Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Article # 99

J’AI LU POUR VOUS

Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté

Michel Lacroix

Éditions Robert Laffont, 2013

En couverture : Route principale et routes latérales, peinture de Paul Klee, 1929, Wallraf-Richartz Museum, Cologne © Luisa Ricciarini / Leemage
En couverture : Route principale et routes latérales, peinture de Paul Klee, 1929, Wallraf-Richartz Museum, Cologne © Luisa Ricciarini / Leemage

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Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté

Michel Lacroix

Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2013

Collection « RÉPONSES » créée par Joëlle de Gravelaine, dirigée par Nathalie Le Breton

Date de parution : 13 juin 2013

Langue  : ‎Français

108 pages

ISBN-13 ‏ : ‎978-2-221-13413-9


Présentation sur le site web Robert Laffont Québec

Philosophie de la réalisation personnelle

Michel Lacroix

Dans Se réaliser, Michel Lacroix avait utilisé les richesses de la philosophie et de la littérature occidentales pour définir le concept de réalisation de soi et trouver les moyens de s’épanouir. Avec ce nouvel ouvrage, il prolonge et élargit sa réflexion, et partage ses convictions intimes sur cette question fondamentale…

Pour le philosophe, l’un des premiers à s’être intéressés au phénomène du développement personnel venu des États-Unis dans les années 1960, l’individu se réalise en avançant sur le chemin de la vie. Ce chemin n’est pas unique, il n’y a pas une seule voie dans la réalisation de soi, mais une pluralité de voies. L’homme libre, tout au long de sa vie, devra choisir la sienne : il sera tout d’abord confronté à l’alternative entre contemplation et action ; puis entre autoréalisation et épanouissement. Ces choix faits, il lui faudra se confronter à autrui – car il est impossible de s’épanouir sans l’estime de ses semblables, leur compréhension et leurs encouragements –, puis à la communauté. Loin d’être une affaire strictement personnelle, le projet de réalisation de soi recèle donc une dimension sociopolitique. Ou comment transformer les communautés d’appartenance en communautés de choix.

Par son approche originale et personnelle, Michel Lacroix nous montre comment une philosophie de la réalisation de soi n’a de sens que si elle est une émancipation pour l’individu.

AUTEUR

Michel Lacroix

Normalien, agrégé de philosophie, Michel Lacroix est maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise. Il est notamment l’auteur de Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ? (Flammarion, 2007), Se réaliser (Robert Laffont, 2009 ; prix Psychologies-Fnac), Paroles toxiques, paroles bienfaisantes (Robert Laffont, 2010) et Éloge du patriotisme (Robert Laffont, 2011).

Source : Robert Laffont Québec.


Texte de la quatrième de couverture

C’est au XVIIIe siècle qu’est né le projet de la réalisation de soi, dont le mouvement du développement personnel est aujourd’hui l’héritier. Ce projet était novateur car il reposait sur l’idée de liberté. On ne se construit, en effet, que dans la liberté. Ce n’est pas à la société et encore moins à des communautés ethno-culturelles de nous dire en quoi consiste la « vie bonne ».

Chacun de nous est appelé à fixer en toute indépendance la part qu’il donne à sa vie professionnelle et à sa vie privée, à l’action et à la contemplation, à l’avoir et à l’être, à la religion et aux réalités profanes. Et, quoiqu’en disent certains, il est moins important d’adopter les croyances et les traditions de son « groupe d’appartenance » que de pouvoir exercer, en toutes circonstances, son droit au libre examen.

Michel Lacroix nous propose de revenir à la source : la réalisation de soi n’a de sens que si elle est une émancipation.. Un livre personnel et engagé qui rend à la philosophie son rôle le plus essentiel : nous aider à vivre mieux..


Table des matières

Couverture

Collection

Du même auteur

Titre

Copyright

Dédicace

Prologue

Première leçon – Les vertus de l’action

  • Le règne de la vita contemplativa
  • La vie sous tension
  • Le principe d’action
  • Les dérives de l’action
  • Le fantasme de la grandeur
  • La pluralité des styles d’existence
  • L’action modeste
  • Le souci de soi et le souci écologique

Deuxième leçon – Libérer son potentiel

  • Sous le signe de la transcendance
  • L’idéal d’autoréalisation
  • Défendre la liberté de conscience
  • Un autre regard sur autrui
  • Les deux moteurs de la réalisation personnelle
  • La force du désir
  • Adler contre Freud
  • Le temps de l’introspection
  • Briser nos chaînes intérieures
  • Notre « niveau d’aspiration »
  • La tyrannie de l’excellence
  • Le Surmoi et l’Idéal du Moi
  • Le danger de la dispersion
  • Le baptême du choix

Troisième leçon – La place d’autrui

  • Se réaliser aux dépens d’autrui ?
  • Le splendide isolement
  • Les nutriments psychologiques
  • La leçon de Victor Hugo
  • La réalisation de soi, outil de transformation sociale

Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté

  • Du traditionalisme au multicommunautarisme
  • La communautarisation du moi
  • L’anthropologie universaliste
  • Manifeste pour la liberté

Épilogue – Une idée du bonheur


EXTRAIT

Prologue

Une image vient spontanément à l’esprit lorsqu’on évoque la réalisation de soi ou, si l’on préfère, le « développement personnel ». Cette image est fréquemment utilisée par les psychologues, coachs, formateurs, thérapeutes qui s’intéressent à ce sujet. Elle est empruntée au domaine de la vie organique, et plus spécialement de la vie végétale. C’est l’image de la plante, de la fleur, de l’arbre. Se réaliser, nous expliquent les spécialistes du développement personnel, ce serait croître, grandir, s’épanouir à la manière d’un organisme végétal.

Au premier regard, cette image est séduisante ; elle paraît aller de soi. Et, pourtant, je la crois profondément trompeuse. Elle ne peut que nous induire en erreur sur le sens véritable de la réalisation de soi. Car dans l’idée de développement organique, il y a toujours, qu’on le veuille ou non, une notion de préprogrammation. Un organisme, qu’il soit animal ou végétal, se développe selon un schéma préétabli. On sait d’avance comment seront la plante, la fleur, l’arbre une fois qu’ils seront parvenus à maturité.

Or le propre de l’existence humaine est de dépendre de la liberté. L’être humain possède une faculté qui le distingue de tous les autres êtres vivants : le libre arbitre. Et qui dit « liberté » dit forcément « incertitude », « imprévisibilité ». Nul ne peut savoir à l’avance ce que deviendra un être humain. Nul ne peut prédire comment il conduira son existence. C’est pourquoi, aux métaphores végétales qu’affectionnent les psychologues du développement personnel, je préfère la métaphore du chemin. Je me représente la personne qui se réalise comme « s’avançant sur le chemin de la vie ». Cette métaphore est juste, éclairante, satisfaisante, mais à condition d’ajouter immédiatement la précision suivante : le chemin dont il s’agit n’est évidemment pas unique. Il n’y a pas une voie, et une seule, pour la réalisation de soi. Il y a une pluralité de voies. Il y a une multiplicité de styles d’existence. Telle est l’idée centrale du livre que le lecteur a dans les mains. Je m’intéresserai dans cet ouvrage à la diversité des styles d’existence, et je défendrai le droit pour chaque personne de choisir, en toute liberté, son propre style.

La multiplicité des styles d’existence résulte du fait que, sur le chemin de nos vies, des bifurcations se présentent sans cesse à nous. Des choix existentiels nous sont offerts. Et notre réalisation personnelle, c’est-à-dire la manière dont nous allons construire notre vie, dépendra des décisions que nous prendrons à chacun de ces moments cruciaux.

Quelles sont ces bifurcations ? Quelles sont ces alternatives ?

Source : Extrait en ligne sur le site web « Hall du livre ».


AU SUJET DE L’AUTEUR

Michel Lacroix

(1946 –      )

Arnaud de Saint Simon et Michel Lacroix à l'Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photographie par Jérôme Choain - https://www.flickr.com/photos/21717345@N03/5584626434 - Canonical URL https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/
Michel Lacroix à l’Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photographie par Jérôme Choain – https://www.flickr.com/photos/21717345@N03/5584626434 – Canonical URL https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/

wikipedia-1pceMichel Lacroix est un philosophe et écrivain français né le .

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il est agrégé de philosophie, docteur d’État et maître de conférences émérite à l’Université de Cergy-Pontoise.

Il est l’auteur d’une thèse d’État sur « L’idée de politesse dans les manuels de bienséance (XIXe et XXe siècles) » dont le président du jury était Jean Guitton.

Il a reçu le Grand prix de philosophie de l’Académie française et le Prix Psychologies-Fnac 2009 de l’essai pour mieux vivre.

Fils du médecin colonel Roger Lacroix (AOF-AEF-Indochine), il est aussi le neveu de Michel Bernstein, un des responsables du mouvement de Résistance Défense de la France, chargé des faux papiers. Il est marié à Sophie Ader, philosophe. Ils ont trois enfants.

Notices d’autorité :

Source : Michel Lacroix, Wikipédia


DU MÊME AUTEUR

De la Politesse. Essai sur la littérature du savoir-vivre, Julliard, 1990 – Grand prix de philosophie de l’Académie française

L’Humanicide. Pour une morale planétaire, Plon, 1994

La Spiritualité totalitaire. Le New Age et les sectes, Plon, 1995

L’Idéologie du New Age, Flammarion, coll. « Dominos », 1996

Le Principe de Noé ou l’Éthique de la sauvegarde, Flammarion, 1997

Le Mal, Flammarion, coll. « Dominos », 1998

Le Développement personnel, Flammarion, coll. « Dominos », 2000

Le Culte de l’émotion, Flammarion, 2001, rééd. Marabout, 2012

Le Courage réinventé, Flammarion, 2003, rééd. Marabout, 2011

Le Développement personnel. Du potentiel humain à la pensée positive, Flammarion, 2004, rééd. Marabout, 2009

Le Fabuleux destin des baby-boomers, Éditions de l’Atelier, 2005

Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ?, Flammarion, 2007, rééd. Marabout, 2014

Se réaliser. Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Robert Laffont, 2009, rééd. Marabout, 2013 – Prix Psychologies 20091

Paroles toxiques, paroles bienfaisantes. Pour une éthique du langage, Robert Laffont, 2010, rééd. Le Livre de Poche, 2012

Éloge du patriotisme. Petite philosophie du sentiment national, Robert Laffont, 2011

Philosophie de la réalisation personnelle. Se construire dans la liberté, Robert Laffont, 2013

Ma philosophie de l’homme, Robert Laffont, 2015


Revue de presse

Michel Lacroix sur Radio France

Michel Lacroix – Se réaliser avec le philosophe avec le philosophe Michel Lacroix, Lundi 2 décembre 2013, France Inter.

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Michel Lacroix sur Cairn.info

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Entretien avec le philosophe Michel Lacroix – Le retour du courage, le meilleur et le pire, Antoine Robitaille, Le Devoir, 26 avril 2003

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Michel Lacroix : « Réalisation de soi et style d’existence » ou comment renouveler la sagesse au XXI e siècle, Canal Académies, 25 mars 2012


Revue de presse

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Se réaliser avec le philosophe Michel Lacroix, Lundi 2 décembre 2013, France Inter.

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Résumé du livre par Eva LOMBA-LE BIHAN

Logo_du_site_Canal_Académies

Michel Lacroix : « Réalisation de soi et style d’existence » ou comment renouveler la sagesse au XXI e siècle

Le philosophe intervenait au colloque « Quelle sagesse pour notre temps ? » de la Fondation Ostad Elahi Ethique et Solidarité humaine

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Comment devenir soi ? Michel Lacroix, philosophe : Les modèles du moi

Radio_France_logo

Michel Lacroix sur Radio France

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Rencontre avec Michel Lacroix sur Monde des Grandes Écoles et Universités

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Quelle philosophie humaniste pour le temps présent ? sur Radio France International (RFI)


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Mon rapport de lecture

MICHEL LACROIX

Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté


Le livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », paru en 2013 sous la plume du philosophe français Michel Lacroix, est une réécriture enrichie de son précédent livre « Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel » paru en 2009 (voir mon rapport de lecture de ce dernier).


Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

L’approche psychologique de la réalisation de soi adoptée par le philosophe Michel Lacroix, dans son deux livres, me déplaît passablement. Il en fait presque l’apologie. Lorsqu’on me présente une « philosophie de la réalisation personnelle » ou une « petite philosophie de l’épanouissement personnel », je m’attends à une véritable « philosophie », et non pas à un ramassis de bribes de psychologie de comptoir. Michel Lacroix tombe dans la  psychologisation de la philosophie contre laquelle je vous ai déjà mis en garde (voir : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie). Je ne suis pas content.

La récupération partiale et plus que maladroite de la philosophie par le développement personnel consiste à tirer de la philosophie un soupçon de plus de crédibilité.

Ainsi, Michel Lacroix, le philosophe, peut aisément se réfèrer à la philosophie au fil des siècles passés, mais cela ne fait pas de son œuvre une « philosophie » de la réalisation personnelle pour autant.

Michel Lacroix aborde les mêmes sujets que dans son livre précédent mais, cette fois, il nous donne des leçons, à la manière des coachs en développement personnel.

  • Première leçon – Les vertus de l’action
  • Deuxième leçon – Libérer son potentiel
  • Troisième leçon – La place d’autrui
  • Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté
  • Épilogue – Une idée du bonheur

Bref, « Philosophie de la réalisation personnelle » est un livre de développement personnel, non pas de philosophie.

Le philosophe Michel Lacroix revient dans ce livre sur la vie contemplative et la vie active, cette dernière ayant supplanté la première au XIXe siècle alors qu’elle avait cours depuis l’Antiquité. « Il y aurait beaucoup à dire sur la fascination que l’action exerce sur les philosophes depuis deux siècles (Les vertus de l’action, p. 22) » souligne monsieur Lacroix.

Cette promotion de l’action est même un des signes distinctifs de ce qu’il est convenu d’appeler la « modernité ». Et puisque ce livre a pour but d’exposer ma philosophie de la réalisation, le lecteur ne trouver pas déplacé que j’exprime ici mon point de vue. Je considère que cette primauté de l’action est justifiée. Le pense comme Malraux que « nous sommes la somme de nos actes ». Ma conviction est que l’action constitue une condition sine qua non du développement personnel. Si nous voulons nous réaliser, il faut que nous réalisions quelque chose. (…) J’inscris donc le principe d’action par les fondamentaux du développement personnel.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p.23.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

De l’époque moderne à notre époque (l’époque contemporaine) on ne peut certainement pas nier que ça bouge beaucoup, et même beaucoup trop, du moins, pour ceux et celles qui se voient bousculés par une vie devenue exagérément rapide et agitée. Ça bouge de partout en tout temps. Le monde se presse dans la vie active la tête baissée ou sans plus de temps pour réfléchir, réfléchir avant d’agir. Trépidante, frénétique, la vie avale le temps plus rapidement qu’il ne passe réellement.


la-civilisation-inconsciente-john-ralston-saul« Le temps, notre grand ennemi, nous vaincra si nous hésitons un instant pour réfléchir ou douter. Dans notre panique, nous nous précipitions vers la certitude ».

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175.

Pourtant, « les gens n’ont jamais eu autant de temps ».

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175-176.

« Rien que depuis le début du siècle (XXè), l’espérance de vie des Occidentaux a augmenté de vingt-cinq ans. Nous disposons à présent de 50 % de temps de plus pour faire ce dont nous avons envie. Compte tenu de notre niveau de vie général et de notre éducation, nous pourrions utiliser au moins un peu de ce temps pour réfléchir davantage et remplacer la course à la certitude par une promenade vers le doute.

Pourtant, il semble qu’avoir 50 % de temps en plus ait produit l’effet contraire. Nous nous sommes retranchés dans ces peurs inconscientes qui nous rendent sensibles à la menace du temps. Ces dernières années, les menaces de la nécessité, du « maintenant ou jamais », ont influencé avec une remarquable facilité et à maintes reprises des publics très complexes. »

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175-176.


Si le philosophe Michel Lacroix met en garde ses lecteurs contre les dérives de l’action en pointant d’abord du doigt l’hyperactivité :

D’abord, l’hyperactivité. Mon action peut se transformer en une obsession. Elle peut dégénérer en névrose. Je peux devenir “accro” à l’action. Je peux la consommer comme une drogue. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p.24.

N’est-ce pas plutôt un signe des temps ? N’est-ce pas la société d’aujourd’hui qui conditionne les hommes et les femmes à l’hyperactivité ? N’est-ce pas là une faute de la courte vue des philosophes de la réalisation de soi depuis deux siècles ? Cette perte de contrôle des vertus de l’action au sein de la société atteint maintenant nos enfants. On parle maintenant du « syndrome » de l’hyperactivité, d’une « maladie » « jusqu’à 70% génétique ». Le passage révolutionnaire de la vie contemplative à la vie active a-t-il engendrer au fil des deux derniers siècles un défaut génétique et neurologique, tel que le porposent certaines recherches scientifiques ?


Les origines génétiques du syndrome d’hyperactivité

C’est a priori une avancée importante dans la compréhension du syndrome d’hyperactivité que viennent de publier, sur le site du Lancet,[1] un groupe de chercheurs britanniques. Ils assurent avoir pu, pour la première fois, identifier les bases génétiques de ce syndrome qui associe des troubles de l’attention et de la concentration à un comportement hyperactif. On parle ici dans un relatif désordre de syndrome hyperkinétique, de dysfonction cérébrale minime ou encore, plus fréquemment de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Ces résultats ne manqueront pas de relancer la controverse récurrente quant à l’origine exacte de cette pathologie hautement handicapante. Pour les auteurs de ce travail, les choses sont claires : ce syndrome a une origine génétique expliquant des anomalies du développement cérébral ; et il ne doit en aucun cas être compris comme la résultante d’une «pure construction sociale». Ce travail a été coordonné et dirigé par le Dr Nigel M. Williams et le Pr Anita Thapar (Centre de neuropsychiatrie génétique et génomique, Université médicale de Cardiff).

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[1] Rare chromosomal deletions and duplications in attention-deficit hyperactivity disorder : a genome-wide analysis. http://www.thelancet.com. Published Online September 30, 2010. DOI:10.1016/S0140-6736(10)61109-9. Online/Comment : DOI:10.1016/S0140-6736(10)61192-0

NAU, Jean-Yves Les origines génétiques du syndrome d’hyperactivité, Revue médicale suisse, 13 octobre 2010. DOI: 10.53738/REVMED.2010.6.266.1932


Et que dire du stress, du mauvais stress, celui qui rend malade.


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Le stress lié au travail est le plus souvent causé par une lourde charge de travail et la conciliation travail-vie personnelle

Plusieurs raisons peuvent expliquer le stress lié au travail; par exemple, lorsque l’on doit composer avec une lourde charge de travail ou concilier le travail et la vie personnelle. Des niveaux élevés de stress lié au travail peuvent entraîner des répercussions négatives sur la santé et des pertes d’heures et de revenus. Ces aspects sont liés au bien-être des personnes qui occupent un emploi et peuvent être mesurés à l’aide du Cadre statistique pour la mesure de la qualité de l’emploi. En avril 2023, des renseignements sur la santé mentale et le stress lié au travail ont été recueillis auprès de travailleurs de 15 à 69 ans, dans le cadre d’une série de suppléments à l’Enquête sur la population active.

Un peu plus de 4,1 millions de personnes ont déclaré éprouver des niveaux de stress lié au travail élevés ou très élevés, ce qui représente 21,2 % de l’ensemble des personnes en emploi. Les causes les plus courantes de stress lié au travail étaient une lourde charge de travail, qui touchait 23,7 % des personnes en emploi, ainsi que la conciliation du travail et de la vie personnelle (15,7 % des personnes en emploi). Les femmes (22,7 %) étaient plus susceptibles que les hommes (19,7 %) d’éprouver des niveaux de stress lié au travail élevés ou très élevés.

Source : Statistiques Canada, 19 juin 2023.


C’est bien beau la vie active mais les revers sont nombreux et affectent un part importante de la population.

Le philosophe Michel Lacroix écrit :

Un deuxième danger nous guette : le goût de la confrontation, la fascination pour le combat. car l’exaltation de l’action débouche sur une pure et simple apologie de la lutte. Elle se traduit alors par une célébration des valeurs de rivalité, des valeurs compétitives, agonistiques, concurrentielles, valeurs supposées être les seules capables de nous faire mûrir… Comme si la vérité de l’existence résidait dans la lutte de tous contre tous ! Comme si on ne pouvait se réaliser qu’en livrant on ne sait quel combat de la vie ! « Tout bonheur est dans la lutte », aimait à répéter Nietzsche. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 24-25.

Il y a effectivement des hommes et des femmes en compétition permanente, conditionnés par le modèle de société dans lequel nous vivons, ce que je ne supporte pas. Et que dire aussi des dépendants au succès matérialiste, tout aussi conditionné.

Il y a un autre piège dans lequel on risque de tomber. On peut entrer dans une logique du succès, en adoptant la maxime suivante : “ L’action que j’entreprends permettra mon développement personnel à la condition d’être couronnée de succès.. Elle sera favorable à mon épanouissement si et seulement si elle réussit… ” Et cette réussite, je vais être tenté, bien souvent, de la mesurer d’après des critères extérieurs, matériels, sociaux. Je l’évaluerai à l’aune du pouvoir que j’ai conquis, de l’argent que j’ai gagné, de la notoriété que j’ai acquise, de la popularité dont je jouis. Par là même, ma réalisation personnelle basculera dans le matérialisme ou bien elle se laissera ligoter par le regard des autres, ce qui la conduira à la vanité, à la superficialité. La logique du succès à tout prix est donc pernicieuse. Elle transforme insidieusement la réalisation de soi en aliénation de soi.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 25-26.

Le philosophe ajoute à sa liste des dérives de l’action « l’obsession de la grandeur et de la supériorité ».

Ces observations sont justes et pertinentes. Elles appuient le premier conseil qu’il donne, à savoir « de ne pas donner prise à l’aristocratisme et à l’élitisme ».

(…) Plutôt que de parler en termes de hiérarchie, je préférerais qu’on s’exprime en termes de « diversité des styles d’existence ». Cette notion de diversité est, conjointement avec l’idée de liberté. le fil rouge de ce livre. Il n’y a pas un seul modèle de « vie bonne ». Il n’y a pas une manière et une seule manière de s’épanouir. Il n’y a pas une voie unique. Il y a une pluralité des styles d’existence. Les formes de la réalisation personnelle sont multiples. Et rien n’autorise à affirmer que certaines seraient plus nobles, plus élevées, plus admirables, plus respectables que les autres. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 26-27.

Mais encore faut-il que la personne prenne d’abord conscience que son style d’existence n’est pas le seul disponible. Certes, nous voyons des gens agir différemment de nous mais en tirons-nous la conclusion qu’il y a plusieurs styles d’existence, tout occupés que nous sommes par notre propre style. Nous sommes davantage portés à juger les comportements différents du nôtre, ce que déconseille le philosophe Michel Lacroix, sans nous poser la question à savoir s’il s’agit en fait d’un autre style d’existence.

Un jour, alors dans la trentaine, j’ai sollicité et obtenu le poste de premier directeur général d’une toute nouvelle fondation dans le milieu de la santé. Mon objectif de compagne de financement s’élevait à un million de dollars. J’ai alors procédé comme je l’avais fait dans le passé, fort de mes succès. Mais à mi-chemin tout a bloqué au conseil d’administration de la fondation. Pour débloquer la situation, qui impliquait le président, j’ai sollicité les autres membres du C.A. Il va sans dire que le président fulminait et mon poste fut mis en jeu. Le président me convoqua à une rencontre privée, entre lui et moi, pour me dire que si j’atteignais toujours mes objectifs, il n’en doutait pas, après mon passage, il fallait construire un cimetière tellement je bousculais les gens sur mon chemin. C’est là que j’ai compris qu’il n’y avait pas un seul style d’existence, le mien. Il y en avait d’autre tel que celui du président et des autres membres du cas. Ce fut une prise de conscience douloureuse ; mon estime de soi venait de tomber à genoux et c’est peu dire.

J’ai quitté mon poste après l’atteinte de mon objectif de campagne. Je répondais à une autre demande en même temps en travaillant comme conseiller en marketing et en publicité pour une entreprise privée dans le domaine agroalimentaire. Ma conclusion : retenir les services à temps plein d’un consultant en marketing. J’ai offert mes services mais j’ai perdu le contrat aux mains d’une firme plus organisée et plus rusée que moi en tant que travailleur indépendant (autonome). C’était la première fois de ma vie professionnelle que je perdais un contrat.

J’ai vite décidé de créer une entreprise pour lutter à armes égales avec un véritable statut d’entrepreneur. Je me suis inscrit à cours entrepreneuriat. Le premier cours s’intitulait « Connaissance de soi » et je me demandais bien pourquoi. La réponse : il y a plusieurs types d’entrepreneur. Il me fallait déterminer de quel type j’étais entre fonceur, analytique, aimable et expressif. Mais je ne parvenais pas à me situer. J’avais l’impression qu’un train venait de me passer sur le corps (perte de mon premier contrat) et que je ne savais plus où j’en étais vraiment. J’ai donc demander à l’enseignante, psychologue de profession, s’il était possible qu’un changement de style s’était opéré en moi. Réponse : oui, à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme. Finalement, grâce à un exercice avec mes collègues de classe, j’ai compris que je venais de passer passé du style fonceur (après qui on doit ériger un cimetière) à celui d’analytique. Je n’avais plus réponse à tout sur-le-champ. Désormais, je réfléchissais ; la réponse ne venait plus instantanément.

Alors, je ne peux qu’être en parfait accord avec l’idée qu’il y a plusieurs styles d’existence tel que mise de l’avant par le philosophe Michel Lacroix. Mais, il y a toujours un « mais », la prise de conscience de son style d’existence exige une prise de recul — une prise de conscience — pour enclencher le processus, ce qui vient selon l’enseignante psychologue et plusieurs autres sources, à la suite d’un traumatisme ou d’une révélation. Il ne s’agit donc pas de soutenir qu’il y a plusieurs styles d’existence et que nous sommes libres de choisir celui qui nous convient pour en révéler l’évidence à la conscience.

Notre style d’existence est acquis inconsciemment au fil de notre vie auprès de notre famille, nos ami(e)s, nos enseignants, etc. Au départ, nous nous sentons libres dans notre style d’existence même si, en réalité, nous y comme confiné. Il n’est pas aisé de prendre conscience du conditionnement de notre style d’existence et de s’en libérer. Notre style d’existence a des racines beaucoup plus profondes que la psychologie. Il émerge de notre philosophie, de nos valeurs et de nos convictions ancrées au plus profond de soi. Par conséquent, une approche psychologique peut voiler la seule et unique approche utile, l’approche philosophique.

Enfin, il est temps de revenir à la bifurcation entre la vita activa et la vita contemplativa qui s’est ouverte sur le chemin des hommes au début de XIXe siècle, et que nous avons évoquée plus haut. Placés devant les deux branches de cette alternative, nos ancêtres se sont engagés dans la voie de la vita activa. Ainsi, un déséquilibre s’est créé entre les deux polarité de l’existence, et si tant de gens souffrent aujourd’hui, si nous sommes nombreux à éprouver un sentiment d’aliénation, c’est en partie parce que, depuis cette époque, le ressort de l’action a été constamment surtendu. Il faut rétablir un juste milieu entre la vie active et la vie contemplative, ce juste milieu qui, en définitive, est la meilleure définition de la sagesse. Comment y parvenir ? En réinjectant dans nos existences les valeurs, trop souvent oubliées, de lenteur et de tranquillité. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 33.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.


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DOSSIER : « RATIONALITÉ PRATIQUE ET MOTIVATION MORALE »

Vertu éthique et rationalité pratique chez Aristote.

Note sur la notion d’hexis proairetikê

Pierre-Marie MOREL

« La vertu est donc une inclination à décider, située dans un juste milieu relatif à nous fixé par la raison et comme le fixerait le prudent. C’est en outre un juste milieu entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut, et cela parce que les uns sont en défaut et les autres en excès par rapport à ce qui doit être, dans le domaine des affections et dans celui des actions, alors que la vertu trouve et choisit le milieu. C’est pourquoi, selon la substance, c’est-à-dire selon l’énonciation de ce qui fait son essence même, la vertu est un juste milieu, bien que selon le meilleur et le convenable, ce soit un sommet. »

__________

EN, II, 6, 1106b36-1107a8. Ἔστιν ἄρα ἡ ἀρετὴ ἕξις προαιρετική, ἐν μεσότητι οὖσα τῇ πρὸς ἡμᾶς, ὡρισμένῃ λόγῳ καὶ ὡς ἂν ὁ φρόνιμος ὁρίσειεν. μεσότης δὲ δύο κακιῶν, τῆς μὲν καθ’ ὑπερβολὴν τῆς δὲ κατ’ ἔλλειψιν· καὶ ἔτι τῷ τὰς μὲν ἐλλείπειν τὰς δ’ ὑπερβάλλειν τοῦ δέοντος ἔν τε τοῖς πάθεσι καὶ ἐν ταῖς πράξεσι, τὴν δ’ ἀρετὴν τὸ μέσον καὶ εὑρίσκειν καὶ αἱρεῖσθαι. διὸ κατὰ μὲν τὴν οὐσίαν καὶ τὸν λόγον τὸν τὸ τί ἦν εἶναι λέγοντα μεσότης ἐστὶν ἡ ἀρετή, κατὰ δὲ τὸ ἄριστον καὶ τὸ εὖ ἀκρότης. L’expression ἕξις προαιρετική apparaît également en EN, VI, 2, 1139a22‑23 ; EE, II, 10, 1227b5‑11.

Source : Pierre-Marie MOREL, “Vertu éthique et rationalité pratique chez Aristote. Note sur la notion d’hexis proairetikê”, Philonsorbonne [Online], 11 | 2017, Online since 06 January 2017, connection on 24 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/philonsorbonne/892 ; DOI: https://doi.org/10.4000/philonsorbonne.892.


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Éviter les extrêmes avec Aristote

Raphaël Fiévez, travailleur social et détenteur d’un certificat en philosophie.

Il habite à Montréal.

Publié le 14 nov. 2023 Libre opinion

Le juste milieu comme manière d’être et d’agir

Aristote, un philosophe de la Grèce antique, a développé une idée maîtresse de la philosophie morale. Ce concept est la médiété, ou le juste milieu. En bref, il est question de rechercher la voie et l’action dans un juste milieu entre deux excès. (…)

Lire l’article


Voir aussi : Juste milieu, Wikipédia.


Un juste milieu dans la réalisation de soi entre la vie contemplative et la vie active rime souvent aujourd’hui en un juste milieu entre la vie professionnelle et la vie familiale. On parle souvent de la réconciliation Travail/Famille, le temps et la charge de travail empiétant sur le temps disponible et en reste pour la vie familiale (ou la vie personnelle). Tout est ici une question de déséquilibre dans le partage du temps disponible dans une journée, une semaine, un mois, une année. Mais le temps lui-même n’est pas en cause car personne ne peut ajouter du temps à une journée, lui attribuer, par exemple, deux heures de plus. La cause réside dans la philosophie de vie en tension avec les impératifs de la vie active associée, notamment, à la société de consommation ou, si vous préférez, au matérialisme. La psychologie de l’individu est prise en otage et seule la philosophie peut la libérer. Le juste milieu est un concept attrayant mais l’adopter dans son style d’existence implique souvent un cassure révolutionnaire qui demande beaucoup de courage et de nouvelles valeurs.



La Grande Démission

En ondes et sur le web – Documentaire de 60 minutes.

Isabelle Maréchal rencontre des travailleurs de la classe moyenne qui ont démissionné afin de donner un plus grand sens à leur travail.

Dans la foulée de son documentaire choc, Les moyens de la classe moyenne, Isabelle Maréchal reprend la route à la rencontre de travailleurs épuisés, stressés et démotivés qui ont choisi de quitter leur emploi. Ces démissionnaires ont pris leur courage à deux mains et claqué la porte de la « chop en quête d’un nouveau sens à leur vie.

Visionner l’intégral du documentaire sur :   Télé-Québec  ou   savoir.média

Source : IPROD Média.


États-Unis : les dessous de la « Grande démission » • FRANCE 24

Les économistes l’appellent « la Grande démission » (« Great Resignation ») : une vague sans précédent de travailleurs ayant quitté leur emploi aux États-Unis depuis le début de la pandémie de Covid-19. Soit 4,5 millions de personnes en novembre 2021, un nombre jamais enregistré par le ministère du Travail en 20 ans. Le secteur le plus touché est celui de l’hôtellerie et de la restauration, suivi par ceux des loisirs, de la vente au détail et de la santé. Par ailleurs, de vastes mouvements de grève ont eu lieu dans plusieurs grandes entreprises américaines pour réclamer plus d’avantages sociaux. Le rapport de force entre patrons et employés semble s’inverser. Que se passe-t-il au pays du capitalisme ? Un reportage de Fanny Allard.


« Grande démission » : perdre sa vie à la gagner ? • FRANCE 24

Depuis le printemps 2021, les statisticiens observent un phénomène sans précédent aux États-Unis. En un an, des millions de personnes – 1 salarié sur 3 – ont quitté volontairement leur emploi. Ce « virus », baptisé la « Grande démission, a démarré dans la foulée de la pandémie de Covid-19. Il gagne peu à peu le reste du monde : en France, 1 salarié sur 6 a quitté son poste pendant la même période. Sans compter les jeunes diplômés d’écoles prestigieuses comme Agro Paris Tech qui décident de « bifurquer ». Quelle mouche les pique ? Est-ce un grand coup de flemme ou s’agit-il d’autre chose ?


Bref, la révolution du rapport au travail et au style d’existence est déjà en marche suite au traumatisme de la pandémie mondiale du Covid 19.

Dans la deuxième leçon, Libérer son potentiel, le philosophe Michel Lacroix propose deux avenues : 1. Sous le signe de la transcendance —  « être plus humain, ou se réaliser, consiste à modeler sa vie conformément à un modèle transcendant ». ; 2. L’idéal d’autoréalisation — « Me réaliser, énonce-t-elle (la deuxième option), consiste à développer quelque chose qui se trouve en moi et qui attend d’être cultivé ».

Je soulève un problème avec la première option. Aujourd’hui, les risques sont grands si on modèle sa vie à un modèle transcendant ( « Qui suppose un ordre de réalités supérieur, un principe extérieur et supérieur (opposé à immanent) » Dictionnaire Le Robert ). On ne sait jamais si le modèle ne va pas sombrer dans la déchéance, ou être déchu et ainsi nous trahir. Je préfère donc et de loin, la seconde option.

(…) Nous avons l’immense chance de vivre dans une civilisation où nous jouissons du droit de nous épanouir comme nous l’entendons. Nous pouvons choisir librement notre voie. Aucune autorité ne nous prescrit un modèle de « vie bonne ». Aucune autorité ne nous oblige à suivre la voie religieuse, et encore moins, d’une religion particulière, Aucune autorité ne peut, inversement, nous interdire (comme jadis en URSS) de suivre, si nous le désirons, la voie religieuse. Puisse à l’avenir notre société démocratique préserver cette liberté de conscience, sans laquelle la réalisation de soi deviendrait un mot vide de sens.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 43.

P.S. Le mot souligné remplace le mot en italique dans le texte original du livre.

Tout cela s’inscrit dans un idéal car, dans la réalité, nous sommes constamment sous influence et conditionnés, consciemment et inconsciemment, par notre civilisation, même dite démocratique. Tout d’abord, si aucune autorité nous dicte un modèle de « vie bonne », elle nous impose tout de même des limites dans les lois en vigueur. Notre liberté est encadrée par les lois. Ensuite, si nous jouissons effectivement de la liberté de conscience, cette dernière subit un conditionnement culturel, social, économique, etc. Évidemment, si nous comparons notre liberté de conscience avec celle offerte par les régimes politiques et/ou religieux totalitaires, notre liberté nous apparaît comme une « chance », la chance d’être né dans un régime démocratique libre. Notre lieu de naissance nous favorise ou défavorise, selon le régime en place. Mais, peu importe le régime en place, ce dernier nous conditionne. Pour vivre libre, il faut souvent accepter de vivre en marge, c’est-à-dire en se soustrayant à certains conditionnements et en s’accordant certains privilèges et avantages que ne peut se permettre la majorité des individus.

Au sous-titre, Les deux moteurs de la réalisation personnelle (chapt. Libérer son potentiel), le philosophe Michel Lacroix nous dit :

(…) L’être humain se définit d’une part parce que qu’il est capable de faire, et d’autre part par ce qu’il a envie de faire ». Il y a des aptitude et des motivations. Les aptitudes et les motivations : tels sont les deux moteurs de la réalisation personnelle.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 45.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

Personnellement, je ne me suis pas casser la tête et j’ai découvert ce que j’étais capable de faire (dans la vie), dès ma quatrième année d’étude secondaire, vers l’âge de 14 ou 15 ans, en choisissant entre deux ressources : les nombres ou les lettres de l’alphabet. J’ai choisi ces dernières. J’allais gagner ma vie et me réaliser en écrivant puisque je ne comprenais rien aux mathématiques, surtout lorsque j’ai constaté que l’algèbre utilisait des lettres de l’alphabet qui, dans ma compréhension, étaient réservées en exclusivité à l’écriture. Quant à mes motivations, si je me réfère aux nombreux projets scolaires et individuels que j’ai réalisés au cours de mon adolescence, je voulais contribuer à la résolution de problèmes que rencontrait le monde dans lequel j’évoluais, notamment ceux engendrés par un défaut de formulation et de communication. À cet époque, tout problème en était un de communication. Avant même d’être un homme, j’avais une vision du monde qui me semblait peu commune, en partie contestataire, que je me devais de reconnaître comme un potentiel à explorer. Notez que je ne dis pas : « à exploiter ».

Au cours de mes lectures, j’annote ici et là le mot « NON » en lettres majuscules ou un « ? » point d’interrogation pour me rappeler des passages avec lesquels je ne suis pas d’accord ou qui me questionne. Dans le chapitre « Deuxième leçon – Libérer son potentiel », j’ai plusieurs « NON » et « ? ». Le philosophe Michel Lacroix me semble un peu trop psychologisant, pour un philosophe. Les références à la psychologie finissent toujours par me tomber sur les nerfs parce qu’elles demeurent, faute de moyens de cette science humaine, trop interprétatives et trop subjectives, ce qui la contraint à la surface du sujet plutôt qu’à sa profondeur.

Par exemple, le philosophe Michel Lacroix donne voie au psychanalyste Alfred Adler.

(…) Nous sommes tous, expliquait Adler, habités par un complexe d’infériorité, à commencer par celui que, enfants, nous ressentions de simple fait que nous vivions auprès d’adultes qui nous semblaient plus grands, plus intelligents, plus savants, plus adroits, plus courageux, plus sages, plus forts que nous. Auprès de ces grandes personnes, nous nous sentions petits, faibles, ignorants, limités, incapables. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 52.

Je n’ai jamais ressenti une telle infériorité au cours de mon enfance, pas plus que durant mon adolescence. Les allégations d’Alfred Adler mettant tous les hommes, y compris tous les enfants, dans le même panier fournissent la preuve de ce pourquoi on dit de la psychanalyse qu’elle est une « fausse science ». Et, sous la plume du philosophe Michel Lacroix, Alfred Adler a soutenu que « La conscience douloureuse de notre infériorité nous a incité à nous élever au même niveau que ceux qui, déjà installés dans l’âge adulte, nous regardaient avec condescendance ». Je ne me suis jamais senti regardé avec condescendance au cours de mon enfance et de mon adolescence. Et je ne me sentais pas inférieur mais différent. Mon entrée dans l’âge adulte n’a pas reposé sur le désir de m’élever au même niveau de les adultes. J’allais être un adulte par la force de l’âge, de l’expérience et de l’éducation. Et je ne suis pas né sur une autre planète. Quand la philosophie s’attarde à la psychologie, elle perd sa crédibilité.

Le philosophe Michel Lacroix écrit « Aussi, sans hésiter, je range la pensée positive parmi les fondamentaux de ma philosophie » il me dit fonder sa philosophie sur la psychologie. La pensée positive en lutte contre la pensée négative, quelle histoire de fou ! « Pensées limitantes », « déprogrammation », « reprogrammation », c’est le développement personnel dans toutes ses limites de la compréhension de l’Être humain. C’est le développement personnel qui est dans la Caverne de Platon.

Passons par-dessus la troisième leçon, La place d’autrui (dans la réalisation de soi), pour atteindre la quatrième et dernière leçon, L’enracinement et la liberté. Le philosophe Michel Lacroix nous parle de « La communautarisation du moi » :

Ainsi conçue, la réalisation de soi ne saurait prétendre être une « invention de soi », « une création de soi ». Elle s’écarte de l’idéal que nous avons dessiné dans ce livre, celui de l’autoréalisation. Elle tend à être un simple marquage identitaire. Elle se réduit à une communautarisation de soi. C’est contre cette communautarisation de soi que je m’élève. Je la considère comme une régression, car elle ne tien pas compte des deux choses essentielles : la liberté de l’homme et sa raison.

(…) Les individus sont épinglés à leurs particularismes ethniques, linguistiques, religieux. Ils héritent de leur appartenance ; ils ne la choisissent pas. Ils sont membres de leur communauté en vertu d’un déterminisme qui pèse sur eux. À aucun moment ils sont appelés à donner leur consentement. Leurs appartenance relève du subi et non du volontaire. Il se voient donc privé, de facto, d’un droit qui, à mes yeux, est une condition sine qua non de l’accomplissement personnel : le droit à la rupture, le droit à la désaffiliation.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 86-87.

À celui ou celle qui vit sous la loi pesante, parfois, aliénante, d’une tradition communautaire, j’adresse donc le message suivant : « Ton identité profonde ne réside pas dans ton appartenance communautaire. Elle réside dans ta faculté de consentir, dans ton pouvoir de décider, dans ta capacité d’adhérer. N’accepte pas que ton existence soit préemptée par un modèle de vie bonne. C’est à toi et à toi seul qu’il appartient de choisir ton style d’existence. L’identité que tu t’inventeras vaudra toujours mieux que celle que tu te contenteras de revendiquer. Et souviens-toi que le bien le plus précieux de l’homme est la liberté de l’esprit. »

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 94-95.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

Que dire de plus sinon que d’applaudir à cette mise en garde essentielle pour vivre une réalisation de soi en toute liberté d’esprit.


J’accorde quatre étoiles sur cinq

au livre PHILOSOPHIE DE LA RÉALISATION DE SOI —SE CONSTRUIRE DANS LA LIBERTÉ du philosophe MICHEL LACROIX paru aux ÉDITIONS ROBERT LAFFONT en 2013 .

4-etoiles

Je vous en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».


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Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

Article # 96

J’AI LU POUR VOUS

Se réaliser

Petite philosophie de l’épanouissement personnel

Michel Lacroix

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Se réaliser

Petite philosophie de l’épanouissement personnel

Michel Lacroix

Langue : Français

Éditeur : ÉDITIONS ROBERT LAFFONT (9 février 2009)

ÉDITEUR : Marabout Psy (novembre 2010)

Collections : Réponses

Catégories : Psychologie / Croissance personnelle

Nombre de pages : 190 pages

ISBN : 10 2501062957

ISBN 13 : 9782501062954

Support : Livre imprimé à couverture souple

Mesure : 22.0 cm (Hauteur), 14 cm (Largeur), 217 gr (Poids)


Texte en quatrième de couverture

Quand on pense au développement personnel, on pense souvent aux inspirations apportées par le bouddhisme, le yoga ou le taoïsme. Mais on oublie toutes les réflexions et les expériences proposées par la philosophie et la littérature occidentale. Goethe, Stendhal, Hegel, Kierkegaard, Sartre, Emmanuel Mounier n’ont cessé de s’interroger sur le développement de l’individu et les moyens de s’épanouir.

Conçu comme un guide philosophique, ce nouveau livre de Michel Lacroix permet à tous de se saisir de ces richesses culturelles pour avancer sur le chemin de la réalisation de soi, un chemin qui peut bifurquer vers l’action aussi bien que la contemplation, et qui, parfois, peut conduire dans certaines impasses comme l’hyperactivité ou le fantasme de grandeur…

Pas de techniques simplistes ici, mais un éclairage novateur sur le potentiel humain, la confiance en soi ou la pensée positive tels que les ont imaginés nos plus grands penseurs.

* * *

MICHEL LACROIX, normalien, agrégé de philosophie, est maître de conférence à l’université Cergy-Pontoise. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages parmi lesquels, chez Marabout, Le Développement personnel et Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ?


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 9

  1. Transcendance ou autoréalisation ? 13
  2. « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry) 19
  3. Du Ciel sur la Terre 25
  4. La pensée positive 31
  5. Se réaliser, au risque de l’immoralité ? 37
  6. Le complexe de Don Juan 47
  7. Le baptême du choix 53
  8. De la vita contemplativa à la vita activa 61
  9. Se réaliser, c’est agir 71
  10. La tentation activiste 77
  11. Le fantasme de la grandeur et de la supériorité 81
  12. Y a-t-il un désir spécifique de réalisation de soi ? 87
  13. Réalisation de soi ou sublimation ?
  14. Le développement personnel face à la psychanalyse 95
  15. La vertu transformatrice de l’amour 103
  16. La confiance d’autrui 107
  17. L’autorité qui entraîne 111
  18. La puissance des modèles 117
  19. La dialectique de la bienveillance 123
  20. Le «Je » et le « Nous » 127
  21. Réalisation de soi ou communautarisation de soi? 133
  22. Le cas Barrès 139
  23. Portrait d’un esthète solitaire 145
  24. L’idéal de Thélème 151
  25. Le développement personnel victime de la contre-culture 157
  26. L’Occident et l’Orient 167
  27. La réalisation de soi, moteur de changement social 171

CONCLUSION : Vers un monde plus humain ? 179

NOTES 183


EXTRAIT

INTRODUCTION

« Me réaliser ». Voilà un projet ambitieux… Le verbe « réaliser » n’est pas pris ici dans le sens ordinaire. Il ne s’agit pas de réaliser un programme, un dessein, un vœu, ni même un rêve. Il ne s’agit pas non plus d’un « événement qui se réalise ». Ce ne sont pas seulement des tâches que j’ai à remplir, des travaux qui m’attendent, un dossier à étudier, un rendez-vous professionnel, un cours à préparer pour mes étudiants, une conférence à peaufiner, un article à écrire, un voyage à organiser, un livre à lire. Il s’agit de mon être. En articulant les cinq syllabes du verbe « se réaliser » dans sa forme réflexive, j’exprime l’intention de me faire moi-même. Mon propre moi est ma tâche. Je veux me prendre comme un matériau, comme une matière première, et faire de cette matière… une œuvre. Qui sait, une œuvre d’art ? Voilà, décidément, un projet audacieux.

« Se réaliser » est aussi une expression déconcertante. Elle est flanquée d’une foule de synonymes, qui provoquent un véritable encombrement sémantique. J’aurais pu écrire « m’épanouir », « me développer », par référence au développement personnel, ou bien « m’accomplir », en hommage à Nietzsche pour qui « l’homme est quelque chose qui s’accomplit encore ». Mon livre aurait pu s’intituler l’Épanouissement de soi, ou l’Accomplissement de soi, ou le Développement personnel. J’avais à ma disposition des expressions comme « vivre plus », « vivre pleinement », « atteindre la plénitude », « augmenter son être », « travailler au perfectionnement de soi », « être un individu complet », un « homme total », « développer l’humanité que l’on porte en soi », « accroître son humanitude », « mener une vie riche et créative », « donner le meilleur de soi-même », « aller jusqu’au bout de soi »… Il y avait d’autres possibilités encore. Avec les sages de l’Antiquité, je pouvais m’interroger sur la « vie bonne », avec Cicéron apprendre à « cultiver mon âme ». Dans les Nourritures terrestres, André Gide m’enseigne à « assumer le plus possible d’humanité ». Maurice Barrès m’assure qu’« en chacun est un être supérieur qui veut se réaliser ». Karl Marx propose de « réaliser l’essence de l’homme », Sartre d’« exister authentiquement ». Quant au philosophe personnaliste Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit dans les années 1930, il écrit simplement : « être une personne ».

En parcourant ainsi le vocabulaire, on est saisi par une impression de flou. De quoi dissuader un philosophe de se pencher sur une telle question… Mais si déconcertante soit-elle, cette abondance lexicale est, en un certain sens, rassurante. N’est-elle pas la preuve qu’il y a ici un vrai sujet de réflexion ? Si tant de mots ont été forgés, n’est-ce pas parce qu’ils répondent à une aspiration profonde de l’être humain ?

Enfin, « se réaliser » est une expression ciblée. Elle est ciblée vers l’adulte. Elle exprime un besoin propre à l’adulte. La réalisation de soi ne saurait être confondue avec le problème de l’éducation de l’enfant et de l’adolescent. Elle ne désigne pas le processus de maturation de la personnalité qui, de stade en stade, conduit l’enfant à devenir un adolescent, et l’adolescent à devenir un adulte. L’enfant et l’adolescent se développent, mûrissent, grandissent, à la fois physiologiquement et psychologiquement, mais à proprement parler ils ne « se réalisent » pas. Non sans raison, le langage courant réserve le verbe « se réaliser » à l’adulte, c’est-à-dire un être éduqué, socialisé, mûr, entré dans la vie. Et j’ajouterais : un adulte qui, ne souffrant pas de problèmes psychologiques sérieux, n’étant pas en proie à des difficultés affectives ou relationnelles graves, et ressentant par conséquent un relatif bien-être, est disponible pour un questionnement sur ce que, d’une façon provisoire, nous pourrions appeler le plus-être.

Le but de ce livre n’est aucunement d’indiquer la voie, la méthode, le chemin de la réalisation de soi. Nous laissons aux gourous et aux donneurs de leçons de vie (ils sont nombreux de nos jours) le douteux privilège de révéler à leurs semblables comment il faut conduire son existence. D’ailleurs, il y a plusieurs manières de se réaliser, plusieurs styles d’existence et rien n’autorise à établir entre eux une hiérarchie de valeur. Tous sont légitimes. Il appartient à chaque individu de trouver son propre style et il est fort heureux, en définitive, que tout le monde ne choisisse pas la même voie. La vie serait bien monotone si tous les individus envisageaient leur réalisation personnelle de la même manière.

Le livre que l’on va lire a une seule finalité : comprendre. Il est écrit par un philosophe depuis toujours passionné par la psychologie, qui a pénétré dans le domaine de l’« épanouissement », du « développement personnel », de la « plénitude », de la « créativité », du « vivre plus », dans le seul but de savoir de quoi l’on parle exactement lorsque l’on utilise ces mots. J’ai essayé de dissiper les brumes qui recouvrent ce domaine et de construire une notion claire et distincte, comme on disait autrefois, de la réalisation de soi. Dans cet univers souvent peu cartésien, je me suis aventuré avec mon esprit cartésien.

Chapitre 1

Transcendance ou autoréalisation ?

Il convient tout d’abord de délimiter notre sujet. D’où une première question. La religion relève-t-elle de la réalisation de soi ? Peut-on dire que le croyant « se réalise » ?

À l’évidence, la foi religieuse a une vertu épanouissante. Qui peut en douter ? Il suffit d’observer les personnes qui ont la foi et de recueillir leurs témoignages : ces personnes ont, la plupart du temps, une aptitude à la joie et à la sérénité, une capacité de plénitude, une confiance dans la vie qui sont, indiscutablement, en rapport direct avec la foi qui les anime. N’en déplaisent aux émules de Nietzsche, pour qui la religion est une cause d’amoindrissement et de décadence, la foi religieuse nous fait grandir humainement. Pendant des siècles, les individus n’ont même envisagé leur accomplissement personnel qu’à travers elle. L’adoration du divin, la prière, le souci du salut, l’observance des préceptes bibliques et évangéliques, l’espérance de la vie éternelle constituaient l’horizon indépassable de l’épanouissement de soi.

Cependant, il y a dans le processus de la « réalisation par la foi » un élément qui empêche de la considérer comme une « réalisation de soi » au plein sens du terme. Le croyant s’épanouit en se reliant à une transcendance divine. À travers ce lien avec la divinité, il découvre du même coup l’être-humain-qu’il-doit-devenir. La religion lui prescrit ce-qu’il-a-à-être. Elle lui fournit une définition canonique de la personne humaine. Pour le croyant, « vivre pleinement », « vivre plus », « assumer le plus possible d’humanité », ne consiste donc pas à s’inventer soi-même, en vertu d’une autocréation, mais à réaliser une essence d’homme prédéfinie dans la transcendance, inscrite de toute éternité dans le projet divin. C’est en Dieu que réside la vérité que le croyant cherche sur lui-même. Dieu abrite la vérité anthropologique fondamentale qu’il s’agit de mettre en œuvre dans la vie. Le Divin prescrit sous quelle forme doit s’accomplir l’Humain.

Dans le christianisme, cette dépendance de l’épanouissement humain par rapport à un projet divin est particulièrement nette. La théologie chrétienne enseigne que l’homme « a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu1  ». En raison de la chute d’Adam, il s’est écarté de ce modèle idéal, il s’est éloigné de l’essence parfaite qui lui était assignée. Sa nature s’est corrompue et le péché est entré dans l’Humanité. La tâche qui incombe à l’être humain dans cette vie terrestre est, à l’aide de la grâce divine, de rétablir cette perfection initiale. Pour le chrétien, « se réaliser » signifie donc être fidèle à l’image originelle de l’homme, et c’est ce qu’il s’efforce de faire en conformant sa vie au modèle idéal de la divinité, c’est-à-dire par une imitation : l’imitation de la perfection de Dieu, comme le demande l’Évangile (« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait », lit-on dans saint Matthieu2), ou celle du Fils de Dieu, comme l’enseignait jadis L’Imitation de Jésus-Christ, l’un des grands livres de la piété traditionnelle.

Il convient donc, au seuil de notre enquête, d’établir une distinction nette entre ce qui relève de l’« épanouissement par la religion » et ce qui relève de la « réalisation de soi ». Dans le verbe « se réaliser », la forme réflexive, qui s’exprime par la particule « se », a une signification précise. Elle indique, d’une part, que mon moi constitue la matière première à partir de laquelle s’opère le travail de réalisation personnelle et, d’autre part, que c’est par moi-même que cette réalisation aura lieu. La réalisation de soi est une création de moi-même par moi-même. Mon moi est à construire et c’est à moi, et moi seul, qu’il appartient de mener à bien cette construction. Entrer dans une démarche de réalisation de soi, c’est se déclarer non soumis à des règles prédéfinies, à des lois dictées de l’extérieur. Je ne suis pas l’exécutant d’un programme théologique. Ma destination n’est pas tracée d’avance. Je ne dispose pas d’un patron préétabli d’après lequel je pourrais tailler l’étoffe de mon moi. Ce n’est pas en me reliant à une transcendance divine que j’atteindrai mon maximum d’humanité. La réalisation de soi est un processus entièrement autonome. Elle est autoréférentielle. Elle constitue une autoréalisation. Dans une pièce de théâtre, Jean-Paul Sartre fait dire à un de ses personnages : « Je n’ai d’autre loi que celle que je me donnerai3. » La démarche de réalisation de soi, ou autoréalisation, s’ouvre par une déclaration semblable : « La seule loi de mon épanouissement sera celle que je me donnerai. »

Ayant mis de côté la religion, parce qu’elle ne relève pas de notre étude, il faut nous interroger sur une autre forme d’épanouissement : celle que propose la métaphysique. Ce que nous venons de dire au sujet de la transcendance religieuse vaut-il également pour la transcendance métaphysique ? Tournons-nous vers le philosophe métaphysicien (tous les philosophes ne sont pas métaphysiciens…) et voyons comment ce dernier conçoit l’épanouissement humain. Que signifie pour un philosophe métaphysicien « vivre d’une manière authentiquement humaine », « assumer le plus possible d’humanité » ?

Le philosophe métaphysicien est, à sa manière, un croyant. Il croit en une réalité suprasensible, celle des Essences, des Idées pures. Sa démarche d’épanouissement consiste à rejoindre cette réalité transcendante, à l’assimiler, à se nourrir d’elle. Cette démarche vers une vie plus humaine a été parfaitement décrite par Platon dans le fameux mythe de la Caverne, exposé au livre VII de La République. Ce mythe constitue un véritable apologue de l’épanouissement humain.

Au départ, explique Platon, l’individu est emprisonné dans un lieu obscur, où il ne voit pas les choses elles-mêmes mais seulement leur reflet déformé. Il est éloigné de l’essence des choses et séparé de la vérité. Il décide donc d’entreprendre l’ascension qui va le conduire au Ciel des Idées, qui représente, selon Platon, le domaine métaphysique où sont gravées les Essences éternelles. Une fois parvenu dans ce lieu céleste, il peut enfin contempler les Idées, c’est-à-dire l’essence intemporelle du bien, de la vertu, de la justice, du beau, et d’une manière générale de toutes les réalités dont, dans la Caverne, il n’avait qu’une notion imprécise puisqu’il n’en voyait que le reflet déformé. Parmi toutes les essences qui se dévoilent à lui, il y en a une qui revêt une importance particulière. C’est l’Idée d’Homme. Le philosophe découvre dans la transcendance ce qu’est l’homme dans son essence, l’homme-de-toute-éternité. Il ne lui restera plus, dès lors, qu’à se conformer à ce modèle idéal, à le traduire dans son existence concrète. Tant qu’il était prisonnier dans la Caverne, il vivait d’une vie amoindrie. Grâce à la découverte qu’il fait dans le Ciel des Idées, cet état d’amoindrissement va prendre fin. L’individu sait maintenant en quoi consiste sa vraie nature. Il peut enfin connaître la plénitude. Il peut épanouir son humanité.

La similitude entre l’expérience métaphysique et l’expérience religieuse ressort de façon frappante. De même que le croyant reçoit de Dieu la révélation de la vérité anthropologique, l’homme platonicien la reçoit des Idées. C’est dans la transcendance métaphysique qu’il prend connaissance de la forme parfaite de l’homme, forme parfaite qu’il lui appartient de mettre en pratique dans son existence concrète. Pas plus que le croyant, l’homme platonicien n’a donc à inventer l’homme. Il se transforme, il s’épanouit, il accède à une vie pleine, à la plénitude de soi, mais, à proprement parler, il ne se réalise pas. Il n’a pas à se forger une identité. Il se contente de devenir ce qui-est-écrit-de-toute-éternité-dans-la-transcendance. Son devenir humain est tracé par avance. Pour lui comme pour le croyant religieux, c’est dans la transcendance que, tel le mètre étalon enfermé dans le pavillon de Sèvres, est déposée la norme qui trace l’horizon de son existence.

Ni le croyant ni le philosophe métaphysicien ne se situent, à proprement parler, dans une perspective de réalisation de soi. Leur démarche est celle d’un épanouissement par la transcendance. Le but que nous poursuivons dans ce livre est, au contraire, de suivre l’individu dans son effort pour s’autoréaliser, c’est-à-dire pour s’épanouir en dehors des voies prétracées de la transcendance religieuse ou métaphysique. Nous voulons assumer tous les risques inhérents à cette aventure. Car se réaliser, c’est prendre des risques. Le risque de manquer de repères. Le risque de cheminer sans boussole transcendante. De s’enfermer dans son moi. De s’égarer. Le risque de la liberté.

______

1- Genèse 1, 26-29.
2- Saint Matthieu 5, 48.
3- Les Mouches.

Chapitre 2

« Le plus vrai d’un individu, c’est son possible »
 (Paul Valéry)

Nous avons commencé à lever le voile sur la réalisation de soi en montrant ce qu’elle n’est pas. Voyons maintenant ce qu’elle est. J’entre dans une démarche d’autoréalisation à partir de l’instant où, me détournant de la transcendance, je me recentre sur moi-même.

Je déclare que la destination de mon être réside non pas dans une extériorité religieuse ou métaphysique, mais en moi-même, dans ma subjectivité. « Me réaliser » consiste non pas à me relier à un Dieu ou à des Essences éternelles qui prescrivent ce que je dois être, mais à développer quelque chose qui est en moi, quelque chose qui requiert d’être libéré et cultivé. De quoi s’agit-il ? Quel est ce bien que je possède et que je dois mettre en valeur ? Quelle est cette richesse intérieure qui fait l’objet de l’autoréalisation ? Ce sont mes virtualités, mes possibilités, mes capacités, mes facultés, mes aptitudes, mes talents, mes dons, mes ressources. Autrement dit : mon « potentiel ».

Alors que l’épanouissement par la transcendance situe la vérité de mon moi dans une transcendance religieuse ou métaphysique, la réalisation de soi la situe dans mon potentiel. C’est mon potentiel qui me définit. Ce sont mes attributs psychologiques, mes propriétés, ma richesse intérieure qui constituent mon être. « Je suis, écrivait le philosophe Heidegger, une promesse de possibilités. » Et Paul Valéry renchérissait : « Ce qui est le plus vrai d’un individu, c’est son possible.1» Pour me réaliser, il va falloir porter mes potentialités à leur complet développement. Je m’épanouirai à la condition de faire fructifier ce capital intérieur, de faire mûrir ces possibilités, d’exploiter ces ressources. Je dois faire croître ce qui est en germe dans mon moi, actualiser ce qui est virtuel. C’est ce qu’indique très bien l’étymologie du verbe « développer », d’où vient le nom familier de « développement personnel », lequel n’est en définitive qu’une autre façon de nommer la réalisation de soi. Le verbe « développer » est issu du latin volvere, qui signifie rouler, enrouler. Développer, c’est donc « dé-volvere », c’est-à-dire défaire le rouleau, dérouler ce qui est enroulé, déployer ce qui est enveloppé. « Me développer moi-même tel que m’a fait la nature, confiait Goethe, fut obscurément, dès mes jeunes années, mon désir et mon dessein2. » Retenons cet aveu du philosophe de Weimar. Il constitue l’article un de la philosophie de la réalisation de soi.

Mais en quoi consiste ce potentiel ? Quelles sont ces virtualités qu’il faut actualiser, ces ressources qu’il faut utiliser ? Pour répondre à cette question, tournons-nous vers la psychologie. Celle-ci nous apprend que le potentiel d’un individu est constitué de deux éléments : les aptitudes d’une part, et les motivations d’autre part. Je suis un mélange de capacités, de facultés, de pouvoirs et, par ailleurs, d’intérêts, de goûts, de mobiles, d’inclinations, d’aspirations, de désirs. Je me définis à la fois par ce que je suis capable de faire (par exemple résoudre des problèmes logiques, mémoriser un poème, battre la mesure, utiliser mon intelligence sensori-motrice, diriger une équipe) et par ce que j’ai envie de faire (jouer du violon, faire des mathématiques, écrire, chanter, fonder une entreprise). Je suis un réservoir de capacités d’agir et de raisons d’agir. Les premières déterminent le comment, les secondes le pourquoi. Les unes me permettent de faire bien ce que je fais, les autres me poussent à faire ce que je fais.

Ces deux composantes du potentiel humain sont également nécessaires à ma réalisation personnelle. L’une ne saurait aller sans l’autre. Les aptitudes doivent pouvoir s’appuyer sur des motivations, sinon elles ne débouchent sur rien. De quelle utilité serait, par exemple, une disposition pour la musique si je n’ai pas envie de faire de la musique ? À quoi me sert d’avoir un don pour les mathématiques, si celles-ci n’éveillent aucun intérêt en moi ? Et inversement : les motivations sans les aptitudes sont impuissantes. Je cours à l’échec si je désire occuper un poste de dirigeant alors que je n’ai pas d’aptitude au leadership, ou si je prétends devenir chanteur alors que je n’ai pas un beau timbre de voix. Il faut avoir les moyens de ses ambitions et les ambitions de ses moyens. Pour m’accomplir, j’ai besoin de la poussée de ces deux moteurs. Fort heureusement, il y a entre les aptitudes et les motivations une interaction, une alchimie, qui fait que, le plus souvent, elles vont dans le même sens. Elles se renforcent mutuellement.

Poursuivons notre exploration du potentiel. Nous découvrons rapidement qu’il se déploie en un vaste éventail de possibilités. Mon intériorité est riche de trésors de toutes sortes et, par conséquent, il n’y a pas une manière unique de me développer, mais une diversité de développements possibles selon que je me concentrerai sur telle ou telle dimension de mon être. J’ai devant moi une multiplicité d’existences possibles. Il y a plusieurs demeures au royaume de la réalisation personnelle.

Je peux, par exemple, conformément à la philosophie des Lumières, décider que ma destination est de me servir de ma raison, autrement dit que j’accéderai à la plénitude de mon statut d’homme en utilisant à plein mes capacités rationnelles, en exerçant mon esprit critique, en augmentant mon savoir, en usant de ma liberté d’examen, bref, en appliquant la devise de Kant : « Ose te servir de ta raison. » Je peux, au contraire, cultiver ma faculté de sentir, apprendre à vibrer, multiplier les occasions de m’émouvoir, auquel cas je prendrai pour guide Jean-Jacques Rousseau, qui écrivait dans les Confessions : « Être, c’est sentir. » Je peux développer les ressources de la passion, me plaçant ainsi dans la filiation des romantiques. Chateaubriand, Lamartine, Musset ont rompu avec une tradition millénaire qui tenait la passion pour une « maladie de l’âme », et ils ont fait d’elle l’expression la plus authentique de la subjectivité. Ils ont été les premiers à briser l’opprobre qui la frappait et à l’ériger en moyen de réalisation de soi, posant ainsi l’équation vie épanouie = vie passionnée.

D’autres possibilités s’offrent à moi. Je peux développer mes capacités inventives, mon « cerveau droit », comme le recommande le développement personnel. Je peux libérer mon imagination créatrice et tenter de devenir un artiste, en prenant modèle sur l’artiste créateur, visionnaire, sensible, libre, rebelle, prophète d’une société nouvelle, dont la figure a surgi au XIXe siècle comme le symbole même de l’actualisation des possibilités humaines. Je peux fortifier ma volonté, suivant les préceptes de Roberto Assagioli, un des maîtres à penser du développement personnel. Assagioli a fait de la volonté la cheville ouvrière de sa méthode appelée psychosynthèse3. Je peux écouter la grande voix qui, de Rimbaud aux surréalistes, m’incite à libérer les forces de l’inconscient, les puissances du rêve, de l’illumination poétique, de l’hallucination. Je peux même être tenté, comme certains de mes contemporains, de développer des pouvoirs occultes, la voyance, la télépathie, la perception extrasensorielle, la médiumnité, la magie… C’est une idée assez répandue aujourd’hui, notamment dans les milieux ésotérico-mystiques, que les pouvoirs parapsychologiques ne sont pas réservés à une minorité d’individus, mais que chacun de nous les possède sous une forme latente. Je peux aussi nourrir le projet de développer mon énergie, ma force vitale, d’améliorer mes performances physiques, mes prouesses musculaires, de sculpter mon corps, ce qui est après tout une manière parfaitement légitime d’envisager la réalisation de soi : dans ce cas, je pourrai me réclamer de Montherlant qui fut le chantre de la vie sportive. Je peux apprendre avec Bergson à « vivre dans la durée », ou à explorer avec Maine de Biran ma vie intérieure. Je peux m’inspirer de Nietzsche qui m’invite à libérer ma volonté de puissance, laquelle était, à ses yeux, la clé de la réalisation de soi car elle constituait « l’essence la plus intime de l’être4 » : il me restera alors à diriger cette volonté de puissance, à mon gré, vers la sphère politique, l’activité économique, la connaissance scientifique, la technique, la création littéraire. À moins que je ne décide d’apprendre, auprès de Schopenhauer, à renoncer à la volonté, à desserrer l’étau du vouloir, et de m’initier, avec ce philosophe nourri de bouddhisme, aux secrets du lâcher-prise.

Enfin, pour compléter cet inventaire de mon potentiel, je peux feuilleter le catalogue des stages de développement personnel, qui connaissent de nos jours un grand succès. Les thèmes du travail sur soi proposé dans ces stages compléteront l’éventail déjà fort étendu des choix qui s’offrent à moi : par exemple, la capacité de communiquer, l’apprentissage du leadership, la gestion du stress, l’estime de soi, la confiance en soi, le contrôle des émotions, la créativité…

Cette première exploration de la notion de potentiel me révèle d’ores et déjà une chose importante. Pour connaître toutes les possibilités que recèle mon moi, je peux me tourner vers le développement personnel, c’est-à-dire le courant psychologique né dans les années 1960 sous l’égide d’Abraham Maslow et de Carl Rogers, courant qui, de façon révélatrice, s’appelait aussi « Mouvement du potentiel humain ». Le développement personnel est actuellement le principal représentant de la philosophie de la réalisation de soi. Mais je peux aussi puiser dans l’héritage des philosophes et des écrivains qui, depuis deux siècles, ont réfléchi au problème de l’existence. De Hegel à Bergson, de Kierkegaard à Emmanuel Mounier, de Marx à Heidegger, les philosophes n’ont pas cessé de s’interroger sur la réalisation de soi. Il serait dommage d’entamer une démarche de réalisation de soi sans utiliser leur apport. De son côté, la littérature a fait du développement de l’individu un de ses thèmes privilégiés. L’égotisme prôné par Stendhal, le culte du moi célébré par Maurice Barrès, la quête hédoniste de Gide dans les Nourritures terrestres, le message de Goethe dans Wilhelm Meister, la découverte de soi par la mémoire dans la Recherche du temps perdu sont autant de réponses à la question capitale de l’être humain : comment vivre pleinement ? Oui, décidément, j’ai tout intérêt à profiter de la richesse qui est contenue dans les œuvres de ces grands auteurs. La culture qu’ils ont édifiée est une mine inépuisable. Elle est le résumé chatoyant des possibilités humaines. Elle constitue un véritable thésaurus de la réalisation de soi.

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1- Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, Gallimard, collection « Folio », 1992.
2- Lettre à Werner, citée in René Le Senne, Traité de morale générale, PUF, 1967. Cette phrase est prononcée aussi par Wilhelm Meister dans le roman éponyme de Goethe.
3- Roberto Assagioli, Psychosynthèse : principes et techniques, Desclée de Brouwer, 1997.
4- Friedrich Nietzsche, Fragments posthumes, tome XIV, Gallimard, 1977.


Source des extraits

Ces extraits proviennent du site web leslibraires.ca

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AU SUJET DE L’AUTEUR

Michel Lacroix

(1946 –      )
Arnaud de Saint Simon et Michel Lacroix à l'Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photo : Jérôme Choain.
Arnaud de Saint Simon et Michel Lacroix à l’Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photo : Jérôme Choain.

langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgMichel Lacroix est un philosophe et écrivain français né le .

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il est agrégé de philosophie, docteur d’État et maître de conférences émérite à l’Université de Cergy-Pontoise.

Il est l’auteur d’une thèse d’État sur « L’idée de politesse dans les manuels de bienséance (XIXe et XXe siècles) » dont le président du jury était Jean Guitton.

Il a reçu le Grand prix de philosophie de l’Académie française et le Prix Psychologies-Fnac 2009 de l’essai pour mieux vivre.

Fils du médecin colonel Roger Lacroix (AOF-AEF-Indochine), il est aussi le neveu de Michel Bernstein, un des responsables du mouvement de Résistance Défense de la France, chargé des faux papiers. Il est marié à Sophie Ader, philosophe. Ils ont trois enfants.

Notices d’autorité :

Source : Michel Lacroix, Wikipédia


Radio_France_logo

Michel Lacroix sur Radio France

Michel Lacroix – Se réaliser avec le philosophe avec le philosophe Michel Lacroix, Lundi 2 décembre 2013, France Inter.

CAIRN_0

Michel Lacroix sur Cairn.info

le-devoir-312282

Entretien avec le philosophe Michel Lacroix – Le retour du courage, le meilleur et le pire, Antoine Robitaille, Le Devoir, 26 avril 2003

Logo_du_site_Canal_Académies

Michel Lacroix : « Réalisation de soi et style d’existence » ou comment renouveler la sagesse au XXI e siècle, Canal Académies, 25 mars 2012


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Mon rapport de lecture

Se réaliser

Petite philosophie de l’épanouissement personnel

Michel Lacroix

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

D’entrée de jeu, je souligne de choix du titre et du sous-titre : « Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel ». L’auteur avait le choix, écrit-il, et il a rejeté celui en référence au « développement personnel » :

« Se réaliser » est aussi une expression déconcertante. Elle est flanquée d’une foule de synonymes, qui provoquent un véritable encombrement sémantique. J’aurais pu écrire « m’épanouir », « me développer », par référence au développement personnel, ou bien « m’accomplir », en hommage à Nietzsche pour qui « l’homme est quelque chose qui s’accomplit encore ». Mon livre aurait pu s’intituler l’Épanouissement de soi, ou l’Accomplissement de soi, ou le Développement personnel. J’avais à ma disposition des expressions comme « vivre plus », « vivre pleinement », « atteindre la plénitude », « augmenter son être », « travailler au perfectionnement de soi », « être un individu complet », un « homme total », « développer l’humanité que l’on porte en soi », « accroître son humanitude », « mener une vie riche et créative », « donner le meilleur de soi-même », « aller jusqu’au bout de soi »… Il y avait d’autres possibilités encore. Avec les sages de l’Antiquité, je pouvais m’interroger sur la « vie bonne », avec Cicéron apprendre à « cultiver mon âme ». Dans les Nourritures terrestres, André Gide m’enseigne à « assumer le plus possible d’humanité ». Maurice Barrès m’assure qu’« en chacun est un être supérieur qui veut se réaliser ». Karl Marx propose de « réaliser l’essence de l’homme », Sartre d’« exister authentiquement ». Quant au philosophe personnaliste Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit dans les années 1930, il écrit simplement : « être une personne ».

En parcourant ainsi le vocabulaire, on est saisi par une impression de flou. De quoi dissuader un philosophe de se pencher sur une telle question… Mais si déconcertante soit-elle, cette abondance lexicale est, en un certain sens, rassurante. N’est-elle pas la preuve qu’il y a ici un vrai sujet de réflexion ? Si tant de mots ont été forgés, n’est-ce pas parce qu’ils répondent à une aspiration profonde de l’être humain ?

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Introduction, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 9-10.

Toutes ces variables synonymes, soutient l’auteur, « provoquent un véritable encombrement sémantique ». L’auteur donne une seule finalité à son livre, « comprendre », et ce, « dans le seul but de savoir de quoi l’on parle exactement lorsqu’on utilise ces mots » :

Le livre que l’on va lire a une seule finalité : comprendre. Il est écrit par un philosophe depuis toujours passionné par la psychologie, qui a pénétré dans le domaine de l’« épanouissement », du « développement personnel », de la « plénitude », de la « créativité », du « vivre plus », dans le seul but de savoir de quoi l’on parle exactement lorsque l’on utilise ces mots. J’ai essayé de dissiper les brumes qui recouvrent ce domaine et de construire une notion claire et distincte, comme on disait autrefois, de la réalisation de soi. Dans cet univers souvent peu cartésien, je me suis aventuré avec mon esprit cartésien.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Introduction, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 11.

Je préfère et de loin une analyse suivant une approche philosophique lorsqu’il est question d’épanouissement personnel et de développement personnel en place et lieu d’une technique :

Pas de techniques simplistes ici mais un éclairage novateur sur le potentiel humain, la confiance en soi ou la pensée positive tels que les ont imaginés nos plus grands penseurs.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Quatrième de couverture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 11.

Dans le premier chapitre de son œuvre, Transcendance ou autoréalisation, Michel Lacroix prend ses distances de la réalisation de soi par l’approche religieuse : « Il convient tout d’abord de délimiter notre sujet. D’où une première question. La religion relève-t-elle de la réalisation de soi ? Peut-on dire que le croyant  »se réalise » ? »

Il convient donc, au seuil de notre enquête, d’établir une distinction nette entre ce qui relève de l’« épanouissement par la religion » et ce qui relève de la « réalisation de soi ». Dans le verbe « se réaliser », la forme réflexive, qui s’exprime par la particule « se », a une signification précise. Elle indique, d’une part, que mon moi constitue la matière première à partir de laquelle s’opère le travail de réalisation personnelle et, d’autre part, que c’est par moi-même que cette réalisation aura lieu. La réalisation de soi est une création de moi-même par moi-même. Mon moi est à construire et c’est à moi, et moi seul, qu’il appartient de mener à bien cette construction. Entrer dans une démarche de réalisation de soi, c’est se déclarer non soumis à des règles prédéfinies, à des lois dictées de l’extérieur. Je ne suis pas l’exécutant d’un programme théologique. Ma destination n’est pas tracée d’avance. Je ne dispose pas d’un patron préétabli d’après lequel je pourrais tailler l’étoffe de mon moi. Ce n’est pas en me reliant à une transcendance divine que j’atteindrai mon maximum d’humanité. La réalisation de soi est un processus entièrement autonome. Elle est autoréférentielle. Elle constitue une autoréalisation. Dans une pièce de théâtre, Jean-Paul Sartre fait dire à un de ses personnages : « Je n’ai d’autre loi que celle que je me donnerai3. » La démarche de réalisation de soi, ou autoréalisation, s’ouvre par une déclaration semblable : « La seule loi de mon épanouissement sera celle que je me donnerai. »

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3- Les Mouches.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 1 – Transcendance ou autoréalisation, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp 14-15.

Il soutient ensuite que « le philosophe métaphysicien est, à sa manière, un croyant. Il croit en une réalité suprasensible, celles des Essences, des Idées pures. Sa démarche d’épanouissement consiste à rejoindre cette réalité transcendante, à l’assimiler, à se nourrir d’elle. »  Michel Lacroix n’associe donc pas l’épanouissement de soi par transcendance. Il conclut ce premier chapitre en ces mots :

Ni le croyant ni le philosophe métaphysicien ne se situent, à proprement parler, dans une perspective de réalisation de soi. Leur démarche est celle d’un épanouissement par la transcendance. Le but que nous poursuivons dans ce livre est, au contraire, de suivre l’individu dans son effort pour s’autoréaliser, c’est-à-dire pour s’épanouir en dehors des voies prétracées de la transcendance religieuse ou métaphysique. Nous voulons assumer tous les risques inhérents à cette aventure. Car se réaliser, c’est prendre des risques. Le risque de manquer de repères. Le risque de cheminer sans boussole transcendante. De s’enfermer dans son moi. De s’égarer. Le risque de la liberté.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 1 – Transcendance ou autoréalisation, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 17.

Michel La croix nous invite « à développer quelque chose qui est en moi, quelque chose qui requiert d’être libéré et cultivé » et nous oriente rapidement vers le « potentiel » :

Je déclare que la destination de mon être réside non pas dans une extériorité religieuse ou métaphysique, mais en moi-même, dans ma subjectivité. « Me réaliser » consiste non pas à me relier à un Dieu ou à des Essences éternelles qui prescrivent ce que je dois être, mais à développer quelque chose qui est en moi, quelque chose qui requiert d’être libéré et cultivé. De quoi s’agit-il ? Quel est ce bien que je possède et que je dois mettre en valeur ? Quelle est cette richesse intérieure qui fait l’objet de l’autoréalisation ? Ce sont mes virtualités, mes possibilités, mes capacités, mes facultés, mes aptitudes, mes talents, mes dons, mes ressources. Autrement dit : mon « potentiel ».

Alors que l’épanouissement par la transcendance situe la vérité de mon moi dans une transcendance religieuse ou métaphysique, la réalisation de soi la situe dans mon potentiel. C’est mon potentiel qui me définit. Ce sont mes attributs psychologiques, mes propriétés, ma richesse intérieure qui constituent mon être. « Je suis, écrivait le philosophe Heidegger, une promesse de possibilités. » Et Paul Valéry renchérissait : « Ce qui est le plus vrai d’un individu, c’est son possible.1» Pour me réaliser, il va falloir porter mes potentialités à leur complet développement. Je m’épanouirai à la condition de faire fructifier ce capital intérieur, de faire mûrir ces possibilités, d’exploiter ces ressources. Je dois faire croître ce qui est en germe dans mon moi, actualiser ce qui est virtuel. C’est ce qu’indique très bien l’étymologie du verbe « développer », d’où vient le nom familier de « développement personnel », lequel n’est en définitive qu’une autre façon de nommer la réalisation de soi. Le verbe « développer » est issu du latin volvere, qui signifie rouler, enrouler. Développer, c’est donc « dé-volvere », c’est-à-dire défaire le rouleau, dérouler ce qui est enroulé, déployer ce qui est enveloppé. « Me développer moi-même tel que m’a fait la nature, confiait Goethe, fut obscurément, dès mes jeunes années, mon désir et mon dessein2. » Retenons cet aveu du philosophe de Weimar. Il constitue l’article un de la philosophie de la réalisation de soi.

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1- Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, Gallimard, collection « Folio », 1992.
2- Lettre à Werner, citée in René Le Senne, Traité de morale générale, PUF, 1967. Cette phrase est prononcée aussi par Wilhelm Meister dans le roman éponyme de Goethe.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 2 – « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry), Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 19-20.

Est-ce que les potentiels de chacun conduisent tous vers « une manière unique de se développer » ? Michel Lacroix affirme qu’il y a « un vaste éventails de possibilités » parce qu’il y a « une multiplicité d’existences possibles » :

Poursuivons notre exploration du potentiel. Nous découvrons rapidement qu’il se déploie en un vaste éventail de possibilités. Mon intériorité est riche de trésors de toutes sortes et, par conséquent, il n’y a pas une manière unique de me développer, mais une diversité de développements possibles selon que je me concentrerai sur telle ou telle dimension de mon être. J’ai devant moi une multiplicité d’existences possibles. Il y a plusieurs demeures au royaume de la réalisation personnelle.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 2 – « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry), Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 21.

Il donne un exemple d’exploitation de son potentiel par le choix d’une destination d’épanouissement personnel conforme à la philosophie des Lumières.

Je peux, par exemple, conformément à la philosophie des Lumières, décider que ma destination est de me servir de ma raison, autrement dit que j’accéderai à la plénitude de mon statut d’homme en utilisant à plein mes capacités rationnelles, en exerçant mon esprit critique, en augmentant mon savoir, en usant de ma liberté d’examen, bref, en appliquant la devise de Kant : « Ose te servir de ta raison. » Je peux, au contraire, cultiver ma faculté de sentir, apprendre à vibrer, multiplier les occasions de m’émouvoir, auquel cas je prendrai pour guide Jean-Jacques Rousseau, qui écrivait dans les Confessions : « Être, c’est sentir. » Je peux développer les ressources de la passion, me plaçant ainsi dans la filiation des romantiques. Chateaubriand, Lamartine, Musset ont rompu avec une tradition millénaire qui tenait la passion pour une « maladie de l’âme », et ils ont fait d’elle l’expression la plus authentique de la subjectivité. Ils ont été les premiers à briser l’opprobre qui la frappait et à l’ériger en moyen de réalisation de soi, posant ainsi l’équation vie épanouie = vie passionnée.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 2 – « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry), Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 22.

Mais quand le philosophe Michel Lacroix recommande de feuilleter le catalogue du développement personnel « pour connaître toutes les possibilités que recèle mon moi », je décroche, d’autant plus qu’il l’associe à « un courant psychologique ».

Cette première exploration de la notion de potentiel me révèle d’ores et déjà une chose importante. Pour connaître toutes les possibilités que recèle mon moi, je peux me tourner vers le développement personnel, c’est-à-dire le courant psychologique né dans les années 1960 sous l’égide d’Abraham Maslow et de Carl Rogers, courant qui, de façon révélatrice, s’appelait aussi « Mouvement du potentiel humain ». Le développement personnel est actuellement le principal représentant de la philosophie de la réalisation de soi. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 2 – « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry), Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 24.

J’en ai une fois de plus confirmation (comme s’il m’en fallait une de plus), le développement personne s’inscrit dans un courant psychologique. Me voici une fois de plus dans l’obligation de citer le livre de William Kirk KILPATRICK (1940-    ), La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne publié en 1983.


william-kirk-kilpatrick-seduction-psychologique« L’ÉCHEC DE LA FOI PSYCHOLOGIQUE

Quelque bien intentionné et agréable qu’il soit, il n’est pas évident que l’« establishment » sache aider. Partout il existe de sombres signes que cette foi n’est pas efficace. En dépit de la création d’une armée virtuelle de psychiatres, psychologues, psychométriciens, conseillers et éducateurs sociaux, il n’y a eu aucune diminution du taux de maladies mentales, suicides, alcoolisme, toxicomanie, enfants maltraités, divorces, meurtres et voies de fait de toutes sortes. Contrairement à ce qu’on pourrait espérer dans une société analysée si soigneusement et assistée par tant d’experts de la santé mentale, il y a eu un accroissement dans tous ces domaines. Il semble parfois exister un rapport direct entre le nombre grandissant de ceux qui aident et le nombre grandissant de ceux qui ont besoin d’aide. Plus nous avons de psychologues, plus nous récoltons de maladies mentales; plus nous avons d’éducateurs sociaux et de délégués à la liberté surveillée, plus la criminalité s’accroît; plus nous avons d’enseignants et plus l’ignorance grandit.

Il nous faut nous interroger devant tout cela. En clair, cela est suspect. Nous sommes contraints de concevoir la possibilité que la psychologie et les professions qui gravitent autour d’elle proposent des solutions aux problèmes qu’elles ont elles-mêmes contribué à faire naître. Ainsi, nous voyons des psychologues élever chez les gens l’espoir de bonheur ici-bas à un niveau démesuré, pour ensuite dispenser leurs conseils sur la crise qui survient vers la mi-vie et à la mort. Nous voyons des psychologues faire de l’attention portée à soi-même une vertu, pour ensuite s’étonner du nombre croissant de narcissiques. Nous voyons des psychologues alléguer devant les tribunaux que les mauvais garçons et même les mauvais adultes n’existent pas, pour ensuite formuler des théories afin d’expliquer l’augmentation de la criminalité. Nous voyons des psychologues mettre à rude épreuve les liens de la vie familiale, pour ensuite mener une thérapie dans les foyers brisés.

ATTENTES ET RÉSULTATS

Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans les domaines où les professionnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanislas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :

« Ainsi, dans un pays où il y a pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans ce domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les lieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »18

Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie? Le professeur Andreski poursuit :

« … Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et sœurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes qui n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix; et qu’il aurait dû en être toujours plus ainsi durant le dernier quart de siècle en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »19

Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont pas sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmentation de celui-ci. Les conseils matrimoniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle dans un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qu’il peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, ils ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu »20 ».

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Référence : ANDRESKI, Stanislas, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, pp. 25-26.

Source : KILPATRICK (Kirk), William, La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne, Centre Biblique Européen, 288 pages, 1985. Traduction de l’original anglais « Psychological Seduction: The Failure of Modern Psychology » , William Kirk Kilpatrick, THOMAS NELSON PUBLISHERS Nashville, Tenn, USA Copyright © 1983 by William Kirk Kilpatrick.


C’est clair ! La psychologie associée au développement personnel ne m’apparaît pas comme souhaitable puisque l’un et l’autre n’ont pas la crédibilité utile à leur mission. À lire aussi dans notre dossier : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018.


Heureusement, en bon philosophe, Michel Lacroix ne se limite pas au catalogue du développement personnel :

Mais je peux aussi puiser dans l’héritage des philosophes et des écrivains qui, depuis deux siècles, ont réfléchi au problème de l’existence. De Hegel à Bergson, de Kierkegaard à Emmanuel Mounier, de Marx à Heidegger, les philosophes n’ont pas cessé de s’interroger sur la réalisation de soi. Il serait dommage d’entamer une démarche de réalisation de soi sans utiliser leur apport. De son côté, la littérature a fait du développement de l’individu un de ses thèmes privilégiés. L’égotisme prôné par Stendhal, le culte du moi célébré par Maurice Barrès, la quête hédoniste de Gide dans les Nourritures terrestres, le message de Goethe dans Wilhelm Meister, la découverte de soi par la mémoire dans la Recherche du temps perdu sont autant de réponses à la question capitale de l’être humain : comment vivre pleinement ? Oui, décidément, j’ai tout intérêt à profiter de la richesse qui est contenue dans les œuvres de ces grands auteurs. La culture qu’ils ont édifiée est une mine inépuisable. Elle est le résumé chatoyant des possibilités humaines. Elle constitue un véritable thésaurus de la réalisation de soi.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 2 – « Le plus vrai d’un individu, c’est son possible » (Paul Valéry), Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 24.

Dans le troisième chapitre de son livre, Du Ciel sur la Terre, le philosophe Michel Lacroix souligne que la réalisation de soi est une idée fondamentalement moderne apparue au XVIIIè siècle.

Entre le stoïcien qui cherche à se fondre dans l’ordre divin du cosmos, le platonicien qui se nourrit des Idées et le chrétien qui prend modèle sur la vie de Jésus, il n’y avait, en définitive, pas de différences. Jusqu’au XVIIIè siècle, le idées de Dieu, de salut, d’ordre cosmique, d’essence métaphysique de l’homme constituèrent l’horizon indépassable de la réalisation de soi. En dehors d’elles, il n’y avait pas d’épanouissement possible.

La réalisation de soi est une idée fondamentalement moderne. Elle est apparue au XVIIIè siècle. Elle coïncide avec la naissance de l’individualisme. Elle traduit la volonté de l’homme moderne de s’affranchir de tout modèle transcendant et de penser son épanouissement à partir de la seule idée du potentiel humain. Elle reflète l’état d’esprit de l’individu qui, à partir du tournant du XVIIIè siècle, ont décidé d’être les souverains de leur subjectivité, les seuls et uniques législateur de leur intimité. Le philosophe Matin Heidegger a parfaitement résumé le changement intervenu à cette époque : « Le propre de l’humanité moderne, écrit-il dans son ouvrage sur Nietzsche, est de vouloir le développement autonome de toutes ses facultés1.

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1 Martin Heidegger, Nietzsche, tome II, Gallimard, 1972.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 3 – Du Ciel sur la Terre, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 28.

Michel Lacroix ne relève pas une disparition de la réalisation de soi par transcendance (religion et métaphysique) mais plutôt un nouveau choix, intérieur plutôt qu’extérieur. Nous avons donc le choix entre l’extra-détermination à l’intra-détermination.

Ainsi, nous entrons dans la philosophie de l’existence.

(…) La philosophie de l’existence considère que, comme l’écrit Sarte, « l’homme se fait lui-même à partir de son propre projet », c’est-à-dire par intro-détermination et non en vertu d’une extra-détermination. À l’âge de l’auto-réalisation (âge dans lequel on est entré à la fin du XVIIIè siècle), le psychologue, le spécialiste du développement personnel et le philosophe de l’existence se posent en concurrents du théologien et du métaphysicien en tant que maître de vie. Ce sont eux, désormais, qui fixent les normes de la vie bonne.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 3 – Du Ciel sur la Terre, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 27.

Bref, « Ma destination n’est pas en dehors de moi mais en moi », là où se trouve mon potentiel.

Dans l’autoréalisation, au contraire, je me définis par les attributs, les propriétés, les dons, les talents, les aptitudes, les besoins, les aspiration que recèle mon moi. Mon horizon d’épanouissement est formé par mon potentiel, c’est-à-dire ma raison, ma sensibilité, ma mémoire, mon énergie vitale, ma volonté, ma puissance physique, mon imagination, ma créativité, mes passions, mes émotions, mes rêves, mes désirs. Je n’ai plus besoin de sortir de moi pour me trouver. La vérité anthropologique que je poursuis est immanente à moi-même. Ma destination n’est pas en dehors de moi mais en moi. Ma tâche consiste à cultiver les propriétés de mon être intime. J’accéderai à la plénitude de mon humanité en les portant à leur degré maximal de développement.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 3 – Du Ciel sur la Terre, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 25-26.

Dans sa liste des composantes du potentiel humain, le philosophe Michel Lacroix place en premier lieu la « raison ». Or, comme nous de constatons de nos jours, l’individu qui prend l’habitude de « se donner raison » pour alimenter sa « confiance en soi » bloque souvent tout le reste de mon potentiel. Il est en lutte avec le doute.

La réalisation de soi est la mise en valeur de mon potentiel. Telle est la définition à laquelle nous sommes parvenus. Dès lors, tout paraît aller de soi. J’ai en moi une richesse et je n’ai plus qu’à l’exploiter. Je vais utiliser au mieux mes potentialités afin de « donner le meilleur de moi-même », de « vivre plus », d’« augmenter mon être ».

En réalité, les choses ne sont pas si simple. Le chemin dans lequel je m’engage est hérissé de difficultés. La première difficulté qui surgit tient à l’incertitude qui pèse sur ma démarche. Car ce trésor intérieur que je veux faire fructifier, je ne suis pas sûr, après tout, qu’il existe. Ce potentiel n’est peut-être qu’une chimère. Qui sait si je ne me raconte pas des histoires ?

Il en va, à cet égard, de l’autoréalisation comme de l’épanouissement par transcendance. Ces deux options présente une similitude car, dans les deux cas, l’individu est confronté au doute.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 4 – La pensée positive, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 31.

Selon le philosophe Michel Lacroix, l’individu sortira vainqueur de cette confrontation au doute grâce à la « pensée positive » :

Installer en soi la croyance dans son potentiel est, très précisément, l’objet de ce que l’on appelle la pensée positive. À cet égard, les coachs, les conseiller en développement personnel, les animateurs de stages ont tout a fait raison de lui accorder une place stratégique dans les démarches qu’ils proposent à leurs clients. Il est indispensable, en effet, de commencer par là. Penser de façon positive est la condition préalable à la réalisation de soi.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 4 – La pensée positive, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 33.

Pour lutter contre le doute de son potentiel, il faut y croire et on y parviendra avec la pensée positive. JE NE SUIS PAS D’ACCORD ! Jamais je recommanderai à une personne de surmonter une difficulté, un doute, par la pensée positive. Le potentiel n’est pas avant tout une affaire de croyance mais de dévoilement empirique, d’expérience, et de reconnaissance. Le doute, c’est la faille par laquelle la lumière entre dans la caverne de Platon. Si un individu est malade de pensée négative, le remède est certainement pas la pensée positive. Si je me déprécie au point de renier mon potentiel, je dois douter, douter du doute. Suis-je raisonnable ? Puis-je me raisonner ? Je me dois d’exploiter ma raison et ce faisant d’exploiter la première composante de mon potentiel.

Pourquoi je n’aurai pas de potentiel et que les autres en auraient ? Pourquoi je n’aurai pas les moyens de l’exploiter que les autres en auraient ? Le potentiel n’existe pas parce qu’on y croit positivement. L’expérience le prouve, tous les êtres humains ont du potentiel. Si j’en doute, il me faut le prouver sur le plan universel et non plus individuel. Le potentiel est dans l’être de l’Homme, dans tous les êtres humains. Que j’y crois ou non, mon être possède un potentiel. Le doute s’inscrit dans ce potentiel. Douter de soi revèle son potentiel.

Je dois tirer le bénéfice du doute : la certitude. Non pas une certitude définitive mais toute certitude n’est valide que jusqu’à ce que nous ayons raison d’en douter, généralement par acquis d’expérience. Ainsi, à l’instar de la connaissance scientifique qui s’érige sur la destruction du déjà-su, ma certitude en mon potentiel sera remise en cause par une certitude encore plus valide, de par mon expérience.

Nier en bloc tout son potentiel sans avoir fait l’expérience des possibilités, sans avoir essayer tel ou tel aspect, pose un grave problème que la pensée positive ne peut pas corriger. La condition préalable à la réalisation de soi, c’est d’en penser l’expérimentation et ainsi la préparer, c’est-à-dire ÊTRE dans l’Action. Peu m’importe de croire en tel ou tel potentiel, je vais le prouver ou non que dans l’action de expérimentation. Certes, je peux hésiter mais mon devoir est d’agir.

(…) Là où le savoir s’arrête, il faut que la croyance prenne le relais. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 4 – La pensée positive, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 33.

Il n’est pas obligé « que la croyance prenne le relais ». Je peux fort bien me limiter au savoir.

Tel est, présenté succinctement, le développement du travail sur soi appelé « pensée positive ». Il attire notre attention sur un fait essentiel que nous ne devons jamais perdre de vue : l’autoréalisation est d’abord une autopersuasion.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 4 – La pensée positive, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 35.

Si, par malheur, le fondement de l’autoréalisation est une autopersuasion, c’est-à-dire une croyance, tout risque de s’effondrer au moindre doute, au moindre défaut de confiance en soi. Il ne s’agit donc pas de s’autopersuader mais plutôt de reconnaître en sa conscience son potentiel humain. C’est là une pensée rationnelle et non pas émotive. Le potentiel vient avec l’Être. On pourrait dire : « Je suis donc j’ai du potentiel ». Les pensées autodépréciatives, du type « Je ne vaux rien » ou « Je suis bon à rien », ne peuvent être éliminées par des pensées positives car elles s’équivalent en nature et en force. Ce sont des pensées relevant d’une croyance et, j’insiste, les croyances n’ont pas besoin de preuve. Il est question ici de sentiments inutiles à la réalisation de soi contrairement à la rationalité.

Au chapitre 5, Se réaliser, au risque de l’immoralité ?, le philosophe Michel Lacroix souligne que « c’est peut-être avec Nietzsche que l’exigence d’épanouissement apparut le plus nettement dans la lumière crue de l’immoralisme ». Parlant de la volonté de puissance introduite par Nietzsche, monsieur Lacroix ajoute :

(…) S’épanouir, à ses yeux, consistait à libérer cette volonté de puissance, à lui donner un exutoire, à permettre son expansion. Pour cela, il fallait briser le carcan des préjugés moraux. Il fallait se débarrasser des valeurs morales qui étouffent la volonté de puissance : l’humilité, l’entraide, la compassion, l’égalité, la protection des faibles. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 5 – Se réaliser, au risque de l’immoralité ?, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 38.

Bref, pour Nietzsche, c’est chacun pour soi. Au diable les valeurs morales qui nous relient aux autres dans « l’humilité, l’entraide, la compassion, l’égalité, la protection des faibles ». Et que dire du regain du développement personnel dans les années 1960 ?

Il y a un autre fait troublant. Dans les années 1960, la réalisation de soi a connu un regain sous l’influence du « développement personnel » fondé par les psychologues Carl Rogers et Abraham Maslow. Or, ce regain à coïncidé avec le relâchement des normes morales au sein de la société. Il s’est accompagné d’un déclin des valeurs. On ne peut plus nier cette concomitance. La promotion du « souci de soi » à partir des années 1960 est allée de pair avec une généralisation du « chacun pour soi ». N’y aurait-il pas entre ces deux phénomènes une relation de cause à effet ? Ce qu’on donne à la réalisation personnelle, ne le retire-t-on pas, comme par un jeu de vase communicants, au souci d’autrui ? Peut-on servir deux maîtres ?

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 5 – Se réaliser, au risque de l’immoralité ?, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 39.

À mon humble avis, se réaliser soi-même implique nécessairement des valeurs morales fortes, sans quoi l’épanouissement personnel ne se déploiera pas sainement.

Le message de Goethe reste très actuel. Il nous concerne tous, femmes et homme du XXIè siècle. Car une certaine démagogie s’est répandue dans le développement personnel. Les formateurs, les conseillers, les coachs font entendre un slogan séduisant et flatteur qui résonne inlassablement dans les stages et dans les manuels. Ils répètent à leurs client : « Explorer toutes vos possibilités. » Vraiment toutes ? Est-ce bien raisonnable ? Goethe émet un avis contraire : il faut, nous dit-il en substance, accepter de n’exploiter qu’une partie de nos ressources. Il faut consentir à laisser dans les limbes du virtuel certaines de nos potentialités.

Mais, objectera-t-on, si l’empêche certains de mes possibles d’accéder à l’existence. est-ce que je ne me condamne pas à un « déficit d’être » ? Me limiter, n’est-ce pas me diminuer ? Puis-je parler de « plénitude de vie », d’ «accomplissement », d’ « épanouissement intégral », d’ « augmentation de mon être » si, possesseur d’un riche potentiel, j’en laisse en friche une partie ? N’est-ce pas contradictoire avec le projet gidien d’ «assumer le plus possible d’humanité » ?

La sagesse de Wilhelm Meister est de montrer que, en fait, il y a plus de richesse dans la spécialisation que dans la polyvalence. Ce qu’on perd en extension, on le regagne en profondeur. Par une sorte de paradoxe, c’est quand elle consent à la finitude que notre âme s’élargit. La philosophie de l’autoréalisation fait un pied de nez à l’arithmétique. L’arithmétique enseigne que, pour « avoir plus », il faut faire une opération d’ «addition ». La philosophie de la réalisation déclare au contraire que, pour vivre à un degré supérieur, il faut opérer une retranchement. Pour s’enrichir, il faut… s’appauvrir. Pour être plus, ce n’est pas une addition qu’il faut faire, mais… une soustraction.

Fait révélateur, toutes les philosophies de l’existence ont reconnu le rôle clé de l’acte de choix. Elles en ont fait la cheville ouvrière de la construction de la personnalité.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 7 – Le baptême du choix, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 54-55.

En recherche marketing, l’expert demandera à son client :  « Votre produit vise quelle clientèle ? » La réponse habituelle du manufacturier : « Mon produit, c’est pour tout le monde ». Le manufacturier s’est convaincu que son produit a le potentiel de motiver TOUT LE MONDE à l’achat. Or, l’expert le sait, « en marketing,  »tout le monde », c’est personne ». Il a donc l’obligation d’informer son client de la Loi de la convergence.

“Voici le principe de convergence : c’est en rétrécissant la cible que l’on s’insinue dans les esprits. Lorsqu’elle se réduit à un seul mot ou à un seul concept, tels les rayons lumineux convergeant en un point à travers la loupe, toute l’énergie du message se trouve concentrée en ce point − et il passe! ”.

Al Ries et Jack Trout, Les 22 lois du marketing, p. 44.

L’exercice est parfois difficile pour le manufacturier. Il vise « tout le monde » et le voilà forcé de « réduire sa cible ». Rare sont les manufacturiers qui dispose des ressources pour rejoindre « tout le monde ». Il faut d’abord concentrer les ressources sur une seule cible, à la manière d’une loupe qui converge les rayons du soleil en leur point le plus petit pour en tirer le maximum de chaleur (et allumer un feu). L’argument des ressources du manufacturier aide à comprendre l’importance d’ajuster sa cible aux ressources dont il dispose pour la mise en marché.

La Loi de la convergence s’applique aussi dans le cas de la réalisation personnelle. Il faut savoir choisir en raison des ressources à sa disposition et, ce choix implique une spécialisation donnée, une partie de son potentiel devient ainsi plus prometteuse que les autres.

Dans le chapitre 8, De la vita contemplativa à la vita activa (De la vie contemplative à la vie active), le philosophe Michel Lacroix écrit : « (…) Pour (Emmanuel) Mounier, ce n’est pas en se plongeant dans la vie intérieure, en s’aventurant dans on ne sait quelle expérience mystique qu’on accède au statut de “personne”, mais en tendant au maximum le ressort de l’action : “La personne prend conscience d’elle-même non pas dans une extase, affirme-t-il, mais dans une lutte de force.” »

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 8 – De la vita contemplativa à la vita activa, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p.67.

Autre domaine où la promotion de la vita activa s’est manifestée de façon spectaculaire : la philosophie. De Kant à Bergson, de Hegel à Emmanuel Moutier, on discerne nettement la courbe d’une évolution qui aboutit à place l’action au sommet de la philosophie de l’existence. L’une des idées les plus fréquemment admises dans la philosophie moderne est que l’existence se définit, avant tout, par l’action. Au « je pense donc je suis » formulé jadis par Descartes dans Le Discours de la méthode s’est substitué un « j’agis donc je suis ».

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 8 – De la vita contemplativa à la vita activa, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p.66.

Mais attention ! Il faut tout de même RÉFLÉCHIR AVANT D’AGIR ! Accéder au statut de « personne » implique de se connaître, de comprendre notre personnalité, ses forces et ses faiblesses. Et puisque l’action n’est jamais solitaire, il y a nécessité de maîtriser son style  interpersonnel et d’identifier celui des autres. Le style interpersonnel inclut des besoins auxquels il faut savoir répondre pour entretenir un lien respectueux de la personnalité de ses interlocuteurs.


VOIR

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

Tiré du document Connaissance de soi, diffusé dans le cadre du cours Tirez votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise offert par le Centre de création et d’expansion d’entreprise du Collège d’enseignement général et professionnel de Limoilou, Québec, Québec, Canada, juin 1992. Site web de Larry Wilson - Wilson Learning Worldwide Inc. : https://global.wilsonlearning.com/
Tiré du document Connaissance de soi, diffusé dans le cadre du cours Tirez votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise offert par le Centre de création et d’expansion d’entreprise du Collège d’enseignement général et professionnel de Limoilou, Québec, Québec, Canada, juin 1992. Site web de Larry Wilson – Wilson Learning Worldwide Inc. : https://global.wilsonlearning.com/

Certes, il existe des tests de personnalité à toutes les sauces et de tout acabit mais souvent d’une fiabilité restreinte. Je retiens celui de Larry Wilson basé sur une étude auprès de plus de 400,000 personnes réalisée par Roger H. Reid et David W. Merril (Personal styles & Effective performance, Chilton Book Company, 1981). Je l’ai expérimenté avec succès dans mes relations interpersonnelles et son efficacité a dépassé toutes mes attentes. Vous trouverez de plus amples informations à la lecture de mon article « Les styles interpersonnels selon Larry Wilson ».


Dans Chapitre 9, « Se réaliser, c’est agir », le philosophe Michel Lacroix revient sur la « vie active » plutôt que contemplative et constate « que l’action est un élément nécessaire » de l’autoréalisation.

Plaçons-nous d’abord au début du processus. Qu’est-ce qui, au point de départ, motive une démarche de réalisation de soi ? Qu’est-ce qui la déclenche ? C’est, la plupart du temps, le sentiment d’insatisfaction que l’on éprouve. Si j’exprime l’intention de me réaliser, c’est que je ressens une insatisfaction. Je ne suis pas tout à fait content de ce que je suis. Je ne m’enferme pas, de façon tautologique et complaisante, dans l’affirmation « je suis ce que je suis » ou « moi = moi ». J’élève, au contraire, une protestation contre moi-même. Je me projette en avant vers un devoir-être. Je me perçois comme ayant à développer mon potentiel, à mettre-en-oeuvre-mes-virtualités, à réveiller-les-puissances-endormies-en moi. Comme l’écrit Heidegger, j’existe sur le mode de l’ «avoir à être ». Je refuse de n’être que ce que je suis. Je suis ce que je ne suis pas et suis pas ce que je suis. Entrer dans une démarche d’autoréalisation, c’est donc, en premier lieu, traverse l’épreuve de la négativité, de l’antagonisme par rapport à soi-même. L’autoréalisation prend sa source dans cette autonégation, dans cette contradiction avec soi-même. Or, cette autonégation constitue, d’une certaine façon, une action. Une action embryonnaire, intériorisé, internalisée, mais une action quand même.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 9 – Se réaliser, c’est agir, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 71-72.

Dans mon cas, un sentiment d’insatisfaction ne fut pas à l’origine de mon autoréalisation. Ce fut plutôt un besoin irrépressible de création dans la communication, à commencer par la poésie, les nombreux projets scolaires et le journalisme. Adolescent, je ne me sentais pas redevable à une quelconque insatisfaction. Certes, j’étais déçu de constater que le monde dans lequel j’allais vivre n’était pas comme celui qu’on m’avait annoncé dans mon enfance ou encore celui que j’avais imaginé suivant une logique naïve, mais je n’ai pas été animé par un sentiment d’insatisfaction. Et je ne me suis pas laisser diriger par cette déception au point de me déprécier, d’être insatisfait de ma vie, de vouloir la changer… Il me semblait être dans l’action depuis toujours et même dans ma solitude que je chérissais tant. En réalité, j’étais dans l’action sans le savoir, sans m’y arrêté. Je constatais un problème ou un manque et cela me motivais à l’action. Bref, je ne suis passé par une étape d’autonégation.

Je comprend les gens qui prennent conscience à un moment donné qu’ils sont insatisfaits de leur vie. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour tomber dans l’autonégation. Il y aura toujours ce que je contrôle et ce que je ne contrôle pas, ce dont j’ai conscience et ce dont je n’ai pas conscience, ce que j’ai compris et ce que je n’ai pas compris. “Ne pas être là où je voulais me rendre” ou “Être là où je ne voulais pas rendre” n’impose à personne une autonégation de soi. À elle seule la prise de conscience de la situation est source de valorisation, non pas dévalorisation.

Le philosophe Michel Lacroix met en garde le lecteur face à « La tentation activiste » (Chapitre 10) ou l’hyperactivité :

L’action est indispensable à l’autoréalisation. Elle ne saurait être retranchée sans que celle-ci soit remise en cause. Ce point est maintenant acquis. Mais ici, deux dangers vont surgir. Deux tentations, directement liées à l’action, guettent l’individu sur le chemin de sa réalisation personnelle.

La première tentation est de l’hyperactivité. L’action peut exacerber, devenir une obsession, dégénérer en addiction. Dans mon impatience à me réaliser, je me précipite vers l’avenir. Je suis tendu vers le futur dans une sorte de survoltage. Incapable de m’attarder, de « me poser », je passe à côté du présent sans pouvoir en goûter la saveur. Je deviens indisponible à l’ici et maintenant. Comme Raphaël dans La Peau de chagrin, je ne songe qu’à « vivre avec excès ». Ma réalisation personne n’est plus qu’une haletante course aux obstacles, une hasardeuse compétition.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 10 – La tentation activiste, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 77.

Il explique ensuite que « Le fantasme de la grandeur et de la supériorité » (Chapitre 11) nous guette :

Une deuxième tentation guette l’individu sur le chemin de la réalisation personnelle : la tentation de grandeur. Elle se traduit par une injonction obsédante, que l’individu s’adresse à lui-même : « Pour me réaliser, je dois faire de grandes choses… Pour avoir une vertu épanouissante, il faut que mon action soit spectaculaire, glorieuse, éclatante… ».

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 11 – Le fantasme de la grandeur et de la supériorité, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 81.

Au Chapitre 12, le philosophe Michel Lacroix pose une question surprenante en titre, « Y a-t-il un désir spécifique de la réalisation de soi ? », et il se réfère à Abraham Maslow pour y répondre :

Maslow insistait également sur le point suivant : le besoin de réalisation personnelle est, à l’instar des besoins psychologiques de base, un besoin inné. Il est constitutif de la nature humaine. De même que nous sommes programmés pour ressentir le besoin de tendresse, d’amitié, d’écoute, d’estime, d’appartenance, de sécurité, c’est-à-dire les besoins psychologiques, nous sommes programmés pour la réalisation de soi. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 12 – Y a-t-il un désir spécifique de la réalisation de soi ?, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 93.


(…) Pour Maslow, la capacité de réalisation personnelle est présente en chacun. Elle est inscrite dans la nature de l’être humain. Comme la raison chez Descartes, elle est « la chose du monde la mieux partagée ». Tout le monde peut mener une vie créative. Tout le monde a un désir de progrès, une propension au dépassement, une aspiration au plus-être. Ce postulat universalisme, qui est au cœur de la théorie de Maslow, est resté l’un des traits distinctifs du mouvement du développement personnel.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 13 – Réalisation de sou ou sublimation ? Le développement personnel face à la psychanalyse, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 100.

La réalisation personnelle est-elle vraiment « Innée », « Inscrite dans la nature de l’être humain » ? Est-ce que « Tout le monde a un désir de progrès, une propension au dépassement, une aspiration au plus-être » ? Ces affirmations demeurent une théorie, une idée. Abraham Maslow va beaucoup trop loin à mon humble avis. Sa théorie est un jugement :

En second lieu, expliquait Maslow, il y a les personnes qui, par une espèce d’autocensure, se défendent contre leur propre désir de réalisation de soi. Elles se laissent gagner par la paresse, la léthargie, le contentement de soi, la résignation. Elles ont peur de croître, peur d’affronter la nouveauté, peur de s’élever. Elles exercent une sorte de répression sur leur autoréalisation. Maslow n’hésitait pas à faire usage, à leur propos, du concept de « résistance ». (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 12 – Y a-t-il un désir spécifique de la réalisation de soi ?, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 94.

Pour s’autocensurer, il faut d’abord connaître et admettre ce que l’on censure. Ici, il nous faudrait faire appel à un déni de son potentiel, à un déni du désir de connaître.

Cette théorie de Maslow ne peut pas être appréciée en dehors du contexte des années 1960 alors que celui ou celle qui ne suit pas le mouvement du développement personnel, ne s’y éveille pas, est relégué au sous-sol de l’édifice de la réalisation de soi et jugé comme résistant à lui-même. Or, en cette période de changement radicale des mœurs, il est normal de le constater, qu’elle met en cause les valeurs reconnues comme universelles jusque-là. Bref, il y a une résistance naturelle, innée, face au changement comme en toutes les autres périodes historiques où s’opère une rupture. Celui ou celle qui actionne le frein de sécurité n’est pas pour autant une personne qui refoule son désir de réalisation de soi. Et elle n’est pas obligatoirement « gagner par la paresse, la léthargie, le contentement de soi, la résignation ». Le sécurité s’accorde alors avec la Sagesse.

Le philosophe Michel Lacroix souligne ensuite l’apport d’autrui dans la réalisation de soi. : « La réalisation de soi nécessite la relation à autrui ». Il pose la question à savoir quels « nutriments psychologiques » m’apportent mes semblables.

Le premier de ces nutriments est l’amour. Il faudrait un livre entier pour analyser ses multiples formes. Je me bornerai à en mentionner deux. D’abord, l’amour qui s’empare de nous lorsque nous « tombons amoureux ». C’est un fait d’expérience que l’éclosion du sentiment amoureux s’accompagne d’une sensation d’épanouissement. Quand nous commençons à aimer un être et que nous découvrons que nous sommes aimés de lui, notre expérience est, pour ainsi dire, portée à un diapason supérieur. Nous ressentons une intensité de vie plus grande. l’euphorie amoureuse balaie, comme par enchantement, ce qu’il y a de négatif en nous. Une éclosion de notre moi se produit. L’expérience amoureuse est la plus parfaite illustration de la pensée exprimée par Hegel dans La Phénoménologie de l’esprit, selon laquelle l’être humain accède à la conscience de soi dans « le rapport des consciences ». Sous le regard aimant de l’autre, je déchiffre mon identité. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 14 – La vertu transformatrice de l’amour, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 105.

Le philosophe Michel Lacroix propose aussi l’amour fraternel : « L’amour que l’on porte à son prochain, l’amour fraternel, est de nature différente, mais il a lui aussi une puissance transformatrice ». À la suite de l’amour, vient le deuxième nutriment : « la confiance d’autrui ».

J’ai besoin d’un deuxième nutriment psychologique pour me réaliser : la confiance d’autrui. (…) Mais les plus savantes méthodes de gestion mentale, les plus sophistiquées des techniques d’autosuggestion sont impuissantes à maintenir durablement la confiance en soi. Celle-ci requiert autre chose. J’ai besoin d’un environnement humain favorable. Je ne peux avoir confiance en moi que si l’on me fait confiance. Je ne croirai en moi que si, en face de moi, se tient quelqu’un qui croit en moi. la vision positive que j’ai de moi n’est, en définitive, que l’ombre portée de la vision que les autres ont de moi.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 15 – La confiance d’autrui, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 107.

Ai-je commis au cours de mon adolescence un grave erreur en ne me souciant de savoir si j’étais aimé ou non par les autres étudiants de mon collège alors que j’investissais toutes mes énergies dans la réalisation de différents projet ?

Ce fut un choc d’apprendre que parmi ces étudiants non seulement certains ne m’aimaient pas mais aussi que l’un d’eux a souhaité ouvertement ma mort (plutôt que celle d’un ami étudiant) en ma présence.

J’étais occupé, très occupé, je n’avais pas le temps pour réfléchir à l’idée d’être aimé par mes pairs. Je conserve un mauvais souvenir de cette situation.

J’étais déjà un solitaire endurci, autonome, audacieux et débrouillard. Je refusais le travail en équipe. J’ai poursuivi la réalisation de mes nombreux projets scolaires tout en posant un premier pied dans le monde des médias de ma région.

Je dois aussi avouer que je ne réalisais pas mes projets dans le but d’être aimé mais plus simplement pour explorer mon potentiel. Ce fut une période grisante et passionnante.

J’étais, je l’ai appris plus tard, un fonceur pur (voir la grille des Styles interpersonnels de Larry Wilson ci-dessus). Le fonceur fonce et est orienté vers la Tâche plutôt que la Personne. J’avais une confiance aveugle en moi et je ressentais inconsciemment la confiance envers moi dans l’acceptation de mes projets par les autorités scolaires et les dirigeants des médias locaux. « Inconsciemment » parce que je me réjouissais avant tout de l’acceptation de mes projets que de la confiance que l’on me manifestait en acceptant mes projets. À cette époque, je pensais qu’il n’y avait qu’un seul style interpersonnel, celui du Fonceur. Tout changera au cours des années 1990 au début de la trentaine mais c’est une autre histoire.

Dans le chapitre suivant, e philosophe Michel Lacroix introduit le troisième nutriment nécessaire à la réalisation de soi : l’autorité.

Au cours des années 1960 et 1970, les psychologues et les philosophes qui s’intéressaient au développement personnel étaient très sensibles à cet argument en forme de syllogisme. Ils s’accordaient sur l’idée, hérité de la tradition anarchiste, selon laquelle, pour permette l’épanouissement des individus, il fallait détruire toutes les formes d’autorité, celle de l’État, de la justice, de l’armée, de la police, de la loi, de la famille, des professeurs, des règles morales, des interdits sexuels.

Caractéristique à cet égard était la pensée de Carl Rogers, l’un des pères fondateurs du « développement personnel ». Rogers plaçait au centre de sa doctrine une notion à laquelle son nom est resté, depuis lors, attaché : la « non-directivité ». Pour Rogers, la réalisation de soi requérait un climat totalement non directif. Développement personnel et non-directivité étaient indissociables. (…) Autrui m’aide à prendre conscience de moi-même, à me révéler à moi-même, à découvrir le potentiel que je possède. Mais il doit se garder de parasiter le processus de mon autoréalisation en déversant sur moi des conseils, des jugements, des critiques, des directives. Rogers exprimait cette exigence en disant qu’autrui doit avoir une attitude d’ «acceptation inconditionnelle » (encore une notion forgée par lui…).

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 16 – L’autorité qui entraîne, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 111-112.

En soi, cette non-directivité est elle-même une directive. Sans conseils, sans jugements, sans critiques, sans directives, on peut parler d’un chemin à parcourir à l’aveugle. » Or, conseils, jugements, critiques et directives sont souvent énoncé par amour d’autrui et non pas par un désir de restreindre la liberté de l’autre et encore moins par une expression d’autorité sur autrui. Est-ce que si autrui, avançant à l’aveugle, au abord d’une falaise où il peut tomber et se blesser sérieusement, je lui doit une « acceptation inconditionnelles » ? Dans l’Amour, il n’y a jamais d’acceptation inconditionnelle mais plutôt une acceptation éclairée.

Mais l’autorité ne se réduit pas au pouvoir d’interdire et de réprimer. Celui-ci n’est, en définitive, qu’un aspect mineur. Le détenteur de l’autorité n’est pas seulement quelqu’un qui interdit et qui réprime. Il est aussi, et surtout, quelqu’un qui « autorise ». L’erreur des années 1960 et 1970 a été de méconnaître cet aspect fondamental. À côté de l’autorité qui s’oppose, il y a l’autorité qui permet, qui encourage, qui pousse vers l’avant. La première exerce une fonction d’empêchement, la seconde une fonction d’entraînement. Le chef n’est pas celui qui dit : « ne fais pas », mais celui qui dit : « fais ». Un chef d’entreprise, un chef de service, un professeur, un leader politique n’ont pas pour rôle de déclarer : « Je vous interdis de », mais « Je vous incite à … ». Ils lancent des projets, ils accompagnent leur exécution. Il facilite l’action, la stimulent, la dynamisent.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 16 – L’autorité qui entraîne, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 113-114.

J’ai rencontré un grand nombre de personnes en autorité au cours de ma vie et très peu d’entre elles s’évertuèrent à m’interdire de faire ceci ou cela. La très grande majorité de ces personnes en autorité facilitèrent mon autoréalisation. Je me soumettais volontiers à leur autorité considérant la supériorité de leur expérience. Mon attitude laissait transparaître ma disposition à leurs conseils, leurs critiques et leurs jugements. Comme je le répétais sans cesse : « Si vous avez une meilleure idée que la mienne ne tardez pas à me la transmette car je n’ai pas de temps à perdre ».

Le quatrième nutriment psychologique de la réalisation de soi est exposé dans le titre du chapitre 17 : « La puissance des modèles ». Le philosophe Michel Lacroix écrit : « J’ai besoin d’exemple à imiter. Ma réalisation personnelle se nourrit d’exemplarité ».

Sur ce point, nous sommes amenés de nouveau à prendre le contre-pied de la conception de l’épanouissement qui prévalait dans les années 1960 et 1970. Les psychologue et les philosophes qui s’intéressaient alors au problème de l’épanouissement ne voulaient pas entendre parler de modèle. Le mot même les hérissait. Non contents d’évacuer l’autorité, ils évacuèrent donc aussi l’exemplarité. Au nom d’une conception radicale de l’autonomie, ils destituèrent les figures identificatoires. Pour se construire, affirmaient-ils, le sujet doit puiser au fond de lui-même, à la source d’une singularité absolue. Il doit s’inventer à partir d’une table rase. Dans cette conception de l’épanouissement, l’identité d’un individu devait être aussi dissemblable que possible de celle des autres, sous peine d’être « inauthentique ». Pour être soi-même, il ne fallait ressembler à personne. Le principe de la construction de soi était la différence et non similitude.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 17 – La puissance des modèles, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 117.

Au Québec (Canada), nous avons connu ce que nous appelons une « Révolution tranquille ».

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La Révolution tranquille désigne une période de transformation et de modernisation du Québec dans les années 1960. Elle est caractérisée par l’action intensément réformiste et nationaliste du gouvernement du Québec de l’époque, initiée par l’équipe du tonnerre de Jean Lesage de 1960 à 1966 et continuée par l’équipe de Daniel Johnson de 1966 à 1968.

Cette période peut se définir par une série de réformes sociales, économiques et politiques à l’intérieur d’un cadre démocratique et d’une économie libérale, inspirées par des idées keynésiennes renforçant l’intervention de l’État dans la vie des citoyens. Elles ont mené à la réforme complète du système d’éducation, du système de santé, ainsi qu’à la création de plusieurs institutions et structures modernes. Portées par un sentiment national nouveau axé sur le progrès, ces mesures avaient pour but de donner un État national aux Québécois, à la mesure de leurs besoins et de leurs aspirations collectives.

La Révolution tranquille désigne également une période d’ouverture et d’effervescence sociale et culturelle. Elle a reflété le désir des Québécois de rompre avec un passé qualifié de « Grande Noirceur », de se redéfinir selon leurs intérêts nationaux propres, ainsi que leurs préoccupations face à l’émergence d’une certaine modernisation.

Révolution tranquille, Wikipédia.

À cette époque, j’étudiais à l’école primaire (obligée à partir de six ans et d’une durée de six ans). En cinquième année primaire, au milieu des années 1960, j’ai été témoin d’un grand bouleversement avec, ce que le minsitère de l’éducation appelait, « l’école active », en complète rupture avec le passé historique de l’éducation au Québec.

Une rupture passionnelle car on jeta alors le bébé avec l’eau du bain, c’est-à-dire plus de 2,600 ans d’histoire et d’accumulation du Savoir par l’Homme. Dans la vingtaine, je découvrirai les derniers manuels scolaires des années 1950 rejetés par la Révolution tranquille et je me rendrai compte de cette coupure avec les Savoirs accumulés par l’Homme au fil des siècles passés. Ce fut « table rase ». Et un grand nombre des modèles façonnés par des siècles d’histoire de l’Homme disparurent de nos manuels scolaires ou furent réduits à de simples mentions.

lecons-de-logique-arthur-robertJe donne en exemple le retrait du programme scolaire du cours Leçons de logique (Leçons de logique, ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939), Manuel scolaire, Première édition : 1914 – Québec, Réédition de la huitième édition parue en 1940, Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys, Laval, Québec, Canada, 20 novembre 2009, 236 pages). Heureusement, je l’ai réédité et je l’offre gratuitement en format PDF.

La société québécoise se demandera dans les années 1980 où est passé la logique. Réponse facile : « Elle n’est plus enseignée depuis la Révolution tranquille ».

Relevons aussi le retrait du cours de Stylistique française des programmes scolaires. Aujourd’hui, la société québécoise se demande encore pourquoi la qualité du français baisse constamment et drastiquement d’une génération à l’autre, pourquoi que l’usage des verbes Être et Avoir prime sur tous les autres. « Voici l’un de ces vénérables manuels de stylistique propres à consoler l’écrivain novice que l’école a déçu » (22 novembre 2000) peut-on lire sur le site web québécois L’Agora, une agora, une encyclopédie.

( Stylistique Française, E. Legrand, Éditions J. De Gigord, Éditeur, 1928, 327 pages, dimensions : 16 x 22 x 1,9 cm.)
Stylistique Française, E. Legrand, Éditions J. De Gigord, Éditeur, 1928, 327 pages, dimensions : 16 x 22 x 1,9 cm.

Les tables rases des modèles, dans l’éducation tout comme dans le développement personnel, expriment un profond manque de respect pour l’histoire de l’Homme et toutes les sciences.

(…) Toute dénivellation, toute suggestion d’une différence de valeurs entre les individus heurtait de plein fouet l’idéologie égalitariste qui régnait dans les années 1960 et 1970. Préconiser des modèles eût été reconnaître qu’il y a dans le monde humain une hiérarchie, que certains êtres s’élèvent au-dessus des autres. C’eût été approuver une imitation ascendante, orientée vers ces modèles.

Mais la thèse d’une « réalisation de soi sans modèles » ne résiste pas à un examen approfondi. Trois arguments majeurs peuvent lui être opposés. D’abord une argument pschanalitique. La psychanalyse a bien montré le rôle décisif que joue l’idéal du moi dans la formation de la personnalité. Or, l’idéal du moi est, en grande partie, le résultat d’une intériorisation de modèles familiaux et sociaux. Il est étayé sur les figures identificatoires que le sujet trouve dans son environnement — un parent, un ami, un professeur, un héros, une célébrité, un personnage public. La loi psychanalytique selon laquelle « on se construit grâce à l’idéal du moi » équivaut à dire : « on se construit grâce à des modèles ».

Le deuxième argument est d’ordre historique. À toutes les époques de l’histoire, ont observe que se sont constitués des types d’humains idéaux. Ces types d’humains idéaux incarnaient les valeurs les plus hautes auxquelles adhérait la société du moment. (…) Ces types d’humains idéaux jouaient un rôle essentiel dans la réalisation de soi. Chacun s’efforçait de les imiter. Ils prescrivaient les normes de la vie bonne, de la vie accomplie. Ils indiquaient comment on doit se comporter, quel style de vie on doit adopter pour devenir un être complet. En se conformant à ces types d’humains idéaux, les individus accédaient au niveau de ce qui était considéré comme l’excellence humaine.

(…)

Le troisième argument que l’on peut opposer à la thèse d’une autoréalisation sans modèles est tiré, banalement, de l’introspection. Il ne faut jamais s’interdire d’en appeler à l’introspection, c’est-à-dire à l’expérience subjective. Or, que nous apprend celle-ci ? Quand nous nous penchons sur notre vie intime, nous découvrons que nous avons, enfoui au plus profond de nous, une sorte de panthéon personnel, privée, singulier, peuplé de héros auxquels nous vouons de l’admiration. Chacun de nous a un jardin secret de figures idéales. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 17 – La puissance des modèles, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 118-120.

Personnellement, je me blinde à toute influence de modèle dès mon plus jeune âge parce que je me sais très influençable. Je tente alors à protéger l’originalité de ma créativité, mon authenticité. Si je veux voir ce dont je suis capable par moi-même, je dois me soustraire au pouvoir potentiel de modèles. Poète dès mon adolescence, je refuserai de lire les grands poètes. Aussi, j’admire plusieurs personnes mais je n’en fais pas pour autant des modèles. Et plus une personne a surmonté de difficultés pour réaliser son projet, plus elle m’apparaît admirable.

Venons-en au cinquième nutriment de la réalisation de soi. Quand nous réfléchissons aux personnes qui ont contribué à notre progrès personnel, nous nous apercevons qu’il y en a parmi elles qui, en toute rigueur, ne nous rien apporté. C’est nous, au contraire, qui leur avons apporté quelque chose. Nous leur avons apporté une aide. un soutien ; nous leur avons donné du temps ; nous les avons écoutées, nous leur avons témoigné de l’empathie et de la compréhension. Et, curieusement, cette aide nous été profitable.

Tel est le paradoxe de la bienveillance. Elle produit son effet aux deux bouts de la chaîne. Elle agit dans les deux sens. Elle bénéficie à celui qui en est le destinataire et à celui qui en est la source. Je m’épanouis quand les autres me veulent du bien, mais je m’épanouis tout autant quand je leur veux du bien. Autrui contribue à mon développement non seulement par ce qu’il m’apporte, mais par ce que je lui apporte. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 18 – La dialectique de la bienveillance, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 123.

Je suis bienveillant quand une personne ou une collectivité vit un problème dont je prend conscience et que j’entreprends de le résoudre, sans pour autant me déclarer. Je test alors ma capacité à identifier et à comprendre les problèmes et par la suite ma capacité à y apporter une solution. Dans le cas d’une collectivité, je n’en fais pas toute une histoire; je demeure anonyme autant que faire se peut. Dans le cas d’une personne, je suis prêt à mettre en jeu ma relation avec elle pour l’aider à résoudre son problème. Lorsque je constate qu’une personne ne parvient pas à dire « non », c’est à moi, à mon initiative, qu’elle apprendra à dire « non ».

La réalisation de soi requiert la médiation d’autrui. Le « Moi » ne peut se développer sans l’aide d’un « Tu ». Tel est le constat auquel nous sommes parvenus dans les chapitres précédents. La question qui se pose maintenant est de savoir si ce qui vaut pour le « Tu » vaut aussi pour le « Nous », c’est-à-dire le groupe. J’ai besoin de l’aide d’individus particuliers pour m’épanouir : mais ai-je besoin également d’une communauté, d’une société ? Pour me réaliser pleinement, faut-il faire partie d’un « Nous » ? Quel rapport y a-t-il entre la réalisation de soi et l’appartenance groupale ?

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 19 – Le « Je » et le « Nous », Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 127.

Solitaire, je demeure en marge du « Nous » tout en conservant ma bienveillance face à la collectivité dans laquelle j’évolue. Je ne m’accorde pas le temps utile pour rejoindre un groupe. Je suis trop occupé par mes études et mes projets. Il y aura bien quelques « Tu » dont je souhaite l’amitié et avec lesquels je serai effectivement ami… secrètement. Car plus tu bouges au sein d’une collectivité, plus tu t’exposes aux jugements impitoyables des uns et des autres. Être l’ami d’une personne solitaire et en marge de la collectivité implique d’être soi-même jugé.

(…) En ce point, la philosophie de la réalisation de soi est tentée d’aller plus loin. Elle est tenter de renverser l’équilibre entre le Je et le Nous en déclarant : s’il veut se réaliser, l’individu à l’obligation de s’intégrer à un groupe. Dans cette optique, l’appartenance au groupe ne constitue plus seulement une option facultative, une possibilité offerte, mais une nécessité, un contrainte. Hors du groupe, point de salut… Il ne s’agit pas seulement de se relier à un groupe par une adhésion consentie et révocable. La réalisation de soi exige maintenant la dissolution de soi, le reddition de son ego dans le communautaire, et c’est uniquement par cette reddition que l’on atteindra une plénitude de vie.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 20 – Réalisation de soi ou communautarisation de soi ?, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 133.

« Hors du groupe, point de salut… » ? Si je découvre et exploite mon potentiel, si je me réalise, avec un apport indéniable des autres, il ne faut pas minimiser l’importance de l’indépendance de soi. Il n’est pas question de répondre à l’exigence de « la dissolution de soi » et encore moins de « reddition de son ego dans le communautaire ». Et il n’est pas plus question de reconnaître que « cette reddition que l’on atteindra une plénitude de vie ». Bref, il n’est pas obligé de rejoindre un groupe pour assurer la réalisation de soi. Au sein d’un groupe la dépendance se développe au détriment de l’indépendance de l’individu. Cette indépendance est essentielle pour échapper à une réalisation de soi suivant un consensus de groupe. Il y a au sein d’un groupe beaucoup de temps perdu, notamment avec les membres qui se donnent raison à tout vent pour dominer le groupe. J’ai toujours privilégié une position d’observateur en marge du groupe, une position qui aide à prendre du recul non seulement face au groupe mais aussi et surtout face à soi-même.

Si je chérie mon indépendance, ma liberté, je ne cède pas pour autant à la tentation solipsiste ; je ne suis pas un esthète solitaire. Tous mes projets se sont toujours adressés au « Tu » et au « Nous », d’où le besoin de relations interpersonnelles intenses, bienveillantes.

Le philosophe Michel Lacroix introduit le chapitre 24, Le développement personnel victime de la contre-culture, en ces mots :

Thélème est une éclatante illustration du lien étroit qui unit la réalisation de soi et la culture littéraire et artistique. Mais ce lien est fragile. «il peut se rompre et c’est ce qui s’est produit, nous allons le voir dans ce chapitre, à partir des années 1960. Au tournant des années 1960, la réalisation de soi a pris en effet une nouvelle orientation, une orientation qui s’est traduite tout d’abord par l’adoption d’une nouvelle appellation. On s’est mis à parler de « développement personnel » et non plus comme autrefois de « réalisation de soi ». Ce ne fut pas là seulement un changement de vocabulaire. Ce fut un véritable changement d’état d’esprit. Un changement qui a entraîné la rupture des liens traditionnels avec la culture littéraire et artistique. Voyons cela d’un peu plus près.

Depuis sa naissance (qui se situe à la fin du XVIIIè siècle), l’idéal de réalisation de soi avait été porté par des philosophes, des écrivains, des poètes, des artistes. De Hegel à Nietzsche, de Chateaubriand à Barrès, de Marx à Gide, du socialiste Charles Fourier au philosophe Emmanuel Mounier, cet idéal n’avait pas cessé d’être discuté, travaillé, enrichi dans les milieux de la culture. Conçu par des gens de culture, il portait l’empreinte de la culture. Toute personne qui se posait le problème de la réalisation de soi, toute personne désireuse de s’épanouir, considérait qu’il fallait pour cela face une place dans sa vie aux instruments de culture, c’est-à-dire aux œuvres artistiques ou littéraires.

Cette situation s’est brusquement modifiée au cours des années 1960. L’idée de la réalisation de soi est entrée dans une nouvelle ère, une ère qui s’est annoncée par le changement sémantique que nous venons d’évoquer `on s’est mis à parler de « développement personnel ». Or, il ne faut jamais sous-estimer les mutations langagières. L’ère qui s’est ouverte dans les années 1960 s’est traduite également par l’entrée en scène d’une foule de psychologues, formateurs, coachs, thérapeutes, conseillers en ressources humaines. Ces acteurs nouveaux se sont présentés comme des spécialiste du développement personnel.. Sous leur influence, d’innombrable techniques ont vu le jour. Des stages, des séminaires, des consultations ont attiré un public de plus en plus large. Les manuels de développement personnel ont inondé les rayons des libraires. Un véritable marché de l’épanouissement s’est constitué. De son côté, le monde de l’entreprise a commencé à s’intéresser au développement personnel. Les directions des ressources humaines ont compris le parti qu’elles pouvaient en tirer pour « dynamiser » les salariés.

Quand on considère tous les changements intervenus depuis les années 1960, le sens de l’évolution ressort très nettement. La réalisation de soi s’est tout à la fois psychologisée, technicisée et professionnalisée. Elle s’est appauvrie culturellement. Son lien avec la culture s’est distendu. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 24 – Le développement personnel victime de la contre-culture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 157-158.


(…) Alors que, au XIXè et dans la première moitié du XXè siècle, la réalisation de soi avait été conçue par des gens de culture, c’est-à-dire des écrivains, des philosophes, des poètes, des artistes, le développement personnel, lui, a été conçu par les partisan de la contre-culture. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 24 – Le développement personnel victime de la contre-culture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 161-162.


Première conséquence : le développement personnel s’est détourné des écrivains, philosophes, artistes qui, depuis deux siècles, avaient mené la réflexion sur la réalisation de soi. (…) Deux siècles de questionnement sur la réalisation de soi, d’interrogation sur le sens de l’existence, de méditation sur la condition humaine, on été balayés au nom de l’impératif contre-culturel. D’où l’impression de pauvreté que l’on ressent quand on feuillette un manuel de développement personnel ou que l’on participe à un stage. Cette pauvreté était programmée dès l’instant où le développement personnel se rangeait sous la bannière de la contre-culture.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 24 – Le développement personnel victime de la contre-culture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 162.


La naissance du développement personnel en milieu contre-culturel a eu une deuxième conséquence paradoxale qui continue de se faire sentir de nos jours. Le rejet de la culture créa un appel d’air qui, finalement, profita à… la technique. En évacuant la culture des démarches de développement personnel, les pères fondateurs ouvrirent un boulevard aux spécialistes de psychologie appliquée. Ceux-ci s’empressèrent d’inonder le marché d’outils, d’instruments de toutes sortes. (…)

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 24 – Le développement personnel victime de la contre-culture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 163.


Ainsi, faute de s’appuyer sur des gens de culture, le développement personnel moderne a été pris en main par des techniciens. Le technicisme s’est emparé de la réalisation de soi. Il lui a insufflé son esprit. Si bien que, depuis cinq décennies, le public a pris l’habitude d’associer « développement personnel » et « techniques. On l’a persuadé qu’il ne pouvait y avoir de développement personnel sans recours à des techniques.

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 24 – Le développement personnel victime de la contre-culture, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 164.


P.S.: Voir Thelema sur Wikipédia.

Le développement personnel est l’un des sujets les plus abordée dans cette Observatoire de la philothérapie car il détourne les individus de plus de 2,600 ans de la philosophie comme mode de vie. Avec la prise de contrôle de réalisation de soi par le développement personnel, c’est chacun pour soi.


À lire aussi dans notre dossier

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Article # 63 – Contre le développement personnel, Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Article # 9 – Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France


La contre-culture des années 1960 n’a pas seulement éloigné le développement personnel de la culture classique en l’engageant dans la voie du technicisme psychologique. Elle l’a influencé aussi d’une autre manière. La cible que visaient les partisans de la contre-culture n’était pas tant, en effet, la culture générale que la culture occidentale. En revanche, on considérant avec sympathie les culture extra-occidentales, celles des sociétés amérindiennes, africaines, océanienne, et surtout de l’orient. L’orientalisme jouissait d’une grande faveur à Esalen. On s’y référait volontiers au bouddhisme, à l’hindouisme, au taoïsme, au confucianisme.

Du coup, le pères fondateurs du développement personnel introduisirent la référence à l’Orient dans leur conception de la réalisation de soi. Ils lui donnèrent un « biais oriental » qui est resté, depuis lors,l’un de ses traits caractéristiques. Nombreux son aujourd’hui les « adeptes », les clients du développement personnel qui pratique le yoga ou zazen. Certains d’entre eux ont séjourné dans un ashram, ou suivi l’enseignement d’un maître spirituel. Le Bhagavad-gita, le livre du Tao, les grands livres du bouddhisme sont sur leur table de chevet.

Nul ne conteste la richesse de la sagesse orientale. Celle-ci a élaboré un remarquable art de vivre. Elle a mis au point des pratiques de méditation, de respiration, de concentration, de relaxation, de découverte du corps. Elle propose une éthique de la compassion qui répond aux aspirations de l’individu contemporain. Elle indique la voie d’une spiritualité épanouissante, ouverte sur le cosmos. Mais les trésors de l’orient ne nous font-ils pas parfois oublier… ceux de l’Occident ? À force de regarder du côté de l’Orient et de lui demander le secret de la réalisation de soi, n’avons-nous pas oublié que notre culture était capable, elle aussi, d’enrichir l’âme ? Ne négligeons-nous pas notre patrimoine ?

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 25 – L’Occident et l’Orient, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, pp. 167-169.

P.S. : Les liens dans la citation sont de nous.

Quoiqu’il en soit la contre-culture a terminé sa course dans le système qu’elle critiquait, à l’instar de tous nos collègues de classe révolutionnaires aujourd’hui bien rangés. Le capitalisme a gagné une fois de plus son pari en récupérant la contre-culture pour en faire une industrie soumise aux impératifs économiques du système où chaque individu est un client potentiel. Aujourd’hui, il faut donc parler d’une véritable « industrie du développement personnel », une industrie de techniques psychologiques. Or, la réalisation de soi fait appel à la culture classique occidentale de la philosophie comme mode de vie.


À lire dans notre dossier

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006


“Nous proclamons donc au terme de cet ouvrage, en une sorte d’ultime profession de foi qui parachève notre philosophie de la réalisation de personnelle : « La Cité existe pour permettre à tous les individus, sans exception, de se réaliser . »”

LACROIX, Michel, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Chapitre 26 – La réalisation de soi, moteur de changement social, Éditions Robert Laffont, Paris, 2009, p. 177.


Un mot manque à cette déclaration du philosophe Michel Lacroix : « (…), de se réaliser ENSEMBLE. Même si je demeure un solitaire, peu enclin au travail d’équipe, ma réalisation de soi fut et demeure une épopée de relations interpersonnelles. Je ne peux pas soutenir la réalisation de soi pour soi comme une finalité philosophiquement et culturellement acceptable. Nous sommes tous nés dans la Cité. Elle est en nous et nous en elle.


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J’accorde 4½ étoiles sur 5 au livre Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel paru en 2009 sous la plume du philosophe Michel Lacroix.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

Article # 94

J’AI LU POUR VOUS

L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

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L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216)

Première édition française

Date de parution : 25 juin 1993

Réimpression : juin 2023

Langue  : ‎Français

Poche ‏ :‎ 464 pages

ISBN-10 ‏ : ‎2070327841

ISBN-13 ‏ : ‎978-2-07-032784-3

Poids de l’article ‏ : ‎242 g

Dimensions ‏ : ‎11 x 1.9 x 18 cm


Publié pour la première fois en 1981 :

(Das philosophische Staunen (l’Etonnement philosophique), Zürich, Benziger; Munich, Piper, 1981, 354 p.)


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre L’étonnement philosophique :
Une histoire de la philosophie de Jeanne Hersch paru chez Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216) en 1993.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

L’originalité de cet ouvrage, très vite devenu une référence, est de réorganiser le développement de la philosophie en Occident à partir, non plus de ses principales thèses, mais de sa nature même, de son objet premier : l’étonnement.

L’étonnement est cette capacité qu’il y a à s’interroger sur une évidence aveuglante. La première des évidences est qu’il y a de l’être, qu’il existe matière et monde. De cette question apparemment toute simple est née voilà des siècles en Grèce un type de réflexion qui depuis lors n’a cessé de relancer la pensée : la philosophie.

L’histoire de cet étonnement, toujours repris, sans cesse à vif, continûment reformulé, Jeanne Hersch nous la raconte à partir de quelques philosophes occidentaux : les présocratiques, Socrate, Platon, Aristote, les épicuriens, les stoïciens, saint Augustin, Thomas d’Aquin, Descartes, Spinoza, Leibniz, Locke, Kant, Hegel, Comte, Marx, Freud, Bergson, Kierkegaard, Nietzsche, Husserl, Heidegger, Jaspers. Aussi cette histoire de la philosophie nous dit-elle, en réalité, comment la philosophie fut en tout temps, actuelle.


Jeanne Hersch (juillet 1910 – juin 2000 à Genève) fut pendant vingt ans professeur de philosophie à l’université de Genève. Elle dirigea la division de philosophie à l’Unesco et publia, entres autres ouvrages, L’illusion philosophique, L’être et la forme, Idéologie et réalité, Le droit d’être un homme, Éclairer l’obscur. Elle a traduit Philosophie de Karl Jaspers.


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

L’École de Milet : Thalès (environ 600 av. J.-C.)

Ecole ionienne et Ecole éléate : Héraclite (env. – 550-480 av. J.-C.) et Parménide (env. 500 av. J.-C.)

Zénon (env. 490 – 430 av. J.-C.)

Socrate (470-430 av. J.-C.)

Platon (427-347 av. J.-C.)

Aristote (384 -322 av. J.-C.)

Les Épicuriens (IVème et IIIème siècles av. J.-C.)

Les Stoïciens (IIIème siècle av. J.-C.)

Saint Augustin (354 – 430 ap. J.-C.)

La philosophie médiévale

Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

La Renaissance (XVème et XVIème siècles)

René Descartes (1576-1650)

Spinoza (1632-1650)

Leibniz (1646-1716)

L’empirisme anglais

John Locke (1632-1704)

George Berkeley (1685-1753)

David Hume (1711-1776)

Emmanuel Kant (1724-1804)

De Kant à l’idéalisme allemand

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

Auguste Comte (1789-1857)

Karl Marx (1818-1883)

Sigmund Freud (1873-1939)

Henri Bergson (1859-1941)

Sören Kierkegaard (1813-1900)

Friedrich Nietzsche

Après Kierkegaard et Nietzsche

Edmund Husserl (1859-1938)

Martin Heidegger (1889-1976)

Karl Jaspers (1883-1969)

La philosophie aujourd’hui


EXTRAIT

AVERTISSEMENT

Le présent ouvrage n’est pas une histoire traditionnelle de la philosophie. Je vais seulement tenter de montrer, à propos de quelques exemples choisis dans plus de deux mille ans de pensée occidentale, comment et à propos de quoi certains hommes ont été saisis d’étonnement, de cet étonnement dont la philosophie est née.

Quelle a été la nature, quelle a été l’occasion de cet étonnement ? Comment s’est-il exprimé ?

Il ne m’est pas possible ici de le suivre à la trace de façon continue, d’établir un exposé relativement complet. Je ferai délibérément un choix pour m’attacher à quelques points de repère, quelques tournants de la pensée, quelques moments privilégiés où un regard plus neuf ou plus naïf a fait surgir les quelques questions essentielles qui, désormais, ne cessent de se poser pour peu qu’on renonce à les dissimuler par le bavardage ou la banalité.

Savoir s’étonner, c’est le propre de l’homme. Il s’agit ici de susciter à nouveau cet étonnement. Le lecteur, je l’espère, retrouvera sa capacité d’étonnement dans l’étonnement d’autrui. Il saura le reconnaître. Il dira : « Oui, c’est bien ça. Comment se fait-il que je ne me sois pas encore étonné à ce sujet ? »

Tel est chez l’homme le processus créateur, capable d’amener le lecteur à philosopher lui-même.

J’espère aussi, chemin faisant, lui transmettre un minimum de moyens qui lui permettront d’exprimer son étonnement, ou du moins de lire les textes de ceux qui se sont « étonnés » avant lui.

Mais l’homme du XXe siècle peut-il encore « s’étonner » ou même s’émerveiller ? Nous vivons à l’âge de la science. Nous croyons presque tout savoir, ou du moins pouvoir tout savoir. Et pourtant, il y a toujours et il y aura toujours des êtres humains pour s’étonner. L’étonnement est essentiel à la condition d’homme. Il ne suffit pas d’être le contemporain de grands hommes de science pour échapper déjà à l’ignorance. Et parmi les physiciens eux-mêmes, il y en a qui continuent à s’étonner — non les « demis » ou les « quarts » de

physiciens, mais les plus grands. Leurs œuvres sont pleines d’un étonnement métaphysique et philosophique, semblable à celui des enfants. «… Comme des enfants…», dit la Bible, c’est ce que nous devons devenir pour comprendre de quoi il s’agit. Il nous faut dépouiller l’arrogance adulte, qui considère tout le passé avec condescendance, du haut de la magnificence de la science moderne.

Nous traiterons d’abord de l’étonnement des hommes qui vécurent au début de la période antique grecque, et qui « s’étonnèrent » autour du VIe siècle avant J.-C., en Grande-Grèce, en Asie Mineure, en Sicile. Nous ne nous hâterons pas de juger : « Quelles sottes questions ils ont posées, et quelles sottes réponses ils ont trouvées ! Tout cela n’a plus aucun intérêt pour nous aujourd’hui. »

Nous ne parlerons pas de la philosophie en général, mais nous nous attacherons à tel ou tel philosophe pour apprendre à connaître sa manière de s’étonner et surmonter ainsi l’étrangeté supposée de la philosophie. Chacun d’entre nous possède en vérité une certaine expérience philosophique qui lui est propre : chaque fois que nous nous trouvons devant une véritable décision à prendre, nous nous interrogeons nous-mêmes, sans le savoir, philosophiquement. Les enfants, autour de leur cinquième année, posent des questions philosophiques ; les jeunes de quinze ou seize ans aussi.

Nous nous garderons donc de toute condescendance face aux penseurs du passé, fût-ce les plus anciens. En vérité leur étonnement philosophique radical, qui en leur temps était tout neuf, témoigne de la force créatrice et de la capacité d’invention de l’homme. C’est ce qui leur a permis de poser leurs étranges questions. Ils étaient de très grands esprits. Ne l’oublions pas. Dès le début, nous avons affaire à des philosophes capables d’étonnement, capables de dépasser ce qui, dans la vie quotidienne, va sans dire pour poser des questions fondamentales.


REVUE DE PRESSE

Jeanne Hersch, L’étonnement philosophique par Robin Guilloux, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, Graduate Student, professeur de Lettres et de Philosophie à la retraite de l’Education nationale.


AU SUJET DE L’AUTEUR

Jeanne Hersch

(1910-2000)
"Licence: CC BY-SA 4.0. You must give appropriate credit (Library Am Guisanplatz, Collection Rutishauser), provide a link to the license, and indicate if changes were made." Quote from [2]
« Licence: CC BY-SA 4.0. You must give appropriate credit (Library Am Guisanplatz, Collection Rutishauser), provide a link to the license, and indicate if changes were made. » Quote from [2]

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Jeanne Hersch (née le 13 juillet 1910 à Genève et morte le 5 juin 2000 dans la même ville) est une philosophe suisse, reconnue internationalement, dont l’œuvre a pour centre la notion de liberté et les concepts qui s’y rattachent. Elle a été professeure de philosophie à l’université de Genève, directrice de la division philosophique de l’UNESCO, et représentante de la Suisse au conseil exécutif de cette même organisation. Wikipédia

Œuvres

Jeanne Hersch est l’autrice d’une quinzaine d’ouvrages. Malgré sa retraite en 1977, elle a continué à écrire ; c’est même de cette période que datent certains de ces ouvrages les plus importants, notamment Éclairer l’Obscur. Ce titre résume sa démarche telle qu’elle l’a expliquée à la fin du long entretien accordé à la Télévision romande en 1972 : la clarté de la parole est le meilleur moyen de révéler la profondeur et la complexité d’un concept, comme une torche qui éclaire le fond d’un puits, dit-elle (En Direct avec, 21 février 1972, entretien avec Gaston Nicole et Roland Bahy, archives RTS). En 1993 paraît L’Étonnement philosophique, dans lequel elle refait l’histoire de la philosophie à partir de l’étonnement, compris comme capacité fondamentale d’interroger et de mettre en doute les évidences.

1936 : L’Illusion philosophique, Plon, 1964 [1936].
1940 : Temps alternés, Metropolis, 1990, (ISBN 2-88340-009-1).
1946 : L’être et la forme, La Baconnière, 1946.
1956 : Idéologies et réalité. Essai d’orientation politique, Plon, 1956
1956 : Traduction du polonais en français de Sur les bords de l’Issa, de Czesław Miłosz
1968 : Le droit d’être un homme, UNESCO, Payot, 1956.
1978 : Karl Jaspers, Éd. L’Âge d’Homme, poche, 2007 [1978], (ISBN 2-8251-1727-7)
1981 : L’étonnement philosophique (De l’école Milet à Karl Jaspers, Poche, Gallimard, 1999 [1981], (ISBN 2-07-032784-1))
1981 : L’ennemi c’est le nihilisme, Genève, Georg, 1981.
1985 : Textes, Fribourg, Le feu de nuict (sic), 1985
1986 : Éclairer l’obscur, Lausanne, l’Âge d’Homme, 1986
1986 : Traduction en français de Philosophie, de Karl Jaspers
1986 : Temps et musique, Fribourg, Le feu de nuict ( [sic]), 1986
1991 : La Suisse, État de droit : le retrait d’Elisabeth Kopp, (J. Hersch, Dir.) Lausanne, L’Âge d’Homme, 1991 (ISBN 2-8251-0186-9).
2008 : L’exigence absolue de la liberté : textes sur les droits humains (1973-1995), MētisPresses, coll. « Voltiges », 2008 (ISBN 2-940406-06-5).

Wikipédia


Site web de la Société Jeanne Hersch

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Ressources relatives à la recherche :

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Isidore

Persée

Scopus


Ressource relative à la vie publique

 Documents diplomatiques suisses 1848-1975


Jeanne Hersch, l’exigence de la liberté

TOLERANCE ENTRE LIBERTE ET VERITE – Jeanne Hersch, Philosophica 65 (2000, 1) pp. 71-78 (PDF)

Le point de vue philosophique de Jeanne Hersch sur les droits de l’homme par Giacomoa Costa (PDF)

Hommage à Jeanne Hersch par François-Xavier PUTALLAZ*, Sion (PDF)

Le droit d’être un homme – Recueil de textes – Préparé par Jeanne Hersch (PDF)

LE POIDS DU POUVOIR ET LA LIBERTE par Jeanne Hersch – Philosophica 52 (1993, 2) pp. 45-48 (PDF)




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Mon rapport de lecture

L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

Gallimard, Collection Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

À la lecture de ce livre, j’ai situe beaucoup mieux la philosophie dans le monde des idées, des idées qui innovent, des idées qui se complètent, des idées qui se contredisent, des idées qui questionnent, des idées qui critiquent d’autres idées… Dans ce contexte, les hypothèses développées par les philosophes au cours des siècles demeurent subjectives, sous l’influence de la subjectivité des philosophes. Par conséquent, chacun de nous peut exercer sa liberté d’adhésion aux différentes hypothèses. Je comprends mieux le profit de notre liberté dans ma propre compréhension des différentes philosophies, des différents mouvements philosophiques, et de ma propre subjectivité. Ce qui retient mon attention me livre de sérieux indices sur ma subjectivité.

Cette liberté fut mon étonnement philosophique au cours de cette lecture. Je n’ai plus à m’imposer une adhésion obligatoire parce que je comprends l’objectivité de l’hypothèse avancée par l’un et l’autre des philosophes. Je m’illusionnais. Jeanne Hersch m’a libéré et je suis désormais fort aise de comprendre ou non la logique de chaque philosophe pour m’attarder librement aux idées suggérées par les philosophes.

C’est sans doute le recul exercé par Jeanne Hersch qui me donne cette nouvelle liberté. Elle ne propose pas l’histoire de la philosophie mais bel et bien «Une histoire de la philosophie». On relève dans ce sous titre de son ouvrage une certaine distance face à sa propre compréhension de l’histoire de philosophie. D’ailleurs, Jeanne Hersch ne se gêne pas pour commenter personnellement ici et là certaines idées historiques de la philosophie.


L’École de Milet : Thalès (environ 600 av. J.-C.)

Dans ces temps anciens, la profession de « philosophe » n’existait pas. Les philosophes étaient en même temps des savants, des mathématicien, des géomètres, des astronomes. Ils s’intéressaient aux éclipses du soleil et de la lune, aux nombres et aux calculs, aux figures de la géométrie et à leurs propriétés. Ainsi l’école philosophique la plus ancienne, la célèbre École de Milet, en Asie Mineure, a été fondée par Thalès, l’inventeur du théorème faisant du cercle le lieu géométrique des angles droits construits sur un segment de droite.

Il s’agit donc de puissants esprits, qui étaient, par rapport au savoir de leur temps, des esprits universels. Ce qui suscita avant tout leur étonnement, ce fut le changement. Nous visons dans un monde où tout ne cesse de changer. (…)

La première question se pose à peu près ainsi : « Qu’y a-t-il donc qui persiste à travers tout le changement ? » La première réponse philosophique donnée à cette question fut la suivante : c’est la substance qui persiste dans tout ce qui change et ne cesse de passer. Il doit bien y avoir quelque chose qui se maintient dans l’être ; sinon, il n’y aurait depuis longtemps plus rien.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, l’École de Milet, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 11-12.

Ecole ionienne et Ecole éléate : Héraclite (env. – 550-480 av. J.-C.) et Parménide (env. 500 av. J.-C.)

En ces temps anciens, on s’est encore posé d’autres problèmes, par exemple celui du temps qui passe. On ne le pose pas encore directement, mais en liaisons avec les cycles de l’univers — une idée d’origine orientale, que d’anciens philosophes lièrent à celle de l’éternel retour. Ils supposèrent un vaste cycle universel, englobant la totalité des changements, et comme ils admettaient rien ne se perd, ils admirent un perpétuel recommencement, un « éternel retour ».

Nous allons maintenant considérer deux écoles, contemporaines et contrastées, l’École ionienne, dont le grand philosophe fut Héraclite, et l’École éléate, dont le grand philosophe fut Parménide.

(…)

Héraclite reprend la question posée à Milet : Qu’est-ce qui persiste à travers le changement ? Sa réponse : le changement lui-même.

Le changement, c’est l’être des choses. (…)

(…)

Retenons donc ceci : Héraclite met l’accent sur le multiple, sur les contraires, sur le changement, sur le combat, sur l’écoulement. La seule substance, c’est pour lui le changement lui-même. Mais il y a un principe régulateur, le logos.

Parménide était contemporain  d’Héraclite et son grand adversaire. Il fonda l’École éléate.

La pensée d’Héraclite se développe à partir du monde qu’il a sous les yeux, du changement, des données sensibles, de l’univers naturel. La pensée de Parménide se fonde sur les exigences de la logique. Il affirme avec une puissance exceptionnelle les principe d’identité et il l’installe dans l’être même. Ainsi les impossibilités logiques so9nt du même coup des impossibilité ontologiques (au niveau de l’être). Il dit : Je peux dire « L’être est », mais je ne peux pas dire « les non-être est ». Pourquoi ? Parce que ce serait une contradiction, ce serait me contredire.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Héraclite et Parménide, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 14-18.

Zénon (env. 490 – 430 av. J.-C.)

Zénon d’Élée fut un disciple de Parménide. Il inventa des sophismes et des paradoxes. En grec, sophos signifie « sage » ; les sophismes sont des raisonnements qui ont l’air vrais et qui sont pourtant manifestement faux. Il y a eu recours pour venir en aide à son maître.

Quand Parménide disait : seul l’être existe, il n’y a pas de non-être, le devenir et l’éphémère n’appartiennent qu’au domaine de l’opinion, non de la vérité. ses paroles heurtaient par trop l’expérience quotidienne des hommes. Zénon, pour combattre cette évidence empirique trop puissante, entreprend de montrer que si le mouvement et le changement règnent en effet sur notre expérience de la réalité, nous sommes pourtant incapables de les penser.. Toute une série de sophisme lui serviront à la prouver. En voir un exemple, particulièrement simple et beau : un archer tend son arc et fait partir une flèche. Cette flèche trace une trajectoire dans l’espace. Zénon, fait observer ceci : vous voyez cette flèche. À un certain instant, elle se trouve en un lieu A de sa trajectoire. Un peu plus tard, elle occupe le lieu B. Entre les deux, elle a occupé un lieu A, et entre le lieu A et le lieu A, elle a occupé un lieu A ». A tout instant, la flèche a occupé un lieu déterminé.

(…)

Zénon touche ainsi, avec une simplicité qui émerveille, la problématique du mouvement en son centre.

(…)

Zénon d’Élée nous montre que, tout bien considéré. nous ne pensons pas le mouvement. Certes, nous voyons voler la flèche, mais nous ne pouvons pas penser son mouvement parce que notre esprit est fait pour l’immuable, l’identique, l’éternel. Et pourtant, nous voici vivant et peinant dans ce monde où tout est éphémère et changeant.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Zénon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 23-24.

Socrate (470-430 av. J.-C.)

Socrate était d’origine modeste. On a souvent fait de lui un portrait contrasté avec celui de son disciple, Platon. Platon, aristocrate, beau comme un dieu, Socrate, lourd et laid. Il n’était pas un grand orateur, selon le goût antique. Seul de toute la tradition philosophique européenne, il n’a pas écrit une ligne. Et pourtant, c’est ce philosophe qui a exercé la plus forte influence au cours des siècles.

Pourquoi n’a-t-il rien écrit ? On peut supposer que ce fut parce qu’il ne croyait pas à une vérité séparable de celui qui l’énonce et de l’instant où elle est énoncée.

Pour lui, les « vérité » ne sont pas comme des choses, elles sont philosophiques. Qu’est-ce donc un vérité philosophique ?

Une vérité philosophique n’est pas simplement un énoncé se rapportant de façon adéquate à un état de fait objectif, indépendamment de celui qui parle ou qui écrit. C’est un énoncé par lequel un être humain responsable, libre, assume une vérité, la fait sienne, la fait « vérité » par la manière dont il s’engage envers elle. C’est dire que pour Socrate, une vérité dite théorique est toujours en même temps une vérité pratique, qui dépend de celui qui la saisit — de l’action qu’elle exerce sur lui, de ce qu’elle fait de lui. On l’appellerait aujourd’hui vérité existentielle.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 27.


La question principale posée par Socrate fut : comment faut-il vivre pour vivre selon le bien ? Nous le voyons : sa préoccupation centrale est bien différente de celle des penseurs précédents. Il est le premier à s’être étonné de cette obligation qu’a l’être humain de diriger sa vie, d’orienter ses actes vers le bien, selon des voies qu’il lui faut trouver lui-même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 29.


Selon Socrate, donc, nous ne faisons le mal que par ignorance. Par conséquent, si nous voulons connaître le vrai et développer en nous notre exigence du vrai, il nous faut co9mmencer par travailler sur nous-mêmes. D’où la célèbre maxime de Socrate : « Connais-toi toi-même ». Connais-toi toi-même, la formule n’a rien à voir avec des interprétations psychanalytiques, avec l’introspection, avec la contemplation intérieure.

Nous connaître nous-même, cela signifie : découvrir en nous la racine la plus profonde de notre sens pour le vrai, mais aussi les faiblesses et les manques de cette racine ; découvrir également notre non-savoir ; nos tendances à l’illusion ; notre penchant à nous tromper nous-mêmes. Tout cela est contenu dans le « Connais-toi toi-même ».

Il ne s’agit pas d’un simple regard dans le miroir de la réflexion, d’une façon de se voir et de se décrire. Il s’agit d’une action. Ici encore, au cœur de l’influence socratique s’unissent théorie et pratique.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 31-32.

Platon (427-347 av. J.-C.)

Les Idées

Toute prétention à une connaissance, toute possession d’un savoir doit être en quelque sorte traversée et dépassée afin que soit aiguisé par là le sens que nous avons du vrai, du bien. Telle est l’intention centrale de la pensée platonicienne. Au coeur de cet enseignement, nous trouvons la théorie des idées. Platon est le philosophe des Idées.

On peut dire que Platon a repris l’ancien problème posé par l’école de Milet : qu’est-ce qui persiste à travers le devenir éphémère ? Tout passe, tout ce que nous percevons à travers nos sens finit par dépérir et disparaître. Qu’y a-t-il donc de permanent ? Réponse de Platon : ce sont les Idées. Que sont-elles, ces Idées ? Elles sont la vraie vérité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde.

Les Idées ne sont pas « réelles » dans le même sens que les choses. Elles sont, en un, être et valeur. Elles sont source de l’être des choses, et, en même temps, source du bien. L’être est en même temps valeur. L’être est valeur. Être, c’est valoir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Platon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 37-38.


Au niveau des choses sensibles, nous ne pouvons, selon Platon, avoir que des opinions, plus ou moins probables, puisque le réalité empirique elle-même appartient au domaine de l’approximation. La connaissance vraie n’existe qu’au niveau des Idées. L’homme se tient dans l’entre-deux, entre le monde sensible et les Idées. Il ne peut pas renoncer aux idées car – qu’il veuille ou non – elles lui sont essentielles; il ne peut pas davantage négliger les choses sensibles car – qu’il le veuille ou non – c’est à travers elles qu’il doit cherche à se ressouvenir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Platon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 41.

Aristote (384 -322 av. J.-C.)

Le système d’Aristote représente un sommet, mais un sommet d’une sorte différente de l’œuvre de Platon. Celle-ci domine la pensée philosophique par son intensité et sa profondeur. La réflexion qu’elle exige fait mûrir l’esprit dans toutes les directions.

Chez Aristote, nous trouvons l’une des trois grandes synthèses réalisées par la pensée philosophique au cours de son histoire. Dans l’Antiquité, au Moyen-Âge, à l’époque moderne, il y eut chaque fois un philosophe pour tenter d’unifier en un système tout le savoir de son temps : Aristote, Thomas d’Aquin, Hegel. Leurs œuvres constituent les trois plus grands système de la pensée européenne.

Systèmes

Il ne faudrait pas s’y tromper : aucun des ces synthèses ne représente un simple somme de savoir, ni même une simple mise en ordre du savoir à l’intérieur du système, qui serait comme une armoire bien rangée. Un système, c’est autre chose, c’est un concept, en philosophie, assez difficile à cerner.

Certains philosophes ont horreur de tout système, nécessairement mensonger par nature à leur yeux : l’image qu’ils donnent d’un savoir unitaire se refermant sur lui-même est contraire dans son essence à une pensée vraiment philosophique. (…)

D’autres penseurs, à l’inverse, comme par exemple Aristote, refusent, au nom de l’exigence philosophique elle-même, de s’en tenir à des problèmes partiels ou ponctuels, et leur réflexion a besoin de s’achever dans un tout. Ils considèrent que toute démarche philosophique a pour tâche de donner forme à une totalité.

Aujourd’hui, on abuse souvent du concept de totalité, mais bien employé il remplit en philosophie une fonction légitime et nécessaire. L’esprit philosophique naît de l’unité d’une personne. Il témoigne de l’unité d’un processus de pensée. La signe extérieur de l’unité d’un sujet spirituel, c’est justement la forme unitaire qu’il donne à ce que sa pensée produit. Cette unité qu’il nous présente, c’est justement son système. Un système, c’est l’invention, la création d’une forme. Pour un penseur systématique, tout le savoir de son temps, qu’il organise en un système, est comme le matériau dont se sert un artiste. Il donne forme par le système, qui est du même coup son interprétation du matériau. Mais il y a plus : la forme systématique imprègne de son sens, en profondeur, toute la matière qu’elle contient.

Rien de plus révélateur que d’approfondir la nature de l’élément systématique des grandes œuvres qui constituent des systèmes. C’est là qu’on peut découvrir, plus encore que dans les énoncés particuliers, la figure essentielle, le « geste » fondamental qui, du point de vue philosophique, caractérise chacune d’elles.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 51-53.


La philosophie, exige Aristote, doit s’interroger sur l’être en tant qu’être.

Nous saisissons ici l’extrême tension de cette pensée entre son intérêt passionné pour réalités concrètes singulières et son exigence philosophique : il faut connaître la cause première, l’être en tant qu’être.

L’être en tant qu’être, nous nous sommes déjà interrogés à son sujet, et au sujet de son rapport avec les réalités éphémères du monde sensible : c’était chez Parménide. La doctrine de l’être, c’est l’ontologie. Poser la question « qu’est-ce que l’être ? », c’est poser une question ontologique.

Aristote appelle l’être en soi, ou l’être en tant qu’être, substance. L’École de Milet se servait de cette notion, Parménide également. Mais Aristote pose la question avec une netteté nouvelle. La substance, l’être en tant qu’être, qui fait que quelque chose est, sera considérée en elle-même. La philosophie devient tentative de connaissance de la substance, donc essentiellement ontologie.

La science a pour objet d’étude ce qui est en mouvement, ce qui passe, ce qui est perceptible par les sens. La philosophie en revanche, en tant qu’ontologie, en tant que métaphysique – ici on peut à peu près employer ces deux mots l’un pour l’autre – vise l’être, qui est immuable. Non pas immuable au sens où il exclurait tout devenir et tout dépérissement, mais au sens où il reste l’être à travers tous les changements. Ceux-ci n’atteignent pas l’être. L’être « porte » les changements, il fait que les choses qui changent sont, mais il est lui-même immuable en tant qu’il est l’être, et rien d’autre.

Il me faut prévenir un malentendu possible. La cause première dans parle Aristote ne doit pas être comprise comme « commencement » du monde. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de la cause première fondamentale, qui porte dans l’être tout le reste.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 56-57.


Revenons au concept de cause, si central dans la pensée d’Aristote. Au sens moderne, le terme « cause » s’applique dans une série cohérente dont chaque terme est un effet du terme précédent et cause du terme suivant. Chez Aristote, le sens du mot est différent. Ce qu’il appelle cause de quelque chose, c’est en somme une des conditions de réalité de cette chose. Toutes les conditions de la réalité d’une chose s’appellent des causes.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 59.

Les Épicuriens (IVème et IIIème siècles av. J.-C.)

Épicure vécut à la fin du IVème et IIIème siècle. Le poète Lucrèce, qui vécut à Rome au 1er siècle avant J.-C., a développé dans doctrine dans un long et célèbre poème intitulé De rerum natura (De la nature).

La doctrine épicurienne se divise en trois parties.

La première, c’est la canonique ou logique, qui contient l’ensemble des normes et des règles nécessaires à la recherche de la vérité. La seconde, c’est la physique, c’est-à-dire la théorie de la nature, où les normes et les règles de la première partie sont mises en œuvre. La troisième, la plus importante et la raison d’être des deux autres, c’est la morale, qui détermine les buts à poursuivre dans la vie et qui nous donne les moyens de les atteindre.

Selon les épicuriens, le but de la philosophie – de la morale éclairée par la canonique et la physique -, c’est d’aider les hommes à trouver le bonheur. Mais ce qu’ils appelait bonheur, c’était avant tout la sérénité de l’âme. Il s’agit de réaliser un état intérieur de paix, de calme, que les épicuriens appelaient ataraxie. Cette ataraxie, c’était le contraire d’une indifférence, ou d’un laisser-aller. Elle avait pour fondement une radicale indépendance intérieure à l’égard de toute menace qui pourrait survenir, comme aussi à l’égard de toutes les sources de plaisir. Le point central, c’est le refus de s’asservir à quelque chose que ce soit. Devenir dépendant à l’égard d’un plaisir – pas seulement d’une drogue -, c’est devenir vulnérable au-dehors, c’est exposer sa paix intérieure, et donc son bonheur à une menace de privation ; car tout ce qui est extérieur, et à quoi nous sommes tentés de nous soumettre, peut nous être pris.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les épicuriens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 73-74.


Le sage est heureux et sûr de son bonheur, car il ne craint aucune perte. Il ne redoute ni la fin du monde, ni la mort, ni les dieux.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les épicuriens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 79.

Les Stoïciens (IIIème siècle av. J.-C.)

La structure de la doctrine stoïcienne est semblable à celle de la doctrine épicurienne. Elle aussi comporte trois parties, dont la troisième est la plus importante. Elle a le même but : enseigner comment il convient de vivre. Tout ce qui, en elle, n’est pas d’ordre moral sert en vérité à préparer la morale, C’est la morale (l’éthique) qui est ici l’essentiel, Ici encore on trouve une logique (ou théorie de la connaissance), un physique (ou théorie de la nature), dont on finit par tirer des conclusions quant à un juste comportement des hommes.

La logique stoïcienne est complexe. Nous n’en retiendrons ici qu’un seul élément : ce qu’elle appela l’aperception compréhensive. Ce terme désigne une impression claire, évidente, produite dans l’âme par les choses. Par sa clarté, cette impression emporte le consentement de l’âme, ce qui fonde la savoir et la science. On peut dire que l’aperception compréhensive est une forme particulière de l’«expérience de l’évidence» dont nous sommes capables. Faire l’expérience de l’évidence, c’est saisir par la pensée une représentation synthétique dont les éléments constitutifs imposent la cohérence au point qu’ils forment un tout. Quand nous disons : je saisis, je comprends,, nous déclarons qu’une évidence s’est imposé à notre esprit. Nous avons « vu » une certaines évidence briller entre les éléments divers, avec un éclat qui exclut toute espèce de doute. L’aperception compréhensive, par la clarté avec la quelle son unité synthétique est perçue, s’impose ainsi à l’esprit avec la force de l’évidence.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les stoïciens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 80-81.


Il n’y a plus guère aujourd’hui, autour de nous, d’épicuriens ou de stoïciens. Et pourtant il se pourrait que chacun d’entre nous ait encore en lui quelque chose de l’un et de l’autre.

Nous ne pouvons plus être des épicuriens : notre civilisation est trop active, son tissu trop serré, comportant pour chacun trop de chances et de menaces, pour que nous nous contentions de gérer notre compte personnel de plaisir et de douleur. D’autre part, des siècles d’histoire cruelle et douloureux approfondissements nous ont rendus trop vulnérables – et aussi trop conscient de notre vulnérabilité – pour que l’héroïsme impassible des stoïciens nous soit encore accessible.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les stoïciens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 86.

Saint Augustin (354 – 430 ap. J.-C.)

(…) Augustin trouve la célèbre formule : credo, ut intelligam. Non pas : je crois, bien que je comprenne, ou bien : je crois mais je veux comprendre, mais à l«,inverse : je crois pour comprendre. Nous saisissons ici ce qui caractérise essentiellement l’attitude du croyant à l’égard de la raison.

Il nous faut aller à la racine. Quiconque se contente de rejeter une telle manière de penser en tant que « dépassée » ou en tant que « démarche philosophique impure » s’interdit toute possibilité de véritable compréhension philosophique. Cette manière de penser ne livre son sens qu’à celui qui consent à la reproduire existentiellement. Au fond, elle n’a de sens que pour le croyant. Le non-croyant qui désire malgré tout saisir ce sens doit par conséquent, dans toute la mesure du possible, imiter intérieurement l’attitude du croyant, faute de quoi il ne lui reste qu’à la mettre de côté – ce qui n’est pas, à vrai dire, une solution philosophique.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Saint Augustin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 92.


Une courte parenthèse : la remarque que nous venons de faire ne concerne pas le seul problème du temps, elle met en lumière, par cet exemple, un trait essentiel de la pensée philosophique en général. La pensée philosophique ne peut se déployer que lorsque celui qui pense use de sa liberté. Penser philosophiquement, c’est penser avec sa liberté. La liberté n’est pas seulement un « organe » de décision, elle est aussi un « organe » de la pensée. En philosophie, elle fait partie de notre « appareil » de connaissance et de compréhension. C’est pourquoi, quand nous posons un problème philosophique, nous ne pouvons pas en isoler et en objectiver les termes et faire abstraction de nous-mêmes.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Saint Augustin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 99-100.

La philosophie médiévale – Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

Nous reprenons, plus de six cents ans après Augustin, aux environs de 1100, la philosophie médiévale.

Pourquoi la philosophie médiévale porte-t-elle le nom de scolastique ? Ce mot vient du latin schola, qui veut dire « école ». Il s’agit donc d’une philosophie d’école. La pensée scolastique se développe dans le cadre de l’église chrétienne. Elle obéit au principe que nous avons déjà mentionné : Fides quaerens intellectum, « La foi à la recherche de la compréhension ».

Nous verrons que quelques exemples de cette recherche – ce qui ne signifie nullement qu’il s’agisse d’une période où la pensée fut primitive ou maladroite. En fait, les scolastiques, en discutant sur les rapports de la foi et de l’entendement, ont élaboré un langage philosophique dont les concepts sont remarquablement précis et profonds. En comparaison, les moyens d’expression de maints philosophes modernes apparaissent grossiers et simplistes. Il est vrai que les subtiles distinctions des scolastiques ont parfois conduit à une virtuosité artificielle et purement verbale : mais beaucoup de termes qu’ils ont créés pourraient encore donner plus de clarté et de concision au style philosophique contemporain.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La philosophie médiévale, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 107.

Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

Il y a donc pour le théologien quelque chose de donné au départ, et un verrou qui arrête l’interrogation. Dans la philosophie proprement dite, en revanche, qui n’est pas imprégnée de théologie, ni subordonnée à elle, l’interrogation est radicale. Cela signifie que nous pouvons continuer à poser toutes les questions qui se présentent aussi longtemps qu’il s’en présente ; rie nous nous arrêtera ; et nous pouvons poser nos questions avec une énergie telle que nous n’aurons d’égard pour rien d’autre que pour l’exigence de notre quête ; de telle sorte que les résultats de notre réflexion pourront finalement se tourner contre l’autorité, contre ses interprétations, contre le Livre*.

Le chemin de la philosophie n’a probablement pas de fin. Certains philosophes ont tellement écrit que leurs œuvres remplissent à elles seules une bibliothèque – pensons par exemple à Hegel. Peut-être ont-ils tant écrit justement parce que ce qu’ils voulaient vraiment écrire, ils n’ont jamais pu l’exprimer. Au cœur d’un système comme celui de Hegel, une question reste béante. Certains penseurs repoussent les problèmes non résolus vers l’extérieur du système, Chez d’autres, ces problèmes rentent au centre et les répandent de là dans l’œuvre entière. Mais un édifice achevé, statique, qui couronnerait une recherche philosophique, cela n’existe pas.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Thomas d’Aquin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 124-125.

 * Le « livre » : « (…) la pensée théologique possède au départ un savoir préalable – du moins dans la tradition européenne. Au départ, il y a déjà un Texte sacré, un Livre, une Révélation, une Institution, une Église, donc : des autorités ou une autorité. »

La Renaissance (XVème et XVIème siècles)

On ne peut pas délimiter clairement cette période, pendant laquelle se prépare l’époque moderne.

Elle bouillonne d’idée nouvelles. Institutions, croyances, systèmes de pensée sont contestés ou profondément transformée. Le bouleversement des idées, leur diversité, les attitudes nouvelles, la mise en question des valeurs et de leur hiérarchie, les facteurs de dissolution et de recréation font penser à notre temps. Toutes les interprétations deviennent possibles, même les plus diverses, les plus contradictoires. Des tendances opposées s’affirment simultanément.

Ainsi, l’époque est marquée par une volonté de retour à l’expérience. Alors que la scolastique s’attachait avant tout aux textes (que dit Aristote ? que dit l’écriture ? que dit l’Encyclique ?), des méthodes empiriques s’élaborent, permettant d’interroger directement la nature.

D’autre part, la raison jusqu’alors limitée dans ses démarches par son accord nécessaire avec les dogmes et l’Écriture, se libère totalement et conquiert le droit d’imaginer. (On se plant souvent aujourd’hui de ce que l’intelligence des enfants soit développé au dépend de leur imagination. Mais c’est méconnaître une vérité fondamentale : l’intelligence elle-même doit être imaginative, sinon elle n’est pas intelligence.)

La raison libérée lors de la Renaissance, imagine donc : de nouveaux schèmes de pensée, de nouvelles questions, de nouvelles méthodes. Elle envisage des hypothèses inédites et élabore des modèles neufs.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 126-127.


(…) La Renaissance agite les esprits d’aujourd’hui, avec raison : nous cherchons à travers elle à comprendre où nous allons.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 133.


Nicolas de Cuse (1401-1464)

Il est philosophe que l’on peut considérer comme étant la charnière entre le Moyen Âge et la Renaissance : c’est Nicolas de Cuse, Il a été le dernier grand penseur médiéval. Et pourtant il a été considéré par Bruno, par Kepler, et même plus tard par Descartes, comme celui à qui revient le mérite ou la faute – selon le jugement que l’on porte à ce sujet – d’avoir affirmé que l’univers était infini.

Comment a-t-il acquis cette conviction ? Dès le XIIIè siècle on avait, recourant à une métaphore, décrit Dieu comme étant un sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Cette définition reconnaît à Dieu l’ubiquité et le dépouille de toute spatialité.

Nicolas de Cuse transposa cette description de Dieu pour l’appliquer à l’univers. D’après lui, l’univers a son centre partout et sa circonférence nulle part, puisque c’est Dieu qui est son centre et sa périphérie, et que Dieu est partout et nulle part. Cette formulation remarquable montre que la représentation rationnelle de l’univers infini n’a pas été d’abord une découverte de la science, mais qu’elle provient d’une impulsion religieuse : elle est né de l’idée de Dieu, ou plutôt de l’échec de toute idée de Dieu, projeté ensuite sur l’univers. Cela se passait au début de la Renaissance.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 133.

René Descartes (1576-1650)

Pour Descartes, le modèle idéal que la pensée doit tenter de rejoindre, c’est le modèle mathématique.

Cette admiration pour la pensée mathématique, nous la retrouvons constamment chez les philosophes depuis Pythagore. Ce qui provoquait leur admiration, souvent mêlée d’envie, c’était la clarté, la transparence parfaite du raisonnement et l’évidence contraignante, l’apodicticité, qui en résultait.

À notre époque, en revanche, nombreux sont les penseurs qui considèrent avec une certaine condescendance le rationalisme d’un Descartes. Fiers de notre savoir psychologique, de notre psychanalyse, de la conscience que nous avons prise de l’ambiguïté, de la complexité, de l’interpénétration de l’esprit et du corps, de l’individuel et du social, du naturel et de l’historique, etc., nous sommes facilement tentés de juger simpliste la claire pensée classique du XVIIe siècle.

Je voudrais ici au contraire reconnaître que nous ne sommes plus guère capables aujourd’hui de revivre en profondeur l’expérience intellectuelle que l’évidence mathématique représentait pour les penseurs de ce temps. Ils admiraient les mathématiques justement parce qu’elle leur procuraient l’expérience de l’évidence, et que leur sens pour l’évidence était vif, alors qu’en nous il s’est émoussé. Nous apprenons à l’école à démontrer que les trois angles d’un triangle valent deux droits. Une fois la preuve acquise, elle reste inerte dans le cahier ou le livre. Nous n’en vivons pas l’évidence, ou à peine. Nous ne l’intégrons pas dans notre expérience.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, René Descartes, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 136-136.


Pour rester sur le terrain de la certitude, il lui fallait élaborer des concepts et des raisonnements ne permettant aucune erreur. Il pose donc l’exigence des concepts clairs et distincts. Je voudrais insister sur ce point car nous vivons en un temps où beaucoup se servent avec prédilection de concepts confus, gonflée ou ambigus. Un concept est clair lorsqu’il est parfaitement défini, c’est-à-dire nettement délimité par rapport à d’autres concepts. Et un concept est distinct lorsque sa compréhension apparaît à l’esprit avec une parfaite transparence. La clarté préserve pour ainsi dire le pourtour du concepts ; la distinction, ce qui est à l’intérieur de ce pourtour. Il nous faut des concepts clairs et distincts afin que nous puissions penser selon la vérité.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, René Descartes, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 141.

Spinoza (1632-1650)

Baruch de Spinoza naquit à Amsterdam, dans une famille de Juifs portugais, et il passa toute sa vie en Hollande. Pour lui, rien au monde n’avait autant d’importance que l’indépendance de sa pensée et son indépendance d’être humain. Il gagna sa vie en polissant des verres de lunettes. Toute sa vie, il vécut dans une relative pauvreté, et lorsqu’il mourut il fallut que Leibniz et quelques autres amis assument les frais de ses funérailles et s’occupent de ses manuscrits.

Il n’avait, de son vivant, publié que deux œuvres : les Principes de la philosophie cartésienne, et le Traité théologico-politique. Et comme ses œuvres, la seconde surtout, déclenchèrent un vaste scandale, Spinoza résolut de ne plus rien publier. C’est ainsi que la plupart de ses ouvrages ne parurent qu’après sa mort – entre autres son œuvre principale, l’Éthique, l’un des grands chef-d’œuvre de la philosophie occidentale.

Spinoza n,avait que quarante-cinq ans lorsqu’il mourut. Il aurait pu avoir une vie bien différente : on lui avait offert une chaire à l’Université de Heildelberg, l’une des plus fameuse de ce temps. Il refusa, pensant qu’il y perdrait son indépendance, qu’on ne le laisserait pas penser et enseigner ce qu’il croyait.

Indépendance à tout prix, tel est le trait caractéristique de sa vie et de sa pensée. ce trait nous paraît d’autant plus impressionnant que nous considérons la notion dont il a fait le centre de sa philosophie. Cette notion, c’est celle de la nécessité. Indépendance-nécessité, avec un trait d’union, c’est Spinoza.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 149-150.


(…) Nous nous trouvons dès lors au cœur de la pensée de Spinoza : liberté et nécessité ne font qu’un. Finalement, la liberté est nécessaire, la nécessité est liberté. Mais il nous faut suivre le chemin qui conduit à un tel résultat et qui lui donne son sens.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 151.


Revenons encore une fois au rapport liberté-nécessité chez Spinoza, pour essayer maintenant de le saisir plus concrètement, grâce à une expérience personnelle.

Chacun d’entre nous, lorsqu’on l’interroge, s’efforce de justifier une décision qu’il a prise en en donnant la ou les raisons. Il arrive cependant que cette décision se soit imposée même sans les raisons qu’il évoque, parce qu’elle s’enracine au plus profond de son être. Lorsqu’il en est saisi, il sent bien que les raisons alléguées, dans être fausses, restent insuffisantes et n’atteignent pas le fond. Il a pris cette décision parce que, étant celui qu’il est, il ne pouvait pas agit autrement.

C’est de cela qu’il s’agit : être libre à un tel point qu’on ne peut agir autrement, c’est vivre la coïncidence de la liberté et de la nécessité. Une telle expérience, qu’il nous arrive de faire dans notre vie personnelle, où nous éprouvons que nous n’aurions pas pu agit autrement, est comme le signe d’une décision jaillie de l’absolu de notre liberté.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 160-161.

Leibniz (1646-1716)

(…) Aucune science de son temps ne lui resta étrangère. En mathématique notoamment, il a inventé le calcul différentiel. (…)

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Leibniz, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 165.


Chez Descartes , on s’en souvient, la substance de la « chose étendue » (res extensa), c’était l’étendue elle-même des corps, à la différence de l’espace vide, abstrait, de la géométrie, qui n’est qu’un espace conçu. L’étendu, et non l’espace, constituait à ses yeux la véritable essence des corps.

Leibniz s’interroge aussi sur la substance – c’est une que question que nous connaissons depuis l’école de Milet. Mais pour lui, l’étendue ne saurait être la substance des choses. La substance des choses, c’est l’énergie. Il conçoit l’énergie comme le principe de l’activité, un principe qui est constamment en action si on ne l’entrave pas. Leibniz ne part donc pas d’une réalité inerte, pour se demander ensuite comment le mouvement peut intervenir. Au contraire : il part d’un principe d’activité, et il s’agit ensuite de comprendre ce qui peut empêcher d’agir. Ce sont les obstacles qui entravent l’activité qu’il s’agit d’expliquer. Le point de départ, c’est donc une énergie originelle, qui dans son état présent contient en elle le passé tout entier, comme aussi, dans un certain sens, l’avenir. Elle est grosse de tout le possible futur. Pour exprimer cela, Leibniz utilise un concept auquel il donne la plus grande importance : celui de puissance. (On se souvient de l’ «être en puissance » chez Aristote.) L’énergie est l’activité qui contient en elle l’avenir, pour autant que rien ne vienne l’empêcher d’advenir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Leibniz, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 166-167.

L’empirisme anglais

John Locke (1632-1704)

En abordant la philosophie anglaise, nous changeons de climat.

Deux traits caractérisent ces penseurs : 1) au niveau du savoir, c’est expérience sensible qui est pour eux fondamentale et 2) au niveau de l’éthique, ils s’attachent avant tout à la manière dont les hommes organisent leur vie commune dans la société et l’État.

Ainsi, l’empirisme des Anglais et leur sens civique sont étroitement liés. La plupart des penseurs continentaux se sont intéressés à la fois à la connaissance de l’absolu et à l’action. S’ils croient avoir atteint une certaine connaissance de l’absolu, ils s’efforcent d’en tirer une éthique sociale. Les Anglais, en revanche, développent leurs vertus civiques tout en évitant, dans la mesure du possible, de se référer à un absolu.

Il y a dans l’absolu, à leurs yeux, quelque chose d’exclusif qui s’oppose à l’adaptation, alors que la vie normale dans un État implique que l’on consente à s’adapter. Ils ont donc tendance à faciliter les compromis nécessaires à la vie civile en laissant l’absolu hors du jeu. Ils se fondent sur des constatations et des expérience, ou alors sur des accords ou des traités, qui n’ont rien d’absolu, qui ne prétendent à aucune validité éternelle, et auxquels on peut jusqu’à un certain point s’adapter. On perçoit chez eux une préférence pour ce qui est relatif – qui correspond peut-être, étrangement, à un sens profond qu’implique historiquement concret et d’unique tout acte de libre décision.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – John Locke, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 184-185.


Bien que Locke ait vécu dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, il s’apparente par bien des traits aux penseurs du XVIIIe siècle. Il a fait des étude de médecine.

Comme d’autres penseurs anglais, il combat la théorie platonicienne des idées innées. Il n’y croit pas. Descartes l’avait acceptée, Leibniz à sa manière aussi. Locke argumente ainsi : il ne peut rien y avoir dans l’esprit sans que l’esprit en ait conscience. On le voit, Locke rejette radicalement « les petites perceptions » qui, sans devenir claires dans la conscience, assurait chez Leibniz la continuité et d’identité de la nomade. Locke ne reconnaît donc que la conscience claire, et ce trait aussi est caractéristique. Pour lui, il y a contradiction à dire que quelque chose est dans la conscience sans être conscient. Il rejette tout recours à la réminiscence, à la virtualité, etc. Il rejette donc l’idée d’une connaissance originelle absolue, que nous aurions eue dans une vie antérieure à l’existence terrestre.

L’âme commence donc par être une tabula rasa. Locke veut inciter les philosophes à tenir les yeux ouverts face au monde réel, c’est-à-dire celui de l’expérience. Toutes nos idées sont des idées acquises, et non innées ; et elles ont été acquises grâce aux sensations.

Les idées n’ont qu’une source : l’expérience. Il y a deux sortes d’expérience : l’expérience extérieure, qui provient des sensations, et l’expérience intérieur. Sans les sensations, l’esprit ne peut rien faire – quand il en est privé il tourne à vide ; car l’âme, d’abord, n’est rien. Selon Locke, nous ne pensons jamais avant d’avoir des sensations. D’abord sentir, après penser. Locke appelle nos sensations des idées simples, idée  signifiant ici représentation, matière première de la connaissance. L’esprit, par son travail, en fait des idées composées en comparant les idées entre elles, en dégageant des abstractions, tec.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 185-186.

George Berkeley (1685-1753)

(…) Nous prenons pour des choses sensibles des idées. Tout ce qui existe n’existe qu’en tant que perçu par un sujet percevant.

Berkeley aboutit ainsi à la célèbre formule double : esse est percipe (être, c’est être perçu) ou : esse est pefcipere (être, c’est percevoir). L’être n’existe pas en soi, mais seulement en tant qu’il est perçu. Or, pour qu’il soit perçu, il faut qu’il y ait quelqu’un qui perçoive. D’où la seconde formule : être, c’est percevoir. Les deux seules formes d’existences qui nous soient accessibles sont celle de percevoir et celle d’être perçu. Si nous tentons de nous représenter une réalité qui ne soit ni l’un ni l’autre, nous n’obtenons qu’un être illusoire, une non-chose. Les idées (perceptions) ne peuvent en aucune façon être causes d’autre chose puisqu’elles sont, par rapport à nos sens, d’une totale passivité. La cause des idées, ce ne sont pas les choses, c’est l’esprit qui perçoit. L’esprit est un être simple, indivisible, actif, qui produit la perception en percevant. Mais il ne faudrait pas cherche une quelconque « idée de l’esprit » car cela serait contradictoire : idée signifie passivité, esprit signifie activité.

Berkeley énonce la formule : les idées sont les choses mêmes. Aujourd’hui nous dirions : les représentations des choses sont les choses (mêmes). Ou, autrement dit : les choses ne sont rien d’autre que les représentations que nous en avons. Cette conception porte le nom d’idéalisme absolu.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – George Berkeley, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 191-192.

David Hume (1711-1776)

Hume est un penseur écossais du XVIIIe siècle. Il pose la même question que les autres empiriste : comment la connaissance est-elle possible ? Que connaît-on quand on connaît ? Où sont les limites de la connaissance ? Selon les empiristes, l’unique source de la connaissance est la perception sensible, donc l’expérience, la rencontre avec le donne. (Mais pour Berkeley déjà il n’y avait aucun donné hormis les perceptions et l’esprit qui perçoit.) Hume demande si l’homme est capable de résoudre le problème de l’être : « Qu’est-ce que l’être ? » Il répond ainsi : pour aborder cette question, il faut adopter une attitude critique.

Nous verrons bientôt que ce terme, « critique », va jouer un rôle essentiel pour Kant, qui le fera figurer dans les titres de ses trois principaux ouvrages. Par la suite, la mode s’en est mêlée et le mot a perdu la précision de son sens.

Philosophiquement, le terme « critique » a un sens très précis, qui provient de cette époque. Une attitude critique consiste en ceci : l’esprit s’examine lui-même, observe ses opérations et ses méthodes, afin de décrire clairement son propre appareil à connaître, d’en saisir le nature et d’en apprécier la portée et la validité – au lieu de se tourner vers les objets qui l’entourent. Il s’agit de se connaître soi-même, mais non pas tant comme sujet moral ou existentiel (Socrate), que comme sujet connaissant. Que fait l’esprit qui cherche à connaître ? Quelle est l’essence de ce qu’on appelle « comprendre » ? Quelles sont les opérations fondamentales assurant la connaissance ?

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – David Hume, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 195-196.


La question la plus importe posée par Hume concerne la causalité : qu’est-ce que la causalité ? Provient-elle de notre esprit ? Faut-il admettre que notre esprit, dès qu’il entre en action, implique déjà la finalité ? Ou la causalité est-elle au contraire dérivée de nos perceptions sensibles ?

(…)

La causalité, selon Hume, dérive donc simplement de l’expérience des successions constantes. Nous constatons que deux phénomènes se produisent toujours l’un après l’autre et nous disons que le premier est cause du second. Ainsi donc l’idée de causalité, avec l’élément des nécessité qu’elle implique, résulte tout simplement de l’habitude empirique de successions qu’on voit se produire constamment, sans qu’il y ait eu d’exception.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – David Hume, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 196-197.

Emmanuel Kant (1724-1804)

Kant va nous occuper plus longtemps que les autres philosophes. Il a en effet transformé radicalement, en profondeur, les perspectives et les concepts de la pensée philosophique. Si nous négligions Kant, nous ne comprendrions pas grand-chose à tout le développement philosophique ultérieur, y compris aux nombreux penseurs qui ne se sont vraiment mis à philosopher pour le combattre. C’est chez lui qu’ils ont trouvé les moyens d’expression nécessaires à leur attaque.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 201.


Kant a dit de Hume qu’il l’avait tiré de son sommeil dogmatique. Qu’était-ce donc que ce « sommeil dogmatique » ? Kant était comme emprisonné dans le vaste système, cohérent, assuré, construit par Leibniz – dans une philosophie embrassant un savoir si riche et si rigoureusement organisé qu’il est possible de s’y tenir et d’y vivre. Le « sommeil dogmatique », c’est le contraire de l’attitude critique. Kant vivait, content, exempt de doute critique, à l’intérieur d’un doctrine solide.

Hume, en revanche, en mettant en question la connaissance elle-même, en s’interrogeant sur le concept de causalité, à tiré Kant de son sommeil dogmatique. Et si Kant s’est éveillé, ce n’est pas que la pensée du Hume lui donnait satisfaction ; au contraire : c’est qu’elle ne le satisfaisait aucunement. Hume a posé le problème de la causalité, et il l’a résolu d’une manière inacceptable pour Kant. C’est ce qui l’éveilla – par un processus bien caractéristique pour la philosophie.

Kant s’étonne. Il s’étonne, fait au fait que la science, en général, puisse exister ; qu’il y ait un savoir nécessaire et universel.

Il avait pour Hume la plus grande admiration. Or Hume affirme que la causalité ne repose que sur l’habitude. Kant, épris de la certitude et de l’évidence des mathématiques, où tout doute est exclu, ne peut se satisfaire d’une telle explication : l’habitude est incapable de fonder aucune sorte de certitude. Hume a eu le grand mérite de poser le problème du fondement de la causalité, en un temps où la physique se fondait sur le déterminisme. Aujourd’hui, la causalité a perdu quelque chose de l’importance exclusive qu’elle avait pour la physique au XVIIIe siècle, pour laquelle elle était une exigence absolue et décisive.

Ainsi donc, Kant se dit qu’il est impossible de fonder une science qui se veut certaine sur quelque chose d’aussi incertain que l’habitude.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 202-203.


(…) Cela veut dire : croire n’est pas en contradiction avec la raison. Cela ne signifie pas qu’il y ait un domaine où la raison a des droits, et un autre où elle n’en a pas. Mais comme notre nous révèle elle-même ses limites, il est raisonnable de les reconnaître. Là où, dès lors, on ne peut ni démontrer ni réfuter, il est permis de croire – et on croit, ou bien on ne croit pas. Citons encore la célèbre phrase de Kant : « Il me fallait limiter le savoir pour faire place à la croyance. »

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 226.

De Kant à l’idéalisme allemand

On dit souvent de Kant qu’il représente le sommet des Lumières. Et l’on désigne par les Lumières la foi optimiste et exclusive que son époque mettait dans la raison humaine, en tant qu’instrument adéquat pour la connaissance du monde, sans aucun compromis avec une aide quelconque d’origine surnaturelle ou irrationnelle. La raison serait autosuffisante pour la morale, l’État, la religion ; elle suffirait à garantir – pour peu qu’on s’en serve correctement – le progrès de l’humanité. L’homme, dès lors, se tenait pour indépendant, l’humanité n’avait pas d’autre fin qu’elle même, que son propre épanouissement.

Il faut comprendre que, dans ce sens, Kant n’est nullement le sommet des Lumières ; il en est le dépassement.

Il engage l’homme dans un processus sans fin, dans un combat qui n’aura pas de terme, non pas vers l’extérieur, mais vers l’intérieur, un combat contre sa propre finitude et sa propre relativité, qu’il lui faut pourtant découvrir et reconnaître. Ainsi, lorsque Kant parle des chemins qui s’ouvrent à l’homme, il introduit aussitôt des facteurs de limitation, de rupture, de discontinuité, de non-totalité. Et lorsqu’il justifie cet effort à accomplir sans fin comme étant nécessaire à cause précisément des indépassables limites et des irrémédiables ruptures, il s’affirme comme un penseur anti-démiurgique, au sens le plus profond. Il n’est pas permis à l’homme de se prendre pour le double du Créateur. Il n’engendre rien dans l’être en soi, il ne lui ajoute rien ; au sens ontologique il n’a rien d’un créateur.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, De Kant à l’idéalisme allemand, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 255-256.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

Il nous faut maintenant comprendre pourquoi les deux premiers concepts, l’être et le non-être, sont dits par Hegel « abstrait », alors que le devenir, cette première synthèse, est un concept concret.

Il emploie ces mots de façon très particulière. Si l’être et le non-être sont des concepts abstrait, c’est au sens étymologique de ce terme « abs-trait », qui signifie : tiré hors de…, séparé de… Pour Hegel, l’être est un concept abstrait parce qu’il est unilatéral, exclusif. Il ne se prête à aucune combinaison avec autre chose. La négation n’y a pas encore pénétré. Son antithèse, le non-être, est un concept abstrait, lui aussi, parce qu’il exclut de soi l’être, il se maintient dans son stérile isolement. En revanche, le devenir est le premier concept dans lequel être et non-être se fondent pour engendre quelque chose de nouveau. « Concret » vient de concrescere, concretum, croître ensemble, se lier dans une croissance commune. Ce sens de de « concret » et d’« abstrait » est très important pour qui veut comprendre la pensée de Hegel.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Hegel, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 264.


Hegel a dit : « Le soleil et la lune ont moins d’influence sur nous que les forces morales et sociales. » Nous sommes loin désormais de la grande tradition classique, selon laquelle une grande personnalité impose son exemple en toute indépendance du lieu, du temps et de l’histoire où elle se situe. Selon Hegel, mous sommes immergés dans l’histoire et la société. Et désormais, après Hegel, c’est ainsi que l’homme moderne continuera à se concevoir lui-même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Hegel, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 274.

Auguste Comte (1789-1857)

Nous allons nous occuper de penseurs beaucoup moins considérables, mais qui essayé, chacun à leur manière, à l’époque de la science et en étant eux-même fascinés par la connaissance scientifique, de poursuivre et de renouveler l’effort de la révolution philosophique.

Voyons d’abord un penseur français, ne l’année de la Révolution française, qui vécut pendant la première moitié du XIXe siècle : Auguste Comte. Il a été le fondateur de ce qu»’»on a appelé l’École positiviste. Aujourd’hui, ce terme de « positiviste » a pris souvent une nuance péjorative : quand ont traite quelqu’un de « pur positiviste », on veut dire qu’il ne s’est pas encore libéré d’une foi excessive, naïve, dans le pouvoir de la science et qu’il en est resté dépendant comme on l’était au XIXe siècle.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Auguste Comte, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 280-181.


(…) L’ouvrage le plus célèbre d’Auguste Comte, le Cours de philosophie positive, a été publié entre 1830 et 1842. « Positif » n’a donc nullement chez lui le sens d’un contraire de « négatif », mais bien du contraire de « spéculatif » : une théorie est « positive » lorsqu’elle est scientifiquement fondée sur des faits. Une « philosophie positive » ne doit présenter aucune trace de métaphysique et ne s’occuper que d’un classement des faits et des lois. Ainsi, Cours de philosophie positive développe une philosophie que ne repose que sur des faits et des lois, qui ne s’intéresse à rien d’autre et qui n’admet rien d’autre.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Auguste Comte, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 282-183.

Karl Marx (1818-1883)

Sigmund Freud (1873-1939)

Je voudrai ici faire un rappel : on s’en souvient, au Ve siècle avant J,-C. le principe fondamental de Socrate était : « Connais-toi toi-même. » Serait-il possible de faire un rapprochement entre la célèbre maïeutique de Socrate et la méthode psychanalytique de Freud ? Ne pourrait-on pas mettre en exergue de l’œuvre de Freud la devise socratique elle-même : « Connais-toi toi-même » ?

Tous deux s’attachent à l’idée authentiquement philosophique selon laquelle l’homme a pour tâche de se connaître « lui-même ». Que signifie « toi-même » ou « moi-même » ? Pour Socrate, le « moi-même », c’est le libre sujet moral qui cherche le bien, et pour qui le bien est toujours au-delà de ce qu’il a déjà atteint. Cela signifie que chez Socrate, il y a dans le « Connais-toi toi-même » quelque chose que nous, en langage moderne, appellerions « existentiel » : le sujet s’appréhende dans sa liberté essentielle en voyant devant lui un bien qui ne pourra jamais lui appartenir. La connaissance de soi qui est ici visée est une connaissance visant la liberté, ou une connaissance à travers la liberté. Pour Socrate, z se connaître soi-même », c’est se demander quel est le bien, quelle est la justice, quel est le bonheur – autant de concepts qui n’ont un sens que pour la liberté, mais qui n’ont aucun sens objectif au sens des choses qui sont tout juste ce qu’elles sont.

Freud, en revanche, inspiré par l’esprit scientifique de son temps, en énonçant l’exigence « Connais-toi toi-même », demande à l’homme de découvrir son inconscient, qui est en quelque sorte en lui une donnée empirique, mais refoulée. L’inconscient est à la fois donné et dissimulé. Nous pourrions aussi avoir recours à Kant : la chose en soi, la liberté en tant que chose en soi – quelque chose de tout autre que chez Freud. Kant se tient aux côtés de Socrate, mais non pas Freud.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sigmund Freud, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 316-317.

Henri Bergson (1859-1941)

Changement de direction : nous allons considérer maintenant des penseurs qui ont fortement réagi contre les tendances du monde contemporain aux diverses superstitions scientistes. Ils se sont efforcés de reconquérir justement ce qui, étant essentiel et d’un grand poids, ne se laisse maîtriser par la science. Il s’agira, d’une part, d,Henri Bergson, en France, et d’autre part, de Nietzsche en Allemagne, et de Kierkegaard, au Danemark.

La philosophie d’Henri Bergson constitue une réaction spécifique à tout le courant de pensée qui comptait avant tout sur la science pour expliquer l’essence de l’homme et de la société, et permettre ainsi de résoudre les problèmes posés par la condition humaine. Sa réflexion se développa à contre-courant, contre une Sorbonne et un environnement culturel largement dominés par le positivisme et la crédulité scientiste d’Auguste Comte. Aujourd’hui, nous vivons dans une monde tout différent. Nous pourrions dire, dans un certain sens, que le succès de Bergson en son temps a réduit l’influence sur la postérité. Il a consacré toutes ses forces à enfoncer des portes qui aujourd’hui nous paraissent ouvertes, mais qui étaient à son époque solidement closes. (…)

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Henri Bergson, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 328.


Bergson souligne combien il est difficile à l’homme de se libérer de ses besoins et de ses intérêts pratiques, par lesquels il se trouve asservi à la fois à son intelligence mécaniste et à son aveugle instinct, afin de parvenir à la connaissance du vivant que seule permet cette sympathie désintéressée qu’il appelle « intuition ». Pour réussir il lui faut pour ainsi dire s’opposer à lui-même jusqu’à ce qu’il s’ouvre à une autre réalité et à une connaissance d’un autre ordre.

Cela ne nous rappelle-t-il pas l’histoire du captif dans la caverne de Platon ? Il a fallu que ce captif se détourne du monde des ombres, des prévisions compétentes concernant leur succession, à propos desquels ses compagnons faisaient preuve de tant d’habileté. il a fallu qu.il s’arrache à la sécurité des ses habitudes quotidiennes, pour se mettre à grimper vers la sortie de la caverne. Là, devant le monde des Idées, il fut saisi d’un éblouissement, et il dut s’exercer à regarder leurs ombres et leurs reflets dans l’eau avant de devenir capable de supporter la vue su souverain bien lui-même. Mais il est finalement retourné dans la caverne, où tous alors se moquèrent de son incompétence et de sa maladresse. Tel pourrait bien être le sort de celui qui aurait conquis, à grand effort, la capacité de l’intuition. Par la sympathie celle-ci est capable de fondre en elle l’immédiateté de l’instinct avec la capacité de connaître de l’intelligence, ce qui permet à la conscience de s’ouvrir à la profondeur de la vie.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Henri Bergson, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 350.

Sören Kierkegaard (1813-1900)

Nous commençons par Kierkegaard. Pour lui, comme pour Nietzsche, il est important, plus que pour des penseurs anciens, de savoir ce que fut sa vie. C’est là encore un trait de la modernité : la réflexion philosophique ne peut plus être séparée de la biographie. Nietzsche et Kierkegaard ont vécu leur philosophie, et leur philosophie est issue de leur vie. Mais non pas dans un sens naturaliste, comme si nous pouvions dériver leur pensée des données sociales, politiques, familiales de leur existence. Tous deux tenaient passionnément à authenticité et à la crédibilité de ce qu’ils exprimaient. Tous deux avaient la rhétorique en horreur lorsqu’elle se prend elle-même pour fin. Lorsque leur ton devient pathétique, c’est le plus souvent malgré eux. Ils ont souvent tourné leur ironie contre eux-mêmes, tenant leurs réflexions à distance de leur vie vécue, comme si celle-ci risquaient d’être compromises par les insuffisances de leur existence propre. Il faut donc avoir une certaine connaissance de leur vie pour pouvoir les comprendre.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sören Kierkegaard, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 353-354.


 Qu’est-ce que l’existence ? Pour Kierkegaard, il s’agit du surgissement de la liberté responsable d’un sujet. Un exemple pour illustrer ce concept : on peut, considérant les choses de l’extérieur, voir de l’eau couler, des branches tomber, une personne accomplir un acte – et tout cela se passe dans le même temps, qu’il s’agisse de l’eau qui coule, des branches qui tombent, de l’homme qui accomplit un acte. Mais l’acte librement accompli de l’homme ne peut pas être dérivé de ce qui s’est passé avant dans ce temps qui est commun à la nature et à l’homme qui agit. L’acte de l’homme provient de ce qui s’est passé au cœur de sa subjectivité et c’est pourquoi il en assume lui-même la responsabilité. En agissant, il ne se laisse pas simplement insérer dans la série des causes et des effets, il n’est pas simplement lui-même un effet d’autre chose, mais il devient une sorte d’absolu commencement. Il insère, dans la texture des causes et des effets, son acte libre venu d’une origine différente, il accompli un rupture, que l’existentialisme, ou philosophie de l’existence, appelle rupture existentielle.

Le terme « existence », avec cette signification, vient de Kierkegaard. C’est lui qui lui a donné ce sens. Dès lors, le verbe « exister » a pris en philosophie une nouvelle signification. Il ne signifie plus seulement : la présence de quelque chose dans le réel. Il faut revenir à son étymologie, comme l’a fait Heidegger : ek-sistere signifie : émerger hors du magma des choses, provoquer une rupture, n’est pas le dérivé d’une continuité homogène.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sören Kierkegaard, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 362-363.

Friedrich Nietzsche

La séduction poétique que Nietzsche n’hésite pas à mettre en œuvre ne change rien au fait que sa volonté de vérité était une passion dévorante. Mais pour lui, comme pour Kierkegaard, la vérité qu’il s’agit de sauver et de réhabiliter se situe au-delà du concept de vérité objective que connaît la recherche scientifique. Ce n’est pas qu’il veuille dénigrer ou dévaluer la vérité objective ou rationnelle des sciences. Mais celle-ci, selon Nietzsche, dépend de ses prémisses et n’est pas toute la vérité. La vérité philosophique vise quelque chose qui est au-delà de cette simple vérité de surface. Nietzsche a mis l’accent sur l’interprétation, et c’est une raison de plus qui explique l’influence qu’il exerce aujourd’hui. On a été, de nos jours, jusqu’à dire qu’il n’existe en général aucune vérité, qu’il n’y a que des interprétations, et des interprétations d’interprétations, à perte de vue. Ainsi, on entend dire qu’il y a de la naïveté, lorsqu’on explique un texte, à vouloir atteindre ce que l’auteur a vraiment voulu dire. Car il n’existe en réalité aucun texte originel, à proprement parler, et encore moins un sens originel. Nietzsche ne pensait pas ainsi, mais il est certainement l’un des auteurs qui ont le plus contribué au développement de cette tendance. Selon lui, tout savoir est interprétation de l’être par un sujet vivant qui cherche à connaître. La vérité ne peut donc pas se maintenir comme étant quelque chose de solide et d’indépendant du sujet. Elle est toujours déjà interprétation. Dans sa théorie interprétative de la vérité, Nietzsche a exprimé ce doute profond, resté fiché comme un aiguillon au centre de la raison qui cherche la vérité. Il se heurta ainsi à une imite indépassable pour la conscience, et il vécut du même coup l’exigence existentielle d’aller au-delà.

Nous n’avons jamais la vérité clairement en face de nous, nous nous efforçons de la saisir telle qu’elle est, donc indépendamment de nous. Mais malgré tout, une relation essentielle persiste entre la vérité à connaître e celui qui la connaît. La qualité de ce rapport entre un sujet et la réalité qui lui est donnée est elle-même un élément constitutif de la vérité qu’il cherche. Par conséquent, toute interprétation se trouve être à la fois objective et subjective; il n’existe pas d’objectivité pure, que l’on trouverait en dehors du sujet et qui serait totalement indépendante de lui. Il ne peut s’agir que d’une objectivité médiatisée, imprégnée par la vie de celui qui l’énonce, et liée à sa subjectivité. Nous rencontrons ici à nouveau la subjectivité dont nous avons vu la signification qu’elle prenait chez Kierkegaard pour l’expérience religieuse. Mais ici, chez Nietzsche, il s’agit de la vérité philosophique elle-même, telle qu’il est possible de l’atteindre indépendamment de toute foi — ou plutôt : telle qu’il est à jamais impossible de l’atteindre.

Il ne faudrait pourtant pas croire que Nietzsche invoque la subjectivité pour être moins exigeant envers la vérité. Beaucoup de nos contemporains, trop paresseux ou trop engagés pour chercher vraiment la vérité objective, se réfèrent à Nietzsche pour avancer l’argument que l’accord du sujet suffit à constituer la vérité. Non. Si Nietzsche a développé cette théorie, c’est au contraire parce qu’il se faisait une idée bien plus exigeante et bien plus profonde de la vérité que ceux qui se contentent du donné objectif.

C’est donc par passion de la vérité que Nietzsche doit s’interroger: comment la vérité se constitue-t-elle? Comment pouvons-nous l’atteindre? Lorsqu’on s’engage sur ce chemin, on découvre qu’il est impossible d’en prendre tout à fait possession. Et nous retrouvons ainsi le thème du dépassement. La quête de la vérité est une tâche sans fin, elle exige une faim de vérité illimitée et insatiable, et la vérité elle-même vit dans l’acte de dépasser toute prétendue vérité.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Nietzsche, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 377-379.

Après Kierkegaard et Nietzsche

Dans un langage plus explicite, cela signifie : il n’est pas de pensée moderne qui puisse se dispenser de passer par le nihilisme ou par l’impossible philosophique. Impossible de s’installer à mi-chemin. Ces penseurs ne sont donc pas des modèles à suivre, mais des appels qu’il faut percevoir, ou plutôt, des exigences auxquelles il faut répondre. Et c’est pourquoi, après Kierkegaard, après Nietzsche, une certaine liberté — qui n’est pas seulement la faculté de prendre une décision, mais celle de connaître et de transcender — est absolument indispensable à la réflexion philosophique. On se rend, je crois, la tâche trop facile lorsqu’on consent, avec une certaine complaisance ou du moins une dose de paresse, à s’installer dans un pessimisme irrémédiable au sujet de notre monde occidental, déclaré vide de sens et de valeur. Ce qui permet d’y trouver une bonne place en se sentant supérieur à tout. Personne n’a réfléchi à cette situation avec plus de passion et de radicalité que Nietzsche et Kierkegaard, chacun à sa manière, et leur condamnation semble sans appel. Mais il est vain de la répéter. Ce qui est nécessaire, c’est de la comprendre, de la prendre au sérieux et d’aller au-delà ; de voir s’il est possible d’aller au-delà. Pour ancrer la liberté de l’homme par-delà les dénonciations, les mises à nu, de Kierkegaard et de Nietzsche, il faut pénétrer dans le nihilisme, le traverser et le dépasser.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Après Kierkegaard et Nietzsche, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 390-391.

Edmund Husserl (1859-1938)

Après Nietzsche et Kierkegaard, la pensée philosophique se développe selon trois directions principales. L’une de ces directions est la phénoménologie, dont l’initiateur a été le philosophe allemand Edmund Husserl. La seconde est la philosophie de l’existence ou existentialisme. Quant à la troisième, dont nous ne ferons qu’indiquer le début, elle n’est pas une philosophie à proprement parler, elle se divise et se subdivise, pour ainsi dire, selon les diverses sciences sociales et humaines.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 392.


D’abord il se bat contre la psychologie et l’introspection. Il ne veut en aucun cas et d’aucune manière être confondu avec ceux qui prétendent trouver le fondement de la certitude dans la description d’états de conscience intérieurs. Il souligne avec insistance — et selon nous, à juste titre — que les états psychiques que nous pouvons observer, par exemple à l’aide de l’introspection, sont des objets pour nous, tout autant que les objets du monde extérieur; ce sont, certes, des objets psychiques, mais néanmoins des objets. En cela il est encore fidèle à Kant, car pour Kant aussi, tout ce que nous pouvons décrire de notre conscience est déjà de la conscience objectivée. En tout cas, ce n’est pas a priori. Husserl ne veut pas être de ceux qui se contentent de descriptions introspectives du psychisme, et qui en viennent ainsi à se perdre dans le subjectivisme, c’est-à-dire dans une sorte d’empirisme. Et l’on en arrive bientôt, comme les empiristes anglais, à l’idéalisme. Pensons à Berkeley. Husserl ne veut rien avoir à faire avec une objectivation de la conscience, et d’une façon générale avec la psychologie. Ce qu’il cherche doit être immédiat et originel.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 395-396.


Sa devise bien connue « Allons aux choses mêmes ! » n’appelle nullement à un réalisme naïf. Elle signifie qu’il est indispensable de saisir l’essence de la conscience si l’on veut comprendre comment un « étant quel qu’il soit devient accessible à la conscience intentionnelle ».

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 398.


Ce qui subsiste alors sans être touché par la réduction phénoménologique, c’est la conscience, qui constitue en principe une région de l’être particulière, et qui peut devenir le domaine d’une science nouvelle — de la phénoménologie. Cette région de l’être, nous pouvons peut-être l’illustrer par une image. Prenons une feuille de papier. Sur l’une de ses faces se trouvent les phénomènes de l’expérience, sur l’autre face, ce qui se produit dans la conscience. Nous sommes enclins à prendre en considération l’une ou l’autre face du papier. Mais dans la méthode phénoménologique de Husserl, ce dont il s’agit c’est en quelque sorte ce qui se passe à l’intérieur de la feuille de papier, c’est-à-dire le donné même des phénomènes, l’activité de la conscience, grâce à laquelle ce donné est rendu possible.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 401.

Martin Heidegger (1889-1976)

Le rapport de Heidegger au langage est si particulier que ses « pensées fondamentales » ou sa « doctrine de base » ne peuvent être fidèlement reproduites que dans ses propres termes. Il a forgé tant de mots nouveaux, ou employé tant de mots anciens autrement que selon l’usage courant ou la tradition, qu’il est impossible de les faire comprendre brièvement. Les termes dont il se sert ne sont pas traduisibles par d’autres, ils ne se laissent en aucune façon séparer du mouvement philosophique qui s’accomplit à travers eux et en eux. Cette impossibilité me prouve à nouveau combien Heidegger était sur la défensive : ses pensées refusent de se laisser toucher sans leur cuirasse verbale. Au fond, ce n ‘est pas là une défensive philosophique (car un philosophe s’efforce toujours de dire encore une fois autrement ce qu’il a pensé), c’est une défensive poétique : c’est en effet une qualité fondamentale de toute poésie que d’être comme elle est et de ne pas pouvoir être autrement — elle ne se laisse ni traduire ni expliquer.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Martin Heidegger, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 410-411.


Heidegger fait donc une distinction entre « étant » et « être ». L’étant doit son être à l’être, et l’être n’est qu’en tant qu’étant. Et pourtant — c’est décisif — l’étant « dissimule » l’être. Prenons un exemple : voici un crayon sur la table ; il est en bois, il est jaune, avec une pointe dorée, et il écrit noir. Ce crayon est un étant, mais son être n’est pas en bois, il n’est ni jaune ni doré, et l’on ne peut pas se servir de son être pour écrire. D’autre part, son être n’est pas non plus quelque chose qui subsisterait si l’on retranchait le bois, la couleur jaune, la pointe dorée, l’écriture noire. L’être n’est pas « ce qui reste ». Il disparaîtrait lui-même avec toutes les qualités sensibles et avec l’utilité du crayon, et pourtant il est « quelque chose d’autre » que ces qualités et cette utilité. Dans ce sens, on peut dire que les qualités et l’utilité de l’étant dissimulent son être.

Il y a encore autre chose, selon Heidegger, qui contribue à dissimuler l’être de l’étant ou à l’obscurcir — en même temps que le sens de la question posée à son sujet —, c’est l’habitude, et surtout l’habitude « qui va sans dire », qui ne soulève aucun problème, qui consiste à se servir de l’étant conformément à son utilité — donc : le fonde de la technique tout entier, comme aussi celui des sciences exactes. Lorsqu’il s’adonne à de telles activités, ! sujet se perd dans l’anonymat du « on » impersonnel et devient incapable de poser authentiquement la question e l’être de l’étant.

Or, c’est seulement par la découverte du vrai sens de cette question primordiale qu’une quête de la vérité devient possible.

Pour expliquer le sens de la vérité, Heidegger a recours au mot grec aletheia : « ce qui n’est plus caché ». Il le traduit, entre autres, par le mot Entschleierung (« dévoilement ») et il entend par là le dévoilement de l’être. Pour lui, la vérité ne réside jamais dans une cohérence rationnelle, mais dans une « vision » de l’être qui, d’abord « dissimulé par les outils disponibles », se dévoile dans la question primordiale (Urfrage).

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Martin Heidegger, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 413.

Karl Jaspers (1883-1969)

Pendant les années les plus amères qu’il eut à vivre en Allemagne sous le national-socialisme, il trouva en lui- même — comme il le dit — assez de paix pour se plonger dans l’étude du problème en apparence le plus abstrait du monde : il essaya d’élucider le problème de la vérité et développa une Logique philosophique. Il examina les prémisses des méthodes générales de pensée, en se plaçant au point de vue et dans la perspective de la philosophie. Il s’agissait pour lui de comprendre, de manière à la fois plus claire et plus critique, ce qu’était la rationalité des sciences de la nature et, grâce à cette élucidation préalable, d’éclairer le rapport de cette rationalité avec la réflexion et la foi philosophiques. C’est ainsi qu’il mit en lumière ce qui constitue le paradoxe fondamental de la philosophie : dans la science, on a toujours un objet de recherche, mais en philosophie on n’en a pas. Pourquoi pas ? Ce que la philosophie cherche, au fond, c’est l’être même. Nous touchons ici à la racine kantienne de la pensée de Jaspers — et kantienne, elle l’est profondément. Pensons à la Subjekt-Objekt-Spaltung, à la scission sujet-objet. En science, cette scission règne partout, elle est claire : le chercheur étudie une réalité qui se trouve en face de lui, qui est pour lui objective. Mais la philosophie demande : qu’est-ce que l’être ? L’être n’est ni subjectif ni objectif, ou bien il est l’un et l’autre. Si j’essaie de penser une synthèse de sujet et d’objet —, je n’y arrive pas : le sujet est toujours ce que je suis et qui pense un objet, quel qu’il soit, et fut-il quelque chose dans ma propre conscience. La philosophie n’a pas d’objet ; elle est ce « penser » particulier, qui n’a pas d’objet. Son être « englobe » (umgreift) le sujet et l’objet ; il est, comme dit Jaspers, « un englobant » (ein Umgreifendes).

Mais quelle peut bien être la justification d’un « penser » qui n’a pas d’objet ? En science, on procède à la vérification des hypothèses; en logique, on examine la cohérence de la conduite de la preuve. Mais que peut-on faire en philosophie ?

Loin de nier le caractère précaire de la réflexion philosophique, Jaspers l’a mis fortement en lumière. Il le reconnaît : elle n’est, en effet, ni « contraignante » ni « généralement valable ». Elle est autre chose, et donc quelque chose de précaire. On peut toujours la « réfuter » parce qu’elle n’est pas « vraiment scientifique », parce que le philosophe ne peut jamais définitivement « prouver » ce qu’il affirme.

Mais alors, comment la philosophie a-t-elle pu se maintenir en vie au cours des millénaires ? Pour continuer à vivre, elle a besoin du consentement de l’élève. Cela n’implique nullement que l’élève doive penser la même chose que le maître ; mais il faut qu’il commence par consentir au mode de penser du maître, qui est un mode de penser philosophique. Ensuite il trouvera lui- même, par la pratique même de la philosophie, la justification existentielle de sa propre pensée.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Karl Jaspers, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 429-430.


Nous touchons ici à un caractère essentiel de la philosophie, et qui explique pourquoi certains philosophes ne comprennent rien à certains autres. Dans la mesure où la philosophie s’adresse à l’existence possible, c’est-à-dire à la liberté, il lui faut user d’un langage indirect, qu’un autre penseur comprend ou ne comprend pas. Ce sont des langages qu’on ne peut pas rendre objectivement homogènes ou comparer entre eux. Aux yeux de certains philosophes, c’est là une manière de se dérober à tout critère et de se réfugier dans un subjectivisme pur. Mais, à mon avis, c’est qu’ils se refusent simplement à voir la condition humaine telle qu’elle est, et non pas telle que Jaspers, ou la philosophie, l’aurait inventée. Lorsque l’être humain, en tant que possible liberté, cherche à éclairer l’existence, il ne dispose évidemment pas d’un langage direct, universellement valable, qui ne pourrait être qu’objectif. Aussi recourt-il à un langage indirect, dont la portée se mesure à son efficacité ; ce langage ne peut être ni technique ni objectif; il éveille la liberté en se faisant comprendre d’elle.

Le langage scientifique n’est universellement contraignant que lié à un point de vue, à une méthode, à un stade de la connaissance atteint au moment où il est utilisé. Ce qu’il énonce est donc contraignant pour tout esprit normal, mais de manière relative, alors que le langage qui éclaire l’existence n’est jamais universellement valable et contraignant, puisqu’il s’adresse à la liberté d’autrui — mais il se réfère à l’absolu.

Si donc on veut comprendre un certain philosophe, il est absurde de commencer par le refuser. Pour le comprendre, il faut d’abord consentir à penser avec lui, en lui < prêtant » sa propre liberté. Si cette liberté s’y refuse, on ne le comprendra jamais. Nous trouvons ainsi chez Jaspers deux pôles opposés, celui de la validité contraignante, mais relative, et l’autre, où s’éclaire l’absolu. La relativité se trouve du côté de la validité universelle, l’absolu du côté de l’éclairement, qui ne contraint jamais personne.

Tels sont les deux pôles de cette philosophie. Mais alors une question se pose : pourquoi constatons-nous que, tout au long de l’histoire de la philosophie, les philosophes n’ont cessé d’argumenter et d’enchaîner les déductions logiques ? Ils se sont toujours efforcés d’éviter les contradictions, d’avancer des démonstrations cohérentes et bien liées — et Kant plus que quiconque. Mais si l’on examine ces raisonnements de plus près, on découvre que, par-delà leur validité contraignante, ils possèdent une efficacité différente, par laquelle ils modifient l’esprit de celui qui les lit. Souvenons-nous : nous avons vu, à propos de Platon, que lorsque nous lisons un de ses dialogues, nous ne sommes plus les mêmes, à la fin de notre lecture, que ceux que nous étions au commencement.

La philosophie est un domaine étrange. Elle argumente en cherchant des points d’appui dans l’objectivité et la rationalité, et pourtant elle s’attend à être comprise, justement à travers cette argumentation, par une possible liberté, par une existence qui « mime » sa démarche afin de saisir en elle-même ou de devenir quelque chose de plus essentiel que cette démarche même.

Je suis convaincu qu’elle ne peut pas renoncer à ce double aspect, justement parce qu’il correspond à la situation qui est celle de l’homme. Quand l’homme cherche le vrai, c’est le vrai absolu qu’il cherche ; mais chercher le vrai absolu implique, pour l’homme, prendre appui sur l’objectivité et la rationalité — et reconnaître en même temps que les conditions en sont prisonnières de la scission sujet-objet, ce qui signifie que l’être ne saurait se laisser réduire à une connaissance de cette sorte.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Karl Jaspers, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 439-441.

La philosophie aujourd’hui

En même temps, des théories se répandent, selon lesquelles les problèmes fondamentaux de la philosophia perennis ne sont pas du tout de véritables problèmes : ils ne se posent qu’à cause du langage, par suite de formulations diverses, et il suffirait de les énoncer autrement pour les voir s’évanouir.

Cette évolution ne concerne pas seulement les problèmes de la philosophie. Ce que les hommes tenaient jusqu’ici pour le monde qui leur était « donné » a perdu sa réalité. Il n’y a plus que des interprétations ou des conventions concernant cet univers, qui découlent de langues naturelles diverses, ou alors des langues artificielles créées par les sciences. Par-delà l’expression verbale il n’y a pas de réalité, et par conséquent les « problèmes » ont cessé de se poser.

Ces sciences humaines et sociales procèdent comme les termites dans le bois : elles vident la philosophie par l’intérieur et réduisent en poudre ses mises en question et ses recherches du sens. Elles ne proposent pas de solutions à ses problèmes, elles les dissolvent, en dissolvant la réalité, l’être même. La possibilité de poser la question disparaît, avec le sens pour la vérité.

Les causes en sont aussi nombreuses que diverses. L’une d’entre elles me paraît évidente : plus une civilisation est évoluée, plus la langue et les langages spécialisés y prennent de l’importance. Dans notre société occidentale, l’« homme cultivé » vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La philosophie aujourd’hui, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 457.


Wow ! Quel bouquin ! Je distingue nettement mieux LA philosophie DES philosophies à la suite de ma lecture de L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch. Je demeure avant tout un adepte de LA philosophie comme mode de pensée, premier pas pour un mode de vie. Je m’attarde plus spécifiquement à la philosophie de la connaissance, aux « Comment nous pensons ? », « Comment nous prenons conscience ? », « Comment nous visons la connaissance ? », etc.

J’aime plus particulièrement l’épistémologie lorsqu’elle se demande « Qu’est-ce que la connaissance et le connu ? » ou simplement « Qu’est-ce que la connaissance ? » À lecture de L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch, je constate que ces questions et bien d’autres sur la connaissance et son acquisition par l’homme a passionné et passionnent encore presque tous les philosophes, chacun ayant sa propre idée sur les réponses à apporter.


ÉPISTÉMOLOGIE

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Le Robert – Dico en ligne


C’est quoi une étude épistémologique ?

Partie de la philosophie qui a pour objet l’étude critique des postulats, conclusions et méthodes d’une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique (cf. philosophie* des sciences, empirisme* logique).

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales


Bref, je me questionne sur la pensée philosophique elle-même. Dans le livre L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch, je trouve de nombreuses pistes de réflexion sur la pensée philosophique, qu’il soit question d’esthétique, d’éthique, de logique, de métaphysique, de morale, d’ontologie,de théologie, etc.

À mon humble avis, la connaissance de la connaissance en notre conscience avec la prise de recul nécessaire s’impose comme le premier pas du philosophe. Comment JE connais ?


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre L’étonnement philosophique :
Une histoire de la philosophie de Jeanne Hersch paru chez Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216) en 1993.

J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

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