Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche
Phantasia, Volume 14 – 2024
Dirigé par Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis et Nicolas Quérini
PRÉSENTATION DE LA REVUE
Phantasia est une revue scientifique à comité de lecture international, annuelle et trilingue (français, anglais, allemand). Elle publie exclusivement en ligne et ses publications sont toutes en accès libre.
À l’instar du Centre Prospéro – Langage, image et connaissance (UCLouvain Saint-Louis – Bruxelles) dont elle émane, la revue Phantasia est de nature interdisciplinaire. Ainsi, la philosophie spéculative, l’histoire de la philosophie, l’anthropologie philosophique, la théorie de la littérature, l’histoire de la littérature, la littérature comparée, la psychanalyse, les études théâtrales ou encore les études cinématographiques sont conviées.
Les différentes démarches scientifiques doivent être sous-tendues par une même préoccupation : une attention spécifique à l’imagination sous toutes ses formes, rigoureusement articulée à des problématiques et des thèmes aussi variés que la conscience, la perception, l’affectivité, la corporéité, la représentation, l’image, l’expérience esthétique, le langage, la textualité, l’écriture, le politique, le social, le droit, l’histoire, la culture ou la connaissance en général. Les articles publiés enrichissent de manière précise notre compréhension de l’imagination et de ses productions sans amoindrir sa complexité, autrement dit en mettant en évidence son rapport de proximité et de distance avec ses « autres », réels ou supposés. Les publications ne sont pas liées à une école, à un auteur ou à un courant de pensée en particulier. Il ne s’agit pas ici de constituer naïvement un énième paradigme pour la pensée, d’autant que les positions les plus critiques à l’égard des pouvoirs présumés de l’imagination sont aussi les bienvenues dans la revue. Bien plutôt s’agit-il de rendre « opératoire » le thème spécifique de l’imagination et de l’image dans leurs rapports multiples avec tous les champs de l’expérience et de la pensée, afin de le rendre porteur et de lui donner un lieu privilégié d’exposition.
La revue publie principalement des articles de recherche, mais peut également publier des traductions ou encore des recensions d’ouvrages. Tous les articles soumis à la revue sont anonymisés et évalués selon le principe du « double aveugle » par des membres du comité scientifique international. Le comité de rédaction se réserve toutefois le droit de faire évaluer certains articles par un ou des experts extérieurs au comité scientifique international lorsqu’il le juge nécessaire. De même, une troisième expertise peut être demandée s’il y a lieu.
Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini
Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche Introduction
Pour illustrer l’intention qui a présidé à l’élaboration du présent numéro, nous pouvons commencer par mettre en parallèle trois déclarations philosophiques aux accents étonnamment similaires. En 1841, dans un essai intitulé Self‑Reliance, le philosophe américain Ralph Waldo Emerson défend une forme radicale d’anticonformisme : « Il y a un moment dans l’éducation de tout homme où il arrive à la conviction que l’envie est ignorance ; que l’imitation est suicide ; qu’il doit se prendre lui‑même, pour le meilleur et pour le pire, comme le lot qui lui est dévolu ; que même si le bien abonde dans l’univers, aucun grain de blé nourrissant ne peut lui venir d’ailleurs que du labeur consacré au lopin de terre qu’il a reçu en culture »1. En 1859, le philosophe anglais John Stuart Mill affirme dans On Liberty, contre les conceptions conservatrices qui lui paraissent encore prédominantes dans la société victorienne : « Si l’on considérait le libre développement de l’individualité comme l’un des principes essentiels du bien-être, si on le voyait non pas comme accessoire coordonné à tout ce qu’on désigne par civilisation, instruction, éducation, culture, mais comme un élément et une condition nécessaires de toutes ces choses, il n’y aurait pas de danger que la liberté fût sous‑estimée, et il n’y aurait pas de difficulté extraordinaire à tracer la frontière entre elle et le contrôle social »2. Enfin, en 1878, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche esquisse, dans Humain, trop humain, une réflexion sur le talent individuel qui lui est inspirée par un vers célèbre de Pindare : « Chacun possède du talent inné, mais peu possèdent, inné et cultivé par l’éducation, le degré de ténacité, d’endurance, d’énergie qui fait qu’il deviendra vraiment un talent, donc deviendra ce qu’il est »3.
Le thème du caractère et de la formation du caractère chez Nietzsche est probablement celui sur lequel l’influence de sa lecture d’Emerson est la plus sensible. Cet auteur agit pour Nietzsche comme un contrepoids à l’influence de Schopenhauer. Alors que Schopenhauer prêche une doctrine du caractère immuable, Emerson considère la personnalité individuelle comme impliquée dans un processus de développement continu, visant et s’efforçant toujours d’atteindre des degrés de puissance de plus en plus élevés. Nietzsche partage ce modèle et le fait sien, tout en se distançant d’Emerson pour un certain nombre de raisons importantes.
Évite de te connaître toi-même ! Ce que signifie la formule « comment on devient ce qu’on est » chez Nietzsche.
En quel sens Nietzsche entend-il exactement la formule bien connue « comment on devient ce qu’on est », qu’il emprunte à Pindare et reprend sous des formes variées tout au long de son œuvre ? Ce, d’autant plus que son identification à la mise en évidence d’une identité cachée, profonde et authentique est parfaitement intenable. Au contraire, nous sommes toujours plusieurs, souligne Nietzsche. On établira donc que devenir ce que l’on est désigne une réorganisation pulsionnelle menée (ou que l’on échoue à mener) selon la logique de l’intensification de puissance.
« « Donner du style » à son caractère » Ce que l’on doit apprendre d’Emerson selon Nietzsche
De ses études à Leipzig à ses tout derniers écrits, Nietzsche semble entretenir des affinités électives et comme une correspondance continue et secrète avec Emerson, qu’il désigne comme son « frère dans l’âme ». Ne se dit-il pas d’ailleurs « chez lui et dans [sa] propre maison » chez Emerson, à tel point que toute son œuvre résonne des innombrables échos de cette voix gémellaire ? Mais ces reprises étonnantes impliquent-elles réellement une filiation intellectuelle entre les deux penseurs ? Emerson a-t-il été un éducateur pour celui qui le jugeait « mal éduqué », ou bien la troublante familiarité des textes ne relève-t-elle pas d’une de ces énigmes que Nietzsche se targue d’adresser au lecteur ? De quelle manière le pourfendeur du sujet a-t-il pu apprendre du défenseur du caractère ? Et dans quelle mesure le chantre américain de la nature participe-t-il de cette réforme de la culture européenne que Nietzsche s’assigne pour tâche ? Notre étude se donne pour objectif d’examiner le rôle d’Emerson dans la formation de la pensée nietzschéenne, et ce en un double sens : formation de la pensée de Nietzsche, et formation de la pensée par Nietzsche. Elle s’attachera à préciser le statut « d’homme préparatoire » qu’occupe Emerson pour Nietzsche et ce que ce dernier se propose d’apprendre de celui qu’il considère surtout comme un artiste.
Devenir soi dans la troisième Inactuelle De l’éducateur à l’éducation de soi
Cet article se propose d’étudier en quoi la problématique du devenir soi, telle qu’elle émerge dans Schopenhauer éducateur, s’avère redevable de la figure de l’éducateur que Nietzsche y élabore. L’éducateur apparaît paradoxalement moins comme l’instigateur d’une formation de l’individu que comme le type d’homme dont l’éduqué lui-même doit assurer l’émergence future, en se mettant au service de la culture. La notion d’éducation de soi constitue alors le concept clé à partir duquel comprendre la vocation pédagogique nietzschéenne, en réponse au contexte de crise de l’éducation allemande : il lui faut s’éduquer lui-même pour pouvoir devenir à son tour éducateur.
L’individualisme contre l’individualité ? Mill et Nietzsche face au tournant anthropologique de l’ère démocratique
ous deux lecteurs de Humboldt et de Tocqueville, également animés du souci proto-sociologique et même « physiologique » de scruter les interactions liant l’épanouissement de chaque individu et la bonne santé du corps social, John Stuart Mill et Friedrich Nietzsche partagent, à quelques décennies de distance, un diagnostic inquiet sur la mutation qui s’achève sous leurs yeux : le passage de ce que Louis Dumont a appelé le schème holiste au schème individualiste sous l’espèce de la démocratie, non comme forme institutionnelle mais comme nouvelle condition humaine marquée par l’égalisation. De fait, l’anthropologie démocratique consacrant l’individu comme fondement de la souveraineté et comme dépositaire de droits inaliénables se déploie pour la première fois sous le signe de l’égalité, à la fois juridique et représentationnelle, à la fois principe politique et « passion » psychologique. Pourtant, au moment où il se voit ainsi sacré, l’individu semble dissous. Atomisé, nivelé, déchu de toute perspective de grandeur ou de distinction (sinon purement matérielle), il se voit réduit à un ectoplasme juridique et économique. La réalisation voire la fortification de l’individualité sont-elles encore possibles ? Un individualisme de l’individualité est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? Si oui, à quelles conditions ? Peut-on envisager une politique de l’individualité ? De Mill à Nietzsche, le regard critique se fait de plus en plus radical et subversif, et aussi plus incompatible avec le maintien de la démocratie.
Le genre de l’individualité chez Harriet Taylor et John Stuart Mill
L’article propose une nouvelle généalogie de l’« individualité », notion centrale de l’ouvrage De la Liberté (1859), généralement attribué à John Stuart Mill. Il met en évidence le rôle majeur joué par Harriet Taylor dans l’élaboration de cette notion, et partant dans celle du texte dont elle est en réalité la co-autrice. Il montre que la philosophe conduit, dès le début des années 1830, une réflexion approfondie sur la formation du caractère et le perfectionnement de soi. Tandis que chez Mill, à la même époque, l’individualité est comprise comme le devoir-être de certaines « natures supérieures », principalement de genre masculin, elle constitue d’emblée pour Taylor une exigence épicène impliquant le développement de l’esprit comme celui des plaisirs sensibles et sexuels. Ainsi, c’est précisément grâce à son analyse de l’expérience douloureuse et propre aux femmes de privation d’individualité que Taylor réussit à formuler des propositions puissantes, novatrices et à la portée universelle sur l’éducation et la culture de soi.
La formation du savant, entre solitude de la pensée et communauté de recherche Les discours à l’Université d’Emerson, Mill et Nietzsche
Cet article propose une lecture parallèle de trois grands textes du XIXe siècle portant sur les missions de l’université et la place que doit y occuper le savant comme individu singulier : The American Scholar donné par R. W. Emerson à Harvard en 1837, le discours inaugural de J. S. Mill à l’Université Saint Andrews en 1867, et les conférences de F. Nietzsche à l’Université de Bâle Über die Zukunft unserer Bildungsanstalten, de 1872. L’objectif de cette comparaison est de mettre en évidence des analogies et des différences éclairantes, en leur adressant une série de questions communes : celle, d’abord, de leur définition de l’idéal éducatif ou culturel, en écho au concept idéaliste allemand de Bildung ; celle ensuite de leur critique des mutations de l’université, comme symptômes majeurs de la crise moderne de la culture ; celle, enfin, de la caractérisation du « savant », de sa destination et de sa formation de soi, en tant qu’il est un individu à la fois voué à une exigence existentielle de solitude, mais aussi appelé à inventer de nouvelles formes de communautés culturelles et intellectuelles, en réponse à la crise de l’institution universitaire.
Dans le § 25 du premier tome d’Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d’une morale universelle qu’il attribue à Kant. S’il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu’il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu’elle diffère d’un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu’une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l’histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d’un véritable devoir d’être soi-même ? D’autant plus dans le sillage d’une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d’analyser ce devoir si singulier qui nous commande d’être, de développer ou de devenir ce soi-même et de voir comment se construit une forme de morale alternative au kantisme à partir de là. Nous verrons ainsi qu’Emerson pense un devoir d’être soi qui, s’il ne fait fi de la morale kantienne, pense l’individu en dehors de la norme commune. Avec son utilitarisme, Mill dessine une autre forme de morale, plus susceptible de faire coïncider devoir de se développer et progrès de l’humanité tout entière. Enfin, Nietzsche balaie complètement la morale kantienne pour penser un devoir de devenir soi absolument antinomique de celle-ci et dont le premier geste constitue une condition.
Les pratiques autobiographiques de Friedrich Nietzsche et de John Stuart Mill Une lecture comparée
Nietzsche et Mill ont en commun d’avoir écrit une autobiographie dans laquelle ils retracent les jalons de l’émergence de leur philosophie mais aussi de leur personnalité. Toutefois, s’il s’agit, selon les termes de Nietzsche, de dévoiler « comment on devient ce qu’on est », on peut se demander quelle fin est poursuivie à travers cette démarche. En effet, influencés par le romantisme, les deux auteurs insistent sur l’absolue individualité des personnalités véritables, qui s’avèrent dès lors inimitables. Que peut donc tirer le public d’une telle lecture ? Notre propos consiste à inscrire la pratique autobiographique telle qu’elle se décline chez Nietzsche et Mill dans la tradition de ce que Pierre Hadot appelait « exercices spirituels » et Michel Foucault « techniques de soi ». Dans cette perspective, la (re)construction du soi par la pratique autobiographique peut malgré tout constituer une forme de discours édifiant, à même de conduire les lecteurs non pas à imiter le parcours de l’auteur mais à vouloir mener une existence à la hauteur de celle qui se donne à voir au fil des pages. En ce sens, si l’exemplarité nietzschéenne est exemplarité d’une déviance, d’une façon de se montrer singulier, elle est davantage dans le cas de Mill illustration d’une vertu qui cherche à se rendre désirable pour autrui.
« Deviens ce que tu es » Pindare, Nietzsche, Heidegger
Ce texte se propose un double objectif : 1) avancer une interprétation du célèbre vers de la deuxième Pythique de Pindare, genoi’ oios essi mathôn, en le replaçant dans le contexte de la célébration de la sagesse du souverain de Syracuse, Hiéron Ier, qui conjoint les exploits aux Jeux pythiques et olympiques et une conscience aiguë des limites de l’humain qui lui attire les bienfaits des dieux, et où la question n’est pas de « devenir soi-même », avec les accents individualistes qui s’attachent pour nous à cette expression, que de se montrer digne de ses exploits et de sa lignée, et donc conforme à ce qu’il est vraiment ; 2) examiner par quel jeu de déplacements et de transpositions cette formule a pu être traduite par Nietzsche, d’abord, par Heidegger, ensuite, par un « Deviens ce que tu es » dont l’accentuation est toute différente. Cette étude constitue ainsi une apostille à l’archéologie de l’idéal contemporain d’authenticité personnelle que l’auteur a développée dans Être soi-même (Gallimard, 2019).
Parce que cette œuvre importante, méritant de constituer un classique selon nous, demeure assez peu connue du public philosophe francophone1, nous avons tenu à traduire ici un certain nombre d’extraits de l’Autobiographie de John Stuart Mill qui nous ont paru significatifs, en particulier vis-à-vis de la thématique de ce volume : le devenir soi, la formation du caractère, autrement dit la Bildung, idéal humboldtien auquel Mill se réfère ici comme dans plusieurs de ses œuvres, et qui tient chez lui tant à l’éducation si particulière et exigeante qu’il reçut qu’aux événements remarquables qui ponctuèrent sa vie. Nous avons ainsi sélectionné des extraits parmi les plus éloquents à nos yeux, en particulier en ce qui concerne le self-development et son ouvrage De la liberté, dans lequel il déploie ce concept.
Discours inaugural prononcé à l’Université de St Andrews Extraits choisis
De 1865 à 1868, John Stuart Mill exerça deux fonctions institutionnelles majeures : député à la Chambre des Communes pour la circonscription de Westminster – mandat au cours duquel il mit aux voix pour la première fois au Parlement britannique, bien que sans succès, un amendement levant l’interdiction de voter pesant sur les femmes – et « Lord Rector » à l’Université de Saint Andrews, l’une des quatre universités écossaises historiques avec Glasgow, Aberdeen et Édimbourg. Cette fonction de « Recteur », instituée en 1858, est alors moins administrative qu’honorifique et intellectuelle : correspondant au troisième plus haut degré d’autorité d’une université après le Chancelier et le Principal, elle est plus éminemment symbolique dans la mesure où le Recteur est élu par le cortège des étudiants qui placent en sa personne, pour ainsi dire, la mission de représenter leurs aspirations et de les guider dans leur formation. Le Recteur est ainsi réputé orienter l’esprit général de l’enseignement dispensé pendant sa mandature de trois ans, et est notamment chargé de prononcer en ce sens un discours solennel appelé Allocution inaugurale ou Discours inaugural (Inaugural Address). En l’occurrence, ce Discours inaugural à l’Université de Saint Andrews a été prononcé par John Stuart Mill un an et demi après sa prise officielle de fonction, le 1er février 1867. Ce fut l’occasion pour lui d’exposer sa conception de l’éducation et plus particulièrement des fonctions légitimes de l’enseignement universitaire. Selon lui, celui-ci ne doit pas destiner les jeunes gens à un quelconque emploi spécialisé, mais les doter d’une « tournure d’esprit » les disposant à une multiplicité de spécialisations possibles et, surtout, à la compréhension la plus vaste des enjeux de leur temps, lesquels ne peuvent s’appréhender sans la connaissance du passé et la maîtrise fine de la langue et des raisonnements.
Dans cette nouvelle section, je traite des livres qui m’apparaissent essentiel au développement de l’esprit critique, la toute première étape pour aborder la philosophie comme mode de vie.
Je bâtie les articles « LES ESSENTIELS » en suivant la même structure que mes « RAPPORTS DE LECTURE » soit un référencement exhaustif du livre suivi de mon commentaire.
Voici un livre clair, net et précis pour ajouter la philosophie à notre vie de tous les jours
Réfléchir pour mourir moins cave
35 questions philosophiques à se mettre sous la dent
Louis Dugal
Enseignant de philosophie au collège de Rosemont et secrétaire du Comité d’éthique du Réseau de soins palliatifs du Québec
Réfléchir pour mourir moins cave
35 questions philosophiques à se mettre sous la dent
Louis Dugal
Enseignant de philosophie au collège de Rosemont et secrétaire du Comité d’éthique du Réseau de soins palliatifs du Québec
Les éditions La Bagnole
Support : Format papier
Mesure : 23.53 cm (Hauteur), 17.74 cm (Largeur), 524 gr (Poids)
Nombre de page : 148 pages
Date de sortie : 11 avril 2024
ISBN : 13 9782897148669
TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE
À quoi ça sert de connaître des choses ?
Pourquoi les vieux n’écoutent pas la jeune génération ?
Est-on obligé d’aimer sa famille ?
Est-ce responsable d’avoir des enfants dans le monde actuel ?
Pourquoi est-on incapable de réagir face aux changements climatiques ?
Devenez un pro de l’argumentation et jetez un éclairage philosophique sur 35 sujets vous concernant directement.
LOUIS DUGAL travaille dans le milieu collégial à titre d’enseignant de philosophie et de conseiller pédagogique. Il sait construire des forteresses avec des Lego, avec des concepts et avec des mèmes.
35 questions philosophiques à se mettre sous la dent
J’aime mieux être seul qu’avec des amis. Suis-je bizarre ?
Face à l’urgence climatique, peut-on être alarmiste sans être pessimiste ?
À partir de quand on cesse d’être ignorant ?
Pourquoi est-on incapable de réagir face aux changements climatiques ?
Est-ce qu’on peut arrêter le progrès ?
À quoi ça sert de connaître des choses ?
L’argent fait-il le bonheur?
Pourquoi a-t-on peur de faire des erreurs ?
Siri, heu… l’intelligence peut-elle être artificielle ?
Pourquoi les adultes n’écoutent pas les jeunes ?
Pourquoi suis-je jalouse ?
Est-on obligé d’aimer sa famille ?
À quoi servent les humains?
À quoi ça sert de réussir à l’école ?
Comment faire les bons choix dans la vie ?
La vraie démocratie, ça existe ?
Est-ce que le travail rend heureux ?
Est-ce que c’est responsable d’avoir des enfants dans le monde actuel ?
Pourquoi le temps existe ?
Doit-on sauver l’environnement?
Est-on libre de faire ce qu’on veut dans notre vie privée ?
De quoi doit-on douter ?
Pourquoi la sexualité existe-t-elle ?
Est-ce que je peux être en désaccord avec quelqu’un qui pense comme moi?
Faut-il espérer que les choses aillent mieux?
Le civisme, est-ce que ça s’enseigne ?
Peut-on détester toutes les fêtes et refuser de les célébrer ?
La mort, est-ce que c’est grave ?
Est-ce qu’il vaut mieux être content ou être conscient ?
Comment distinguer les vrais des faux amis?
Qu’est-ce qu’il faut désirer pour être heureux ?
Peut-on lutter contre la tristesse ?
Pourquoi est-ce qu’il y a des gens méchants?
Quelle est mon importance, considérant que je ne suis qu’un grain de sable dans l’univers ?
Est-ce qu’on est proche de la fin du monde?
«La philosophie, c’est plus que «faire de la philo». À la base, c’est constater qu’il y a des choses qui font problème, se questionner sur elles et tenter d’en faire sens. Réfléchir pour mourir moins cave, ce sont 35 tentatives d’offrir des pistes de réponses à des questionnements qui travaillent les ados, tout en les forçant à lire plus loin que la réponse qui est offerte, à la questionner et à se questionner à son sujet. C’est pour ça que les textes ont pris la forme de dialogues, mais aussi qu’ils sont agrémentés de suggestions de lectures, de visionnements, d’écoutes et même de mèmes. Chaque élément du livre (incluant la magnifique mise en page de Clémence Beaudoin) cherche à être une étincelle pour la réflexion.»
Louis Dugal, auteur du livre, conseiller à la réussite et enseignant de philosophie au Collège de Rosemont
Extrait du recueil Réfléchir pour mourir moins cave, de Louis Dugal, publié aux Éditions de la Bagnole.Extrait du recueil Réfléchir pour mourir moins cave, de Louis Dugal, publié aux Éditions de la Bagnole.Extrait du recueil Réfléchir pour mourir moins cave, de Louis Dugal, publié aux Éditions de la Bagnole.
Extrait du recueil Réfléchir pour mourir moins cave, de Louis Dugal, publié aux Éditions de la Bagnole.
Parler de philosophie avec nos enfants? C’est plus facile qu’on pense! On en discute avec Louis Dugal, collaborateur à notre magazine Curium et auteur d’un livre de philosophie pour les adolescents.
Parler de philo, c’est plus facile qu’on pense! Louis Dugal, collaborateur à Curium,publie en avril le recueil Réfléchir pour mourir moins cave, aux Éditions de la Bagnole.
L’équipe de Curium a préparé des fiches pédagogiques en lien avec avec certaines réflexions abordées dans le recueil. Elles sont rassemblées dans un seul document pratique pour les profs!
Louis Dugal rend la philosophie accessible et ludique pour les ados
Comment aborder la philosophie à l’adolescence? Louis Dugal, conseiller à la réussite et enseignant de philosophie au Cégep de Rosemont, a trouvé une manière simple et ludique de le faire: un recueil de brefs dialogues philosophiques. Dans son livre Réfléchir pour mourir moins cave, publié par les éditions La Bagnole, il aborde 35 questions éthiques, politiques, sociales, environnementales ou morales qui font souvent surface entre 12 et 17 ans. Un ouvrage qui fait philosopher, rire et mourir moins cave!
On n’associe pas nécessairement la philosophie à un sujet polarisant. Et pourtant! Chacun a une opinion étonnamment étoffée et bien tranchée sur le sujet. La philosophie est source de bien des maux de tête ou est le point de départ d’une longue histoire d’amour. Certains d’entre nous la subissent alors que d’autres en mangent. Pas étonnant que les ados ne savent plus trop sur quel pied danser lorsqu’ils entrent dans leur cours de philosophie 101, les yeux déjà cernés par des cauchemars de dissertations interminables. Et si l’on prenait collectivement un grand respire et que l’on trouvait un moyen de démystifier la philosophie, à hauteur d’ado, pour éviter que cette matière se transforme en traumatisme générationnel?
À partir de quand cesse-t-on d’être ignorant ? Est-ce que l’argent fait le bonheur ? Et est-ce qu’on est proche de la fin du monde ? Un sympathique recueil propose de s’attaquer avec humour, et surtout avec philosophie, à une trentaine de grandes et existentielles questions en textes, en images, même en mèmes.
Réfléchir pour mourir moins cave, ou l’art de philosopher en gardant le sourire
Louis Dugal a enseigné la philo aux ados durant quelques années avant de se reconvertir: il est aujourd’hui conseiller à la réussite, au niveau collégial. Il a également continué à publier, dans la revue Curium, de courtes chroniques, dans lesquelles il répondait aux questions à saveur philosophiques des jeunes lecteurs du magazine.
35 questions philosophiques à se mettre sous la dent
Louis Dugal
Les Éditions La Bagnole
L’enseignement scolaire de la philosophie aux adolescents peut être vécu par l’étudiant comme une autre matière à son programme et demeurer dans sa sphère intellectuelle une théorie de plus à maîtriser pour obtenir des bonnes notes pour ses travaux et lors de ses examen. Ainsi, l’enseignement de la philosophie ne donne pas lieu automatiquement à l’étonnement qui éveille un esprit philosophique transcendant.
Le secret de l’être (1/3)
L’étonnement philosophique
Aristote a dit au début de sa Métaphysique : « Ce fut l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques ». [1] Pour comprendre la nature de cet étonnement qui fait office de point de départ de la philosophie, il est nécessaire de le distinguer de l’étonnement au sens ordinaire du terme.
En effet, si l’étonnement au sens usuel est provoqué par le caractère inattendu de phénomènes que l’on ne parvient pas à expliquer, il n’en va pas de même dans l’étonnement philosophique. « Avoir l’esprit philosophique expliquait Arthur Schopenhauer, c’est être capable de s’étonner des événements habituels et des choses de tous les jours, de se poser comme sujet d’étude ce qu’il y a de plus général et de plus ordinaire ». [2] Avoir l’esprit philosophique, c’est effectivement s’étonner de tout. C’est faire de la plus simple des choses existantes une source vive de méditation. C’est jeter sur la moindre pierre, la moindre fleur, un regard suffisamment neuf pour que se révèle tout le mystère de leur simple présence.
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NOTES
[1] Aristote, Métaphysique, t. 1, A, 2, 982b 10, trad. J. Tricot, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « Bibliothèques des textes philosophiques », 1991, p. 8-9.
[2] A. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, Supplément au Livre premier, chap. 17, trad. A. Burdeau, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2004, p. 852.
Selon Platon, l'étonnement est à l'origine de la sagesse et donc de la philosophie.
« D’un philosophe ceci est le pathos : l’étonnement. Il n’existe pas d’autre origine de la philosophie. »
Platon, Théétète, 155 d
Selon Aristote, l'étonnement est le sentiment de crainte et d'anxiété ressenti par l'homme. Une fois que ses besoins matériels immédiats sont satisfaits, il commence à s'interroger sur son existence et ses relations avec le monde.
« C’est, en effet, l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit ; puis, s’avançant ainsi peu à peu, ils étendirent leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des étoiles, enfin la genèse de l’Univers. Or apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance (c’est pourquoi même l’amour des mythes est, en quelque manière, amour de la sagesse, car le mythe est un assemblage de merveilleux). Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c’est qu’évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. »
De la question viendra une réponse étonnante, cette étincelle nécessaire à l’embrassement de l’esprit philosophique. C’est sans doute dans une telle approche que le professeur de philosophie, aujourd’hui, conseiller en réussite scolaire, au Collège d’Enseignement Général et Professionnel (Cégep) de Rosemont au Québec, monsieur Louis Dugal, a adoptée auprès de ses étudiants et dont témoigne son livre « Réfléchir pour mourir moins cave » soumettant à ses lecteurs « 35 questions philosophiques à se mettre sous la dent ».
Un tel ouvrage est rare et essentiel pour introduire la philosophie aux étudiants, non pas comme un ensemble de différentes philosophies, mais comme une source d’étonnement à laquelle abreuvée un esprit philosophique naissant.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »
Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !
Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.
Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.
Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.
Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.
« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.
Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !
L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).
L’essai VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS par ALBERT MOUKHEIBER, Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien, tient sa promesse. « Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances. » Le lecteur néophyte y trouvera son compte à l’instar de ceux et celles qui ont perdu de vue les neurosciences. Et sûrement en raison de sa pratique à titre psychologue clinicien, Albert Moukheiber parsème son livre de quelques judicieux conseils à ses lecteurs.
« On ne peut pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni faire dire aux neurosciences et aux sciences cognitives ce qu’elles ne disent pas ». lit-on en quatrième de couverture de l’essai NEUROMANIA de ALBERT MOUKHEIBER docteur en neurosciences et psychologue clinicien. Au programme : distinguer le vrai du faux sur notre cerveau. Je ne savais pas que ces sciences étaient elles aussi victimes de désinformation et de raccourcis trompeurs dans les médias et ainsi au sein de nos propres croyances sur le cerveau. L’auteur note aussi une approche éhontée des neurosciences et des sciences cognitives dans le développement personne1.
Ce livre rassemble « six travaux scientifiques composé d’une communication et de cinq articles dont l’écriture s’est étalée entre 2005 et 2015 » lit-on en quatrième de couverture. L’auteur Baptiste Rappin fait preuve d’une grande érudition et d’une analyse fine qui confèrent à son ouvrage son caractère scientifique. Il ne s’agit pas d’un livre accessible même si l’auteur juge « le moment venu de les mettre à disposition du grand public ».
Ce livre a profondément influencé ma façon de pensée en me donnant les clés de l’esprit scientifique appliquée à ma vie de tous les jours, tant sur le plan personnel que professionnel. Partisan de la méthode scientifique pour son objectivité, je prête une attention toute spéciale à tous les outils pouvant m’instruire sur la naissance et l’acquisition de la connaissance, et ce, dans les moindre détails de sa construction. La question « Comment je connais ? » demeure ouverte afin de de mieux de me connaître, et de connaître mieux.
L’enseignement scolaire de la philosophie aux adolescents peut être vécu par l’étudiant comme une autre matière à son programme et demeurer dans sa sphère intellectuelle une théorie de plus à maîtriser pour obtenir des bonnes notes pour ses travaux et lors de ses examen. Ainsi, l’enseignement de la philosophie ne donne pas lieu automatiquement à l’étonnement qui éveille un esprit philosophique transcendant. / De la question viendra une réponse étonnante, cette étincelle nécessaire à l’embrassement de l’esprit philosophique. C’est sans doute dans une telle approche que le professeur de philosophie, aujourd’hui, conseiller en réussite scolaire, au Collège d’Enseignement Général et Professionnel (Cégep) de Rosemont au Québec, monsieur Louis Dugal, a adoptée auprès de ses étudiants et dont témoigne son livre « Réfléchir pour mourir moins cave » soumettant à ses lecteurs « 35 questions philosophiques à se mettre sous la dent ».
Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA
Les histoires nous ont réunis.
Les livres ont diffusé nos idées et nos mythologies.
Internet nous a promis le savoir infini.
Les algorithmes ont découvert nos secrets – et nous ont divisés.
Quel monde nous promet l’IA ?
Depuis cent mille ans, nous, les Sapiens, avons acquis un gigantesque pouvoir. Mais malgré nos découvertes, inventions et conquêtes, nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise existentielle inédite. Le monde est au bord de l’effondrement écologique. Les tensions politiques se multiplient. La désinformation abonde. Et nous entrons de plain-pied dans l’ère de l’IA, un réseau d’information qui sera bientôt capable de nous dominer.
Avec ce nouvel ouvrage, Yuval Noah Harari, l’auteur du best-seller mondial Sapiens, revisite l’histoire de l’humanité pour comprendre comment les réseaux d’information ont fait et défait notre monde. Il aborde les choix cruciaux auxquels nous sommes – et serons – confrontés, au moment où l’IA révolutionne la médecine, la guerre, les démocraties, et menace notre existence même.
Nexus est un livre capital pour comprendre comment, en faisant des choix éclairés, il nous est encore possible d’empêcher le pire.
Nous avons baptisé notre espèce Homo sapiens – l’homme sage. Mais on est en droit de se demander dans quelle mesure nous avons fait honneur à ce nom.
Au cours des cent mille dernières années, nous autres, Sapiens, avons certes accumulé un pouvoir immense. La simple liste de nos découvertes, inventions et conquêtes noircirait des volumes entiers. Mais pouvoir n’est pas sagesse, et après cent mille ans de découvertes, d’inventions et de conquêtes, l’humanité s’est elle-même précipitée dans une crise existentielle. Nous sommes au bord de l’effondrement écologique, conséquence du mauvais usage que nous faisons de notre pouvoir. Nous sommes par ailleurs occupés à créer de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle (IA), potentiellement capables d’échapper à notre contrôle et de nous réduire en esclavage ou de nous annihiler. Pourtant, à l’heure où notre espèce devrait s’unir pour affronter ces défis existentiels, les tensions internationales ne cessent de croître, la coopération à l’échelle mondiale se fait de plus en plus difficile, certains pays constituent des stocks d’armes apocalyptiques et une nouvelle guerre mondiale ne paraît pas impossible.
Si nous sommes si sages, nous autres Sapiens, pourquoi faisons-nous preuve d’une telle tendance à l’autodestruction ?
Plus fondamentalement, les quantités d’informations que nous avons amassées sur absolument tout, des molécules d’ADN aux galaxies les plus lointaines, ne semblent pas nous avoir apporté de réponse aux grandes questions existentielles : Qui sommes-nous ? À quoi devons-nous aspirer ? Qu’est-ce qu’une vie bonne, et comment devrions-nous la vivre ? Malgré la masse démesurée d’informations dont nous disposons, nous sommes tout aussi enclins que nos lointains ancêtres aux illusions et aux fantasmes. Le nazisme et le stalinisme ne sont que deux exemples récents, parmi tant d’autres, de la folie collective qui s’empare parfois des sociétés, même les plus modernes. Nul ne conteste le fait que les humains d’aujourd’hui possèdent bien plus d’informations et de pouvoir que ceux de l’âge de pierre – mais notre compréhension de nous-mêmes et de notre rôle dans l’univers a-t-elle réellement progressé ? Rien n’est moins sûr.
Pourquoi sommes-nous si forts pour emmagasiner toujours plus d’informations et de pouvoir, mais beaucoup moins pour acquérir de la sagesse ? Au fil des âges, bien des traditions ont considéré qu’un défaut dans notre nature nous poussait à vouloir posséder des pouvoirs que nous étions incapables de maîtriser. Le mythe grec de Phaéton raconte ainsi l’histoire d’un jeune homme découvrant qu’il est le fils d’Hélios, le dieu Soleil. Désireux de prouver son origine divine, Phaéton réclame le privilège de conduire le char du soleil. Hélios le met en garde sur le fait qu’aucun humain ne saurait contrôler les chevaux célestes qui tirent le char solaire. Mais Phaéton insiste tant que le dieu Soleil finit par céder. Après s’être fièrement élevé dans le ciel, Phaéton perd bel et bien le contrôle du char. Le soleil dévie de sa course, brûlant toute végétation, tuant d’innombrables créatures et menaçant d’embraser la Terre entière. Zeus intervient alors et foudroie Phaéton. Notre humain vaniteux, lui-même en proie aux flammes, tombe du ciel telle une étoile filante. Reprenant le contrôle du ciel, les dieux sauvent le monde.
Deux mille ans plus tard, alors que la révolution industrielle faisait ses premiers pas et que les machines commençaient à remplacer les humains dans de nombreuses tâches, Johann Wolfgang von Goethe publia un conte moral du même ordre, intitulé « L’apprenti sorcier ». Ce poème (que Walt Disney rendra plus tard célèbre sous la forme d’un court-métrage d’animation dans lequel Mickey Mouse interprète le rôle-titre) évoque un vieux sorcier qui, devant s’absenter, demande à son jeune apprenti de veiller sur son atelier et lui confie quelques corvées – aller chercher, entre autres, de l’eau à la rivière. L’apprenti décide de se faciliter la vie : empruntant au sorcier l’un de ses sortilèges, il enchante un balai afin qu’il aille puiser l’eau à sa place. Mais l’apprenti ne sait pas comment arrêter le balai, qui ne cesse plus de rapporter des seaux, menaçant d’inonder l’atelier. Pris de panique, l’apprenti tranche alors le balai d’un coup de hache, avec pour seul résultat que chacune des moitiés s’anime sous ses yeux : ce sont à présent non plus un, mais deux balais enchantés qui déversent leur eau dans l’atelier ! Quand le vieux sorcier revient, l’apprenti l’implore de l’aider : « Les esprits que j’ai invoqués, je ne peux plus m’en débarrasser. » Le sorcier brise aussi- tôt le sortilège et met fin au déluge. La leçon adressée à l’apprenti – et à l’humanité en général – est claire : ne jamais invoquer des pouvoirs qu’on ne peut maîtriser.
Que nous disent les fables de l’apprenti et de Phaéton en ce début de XXIe siècle ? Nous autres, les humains, sommes manifestement restés sourds à leurs avertissements. Nous avons d’ores et déjà déséquilibré le climat terrestre et invoqué des milliards de balais enchantés, de drones, de chatbots et autres esprits algorithmiques qui pourraient échapper à notre contrôle et provoquer un déferlement de conséquences involontaires.
Mais alors, que devons-nous faire ? Ces fables n’offrent aucune solution, si ce n’est attendre qu’un dieu ou un sorcier vole à notre secours. Ce qui constitue, bien sûr, un message extrêmement dangereux : il encourage les gens à se décharger de toute responsabilité pour s’en remettre aux dieux ou aux sorciers. Pire encore, ce message méconnaît le fait que dieux et sorciers sont eux-mêmes des inventions humaines – au même titre que les chars, les balais et les algorithmes. La tendance à créer des choses puissantes aux conséquences imprévisibles n’est pas née avec l’invention de la machine à vapeur ou de l’IA, mais avec celle de la religion. Prophètes et théologiens n’ont cessé d’invoquer des esprits puissants censés apporter l’amour et la joie, mais qui, parfois, ont ensanglanté le monde.
Si le mythe de Phaéton et le poème de Goethe échouent à nous fournir des conseils utiles, c’est parce qu’ils se méprennent sur la manière dont les hommes acquièrent leur pouvoir. Dans ces deux récits, un seul être humain se retrouve investi d’un pouvoir immense, mais il est alors corrompu par l’avidité et son orgueil démesuré. Dès lors, une conclusion s’impose : c’est l’imperfection de notre psychologie individuelle qui nous pousse à abuser de notre pouvoir. Ce que ne saisit pas cette analyse grossière, c’est que le pouvoir des hommes ne résulte jamais d’une initiative individuelle : il découle toujours d’une coopération entre un grand nombre d’êtres humains.
Par conséquent, ce n’est pas notre psychologie individuelle qui nous conduit à abuser de ce pouvoir. Après tout, les hommes ne sont pas seulement capables d’avidité, d’orgueil et de cruauté, mais aussi d’amour, de compassion, d’humilité et de joie. Certes, chez les pires représentants de notre espèce, avidité et cruauté règnent en maîtres et poussent ces acteurs malintentionnés à abuser de leur pouvoir. Mais pourquoi les sociétés humaines décideraient-elles de confier le pou- voir à leurs pires représentants ? En 1933, par exemple, la plupart des Allemands n’étaient pas des psychopathes. Pourquoi, alors, ont-ils voté pour Hitler ?
Notre tendance à invoquer des pouvoirs que nous ne maîtrisons pas ne naît pas de notre psychologie individuelle mais de la capacité unique de notre espèce à coopérer à grande échelle. L’argument central de ce livre, c’est que l’humanité acquiert énormément de pouvoir en construisant d’immenses réseaux de coopération, mais que la manière dont ces derniers sont conçus les prédispose à un usage déraisonnable de ce pouvoir. Notre problème est donc un problème de réseau.
Pour être plus précis encore, il s’agit d’un problème d’information. L’information est la colle qui fait tenir ensemble les réseaux. Mais depuis des dizaines de milliers d’années, les Sapiens ont bâti et pérennisé des réseaux à grande échelle en inventant et en diffusant des fictions, des fantasmes et des illusions collectives – au sujet des dieux, de balais enchantés, au sujet de l’IA et de tout un tas d’autres choses. Si ce qui intéresse en général chaque individu humain, c’est de connaître la vérité sur lui-même et sur le monde, les réseaux à grande échelle s’appuient, pour relier leurs membres et instaurer l’ordre, sur des fictions et des fantasmes. C’est ce qui nous a conduits, notamment, au nazisme et au stalinisme : deux réseaux extraordinairement puissants, dont la cohésion reposait sur des idées extraordinairement fallacieuses. Pour citer la fameuse phrase de George Orwell : l’ignorance, c’est la force.
Le fait que les régimes nazi et stalinien aient été fondés sur de cruels fantasmes et des mensonges éhontés n’avait rien d’exceptionnel au regard de l’histoire, pas plus qu’il ne les prédestinait à s’effondrer. Nazisme et stalinisme font partie des réseaux les plus solides jamais créés par l’homme. À la fin de l’année 1941 et au début de la suivante, les puissances de l’Axe furent à deux doigts de remporter la Seconde Guerre mondiale. Staline sortit finalement vainqueur de ce conflit1 et, au cours des années 1950 et 1960, le dirigeant soviétique puis ses héritiers eurent également de raisonnables chances de gagner la guerre froide. Dans les années 1990, les démocraties libérales finirent par prendre le dessus, mais cette victoire semble aujourd’hui n’avoir été que temporaire. Au XXIe siècle, un nouveau régime totalitaire pourrait bien réussir là où Hitler et Staline ont échoué, et créer un réseau tout- puissant capable d’empêcher toute tentative de la part des générations futures de ne serait-ce qu’essayer de dénoncer ses mensonges et ses fictions. Nous ne devrions pas partir du principe que les réseaux dévoyés sont voués à l’échec. Si nous voulons les empêcher de triompher, il va falloir nous retrousser les manches.
La vision naïve de l’information
La force des réseaux dévoyés est difficile à mesurer, à cause d’un malentendu plus général au sujet de la manière dont opèrent les grands réseaux d’information – qu’ils soient ou non fondés sur des illusions. On peut résumer ce malentendu à ce que j’appellerai la « vision naïve de l’information ». Là où des fables comme le mythe de Phaéton et
« L’apprenti sorcier » offrent une vision pessimiste de la psychologie individuelle des hommes, la vision naïve de l’information voit d’un œil exagérément optimiste les réseaux humains à grande échelle.
Cette vision naïve soutient en effet qu’en collectant et en traitant bien plus d’informations que ne pourraient le faire des individus, les grands réseaux accèdent à une meilleure compréhension de la médecine, de la physique, de l’économie et de nombreux autres domaines, ce qui les rend non seulement puissants, mais sages. Ainsi, grâce aux informations récoltées sur des agents pathogènes, laboratoires pharmaceutiques et services de santé sont capables de déterminer les véritables causes de nombreuses maladies, ce qui leur permet de développer des médicaments plus efficaces et de déterminer leur usage de manière mieux avisée. Cette vision pose comme principe que, recueillie en quantité suffisante, l’information mène à la vérité, laquelle mène à son tour au pouvoir et à la sagesse. L’ignorance, en revanche, semble ne mener nulle part. Si des réseaux dévoyés ou trompeurs peuvent parfois surgir dans des moments de crise historique, ils sont à long terme condamnés à céder devant des rivaux plus clairvoyants et plus honnêtes. Un service de santé qui ne tient pas compte des informations sur les agents pathogènes, ou une multinationale pharmaceutique qui se livre à une entreprise de désinformation, finiront toujours par être terrassés par des concurrents qui font un usage plus raisonnable des informations. La vision naïve implique donc que les réseaux dévoyés sont forcément des aberrations et qu’on peut généralement faire confiance aux grands réseaux pour exercer le pouvoir avec discernement.
Bien sûr, la vision naïve reconnaît que le chemin qui mène de l’information à la vérité est semé d’embûches. Nous pouvons commettre des erreurs de bonne foi en récoltant et en traitant les informations. Des acteurs malintentionnés mus par l’avidité ou la haine peuvent dis- simuler des faits cruciaux ou tenter de nous tromper. Avec pour conséquence que l’information mène parfois à l’erreur plutôt qu’à la vérité. Des informations incomplètes, par exemple, des analyses erronées ou des campagnes de désinformation peuvent conduire les spécialistes eux-mêmes à mal identifier la cause véritable de telle ou telle maladie.
Néanmoins, la vision naïve postule que l’antidote à la plupart des problèmes rencontrés dans la collecte et le traitement des informations consiste à en collecter et à en traiter toujours plus. Bien qu’on ne soit jamais à l’abri d’une erreur, dans la plupart des cas, plus il y a d’informations, plus on se rapproche de l’exactitude. Un seul médecin cherchant à identifier la cause d’une épidémie en examinant un seul patient a moins de chances d’y parvenir que des milliers de médecins récoltant les données de millions de patients. Et si les médecins complotent entre eux pour dissimuler la vérité, le fait de rendre les informations médicales plus accessibles au grand public et aux journalistes d’investigation permettra tôt ou tard de révéler la fraude. Dans cette vision, plus le réseau d’information est grand, plus il tend nécessaire- ment vers la vérité.
Naturellement, le simple fait d’analyser avec justesse des informations et de mettre au jour d’importantes vérités ne garantit en rien que nous utiliserons avec sagesse les capacités qui en résultent. On entend généralement par sagesse l’aptitude à « prendre de bonnes décisions », mais le sens de « bonnes » dépend ici de jugements de valeur qui diffèrent d’une personne, d’une culture et d’une idéologie à l’autre. Des scientifiques qui découvrent un nouvel agent pathogène pourront développer un vaccin pour protéger les populations. Mais si ces scientifiques – ou leurs supérieurs politiques – adhèrent à une idéologie raciste soutenant que certaines races sont inférieures et qu’il faut les exterminer, ces nouvelles connaissances médicales pourront aussi servir à créer une arme biologique capable de tuer des millions de personnes.
Là encore, selon la vision naïve de l’information, un surcroît d’informations offre au moins un remède partiel : à y regarder de plus près, postule cette vision, les désaccords au sujet des valeurs se révèlent être le fruit soit d’un manque d’informations, soit d’une désinformation délibérée. Les racistes seraient donc des personnes mal informées, qui ignorent simplement les faits biologiques et historiques. Des théories du complot bidon leur ont lavé le cerveau, et ils croient que la « race » est une catégorie biologique valable. Par conséquent, le remède au racisme consiste à fournir aux gens davantage de faits historiques et biologiques. Cela prendra sans doute un certain temps, mais dans un libre marché de l’information, tôt ou tard, la vérité s’imposera.
La vision naïve est bien sûr plus nuancée et réfléchie qu’on ne saurait l’expliquer en quelques paragraphes, mais son postulat de départ est que l’information est une chose fondamentalement bonne, et que plus nous en possédons, mieux c’est. Avec suffisamment d’informations et de temps, nous découvrirons forcément la vérité sur tout un tas de sujets, allant des infections virales aux préjugés racistes, et développerons par conséquent non seulement notre pouvoir mais aussi la sagesse nécessaire pour en faire bon usage.
Cette vision naïve, qui justifie la quête de technologies de l’information toujours plus puissantes, constitue depuis le début l’idéologie semi-officielle de l’ère informatique et d’Internet. En juin 1989, quelques mois avant la chute du mur de Berlin et du rideau de fer, Ronald Reagan déclare ainsi que « le Goliath du contrôle totalitaire ne tardera pas à être abattu par le David de la puce électronique », et que « le plus grand de tous les Big Brother est de plus en plus impuissant face aux technologies de la communication. […] L’information est l’oxygène des temps modernes. […] Elle s’infiltre dans les murs cou- ronnés de fils barbelés. Elle flotte par-delà les frontières électrifiées et minées. Des brises de rayons électroniques soufflent à travers le rideau de fer comme si c’était de la dentelle2. » En novembre 2009, Barack Obama prononce un discours assez similaire lors d’une visite à Shanghai, déclarant à ses hôtes chinois : « Je crois beaucoup en la technologie et je crois beaucoup en l’ouverture en ce qui concerne les flux d’information. Je crois que plus l’information circule librement, plus la société devient forte3. »
Entrepreneurs et PDG ont souvent exprimé une vision tout aussi optimiste des technologies de l’information. En 1858, déjà, dans The New ffnglander un éditorial consacré à l’invention du télégraphe pro- clamait : « Il est impossible que les préjugés et les hostilités d’antan continuent d’exister, maintenant qu’un tel instrument a été créé afin de permettre l’échange d’idées entre toutes les nations de la Terre4. » Près de deux siècles et deux guerres mondiales plus tard, Mark Zuckerberg décrit ainsi l’objectif de Facebook : « Aider les gens à partager davantage afin de rendre le monde plus ouvert et favoriser la compréhension entre les hommes5. »
Dans son ouvrage The Singularity is Nearer, publié en 2024, l’éminent futurologue et entrepreneur Ray Kurzweil, retraçant l’histoire des technologies de l’information, parvient à cette conclusion : « La réalité, c’est que pratiquement tous les aspects de la vie s’améliorent peu à peu grâce aux progrès exponentiels de la technologie. » Passant en revue la grande histoire de l’humanité, il s’appuie sur des exemples comme l’invention de l’imprimerie pour démontrer que, par leur nature même, les technologies de l’information tendent à engendrer un « cercle vertueux permettant de faire progresser quasiment tous les aspects du bien-être humain, notamment l’alphabétisation, l’éducation, la santé, la démocratisation et la réduction de la violence6 ».
C’est sans doute dans la déclaration de mission de Google que cette vision naïve de l’information est le plus succinctement condensée : « organiser les informations du monde et les rendre universellement accessibles et utiles ». La réponse de Google à la mise en garde de Goethe est que si un seul apprenti chapardant le livre de sortilèges secret de son maître a toutes les chances de provoquer une catastrophe, dès lors qu’on offre à un grand nombre d’apprentis un accès libre à toute l’information du monde, non seulement ils créeront des balais enchantés utiles, mais ils apprendront à s’en servir avec discernement.
Google vs Goethe
Force est de reconnaître que, dans bien des cas, le fait de disposer de plus d’informations a bel et bien permis aux hommes de mieux com- prendre le monde et de faire un usage mieux avisé de leur pouvoir. Prenez, par exemple, la baisse spectaculaire de la mortalité infantile. Johann Wolfgang von Goethe était l’aîné d’une fratrie de sept, mais seuls sa sœur Cornelia et lui fêtèrent leur septième anniversaire. La maladie emporta leur frère Hermann Jacob à l’âge de six ans, leur sœur Catharina Elisabeth à quatre ans, leur sœur Johanna Maria à deux ans et leur frère Georg Adolf à l’âge de huit mois ; un cinquième enfant, mort-né, n’eut même pas le temps d’être baptisé. Cornelia succomba ensuite à une maladie à l’âge de vingt-six ans, faisant de Johann Wolfgang von Goethe l’unique survivant de la famille7.
Johann Wolfgang von Goethe eut lui-même cinq enfants, qui, à l’exception du fils aîné, August, moururent tous dans les deux semaines qui suivirent leur naissance. Selon toute probabilité, la cause en était une incompatibilité entre le groupe sanguin de l’épouse de Goethe, Christiane, et celui de son premier enfant, après la naissance duquel elle se mit à produire des anticorps, phénomène aux conséquences fâcheuses pour les grossesses suivantes. Cette pathologie, connue sous le nom de…
Présentation de l’auteur sur le site web officiel de l’auteur
Le Professeur Yuval Noah Harari est historien, philosophe, et auteur des bestsellers Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Homo Deus, une brève histoire de l’avenir, 21 leçons pour le XXIe siècle, de la série d’essais dessinés Sapiens, de Nous, les indomptables, et de Nexus, une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA. Ses livres se sont vendus à plus de 45 millions d’exemplaires et ont été traduits dans 65 langues, et il est considéré comme l’un des plus grands penseurs contemporains.
Né en 1976 à Haïfa, en Israël, il obtient son doctorat à l’Université d’Oxford en 2002 et est actuellement chercheur émérite au Centre pour l’étude des risques existentiels de l’université de Cambridge. En 2019, à la suite du succès de ses livres, Yuval Noah Harari et Itzik Yahav ont co-fondé Sapienship : une entreprise à but social avec des projets dans les domaines de l’éducation et de la fiction. Le principal objectif de Sapienship est de focaliser le débat public sur les défis cruciaux auxquels le monde est aujourd’hui confronté.
En 2018 puis en 2020, Yuval Noah Harari a prononcé le discours inaugural sur le futur de l’humanité lors des deux réunions annuelles du Forum économique mondial à Davos. Il rencontre régulièrement des chefs d’État pour aborder différents problèmes internationaux, et il a participé à des débats publics avec le Chancelier autrichien Sébastian Kurz, le Premier ministre des Pays Bas Mark Rutter et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Il a également rencontré le Président Emmanuel Macron, la Chancelière allemande Angela Merkel, le Président argentin Mauricio Macri, le Président allemand Franck-Walter Steinmeier, et le maire de Shangaï Ying Yong. En 2018, Yuval Noah Harari a présenté la première conférence TED donnée par un avatar numérique, et en 2019, il a participé à un débat filmé organisé entre lui et le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, sur la technologie et l’avenir de notre société. En 2021, il a fait l’objet d’un reportage dans l’émission « 60 Minutes » (CBS).
Yuval Noah Harari s’est d’abord spécialisé dans l’histoire internationale, l’histoire médiévale et l’histoire militaire. Ses recherches actuelles portent sur des questions de macro-histoire : Quelle relation existe-t-il entre l’histoire et la biologie ? Qu’est-ce qui distingue Homo Sapiens des autres animaux ? L’histoire est-elle juste ? L’histoire a-t-elle un but ? Les gens sont-ils plus heureux aujourd’hui qu’auparavant ? Quelles questions éthiques la science et la technologie posent-elles au XXIe siècle ?
Publié en 2014, Sapiens, une brève histoire de l’humanité est devenu un succès mondial, avec 25 millions d’exemplaires vendus. Aux États-Unis, il est resté dans le palmarès des meilleures ventes du New York Times pendant plus de la moitié du temps les 6 premières années après sa parution. Au Royaume-Uni, il est resté dans le top 3 du palmarès du Sunday Times pendant plus de 96 semaines consécutives. Sapiens a été recommandé par Barack Obama, Bill Gates, Natalie Portman, Janelle Monáe, Chris Evans et beaucoup d’autres. Pour le Guardian, Sapiens a révolutionné le marché de la non-fiction et contribué à populariser les « livres intelligents ». En 2024, Sapiens a figuré dans la rubrique du New York Times « Readers Pick Their 100 Best Books of the 21st Century » (Les lecteurs choisissent leurs 100 meilleurs livres du 21e siècle) et est arrivé en 10e position sur la liste du Sunday Times des « 100 livres les plus vendus au cours des 50 dernières années » (où Homo Deus est également apparu en 44e position).
En 2016, le Professeur Harari revient avec Homo Deus, une brève histoire de l’avenir, un livre acclamé par la critique qui examine les grands défis auxquels l’humanité sera confrontée au XXIe siècle. Homo Deus met en garde contre la menace que représentent de nouveaux pouvoirs technologiques sans précédents, qui pourraient permettre à certains Homo sapiens d’augmenter artificiellement leur corps et leur esprit, tandis que d’autres membres de la société seraient laissés pour compte.
En 2018, Yuval Noah Harari publie 21 leçons pour le XXIe siècle. Après avoir exploré le passé puis le futur, il se concentre sur les questions cruciales du présent et prend le pouls du climat mondial. Que se passe-t-il réellement maintenant ? Quels sont les plus grands défis et choix de notre temps ? A quoi devrions-nous prêter attention ?
En 2020, Yuval Noah Harari (en tant que créateur et co-scénariste) fait équipe avec les artistes de bande-dessinée David Vandermeulen (co-scénariste) et Daniel Casanave (dessinateur). Ensemble, ils créent le premier volume de Sapiens, une adaptation du Sapiens originel en une série de romans graphiques débordant d’intelligence, d’humour et de couleurs. Ce livre illustré met en scène Yuval Noah Harari dans le rôle du guide, qui emmène le lecteur à travers toute l’histoire de l’espèce humaine, accompagné d’un éventail de personnages fictifs, à travers le temps, l’espace et les références culturelles populaires. La série sera publiée en quatre tomes, dont les trois premiers sont déjà disponibles.
À l’automne 2022, Harari s’est aventuré pour la première fois dans l’univers des livres pour enfants, avec la série pour adolescents Nous, les indomptables. Il y raconte l’incroyable histoire des humains – notre espèce conquérante et insatiable – d’une manière accessible aux enfants. La série sera publiée en quatre volumes immersifs, avec des illustrations en couleurs de Ricard Zaplana Ruiz, à commencer par Nous, les indomptables : Comment les humains ont conquis le monde. Ce livre est rapidement devenu un best-seller cité parmi les meilleurs livres pour enfants de 2022 du New York Times, et a été chaleureusement recommandé par Jeff Kinney, Kristen Bell et Kirkus Review. La série continue avec le tome 2 : Pourquoi le monde est-il injuste ? sorti fin 2023.
Fin 2024, Yuval Noah Harari a publié un nouvel essai majeur sur l’évolution de l’humanité dans l’ère de l’information – Nexus : une brève histoire des réseaux d’information, de l’âge de pierre à l’IA. Nous donnant des clés essentielles pour comprendre les promesses et les menaces de la révolution actuelle de l’IA, Nexus retrace l’histoire des réseaux d’information, de l’âge de pierre à la résurgence des populismes actuels, en passant par la Bible, les chasses aux sorcières du début de l’époque moderne, le stalinisme et le nazisme. Cet essai interroge la relation complexe entre l’information et la vérité, les systèmes bureaucratiques et la mythologie, la sagesse et la puissance, et questionne les choix urgents auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, alors que l’intelligence artificielle menace notre existence même. Nexus a connu un succès immédiat, en 2 e position sur la liste des bestsellers du New York Times, du Times et d’Audible dans la semaine qui a suivi sa parution. Numéro 1 de la liste des audiolivres du New York Times pour le mois de septembre 2024, Nexus a été recommandé notamment par Mustafa Suleyman, Stephen Fry et Kristalina Georgieva.
Le Professeur Yuval Noah Harari a reçu de nombreuses récompenses. En 2020, il a reçu un doctorat honoraire de l’Université Libre de Bruxelles et le prix CITIC de l’auteur en Chine pour Sapiens – t.1 : La Naissance de l’humanité. En 2019, 21 leçons pour le XXIe siècle a été désigné comme « Livre scientifique de l’année » par le magazine allemand Bild der Wissenschaft, et Sapiens a reçu le Prix du livre académique de l’année lors des Academic Book Trade Awards au Royaume-Uni. En 2017, Homo Deus a reçu le prix allemand « Handelblatt » du livre économique « le plus réfléchi et influent » de l’année et, en 2015 Sapiens a reçu le Wenjin Book Award en Chine. Yuval Noah Harari a remporté le prix Polonsky pour la créativité et l’originalité à deux reprises, en 2009 puis en 2012. En 2011, il s’est également vu décerner le Society for Military History’s Moncado Award, pour ses articles exceptionnels sur l’histoire militaire.
Le Professeur Harari donne régulièrement des conférences à travers le monde sur les sujets abordés dans ses livres et ses articles, et écrit pour des journaux tels que The Guardian, The Financial Times, The New York Times, TIME, The Washington Post et The Economist. En 2020, il a écrit et a été interviewé à de très nombreuses reprises sur les principales chaînes d’informations, dont CNN et la BBC, à propos de la crise mondiale du coronavirus, et des conséquences de la pandémie. En 2022, il a publiquement commenté l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Son article sur le sujet est devenu celui de la rubrique « Opinion » du Guardian le plus lu de tous les temps. Depuis 2023, Harari a pris position et écrit de nombreux articles sur la guerre à Gaza.
Yuval Noah Harari, en hébreu : יובל נח הררי, né le 24 février 1976 à Kiryat-Ata en Israël, est un historien et professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, il est l’auteur du best-seller international Sapiens : Une brève histoire de l’humanité et de sa suite Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir puis 21 leçons pour le XXIe siècle.
Yuval Harari est né à Kiryat-Ata en Israël de parents juifs libanais séfarades(1) et juifs ashkénazes roumains, ayant émigré d’Europe de l’Est(2). Il se spécialise en histoire médiévale et militaire et obtient son doctorat au Jesus College de l’université d’Oxford en 2002. Il devient enseignant de World History à l’université hébraïque de Jérusalem en 2005.
Harari pratique la méditation vipassana depuis 2003(3), telle qu’enseignée par S. N. Goenka et ses assistants-enseignants, dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin (en). Son livre Homo Deus est d’ailleurs dédié à son maître S. N. Goenka(4). Il médite deux heures par jour et fait souvent de longues retraites d´une dizaine de jours à plusieurs mois(5).
En écrivant Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, Yuval Harari s’est documenté en zootechnie, sur le traitement des animaux dans l’industrie de la viande, des produits laitiers et des œufs jusqu’à en être horrifié, ce qui l’a amené à devenir végan3,6. Le sort des animaux, en particulier des animaux d’élevage, est traité à plusieurs reprises dans ses ouvrages.
Il est homosexuel, ce qui lui permet selon lui « de remettre en question les idées reçues »5, et vit avec son mari7 et manager Itzik Yahav8 dans le moshav (communauté agricole coopérative) Mesilat Zion près de Jérusalem.
Ses conférences en hébreu sur l’histoire du monde ont été visionnées par des dizaines de milliers d’internautes en Israël. Yuval Harari a proposé également en 2014 une série de cours en ligne gratuits en anglais (MOOC) intitulée « A Brief History of Humankind »9. Plus de 100 000 personnes y étaient inscrites. Harari a pu se faire connaître dans le monde entier par le biais de ses Ted talks10.
Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA
Yuval Noah Harari
Albin Michel, Paris, 2024
Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet.
Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.
“Nexus”, de Yuval Noah Harari : l’information, c’est de la dynamite !
Après avoir narré l’histoire de notre espèce, Harari propose, dans son nouvel opus, de la relire à la lumière de ses réseaux d’information. Moins sexy, à première vue. Pourtant, l’historien parvient à dramatiser les livres de comptes mésopotamiens et les querelles d’interprétation de l’Ancien Testament comme s’il s’agissait de la dernière saison de Game of Thrones. Un constat de départ : alors que nous sommes doués pour emmagasiner de l’information, cela ne nous a pas rendus plus sages au fil des millénaires. Pour lui, c’est un problème de réseau et de pouvoir : « L’humanité acquiert énormément de pouvoir en construisant d’immenses réseaux [d’information] mais la manière dont ces derniers sont conçus les prédispose à un usage déraisonnable de ce pouvoir. » Là où la vision « naïve » de l’information voit en elle la solution à tous les maux – il faudrait seulement la « factchecker », la rendre transparente, la faire circuler, la corriger –, Harari soutient qu’elle est, par nature, ambiguë. N’en déplaisent aux gourous de la Silicon Valley, collecter et partager plus d’information ne nous fait pas tendre vers la vérité et la justice. Il n’y a qu’à se souvenir du rôle joué par la diffusion de la Bible dans les guerres civiles européennes. L’information n’est pas ce tissu de signes bien sages : c’est à la fois la colle qui fait tenir les civilisations et la dynamite qui les fait imploser – elle donne forme au réel.
Yuval Noah Harari : « Nos connaissances sont mises au service de mythologies parfois délirantes »
Idées. IA, religions, Israël… L’historien, auteur de « Nexus » et « Sapiens », montre comment les révolutions de l’information ont transformé nos sociétés, de la Bible jusqu’à l’actuel conflit au Proche-Orient. Vertigineux !
Des médias français ont un peu rapidement présenté Nexus (Albin Michel) comme un livre sur l’intelligence artificielle. C’est comme réduire le Nouveau Testament au Livre de l’Apocalypse. Car dans cette fresque vertigineuse, dix ans après Sapiens, Yuval Noah Harari revient une nouvelle fois sur l’histoire de l’humanité, mais à travers les réseaux d’information. Des mythes anciens jusqu’à l’IA en passant par la Bible, l’imprimerie et les médias de masse, l’historien israélien, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, montre comment chaque révolution technologique a entraîné de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux, pour le meilleur comme le pire.
Considéré comme l’un des intellectuels les plus influents de la planète, l’homme aux 45 millions d’ouvrages vendus livre à L’Express ses analyses percutantes sur la technologie, les religions, les mythes nationaux et le monde de demain. (…)
Yuval Noah Harari, prophète contesté de la « big history », des origines de l’homme à l’intelligence artificielle
L’historien israélien, auteur à succès de « Sapiens » et de « Nexus », brosse de grands récits allant des origines du cosmos au développement à venir de l’espèce humaine. Un sens de la généralisation que lui reprochent ses détracteurs.
Costume sombre et chaussettes fantaisie dépareillées, silhouette d’ascète, Yuval Noah Harari apparaît sur la scène de la Cité des sciences et de l’industrie sous les applaudissements de 800 spectateurs. Le 7 novembre, l’auteur israélien de 48 ans est de passage à Paris pour présenter son dernier ouvrage, Nexus (Albin Michel, 576 pages, 24,90 euros), un récit historique promis aux têtes des ventes qui raconte la façon dont les révolutions de l’information ont transformé nos sociétés « de la Bible aux intelligences artificielles [IA] ».
Je me range facilement du côté de l’auteur Yuval Noah Harari lorsqu’il explique que l’information n’est pas nécessairement et obligatoirement « vérité » ou conforme à la réalité. Une information, nous le savons tous aujourd’hui, n’est pas vraie par elle-même.
Première partie – Réseaux humains
Chapitre 1 – Qu’est ce que l’information
(…)
On le voit donc, l’information ne saurait être définie comme un ou plusieurs types spécifiques d’objets matériels. En fonction du contexte, tout objet — une étoile, un volet, un pigeon — peut devenir une information. Mais alors, quel contexte, au juste, définit de tels objets comme des « informations » ? À en croire la vision naïve de l’information, c’est dans le contexte d’une recherche de la vérité que les objets se définissent comme des informations. Un chose est une information dès lors qu’on l’utilise pour tenter de découvrir la vérité. Cette vision associe le concept d’information au concept de vérité, partant du principe que l’information a pour fonction essentielles de représenter la réalité. Il existe une réalité « extérieure », et l’information en est la représentation, de sorte que nous pouvons nous en servir pour en apprendre davantage sur la réalité. (…)
(…)
Qu’est-ce que la vérité ?
Tout au long de ce livre, la « vérité » est entendue comme ce qui représente fidèlement tel ou tel aspect de la réalité. La notion même de vérité repose sur l’idée qu’il n’existe qu’une seule réalité universelle. Tout ce qui a existé jusqu’ici ou qui existera jamais dans l’univers — depuis l’étoile Polaire jusqu’au pigeons du réseau NILI, en passant par les sites d’astrologie en ligne — fait partie de cette unique réalité. C’est ce qui permet à la quête de la vérité d’être un projet universel. Si différentes personnes, nations ou cultures peuvent se nourrir des croyances ou des sentiments divergents, elles ne sauraient posséder des vérités contradictoires, puisqu’elles partagent toutes une même réalité universelle. Quiconque rejette l’universalisme, rejette la vérité.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp.40-42.
P.S.: Le lien dans cette citation est de nous.
En 1972, alors âgé de 15 ans, j’entrais dans le monde des médias à titre de chroniqueur pour notre hebdomadaire régional, La Tribune de Lévis. Sous le titre « Salut les poètes ! », j’informais et orientais les poètes de la région vers la Société des poètes canadiens-français dont j’étais le plus jeune des directeurs. La chronique eu aussi son pendant à la station de radio locale où je lisais des poèmes en ondes le dimanche soir. Ainsi, j’adhérais déjà à « ce que fait l’information » selon Yuval Noah Harari, c’est-à-dire réseauter.
Ce qu’illustre le cas de l’astrologie, c’est que erreurs, mensonges, fantasmes et fictions sont aussi des informations. Contrairement à ce qu’affirme la vision naïve de l’information, celle-ci n’a pas de lien essentiel avec la vérité, et son rôle dans l’histoire ne consiste pas à représenter une réalité préexistante. Ce que fait l’information, c’est plutôt créer des nouvelles réalités en connectant entre eux des éléments disparates — qu’il s’agisse de couples ou d’empires. Sa caractéristique essentielle, ce qui la définit, ce n’est pas tant la représentation que la connexion : l’information est ce qui relie différents points pour former un réseau. L’information ne nous informe pas nécessairement sur les choses – elle met plutôt les choses « en forme », c’est-à-dire qu’elle les agence. Les horoscopes disposent ainsi les amoureux en formations astrologiques, les bulletins de propagandes disposent les électeurs en formations politiques, et les chants de marche dispose les soldats en formations militaires.
Prenons ce cas paradigmatique qu’est la musique. La plupart des symphonies, des mélodies et des morceaux ne représentent rien — demander s’ils sont vrais ou faux n’aurait aucun sens. Au fil des siècles, les hommes ont créé beaucoup de mauvaise musique, mais pas de fausse musique. La musique a beau ne rien représenter, elle n’en est pas moins remarquablement efficace pour connecter un grand nombre de personnes, synchroniser leurs émotions et leurs mouvements. Elle sait nous faire danser en discothèque et batte des mains en cadence à l’église, faire chanter en chœur les supporters et défiler au pas les soldats.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp.46-47.
Avec ma chronique, je cherchais à recruter d’aussi jeunes poètes que moi au sein de la Société des poètes canadiens-français. Je me représentais l’information comme « un vecteur de lien social ».
L’information dans l’histoire de l’humanité
Envisager l’information comme un nexus, un vecteur de lien social, permet de mieux comprendre plusieurs aspects de l’histoire humaine qui mettent à mal la vision naïve de l’information comme représentation. Cela explique le succès à travers le siècles non seulement de l’astrologie mais de choses bien plus importantes, comme la Bible. Si certains dénigrent l’astrologie en la présentant comme un aspect aussi mineur que pittoresque de l’histoire de l’humanité, nul ne peut nier le rôle central qu’y a joué la Bible. Si la principale fonction de l’information était de représenter fidèlement la réalité, il serait difficile d’expliquer comment la Bible a pu devenir l’un des textes les plus influents de l’histoire.
La Bible multiplie les erreurs flagrantes dans sa description des affaires humaines et des processus naturels. (…)
(…)
Pourtant, bien que la représentation qu’elle donne de la réalité des origines de l’humanité, de ses migrations et des épidémies qui la frappent laisse grandement à désirer, la Bible ne s’en est pas moins montrée très efficace pour connecter des milliards d’hommes et créer les religions juives et chrétienne. De la même manière que l’ADN enclenche des processus chimiques qui relient entre elles des milliards de cellules pour former des réseaux organiques, la Bible a enclenché des processus sociaux qui ont relié entre eux des milliards d’êtres humains pour former des réseaux religieux. (…)
Pour conclure, l’information représente tantôt la réalité, tantôt non. Mais toujours, elle connecte. C’est sa caractéristique fondamentale. Par conséquent, lorsqu’on étudie le rôle de l’information dans l’histoire, bien qu’il soit parfois pertinent de demander : Avec quelle exactitude représente-t-elle la réalité ? Est-elle vraie ou fausse, les questions les plus cruciales sont généralement les suivantes : « Dans quelle mesure connecte-t-elle les gens ? Quel nouveau réseau crée-t-elle ? »
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 49-51.
P.S.: le soulignement remplace le mot en italique dans le texte original.
À la suite de ma chronique « Salut les poètes ! », j’ai convaincu le rédacteur en chef de La Tribune de Lévis qu’il nous fallait informer les parents de ce qui passe dans les écoles de leurs enfants, ces derniers ne leurs parlant peu ou pas du tout de leur vie d’étudiant. Un page entière de l’hebdomadaire régional ne fut accorder pour y tenir une toute nouvelle chronique, « La Semaine Étudiante ». Je passais des heures et des heures au téléphones avec des étudiants de différentes institutions scolaires des niveaux élémentaires, secondaires et collégial pour m’informer des activités de leur milieu de vie respectif. J’ai ainsi créée un réseau d’information ayant à sa source les étudiants comme émetteurs et les parents comme récepteurs, le journal étant lu avant tout pas les parents. C’était aussi un nouveau réseau entre les étudiants des différentes écoles et un autre entre les parents. Les étudiants devinrent des lecteurs de la chronique découvrant ainsi ce qui se passait dans les autres écoles de la région. Et ceux et celles qui faisaient la une de la chronique en soutenait la promotion auprès de leurs confrères et consœurs dans leurs écoles. La chronique répondait à une demande de mise en réseaux. Le succès de ma chronique dans le journal fut tel qu’elle donna naissance à une émission hebdomadaire en direct à la station de télévision locale que j’animais avec plaisir. Chacune des émissions était suivie d’une rencontre en personne des téléspectateurs avec l’animateur et ses invités dans un bar de la région. Et une fois par mois, tous les téléspectateurs étudiants se regroupaient par milliers lors d’une soirée dansante dans la plus grande école de la région, le CÉGEP Lévis-Lauzon.
Chers lecteurs, vous comprenez déjà beaucoup mieux mon intérêt pour les médias. Et si je donne une place au livre NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA dans cet Observatoire de la philothérapie, c’est pour questionner le rôle des technologies de l’information dans la diffusion de la philosophie, de l’Antiquité à nos jours, et la perception que nous avons des philosophies apparues au fil du temps.
En contemplant l’histoire de l’information de l’âge de pierre à l’âge du silicium, nous assistons donc à un accroissement constant de la connectivité. qui ne s’accompagne pas d’un progrès en termes de véracité ou de sagesse. Contrairement à ce que professe la vision naïve, nous autres Homo sapiens n’avons pas conquis le monde grâce à notre talent pour transformer les informations en une carte fidèle de la réalité.
Non, le secret de notre réussite, c'est avant tout notre faculté à utiliser les informations pour connecter un grand nombre d'individus. Malheureusement, cette capacité va souvent de pair avec une propension à croire aux mensonges, aux erreurs et aux fantasmes.
Non, le secret de notre réussite, c’est avant tout notre faculté à utiliser les informations pour connecter un grand nombre d’individus. Malheureusement, cette capacité va souvent de pair avec une propension à croire aux mensonges, aux erreurs et aux fantasmes. C’est pour cette raison que même des sociétés aussi avancées d’un point de vue technologique que l’Allemagne nazie ou l’Union soviétique ont pu nourrir des idées délirantes, sans forcément que ces illusions les affaiblissent. À vrai dire, les délires de masses des idéologies nazie et stalinienne, notamment concernant les questions de race et de classes sociales, les ont en fait aidées à faire marcher d’un même pas des dizaines de millions de personnes.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 52.
P.S.: le caractère gras et l’encadrement du texte sont de nous.
Encore et encore ce fameux verbe : « CROIRE ». Est-ce là un besoin fondamental de l’être humain ? Vivons-nous pour croire ? Faut-il croire dans la vérité ? La vérité est-elle conditionnelle à sa croyance ? Croire quelque chose est-ce en reconnaître la vérité ? Que je crois ou non dans la réalité universelle, cette dernière demeure la seule vraie réalité. Ce que je crois n’est pas nécessairement vrai. Alors pourquoi je fais de la vérité une croyance ? Je n’ai pas besoin de croire pour que ce soit vrai.
« Les histoires furent la première technologie de l’information décisive inventée par l’homme » écrit Yuval Noah Harari. Lorsque l’homme abandonne le nomadisme pour prendre racine et donner lieu à ce que nous appelons la révolution néolithique, les histoires circulent entre les habitants du village sans pour autant circuler d’un village à l’autre, à moins de contacts entre eux. Chaque village d’autosuffisant grâce à l’agriculture et à élevage, il n’y avait pas lieu de partir à la découverte des autres villages dont on ignorait souvent l’existence. Mais l’homme étant ce qu’il est, il a tout de même rencontrer sur son chemin d’autres villages avec lesquels il a partagé ses histoires et inaugurer le commerce. On connaît la suite. Des villages sont devenus des villes, puis des villes-états, incapable de s’autosuffire et ainsi pousser à la spécialisation de certains de ses habitants (artisans) en plus d’être dans l’obligation de commercer avec d’autres villes-états.
(…) Contrairement aux poèmes et au mythes nationaux, qui peuvent être stockés dans nos cerveaux, les systèmes de taxation et d’administration plus complexes des États ont nécessité, pour pouvoir fonctionner, une technologie de l’information unique, non organique. Cette technologie, c’est le document écrit.
Prêt à tuer
Le document écrit a été inventé plusieurs fois, à plusieurs endroits différents. Certains des ses plus anciens exemples remontent à la Mésopotamie antique. Une tablette d’argile cunéiforme datée du vingt-huitième jour du dixième mois de la quarante et unième année du règne du roi Shulgi d’Ur (v. 2053-2054 av. J.C.) tenait ainsi compte des livraisons mensuelles de moutons et des chèvres : 14 moutons avaient été livré le deuxième jour du mois, 7 moutons les troisième jours du mois, (…) Au total, nous apprend cette tablette d’argile, 896 animaux furent livrés ce mois-là. Il était essentiel pour l’administration royale de garder la trace de toutes ces livraisons, afin de contrôler l’obéissance du peuple et d’assurer le suivi des ressources disponibles. Si enregistrer tous ces éléments dans l’esprit d’un humain représentait un insurmontable défi, un scribe pouvait sans peine les inscrire sur une tablette d’argile.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 82-83.
P.S.: (…) = passage non cité dans cet article mais présent dans le texte original.
Évidemment, les documents écrits ne sont pas exempts de toute erreur uniquement parce qu’ils sont écrits. Yuval Noah Harari souligne d’ailleurs une erreur sur la tablette d’Ur. Cette dernière dénombrait 896 animaux alors que les chercheurs modernes en compte 898.
Mais qu’ils soient justes ou erronés, les documents écrits ont créé de nouvelles réalités. En enregistrant des listes de biens, d’impôts et de paiements, ils ont grandement facilité la mise en place de systèmes administratifs, des royaumes, d’organisations religieuses et de réseaux commerciaux. Ou, pour être plus précis, ces documents ont transformé la méthode utilisée pour créer des réalités intersubjectives. Dans les cultures orales, les réalités intersubjectives étaient créées en racontant une histoire que de nombreuses personnes répétaient avec leur bouche et mémorisaient dans leur cerveau. Par conséquent, les capacités de ce dernier imposait une limite aux genres de réalités intersubjectives que les humains pouvaient créer. Les hommes ne pouvaient pas fabriquer des réalités intersubjectives que leur cerveau était incapable de retenir.
Les documents écrits, eux, permettaient de dépasser cette limite. Ils ne représentaient pas une réalité empirique objective : la réalité, c’étaient les documents eux-mêmes. Comme nous le verrons aux chapitres suivants, les documents écrits constituaient donc des précédents et des modèles qui seraient ensuite utilisés par les ordinateurs, La faculté des ordinateurs à créer des réalités intersubjectives est une extension du pouvoir des tablettes d’argile et des feuilles de papier.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 83.
Mais pourquoi le sous titre « Prêt à tuer » ?
Le pouvoir qu’on les documents de créer des réalités intersubjectives s’incarne magnifiquement dans l’ancien dialecte assyrien, qui traitait les documents comme des choses vivantes qu’on pouvait également faire mourir. Dans cette langue, les contrats de prêt étaient en effet « tués » (duãkum) dès le remboursement de la dette en question. Ce que l’on faisait en détruisant la tablette, en y ajoutant une marque ou en brisant le sceau. Le contrat de prêt ne représentait par la réalité : il était la réalité. Si quelqu’un remboursait l’emprunt mais omettait de «tuer le document», la dette demeurait exigible. À l’inverse, si l’on ne remboursait pas l’emprunt mais que le document «mourrait» d’une autre manière — disons, croqué par un chien —, le dette disparaissait. Cela vaut aussi pour l’argent : si votre chien mange un billet de cent dollars, ces cent dollars cessent d’exister.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 84-85.
Puis vient le sous-titre « Bureaucratie » avec cette anecdote en ouverture :
Chaque nouvelle technologie de l’information comporte des goulets d’étranglement inattendus. Elle résout d’anciens problèmes, mais en crée de nouveaux. Au début des années 1730 av. J.C., Marâmtani, prêtresse de la ville mésopotamienne de Sippar. écrit une lettre (sur une tablette d’argile) à un membre de sa famille, pour demander à celui-ci de lui faire parvenir les tablettes entreposées dans sa maison. Elle lui expliquait qu’on lui contestait ses droits sur un héritage, et qu’elle avait besoin de faire valoir ces documents devant un tribunal. Elle achevait son message par cet appel : «Surtout, ne me néglige pas !»
Nous ignorons ce qui s’est passé ensuite, mais imaginez un instant que ce proche ait fouillé partout sans pouvoir retrouver les tablettes manquantes… La quantité de documents produits ne cessant de croître au fil du temps, il s’est avéré de plus en plus difficile de la localiser. Cela représentait un défi particulièrement ardu pour les rois, les prêtres, les marchands, et tous ceux qui amassaient dans leurs archives des milliers de documents. Comment remettre la main sur le bon registre fiscal, le bon reçu de paiement ou le bon contrat commercial lorsque vous en avez besoin ? Les document écrits étaient bien meilleurs que les cerveaux humains pour mémoriser certains types d’information. Mais ils créaient un nouveau problème, particulièrement épineux : celui de leur récupération.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 85-86.
Ainsi naîtra la bureaucratie ! Si l’évolution de l’homme a équipé ce dernier pour se débrouiller dans un monde organique : « (…) si vous cherchez une pomme, il faut d’abord localiser un pommier, puis lever la tête. En vivant dans la forêt, les hommes apprennent cet ordre organique.»), il en va tout autrement avec les documents inorganiques, tels que les documents écrits.
Il en va tout autrement avec les archives. Les documents n’étant pas des organismes, il n’obéissent à aucune loi biologique et l’évolution ne les a pas organisés pour nous. Les déclarations fiscale ne poussent par sur une étagère à déclaration fiscales. Il faut les y déposer. Pour ce faire, quelqu’un doit d’abord avoir l’idée de catégoriser les informations par étagères, et déterminer quels documents doivent être déposés sur quelles étagères. Contrairement au cueilleurs, qui n’ont qu’à découvrir l’ordre préexistant de la forêt, les archivistes sont obligés de concevoir un nouvel ordre pour le monde. Cet ordre est ce qu’on appelle la bureaucratie.
La bureaucratie est la manière dont les hommes, dans les organisations de grande ampleur, ont résolu le problème de la récupération et, ce faisant, ont créé des réseaux d’information plus vastes et plus puissants.
Mais comme la mythologie, la bureaucratie a tendance a sacrifier la vérité au nom de l'ordre.
Mais comme la mythologie, la bureaucratie a tendance a sacrifier la vérité au nom de l’ordre. En inventant un nouvel ordre et en l’imposant au monde, la bureaucratie a déformé de manière tout à fait unique notre compréhension du monde. Une bonne partie des problèmes rencontrés par nos réseaux d’information du XXIè siècle — pensez aux algorithme biaisés qui cataloguent mal les gens, ou aux protocoles trop rigides qui ne tiennent par compte des besoins et sentiments humains — ne sont pas nouveaux, ni propres à l’ère informatique. Ces problèmes typiquement bureaucratiques existaient déjà bien avant que quiconque ait pu les imaginer les ordinateurs.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 87.
P.S.: l’encadré est de nous.
Je retiens de cette citation :
« catégoriser les informations »
« concevoir un nouvel ordre pour le monde »
« sacrifier la vérité au nom de l’ordre »
« a déformé de manière tout à fait unique notre compréhension du monde »
Puisque le simple fait de créer des catégories pour classer les informations n’est pas un processus naturel, c’est-à-dire, relatif à une réalité préexistante dans le monde, cette catégorisation débouche sur un nouvel ordre intersubjectif pour le monde, et ce dernier priorisant l’ordre au détriment de la vérité (de la conformité avec la réalité), elle résulte en une déformation de notre compréhension du monde.
Bureaucratie et recherche de la vérité
Le terme bureaucratie signifie littéralement le « pouvoir du bureau ». Il fut inventé dans la France du XVIIIe siècle, où les fonctionnaires étaient généralement assis devant une table dotée de tiroirs – le fameux bureau. Le tiroir se trouve donc au cœur de l’ordre bureaucratique. La bureaucratie s’attache à résoudre le problème de la récupération des données en divisant le monde en une série de tiroirs, et en déterminant quel document va venir dans quel tiroir.
Le principe demeure le même, que le document soit placé au fond d’un tiroir, sur une étagère, dans un panier, un pot, un fichier informatique ou tout autre réceptacle : diviser pour régner. Diviser le monde en une série de contenants, et les séparer pour que les documents ne se mélangent pas. Cependant, ce principe a un prix : au lieu de se concentrer sur la compréhension du monde tel qu’il est, la bureaucratie s’acharne souvent à imposer au monde un nouvel ordre, artificiel. Les bureaucrates comment par inventer toute une variété de tiroirs, lesquels sont des réalités intersubjectives que ne correspondent pas nécessairement à de quelconques divisions objectives existant dans le monde. Les bureaucrates tentent alors de faire entrer de force le monde dans ces tiroirs, et si ça coince aux entournures, ils forcent un peu. Quiconque a eu l’occasion de remplir un formulaire administratif ne le sait que trop bien. Il arrive qu’aucune des options proposées par le document ne corresponde à notre situation particulière. On est alors contraint de s’adapter au formulaire, plutôt que l’inverse. Réduire le désordre de la réalité en un nombre limités de tiroirs fixes aide les bureaucrates à instaurer l’ordre, mais ce la se fait au détriment de la vérité. Obnubilés par leurs tiroirs — même lorsque la réalité est beaucoup plus complexe —, les bureaucrates finissent souvent par développer une compréhension déformée du monde.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 87-88.
Et les documents ne font pas que remonter à la bureaucratie, cette dernière conçoit, édite et diffuse des documents, ces derniers devant lui revenir. Et il n’est pas aisé de contrôler une bureaucratie, même pour les politiciens.
En 1985, Année internationale de la Jeunesse, en pleine crise économique, le taux de chômage chez les jeunes est très élevé et le gouvernement du Québec a déjà mis en place des programmes d’aides pour les jeunes ayant des projets en tête pour s’en sortir, notamment pour créer leurs propres emplois. Mais le Premier ministre du Québec, Renée Lévesque, est informé au sujet du blocage de l’attribution de ces aides aux jeunes par les bureaucrates. Il décide alors de passer outre la bureaucratie et de recruter lui-même une trentaine de jeunes à intégrer à la bureaucratie et dont la seule et unique fonction sera d’aider les jeunes qui demandent l’aide de l’État pour leurs projets.
Le tout se fait à la hâte, un vendredi soir, alors que le gouvernement du Québec est en pause pour la fin de semaine, je reçois un appel d’un ami fonctionnaire au ministère des communications qui tâte mon intérêt ce travail. « Je suis intéressé. » Il me répond : « Alors du dois de rendre dès demain à 15h.00 au bureau du Premier ministre à Montréal. » C’est à plus de 200 kilomètres de chez-moi et un véhicule du gouvernement est à ma disposition.
Le lendemain, samedi, je me présente au bureau du Premier ministre et je suis dirigé vers une salle de conférence avec tous les autres jeunes provenant de tous les coins du Québec. Le Premier ministre fait son entrée et prend place avec nous à l’énorme table ronde de la salle de conférence. Il nous explique son programme baptisé « Déclic Jeunesse ».
Nous, les jeunes, allons être déployés dans tous les bureaux régionaux de Communication Québec (centre de renseignements de l’ensemble du gouvernement au service de la population). Notre tâche, recevoir les jeunes qui souhaitent recevoir une aide financière de l’État pour leurs projets, les aider à compléter leurs formulaires de demandes dans l’optique avouée qu’ils soient approuvées pour l’obtention de l’aide. Autrement, faire sortir au plus vite les subventions pour les jeunes !
Si le Premier ministre du Québec procède ainsi, plutôt que de confier la tâche à son ministre des communications, ce dernier la confiant à ses fonctionnaire, ce qui est la procédure normale, c’est parce que les fonctionnaires sont au centre du problème : ils ne collaborent pas avec les jeunes et les jeunes les boycottent. L’argent de l’aide de l’État pour les jeunes dort au fond d’un tiroir. Le Premier ministre court-circuite la hiérarchie et passe outre le protocole pour engager lui-même une escouade de jeunes pour venir en aide aux jeunes en mal de financement de leurs projets. Évidemment, la publicité dira toute autre chose :
La bureaucratie est un pouvoir en soi, un pouvoir avec ses propres règles de gouvernance et travaille à son propre rythme. Elle se trouve entre les politiciens et la population.
Après quelques jours de travail au Centre Déclic-Jeunesse, je réalise que les fonctionnaires classent très rapidement les formulaire de demande de subvention des jeunes et je découvre comment ils procèdent. Il faut — disons — que la somme d’argent inscrite à la case F de la première colonne égale la somme d’argent inscrite à la case K de la deuxième colonne et ainsi de suite. C’est la vérification qu’effectue les fonctionnaires pour accepter ou non d’examiner un projet, peu importe s’il s’agit d’une simple erreur, peu importe la pertinence du projet, ses chances de réussite.
Je réunis toutes ces procédures dans un immense cahier et je prends l’initiative de le photocopier pour mes collègues des autres bureaux. Et imaginez ce qui se passe quand je demande au patron du bureau de Communication Québec (là où se trouve le Centre Déclic-Jeunesse) le budget pour envoyer ces cahiers par la poste. Il refuse. Je fais donc parvenir mon cahier au Premier ministre lui avec une note explicative. Je ne connais pas la suite de l’histoire puisque j’ai quitté mes fonctions.
* * *
Yuval Noah Harari intitule le quatrième chapitre de son ouvrage, « Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité », et y traite des mécanismes d’autocorrection nécessaires à tout réseau d’information.
Pour pouvoir fonctionner, les mécanisme d’autocorrection ont besoin de légitimité. Si les humains sont enclins à commettre des erreurs, comment imaginer raisonnablement que les mécanisme d’autocorrection en soient exempts ? Pour échapper à cette boucle apparemment sans fin, les humains ont souvent nourri le fantasme d’un mécanisme suprahumain, absolument infaillible, sur lequel ils pourraient s’appuyer pour identifier et corriger leurs propres erreurs. Aujourd’hui, c’est l’IA qui porte cet espoir comme en atteste ce que déclarait Elon Musk en avril 2023 : « Je vais lancer quelque chose que j’appelle Truth GPT, une IA qui recherche la vérité maximale et essaie de comprendre la nature de l’univers. » Nous verrons dans les prochains chapitres pourquoi il s’agit là d’un dangereux fantasme. Lequel a pu, par le passé, se manifester sous une autre forme : la religion.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 109-110.
Nous voilà aux portes de la création du livre saint tels que la Bible et le Coran, dit infaillible.
Le livre s’est imposé, au cours du premier millénaire avant notre ère, comme une importante technologie religieuse. Après des dizaines de milliers d’années où les dieux s’étaient adressés aux humains via des chamans, des prêtres, des prophètes, des oracles, entre autres messagers humains, des mouvements religieux tels que le judaïsme se sont mis à défendre l’idée que les dieux s’exprimaient à travers cette technologie nouvelle qu’était le livre. Selon eux, il existe un livre bien précis, dont les nombreux chapitres contiennent toutes les paroles divines à propos de tout, de la création de l’univers aux préceptes alimentaires. Surtout, nul prêtre ou prophète, nulle institution humaine ne pourra oublier ou modifier ces paroles divine, car il sera toujours possible de confronter ce qu’avancent les humains faillibles à ce qui est gravé dans l’infaillible livre.
Mais les religions du Livre avaient elles aussi leurs problèmes, dont le plus évident était celui-ci : qui décide ce qu’il faut inclure dans le livre saint ? Le premier exemplaire n’est pas tombé du ciel : il a fallu que des humains le compilent. (…)
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 113-114.
P.S.: (…) = passage non cité dans cet article mais présent dans le texte original.
Nous connaissons la suite, on discuta âprement des contenus à sélectionner pour constituer le livre saint et du livre saint infaillible nous sommes passé à l’institution infaillible (l’Église) dans son interprétation du livre saint, puis à la multiplication du livre saint à la suite de l’invention de l’imprimerie :
Deuxième enjeu, plus crucial encore : le fait de disposer de nombreux exemplaires du même livre empêchait toute altération du texte. Puisqu’il en existait des milliers de copies identiques en de nombreux endroits, il sera facile de dénoncer comme une imposture toute tentative de changer ne serait-ce qu’une malheureuse lettre de ce code sacré. En rendant disponible une multitude d’exemplaires de la Bible dans des lieux fort éloignés les uns des autres, les juifs remplaçaient donc le despotisme humain par une souveraineté divine. L’ordre social était désormais garanti par l’infaillible technologie du livre. C’est du moins ce qu’ils croyaient.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 118.
Les livres saints ont ainsi constitué chacun leur réseau d’information, dont certain incluant plus d’un milliard de personnes, et ce, de partout à travers le monde, et chacun sous l’égide d’une Église… infaillible ! Il n’en fallait pas plus pour que des guerres entre les religions éclatent.
Le cinquième chapitre, sous le titre « Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme ».
Les réseaux d’information dictatoriaux sont centralisés à l’extrême. Ce qui signifie deux choses. Premièrement, le pouvoir central jouissant d’une autorité illimitée, l’information a tendance à affluer vers le centre névralgique, où sont prise les décisions les plus importantes. Dans l’Empire romains, tous les chemins menaient à Rome ; dans l’Allemagne nazie, les informations convergeaient vers Berlin ; et en Union soviétique, vers Moscou. Parfois, le gouvernement central tente de concentrer entre ses mains toute l’information, et d’imposer lui-même toutes les décisions, contrôlant ainsi complètement la vie des gens. Cette forme de dictature totalisante, pratiquée par des dirigeants comme Hitler ou Staline, est connu sous le nom de totalitarisme. Mais toutes les dictatures ne sont pas totalitaires. Nous le verrons, des difficultés techniques empêchent souvent les dictateurs de devenir totalitaires. L’empereur romain Néron, par exemple, ne disposait pas des moyens permettant de microgérer les vies des millions de paysans dans les lointains villages aux confins de l’empire. Une bonne partie des régimes dictatoriaux laissent donc une part d’autonomie considérable aux individus, aux entreprises et aux communautés. Cependant, les dictateurs se réservent toujours le pouvoir d’intervenir dans la vie des gens. Dans la Rome de Néron, la liberté n’était pas un idéal mais un corolaire de l’incapacité du gouvernement à exercer un contrôle totalitaire.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 161-162.
Dans les années 1970-1980, nous sommes passés de « Le pouvoir est à celui qui détient l’information » à « Le pouvoir est à celui qui diffuse l’information ».
L'information est le pouvoir. Mais comme tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux.
Aaron Swartz, Informaticien (1986 - 2013)
C’est pourquoi j’endosse personnellement et professionnellement la culture de gratuité sur internet. J’ai édité de nombreux livres dont les auteurs acceptaient d’en offrir gratuitement la version numérique. À notre libraire en ligne fut donc ajoutée une bibliothèque de livres numériques gratuits qui connaît encore beaucoup de succès depuis sa création il y a plus de vingt ans déjà.
J’ai appliqué la même politique de diffusion de l’information que je détenais lorsque je me suis lancé en recherche marketing (étude des motivations d’achat des consommateurs). J’adressais à mes clients potentiels un document de 24 pages bien tassé, aux allures d’un article de presse écrite, avec toute l’information nécessaire pour bien comprendre en détails mon offre de services. J’optais pour un document d’information plutôt qu’un document de publicité ou de propagande. Que le client potentiel donne suite ou non à sa lecture de mon document, il avait tout de même appris quelque chose d’important. Les conseillers en publicité et en marketing conseillaient à cet époque (années 1990) de se limiter à une brochure sous prétexte que les gens d’affaires et les dirigeants d’entreprise n’ont pas le temps de lire. Toujours selon ces conseillers, je devais m’attendre à une réponse de seulement 20% des clients potentiels à qui j’avais adressé mon document. Or, ce fut le contraire. Plus de 80% des clients potentiels ayant reçu mon document voulaient aller plus loin avec moi et ma partenaire en retenant nos services. Et puisque nous n’étions que deux dans notre entreprise, nous avons du réduire passablement les envois de ce document pour éviter d’être débordés par la demande. Le pouvoir est donc vraiment à celui qui détient l’information ET LA DIFFUSE !
En résumé, une dictature est un réseau d’information centralisé, dénué de mécanisme d’autocorrection puissants. Une démocratie, en revanche, est un réseau d’information décentralisé, qui possède de solides mécanismes d’autocorrection. Lorsqu’on observe un réseau d’information démocratique, on y trouve certes un centre névralgique. Le gouvernement est le pouvoir exécutif le plus puissant d’une démocratie, et les organismes publics collectent et stockent donc d’immenses quantités d’informations. Mais il existe de nombreux canaux d’information supplémentaires, qui connectent une multiplicité de nœuds indépendants. Organes législatifs, partis politiques, tribunaux, presses, entreprises, communautés locales, ONG et citoyens individuels communiquent entre eux librement et directement, de sorte que la majeure partie des informations ne transitent jamais par aucun organisme gouvernemental, et que nombre de décisions importantes se prennent ailleurs. Les individus décident eux-mêmes de leur lieu de vie, de l’endroit où ils travaillent et de la personne qu’ils épousent. Les entreprises font leurs propres choix concernant le lieu d’implantation d’une succursale, les sommes à investir dans tel ou tel projet, les montants a facturer pour les biens et les services qu’elles proposent. Les communautés décident par elles-mêmes d’organiser des œuvres de bienfaisance, des événements sportifs et des fêtes religieuses. L’autonomie n’est pas une simple conséquence de l’inefficacité du gouvernement : elle constitue l’idéal démocratique.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 162-163.
« L’autonomie », oui mais conditionnée, formatées et souvent inconsciente de l’être. Aucun régime n’est parfait, loin de là, mais il y en a de meilleurs.
La dictature de la majorité
La définition de la démocratie comme un réseau d’information décentralisé doté de solides mécanisme d’autocorrection contraste fortement avec l’idée fausse, quoique très répandue, qui assimile la démocratie aux seules élections. Celles-ci sont un élément essentiel de la boîte à outils démocratique, mais elles ne sont pas la démocratie. En l’absence de mécanismes d’autocorrection supplémentaires, les élections peuvent facilement être truquées. Et même lorsqu’elles sont totalement libres et équitables, cela ne suffit pas non plus à garantir la démocratie. Car la démocratie n’est pas une dictature de la majorité.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 165.
Les droits de l’Homme et les droits civiques protègent tout un chacun, minoritaire et majoritaire, et limitent le pouvoir du gouvernement. La liberté et l’égalité pour tous sont essentielles à toute démocratie.
Il est important de noter que droits de l’homme et droits civiques n’ont pas pour seul effet de de limiter le pouvoir du gouvernement central : ils lui imposent en outre de nombreuses obligations positives. Il ne suffit pas qu’un gouvernement démocratique s’abstienne d’enfreindre les droits de l’homme et du citoyen — il doit prendre des mesures pour les sauvegarder. Ainsi, le droit à la vie impose au gouvernement démocratique de protéger ses citoyens contre les violences criminelles. Si un gouvernement ne tue personne, mais ne fait par ailleurs aucun effort pour protéger ses citoyens du meurtre, nous n’avons plus affaire à une démocratie mais à l’anarchie.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 168.
Une seule question me vient à l’esprit : est-ce que le gouvernement des États-Unis d’Amérique en fait suffisamment pour « protéger ses citoyens contre les violences criminelles » en refusant de réglementer davantage l’accès, le port et l’usage des armes à feu ?
Par Adel Miliani, publié le 15 février 2024 à 14h32, modifié le 19 février 2024.
Adopté il y a plus de deux cent trente ans, le deuxième amendement de la Déclaration des droits américaine demeure fondamental pour la population, en dépit des fusillades à répétition.
La plupart des Américains ou des membres de leur famille ont été confrontés à des incidents de violence armée.
C’est l’un des faits contenus dans un rapport sans précédent présenté par le Surgeon General des États-Unis, Vivek Murthy, sur la base duquel il a déclaré que la violence par arme à feu constituait une crise de santé publique aux États-Unis.
Dans le texte, Murthy explique que l’objectif de cette déclaration est de réduire le nombre de victimes dans le pays qui occupe la première place mondiale dans les statistiques sur les décès par arme à feu.
Selon le rapport, depuis 2022, un total de 48 204 personnes sont mortes de blessures liées aux armes à feu, y compris les suicides, les homicides et les décès accidentels. Cela représente 8 000 décès de plus qu’en 2019 et près de 16 000 de plus qu’en 2010.
Lorsque le candidat à la présidentielle américaine annonce qu’il veut réglementer davantage l’achat, le port et l’usage des armes à feu, il perd des votes. Si le candidat adverse à l’élection présidentielle américaine annonce qu’il protègera le deuxième amendement de la constitution du pays ( Traduction : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. » Original : « A well regulated militia being necessary to the security of a free State, the right of the People to keep and bear arms shall not be infringed. », il gagne des votes. À mon avis, c’est de l’anarchie.
Il est particulièrement important de se rappeler que les élections ne sont pas une méthode pour découvrir la vérité, mais bien plutôt une méthode pour maintenir l’ordre en opérant un arbitrage entre les désirs contradictoires des uns et des autres. Les élections établissent non pas ce qu’est la vérité, mais ce que désire la majorité des gens. Or, les gens désirent souvent que la vérité soit autre chose que ce qu’elle est. Les réseaux démocratiques se dotent donc de mécanismes d’autocorrection pour protéger la vérité, y compris contre la volonté de la majorité.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 169.
Des « mécanismes d’autocorrection pour protéger la vérité, y compris contre la volonté de la majorité », dites-vous ? Ce n’est pas le cas aux États-Unis d’Amérique dans le dossier des armes à feu. Et que dire lorsque le président de ce pays ridiculise les mécanismes d’autocorrection que sont les médias ?
L’irruption de la notion de « post-vérité », désignée comme mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford, a suscité beaucoup de commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fake news, mais peu de réflexions de fond. Or, cette notion ne concerne pas seulement les liens entre politique et vérité, elle brouille la distinction essentielle du vrai et du faux, portant atteinte à notre capacité à vivre ensemble dans un monde commun.
En questionnant les rapports conflictuels entre politique et vérité, Myriam Revault d’Allonnes déconstruit nombre d’approximations et de confusions. Elle montre que le problème majeur de la politique n’est pas celui de sa conformité à la vérité mais qu’il est lié à la constitution de l’opinion publique et à l’exercice du jugement. L’exploration du « régime de vérité » de la politique éclaire ce qui distingue fondamentalement les systèmes démocratiques, exposés en permanence à la dissolution des repères de la certitude, à la tentation du relativisme et à la transformation des « vérités de fait » en opinions, des systèmes totalitaires, où la toute-puissance de l’idéologie fabrique un monde entièrement fictif.
Loin d’enrichir le monde, la « post-vérité » appauvrit l’imaginaire social et met en cause les jugements et les expériences sensibles que nous pouvons partager. Il est urgent de prendre conscience de la nature et de la portée du phénomène si nous voulons en conjurer les effets éthiques et politiques.
Myriam Revault d’Allonnes est professeur à l’École pratique des hautes études. Elle a publié de nombreux essais au Seuil, et notamment La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps (2012).
(...) les démocratie ne meurent pas uniquement quand les gens ne sont pas libres de parler, mais aussi quand les gens ne veulent pas ou ne peuvent pas écouter.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS - Une brève histoire des réseaux d'information de l'âge de pierre à l'IA, Première partie - Réseaux humains, chapitre 5 - Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 180.
Écouter pour parler, pour déformer ce qu’on a écouter. Souvent, le problème n’est pas que les gens ne veulent pas écouter et réfléchir à ce qu’ils ont écouté, non, le problème c’est que les gens ont une écoute très active, c’est-à-dire qu’ils déforment instantanément ce qu’ils entendent en opinion. Le relais de la réflexion ne fonctionne pas. L’écoute active, jadis une force dans la communication, n’est plus qu’une chaîne de réactions subjectives même face à une information objective ou, si vous préférez face à la réalité.
Pourquoi est-ce important de savoir bien communiquer?
Pour bien communiquer, il ne suffit pas de parler. Cela nécessite aussi une écoute active, de l’authenticité et de l’empathie. Dans le cadre de la communication, l’écoute active est une façon structurée d’écouter son interlocuteur et de lui répondre. Lorsque vous écoutez de façon active, votre attention se porte sur l’autre personne pour vous permettre de comprendre, d’interpréter et d’évaluer ce qu’elle vous dit.
L’essentiel est de communiquer sans porter de jugement. En milieu de travail, vous pouvez collaborer avec les gens pour établir des objectifs de rendement individuels réalistes, établir un calendrier de rétroaction et mesurer les progrès vers l’atteinte de ces objectifs. Ces techniques faciliteront l’établissement d’une relation de travail plus efficace et plus positive.
Tweets, sms, emails, posts, etc. se multiplient et rebondissent, circulant à une telle vitesse qu’ils deviennent irrattrapables — les agressifs et les toxiques aussi vite relayés que les sympathiques. La facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons nous exprimer tout autant que l’idée que nous existons que si nous communiquons nous ont fait oublier les vertus du silence. Happés par ce tourbillon compulsif et communicationnel, nous devons réapprendre à nous taire pour redevenir conscients de ce que nous ressentons avant de le dire, pour redonner du poids et de la bienveillance à notre communication , pour ne pas regretter d’avoir parlé . Savoir se taire est la force cachée de la personne qui agit en pleine conscience et sait s’exprimer à bon escient et avec les mots justes .
L’expression « hystérie de la parole » me plaît car elle reflète fort bien les gens qui parlent beaucoup trop et sans arrêt, qui verbalisent à outrance, souvent en sautant du coq à l’âne ou en se perdant dans moult détails. J’ai déjà interrompu une telle personne en lui disant : « Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées ».
La deuxième partie de NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA s’intitule « Le réseau inorganique », c’est-à-dire le réseau d’information dont les membres sont inorganiques, soient les ordinateurs, contrairement aux êtres organiques que nous sommes et qui assuraient jusque-là les échanges.
Nous analyserons les relations précises entre les termes « ordinateurs », « algorithme » et « IA » dans la dernière partie du présent chapitre une que nous aurons acquis une meilleure compréhension de l’histoire des ordinateurs. Pour le moment, nous nous contenterons de préciser qu’en substance, un ordinateur est une machine potentiellement capable d’accomplir deux choses remarquables : prendre d’elle-même des décisions, et créer d’elle-même de nouvelles idées. (…)
L’avènement de machines intelligentes capables de prendre des décisions et de créer de nouvelles idées signifie que, pour la première fois dans l’histoire, le pouvoir s’éloigne de l’homme et glisse vers une autre entité. (…)
(…) En termes d’intelligence, ils (ordinateurs) dépassent de loin non seulement les bombes atomiques, mais toutes les technologies de l’information antérieures, comme les tablettes d’argile, les presses à imprimer et les postes de radio. (…) Là où presses à imprimer et postes de radio n’étaient que des outils passifs dans la main de l’homme, les ordinateur sont en passe de devenir des agents actifs échappant à notre contrôle et à notre compréhension, et sont à même de prendre des initiatives pour façonner la société, la culture et l’histoire.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 6 – Les nouveaux membres: en quoi les ordinateurs sont différents des presses à imprimer, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 241-243.
Bref, les technologies étaient alors des outils maniés par les agents organiques (humains) alors que les ordinateurs sont des agents inorganiques capables de prendre des décisions et de créer de nouvelles idées par eux-mêmes. Cette nouvelle entité inorganique suscite la peur au fur et à mesure qu’elle monte en puissance décisionnelle et créatrice par auto-apprentissage (IA). La science fiction a souvent mise en scène cette peur notamment dans le célèbre film 2001 : l’odyssée de l’espace en avril 1968.
La peur d’ordinateurs puissants n’a commencé à hanter l’humanité qu’au début de l’ère informatique, au mitant du XXe siècle. Mais depuis toujours, les humains sont hantés par une peur beaucoup plus profonde : nous avons toujours eu conscience du pouvoir qu’avaient les histoires et les images de manipuler nos esprits et de créer des illusions. Par conséquent, depuis la nuit des temps, les humains ont toujours craint d’être enfermés dans un monde d’illusions. Dans la Grèce antique, déjà, Platon livrait sa fameuse allégorie de la caverne, dans laquelle un groupe d’individus passent toute leur vie enchaînés au fond d’une grotte, face à une paroi nu — un écran. Sur cet écran, ils voient défiler différentes ombres projetées. Les prisonniers prennent à tort ces illusions qui s’offrent à leur regard pour la réalité. Dans l’Inde antique, les sages bouddhistes et hindous affirmaient que tous les humains vivaient emprisonnées à l’intérieur de la Mãyã — le monde des illusions. Ce que nous prenons généralement pour la « réalité » n’est souvent qu’une simple fiction dans nos esprits. Les hommes sont parfois prêts à mener des guerres atroces, à tuer et à accepter le risque d’être eux-mêmes tués, à cause de leur croyance en telle ou telle illusion. Au début de XVIIe siècle, Renée Descartes craignait d’être maintenu enfermé dans un monde d’illusions par un « mauvais génie » qui créerait tout ce qu’il voyait et entendait. La révolution numérique nous confronte aujourd’hui à la caverne de Platon, à la Mãyã, au mauvais génie de Descartes.
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 6 – Les nouveaux membres: en quoi les ordinateurs sont différents des presses à imprimer, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 263.
Yuval Noah Harari ne parle quasiment pas de la philosophie dans son livre NEXUS. La citation ci-dessus est l’un des seuls exemples, un peu élaboré. On n’a une idée du pourquoi au sous-titre « Le nazi kantien » au chapitre 8 intitulé « Faillible : les réseau a souvent tort ». Le texte de ce sous-titre est beaucoup trop simpliste pour associer « nazi » et « kantien ». Voici un très court passage de ce sous-titre qui, même hors contexte, place l’historien Yuval Noah Harari en porte-à-faux avec la philosophie.
La nazi kantien
Depuis des millénaires, les philosophes n’ont cessé de chercher une définition du but ultime qui ne repose pas sur l’alignement avec un but plus élevé encore. Tous ont été attirés par deux solutions potentielles, connues dans le jargon philosophique sous les noms de déontologisme et d’utilitarisme. Les déontologistes (du grec deon, qui signifie « devoir ») pensent qu’il existe des devoirs moraux universels qui s’appliquent à tout le monde. Ces règles morales ne reposent pas sur l’alignement avec un but plus élevé : elles sont intrinsèquement bonnes. Si de telles règles existent réellement, et que nous parvenons à trouver un moyen de les programmer dans des ordinateurs, alors nous pourrons faire en sorte que le réseau informatique soit une force au service du bien.
Mais que signifie « intrinsèquement bonnes, au juste ? On doit la plus célèbre tentative de définir une règle intrinsèquement bonne au philosophe Emmanuel Kant, un contemporain de Clausewitz et Napoléon. D’après Kant, toute règle que je souhaiterait rendre universelle est intrinsèquement bonne. En vertu de ce conception, une personne sur le point d’en assassiner une autre devrait s’arrêter et se soumettre au processus suivant : « Je vais assassiner un être humain. Aimerais-je établir une règle universelle stipulant qu’il n’y a pas de mal à tuer des êtres humains ? Si une telle règle universelle est mise en place, alors n’importe qui pourrait m’assassiner. Donc, il ne devrai pas exister de règle universelle autorisant le meurtre. D’où il s’ensuit que moi non plus, je ne devais pas tuer. » Pour le dire simplement, Kant reformule la règle d’or immémoriale : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Mathieu 7:12).
Cela semble une idée simpliste évidente : chacun de nous devrait se comporter de la manière dont il voudrait que tous les autres se comportent. Mais les idées qui semblent bonne dans le royaume éthéré de la philosophie ont souvent du mal à se transposer sur les terres rugueuses de l’histoire. La question clé que tout historien poserait à Kant est la suivante : quand vous parlez de règles universelles, quelle définition donnez-vous à cet adjectif ? C’est ce qu’on fait, par exemple, Wirathu et les autres extrémistes anti-Rohingyas. En que que moine bouddhiste, Wirathu était certainement opposé à l’idée universelle d’assassiner des humains. Mais il n’estimait pas que cette règle universelle s’appliquait lorsqu’on tuait des Rohingyas, considérés comme des sous-hommes. (…)
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 8 – Faillible : le réseau a souvent tort, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 334-335.
À mes yeux, Yuval Noah Harari perd toute crédibilité face au rôle de la philosophie dans l’histoire en nommant la discipline comme un « royaume », et ce royaume comme étant « éthéré » et qu’il soutient que les idées philosophiques « ont souvent du mal à se transposer sur les terres rugueuses de l’histoire ». La philosophie ne se compare pas et de loin avec un royaume où un roi gouvernent ses sujets. Aucun philosophe ne s’est imposé ou s’impose de nos jours comme un roi ou chef d’un royaume. Et la philosophie est loin de s’élever au-dessus des choses terrestres puisqu’elle elle-même reconnue comme un mode de vie.
Aussi, une question a retenu mon attention tout au long de ma lecture de NEXUS : quel rôle les réseaux d’information ont joué dans la propagation de la philosophie et, par conséquent, son influence sur l’histoire humaine ? NEXUS ne répond pas à cette question même si la philosophie constitue en soi un « nexus », un réseau d’information dont l’influence pèse lourd sur l’histoire de l’humanité depuis plus de deux milles ans. Et rares sont les réseaux d’information ayant ainsi entrer dans le langage populaire.
Livre numérique gratuit (PDF)
Charles Robin
Tous philosophes ?
L’inconscient philosophique
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ?
Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?
Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !
Avant-propos
Honnie par les foules et combattue par les hommes de pouvoir, la philosophie est parfois obligée de trouver refuge dans les interstices du langage quotidien pour continuer à survivre. C’est de manière invisible (et imprévisible) qu’elle s’immisce dans nos paroles les plus triviales, au point, bien souvent, de nous laisser perplexes quant à la profondeur que certains esprits fantaisistes voudraient leur prêter.
Que notre lecteur soit prévenu : nous faisons partie de ces esprits-là !
Le langage est le véhicule de la philosophie, comme il est le véhicule de toute pensée qui cherche à s’exprimer. Sans langage, la pensée est pour ainsi dire réduite à l’isolement. Elle a besoin d’un canal de diffusion pour pouvoir se faire connaître et communiquer avec d’autres pensées. Le langage est ce canal.
C’est par les phrases que nous prononçons chaque jour que nous informons nos interlocuteurs sur notre personnalité philosophique : nos convictions, nos croyances, nos doutes, nos préjugés…
Lorsque nous formulons une opinion, aussi anodine puisse-t- elle nous sembler, c’est toute une conception philosophique que nous engageons avec elle. Y compris inconsciemment. Surtout inconsciemment.
La question du langage occupe une place centrale dans la psychanalyse, qui en fait l’un des supports de révélation privilégiés de
l’inconscient. S’il est vrai que nos mots peuvent parfois dépasser notre pensée, ils peuvent également la trahir en la faisant remonter à la surface de nos lèvres, contre son gré en quelque sorte. On citera ici un exemple bien connu, celui du lapsus (dit précisément révélateur pour cette raison) que les psychanalystes interprètent comme un symptôme de la pression exercée sur nos pensées par nos désirs refoulés dans l’inconscient.
C’est à dévoiler l’inconscient philosophique de nos petites phrases de tous les jours que ce livre souhaiterait contribuer.
Des petites phrases qui, à force d’être entendues et répétées autour de nous, finissent par ne plus susciter aucun questionnement de notre part. Des petites phrases que l’habitude a condamnées à
l’indifférence, alors qu’elles sont le miroir dans lequel se reflètent nos pensées les plus enracinées.
Lorsque nous prononçons une phrase aussi banale que « Je fais ce que je veux », sommes-nous vraiment sûrs d’en mesurer toutes les implications ? Avons-nous jamais réfléchi à ce que signifiait le fait de dire « Chacun sa vérité » quand notre intention était seulement de plaider pour le respect de la pluralité des opinions ? Comment expliquer l’appréhension qui accompagne si souvent les mots « Je t’aime » qui ne devraient théoriquement faire naître que bonheur et légèreté ? Tel est le type de réflexion auquel nous invitons notre lecteur.
Une réflexion sur ce que nos paroles révèlent sur notre époque et sur nous-mêmes, à l’heure où le sens des mots tend de plus en plus à se diluer dans la profusion des messages et le règne médiatique du slogan.
Pour conclure ce rapport de lecture, je retiens la proposition de Yuval Noah Harari à savoir le création d’un droit à l’explication lorsque la décision prise implique un algorithme opaque. L’auteur se réfère à L’affaire Loomis mettant en cause la peine prononcée contre l’accusée Eric Loomis par la Cour de justice de l’État du Wisconsin aux États-Unis.
L’affaire Loomis
Les fantômes de Descartes et de Grotius à l’assaut de la justice ? 1
Khaled DIKA – 20 avril 2020
Résumé : Nous présentons dans cet article l’affaire E. Loomis (State v. Loo- mis, 881 N.W.2d 749 (Wis. 2016)). Cette affaire a eu un grand retentissement à cause de l’utilisation dans l’instance d’un algorithme qui estime une probabilité de récidive et surtout à cause des conséquences dramatiques de cette utilisation. Nous parlons de l’algorithme secret de COMPAS et de son rôle au cœur de cette affaire. Nous présentons des analyses de plusieurs juristes qui ont conclu à une violation de droits fondamentaux dans l’affaire Loomis et nous apportons nos propres contributions à ce débat. Nous déconstruisons ensuite quelques dis- cours axés sur le caractère disruptif de l’usage des « nouvelles technologies » en montrant l’ancrage de ces discours dans des courants philosophiques du XVIIe siècle. Nous analysons l’éventualité d’un usage des algorithmes d’évaluation du risque de récidive dans une décision qui porte sur la libération conditionnelle, pour montrer le caractère non constitutionnel d’un tel usage hypothétique. Dans la conclusion nous plaidons l’importance des analyses relevant de la philosophie du droit pour mieux comprendre les enjeux de cette affaire et afin de ne pas restreindre les débats à des considérations techniques de « validité statistique » ou de performance d’un modèle.
Voir aussi : Clarisse Valmalette. L’algorithme de dangerosité pénale aux États-Unis : vers une érosion des droits fondamentaux du procès. Annuaire internationale de justice constitutionnelle, 2020, XXXV. https://hal.science/hal-03169476v1.
(…) Au début des années 2020, les citoyens de nombreux pays se voient régulièrement infliger des peines d’emprisonnement fondées en partie sur une évaluation des risques par des algorithmes auxquels ni les juges ni les accusés ne comprennent rien. Et encore, ces peines de prison ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
Le droit à une explication
Outre les peines d’emprisonnement, les algorithmes jouent un rôle sans cesse plus important dans de nombreuses décisions nous concernant, certaines insignifiantes, d’autres à même de changer le cours d’une vie : nous admettre à l’université, nous offrir un travail, nous accorder de l’aide sociale ou un prêt. Ils contribuent également à déterminer quels traitements médicaux nous recevons, le montant de nos primes d’assurance, les actualités qui nous parviennent et qui pourrait vouloir sortir avec nous.
En confiant une proportions dans cesse croissante des décisions aux ordinateurs, les sociétés mettent en péril la viabilité même des mécanismes d’autocorrection démocratique, mais aussi de la transparence et de l’obligation de rendre des comptes propres à la démocratie. Comment des fonctionnaires élus pourraient-ils réglementer des algorithmes impénétrables ? La consécration d’un nouveau droit de l’homme est par conséquent de plus en plus réclamée : le droit à une explication. (…)
NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Troisième partie – Politique informatique, chapitre 9 – Démocraties : une conversation impossible ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 392-393.
Propriétés d’entreprises privées, les algorithmes sont des secrets commerciaux dont elles me veulent pas révéler la méthodologie, même lorsqu’il s’agit de décisions prisent par des administrations publiques sur la base de ces algorithmes. Je pense que le droit à une explication doit être précédé d’un droit à la divulgation et à l’identification de l’algorithme impliqué dans la décision qui nous concerne.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »
Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !
Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.
Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.
La raison se présente sous un jour paradoxal référence à laquelle les hommes soumettent leurs projets, leurs interrogations, leurs hypothèses pour les confirmer ou les critiquer, elle est en même temps exposée aux pressions extérieures et aux troubles intérieurs. Emane-t-elle de Dieu, imprègne-t-elle le réel ou simplement la réflexion que celui-ci inspire à l’humanité ? Pourquoi est-il si difficile de penser ce qui fait de l’homme un «animal doué de raison» ? A partir d’une exploration historique de ce concept chez les philosophes anciens et modernes, cet ouvrage se propose de préciser la fonction de la raison dans les sciences, d’en discerner le rôle dans l’action, de voir comment, dans la connaissance et dans la pratique, cette faculté affronte la réalité du mal, de juger enfin si, au début du XXIième siècle, s’esquisse un nouveau visage de la raison.
* * *
Bertrand Saint-Sernin (1925-1985)
Membre de l’Institut, Bertrand Saint-Sernin est ancien recteur d’Académie et professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV).
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
I — Histoire du concept : Platon — Aristote — Les stoïciens — Le christianisme — Le scepticisme — Descartes — Kant — Philosophie de la nature et dialectique — Cournot — Whitehead
II — La raison et les sciences : L’énigme des origines — Décrire — La raison et les théories sublimes
III — La raison et l’action : Les peintures de l’action — La raison et les jeux de stratégie — La raison et l’histoire — L’idée de « science de l’action »
IV — La raison et les fins : Raison et liberté — La haine de la raison — Les projets de la raison
V — Aspects nouveaux de la raison : Les trois états de la raison — Les deux formes du lien intersubjectif — Le nouveau gouvernement de la raison — Raison partagée, réseaux, stratégie
Conclusion
Bibliographie
AU SUJET DE L’AUTEUR
Bertrand Saint Sernin
Date/Lieu de naissance : 20 décembre 1931, Brest, France
Date de décès : 24 juin 2024, Plougonvelin, France
Bertrand Saint-Sernin, né le 20 décembre 1931 à Brest1 (Finistère) et mort à Plougonvelin (Finistère) le 24 juin 20242, est un professeur de philosophie et un spécialiste de l’histoire des sciences français, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, ancien recteur d’académie.
Biographie
Né en 1931 à Brest, Bertrand Saint-Sernin est agrégé de philosophie. Il a fait une carrière universitaire à Lille et à Paris, où il est professeur honoraire (université Paris-Sorbonne). Influencé par Simone Weil, Bergson et Malebranche, il est aussi spécialiste de la théorie des jeux et des philosophies de Cournot et Whitehead 3.
Après un passage dans le secondaire (1957-1963) aux lycées de Chambéry, Rouen puis au lycée Michelet de Vanves, il devient consultant à la direction des affaires scientifiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de 1963 à 1965, puis revient à l’enseignement comme maître assistant à l’université de Paris I jusqu’en 1972. Ayant obtenu sa thèse de doctorat d’État, sur Les mathématiques de la décision à la Sorbonne en 1971, sous la direction de René Poirier, il est nommé à l’université Charles De Gaulle (Lille III) où il demeure de 1972 à 1986, tout d’abord comme maître de conférences, puis comme professeur à partir de 1982.
Durant cette période, il est détaché comme recteur de l’académie de Dijon et chancelier de l’université de Bourgogne (1973-1976) puis comme recteur de l’université de Nancy-Metz et chancelier des universités de Nancy et de Metz (1976-1982). De 1986 à 1987, il est directeur de cabinet du ministre de l’Éducation nationale, après quoi il est nommé recteur de l’Académie de Créteil et chancelier des universités Paris VIII, Paris XII et Paris XIII (1987-1989).
En 1989, il est élu professeur à l’université Paris-Nanterre, où il reste jusqu’à sa retraite, en 1993.
Distinctions
Commandeur de la Légion d’honneur (2016).
Commandeur de l’ordre national du Mérite (2005).
Commandeur de l’ordre des Palmes académiques (2021).
Les mathématiques de la décision, Paris, PUF, 1973, 375 p.
Le décideur, Paris, Gallimard, 1979, préface de Raymond Aron, 222 p.
L’Action politique selon Simone Weil, Paris, Cerf, 1988, 196 p. (couronné par l’Académie des sciences morales et politiques), deuxième édition révisée en 2008 disponible en cliquant ici.
Genèse et unité de l’action, Paris, Vrin, 1989, 189 p.
Parcours de l’ombre. Les trois indécidables, Archives contemporaines, 1994, 207 p.
La Raison au XXe siècle, Le Seuil, 1995, 320 p.
Entretiens nocturnes sur la théorie des jeux, la poésie et le “nihilisme” chrétien, Le Cri, Bruxelles, 1997, 240 p.
Cournot, Vrin, 1998, 192 p.
Whitehead. Un univers en essai, Vrin, 2000, 208 p.
Philosophie des sciences (I) & (II), Daniel Andler, Anne Fagot-Largeault et Bertrand Saint-Sernin, Gallimard, coll. Folio, 1333 p., sept. 2002.
La raison, PUF, coll. « Que sais-je ? », juillet 2003.
Le rationalisme qui vient, Gallimard, coll. Tel, jv 2007.
Blondel, un univers chrétien, Paris, Vrin, 2009
Précis de l’action, Paris, Cerf, 2012
Ouvrages traduits
La raison au XXe siècle en portugais (Brésil)
La raison au XXe siècle en polonais, 2002.
Philosophie des sciences (I) & (II) de Daniel Andler, Anne Fagot-Largeault et Bertrand Saint-Sernin en portugais (Brésil), mai 2005.
La raison (Ho Logos), To Vèma Gnôsè, Athènes, 2007.
Ouvrages collectifs
Coordination du Numéro spécial sur Georges Canguilhem, Revue de Métaphysique et de Morale , jv. 1985 (voir contribution plus loin).
“L’idée du destin” in Lord Jim. Figures mythiques, Joseph Dobrinsky, Autrement, 1998.
“Complétude et incomplétude de l’action” in Les modèles de l’action, PUF, 1998, p. 165-188.
“The Categoreal Scheme” in Alfred North Whitehead, l’univers solidaire, Ali Benmakhlouf éd., Université Paris X-Nanterre, 1999, p. 11-37.
“Possibilité d’une philosophie de la Nature aujourd’hui”, Anne Fagot-Largeault, Daniel Andler, Bertrand Saint-Sernin, in Science et philosophie de la Nature. Un nouveau dialogue, Luciano Boi (éd), Peter Lang, 2000.
“Peut-on connaître la nature ?”, in Préparer l’agrégation de philosophie. La Nature, sous la direction de Laurent Cournaire et Pascal Dupond, ellipses, 2001, p. 20-41.
“L’École française de l’action”, in Jean-François Mattéi, éd. Philosopher en français. Essai, PUF, coll. Quadrige, 2001, p. 21-43.
“Qu’est-ce qu’une vérité scientifique ?” in Droit à la connaissance, respect des personnes et recherche clinique, Journées d’éthique médicale Maurice Rapin, Médecine-Sciences Flammarion, 2001, p. 1-13 (Conférence prononcée le 17 novembre 2000).
“La philosophie de la nature de Jean Largeault” in De la Science à la philosophie. Hommage à Jean Largeault, L’Harmattan, 2001, sous la direction de Miguel Espinoza, p. 21-30.
« Le risque : appréhension subjective et réalité objective » in Probabilités subjectives et rationalité de l’action, CNRS éditions, Paris, 2003, p.101-117, 140 pages, (reçu le 13/12/03), p. 101-117.
“L’idée de conversion intellectuelle selon Alain, Brunchvicg et Blondel” in Le moment 1900 en philosophie, Septentrion, 2004, (417 pages), Études réunies sous la direction de Frédéric Worms, (p. 43-61).
Coordination du N° spécial de la Revue de métaphysique et de morale, 3 Septembre 2004, consacré à la “Philosophie de la nature” (voir contributions plus loin)
“La nature dans la philosophie de Husserl et de Whitehead” in Chromatiques whiteheadiennes (Volume 2) : François Beets • Michel Dupuis • Michel Weber, Alfred North Whitehead De l’algèbre universelle à la théologie naturelle, Ontos Verlag, Frankfurt • Lancaster, 2004, p. 171-192.
“Xavier Tilliette, un portrait” in La filosofia come santità della ragione. Scritti in onore di Xavier Tilliette, a cura di Antonio Russo e Jean-Louis Vieillard-Baron, Edizioni Università di Trieste, 2004, p. 17-34.
L’illettrisme, PUF, 2005 : “Attitudes françaises à l’égard de l’évaluation” et “Conclusions”.
“Relativité et interconnexité” in La science et le monde moderne d’Alfred North Whitehead, Alfred North Whitehead’s Science and the Modern World, Actes des Journées d’étude internationales tenues à l’Université catholique de Louvain, les 30-31 mai et 1 juin 2003, Ontos Verlag, 2006.
“Expérience et pensée chez Jean Brun” in Jean Brun, la Vérité et le Chemin, sous la direction de Maryvonne Perrot, Centre Gaston Bachelard de Recherches sur l’Imaginaire et la Rationalité, Université de Bourgogne, Dijon, 2006, p.41-52.
“Vers un nouvel état de la raison” in Science, Éthique et Droit, sous la direction de Nicole Le Douarin etr Catherine Puigelier, Odile Jacob, mai 2007, p. 343-348.
“L’interconnexité entre les êtres selon Les deux sources de la morale et de la religion” in Annales bergsoniennes III, Bergson et la science, édité et présenté par Frédéric Worms, PUF, 2007, mai, p. 295-312.
“Destiny in the Work of Joseph Conrad” in Conrad in France, Edited with an Introduction by Josiane Paccaud-Huguet, Conrad : Eastern and Western Perspectives, Editor Wieslaw Krajka, Vol. XV, Social Science Monographs, Boulder, Maria Curie-Sklodowska University, Lublin, Distributed by Columbia University Press, New York, 2006, p. 73-94.
“L’erreur en philosophie” in L’erreur, sous la direction de Jean Foyer, François Terré, Catherine Puigelier, PUF, Cahiers des sciences morales et politiques, 2007, p. 183-192.
“Blondel et l’école française de l’action” in Maurice Blondel et la philosophie française, Emmanuel Gabellieri et Pierre de Cointet (ed), Parole et Silence, 2007, p. 103-121.
“L’autorité à la lumière des Lois de Platon” in L’autorité, sous la direction de Jean Foyer, Gilles Lebreton, Catherine Puigelier, Cahier des sciences morales et politiques, PUF, 2008, 328 pages, p. 3-14.
“La rationalité scientifique au début du XXIe siècle” in Filosophie, Scienza et Bioetica nel dibattito contemporaneo. Studi internationali in onore di Evandro Agazzi a cura di Fabio Minazzi, Roma, Presidenza del Consiglio dei Ministri, Dipartimento per l’Informazione et l’Editoria, 2007, p. 771-779.
“L’identité changeante de l’individu vue par Bergson et par Whitehead” in L’identité changeante de l’individu. La constante construction du Soi, Edmardo D. Rarosella, Bertrand Saint-Sernin, Philippe Capelle, S.E. Marcelo Sanchez Sorondo, ed., L’Harmattan, 2008, p. 221-232.
“Autorité et décision » in De l’autorité, Colloque annuel du Collège de France sous la direction de Antoine Compagnon, Odile Jacob, 2008, p. 307-322.
“Simone Weil, critique de la société” (reprise d’un article d’Études, fév. 87) in Simone Weil Sagesse et grâce violente, sous la dir. de Florence de Lussy, Bayard, 2009, p. 249-271.
“Instruire selon Simone Weil” in Simone Weil, Chantal Delsol (éd.), Cerf, 2009, p. 153-168.
“Sur les morales de la vertu” in La vertu, sous la direction de Jean Foyer, Catherine Puigelier, François Terré, PUF, 2009, p. 115-129.
“Scientific Method and Philosophical Method” in The Humanities and Social Studies in the Far East, 5th Russian Philosophical Congress, special issue of “Methodology of Philosophical Knowledge” N°3 (23), 2009, p. 193-201.
“La rationalidad cientifica a principios del siglo XXI” in Filosofia y ciencias de la vida, Juliana Gonzalez V. Coordinadora, Universidad Nacional Autonoma de Mexico, 2009, p. 94-107.
“La générosité : lumière de Jean Foyer” in Jean Foyer In Memoriam, textes rassemblés par Catherine Puigelier et François Terré, Litec, Paris, 2010, p. 407-414.
“La Reconnaissance à la lumière du Timée” in La reconnaissance. Recognition, sous la direction de Catherine Puigelier, Centre de recherches en théorie générale du Droit, Bruyland, Bruxelles, 2011, p. 67-80.
“Durkheim et les philosophes de son temps” in Durkheim fut-il durkheimien ?, Actes du Colloque organisé les 4 et 5 novembre 2008 par l’Académie des sciences morales et politiques, Armand Colin/Recherches, 2011, p. 187-204.
Direction d’ouvrage (avec Catherine Puigelier), Le droit à la lumière de Bergson : mémoire et évolution, Paris, Éditions Panthéon-Assas, 2013.
Direction d’ouvrage (avec Anne Fagot-Largeault), La philosophie et l’état du monde, entretiens de l’Institut international de philosophie, Paris, 15-18 septembre 2010, Paris, Vrin, 2013.
Éditions de texte
Écrits de Dina Dreyfus, Paris, Hermann, “Hermann Philosophie”, 2013, textes rassemblés et présentés par Christiane Menasseyre et Bertrand Saint-Sernin.
Traductions
Carl G. Hempel, Éléments d’épistémologie, Paris, Armand Colin, 1972.
W.V.O. Quine, Logique élémentaire, Paris, Armand Colin, 1972, avec Jean Largeault. 2e édition, Paris, Vrin, 2006.
Articles
La politique de la science, Études philosophiques, 1966.
Technique et technologie, Le Progrès scientifique, oct. 1967.
Programmes et programmation, Le Progrés scientifique, nov. 1967.
L’idée de révolution scientifique selon A.A. Cournot, Revue de l’enseignement philosophique, déc.1974-jan.1975.
Paradoxes technologiques des sociétés modernes, Les Études Philosophiques, 1976.
Pierre Oster Soussouev, entrée en poésie, La Voix des poètes, fév. 1978.
Le décideur et la santé, avec François Regnier, Prospective et Santé, 1980, N° 16.
Michel Alexandre, La Revue de Métaphysique et de Morale, janvier-mars1981, tome 44.
P. Oster Soussouev, Un lyrisme véridique, Critique, août-sept. 1981.
L’idée de décision collective: mythe ou réalité? Etudes, déc. 1982.
Finalité de l’éducation, Paradoxes, automne 1982.
Michel Serres, philosophe et gascon, Cahiers du Sud-Ouest, 1983.
Le souverain dans la Critique de la raison dialectique, Revue de Métaphysique et de Morale,1983.
L’âme ou le nom propre, Cahiers philosophiques, 1983, N° 15.
Essence et images de la liberté, Cahiers Philosophiques, 1983, N° 17.
Les figures politiques du mal chez Sartre, Études, déc. 1983.
Groupe et choix, La marge, 1983.
P. Oster Soussouev ou la fluidité dramatique, Don Quichotte, Lausanne, fév. 1984.
Michel Serres à mi-parcours, Etudes, mars 1984.
René Poirier, ou la métaphysique de l’image, Études philosophiques, 1984.
Raymond Aron, Études, juillet-août, 1984.
Éthique de la décision, Prospective et santé, automne 1984.
Coordination du Numéro spécial sur Georges Canguilhem, Revue de Métaphysique et de Morale, jv. 1985, et article sur “Georges Canguilhem à la Sorbonne”.
Georges Canguilhem, une philosophie du concept, Cahiers philosophiques, 1985, N° 23.
La critique sociale selon Simone Weil, Études, 1986.
Images de la matière et matérialisme, Études, 1986.
Dina Dreyfus ou la raison enseignante, Les Temps modernes, 1989, N° 516.
Philosophie et fiction dans l’oeuvre de Sartre, Les Temps modernes, 1990, N° 531-533.
Dimensions de l’éthique, Études, déc. 1990.
La philosophie de la nature de Jean Largeault, étude critique, Revue de Métaphysique et de Morale, 1990.
Conrad, peintre de l’action, L’Époque conradienne, Bulletin de la société conradienne de France, édité par la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Limoges ,1990.
Georg Simmel : Métaphysique du laconisme, Germanica, 8/1990, Université Charles de Gaulle, Lille.
L’attention selon Simone Weil, Sud, 1991.
Les Causes de la mort d’Anne Fagot Largeault, étude critique, Revue de Métaphysique et de Morale, 1991.
Munier le Lorrain, NRF, 1991, N° 460.
Les représentations de l’action, Bulletin Société française de Philosophie, 1991 N°2 : 61-78.
La ligne d’ombre : un traité du destin, dans le dossier Joseph Conrad, Magazine littéraire, mars 1992, N°297.
La chambre de veille de Joseph Conrad, Les Temps modernes,1992, N° 555.
Les messagers du destin, L’Epoque conradienne, Bulletin de la société conradienne de France, édité par la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Limoges, 1992.
La beauté pas à pas dans Une machine à indiquer l’univers de Pierre Oster, Obsidiane, 1992.
Blessure de la raison à l’aube du XXe siècle, Études, sept. 1992.
Les états du structuralisme, Études, avril 1993.
La science de l’action, Études, juillet-août 1994.
Le doute au XXe siècle, Études, déc. 1995.
“Les ordres de la nature”, in Dioti 5. Sciences et Philosophie, CRDP Midi-Pyrénées, 1999, p. 87-125.
“L’idée de décision”, in Sciences et Avenir, Hors-Série, N° 121, décembre 1999-janvier 2000, p. 52-57.
L’action à l’aube du XXIe siècle, Études, fév. 1999.
“Sur le contrôle étatique du clonage”, in Cités, 2/2000, p. 181-185
“Y a-t-il place, aujourd’hui, pour une philosophie de la nature ?” Société française de philosophie, séance du 21 novembre 1998, in Bulletin de la Société française de philosophie, 93e Année, N° 1, Janvier-Mars 1999.
“La voie vers l’univers est politique”, Poésie 2000 (décembre 2000) (sur P. Oster).
“Le jeu stratégique” in Sciences et Avenir, Hors-Série, N° 128, octobre-novembre 2001, p. 48-53.
“Morphogenèse mathématique du monde matériel” in Les Études philosophiques, octobre-décembre 2002, numéro spécial Whitehead, p. 427-440.
”Légitimité et existence de la philosophie de la nature” in Philosophie de la nature, Revue de métaphysique et de morale, 3 Septembre 2004, p. 331-342.
“Entretien avec Jean-Marie Lehn sur les possibles naturels en chimie” in Philosophie de la nature, Revue de métaphysique et de morale, 3 Septembre 2004, p. 371-380.
“La critique du coup d’État dans la pensée biologique de Cournot” in Bulletin d’Histoire et d’Épistémologie des sciences de la vie, volume 10, N°2, 2003, publié en 2004, p. 131-155.
“Actualité de la philosophie de la nature de Cournot” in Actualité de Cournot, Thierry Martin (éd), Vrin, 2005, p. 31-50.
“ Portrait de Whitehead ”, Études, avril 2003.
“Les états du structuralisme”, Études, 1993.
“La science et l’action au XXe siècle”, Études, 1994.
“Le doute au XXe siècle”, Études, 1995.
“Les carnets de la drôle de guerre – Cahiers pour une morale de Jean-Paul Sartre, NL, Études, 1983.
“L’art du commencement” in NUNC N°13, juin 2007.
“Rationalité scientifique et communion des saints” in NUNC N° 16, sept. 2008
“Y a-t-il de l’universel dans l’action ?” in Revue de Métaphysique et de Morale, 1, janvier 2009, p. 49-60.
“Raison et cosmos : un entretien avec Bertrand Saint-Sernin”, NUNC N° 21, juin 2010, p. 13-20.
Articles d’Encyclopédies ou de Dictionnaires
Dans le Dictionnaire philosophique des PUF, l’article : La décision.
Dans l’Encyclopaedia Universalis, les articles :
Causalité. Contingence. Erreur. Hasard. Induction. Tactique et stratégie.
Les notices de Georges Canguilhem et René Poirier.
Dans le Symposium de l’Encyclopaedia Universalis, deux essais :
Le Décideur.
L’Indécidable.
Dans le Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, PUF, 1996, les articles :
Simone Weil
Nihilisme.
Dans le Dictionnaire de la pensée médicale, sous la direction de Dominique Lecourt, PUF, 2004, l’article :
Dignité de la personne (pp. 338-341).
Conférences publiées
Probabilités et préférences, Dossiers pédagogiques de la radio scolaire, mai 1973.
Théorie mathématique de l’agrégation des préférences, idem, juin 1973.
Programmation et stratégie, idem, juin 1973.
De l’idéalité de l’espace au choix d’une géométrie physique, Dossiers pédagogiques de la radio et de la télévision scolaires, 1975-1976.
La mesure du temps et les paradoxes de l’extension et du mouvement, idem, 1975-1976.
L’idée d’univers : physique ou métaphysique ? idem, 1975-1976.
Frontières et limites des mathématiques dans l’art de la décision, dans Les Frontières de la Science, Colloque du 29 Avril 1977, Nancy.
L’indétermination de la traduction chez Quine, dans La Traduction, un art, une technique, Actes du 11e Congrés des Germanistes de l’Enseignement supérieur 1978.
Imagination scientifique et imagination poétique chez Bachelard, Gaston Bachelard. L’homme du poème et du théorème, Colloque du centenaire, Dijon, 1984, publié en 1986.
Suturer les paradigmes, Médecine et Humanisme, revue de l’Association Economie et santé, 1991.
Mesurer la vie, intégrer la mort, Colloque international de Clinimétrie, Paris, 1991, Actes, 1992.
Forces et faiblesses des démocraties dans la gestion des crises (1991), La Défense, revue Administration, janvier-mars 1992.
L’atelier de Pierre Oster, Colloque de Pau, mai 1992, Pierre Oster : Poétique et poésie, Presses universitaires de Pau, 1994.
Crises et révolutions scientifiques selon A. A. Cournot”, Revue de métaphysique et de morale, N° 3/1993, p. 331-346.
“Principe et origine”, Recherches de Science religieuse, Tome 814 (1993), p. 559-580.
“Fait et forme selon Whitehead”, in Dioti 4, Ellipses CRDP Midi-Pyrénées, 1998, p. 191-222.
“L’idée de patrie et l’universel chez Simone Weil”, “Simone Weil spirituelle ou politique?”, Journée d’étude, Sorbonne, 29 mai 1999, in Cahiers Simone Weil, Tome XXII-N° 4, décembre 1999, p. 355-365.
“Vérité et autorité dans un univers marqué par les sciences et les techniques”, Recherches de Science religieuse, Janvier-Mars 2000, Tome 88/1, p. 17-37.
“Expérience et culture chez Jean Brun”, Actes du Colloque international d’Agen (20-21-22 mars 1996), in Recueil des travaux de la société académique d’Agen, 3e série – Tome VIII, mai 2000, p. 9-18.
“Y a-t-il place, aujourd’hui, pour une philosophie de la nature ?” Société française de philosophie, séance du 21 novembre 1998, in Bulletin de la Société française de philosophie, 93e Année, N° 1, Janvier-Mars 1999.
“La voie vers l’univers est politique”, Poésie 2000 (décembre 2000) (sur P. Oster).
« La philosophie de la nature de Pierre Oster », NUNC, revue spirituelle 3, mai 2003.
« L’âme et la raison dans L’enracinement », Cahiers Simone Weil, « L’Enracinement » I Démocratie, obligation, raison, TOME XXVI – N° 3, septembre 2003.
« Problèmes ouverts », Bulletin de la Société française de Philosophie, séance du centenaire, 15 décembre 2001, publié en mai ou juin 2003.
Compte rendu de « Penser avec Whitehead » d’Isabelle Stengers, Archives de philosophie, 65-4, octobre-décembre 2002.
« “Le divin dans le monde” selon Whitehead et Blondel », Nice, déc. 2006, in NOESIS. Quine, Whitehead et leurs contemporains, N° 13, Nice, 2008, p. 195-215.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
La raison se manifeste par la puissance de sentir (en grec, l’intellect, noûs, veut d’abord dire : « le flair »), de juger, de décider, d’agir en observant la justice, quel que soit le prix à payer. Elle peut aussi se laisser séduire et agir par calcul, en vue de fins injustes. Elle ne constitue pas à elle seule l’âme ou l’esprit (animus) de l’individu ni non plus son intelligence ou son psychisme (mens) : elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état de trouble. Cette capacité ne nous est connue que logée dans des individus exposés à la peur, au désir — bref, aux « perturbations de l’âme » (perturbationes animi).
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Introduction, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 3.
P.S.: Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.
En fait, on nous a inculqués que la raison souffrait de nos passions, de nos émotions et de nos sentiments dans l’exercice de son fonctionnement. Passions, émotions et sentiments qui ont le pouvoir de désarçonner la raison, il est vrai, « en situation de risque ou dans un état de trouble ». Mais, attention, il faut prendre en considération notre instinct et nos réactions involontaires acquises de nos expériences, lorsqu’en situation de crise, d’urgence, nous n’aurions pas le temps de raisonner tant l’action est requise sur le champ.
Si vous marchez dans la rue plutôt que sur le trottoir, et que vous entendez le crissement de ses pneus d’une automobile, il n’est pas question de vous retourner vers la source du bruit pour la voir et en confirmer l’identification, évaluer la vitesse de l’automobile et sa distance de votre position, etc. Le bruit à lui seul vous pousse à monter sur le trottoir sans pensée consciente si ce n’est l’appréhension du risque d’un accident sur votre personne. En pareil cas, la raison n’a pas le temps de bien fonctionner.
Il en va de même lors de le temps est venu de décider si vous achetez cette maison-ci ou celle-là suivant les options disponibles. Une analyse raisonnée peut alors prendre des mois et vous paralyser. Vous ne parvenez pas à prendre une décision, vous êtes donc indécis malgré le bon fonctionnement de votre raison. Les récentes études en neurosciences démontrent que la raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour passer à l’action, c’est-à-dire, prendre une décision. La raison, à elle seule, ne suffit que rarement.
(…) Dans l’ordre théorique, la raison n’est pas seulement d’ordre individuelle ; elle ne fonctionne bien que grâce à l’interaction entre les hommes. John Herschel (1792-1871), astronome et philosophe anglais, remarquait en 1830 : « Il n’y a pas de corps de connaissances qui soit assez complet pour ne pas recevoir un accroissement ou assez exempt d’erreurs pour ne pas recevoir des corrections, quand il passe par des millions d’esprits » (A Preliminary Discourse on the Stydy of Natural philosophy [1830], reprint The University of Chicago Press, 1987, p. 60).
Pour qu’un tel échange intersubjectif soit efficace, il faut supposer que la raison opère de la même manière chez tous les individus, ce qui est une hypothèse forte. De fait, elle est énoncée très tôt par les penseurs grecs. Héraclite, nous dit Sextus Empiricus, « affirme que la raison est le critère de la vérité : non pas cependant n’importe quelle raison, mais la raison commune et divine » (Contre les Mathématiciens, VII, § 127). Et, selon Démocrite : « De l’exercice de la raison procèdent ces trois qualités : bien délibérer, parler sans se tromper et agir comme il se doit » (Démocrite, B II).
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Introduction, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, pp. 4-5.
P.S.: Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.
Cette citation m’inspire une question : Possédons tous la même faculté de raisonner ( « il faut supposer que la raison opère de la même manière chez tous les individus ») ? La culture et, plus spécifiquement, la langue et le langage de chaque nation (peuple), joue un rôle de premier plan dans notre manière de penser.
Ici, au Canada, nous comptons deux grands peuples : les Canadiens anglais et les Québécois (anciennement les canadiens français), chacun ayant sa culture, sa langue et son langage propre. Je suis Québécois. Le peuple québécois traite souvent les Canadiens anglais de « têtes carrées ». Ces deux peuples ne s’entendent pas très bien.
Tête carrée – Se dit de quelqu’un de buté et de têtu. – D’origine québécoise, cette expression date des débuts de la colonisation du Canada. En effet, les Français, déjà installés, voient des Anglais arriver. Ceux-ci construisent des maisons carrées et dont le toit adopte la même forme. Les relations n’étant pas toujours au beau fixe entre français et anglais, les Français décrivent les Anglais comme étant des têtes carrées en rapport avec leurs maisons et pour qualifier leur entêtement. Source : Tête carrée, lintern@ute.
Non seulement il s’agit d’une insulte utilisée pour dénoncer les opinions des Canadiens anglais mais aussi et surtout pour souligner qu’ils ne pensent pas comme nous en raison de leur culture.
Si chaque homme est doté de raison, elle est modelé, dans son exercice, par sa culture. La raison ne peut donc pas opérer, dans ses résultats, de la même manière chez tous les hommes à moins de se limiter aux sciences exactes. L’addition 2 + 2 = 4 est une opération à laquelle tous les hommes parviennent. Bref, avec des concepts abstraits parfaitement définis, tels que les nombres, tout va pour le mieux pour tous les hommes. Ils partagent tous la même compréhension de l’exactitude du résultat de cette opération, évident et universel. Dans ce cas précis, peut-on parler pour autant d’un « échange intersubjectif » nécessaire au bon fonctionnement de la raison ?
Lorsque Bertrand Saint-Sernin écrit « Dans l’ordre théorique, la raison n’est pas seulement d’ordre individuelle ; elle ne fonctionne bien que grâce à l’interaction entre les hommes », ou il traite des sciences dont l’accréditation du savoir exige désormais l’accord des pairs, ou il fait allusion au savoir lui-même qui, d’un individu à l’autre, d’une génération à l’autre, d’une époque à l’autre, évolue par interaction. Dans cette situation où le seul fait que le savoir peut être partagé, reçu, comprise, par la raison des millions d’autres hommes, on note une particularité de son fonctionnement.
Ainsi alors que la philosophie antique recommande que l’âme soit tenue à distance du corps, la pensée chrétienne, inspirée par le dogme de l’Incarnation, préconise une autre façon de résoudre le problème posée par la stoïciens. Elle fait un pari audacieux : l’usage plein de la raison, que les stoïciens réservent au sage, elle l’attribue par principe à tous les hommes. C’est sur cette foi en une raison en laquelle ont part tous les hommes que le concept moderne de la raison humaine repose. Toutefois, le pari chrétien en faveur de l’universalité de la raison humaine ne lève pas les obstacles à son exercice.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre I – Histoire du concept, IV. – Le christianisme, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 22.
À mon humble avis, parmi ces obstacles, se trouvent encore la langue et le langage, et plus généralement la culture de l’individu, comme étant des influenceurs de l’exercice de la raison, de la manière de penser.
Et que dire de cet autre influenceur : la religion. Et est-ce que « pari chrétien » tenait davantage de l’universalité de leurs doctrines que de l’universalité de la raison humaine ?
Parlant de l’étude « Apologie de Raymond Sebond » de Montaigne (Essais, livre II, chapitre 12), Bertrand Saint-Sernin écrit :
Le scepticisme est là pour mettre à l’épreuve ce qu’aurait de naïf une excessive confiance en la raison. Montaigne dans les Essais, se livre à une expérimentation : se prenant comme laboratoire et tentant sur lui-même les arguments des septiques, il consigne les résultats de son enquête dans une étude intitulé « Apologie de Raymond Sebond » (Essais, II, 12). Il ne s’agit pas de rapporter en historien les thèses des septiques au sujet de la raison, mais bien, tout restant exact dans l’exposé des doctrines, d’en vivre le sens de l’intérieur, d’une façon qu’on appellera plus tard « existentielle ». (…)
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre I – Histoire du concept, V. – Le scepticisme, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 23.
J’aime beaucoup ce passage : « (…) vivre le sens de l’intérieur, d’une façon qu’on appellera plus tard “existentielle” ». Un élément de plus à ma compréhension du concept « existentiel ».
Fichte a été le premier, s’accorde-t-on à dire, à former l’idée d’intersubjectivité transcendantale. Il a vue que le cogito, le « je pense », ne désignait pas la démarche solitaire d’esprits isolés, mais que la pensée impliquait un lien entre les esprits. Hegel reprend cette perspective, l’approfondit et la transforme. Il donne à ce processus qui concerne à la fois la nature et l’esprit le nom de « dialectique ». Celle-ci est indissolublement pensée critique, puisqu’elle cherche à dissoudre les vues illusoires que nous nous faisons de notre être ; et action, dans la mesure où la réalité n’est jamais passivement reçue. (…)
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre I – Histoire du concept, VIII. – Philosophie de la nature et dialectique, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, pp. 30-31.
Personne s’oppose à l’importance de la « pensée critique », pas plus qu’au fait amplement démontré aujourd’hui que « la réalité n’est jamais passivement reçue ». Nous sommes des êtres à la fois raisonnables et subjectifs. Mais de là à admettre que « que le cogito, le « je pense », ne désignait pas la démarche solitaire d’esprits isolés, mais que la pensée impliquait un lien entre les esprits », il y a toute une marge. La raison elle-même est avant tout individuelle, sans autre attache que sa langue, son langage et tout les autres composantes cadre de la culture dans et par laquelle elle se développe. Que les savoirs auxquels l’individu pense, repense, remodèle, change… proviennent d’autres esprits, cela va de soi. Et que la subjectivité de chacun soit en cause, cela va aussi de soi. Que la prise de connaissance d’autres savoirs puisse impliquer des prises de consciences transcendantales, cela va de soi. Mais je ne peux soutenir que la pensée impliquait en elle-même un lien entre les esprits, à moins d’admettre que l’esprit, qui demeure le propre de chaque individu, s’incarne dans le savoir produit par cet individu pour survive dans la transmission de ce savoir.
Cette « idée d’intersubjectivité transcendantale » m’apparaît relever du spiritisme.
Il est paradoxal, à première vue, de s’appuyer sur les sciences pour observer la raison. En effet, celles-là sont des institutions récentes, alors que, si l’on définit l’homme comme « un animal doué de raison », celle-ci est aussi ancienne que l’humanité.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre II – La raison et les sciences, I. – L’énigme des origines, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 35.
À mon avis, ce n’est pas une question de définition mais de réalité historique, que dis-je, préhistorique. La migration des hommes préhistoriques selon le climat et les ressources répondait déjà de la raison qu’ils exerçaient, non pas de l’instinct animal. Il en va de même de sédentarisation de l’homme à la période néolithique où il s’adonnera à l’agriculture à l’élevage, en partagera les fruits et les produits et conservera ces derniers pour les saisons creuses. Ces comportements, j’insiste, ne relèvent pas du simple instinct de l’homme mais de sa capacité à raisonner. Cet homme préhistorique invente et s’adonne à l’art rupestre et de l’art pariétal avec raison. Il créera les premiers villages et cités. Il comprend et raisonne ses expérience avec raison.
Weimar ( Thuringia ). Museum for Prehistory in Thuringia: Model of the neolithic settlement ( 7300 BC ) of Catal Höyük ( Turkey ). Photographie prise le 12 août 2016, Source : Wolfgang Sauber (Wikipédia).
« Il y a environ 9 000 ans, alors que l’art, l’agriculture et l’architecture en étaient à leurs balbutiements, l’une des premières villes de chasseurs-cueilleurs de notre histoire, Çatal Hüyük, a émergé au cœur de l’Anatolie centrale, dans l’actuelle Turquie actuelle. Façonnée à la fin du 8e millénaire av. J.-C., cette agglomération a atteint son apogée au début du 6e millénaire av. J.-C., s’étendant sur près de 13 hectares. Près de 8 000 habitants y étaient répartis au sein de 2 000 foyers. » Source : Arnaud Sacleux, Çatal Hüyük, la première ville du monde, était égalitaire, National Geographic Society.
Le philosophe Bertrand Saint-Sernin attribue aux Grecs que « le savoir cesse de relever uniquement de la sagacité individuelle pour devenir un processus cumulatif, transmissible, enseignable » et, tout cela, en deux ou trois générations :
Les historiens tentent de démêler en quoi consista le « miracle grec » : ils notent qu’il ne s’agit pas d’une création ex nihilo ; Les Grecs ont dit eux-mêmes qu’ils étaient les héritiers de l’Égypte et de la Mésopotamie. Reste un fait troublant : en deux ou trois génération, un lien se noue entre l’intuition et la méthode (Whitehead), de telle sorte que le savoir cesse de relever uniquement de la sagacité individuelle pour devenir un processus cumulatif, transmissible, enseignable. Cet événement a suscité des interrogations : Les hommes s’étaient-ils mis à percevoir les idées même de Dieu ? Les lois de la nature étaient-elles écrites en caractères géométriques et numériques ? Comment se faisait-ils que les hommes, si prompt à la discorde, furent capables de parvenir aux mêmes démonstrations ? Une grande partie de la philosophie est issue de ces interrogations.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre II – La raison et les sciences, I. – L’énigme des origines, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 36.
Un lien se noue entre l’intuition et la méthode bien avant les Grecs comme nous venons de le voir ci-dessus avec l’homme au cours de la préhistoire, notamment le néolithique. On adopte pas un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, pas plus qu’on se lance dans des innovations techniques et « la généralisation de l’outillage en pierre polie, la poterie, le tissage, ainsi que le développement de l’architecture (Wikipédia) »,sans un lien fort entre l’intuition et la méthode.
Et ce n’est certainement pas non plus aux Grecs que l’on doit que « le savoir cesse de relever uniquement de la sagacité individuelle pour devenir un processus cumulatif, transmissible, enseignable ». C’est une aberration historique. L’homme du néolithique savait fort bien ce qu’il faisait avec ses pairs. D’expérience en expérience, ils développaient « un processus cumulatif, transmissible, enseignable » bien avant les premiers philosophes et les hommes de science de la Grèce Antique, période qui va environ de 1,200 à 31 ans avant Jésus-Christ. N’oublions pas que l’arrivée de l’agriculture en Grèce remonte au VIIe millénaire av. J.-C. et que cette dernière impliquait, je me répète, « un processus cumulatif, transmissible, enseignable » collectif.
Évidemment, je ne renie en rien l’importance de la naissance de la philosophie dans la Grèce Antique et son énorme contribution à la philosophie occidentale.
La physique classique des XVIIe et XVIIIe siècles a réalisé une partie du programme de Timée en élaborant une science du ciel et de la Terre. On pourrait dire, de même, que la cosmologie scientifique du XXe siècle, en articulant l’étude de l’univers pris comme un tout et celle de ses éléments ultimes, poursuit la réalisation du programme de Platon. La première synthèse des sciences physiques à laquelle participèrent Copernic, Galilée, Descartes, Kepler et quelques autres, mais qui reçut de Newton sa qualité d’œuvre singulière, est, comme tous les travaux de l’esprit, individuée et impersonnelle : on y décèle la signature de chacun de ses fondateurs, mais l’œuvre n’est pas close ; elle laisse de la place pour d’autres auteurs. C’est là le trait distinctif, insistons-y, du travail de la raison : il est individué, comme l’est toute action libre ; mais il est impersonnel, dans la mesure où tout agent qui pense peut poursuivre le travail là où il a été laissé.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre II – La raison et les sciences, III. – La raison et les théories sublimes, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 45.
Les travaux de l’esprit de tous ces hommes et quelques autres se fondent d’abord et avant tout sur leur sagacité propre. Il nous faut donc admettre que « les travaux de l’esprit » sont « individués ». Sont-ils pour autant impersonnels, à l’instar de la première synthèse des sciences physiques, comme le propose le philosophe Bertrand Saint-Sernin ? Est-ce là le plus pertinent des adjectifs pour signifier qu’une œuvre n’est pas close à d’autres contributions ? Certainement pas. Les synonymes d’impersonnel laisse perplexe : « banal, commun, fade, incolore, inconsistant, inodore et sans saveur, monotone, ordinaire, pâle, plat, quelconque, terne, uniforme » (Larousse). Un travail ne devient pas « impersonnel, dans la mesure où tout agent qui pense peut poursuivre le travail là où il a été laissé ». Ce n’est pas là un trait distinctif du travail de la raison. Rien n’est impersonnel dans le travail de la raison, même dans le partage et sa continuité par d’autres. La contribution personnelle demeure, même dans l’universel.
Dans le chapitre suivant, III – L’action et la raison, Bertrand Saint-Sernin revient sur le questionnement à savoir si la raison est ou non présente en chaque individu.
Y a-t-il en chaque être une puissance de calcul, de jugement, de décision ? Ou bien la raison ne désigne-t-elle que des pratiques (dites « logique ») de penseurs isolés, non une faculté présente en chaque être humain. Ce qui soulève cette interrogation, c’est l’action : certes, chacun trouve dans sa propre expérience des moments où il sent, où il doute, où il juge, où il prend parti. Mais aucun de nous ne voit clairement comment imputer ces expériences à une faculté appelée raison, que serait logé en chacun de nous.
Se servir de l’action comme d’un laboratoire pour scruter la raison est donc un choix légitime : « C’est dans l’action, notre Maurice Blondel, qu’il va falloir transporter le centre de la philosophie, parce que là se trouve aussi le centre de la vie » (L’action [1893], p. XXIII). Mais c’est un pari. En effet, les expériences particulières à l’aide desquels nous nous connaissons ne nous donnent pas une vue systématique de nous-même (Malebranche). Nous prendrons l’action comme révélateur des opérations de la raison, tout en sachant que nous sommes dans l’incapacité de constituer une psychologie rationnelle, c’est-à-dire une science des opérations de l’âme.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre III – La raison et les sciences, III. – La raison et l’action, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 51.
P.S.: Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.
Il me semblait que ce questionnement avait déjà trouvé sa réponse dans une citation précédente ci-dessus (reprise ci-dessous) :
Il est paradoxal, à première vue, de s’appuyer sur les sciences pour observer la raison. En effet, celles-là sont des institutions récentes, alors que, si l’on définit l’homme comme « un animal doué de raison », celle-ci est aussi ancienne que l’humanité.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre II – La raison et les sciences, I. – L’énigme des origines, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 35.
Aussi, il m’apparaît tout à fait normal que « les expériences particulières à l’aide desquels nous nous connaissons ne nous donnent pas une vue systématique de nous-même » puisque ce n’est pas le but de ces expériences « particulières ». Une expérience particulière demeure particulière et, par conséquent, ne nous donne jamais une « vue systématique de nous-même ».
Le philosophe Bertrand Saint-Sernin souligne « que nous sommes dans l’incapacité de constituer une psychologie rationnelle » ou, selon les dictionnaires Larousse, « qui est conforme à la raison, repose sur une bonne méthode (…) ». La psychologie demeure une science inexacte et j’ai déjà amplement souligné dans mes précédents rapports de lecture « La séduction psychologique — L’échec de la psychologie moderne ».
Se laisser conduire par la raison n’est pas à la portée de tous les hommes, nous l’avons vu (chap. 1), à moins qu’ils ne soient aidés ou entraînés. D’où, dans la plupart des sociétés, des rites d’initiation destinés à éprouver les individus avant de leur confier des charges. Platon, dans La République, décrit par le menu comment trier et former les futurs défenseurs de la cité. Comparant avec humour les défenseurs des lois à des moutons, il recommande de les choisir vigoureux, d’en laver la laine, avant de les tremper (baptiser) « dans la teinture des lois » (IV, 430 a).
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre III – La raison et les sciences, III. – La raison et l’action, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, p. 63.
P.S.: Le mot souligné remplace le mot en italique dans le texte original du livre.
Tous les hommes sont dotés de raison mais il ne lui semble pas naturelle de se laisser conduire par elle ; de l’aide et de l’entraînement sont nécessaires. Mais prenons garde à l’endoctrinement, au conditionnement malsain, autant dans les pays totalitaires que démocratiques, ces derniers souffrant de multiples mises à l’épreuve. Dans ce contexte, la mission première de l’aide et de l’entraînement de la raison est d’assurer la liberté de chaque homme, une liberté raisonnable.
La haine de la raison naît de ce que l’activité rationnelle par excellence, la science, devient étroitement liée à la puissance économique et militaire, dans ses buts, mais aussi dans son organisation. Cet état de chose provoque un sentiment d’incompréhension et d’injustice : nous ne sommes pas plus bêtes que les Occidentaux, pensent les exclus, et pourtant ce sont eux qui ont la science, la technologie, la richesse, la puissance ! Il y a là de quoi provoquer la colère et le ressentiment, dans la mesure où la raison est identifiée à la possession des biens rares et convoités. Pour désarmer un tel ressentiment, il faut l’entendre : faire apparaître que, par essence, la connaissance est un bien commun qui se développe mieux dans les régimes démocratiques que dans les dictatures ; qu’il y a donc là une tâche essentielle.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Chapitre IV – La raison et les fin, II. – La haine de la raison, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, pp. 80-81.
Dans les dictatures, la science sert la dictature et non pas le bien commun. On notera la violation des droits d’auteur occidentaux par les dictatures.
En effet, il y a quelque chose de risqué dans l’acte de regarder en face et d’accueillir en soi la vie et l’histoire. La difficulté est que, même si l’homme est défini comme « un animal pourvu de raison, animal rationale », il ne lui est pas aisé de se comporter selon la raison. Celui vient de ce qu’il ne se réduit pas à un faisceau de propriétés. Il doit devenir ce qu’il est : être, pour lui, est une destination plutôt qu’un état. La raison représente une fonction à assumer. Certes, elle est en chacun de nous, prête à se mobiliser ; encore faut-il que nous décidions de l’écouter. Elle ne se découvre que si nous faisons attention à elle. Faute de quoi, elle organise silencieusement l’univers et prend à nos yeux le visage étranger de la nécessité et du hasard.
SAINT-SERNIN, Bertrand, La raison, Conclusion, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2003, pp. 117-118.
P.S.: Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.
Cette citation tirée de la Conclusion du livre de Bertrand Saint-Sernin, La raison, plusieurs affirmations malaisantes.
Le philosophe écrit, parlant de l’homme, qu’ « il ne lui est pas aisé de se comporter selon la raison ». Selon le réel ? Selon la morale ? La raison demeure un mode de penser à acquérir. Elle ne dicte pas la conduite.
Il ajoute, parlant de l’homme qu’ « Il doit devenir ce qu’il est : être, pour lui, est une destination plutôt qu’un état. ». Cette affirmation tire un peu trop à mon goût vers le discours tenu par les tenants du développement personnel. Être est, selon moi, bel et bien un état plutôt qu’une destination s’oppose à la permanence de l’Être.
« Deviens ce que tu es »
Nicolas Quérini
Les Cahiers philosophiques de Strasbourg
Demander ou commander à quelqu’un de « devenir ce qu’il est », c’est immédiatement se confronter au problème de l’identité personnelle en supposant d’emblée une certaine dualité du soi. Il y aurait le soi que l’on est présentement, banal et peu intéressant sans doute, et un soi que l’on doit devenir, un soi profond, un soi authentique qu’il s’agirait de retrouver, de découvrir en soi. Le soi actuel serait un point de départ, le second un but. Dire : « Deviens ce que tu es », c’est immédiatement énoncer un impératif éthique, puisque c’est dire que tout homme qui ne deviendrait pas ce qu’il est destiné à devenir mènerait une existence ratée. Cet impératif qui nous commande de devenir nous-mêmes semble supposer toutefois une certaine connaissance de soi. « Deviens qui tu es » serait ainsi quasiment synonyme de « prends conscience de toi-même », ou serait en tout cas conditionné par une telle connaissance de soi. Cela signifierait alors que l’on aurait une nature réelle, authentique, dont il faudrait prendre conscience pour devenir celui que l’on est véritablement. Nous voudrions ici interroger la relation de priorité et la relation d’implication qui gouvernent ces deux impératifs : prendre conscience de soi et devenir soi. Nous le ferons à partir de trois auteurs chez qui cette articulation entre connaissance de soi et devenir soi nous semble capitale, et dont les interprétations de ces impératifs nous paraissent intéressantes à confronter : Platon, Pindare et Nietzsche. Nous ne respecterons pas un ordre chronologique puisque Nietzsche se revendique en l’occurrence davantage de Pindare que de Platon, et qu’il nous a donc semblé plus pertinent de les lire ensemble.
Le philosophe Bertrand Saint-Sernin affirme, parlant de la raison : « Certes, elle est en chacun de nous, prête à se mobiliser ; encore faut-il que nous décidions de l’écouter. ». La raison ne doit pas être confondu avec le concept de la voix intérieure d’autant plus que cette dernière est souvent revendiquée par la spiritualité. La raison ne nous parle pas par elle-même.
J’ai aimé le livre LA RAISON dans la Collection Que-Sais-je des PUF et signé par le philosophe BERTRAND SAINT-SERNIN quoiqu’il n’est pas répondu à toutes mes attentes. Il est parfois difficile à comprendre et il revient trop souvent sur les mêmes idées sans pour autant en élargir l’étendue. L’association de la raison au-delà de la faculté qu’elle est avec différentes manières de penser ayant pour finalité de bien juger et de bien agir ne me plaît pas. Si l’histoire des idées m’intéresse et me captive, je n’en tire pas une explication de la raison dans son fonctionnement.
J’accorde 3 étoiles sur 5 au livre LA RAISON du philosophe BERTRAND SAINT-SERNIN.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Composante essentielle de la civilisation occidentale, la rationalité imprègne si bien tous nos modes de pensée que l’on en viendrait presque à oublier qu’elle a une histoire. À l’heure du triomphe de la raison technicienne, François Châtelet nous invite à une passionnante remontée aux sources. De Socrate à Platon, de Galilée à Machiavel et de Nietzsche à Freud, il retrace «l’invention de la raison», marque les grandes étapes de la pensée philosophique et montre — avec sa simplicité coutumière et un rare talent de conteur — comment se sont tissés d’indissolubles liens entre la liberté et la raison, même si cette dernière, conclut l’auteur, n’a pas encore atteint «l’âge de raison».
* * *
FRANÇOIS CHÂTELET (1925-1985)
Philosophe, cofondateur du département de philosophie de l’université de Vincennes et du Collège international de philosophie, il eut toujours le souci d’unir sa pensée et son action dans un combat d’homme engagé dans son siècle.
Maurice Nédoncelle, « François Chatelet, Platon, (Collections Idées) 1965 ; Jules Chaix-Rut, La pensée de Platon, (Collection Pour connaître) 1966 [compte-rendu] », Revue des sciences religieuses, , p. 260-261 (lire en ligne [archive])
François Châtelet était philosophe, au sens premier du mot : chez lui l’acte était inséparable du désir de transmettre. De Platon à Galilée, de Machiavel à Marx et Freud, il montre comment la pensée occidentale a peu à peu tissé d’indissolubles liens entre la raison et la liberté.
Notice CHÂTELET François [CHÂTELET Michel, François, Jacques] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 juillet 2022.
Le philosophe François Châtelet se confie à Émile Noël.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Chapitre 1 – L’invention de la raison
Le premier chapitre attire aussi mon attention avec son titre : « 1. L’invention de la raison ». Jusque-là, je tenais pour acquis que la raison est innée à chaque homme.
Émile Noël
(…) L’essentiel de notre philosophie occidentale, européenne, ne tient-il pas dans cette progression vers la rationalité.
D’abord, la raison est-elle inhérente à la pensée ou bien a-t-elle été « inventée » ? L’humanité a-t-elle fait apparaître, à un moment de son histoire, un genre culturel inconnu jusque-là, dont le principe serait la pensée rationnelle et définirait ce qu’on appelle la philosophie ?
François Châtelet
Je crois qu’on peut parler d’une invention de la raison. Et pour comprendre comment la philosophie a pu surgir comme genre culturel nouveau, je choisirai de me référer à une situation privilégiée : la Grèce classique. Ce n’est pas que je pense que toute philosophie soit grecque. Mais il est clair que la Grèce a connu, pour des raisons contingentes, historiques, des événements tels que des hommes ont pu faire apparaître ce genre original qui n’avait pas d’équivalent à l’époque. Il s’est imposé dans un débat avec d’autres genres culturels qui cherchaient, eux aussi, la prééminence. Et il se trouve que, pour d’autres raisons contingentes — on verra comment par la suite — il a connu un succès étonnant.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.17-18.
Le philosophe François Châtelet croit que l’on peut parler d’une « invention de la raison », ce qui me surprend. Elle ne serait donc pas innée à chaque homme dès sa naissance. Puis, il associe la philosophie à un « genre culturel », ce qui me surprend de nouveau. La philosophie ne serait donc pas né dans un genre culturel propice à son émergence mais elle serait elle-même un genre culturel.
François Châtelet
(…) C’est particulièrement vrai pour Athènes, où des hommes vont inventer ce qu’on appellera la « démocratie ». À l’époque, la démocratie se définit essentiellement par l’égalité. Tous les citoyens, quels qu’ils soient, quelques soient leur fortune, leur origine, l’ancienneté de leur famille, tous sont égaux devant la loi. Ils ont le même droit d’intervenir devant les tribunaux et à prendre la parole dans les assemblées où l’on délibère du destin collectif.
Émile Noël
On image l’impact d’un tel changement sur la culture traditionnelle.
François Châtelet
En effet, en démocratie la parole devient reine. Jusqu’alors les décisions étaient en général prises dans le secret par les aristocrates. Les familles nobles délibéraient et annonçaient au public la décision prise pour l’ensemble de la collectivité. Dans les cités traditionnelles, l’éducation était surtout morale et militaire. On accordait peu de prix à la parole. On parle peu et, quand on parle, on récite les vieux poèmes traditionnels qui glorifient les origines mystérieuses de la ville. Dans la cité démocratique la parole va s’imposer et celui qui la maîtrise va dominer.
(…)
(…) Ce développement de la parole va entraîner la naissance de techniques particulières, qu’on appellera plus tard la « rhétorique ». Pour avoir une chance dans une pareille cité, il faut savoir parler, savoir convaincre. Comme il est arrivé maintes fois dans d’autres civilisations, l’apparition d’une tekhnê engendre la naissance d’une profession. La démocratie athénienne a besoin d’instituteurs, des gens capables d’apprendre aux autres à bien parler, à manier habillement les arguments de façon à convaincre soit dans les tribunaux, qui traitent des affaires privées, soit dans les assemblées, qui traitent des affaires publiques. Savoir convaincre que telle proposition est meilleure que telle autre devient capital.
Platon — qui vient un peu après, à la fin du siècle (Ve siècle avant notre ère) — nous parle des instituteurs de la démocratie. Il les appelle, d’un terme qui a pris, à cause de lui, une nuance péjorative, des « sophistes ».
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.19-20.
P.S.: La parenthèse est de nous. Les mots mis en caractères gras équivalent aux mots en italique dans le texte (les citation s’affichant déjà en italique dans WordPress).
Je note avec intérêt le lien direct entre la démocratie naissante engendrant le besoin de maîtrise de la parole, entraînant lui-même un besoin d’instituteurs alors incarnés par les sophistes.
Émile Noël
Il est vrai pour nous, aujourd’hui, cela (sophiste) désigne plutôt un personnage de mauvais aloi qui utilise des arguties douteuses pour éviter de traiter sérieusement des problèmes.
François Châtelet
En fait, « étymologiquement », « sophiste » veut simplement dire « intellectuel qui sait parler », qui a la maîtrise du langage. (…) Ce sont des gens au langage sonore, dit Platon, qui s’installent à Athènes, ouvrent des écoles d’éloquence qui sont en même temps — j’insiste sur ce fait — des écoles de politique. Donc, après la deuxième guerre médique, lorsqu’on est à peu près tranquille du côté des Barbares, Athènes devient une cité puissante qui se constitue un empire et renforce son régime démocratique.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp.20-21.
P.S.: Les parenthèses sont de nous et en référence au texte.
Le philosophe François Châtelet, au détour d’une phrase, soutient que la raison est « une manière de construire la sagesse » :
François Châtelet
(…) Mais les Grecs ont inventé ce que j’ai appelé le logos, ou la raison, une manière de construire la sagesse. Il y en a d’autres. Il n’y a aucun privilège du côté des Grecs, simplement le fait que, pour des raisons historiques, cette conception de la sagesse née de la philosophie stricto sensu a influé de manière décisive sur la conception de la science qui, par la suite, a eu des effets considérables dans la transformation de l’humanité. (…)
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 39.
P.S.: Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.
À la conclusion de ce premier chapitre, Émile Noël relance François Châtelet au sujet de la philosophie et de la recherche de vérité
Émile Noël
J’ai retenu aussi que, dans la recherche de la vérité, ni l’opinion de la majorité ni les discours d’autorité de la compétence ne sont les garants satisfaisants. Ainsi, le chemin de la vérité serait exclusivement réservé à la philosophie.
François Châtelet
Oui. C’est l’ambition philosophique qui, à certains égards, peut paraître folle. Freud n’hésitait à dire que le philosophe est un paranoïaque, un homme aux ambitions démesurées. L’ambition de Platon, c’est pourtant bien celle-là. Il constate que la démocratie se trompe, que les hommes de métier se trompent tout autant. Aux démocrates, il emprunte l’idée de la majorité en la développant d’une manière extrême. De la majorité il fait l’universalité. À l’idée de compétence il emprunte la technique du dialogue et, réunissant ces deux aspects, il prétend pouvoir instituer une manière de compétence universelle, qui serait la compétence de la raison. C’est en ce sens que j’ai dit, dans une parenthèse que j’ai voulue inquiétant — et je suis content que cette affirmation vous ait inquiété —, qu’au fond le philosophe prend une responsabilité énorme lorsqu’il dit : Je vais construire un discours universel capable de juger tous les autres discours et, par conséquent, toutes les conduites — un discours qui rend sage. Je vais déterminer qui est fou et qui est criminel. C’est à la fois une position excessive et une responsabilité exorbitante.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 42.
Platon, de « l’idée de la majorité » à celle de « l’universalité », puis de « l’idée de compétence » à celle de « la technique du dialogue », « prétend pouvoir instituer une manière de compétence universelle, qui serait la compétence de la raison ».
À mon humble avis, pour autant que la raison soit elle-même universelle, c’est-à-dire présente en tout homme, il m’apparaît possible d’en déduire la capacité d’une compétence universelle, soit que tout homme peut acquérir s’il la développe. La raison doit donc être douée de compétences et ces dernières ne tombent pas du ciel comme par hasard.
Aussi, dans ce contexte, il légitime de se demander si j’ai toutes les compétences requises pour me donner raison.
LA COMPÉTENCE PHILOSOPHIQUE
Publications de Gilbert Boss
Apparemment, ce n’est plus d’hommes savants, ou performants ou habiles, que notre société a besoin, mais de personnes compétentes. Étant donné que, comme le savoir, la compétence n’est pas innée, elle doit être acquise par une formation adéquate. Certes, il arrive que l’expérience contribue au développement des compétences ; toutefois, pour l’essentiel, il exige une éducation, qui chez nous se donne principalement dans les écoles. Celles-ci sont donc poussées à viser dorénavant, au lieu de l’enseignement des savoirs, la formation des compétences. Or ce changement n’a pas lieu sans résistances de la part des enseignants, dont beaucoup tiennent à leur fonction traditionnelle et demeurent viscéralement attachés à la transmission des savoirs. On peut d’ailleurs comprendre leur sentiment que le savoir est plus noble, lié à la culture de l’esprit pour lui-même, tandis que la compétence place l’usage de nos facultés dans la dépendance d’objectifs étrangers à cette pure culture, le plus souvent d’ordre économique. Mais en quoi consiste la différence entre l’apprentissage des savoirs et celui des compétences ?
La philosophie emprunte à la compétence cette idée que le discours va devenir l’instrument de la transparence et de la vérité, par la vertu dialectique du logos — je vous cite. Cette dialecticité est-elle une invention de Socrate ou de Platon ? Dans les Dialogues de Platon, c’est Socrate que le dit, mais c’est Platon qui écrit les Dialogues.
François Châtelet
Je dirais que Platon formalise cette idée. Il invente d’ailleurs, à ma connaissance, l’adjectif dialektikos. Jusqu’alors il n’y avait que le verbe dialekestaï, « discuter dans un dialogue ». En inventant l’adjectif, il lui confère une contenu technique. Mais je pense que cela correspond à l’enseignement essentiellement pratique de Socrate. Plus généralement, c’est la cité qui invente la dialectique, cette cité démocratique qui parle, qui discute qui s’interroge, qui échange des idées. Je crois, en fin de compte, que les grands penseurs ne font que formaliser ce que les peuples inventent.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 1 – L’invention de la raison, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 43.
P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.
Chapitre 2 – La raison et la réalité
Le philosophe François Châtelet s’arrête à « l’invention de l’hypothèse des Idées par Platon ».
François Châtelet
Pour que les choses soient claires, il est nécessaire de rappeler dans quelles condition Platon a été amené à construire cette hypothèse. Il constate que les hommes sont malheureux. Ils sont malheureux parce qu’ils souffrent, par qu’ils commettent l’injustice et qu’ils la subissent. Il constate aussi — il croit constater — qu’aucun des remèdes proposés empiriquement ne permet de dépasser cette situation. Alors, il décide, lui, d’inventer le remède par excellence. Ce sera le discours universel. Entendons par là un ensemble d’énoncés cohérent, bien composé, légitimé à chaque étape de son développement, tel que tout individu de bonne foi soit obligé, par la rectitude de ce discours, de s’y soumettre. Ce discours vise à répondre aux grandes comme aux petites que les hommes se posent. (…)
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 45-46.
À la question « Alors, en quoi consiste l’hypothèse des Idées ? », le philosophe François Châtelet répond :
François Châtelet
En ceci : qu’il existe quelque part, dans un autre monde — qui n’est pas ce monde-ci, qui ne se donne pas à la sensibilité, c’est-à-dire à la perception, visuelle, auditive ou olfactive —, des triangles qui possèdent une réalité. À première vue, l’hypothèse paraît aberrante. Platon soutient pourtant avec beaucoup de fermeté que, si l’on ne fait pas l’hypothèse que cet autre monde existe, alors il faut se résoudre au malheur. Il faut accepter de commettre l’injustice ou de la subir, il faut accepter la finitude de l’homme, la mort en particulier. La pensée philosophique s’élabore, en quelque sorte, à partir de ce pari.
(…)
Il propose avec l’hypothèse des Idées, que ce discours qui a recueilli l’adhésion de tout un chacun soit étayé, ponctué, affirmé par la reconnaissance du fait qu’il y a une autre réalité que cette réalité apparente. Le monde des Idées, réalité essentielle, demeure immuable alors que les apparences ne cessent de changer, en proie au devenir – nous dirons maintenant : au flux de la temporalité. Les mondes des Idées, par essence, est stable et transparent. Au triangle en image, dessiné sur le sable, au triangle convenu pour amorcer une discussion doit correspondre, en fin de compte, un triangle essentiel, toujours le même, véritable objet de ce discours universel. Cette hypothèse à été contrebattue, vivement, par des philosophes, Nietzsche, par exemple, sera très sévère et appellera les partisans des Idées les « hallucinés de l’arrière-monde ». Donc, je ne dis pas que toute philosophie est platonicienne. je dis que le point de départ de toute philosophie est la reconnaissance de la nécessité de ce détour par ce monde stable, construit antithétiquement du monde des apparence. Les monde des apparences est confus, le monde des Idées est transparent. Dans le monde des apparences, les diverses séquences se chevauchent, de telle sorte que l’on ne sait mais où l’on en est. La monde des Idées est, comme le monde mathématique, constitué d’essences qui entretiennent l’une avec les autres des rapports clairs. Descartes développera par la suite l’idée de la clarté et de l’intelligibilité intégrale de cet univers du philosophe.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 48-51.
Qu’un homme, Platon, au Ve siècle avant notre ère, émette une telle hypothèse pour en appeler à l’universalité comme remède aux malheurs des hommes étonne et émerveille. Comme on dit, « il fallait y penser ». Il nous faut chercher dans le concept, dans l’idée même de chose existante, un appui stable, au-delà de son apparence.
François Châtelet
(…) Il faut supposer que l’homme possède, en même temps qu’un corps plongé dans les apparences, un esprit capable, à travers la construction du discours, de saisir des Idées, ou essences. Ainsi, on comprend pourquoi la philosophie se fait pédagogie. « Pédagogie », étymologiquement, c’est le chemin qu’on offre aux enfants, la route qu’on leur désigne en les prenant par la main pour les conduire de l’ignorance jusqu’à la connaissance. La philosophie est pédagogique dans la mesure où elle considère les hommes restés rivés aux apparences, que ne croient qu’à ce qu’ils perçoivent avec leurs sens, comme des enfants. Elle s’assigne de les délivrer de ces passions qui les condamnent à l’injustice et au malheur. Le philosophe va alors proposer un cours des études, un cursus studiorum, pour permettre à ces hommes enfants de devenir enfin des hommes adultes, sachant enfin ce qu’il en est de l’être.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 53.
P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.
Cette question des « hommes restés rivés aux apparences, que ne croient qu’à ce qu’ils perçoivent avec leurs sens, comme des enfants » demeure d’une étonnante actualité aujourd’hui comme hier et probablement dans le futur. Pénétrer dans l’être n’est donc pas une chose innée et naturelle pour l’homme.
François Châtelet
(…) Avant d’en venir à Aristote, je voudrais encore définir un autre terme qui fait peur ou suscite l’hilarité de ceux qui se moquent de la philosophie. C’est le mot « être ». On se moque volontiers de la formule : « La philosophie, c’est la science de l’être en tant qu’être. » On dit : Qu’est-ce que ce charabia ? En fait, c’est très simple. L’être — cela apparaît très clairement dans la pensée grecque originaire —est ce sur quoi on peut s’appuyer pour essayer de vivre comme il convient à un homme digne de ce nom. L’être, c’est, comme on dirait maintenant, ce qui est fiable, ce qui nous donne des indications pour acquérir le savoir indispensable afin de se conduire selon la justice, dans l’intérêt général, toutes règles qui apportent une satisfaction durable. Ce n’est donc pas un mot mystérieux. C’est ce qui existe vraiment, ce qui soutient les apparences qui flottent au-dessus. L’erreur commune consiste à ne pas réfléchir suffisamment à ce sur quoi on peut sérieusement s’appuyer.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 58.
Le triangle dessiné sur le sable possède des apparences mais son « être triangle » relève du monde universel des Idées. C’est parce que j’ai en mon esprit la mémoire de l’être d’un triangle que je peux en reconnaître un dans ses apparences perceptibles par mes sens, c’est-à-dire reconnaissable dans le monde sensible. Toute chose « est » avant d’apparaître à nos sens. Si les apparences varient d’un triangle à l’autre (triangle isocèle, triangle équilatéral, triangle scalène, triangle obtusangle ou ambligone, triangle rectangle, Triangle acutangle ou oxygone), l’être, lui, demeure le même; il est stable.
François Châtelet
Pour expliquer l’apport essentiel d’Aristote, le mieux est encore de se référer au couple essence/apparence. Chez Platon, il y a une coupure absolue entre l’arrière-monde seulement sensible à l’esprit de celui-ci, dans lequel nous vivons. C’est cette rupture qui rend nécessaire une éducation longue et violente, permettant seule de passer de l’un à l’autre. Aristote pense que ce n’est pas ainsi qu’il faut présenter les choses si l’on veut que la philosophie soit active. Je n’entre pas dans le détail de la vision du monde qu’Aristote développe : sa cosmologie, sa théorie des quatre causes, sa métaphysique et sa logique. Tel n’est pas mon propos ici, où je me limite à la définition du discours philosophique. Je m’en tiens donc au rapport entre l’essence et l’apparence. Le philosophe aristotélicien part de cette idée qu’il faut prendre l’apprenti philosophe comme il est, dans le monde sensible auquel il croit, qui développe à son propos des opinions et construit ses certitudes à partir de ses expériences. Il n’est nullement question, au départ, de lui montrer qu’il se trompe nécessairement. Ainsi, on commence en lui faisant confiance. C’est ce qu’on a appelé l’«empirisme aristotélicien ». L’empirisme est la doctrine selon laquelle la connaissance commence obligatoirement par l’expérience. À cet égard, Aristote est d’accord avec la pensée populaire : pour apprendre, il faut expérimenter. Mais c’est à ce niveau qu’intervient le jeu aristotélicien. On va demander à celui qui, ayant fait des expériences, les formule dans un certain discours et construit à leur propos conceptions ou théories, de cherche à savoir exactement ce qu’il veut dire. Aristote ne procède pas comme Socrate, qui se livre à une critique féroce ; il insiste simplement que celui qui parler de manière univoque, pour que son discours ne soit pas double, comme il arrive couramment. En particulier, Aristote demande à celui qui intervient dans une discussion, politique, technique ou autre, de se conformer à une règle très simple : lorsqu’au début d’une démonstration on a donné un sens à un mot, il faut lui conserver ce sens jusqu’à la fin de la démonstration. Puis Aristote complique sa tâche : il montre que, puisque le discours courant est ambigu, il faut se conformer, pour être clair et convaincant, à des formes normales du discours. Toute cette partie de la pensée d’Aristote est comprise dans un certains nombre de traités, qu’on appelle les Topiques, le topos étant le lieu commun à partir de quoi on peut trouver des formulations convaincantes.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 58-59.
P.S.: Le caractère gras est de nous.
Aristote s’oppose à Socrate dans ses relations interpersonnelles. Alors que l’approche de Socrate bouscule son interlocuteur, le bombarde de question et le pousse dans ses derniers retranchements, Aristote fait preuve d’un grand respect de la personne, comme quoi le philosophe consultant se doit d’être psychologue avec son client.
François Châtelet : « Le philosophe aristotélicien part de cette idée qu’il faut prendre l’apprenti philosophe comme il est, dans le monde sensible auquel il croit, qui développe à son propos des opinions et construit ses certitudes à partir de ses expériences. Il n’est nullement question, au départ, de lui montrer qu’il se trompe nécessairement. Ainsi, on commence en lui faisant confiance. »
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, p. 58.
Le philosophe consultant éprouvant un sentiment de supériorité face à ses clients prendra ces derniers de haut et lui manquera de respect. Le philosophe consultant doit être pédagogue à l’instar de Socrate.
Ensuite, il (Socrate) montre que si le discours ainsi formaté est convaincant, alors il doit corresponde à l’expérience de l’autre. L’adhésion est non seulement le signe que le discours est bien construit, mais c’est aussi le preuve que celui qui le reçoit s’en trouve convaincu et voit les choses comme l’émetteur du discours. Aristote en infère donc — toujours avec des raisonnements que nous appellerions aujourd’hui des raisonnements de bon sens — que cet accord qui s’établit autour d’un discours bien réglé correspond à un accord concernant la chose dont on parle et non pas l’Idée, l’essence, de l’arrières-monde. Il s’agit bien pour lui de la chose que nous avons actuellement sous les yeux, à laquelle chacun peut de référer, la chose que l’on peut désigner du doigt. Alors que Platon proposait ce programme fou de montrer ce qui, par définition, ne peut pas apparaître, Aristote met la philosophie à la portée de tous les citoyens puisque chacun peut juger de la validité de ce discours en se référant à son expérience coutumière.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 59-60.
Cette approche d’Aristote change profondément « l’essence ».
Émile Noël
Alors l’essence devient autre chose. Ce n’est plus cette réalité transparente qui se trouve ailleurs. On la trouve dans la chose elle-même. Elle est le noyau commun que chacun peut repérer pourvu qu’il sache exprimer son expérience selon les formes normales d’un discours bien réglé, bien construit.
François Châtelet
La philosophie médiévale, qui a beaucoup réfléchi sur ces questions, avait coutume d’opposer la philosophie de Platon et celle d’Aristote de la manière suivante :
Pour Platon, le cheval que je vois est un cheval purement apparent ; le vrai existe dans le monde des Idées. L’Idée du cheval est seulement sensible à l’œil de l’âme et ce cheval que je vois se contente de l’imiter maladroitement.
Pour Aristote, l’essence du cheval se trouve dans chacun des chevaux sensibles ; chaque cheval que je peux possède en lui l’essence de ce que j’appellerai la « cabaléité », ou essence de la « chevalité ».
Bref, Aristote fait cette opération qui va devenir celle du travail philosophique : introduire une constante circulation entre l’essence et l’apparence. L’essence n’est pas une réalité au-delà, l’essence est essence de l’apparence comme l’apparence est apparence de l’essence. Essayons de faire comprendre les choses encore un peu mieux. Pour désigner le mot « essence », Aristote se sert de deux mots : le mot tiesti, qui veut dire « ce que c’est », et un mot un peu plus compliqué, mais très joli — je ne résiste pas au plaisir de l’analyser —, le tau ti en ênai , expression mystérieuse que l’on a au Moyen Age traduite pas Quid dite – mais ne sombrons pas leurs complications. Tau ti ênai veut dire : « ce qu’une chose à l’habitude d’être ». L’essence est donc, dans une réalité sensible quelconque, ce qui est permanent, ce qui ne change pas, ce qui subsiste quels que soient les accidents. Ainsi de l’homme : il y en a des grands et des petits, des gros et des maigres, qui s’appellent Socrate ou Calias, courent vite ou lentement, sont riches ou pauvres… Je peux multiplier les accidents, cela restera l’homme. Mais je ne pourrai jamais dire que l’essence de l’homme est d’être petit ou riche, non plus que c’est d’avoir deux jambes, parce que les oiseaux aussi ont deux jambes. Sans faire une preuve exhaustive de ce que pourrait être l’homme, constatons que, en toute certitude, il n’y a que lui qui prononce des phrases, des séquences de phrases qui aient une signification. C’est l’être qui parle, qui parle pour dire quelque chose. Certes, les animaux crient, les animaux signalent, mais ils ne parlent pas, ils n’ont pas échanges symboliques. Et Aristote dit : l’essence de l’homme est de posséder la parole signifiante, ce que nous avons rencontré sous le terme de logos, ce noyau signifiant. Les médiévaux traduiront cela par : l’homme est un animal raisonnable.
CHÂTELET, François, Une histoire de la raison, Chapitre 2 – La raison et la réalité, Coll. Points – Sciences, Éditions du Seuil, Paris, 1992, pp. 60-61.
P.S.: Le soulignement est de nous et remplace les passages en italique dans le texte original.
Je pourrais ici poursuivre avec vous mon rapport de lecture en citant encore et encore le livre Une histoire de la raison du philosophe François Châtelet tant j’en ai souligné des passages et des pages. Mais je vous laisse découvrir tous les chapitres sur Radio France – France Culture accessibles gratuitement. Le livre Une histoire de la raison est une transcription de cette série d’émission.
J’ai compris à la lecture de ce livre que la philosophie, en fin de compte, nous offre des idées et des hypothèses dont l’entendement dans leur contexte respectif construit les pensées et les actes des hommes et ainsi leur vision du monde (idéal) dans lequel ils cherchent la vie bonne. Une histoire de la raison, c’est une histoire des différentes prises de conscience de l’Homme à travers les âges, comme un curriculum vitae de la philosophie.
Personnellement, je préfère observer les différents philosophies que de prendre partie pour l’une ou pour l’autre. Il s’agit à la fois d’une observation contemplative et active, contemplative parce qu’ouverte à des étonnements, active parce qu’ouverte à des prises de conscience. Je donne à ma raison toute la liberté qu’elle demande pour me guider. Je n’ai donc pas besoin d’avoir raison mais plutôt de découvrir et de comprendre. J’aime quand la philosophie m’étonne et me pousse à des prises de recul car c’est en ces occasions que je vois et que je comprends mieux.
« La raison n’a pas atteint l’âge de raison. L’atteindra-t-elle jamais ? Cela dépend de l’homme et de lui seul » conclut le philosophe François Châtelet dans Une histoire de la raison.
J’accorde 5 étoiles sur 5 au livre UNE HISTOIRE DE LA RAISON paru en 1992 sous la plume du philosophe FRANÇOIS CHÂTELET.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d’un bronze perdu réalisé par Lysippe. Collection du Louvre. This file is licensed under the Creative CommonsAttribution-Share Alike 2.5 Generic license. Attribution: Sting
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.
Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !
STEPHANIE DEZIEL
Formation de l’esprit critique et société de consommation
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)
FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.
Extrait
Chapitre III : Socrate et la formation de l’esprit critique
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…)
Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
L’enseignement de Socrate n’est en rien celui d’un professeur qui donne des cours théoriques à ses étudiants. L’école de Socrate c’était l’agora, l’espace public où il se provenait, abordait ses concitoyens et les interrogeait sans cesse. C’est de cette rencontre que pouvait jaillir la vie de l’esprit. En effet, lorsque Socrate rencontrait un citoyen d’Athènes, il ne lui apprenait pas un savoir déjà tout fait, mais il le questionnait. Alors l’esprit de son interlocuteur s’échauffait, Socrate l’amenait à penser par lui-même et formuler ses propres réponses. L’objectif de la méthode éducative de Socrate est donc la formation de l’esprit critique. Cette méthode s’appelle la maïeutique. Dans son livre Considérations morales, Hanna Arendt explique que nous pouvons entrevoir la méthode de Socrate à travers trois métaphores, Socrate est à la fois une sage-femme, un taon et une raie-torpille.
3.1- Socrate l’accoucheur des esprits
Penser de façon critique, frayer le chemin de la pensée à travers les préjugés, à travers les opinions et les croyances reçues sans examen, est un vieux souci de la philosophie, que nous pouvons faire remonter, pour autant qu ‘il s’agisse d’une entreprise consciente, à la maïeutique socratique à Athènes.
Arendt, Hannah, Juger. Sur la philosophie politique de Kant.
3.1.1- L’ironie socratique
La maïeutique est, au sens propre, l’art de mener les accouchements, cet art que possèdent les sages-femmes. Dans le livre de Platon, Théétète, Socrate affirme qu’il a le même métier que sa mère qui était sage-femme. Il utilise ce terme au sens figuré, sa méthode, la maïeutique, n’accouche pas les corps mais les esprits. C’est ce qu’il affirme dans le Théêtète : « Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes; mais il digère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des femmes et qu’il surveille leur âme en travail et non leurs corps » . Au cœur de la maïeutique se trouve la question ti esti : qu’est-ce que c’est? Socrate parcourait les rues d’Athènes et arrêtait les citoyens pour leur demander : qu’est-ce que l’amour, la justice, l’amitié, etc. Ses interlocuteurs tentaient alors de définir ces réalités. 11 questionnait souvent ses contemporains sur les thèmes qui les touchaient personnellement et qui leur étaient familiers. Par exemple, s’il rencontrait un général, il le questionnait sur le courage puisque celui-ci devait savoir comment combattre courageusement l’ennemi.
Le moyen utilisé par Socrate pour faire accoucher les esprits de ses interlocuteurs est 1’ironie. L’ironie socratique n’est pas 1’ironie comme nous l’entendons aujourd’hui. Ce n’est pas se moquer de quelqu’un en disant le contraire de ce que l’on veut faire entendre. Elle est plutôt « une attitude psychologique selon laquelle 1’individu cherche à paraître inférieur à ce qu’il est : il se déprécie lui-même » . Socrate paraissait vouloir apprendre quelque chose de son interlocuteur et lui demandait ainsi quelle était sa définition de tel ou tel concept. ll feignait au départ de considérer la position de l’autre comme valable. L’ironie socratique consiste à feindre de donner raison à l’autre et d’adopter son point de vue. C’est ce qu’explique Cicéron : « Socrate, se dépréciant lui-même, concédait plus qu’il ne fallait aux interlocuteurs qu’il voulait réfuter : ainsi pensant une chose et en disant une autre, il prenait plaisir à user habituellement de cette dissimulation que les Grecs appellent « ironie » . Par exemple, dans le dialogue Lachès, Lysimaque et Mélèsias demandent aux militaires Lachès et Nicias de leur expliquer comment donner une bonne éducation à leurs fils pour les rendre courageux. Socrate est convié à participer à la délibération. Il demande alors aux militaires de définir ce qu’est le courage avant de s’entendre sur le moyen d’éduquer les jeunes à développer cette vertu. Alors, Lachès donne sa définition du courage. Socrate feint au départ de considérer sa position comme acceptable, mais par la suite il lui fait admettre toutes les conséquences de cette position. Socrate posait la question « ti esti » dans 1’intention de mettre les hommes en contradiction avec eux-mêmes. Il voulait leur faire prendre conscience qu’ils étaient incapables de dire ce qu’est réellement le courage, la justice, l’amitié, l’amour, etc.
Trop souvent, 1’interlocuteur répondait par un exemple lorsque la question « ti esti » lui est posée. Socrate posait de nouvelles questions relatives à ce cas particulier et amenait l’interlocuteur à donner des réponses contradictoires à sa première réponse. Lachès n’était pas capable de définir le courage, tout ce qu’il pouvait faire c’était de donner des exemples d’actes courageux. Il affirmait entre autres que le courage c’est quand on accepte de rester dans le rang et de repousser l’ennemi, au lieu de prendre la fuite. Socrate avait vite fait de lui donner des contre-exemples. Parfois, il peut être courageux de prendre la fuite. Socrate voulait savoir ce qu’est le courage dans tous les cas. Il voulait découvrir ce qu’il y a d’identique dans toutes les manifestations du courage. Donc, passer de la multiplicité des exemples, dont les manifestations varient selon les circonstances, à une unité. L’interlocuteur devait expliquer ce que ces exemples avaient en commun pour parvenir ainsi au concept de courage. Comme le dit Socrate, il devait découvrir « ce qu’il y a d’identique en toutes ces variétés de courage » . Il cherchait à dégager des phénomènes qu’on appelle beaux, ce qu’est la beauté; des actions que l’on nomme justes, ce que c’est que la justice, etc. Par exemple, dans le Banquet, tous les invités tentent de dire ce qu’est l’amour. Pour Phèdre, 1’amour est un Dieu; pour Pausanias, il y a deux sortes d’amour : un céleste et un populaire, et ainsi de suite. Il y a tellement de façons de se représenter l’amour; pourtant Socrate voulait aller vers une connaissance de l’amour qui englobe toutes les autres. Le concept universel de l’amour. La personne soumise au questionnement ironique de Socrate devait tenter de définir ce concept universel de la pensée.
De même que la sage-femme examine de près l’enfant qui vient de venir au monde, de même Socrate examinait consciencieusement les définitions proposées par ses interlocuteurs. Dans le Théétète, Socrate invite Théétète à définir la nature de la science. Il en est incapable. Socrate lui dit qu’il faut trouver une définition unique pour désigner la pluralité des connaissances. Théétète explique à Socrate qu’il est incapable de définir la nature de la science, mais qu’en même temps, il est tourmenté par cette définition, il veut à tout prix la trouver. Socrate lui explique alors la cause de son tourment : « C’est que tu es en butte aux douleurs de l’enfantement, mon cher Théétète, parce que ton âme n’est pas vide, mais grosse » . Théétète souffre, car il porte bel et bien en lui la réponse au questionnement de Socrate, mais il ne parvient pas à l’exprimer seul. Il a besoin de l’aide de Socrate pour la faire émerger. Il est ainsi semblable à une femme enceinte qui doit être délivrée par une sage-femme. Ainsi sont tous les interlocuteurs de Socrate. L’art de l’accoucheur des âmes consiste à délivrer les autres des pensées dont ils sont gros pour examiner, une fois qu’elles ont vu le jour, si elles sont viables ou non. Par ses questions, Socrate tourmente ses interlocuteurs. C’est le cas de Lachès. Le général croyant être le spécialiste du courage découvert qu’il ne savait pas réellement ce qu’est une action courageuse. Socrate voulait faire sentir à son interlocuteur son erreur, non pas en la réfutant directement, mais en l’exposant pour que l’absurdité de son discours lui apparaisse clairement. L’interlocuteur passe donc ainsi de la certitude aux doutes. Le but de Socrate était qu’ils découvrent qu’ils souffrent du pire des maux, celui de la double ignorance.
§ 3.1.2- La double ignorance
Socrate voulait que les citoyens découvrent leur propre ignorance face à ces réalités primordiales de la vie. Grâce à la réfutation, il emplissait la tête de son interlocuteur de doutes sur les réponses et les idées qu’il tenait pourtant pour vraies. L’interlocuteur réalisait alors qu’il ne savait plus pourquoi il agissait. Ainsi, il devait reconnaître que les idées qu’il tenait pour vraies n’étaient pas ce qu’il croyait. Il ne pouvait demander à Socrate la bonne réponse, puisque celui-ci se savait aussi ignorant que lui. Comme la sage-femme, Socrate est stérile. C’est ce qu’il explique à Théétète. Il lui rappelle qu’à leur époque, les sages- femmes pouvaient pratiquer leur métier lorsqu’elles étaient hors d’état d’avoir des enfants, donc lorsqu’elles étaient stériles. Socrate, lui, est stérile en matière de sagesse. Il n’a ni réponses ni savoirs à offrir au disciple. C’est lors de son procès qu’il affirme être lui-même ignorant. Il faut se rappeler qu’il fut accusé de corrompre la jeunesse et d’introduire de nouveaux dieux dans la cité. Il était perçu comme un danger pour l’ordre social, car il amenait les gens, surtout les jeunes, à réfléchir. Lors de son procès il affirme : « … j’ai bien conscience, moi, de n’être savant ni peu ni prou » . Aussi, il s’adressa aux Athéniens pour leur rappeler le message « divin » révélé par l’oracle de Delphes. Il leur expliqua qu’un jour, son ami d’enfance Chéréphon alla à Delphes et consulta l’oracle pour lui demander s’il pouvait exister quelqu’un de plus sage que Socrate. Pythie, la Prêtresse du dieu Apollon, aurait répondu qu’i1 n’y avait personne de plus sage que lui. Cette affirmation intrigua énormément Socrate, car il ne se considérait pas sage et pourtant le dieu Apollon ne pouvait mentir. Il en fut si bouleversé qu’il voulut savoir pourquoi il le considérait le plus sage des hommes. C’est ainsi qu’il se mit à interroger les hommes à Athènes qui sont considérés comme sages : les hommes politiques, les poètes et les artisans qui travaillent de leurs mains.
Son enquête lui a permis de découvrir que toutes ces personnes pensaient, à tort, détenir la vérité. Bien sûr, l’homme d’état sait conduire une armée, le poète composer un poème et l’homme de métier fabriquer des chaussures ou un navire. Ils détiennent tous le savoir nécessaire à l’exercice de leur métier. Ils savent quelque chose, mais ils ignorent l’essentiel. Ils savent faire, mais ne savent pas pourquoi ils le font. Les politiciens, par exemple, savent parler au peuple, comment le persuader de prendre telle décision, etc. Mais savent-ils dans quel but ils agissent ainsi? Sûrement pour atteindre la justice. Mais qu’est- ce que la justice? Une fois la question posée, ils se retrouvent bien embarrassés. Ils s’embrouillent et sont incapables de définir ce qui fonde pourtant tous leurs actes. Ils sont ignorants de l’essentiel et ils ignorent qu’ils sont ignorants. Tous ces hommes que Socrate a interrogés souffrent de la double ignorance. Dans le dialogue Alcibiade, Socrate interroge Alcibiade sur la justice et celui-ci est incapable de définir la justice. Pourtant il parle du juste et de l’injuste aux Athéniens comme s’il était un savant en la matière. Alcibiade, qui se dit apte à gouverner, est incapable de définir ce concept fondamental de la politique. Aux yeux de Socrate, il est lui aussi atteint de l’ignorance suprême, la double ignorance qui consiste non seulement à ignorer, mais aussi à ignorer que l’on ignore. Voici comment il la définit : « Ne vois-tu pas que les erreurs de conduite viennent de cette sorte d’ignorance qui consiste à croire savoir ce que l’on ignore? (…) C’est que non seulement tu ignores ces choses importantes, mais encore que tu crois les connaître » . Socrate était donc réellement le plus sage. Il ne savait pas réellement davantage ce qu’est la justice ou le courage, mais tandis que les autres s’imaginaient savoir ce que sont ces réalités primordiales de l’existence, lui, Socrate, était conscient de son ignorance. C’est ce qu’explique Jacques Brunschwig dans son texte sur Socrate : « Tous croient savoir quelque chose, et ne savent pas qu’ils ne savent rien. Sous le feu des questions de Socrate, ces certitudes nai’ves se dégonflent comme baudruches. Lui, au moins, sait qu’il ne sait rien : l’oracle avait raison » . Ainsi Socrate, à la suite du signe divin, s’est cru investi d’une mission, celle d’éprouver ceux qui se croient sages sans l’être. À ses yeux, le dieu de Delphes lui avait assigné pour tâche de philosopher, c’est-à-dire non seulement de se soucier de se scruter lui-même, mais aussi de sonder les autres. Il devait interroger ceux qui pensaient savoir et démasquer les faux savoirs. Il voulait ainsi que les citoyens pensent par eux-mêmes, qu’ils découvrent réellement ce que signifient le courage, la justice, le bien, l’amour, etc. En somme, il voulait les doter d’un esprit critique.
3.2- Socrate le taon
Il semble bien que le procès de Socrate ne soit pas seulement un événement historique en marge de toute répétition possible; le procès de Socrate c’est le procès fait à la pensée qui recherche, en dehors de la médiocrité quotidienne, les problèmes véritables. Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchait de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites : Socrate est celui, qui, en nous étonnant nous interdit de penser selon les habitudes acquises. Socrate se situe aux antipodes du confort intellectuel, de la bonne conscience et de la sérénité béate.
Jean Brun, Socrate.
3.2.1- Penser par soi-même
Dans un premier temps Socrate voulait conscientiser ses citoyens sur leur double ignorance, mais il voulait aussi que ceux-ci pensent par eux-mêmes, qu’ils aient un esprit critique. Socrate aimait se comparer à un taon qui réveille ses concitoyens de leur torpeur routinière. Ceux-ci se sécurisent dans des solutions toute faites. C’est ainsi qu’il se décrit dans l’Apologie de Socrate : « Si, en effet, vous me condamner à mort par votre vote, vous ne trouverez pas facilement un autre homme comme moi, un homme somme toute – et je le dit au risque de paraître ridicule – attaché à la cité par le dieu, comme le serait un taon au flanc d’un cheval (…) le dieu m’a attaché à votre cité, moi qui suis cet homme qui ne cesse de vous réveiller (…) » . Par sa méthode interrogative, Socrate éveille les citoyens, il les conscientise. Socrate éveille ses concitoyens à la pensée. Il est donc avant tout un Athénien qui fait réfléchir ceux qu’il rencontre à l’agora. Socrate voulait que les citoyens d’Athènes fassent table rase des certitudes irréfiéchies pour qu’ils se mettent en quête des valeurs qu’ils souhaitent être au fondement de leurs actions. Il voulait aussi qu’ils soient armés contre les démagogues et les hommes d’état qui prononcent de faux discours afin d’avoir leur assentiment et ainsi obtenir davantage de pouvoir.
Socrate vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.-C. et à cette époque la démocratie athénienne était, contrairement à aujourd’hui, directe. Le peuple ne passait pas par des représentants pour faire valoir ses droits. Les hommes libres (ce qui exclut les étrangers, les esclaves et les femmes) délibéraient tous à l’assemblée en prenant des décisions sur la paix, les lois, la justice, etc. La puissance oratoire était donc très importante pour celui qui intervenait afin de proposer des décisions. Si l’individu qui prenait position était éloquent, il parvenait à charmer la foule et elle était portée à le croire plus facilement. Celui qui pouvait convaincre l’assemblée était celui qui avait le pouvoir. La démocratie athénienne fit donc naître des maîtres de la dialectique et de l’argumentation qui profitaient de la situation pour s’enrichir en donnant des cours sur l’art de la parole. Ces sophistes formaient des virtuoses de la communication qui cherchaient à atteindre le pouvoir sans nécessairement avoir le souci de la vérité. Ils enseignaient aux jeunes l’art de la persuasion. Voici comment Auguste Diès décrit le sophiste : « Le sophiste nous apparaît comme le magicien de la parole : il rend vrai ce qui est faux, il fait être ce qui n’est pas » . Les sophistes sont des démagogues. Ils enseignaient qu’il est possible de mentir au peuple, qu’il est bien de feindre la vérité si cela permet d’atteindre le pouvoir. Ils enseignaient donc les règles permettant de persuader le peuple. Les Athéniens n’étaient que des instruments pour acquérir la gloire et la richesse. Socrate menait un combat contre la sophistique. Il ne pouvait accepter que les citoyens se fassent conditionner par les sophistes et qu’ils intériorisent des opinions fausses et mauvaises. Il jugeait inacceptable cet enseignement qui ne visait pas à atteindre la vérité. Il voulait rendre les citoyens aptes à discerner si l’homme qui parle est sincère, si ce qu’il avance est fondé et s’il ne cherche pas seulement à profiter d’eux. Il tentait de leur donner des outils pour les rendre capables de discerner le vrai du faux et pour reconnaître ceux qui semblent dire la vérité sans la connaître. Il cherchait donc à les doter d’un esprit critique et à les armer contre les démagogues. 11 souhaitait ainsi qu’ils se libèrent de l’opinion publique et pense réellement par eux-mêmes.
3.2.2- Le refus de la doxa
Lorsqu’il interrogeait les citoyens, Socrate refusait toute conception ou opinion qui provenait de la doxa, de l’opinion publique. Grâce à son questionnement, il discernait si les réponses tendaient vers le vrai ou le faux, si elles n’étaient que des clichés et des préjugés véhiculés dans la société. L’art de la maïeutique est l’art de discerner, dans la discussion provoquée par les questions, les idées qui proviennent de la personne. Hannah Arendt souligne que Socrate « (…) purgeait les gens de leurs « opinions », ces préjugés non critiques qui empêchent de penser en suggérant que nous savons alors que non seulement nous ne savons pas mais ne pouvons savoir; en les aidant, comme le note Platon, à se débarrasser de ce qui est mauvais en eux – ces opinions – mais sans toutefois les rendre meilleurs ou leur donner la vérité » . L’ironie permet de purifier l’esprit de toutes les idées et les conceptions qui proviennent de la doxa pour découvrir les idées qui viennent de la personne elle-même. La personne interrogée est poussée à exprimer par elle-même ce qu’est la vertu, la justice, l’amour, etc. Ces conceptions sont enfouies, elles ont besoin d’un accoucheur pour les mettre à jour. Comme l’explique Herbert Marcuse, « C’est en Socrate que (. . .) le principe de 1’intériorité, de l’indépendance absolue de la pensée est parvenu à sa libre expression (. . .) Socrate enseigne que l’homme doit découvrir et reconnaître en lui- même ce qui est juste et bien (. . .) » . Donc Socrate est l’accoucheur des esprits. Comme la sage-femme, il n’engendre pas, il ne le peut pas, car il ne sait rien. Cependant, il aide les autres à s’engendrer eux-mêmes. Socrate ne dit pas simplement à l’autre qu’il est, mais il l’aide à mieux réfléchir. II l’aide à découvrir sa double ignorance. Prenant conscience qu’il sait qu’il ne sait pas, il pourra essayer de corriger cet état et essayer d’atteindre la vérité. Cette prise de conscience de sa propre ignorance libère celui qui est interrogé. Elle donne le goût de découvrir ce qu’est vraiment la justice, la beauté, l’amour, etc.
3.3- Socrate poisson torpille
L’homme livré à Socrate, réveillé par la piqûre du « taon », du sommeil dont ses opinions sont les rêves, est devenu une inquiétude, une recherche, une conscience.
Jacques, Brunschwig, Socrate et écoles socratiques.
3.3.1- La remise en question de ses convictions
Socrate était finalement comparé par Ménon à la raie torpille. Ce poisson a comme propriété de paralyser ses proies. Socrate paralyse le disciple lorsque celui-ci découvre que son savoir est un pseudo-savoir, qu’au fond il n’est sûr de rien. Dans le dialogue Ménon, Socrate demande à Ménon de définir la vertu. Comme Lachès, celui-ci a beaucoup de difficulté à préciser sa pensée. Ménon vit cette incapacité comme une paralysie. C’est ce qu’il affirme dans le passage suivant :
(…) me voilà ensorcelé par toi, j’ai bu ton filtre magique, je suis, c’est bien simple, la proie de tes enchantements, si bien que je suis maintenant tout embarrassé de doutes! À mon sens, supposé que l’on doive ici faire à la raillerie quelque place, tu es, de tout point, tant par ton extérieur qu’à d’autres égards, on ne peut plus semblable à cette large torpille marine qui, comme on sait, vous plonge dans la torpeur aussitôt qu’on s’en approche et qu’on y touche. C’est une impression analogue qu’à cette heure, je crois, tu as produite sur moi! Une véritable torpeur envahit en effet mon âme aussi que ma bouche, je ne sais que te répondre. Et pourtant, oui, j’ai sur la vertu mille et mille fois copieusement parlé, et devant de grands auditoires, enfin, au moins si je m’en crois, avec plein succès! Or, à présent, ce qu’elle est, je suis totalement incapable de même le dire.
La réfutation socratique brise 1’illusion de connaître un concept et de se voir en droit de 1’utiliser pour juger et donc pour vivre. C’est ainsi que, de par l’enseignement de Socrate, le disciple est poussé à remettre en doute ses propres opinions qu’il croyait pourtant vraies jusqu’à présent. Son système de valeurs lui parait sans fondement au bout de la discussion. Il s’identifiait pourtant jusque là à ce système de valeurs qui lui communiquait sa manière de penser et d’agir. Il n’a donc rien appris à la fin de sa discussion avec Socrate. Au contraire, il ne sait plus rien du tout. Cette remise en doute du disciple est vécue comme une paralysie. Voilà comment Pierre Hadot décrit Socrate :
« Éternel questionneur, Socrate amenait ses interlocuteurs par d’habiles interrogations à reconnaître leur ignorance. Il les remplissait ainsi d’un trouble qui les amenait éventuellement à une remise en question de toute leur vie » .
L’enseignement de Socrate paralyse, mais en même temps s’élève une tempête dans I’esprit de l’interlocuteur. Ce vent de la pensée qui se lève défait et secoue son langage qui était gelé en mots, concepts, phrases, définitions et doctrines. La réflexion critique a donc un effet destructeur sur les critères déjà établis et les valeurs acquises. Elle déroute. L’interlocuteur n’est plus tout à fait certain de ce qui pourtant lui semblait indubitable auparavant. Il est porté à critiquer les valeurs sociales apprises. Socrate apparaissait donc comme un démolisseur de la tradition. Il n’est pas surprenant qu’il fut perçu comme un empêcheur de tourner en rond, que les Athéniens lui firent un procès et le condamnèrent à mort. 11 est très difficile d’accepter la critique. Être soumis à un examen constant devient rapidement insupportable. Comme le dit bien Hanna Arendt dans son livre Considérations morales, tout examen critique doit passer par une remise en question, une phase de négation des opinions et des valeurs qui étaient jusque-là perçues comme vraies. Cette phase de négation peut être dangereuse, elle peut mener au cynisme. En effet, les discussions avec Socrate conduisent toutes à des impasses et celui qui est interrogé doit repartir les mains vides. Certains peuvent être mécontents de ne pas apprendre de doctrine qui pourrait combler le vide de cet examen critique de leurs propres idées et valeurs. Ils risquent donc d’affirmer, puisque Socrate ne sait rien et que tous sont ignorants, qu’il n’y a donc pas de vérité et qu’il est inutile de se questionner plus longtemps sur ces concepts. Ou bien, d’autres peuvent soutenir qu’il est beaucoup plus simple de ne pas effectuer cet examen critique de nos propres valeurs et opinions en évitant ainsi un embarras certain et une déstabilisation. Il est beaucoup moins exigeant de s’attacher fermement aux règles de conduite admises à notre époque et dans notre société. C’est pour cette raison que la pensée est subversive, elle met en doute ces codes et ces signes qui permettent aux hommes de s’orienter. Penser, c’est consentir à ne pas tout comprendre et à vivre dans une certaine insécurité. Cependant, penser c’est en même temps marcher vers davantage de lucidité et de liberté individuelle.
3.3.2- L’amour de la sagesse
Malgré ces dangers inhérents à l’exercice de la pensée, l’aspect positif d’un tel exercice est qu’il peut aussi éveiller chez le disciple la quête de sens. Ce désir (Éros) de découvrir la vérité, de s’approcher de la sagesse. Là, nous touchons au cœur même de la philosophie, l’amour de la sagesse. Le mot philosophie vient du grec ancien philosophia et est composé des mots philein, et sophfa. Philein signifie amour et sophia sagesse ou savoir. L’étymologie du terme « philosophie » indique bien que le philosophe est celui qui tend vers la sagesse. Découvrir que nous ne savons rien, que nous ne sommes pas sages, peut nous donner l’envie irrésistible de le devenir un peu plus. Socrate a conscience qu’il n’est pas sage. Il n’est pas sophos, mais philosophos, quelqu’un qui désire la sagesse parce qu’il en est privé. De ce sentiment de privation naît un immense désir. Socrate, comme la raie torpille, paralyse tous ceux qu’il questionne, mais ce qui peut sembler n’être qu’une simple paralysie, est aussi un dynamisme. L’esprit s’échauffe et la prise de conscience de 1’ignorance exalte les facultés intellectuelles. À la suite de son contact avec Socrate, le disciple est en quête, il veut savoir pourquoi il agit, comment devenir un homme meilleur et comment créer une vie significative. La piqûre de Socrate est donc féconde. Socrate excite l’esprit, allume l’étincelle. Au lieu d’apporter un savoir sur un plateau d’argent, il pousse à la réflexion. Au bout du compte, 1’interlocuteur n’a rien appris de son échange avec Socrate, même qu’il ne sait plus rien du tout. Malgré tout, comme le dit bien Pierre Hadot, « (…) pendant tout le temps de la discussion, il a expérimenté ce qu’est l’activité de l’esprit, mieux encore, il a été Socrate lui-même, c’est-à-dire 1’interrogation, la mise en question, le recul par rapport à soi, c’est-à-dire finalement la conscience » . C’est grâce à ce désir de connaître que 1’interlocuteur sera poussé à chercher à se connaître et à prendre soin de son âme.
3.4- Le soin de l’âme
Socrate cherchait à savoir comment l’on doit vivre sa vie. Au temps de Socrate, philosopher, c’était surtout faire de l’astronomie et de la physique. Les philosophes spéculaient sur l’origine de l’univers, sur la cause de chaque chose, ce qui la fait être, ce qui la fait périr. Socrate allait à contre-courant des philosophes qui s’intéressaient avant tout à l’étude de la nature. À ses yeux, cette connaissance du monde n’apportait pas vraiment de lumière sur la manière de bien conduire sa vie. Il cherchait plutôt une connaissance utile aux hommes, une connaissance qui pourrait les éclairer sur leurs comportements. Il croyait, que les hommes devaient découvrir comment agir, comment devenir meilleurs et comment être plus heureux. C’est ce qu’explique Xénophon :
Il ne discutait pas non plus, comme la plupart des autres, sur la nature de l’univers et ne recherchait point comment est né ce que les philosophes appellent le monde, ni par quelles lois nécessaires se produit chacun des phénomènes célestes; il démontrait même que c’était folie de s’occuper de ces problèmes. Lui, au contraire, ne s’entretenait jamais que des choses humaines. Il examinait ce qui est pieux ou impie, ce qui est beau ou honteux, ce qui est juste ou injuste (…).
Sur le fronton du temple de Delphes, les Athéniens pouvaient lire différentes formules de sagesse dont la phrase célèbre attribuée à Socrate : « Connais-toi toi-même », « gnôthi seauton ». Il invitait justement ses disciples à cet examen d’eux-mêmes. Que chacun sache ce qu’il fait et pourquoi il le fait. La maïeutique atteint cet objectif. Grâce au questionnement de Socrate, l’interlocuteur est obligé de se pencher sur lui-même et sur ses propres actions : « L’individu est (…) remis en question dans les fondements mêmes de son action, il prend conscience du problème vivant qu’il est lui-même pour lui-même’’ » .
Comme nous l’avons vu, l’individu interrogé par Socrate remet en question ses convictions profondes. Pour Socrate, une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue : « (…) je soumets les autres et moi-même à cet examen, et je vais jusqu’à dire qu’une vie à laquelle cet examen ferait défaut ne mériterait pas d’être vécue (…) » . Alcibiade, ce jeune présomptueux aux ambitions politiques, est présenté dans le Banquet comme un exemple de l’attitude inverse du souci de l’âme. Il y explique que Socrate le contraint à s’avouer qu’il persiste à ne pas se soucier de lui-même et que cette vérité le rend honteux. Ce souci de 1’âme n’est pas la recherche d’une connaissance particulière de soi, de ses propres aptitudes, de ses qualités et de ses défauts. Socrate invite plutôt son interlocuteur à se tourner vers ces concepts du langage qui expriment ces réalités essentielles qui traversent notre vie à tous : la justice, le bonheur, le plaisir, la beauté, etc. L’individu ne doit pas s’adonner à une introspection psychologique pour découvrir ses aptitudes, son caractère, ses forces ou ses faiblesses. Non, il doit plutôt trouver ce qui fait sens et comment orienter ses actions vers une vie significative. Il voulait qu’il cherche la meilleure direction à donner à sa vie. Grâce à Socrate, le disciple va chercher qui il est vraiment et il va examiner sa vie pour mener une existence digne.
Pour Socrate, tous doivent faire cette recherche, l’homme d’État comme le cordonnier. Pour lui, nous ne pouvons nous rendre meilleurs que si nous prenons soin de nous-mêmes, que si nous savons qui nous sommes. Malheureusement, la plupart des hommes ne se soucient guère de leur vie intérieure. Par leurs actions et leur divertissement, ils s’empêchent de penser et d’examiner leur âme. Socrate aussi constatait que les citoyens d’Athènes étaient peu soucieux d’entretenir et d’améliorer leur âme. Voici comment il s’adresse à ces derniers lors de son procès : « Ô le meilleur des hommes, toi qui es Athénien, un citoyen de la cité la plus importante et la plus renommée dans les domaines de la sagesse et de la puissance, n’as-tu pas honte de te soucier de la façon d’augmenter le plus possible richesses, réputation et honneurs, alors que tu n’as aucun souci de la pensée, de la vérité et de l’amélioration de ton âme, et que tu n’y songes même pas? » . Socrate voulait réveiller chaque homme en lui disant connais-toi toi-même! Voue ta vie à des valeurs précieuses et non au conformisme, à l’habitude et à la peur. À ses yeux, 1’être humain n’a pas réellement vécu une vie libre tant qu’il ne s’est pas interrogé. Comme le dit bien Jean Brun, « Socrate invite donc le disciple à un retournement sur lui-même, à une conversion le guérissant des divertissements multiples tout le long desquels il ne peut que se perdre en se détournant de l’essentiel (…) il fait naître dans le disciple le désir véritable d’une maîtrise intérieure le conduisant à l’autonomie que seul le « connais-toi toi-même » peut lui conférer » . La démarche de Socrate est existentielle. Elle met en question l’individu qui est poussé à se soucier de ce qu’il pense et fait. Il nous permet d’accéder au sérieux de l’existence. Il nous fait prendre conscience qu’il faut réfléchir sur nous-mêmes et ne pas être endormis, donc avoir un esprit critique. Celui qui pense se soucie de son âme, réalise que l’essentiel n’est pas dans le confort et la sécurité d’une vie dictée par les normes sociale, mais que l’essentiel est dans la liberté. La liberté de choix et de ce que l’on veut devenir.
En conclusion, dans ce troisième chapitre, nous avons tenté de démontrer que la méthode de Socrate est la méthode par excellence pour développer l’esprit critique. Pour ce faire, nous avons expliqué en quoi consiste cette méthode. Nous avons alors utilisé trois métaphores pour expliquer la maïeutique de Socrate. Premièrement, Socrate est un accoucheur d’esprit. Telle sa mère qui était sage-femme, Socrate tente de délivrer ses interlocuteurs de leurs propres pensées sur les réalités importantes de l’existence. Il les questionne ainsi sur divers concepts tels que l’amour, le bien, la justice, etc. La question « ti esti », « qu’est-ce que c’est? », est donc au cœur de la maïeutique. L’ironie aussi joue un rôle primordial dans la méthode de Socrate. En effet, Socrate feignait de reconnaître comme juste et valable la première définition donnée par ses interlocuteurs, mais par la suite il démontrait toutes les apories d’une telle définition. Il voulait ainsi leur démontrer qu’ils se croient tous savants, mais qu’au fond ils ne savent pas ce que sont ces réalités. Il est donc réellement le plus sage des Athéniens comme l’affirmait l’Oracle de Delphes, car il ne souffre pas de la double ignorance. Il sait qu’il ne sait pas. Deuxièmement, Socrate est un taon qui voulait pousser les autres à penser par eux-mêmes. Par son questionnement perpétuel, il cherchait à les éveiller. II voulait les doter d’un esprit critique et les rendre aptes à remette en question ce qui est véhiculé par la doxa, l’opinion publique. À l’époque de Socrate, la démocratie était directe et les sophistes enseignaient l’art de persuader pour prendre le pouvoir politique. Il voulait donc que les citoyens soient en mesure d’identifier les propos démagogues et qu’ils cessent de mener une vie fidèle à l’opinion publique.
Troisièmement, Socrate était comparé au poisson torpille qui paralyse ses proies à son contact. Il paralysait ses interlocuteurs, car ils étaient incapables de donner la définition des réalités qu’ils croyaient bien connaître. Il remettait donc ainsi en question leurs idées et leurs convictions profondes. Cependant, suite à cet engourdissement, le désir de connaître émergeait en eux. Ils devenaient assoiffés de connaissances et désiraient découvrir le sens de ces réalités primordiales de l’existence. Ils devenaient des amoureux de la sagesse et, par le fait même, faisaient ainsi de la philosophie au sens étymologique de ce mot. Au bout du compte, Socrate voulait qu’ils réalisent 1’importance de prendre soin de leur âme. Qu’il est essentiel de chercher à se connaître pour choisir ses propres valeurs, ses propres idées pour trouver réellement un sens à leur vie.
NOTES
Hadot, Pierre, Eloge de Socrate, Paris, Éditions Allia, 1998, p. 29.
Brunschwig, Jacques, «Socrate et écoles socratiques», dans Encyclopaedia universalis, Paris, 1989, Tome 21, p .234.
Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 30e, p. 110.
Diès, Auguste, dans Platon, Le Sophiste, trad. Auguste Diès Paris, Éditions Belles Lettres, 1925, p. 268.
Arendt, Hannah, Considérations morales, trad. Marc Ducassou et Didier Maes, Paris, Editions Pavot et Rivages, coll. « Rivages poche/Petite Bibliothèque », 1996, p. 50.
Marcuse, Herbert, Raison et révolution : Hegel et la naissance de la théorie sociale, trad. Robert Castel, Pans, Editions de Minuit, coll. « Sens commun », 1968, pp. 288-289.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.
Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !
STEPHANIE DEZIEL
Formation de l’esprit critique et société de consommation
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)
FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.
Extrait
Chapitre II : L’importance de former l’esprit critique
L ‘éducation est le processus qui, tout au long de la vie, confère la capacité de la diriger en accord avec notre réflexion, notre pensée et nos choix. L’éducation libère. Elle nous accorde la « souveraineté personnelle ».
Federico, Mayor, dans De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation. Essai sur le devenir humain.
2.1- Conquérir la liberté individuelle
Se former une opinion à soi, c’est faire preuve de liberté d’esprit, c’est par la suite choisir soi-même sa voie, ses orientations, ses engagements. C’est éviter de se laisser guider par autrui, d’être prisonnier d’un milieu,… »
Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.
2.1.1- Les somnambules
L’être humain est un être pensant, donc doué de raison. Dans son livre Politique, Aristote explique que l’être humain est par nature un « animal politique », bien plus que les abeilles ou autres animaux grégaires. Il est un « animal politique », car il est le seul parmi les animaux qui a la parole. Lui seul a cette aptitude à la conversation et à la réflexion. Pascal, de son côté, soutient dans ses Pensées que la pensée est la plus noble des activités humaines: « L’homme est visiblement fait pour penser; c’est toute sa dignité et tout son métier; et tout son devoir est de penser comme il faut »(1). Chaque être humain a cette capacité réflexive, mais certains ne l’utilisent pas, faute de temps, de courage ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas été habitués à réfléchir et à utiliser leur esprit critique.
Dans son texte Réponse à la question : Qu ‘est-ce que les Lumières?, Kant explique ce qui caractérise le siècle des Lumières qui a donné naissance à la démocratie moderne. Selon lui, ce moment historique a permis la sortie de l’homme hors de son état de minorité :
La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d’un manque d’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des lumières(2).
Même si, dans notre système démocratique, les hommes sont libres de penser par eux-mêmes, certains d’entre eux restent leur vie durant mineurs et cherchent le plus possible à trouver des tuteurs qui pensent à leur place. Il leur est trop difficile de penser par eux-mêmes. Déjà, Héraclite affirmait que la plupart des humains étaient endormis en plein jour. Il leur reprochait de mener tout éveillés, une vie de dormeurs. Dans son livre Vigiles de l’esprit, Alain explique que dormir, ce n’est pas avoir les yeux fermés et rester immobile ; dormir, c’est penser peu, penser le moins possible. Il explique que penser, c’est peser. Lorsque l’on dort, on ne pèse plus ce qui est dit, l’on tient pour vrai, sans examen, tout ce qui est véhiculé dans la société, ce qu’il appelle le murmure du monde. Pour lui, « …beaucoup d’hommes, qui, en apparence, sont bien éveillés, qui ont les yeux ouverts, qui se meuvent, qui parlent, en réalité dorment; la cité est pleine de somnambules(3) ». Comme nous l’avons souligné, les hommes des sociétés démocratiques se lancent dans le travail, dans le divertissement pour ne pas avoir trop à penser et évitent les questionnements existentiels. Ils existent sans savoir pourquoi. Ils adoptent les valeurs de leur société sans chercher à être ce qu’ils sont réellement. Ils sont donc les prisonniers d’une caverne d’ombres et de chimères.
2.1.2- Le conformisme
L’allégorie de la caverne est une fable écrite par Platon qui dévoile une réalité toujours actuelle. Platon utilise cette allégorie pour expliquer sa théorie des idées. Sans entrer dans les détails de cette théorie, nous pouvons utiliser cette fable pour expliquer dans quelle situation risquent de se retrouver les jeunes de notre société de consommation s’ils ne sont pas éveillés à la pensée. Dans cette allégorie, Socrate veut démontrer à Glaucon qu’elle est « notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation(4) ». Il faut se rappeler les éléments essentiels de cette allégorie. Il y a premièrement la caverne où sont confinés les prisonniers. Ceux-ci y vivent depuis leur naissance, donc elle est la seule réalité qu’ils connaissent. Ils sont attachés par des chaînes qui maintiennent leur cou pour qu’ils ne voient que les ombres qui défilent devant eux. La paroi de la caverne est un écran sur lequel se reflètent les ombres des objets qui passent derrière eux et qu’ils sont incapables de voir. Les prisonniers ne savent pas que ces ombres sont le reflet d’autre chose, ils croient que réside là toute la vérité : «(…) aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres (…) »(5). Entre eux et les objets, il y a le feu qui permet aux ombres de se refléter sur la paroi rocheuse. Dans l’allégorie, Socrate invite Glaucon à imaginer ce qui arriverait si l’on détachait l’un des prisonniers. Bien sûr, il serait dans un premier temps ébloui par la lumière du soleil, elle lui blesserait les yeux. Il aurait une vision confuse de la nouvelle réalité qui se déploie devant lui et il pourrait croire que le monde de la caverne est beaucoup plus réel que celui-ci. Par la suite, si le prisonnier retourne dans la caverne, il aura de la difficulté à retourner dans le monde des ombres, à retourner à la noirceur. Sa plus grande difficulté résidera dans ses efforts pour persuader les prisonniers que leur réalité n’est faite que d’ombres et d’illusions et que la réalité est plus vraie et plus belle hors de ces murs froids et sombres. Il sera perçu comme un empêcheur de tourner en rond, car il remet les fondements même de leur existence en question. Les prisonniers risquent alors de vouloir protéger leur confort et leur sécurité.
Nous pouvons utiliser l’allégorie de Platon pour expliquer que le manque d’esprit critique menace la liberté individuelle. Comme nous l’avons déjà souligné, l’homme moderne est jeté dans le monde de la consommation dès l’enfance et il vit dedans, sans distance. Son monde est celui de l’abondance, de l’accumulation de toutes sortes d’objets. D’autre part, il est soumis à une communication de masse. Il se fait endoctriner par les publicités, les émissions télévisées, les magazines hebdomadaires, etc. Ces médias lui dictent des valeurs et un modèle de vie idéal. Par exemple, les publicités véhiculent le message qu’il est important pour être heureux d’avoir un corps mince et en forme. Elles présentent un modèle de corps parfait qui met une pression immense sur les individus. Baudrillard dira que la beauté est devenue, pour les femmes, un impératif absolu, religieux. Plusieurs d’entre elles sont, en effet, en quête de ce modèle et pour y arriver vont faire des régimes, subir des chirurgies plastiques, acheter des produits miracles, etc. Elles croient que ce corps parfait les rendra heureuses. Les femmes occidentales se disent autonomes et libres d’agir ainsi, mais elles se conforment aux standards sociaux. L’auteure québécoise Nelly Arcand met en scène, notamment dans son livre Folle, des personnages qui sont aux prises avec cette pression sociale. Elle dira que les femmes sont prisonnières d’une burka de chair. La télévision peut parfois éduquer et bien informer, mais trop souvent elle véhicule les valeurs de la société de consommation : apparence, pouvoir, abondance, etc. Elle formate les esprits et les conditionne. C’est ce que soutient Jean-Jacques Wunenburger dans son livre L’homme à l’âge de la télévision :
La télévision est parvenue en un demi-siècle à peine à se rendre indispensable à la vie quotidienne des hommes, à rythmer leur existence, à transformer leurs rapports sociaux, à devenir le réfèrent obligé de leurs savoirs et pouvoirs. La petite boîte noire qui trône dans tous les logements privés et dans un nombre de plus en plus grand de lieux publics, remplit l’espace et le temps social, fait circuler des modèles de sentir, d’imaginer et de penser, imprègne les modes de vie.(6)
La télévision vient s’immiscer dans la vie de tous et impose un style de vie uniforme. Elle a en quelque sorte pris le relais des Églises pour définir ce qu’il faut croire, savoir, admirer et posséder. Elle définit des normes collectives.
Wunenburger explique que les images télévisuelles sont souvent trompeuses et montrent une réalité tronquée. À ses yeux, les images les plus trompeuses sont celles des séquences publicitaires. La publicité est régie par le principe de la persuasion. Elle vise à rendre un produit commercial désirable. Elle promeut surtout les qualités d’un produit, ses atouts, ses avantages et ses performances. Elle met en perspective les bienfaits d’un produit en dissimulant ses limites d’usage, ses vices et ses méfaits. Donc, elle est liée au mensonge par omission. Les téléspectateurs deviennent ainsi les otages de stratégies mercantiles. Les producteurs d’émissions et de publicités utilisent des idées et des valeurs pour manipuler les gens et ainsi faire des profits. Les intérêts financiers sont immenses, alors les compagnies publicitaires investissent énormément pour trouver la meilleure façon de pousser les gens à acheter leurs produits. Elles savent utiliser les techniques pour conditionner les gens à consommer. Les médias ont une influence considérable sur les individus. Les citoyens se croient libres dans leurs choix. Libres d’acheter telle voiture, tel shampooing, etc. Pourtant, ces choix sont fortement influencés par la publicité. Comme le mentionne Erich Fromm, l’homme dans la société de consommation est loin de faire des choix libres :
L’individu est dirigé et manipulé non seulement dans le domaine de la production, mais aussi dans celui de la consommation, qui est prétendument celui où il peut exprimer son libre choix. Qu’il s’agisse de la consommation de la nourriture, de l’habillement, de l’alcool, des cigarettes, des films et des programmes de télévision, un puissant appareil de persuasion est utilisé à deux fins : d’abord, pour accroître sans cesse l’appétit des individus pour de nouveaux produits, ensuite pour orienter ces appétits vers les débouchés les plus rentables pour l’industrie (…) L’homme est transformé en «consommateur», en un éternel nourrisson, dont l’unique désir est de consommer davantage et mieux(7).
Les hommes du siècle des Lumières se sont battus héroïquement pour s’affranchir de la tutelle des autorités politiques et religieuses. Ils ont vaincu en grande partie les dogmatismes. Les hommes de la société de consommation eux sont sous l’emprise d’un tyran invisible. La plupart des individus sont des automates qui vivent dans l’illusion d’être leur propre maître. Il en est tout autrement, ils se conforment aux modèles sociaux pour gagner la tranquillité et la sécurité.
Nous pouvons facilement comparer les hommes de la société de consommation qui sont rivés à leur écran de télévision quotidiennement et assimilent les valeurs de la société de consommation aux prisonniers de la caverne de Platon. Ils sont prisonniers de ces ombres et de ces illusions. C’est ce que croit Alvin Kernan :
La télévision est l’actualisation technologique de la caverne de Platon, un média de masse contrôlé par la publicité et soumis par la suite à un marché de masse, projetant sur l’écran des images presque totalement fausses du monde. La fausseté est inscrite en un dispositif pavlovien qui fonctionne en déclarant à ses sujets comme ils sont libres et individuels tout en les conditionnant. À quel degré elle a rendu triviale et vulgaire la vie américaine n’a pas encore été, je pense, pleinement compris, mais les contours sont clairs pour quiconque regarde(8).
Les ombres de la caverne de la société de consommation sont toutes ces valeurs, ces pseudos-vérités qui sont véhiculées dans la société et qui ne sont pas remises en question. Ce que les Grecs appelaient la doxa, l’opinion publique. Comme nous l’avons vu, Heidegger parle plutôt dans Être et temps du « On ». Il explique que l’homme est d’emblée un être social, ainsi la difficulté de celui-ci est de devenir un individu, de trouver un mode authentique d’existence personnelle. Il se laisse dicter ses projets, ses préférences, ses goûts par les autres. En se laissant dicter sa manière d’être par Y « On », l’homme ne projette pas une existence véritablement sienne, mais tombe sous l’emprise de l’opinion publique. Il comprend alors le monde selon l’opinion commune et est poussé à penser ce que 1′ « On » pense. La télévision contribue fortement à l’uniformisation de la vie. Les gens veulent copier les modèles de vie qui y sont présentés. Mais, au fond d’eux-mêmes, ne veulent-ils pas plutôt être véritablement libres et choisir réellement les valeurs qui vont guider leur vie? Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir exprimer librement nos opinions et de pouvoir choisir notre vie, mais nous ne sommes pas si libres. Notre société renforce le conformisme social. Nietzsche, de son côté, explique dans ses Considérations inactuelles que les hommes sont paresseux. Selon lui, si l’on demandait à un voyageur qui a parcouru le monde et a vu d’innombrables hommes qu’elle est la qualité qu’il a rencontrée chez les hommes, il répondrait que c’est une certaine propension à la paresse. Au fond de lui, l’homme sait qu’il ne vivra qu’une fois et qu’il est un miracle unique, mais il s’en cache et aime mieux vivre comme tout le monde.
2.1.3- Conquérir sa liberté individuelle
Pour Nietzsche, l’homme agit en bête de troupeau. Il dira à l’homme endormi : « Sois toi-même!45 » À ses yeux, la vie est désolante et absurde tant que l’on n’est pas devenu soi-même. La société stérilise un certain nombre de possibilités. Il faut faire comme tout le monde et les jeunes cherchent à entrer dans un moule préétabli. Pour devenir soi-même, l’homme doit se défaire des chaînes de l’opinion courante. Il doit assumer la responsabilité de son existence et devenir le pilote de sa propre vie. La vie est tellement brève, il faut qu’il s’emploie à créer quelque chose de significatif dans ce voyage éphémère. Pour se créer une vie significative, il ne doit pas agir en conformité avec ce qui est véhiculé dans la société, mais conquérir sa liberté intérieure et s’édifier une vie qui fait sens. Pindare, le grand poète grec, recommandait : « Deviens celui que tu es.(9)»
Lors d’une conférence en 2004, le philosophe québécois Georges Leroux a démontré l’importance des cours de philosophie pour notre société. Il a alors expliqué que le but des cégeps, c’est de former à une vie libre. Former les jeunes pour qu’ils choisissent une forme d’existence qui sera souveraine et qui va pouvoir accomplir les valeurs de leur choix. Il constatait, lui aussi, qu’aujourd’hui nous formons avant tout des compétences et des expertises. Les écoles et même les cégeps cherchent à ajuster les esprits aux impératifs économiques et techniques et à les accommoder aux contraintes des marchés. Il faut plutôt que l’éducation donne assez de force intérieure aux jeunes pour qu’ils affrontent le réel. Il faut donner les moyens aux jeunes de dépasser la simple recherche de la prospérité et favoriser l’accès à l’intériorité et à la souveraineté. Selon lui, il y a une confusion aujourd’hui : il semble que devenir libre c’est devenir le meilleur dans son domaine pour gagner beaucoup d’argent et pouvoir faire ce que l’on veut. Mais il faut se questionner aussi sur la finalité de nos choix. Pourquoi devenir le meilleur politicien, le meilleur chirurgien, le meilleur professeur? Est-ce pour la justice, la santé, la sagesse? Que signifient ces finalités à nos yeux, que sont-elles vraiment? S’il faut être meilleur seulement pour gagner davantage de sous, acheter des biens luxueux et jouir davantage des loisirs, est-ce que notre forme de vie aura réellement du sens? Quel est notre idéal personnel?
Georges Leroux explique que le concept de forme de vie vient du philosophe Wittgenstein. Pour Wittgenstein, tous les jugements de valeur exprimés par une personne peuvent être reconduits à une forme de vie. Ce qu’il considère beau, bon et bien est lié à cette forme de vie. La forme de vie qu’un individu poursuit devrait être celle qui lui permet de se réaliser. Mais pour y arriver, il faut qu’il découvre qui il est. Comment faire pour que, parmi tous les modèles de vie, il choisisse celui qu’il désire vraiment. Emerson dira dans son essai sur la confiance en soi que ce qui est prisé dans la société c’est le conformisme. Tous les membres d’une société cherchent à vivre selon le modèle social valorisé pour être acceptés des autres. Celui qui ne se conforme pas court le risque de se faire rejeter et mépriser. Il faut que l’éducation donne la confiance en soi nécessaire aux jeunes, la liberté individuelle qui leur fera choisir ce qu’ils veulent vraiment. : Emerson dira : « Ma vie existe pour elle-même et non pour la parade. (…) Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non pas ce que pensent les gens. (…) Il est facile, étant dans le monde, de vivre selon l’opinion du monde; il est facile, dans la solitude, de vivre selon la nôtre, mais il a de la grandeur, celui qui au milieu de la foule garde avec une suavité parfaite l’indépendance de la solitude(10) ». Il faut donner les instruments de la liberté aux jeunes, sinon nous renforcerons le conformisme. La liberté individuelle exige de s’engager sur les traces de nos propres idéaux. La liberté implique aussi un devoir civique. Pour être libre et avoir un pouvoir sur sa destinée, l’individu ne doit pas être sous la tutelle de l’État. Il doit participer à la vie politique pour se gouverner lui-même.
2.2- Esprit critique et démocratie
(…) Il est plus important de comprendre que l’enseignement prépare la société de demain. Que c’est lui qui forme les hommes qui auront à se débattre, à se faire entendre de leurs concitoyens, à juger librement et clairement sans se laisser aller au gré des phrases toutes faites, du langage de bois et des propagandes qui les menacent aujourd ‘hui de partout.
Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.
2.2.1- L’indifférence face à la chose publique
Pendant longtemps, le système politique des sociétés occidentales était aristocratique. Il y a une très grande différence entre l’aristocratie et la démocratie. Dans une aristocratie, le pouvoir est concentré dans les mains d’un petit nombre d’individus tandis que dans une démocratie, c’est le peuple qui détient le pouvoir. Le petit nombre d’individus au pouvoir dans une aristocratie établit les lois sans consulter le peuple, alors que dans une démocratie c’est le peuple qui participe à la composition des lois. Il gouverne lui-même. Chaque individu forme ainsi une portion égale du souverain et participe au gouvernement de l’Etat. Il élit ses représentants grâce au vote universel. C’est ainsi que chaque citoyen détient le droit de gouverner.
Selon Tocqueville, l’un des dangers les plus grands des démocraties est que la concentration du citoyen sur son bien-être personnel et son désintérêt pour la réflexion critique et la chose publique permettent l’apparition d’un nouveau despotisme. Le danger est que les individus soient tellement absorbés par leur propre bien-être et par la réussite matérielle qu’ils n’aient plus le temps de participer à la vie publique et négligent la sphère politique. Voici le portrait qu’il dresse des citoyens de la société démocratique : « L’exercice de leurs devoirs politiques leur paraît un contretemps fâcheux qui les distrait de leur industrie. S’agit-il de choisir leurs représentants, de prêter main-forte à l’autorité, de traiter en commun la chose commune, le temps leur manque; ils ne sauraient dissiper ce temps si précieux en travaux inutiles(11) ». Puisque les citoyens sont entièrement concentrés à s’occuper de leurs propres affaires personnelles, ils risquent de ne plus être maîtres d’eux-mêmes. Les individus dans une société de consommation recherchent avant tout le confort, se mobilisent de moins en moins et ne sont plus soucieux de leur destin. Une telle indifférence de la chose publique se manifeste, entre autres, dans un très faible taux de participation aux élections. Les citoyens risquent ainsi de considérer leurs pareils, leurs parents, leurs amis et leur famille comme leur seule société. La démocratie se fonde sur la participation active de tous les citoyens. Il est facile à un despote de prendre le pouvoir quand tous se désintéressent de la chose publique. Surtout si celui-ci s’évertue à assurer le bien-être matériel de tous et veille à ce que ce bien-être prospère. C’est ce que croit Tocqueville :
(…) je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance (…) C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre (…) il ne brise pas les volontés, mais les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger(12).
Dans cette longue et célèbre citation de Tocqueville, nous retrouvons le portrait d’une société démocratique où les individus ont abandonné leur liberté de penser et leur liberté politique. Dans cette société, les citoyens qui sont préoccupés par leur bien-être et leur plaisir deviennent individualistes et indifférents à la chose publique. Ceux-ci remettent dans les mains de l’État la gouvernance et n’utilisent plus leur liberté de penser. L’État devient le tuteur qui leur assure ce bien-être tant convoité, mais les infantilise et les soulage de leur libre-arbitre. Voilà la grande crainte de Tocqueville, que dans la démocratie les individus perdent leur faculté de penser, de sentir et d’agir par eux-mêmes. Qu’ils perdent donc un pouvoir effectif sur leur destinée.
Aristote explique, lui aussi, que la tyrannie peut émerger dans une démocratie. Le tyran utilise trois moyens pour maintenir son pouvoir. Premièrement, il avilit les esprits. Ensuite, il sème la méfiance chez les citoyens, car ils ne peuvent renverser le pouvoir du tyran s’ils ne se font pas confiance entre eux. Pour finir, il faut les priver du pouvoir d’agir. Comme nous l’avons vu plus haut, dans notre société de consommation, les citoyens ne cherchent pas à réfléchir. Nous assistons donc à un avilissement des esprits. Lorsque les citoyens ne font pas preuve de lucidité et qu’ils n’ont pas un esprit critique aiguisé, ils sont susceptibles de se faire manipuler par des démagogues. Ceux-ci utilisent de belles phrases pour séduire, ils cherchent à persuader la foule pour acquérir le pouvoir. Ils ne voient aucun mal dans la manipulation de l’opinion publique pour arriver à leurs propres fins. Ils n’accordent pas d’importance à la vérité de leurs propos. Tout ce qu’ils désirent c’est d’obtenir le pouvoir et grimper les échelons de la réussite sociale. Nous pouvons facilement comparer le démagogue au commerçant qui veut vendre sa marchandise à tout prix, en la vantant de toutes les qualités inimaginables. Cependant, il ne se soucie pas de savoir si ce qu’il vend est bon en soi, mais il se préoccupe seulement du profit qu’il peut apporter. Dans une démocratie comme la nôtre, il est important de charmer la foule pour que les dirigeants soient élus. Trop souvent, les hommes d’état jouent la carte de l’apparence pour accéder au pouvoir et cherchent à séduire pour se faire élire. Pour résister à la démagogie, les citoyens doivent être éduqués.
2.2.2- La capacité de réfléchir et de prendre des décisions éclairées
Dans une démocratie, l’exercice de l’esprit critique est indispensable. Les citoyens doivent s’intéresser à la chose publique, mais aussi être capables d’y participer. Ils doivent être aptes à choisir entre des positions politiques différentes et à exprimer leurs positions par le vote. Les citoyens sont informés, par le biais des médias, des sujets et des questions qui les concernent. Ils doivent êtres capables de discuter sur ces divers sujets et à juger de la pertinence des décisions politiques. Comme l’explique Normand Baillargeon : « Dans une démocratie, chacun est gouvernant en puissance et est appelé à se prononcer sur les affaires qui concernent le bien commun; chacun peut faire entendre sa voix et peut, en droit, prendre part aux débats et aux discussions qui ont constamment cours sur un nombre en théorie infini de sujets et de questions qui débouchent, après délibération, sur des décisions et des actions(13)». Celui-ci ajoute que, malheureusement, trop souvent les citoyens de notre société sont incapables de prendre part au débat: «(…) la figure idéale d’un citoyen informé, capable déjuger et de prendre part à des discussions tend à céder la place, dans les faits, à celle de sujets endoctrinés, ignorants de données cruciales concernant le monde dans lequel ils vivent et exclus du débat politique dont ils ne sont plus participants mais spectateurs(14) ».
La société démocratique repose sur la nécessité de développer l’intelligence et la raison de tous les membres de la société pour rendre possible le libre exercice de leur souveraineté et leur permettre de jouir de leurs droits. Pour Wunenburger, nos sociétés médiatisées appauvrissent plutôt l’intelligence. La télévision remettrait en question les valeurs les plus fondamentales de la modernité : idéal d’émancipation, idéal de liberté et d’autonomie du jugement, idéal de discussion critique des opinions. La télévision nous évite de parler et d’agir, elle porte plutôt à la passivité, à la réception d’un spectacle indépendant de nous et à la consommation passive d’images. Elle endort en quelque sorte les esprits, même si parfois elle informe vraiment. : « La télévision ne doit-elle pas dès lors être accusée de nos jours comme la plus grande ennemie de la liberté et de la vérité, et donc de la démocratie ». La démocratie fait appel à l’esprit critique des citoyens et à leur capacité à prendre part aux diverses discussions. C’est le système éducatif qui doit outiller les jeunes et développer leur esprit critique pour les rendre aptes à une participation active.
2.3- Esprit critique et philosophie
2.3.1- La philosophie forme l’esprit critique
Dans son livre Introduction à la philosophie, le philosophe allemand Karl Jaspers souligne que les êtres humains portent des regards contradictoires sur la philosophie. Certains ont des attentes vis-à-vis celle-ci, d’autres y sont indifférents. Plusieurs vénèrent ceux qui l’exercent tandis que certains les méprisent et les considèrent comme des rêveurs qui s’adonnent à une introspection superflue. Dans un monde où la science est admirée pour ses connaissances certaines qui donnent des résultats pratiques, la philosophie fait souvent piètre figure. Elle n’aboutit à rien de concret. En effet, malgré de nombreux efforts depuis des milliers d’années, la philosophie ne réussit pas à atteindre un savoir définitif ni à faire l’unanimité. Les théories philosophiques se contredisent et il n’y a pas une vérité philosophique certaine et définitive. Elle est souvent perçue comme une connaissance inutile, un jeu théorique vain. Plusieurs individus considèrent que la philosophie ne devrait pas être enseignée au collégial. À leurs yeux, cet enseignement serait une perte de temps et il faudrait plutôt former des travailleurs efficaces, aptes à aller sur le marché du travail.
Dans son texte Valeur de la philosophie, Russell tente d’expliquer pourquoi il est nécessaire d’étudier la philosophie. Pour lui, les critiques adressées à la philosophie sont l’art des gens pratiques, ceux qui ne reconnaissent que les besoins matériels, qui croient que l’homme doit nourrir son corps, mais ne considèrent pas nécessaire qu’il nourrisse son esprit. La philosophie est une nourriture pour l’esprit. Elle ne peut fournir des réponses précises sur les questions qui la concernent, mais elle nous fait prendre conscience de 1’importance de ces problèmes et surtout, elle permet de développer notre esprit critique:
La valeur de la philosophie, affirme Russell, doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. (…) La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée (. . .).
Russell, Bertrand, Problèmes de philosophie, Paris, Paris, Éditions Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », 1965, p. 25.
C’est le rôle de la philosophie de doter les jeunes d’un esprit critique et de les délivrer de leurs préjugés et de leurs opinions préconçues.
2.3.2- Définition de l’esprit critique
Qu’est-ce que l’esprit critique que la philosophie permet de développer? Le mot critique dérive du verbe grec krinein qui signifie « séparer », « juger », « décider », « distinguer », « trancher », « passer au crible ». Il renvoie à une fonction fondamentale du corps, celle d’éliminer les substances nocives. En effet, si les reins d’un individu cessent de « critiquer », celui-ci meurt. Avoir un esprit critique, c’est faire preuve de discernement. Dans le mot discernement, nous retrouvons le verbe latin cernere qui a une signification semblable : séparer le bon du mauvais. Celui qui a un esprit critique est celui qui est capable de discerner et de juger ce qui est mauvais et est ainsi apte à le rejeter. Il est capable de faire preuve de discernement dans ses choix quotidiens. Dans l’Encyclopédie philosophique universelle, nous retrouvons la définition suivante du terme critique : la critique est une forme de la pensée rationnelle qui consiste à examiner un autre produit de la pensée afin de le juger et d’en déterminer, en pesant le pour et le contre, la véritable valeur : vrai ou faux. Un esprit critique sera apte à dissocier le vrai du faux dans une publicité, un discours politique, etc. Par exemple, il comprendra qu’il n’y a aucun rapport entre une jolie femme et la qualité d’une auto. Qu’il n’y a pas nécessairement de lien entre une vie réussie, le bonheur et l’accumulation de richesses. L’esprit critique rend en mesure de savoir si un individu est en train de débiter des balivernes, s’il utilise de mauvais arguments ou des sophismes. La pensée critique met à l’abri du dogmatisme, des préjugés et des généralisations hâtives. Elle est une arme contre les démagogues, les superstitions, les préjugés, les opinions non fondées, etc. De plus, l’esprit critique permet de nous défaire des chaînes du conformisme et de l’opinion publique et de plutôt choisir ce que nous voulons réellement devenir. Il aide à vivre une vie libre. Heureusement, l’esprit critique s’apprend, notamment dans les cours de philosophie.
L’une des tâches principales de la philosophie est de former des citoyens éclairés capables d’avoir un esprit critique. C’est ce que souligne Jaspers : « Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement : il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être » (16). La philosophie comporte un travail critique. Cette critique n’est cependant jamais purement et simplement négative, elle est plutôt constructive. Elle a pour but de corriger les fausses évidences, les illusions et erreurs du sens commun. Elle permet de faire des choix éclairés. Celui qui a un esprit critique ne peut accepter les vérités toutes faites, il remet en question les prétendues vérités véhiculées dans la société et il est apte à opérer un recul face aux valeurs sociales. 11 est capable de se faire une opinion par lui-même et de reconnaître ses propres préjugés et de s’en méfier. Faire de la philosophie c’est être en route, comme le dit avec justesse Jaspers. Être en route vers davantage de lucidité. L’éducation doit permettre aux jeunes de se retourner pour regarder le soleil et non plus les images projetées sur le fond de la caverne. Elle doit déprendre les jeunes de ces illusions.
En conclusion, dans ce deuxième chapitre, nous avons voulu démontrer qu’il est urgent de former l’esprit critique des jeunes de la société de consommation. En premier lieu, nous avons expliqué que trop souvent dans une société de consommation, les individus sont des somnambules qui dorment en plein jour et qui ne pensent pas par eux-mêmes. En effet, la plupart d’entre eux sont comme les prisonniers de la caverne de Platon, ils absorbent sans remise en question les valeurs et opinions véhiculées dans les médias et surtout à la télévision. Ils sont conditionnés par une vision du bonheur liée à l’abondance matérielle et au paraître. Ils se croient libres, mais ne sont pas maîtres de leur choix et décisions. Le fait de ne pas utiliser leur esprit critique a donc pour première conséquence d’empêcher les individus de conquérir leur liberté individuelle. Ils sont conformistes et sont incapables de vivre la vie qu’ils désirent réellement et de choisir leurs propres valeurs.
Dans un deuxième temps, nous avons souligné que le manque d’esprit critique est une menace pour la démocratie et pour la liberté politique. Premièrement, l’obsession du bien-être matériel détourne les individus de la politique. Ils sont tellement préoccupés par leur avancement et la consommation de biens qu’ils oublient de se soucier de la politique et abandonnent leur droit de vote. Ils risquent ainsi de ne plus être réellement les maîtres de leur destin. Dans une démocratie, c’est le peuple qui gouverne, mais les membres qui le composent doivent s’impliquer et participer aux décisions pour réellement gouverner. De plus, sans esprit critique ils sont incapables de bien cerner les débats et de bien analyser les discours politiques. L’esprit critique est essentiel pour prendre des décisions politiques éclairées. Nous avons terminé en donnant une définition de l’esprit critique. Celui qui est doté d’un esprit critique est capable de discerner dans une idée, un discours, une opinion ce qui est vrai et ce qui est faux. Il a la capacité de séparer le bon du mauvais et de remettre en question ce qui est véhiculé dans une société. Il fait donc preuve d’un doute constructif, il doute pour chercher la pertinence de ce qui est dit et pour pouvoir prendre de meilleures décisions. L’esprit critique permet surtout de s’éloigner du conformisme et de choisir la forme de vie qui fait réellement sens à nos yeux. Il s’apprend notamment dans les cours de philosophie. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, Socrate enseignait à user de notre esprit critique, à remettre en question nos certitudes, à penser par nous-mêmes et à cherche à nous connaître. Il est donc un maître à suive pour doter nos jeunes d’un esprit critique.
NOTES
(1) lbid., p.92.
(2) Kant, Immanuel, Oeuvres philosophiques II, Des prolégomènes aux écrits de 1797, trad. Heinz Wismann, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1980, p. 209.
(4) Platon, Œuvres complètes 17 : La République, trad. Emile Chambry, Pans, Éditions Les Belles Lettres, 1949, 514a,
p. 340.
(5) lbid, p. 340.
(6) Wunenburger, Jean-Jacques, L’homme à l’âge de la télévision, Pans, Éditions Presses universitaires de France, coll. « Intervention philosophique », 2000, p.l 19.
(7) Fromm, Erich, De la désobéissance et autres essais, trad. Théo Carlier, Paris, Éditions Robert Laffont, 1983, p. 86.
(8) Kernan, Alvin, cité par De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation : essai sur le devenir humain, Paris, Edition Presses universitaires de France, coll. « Thémis », 2004, p. 60.
(9) Nietzsche, Friedrich, Considérations inactuel/es, III, 4, trad. Geneviève Bianquis, Paris, Éditions Aubier, 1966, p. 17.
(10) Emerson, Ralph Waldo, l^a confiance en soi et autres essais, trad. Monique Bégot, Pans, Editions Payot et Rivages, coll. « Rivage poche/Petite Bibliothèque », 2000, p. 93.
(11) De Tocquevlle, Alexis, op. cit., T.II, Deuxième partie, Ch. XIV, p. 196.
(12) lbid., T.II, Quatrième partie, Ch. VI, p. 434-435.
(13) Baillargeon, Normand, La lueur d’une bougie : citoyenneté et pensée critique, Montréal, Éditions Fides, coll. « Grandes conférences », 2001, p. 19.
(14) lbid., p. 22-23.
(15) Wunenburger, Jean-]acques, op. cit., p .6.
(16) Jaspers, Karl, Introduction à la philosophie, trad. Jeanne Hersch, Paris, Éditions Pion, coll. « 10/18 », 1965, p. 6.
La photographie de présentation en haut de l’article a été ajoutée par nous.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.
Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
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