de connaître pour suivre les traces de Hume ou de Kant. L’évolution des sciences cognitives donne plutôt à penser un éloignement progressif par rapport aux théories traditionnelles que la première partie de ce livre a décrites. À cet égard, ces jeunes sciences mériteraient d’être interprétées comme un geste de sortie hors des sentiers empruntés par les principaux théoriciens de la connaissance.

Chez certains de leurs protagonistes, le projet de connaître la connaissance a même pris une tournure surprenante, telle que l’historien des idées est parfois tenté d’y déchiffrer le regain d’une préoccupation de nature métaphysique. Avec les Temps modernes, connaître signifiait la volonté d’assumer la dispersion du Cosmos des Anciens et l’extranéation* de l’homme. Aujourd’hui, l’explication des processus cognitifs paraît parfois s’accommoder – sinon se réclamer – d’une sorte de « réenchantement du monde », par exemple en révélant les bases d’une coappartenance des êtres – végétal, animal ou homme – à une nature unique, dont la cognition exprimerait les degrés de réalisation. Dans certaines de leurs versions, les sciences de la cognition nourrissent en effet cette tendance au « réductionnisme* », sans toujours s’aviser du retour de constructions métaphysiques qu’elles favorisent et dont LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE devrait, en 1781, sonner le glas.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, pp. 67-68.

Le titre lui-même du chapitre, Les paradoxes de la cognition, soulève en mon esprit un doute au sujets des sciences cognitives et de ses affirmations au sujet des mécanismes de la connaissance. Les sous-titres de ce chapitre en disent long :


I. – Connaître, c’est « computer »

II. – Connaître, c’est connecter

III. – Connaître par sélection naturelle

IV. – Connaître, c’est faire émerger

V. – Connaître, c’est déléguer à l’intelligence artificielle


Il faut désormais déployer bien des efforts pour convaincre de ce que l’intelligence ne se réduit pas au simple calcul, que des machines effectueront de toute façon avec toujours plus d’efficacité que les humains. Il n’est pas aisé d’objecter aux adeptes de ces technologies cognitives qui triomphent dans le monde contemporain, que d’autres formes d’intelligence, plus subtiles et moins réductibles à des formalismes ou à des algorithme, restent le privilèges de l’humain : Howard Gardner en proposait huit, en 1983, parmi lesquelles « l’intelligence intra- et interpersonnelle », « l’intelligence musical-rythmique », « l’intelligence naturalise-écologiste » ou « l’intelligence existentielle »(1). Pourquoi ne pas conclure que cette intelligence protéiforme, telle nécessaire à la production des connaissances, demeure le point de fuite que n’atteindront jamais les machines.

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(1) Howard Gardner, Les Intelligences multiples. La théorie qui bouleverse nos idées reçues, trad. Y. Bonin, Paris, Retz, 2008.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre premier – Les paradoxes de la cognition, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 91.

Jusqu’ici, je donnais raison à Antonio Damasio, mondialement connu, est professeur de neurosciences, de neurologie, de psychologie et de philosophie à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, où il dirige le Brain and Creativity Institute. L’auteur de L’Erreur de Descartes, de Spinoza avait raison, de L’Ordre étrange des choses et Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience qui ont connu un immense succès. En quatrième de couverture de ce dernier livre, on peut lire :

Ce livre, écrit par l’un des plus grands neuroscientifiques, propose une analyse tout à fait nouvelle et passionnante du phénomène de la conscience et de son rôle dans le vivant. Jusqu’à tout récemment, beaucoup de philosophes et de neuroscientifiques s’accordaient pour penser que la question de la conscience était insoluble. Antonio Damasio, au contraire, est convaincu qu’avec la neurobiologie, la psychologie et l’intelligence artificielle nous disposons des outils nécessaires pour résoudre le mystère de la conscience.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, quatrième de couverture.

Aujourd’hui, avec Théories de la connaissance de  Jean-Michel Besnier, je doute que « nous disposons des outils nécessaires pour résoudre le mystère de la conscience ». La conscience et la connaissance ne réduisent pas à des mécanismes biologiques impliquant le système nerveux et le cerveau. Une nouvelle connaissance vient de prendre le dessus.


Les théories de la connaissance

Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance
Chapitre II – Recherche et religiosité

1 – La question du sens

On a longtemps affirmé que la science avait acquis ses gages de rigueur en écartant les questions relatives à la valeur et à la signification de ses objets. Attachée à décrire et à comprendre le « comment », elle n’aurait que faire du « pourquoi » auquel la philosophie cherche, en revanche, à répondre. « Comment la vie est-elle donc apparue sur terre ? », et non pas : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » La connaissance serait en quelque sorte devenue scientifique du jour où elle aurait fait son deuil de ses préoccupations concernant la totalité du réel et la destination de l’homme.

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 94.


« (…) On assiste de nos jours à une véritable prise de conscience du caractère dogmatique et stérile des prétentions à purger la science de tout apport métaphysique. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 96.


Il y a un besoin métaphysique dans l’humanité qui justifie que la volonté de connaître se porte au-delà de l’expérience, jusqu’à la raison ultime de tout ce qui existe de manière éparse. (…)

BESNIER, Jean-Michel, Les théories de la connaissance, Deuxième partie – Métaphysique de la connaissance, Chapitre II – Recherche et religiosité, Coll. Que-Sais-je ?, Presses universitaires de France, quatrième édition, 2021, Paris, p. 101.


Je ne connaissais pas les prétentions de la science (de certaines sciences) à vouloir tout expliquer sur la base de l’expérimentation du réel, soutenant que le réel n’est que physique, que matériel. Jean-Michel nous l’écrit : « la volonté de connaître se porte au-delà de l’expérience », au-delà de ce que la science peut expérimenter. La science contribue à la métaphysique en ce qu’elle alimente le « comment » mais elle ne peut pas expérimenter le « pourquoi », d’où la philosophie.


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J’accorde à ce livre 5 étoiles sur cinq. Je vous en recommande donc vivement la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

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Article # 74

J’AI LU POUR VOUS

Présentations de la philosophie

André Comte-Sponville

Éditions Albin Michel, 2000

Le livre de poche

180 pages

Date de parution: 23/10/2002

Langue: Français

EAN : 9782253153320

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PRÉSENTATION

(Sur le site web de Le livre de Poche)

Philosopher, c’est penser par soi-même, chercher la liberté et le bonheur, dans la vérité. Mais nul n’y parvient sans l’aide de la pensée des autres, sans ces philosophes qui, depuis l’Antiquité, ont voulu éclairer les grandes questions de la vie humaine.

Pour nous aider dans nos premiers pas, André Comte-Sponville nous propose ici douze thèmes éternels, tels que la politique et la morale,l’amour et la mort, la connaissance et la sagesse… Se référant aux principaux courants philosophiques, il nous invite à continuer ensuite l’exploration par nous-mêmes, en nous proposant un guide détaillé des œuvres et des auteurs essentiels de la philosophie occidentale.

Donner l’envie à chacun d’aller y voir de plus près, l’aider à y trouver à la fois du plaisir et des lumières : telle est l’ambition d’André Comte-Sponville, spécialiste qui n’a pas oublié l’appel de Diderot : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! »

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

(Sur le site des Éditions Albin Michel)

Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ?.

Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux: les philosophes ont bon appétit !


Table des matières

Avant-propos

  1. La morale
  2. La politique
  3. L’amour
  4. La mort
  5. La connaissance
  6. La liberté
  7. Dieu
  8. L’athéisme
  9. L’art
  10. Le temps
  11. L’homme
  12. La sagesse

Bibliographie


Extrait du livre

Avant-propos

« Philosophie : la doctrine et l’exercice de la sagesse (non simple science) »

Kant

Philosopher, c’est penser par soi-même ; mais nul n’y parvient valablement qu’en s’appuyant d’abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n’est pas seulement une aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d’un. C’est ce qui m’a poussé, ces dernières années, à publier des « Carnets de philosophie ». De quoi s’agissait-il ? D’une collection d’initiation à la philosophie : douze petits volumes, chacun constitué d’une quarantaine de textes choisis, souvent très brefs, et s’ouvrant par une Présentation de quelques feuillets, dans laquelle j’essayais de dire, sur telle ou telle notion, ce qui me semblait l’essentiel…

Ce sont ces douze Présentations, revues et sensiblement augmentées, qui constituent le présent volume. La modestie du propos reste la même : il s’agit toujours d’une initiation, disons d’une porte d’entrée, parmi cent autres possibles, dans la philosophie. Mais qui laisse au lecteur le soin, une fois ce livre lu, de partir lui-même à la découverte des œuvres, comme il faut le faire tôt ou tard, et de se constituer, s’il le veut, sa propre anthologie… Vingt-cinq siècles de philosophie font un trésor inépuisable. Si ce petit livre peut donner l’envie, à tel ou tel, d’aller y voir de plus près, s’il peut l’aider à y trouver du plaisir et des lumières, il n’aura pas été écrit en vain.

Quant au public visé, je pensais d’abord aux adolescents, avant de découvrir, notamment par le courrier reçu, qu’il allait bien au-delà. De ce parti pris initial, il est pourtant resté quelque chose : le choix de certains exemples, un certain point de vue, un certain ton, l’insistance mise, parfois, sur tel ou tel aspect… C’est aussi ce qui explique le tutoiement, qui s’est imposé à moi – sans doute parce que je pensais à mes propres enfants, qui sont en effet adolescents, davantage qu’à mes élèves ou à mes étudiants, que je n’ai jamais tutoyés… Autant de traits que je n’ai pas cru devoir, reprenant l’ensemble, corriger. Il n’y a pas d’âge pour philosopher ; mais les adolescents, plus que les adultes, ont besoin qu’on les y accompagne.

Qu’est-ce que la philosophie ? Je m’en suis expliqué bien souvent, et encore dans le dernier de ces douze chapitres. La philosophie n’est pas une science, ni même une connaissance ; ce n’est pas un savoir de plus : c’est une réflexion sur les savoirs disponibles. C’est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant : on ne peut qu’apprendre à philosopher. Comment ? En philosophant soi-même : en s’interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que l’expérience nous apprend, sur ce qu’elle nous laisse ignorer… Qu’on rencontre en chemin les œuvres de tel ou tel philosophe professionnel, c’est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n’est pas d’abord une spécialité, ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l’existence humaine. Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous, inévitablement, d’articuler l’une à l’autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher (par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.

La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s’il le faut, ni même s’il faut faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l’humanité, ni ce qu’elles valent. C’est pourquoi il faut philosopher : parce qu’il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, et qu’aucun savoir n’y suffit ou n’en dispense. L’art ? La religion ? La politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu’on les interroge, ou dès qu’on s’interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le contestera. Mais interroger la philosophie, ce n’est pas en sortir, c’est y entrer.

Par quelle voie ? J’ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie occidentale. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas d’autres. Philosopher, c’est vivre avec la raison, qui est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu’il y ait, notamment en Orient, d’autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l’ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensées orientales que je ne connais, pour la plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n’en crois rien. Mais qu’il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la nôtre, j’en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c’est vers elle, en elle, que je voudrais guider mon lecteur. L’ambition de ces Présentations, sous la brièveté du propos, est déjà démesurément vaste. Cela devrait excuser leur incomplétude, qui fait partie de leur définition.

Vivre avec la raison, disais-je. Cela indique une direction, qui est celle de la philosophie, mais ne saurait en épuiser le contenu. La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de concepts (même si on le fait aussi dans d’autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l’esprit ou de la raison : pensée de la pensée), méditation sur sa propre histoire et sur celle de l’humanité, recherche de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c’est l’art de la raison, si l’on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration, toujours, de thèses, d’arguments, de théories… Mais elle est aussi, et peut-être d’abord, critique des illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme – ou la philosophie des autres. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux : les philosophes ont bon appétit !

En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est étranger. Cela ne signifie pas qu’ils soient tous d’égale importance. Kant, dans un passage fameux de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ?. « Les trois premières questions se rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment vivre ? Dès qu’on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu’on n’échappe à la philosophie que par la bêtise ou l’obscurantisme.

Faut-il faire de la philosophie ? Dès qu’on se pose la question, en tout cas dès qu’on essaie d’y répondre sérieusement, on en fait déjà. Cela ne veut pas dire que la philosophie se réduise à sa propre interrogation, encore moins à son autojustification. Car on en fait aussi, peu ou prou, bien ou mal, lorsqu’on s’interroge (de façon à la fois rationnelle et radicale) sur le monde, sur l’humanité, sur le bonheur, sur la justice, sur la liberté, sur la mort, sur Dieu, sur la connaissance… Et qui pourrait y renoncer ? L’être humain est un animal philosophant : il ne peut renoncer à la philosophie qu’en renonçant à une part de son humanité.

Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu’on ne sait. Dans quel but ? Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre… C’est ce qu’on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on l’atteindre ? Jamais totalement sans doute. Mais cela n’empêche pas d’y tendre, ni de s’en rapprocher. « La philosophie, écrit Kant, est pour l’homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de plus pour s’y mettre sans tarder. Il s’agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail ; la sagesse, ce repos.

Qu’est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s’en faut, que les philosophes. Cela n’empêche pas toutefois qu’elles se recoupent ou convergent vers l’essentiel. Pour ma part, j’ai un faible, depuis mes années d’études, pour la réponse d’Épicure : « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C’est définir la philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite n’est jamais totale, que de l’enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but ; la philosophie, le chemin. Bon voyage à tous !

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Extrait du Chapitre 1 – La morale

« Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un porc satisfait ; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »

John Stuart Mill

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate est mort en prison, et plus libre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là où aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libres : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

Tu voudrais bien voler ce disque ou ce vêtement dans le magasin… Mais un vigile te regarde, ou bien il y a un système de surveillance électronique, ou bien tu as peur, simplement, d’être pris, d’être puni, d’être condamné… Ce n’est pas honnêteté ; c’est calcul. Ce n’est pas morale ; c’est précaution. La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n’est vertu que de prudence.

Imagine, à l’inverse, que tu aies cet anneau qu’évoque Platon, le fameux anneau de Gygès, qui te rendrait à volonté invisible… C’est une bague magique, qu’un berger trouve par hasard. Il suffit de tourner le chaton de la bague vers l’intérieur de la paume pour devenir totalement invisible, de le tourner vers l’extérieur pour redevenir visible… Gygès, qui passait auparavant pour honnête homme, ne sut pas résister aux tentations auxquelles cet anneau le soumettait : il profita de ses pouvoirs magiques pour entrer au Palais, séduire la reine, assassiner le roi, prendre lui-même le pouvoir, l’exercer à son bénéfice exclusif… Celui qui raconte la chose, dans La République, en conclut que le bon et le méchant, ou supposés tels, ne se distinguent que par la prudence ou l’hypocrisie, autrement dit que par l’importance inégale qu’ils accordent au regard d’autrui, ou par leur habileté plus ou moins grande à se cacher… Posséderaient-ils l’un et l’autre l’anneau de Gygès, plus rien ne les distinguerait : « ils tendraient tous les deux vers le même but ». C’est suggérer que la morale n’est qu’une illusion, qu’un mensonge, qu’une peur maquillée en vertu. Il suffirait de pouvoir se rendre invisible pour que tout interdit disparaisse, et qu’il n’y ait plus que la poursuite, par chacun, de son plaisir ou de son intérêt égoïstes.

Est-ce vrai ? Platon, bien sûr, est convaincu du contraire. Mais nul n’est tenu d’être platonicien… La seule réponse qui vaille, pour ce qui te concerne, est en toi. Imagine, c’est une expérience de pensée, que tu aies cet anneau. Que ferais-tu ? Que ne ferais-tu pas ? Continuerais-tu, par exemple, à respecter la propriété d’autrui, son intimité, ses secrets, sa liberté, sa dignité, sa vie ? Nul ne peut répondre à ta place : cette question ne concerne que toi, mais te concerne tout entier. Tout ce que tu ne fais pas mais que tu t’autoriserais, si tu étais invisible, relève moins de la morale que de la prudence ou de l’hypocrisie. En revanche, ce que, même invisible, tu continuerais à t’imposer ou à t’interdire, et non par intérêt mais par devoir, cela seul est moral strictement. Ton âme a sa pierre de touche. Ta morale a sa pierre de touche, où tu te juges toi-même. Ta morale ? Ce que tu exiges de toi, non en fonction du regard d’autrui ou de telle ou telle menace extérieure, mais au nom d’une certaine conception du bien et du mal, du devoir et de l’interdit, de l’admissible et de l’inadmissible, enfin de l’humanité et de toi. Concrètement : l’ensemble des règles auxquelles tu te soumettrais, même si tu étais invisible et invincible.

Cela fait-il beaucoup ? Cela fait-il peu ? C’est à toi d’en décider. Accepterais-tu par exemple, si tu pouvais te rendre invisible, de faire condamner un innocent, de trahir un ami, de martyriser un enfant, de violer, de torturer, d’assassiner ? La réponse ne dépend que de toi ; tu ne dépends, moralement, que de ta réponse. Tu n’as pas l’anneau ? Cela ne te dispense pas de réfléchir, de juger, d’agir. S’il y a une différence autre qu’apparente entre un salaud et un honnête homme, c’est que le regard des autres n’est pas tout, c’est que la prudence n’est pas tout. Tel est le pari de la morale et sa solitude ultime : toute morale est relation à autrui, mais de soi à soi. Agir moralement, c’est prendre en compte les intérêts de l’autre, certes, mais « à l’insu des dieux et des hommes », comme dit Platon, autrement dit sans récompense ni châtiment possible et sans avoir besoin pour cela de quelque autre regard que le sien propre. Un pari ? Je m’exprime mal, puisque la réponse, encore une fois, ne dépend que de toi. Ce n’est pas un pari, c’est un choix. Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut en décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu ne vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction – quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien – de bien faire.

C’est l’esprit de Spinoza : « Bien faire et se tenir en joie. » C’est l’esprit tout court. Comment être joyeux sans s’estimer au moins un peu ? Et comment s’estimer sans se gouverner, sans se maîtriser, sans se surmonter ? À toi de jouer, comme on dit, mais ce n’est pas un jeu, encore moins un spectacle. C’est ta vie même : tu es, ici et maintenant, ce que tu fais. Inutile, moralement, de rêver être quelqu’un d’autre. On peut espérer la richesse, la santé, la beauté, le bonheur… Il est absurde d’espérer la vertu. Être un salaud ou quelqu’un de bien, c’est à toi de choisir, à toi seul : tu vaux, exactement, ce que tu veux.

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit à lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui ne serait qu’égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’être pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité, et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitimes – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin » : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? La morale n’est légitime qu’à la première personne. Dire à quelqu’un : « Tu dois être généreux », ce n’est pas faire preuve de générosité. Lui dire : « Tu dois être courageux », ce n’est pas faire preuve de courage. La morale ne vaut que pour soi ; les devoirs ne valent que pour soi. Pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.

Au reste, qui peut connaître les intentions, les excuses ou les mérites d’autrui ? Nul, moralement, ne peut être jugé que par Dieu, s’il existe, ou par soi, et cela fait une existence suffisante. As-tu été égoïste ? As-tu été lâche ? As-tu profité de la faiblesse de l’autre, de sa détresse, de sa candeur ? As-tu menti, volé, violé ? Tu le sais bien, et ce savoir de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui est le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe. Un procès ? Une amende ? Une peine de prison ? Ce n’est que la justice des hommes : ce n’est que droit et police. Combien de salauds en liberté ? Combien de braves gens en prison ? Tu peux être en règle avec la société, et sans doute il le faut. Mais cela ne te dispense pas d’être en règle avec toi-même, avec ta conscience, et c’est la seule règle en vérité.

Y a-t-il alors autant de morales que d’individus ? Non pas. C’est tout le paradoxe de la morale : elle ne vaut qu’à la première personne mais universellement, autrement dit pour tout être humain (puisque tout être humain est un « je »). Du moins c’est ainsi que nous la vivons. Nous savons bien, en pratique, qu’il y a des morales différentes, qui dépendent de l’éducation qu’on a reçue, de la société ou de l’époque dans lesquelles on vit, des milieux qu’on fréquente, de la culture dans laquelle on se reconnaît… Il n’y a pas de morale absolue, ou nul n’y a accès absolument. Mais quand je m’interdis la cruauté, le racisme ou le meurtre, je sais aussi que ce n’est pas seulement une question de préférence, qui dépendrait du goût de chacun. C’est d’abord une condition de survie et de dignité pour la société, pour toute société, autrement dit pour l’humanité ou la civilisation.

Si tout le monde mentait, plus personne ne croirait personne : on ne pourrait même plus mentir (puisque le…

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Revue de presse


Au sujet de l’auteur

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André Comte-Sponville

André Comte-Sponville est né le 12 mars 1952, à Paris. Il fait ses études secondaires au lycée François Villon (Paris XIVe), sa prépa au lycée Louis-le-Grand, ses études supérieures à l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, et à la Sorbonne. Il est reçu troisième à l’agrégation de philosophie, en 1975. Il a enseigné de 1976 à 1998, d’abord en lycée (dans le Nord puis dans l’Yonne), ensuite en Ecole Normale d’Instituteurs (à Melun), enfin, les 14 dernières années, à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il cesse d’enseigner en 1998, pour consacrer davantage de temps à l’écriture et aux conférences qu’il donne en dehors de l’Université. Ses philosophes de prédilection : Epicure, Lucrèce et les stoïciens dans l’Antiquité ; Montaigne, Pascal et Spinoza chez les Modernes ; Marcel Conche, Lévi-Strauss et Clément Rosset chez les contemporains. Il se sent proche aussi, en Orient, de Krishnamurti et Svami Prajnanpad.

Ses trois livres préférés (en philosophie) : les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, l’Ethique de Spinoza.

Il se définit comme philosophe matérialiste, au même sens qu’Epicure, rationaliste, au même sens que Spinoza, et humaniste, au même sens que Montaigne, et aussi comme  » athée fidèle ». Il propose une sagesse pour notre temps et une spiritualité sans Dieu.

Ses livres les plus récents : « Dictionnaire amoureux de Montaigne » (Plon, 2020), « Dictionnaire philosophique » (réédition augmentée, PUF, 2021), et « La clé des champs et autres impromptus » (PUF, 2023).


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Présentations de la philosophie ?

André Comte-Sponville

Le livre de poche

© Éditions Albin Michel S.A., Paris, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :

1. La morale

Dans la société québécoise, le thème de la morale devient presque tabou à la suite de la Révolution Tranquille dans les années 1960 qui rejette l’autorité de la religion catholique sur le politique, le social, le culturel, l’économie, etc.

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord, pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate en mort en prison, et plus livre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là ou aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 17.

Punitions, répressions, condamnations, c’est que nous avons vécues entre les mains de la religion au nom de la morale. André Comte-Sponville nous dit que nous nous trompons si nous considérons la morale dans son association personnelle et collective avec la religion. Il affirme que «La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.»

À la question « Qu’est-ce que la morale ?», il répond :

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui serait égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’êtes pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitime – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 20-21.

La morale se présente donc comme une affaire personnelle face à l’autre et une certaine idée de l’humanité. On coupe le cordon avec la religion.

(…) Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu me vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction — Quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien — de bien faire.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 20.

André Comte-Sponville se veut clair :


« La morale n’est valide qu’à la première personne ».

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.


On sait fort bien si nous avons bien ou mal agi, « et ce savoir, de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe ». J’aime bien cette définition de la conscience comme étant un savoir de toi à toi. Elle implique d’éviter d’être moralisateur :

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.

Le lien « Alain « est de moi.


Tu veux savoir si telle ou telle action est bonne ou condamnable ? Demande-toi ce qui se passerait si tout le monde se comportait comme toi.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 23.


2. La politique

Dans ma jeunesse, un animateur à une station de radio très populaire, répétait souvent en ondes : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, le politique va s’occuper de toi ». Il répondait ainsi à ceux et celles qui disaient ne pas s’intéresser à la politique et à ceux et celles qui la rejetaient du revers de la main.

Ma famille comptait un élu, le frère de mon père, député du comté au parlement canadien. La politique faisait donc partie de nos vie et très souvent des discussions autours de la table des repas de famille et lors des visites fréquentes chez mon oncle. Bref, tout le monde s’impliquait dans la politique du comté et du pays.

On ne confondra pas cette vigilance républicaine avec la dérision, qui rend tout dérisoire, ni avec le mépris, qui rend tout méprisable. Être vigilant, ce n’est pas croire sur parole ; ce n’est pas condamner ou dénigrer par principe. On ne réhabilitera pas la politique, comme c’est aujourd’hui urgent, en crachant perpétuellement sur ceux qui la font. Dans un état démocratique, on a les hommes politiques que l’on mérite. C’est une raison de plus pour préférer ce régime à tous les autres — et certes ce ne sont pas les raisons qui manquent — qu’à la condition d’agir, avec d’autres, pour le transformer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 2. La politique, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 38.

J’ai observé de mes propres yeux les exigences de la politique sur le terrain et de la vie parlementaire. Si la politique se caractérise souvent par une passion, elle demande une abdication au profit de la société et elle impose ainsi le respect des élus.

3. L’amour

(…) L’amour plaît à tous. Cela, qui n’est que trop compréhensible, devrait nous pousser à la vigilance. L’amour de la vérité doit accompagner l’amour de l’amour, l’éclairer, le guider, qui à en modérer, peut-être, l’enthousiasme. Qu’il faille s’aimer soi, par exemple, c’est une évidence : comme pourrait-on nous demander, sinon, d’aimer nos prochain comme nous-même ? Mais qu’on aime souvent que soi, ou que pour soi, c’est une expérience et c’est un danger, Pourquoi nous demanderait-on, autrement, d’aimer aussi notre prochain ?

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 44.

L’amour se révèle dans nos intérêts. Si je m’intéresse à la philosophie, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse au soccer, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse à une personne, c’est que je l’aime d’amitié ou d’amour, ou encore par admiration et par respect.

(…) Mais nul intérêts sans amour, et cela me ramène à mon point de départ : l’amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n’a d’intérêt qu’à proportion de l’amour que nous y mettons ou y trouvons.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

Il y aussi dans nos intérêts un révélateur de notre subjectivité, de Soi et de notre conscience de Soi. Nos intérêts vibrent de par nos valeurs. Ainsi, nos intérêts ne sont jamais objectifs même si nous pouvons croire fermement le contraire.

Il faut donc aimer l’amour ou n’aimer rien – il faut aimer l’amour ou mourir ; c’est pourquoi l’amour, non le suicide, est le seul problème philosophique vraiment sérieux.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

À mon avis, le suicide est un problème philosophique aussi sérieux que l’amour, du moins, il implique sans réserve l’amour dans son malheur.

(…) Le bonheur est un amour heureux, ou plusieurs, ; le malheur, un amour malheureux, ou plus d’amour du tout. La psychose dépressive ou mélancolique, dira Freud, se caractérise d’abord par « la perte de la capacité d’aimer » – y compris s’aimer soi. Qu’on ne s’étonne pas si elle est si souvent suicidaire. C’est l’amour qui fait vivre, puisque c’est lui qui rend la vie aimable. C’est l’amour qui sauve ; c’est don lui qu’il s’agit de sauver.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 43.

Mais le suicide est-il le fait d’un manque de d’amour de soi, d’un manque d’amour envers les autres ou d’une privation de l’amour de soi par les autres ? Tout dépend de ce sur quoi on fonde l’amour de soi et celui avec lequel nous aimons les autres. La perception de l’amour demeure une perception ; ce n’est l’amour lui-même. La conscience de l’amour demeure aussi fruit de la conscience ; ce n’est pas l’amour lui-même. L’amour ne me semble pas devoir se fonder sur la force et le degré de la confiance en soi ou en l’autre. La seule valeur philosophique fondatrice de l’amour, c’est la vie, la vie elle-même, le simple fait que j’existe. La vie n’a pas de prix dit-on. Elle est la valeur ultime ; heureuse ou malheureuse, la vie conserve toute sa valeur.

L’idée de s’enlever la vie, de mettre fin à son existence, de se suicider, naît d’un manque de perspective. La descente dans un trou sans fond est infernale et elle ne laisse guère de possibilités d’acquérir une perspective de sa situation. Et si la dépression est, non pas psychologique, mais plutôt philosophique, on peut questionner la dépression elle-même en notre conscience, même si on ne porte plus pied à terre. Sentir ses valeurs se liquéfier et ses convictions les plus essentielles remises en cause, n’enlève pas la vie à la vie. La gravité qui nous tire vers le bas dans ce trou sans fond est une loi de la physique et non pas de la métaphysique. Or, la dépression est d’abord et avant tout métaphysique. Preuve en est, malgré les explications de la chimie du cerveau, qu’elle se guérie par la correction des biais cognitifs (voir le livre ÊTRE BIEN DANS SA PEAU par le docteur David D. Burns). La dépression se bâtie sur des erreurs de pensées, des erreurs de logique, de fausses perceptions et interprétations de la réalité. Est-ce par l’amour de la vie qu’il faille aborder le problème ? Il faut d’abord corriger les erreurs de pensées pour prendre du recul et se séparer de l’idée de mettre fin à sa vie. ET, dans ce cas, prendre du recul, c’est remonter à la surface, contrecarrer la loi de la gravité.

4. La mort

La mort se classe dans les premiers sujets dont je discute (avec moi-même et avec les autres) depuis mon adolescence, plu spécifiquement, lorsque l’un de meilleurs amis est décédé. Je n’ai pas peur de la mort. Elle me donner à penser, surtout dans les moments difficiles de ma vie personnelle et professionnelle et, ces moments furent nombreux. Je parle de la mort au point où on me dit que si j’en parle autant, c’est ce que j’en ai peur. Or, c’est le contraire. Dans ma vie, la mort m’accompagne et ce n’est pas parce que je l’ai souvent frôlée souvent. La mort m’accompagne comme un ami qui devient maléfique en moment de déprime; elle se présente comme une solution ultime. Mais je ne répond à son invitation. Je préfère discuter avec elle.

Mais en disant cela, je me contredit depuis peu car la mort, selon moi, ne peut pas ÊTRE. Dans la mort, tel que je la conçois, il n’y a pas d’Être, d’existence. On ne peut pas dire que la mort existe puisqu’il n’y aucun Être dans la mort. Comment pourrait-on soutenir JE SUIS mort ou IL EST MORT. Je ne suis pas dans la mort car je n’existe pas en elle. La mort ne peut pas non plus ÊTRE un ÉTAT puisqu’il n’y a aucune existence dans la mort. Il faut impérativement de la VIE pour EXISTER. Or, il n’y en a aucune dans la mort. On ne va pas me dire que la mort existe sans existence. Loin de moi l’idée de renier la mort, mon ami depuis mes jeunes années d’adolescent. La mort n’est qu’une idée pour expliquer que la vie a une fin. On ne peut pas dire non plus que la mort est ceci ou cela; elle ne peut pas ÊTRE. Que l’on me parle alors du néant, de l’inexistence ou l’absence d’existence. Mais ce n’est encore là qu’une idée puisque le néant, comme la mort, ne peut pas ÊTRE. Vous saurez me dire que je tourne en rond, que je joue avec mots, mais il n’en est rien. Je suis sérieux. La mort et le néant ne peuvent exister qu’en tant que concept ou idées. Il faut plutôt parler de la vie qui s’éteint, qui prend fin.

Qu’il y est ou non quelque chose après la mort, quelque chose d’immortelle en moi qui survie, peu m’importe. Le sujet reste ouvert comme touts les mystères de la vie.

Enfin, contrairement à certains philosophes, je ne trouve pas dans l’idée de la mort une valeur à la vie, une incitation à profiter de la vie dans le plus grand des respects. Ce n’est pas parce que je vais mourir un jour que ma vie prend de la valeur.

On dit que « philosopher, c’est apprendre à mourir » mais…

On rencontre ici la formule fameuse ; Que philosopher, c’est apprendre à mourir… » Sous cette forme, en français, c’est le titre d’un des Essais de Montaigne, le vingtième du livre 1. Mais Montagne en emprunte expressément l’idée à Cicéron, lequel, dans les Tusculanes, la présente comme une citation de Platon… Disons que c’est une idée de Platon, traduite en latin par Cicéron, puis en français par Montaigne… L’important est ailleurs : l’important, c’est que cette phrase peut se prendre en deux sens différents, comme Montaigne le remarquait déjà, entre lesquels, peu ou prou, toute la vie – et toute une partie de la philosophie – se décide.

Il y a le sens de Platon : la mort, c’est-à-dire ici la séparation de l’âme et du corps, serait le but de la vie, vers lequel la philosophie ferait une espèce de raccourci. Un suicide ? Au contraire : une vie plus vivante, plus pure, plus libre, parce que libérée par anticipation de cette prison — voire de ce tombeau comme le dit Georgias — Qu’est le corps… » Les vrais philosophes sont déjà mort » écrit Platon, et c’est pourquoi la mort ne les effraie pas : que pourrait-elle leur prendre ?

Et puis il y a les sens de Montaigne : la serait non « le but » mais « le bout » de la vie, son terme, sa finitude (et non sa finalité) essentielle. Il faut s’y préparer, l’accepter, puisqu’on ne peut la fuir, sans la laisser pourtant gâcher notre vie et nos plaisirs. Dans les premiers Essais, Montaigne veut y penser toujours, pour s’y habituer, pour s’y préparer, pour se roidir, comme il dit, contre elle. Dans les derniers, l’habitude est telle, que cette pensée devient moins nécessaire, moins constante, moins pressante : l’acceptation suffit, qui se fait, avec le temps, de plus en plus légère et douce… C’est moins une contradiction qu’une évolution, qui marque la réussite, en tous cas les progrès, de Montaigne. (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 4. La mort, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 54-55.

Personnellement, je refuse de percevoir mon corps comme une prison d’où s’envolerait un petit oiseau à ma mort pour une vie éternelle ou un réincarnation. Je penche plutôt vers l’idée que la mort est le bout de la vie. Mais je réfute l’idée de l’acceptation de la mort pour s’y préparer, à moins d’être révolté contre elle. Que la vie ait un bout, on le sait depuis notre tendre enfance en voyant les fleurs de faner et mourir. Je ne vois pas pourquoi je devrais travailler en mon esprit pour accepter la mort des fleurs, des parents, des amis, de l’autre que je connais et de celle que je ne connais… La vie a une fin et ce n’est pas dommage car la vie ne serait pas la vie sans l’idée de la mort.

5. La connaissance

Connaître, c’est penser ce qui est : la connaissance est un certain rapport — de conformité, de ressemblance, d’adéquation — entre l’esprit et le monde, entre le sujet et l’objet. Ainsi connaît-on ses amis, son quartier, sa maison : ce que nous avons dans l’esprit, quand nous y pensons, correspond à peu près à ce qui existe en réalité.

Cet à peu près est ce qui distingue la connaissance de la vérité. Car, sur ses amis, on peut se tromper. Sur son quartier, on ne sait jamais tout. Sur sa maison, même, on peut ignorer bien des choses. (…) Il n’y a pas de connaissance absolue, pas de connaissance parfaite, pas de connaissance infinie. (…) Il y faudrait une science achevée et une intelligence infinie : nu l’une ni l’autre ne sont à notre portée.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 59-60.

André Comte-Sponville se demande : « Nous ne pouvons connaître que que ce soit que nos sens, notre raison, nos théories. Comment y aurait-il une connaissance immédiate, puisque toute connaissance, par nature, est médiation ? ».


Selon Olivier Clain, Professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université Laval (Québec, Québec), dont on reconnaît l’intérêt pour l’épistémologie :

« Il y a trois moments dans toute connaissance du monde :

1. Moment dans lequel je fais l’expérience de l’objet avec ses qualités propres et ses déterminations empiriques.

2. Moment de la construction des concepts, des catégories que j’utilise pour décrire les qualités de l’objet.

3. Moment, en constante relation avec les deux autres et qui sert de médiation dans le rapport entre les deux autres, et qui est le moment de la formulation des énoncés à caractère théorique. »


« Lorsqu’on croit de la foi la plus ferme que l’on possède la vérité, on doit savoir qu’on l’on croit, non pas croire qu’on le sait »

(Jacques Lequier cité par André Comte-Sponville)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 64-65.


Avant son dernier thème, la sagesse, André Compte-Sponville traite de : 6. La liberté; 7. Dieu ; 8. L’athéisme ; 8. L’art ; 10. Le temps ; 11. L’homme

12. La sagesse

C’est qui qui distingue la sagesse de la philosophie, qui serait plutôt un savoir-penser. Mais la philosophie n’a de sens que pour autant qu’elle nous rapproche de la sagesse : il s’agit de penser mieux pour mieux vivre, et cela seul est philosopher en vérité. «La philosophie est celle qui nous instruit à vivre », écrit Montaigne. C’est donc que nous ne savons pas ? Bien sût : c’est parce que nous ne sommes pas des sages que nous avons besoin de philosopher ! La sagesse est le but ; la philosophie le chemin.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 144.


Quelle sagesse ? Les philosophes divergent là-dessus comme sur tout. Une sagesse du plaisir comme chez Épicure ? De la volonté, comme chez les stoïciens ? Du silence, comme chez les septiques ? De la connaissance et de l’amour, comme chez Spinoza ? Du devoir et de l’espérance, comme chez Kant ? À chacun là-dessus se forger son opinion, qui pourra emprunter à diverses écoles. C’est pourquoi il faut philosopher soir-même : parce que personne ne peut penser ni vivre à notre place. Mais ce sur quoi les philosophes s’accordent, du moins presque tous, c’est sur l’idée que la sagesse se reconnaît à un certain bonheur, à une certaine sérénité, disons à une certaine paix intérieure, mais joyeuse et lucide, laquelle ne vas pas sans un exercice rigoureux de la raison. C’est le contraire de l’angoisse, c’est le contraire de la folie, c’est le contraire du malheur. C’est pourquoi la sagesse est nécessaire. C’est pourquoi il faut philosopher. Parce que nous ne savons pas vivre. Parce qu’il faut apprendre. Parce que l’angoisse, la folie ou le malheur ne cesse de nous menacer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 146-145.

Selon André Comte-Sponville, « il faut tendre : vers la vie la plus intelligente possible. »

Mais l’intelligence ne suffit pas. Mais les livres ne suffisent pas. À quoi bon tant penser, si c’est vivre pour si peu ? Que d’intelligence dans les sciences, dans l’économie, dans la philosophie ! Et que de sottises souvent dans la vie des savants, des hommes d’affaires, des philosophes… L’intelligence ne touche à la sagesse que dans la mesure où elle transforme notre existence, où elle l’éclaire, où elle la guide. Il ne s’agit pas d’inventer des système. Il ne suffit pas de manier des concepts, ou ceux-ci ne sont que des moyens. Le but, le seul, c’est de penser et de vivre un peu mieux, ou un peu moins mal.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


(…) La morale répond à la question : « Que dois-je faire ? » L’éthique, à la question : « Comment vivre ? » (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.


Je n’ai pas aimé :

1. Tutoiement

Je n’ai pas aimé le tutoiement utilisé par André Comte-Sponville pour s’adresser à moi (et à tous les lecteurs). PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE est le premier et le seul livre du philosophe André Comte-Sponville que j’ai lu. Je ne sais pas s’il recourt au tutoiement dans toutes ses œuvres ou s’il l’utilise que pour certaines de ses œuvres. Selon mon expérience, le tutoiement isole le lecteur de l’ensemble des autres lecteurs.

2. Philosophie directive

Dans son livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE, André Comte-Sponville est directif dans ses propos. Voici quelques exemples :

C’est en faisant bien l’homme, ou la femme, qu’on aide l’humanité à se faire. Et il le faut : elle a besoin de toi, comme tu as besoin d’elle.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 27.

Entre l’ignorance absolue et le savoir absolu, il y a place pour la connaissance et le progrès des connaissances. Bon travail à tous !

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 68.

Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.

Je n’ai pas aimé cette philosophie directive qui, visiblement, caractérise le lecteur et lui ordonne de travailler, d’avoir confiance… Je ne crois pas que la philosophie doit être directive, qu’elle nous ordonne quoi que ce soit… qu’elle pense à notre place. Je préfère et de loin qu’elle nous questionne et nous aide ainsi à prendre du recul par différentes prises de conscience. « Philosopher, c’est penser par soi-même » écrit André Comte-Sponville. Or, s’il promeut notre liberté de penser, notre liberté de choisir et notre liberté d’opinion, on constate qu’il nous dirige dans une direction donnée à l’aide de nombreuses références et ses propres opinions (jugements).


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J’accorde au livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE ? de ANDRÉ COMTE-SPONVILLE quatre étoiles et une demie sur cinq.

Je vous en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

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Article # 73Qu’est-ce que la philosophie ?

J’AI LU POUR VOUS

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

(1950-2022)

Le livre de poche – Librairie générale française

Paris, 1997

EAN : 9782253942412

160 pages


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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

M. M.


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Extrait du livre

L’ÉTAT DE LA PHILOSOPHIE

Jamais on n’a eu autant besoin de philosophie qu’aujourd’hui. Dans un monde fragmenté, désorienté, où l’esprit analytique semble l’avoir emporté, la quête d’une synthèse est plus pressante que jamais. Les scientifiques ont pris le relais des philosophes, trop occupés à répéter que la philosophie était morte et qu’il n’y a plus rien à dire, qu’au mieux, on peut tout juste redire et relire le plus fidèlement du monde les penseurs du passé, l’idéal étant là aussi de devenir un « spécialiste ». Déjà Nietzsche condamnait l’esprit philologique que certains philosophes professent en passant leur vie à décortiquer un auteur : au nom de la pensée, la grande, ils s’interdisent ainsi toute pensée propre, pour se réfugier dans le confort d’une orthodoxie dont ils se veulent les dépositaires vigilants. Mais qui parlera alors de l’origine de l’univers, de la mort, de la vie, de l’évolution, de la nature, de la vérité, de la liberté, du sens du Soi et de l’Autre, sinon les hommes de science ou les hommes de religion ? À cela, qu’oppose la philosophie, si ce n’est que tout a été dit, ou impossible à dire au nom d’une rigueur qu’elle n’a jamais eue et dont elle se fait l’écho lointain, depuis que les progrès de la science l’ont amputée de ses illusions ?

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait ainsi le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a faites siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi, il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’état de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 7-8.


Extrait du livre

LES QUESTIONS ULTIMES DE LA PENSÉE

Pour les Anciens, la philosophie était divisée en trois grandes disciplines : la logique, la physique et l’éthique. Les Stoïciens parlaient même de la physique comme d’un champ dont les clôtures étaient la logique et le produit, l’éthique. D’où vient cette division de la philosophie ? A-t-elle encore un sens, à une époque où les disciplines scientifiques se sont multipliées au-delà de la seule physique, où la métaphysique spéculative issue d’Aristote et du christianisme a fécondé la philosophie moderne, où le rapport à l’action et au politique déborde le cadre de la morale ?

Si on regarde attentivement l’histoire de la pensée, on ne peut s’empêcher d’observer que la tripartition est demeurée une constante, malgré tous les développements dont il a été question.

Prenons Kant par exemple. Il écrit trois grandes Critiques, celle de la Raison Pure, celle de la Raison Pratique et celle de la Critique de la Faculté de juger. De quoi traitent précisément ces trois grands livres ? La Critique de la raison pure s’attache à rendre compte de notre rapport au monde ; la Critique de la raison pratique porte sur le rapport à autrui ; quant à la dernière Critique, elle est en quelque sorte la synthèse des deux premières en ce qu’elle s’interroge sur ce qui rend possible le fait de s’interroger sur la nature, de s’en distancier, de la contempler pour elle-même bref, de l’étudier tout en en faisant partie. Cette réflexivité consacre l’identité, qui est le maître mot de la logique, même si le projet kantien est anthropologique et esthétique, au sens où la contemplation de soi par rapport à ce qui n’est pas soi est source d’étonnement, d’admiration.

Certes, on est loin ici de la logique au sens classique du terme, mais si l’on veut bien réfléchir au sens qu’a pris l’identité après et avec Descartes, on pourra se rendre compte que l’identité des choses et des êtres s’enracine désormais dans celle du Soi, immortalisée dans le Je pense, donc je suis, source de toute identité possible, même si elle est avant tout la nôtre.

D’ailleurs, déjà chez Hume, grand inspirateur de Kant, on peut voir à l’œuvre la tripartition de la philosophie proclamée par les Anciens. Le Traité de la nature humaine, par exemple, se subdivise en trois grands livres : l’entendement, les passions et la morale en sont les objets respectifs. Ce qui recouvre précisément la physique, c’est-à-dire le rapport à la nature, au monde, pour le premier livre ; et pour le second, qui traite des passions, on retrouve le problème du Soi, de l’identité, forme nouvelle que prend le fondement du champ logique à l’ère de la subjectivité – qui devient la pensée – qui a connu, on le sait, peu de progrès en logique au sens strict ; reste le troisième livre, consacré à l’éthique.

Soi, le Monde et Autrui : telles sont, en définitive, et semble-t-il depuis toujours, les grandes questions de la philosophie. Celles qui agitent l’homme depuis l’aube des temps, et qui alimentent tous ses soucis et ses préoccupations les plus fondamentales. L’identité n’est d’ailleurs pas simplement une affaire de logique, de raisonnement, de méthode ; elle est aussi l’expression de ce que l’on est, et l’âme, qui nourrit tout raisonnement possible, s’est vue interrogée sur son identité éternelle, au travers du problème de la survie, de la mort, de l’existence. Avant toute psychologie, au sens où on l’entend habituellement, l’âme – ce que l’on appellerait aujourd’hui le Soi – a été conçue comme le principe moteur de la vie, de ce que l’on était, de l’identité et des identités issues de la pensée et du raisonnement, une partie d’elle-même étant la source du logique et du rationnel, à côté d’autres parties, retenues davantage par l’émotion, le biologique et l’animal (anima = âme), où, précisément, l’identité se perd, se dilue, se fluidifie dans une sensibilité erratique, tissée de mouvements contradictoires et changeants. Les goûts, les besoins, les plaisirs, les intérêts même, relèvent ainsi de cette partie de l’âme où elle n’est pas vraiment un Soi, une identité, une raison logique, car elle est déchirée entre plusieurs directions qui l’attirent tour à tour ou simultanément, selon les circonstances.

Soi, le Monde et Autrui sont ainsi les points d’ancrage de la réflexion philosophique depuis toujours, et le lecteur contemporain, s’il est sincère avec lui-même, retrouvera dans ces trois grands problèmes ce qui sous-tend les siens encore à l’heure actuelle. Qui ne s’interroge sur ce qu’il est, surtout dans un monde comme le nôtre ? Les rôles sociaux, jadis fixés une fois pour toutes, se diluent : on est enfant, parent, mari ou femme, amant, employé un jour, cadre ou chômeur peu après (c’est rarement l’ordre inverse), contribuable, citoyen, électeur, voire élu, client, épargnant, pensionné, voyageur, etc. Bref, qui est-on au juste et quel sens cela a-t-il de faire tous ces parcours, alors que la mort annule tous nos rôles d’un revers de la main ?

Mais aussi que faire, si tout est futile, absurde eût dit Camus ou Sartre ? N’y a-t-il pas un minimum d’exigence à l’égard d’autrui, que prescrit la morale et que la politique s’efforce de faire respecter en théorie, dans l’intérêt de tous ?

Et enfin, il y a les choses. Pour notre malheur mais aussi notre bonheur : elles nous sont utiles, mais avant cela, elles nous posent problème ; le monde est opaque, l’univers mystérieux. A-t-il été créé ou existe-t-il depuis toujours ? Pourquoi l’Homme ? Y aurait-il un dessein caché dans l’Univers, que l’on pourrait peut-être même découvrir ? La science, la connaissance, le goût d’apprendre, donc de lire et de voir, ne peuvent qu’orienter et alimenter cette quête pour comprendre ce qui fait question.

Soi, le Monde, Autrui : vivre, c’est toujours d’une certaine façon, dérivée la plupart du temps, avoir résolu, souvent sans l’avoir voulu, ces trois grands problèmes. On n’y échappe pas. On a tous, de fait, une vision du monde et des autres comme de soi-même, qui agit sur nous, qui guide nos actes et nos pensées. On est donc tous philosophes, comme Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir. C’est sans doute pour cela que tout le monde s’intéresse à la philosophie, pour aller au fond de soi, de ses possibilités, de ses angoisses et de ses espérances.

Le philosophe y répond-il ?

Trop souvent, on lui reproche d’être obscur. Il prétend décrire l’entendement commun ou l’homme que nous sommes chacun, mais ce faisant, il va forcément au-delà de ce que chacun dirait, s’éloignant ainsi de son objet, au point que certains n’hésiteront pas à dire qu’il le perd et que cela n’a plus rien à voir avec l’homme de la rue. Certes, le physicien n’agit pas autrement sans qu’on le lui reproche. Il explique la lumière ou la chaleur avec des concepts inintelligibles pour la plupart d’entre nous. Mais chez le philosophe, cela semble inadmissible. La philosophie ne saurait être une science : elle doit divulguer les vérités enfouies au fond de soi, de chacun, pour les rendre accessibles à chacun. Le concept est par là condamné, même s’il est bien souvent inévitable.

L’autre reproche est sans doute le fait que la philosophie ne donne pas de réponses, alors que la science progresse en résolvant sans arrêt de nouveaux problèmes. N’est-ce pas le signe même de sa faiblesse ? Ne faut-il pas alors quitter le terrain de la Raison, préférer la religion, ou qui sait ?, la secte et la magie, l’horoscope et la divination ?

Que répondre à de tels reproches ?

Il est vrai que la philosophie est parfois obscure, qu’elle nécessite un apprentissage, tout simplement parce qu’elle a une histoire, avec des concepts qui se modifient au fil des siècles. On ne peut rentrer dans la philosophie contemporaine et ignorer ce qui précède. La philosophie est difficile ; c’est une ascèse, elle incarne l’inutile parce que l’essentiel est inutile. Mais le propre de l’essentiel est que l’on en a besoin, qu’il est incontournable. Il faut donc accepter de penser de façon élaborée. De plus, il est moins que certain que l’objet de la philosophie soit l’homme ordinaire. En tout cas, ce n’est pas la préoccupation première de la philosophie, et c’est au mieux, un problème dérivé. L’homme n’intéresse en propre la philosophie que de Descartes à Nietzsche, car avant comme après, il est appréhendé à partir d’autre chose que lui-même : Dieu, l’être, l’univers, la matière et, aujourd’hui, les sciences humaines ont détrôné la philosophie à cet égard, même si ce n’est que pour offrir des visions fragmentées et analytiques. C’est l’esprit du temps : d’ailleurs les synthèses sont rares, et les esprits synthétiques ont été remplacés par des « spécialistes ».

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 9-14.


Au sujet de l’auteur

Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/
Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/


wikipedia-1pceMichel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles et mort le 23 mai 2022 à Waterloo, est un philosophe belge, professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’université de Mons.

Michel Meyer est économiste et philosophe de formation, licencié en sciences économiques (1973), maître ès arts de l’Université Johns-Hopkins aux États-Unis (1975), agrégé de philosophie (1973) et docteur en philosophie (1977).

Professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Mons, il a été président du Centre européen pour l’étude de l’argumentation, directeur de la Revue internationale de philosophie et directeur de la collection L’interrogation philosophique aux Presses universitaires de France. Il est membre de l’Académie royale de Belgique et de I’Institut international de philosophie.

Sa réflexion porte sur la rhétorique à laquelle il a contribué par l’introduction d’une approche de l’argumentation qu’il nomme « problématologie ».

Lire la suite : Wikipédiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Meyer_(philosophe)


Hommage au philosophe Michel Meyer (1950-2022)

Comment concevoir la morale aujourd’hui ?

La rhétorique, l’argumentation et les sciences humaines (1) – Philippe Descola (2010-2011)


LinkedIn

Page de Michel Meyer sur le réseau d’affaire LinkedIn


In memoriam. Michel Meyer (1950-2022)

Paul Earlie, Arnaud Pelletier

Dans Revue internationale de philosophie 2022/2 (n° 300), pages 5 à 7

La Revue internationale de philosophie pleure la disparition de son directeur Michel Meyer, décédé subitement le 23 mai 2022 à l’âge de 71 ans. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel foisonnant et varié non seulement à sa famille – son épouse Corinne et ses fils Patrick et Alexandre –, mais aussi à ses amis, ses collègues, ses étudiants, et enfin ses lecteurs.

2 Beaucoup a été dit – et beaucoup sera encore dit – de la contribution très singulière de Michel Meyer à la pensée contemporaine, de sa recherche sans cesse renouvelée du questionnement dans les aspects fondamentaux de la réflexion humaine, tant en histoire de la philosophie que dans les domaines du langage, de la rhétorique, de la politique ou de la société. À une époque de spécialisation croissante et de partis pris méthodologiques, son œuvre est tout à fait unique et inclassable. Son souci d’embrasser toutes les disciplines et de regarder ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise, allait à contre-courant de la culture universitaire contemporaine, vis-à-vis de laquelle il gardait une certaine distance amusée. Cette distance lui conférait toutefois une précieuse vision d’ensemble. Comme il l’a écrit, de son aplomb si caractéristique, dans la préface de ses récents Principia Politica : « la question essentielle qui se pose aujourd’hui en sciences humaines, comme en philosophie d’ailleurs, est celle de la synthèse ».

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IN MEMORIAM MICHEL MEYER
(11 novembre 1950 – 23 mai 2022)

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ULB-Faculté de Philosophie et Sciences sociales – C’est avec une grande tristesse que avons appris le décès de notre collègue Michel MEYER, Professeur émérite de notre Faculté et philosophe belge de renommée internationale, ce 23 mai 2022. Michel Meyer était l’un des héritiers de la pensée de Chaïm Perelman. Il a notamment introduit la notion de « problématologie » dans le champ et la pratique philosophiques. Il a également dirigé pendant de nombreuses années la « Revue internationale de Philosophie ». Nos pensées accompagnent sa famille à qui nous présentons nos condoléances les plus sincères.


ARTICLES

L’origine du questionnement

À propos de la lecture de Platon et Aristote par Michel Meyer

Arnaud Macé

Dans Revue internationale de philosophieRevue internationale de philosophie 2011/3 (n° 257)2011/3 (n° 257), pages 17 à 46
Éditions De Boeck Supérieur

Qu’est-ce que la philosophie? Comme en témoigne Hérodote, «philosopher», c’est, au sens courant que ce verbe avait en grec ancien, être mû par la curiosité de tout savoir, parcourir le monde pour observer la diversité des choses 1 , la forme et les couleurs des fleurs comme la configuration des institutions et des mœurs des hommes. En ce sens la philosophie est un désir de tout connaître, et par conséquent un désir de tous les savoirs et de toutes les pratiques en lesquels se dissémine l’expérience que les hommes font de ce qu’il y a: de la botanique à la science politique, de la médecine à l’astronomie, rien n’échappe à ce désir. Il semble que se soit en outre ajouté à cet idéal celui de chercher l’unité dissimulée derrière l’étonnante diversité des choses, aussi bien que des savoirs et des pratiques qui se préoccupent de celles-ci2. Michel Meyer adhère résolument à cette idée de l’exercice philosophique comme recherche d’une «vision synthétique des différents domaines de la culture comme des diverses activités humaines»: il souligne en outre que la philosophie propose une certaine «lisibilité» de cette diversité, en essayant peut-être de déterminer un type de «problèmes» commun3. Nous avons récemment avancé l’idée que l’œuvre de Platon consiste à proposer une telle lisibilité, en déployant un type d’écriture susceptible à la fois de recueillir la plus grande diversité des formes d’expérience et de savoir de son temps et de faire paraître l’unité transversale d’un même problème à l’œuvre dans chacune de celles-ci4. Plus encore, parce qu’il met en scène les protagonistes de conversations variées et toujours recommencées, sans jamais parler en son nom propre, Platon choisit un mode d’écriture qui qui manifeste la nature même du problème dont il s’agit de lire la présence dans tous les domaines de la réalité. C’est en effet sous la forme d’une multiplicité dont l’unité n’est pas donnée d’avance que les dialogues platoniciens se présentent: or, en faisant l’épreuve de la lecture de ces œuvres, on découvre aussi que la réalité que les hommes découvrent se signale, dans chacune de ses parties ou sous toutes ses formes, comme une multiplicité dont l’unité doit être trouvée. L’écriture platonicienne reproduit le type de problématicité qui est celle des choses mêmes et c’est en ce sens qu’elle est un lieu où s’exercer à devenir philosophe, en parcourant ces anciennes multiplicités que Platon pouvait trouver dans les savoirs et les pratiques de son temps. Beaucoup de lecteurs, depuis deux millénaires et demi, se sont exercés dans les dialogues, avant de sortir au grand air, affronter le multiple de leur temps.

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Argumentation et Analyse du Discours

2 | 2009

Rhétorique et argumentation

Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ?

How should we consider the relationship between rhetoric and argumentation?

Michel Meyer

La rhétorique, dit Aristote, est le pendant de la dialectique et de l’argumentation. Cela pose le problème de leur harmonisation au sein d’une théorie unifiée, où la rhétorique littéraire voisine avec la logique juridique. La problématologie est cette conception unifiée. Les questions expresses relèvent du conflit argumenté, comme en droit, qui les codifie, et les questions indirectes, des réponses qui les avalent par l’élégance et le style pour se faire passer pour résolutoires de ces questions. La rhétorique est la négociation de la distance entre les individus sur une question donnée, une question plus ou moins problématique et conflictuelle. La problématologie est à la base d’une véritable nouvelle rhétorique, avec de nouvelles prémisses fondées sur le questionnement, laissées jusque-là en friche. Des figures de rhétorique à l’inférence du vraisemblable, le questionnement est le socle où viennent s’articuler la raison, le langage et la persuasion.

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Bibliographie – Michel Meyer

Découverte et justification en science – Kantisme, néo-positivisme et problématologie, Klincksieck, Paris, 1979.

Logique, langage et argumentation, Michel Meyer, Hachette, Paris, 1982, 2e édition 1985, (ISBN 978-2010072901).

(en) Meaning and Reading. A philosophical Essay on Language and Litterature, John Benjamins Publishing Company (en), Amsterdam, 1983.

De la problématologie : langage, science et philosophie, Mardaga, Bruxelles, 1986, Le Livre de Poche, 1994.

Science et métaphysique chez Kant, Michel Meyer et Quadrige, PUF, Paris, 1988. 2e édition Poche : Quadrige, Paris, PUF, 1995, (ISBN 978-2130471271).

Langage et littérature, PUF, Paris, 1992, Quadrige, 2001.

Questions de rhétorique, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-essais, 1993.

De l’insolence : essai sur la morale et le politique, Paris, Grasset, 1995.

Science et métaphysique chez Kant, Paris, Presses Universitaires de France – PUF, coll. « Quadrige », 1er juin 1995, 256 p. (ISBN 978-2-13-047127-1).

Pour une critique de l’ontologie, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, (ISBN 978-2800410265). Édition de Poche, Quadrige, PUF, 1999.

Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Hachette, Biblio-Essais, 1997.

Les passions ne sont plus ce qu’elles étaient, Bruxelles, Labor, 1998.

Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, avec Manuel Maria Carrilho et Benoît Timmermans, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 1999.

Petite métaphysique de la différence, Paris, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 2000.

Questionnement et historicité, Paris, PUF, 2000. Réédition : Paris, PUF, Quadrige, mars 2011.

Le tragique et le comique. Penser le théâtre et son histoire, Paris, PUF, 2003.

La rhétorique, « Que Sais-je ? », PUF, 2004.

Éric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Albin Michel, 2004.

Qu’est-ce que l’argumentation ?, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2005.

Comment penser la réalité ?, Paris, PUF, 2006.

Le philosophe et les passions. Esquisse d’une histoire de la nature humaine, Michel Meyer, Presses Universitaires de France – PUF, Paris, 14 septembre 2007, (ISBN 978-2130564423).

Rome et la naissance de l’art européen, Paris, Éditions Arléa, 2007.

Principia Rhetorica, Paris, Fayard, 2008. Réédition : Paris, PUF, « Quadrige », 2010, traduction roumaine, 2011.

De la problématologie, Paris, PUF, 2008.

La problématologie, « Que Sais-je ? », Paris, PUF, 2009.

Esthétique générale. Les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2009.

La rhétorique, Paris, PUF, collection Que sais-je, 2009.

Chaïm Perelman (1912-2012). De la nouvelle rhétorique à la logique juridique, avec Benoît Frydman, Paris, PUF, 2012.

Qu’est-ce que le refoulement?, Paris, L’Herne, 2012.

Principia Moralia, Paris, Fayard, 2013.

Qu’est-ce que l’histoire, progrès ou déclin ?, Paris, PUF, 2013.

Source : Meyer, Michel – Wikipédia.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

Le livre de poche

© Librairie Générale Française

Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond :

La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Dans le Développement personnel (DP), on trouve plutôt des directives (Faites ceci, faite cela…) en réponse aux questions adressés par les clients à leurs coachs. Le développement personnel exploite (malheureusement trop) souvent la philosophie mais, en fait, cette activité ne se questionne pas sur elle-même, si ce n’est sur le comment commercial.

Michel Meyer consacre un chapitre de son livre aux arguments en philosophie dont voici un court extrait :

L’argumentation en philosophie est essentielle, car celle-ci n’a ni les ressources expérimentales de la sciences, ni la contraignance formelle des mathématique ou de la logique. Il ne lui reste qu’à débattre des questions, en se nourrissant des multiples arguments qui ont trait aux thèses qu’elle défend à un moment donné.

Les conclusions de la philosophie n’auront donc jamais rien d’absolu : elles resteront toujours, quelque part, problématiques. C’est-à-dire source de questions, celles que l’on se pose, celles qui nous interpellent et même qui s’adressent à notre sensibilité. C’est là, peut-être, que la philosophie est le plus proche de la sophistique, cette mauvaise rhétorique tant décrié par Platon, et que l’on doit dénoncer en déconstruisant la rhétorique en général pour ne plus se laisser abuser par des artifices de langage. Cela dit, n’oublions jamais que la problématicité de la philosophie est conforme à ce qu’elle est : une réflexion sur les problèmes, ce qui est déjà une réponse.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les arguments de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 41.

Bref, on ne peut pas conclure définitivement en philosophie. La réponse pose toujours d’autres problèmes à questionner à leur tour.

Michel Meyer aborde aussi la question de la « nature même de la pensée philosophique » dans le chapitre Philosophie, art et religion :

(…) Quelle est la différence de base entre la philosophie et la religion. La religion se meut dans le dogme et la foi, c’est-à-dire ce qui échappe à l’interrogation. Elle répond sans mettre en question, et elle accepte mal la mise en question. La philosophie, elle, aimerait pouvoir se réclamer de certitudes, mais les seules réponses qu’elle peut mettre en avant sont issues d’un questionnement, et le plus souvent, elle se maintient dans un répondre éminament problématique. La philosophie est, jusque dans la métaphysique même, interrogative. N’admettre pour réponse que ce qui a d’abord été mis en question : telle est, depuis Socrate, la nature même de la pensée philosophique. (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Philosophie, art et religion, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 44.

Philosopher, c’est questionner la question. Il s’agit d’ailleurs du propre de l’Homme que de pouvoir se retrouver en lui-même, en sa conscience, et de se questionner. Un singe ne se demande pas s’il est un singe. Une fleur ne se demande pas si elle-est une fleur. Seul l’Homme se demande ce qu’il est vraiment.

Évidemment, on peut vivre sans se poser de questions, à la surface de Soi. On peut repousser toutes les questions embarrassantes pour éviter le malaise des réponses ou de l’absence de réponses. Se questionner est négatif pour certaines personnes.

Encore faut-il  « Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants ».

La problémacité est dont vécue non comme une richesse et une positivité, mais comme une impossibilité et un échec. Faute d’avoir questionner le questionnement, la philosophie se heurte malgré tout à lui avec les vieux concepts qui en ont fait quelque chose de négatif. Elle affronte le problématique sans y être préparée. Elle véhicule une tradition centrée sur les solutions qui évacuent les questions, et non ce qui les pensent.

Il faut donc aller au-delà, et ne pas se contenter de voir les questions qui surgissent. Il faut penser le questionnement comme tel, à partir de lui-même, et accepter l’idée que la première étape de toute résolution possible a lieu avec la question. Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants, est le tout premier pas de la pensée dans sa positivité même.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Qu’est-ce que la métaphysique ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 52.

À mon humble avis, toute question soulève un doute et ce dernier pose lui-même problème. En effet, certaines personnes tissent un lien malsain entre le doute et la confiance en soi. Plus encore, elles lient la confiance en soi au confort d’avoir raison. Autrement dit, certaines personnes perdent pied lorsqu’elles n’ont pas raison. Elles évacuent ainsi tous les doutes possibles et bénéfiques à la vie bonne. Or et ce n’est pas nouveau : la lumière entre par les failles ou, si vous préférez, par les doutes. Le doute est aussi la clé de toute pensée féconde, notamment la pensée scientifique.

Or, on ne peut négliger la science, encore moins l’ignorer, car elle fait partie intégrante de la réflexion de l’homme. Tout dépend de ce que l’on attend d’elle. Et s’il s’agit de la « fonder », comme Descartes le voulait, force est de constater que c’est inutile : elle n’en a pas besoin. Par contre, s’il s’agit de voir comment elle procède afin de mieux comprendre la Raison, alors la science est importante pour la philosophie. Et il s’agit d’interpréter la science et ses résultats, afin d’intégrer en une vision systématique ce qu’elle dit de l’espace, du temps, de la matière, etc., alors la philosophie, en retour, sera importante pour la science, qui verra mieux, ce qu’elle apporte de façon fragmentée et analytique, au nom de l’efficacité, alimentant la réflexion de fond que l’homme a de l’univers et de sa place dans cet univers.

La méthodologie de la science – ce que l’on appelle l’épistémologie – illustre bien le fonctionnement de l’esprit humain.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Que dit la philosophie à propos de la science ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 57-58.


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épistémologie

Définition de épistémologie ​​​

nom féminin

didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

L’épistémologie m’intéresse depuis plus de 25 ans. Je cherche dans cette discipline de la philosophie des réponses à la question « Comment nous pensons ? » afin de prendre conscience et d’agir sur mes erreurs de pensée, ce que je considère comme une forme de philothérapie.

Un peu d’esprit scientifique dans nos ne nous fera pas de tort.


La formation de l’esprit scientifique

Gaston Bachelard

La Formation de l’esprit scientifique (sous-titré Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective) est un essai d’épistémologie de Gaston Bachelard publié aux éditions Vrin en 1938. Bachelard y propose une analyse de la transition entre l’esprit « préscientifique » et l’esprit « scientifique » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette évolution est rendue possible par la prise en compte et le dépassement de ce qu’il définit comme des obstacles épistémologiques, permettant alors la construction rationnelle d’une expérience. Celle-ci, par la longue réflexion qui la précède, dépasse l’observation directe d’un fait empirique et entraîne l’abstraction et la mathématisation du phénomène physique, seul moyen à ses yeux d’échapper aux préjugés inhérents à la nature humaine qui ont longtemps paralysé le progrès scientifique. Tout au long de l’ouvrage, il cite un grand nombre d’ouvrages préscientifiques illustrant les différents obstacles qu’il met en lumière, en particulier des œuvres d’alchimistes et de savants du siècle des Lumières. Source : InternetArchive.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L’obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…)

5. L’obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique. Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (substans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L’obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. » (…)

Consulter ce livre en libre téléchargement


Évidemment, on ne peut pas se limiter à surmonter des obstacles épistémologiques pour acquérir un peu d’esprit scientifique dans notre vie de tous les jours. Pour penser juste, il faut suivre quelques « Leçons de logiques ».


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Leçons de logique

ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939)

Manuel scolaire,
Première édition : 1914 – Québec
Réédition de la huitième édition parue en 1940
Collection du domaine public de la
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, Canada,
20 novembre 2009, 236 pages.
ISBN 978-2-89612-315-5

EXEMPLAIRE NUMÉRIQUE : GRATUIT (PDF)

NOTES DE L’ÉDITEUR

Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys

«Où est passée la logique ?» À la poubelle, tout simplement, comme un vieux manuel scolaire. Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut l’enseigner. Or, au Québec, l’enseignement de la logique a pris le bord lors du grand ménage de la Révolution tranquille au cours des années 60. Parce que la logique alors au programme se référait à la religion catholique, la logique est disparue dans le tourbillon de la modernisation, comme on jette le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui, on la cherche partout sans succès, d’où l’urgence de remettre en circulation LEÇONS DE LOGIQUE, un petit manuel scolaire, purement québécois, dont la toute première édition remonte à 1914. Lire la suite.


À ces leçons de logiques nécessaires pour profiter de l’esprit scientifique dans nos vie de tous les jours, j’ajoute la correction incontournable de nos biais cognitifs.


Biais cognitifs

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David D Burns, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.

Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.

Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.

Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.

L’interprétation indue : vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.

L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».

Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.

Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.

L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.

La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

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Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


(…) « le philosophe ne peut aller au fond des choses sans s’interroger sur ce qu’il fait en s’interrogeant. » (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Pour une ontologie minimale : les faits, les choses et leur catégorisation, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 93.

Ainsi nous faut-il découvrir comment nous pensons pour penser juste. J’ai finalement compris pourquoi le philosophe consultant Jérôme Lecoq interroge et problématise les interventions et les questions des participants à ses ateliers de philosophie en ligne.

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Quelques exemples d’ateliers

ATELIER SUR LE RESSENTI

ATELIER CONFLITS INTERNES

ATELIER LE MOI EST-IL HAïSSABLE ?

ATELIER FAUT-IL PLUS SE MÉFIER DE NOUS-MÊMES OU D’AUTRUI ?

À lire

Les 10 accords socratiques par Jérôme Lecoq.

À visiter

Site web de Jérôme Lecoq

Groupe Facebook Ateliers de la pensée par Jérôme Lecoq

Page Facebook de Jérôme Lecoq

Page LinkedIn de Jérôme Lecoq


« Raison sans passion n’est ruine de l’âme. »

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme est-il un animal raisonnable ? La logique des passions, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 113.

La raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour parvenir à prendre une décision. Lorsque vous vous retrouver devant cinq chois différents pour l’achat d’une automobile, d’une maison, de la date d’un prochain rendez-vous, etc., vous pouvez analyser en détails toutes les offres pendant des heures sans pour autant avoir les connaissances et les synthèses pour effectuer votre choix. C’est dans de telles circonstances que les émotions viennent à la rescousse avec « un coup de cœur » pour la meilleure offre. À lire : L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, Antonio Damascio. À écouter : Sentir d’abord : une exploration de la conscience, Antonio Damasio, Fleur bleue, Radio France.


La philosophie est une question en soi, pour elle-même, parce qu’elle est l’interrogativité même qui s’interroge, qui est en question. De ce fait même, on la voit à l’oeuvre dans la science comme dans la vie, qui l’une et l’autre interpellent et problématisent. La philosophie nous ramène au principe, au sens, c’est-à-dire à ce dont il est question, mais elle nous oblige à penser systématiquement les différentes problématiques, telle que les voit en science ou en art par exemplae, donc à les articuler et à les différencier également.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme et la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 151.


* * * * *

J’accorde au livre QU’EST-CE LA PHILOSOPHIE ? de MICHEL MEYER cinq étoiles sur cinq.

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

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Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

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Article # 72

J’AI LU POUR VOUS

Les philo-cognitifs

Ils n’aiment que penser et penser autrement…

Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier

Odile Jacob, Paris, 18 mars 2019

EAN13 : 9782738146724

224 pages / 145 x 220 mm

Mise en page 1

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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

Les philo-cognitifs sont ces individus, enfants ou adultes, qui réfléchissent de façon différente et ne peuvent s’arrêter de penser.

Appelés tour à tour surdoués, précoces, hauts potentiels, ils ont été décrits d’une seule et même façon, alors qu’ils révèlent en vérité deux types distincts d’intelligence. Là où certains, brillants et inadaptés, font la « révolution de la pensée », d’autres, en effet, s’imposent comme les piliers de leur environnement, lui apportant raison et équilibre.

Parce qu’à l’évidence les « hauts potentiels » ne sont pas tous les mêmes, deux psys et un neuroscientifique proposent, pour la première fois, de dégager les caractéristiques essentielles qui vont avec tel ou tel grand profil, en s’appuyant sur la clinique, mais également sur les neurosciences.

Vous aussi vous avez une pensée hors norme ? Alors partez à la rencontre de vous-même et découvrez si vous êtes plutôt ouvreur de voie ou couteau suisse, interpréteur ou explorateur, sympathique ou empathique, instinctif ou intuitif…

Des explications lumineuses pour mieux se comprendre en profondeur ; des conseils adaptés pour mieux vivre au quotidien.

Fanny Nusbaum est docteur en psychologie et chercheur associé en psychologie et neurosciences à l’université de Lyon. Elle est fondatrice et dirigeante du Centre PSYRENE (PSYchologie, REcherche & NEurosciences), spécialisé dans l’évaluation, le diagnostic et le développement de potentiels.

Olivier Revol, pédopsychiatre, dirige le centre des troubles de l’apprentissage de l’hôpital neurologique de Lyon et milite depuis plus de trente ans pour que chaque enfant puisse accéder au plaisir d’apprendre.

Dominic Sappey-Marinier est enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences à la faculté de médecine Lyon-Est.

Source : Éditions Odile Jacob.


TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

Les origines

Partenaires particuliers…

Un parcours escarpé et joyeux

De chair et d’âme

CHAPITRE PREMIER – Du haut potentiel à la philo-cognition

Les mots pour les dire…

    • Surdon, précocité,  haut potentiel…
    • L’arbitrage de la science

Trois caractéristiques majeures pour une façon de penser singulière

    • Je suis,  donc je pense : l’hyperspéculation
    • Comme un sixième sens : l’hyperacuité
    • Un réassemblage permanent des idées : l’hyperlatence
    • Trois fois mieux !

Comment appeler ces penseurs atypiques ?

    • Les deux profils
    • Philo-complexe ou philo-laminaire ?
    • Ni tout à fait le même,  ni tout à fait un autre…

CHAPITRE 2 – Ouvreurs de voies : Les philo-complexes

Portrait chinois

    • Si c’était un animal,  ce serait… un ouistiti
    • Si c’était une énergie,  elle serait… libre et torrentielle
    • Si c’était une posture,  ce serait… l’entièreté

Dans la tête d’un complexe

    • Interpréter le monde
    • Une surcharge cognitive mal maîtrisée
    • Un mouvement perpétuel

De soi à soi

    • Mauvaise estime et bonne confiance
    • Trop sympathique !
    • Une tendance à l’autosabordage

Face au monde

    • À l’instinct !
    • Relation à l’autre : le grand malentendu
    • Relation à l’autorité : opposition,  déni et transgression

Les souffrances du philo-complexe, les troubles associés

CHAPITRE 3 – Couteaux suisses : les philo-laminaires

Portrait chinois

    • Si c’était un animal,  ce serait… un ours
    • Si c’était une énergie,  elle serait… maîtrisée et solaire
    • Si c’était une posture,  ce serait… constance, patience et tempérance

Dans la tête d’un laminaire

    • Explorer le monde en tout terrain
    • Hyperconscience : il est « aware » !
    • Promotion naturelle…

De soi à soi

    • Meilleure estime que confiance…
    • Très empathique !
    • Une tendance à l’autoconservation

Face au monde

    • À l’intuition ! Fiable et adapté
    • Face à l’autorité,  respect mais contournement

Les souffrances du philo-laminaire, les troubles associés

CHAPITRE 4 – Recherche en cerveau inconnu

Les neurosciences de l’intelligence

    • Le cerveau : centre de l’intelligence
    • L’intelligence, une organisation cérébrale à la pointe de l’adaptation

L’étonnant cerveau des complexes et des laminaires : ce que révèle l’étude lyonnaise

    • Connectivité structurale : plus dense
    • Activité cérébrale : plus pointue
    • Connectivité fonctionnelle : plus efficace
    • Quelle intégration dans la société pour les philo-cognitifs ?

Vers un nouveau modèle de l’intelligence ?

    • La cognition supérieure comme meilleure qualité de raisonnement
    • La cognition supérieure comme meilleure performance dans un domaine de prédilection
    • La supra-cognition comme manifestation de toutes les intelligences

Intelligence, génie et réussite

    • Peut-on définir le génie ?
    • Et la réussite dans tout ça ?

Épilogue

Notes et références bibliographiques

Bibliographie


EXTRAIT

Avant-propos

Nous sommes fiers de partager avec vous le fruit d’une belle rencontre, écrite comme un roman. Ou plutôt une pièce de théâtre, démarrée dans un huis clos stimulant il y a une dizaine d’années, puis enrichie au fil des représentations publiques et des échanges privés. Le script est plutôt classique. Une psychologue passionnée, un enseignant-chercheur avisé et un médecin motivé se retrouvent autour du même défi. Comprendre ce qui se cache derrière le regard profond des enfants et des adultes « doués ». Puis analyser les mécanismes neurologiques et affectifs qui sous-tendent la vie colorée et parfois tumultueuse de ces personnes atypiques.

Les origines

En fait, cet ouvrage existe depuis longtemps. D’abord en « jachère » sans doute, tapi quelque part dans l’inconscient de chacun de nous trois, lorsque nos vies personnelles nous confrontaient quotidiennement à la « précocité ». Grandir avec un frère ou une sœur à « haut potentiel » est une expérience irremplaçable. La relation fraternelle est la plus longue et la plus intime des relations humaines. Terrain d’entraînement exemplaire et peu dangereux, l’univers familial nous prépare à accueillir nos enfants et nos patients, et à commencer à comprendre la diversité des rapports humains. Ensuite, nos parcours professionnels ont enraciné l’envie de savoir. Nous avons avancé tous les trois, séparément dans un premier temps, en parallèle, dans l’écoute clinique et la recherche neurologique, jusqu’à la maturation de nos idées. Et surtout jusqu’à cette certitude qu’il fallait aller plus loin. Tous les ingrédients étaient alors présents pour imaginer la « saison 2 », celle de la mise en commun de nos idées, de nos trouvailles mais aussi de nos doutes. Mais de bons produits mélangés dans la plus belle des marmites ne suffisent pas à créer un plat réussi. Qu’il manque une flamme et le résultat se révèle décevant, sans liant ni saveur.

Partenaires particuliers…

Plusieurs congrès ont permis de rassembler les personnes concernées par la valorisation de tous les potentiels. Des chercheurs et des cliniciens reconnus nous ont fait confiance. Ils nous suivent toujours. Au fil des échanges, à l’écoute des patients et des familles, nos regards conjugués sur le « haut potentiel » ne cessent d’évoluer.

C’est le produit de ce croisement de regards que nous avons tenté de mettre en musique. Avec prudence. Si nos expériences individuelles nous confèrent une certaine légitimité pour évoquer la « surdouance », il reste beaucoup d’inconnues. Des auteurs prestigieux ont décrit différentes formes d’intelligence, avec autant de particularités dans leur expression intrapersonnelle et interpersonnelle. Il nous a paru nécessaire de nous lancer dans un exercice audacieux. Décrire ce qui relie ces personnes atypiques, puis proposer des « sous-types » pour comprendre ce qui les différencie les uns des autres, mais aussi des individus standards. Enfin, analyser les mécanismes neurologiques mis en jeu dans chacun des sous-groupes, avec l’objectif d’utiliser nos découvertes pour prévenir et aider. Et l’idée forte de proposer aux personnes à « haut potentiel » (et à tous les autres) une véritable « neuro-éducation ».

Un parcours escarpé et joyeux

Entre la création de PSYRENE (PSYchologie, REcherche, NEurosciences) et la sortie de cet ouvrage, nous n’avons cessé de cheminer avec enthousiasme. De réunions confidentielles en conférences à trois voix, de rencontres autour des patients (lors de l’étude par IRM fonctionnelle en particulier) en émissions de télé et radio, nos échanges ont été de vrais moments de partage. Avec des questionnements parfois étranges, des éclats de rire, de l’autodérision, des points de désaccord aussi… Bien heureusement, l’un (ou l’une !) d’entre nous est toujours là pour freiner l’euphorie des deux autres, et éviter ainsi dérives et pensée unique !

Notre travail n’est qu’un début. Il ouvre de nouveaux espaces de compréhension de la philo-cognition, et du fonctionnement neurologique en général. Notre expérience est force de conviction. La plupart des philo-cognitifs vont bien. Surtout les adultes, car l’intelligence protège et les mécanismes de résilience sont particulièrement productifs dans une population spécialement « équipée » pour la métacognition, c’est-à-dire la capacité à penser sur ses propres pensées. Pour autant, nous n’oublions pas tous ceux qui restent en difficulté sur le plan affectif et/ou cognitif. C’est auprès d’eux que s’inscrit notre mission de soignants. Ils le savent, et nous le rendent bien et avec gratitude. Nous sommes toujours frappés par l’empressement de nos patients à accepter de participer aux protocoles de recherches. Qu’ils trouvent ici nos remerciements sincères. Leur contribution est inestimable. Comprendre pourquoi et comment une intelligence de haut niveau peut conduire à l’échec nous éclaire chaque jour un peu plus sur la modélisation des facteurs de réussite. Et nous permet d’œuvrer pour que les obstacles deviennent des tremplins, dans une dynamique de psychologie positive qui est le début du réenchantement. Nous pouvons ainsi relire sereinement la métaphore de l’albatros dans Les Fleurs du mal. Posé sur le pont du navire, l’oiseau est emprunté et soumis aux moqueries des marins. Dans une logique romantique et prémélancolique, Charles Baudelaire évoque ainsi l’isolement douloureux du poète maudit. Notre regard se veut plus optimiste et moins pathologisant. L’albatros possède l’envergure la plus importante de tous les oiseaux. Il sait utiliser le vent pour planer des heures durant. L’observation des capacités de vol et de chasse de ce géant des airs permet de comprendre les mécanismes de portage de tous les oiseaux…

De chair et d’âme (1)

L’être humain est une alchimie complexe, faite de neurones, d’ADN et d’un terreau environnemental. En fait, nous avons tous quelque chose de… philo-cognitif, avec un zeste de laminaire, une pincée de complexe ou un nuage de fonctionnement standard. Le mérite des personnes « douées » est de nous apprendre à évaluer ces proportions et leurs conséquences sur notre vie relationnelle, notre réussite professionnelle et notre harmonie affective.

Car nous nous sommes tous posés sur le même bateau…

___________

(1) Cyrulnik B., De chair et d’âme, Odile Jacob, 2006

Source : Éditions Odile Jacob.


Télécharger un extrait (ePub) : leslibraires.ca


Revue de presse & Sur le web

Les meilleurs conseils du livre « Les Philo-cognitifs » – Nous allons voir dans cet article quels sont les meilleurs conseils de du livre Les Philo-cognitifs, écrit par Fanny Nusbaum (docteur en psychologie, chercheur associé en psychologie et neurosciences à l’Université de Lyon, fondatrice et dirigeante du Centre PSYRENE), Olivier Revol (pédopsychiatre et dirigeant du centre des troubles de l’apprentissage de l’hôpital neurologique de Lyon) et Dominic Sappey-Marinier (enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences à la faculté de médecine de l’Université de Lyon). (L’éveil du TDAH).

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Les philo-cognitifs – Suite à une étude menée sur le cerveau d’enfants de 8 à 12 ans, Olivier REVOL, Fanny NUSBAUM et Dominic SAPPEY-MARINIER proposent un nouveau terme pour désigner les enfants surdoués. Ils ont choisi de les appeler « philo-cognitifs ». (Précoces et surdoués).

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NUSBAUM : Les philo-cognitifs. Ils n’aiment que penser et penser autrement… (2019) – Trois scientifiques lyonnais viennent de sortir un livre pour redéfinir les êtres dits précoces ou surdoués. A l’avenir, il faudra parler de philo-cognitifs… (wallonica.org)

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Enfant précoce ou surdoué : place au philo-cognitif ! RA-Sante.com (prononcez Rhône-Alpes Santé) 

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Les Philo-cognitifs, ils n’aiment que penser et penser autrement… de Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier, TEXTUALITÉS



Au sujet de l’auteure Fanny Nusbaum

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Fanny Nusbaum ouvre son cabinet en 2004 qui se développe pour devenir le Centre PSYRENE, un centre de psychologie et de neuropsychologie qui compte une dizaine de praticiens.

En 2008, elle reçoit le prix Peter Berner, récompensant un jeune chercheur en hypnose scientifique3. Elle est également chercheuse associée à l’université Claude Bernard Lyon 1, dans le laboratoire P2S4.

Elle se fait remarquer par la communauté scientifique et le grand public grâce à ses travaux sur la philocognition, un terme qu’elle a elle-même inventé pour décrire le Haut Potentiel Intellectuel (HPI). Son livre, publié en 2019 avec Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier aux Édition Odile Jacob5, présente deux profils de philocognitifs, les laminaires et les complexes. Cet ouvrage devient rapidement un best-seller et une référence pour les psychologues et neuropsychologues.

En 2020, durant la crise du Covid-19, elle assure le suivi de ses patients par téléphone6 et continue exclusivement de cette façon par la suite, privilégiant le contact direct et intime avec ses patients, une approche qu’elle détaille dans son livre « L’art de l’excellence : En finir avec la dictature des humanistes ».

En 2021, elle publie « Le Secret des Performants », où elle propose un modèle de l’intelligence considéré comme révolutionnaire7. Plutôt que de considérer l’intelligence comme une capacité, elle la définit comme un état qui révèle nos capacités et qui peut varier en fonction de l’environnement, de sa fatigue ou de son stress. Elle établit une gradation de cet état d’intelligence en trois stades : antiphase, compétence et performance. Ce livre devient rapidement une référence pour le monde de l’entreprise, qui sollicite régulièrement Fanny Nusbaum pour des conférences et des formations sur l’intelligence et la performance.

En 2022, Fanny Nusbaum publie « Le cerveau sous hypnose », où elle détaille comment l’hypnose et l’imaginaire peuvent servir de mécanismes fondamentaux pour l’intelligence et la performance.

En 2023, elle publie « L’art de l’excellence : En finir avec la dictature des humanistes », où elle critique la religion humaniste pour sa promotion d’une égalité stricte, de la bienveillance, de la faiblesse et de l’approximation qui inhibe la performance individuelle et collective. Cet ouvrage met en avant une approche de l’excellence fondée sur la force, l’instinct et la grandeur de l’humain. Il a été bien reçu par la critique et les lecteurs, et a été décrit comme un vent de changement dans le débat public. La même année, « Les Philo-cognitifs » et « Le Secret des Performants » sont publiés en Chine.

Fanny Nusbaum est reconnue comme une visionnaire dans son domaine, remettant en question les idées préconçues sur l’intelligence, la performance et l’excellence.

Source : Wikipédia.


Page du Centre PSYRENE fondé par Fanny Nusbaum

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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les philo-cognitifs

Ils n’aiment que penser et penser autrement…

Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier

Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Je dois avouer avoir commandé ce livre sans me donner la peine de prendre connaissance du texte en quatrième de couverture qui informe les lecteurs au sujet des disciplines des auteurs : Fanny Nusbaum est docteur en psychologie. – Olivier Revol, pédopsychiatre. – Dominic Sappey-Marinier est enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences.

Bref, si j’avais su, je n’aurais pas acheté ce livre car j’entretiens depuis fort longtemps face à la psychologie une grande aversion dont j’ai amplement témoignée dans plusieurs de mes précédents articles avec cet extrait du livre SÉDUCTION PSYCHOLOGIQUE – ÉCHEC DE LA PSYCHOLOGIE MODERNE :


Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».
Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».

« L’ÉCHEC DE LA FOI PSYCHOLOGIQUE

Quelque bien intentionné et agréable qu’il soit, il n’est pas évident que l’« establishment » sache aider. Partout il existe de sombres signes que cette foi n’est pas efficace. En dépit de la création d’une armée virtuelle de psychiatres, psychologues, psychométriciens, conseillers et éducateurs sociaux, il n’y a eu aucune diminution du taux de maladies mentales, suicides, alcoolisme, toxicomanie, enfants maltraités, divorces, meurtres et voies de fait de toutes sortes. Contrairement à ce qu’on pourrait espérer dans une société analysée si soigneusement et assistée par tant d’experts de la santé mentale, il y a eu un accroissement dans tous ces domaines. Il semble parfois exister un rapport direct entre le nombre grandissant de ceux qui aident et le nombre grandissant de ceux qui ont besoin d’aide. Plus nous avons de psychologues, plus nous récoltons de maladies mentales; plus nous avons d’éducateurs sociaux et de délégués à la liberté surveillée, plus la criminalité s’accroît; plus nous avons d’enseignants et plus l’ignorance grandit.

Il nous faut nous interroger devant tout cela. En clair, cela est suspect. Nous sommes contraints de concevoir la possibilité que la psychologie et les professions qui gravitent autour d’elle proposent des solutions aux problèmes qu’elles ont elles-mêmes contribué à faire naître. Ainsi, nous voyons des psychologues élever chez les gens l’espoir de bonheur ici-bas à un niveau démesuré, pour ensuite dispenser leurs conseils sur la crise qui survient vers la mi-vie et à la mort. Nous voyons des psychologues faire de l’attention portée à soi-même une vertu, pour ensuite s’étonner du nombre croissant de narcissistes. Nous voyons des psychologues alléguer devant les tribunaux que les mauvais garçons et même les mauvais adultes n’existent pas, pour ensuite formuler des théories afin d’expliquer l’augmentation de la criminalité. Nous voyons des psychologues mettre à rude épreuve les liens de la vie familiale, pour ensuite mener une thérapie dans les foyers brisés.

ATTENTES ET RÉSULTATS

Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans les domaines où les professionnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanislas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :

« Ainsi, dans un pays où il y a pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans ce domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les lieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, pp. 25-26.

Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie? Le professeur Andreski poursuit :

« … Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et sœurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes qui n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix; et qu’il aurait dû en être toujours plus ainsi durant le dernier quart de siècle en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, p. 26.

Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont pas sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmentation de celui-ci. Les conseils matrimoniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle dans un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qu’il peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, ils ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu ».

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, p. 29.

Source : Séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne, William Kirk Kilpatrick, Traduction de l’original anglais (Psychological seduction, Thomas Nelson Publishers, Nashville, USA, 1983), Traduit en français par Alain Chong, Centre Biblique Européen, 1985, pp. 32-35


L’usage du mot « PHILO» dans le titre d’un livre de psychologie m’apparaît presque comme une usurpation. Les auteurs donnent à la PHILO un sens que je ne lui connaissais pas : « philo : philo : « intérêt marqué pour ». Il s’agit d’un intérêt marqué pour la cognition « ensemble des opérations mentales conscientes et non conscientes ».


En somme, on a longtemps parlé de ces êtres différents en les nommant « surdoués », « précoces », « hauts potentiels » ou par divers noms d’animaux. Mais aucune de ces appellations n’a su complètement recouvrir les caractéristiques pressenties de ces individus. Dans ce contexte, nous cherchions un terme qui illustre par lui- même le fonctionnement cognitif de ces individus dans sa totalité et nous avons retenu celui de philo-cognition (philo : « intérêt marqué pour » ; cognition « ensemble des opérations mentales conscientes et non conscientes »). En effet, il désigne d’abord un intérêt prononcé (voire un besoin profond) et une capacité supérieure pour la mobilisation massive de la pensée au travers de trois processus principaux : un raisonnement actif et compulsif (hyperspéculation), une sensibilité et une alerte exacerbées (hyperacuité) et une pensée automatique et analogique surdéveloppée (hyperlatence). Mais le préfixe « philo » se réfère également à une nécessité permanente de réflexion philosophique, c’est-à-dire de questionnements des grands principes existentiels pour l’homme dans son environnement, dans ses relations avec autrui, de sa place dans l’univers, avec une approche métaphysique ou spirituelle. Un philo-cognitif est donc cet individu, enfant ou adulte, doté d’une grande réceptivité globale et ainsi capable de détecter et collecter tout stimulus pertinent plus rapidement et/ou plus intensément pour l’intégrer à un système de raisonnement perfectionné.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre premier – Du haut potentiel à la philo-cognition, Sous-titre «Comment appeler ces penseurs atypiques ?», Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 32


Arrêtons-nous davantage à ce passage de la citation ci-dessus : « Mais le préfixe « philo » se réfère également à une nécessité permanente de réflexion philosophique, c’est-à-dire de questionnements des grands principes existentiels pour l’homme dans son environnement, dans ses relations avec autrui, de sa place dans l’univers, avec une approche métaphysique ou spirituelle. »

La « réflexion philosophique » est définie par les auteurs par les sujets abordés. Or, la « réflexion philosophique » se fonde d’abord et avant tout, non pas sur les sujets de la réflexion, mais bel et bien sur l’esprit critique, son acquisition, son développement et sa pratique. Un problème dans l’esprit critique faussera la réflexion. Le « Comment nous pensons » s’impose avant toute réflexion, qu’elle soit philosophique ou non, et que l’on soit ou non un être à haut potentiel. Mais les auteurs du livre LES PHILO-COGNITIFS ne vont pas à la source de la cognition dans l’esprit des individus lorsqu’ils abordent les problèmes et les situations des personnes à haut potentiel. Il demeurent en surface.

Évidemment, j’imagine leur désaccord puisqu’ils se réfèrent à leurs études cliniques et aux neurosciences. Cependant, à l’instar de toutes les études cliniques, ils mettent de l’avant leurs observations et leurs interprétations de ces dernières face au comportement des individus. Bref, ils proposent aux lecteurs leurs jugements ou, si vous préférez, leurs opinions, peu importe le respect des conventions et des règles de la recherche clinique.


« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objecti­vement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous appa­raissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »[2]

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82

______________

[2] Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82. « We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively. We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »


Aussi la psychologie cherche à se donner de la crédibilité en se référant aux neurosciences, notamment et dans le cas présent, en traitant des phénomènes mentaux. La psychologie, science inexacte par excellence, cherche dans les sciences exactes, notamment et dans le cas présent, en biophysique, imagerie médicale et neurosciences, une argumentation et des justifications à ses jugements qui, nous venons de le voir, demeurent subjectifs. On parle même de neuropsychologie.

En fin de compte, la psychologie met de l’avant uniquement ce qu’elle offre :

Ce travail peut reposer sur :

— (…)

— des séances de visualisation, notamment par hypnose, axée sur la technique de reparentage (construction mentale d’un parent intérieur), avec un professionnel recinnu, bien sûr.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «De soi à soi» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 70.


Dans ce cadre les professionnel indiqué peut être un spécialiste des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) connaissant la philo-cognition, qui sera en mesure d’aider à modifier les pensées automatiques et d’en créer de nouvelles. Les techniques méditatives (hypnose, sophrologie, méditation) peuvent servir à visualiser et incarner une prise de distance par rapport aux événements. Enfin, le neuro-feedback ou la stimulation électriques transcrânienne (TDCS) axés sur la zone préfrontale peuvent permettre davantage de contrôle émotionnel.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «Trop sympathique !» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 73.


On tendra de préconiqer dans ce cas :

(…)

Des travailler en psychothérapie (psychodynamique, thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou d’orientation systémique, etc.) ou par des méthodes de développement personnel (programmation neurolinguistique ou PNL, analyse transactionnelle, méthode Coué…) sur le respect de soi par la détection et la modification des pensées automatiques de dévaluation, de dégradation de lui-même et de l’image qu’il renvoie.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «Une tendance à l’autosabordage» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 79.

Une « stimulation électriques transcrânienne (TDCS) » lorsque le philo-complexe « éprouve de grandes difficultés à gérer ses émotions », « pour s’extraire de cet engluement affectif » ? Wow ! C’est la psychologie dans toute la splendeur de la mise en marché de sa gamme de produits, y compris de développement personnel.

On ne peut pas reprocher à la psychologie de demeurer dans la psychologie. On peut cependant reprocher à la discipline de courir dans toutes les directions sous l’effet des modes qu’elles engendrent elle-même ou non.

La psychologie demeure à la surface. Elle ne plonge pas à la source même du problème. Elle ne peut pas se pencher sur la cause première car elle n’en a pas les moyens, ces derniers étant le propre de la philosophie.


Ce qui tient ensemble aujourd’hui les multiples programmes de recherche que l’on regroupe sous le nom de « sciences cognitives », c’est le travail philosophique qui est fait à leur propos. Sans la philosophie « cognitive », il y aurait des travaux en psychologie, en linguistique, en neurobiologie, en intelligence artificielle – il n’y aurait pas de science de la cognition. C’est la philosophie qui réfléchit et systématise la ou les attitudes de base qui constituent le seul lien social à l’intérieur du domaine. L’existence d’un lien social n’implique aucunement qu’il y ait un paradigme unique – on a vu qu’il y en a au moins deux, le paradigme cognitiviste classique ou orthodoxe, et le connexionnisme. Mais le choc entre ces deux modèles est lui-même créateur de solidarités. Ceux qui s’affrontent dans les controverses qui ponctuent l’histoire du champ se reconnaissent finalement moins comme adversaires que comme membres d’une même famille élargie. Or l’arbitre qui discipline, règle et finalement juge ces affrontements, c’est le philosophe.

Source : 4. Philosophie et cognition, Jean-Pierre Dupuy, Aux origines des sciences cognitives (2005).

Les auteurs recommandent une seule fois un « groupe d’échanges philosophiques » :

Conseils

On l’aura compris, le risque chez un philo-laminaire réside principalement dans le perfectionnisme qui peut le pousser aux limites de son fonctionnement, au bord de la cassure, voire jusqu’à la rupture.

Avant d’envisager une prise en charge thérapeutique, il est possible de tenter de réguler ce phénomène par une réorientation écologique vers plus d’intériorité et d’écoute de soi-même, au travers d’activités qui permettent une stimulation de l’hémisphère cérébral gauche, mais aussi une rééducation de l’hémisphère droit, lequel a perdu sa fonction d’harmonisation, notamment émotionnelle :

(…)

S’investir ponctuellement au sein d’un groupe d’échanges philosophiques en s’impliquant vraiment dans les débats et en cherchant à subjectiver sa pensée ( « je pense…, j’imagine…, j’aime à penser…, mon idéal serait…, voici comment je me représente les choses…, pour moi…, selon mes valeurs…, j’apprécie…, je n’apprécie pas…, je suis tout à fait d’accord…, je suis totalement opposé…, selon mon expérience…, je trouve ta réflexion grotesque… » ).

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 3 – Couteaux suisses : les philo-laminaires, Sous-titre «Les souffrances du philo-laminaire, les troubles associés» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, pp. 155-156.

Dans un groupe d’échanges philosophiques, le participant ne cherche pas à  subjectiver sa pensée, au contraire, il doit faire preuve d’objectivité et, pour ce faire, prendre du recul face à lui-même. La discussion au sein d’un groupe d’échanges philosophiques ne consiste pas en un exercice de verbalisation de soi (Je, me, moi). Il ne s’agit pas non plus de mettre de l’avant ses jugements (« je trouve ta réflexion grotesque… »).

Manuel pour animer des discussions philosophiques

1° L’apprentissage de la discussion sous l’angle démocratique

On peut apprendre à ne pas sous-estimer la difficulté de la tâche de discuter réellement ensemble, en ayant bien un objet commun, et en prenant conscience de tout ce qui doit être mis en place, et corrigé dans nos réflexes, pour espérer que « ensemble » ne soit pas une simple question de fait (il y a plusieurs discutants), mais la possibilité d’une construction réellement collective. Un apprentissage « démocratique » essentiel est celui de considérer les autres comme des interlocuteurs valables, de sorte à seulement pouvoir écouter ce qu’ils disent, à se montrer disposé à admettre éventuellement leur point de vue, particulièrement s’il s’avère mieux fondé que le nôtre. Un des autres apprentissages indispensables (mais peu à la mode) pour que la discussion collective soit réellement constructive est celui de la frustration. Car on ne doit pas nécessairement subir la loi du désir de parler ; il y a des attentes et des désirs qu’il est légitime de ne pas satisfaire. La parole n’est pas uniquement une occasion de « s’exprimer », c’est-à-dire de se vider de son idée devant les autres comme pour s’en soulager, sans souci de l’opportunité qu’elle peut avoir dans la réflexion commune. Nous pouvons et nous devons apprendre davantage l’art délicat de la parole opportune : savoir peser l’occasion propice de partager son idée et renoncer quand cette occasion ne se présente pas.

Source : Manuel pour animer des discussions philosophiques,  A) Partie théorique : quatre méthodes de discussion. I. Introduction, a) Apprendre à discuter ensemble philosophiquement, 1° L’apprentissage de la discussion sous l’angle démocratique. PhiloCité. (PDF)

Parler d’une « une réorientation écologique vers plus d’intériorité et d’écoute de soi-même » ne tient pas la route dans le cadre d’un groupe d’échanges philosophiques. Ce n’est ni le temps de s’intérioriser, ni de s’écouter parler. Dans un groupe, c’est l’Autre qui importe.

En conclusion du livre LES PHILO-COGNITIFS, les auteurs demandent aux lecteurs : « (…) Et si un des vecteurs de réussite était à rechercher du côté des… hyperactifs ? » et plaident ainsi pour une réhabilitation de l’hyperactivité. « Alors imaginez l’hyperactivité, et sa consœur d’infortune, l’impulsivité, comme des facteurs de réussite, il fallait oser » soutiennent les auteurs parlant de leurs efforts exposés dans leur livre.

Si je dois confesser m’être reconnu dans le deuxième chapitre de ce livre, « Ouvreurs de voies : Les philo-complexes », pour soutenir que les auteurs ont partiellement vu juste, je n’adhère nullement aux conseils qu’ils proposent.

Très jeune, j’ai été qualifié d’hyperactif par des observateurs dans mon milieu scolaire. « Observateurs » qui furent aussi des « facilitateurs » en me soutenant dans tous mes projets parascolaires et extrascolaires. Chacun de mes projets trouvait sa motivation dans une cause où je décelais des besoins au sein de ma communauté selon mes aptitudes et mes ressources pour les combler.

Une phrase, une seule, a définitivement orienté ma pensée dès mes 15 ans : « La lumière entre par les failles » et j’ai vite compris que ces failles n’étaient autres que les doutes. Tant et aussi longtemps que je doutais, je pouvais avoir confiance en moi et en mes capacités.

J’ai douté de la psychologie et l’expérience m’a donné raison. Et il en fut ainsi ma vie durant.

Le contact et mon intérêt pour la philosophie (Amour de la sagesse), plus spécifiquement, l’épistémologie (Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget)), ont marqué mon parcours personnel et professionnel à partir de la quarantaine. Je connais le bonheur de penser et de repenser dans le doute et l’action.

Le sous-titre du livre « Ils n’aiment que penser et penser autrement… » ne concorde pas avec un plaidoyer pour l’hyperactivité. Qui aime penser et penser autrement s’inscrit toujours dans une phase préparatoire à l’action.


*

Je ne vous recommande pas la lecture du livre LES PHILO-COGNITIFS.

J’accorde à ce livre une seule étoile sur cinq.


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Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Références – J’ai lu pour vous

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L’Observatoire francophone de la philothérapie vous offre un inventaire des livres de langue française traitant de la consultation philosophique signé par des philothérapeutes, des philosophes consultants et des philosophes praticiens. Nous proposons aussi quelques livres utiles à la compréhension de la philosophie dans le monde actuel et à la contextualisation de pratique philosophique.


Chacun des livres est accompagné d’un rapport de lecture incluant des citations et les commentaires de l’Observatoire francophone de la philothérapie.


  1. Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  2. Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre
  3. Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout
  4. La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris
  5. Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France
  6. Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France
  7. Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018
  8. La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020
  9. La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007
  10. Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000
  11. La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001
  12. La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021
  13. Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017
  14. La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004
  15. S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme
  16. Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale (1/2)
  17. Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale (2/2)
  18. Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  19. La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil
  20. Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil
  21. La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014
  22. La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018
  23. L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995
  24. Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018
  25. Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob
  26. Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007
  27. Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017
  28. Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000
  29. Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022
  30. La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.
  31. Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021
  32. Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021
  33. Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019
  34. Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018
  35. À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023
  36. Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023
  37. Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
  38. 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022