Article #126 – Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche, Phantasia, Volume 14, 2024

Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche

Phantasia, Volume 14 – 2024

Dirigé par Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis et Nicolas Quérini


PRÉSENTATION DE LA REVUE

Phantasia est une revue scientifique à comité de lecture international, annuelle et trilingue (français, anglais, allemand). Elle publie exclusivement en ligne et ses publications sont toutes en accès libre.

À l’instar du Centre Prospéro – Langage, image et connaissance (UCLouvain Saint-Louis – Bruxelles) dont elle émane, la revue Phantasia est de nature interdisciplinaire. Ainsi, la philosophie spéculative, l’histoire de la philosophie, l’anthropologie philosophique, la théorie de la littérature, l’histoire de la littérature, la littérature comparée, la psychanalyse, les études théâtrales ou encore les études cinématographiques sont conviées.

Les différentes démarches scientifiques doivent être sous-tendues par une même préoccupation : une attention spécifique à l’imagination sous toutes ses formes, rigoureusement articulée à des problématiques et des thèmes aussi variés que la conscience, la perception, l’affectivité, la corporéité, la représentation, l’image, l’expérience esthétique, le langage, la textualité, l’écriture, le politique, le social, le droit, l’histoire, la culture ou la connaissance en général. Les articles publiés enrichissent de manière précise notre compréhension de l’imagination et de ses productions sans amoindrir sa complexité, autrement dit en mettant en évidence son rapport de proximité et de distance avec ses « autres », réels ou supposés. Les publications ne sont pas liées à une école, à un auteur ou à un courant de pensée en particulier. Il ne s’agit pas ici de constituer naïvement un énième paradigme pour la pensée, d’autant que les positions les plus critiques à l’égard des pouvoirs présumés de l’imagination sont aussi les bienvenues dans la revue. Bien plutôt s’agit-il de rendre « opératoire » le thème spécifique de l’imagination et de l’image dans leurs rapports multiples avec tous les champs de l’expérience et de la pensée, afin de le rendre porteur et de lui donner un lieu privilégié d’exposition.

La revue publie principalement des articles de recherche, mais peut également publier des traductions ou encore des recensions d’ouvrages. Tous les articles soumis à la revue sont anonymisés et évalués selon le principe du « double aveugle » par des membres du comité scientifique international. Le comité de rédaction se réserve toutefois le droit de faire évaluer certains articles par un ou des experts extérieurs au comité scientifique international lorsqu’il le juge nécessaire. De même, une troisième expertise peut être demandée s’il y a lieu. 

Source : Phantasia.


Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini

Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche Introduction

Pour illustrer l’intention qui a présidé à l’élaboration du présent numéro, nous pouvons commencer par mettre en parallèle trois déclarations philosophiques aux accents étonnamment similaires. En 1841, dans un essai intitulé Self‑Reliance, le philosophe américain Ralph Waldo Emerson défend une forme radicale d’anticonformisme : « Il y a un moment dans l’éducation de tout homme où il arrive à la conviction que l’envie est ignorance ; que l’imitation est suicide ; qu’il doit se prendre lui‑même, pour le meilleur et pour le pire, comme le lot qui lui est dévolu ; que même si le bien abonde dans l’univers, aucun grain de blé nourrissant ne peut lui venir d’ailleurs que du labeur consacré au lopin de terre qu’il a reçu en culture »1. En 1859, le philosophe anglais John Stuart Mill affirme dans On Liberty, contre les conceptions conservatrices qui lui paraissent encore prédominantes dans la société victorienne : « Si l’on considérait le libre développement de l’individualité comme l’un des principes essentiels du bien-être, si on le voyait non pas comme accessoire coordonné à tout ce qu’on désigne par civilisation, instruction, éducation, culture, mais comme un élément et une condition nécessaires de toutes ces choses, il n’y aurait pas de danger que la liberté fût sous‑estimée, et il n’y aurait pas de difficulté extraordinaire à tracer la frontière entre elle et le contrôle social »2. Enfin, en 1878, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche esquisse, dans Humain, trop humain, une réflexion sur le talent individuel qui lui est inspirée par un vers célèbre de Pindare : « Chacun possède du talent inné, mais peu possèdent, inné et cultivé par l’éducation, le degré de ténacité, d’endurance, d’énergie qui fait qu’il deviendra vraiment un talent, donc deviendra ce qu’il est »3.

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Benedetta Zavatta

Becoming Who You Are Nietzsche Reads Emerson

Le thème du caractère et de la formation du caractère chez Nietzsche est probablement celui sur lequel l’influence de sa lecture d’Emerson est la plus sensible. Cet auteur agit pour Nietzsche comme un contrepoids à l’influence de Schopenhauer. Alors que Schopenhauer prêche une doctrine du caractère immuable, Emerson considère la personnalité individuelle comme impliquée dans un processus de développement continu, visant et s’efforçant toujours d’atteindre des degrés de puissance de plus en plus élevés. Nietzsche partage ce modèle et le fait sien, tout en se distançant d’Emerson pour un certain nombre de raisons importantes.

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Patrick Wotling

Évite de te connaître toi-même ! Ce que signifie la formule « comment on devient ce qu’on est » chez Nietzsche.

En quel sens Nietzsche entend-il exactement la formule bien connue « comment on devient ce qu’on est », qu’il emprunte à Pindare et reprend sous des formes variées tout au long de son œuvre ? Ce, d’autant plus que son identification à la mise en évidence d’une identité cachée, profonde et authentique est parfaitement intenable. Au contraire, nous sommes toujours plusieurs, souligne Nietzsche. On établira donc que devenir ce que l’on est désigne une réorganisation pulsionnelle menée (ou que l’on échoue à mener) selon la logique de l’intensification de puissance.

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Typhaine Morille

« « Donner du style » à son caractère » Ce que l’on doit apprendre d’Emerson selon Nietzsche

De ses études à Leipzig à ses tout derniers écrits, Nietzsche semble entretenir des affinités électives et comme une correspondance continue et secrète avec Emerson, qu’il désigne comme son « frère dans l’âme ». Ne se dit-il pas d’ailleurs « chez lui et dans [sa] propre maison » chez Emerson, à tel point que toute son œuvre résonne des innombrables échos de cette voix gémellaire ? Mais ces reprises étonnantes impliquent-elles réellement une filiation intellectuelle entre les deux penseurs ? Emerson a-t-il été un éducateur pour celui qui le jugeait « mal éduqué », ou bien la troublante familiarité des textes ne relève-t-elle pas d’une de ces énigmes que Nietzsche se targue d’adresser au lecteur ? De quelle manière le pourfendeur du sujet a-t-il pu apprendre du défenseur du caractère ? Et dans quelle mesure le chantre américain de la nature participe-t-il de cette réforme de la culture européenne que Nietzsche s’assigne pour tâche ? Notre étude se donne pour objectif d’examiner le rôle d’Emerson dans la formation de la pensée nietzschéenne, et ce en un double sens : formation de la pensée de Nietzsche, et formation de la pensée par Nietzsche. Elle s’attachera à préciser le statut « d’homme préparatoire » qu’occupe Emerson pour Nietzsche et ce que ce dernier se propose d’apprendre de celui qu’il considère surtout comme un artiste.

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Avrile Poignant-Le Goff

Devenir soi dans la troisième Inactuelle De l’éducateur à l’éducation de soi

Cet article se propose d’étudier en quoi la problématique du devenir soi, telle qu’elle émerge dans Schopenhauer éducateur, s’avère redevable de la figure de l’éducateur que Nietzsche y élabore. L’éducateur apparaît paradoxalement moins comme l’instigateur d’une formation de l’individu que comme le type d’homme dont l’éduqué lui-même doit assurer l’émergence future, en se mettant au service de la culture. La notion d’éducation de soi constitue alors le concept clé à partir duquel comprendre la vocation pédagogique nietzschéenne, en réponse au contexte de crise de l’éducation allemande : il lui faut s’éduquer lui-même pour pouvoir devenir à son tour éducateur.

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Camille Dejardin

L’individualisme contre l’individualité ? Mill et Nietzsche face au tournant anthropologique de l’ère démocratique

ous deux lecteurs de Humboldt et de Tocqueville, également animés du souci proto-sociologique et même « physiologique » de scruter les interactions liant l’épanouissement de chaque individu et la bonne santé du corps social, John Stuart Mill et Friedrich Nietzsche partagent, à quelques décennies de distance, un diagnostic inquiet sur la mutation qui s’achève sous leurs yeux : le passage de ce que Louis Dumont a appelé le schème holiste au schème individualiste sous l’espèce de la démocratie, non comme forme institutionnelle mais comme nouvelle condition humaine marquée par l’égalisation. De fait, l’anthropologie démocratique consacrant l’individu comme fondement de la souveraineté et comme dépositaire de droits inaliénables se déploie pour la première fois sous le signe de l’égalité, à la fois juridique et représentationnelle, à la fois principe politique et « passion » psychologique. Pourtant, au moment où il se voit ainsi sacré, l’individu semble dissous. Atomisé, nivelé, déchu de toute perspective de grandeur ou de distinction (sinon purement matérielle), il se voit réduit à un ectoplasme juridique et économique. La réalisation voire la fortification de l’individualité sont-elles encore possibles ? Un individualisme de l’individualité est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? Si oui, à quelles conditions ? Peut-on envisager une politique de l’individualité ? De Mill à Nietzsche, le regard critique se fait de plus en plus radical et subversif, et aussi plus incompatible avec le maintien de la démocratie.

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Aurélie Knüfer

Le genre de l’individualité chez Harriet Taylor et John Stuart Mill

L’article propose une nouvelle généalogie de l’« individualité », notion centrale de l’ouvrage De la Liberté (1859), généralement attribué à John Stuart Mill. Il met en évidence le rôle majeur joué par Harriet Taylor dans l’élaboration de cette notion, et partant dans celle du texte dont elle est en réalité la co-autrice. Il montre que la philosophe conduit, dès le début des années 1830, une réflexion approfondie sur la formation du caractère et le perfectionnement de soi. Tandis que chez Mill, à la même époque, l’individualité est comprise comme le devoir-être de certaines « natures supérieures », principalement de genre masculin, elle constitue d’emblée pour Taylor une exigence épicène impliquant le développement de l’esprit comme celui des plaisirs sensibles et sexuels. Ainsi, c’est précisément grâce à son analyse de l’expérience douloureuse et propre aux femmes de privation d’individualité que Taylor réussit à formuler des propositions puissantes, novatrices et à la portée universelle sur l’éducation et la culture de soi.

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Quentin Landenne

La formation du savant, entre solitude de la pensée et communauté de recherche Les discours à l’Université d’Emerson, Mill et Nietzsche

Cet article propose une lecture parallèle de trois grands textes du XIXe siècle portant sur les missions de l’université et la place que doit y occuper le savant comme individu singulier : The American Scholar donné par R. W. Emerson à Harvard en 1837, le discours inaugural de J. S. Mill à l’Université Saint Andrews en 1867, et les conférences de F. Nietzsche à l’Université de Bâle Über die Zukunft unserer Bildungsanstalten, de 1872. L’objectif de cette comparaison est de mettre en évidence des analogies et des différences éclairantes, en leur adressant une série de questions communes : celle, d’abord, de leur définition de l’idéal éducatif ou culturel, en écho au concept idéaliste allemand de Bildung ; celle ensuite de leur critique des mutations de l’université, comme symptômes majeurs de la crise moderne de la culture ; celle, enfin, de la caractérisation du « savant », de sa destination et de sa formation de soi, en tant qu’il est un individu à la fois voué à une exigence existentielle de solitude, mais aussi appelé à inventer de nouvelles formes de communautés culturelles et intellectuelles, en réponse à la crise de l’institution universitaire.

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Nicolas Quérini

Un devoir d’être soi Emerson, Mill et Nietzsche

Dans le § 25 du premier tome d’Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d’une morale universelle qu’il attribue à Kant. S’il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu’il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu’elle diffère d’un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu’une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l’histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d’un véritable devoir d’être soi-même ? D’autant plus dans le sillage d’une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d’analyser ce devoir si singulier qui nous commande d’être, de développer ou de devenir ce soi-même et de voir comment se construit une forme de morale alternative au kantisme à partir de là. Nous verrons ainsi qu’Emerson pense un devoir d’être soi qui, s’il ne fait fi de la morale kantienne, pense l’individu en dehors de la norme commune. Avec son utilitarisme, Mill dessine une autre forme de morale, plus susceptible de faire coïncider devoir de se développer et progrès de l’humanité tout entière. Enfin, Nietzsche balaie complètement la morale kantienne pour penser un devoir de devenir soi absolument antinomique de celle-ci et dont le premier geste constitue une condition.

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Nicolas Quérini & Camille Dejardin

Les pratiques autobiographiques de Friedrich Nietzsche et de John Stuart Mill Une lecture comparée

Nietzsche et Mill ont en commun d’avoir écrit une autobiographie dans laquelle ils retracent les jalons de l’émergence de leur philosophie mais aussi de leur personnalité. Toutefois, s’il s’agit, selon les termes de Nietzsche, de dévoiler « comment on devient ce qu’on est », on peut se demander quelle fin est poursuivie à travers cette démarche. En effet, influencés par le romantisme, les deux auteurs insistent sur l’absolue individualité des personnalités véritables, qui s’avèrent dès lors inimitables. Que peut donc tirer le public d’une telle lecture ? Notre propos consiste à inscrire la pratique autobiographique telle qu’elle se décline chez Nietzsche et Mill dans la tradition de ce que Pierre Hadot appelait « exercices spirituels » et Michel Foucault « techniques de soi ». Dans cette perspective, la (re)construction du soi par la pratique autobiographique peut malgré tout constituer une forme de discours édifiant, à même de conduire les lecteurs non pas à imiter le parcours de l’auteur mais à vouloir mener une existence à la hauteur de celle qui se donne à voir au fil des pages. En ce sens, si l’exemplarité nietzschéenne est exemplarité d’une déviance, d’une façon de se montrer singulier, elle est davantage dans le cas de Mill illustration d’une vertu qui cherche à se rendre désirable pour autrui.

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Claude Romano

« Deviens ce que tu es » Pindare, Nietzsche, Heidegger

Ce texte se propose un double objectif : 1) avancer une interprétation du célèbre vers de la deuxième Pythique de Pindare, genoi’ oios essi mathôn, en le replaçant dans le contexte de la célébration de la sagesse du souverain de Syracuse, Hiéron Ier, qui conjoint les exploits aux Jeux pythiques et olympiques et une conscience aiguë des limites de l’humain qui lui attire les bienfaits des dieux, et où la question n’est pas de « devenir soi-même », avec les accents individualistes qui s’attachent pour nous à cette expression, que de se montrer digne de ses exploits et de sa lignée, et donc conforme à ce qu’il est vraiment ; 2) examiner par quel jeu de déplacements et de transpositions cette formule a pu être traduite par Nietzsche, d’abord, par Heidegger, ensuite, par un « Deviens ce que tu es » dont l’accentuation est toute différente. Cette étude constitue ainsi une apostille à l’archéologie de l’idéal contemporain d’authenticité personnelle que l’auteur a développée dans Être soi-même (Gallimard, 2019).

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John Stuart Mill

Autobiographie Extraits choisis

Parce que cette œuvre importante, méritant de constituer un classique selon nous, demeure assez peu connue du public philosophe francophone1, nous avons tenu à traduire ici un certain nombre d’extraits de l’Autobiographie de John Stuart Mill qui nous ont paru significatifs, en particulier vis-à-vis de la thématique de ce volume : le devenir soi, la formation du caractère, autrement dit la Bildung, idéal humboldtien auquel Mill se réfère ici comme dans plusieurs de ses œuvres, et qui tient chez lui tant à l’éducation si particulière et exigeante qu’il reçut qu’aux événements remarquables qui ponctuèrent sa vie. Nous avons ainsi sélectionné des extraits parmi les plus éloquents à nos yeux, en particulier en ce qui concerne le self-development et son ouvrage De la liberté, dans lequel il déploie ce concept.

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John Stuart Mill

Discours inaugural prononcé à l’Université de St Andrews Extraits choisis

De 1865 à 1868, John Stuart Mill exerça deux fonctions institutionnelles majeures : député à la Chambre des Communes pour la circonscription de Westminster – mandat au cours duquel il mit aux voix pour la première fois au Parlement britannique, bien que sans succès, un amendement levant l’interdiction de voter pesant sur les femmes – et « Lord Rector » à l’Université de Saint Andrews, l’une des quatre universités écossaises historiques avec Glasgow, Aberdeen et Édimbourg. Cette fonction de « Recteur », instituée en 1858, est alors moins administrative qu’honorifique et intellectuelle : correspondant au troisième plus haut degré d’autorité d’une université après le Chancelier et le Principal, elle est plus éminemment symbolique dans la mesure où le Recteur est élu par le cortège des étudiants qui placent en sa personne, pour ainsi dire, la mission de représenter leurs aspirations et de les guider dans leur formation. Le Recteur est ainsi réputé orienter l’esprit général de l’enseignement dispensé pendant sa mandature de trois ans, et est notamment chargé de prononcer en ce sens un discours solennel appelé Allocution inaugurale ou Discours inaugural (Inaugural Address). En l’occurrence, ce Discours inaugural à l’Université de Saint Andrews a été prononcé par John Stuart Mill un an et demi après sa prise officielle de fonction, le 1er février 1867. Ce fut l’occasion pour lui d’exposer sa conception de l’éducation et plus particulièrement des fonctions légitimes de l’enseignement universitaire. Selon lui, celui-ci ne doit pas destiner les jeunes gens à un quelconque emploi spécialisé, mais les doter d’une « tournure d’esprit » les disposant à une multiplicité de spécialisations possibles et, surtout, à la compréhension la plus vaste des enjeux de leur temps, lesquels ne peuvent s’appréhender sans la connaissance du passé et la maîtrise fine de la langue et des raisonnements.

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Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Article # 97

J’AI LU POUR VOUS

François Châtelet

Une histoire de la raison

Entretiens avec Émile Noël

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François Châtelet

Une histoire de la raison

Entretiens avec Émile Noël

Une série d’émissions diffusées sur France Culture avec les archives de L’Ina.

Langue : Français

Éditeur : ÉDITIONS DU SEUIL (JUIN 1992)

Collection : Points. Sciences

Catégories : Essais / Philosophie/ Métaphysique

Nombre de pages : 228 pages

Format : Poche

EAN : 9782757849873

ISBN : 9782020177450


Texte en quatrième de couverture

Une histoire de la raison

Composante essentielle de la civilisation occidentale, la rationalité imprègne si bien tous nos modes de pensée que l’on en viendrait presque à oublier qu’elle a une histoire. À l’heure du triomphe de la raison technicienne, François Châtelet nous invite à une passionnante remontée aux sources. De Socrate à Platon, de Galilée à Machiavel et de Nietzsche à Freud, il retrace «l’invention de la raison», marque les grandes étapes de la pensée philosophique et montre — avec sa simplicité coutumière et un rare talent de conteur — comment se sont tissés d’indissolubles liens entre la liberté et la raison, même si cette dernière, conclut l’auteur, n’a pas encore atteint «l’âge de raison».

* * *

FRANÇOIS CHÂTELET (1925-1985)

Philosophe, cofondateur du département de philosophie de l’université de Vincennes et du Collège international de philosophie, il eut toujours le souci d’unir sa pensée et son action dans un combat d’homme engagé dans son siècle.


TABLE DES MATIÈRES

La philosophie en partage, par J.-T. Desanti

Présentation, par Émile Noël

  1. L’invention de la raison
  2. La raison et la réalité
  3. La science de la nature
  4. La politique
  5. Kant, penseur de la modernité
  6. L’histoire
  7. Raison et société
  8. L’avenir

Bibliographie de François Châtelet

Bibliographie générale


EXTRAIT


AU SUJET DE L’AUTEUR

François Châtelet

(1925 – 1985)

François Châtelet, 25 août 2020, CocaB0x (Wikipédia)
François Châtelet, 25 août 2020, CocaB0x (Wikipédia)

langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgMichel François Jacques Châtelet, né le 27 avril 1925 à Paris et mort le 26 décembre 1985 à Garches1,2, est un historien de la philosophie, philosophe politique et penseur de l’histoire français.

Biographie

Il devient agrégé de philosophie en 19482 et docteur ès lettres en 19612. Il participe alors au groupe L’Étincelle, aux côtés notamment d’Henri Lefebvre, Anatole Kopp et Yves Cachin, en rupture avec le PCF3.

En 1960, il signe le Manifeste des 121, déclaration sur le « droit à l’insoumission » dans le contexte de la guerre d’Algérie4.

Il est, avec Michel Foucault et Gilles Deleuze, à l’origine du département de philosophie du Centre universitaire expérimental de Vincennes dite « université de Vincennes », future université Paris-VIII, le cofondateur du Collège international de philosophie et professeur à l’Institut supérieur des carrières artistiques (ICART)5. Châtelet était aussi professeur avec Jean-Pierre Vernant à l’université de São Paulo6 en 1971. Dans Une histoire de la raison, il reconnaît le rôle qu’a eu la philosophie dans la constitution de la rationalité occidentale moderne. Son Platon est un protreptique à la pensée du célèbre philosophe grec7.

Il a également été maître de conférences à l’École polytechnique où il a assuré un séminaire de philosophie8.

___________________________

  1. Relevé des fichiers de l’Insee [archive]
  2. Notice d’autorité personne [archive] sur le site du catalogue général de la BnF
  3. René Gallissot, « CHÂTELET François [CHÂTELET Michel, François, Jacques] [archive] », sur Le Maitron, (consulté le )
  4. « Manifeste des 121 « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » (6 septembre 1960) [archive] », sur Le Maitron (consulté le )
  5. Roger Pol-Droit, « Le philosophe dans la cité », Le Monde,‎ (lire en ligne [archive])
  6. Official Webpage of the Faculty of Philosophy (University of São Paulo) [archive] (pt)
  7. Maurice Nédoncelle, « François Chatelet, Platon, (Collections Idées) 1965 ; Jules Chaix-Rut, La pensée de Platon, (Collection Pour connaître) 1966 [compte-rendu] », Revue des sciences religieuses,‎ , p. 260-261 (lire en ligne [archive])
  8. « François Châtelet philosophe populaire [archive] », sur LeMonde.fr, (consulté le ).

Source : François Châtelet, Wikipédia


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François Châtelet sur Radio France

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François Châtelet – Une histoire de la raison

François Châtelet était philosophe, au sens premier du mot : chez lui l’acte était inséparable du désir de transmettre. De Platon à Galilée, de Machiavel à Marx et Freud, il montre comment la pensée occidentale a peu à peu tissé d’indissolubles liens entre la raison et la liberté.

Voir aussi

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La philosophie de François Châtelet par Alain Vergnioux – Cairn.info

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François Châtelet sur le Dictionnaire Maitron – Mouvement social – Mouvement ouvrier

Notice CHÂTELET François [CHÂTELET Michel, François, Jacques] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 juillet 2022.


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Mon rapport de lecture

François Châtelet

UNE HISTOIRE DE LA RAISON

Entretiens avec Émile Noël


Ce livre est une transcription d’une série de causeries diffusées sur France Culture et disponibles en ligne.

Le philosophe François Châtelet se confie à Émile Noël.


Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.


Chapitre 1 – L’invention de la raison

Le premier chapitre attire aussi mon attention avec son titre : « 1. L’invention de la raison ». Jusque-là, je tenais pour acquis que la raison est innée à chaque homme.

Émile Noël

(…) L’essentiel de notre philosophie occidentale, européenne, ne tient-il pas dans cette progression vers la rationalité.

D’abord, la raison est-elle inhérente à la pensée ou bien a-t-elle été « inventée » ? L’humanité a-t-elle fait apparaître, à un moment de son histoire, un genre culturel inconnu jusque-là, dont le principe serait la pensée rationnelle et définirait ce qu’on appelle la philosophie ?

François Châtelet

Je crois qu’on peut parler d’une invention de la raison. Et pour comprendre comment la philosophie a pu surgir comme genre culturel nouveau, je choisirai de me référer à une situation privilégiée : la Grèce classique. Ce n’est pas que je pense que toute philosophie soit grecque. Mais il est clair que la Grèce a connu, pour des raisons contingentes, historiques, des événements tels que des hommes ont pu faire apparaître ce genre original qui n’avait pas d’équivalent à l’époque. Il s’est imposé dans un débat avec d’autres genres culturels qui cherchaient, eux aussi, la prééminence. Et il se trouve que, pour d’autres raisons contingentes — on verra comment par la suite — il a connu un succès étonnant.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.17-18.

Le philosophe François Châtelet croit que l’on peut parler d’une « invention de la raison », ce qui me surprend. Elle ne serait donc pas innée à chaque homme dès sa naissance. Puis, il associe la philosophie à un « genre culturel », ce qui me surprend de nouveau. La philosophie ne serait donc pas né dans un genre culturel propice à son émergence mais elle serait elle-même un genre culturel.

François Châtelet

(…) C’est particulièrement vrai pour Athènes, où des hommes vont inventer ce qu’on appellera la « démocratie ». À l’époque, la démocratie se définit essentiellement par l’égalité. Tous les citoyens, quels qu’ils soient, quelques soient leur fortune, leur origine, l’ancienneté de leur famille, tous sont égaux devant la loi. Ils ont le même droit d’intervenir devant les tribunaux et à prendre la parole dans les assemblées où l’on délibère du destin collectif.

Émile Noël

On image l’impact d’un tel changement sur la culture traditionnelle.

François Châtelet

En effet, en démocratie la parole devient reine. Jusqu’alors les décisions étaient en général prises dans le secret par les aristocrates. Les familles nobles délibéraient et annonçaient au public la décision prise pour l’ensemble de la collectivité. Dans les cités traditionnelles, l’éducation était surtout morale et militaire. On accordait peu de prix à la parole. On parle peu et, quand on parle, on récite les vieux poèmes traditionnels qui glorifient les origines mystérieuses de la ville. Dans la cité démocratique la parole va s’imposer et celui qui la maîtrise va dominer.

(…)

(…) Ce développement de la parole va entraîner la naissance de techniques particulières, qu’on appellera plus tard la « rhétorique ». Pour avoir une chance dans une pareille cité, il faut savoir parler, savoir convaincre. Comme il est arrivé maintes fois dans d’autres civilisations, l’apparition d’une tekhnê engendre la naissance d’une profession. La démocratie athénienne a besoin d’instituteurs, des gens capables d’apprendre aux autres à bien parler, à manier habillement les arguments de façon à convaincre soit dans les tribunaux, qui traitent des affaires privées, soit dans les assemblées, qui traitent des affaires publiques. Savoir convaincre que telle proposition est meilleure que telle autre devient capital.

Platon — qui vient un peu après, à la fin du siècle (Ve siècle avant notre ère) — nous parle des instituteurs de la démocratie. Il les appelle, d’un terme qui a pris, à cause de lui, une nuance péjorative, des « sophistes ».

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.19-20.

P.S.: La parenthèse est de nous. Les mots mis en caractères gras équivalent aux mots en italique dans le texte (les citation s’affichant déjà en italique dans WordPress).

Je note avec intérêt le lien direct entre la démocratie naissante engendrant le besoin de maîtrise de la parole, entraînant lui-même un besoin d’instituteurs alors incarnés par les sophistes.

Émile Noël

Il est vrai pour nous, aujourd’hui, cela (sophiste) désigne plutôt un personnage de mauvais aloi qui utilise des arguties douteuses pour éviter de traiter sérieusement des problèmes.

François Châtelet

En fait, « étymologiquement », « sophiste » veut simplement dire « intellectuel qui sait parler », qui a la maîtrise du langage. (…) Ce sont des gens au langage sonore, dit Platon, qui s’installent à Athènes, ouvrent des écoles d’éloquence qui sont en même temps — j’insiste sur ce fait — des écoles de politique. Donc, après la deuxième guerre médique, lorsqu’on est à peu près tranquille du côté des Barbares, Athènes devient une cité puissante qui se constitue un empire et renforce son régime démocratique.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.20-21.

P.S.: Les parenthèses sont de nous et en référence au texte.

Le philosophe François Châtelet, au détour d’une phrase, soutient que la raison est « une manière de construire la sagesse » :

François Châtelet

(…) Mais les Grecs ont inventé ce que j’ai appelé le logos, ou la raison, une manière de construire la sagesse. Il y en a d’autres. Il n’y a aucun privilège du côté des Grecs, simplement le fait que, pour des raisons historiques, cette conception de la sagesse née de la philosophie stricto sensu a influé de manière décisive sur la conception de la science qui, par la suite, a eu des effets considérables dans la transformation de l’humanité. (…)

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 39.

P.S.: Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

À la conclusion de ce premier chapitre, Émile Noël relance François Châtelet au sujet de la philosophie et de la recherche de vérité

Émile Noël

J’ai retenu aussi que, dans la recherche de la vérité, ni l’opinion de la majorité ni les discours d’autorité de la compétence ne sont les garants satisfaisants. Ainsi, le chemin de la vérité serait exclusivement réservé à la philosophie.

François Châtelet

Oui. C’est l’ambition philosophique qui, à certains égards, peut paraître folle. Freud n’hésitait à dire que le philosophe est un paranoïaque, un homme aux ambitions démesurées. L’ambition de Platon, c’est pourtant bien celle-là. Il constate que la démocratie se trompe, que les hommes de métier se trompent tout autant. Aux démocrates, il emprunte l’idée de la majorité en la développant d’une manière extrême. De la majorité il fait l’universalité. À l’idée de compétence il emprunte la technique du dialogue et, réunissant ces deux aspects, il prétend pouvoir instituer une manière de compétence universelle, qui serait la compétence de la raison. C’est en ce sens que j’ai dit, dans une parenthèse que j’ai voulue inquiétant — et je suis content que cette affirmation vous ait inquiété —, qu’au fond le philosophe prend une responsabilité énorme lorsqu’il dit : Je vais construire un discours universel capable de juger tous les autres discours et, par conséquent, toutes les conduites — un discours qui rend sage. Je vais déterminer qui est fou et qui est criminel. C’est à la fois une position excessive et une responsabilité exorbitante.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 42.

Platon, de « l’idée de la majorité » à celle de « l’universalité », puis de « l’idée de compétence » à celle de « la technique du dialogue », « prétend pouvoir instituer une manière de compétence universelle, qui serait la compétence de la raison ».

À mon humble avis, pour autant que la raison soit elle-même universelle, c’est-à-dire présente en tout homme, il m’apparaît possible d’en déduire la capacité d’une compétence universelle, soit que tout homme peut acquérir s’il la développe. La raison doit donc être douée de compétences et ces dernières ne tombent pas du ciel comme par hasard.

Aussi, dans ce contexte, il légitime de se demander si j’ai toutes les compétences requises pour me donner raison.


LA COMPÉTENCE PHILOSOPHIQUE

Publications de Gilbert Boss

Apparemment, ce n’est plus d’hommes savants, ou performants ou habiles, que notre société a besoin, mais de personnes compétentes. Étant donné que, comme le savoir, la compétence n’est pas innée, elle doit être acquise par une formation adéquate. Certes, il arrive que l’expérience contribue au développement des compétences ; toutefois, pour l’essentiel, il exige une éducation, qui chez nous se donne principalement dans les écoles. Celles-ci sont donc poussées à viser dorénavant, au lieu de l’enseignement des savoirs, la formation des compétences. Or ce changement n’a pas lieu sans résistances de la part des enseignants, dont beaucoup tiennent à leur fonction traditionnelle et demeurent viscéralement attachés à la transmission des savoirs. On peut d’ailleurs comprendre leur sentiment que le savoir est plus noble, lié à la culture de l’esprit pour lui-même, tandis que la compétence place l’usage de nos facultés dans la dépendance d’objectifs étrangers à cette pure culture, le plus souvent d’ordre économique. Mais en quoi consiste la différence entre l’apprentissage des savoirs et celui des compétences ?

Lire la suite : BOSS, Gilbert, Québec, 2011.


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Platon, défenseur du «Renouveau pédagogique»? par Éric Lapointe, Professeur au Département de philosophie du collège François-Xavier-Garneau, Le Devoir, 14 févr. 2015.


Émile Noël

La philosophie emprunte à la compétence cette idée que le discours va devenir l’instrument de la transparence et de la vérité, par la vertu dialectique du logos — je vous cite. Cette dialecticité est-elle une invention de Socrate ou de Platon ? Dans les Dialogues de Platon, c’est Socrate que le dit, mais c’est Platon qui écrit les Dialogues.

François Châtelet

Je dirais que Platon formalise cette idée. Il invente d’ailleurs, à ma connaissance, l’adjectif dialektikos. Jusqu’alors il n’y avait que le verbe dialekestaï, « discuter dans un dialogue ». En inventant l’adjectif, il lui confère une contenu technique. Mais je pense que cela correspond à l’enseignement essentiellement pratique de Socrate. Plus généralement, c’est la cité qui invente la dialectique, cette cité démocratique qui parle, qui discute qui s’interroge, qui échange des idées. Je crois, en fin de compte, que les grands penseurs ne font que formaliser ce que les peuples inventent.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 43.

P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.


Chapitre 2 – La raison et la réalité

Le philosophe François Châtelet s’arrête à « l’invention de l’hypothèse des Idées par Platon ».

François Châtelet

Pour que les choses soient claires, il est nécessaire de rappeler dans quelles condition Platon a été amené à construire cette hypothèse. Il constate que les hommes sont malheureux. Ils sont malheureux parce qu’ils souffrent, par qu’ils commettent l’injustice et qu’ils la subissent. Il constate aussi — il croit constater — qu’aucun des remèdes proposés empiriquement ne permet de dépasser cette situation. Alors, il décide, lui, d’inventer le remède par excellence. Ce sera le discours universel. Entendons par là un ensemble d’énoncés cohérent, bien composé, légitimé à chaque étape de son développement, tel que tout individu de bonne foi soit obligé, par la rectitude de ce discours, de s’y soumettre. Ce discours vise à répondre aux grandes comme aux petites que les hommes se posent. (…)

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 45-46.

À la question « Alors, en quoi consiste l’hypothèse des Idées ? », le philosophe François Châtelet répond :

François Châtelet

En ceci : qu’il existe quelque part, dans un autre monde — qui n’est pas ce monde-ci, qui ne se donne pas à la sensibilité, c’est-à-dire à la perception, visuelle, auditive ou olfactive —, des triangles qui possèdent une réalité. À première vue, l’hypothèse paraît aberrante. Platon soutient pourtant avec beaucoup de fermeté que, si l’on ne fait pas l’hypothèse que cet autre monde existe, alors il faut se résoudre au malheur. Il faut accepter de commettre l’injustice ou de la subir, il faut accepter la finitude de l’homme, la mort en particulier. La pensée philosophique s’élabore, en quelque sorte, à partir de ce pari.

(…)

Il propose avec l’hypothèse des Idées, que ce discours qui a recueilli l’adhésion de tout un chacun soit étayé, ponctué, affirmé par la reconnaissance du fait qu’il y a une autre réalité que cette réalité apparente. Le monde des Idées, réalité essentielle, demeure immuable alors que les apparences ne cessent de changer, en proie au devenir – nous dirons maintenant : au flux de la temporalité. Les mondes des Idées, par essence, est stable et transparent. Au triangle en image, dessiné sur le sable, au triangle convenu pour amorcer une discussion doit correspondre, en fin de compte, un triangle essentiel, toujours le même, véritable objet de ce discours universel. Cette hypothèse à été contrebattue, vivement, par des philosophes, Nietzsche, par exemple, sera très sévère et appellera les partisans des Idées les « hallucinés de l’arrière-monde ». Donc, je ne dis pas que toute philosophie est platonicienne. je dis que le point de départ de toute philosophie est la reconnaissance de la nécessité de ce détour par ce monde stable, construit antithétiquement du monde des apparence. Les monde des apparences est confus, le monde des Idées est transparent. Dans le monde des apparences, les diverses séquences se chevauchent, de telle sorte que l’on ne sait mais où l’on en est. La monde des Idées est, comme le monde mathématique, constitué d’essences qui entretiennent l’une avec les autres des rapports clairs. Descartes développera par la suite l’idée de la clarté et de l’intelligibilité intégrale de cet univers du philosophe.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 48-51.

Qu’un homme, Platon, au Ve siècle avant notre ère, émette une telle hypothèse pour en appeler à l’universalité comme remède aux malheurs des hommes étonne et émerveille. Comme on dit, « il fallait y penser ». Il nous faut chercher dans le concept, dans l’idée même de chose existante, un appui stable, au-delà de son apparence.

François Châtelet

(…) Il faut supposer que l’homme possède, en même temps qu’un corps plongé dans les apparences, un esprit capable, à travers la construction du discours, de saisir des Idées, ou essences. Ainsi, on comprend pourquoi la philosophie se fait pédagogie. « Pédagogie », étymologiquement, c’est le chemin qu’on offre aux enfants, la route qu’on leur désigne en les prenant par la main pour les conduire de l’ignorance jusqu’à la connaissance. La philosophie est pédagogique dans la mesure où elle considère les hommes restés rivés aux apparences, que ne croient qu’à ce qu’ils perçoivent avec leurs sens, comme des enfants. Elle s’assigne de les délivrer de ces passions qui les condamnent à l’injustice et au malheur. Le philosophe va alors proposer un cours des études, un cursus studiorum, pour permettre à ces hommes enfants de devenir enfin des hommes adultes, sachant enfin ce qu’il en est de l’être.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 53.

P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.

Cette question des « hommes restés rivés aux apparences, que ne croient qu’à ce qu’ils perçoivent avec leurs sens, comme des enfants » demeure d’une étonnante actualité aujourd’hui comme hier et probablement dans le futur. Pénétrer dans l’être n’est donc pas une chose innée et naturelle pour l’homme.

François Châtelet

(…) Avant d’en venir à Aristote, je voudrais encore définir un autre terme qui fait peur ou suscite l’hilarité de ceux qui se moquent de la philosophie. C’est le mot « être ». On se moque volontiers de la formule : « La philosophie, c’est la science de l’être en tant qu’être. » On dit : Qu’est-ce que ce charabia ? En fait, c’est très simple. L’être — cela apparaît très clairement dans la pensée grecque originaire —est ce sur quoi on peut s’appuyer pour essayer de vivre comme il convient à un homme digne de ce nom. L’être, c’est, comme on dirait maintenant, ce qui est fiable, ce qui nous donne des indications pour acquérir le savoir indispensable afin de se conduire selon la justice, dans l’intérêt général, toutes règles qui apportent une satisfaction durable. Ce n’est donc pas un mot mystérieux. C’est ce qui existe vraiment, ce qui soutient les apparences qui flottent au-dessus. L’erreur commune consiste à ne pas réfléchir suffisamment à ce sur quoi on peut sérieusement s’appuyer.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 58.

Le triangle dessiné sur le sable possède des apparences mais son « être triangle » relève du monde universel des Idées. C’est parce que j’ai en mon esprit la mémoire de l’être d’un triangle que je peux en reconnaître un dans ses apparences perceptibles par mes sens, c’est-à-dire reconnaissable dans le monde sensible. Toute chose « est » avant d’apparaître à nos sens. Si les apparences varient d’un triangle à l’autre (triangle isocèle, triangle équilatéral, triangle scalène, triangle obtusangle ou ambligone, triangle rectangle, Triangle acutangle ou oxygone), l’être, lui, demeure le même; il est stable.

François Châtelet

Pour expliquer l’apport essentiel d’Aristote, le mieux est encore de se référer au couple essence/apparence. Chez Platon, il y a une coupure absolue entre l’arrière-monde seulement sensible à l’esprit de celui-ci, dans lequel nous vivons. C’est cette rupture qui rend nécessaire une éducation longue et violente, permettant seule de passer de l’un à l’autre. Aristote pense que ce n’est pas ainsi qu’il faut présenter les choses si l’on veut que la philosophie soit active. Je n’entre pas dans le détail de la vision du monde qu’Aristote développe : sa cosmologie, sa théorie des quatre causes, sa métaphysique et sa logique. Tel n’est pas mon propos ici, où je me limite à la définition du discours philosophique. Je m’en tiens donc au rapport entre l’essence et l’apparence. Le philosophe aristotélicien part de cette idée qu’il faut prendre l’apprenti philosophe comme il est, dans le monde sensible auquel il croit, qui développe à son propos des opinions et construit ses certitudes à partir de ses expériences. Il n’est nullement question, au départ, de lui montrer qu’il se trompe nécessairement. Ainsi, on commence en lui faisant confiance. C’est ce qu’on a appelé l’«empirisme aristotélicien ». L’empirisme est la doctrine selon laquelle la connaissance commence obligatoirement par l’expérience. À cet égard, Aristote est d’accord avec la pensée populaire : pour apprendre, il faut expérimenter. Mais c’est à ce niveau qu’intervient le jeu aristotélicien. On va demander à celui qui, ayant fait des expériences, les formule dans un certain discours et construit à leur propos conceptions ou théories, de cherche à savoir exactement ce qu’il veut dire. Aristote ne procède pas comme Socrate, qui se livre à une critique féroce ; il insiste simplement que celui qui parler de manière univoque, pour que son discours ne soit pas double, comme il arrive couramment. En particulier, Aristote demande à celui qui intervient dans une discussion, politique, technique ou autre, de se conformer à une règle très simple : lorsqu’au début d’une démonstration on a donné un sens à un mot, il faut lui conserver ce sens jusqu’à la fin de la démonstration. Puis Aristote complique sa tâche : il montre que, puisque le discours courant est ambigu, il faut se conformer, pour être clair et convaincant, à des formes normales du discours. Toute cette partie de la pensée d’Aristote est comprise dans un certains nombre de traités, qu’on appelle les Topiques, le topos étant le lieu commun à partir de quoi on peut trouver des formulations convaincantes.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 58-59.

P.S.: Le caractère gras est de nous.

Aristote s’oppose à Socrate dans ses relations interpersonnelles. Alors que l’approche de Socrate bouscule son interlocuteur, le bombarde de question et le pousse dans ses derniers retranchements, Aristote fait preuve d’un grand respect de la personne, comme quoi le philosophe consultant se doit d’être psychologue avec son client.

François Châtelet : « Le philosophe aristotélicien part de cette idée qu’il faut prendre l’apprenti philosophe comme il est, dans le monde sensible auquel il croit, qui développe à son propos des opinions et construit ses certitudes à partir de ses expériences. Il n’est nullement question, au départ, de lui montrer qu’il se trompe nécessairement. Ainsi, on commence en lui faisant confiance. »

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 58.

Le philosophe consultant éprouvant un sentiment de supériorité face à ses clients prendra ces derniers de haut et lui manquera de respect. Le philosophe consultant doit être pédagogue à l’instar de Socrate.

Ensuite, il (Socrate) montre que si le discours ainsi formaté est convaincant, alors il doit corresponde à l’expérience de l’autre. L’adhésion est non seulement le signe que le discours est bien construit, mais c’est aussi le preuve que celui qui le reçoit s’en trouve convaincu et voit les choses comme l’émetteur du discours. Aristote en infère donc — toujours avec des raisonnements que nous appellerions aujourd’hui des raisonnements de bon sens — que cet accord qui s’établit autour d’un discours bien réglé correspond à un accord concernant la chose dont on parle et non pas l’Idée, l’essence, de l’arrières-monde. Il s’agit bien pour lui de la chose que nous avons actuellement sous les yeux, à laquelle chacun peut de référer, la chose que l’on peut désigner du doigt. Alors que Platon proposait ce programme fou de montrer ce qui, par définition, ne peut pas apparaître, Aristote met la philosophie à la portée de tous les citoyens puisque chacun peut juger de la validité de ce discours en se référant à son expérience coutumière.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 59-60.

Cette approche d’Aristote change profondément « l’essence ».

Émile Noël

Alors l’essence devient autre chose. Ce n’est plus cette réalité transparente qui se trouve ailleurs. On la trouve dans la chose elle-même. Elle est le noyau commun que chacun peut repérer pourvu qu’il sache exprimer son expérience selon les formes normales d’un discours bien réglé, bien construit.

François Châtelet

La philosophie médiévale, qui a beaucoup réfléchi sur ces questions, avait coutume d’opposer la philosophie de Platon et celle d’Aristote de la manière suivante :

  • Pour Platon, le cheval que je vois est un cheval purement apparent ; le vrai existe dans le monde des Idées. L’Idée du cheval est seulement sensible à l’œil de l’âme et ce cheval que je vois se contente de l’imiter maladroitement.
  • Pour Aristote, l’essence du cheval se trouve dans chacun des chevaux sensibles ; chaque cheval que je peux possède en lui l’essence de ce que j’appellerai la « cabaléité », ou essence de la « chevalité ».

Bref, Aristote fait cette opération qui va devenir celle du travail philosophique : introduire une constante circulation entre l’essence et l’apparence. L’essence n’est pas une réalité au-delà, l’essence est essence de l’apparence comme l’apparence est apparence de l’essence. Essayons de faire comprendre les choses encore un peu mieux. Pour désigner le mot « essence », Aristote se sert de deux mots : le mot tiesti, qui veut dire « ce que c’est », et un mot un peu plus compliqué, mais très joli — je ne résiste pas au plaisir de l’analyser —, le tau ti en ênai , expression mystérieuse que l’on a au Moyen Age traduite pas Quid dite – mais ne sombrons pas leurs complications. Tau ti ênai veut dire : « ce qu’une chose à l’habitude d’être ».  L’essence est donc, dans une réalité sensible quelconque, ce qui est permanent, ce qui ne change pas, ce qui subsiste quels que soient les accidents. Ainsi de l’homme : il y en a des grands et des petits, des gros et des maigres, qui s’appellent Socrate ou Calias, courent vite ou lentement, sont riches ou pauvres… Je peux multiplier les accidents, cela restera l’homme. Mais je ne pourrai jamais dire que l’essence de l’homme est d’être petit ou riche, non plus que c’est d’avoir deux jambes, parce que les oiseaux aussi ont deux jambes. Sans faire une preuve exhaustive de ce que pourrait être l’homme, constatons que, en toute certitude, il n’y a que lui qui prononce des phrases, des séquences de phrases qui aient une signification. C’est l’être qui parle, qui parle pour dire quelque chose. Certes, les animaux crient, les animaux signalent, mais ils ne parlent pas, ils n’ont pas échanges symboliques. Et Aristote dit : l’essence de l’homme est de posséder la parole signifiante, ce que nous avons rencontré sous le terme de logos, ce noyau signifiant. Les médiévaux traduiront cela par : l’homme est un animal raisonnable.

CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 60-61.

P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.


Je pourrais ici poursuivre avec vous mon rapport de lecture en citant encore et encore le livre Une histoire de la raison du philosophe François Châtelet tant j’en ai souligné des passages et des pages. Mais je vous laisse découvrir tous les chapitres sur Radio France – France Culture accessibles gratuitement. Le livre Une histoire de la raison est une transcription de cette série d’émission.

J’ai compris à la lecture de ce livre que la philosophie, en fin de compte, nous offre des idées et des hypothèses dont l’entendement dans leur contexte respectif construit les pensées et les actes des hommes et ainsi leur vision du monde (idéal) dans lequel ils cherchent la vie bonne. Une histoire de la raison, c’est une histoire des différentes prises de conscience de l’Homme à travers les âges, comme un curriculum vitae de la philosophie.

Personnellement, je préfère observer les différents philosophies que de prendre partie pour l’une ou pour l’autre. Il s’agit à la fois d’une observation contemplative et active, contemplative parce qu’ouverte à des étonnements, active parce qu’ouverte à des prises de conscience. Je donne à ma raison toute la liberté qu’elle demande pour me guider. Je n’ai donc pas besoin d’avoir raison mais plutôt de découvrir et de comprendre. J’aime quand la philosophie m’étonne et me pousse à des prises de recul car c’est en ces occasions que je vois et que je comprends mieux.

« La raison n’a pas atteint l’âge de raison. L’atteindra-t-elle jamais ? Cela dépend de l’homme et de lui seul » conclut le philosophe François Châtelet dans Une histoire de la raison.


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J’accorde 5 étoiles sur 5 au livre UNE HISTOIRE DE LA RAISON paru en 1992 sous la plume du philosophe FRANÇOIS CHÂTELET.

Je vous en recommande fortement la lecture !


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

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