Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !
Propos recueillis par Cédric Enjalbert
Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”
Philosophie magazine
No 183, octobre 2024
CITATION
Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !
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Hélène L’Heuillet : On peut entendre cette « mélodie », pour reprendre un terme d’Henri Bergson, comme un temps subjectif, plus ou moins monotone, mais qui assure la continuité de notre existence. Parvenir à avoir le « bon » rythme consiste ainsi à rester connecté à une subjectivité, c’est-à-dire à un temps qui puisse se conjuguer à la première personne du singulier mais pas du tout au sens narcissique. Quand la demande sociale est trop pressante, quand la cadence s’accélère ou se ralentit excessivement, le sujet n’arrive plus à y articuler sa propre mélodie. Cela crée alors le sentiment de passer à côté de sa vie. Or il y a dans nos sociétés une absence de place pour le sujet qui vient précisément du fait qu’elles valorisent le moi narcissique, une individualité qui empêche de progresser dans la connaissance de soi et fait de nous des victimes consentantes de l’ordre social. Savoir ce dont on a besoin, quels sont notre désir ou notre boussole intérieure suppose de reconnaître l’ignorance dans laquelle nous nous trouvons, d’accepter d’être opaques à nous-mêmes.
Pascal Chabot : Mettre en avant la question du rythme questionne la manière dont on hérite de cette dualité que pointe Bergson entre une temporalité intime, une durée, et un temps mathématique, comme celui des horloges. Il s’agit de voir comment ils s’entrelacent, comment la durée de la conscience, qui nous fait aller vers l’intimité, est modulée par les rythmes sociaux. Je me garderais de les présenter trop caricaturalement comme des cadences coercitives, qui agiraient en s’imposant abstraitement à la personne. Car je crains, ce faisant, que l’on aille vers un rousseauisme larvé, présupposant un « rythme bon », qui serait la temporalité valorisée de la conscience, tandis que le temps de la société serait aliéné. Certains temps sociaux, partagés, sont effervescents, comme celui de la fête ou d’un cours en amphithéâtre. Il existe un autre terme musical que la mélodie pour décrire cette concordance entre des rythmes différents : la « résonance », qu’évoque le philosophe et sociologue Hartmut Rosa. Mais soyons prudents avec cette métaphore, car il ne faut pas oublier que si elle peut décrire des moments amicaux, il existe aussi des casernes où l’expérience virile et violente est vécue sur le mode de la résonance.
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Hélène L’Heuillet : Je crois qu’effectivement un « bon » rythme nous fait sentir la valeur de la vie. Or, désormais, pour les plus jeunes, si certaines obligations n’ont pas été remplies à trente ans, leur existence semble un échec. Ce n’est plus la cadence militaire mais l’obligation de la performance, qui fait perdre à la vie sa valeur. Le rythme de la vie ne peut pas être celui d’un curriculum vitæ ! Il faut savoir composer avec les intervalles qui trouent l’existence. Parfois, il ne se passe rien pendant de longues périodes. Pendant dix ans, rien sur le CV… mais on a élevé des enfants. J’en reviens à Rousseau, qui dit à un moment dans ses Rêveries : « J’ai senti que j’ai vécu. » Quand peut-on dire : « je n’ai pas laissé filer le temps, je n’ai pas seulement répondu aux attentes » ? Pour définir ces moments formateurs, le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott parle, lui, de créativité, non au sens d’une production artistique, mais comme sentiment éprouvé de la valeur de la vie, lorsque, d’un coup, la couleur d’une journée paraît autre. Ces dernières années, j’ai enchaîné des semaines sans week-ends, dans une concentration de travail, de cours et de patients avant de m’arrêter deux semaines. Alors j’allais ailleurs, dans une maison à la montagne, où je pouvais continuer à travailler mais au prix d’un changement de rythme, quitte à déranger le temps social ou à prendre le risque d’un retard.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle.
“Quand on est dans une telle urgence que l’on n’arrive plus à retrouver le fil de ses journées, c’est l’identité de la personne qui risque, à la longue, de se fragmenter. Ce qui peut conduire au burn-out”
Pierre-Olivier Monteil
Ce compte rendu n’est pas aussi futile qu’il en a l’air. Il permet de faire la transition entre deux univers – celui du travail et celui de l’amitié – et de donner de vos nouvelles à votre ami. Plus fondamentalement, ce récit est une manière de mémoriser ce qu’il se passe dans votre vie professionnelle. Raconter une journée, explique le philosophe et professeur d’éthique Pierre-Olivier Monteil, c’est être capable de la « métaboliser et d’intégrer, dans son corps et dans son esprit, ce qui a eu lieu ». La possibilité même de faire ce récit est donc un indice très positif. Cela montre que vous êtes capable de vous approprier le temps de travail pour en faire un élément de votre trajectoire personnelle. « En racontant mon activité, je crée une continuité, qui contribue à façonner mon identité », souligne le philosophe. Inversement, lorsqu’on endure une journée décousue et chaotique, ponctuée de micro-interruptions pénibles, d’événements imprévus et sans lien les uns avec les autres, il devient impossible d’en faire un récit sensé. « Tellement de choses se sont passées qu’on n’a pas les moyens de les incorporer », relève Pierre-Olivier Monteil. C’est le signe que l’on ne parvient plus à suivre le rythme. « Quand on est dans une telle urgence que l’on n’arrive plus à retrouver le fil de ses journées, c’est l’identité de la personne qui risque, à la longue, de se fragmenter. Ce qui peut conduire au burn-out », alerte-t-il.
La mise en mots de notre vie professionnelle est une façon de lutter contre cette fragmentation, en jonglant avec différents rythmes. On sort du pur présent pour tirer des leçons du passé et se projeter vers l’avenir. Il s’agit, précise Pierre-Olivier Monteil, « d’établir des scénarios qui puisent dans ce qu’on a déjà fait, pour voir ce que l’on pourrait faire autrement ». Ces va-et-vient entre le passé et le futur permettent de « laisser une place au temps du conditionnel, au simple fait de dire “je pourrais” », poursuit-il. On peut alors s’installer dans un temps long, riche « indispensable à la prise de décision », conclut-il.
* * *
La recherche du bon rythme consiste peut-être finalement à aller chercher au cours de notre journée de travail, ce temps dense et de qualité, que le philosophe Henri Bergson appelle la durée. Là où le temps « quantitatif » et « objectif » des montres et des horloges, « morcelle en fragments distincts », la durée de Bergson est homogène et fluide. Elle permet de créer une continuité dans notre vécu professionnel, unifie nos états mentaux et nos tâches, et trace des liens entre les divers interlocuteurs que nous côtoyons. C’est en définitive cette durée intime et personnelle, que les philosophes et les sociologues que nous avons interrogés invitent à explorer, quand ils nous enjoignent à travailler dans une solitude apaisée, à laisser de la place à nos corps, à nous offrir la possibilité de faire du « vrai travail » et, enfin, à raconter notre journée de manière subjective. Cette recherche du bon rythme n’est jamais une science exacte. Elle est un tâtonnement, un équilibre subjectif précaire, qui ne saurait jamais se réduire au tic-tac des horloges et aux bip-bip des réunions à distance.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
« Je pense, donc je suis », écrivait René Descartes dans Discours de la méthode (1637). C’est par la pensée que nos actes se construisent. Et le plus merveilleux dans la philosophie est qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, tout peut être proposé, supputé, exploré, remis en question, car la question constitue ce qui la définit et la motive. Nous ne pouvons nous empêcher de penser, nous ne pouvons alors nous empêcher de philosopher. Vous aussi!
« La philosophie, pour quoi faire? » est une question à laquelle j’ai répondu si souvent dans les dernières années, que ce soit dans des articles ou à la radio. Chaque fois, j’ai offert une réponse qui ressemble à ce que je dis à mes élèves, cours après cours, session après session depuis quinze ans : pour mieux argumenter; savoir questionner et problématiser le monde qui nous entoure; développer les outils de la pensée critique et les appliquer, entre autres, à toutes les informations auxquelles nous sommes exposé.es; réfléchir à nos croyances et à la portée de nos actions; tenter d’agir au mieux. Lire la suite
Si nous sommes tous philosophes, et tous capables de pensée critique, force est d’admettre que nous naissons piètres philosophes. Spinoza appelait au XVIIe siècle « premier genre de connaissance » la façon spontanée que nous avons d’inférer des vérités à partir de moments strictement accidentels. On excède cette façon « mutilée » de penser lorsque l’on comprend que nos haines, nos frustrations, nos colères et nos jalousies, soit nos « passions tristes », sont le plus souvent le fait d’une méconnaissance des conjonctures dans lesquelles nous nous trouvons, et des éléments extérieurs à soi avec lesquels nous entrons en rapport. C’était sa façon de rappeler l’hostilité traditionnelle de la philosophie à son contraire, la simple opinion.
Qui qu’on soit, philosopher exige donc une prédisposition importante au travail. En l’occurrence, travailler signifie s’étonner de ce qui se présente comme banal, critiquer ce qui appartient au cours normal des choses, produire des concepts qui permettent d’articuler les éléments du réel de manière autre que convenue et soumettre à la pensée commune un certain nombre de problématiques qui déplacent le foyer des questions et font débat. L’insondable corpus et quelques penseurs contemporains nous assistent dans ce travail ardu.
Personnage excentrique, jésuite antidogmatique et philosophe dilettante dérangeant à l’époque de la Grande Noirceur, François Hertel est une figure méconnue de l’histoire des idées au Québec. Un penseur qui a piqué, à juste titre, la curiosité du professeur de philosophie Dominic Fontaine-Lasnier, qui lui consacre un inspirant essai : Le legs d’un philosophe amateur.
Le rapprochant de Montaigne et des philosophes de l’Antiquité gréco-latine, Fontaine-Lasnier présente la pensée d’Hertel comme un art de vivre qui vise à rester maître de soi-même, sceptique et humble. « Il nous montre le parcours d’un individu qui doute, notamment dans son très beau Journal d’Anatole Laplante. » Plus qu’une posture philosophique, le doute chez Hertel concerne l’incertitude existentielle de chacun. « L’être humain est intéressant quand il change d’idée, affirme Fontaine-Lasnier, mais pour se remettre en question, il faut avoir confiance en soi. Ce paradoxe est à l’œuvre chez Hertel. Ses œuvres parfois peu maîtrisées rejoignent sa manière d’enseigner le doute. Si on sait qu’on a une valeur, on peut se remettre en question. »
Par Isabelle Beaulieu (Les libraires) -21 octobre 2024
Plutôt méconnues du grand public, les éditions Liber méritent pourtant qu’on s’y attarde. Décider de consacrer un dossier à la philosophie, c’était nécessairement choisir d’y inclure enfin une place à cette maison qui, depuis plus de trois décennies, soumet des ouvrages d’une grande utilité pour toute personne intéressée à connaître, à comprendre, à savoir, à se mouvoir, à s’adapter dans notre monde en perpétuel changement. En dix tours de piste, nous avons demandé à Giovanni Calabrese, le fondateur et directeur éditorial de Liber, et à Micheline Gauthier, l’actuelle directrice générale, de reparcourir quelques jalons de leur histoire.
Hipparchia, Hypatie, Aspasie, Maria Zambrano, Iris Murdoch, Christine de Pisan, Élisabeth de Bohême, Alexandra David-Néel, Marguerite Porete, Mary Wollstonecraft… Il y a fort à parier que la plupart de ces noms soient inconnus pour plusieurs, a contrario de ceux de Platon, Descartes ou Kant, plus communément associés à la philosophie. Pourtant, les premières aussi étaient philosophes. Et pas moins importantes… Or, comme femmes, leurs contributions ont été ignorées, rejetées, ridiculisées ou encore considérées comme mineures donc à peu près jamais enseignées. Pour contredire cette tradition patriarcale et remettre en lumière leurs pensées, deux titres brillants ont été publiés récemment : Femmes philosophes : 21 destins de combattantes de Maya Ombasic et Existantes : Pour une philosophie féministe incarnée de Cécile Gagnon et Marie-Anne Casselot.
Isabelle Beaulieu (Les libraires) – 21 octobre 2024
Il comptabilise tout, ou en tout cas beaucoup. Les pas qui le mènent d’un point à un autre, le nombre d’étages qu’il gravite, les gens qui entrent et descendent de l’autobus, les numéros reçus de la distributrice dans les aires d’attente. Il consigne dans un fichier les données récoltées afin d’en tirer des conclusions qui ne lui serviront pas, surtout pas, car dans son livre Les actes inutiles, Michel A. Bouchard, scientifique, enseignant de profession et philosophe dans l’âme, nous révèle l’ultime allégresse qu’il y a à s’émerveiller de choses vaines et totalement superflues.
On n’associe pas nécessairement la philosophie à un sujet polarisant. Et pourtant! Chacun a une opinion étonnamment étoffée et bien tranchée sur le sujet. La philosophie est source de bien des maux de tête ou est le point de départ d’une longue histoire d’amour. Certains d’entre nous la subissent alors que d’autres en mangent. Pas étonnant que les ados ne savent plus trop sur quel pied danser lorsqu’ils entrent dans leur cours de philosophie 101, les yeux déjà cernés par des cauchemars de dissertations interminables. Et si l’on prenait collectivement un grand respire et que l’on trouvait un moyen de démystifier la philosophie, à hauteur d’ado, pour éviter que cette matière se transforme en traumatisme générationnel?
Nous avons demandé à des penseuses et penseurs contemporains de nous démontrer comment les idées philosophiques sont vivantes, s’incarnent dans une réalité et agissent à la transformer. Pour ce faire, nous leur avons proposé de s’appuyer sur une citation philosophique et de nous formuler par un court texte en quoi celle-ci s’avère utile pour éclairer notre société d’aujourd’hui.
« Les Blancs seront en général incapables de
comprendre le monde qu’ils ont eux-mêmes créé »
– Charles W. Mills, Le contrat racial (Mémoire d’encrier)
Alors que je prenais la parole vendredi dernier pour attirer l’attention sur la vigile organisée à la mémoire de Joyce Echaquan, cette mère atikamekw de sept enfants qui aurait aujourd’hui le même âge que moi, décédée sous une pluie d’injures déshumanisantes à l’hôpital de Joliette il y a quatre ans, un fier patriote n’a pas su retenir l’envie de me rappeler à l’ordre. C’est que la Nouvelle-France aurait été amie des Premières Nations et généreuse à leur endroit. Les relations entre les deux peuples, caractérisées par la reconnaissance mutuelle et la réciprocité, l’entraide. Le génocide, le racisme systémique, les femmes et les filles assassinées ou disparues sans que les forces policières lèvent le petit doigt, les violences médicales organisées, les enfants arrachés à leurs familles, les pensionnats et les abus physiques et sexuels, c’était avant tout l’affaire des Anglais. Rien à voir avec nous.
« Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherché »
– Alain
La citation du philosophe Alain souligne l’inanité de la recherche du bonheur pour lui-même, comme si celui-ci pouvait exister abstraitement en dehors de la vie réelle. Vouloir être heureux en se contentant de se regarder dans le miroir ne mène pas loin. Sois heureux ne saurait fonctionner sans d’autres impératifs : va voir des amis, inscris-toi à des cours, pratique une activité signifiante. Le philosophe John Stuart Mill, pour qui la recherche du bonheur motivait tous nos actes, ne disait rien d’autre dans son Autobiographie (Aubier) : « Seuls sont heureux ceux qui fixent leur esprit sur autre chose que sur leur propre bonheur […]. Visant ainsi autre chose, ils trouvent le bonheur au passage. »
Cette phrase invite à l’introspection, ça va de soi. Et qui peut être contre cela? Ce serait comme être contre la vertu. Être contre l’introspection est aussi ridicule qu’être contre la réflexion tout court, le retour en soi dans la résistance à un monde où on ne fait trop souvent que glisser à la surface des choses, des relations, des ambitions et des divertissements, oubliant de ménager une place à la richesse des moments à contempler la mer, à lire, à aimer. Ce retour en soi peut prendre mille autres formes encore, comme des volutes en marge de la vanité du monde, que ce soit par le cabinet du psy, par l’écriture, par le gym ou par le voyage. L’important, c’est d’y aller, et d’y aller non pas comme dans une parenthèse, nous dit Plotin, mais comme dans l’essence même d’une vie bien vécue, celle où notre coquille d’ego accepte d’être décomposée, réduite à néant, pour vivre notre vie comme si nous étions sculpteurs, poursuit-il, en enlevant les armures rocheuses qui cachent notre être véritable. Il ne s’agit pas de nous construire donc, mais de tenter de nous découvrir, dans la croyance qu’il est possible de vivre bellement dans ce monde pourtant si souvent laid.
Je pense à ces moments où je vis cette autre vie, celle où je ne pense pas trop, celle où je me fuis au lieu de fuir les futilités et les culs-de-sac, et je vois la vie d’un autre. Combien de temps perdons-nous à vivre la vie de quelqu’un que nous ne sommes pas? Perchés sur des piédestaux montés avec des mains fières, se croyant fortes, refusant le recroquevillement que nous sommes, le petit, tout petit. Les délires de grandeur d’un Musk, d’un Trump, et de bien d’autres êtres politiques et économiques encore, sont les symptômes de ceux qui oublient qu’au cœur du cheval de Troie, il y a des êtres humains. Leur maladie est celle de vivre comme si tout était conquête de terres étrangères, oubliant de cultiver les siennes propres.
Si tout cela sonne très spirituel, c’est que ce l’est. Quand saint Augustin s’est converti au christianisme à la fin du IVe siècle, c’est en fait à la pensée de Plotin qu’il s’est converti. Et l’histoire de l’empreinte de cette religion sur le Québec, malgré tous nos efforts laïcs, est toujours beaucoup celle de cette recherche de soi en soi à la suite de quelque chose comme une conversion. Je le lis très souvent chez les essayistes d’ici, à gauche comme à droite.
Jérémie McEwen est essayiste et professeur de philosophie au Collège Montmorency. En 2022, il a animé la série documentaire Riopelle : l’envol du hibou et des oies sur les ondes d’ICI Première. Il a notamment publié les essais Philosophie du hip-hop en 2019 et Je ne sais pas croire en 2023 (XYZ).
« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance » – Albert Camus
L’ignorance dont vient tant de mal, selon Albert Camus, est sans aucun doute ce que Socrate et Platon appelaient « la double ignorance »: ne pas savoir qu’on ne sait pas. Platon considérait que cette « double ignorance » (diplê agnoia) définissait le mieux l’amathia, la « bêtise », l’apaideusia, ou « inculture », qui s’avèrent « la cause de toutes les erreurs auxquelles notre pensée à tous est sujette » (Sophiste, 229b-c). On ne saurait mieux qualifier une prétendue connaissance qui, privée de toute réflexion critique, ignorerait ses limites, ses présupposés méthodologiques, bref ne se connaîtrait pas. Les humains vivent alors, tout éveillés, une vie de dormeurs, comme l’avait constaté Héraclite avant Socrate. Ils se révèlent d’emblée incapables d’éprouver le moindre émerveillement devant la splendeur du monde réel, et tels des « morts vivants » (selon Einstein), ne sauraient jamais apprendre véritablement quoi que ce soit, puisqu’aucune vraie question ne pourrait leur venir à l’esprit. Car deux réalités fondamentales sont impliquées en tout questionnement authentique : l’intelligence et l’affectivité (ou cœur humain). Ce sont aussi les deux principales racines de cette dignité humaine que nous partageons toutes et tous; la capacité de penser et la capacité d’aimer, qui ont toutes deux grand besoin d’éducation très tôt, y inclus d’éveil à l’éthique.
« La fin justifie les moyens » – Nicolas Machiavel
Dans ses Discours sur la première décade de Tite-Live (Les Belles Lettres), Machiavel soutient l’idée que, s’agissant de défendre le salut et la liberté d’une république, tous les moyens sont bons, qu’ils soient cruels ou généreux, justes ou injustes. À ceux qui se disent incapables d’accepter une telle maxime, Machiavel répond qu’ils ne devraient pas se mêler de politique. Ainsi, Romulus, qui a assassiné son frère pour mieux assurer la fondation de Rome, loin d’être condamnable, mérite d’être célébré puisque son action visait le bien commun plutôt qu’un bénéfice personnel et qu’elle a été couronnée de succès.
« Le doute n’est pas un état bien agréable, mais l’assurance est un état ridicule » – Voltaire
Cette citation résume bien le type de dilemme dans lequel nous nous retrouvons pris face à l’incertitude du monde et de l’avenir.
D’une part en effet, nous nous méfions à juste titre des jugements à l’emporte-pièce et des décisions prises sans que l’ensemble des faits aient été dûment examinés : « dans le doute, abstiens-toi », recommande la sagesse populaire.
L’idée écologique et la philosophie : À la recherche d’un monde commun Laurence Hansen-Løve, Écosociété, 144 p., 20$ La philosophie s’applique à tous les sujets, et…
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Depuis l’époque de Descartes, un nouveau personnage occupe la scène philosophique : le mol, tandis que s’éclipsent d’autres personnages qui eurent leurs heures de gloire – tels l’intellect agent et l’âme. D’où sort-il ?
Par une intéressante alchimie, les philosophes ont tiré de notre usage ordinaire d’un pronom (« moi ») un être philosophal pur (« le moi »). Au terme de quelles aventures conceptuelles le moi se trouve-t-il à la fois à la troisième personne (pour qu’on puisse dire « le moi ») et à la première (puisque toute l’idée est d’expliquer ce qui fait que je suis moi) ? Tire-t-on le sens des mots « toi », « lui », « elle » de notre usage du mot « moi » ? Loin que l’on puisse dériver la diversité des personnes d’un rapport à soi dont le pronom « je » serait le seul instrument, c’est au contraire la première personne qui tire son sens et ses traits originaux de sa position au sein du système personnel.
Autant de questions grâce auxquelles Vincent Descombes, avec cet air de rien qui est sa marque de fabrique, montre nos incohérences philosophiques et égotistes !
Question : COMMENT LES PHILOSOPHES TIRENT-ILS UN SUBSTANTIF (« LE MOI ») DE NOTRE USAGE D’UN PRONOM (« MOI ») ?
CHAPITRE I. PHILOSOPHIE DE L’ÉGOTISME
1. Ego
Deux manières de dire « le moi »
Un problème de grammaire philosophique
2. Rhétorique du style égoiste
L’égotisme selon Addison
« Cette mauvaise coutume de parler de soi »
Comment parler de soi ? La leçon de Stendhal
Que retenir d’une rhétorique du style égotiste ?
3. Logique de la phrase égoiste
Qu’est-ce qu’une « égologie » ?
L’égologie (négative) de Descartes
Le quoi ? et le qui ?
Questions sur une question intraduisible de Descartes
L’individuation d’un ego
La phrase égotiste a-t-elle un sujet ?
4. Apendices
Notes sur les mots « moi » et « je »
Le moi de Pascal
CHAPITRE II. TROIS QUESTIONS SUR LE SUJET
1. La question du du sujet en philosophie
2. La querelle du sujet
3. Connexion prédicative et connexion actancielle
4. La question rhétorique du sujet
5. L’idée d’un privilège subjectif
6. L’analyse réflexive de la conscience de soi
7. L’erreur sur la personne que je suis
CHAPITRE III. LA QUESTION DE L’INDIVIDUALITÉ HUMAINE
1. De l’individualité à l’ipséité
2. Heidegger : Comment le soi est-il donné ?
3. Ricœur : la mêmeté et l’ipséité
4. « The same », « the self »
DEUXIÈME PARTIE – LA PREMIÈRE PERSONNE ET LES AUTRES
Question : Peut-on tirer le sens des mot « toi », « lui », « elle », de notre usage du mot « moi » ?
CHAPITRE IV. « HÉRITEZ DE VOUS-MÊME ! »
1. La question du social
2. La multiplication du moi
3. En quoi consiste le problème d’autrui ?
4. Autrui comme seconde première personne
5. Autrui comme deuxième seconde personne
6. La relation dialogique
7. Les opérations sociales
8. Philosophie des opérations sociales de l’esprit
9. Le social et le dialogique
CHAPITRE V. UNE PHILOSOPHIE DE LA PREMIÈRE PERSONNE
Combien sommes-nous à être moi ?
La troisième personne est-elle ambiguë ?
La première personne dans la troisième personne
CHAPITRE VI. LE MARTEAU, LE MAILLET ET LE CLOU
1. L’exposé d’Anscombe tel qu’on le représente
2. Critique de la lecture lichtenbergienne
3. Une version analytique du Cogito
4. La conscience de soi
5. L’illusion d’une « pure référencer directe »
TROISIÈME PARTIE – LE SUJET DE LA CROYANCE
Question : Dire ce que l’on croit, est-ce parler de soi ?
CHAPITRE VII. WITTGENSTEIN FACE AU PARADOXE DE MOORE
1. Le paradoxe
2. La première personne
3. La solution du Logicien (Peirce, Prior)
4. La solution du Pragmaticien (More, Austin, Searle)
5. La solution grammaticale (Wittgenstein)
6. La division du sujet de croyance
CHAPITRE VIII. EFFACER LA SUBJECTIVITÉ ?
Le point discuté
La thèse de l’équivalence
Éliminer la subjectivité ?
L’illusion descriptive
La subjectivité d’une énonciation
Les clauses de réserve
APPENDICES
Références
Notes
Index des noms
EXTRAIT
PREMIÈRE PARTIE
L’ALCHIMIE DU MOI
Question :
COMMENT LES PHILOSOPHES TIRENT-ILS UN SUBSTANTIF (« LE MOI ») DE NOTRE USAGE D’UN PRONOM (« MOI ») ?
Depuis l’époque de Descartes, un nouveau personnage occupe la scène philosophique : le moi (tandis que d’autres personnages s’éclipsent, comme l’intellect agent et bientôt l’âme). D’où sort-il ? Par quelle alchimie des philosophes ont-ils réussi à tirer du matériau vulgaire qu’est notre parler de soi ordinaire cet être philosophal qu’on qualifie volontiers de « pur moi » (das reine Ich) ?
Le langage ordinaire connaît deux emplois du mot français « moi ». Comme pronom personnel de la première personne du singulier, il peut aussi bien servir de complément à un verbe (« parle-moi de lui ! ») que renforcer en apposition le sujet de la phrase (« moi je pense », ego cogito). Par ailleurs, il peut perdre son statut pronominal (et donc sa fonction référentielle) pour devenir un adjectif désignant une qualité de présence à soi (comme lorsqu’on dit après un accès de fureur : « Je n’étais plus moi-même »).
Depuis le XVIIe siècle, la langue des philosophes ajoute à ces deux emplois une nouvelle signification : désigner, à titre de substantif, le sujet de certains actes remarquables. Car c’est assurément d’un sujet au sens d’un agent que l’on peut dire des choses telles que : « le Moi se pose absolument [1] », « le moi n’existe pour lui-même qu’en tant qu’il se connaît, et ne se connaît qu’en tant qu’il agit [2] » (et l’on pourrait multiplier les exemples d’opérations attribuées à un sujet — le moi — dont le philosophe entreprend de décrire l’activité, chose paradoxale, à la troisième personne).
Il y aurait donc des opérations dont le sujet ne pourrait être identifié que comme un moi, que ce soit comme le moi de quelqu’un ou comme le moi sans plus. Mais nous tombons alors dans un embarras, car nous avons l’impression que le système ordinaire des personnes grammaticales ne nous permet pas de situer ce moi à la place qui doit être la sienne. Il faudrait qu’il se trouve à la fois à la troisième personne (pour qu’on puisse dire « le moi ») et à la première (puisque toute l’idée est d’expliquer ce qui fait que je suis moi).
La question du sujet — à savoir la question « Qui ? » quand on la pose à des fins d’identification — peut-elle être posée autrement qu’à la troisième personne ? Nous demandons : qui est cette personne ? qui a peint ce tableau ? qui gardera la clé de la maison ? À chaque fois, si on connaît la réponse, on la donne en identifiant quelqu’un. Et si nous posons la question d’identité à la deuxième personne (« Qui es-tu ? »), nous attendons une réponse qui nous permette de parler de notre interlocuteur à la troisième personne en le nommant.
Supposons que la réponse à notre question sur l’identité de quelqu’un soit « C’est moi ». Quelles sont les transformations par lesquelles la philosophie du moi parvient à échanger cette réponse « C’est moi » en une réponse mentionnant un être qui s’appelle le moi ?
___________________________
[1] Fichte, Les Principes de la doctrine de la science (1794-1795), in Œuvres choisies de philosophie première, trad. Alexis Philonenko, Paris, Vrin, 1972, p. 129.
[2] Maine de Biran, De l’aperception immédiate, Mémoire de Berlin 1807, éd. Anne Devarieux, Paris, LGF, Le Livre de Poche, 2005, p.79.
Vincent Descombes est philosophe, directeur d’études à l’EHESS.
Les recherches de Vincent Descombes portent sur l’ensemble de la philosophie pratique dans ses deux composantes descriptive et normative. La partie descriptive consiste dans la philosophie analytique de l’action considérée, à la suite de Wittgenstein et de ses élèves, comme une forme de philosophie de l’esprit. Les questions normatives sont celles de la philosophie politique, juridique et morale.
Vincent Descombes a reçu en 2005 le Grand prix de Philosophie (prix annuel créé en 1987 et décerné par l’Académie française).
Communication de Vincent Descombes (EHESS) dans le cadre du colloque « Les métamorphoses de l’individualisme » (mai 2023) à l’Université Saint-Louis – Bruxelles.
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
L’ALCHIMIE DU MOI
Question :
COMMENT LES PHILOSOPHES TIRENT-ILS UN SUBSTANTIF (« LE MOI ») DE NOTRE USAGE D’UN PRONOM (« MOI ») ?
Depuis l’époque de Descartes, un nouveau personnage occupe la scène philosophique : le moi (tandis que d’autres personnages s’éclipsent, comme l’intellect agent et bientôt l’âme). D’où sort-il ? Par quelle alchimie des philosophes ont-ils réussi à tirer du matériau vulgaire qu’est notre parler de soi ordinaire cet être philosophal qu’on qualifie volontiers de « pur moi » (das reine Ich) ?
Le langage ordinaire connaît deux emplois du mot français « moi ». Comme pronom personnel de la première personne du singulier, il peut aussi bien servir de complément à un verbe (« parle-moi de lui ! ») que renforcer en apposition le sujet de la phrase (« moi je pense », ego cogito). Par ailleurs, il peut perdre son statut pronominal (et donc sa fonction référentielle) pour devenir un adjectif désignant une qualité de présence à soi (comme lorsqu’on dit après un accès de fureur : « Je n’étais plus moi-même »).
Depuis le XVIIe siècle, la langue des philosophes ajoute à ces deux emplois une nouvelle signification : désigner, à titre de substantif, le sujet de certains actes remarquables. Car c’est assurément d’un sujet au sens d’un agent que l’on peut dire des choses telles que : « le Moi se pose absolument [1] », « le moi n’existe pour lui-même qu’en tant qu’il se connaît, et ne se connaît qu’en tant qu’il agit [2] » (et l’on pourrait multiplier les exemples d’opérations attribuées à un sujet — le moi — dont le philosophe entreprend de décrire l’activité, chose paradoxale, à la troisième personne).
Il y aurait donc des opérations dont le sujet ne pourrait être identifié que comme un moi, que ce soit comme le moi de quelqu’un ou comme le moi sans plus. Mais nous tombons alors dans un embarras, car nous avons l’impression que le système ordinaire des personnes grammaticales ne nous permet pas de situer ce moi à la place qui doit être la sienne. Il faudrait qu’il se trouve à la fois à la troisième personne (pour qu’on puisse dire « le moi ») et à la première (puisque toute l’idée est d’expliquer ce qui fait que je suis moi).
(…)
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, p. 13.
Si « toute l’idée est d’expliquer ce qui fait que je suis moi », une bonne part de cette explication rapportée par Vincent Descombes est lexicale et grammaticale à défaut de philosophique de bout en bout. Certes, plusieurs philosophes se sont penchés sur le « Je – me – moi » et le « soi » mais sans jamais pourvoir avancer sur une quelconque voie universelle, même dans notre langue. En effet, cette dernière tout comme le langage posent un sérieux obstacle à une réponse universelle.
Le premier chapitre, PHILOSOPHIE DE L’ÉGOTISME, y fait référence :
Qu’est-ce qu’on peut appeler une philosophie de l’égotisme et quel en est l’enjeu ?
Le mot « égotisme » a une histoire curieuse dont il sera question plus en détail dans ce qui suit. Retenons que ce mot nous vient de la critique littéraire et a servi d’abord à qualifier le style des écrivains qui, tel Montaigne, se prennent eux-mêmes pour matière et sujet de leurs livres. Le style égotiste consiste à parler de soi. Plus précisément, à parler de soi à la première personne. Il est en effet tout à fait possible à quelqu’un de parler de lui-même sans le faire à la première personne. Comme on sait, certains auteurs ont choisi de rapporter leurs faits et gestes à la troisième personne. Ainsi Jules César dans ses Commentaires, et Charles de Gaulle dans ses mémoires.
Pour faire court, je propose de dire philosophie de l’égotisme pour une philosophie qui veut comprendre non seulement ce que c’est que parler de soi, mais ce que c’est que de le faire à la première personne. En quoi la forme de la première personne est-elle irréductible ? Qu’a-t-elle de particulier ? Nous demanderons donc : y a-t-il des choses qui ne peuvent être pensées, dites ou faites qu’à la première personne du singulier, en disant « moi » et « je » ? Ou encore, pour poser la même question par l’autre bout : qu’est-ce qui nous ferait défaut si la première personne disparaissait de notre langage ?
Anthony Kenny propose d’appeler « césarien » une langue qui ressemble en tout point à celle que nous utilisons d’ordinaire — dans son cas, l’anglais, en ce qui me concerne, le français —, à cette différence près qu’elle ne possède pas les formes de la première personne [1]. Bien entendu, un locuteur césarien peut parler de lui-même s’il le désire, mais il ne peut le faire qu’à la troisième personne, en utilisant son nom propre là où le français dit « je » et « moi », sur le modèle de César disant « César est venu » plutôt que « Je suis venu ». En césarien, nous pourrions pratiquer le parler de soi, mais nous ne pourrions pas le faire au moyen de phrases en « je », ce qu’on peut appeler des phrases égotistes.
Y a-t-il dès lors des choses qu’on ne pourrait pas dire en césarien, alors qu’on peut les dire en français ? Comme le fait remarquer Kenny, César parlant à la troisième personne conserve la plupart de ses capacités descriptives, qu’il s’agisse de parler du monde ou de parler de lui-même. Il y a pourtant une chose qu’il ne pourrait pas énoncer en césarien : faire savoir qu’il est conscient de parler de lui-même, sujet locuteur, quand il parle de César. Il ne pourrait pas dire « Je suis Jules César », « Jules César, c’est moi » ou « Mon nom est “Jules César” ». En effet, ces énoncés se traduisent ainsi en césarien : « Jules César est Jules César », « Jules César, c’est Jules César »,
« Le nom de Jules César est “Jules César” ». L’énoncé par lequel quelqu’un se présente en disant « Jules César, c’est moi » nous apprend quelque chose (du moins s’il dit vrai), alors que la proposition « Jules César, c’est Jules César » ne nous apprend rien.
(…)
Avant d’examiner d’abord le style égotiste, puis la thèse de l’égologie, il est utile de revenir sur le lexique de l’égotisme. Je partirai de quelques observations sur ce lexique dans la langue française classique.
____________
[1] Anthony Kenny, The Metaphysics of Mind, Oxford, Oxford University Presse, 189, p. 88.
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 17-19.
P.S.: Les mots en caractères gras remplacent les mots en italique dans le texte original.
4
APPENDICES
Notes sur les mots « moi » et « je »
C’est une particularité de la langue française, comparée par exemple à l’allemand ou l’anglais, que d’avoir la possibilité de renforcer le pronom « je » par l’apposition d’un « moi ». Le français peut ainsi rendre par des formes distinctes les deux possibilités du latin : « amo », « ego amo » (« j’aime », « moi, j’aime ») 57.
Lorsque le philosophe veut procéder à une substantivation du pronom de la première personne, doit-il la faire porter sur « je » ou sur « moi » ? Dira-t-on « le je » ou dira-t-on « le moi » ? L’usage a longtemps été de dire « le moi ». Mais, depuis quelque temps, on rencontre dans la littérature philosophique de langue française un substantif « le je » là où l’on aurait trouvé autrefois « le moi ». Quel est l’enjeu de cette divergence ? Puisqu’il s’agit en réalité de savoir comment rendre dans nos langues modernes le mot latin « ego », il y a intérêt à aborder ce problème à partir des difficultés que peut rencontrer un traducteur.
(…)
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 79-80.
P.S.: Les mots en caractères gras remplacent les mots en italique dans le texte original.
La langue, le lexical, la grammaire et le langage élèvent donc des barrières quasi infranchissables pour permettre un parler de soi universel. Des mots et des expressions demeurent très difficile à traduire en l’absence des correspondants en notre langue. Le rôle de chaque langue n’est pas le même d’une langue à l’autre. Et il en va ainsi de l’influence particulière à chaque langue sur le penser et les pensées. Quand nous disons d’une personne ou d’une nation d’une autre langue que la nôtre, qu’elle ne pensent pas comme nous, ce n’est pas seulement une question d’opinion mais très souvent des différences de concepts d’une langue à l’autre. Dans ces conditions, comment atteindre l’universel.
Au XIXe siècle, un large consensus s’était établi entre plusieurs écoles philosophiques (empiristes, kantiennes, post-kantiennes) pour juger que l’histoire des idées tournait autour de la notion de sujet. Entre la pensée des Anciens et celle des Modernes, expliquait-on, la différence fondamentale tient à un événement qu’on peut appeler la « découverte de la subjectivité », pour reprendre un titre de Merleau-Ponty [1]. Il faut entendre par là le fait d’avoir fondé la philosophie sur la conscience de soi ou, comme le dit encore Merleau-Ponty dans ce même texte, sur le « contact de soi avec soi [2] ». Il était donc entendu que l’on était passé d’une philosophie antique centrée sur l’être et la substance à une philosophie moderne centrée sur le moi en tant que sujet de la connaissance et de la volonté.
Sans doute, ces écoles de la philosophie moderne se divisaient ensuite quand on en venait au point de savoir comment déterminer la nature de cette « subjectivité » placée au principe de la pensée moderne. Comment et dans quelles conditions le « contact de soi avec soi » s’établit-il ? Est-ce dans une expérience vécue d’auto-affection ? Est-ce à la faveur d’un sentiment d’exister ? Est-ce dans un acte intellectuel ? Est-ce dans une initiative par laquelle un individu use de sa liberté ?
Les écoles modernes se sont également divisées sur la portée de cette découverte : est-ce la fondation philosophique d’un humanisme ? Ou est-ce l’origine d’une entreprise d’objectivation de l’expérience ? On y verra le principe d’un humanisme quand il s’agit de trouver dans la conscience de soi la définition de la personne au sens moral et juridique. Mais on y verra le principe d’une objectivation de l’expérience immédiate si la question du sujet a pour conséquence d’opposer deux sortes d’existence : d’un côté, l’existence objective propre aux choses, de l’autre l’existence pour soi d’un sujet de conscience.
Toutefois, un point était acquis pour toutes ces écoles : la philosophie moderne est née de cette découverte du sujet rapporté à lui-même par sa conscience de lui-même. D’où la place éminente accordée à Descartes dans le récit philosophique de l’histoire de la pensée. D’où aussi une représentation largement partagée de l’histoire des idées. Les philosophies antiques se présentent comme des cosmologies ou des métaphysiques de l’être alors que les philosophies modernes se présentent comme des métaphysiques de l’esprit. Hegel formule cette opposition dans sa fameuse définition de la tâche d’une philosophie comme « science de l’expérience de la conscience » : il s’agit de concevoir le vrai (au sens de ce qui existe vraiment) non pas seulement comme substance, mais aussi comme sujet [3].
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[1] Maurice Merleau-Ponty donne ce titre à l’une des sections de son introduction à un ouvrage collectif intitulé Les Philosophes célèbres, introduction reprise par lui dans son recueil Signes, Paris, Gallimard, 1960, 191-194.
[2] Ibid., 192.
[3] « EskommtnachmeinerEinsicht […] allesdarauf an, das Wahre nicht als Substanz, sondern eben so sehr als Subjeckt aufzufassen und auszudrücken » (Hegel, Phänomenologie des Geistes [1807], Hamburg, Felix Meiner, 1952, p. 19 ; Phénoménologie de l’esprit, trad. Jean-Pierre Lefebvre, Paris, Aubier, 1991, 37).
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 97-98.
Revenons sur ce passage de la citation ci-dessus : « Entre la pensée des Anciens et celle des Modernes, expliquait-on, la différence fondamentale tient à un événement qu’on peut appeler la “découverte de la subjectivité”, pour reprendre un titre de Merleau-Ponty. Il faut entendre par là le fait d’avoir fondé la philosophie sur la conscience de soi ou, comme le dit encore Merleau-Ponty dans ce même texte, sur le “contact de soi avec soi” ».
À mon humble avis, la subjectivité n’est pas à découvrir mais à observer car elle fait partie de la nature humaine depuis toujours à titre de phénomène. Et ce n’est certainement pas la subjectivité des Modernes qui a fondé la philosophie sur la conscience de soi, sur le contact de soi avec soi. Le « Connais-toi toi-même » impliquait déjà au temps de Socrate et Platon une prise de conscience du phénomène de la subjectivité, une certaine prise de recul pour prendre conscience de soi (et de son ignorance).
Selon Yves Charles Zarka (professeur émérite à l’université de Paris. Il est également « Global Professor » à l’université de Pékin et enseigne à New York University, à l’université de Venise Ca’ Foscari, à l’université de Rome « La Sapienza » et dans plusieurs autres universités à travers le monde et directeur de la revue Cités (Puf). Cairn.info), il nous faut prêter une attention toute spéciale au « souci de soi » dans l’Antiquité.
Foucault et l’idée d’une histoire de la subjectivité : le moment moderne
Par Yves Charles Zarka
La constitution du soi
L’histoire de la subjectivité entendue comme généalogie des modalités de la constitution du sujet, Foucault la réalise à la fois dans le troisième volume de son Histoire de la sexualité, Le souci de soi (1984), et dans ses cours de 1981-82 autour de la notion de souci de soi ou, plus exactement, autour d’une réélaboration du rapport entre le souci de soi (epimeleia heautou) et le connais-toi toi-même (gnôthi seauton).
La première thèse que Foucault tâche d’établir est que tout au long de l’histoire de la culture grecque, hellénistique, romaine et même chrétienne s’était établie une relation de subordination entre les deux principes. Depuis Platon en effet :
« Le gnôthi seauton (le connais-toi toi-même) apparaît d’une façon assez claire et encore une fois dans un certain nombre de textes significatifs, dans le cadre plus général de l’epimeleia heautou (souci de soi-même) comme une des formes, comme une des conséquences, comme une sorte d’application concrète, précise et particulière, de la règle générale : il faut que tu t’occupes de toi-même, il ne faut pas que tu t’oublies toi-même, il faut que tu prennes soin de toi-même. Et c’est à l’intérieur de cela qu’apparaît et se formule, comme à la pointe du souci, la règle ‘connais-toi toi-même’» [12].
Mais pourquoi privilégier ainsi le souci de soi dans l’histoire de la subjectivité ? Il y a à cela deux raisons. La première tient à la permanence du thème non seulement dans l’Antiquité mais également dans la période moderne quoique dans des conditions différentes. La seconde est plus fondamentale, elle consiste dans le fait qu’à travers le souci de soi se joue un rapport du sujet à la vérité. Schématiquement résumées, les caractéristiques principales de l’epimeleia heautou (souci de soi) sont :
Une attitude qui consiste en une manière de se tenir à l’égard de soi, des autres et du monde.
Une conversion du regard qui se porte de l’extérieur vers l’intérieur : « Le souci de soi implique une certaine manière de veiller à ce qu’on pense et à ce qui se passe dans la pensée » [13].
L’epimeleia (le souci) n’enveloppe pas seulement un retour sur soi, mais aussi un certain nombre d’actions et de pratiques de soi sur soi, par exemple les techniques de méditation, de mémorisation du passé, d’examen de conscience, de vérification des représentations à mesure qu’elle se présentent à l’esprit
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[12] Michel FOUCAULT, L’herméneutique du sujet, Cours au Collège de France, 1981-1982, Paris, Gallimard/Seuil, 2001, p. 6
[13] L’herméneutique du sujet, op. cit., p. 12.
Zarka, Y. (2002) . Foucault et l’idée d’une histoire de la subjectivité : le moment moderne. Archives de Philosophie, Tome 65(2), 255-267. https://doi.org/10.3917/aphi.652.0255.
P.S.: Les mots en caractères gras remplacent les mots en italique dans le texte original.
Revenons sur un autre passage de la citation du livre LE PARLER DE SOI ci-dessus : « Les philosophies antiques se présentent comme des cosmologies ou des métaphysiques de l’être alors que les philosophies modernes se présentent comme des métaphysiques de l’esprit. » À mon humble avis, il y a là une évolution dans l’étude de la subjectivité et non pas découverte de la subjectivité.
(…) Demandons-nous ce qu’un avocat peut envisager de plaider. Que peut soutenir un avocat dont le client est accusé d’avoir commis un délit lorsque ce client ne conteste pas avoir accompli l’action qui lui est reprochée ? Notre avocat cherchera autant qu’il le pourra à présenter l’action en cause comme ayant été innocente sous les aspects où elle était volontaire et comme étant involontaire sous les aspects où elle apparaît effectivement délictueuse.
L’avocat se servira ici de la liste des questions qu’esquisse Aristote dans le chapitre de l’Éthique à Nicomaque où il traite du volontaire et de l’involontaire [16]. À savoir, à propos d’une chose faite :
Qui l’a fait ? (C’est la question du sujet au sens de l’agent.)
Qu’est-ce qui a été fait ? (C’est la question du genre d’action, de sa « description », comme nous dirions aujourd’hui après Anscombe.)
À quoi cela a-t-il été fait ? (C’est la question de l’objet, au sens du patient qui a subi cette )
Avec quoi cela a-t-il été fait ? (C’est la question des moyens utilisés.)
En vue de quoi ? (C’est la question de la finalité.)
Comment cela a-t-il été fait ? (C’est la question de la manière de faire, par exemple avec soin ou non, fortement ou doucement, etc.)
Chacune de ces questions porte sur ce qui a été fait, sur ce qu’a été l’action. Comme on voit, les circonstances de l’action modifient la signification qu’elle peut avoir tant pour l’agent lui-même (du point de vue de son intention et de sa responsabilité) que pour les autres autour de lui (du point de vue du jugement qu’ils porteront sur l’agent). Invoquer une circonstance atténuante, c’est faire état d’un défaut de conscience de soi. Pour l’agent concerné, cela revient en effet à admettre qu’il a bien fait l’action qu’on lui impute, mais qu’il l’a faite sans savoir ce qu’il faisait, du moins sous cette description. Une pleine conscience de soi consisterait à connaître sa propre action sous toutes les descriptions concevables : l’agent pourrait dire sur quoi il agit, ce qu’il fait subir à cet objet, par quels moyens, dans quel but, et ainsi de suite (la liste ci- dessus n’est pas limitative). Bien entendu, une telle plénitude de la conscience de soi paraît impossible, à moins peut-être de s’en tenir à des opérations très élémentaires, et à condition de ne pas introduire, parmi les circonstances d’une action, le fait qu’elle ait été contemporaine de tous les événements du monde qui se sont produits dans le même temps qu’elle.
Aristote note qu’un agent peut ignorer plusieurs des circonstances qualifiant son action, mais qu’il y a deux limites. D’abord, il ne peut pas ignorer toutes les réponses aux questions ci-dessus. Si c’était le cas, son avocat devrait plaider la démence. Cela reviendrait à dire que son client n’était pas au principe de ses actes, ou encore, comme nous dirions aujourd’hui, qu’il « n’était pas lui-même » au moment des faits. Ensuite, l’agent ne peut pas prétendre qu’il ignorait quel était l’auteur de sa propre action volontaire. Comme dit Aristote : « Comment quelqu’un pourrait-il s’ignorer lui-même ? » (Éthique à Nicomaque, 1111a 6-8).
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[16] Cette liste des questions se retrouvera dans la formule mnémotechnique médiévale : Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando ?
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 119-121.
Parlant de la « pleine conscience de soi », Vincent Descombes explique qu’elle « consisterait à connaître sa propre action sous toutes les descriptions concevables : l’agent pourrait dire sur quoi il agit, ce qu’il fait subir à cet objet, par quels moyens, dans quel but, et ainsi de suite (la liste ci- dessus n’est pas limitative) ». Et il ajoute : « Bien entendu, une telle plénitude de la conscience de soi paraît impossible à moins peut-être de s’en tenir à des opérations très élémentaires, et à condition de ne pas introduire, parmi les circonstances d’une action, le fait qu’elle ait été contemporaine de tous les événements du monde qui se sont produits dans le même temps qu’elle. »
Je soutiens depuis fort longtemps que si un homme avait une pleine conscience, il mourrait sur le champ tant il lui serait impossible de supporter la réalité de l’ensemble de l’humanité, même en s’en tenant à des opérations élémentaires. Une pleine conscience impliquerait sans doute de porter le poids du monde sur ses épaules, ne serait-ce qu’un court instant, et à moins d’être le dieu Atlas, cela anéantirait tout homme.
« Atlas (Ἄτλας / Átlas, « le porteur », en grec ancien) est un des Titans hésiodiques du mythe fondateur de la mythologie grecque et de la Grèce antique, père des Pléiades, des Hyades, des Hespérides et de Calypso. À la suite de sa défaite dans la guerre des Titans contre les dieux de l’Olympe et Zeus pour régner sur le monde, ce dernier le condamne à porter la voûte céleste pour l’éternité sur ses épaules (décrit comme un des piliers du ciel dans l’Odyssée d’Homère). Il est pétrifié par Persée avec la tête de Méduse et métamorphosé en l’Atlas, chaîne de montagnes d’Afrique du Nord. » Wikipédia. Image by Gordon Johnson from Pixabay
À la question d’Aristote, « Comment quelqu’un pourrait-il s’ignorer lui-même ? », Vincent Descombes ajoute :
Il y a donc quelque chose qu’aucun sujet exécutant sa propre intention ne peut méconnaître : qu’il est lui-même l’auteur de sa propre action volontaire. Si quelqu’un se demande : « Qui a fait cela ? Serait-ce moi ? », c’est que, pour une part au moins et sous la description considérée, il ne s’agit pas de son action, puisqu’il lui reste encore à apprendre s’il en est l’agent.
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, p. 121.
Le dictionnaire de l’Académie française donne cette définition de « s’ignorer soi-même » : « Pron.S’ignorer soi-même,ne pas avoir une juste opinion de soi-même, de ses forces, de ses sentiments.Ce grand génie s’ignorait encore lui-même.Un poète qui s’ignore,qui n’a pas conscience de ses dons, de sa vocation.Avec valeur de passif.Ne pas être connu ou su.Ces choses-là ne sauraient s’ignorer. (Ignorer, Académie française).
L’ANALYSE RÉFLEXIVE DE LA CONSCIENCE DE SOI
Le concept de « conscience de soi » est un terme technique de la langue philosophique. Comment explique-t-on ce que c’est pour quelqu’un que d’être conscient de soi ? Les philosophies classiques du sujet donnent cette explication en termes actanciels. Elles disent en effet que la conscience de soi est l’acte par lequel un individu fait de lui-même l’objet de sa pensée. Ainsi, expliquera-t-on, lorsque je m’exprime à la première personne — pour dire par exemple « Je vois une lumière » ou « Je cherche la porte de sortie » —, je pose une identité de l’objet dont je parle avec moi-même, le sujet qui parle. L’identité du sujet et de l’objet — du sujet qui désigne un objet et de l’objet qui se trouve être désigné dans un acte référentiel — expliquerait l’infaillibilité du sujet dans l’activité de se désigner lui-même. La conscience de soi serait le phénomène d’une identité réflexive.
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 128-129.
P.S.: Les mots en caractères gras remplacent les mots en italique dans le texte original.
Dans L’ENCYCLOPÉDIE PHILOSOPHIQUE en ligne, on peut lire : « (…) être conscient de soi, c’est faire l’expérience du caractère autoréférentiel de la conscience, c’est-à-dire de la capacité pour le sujet conscient de se prendre lui-même pour objet de réflexion, et ainsi faire l’expérience subjective de sa propre vie mentale, soit de ses propres états mentaux et de soi-même comme le sujet de ces états, au moyen de l’introspection. (…).
La conscience de soi réflexive
À la question de savoir en quoi consiste une expérience de conscience de soi, par rapport à d’autres types d’expériences conscientes (ou d’expériences tout court), la réponse la plus classique consiste sans doute à dire qu’il s’agit là d’une expérience d’ordre cognitif et, plus spécifiquement, réflexive : être conscient de soi, c’est faire l’expérience du caractère autoréférentiel de la conscience, c’est-à-dire de la capacité pour le sujet conscient de se prendre lui-même pour objet de réflexion, et ainsi faire l’expérience subjective de sa propre vie mentale, soit de ses propres états mentaux et de soi-même comme le sujet de ces états, au moyen de l’introspection. C’est donc aussi faire une expérience de type transitif ou relationnel (l’expérience de quelque chose : soi-même ou certains états mentaux conscients — nous verrons qu’il est possible de penser une expérience non-transitive) qui semble supposer une forme conceptuelle et propositionnelle, contrairement à l’expérience perceptuelle par exemple. Pensons au moment du cogito chez Descartes (1641/2011), qui coïncide avec une expérience introspective et strictement intellectuelle, lors de laquelle le sujet Descartes, se prenant lui-même pour objet de réflexion, prend également conscience de son existence et de son essence. Pensons encore à l’aperception kantienne, qui consiste pour le sujet à se saisir comme conscience unifiée, où « le je pense doit pouvoir accompagner toutes [s]es représentations » et ce faisant, produire « une synthèse a priori de ses représentations » mentales (Kant, 1787/2006, p. 139). Tout se passe alors comme si la conscience de soi supposait un acte intentionnel et un ou des objets intentionnels, comme c’est le cas de l’expérience perceptive, avec cette particularité que son ou ses objets intentionnels ne sont pas des événements du monde physique mais des événements mentaux, qui se produisent dans l’esprit. De sorte que cette expérience consciente est d’abord celle de la dimension réflexive de l’esprit, c’est-à-dire de sa capacité à s’appréhender lui-même ou à appréhender ses propres contenus mentaux.
Est-il possible qu’une personne ne fasse pas l’expérience de soi au cours de sa vie ? Ou que cette expérience de soi soit réduite en conscience ? S’appréhender soi-même et appréhender ses propres contenu mentaux ne me parait pas sans difficultés, à prime abord intellectuelles puis émotionnelles. Est-il possible qu’une personne refuse toute conscience d’elle-même ? Est-il possible qu’une personne soit inconsciente qu’elle fait l’expérience de soi ?
« À s’ignorer soi-même on ne parvient jamais à connaître les autres ; connaître l’autre et soi est une seule et même chose. »
Tzvetan Todorov, , Nous et les autres, Seuil, 2000.
Dans un manuel destiné aux professeurs de langue et aux formateurs en communication interculturelle, les auteurs (qui sont de cultures différentes) nous invitent à y réfléchir dans ces termes: « Vous devriez tout d’abord regarder votre propre culture dans un miroir avant d’observer par la fenêtre les autres cultures qui vous intéressent ou avec lesquelles vous désirez entretenir des échanges ».
En disant cela, Martina Huber-Kriegler (2005: 7) ne nous invite pas à nous regarder, mais à poser le regard sur nous, pour interpeller nos connaissances et nos représentations sur notre culture, afin de mieux l’appréhender et pouvoir aller à la rencontre de celle des autres. Accepter l’autre dans sa différence implique que l’on tourne le regard vers soi même. Comme l’affirme Tzvetan Todorov (1989: 298): « A s’ignorer soi même, on ne parvient jamais à connaitre les autres; […] connaitre l’autre et soi est une seule et même chose ». En effet, tout comme on croit connaitre l’autre, on croit se connaître soi même, et c’est parce que l’on sait qui on est que l’on peut savoir qui est l’autre.
Quoiqu’il en soit de la conscience de soi, elle demeure subjective, c’est-à-dire sujette à l’erreur.
Ainsi, la subjectivité comporte en effet la possibilité d’une erreur sur soi, à condition de préciser que l’erreur en question n’est pas une erreur sur qui je suis (question du sujet), mais une erreur sur l’idée que je me fais de ma personne, la définition que je donne de moi-même dans ma manière de vivre et de me comporter. D’où la possibilité d’un examen de soi-même (d’un exercice d’égotisme, dirait Stendhal) : est-ce que je ne me prends pas pour un autre ? Dans cette application, le mot « qui ? » ne sert plus à faire porter l’interrogation sur le sujet (on sait très bien de qui on parle), il sert à la faire porter sur une manière de se conduire ou une manière d’être. La question du sujet, posée en ce sens éthique, utilise la question « Qui ? » dans le sens de « Comment ? ».
C’est d’ailleurs ce que Heidegger lui-même avait indiqué lorsqu’il définissait l’authenticité (être soi) et l’inauthenticité (ne pas être soi) comme des manières d’être (des Seinsmodi [25]. Ce sont des modes d’être, c’est-à-dire, d’un point de vue syntaxique, des qualifications adverbiales du verbe. Ici, le verbe à qualifier est le verbe « exister » pris comme un verbe d’activité. Du point de vue d’une analyse de la phrase narrative, les adverbes désignent les « circonstances » de l’activité déployée par l’agent. Parmi ces circonstances qui donnent son sens à l’action, on trouve le « comment ? ». Heidegger a donc ajouté à la liste canonique des circonstances de l’action la polarité de l’eigentlich et de l’uneigentlich. Or ces adverbes sont pour lui synonymes de ceux qu’on peut former à partir du pronom personnel réfléchi « soi-même ». Et c’est ce qui explique que la question existentielle puisse utiliser le « qui ? ». Mais ce « qui ? » n’a plus un sens référentiel(de qui s’agit-il ?) ou actanciel (qui est l’agent de cette action ?), il est maintenant circonstanciel.
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[25] Martin Heidegger, Sein und Zeit, § 9, p. 42.
DESCOMBES, Vincent, Le parler de soi, collection Folio essais – Nº 596, Éditions Gallimard, Paris, 2014, pp. 142-143.
P.S.: Les mots en caractères gras remplacent les mots en italique dans le texte original.
C’est une erreur grave que cette « erreur sur l’idée que je me fais de ma personne ». Et, souvent, nous identifions cette erreur sur l’autre en lui reprochant son manque d’authenticité mais nous l’observons peu souvent sur nous-mêmes. Est-ce que l’idée que je me fais de ma personne est conforme à moi-même ? Encore faut-il se connaître suffisamment soi-même et être soi-même pour aborder cette question.
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J’accorde au livre LE PARLER DE SOI de VINCENT DESCOMBES trois étoiles sur cinq.
J’en recommande la lecture à tous ceux et celles à qui les extraits disponibles sur cette page plaisent.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Comment construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel
Thierry Jobard
Devenir « soi » n’a jamais semblé aussi impérieux et périlleux en même temps. Dans une société où les institutions comme la famille, l’école et l’Etat ne nous fournissent plus le cadre de références traditionnel, où la concurrence généralisée oblige à se distinguer, et où tout devient marchandise, c’est notre capacité à devenir nous-mêmes qui est entravée.
Les injonctions à être « autonome » ou « authentique » – combinaison néolibérale alimentée par les techniques de management et les diktats du développement personnel – ne servent qu’à masquer de nouvelles formes de dépendance et d’aveuglement. On croit se forger une identité originale, alors qu’on ne fait qu’incorporer de nouvelles normes.
Avec l’installation du virtuel naît également un nouveau rapport à soi. Ce sont nos replis les plus intimes qui sont désormais scrutés et exploités, et cela avec notre assentiment enthousiaste. Au risque d’une nouvelle forme de domination qui clôture le possible et l’imaginaire.
Né en 1973, Thierry Jobard l’auteur de deux essais, Contre le développement personnel et Je crois donc je suis, publiés aux éditions Rue de l’échiquier.
Dire que notre époque est individualiste c’est tout dire et ne rien dire. Œuvrer à son salut dans l’au-delà comme c’était le cas à la fin de l’Antiquité pourrait être perçu comme une affirmation individualiste, tout comme la première signature de son œuvre par un peintre à l’orée de la Renaissance. Le simple fait d’avoir un nom propre ne distingue-t-il pas un individu ? La question est donc moins de décider si individualisme il y a que de savoir quelle forme il revêt.
Si le terme d’individualisme est connoté, proche de l’égoïsme dans le sens commun, c’est qu’il renvoie a contrario à des désirs d’appartenance, à des formes de collectifs tantôt nostalgiques, tantôt utopiques. L’individualisme serait l’opposé de la solidarité. Or si l’individualisme est suspect, être un individu semble aller de soi. Ce n’est pourtant pas le cas puisque la construction de l’individu, la conquête de l’individuation, est le résultat d’un long processus dont le siècle des Lumières aura été un moment clé.
En effet, cette période a été marquée par l’exercice d’une volonté d’émancipation. Émancipation vis-à-vis des oppressions, des sujétions, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles. Sortir de l’état de minorité, oser penser par soi-même, tel était le programme des penseurs du XVIIIe siècle. L’individu apparaît alors comme ce qui existe par soi-même, hors des pesanteurs dogmatiques et traditionnelles, un sujet véritable.
L’individu contemporain se trouve ainsi être le résultat d’expressions et d’ambitions qui entrent en contradiction. D’un côté il entend affirmer son unicité, de l’autre il ne peut se concevoir hors d’une société de semblables. Encore ce rapport entre individu et société évolue-t-il lui aussi selon les époques. C’est notamment de cela qu’il sera question dans les pages qui vont suivre.
Plus précisément, nous verrons à quel point le rapport de l’individu à la société s’est inversé depuis quelques décennies au point de faire naître l’illusion d’une autonomie de celui-là par rapport à celle-ci. Bien des facteurs y contribuent à tous niveaux, fondés sur une conception anthropologique dans laquelle prévaut la surévaluation de la volonté. Nous nous concentrerons sur quelques exemples : le succès du développement personnel, les évolutions du management puis l’usage des réseaux sociaux.
Quoi de commun à tout cela ? Une même torsion, une même déformation des choses et du rapport au réel qu’il faudra élucider. Plus encore, dans chacun de ces domaines, un même schéma est à l’œuvre : l’affichage d’une connaissance de soi, d’une affirmation, d’une libération dont on verra qu’elles se révèlent trompeuses. Cela relève d’une idéologie d’autant plus efficace qu’elle se pare des atours de la vertu. Chaque époque produit ses tartuffes et que peut-on opposer à la bienveillance ?
ÊTRE UN INDIVIDU, ÊTRE UN SUJET, EST AUJOURD’HUI MENACÉ PAR DE NOUVELLES FORMES DE POUVOIR QUI JAMAIS NE SE PRÉSENTENT COMME TELLES.
Alors même que nous semblons avoir accédé à un affranchissement sans précédent, c’est à un détournement de notre intimité que nous assistons, une mise aux normes fourbe et flatteuse. Ce sont nos croyances, nos désirs, nos imaginaires, toute notre économie libidinale qui sont ainsi subvertis, comme nous le démontrerons.
L’individu qui advient, plus avide que jamais d’attestation de soi et de reconnaissance, se trouve pris dans les filets d’une forme de rationalité inédite qui le traverse et vise à le rendre totalement prévisible. Il est également de plus en plus seul.
Ce qui s’est patiemment érigé durant les derniers siècles : être un individu, être un sujet, est aujourd’hui menacé par de nouvelles formes de pouvoir qui jamais ne se présentent comme telles. Il semble bien que l’affirmation du sujet contemporain se mue en sujétion. Et cela avec notre plein assentiment.
EXTRAIT DU CHAPITRE I
I. Fictions et fonctions de l’identité
Connais-toi toi-même ?
Les usages du mot « identité » sont multiples jusqu’à dérouter. Comme souvent, ce qui gagne en extension perd en intention : identité personnelle, identité sociale, identité culturelle, identité collective, identité numérique, identité de genre, voire identité nationale comme il a été tenté, l’énumération pourrait se prolonger. Et ce d’autant plus que réapparaît fréquemment la notion de crise de l’identité ou des identités[1].
Le terme n’est pas récent mais la préoccupation qu’il révèle l’est davantage. En effet, dans une société traditionnelle, une société d’ordres, la place dévolue à chacun est sans discussion ni rémission. Avec les sociétés démocratiques, la question de l’identité, du rapport à son identité, se pose avec une acuité particulière. Au point que sa crise supputée semble devoir être l’état normal même de l’identité. Changeante, mutante, évolutive, ainsi paraît l’identité. N’est-ce pas là son paradoxe car qu’est-ce qui nous définit si ce n’est notre identité ?
C’est là ce qui a tôt suscité la réflexion philosophique. Avec deux définitions liminaires de l’identité. La première est logique, c’est celle du signe « = », l’identité d’une chose avec elle-même, d’un être avec lui-même. Elle permet donc de dénombrer, de distinguer. Raoul d’Andrésy et Arsène Lupin sont par exemple une seule et même personne, la même entité sous deux identités. Autre exemple : « J’ai lu votre bouquin. – Lequel ? – Le dernier, il est nul ! » L’objet est bien identifié, on ne le confond pas avec un autre, même s’il est qualifié d’un adjectif fort peu urbain.
Bien différente est la seconde définition de l’identité, psychologique celle-là. C’est alors le sentiment d’être une personne qui prévaut. Et ce sentiment est fluctuant. L’identité logique est ou n’est pas. L’identité psychologique est plus ou moins. C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations. Elle ne fluctue cependant pas, sauf cas pathologiques extrêmes, au point de faire disparaître la sensation de l’identité. Ce qui la caractérise malgré tout c’est la sensation de durée. Je sais que je suis le même qui a tels parents, tels amis, tels souvenirs, etc. Persévérer dans son être serait le propre de l’identité.
Mais la série des paradoxes n’est pas close pour autant. « Depuis qu’elle a quitté son mari, Laurence n’est plus la même : elle rayonne. » Cette phrase ou une autre équivalente signifie-t-elle que ladite Laurence n’est plus Laurence ? Non, on le reconnaît, et c’est par une forme d’abus de langage qu’on la qualifie d’autre qu’elle-même, autre qu’elle habituellement. Pourtant, on peut tout à fait envisager que certains événements, certains accidents, puissent modifier réellement la personnalité de quelqu’un, et donc altérer son identité. On pourrait donc penser l’identité comme une sorte de socle sur lequel se grefferaient un certain nombre de traits de caractère évolutifs.
Autrement dit une substance (ce qui se tient dessous, comme le sujet, sub-jectum) qui possèderait un nombre indéfini d’attributs. La substance perdurerait bien tout en laissant évoluer librement les attributs : changements professionnels, taille plus ou moins svelte, caractère plus ou moins serein… D’ailleurs, si le monde n’était constitué de substances, si l’impermanence était de mise, la vie serait tout bonnement impossible. Permanence et changement sont également possibles avec la conception de l’identité comme substance.
Cela étant, ce modèle omet la dimension intérieure de l’identité, soit la conscience que nous en avons. Par là se poseront deux questions : Qui suis-je ? Et qui suis-je quand je suis moi ? Admettons qu’ici l’affaire se complique. D’autant que certains philosophes ont semé le doute. Hume écrit ainsi : « Pour ma part, quand j’entre le plus intimement en ce que j’appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre, sur la chaleur ou le froid, la lumière ou l’ombre, l’amour ou la haine, la douleur ou le plaisir. Je ne peux à aucun moment m’apercevoir moi-même sans une perception, et ne peux jamais rien observer sinon la perception[2]. »
Le doute porte alors sur l’idée que nous avons de notre identité. Sommes-nous en mesure de formuler une idée claire de qui nous sommes ou bien ne fait-on qu’exprimer une croyance – la plus ancrée – pratique et rassurante, en l’unité de nous-même ? « Nous n’avons aucune idée du moi », renchérit Hume. C’est sur le sentiment, voire un ensemble de sentiments, de sensations, que repose la conscience d’être nous-même. Être le ou la même, c’est-à-dire celui ou celle qui perdure et qu’on reconnaît a posteriori n’est pas être moi-même.
Certains sociologues ont émis le même doute sur ce moi substance, tel Erving Goffman : « Ce que nous y glanons renvoie certes à un soi au-delà de la situation, mais un soi qui fluctue à chaque nouvelle situation[3]. » Fils ou fille, père ou mère, employé-e-s, passionné-e-s de chimie organique… nous sommes différents en chacune de nos occurrences, en chacun de nos rôles. Quel support commun à cela si ce n’est notre nom, pure convention, ou notre corps, qui lui aussi peut changer ?
Plus récemment, Vincent Descombes a démontré à la suite de quel glissement sémantique on était passé d’une forme grammaticale à une substance, d’une conscience de soi à une conscience du Soi. « La première personne serait une convention linguistique, une fiction de langage. On laisserait les gens dire Moi parce que c’est commode. Mais, en réalité, quelqu’un qui dit « Moi » ne dit rien, puisqu’il ne nomme rien, que rien ne s’est présenté à lui comme son Moi[4]. »
Artifice, convention, voire mythe5, la conception du sens commun de l’identité comme essence stable et transparente à soi se pose ainsi faussement en évidence. Mais tout concourt à cela. Les papiers d’identité, cette même identité qu’on doit décliner, l’identification requise en permanence ne peuvent que solidifier une conception substantialiste de l’identité.
Il est d’ailleurs piquant de constater que le développement personnel, jamais avare de critiques envers le « cerveau cartésien », présenté comme rationnel, analytique et pour tout dire assez peu fantaisiste (auquel s’opposeraient la souplesse, la créativité et l’empathie d’on ne sait quel autre cerveau), se fonde justement sur un moi substance, la res cogitans de Descartes, le moi « authentique » qu’il s’agit de faire s’épanouir. Moi qui serait entravé par de mauvaises habitudes, de mauvaises influences, la répétition de scénarios de vie tout autant que par une autolimitation. Face à cela, le moi du développement personnel entend, par une décision souveraine, une volonté constante, libérer sa vraie nature. Celle-ci est supposée fondamentalement bonne, juste, aimable, simplement empêchée de s’exprimer par des pensées « limitantes », « incapacitantes ». Au regard des derniers millénaires de l’histoire humaine, on peut être sceptique quant à la bonté naturelle de l’Homme. Ce serait une grave méprise puisque, ainsi que nous l’enseigne le développement personnel, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises choses mais simplement des représentations positives ou négatives.
De la même façon, lorsque le développement personnel oppose le Moi « véritable » à la société, en tant que règne des masques, de la dissimulation et des faux-semblants, il fait preuve d’une naïveté touchante, ignorant qu’il est des fondements mêmes de la vie sociale : « nous sommes faits d’une pluralité de soi qui correspondent à une pluralité de réponses sociales (…). Une personnalité multiple est donc, en un sens, normale, » écrivait George Herbert Mead6 en 1934. C’est que le développement personnel ne voit le soi que comme détaché de ses conditions sociohistoriques, de ses appartenances concrètes. Ce qui le conduit à jongler niaisement avec les anachronismes comme le bien connu : « Connais-toi toi-même ? Mais c’était déjà du développement personnel ! » Il confond ainsi l’injonction à trouver sa place dans un univers ordonné, à s’élever vers une raison impersonnelle – ambition des Grecs – avec l’introspection utilitaire actuelle.
On pourrait distinguer pour l’analyse deux plans historiques. Le premier, « intérieur », biographique, de l’histoire personnelle. Le second, « extérieur », de l’Histoire. Mais ce serait méconnaître le fait que nous sommes, sans en avoir toujours conscience, tramés par le monde sociohistorique qui nous modèle de part en part : nous sommes toutes et tous, rappelons-le, filles et fils de notre temps. L’une des causes des errances actuelles réside dans cet oubli ou cette occultation de notre intimité sociale, persuadés que nous sommes du solipsisme de notre construction.
Sois toi-même
(…)
____________
[1] Claude Dubar, La Crise des identités, PUF, 2007, 4è édition.
[2] David Hume, Traité de la nature humaine, Granier-Flammarion, 1995.
[3] Erving Goffman, Les Cadres de l’expérience, Minuit, 1991.
[4] Vincent Descombes, Exercices d’humanité, Dialogue avec Philippe de Lara, Les Petits Platon, 2013
Pour lire la suite procurez-vous ce livre auprès de votre libraire préféré
Né en 1973, Thierry Jobard est responsable du rayon Sciences humaines d’une grande librairie à Strasbourg, ce qui le met dans une position particulièrement privilégiée pour observer la croissance vertigineuse des livres consacrés au développement personnel.
Contre le développement personnel : authentique et toc
Essai critique dans lequel l’auteur, libraire spécialisé dans les sciences humaines, met en cause la multiplication des livres de développement personnel et l’idéologie politique dont ils seraient le vecteur. Ces discours correspondraient à un modèle de société fondé sur la performance permanente et sur un délitement des liens en véhiculant une image déformée de l’individu et du monde du travail.
Je crois donc je suis : le grand bazar des croyances contemporain
Observant un engouement massif pour l’ésotérisme depuis une dizaine d’années, l’auteur analyse cette nouvelle mode, interrogeant ce qu’elle dit du rapport à la science, à la connaissance et à la vérité ainsi que les dérives possibles de ces nouvelles croyances, comme le complotisme et le sectarisme.
Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel
Thierry Jobard
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois œuvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL.
Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Thierry Jobard s’affiche sur le réseau d’affaire LinkedIn à titre de « spécialiste sciences humaines », « Essayiste – Philosophie, histoire, stratégie, sociologie: passionné par ces domaines et à l’affût des nouveaux outils pour comprendre le monde qui vient. »
Il détient un Master 2 en philosophie de l’Université Paris-Sorbonne (1995-1998), une Maîtrise en philosophie de l’Université de Besançon (1994-1995), une Licence en philosophie de l’Université de Besançon (1993-1994), une Licence en histoire de l’Université de Besançon (1993 -1994) et un Master 2 (M2) en Gestion des ressources humaines / administration du personnel, général de l’École de Management Strasbourg (2003-2004). De plus, il est de plus diplômé de Classes Préparatoire Hypokhâgne/Khâgne en Histoire/Philosophie/Littérature (1991-1993) (niveau : équivalence Licence). Si nous ajoutons à sa formation, son expérience et ses trois essais philosophiques, nous pouvons le déclarer PHILOSOPHE. Et c’est en lui attribuant personnellement ce statut que j’ai lu son troisième et plus récent essai, CRISE DE SOI.
Il rend son écriture accessible à tous à l’instar des références et des explications qu’il livre aux lecteurs. « Il est des nôtres, du bon peuple », pourrions-nous soutenir en lisant ses essais. Enfin, il nous étonne par sa vision et ses analyses qui nous poussent ainsi à philosopher nous-mêmes, entre autres, sur notre identité dans ce monde d’aujourd’hui. Mais, et c’est tout à son honneur, il ne coupe jamais l’actuel de l’histoire, de notre passé, du passé de l’Homme et de la philosophie. Et c’est exactement ce qu’il fait d’emblée dans son introduction.
INTRODUCTION
Introduction
Dire que notre époque est individualiste c’est tout dire et ne rien dire. Œuvrer à son salut dans l’au-delà comme c’était le cas à la fin de l’Antiquité pourrait être perçu comme une affirmation individualiste, tout comme la première signature de son œuvre par un peintre à l’orée de la Renaissance. Le simple fait d’avoir un nom propre ne distingue-t-il pas un individu ? La question est donc moins de décider si individualisme il y a que de savoir quelle forme il revêt.
Si le terme d’individualisme est connoté, proche de l’égoïsme dans le sens commun, c’est qu’il renvoie a contrario à des désirs d’appartenance, à des formes de collectifs tantôt nostalgiques, tantôt utopiques. L’individualisme serait l’opposé de la solidarité. Or si l’individualisme est suspect, être un individu semble aller de soi. Ce n’est pourtant pas le cas puisque la construction de l’individu, la conquête de l’individuation, est le résultat d’un long processus dont le siècle des Lumières aura été un moment clé.
En effet, cette période a été marquée par l’exercice d’une volonté d’émancipation. Émancipation vis-à-vis des oppressions, des sujétions, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles. Sortir de l’état de minorité, oser penser par soi-même, tel était le programme des penseurs du XVIIIe siècle. L’individu apparaît alors comme ce qui existe par soi-même, hors des pesanteurs dogmatiques et traditionnelles, un sujet véritable.
L’individu contemporain se trouve ainsi être le résultat d’expressions et d’ambitions qui entrent en contradiction. D’un côté il entend affirmer son unicité, de l’autre il ne peut se concevoir hors d’une société de semblables. Encore ce rapport entre individu et société évolue-t-il lui aussi selon les époques. C’est notamment de cela qu’il sera question dans les pages qui vont suivre.
(…)
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Introduction, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 9.
La question est simple : « Qui suis-je ? ». La réponse plus compliquée qu’il nous paraît ou, si vous préférez, plus compliquée qu’on nous le laisse paraître. Tentant de répondre à la question « Qui es-tu ? », nous nous identifions par notre statut familial, culturel, social, économique… Et nous détaillons par notre travail, par nos loisirs, par les traits de notre personnalité, par nos comportements, par nos penchant culturel, par nos expériences et nos connaissances, par nos convictions et nos croyances… Mais nous pourrions aussi répondre : « Je suis ce que la société dans laquelle je vis a fait de moi ». Et pourquoi pas avancer « Je ne suis que poussières d’étoiles » à la suite de Carl Sagan et d’Hubert Reeves ou encore « qu’un petit rien dans le Cosmos ». Plus personne ne me dicte qui je suis. Je suis libre de me définir, de me construire l’identité qui me plaît ou qui plaira. Mais ma liberté demeure sous influence me dit-on. Bref, je suis en crise.
CHAPITRE I – FICTIONS ET FONCTIONS DE L’IDENTITÉ
Connais-toi toi-même ?
Les usages du mot « identité » sont multiples jusqu’à dérouter. Comme souvent, ce qui gagne en extension perd en intention : identité personnelle, identité sociale, identité culturelle, identité collective, identité numérique, identité de genre, voire identité nationale comme il a été tenté, l’énumération pourrait se prolonger. Et ce d’autant plus que réapparaît fréquemment la notion de crise de l’identité ou des identités[1].
Le terme n’est pas récent mais la préoccupation qu’il révèle l’est davantage. En effet, dans une société traditionnelle, une société d’ordres, la place dévolue à chacun est sans discussion ni rémission. Avec les sociétés démocratiques, la question de l’identité, du rapport à son identité, se pose avec une acuité particulière. Au point que sa crise supputée semble devoir être l’état normal même de l’identité. Changeante, mutante, évolutive, ainsi paraît l’identité. N’est-ce pas là son paradoxe car qu’est-ce qui nous définit si ce n’est notre identité ?
C’est là ce qui a tôt suscité la réflexion philosophique. Avec deux définitions liminaires de l’identité. La première est logique, c’est celle du signe « = », l’identité d’une chose avec elle-même, d’un être avec lui-même. Elle permet donc de dénombrer, de distinguer. Raoul d’Andrésy et Arsène Lupin sont par exemple une seule et même personne, la même entité sous deux identités. Autre exemple : « J’ai lu votre bouquin. – Lequel ? – Le dernier, il est nul ! » L’objet est bien identifié, on ne le confond pas avec un autre, même s’il est qualifié d’un adjectif fort peu urbain.
Bien différente est la seconde définition de l’identité, psychologique celle-là. C’est alors le sentiment d’être une personne qui prévaut. Et ce sentiment est fluctuant. L’identité logique est ou n’est pas. L’identité psychologique est plus ou moins. C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations. Elle ne fluctue cependant pas, sauf cas pathologiques extrêmes, au point de faire disparaître la sensation de l’identité. Ce qui la caractérise malgré tout c’est la sensation de durée. Je sais que je suis le même qui a tels parents, tels amis, tels souvenirs, etc. Persévérer dans son être serait le propre de l’identité.
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[1] Claude Dubar, La Crise des identités, PUF, 2007, 4è édition.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Connais-toi toi-même, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 13-14.
Oui, l’identité psychologique, « C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations », y compris en mon esprit qui s’en satisfait de moins en moins. Les fameux et multiples tests de personnalité m’agacent profondément. Ne suis-je qu’une personnalité, qu’un ramassis de traits psychologiques ? Certainement pas, du moins j’en ai l’intuition. J’ai l’impression d’être davantage que ce je laisse percevoir, voire de ce que je perçois de moi.
Il est d’ailleurs piquant de constater que le développement personnel, jamais avare de critiques envers le « cerveau cartésien », présenté comme rationnel, analytique et pour tout dire assez peu fantaisiste (auquel s’opposeraient la souplesse, la créativité et l’empathie d’on ne sait quel autre cerveau), se fonde justement sur un moi substance, la res cogitans de Descartes, le moi « authentique » qu’il s’agit de faire s’épanouir. Moi qui serait entravé par de mauvaises habitudes, de mauvaises influences, la répétition de scénarios de vie tout autant que par une autolimitation. Face à cela, le moi du développement personnel entend, par une décision souveraine, une volonté constante, libérer sa vraie nature. Celle-ci est supposée fondamentalement bonne, juste, aimable, simplement empêchée de s’exprimer par des pensées « limitantes », « incapacitantes ». Au regard des derniers millénaires de l’histoire humaine, on peut être sceptique quant à la bonté naturelle de l’Homme. Ce serait une grave méprise puisque, ainsi que nous l’enseigne le développement personnel, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises choses mais simplement des représentations positives ou négatives.
De la même façon, lorsque le développement personnel oppose le Moi « véritable » à la société, en tant que règne des masques, de la dissimulation et des faux-semblants, il fait preuve d’une naïveté touchante, ignorant qu’il est des fondements mêmes de la vie sociale : « nous sommes faits d’une pluralité de soi qui correspondent à une pluralité de réponses sociales (…). Une personnalité multiple est donc, en un sens, normale, » écrivait George Herbert Mead [6] en 1934. C’est que le développement personnel ne voit le soi que comme détaché de ses conditions sociohistoriques, de ses appartenances concrètes. Ce qui le conduit à jongler niaisement avec les anachronismes comme le bien connu : « Connais-toi toi-même ? Mais c’était déjà du développement personnel ! » Il confond ainsi l’injonction à trouver sa place dans un univers ordonné, à s’élever vers une raison impersonnelle – ambition des Grecs – avec l’introspection utilitaire actuelle.
On pourrait distinguer pour l’analyse deux plans historiques. Le premier, « intérieur », biographique, de l’histoire personnelle. Le second, « extérieur », de l’Histoire. Mais ce serait méconnaître le fait que nous sommes, sans en avoir toujours conscience, tramés par le monde sociohistorique qui nous modèle de part en part : nous sommes toutes et tous, rappelons-le, filles et fils de notre temps. L’une des causes des errances actuelles réside dans cet oubli ou cette occultation de notre intimité sociale, persuadés que nous sommes du solipsisme de notre construction.
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[6] George Herbert Mead, L’Esprit, le soi et la société, PUF, 2009.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Connais-toi toi-même, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 17-19.
Les jeunes journalistes me donnent souvent l’impression que notre monde est né en l’an 2000 car ils ne semblent pas en capacité de remontrer plus loin dans le temps que leur propre année de naissance. Le contexte historique de ce dont ils parlent a disparu, comme si tout était nouveau. Âgé de 67 ans, je sais maintenant pourquoi les adultes de mon adolescences et mes professeurs au collège soutenaient que l’histoire de répète car je le constate moi-même. Il y a dans l’évolution des trous comme des retours en arrière. Évidemment, le contexte diffère mais la répétition demeure.
Je constate aussi qu’il y a des personnes qui, à 20 ans d’âge, sont toujours les mêmes à 60 ans d’âge, conservant la même conscience de soi et du monde. Elles sont enfermées aujourd’hui en elles-mêmes comme elles l’étaient à 20 ans d’âge. Est-ce là ce qu’on appelle un problème de rigidité des présupposés, des préjugées ou de solipsisme ? Je sais pas. Toujours est-il qu’à l’âge de 20 ans, je pourrais reconnaître celui ou celle qui ne changerait que très peu au cours de leur vie, certain d’avoir raison pour la vie. C’est une impression et je ne l’aborde pas au pied de la lettre mais…
Sois toi-même !
L’injonction à « être soi-même », emblématique du développement personnel, moyennant l’application de techniques de calibrage de masse (donc si peu personnelle) soulève ainsi des difficultés bien plus exigeantes qu’un simple déblaiement des « pensées incapacitantes », même entretenu sur le long terme. D’autant qu’il faut oser : « Oser être soi-même », combien de fois ne lit-on pas l’expression dans le champ du développement personnel : oser être soi, oser être authentique, oser la bienveillance… On se targue de beaucoup oser dans le développement personnel. Tant d’audace dans la vétille pourrait prêter à sourire si cela ne traduisait la difficulté réelle de la tâche pour un certain nombre de nos contemporains.
Mais comment être soi-même simplement en l’étant, en étant ? Que pourrais-je bien être sinon moi-même ? Les rôles sociaux endossés, les fluctuations du sentiment et ce dont j’hérite sans le choisir n’impliquent pas l’existence d’un faux être à côté du « vrai ». Mais pour ce qui est d’un moi atteint, capté, aliéné par de puissants mécanismes de contrôle, il en va tout autrement. C’est bien tout l’objet de ce livre.
Parler d’injonction à être soi-même est typique de notre époque. Elle prend place dans ce que certains ont pu qualifier de « mutation anthropologique [7] ». Expression de poids s’il en est.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Sois-toi-même !, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 19-20.
P.S. : Le lien hypertexte de la note # 7 est de nous.
Être soi-même en disant ce que je pense et en faisant ce que je dis ne me rejoignait pas au début de mon adolescence. Cette chanson a pris tout son sens lorsque j’ai constaté que les gens et monde qu’on m’avait annoncé ne tenaient pas ses promesses. Mais je n’en ai pas fait une maladie. C’était comme ça. Et je n’allais pas changé cela. Un fardeau trop lourd pour mes frêles épaules d’adolescent et même de jeune adulte.
La libération de la parole acquise de l’emprisonnement de la religion et de ses institutions lors de la Révolution tranquille au Québec dans les années 1960, ne s’est pas accompagnée d’une nouvelle conscience. On combattait les dogmes religieux avec de nouveaux dogmes imposés par l’État et quelques gourous. La libération de la parole n’a pas donné lieu à une multitude de libres penseurs. Si j’avais dit à mes parents « Soyez vous-même », ils m’auraient regardé de travers. Du coup, je ne me disais pas qu’il me fallait « être moi-même »; j’étais ce que j’étais, sans me questionner. Après tout, j’étais trop occupé à vivre mon adolescence au jour le jour et au fil de mes projets pour me préoccuper d’être moi-même. J’étais sans la conscience d’être.
Car si le « toi-même » est, on l’a vu, problématique, le « sois » impératif ne l’est pas moins. Mot d’ordre sinon ordre tout court, il ouvre sur un travail sur soi, voire un travail de soi. Rien de simple ici puisque se connaître soi-même est un chemin semé de chausse-trappes (on s’illusionne, on refoule, on se sur ou sous-estime, on est pris dans des biais cognitifs, etc.), être soi-même l’est tout autant. Suis-je vraiment moi-même lorsque je m’examine et me surveille ? Ne le serais-je pas davantage, paradoxalement, dans l’oubli de moi-même, en action et, pour ainsi dire, naturellement (pour peu que le terme ait un sens) ? On aurait la confirmation du nécessaire « lâcher-prise » que prise sans surprise le développement personnel.
Claude Romano a produit une vaste synthèse retraçant la généalogie des deux idéaux de naturel et d’authenticité [8]. Il note que le naturel ne saurait relever de la volonté et que, caractéristique de la conduite ou disposition intérieure, il relève d’une « liberté insoucieuse d’elle-même ». Ce qui s’oppose en tout point à l’injonction contemporaine qui, elle, suppose un contrôle et une surveillance de soi-même. L’authenticité, quant à elle, a pour source l’ipséité, la manière d’être en conformité avec soi-même, et implique un contrôle de soi. C’est ce contrôle qui a pris une forme obsessionnelle aujourd’hui.
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[8] Claude Romano, Être soi-même, Folio essai Inédit, 2019.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Sois-toi-même !, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 20-21.
Si le développement personnel encourage le « lâcher-prise », c’est pour mieux « agripper » leurs clients dans leur chute par la suite.
Et si le contrôle de soi « a pris une forme obsessionnelle aujourd’hui », j’observe tout autant une « perte de contrôle de soi » voire l’absence de tout contrôle de soi. Bon nombre d’humains se laissent vivre, sans plus, et sont encore et toujours la proie de leurs passions, de leurs émotions. Pour en arriver à l’idée d’un contrôle de soi, il faut en amont une prise de conscience de son Étant — de son Être —, de son conditionnement et de sa (possible) liberté de conscience. Cette prise de conscience devra porter à la fois sur soi et sur la société dans laquelle l’individu vit.
CHAPITRE II. DEVENIR SUJET EN SOCIÉTÉ NÉOLIBÉRALE
(…) Autrement dit, les mutations de la société modifient la structure de la personnalité. Il (Norbert Elias) précise : « Les possibilités entre lesquelles l’homme peut ainsi choisir, ce n’est pas lui qui les crée. Elles sont données, définies par la structure spécifique de la société et la nature particulière des fonctions qu’il exerce à l’intérieur de cette société [41].
Mais le processus de civilisation n’est pas irréversible ni exclusif de mouvements de décivilisation. Et, comme nous l’avons vu, l’individu a désormais pris le pas sur la société. Comme l’écrit Marcel Gauchet : « L’individu contemporain aurait en propre d’être le premier individu à vivre en ignorant qu’il vit en société, le premier individu à pouvoir se permettre, de par l’évolution même de la société, d’ignorer qu’il est en société [42]. »(…)
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[41] Norbert Elias, La Société des individus, Fayard, 1991.
[42] Marcel Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine. Un nouvel âge de la personnalité », Le débat, Nº 99, mars-avril 1998.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre II. Devenir sujet en société néolibérale, Sous-titre Le sujet au travail, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 65.
Si l’individu a pris le pas sur la société, je comprends que l’individu se donne davantage d’importance qu’il en accorde à la société dans laquelle il vit. Ainsi, il a peu ou pas conscience de l’influence de la société sur lui-même. Il n’a pas idée que son identité est avant tout sociale, ce qui l’entraîne dans un désengagement envers la société sans laquelle il ne pourrait pourtant pas être. Toute la question de la solidarité se pose alors en urgence, tant pour nous-mêmes que pour notre société voire l’ensemble des Hommes. Est-ce que cette situation provoque une « crise de soi » ? Est-ce que le « Je suis seul au monde » demeure encore possible dans de telles circonstances sociales ? Une question plus dérangeante se pose : « Qu’est-ce que la solidarité envers la société m’apporte ? »
CHAPITRE III. DU SUJET NUMÉRIQUE
Le nouveau régime attentionnel
Devenir un individu, s’individualiser, est un processus. Il est à la fois psychique (le Je, le Moi), collectif (la société, l’autre) et technologique. Jusqu’à présent nous avons traité des deux premiers éléments, il faut maintenant s’intéresser au troisième qui est souvent délaissé. Il l’est car on minimise l’impact de la technologie sur nous, soit qu’on la ravale au rang de simple outil (qui serait neutre en soi et dont il suffirait de réguler l’utilisation pour se prémunir de ses effets délétères), soit qu’on manque de recul et de l’information nécessaire à son appréhension. Cela d’autant plus que l’évolution, voire la révolution, a été extrêmement rapide pour ce qui est du numérique. (…)
(…)
Sans verser dans l’exagération ni dans l’adoration, il importe de tenter de cerner les effets du numérique nos existences et nos subjectivités. Plus largement, prendre la mesure des modification de notre façon d’être et de penser en régime numérique. Comme l’écrit Stéphane Vial : « les dispositifs techniques sont – ont toujours été – des machines philosophiques, c’est-à-dire des conditions de possibilité du réel, ou mieux des générateurs de réalité [50]. »
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[50] Stéphane Vial, L’Être et l’Écran, PUF, collection Quadrige, 2017.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Le nouveau régime attentionnel, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 73.
Personnellement, je ne suis pas dépendant des écrans. Je travaille à l’ordinateur comme si je travaillais toujours à la machine à écrire. J’effectue des recherches sur le web dans le confort de mon foyer, contrairement à mes années passées où je me rendais dans les bibliothèques et les centres de documentation et d’archives. J’alimente mes sites web comme je concevais des documents à l’ère du papier. Je considère mon téléphone cellulaire comme un téléphone d’urgence uniquement. Je suis actif sur un seul réseau social public. Les membres de ma famille proche forment un groupe privé pour échanger entre nous uniquement. Bref, la technologie numérique demeure pour moi un outil mais je ne la considère pas comme étant neutre. Elle a changé, par exemple, ma façon d’écrire. Aussi, la technologie s’inscrit en ligne directe dans ma solitude chérie. Elle a simplifié pour ne pas dire révolutionné mon travail à partir de la maison à titre d’entrepreneur indépendant. À ce titre, elle a amplifié ma sédentarité. Dois-je admettre que ce régime numérique a changé ma « façon d’être et de penser » ? Une chose est certaine, ce régime numérique a changé mon travail professionnel en me fournissant des outils pour concrétiser de nouvelles opportunités (par exemple, la création d’une maison d’édition en ligne – Fondation littéraire Fleur de Lys). Bref, oui, ce régime numérique a amplifié certains traits de ma façon d’être car je suis plus sédentaire et solitaire. Quand à l’influence de ce régime numérique sur ma façon de penser, je ne perçois pas de changements majeurs dans mon traitement de l’information même si cette dernière est plus abondante que jamais. Mes valeurs demeurent les mêmes. Enfin, je suis encore et toujours réticent à accorder une place à la technologie dans ma vie personnelle.
L’impact le plus visible de ce régime numérique se laisse observer dans le comportement des dépendants au téléphone cellulaire. Tête penchée vers le bas, face contre terre, les yeux rivés sur le téléphone cellulaire tenu dans la main avec le bras en angle droit,…
De la griffe de texte au cou technologique : Comment la technologie affecte notre corps Écrit par TollFreeForwarding.com | 18 octobre 2021 | 1:23 pm
TRADUCTION – EXTRAIT (DeepL Traducteur)
La technologie a révolutionné notre façon de faire des affaires. Qu’il s’agisse de l’accès instantané à des connaissances infinies grâce à un appareil dans notre poche ou de la possibilité pour les entreprises de se développer sur de nouveaux marchés dans le monde entier (comme le Canada, l’Australie et l’Irlande) grâce à un numéro de téléphone virtuel, l’impact de la technologie est sans limite, et cette tendance ne semble pas près de s’arrêter.
Si cette évolution a été bénéfique pour la création d’emplois, la productivité et l’acquisition de nouvelles compétences, de plus en plus d’éléments mettent en évidence les effets négatifs de la technologie sur notre corps. Pour prendre pleinement conscience de l’impact de la technologie quotidienne sur nous, nous nous sommes appuyés sur des recherches scientifiques et des avis d’experts sur le sujet, avant de travailler avec un concepteur 3D pour créer un futur humain dont le corps a physiquement changé en raison de l’utilisation constante de smartphones, d’ordinateurs portables et d’autres technologies.
Mindy pourrait-elle être l’homme de l’an 3000 et au-delà ?
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ORIGINAL EN ANGLAIS – EXTRAIT
From Text Claw to Tech Neck: How Technology Affects Our Bodies
Written by TollFreeForwarding.com | October 18, 2021
Technology has revolutionized the way we do business. Whether it’s the instant access to infinite knowledge through a device in our pocket, or the ability for businesses to expand into new markets all over the world (like Canada, Australia, and Ireland) with a virtual phone number, the scope of technology’s impact is limitless, and this trend shows no sign of letting up.
While this has been great for job creation, productivity, and learning new skills, there is a growing body of evidence that uncovers the negative effects technology can have on our bodies. To fully realize the impact everyday tech has on us, we sourced scientific research and expert opinion on the subject, before working with a 3D designer to create a future human whose body has physically changed due to consistent use of smartphones, laptops, and other tech.
Comportement aussi frappant de ce régime numérique, à table au restaurant, des amis(es) sont tous sur leur téléphone cellulaire et ne se parlent pas. Il en va de même pour des couples où l’un est sur son téléphone cellulaire tandis que l’autre le regarde sans parler. Un piéton traverse un boulevard, tête baissée, les yeux rivés sur son téléphone cellulaire, sans égard à la circulation automobile.
(…) On insistera cependant sur les adolescents et ce pour plusieurs raison. Celles, assez évidentes, de l’usage intense qu’ils ont des réseaux sociaux et de la période délicate de la vie qu’ils traversent. Celle, moins évidente, de leur désignation comme cible privilégiée par les industries numériques. La combinaison de ces facteurs produit un puissant effet cumulatif. Du reste, l’adolescence est l’un des moments clés dans le processus de subjectivation, susceptible qu’est de donner lieu à des comportements excessifs dans les réponses à la question : qui suis-je ?
Savoir qui l’on est suppose de savoir qui on n’est pas. Et l’on n’est surtout pas comme ses parents dont on s’éloigne (mais pas trop non plus) comme de contre-modèles à l’opposé de ce qu’on veut être. Les réseaux sociaux constituent dans cette perspective un excellent adjuvant. Se retrouver entre pairs, être libre de parler de ce dont on a envie sans restriction, créer de nouveaux liens, se sentir moins seul et mieux compris (« On est les mêmes »), autant de bénéfices à se relier en ligne. Ce qui n’est que la poursuite d’une socialisation classique selon d’autres moyens. On cherchera auprès de ses semblables la valisation de ce qu’on est, la conformité de sa personnalité, principalement par les commentaires postés, scrutés à la loupe.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre L’être des réseaux sociaux, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 85-86.
Et si je constate que je ne suis pas comme les autres dans ma socialisation, classique et/ou numérique, que passe-t-il ? Et si j’accepte d’être différent au point d’en être fier ? Et si je ne cherche pas des relations avec des êtres paraissant semblables à moi mais plutôt des êtres complémentaires à moi pour favoriser l’entraide ? C’est dans l’aide à autrui que je trouve mon bonheur. Et si ma solitude ne me pèse pas mais que je la chérie parce qu’elle libère ma créativité tout autant que ma conscience ?
(…) Comme le résume Fabienne Martin-Juchat : « Les applications développées depuis plus de 25 ans par les auteurs du numérique ont contribué à un processus de dépossession progressive de la productivité intellectuelle par captation affective [63]. »
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[63] Fabienne Martin-Juchat, Dépendances affectives au numérique. La productivité en question, in Martin-Juchat et Staii (sous la direction de), L’industrialisation des émotions. Vers une radicalisation de la modernité ?, L’Harmattan, 2016.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre L’être des réseaux sociaux, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 93.
Dans le domaine de l’attention, il faut d’abord ATTIRER l’attention, ensuite RETENIR l’attention et, ceci fait, on peut alors COMMUNIQUER avec la personne. Capter l’attention est donc une chose, la retenir en est une autre et il en va de même avec la communication une fois l’attention attirée et retenue.
Au départ, on attire l’attention avec stimulus sensoriel. Ce dernier doit posséder une visibilité et une lisibilité qui stimulera un ou des sens pour motiver la personne à y accorder de l’attention. Puisque nous sommes soumis à une multitude de stimili et que nous ne disposons du temps utile pour nous arrêter à chacun d’eux, l’oeil s’arrêtera qu’aux stimuli les plus visibles pour lui par une réaction involontaire. Le plus visible repéré, il sera alors question de lisibilité, toujours dans le cadre d’une réaction involontaire de l’oeil. Ce dernier se concentrera sur le plus lisible d’entre tous les stimuli. En marketing des biens de consommation, on mise sur différents stimuli : la/les couleurs, les illustrations et autres composantes graphiques, la forme et les dimensions de l’emballage ou du produit et la lisibilité de chacun des éléments des composantes textuels tels que le nom générique, le nom ou le logotype de la marque, la typographie… et dans le contexte réel de l’exposition du produit en compétition avec plusieurs autres dans sa catégorie en magasin.
Capter l’attention revient donc à un pouvoir émotionnel d’après des réactions involontaires sensorielles. Les émotions se mettent en branle bien avant le travail intellectuel. La dépendance à un stimulus sera donc d’abord émotionnelle. Et plus cette dépendance draine d’énergie, plus la productivité intellectuelle ne se déploiera avec une énergie réduite. En fin de compte, la productivité sera davantage émotionnelle qu’intellectuelle; raisonnable uniquement en apparence.
Voilà où nous conduit la dépendance maladive aux téléphones cellulaires et aux réseaux sociaux.
(…) Des études récentes ont ainsi mis en évidence l’habitude prise par les adolescents de constituer des « dossiers », se faisant les esprions de leurs propres amis [66]. Surveillance des autres, surveillance de soi, puisque chaque manifestation en ligne peut rapidement se retourner contre son auteur ou son autrice.
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[66] Sophie Jehel, L’adolescence au coeur de l’économie numérique, INA, 2022.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Assujettissement, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 95.
Si l’activité d’espionnage de ses propres “amis(es)” et de ses “ennemis(es)”, de leurs profils et de leurs publications sur les réseaux sociaux relève du principe de précaution, fourbir ses armes en cas d’attaque, on notera ici une certaine productivité intellectuelle… anxiogène ou motivée par la peur.
De là à postuler une forme schizophrénie ou de fuite dans le virtuel, il n’y a qu’un pas. Ce qui repose sur une conception du virtuel comme un monde parallèle opposé au monde réel. Or, philosophiquement, le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel. La notion est introduite dès le XIIè siècle et son sens varie selon les auteurs. Mais pour l’essentiel, le virtuel est une potentialité avant de devenir, au cours de la seconde moitié du XXè siècle, une réalité effective. La mémoire virtuelle d’un ordinateur existe réellement, la réalité virtuelle, soit qu’elle entende imiter au plus près la réalité physique, soit qu’elle s’en éloigne, est réelle. Enfin, l’identité de mon interlocuteur en ligne n’est pas celle annoncée, il n’en demeure pas moins que nos conversations sont réelles. Le numérique n’est donc par une sortie du monde mais un nouveau type de rapport au monde que l’on veut transparent, rapide et fluide de même qu’un nouveau type de rapport à soi-même.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Assujettissement, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 97.
Le philosophe Thierry Jobard dans Crise de soi conclut en nous invitant à l’action : « Notre imaginaire a besoin d’être ensemensé à nouveau. Il ne peut l’être que par regroupements et solidarités » (Conclusion, p. 105), à ce que je comprends, pour nous délivrer des manipulateurs numériques, de notre assujettissement.
(…) Il ne s’agit donc ni de jeter l’opprobe sur le besoin de reconnaissance, ni de déplorer une évolution face à laquelle on s’arc-bouterait en vain.
En revanche, prendre conscience du degré de pénétration du marché dans notre espace le plus intime, comprendre que la marchandisation s’empare de nos affects, que la privatisation intégrale mène à une exploitation totale, mesurer à quel point l’idéologie de la transparence nous rend vulnérables, cesser de voir dans l’optimisation de soi un accomplissement, tels sont les premiers objectifs.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Conclusion, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 104.
Si évolution il y a, elle n’est certainement pas entièrement respectable puisqu’elle entraîne l’esclavage. Et si il y a un besoin de reconnaissance à satisfaire, il doit déboucher sur des actes de libération.
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J’accorde quatre étoiles sur cinq au livre CRISE DE SOI – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel de Thierry Jobard dans la collection Amorce aux Éditions 10/18 paru en 2024. Je vous en recommande fortement la lecture car il donne à réfléchir sérieusement.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
Une nouvelle conception de la philosophie antique mais aussi, plus largement, de la philosophie elle-même, s’est progressivement imposée durant la seconde moitié du vingtième siècle, à la suite des nombreux travaux de Pierre Hadot. Cette conception n’a cessé de rencontrer un vif succès, que ce soit auprès des spécialistes ou auprès d’un public plus large, qu’intéressent les questions relatives au sens de l’activité philosophique. Selon cette nouvelle conception, la philosophie aurait été comprise, depuis Socrate, comme une manière de vivre et non comme une discipline purement théorique visant à produire un savoir. En ce sens, elle avait donc d’abord une finalité pratique : fournir aux hommes les moyens de parvenir au bonheur. Mais surtout, elle reposait sur des exercices de nature spirituelle, dont l’objectif était à la fois, par un entraînement constant, de se préparer à cette vie philosophique et d’en poursuivre la pratique. De tels exercices n’étaient donc pas seulement une partie de la philosophie, ils se confondaient avec elle et constituaient l’activité philosophique tout entière.
Une telle conception a acquis la valeur d’un véritable paradigme au sens où elle est devenue un modèle pour tous ceux qui veulent comprendre la philosophie antique. Mais elle n’a jamais fait l’objet d’une analyse critique approfondie ou d’une réflexion portant sur les présupposés qui sont les siens. Il s’agira donc, dans ce livre, de s’interroger sur les fondements d’une telle conception, et d’en signaler les limites, afin d’ouvrir à nouveau le débat sur le sens de la philosophie antique
* * *
Sylvain Roux est professeur de philosophie ancienne à l’Université de Poitiers. Ses travaux portent sur l’histoire du platonisme, et plus particulièrement sur Plotin et le néoplatonisme.
Les analyses et les ouvrages de Pierre Hadot ont imposé une nouvelle conception de la philosophie antique. Celle-ci occupe désormais une place centrale dans le champ des études anciennes, car elle ne constitue pas simplement une conception différente, s’ajoutant à celles qui existent déjà, mais elle s’est imposée, progressivement, comme le modèle principal pour tous ceux qui souhaitent s’interroger sur le sens de la philosophie antique. L’hypothèse qui commande les analyses qui vont suivre est donc que notre rapport à ce moment de l’histoire de la philosophie qu’est la philosophie antique est aujourd’hui largement dépendant de ce que l’on pourrait appeler le paradigme spiritualiste (la philosophie comprise comme exercice spirituel). C’est cette situation originale que nous souhaitons mettre en lumière, étudier, et soumettre à une discussion critique. Il nous faut, pour commencer, en indiquer les raisons.
Un nouveau paradigme
Dans des analyses devenues célèbres, Thomas S. Kuhn a mis en évidence l’importance de la notion de paradigme dans l’histoire des sciences. Rappelons d’abord certains éléments essentiels de sa théorie, puisque nous souhaitons en faire usage dans un contexte différent, qui concerne l’historiographie de la philosophie. T. S. Kuhn soutient qu’il faut distinguer deux moments dans le développement d’une science. Le premier est celui de la « science normale », durant lequel les scientifiques travaillent à partir d’une théorie qui a fait ses preuves et qui est acceptée par une majorité d’entre eux. Les travaux qu’ils conduisent s’en inspirent et se situent dans son sillage. Une telle théorie joue donc un rôle à plusieurs niveaux : elle circonscrit par avance la nature des problèmes à traiter, elle détermine la méthode à appliquer pour leur apporter une solution, elle constitue le cadre dans lequel le travail scientifique doit s’inscrire. Dès lors qu’on reconnaît sa légitimité, les travaux auxquels se livrent les scientifiques ne font que développer toutes les potentialités contenues en elle. La théorie est ainsi un modèle qui permet à la fois de comprendre le monde et de l’étudier suivant des règles pratiques définies. C’est pourquoi tout paradigme donne naissance, selon T. S. Kuhn, à une « tradition1 ». La Physique d’Aristote ou l’Almageste de Ptolémée ont joué ce rôle dans l’histoire des sciences occidentales. Mais il existe un second moment dans le développement des sciences, car celles-ci peuvent connaître des formes de crise durant lesquelles le paradigme dominant se trouve mis en difficulté par des problèmes qu’il ne peut et ne sait résoudre. Ce second moment n’est pas le plus fréquent et il a donc, au sens strict, un aspect « extraordinaire » puisqu’il fait sortir la science de son fonctionnement habituel. Il lui faut en effet mettre en place de nouveaux modèles pour faire face au vide laissé par l’abandon de l’ancien paradigme. Cette situation donne progressivement naissance à une nouvelle étape durant laquelle une théorie s’impose progressivement parce qu’elle permet de lever les difficultés que l’ancienne ne pouvait pas résoudre. Ce changement de paradigme reconduit cependant à l’étape antérieure dans laquelle les scientifiques se pliaient à un paradigme dominant ; de sorte que l’état le plus habituel de la science est bien celui dans lequel un paradigme domine les travaux effectués, tandis que l’état de crise reste au contraire exceptionnel et transitoire. En ce sens, l’histoire des sciences possède nécessairement une dimension cyclique.
Or, il nous semble que cette description du fonctionnement de la science par T. S. Kuhn, dont il ne s’agit pas ici de discuter la pertinence, peut être utile pour décrire la situation dans laquelle nous nous trouvons désormais à l’égard de la compréhension de la philosophie ancienne.
Il convient tout d’abord de remarquer que P. Hadot lui-même a souhaité faire de sa conception un véritable modèle de lecture et d’analyse des textes, puisqu’il l’a présentée comme un paradigme méthodologique. En effet, dans l’avant-propos du recueil d’articles intitulé Exercices spirituels et philosophie antique, il indique qu’un « double anachronisme » menace ceux qui veulent s’intéresser aux textes anciens : d’une part, ils risquent de croire que ces textes avaient essentiellement une dimension informative, c’est-à-dire qu’ils cherchaient d’abord à transmettre un contenu doctrinal ; d’autre part, ils risquent par là même de penser que ces textes ont une dimension biographique, dans la mesure où ils nous renseigneraient sur la pensée de ceux qui les ont écrits2. Ils seraient alors un témoignage sur les conceptions propres aux grands auteurs de l’histoire de cette discipline que l’on nomme philosophie, et c’est à ce titre qu’il conviendrait de s’y référer. Il ne fait pas de doute que P. Hadot s’en prend ici à la conception qui est désormais la nôtre. Il décrit notre tendance à voir dans des textes la manifestation d’une force de raisonnement, d’une puissance intellectuelle qui aboutit à des idées et à des systèmes de pensée complexes. Or, cette tendance joue le rôle, selon lui, d’un véritable obstacle épistémologique. Elle nous empêche de voir que les textes anciens avaient une tout autre finalité, qui était avant tout « psychagogique » : ils cherchaient à transformer l’âme des lecteurs et non à exprimer le point de vue d’un auteur. P. Hadot en appelle donc à un renversement de perspective : il faut lire ces textes en se demandant quel effet ils cherchaient à produire sur ceux auxquels ils s’adressaient.
Cette conception est explicitement reprise dans un autre de ses ouvrages :
C’est pourquoi il est nécessaire d’insister sur certains impératifs méthodologiques. Pour comprendre les œuvres philosophiques de l’Antiquité, il faudra tenir compte des conditions particulières de la vie philosophique à cette époque, y déceler l’intention profonde du philosophe, qui est, non pas de développer un discours qui a sa fin en lui-même, mais d’agir sur les âmes. En fait, toute assertion devra être comprise dans la perspective de l’effet qu’elle vise à produire dans l’âme de l’auditeur ou du lecteur3.
Dans ce passage, P. Hadot insiste particulièrement sur une opposition fondamentale, que nous étudierons plus longuement dans les prochains chapitres. Il s’agit d’une opposition entre deux dimensions de la philosophie, la dimension théorique et la dimension pratique. Plus précisément, il propose de considérer les textes anciens comme l’expression d’une dimension pratique plutôt que comme celle d’une dimension théorique. Selon cette nouvelle perspective et ce nouveau modèle, on ne cherchera plus seulement à retrouver dans ces textes une conception du monde mais une opération qui vise à produire un effet sur des récepteurs afin de modifier leur manière de vivre. Car la philosophie consiste essentiellement en une entreprise de transformation des âmes. C’est pourquoi il devient impérieux de s’intéresser aux conditions de production des discours philosophiques, à la situation et au statut de celui qui les énonce comme à la situation et au statut de celui qui les reçoit, puisqu’ils tiennent leur sens et leur fonction de ces différents aspects. Tels sont les « impératifs méthodologiques » qui découlent de ce renversement de perspective.
Mais si P. Hadot a conféré à cette nouvelle conception de la philosophie ancienne une valeur de paradigme, ce n’est pas seulement pour mener ses propres recherches. Il a souhaité, comme les textes que nous avons cités en témoignent, qu’elle constitue aussi un paradigme pour les recherches menées par d’autres dans le domaine de l’histoire de la philosophie. Sur ce point, il faut bien reconnaître que son souhait a été largement exaucé, car les chercheurs contemporains ont, pour la plupart, adopté sa conception, non seulement pour comprendre et étudier la philosophie antique mais, de façon plus surprenante parfois, pour l’appliquer à d’autres périodes, plus récentes, de l’histoire de la philosophie. En effet, de nombreux travaux ont cherché à montrer que des exercices spirituels étaient présents chez des auteurs modernes et contemporains comme Montaigne4, Nietzsche5 ou encore Husserl6. P. Hadot avait d’ailleurs lui-même ouvert la voie à ces recherches en montrant que la philosophie telle qu’il l’entendait (comme mode de vie et exercice spirituel) n’avait pas disparu à l’époque contemporaine et qu’on en trouvait encore la trace chez Montaigne, Descartes ou Kant7. Enfin, certains travaux ont même cherché à appliquer la notion d’exercices spirituels à des pratiques qui ne relèvent pas de la philosophie, les pratiques sportives par exemple, afin d’en proposer des analyses nouvelles8.
Les raisons d’un succès
Pour quelles raisons l’analyse de P. Hadot s’est-elle ainsi imposée au point de prendre la forme d’un véritable paradigme interprétatif ? Plusieurs explications sont possibles. On pourra d’abord insister sur le fait qu’elle ne relève pas immédiatement, et pas seulement, de la philosophie, mais s’inscrit dans une tradition scientifique, notamment celle de la philologie et de l’histoire des textes anciens. En ce sens, elle paraît échapper d’emblée aux critiques que l’on adresse souvent à certaines études, à qui l’on reproche de dépendre d’une orientation elle-même philosophique et de tenter de restituer le sens de la pratique philosophique sans réussir à s’extraire d’un point de vue particulier. Au contraire, l’analyse de P. Hadot se place dans une autre perspective, qui consiste à vouloir retrouver la posture qui, pour les différents auteurs de l’Antiquité, a déterminé l’acte même d’écrire. Cette extériorité lui confère la supériorité d’un point de vue non partisan. C’est pourquoi on a pu rapprocher cette analyse d’une forme d’exploration et la comparer à une découverte, en reprenant alors le vocabulaire dévolu habituellement à la description du travail scientifique. Jean Greisch, par exemple, voit dans les réflexions de P. Hadot une véritable « percée » permettant de mettre à jour une dimension oubliée de la philosophie, qui est pourtant sa dimension essentielle, et permettant d’ouvrir la voie à la définition d’une véritable « expérience » philosophique9. Comme on le voit, l’emploi du terme « percée » reprend à la fois le vocabulaire de l’exploration d’un territoire inconnu et celui de la stratégie militaire ; il évoque le mérite de ceux qui réussissent à ouvrir une nouvelle voie comme de ceux qui réussissent à briser des résistances pour établir une brèche dans un front ennemi.
Il est toutefois possible d’expliquer d’une autre manière l’importance reconnue aux travaux de P. Hadot. La première explication que nous venons de rappeler insiste sur la nouveauté que constitue le fait de poser un regard extérieur sur la philosophie, un regard différent de celui que la philosophie pose sur elle-même. Cette extériorité se comprend par rapport à la discipline philosophique. Mais il existe une autre forme d’extériorité, qui consiste cette fois en un regard décentré par rapport à notre époque, en une mise à distance du présent de la philosophie. Les travaux de Hadot ont contribué à une interrogation de la philosophie sur sa situation contemporaine et sur la conception que nous nous en faisons. Cet aspect a été tout particulièrement mis en évidence par Jean-François Balaudé, qui montre très justement que la conception de P. Hadot a obligé de nombreux auteurs contemporains à repenser leur rapport à la philosophie antique. En effet, celle-ci ne procède pas par projection sur le passé de problèmes et de concepts actuels. Elle cherche au contraire à prendre en considération les intentions propres aux auteurs anciens, à s’attacher, comme nous l’avons vu, aux principes qui commandaient leur pratique de l’écriture et de la lecture, et à montrer qu’ils accordaient aux textes une finalité essentiellement pratique. Surtout, la conception de P. Hadot permet une lecture rétroactive de la philosophie qui consiste à prendre conscience du processus par lequel nous en sommes arrivés à une conception radicalement opposée à celle des Anciens et qui a en partie sa source dans les transformations que le christianisme lui a imposées. En ce sens, elle nous amène, par un « pas en arrière », à prendre conscience de nous-mêmes en tant que philosophes, et à prendre conscience de la particularité de notre pratique actuelle de la philosophie10. Elle nous conduit donc à nous rendre extérieurs à notre présent, afin de nous comprendre par la prise en compte de notre passé.
Il est indéniable que P. Hadot a ainsi admirablement servi la cause de la philosophie, et de la philosophie antique en particulier, en la replaçant au centre des réflexions contemporaines et en lui redonnant une actualité qu’elle n’avait peut-être plus. Mais, ce faisant, il a accrédité l’idée que la philosophie antique avait un sens que nous avons perdu et a laissé penser que nos propres pratiques de la philosophie lui sont inférieures parce qu’elles s’en sont écartées. En suivant son analyse, on accepte implicitement l’idée que notre conception moderne de la philosophie est d’une certaine manière fautive par rapport à celle de l’Antiquité. Sommes-nous donc condamnés à ne voir l’histoire de la philosophie que comme celle d’une perte ? Ne faut-il pas plutôt s’interroger sur la conception proposée par P. Hadot et sur la valeur paradigmatique qui lui est attribuée ?
Deux problèmes comme clés de lecture
Pour ce faire, nous attirerons l’attention sur deux problèmes que pose, selon nous, une telle conception de la philosophie antique. Le premier nous ramène à nos remarques précédentes sur les raisons qui ont contribué à son succès. Nous indiquions que cette conception veut éviter tout anachronisme dans la mesure où elle refuse de chercher à comprendre la philosophie antique à partir de notre conception moderne. Pourtant, n’est-ce pas justement le refus de la forme qu’a empruntée la philosophie moderne et contemporaine qui porte P. Hadot à cette recherche du sens authentique de la philosophie antique ? C’est ce qui apparaît souvent dans ses différents textes. Ainsi, il se désole de ce qu’est devenue la philosophie au point de considérer comme « urgent de redécouvrir la notion antique du “philosophe”11 » et, dans un texte que nous avons déjà évoqué12, il indique que la conception qu’il se fait de la philosophie antique dépend en fait de la conception plus générale, et en même temps plus personnelle, de la philosophie qu’il a d’abord adoptée et qui est issue de l’influence conjuguée du bergsonisme et de l’existentialisme. Celle-ci a donc préexisté à ses recherches sur l’histoire et le sens de la philosophie, et la conception de la philosophie antique comme manière de vivre ne s’est peut-être pas imposée à lui aposteriori, comme une simple nécessité d’ordre méthodologique. Dans les entretiens qu’il a accordés à Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, il indique en effet que cette conception lui est venue de la volonté de surmonter certaines difficultés de lecture posées par les textes anciens, difficultés qui se dissipent dès lors qu’on conçoit la philosophie antique comme un ensemble d’exercices spirituels et comme une manière de vivre13. Mais on pourrait se demander s’il ne conviendrait pas d’inverser l’ordre des choses : n’est-ce pas parce que P. Hadot concevait la nécessité de penser la philosophie sous une forme nouvelle qu’il a cherché à en retrouver les fondements dans l’Antiquité ? En ce sens, il a peut-être bien interrogé la philosophie antique à partir d’une situation et d’un problème contemporains. L’analyse de la philosophie antique est donc indissociable d’un diagnostic et d’un jugement sur l’état actuel de la philosophie, et la position de Hadot relève elle-même, en ce sens, d’une position philosophique. On ne peut échapper au cercle interprétatif suivant : c’est toujours au nom d’une certaine conception de la philosophie, qui n’est pas toute la philosophie, que l’on questionne son histoire et que l’on prétend retrouver son sens originel et principiel. Il est donc impossible de revenir au sens même de la philosophie parce qu’il est impossible de se situer hors d’une orientation philosophique pour interroger le sens de la philosophie. Comme nous le montrerons, les analyses de P. Hadot ne sauraient échapper à cette difficulté.
Nous voulons également soulever un second problème, qui ne concerne plus les présupposés de la démarche de P. Hadot mais la méthode qu’il a adoptée pour la mener à bien. On peut en effet considérer que celle-ci est une méthode de type essentialiste, qui consiste, comme son nom l’indique, à chercher l’essence de la démarche philosophique, c’est-à-dire ce qui la définit en propre. Poser la question « qu’est-ce que la philosophie antique ? » (question qui donne son titre à l’un des ouvrages de P. Hadot), c’est privilégier les aspects communs à des pratiques pourtant différentes et à des périodes elles-mêmes différentes, afin de faire apparaître une seule et même conception de la philosophie. Une telle volonté s’explique notamment par le contexte que nous venons de rappeler : Hadot veut critiquer la conception contemporaine de la philosophie et pour cela, il lui faut procéder par distinction et opposition pour mieux mettre en valeur la conception spécifiquement antique. Cette méthode offre l’avantage de dégager certains aspects originaux de la philosophie ancienne, mais elle repose nécessairement sur une forme de généralisation et risque d’aboutir à une réduction du sens de la philosophie à l’une des formes qu’elle a empruntées à un moment de son histoire. En adoptant une approche de type essentialiste, c’est-à-dire en cherchant d’abord et surtout ce qu’est la philosophie, il n’est pas sûr que l’analyse de P. Hadot puisse complètement éviter ce risque.
C’est pourquoi il nous apparaît important d’ouvrir la voie à une autre approche, plus descriptive et pluraliste, qui cherche au contraire à manifester la variété des démarches philosophiques présentes dans l’Antiquité. Pour cela, une attention particulière doit être accordée aux textes anciens qui s’interrogeaient déjà sur le sens de la recherche philosophique : il faut se demander, par exemple, comment la philosophie était perçue par ceux-là mêmes qui la pratiquaient ou tout simplement s’en réclamaient, et en quel sens ils s’en réclamaient. Dans le travail qui va suivre, nous nous appuierons donc souvent sur l’historiographie ancienne de la philosophie (en particulier sur les analyses de Platon, d’Aristote, de Cicéron, ou de Diogène Laërce), parce qu’elle révèle la multiplicité des formes que la philosophie a pu revêtir comme la variété de ses pratiques, et permet ainsi d’échapper à toute forme de réduction du sens de la philosophie à l’une de ses définitions.
À la lumière des deux problèmes que nous venons de signaler, nous chercherons d’abord à restituer les analyses de P. Hadot en insistant sur l’orientation philosophique dont elles dépendent (et que Hadot lui-même nomme « existentielle »). Cette recherche fera principalement l’objet des deux premiers chapitres. Nous essaierons, dans les trois chapitres suivants, de rendre manifestes les limites auxquelles se heurte l’application d’une telle conception de la philosophie aux différents auteurs de l’Antiquité, tout en montrant que la philosophie antique a emprunté des voies multiples et que celles-ci résistent à toute tentative d’unification. À travers cette discussion critique, il ne s’agira donc pas seulement de contester le paradigme que l’on pourrait appeler spiritualiste, mais aussi d’insister sur la nécessité de savoir résister à l’emprise exercée par l’adoption d’un paradigme (de quelque nature qu’il soit). L’étude de la philosophie antique doit d’abord savoir rester attentive à son essentielle diversité.
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Sur ce point, voir S. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1972, p. 25-26.
Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Études augusti- niennes, 1987 (2e éd. rev. et aug.), p. 9.
Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, Folio essais, 1996,
412. Nous soulignons.
Tsakas, « Les Essais de Montaigne, un “exercice spirituel” ? », Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne, 2019/1, no 69, p. 115-121.
Jeanmart, « Les exercices spirituels dans la philosophie de Nietzsche », Philosophique, no 7, 2007, p. 7-24. L’article s’appuie aussi sur des concepts empruntés à l’œuvre de M. Foucault (« pratiques de soi », « esthétique de l’existence », etc.).
Pavie, Exercices spirituels dans la phénoménologie de Husserl, Paris, L’Harmattan, 2009.
Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, op. cit., p. 392 sq.
Voir Moreau et P. Taranto (dir.), Activités physiques et exercices spirituels. Essais de philosophie du sport, Paris, Vrin, 2008.
Greisch, Vivre en philosophant. Expérience philosophique, exercices spirituels et thérapies de l’âme, Paris, Hermann, 2015, p. 11. De même, G. Aubry fait remar- quer que la conception de la philosophie proposée par P. Hadot ne relève pas d’une démarche « antiphilosophique » (qui rejetterait tout discours et tout savoir philosophiques) mais d’une démarche « archiphilosophique », qui entend plutôt revenir aux sources de la philosophie, à ce qui en fait l’essence (l’origine et le principe en même temps). Voir sur ce point, G. Aubry, « La philosophie comme manière de vivre et l’antiphilosophie », dans A. I. Davidson et F. Worms (dir.), Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes, Paris, Éditions rue d’Ulm, 2010, p. 94.
-F. Balaudé, « Rétroaction philosophique : Pierre Hadot, les anciens et les contemporains », dans A. I. Davidson et F. Worms (dir.), Pierre Hadot, l’enseignement des antiques, l’enseignement des modernes, op. cit., p. 37-46.
Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, op. cit., p. 414.
Exercices spirituels et philosophie antique, cit., p. 9.
La philosophie comme manière de vivre. Entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Paris, Librairie générale française, Le Livre de poche, 2003, p. 148. A. I. Davidson attire particulièrement l’attention sur la présentation méthodologique que fait P. Hadot de l’origine de sa conception de la philosophie ancienne. Voir A. I. Davidson et F. Worms, « Apprendre à lire, apprendre à vivre », dans PierreHadot, l’enseignement desantiques, l’enseignement desmodernes, op. cit., p. 9.
-1. Lesémotions, sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Éditions Vrin (collection « Thema »), 2009.
-2.Homère et les philosophes. Actes du colloque international de Poitiers (20-22 mars 2019) sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Éditions Hermann, 2020.
-3.Que peut-on enseigner de la vérité ? Ouvrage collectif sous la direction d’Emmanuel Nal (Mulhouse, LISEC, EA 2310, équipe Normes et Valeurs) et de Sylvain Roux (Poitiers, MAPP, EA 2626), Rennes, Presses universitaires de Rennes (coll. « Paideia »), 2023.
–4. « Athènes et Jérusalem face à la naissance de la philosophie ». Actes du colloque organisé en collaboration avec Philippe Grosos (Université de Poitiers) et Camille Riquier (Institut Catholique de Paris) à l’Institut Catholique de Paris) (7 et 8 décembre 2023). À paraître aux Presses Universitaires de Rennes, 2025.
Articles publiées dans des revues avec comités de lecture
-1. « Platon et l’origine de la tyrannie », Florentia Iliberritana, Revista de Estudios de Antigüedad Clásica (Universidad de Granada), 6, 1995, p. 433-443.
-2. « Aristote et Anaximandre, ou : comment faire l’histoire de la philosophie ? », L’Enseignement Philosophique, 4, Mars-Avril 1999, p. 5-26.
-3. « Entre mythe et tragédie : l’origine de la tyrannie selon Platon », Revue des Études Grecques, Tome 114, n° 2, 2001, p. 140-159.
-4. « Raison et bonheur selon Plotin : une lecture du traité 46 (I 4), 1-4 », Kairos, 25, 2005, p. 199-226.
-5. « La place du destin. Aspects d’un problème dans la pensée de Plotin », Revue des Études Anciennes, T. 113, 2011, n°2, p. 409-429.
-6. « Transcendance et relation. Plotin et l’antinomie du principe », ArchivesdePhilosophie, 75, 2012, p. 49-76.
-7. « Conscience et image. Plotin et le rôle de la phantasia », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 9-10, 2011-2012, p. 81-102.
-8. « Georges Bataille et la question de l’impersonnel. Une expérience néoplatonicienne ? », ArchivesdePhilosophie, 76, 2013, p. 407-423.
-9. « “Ἐπέκεινα τῆς οὐσίας” : une formule platonicienne chez Numénius et Alcinoos ? » Ktêma, 38, 2013, p. 363-373.
-10. « La théorie du Premier moteur : Plotin critique d’Aristote », Les Études platoniciennes, 10, 2013.
-11. « Foucault, Vernant et la question du sujet dans l’Antiquité. Réflexions sur un débat contemporain », Res Antiquae, 11, 2014, p. 189-202.
-12. « Rendre raison du corps : Plotin et le problème de la corporéité », Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 100, 2016, p. 9-25.
-13. « Éthique et ipséité ; Aristote dans la pensée de Paul Ricœur », Philosophie, 132, 2016, p. 100-111.
-14. « Quel nom pour le Principe ? Un problème chez Plotin et Proclus », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 15-16, 2017-2018, p. 545-564.
-15. « Plotin et la liberté selon Bergson », Lo Sguardo, rivista di filosofia, « Bergson dal vivo », a cura di Federica Buongiorno, Rocco Ronchi, Caterina Zanfi, n°26-2018 (I), p. 117-130.
-16. « André Leroi-Gourhan et le devenir de l’homme. Regards d’un préhistorien », Regards croisés. Revue franco-allemande d’histoire de l’art et d’esthétique (Centre allemand d’histoire de l’art / DFK Paris, Humboldt-Universität zu Berlin, Paris 1-Sorbonne/ HiCSA), 2019.
Traduction allemande dans le même numéro : « André Leroi-Gourhan und die zukünftige Entwicklung des Menschen. Der Blick eines Vor- und Frühgeschichtlers ».
-17. « Georges Bataille et René Char : l’écriture et la question du monde », Studia Romanica et Anglica zagrabiensia, Revue publiée par les Sections romane, italienne et anglaise de la Faculté des Lettres de l’Université de Zagreb, vol. LXIV, 2019.
-18. « Is Levinas a Platonist ? », Studia Phaenomenologica, “Phenomenology and the History of Platonism”, guest Editors: Daniele De Santis & Claudio Majolino, vol. 20, 2020.
-19. « De l’Intellect à l’Un : la notion de συνυπόστασις chez Plotin », Chôra, Revue d’études anciennes et médiévales, 18-19, 2020-2021, p. 501-514.
–20. « Platon et la question du commencement : un modèle explicatif original », Théophilyon, Revue des Facultés Catholiques de Théologie et de Philosophie de Lyon, Tome XXVII – vol. 2, 2022, p. 239-256.
–21. « Fonction et ambiguïté de l’ekplexis dans la philosophie néoplatonicienne ». À paraître dans la revue Pallas, 2025.
–22. « L’interprétation plotinienne de Timée 39e et ses difficultés ». À paraître dans la revue Chôra, 2025.
–23. « L’aporétique du principe chez Plotin et Damascius : convergences ou différences ? », À paraître dans le volume « Les Platonismes de l’Antiquité tardive », Éditions E. J. Brill (série « Ancient Philosophy and Religion »), 2026.
Chapitres d’ouvrages collectifs :
-1. « Le statut du corps dans la philosophie platonicienne », in Le corps, sous la direction de J-C. Goddard, Paris, Vrin (Thema), 2005, p. 11-42.
-2. « Le Bien comme Principe : Aristote contre les platoniciens », Le Principe, sous la direction de B. Mabille, Paris, Vrin (Thema), 2006, p. 43-69.
-3. « Le manque et l’écart : la genèse du temps selon Plotin », Le temps, sous la direction de Alexander Schnell, Paris, Vrin (Thema), 2007, p. 35-59.
-4. « L’idée de conversion chez Plotin : remarques sur une difficulté », Métamorphose et conversion. Actes du colloque tenu à la Sorbonne les 21 et 22 mai 2005 (édités par Antoine Faivre), Cahier du Groupe d’Études Spirituelles Comparées 12, Paris, Archè Edidit, 2008, p. 9-33.
-5. « Affectivité et émotion selon Plotin », Les émotions, sous la direction de S. Roux, Paris, Vrin (Thema), 2009, p. 59-82.
-6. « L’ambiguïté néoplatonicienne : Bergson et la philosophie grecque dans le chapitre 4 de L’Évolution créatrice », dans Bergson, L’Évolution créatrice, Paris, Vrin (Études et commentaires), 2010, p. 285-305.
-7. « Pouvoir des élites et aristocratie dans la Politique d’Aristote », La cité et ses élites. Pratiques et représentations des formes de domination et de contrôle social dans les cités grecques. Textes réunis par L. Capdetrey et Y. Lafond, Bordeaux, Editions Ausonius, 2010, p. 49-68.
-8. « Les conditions de la meilleure constitution dans le livre VII des Politiques : Aristote critique de Platon », Les Politiques d’Aristote, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux (« Histoire des pensées »), 2011, p.139-154.
-9. « Maître et disciple dans la tradition platonicienne. L’exemple de Plotin », De l’un à l’autre. Regards comparatifs sur la transmission de maître à disciple, sous la direction d’A. Névot, Paris, Éditions du CNRS, 2013, p. 65-86.
-10. « “Témoigner du différend” : Lyotard, Plotin », L’invisibilité sociale. Approches critiques et anthropologiques, sous la direction d’Hubert Faes, Paris, L’Harmattan, 2013, p. 199-213.
-11. « Platonisme ou aristotélisme ? Matière et forme dans l’Esthétique transcendantale », Actes du colloque international De la sensibilité. Les esthétiques de Kant (29-03 avril 2010), sous la direction de F. Calori, M. Fœssel, D. Pradelle, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 23-35.
-12. « Le modèle de la lumière. Le platonisme en question (E. Levinas, M. Henry) », Ambivalences de la lumière, sous la direction de Charlotte Beaufort et de Marylène Lebrère, Pau, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (collection « Espaces Frontières Métissages »), 2016, p. 25-45.
–13. « Intellection et simplicité. La critique de Métaphysique, Lambda, 9 dans le traité 38 (VI 7) de Plotin », La réception de la théologie aristotélicienne. D’Aristote à Michel d’Ephèse, Louvain-La-Neuve, Peeters (collection « Aristote. Traductions et études), 2017, p. 185-205.
14. « Le principe est-il rythmique ? Le problème de l’usage du néoplatonisme dans la pensée de Bernard Mabille », Du principe à la liberté : hommage à Bernard Mabille, sous la direction de Gilles Marmasse et Alexandra Roux, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2017, p. 61-73.
-15. « Présence de la philosophie ancienne dans l’œuvre de Shakespeare ? Le cas du stoïcisme », Shakespeare au risque de la philosophie, sous la direction de Pascale Drouet et Philippe Grosos, Paris, Hermann, 2017, p. 11-31.
-16. « André Leroi-Gourhan et l’ethnologie comparée », L’ailleurs et l’avant. Comparatisme, ethnologie et préhistoire, J.-L. Georget, Ph. Grosos, R. Kuba (dir.), Paris, Cerf, 2019.
-17. « Ulysse et les tyrans. Sur le sens d’une figure homérique chez Platon », Homère et les philosophes, Actes du colloque international de Poitiers (20-22 mars 2019), sous la direction de Sylvain Roux, Paris, Hermann, 2020.
–18. « La Cité comme origine de la philosophie ? Retour sur une interprétation », Athènes et Jérusalem face à la naissance de la philosophie, sous la direction de Philippe Grosos, Camille Riquier et Sylvain Roux, à paraître aux Presses Universitaires de Rennes, 2025.
Articles de dictionnaires :
-1. « Philippe d’Oponte » (en collaboration avec Tiziano Dorandi), Dictionnaire des Philosophes Antiques, sous la direction de Richard Goulet, Tome V a, de Paccius à Ploutiadès de Tarse, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 294-301.
-2. « Platon. Études d’orientation », Dictionnaire des Philosophes Antiques, sous la direction de Richard Goulet, Tome V a, de Paccius à Ploutiadès de Tarse, Paris, CNRS Éditions, 2012, p. 619-622.
-3. Article « Philosophe », dans le Dictionnaire de l’homme grec antique, Sous la direction de Lydie Bodiou et Véronique Mehl. À paraître aux presses Universitaires de Rennes en 2025.
Traductions :
-1. Porphyre, Sur la manière dont l’embryon reçoit l’âme, travaux édités sous la responsabilité de L. Brisson, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Histoire des doctrines de l’Antiquité classique »), 2012, 383 p. Participation à la traduction collective et responsable des chapitres 17 et 18 du traité.
-2. Proclus, Éléments de théologie, à paraître à la Librairie Philosophique J. Vrin (collection « Histoire des doctrines de l’Antiquité classique »), Paris, 2025. Traduction des chapitres 25 à 39.
Articles de vulgarisation scientifique :
-1. « Quand Platon et Aristote refaisaient le monde », Le Nouvel Observateur, Hors-série « L’origine du monde », Janvier-Février 2011.
-2. « Le Banquet de Platon », Le banquet, de Marseille à Rome, plaisirs et jeux de pouvoir, catalogue de l’exposition présentée au Musée d’Archéologie méditerranéenne (Marseille, 3 décembre 2016-21 juin 2017), Paris, Éditions Lienart, 2016.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement.
Il est indéniable que P. Hadot a ainsi admirablement servi la cause de la philosophie, et de la philosophie antique en particulier, en la replaçant au centre des réflexions contemporaines et en lui redonnant une actualité qu’elle n’avait peut-être plus. Mais, ce faisant, il a accrédité l’idée que la philosophie antique avait un sens que nous avons perdu et a laissé penser que nos propres pratiques de la philosophie lui sont inférieures parce qu’elles s’en sont écartées. En suivant son analyse, on accepte implicitement l’idée que notre conception moderne de la philosophie est d’une certaine manière fautive par rapport à celle de l’Antiquité. Sommes-nous donc condamnés à ne voir l’histoire de la philosophie que comme celle d’une perte ? Ne faut-il pas plutôt s’interroger sur la conception proposée par P. Hadot et sur la valeur paradigmatique qui lui est attribuée ?
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.14.
En ne prenant pas pour acquise et définitive la conception proposée par Pierre Hadot, à savoir que la philosophie est une manière de vivre, et en nous invitant à la questionner, le professeur Sylvain Roux nous étonne et nous ouvre ainsi la porte à une saine réflexion.
(…) Mais on pourrait se demander s’il ne conviendrait pas d’inverser l’ordre des choses : n’est-ce pas parce que P. Hadot concevait la nécessité de penser la philosophie sous une forme nouvelle qu’il a cherché à en retrouver les fondements dans l’Antiquité ? En ce sens, il a peut-être bien interrogé la philosophie antique à partir d’une situation et d’un problème contemporains. L’analyse de la philosophie antique est donc indissociable d’un diagnostic et d’un jugement sur l’état actuel de la philosophie, et la position de Hadot relève elle-même, en ce sens, d’une position philosophique. On ne peut échapper au cercle interprétatif suivant : c’est toujours au nom d’une certaine conception de la philosophie, qui n’est pas toute la philosophie, que l’on questionne son histoire et que l’on prétend retrouver son sens originel et principiel. Il est donc impossible de revenir au sens même de la philosophie parce qu’il est impossible de se situer hors d’une orientation philosophique pour interroger le sens de la philosophie. Comme nous le montrerons, les analyses de P. Hadot ne sauraient échapper à cette difficulté.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.15.
Sous l’influence du succès populaire de la thèse du philosophe Pierre Hadot, nous ne nous sommes pas réellement questionnés comme l’exige toute acte de philosophie. Le professeur Sylvain Roux plonge dans ce questionnement avec tact et une grande précision. Il soulève « Deux problèmes comme clés de lecture ».
Pour ce faire, nous attirerons l’attention sur deux problèmes que pose, selon nous, une telle conception de la philosophie antique. Le premier nous ramène à nos remarques précédentes sur les raisons qui ont contribué à son succès. Nous indiquions que cette conception veut éviter tout anachronisme dans la mesure où elle refuse de chercher à comprendre la philosophie antique à partir de notre conception moderne. Pourtant, n’est-ce pas justement le refus de la forme qu’a empruntée la philosophie moderne et contemporaine qui porte P. Hadot à cette recherche du sens authentique de la philosophie antique ?
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p.14.
Nous voulons également soulever un second problème, qui ne concerne plus les présupposés de la démarche de P. Hadot mais la méthode qu’il a adoptée pour la mener à bien. On peut en effet considérer que celle-ci est une méthode de type essentialiste, qui consiste, comme son nom l’indique, à chercher l’essence de la démarche philosophique, c’est-à-dire ce qui la définit en propre. Poser la question « qu’est-ce que la philosophie antique ? » (question qui donne son titre à l’un des ouvrages de P. Hadot), c’est privilégier les aspects communs à des pratiques pourtant différentes et à des périodes elles-mêmes différentes, afin de faire apparaître une seule et même conception de la philosophie. Une telle volonté s’explique notamment par le contexte que nous venons de rappeler : Hadot veut critiquer la conception contemporaine de la philosophie et pour cela, il lui faut procéder par distinction et opposition pour mieux mettre en valeur la conception spécifiquement antique. Cette méthode offre l’avantage de dégager certains aspects originaux de la philosophie ancienne, mais elle repose nécessairement sur une forme de généralisation et risque d’aboutir à une réduction du sens de la philosophie à l’une des formes qu’elle a empruntées à un moment de son histoire. En adoptant une approche de type essentialiste, c’est-à-dire en cherchant d’abord et surtout ce qu’est la philosophie, il n’est pas sûr que l’analyse de P. Hadot puisse complètement éviter ce risque.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 15-16.
Il ne s’agit pas de déterminer si le philosophe Pierre Hadot a ou non raison de soutenir la thèse à l’effet que la philosophie est une manière de vivre ou de considérer la philosophe comme exercice spirituel. Nous pouvons accepter que la philosophie soit une manière de vivre mais, à la lumière de ce livre du professeur Sylvain Roux, nous ne pouvons plus accepter de définir la philosophie exclusivement comme une manière de vivre.
C’est pourquoi il nous apparaît important d’ouvrir la voie à une autre approche, plus descriptive et pluraliste, qui cherche au contraire à manifester la variété des démarches philosophiques présentes dans l’Antiquité. Pour cela, une attention particulière doit être accordée aux textes anciens qui s’interrogeaient déjà sur le sens de la recherche philosophique : il faut se demander, par exemple, comment la philosophie était perçue par ceux-là mêmes qui la pratiquaient ou tout simplement s’en réclamaient, et en quel sens ils s’en réclamaient. Dans le travail qui va suivre, nous nous appuierons donc souvent sur l’historiographie ancienne de la philosophie (en particulier sur les analyses de Platon, d’Aristote, de Cicéron, ou de Diogène Laërce), parce qu’elle révèle la multiplicité des formes que la philosophie a pu revêtir comme la variété de ses pratiques, et permet ainsi d’échapper à toute forme de réduction du sens de la philosophie à l’une de ses définitions.
À la lumière des deux problèmes que nous venons de signaler, nous chercherons d’abord à restituer les analyses de P. Hadot en insistant sur l’orientation philosophique dont elles dépendent (et que Hadot lui-même nomme « existentielle »). Cette recherche fera principalement l’objet des deux premiers chapitres. Nous essaierons, dans les trois chapitres suivants, de rendre manifestes les limites auxquelles se heurte l’application d’une telle conception de la philosophie aux différents auteurs de l’Antiquité, tout en montrant que la philosophie antique a emprunté des voies multiples et que celles-ci résistent à toute tentative d’unification. À travers cette discussion critique, il ne s’agira donc pas seulement de contester le paradigme que l’on pourrait appeler spiritualiste, mais aussi d’insister sur la nécessité de savoir résister à l’emprise exercée par l’adoption d’un paradigme (de quelque nature qu’il soit). L’étude de la philosophie antique doit d’abord savoir rester attentive à son essentielle diversité.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Introduction, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 16-17.
« Diversité », c’est le mot clé dont se servira le professeur Sylvain Roux pour opposer la multitude des conceptions et des approches de la philosophie antique à l’unicité de la théorie de Pierre Hadot. On ne peut pas déduire que la philosophie mise de l’avant comme une manière de vivre par tous les philosophes de l’Antiquité. Le contexte même de l’Antiquité ne se prête pas à une telle affirmation. Il y a et il y aura toujours des théories et la fin de ces théories n’est pas toujours pratique ou affairant à une manière de vivre.
Une première extrapolation : la théorie et la pratique
Deux conceptions des exercices spirituels sont en effet possibles. La première consisterait à la considérer comme une partie, plu ou moins importante, de la philosophie. Dans ce cas, ils se distingueraient de l’activité philosophique elle-même, tout en ayant pour but d’y préparer ou d’en conforter la pratique. Les exercices spirituels ne seraient alors qu’un auxiliaire, certes important, mais secondaire tout de même par rapport à la démarche philosophique en tant que telle. La seconde conception du statut de ces exercices opérerait une renversement complet de perspective puisqu’elle les considérerait comme le tout de la philosophie. Dès lors, ils n’auraient plus simplement un rôle propédeutique ou pratique, mais ils seraient la philosophie elle-même. Or, c’est bien cette dernière conception que se propose de défendre P. Hadot. Un passage extrait d’un article que nous avons déjà cité en apporte la confirmation :
La vraie philosophie est donc, dans l’Antiquité, exercice spirituel. Les théories philosophiques sont ou bien mises explicitement au service de la pratique spirituelle, comme c’est le cas dans le stoïcisme et l’épicurisme, ou bien prises comme objets d’exercices intellectuels, c’est-à-dire d’une pratique de la vie contemplative qui n’est elle-même rien d’autre qu’un exercice spirituel. Il n’est donc pas possible de comprendre les théories philosophiques de l’Antiquité sans tenir compte de cette perspective concrète qui leur donne leur véritable signification(23).
La défense de ce que nous avons désigné comme la seconde conception du statut des exercices spirituels s’appuie ici sur deux arguments. Le premier consiste à inverser le rapport établi traditionnellement entre théorie et pratique. La philosophie comporte bien, dans tous les courants de pensée qui s’en réclament, une dimension théorique à travers laquelle elle cherche à comprendre le monde sous ses différents aspects, et la distinction entre pratique et théorie trouve en partie sa source chez les philosophes eux-mêmes. Ainsi Aristote distingue-t-il différentes branches de la philosophie. L’une d’elles, la partie théorétique, consiste selon lui en une étude purement désintéressée des types de réalités qui comprend l’ensemble du Réel(24). Elle s’oppose à la partie pratique, constituée notamment de l’éthique et de la politique. (…)
______
(23) Voir l’article « Exercices spirituels », dans P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Études augustiniennes, 1987 (2ème éd. revue. et augmentée.), p. 51.
(24) Pour cette classification des sciences, vois notamment Aristote, Métaphysique, E, 1. 1025 b 25 sq. et K, 7, 1064 a 10 sq, L’activité théorétique est présentée comme une activité désintéressée, ayant donc sa fin en elle-même, dans l’Éthique à Nicomaque, X, 7, 1177 b 1-4.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, 1. Pierre Hadot et le problème des exercices spirituels, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 32-33.
J’ai lu le livre « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Hadot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001) et j’ai fait mon rapport de lecture. J’ai accordé à ce livre de Pierre Hadot 2½ étoiles sur 5. Bref, si je n’avais pas de problème avec la philosophie comme manière de vivre ou, plus précisément, comme influenceur de la manière de vivre, j’en ai questionné sérieusement l’argumentaire selon ma propre expérience de vie.
À la lecture du livre du professeur Sylvain Roux, notamment de la citation d’un article se rapportant à Pierre Hadot (ci-dessus), je me rends à l’évidence que Pierre Hadot ne propose pas la philosophie comme manière de vivre mais veut plutôt l’imposer comme on défend un dogme. Pierre Hadot croit en ce qu’il avance, c’est-à-dire qu’à ses yeux il exprime une vérité. Il fait donc d’une interprétation une vérité, ce qui ne cadre pas du tout avec ma propre conception de la philosophie qui doit prendre ses distances de toutes croyances.
Le professeur Sylvain Roux dans son livre « La philosophie antique comme exercice spirituels ? » démontre clairement que la philosophie a des racines historiques au-delà de celle de Socrate, contrairement à ce que prétend Pierre Hadot, à savoir que tout a commencé avec Socrate.
La philosophie selon Socrate : une rupture
De quelle manière P. Hadot montre-t-il que Socrate, par ses attitudes et par le dialogue, en vient à rompre avec cette conception dont nous venons de voir qu’elle prévalait jusqu’alors ?
Notons-le pour commencer, P. Hadot n’ignore rien, bien sûr, de sens premier du terme « philosophie » (ou des termes dérivés et apparentés) puisqu’il présente et analyse les textes auxquels nous avons précédemment fait allusion pour rappeler les origines de la notion de philosophie. Mais, selon lui, par sa pratique originale, Socrate est celui qui va inspirer à Platon et à tous ses successeurs le sens qu’ils reconnaîtront à la philosophie, en la dégageant du sens premier attaché à la notion (12). Cela suppose de considérer que le sens socratique ou, du moins, le sens qui provient de la pratique socratique, est bien le sens fondamental de la philosophie. Comme si, avec Socrate, celle-ci trouvait progressivement la forme qui sera définitivement la sienne. Une telle conception comme nous allons le voir, ne va pas de soi, notamment parce que certains témoignages de l’Antiquité donnent à voir une réalité en partie différente.
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(12) Socrate, selon P. Hadot, connaissait probablement ce sens premier du terme « philosophie » comme « culture générale que les sophistes et d’autres pouvaient dispenser à leurs élèves ». Il s’y référait peut-être encore avant que Platon n’expose le sens nouveau issu du modèle de vie qu’il lui a inspiré. Voir Qu’est ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, coll. Folio essais, 1996, p. 70.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 48.
Puis-je interpréter l’approche de Pierre Hadot comme une « perversion » de l’origine de la notion de philosophie, comme si tout avait commencé avec Socrate, comme si seul Socrate était digne d’être dit le premier vrai philosophe ? Le professeur Sylvain Roux démontre que la notion de philosophie apparaissait chez les présocratiques et, par conséquent, que Socrate n’est pas la source originale de la philosophie et encore moins en rupture avec le passé.
(…) Considérer que la philosophie a pris avec Socrate un tour nouveau, absolument révolutionnaire, c’est donc se heurter à un élément surprenant : seuls ses disciples semblent l’avoir perçu. Pour ceux qui ne l’étaient pas, c’est plutôt une certaine continuité qui prévalait à leurs yeux. On peut donc se demander si ce ne sont pas les disciples de Socrate qui ont construit cette image d’un homme qui rompt totalement avec les pratiques de son temps. L’interprétation de P. Hadot en est en grande partie dépendante et elle a plutôt tendance à gommer, selon nous, l’ambiguïté des témoignages qui nous sont parvenus.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 54.
En conclusion, on voit que les témoignages relatifs à Socrate ne permettent pas d’en dresser un portrait uniforme et sans ambiguïté. Certains d’entre eux manifestent bien son intérêt pour l’étude des phénomènes naturels, comme sa volonté de parvenir au vrai et de posséder un savoir qui puisse s’enseigner. En ce sens, ces différents aspects dessinent un personnage qui présente des éléments de continuité avec ses prédécesseurs et ses contemporains.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 56.
Socrate en sait davantage qu’il ne l’affirme, et ce, en relation avec le passé de la philosophie. Le « Je sais que je ne sais rien » fait davantage référence à l’incapacité de Socrate à maîtriser la connaissance des phénomènes naturels à sa satisfaction. Pour autant, Socrate affiche tout même un savoir éthique, notamment ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.
Le sens du souci de soi
L’interprétation de P. Hadot ne s’appuie pas que sur ces témoignages. Comme on l’a vu, la démarche socratique repose sur la reconnaissance de sa propre ignorance. Mais, ce qui est le plus important pour P. Hadot, c’est qu’elle ne débouche pas pour autant sur la recherche d’un nouveau savoir mais bien plutôt sur la pratique du souci de soi et sur une nouvelle manière d’être. En indiquant clairement vouloir privilégier ce qu’il appelle le souci de soi. Socrate revendiquerait une forme de refus du savoir au bénéfice d’une dimension purement éthique de la philosophie. La rupture serait alors radicale par rapport à ses prédécesseurs puisque la fin de la démarche philosophique serait désormais « existentielle ». (…)
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 56.
Se référant au dialogue platonicien l’Alcibiade majeur, le professeur Sylvain Roux nous informe de ce « soi » :
(…) Le soi dont il est question ici n’est pas encore exactement l’âme dont parlera la seconde partie du dialogue (c’est-à-dire une entité métaphysique particulière). Le terme renvoie plutôt ici à l’ensemble des qualités acquises qui constituent la personnalité et à l’ensemble des savoirs, des compétences qu’un individu possède. Ajoutons par ailleurs qu’un tel projet n’a pas nécessairement une dimension éthique. Ce que Socrate signale à Alcibiade, c’est que, s’il veut réussir et atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, il doit se soucier de lui-même. Socrate ne se demande pas ici si cet objectif est en lui-même acceptable et justifiable, alors qu’on pourrait estimer, par exemple, que son projet de toute puissance relève d’une forme de démesure (ὕβρις).
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, p. 59.
(…) Or, comme nous l’indiquions précédemment, les analyses de P. Hadot tendent à montrer que la démarche socratique est essentiellement « existentielle », au sens où elle provoque, chez l’interlocuteur, une profonde remise en question qui doit le conduire à adopter un nouveau mode de vie. La souci de soi vise une réforme morale de l’individu. Pourtant, dans la première partie de l’Alcibiade, Socrate n’invite pas Alcibiade à changer de vie, à se réformer, mais seulement à cherche à acquérir les compétences qui lui manquent pour réaliser son projet, ou, tout du moins, pour s’en donner les moyens. Il l’appelle ainsi à appliquer tous ses soins à lui-même pour améliorer son état, c’est-à-dire à faire preuve d’une qualité qui n’est pas à proprement parler une qualité philosophique mais une aptitude des Grecs en général, par laquelle ils se distinguent des barbares (48).
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(48) Voir Platon, Œuvres complètes, t. I : Introduction, Hippias mineur, Alcibiade, Apologie de Socrate, Euthyphron, Criton, trad. M. Croiset, Paris, Les Belles Lettres, coll. des universités de France, 1920 (trad. M. Croiset modifiée). 123 d 2-5.
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, II. Socrate : une conception existentielle de la philosophie ?, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 59-60.
Est-il besoin d’adopter un nouveau style de vie pour contrer son ignorance ? Personnellement, lorsque je prends conscience de mon ignorance, je ne change pas de manière de vivre. Je cherche plutôt à savoir ce que je ne sais pas, à mettre à l’épreuve ma capacité de comprendre ce que je trouverai. Je ne suis pas automatiquement un ignorant qui s’ignore. Ce n’est que si je prends pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense, dans ce cas, je suis ignorant car je ne doute pas de ce que je pense.
EN COMPLÉMENT – ARTICLE DE REVUE TIRÉ DE
L’Enseignement philosophique
La figure de Socrate chez Pierre Hadot : motifs kierkegaardiens
Par Vincent Delecroix
Le sens d’un retour à Socrate
Si l’on veut comprendre l’enjeu de la figure de Socrate chez Hadot – c’est-à-dire d’abord pourquoi il est question d’une figure – il faut s’interroger sur la signification, à la fois historique et conceptuelle, de ce geste récurrent de la philosophie qui consiste à « revenir » à Socrate pour se comprendre elle-même. C’est Hadot lui-même qui nous y incite.
Dans « Éloge de Socrate » [1], en effet, Hadot ne cherche pas retrouver le « vrai » Socrate, mais à déceler l’usage de sa figure dans ses reprises successives et à rendre raison de sa construction. Si ce n’est pas Socrate qui l’intéresse, mais bien la figure de Socrate et sa signification dans l’histoire de la philosophie [2], il nous invite à comprendre le sens philosophique de ce geste qui consiste à invoquer Socrate tout autant qu’à l’évoquer, et à faire jouer sa figure dans (ou peut-être contre) l’histoire de la philosophie. Geste de rappel et injonction, paradoxal en ce sens qu’il est à la fois ce qui voudrait établir une continuité entre l’origine et les développements de la philosophie et ce qui brise cette continuité, en faisant jouer l’origine contre une histoire qui se caractériserait comme un oubli de Socrate, c’est-à-dire d’abord, selon les catégories de Hadot, contre la philosophie conçue comme simple « discours philosophique » recouvrant le philosopher comme « manière de vivre ».
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[1] La figure de Socrate est traitée par P. Hadot dans deux grands textes, qui portent le même titre mais ont un contenu différent. D’un côté dans Qu’est-ce que la philosophie antique ? Paris, Gallimard (Coll. : Folio Essais), 1995. De l’autre, il y a le texte repris dans Exercices spirituels et philosophie antique, sous le titre de « Figure de Socrate » également, mais qui reproduit le texte d’une conférence donnée à Ascona en 1974 sous le titre de « Éloge de Socrate » et publiée la même année dans la revue Eranos. C’est sous ce dernier titre d’ailleurs qu’il est paru séparément aux éditions Allia. La fusion entre la description de la figure et son éloge est évidemment un signe.
[2] Cf. P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Paris, Albin Michel, 2002, p. 102 : « Je ne cherche pas ici à retrouver, à reconstituer ce Socrate historique. Ce que je vais essayer de vous présenter maintenant.
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Source : Delecroix, V. (2013). La figure de Socrate chez Pierre Hadot : motifs kierkegaardiens. L’Enseignement philosophique, 63e Année(1), 36-47. https://doi.org/10.3917/eph.631.0036.
Je pourrais poursuivre citation après citation du livre « La philosophie antique comme exercice spirituels ? – Un paradigme en question » du professeur Sylvain Roux et ainsi alimenter davantage mon rapport de lecture mais ce serait gâcher la découverte de cette œuvre tant étonnante qu’originale. En voici donc une toute dernière.
Le conception de la philosophie ancienne que propose P. Hadot repose sur un refus. En effet, à une conception qu’il présente essentiellement moderne, et qui a réduit la philosophie à un discours théorique sur le monde, il oppose une autre conception, selon laquelle celle-ci ne fut pas d’abord ni seulement un discours et une étude mais avant tout une pratique (consistant à se transformer soi-même). Cette nouvelle conception ne vise pas simplement à réhabiliter la dimension pratique pour lui redonner une place à côté de la dimension théorique, mais à opérer un véritable renversement de perspective : désormais, la philosophie se ramène intégralement à sa dimension pratique puisque le discours théorique n’est lui-même qu’une modalité de la pratique dans la mesure où il prend la forme d’exercices spirituels qui doivent contribuer à une nouvelle manière d’être du sujet. L’objectif de P. Hadot est donc de remettre en cause le partage entre théorie et pratique au nom duquel une certaine conception de la philosophie est devenue, selon lui, dominante. Il le fait en soulignant, comme nous l’avons vu, le rôle essentiel de Socrate dans l’émergence de la conception originelle de la philosophie (comme manière de vivre).
ROUX, Sylvain, La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question, Conclusion – Les voies de la philosophie, coll. Anagôgê, Société d’édition Les Belles Lettres, Paris, 2024, pp. 59-60.
Si la philosophie converge dans une manière de vivre, il faut alors mettre en perspective la vie même des philosophes, ce que Oreste Saint-Drôme a fait dans son livre « Comment choisir son philosophe – Guide de première urgence à l’usage des angoissé métaphysiques » (lire ma rapport de lecture).
Orestre Saint-Drôme nous propose « la voie des affinités électives » pour « Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant ». Cette voie « passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe ». J’ai mentionné en introduction à cet article, trouver un philosophe ayant vécu ou vivant en harmonie avec sa philosophie s’avère difficile, du moins, selon les mini-biographies proposées par Oreste Saint-Drôme dans son livre. Je me suis donc rabattue sur la seconde voie :« L’autre accès consiste à choisir préalablement sa question et à trouver la réponse la plus adéquate dans l’œuvre du philosophe le plus approprié ». On trouve ce tableau dans à la fin du livre :
Dans l’Antiquité, vous auriez utilisé comme médicament une théorie plus ou moins diluée ou une combinaison de plusieurs doctrines. Aujourd’hui, le choix est encore plus vaste pour entreprendre une mono ou une plurithérapie. C’est cette pharmacopée – ancienne et moderne – que nous vous présentons dans le tableau suivant.
Source : Saint-Drôme, Oreste, Comment choisir son philosophe ?, Paris, Éditions La Découverte, 2000, p. 197.
Toutes les théories philosophiques ne se conçoivent pas dans le but d’être mise en pratique dans une manière de vivre. Dans le bonheur de vivre vient en amont le bonheur de penser. Mener un vie vertueuse, éthiquement correct, c’est bien, même très bien, même si l’objectif ne sera jamais atteint. « Je tends vers… », « Je m’efforce de… ».
Mais ce que j’aime le plus de la philosophie, c’est qu’elle me donne à penser et plus un ouvrage me donne à penser, plus il gagne en nombre d’étoiles.
J’accorde cinq étoiles sur cinq
au livre La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question
de SYLVAIN ROUX
paru en 2024 à la Société d’édition Les Belles Lettres.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME, sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines. / Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? » Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
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Au cœur des indéniables progrès de la société moderne, logent de grandes menaces qui entraîneraient pour nous tous une perte du sens même de notre vie, une éclipse des finalités essentielles face à la raison instrumentale et, en fin de compte, le déclin de la liberté. Voilà, selon Charles Taylor, le profond malaise qu’éprouve l’homme moderne.
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Philosophe et politicologue de réputation internationale, Charles Taylor est professeur émérite de l’Université McGill de Montréal. En plus de nombreux articles marquants, il est l’auteur d’ouvrages majeurs dont Hegel et la société moderne, Les sources du moi : la formation de l’identité moderne et La diversité de l’expérience religieuse aujourd’hui. William James revisité.
Portrait du philosophe Charles Taylor réalisé lors d’un rassemblement devant le Palais de justice de Montréal, 5 Mai 2019, Auteur de la photographie : Lëa-Kim Châteauneuf (Wikipédia).
Charles Margrave Taylor, né le 5 novembre 1931 à Montréal (Québec), est un philosophe canadien.
Il est professeur émérite de science politique et de philosophie à l’Université McGill (Montréal) où il enseigne de 1961 à 19971. Sa réflexion se situe au carrefour de nombreux courants de pensée et disciplines : la philosophie analytique, la phénoménologie, l’herméneutique, la philosophie morale, la philosophie de la religion, l’anthropologie, la sociologie, la philosophie politique et l’histoire. Cette variété de thèmes est abordée selon une constante continuité d’inspiration et de style2. Ses écrits sont traduits en plus de vingt langues.
En 2007, il est nommé par le gouvernement québécois coprésident de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (CCPARDC, dite « Commission Bouchard–Taylor ») avec le sociologue et historien Gérard Bouchard.
Au cours de l’hiver 2007, Charles Taylor, à la demande du gouvernement du Québec, est devenu le co-président d’une Commission sur la délicate question du choc des cultures et des religions, dont on souhaite limiter les effets grâce à ce qu’on appelle ici des accommodements raisonnables. Nous profitons de cette occasion pour présenter l’œuvre de Charles Taylor en des termes tels que le plus grand nombre possible de ses concitoyens puissent la comprendre et s’en inspirer dans le débat en cours.
Charles Taylor – Interpretation, modernity, and identity. Charles Taylor – Interprétation, modernité et identité. Le Cercle herméneutique, Argenteuil 2014.
La voix de Charles Taylor est d’autant plus précieuse à entendre pour penser et se déterminer aujourd’hui qu’elle s’élève sur le fond d’un engagement à la fois théorique et pratique dans la concrétude des problèmes que peuvent soulever les pays d’immigration comme le Canada, où le vivre ensemble de cultures différentes n’est pas une donnée initiale, mais doit se conquérir ou s’inventer. Mais on comprend d’autant mieux la centralité de l’interrogation relative à ce qui fait notre modernité et, dans ce contexte, à notre identité, et de la question de l’interprétation, dans la pensée de Taylor, que ce genre de problèmes tend en effet à se propager à l’ensemble de nos sociétés. Celles-ci se voient en effet confrontées à des flux croissants de populations qui sont loin de signifier la fin de la vie provinciale par l’accroissement des échanges, puisque ces flux sont souvent forcés, en particulier lorsqu’ils résultent de politiques de purification ethnique comme on l’a encore récemment vu en Afrique, en Asie et en Europe. La tentation, dans nombre de nos sociétés, d’un repli communautaire frileux sur ses particularismes et le renoncement à vivre dans l’universel au profit d’une jouissance standardisée de biens de consommation produits à l’échelle planétaire, va dans le même sens ; succomber à une telle tentation marquerait l’avènement d’un « monde » dont l’ordre obéirait au modèle d’un bazar koweitien entouré d’une multitude de clubs privés, pour reprendre la com – paraison de Richard Rorty.
Grandeur et misère de la modernité – Rencontre avec Charles Taylor – Émission du 25 novembre 2001 – Télé-Québec (Archives WIKI).
Parcours
Charles Taylor est né en 1931 à Outremont de père anglophone et de mère francophone.
Pour céder à la tentation, ou la manie, des palmarès, il faut dire que Charles Taylor est, selon Guy Laforest, politologue de l’Université Laval, « le plus important intellectuel du vingtième siècle au Québec, avec Fernand Dumont ». Mais sa renommée ne se termine pas à la frontière du Québec, loin de là, puisque selon Richard Rorty, philosophe américain important: « Charles Taylor compte parmi la douzaine de philosophes les plus importants qui écrivent aujourd’hui dans le monde. Ce qui est beaucoup. Bien que lui-même se considère plutôt comme un marginal dans l’univers de la philosophie. »
Trois lectures de Grandeur et misère de la modernité de Charles Taylor
Gagnon, Martin (2005). Trois lectures de Grandeur et misère de la modernité de Charles Taylor. Mémoire. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, 105 p.
The Explanation of Behaviour (London: Routledge and Kegan Paul, 1964)
The Pattern of Politics (Toronto: McClelland and Stewart, 1970).
Part of chapter 7 reprinted in Apex of Power, Thomas A. Hockin, ed. (Scarborough, Ontario: Prentice-Hall, 1971) pp. 108-13.
Chapter 8, « A Canadian Future, » reprinted in his Reconciling the Solitudes, pp. 23-39.
Erklärung und Interpretation in den Wissenschaften vom Menschen. Vorwort von Garbis Kortian (Frankfurt: Suhrkamp, 1975)
Hegel (Cambridge: Cambridge University Press, 1975)
German translation: Hegel (Frankfurt: Suhrkamp, 1978)
Swedish translation: Hegel (Stockholm: Symposion Bokförlag, 1986)
Chinese translation:黑格尔 / Heige’er. Translated by Zhang Guoqing, Zhu Jindong yi. (译林出版社, Nanjing : Yi lin chu ban she, 2002.)
Hegel and Modern Society (Cambridge: Cambridge University Press, 1979)
Japanese translation: (Tokyo: Iwanami Shoten, 1980)
Spanish translation: Hegel v la sociedad moderna (Mexico: Fondo de cultura economica, 1983)
Italian translation: Hegel e la società moderna (Bologna: Il Mulino, 1984)
Chinese translation: 黑格尔与现代社会 / Heige’er yu xian dai she hui (Taipei: Modern Foreign Press, 1988 / 吉林出版集团有限责任公司; Changchun Shi : Jilin chu ban ji tuan you xian ze ren gong si, 2009, translated by M. XU Wenrui).
Swedish translation: Hegel och det moderna samhället (Göteborg: Röda Bokförlaget, 1991)
French translation: Hegel et la société moderne (Sainte-Foy, Québec: Presses de l’Université Paris: Éditions du Cerf Laval, 1998)
Persian translation: (Tehran: Nashr-nov Press, 2001)
Reprint: Hegel and Modern Society (Cambridge Philosophy Classics). Cambridge: Cambridge University Press, 2015.
Abstract:
This rich study explores the elements of Hegel’s social and political thought that are most relevant to our society today. Combating the prevailing post-World War II stereotype of Hegel as a proto-fascist, Charles Taylor argues that Hegel aimed not to deny the rights of individuality but to synthesise them with the intrinsic good of community membership. Hegel’s goal of a society of free individuals whose social activity is expressive of who they are seems an even more distant goal now, and Taylor’s discussion has renewed relevance for our increasingly globalised and industrialised society. This classic work is presented in a fresh series livery for the twenty-first century with a specially commissioned new preface written by Frederick Neuhouser.
Social Theory As Practice (Delhi: Oxford University Press, 1983)
Pp. 1-27 reprinted as « Social Theory and Practice, » in his Philosophy and the Human Sciences, pp. 91-115.
Pp. 28-47 reprinted as « Understanding and Ethnocentricity, » in his Philosophy and the Human Sciences, pp. 116-133.
Pp. 48-67 reprinted as « The Concept of a Person, » in his Human Agency and Language, pp. 97-114.
Human Agency and Language: Philosophical Papers 1 (Cambridge: Cambridge University Press, 1985). [Google Books]
Philosophy and the Human Sciences: Philosophical Papers 2 (Cambridge: Cambridge University Press, 1985). [Google Books]
Negative Freiheit? Zur Kritik des neuzeitlichen Individualismus. Nachwort von Axel Honneth (Frankfurt: Suhrkamp, 1988)
Sources of the Self: The Making of the Modern Identity (Cambridge: Harvard University Press, 1989). [Google Books]
Italian translation: Radici dell’Io. La costruzione dell’identità moderna (Milano: Feltrinelli, 1993)
German translation: Quellen des Selbst: Die Entstehung der neuzeitlichen Identität (Frankfurt: Suhrkamp, 1994)
Spanish translation: Fuentes del yo: la construcción de la identidad (Barcelona: Paidós, 1996)
Brazilian Portuguese translation: Fontes do Self: A construção da Identidade Moderna (São Paulo, Loyola, 1997)
French translation: Les sources du moi: la formation de l’identité moderne (Montréal: Boréal, 1998)
Chinese translation: 自我的根源 : 现代认同的形成 / Zi wo de gen yuan : xian dai ren tong de xing cheng. Translated by Han Zhen, et. al. (译林出版社, Nanjing : Yi lin chu ban she, 2001.)
Serbian Translation Izvori sopstva: stvaranje modernog identiteta, (Akademska knjiga, Novi Sad, 2008)
Greek translation Piges tou eautou (Athens:Indiktos, 2007).
Japanese translation: 自我の源泉 : 近代的アイデンティティの形成 / Jiga no Gensen: Kindaiteki Aidentiti no Keisei. (Nagoya: University of Nagoya Press, 2010). Translated by Kiyoshi Shimokawa, Tetsu Sakurai and Tomohiko Tanaka.
Croatian translation: Izvori sebstva. Razvoj modernog identiteta, trans. by Marina Miladinov, Naklada Breza, 2011.
The Malaise of Modernity (Concord, Ontario: Anansi, 1991). Republished as The Ethics of Authenticity (Cambridge: Harvard University Press, 1992) PDF
French translation: Grandeur et misère de la modernité (Montréal: Bellamin, 1992)
French translation: La Malaise de la Modernité (Paris: Le Cerf, 1994)
Italian translation: Il disagio della modernità, (Roma: Editori Laterza, 1994)
Dutch translation: De malaise van de Moderniteit (Kok Agora/Pelckmans, 1994)
Spanish translation: La ética de la Autenticidad (Barcelona: Paidós, 1994)
Chinese translation: 现代性之隐忧 / Xian Dai Xing Zhi Yin You. Translated by M. Cheng Lian. (Beijing: 2001); 本真性的倫理 / Ben zhen xing de lun li. (上海三聯書店, Shanghai Shi : Shanghai san lian shu dian, 2012).
Slovenian Translation: “Nelagodna sodobnost,” Claritas, Ljubljana, Študentska založba, 2000
Serbian Translation: Bolest modernog doba, Beogradski krug, Beograd, 2002.
Ukrainian translation: Etyka avtentychnosti, (Kyiv: Dukh i litera, 2002)
Portuguese translation: A Ética Da Autenticidade [The Ethics of Authenticity] . Trans. Talyta Carvalho. Realizações Editora, 2011.
Multiculturalism and ‘The Politics of Recognition’, Amy Gutmann, ed. (Princeton: Princeton University Press, 1992)
Republished with additional commentaries as Multiculturalism: Examining the Politics of Recognition, Amy Gutmann, ed. (Princeton: Princeton University Press, 1994)
Reprinted in his Philosophical Arguments pp. 225-56.
Pp. 25-40 reprinted in Campus Wars: Multiculturalism and the Politics of Difference, John Arthur and Amy Shapiro, eds. (Boulder: Westview, 1995) pp. 249-63.
German translation: Multikulturalismus und die Politik der Anerkennung (Frankfurt: Fischer, 1993)
Italian translation: Multiculturalismo: La politica del riconoscimento (Milano: Anabasi, 1993)
Spanish translation: El multiculturalismo y ‘La politica de reconocimiento’ (Fondo de Cultura Economica, 1993)
Dutch translation: Multiculturalisme (Boom, 1995)
Swedish translation: Det mångkulturella samhället och erkännandets politik (Göteborg: Daidalos, 1995)
Italian translation: Multiculturalismo: Lotte per il riconoscimento ( Milano: Feltrinelli, 1998)
French translation: Multiculturalisme: Différence et démocratie (Paris: Aubier, 1994)
Japanese translation: Maruchikaruchurarizumu (Tokyo: Iwanami Shoten, 1996)
Slovenian Translation: “Politika priznanja”, Nova revija, Letn. 24 [i. e. 25], št. 285/286 (jan./feb. 2006), str. 217-247.
Serbian Translation: « Multikulturalizam i politika priznanja » in Habitus, Novi Sad, No. 9-10/2003-4, pp. 179-2001
Rapprocher les solitudes: écrits sur le fédéralisme et le nationalisme au Canada, Guy Laforest, ed. (Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1992)
English edition: Reconciling the Solitudes: Essays in Canadian Federalism and Nationalism, Guy Laforest, ed. (Montreal and Kingston: McGill-Queen’s University Press, 1993)
Spanish translation: Acercar las soledades: federalismo y nacionalismo en Canada (Donostia: Tercera Prensa, 1999)
[with Vitit Muntarbhorn] Roads to Democracy: Human Rights and Democratic Development in Thailand (Bangkok and Montreal: International Centre for Human Rights and Development, 1994)
Philosophical Arguments (Cambridge, Mass: Harvard University Press, 1995)
Brazilian Portuguese translation: Argumentos Filosóficos (São Paulo, Loyola, 2000)
Identitet, Frihet och Gemenskap: Politisk-Filosofiska Texter, Harald Grimen, ed. (Göteborg: Daidalos, 1995)
De politieke Cultur van de Moderniteit (The Hague: Kok Agora, 1996)
La liberté des modernes. Essais choisis, traduits et présenté par Philippe de Lara (Paris: Presses Universitaires de France, 1997)
A Catholic Modernity? Charles Taylor’s Marianist Award Lecture, with responses by William M. Shea, Rosemary Luling Haughton, George Marsden, and Jean Bethke Elshtain, James L. Heft, ed. (Oxford University Press, 1999)
Reprinted in Believing scholars: ten Catholic intellectuals, ed. by James L. Heft (New York: Fordham University Press, 2005).
Italian translation (of Taylor’s Lecture only) in La modernità della religione, Paolo Costa ed. (Rome: Meltemi, 2004), pp. 81-109
Wieviel Gemeinschaft braucht die Demokratie? Aufsätze zur politische Philosophie (Frankfurt: Suhrkamp, 2002).
Varieties of Religion Today: William James Revisited (Cambridge, Mass: Harvard University Press, 2002)
German translation: Die Formen des Religiösen in der Gegenwart (Frankfurt am Main: Suhrkamp 2002)
Polish translation: Oblicza religii dzisiaj (Cracow: Znak, 2002)
Italian translation in La modernità della religione, Paolo Costa ed. (Rome: Meltemi, 2004), pp. 81-109.
Dutch Translation: Wat betekent religie vandaag? ed. and trans. by Guido Vanheeswijck (Kapellen: Pelckmans. Kampen: Klement, 2003).
Spanish Translation: Las variedades de la religión hoy (Barcelona: Paidós, 2003).
Modern Social Imaginaries, Dilip Gaonkar, Jane Kramer, Benjamin Lee and Michael Warner, eds. (Durham, NC: Duke University Press, 2004). [Google Books].
Italian translation: Gli immaginari sociali moderni, Paolo Costa, ed. (Rome: Meltemi, 2005)
Chinese translation: 現代性中的社會想像 / Xian dai xing zhong de she hui xiang xiang. Translated by Shang-yuan Li. (商周出版 : 家庭傳媒城邦分公司發行 ; 農學總經銷, Tai bei shi : Shang zhou chu ban : Jia ting chuan mei cheng bang fen gong si fa xing ; [Tai bei xian xin dian shi] : Nong xue zong jing xiao, 2008.01.)
A Secular Age. Cambridge: Belnap Press of Harvard University Press, 2007.
Italian translation: L’età secolare, Paolo Costa, ed. (Milan: Feltrinelli, 2009)
Czech translation: Sekulární Věk. Dilemata Moderní Společnosti. Vybrané Kapitoly [A Secular Age, selections] . Translated by Ondřej Štěch and Tomáš Chudý. Praha: Filosofia, 2013.
Abstract:
Co to znamená, když řekneme, že žijeme v sekulární době? V odpovědi na tuto otázku Charles Taylor dokládá, jakým zásadním způsobem se v průběhu posledních staletí změnilo postavení náboženství v západních společnostech. Český překlad vybraných kapitol Taylorova rozsáhlého díla ukazuje historický vývoj sekulárních aspektů moderní doby a objasňuje, jak se tyto změny promítají do naší současnosti a jaké důsledky to s sebou nese.
Spanish Translation: La Era Secular. Translated by Marta Beltrán Bahón and Ricardo Garcia Pérez. Barcelona: Gedisa, 2015.
Abstract:
En los últimos siglos Occidente ha ensanchado su abanico de opciones en cuestiones de creencia, ya sean religiosas, ateas u otras difíciles de clasificar. Iniciando un proceso paulatino de declive de la fe y retirada de la religión de la vida pública. Este retroceso supone un cambio impactante si pensamos en el papel que hasta hace poco jugaban las iglesias cristianas en el mundo Occidental. ¿Por qué ha sucedido todo esto? ¿Cuáles son los rasgos del nuevo paisaje espiritual? La era secular es el ensayo escrito más ambicioso y sobresaliente sobre el complejo proceso de secularización en Occidente que aún sigue en marcha. El filósofo Charles Taylor desgrana, en este segundo volumen, el cambio de las condiciones de la fe que desde la Ilustración socavaron las viejas formas y sentaron las bases de una nueva alternativa humanista. Sin embargo, este debilitamiento de las representaciones anteriores no ha sido incompatible con la persistencia de cierto anhelo de religiosidad, lo cual se traduce en nuestros días, en el florecimiento de múltiples alternativas a veces contradictorias y en un novedoso pluralismo en cuestión de espiritualidad.
French translation: L’Âge Séculier. Translated by Patrick Savidan. Montréal: Boréal; Paris: Seuil, 2011.
German translation: Ein säkulares Zeitalter. Translated by Joachim Schulte. Berlin: Suhrkamp, 2010.
Serbian translation: Doba Sekularizacije. Translated by Slobodan Damnjanović and Slobodan Divjak. Beograd: Albatros plus : Službeni glasnik, 2011.
[With Jocelyn Maclure]. Laïcité et liberté de conscience. Montreal: Boréal, 2010. [Publisher’s Page]
English Translation: Secularism and Freedom of Conscience, Cambridge, MA: Harvard University Press, 2011. [Publisher’s Page]
Spanish Translation: Laicidad y libertad de conciencia. Alianza Editorial, 2011.
German Translation: „Laizität und Gewissensfreiheit“. Aus dem Französischen von Eva Buddeberg und Robin Celikates. Suhrkamp Verlag, Berlin 2011.
Italian Translation: La Scommessa Del Laico, translated by Federica Giardini. Roma: Laterza, 2013.
Dilemmas and Connections: Selected Essays. Cambridge, Mass. : Belknap Press of Harvard University Press, 2011. [Google Books]
In this essay Charles Taylor defines what is essential to democracy beyond its institutional manifestations—namely, representative institutions, popular suffrage, and political parties. Taylor supports a republican democratic theory, which he opposes to neoliberal democracy. Neoliberalism views democracy instrumentally and attaches no intrinsic value to political participation and self-government. Following Tocqueville, Taylor emphasizes the identification of citizens with the common good while rejecting monolithic constructions of a Rousseauean general will. Taylor seeks to outline a republican democratic theory that responds to contemporary challenges, particularly those that relate to the exclusion of cultural minorities in increasingly multicultural societies. The essential characteristic of the Tocquevillian compromise attained by Taylor is a sincere and innovative appreciation of diversity. First presented in Chile in 1986, Democracia Republicana / Republican Democracy foresees a republican solution for the problems generated by the neoliberal democratic system inherited from Pinochet’s dictatorship. The essay was missing for many years and was only recently discovered. It is published here for the first time in both Spanish and English. There is also an appendix called « Charles Taylor and Republican Democracy » by Renato Cristi and J. Ricardo Tranjan.
How can people of diverse religious, ethnic, and linguistic allegiances and identities live together without committing violence, inflicting suffering, or oppressing each other? In this volume, contributors explore the limits of toleration and suggest we think beyond them to mutual respect. Salman Rushdie reflects on the once tolerant Sufi-Hindu culture of Kashmir. Ira Katznelson follows with an intellectual history of toleration as a layered institution in the West. Charles Taylor advances a new approach to secularism in our multicultural world, and Akeel Bilgrami responds by offering context and caution to that approach. Nadia Urbinati explores why Cicero’s humanist ideal of Concord was not used in response to religious discord. The volume concludes with a refutation of the claim that toleration was invented in the West. Rajeev Bhargava writes on Asoka’s India, and Karen Barkey explores toleration within the Ottoman and Habsburg Empires. Sudipta Kaviraj examines accommodations and conflicts in India, and Alfred Stepan highlights contributions to toleration and multiple democratic secularisms in such Muslim-majority countries as Indonesia and Senegal.
Incanto e Disincanto. Secolarità e Laicità in Occidente. Translated by Paolo Costa. Bologna: EDB, 2014. In Italian.
An original essay by Taylor, in which parts of the essays contained in Dilemmas and Connections are re-writed and translated (by Paolo Costa.
La Democrazia e i Suoi Dilemmi. Translated by Paolo Costa. Parma: Diabasis, 2014. In Italian.
Contents:
« Some Conditions of a Viable Democracy » (translated as Democrazia e comunità),
« Several Reflections on the Theme of Solidarity » (translated as Democrazia e solidarietà),
« Democratic Exclusion (and Its Remedies?) » (translated as Democrazia ed esclusione).
Church and People: Disjunctions in a Secular Age. Christian Philosophical Studies, vol. I, [edited with José Casanova and George F. McLean]. Washington, DC: The Council for Research in Values and Philosophy, 2012. http://www.crvp.org/book/Series08/128710%20ChurchPeople.pdf.
[With Hubert L. Dreyfus]. Retrieving Realism. Cambridge, MA : Harvard University Press, 2015.
Dutch Translation: Het Realisme Herwonnen [Retrieving Realism] . Translated by Michiel Meijer. Zoetermeer: Klement, 2016.
The Language Animal: The Full Shape of the Human Linguistic Capacity. Cambridge, Massachusetts : The Belknap Press of Harvard University Press, 2016.
Abstract:
In this book, Charles Taylor explains linguistic holism to people who believe language needs to be thought of as bits of information. According to one influential view of language, one that originated with Hobbes, Locke, and Condillac, language serves to encode information and to communicate it. This theory has been rendered more sophisticated over the last two centuries, but it still gives a central place to the encoding of information. The thesis of Taylor’s new book is that this view neglects crucial features of our language capacity. Sometimes language serves not just to encode information, but also shapes what it purports to describe. This language is more than merely ‘descriptive;’ it plays a ‘constitutive’ role.
German Translation: Das Sprachbegabte Tier – Grundzüge Des Menschlichen Sprachvermögens. Translated by Joachim Schulte. Suhrkamp, 2017.
Abstract:
Seit Jahrhunderten wird in der Philosophie über die Natur der Sprache gestritten. Für die rationalistisch-empiristische Tradition in der Folge von Hobbes, Locke und Condillac ist sie ein Werkzeug, das Menschen erfunden haben, um Informationen auszutauschen. In seinem neuen Buch bekennt sich Charles Taylor zum gegnerischen Lager der Romantik um Hamann, Herder und Humboldt und zeigt, dass der rationalistisch-empiristische Ansatz etwas Entscheidendes übersieht: Sprache beschreibt nicht bloß, sie erschafft Bedeutung, formt alle menschliche Erfahrung und ist integraler Bestandteil unseres individuellen Selbst. Taylor geht jedoch noch einen Schritt über das Denken der deutschen Romantik hinaus und entwirft eine umfassende Theorie der Sprache im Sinne des linguistischen Holismus: Sprache ist ein geistiges Phänomen, aber sie kommt auch in künstlerischen Darstellungen, Gesten, Stimmen, Haltungen zum Ausdruck und kennt daher keinen Gegensatz von Körper und Geist. Indem er dieses grundlegende Vermögen des »sprachbegabten Tiers« erhellt, wirft Taylor ein neues Licht darauf, was es heißt, ein Mensch zu sein.
Taylor, Charles, Madeline Beaubein Taylor, and Patrizia Nanz. Reconstructing Democracy: How Citizens are Building from the Ground Up. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2020. https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674244627
Abstract:
Across the world, democracies are suffering from a disconnect between the people and political elites. In communities where jobs and industry are scarce, many feel the government is incapable of understanding their needs or addressing their problems. The resulting frustration has fueled the success of destabilizing demagogues. To reverse this pattern and restore responsible government, we need to reinvigorate democracy at the local level. But what does that mean? Drawing on examples of successful community building in cities large and small, from a shrinking village in rural Austria to a neglected section of San Diego, Reconstructing Democracy makes a powerful case for re-engaging citizens. It highlights innovative grassroots projects and shows how local activists can form alliances and discover their own power to solve problems.
German Translation: Das Wird Unsere Stadt: Bürger:Innen Erneuern Die Demokratie [Reconstructing Democracy: How Citizens Are Building from the Ground Up] . Translated by Rita Seuss. Edition Körber-Stiftung: Hamburg, 2022. In German.
Abstract:
Nur gemeinsam können Bevölkerung und Politik die Probleme des Landes lösen. Was wir alle dafür tun müssen? Die Expertise der Bürger:innen vor Ort ernst nehmen, Veränderung wagen und kommunale Politik als Grundlage eines neuen demokratischen Selbstverständnisses fördern. Patrizia Nanz, Charles Taylor und Madeleine Beaubien Taylor machen klar: Die Beteiligung von Bürger:innen muss endlich mehr sein als ein Feigenblatt der repräsentativen Demokratie. Denn erfolgreiche und innovative Projekte entstehen bottom-up, in einem Zusammenspiel unterschiedlicher Ideen und Kompetenzen, wie die Autor:innen in zahlreichen Beispielen erfolgreicher Beteiligungsprozesse darlegen.
Death opens the gates to resurrection. The pathways to faith are diverse, but all carry components of death and renewal. In Avenues of Faith: Conversations with Jonathan Guilbault, Charles Taylor takes readers through a handful of books that played a crucial role in shaping his posture as a believer, a process that involved leaving the old behind and embracing the new. In a dynamic interview-style structure, Taylor answers questions from Jonathan Guilbault about how each book has informed his thought. The five sections of Avenues of Faith briefly introduce authors and their principal works before delving into the associated discussion. Taylor and Guilbault engage Maurice Merleau-Ponty’s Phenomenology of Perception, Friedrich Hölderlin’s Poems, Charles Baudelaire’s The Flowers of Evil, Fyodor Dostoyevsky’s The Brothers Karamazov, and Brother Émile’s Faithful to the Future: Listening to Yves Congar. By exploring themes such as faith, the church, freedom, language, philosophy, and more, this book engages both literary enthusiasts and spiritual seekers. Scholars of Taylor will recognize the philosopher’s continuation of his reflections on modernity as he expresses his faith. Avenues of Faith gives readers unprecedented access to a world-renowned philosopher’s reflections on the literary masterpieces that have shaped his life and scholarship and that continue to stand the test of time.
Taylor, Coharles, Craig Calhoun, and Dilip Parameshwar Gaonkar. Degenerations of Democracy. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2022. 368.
Abstract:
Democracy is in trouble. Populism is a common scapegoat but not the root cause. More basic are social and economic transformations eroding the foundations of democracy, ruling elites trying to lock in their own privilege, and cultural perversions like making individualistic freedom the enemy of democracy’s other crucial ideals of equality and solidarity. In Degenerations of Democracy three of our most prominent intellectuals investigate democracy gone awry, locate our points of fracture, and suggest paths to democratic renewal.
In Charles Taylor’s phrase, democracy is a process, not an end state. Taylor documents creeping disempowerment of citizens, failures of inclusion, and widespread efforts to suppress democratic participation, and he calls for renewing community. Craig Calhoun explores the impact of disruption, inequality, and transformation in democracy’s social foundations. He reminds us that democracies depend on republican constitutions as well as popular will, and that solidarity and voice must be achieved at large scales as well as locally.
Taylor and Calhoun together examine how ideals like meritocracy and authenticity have become problems for equality and solidarity, the need for stronger articulation of the idea of public good, and the challenges of thinking “big” without always thinking “centralization.”
Dilip Parameshwar Gaonkar points out that even well-designed institutions will not integrate everyone, and inequality and precarity make matters worse. He calls for democracies to be prepared for violence and disorder at their margins—and to treat them with justice, not oppression.
The authors call for bold action building on projects like Black Lives Matter and the Green New Deal. Policy is not enough to save democracy; it will take movements.
The Language Animal, Charles Taylor’s 2016 account of human linguistic capacity, was a revelation, toppling scholarly conventions and illuminating our most fundamental selves. But, as Taylor noted in that work, there was much more to be said. Cosmic Connections continues Taylor’s exploration of Romantic and post-Romantic responses to disenchantment and innovations in language.
Reacting to the fall of cosmic orders that were at once metaphysical and moral, the Romantics used the symbols and music of poetry to recover contact with reality beyond fragmented existence. They sought to overcome disenchantment and groped toward a new meaning of life. Their accomplishments have been extended by post-Romantic generations into the present day. Taylor’s magisterial work takes us from Hölderlin, Novalis, Keats, and Shelley to Hopkins, Rilke, Baudelaire, and Mallarmé, and on to Eliot, Miłosz, and beyond.
In seeking deeper understanding and a different orientation to life, the language of poetry is not merely a pleasurable presentation of doctrines already elaborated elsewhere. Rather, Taylor insists, poetry persuades us through the experience of connection. The resulting conviction is very different from that gained through the force of argument. By its very nature, poetry’s reasoning will often be incomplete, tentative, and enigmatic. But at the same time, its insight is too moving—too obviously true—to be ignored.
REVUE DE PRESSE
Réponses à mes critiques, Charles Taylor
Revues Philosophiques, Volume 33, numéro 2, automne 2006, p. 333-554
Je suis d’accord, au fond, avec les grandes lignes de l’exposé de Tom McCarthy sur la situation actuelle des «modernités multiples». Le processus de modernisation sur le plan mondial constitue en effet une contrainte pour tous les pays, mais davantage sentie par les pays dits «en voie de développement». Et cela pour des raisons que j’ai déjà exposées dans un autre article, que McCarthy cite d’ailleurs dans son texte[1]. Certains changements, que nous considérons essentiels à la modernisation — tels une économie de marché et un État doté d’une bureaucratie — sont effectivement indispensables. Quiconque n’arrive pas à les reproduire chez lui se trouvera en effet dominé ou colonisé (ou néo-colonisé) par d’autres pays plus forts, ou incapable de résister aux sociétés transnationales, qui, elles, sont appuyées par les pays les plus forts.
Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité, Montréal, Bellarmin, 1992, 151 p.
Laurent Laplante, journaliste
Un compte rendu de la revue Bulletin d’histoire politique
Ce document est le compte rendu d’une autre œuvre tel qu’un livre ou un film. L’œuvre originale discutée ici n’est pas disponible sur cette plateforme.
Volume 1, numéro 2-3, printemps 1993, p. 75–76
Le référendum du 26 octobre 1992
Un temps d’arrêt pour une authenticité plus élevée
Par Maxime Robinson – L’auteur est étudiant au baccalauréat en philosophie à l’Université d’Ottawa, Le Devoir de philosophie, Le Devoir, 11 avril 2020
Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie et d’histoire des idées le défi de décrypter une question d’actualité à partir des thèses d’un penseur marquant.
Le confinement imposé par le gouvernement Legault ne manque pas de transformer nos vies. Autrefois structurés sur l’expectative du vendredi, nous semblons tous éprouver un malaise devant autant de temps libre. Sans travail et brouhaha quotidiens, plusieurs deviennent prisonniers de leur habitation, sans trop savoir comment combler leur temps libre. Ce malaise ne serait-il pas révélateur de quelque chose de plus profond ?
Juxtaposer narcissime contemporain et primauté de la raison instrumentale pour y cerner les maux de la modernité.
par Laurence Caron-Bleau et Tristan Wahid, 9 novembre 2021, Philosophie, Portraits de philosophe
« La découverte de ma propre identité ne signifie pas que je l’élabore dans l’isolement, mais que je la négocie à travers un dialogue, en partie ouvert, en partie intérieur, avec les autres »
Charles Taylor
« C’est ainsi que je pense car cela est ce que je ressens, et je désire que tu respectes ce sentiment qui m’anime. » Comment aller à l’encontre d’une telle volonté de liberté de conscience ? Impossible, ou presque, de s’aventurer en ces eaux. Et même si une éphémère volonté de contredire ces propos nous éprend, l’exprimer à voix haute ne se fait qu’au risque de recevoir les foudres fatales des ardent·e·s défenseur·e·s de la culture de l’annulation (ccancel culture, en anglais). Or, des arguments comme celui cité ci-haut se fondent sur une conception erronée des libertés fondamentales et sur un idéal de l’authenticité travesti pour camoufler des comportements égoïstes qui manquent en réalité de rigueur intellectuelle.
L’individualisme, précurseur des problèmes de santé mentale
9 mai 2022, Yvon Charest, Ex-président et chef de la direction d’Industrielle Alliance
Il ne faut pas reculer bien loin dans le temps pour constater que les gens se donnaient la mission d’être un maillon actif dans la communauté. Comment pensez-vous que les fameux propos de John Kennedy en 1960 seraient reçus aujourd’hui ? « Ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous ; demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
La face sombre de l’individualisme nous éloigne du souci des autres et de la communauté. Elle amène un repli sur soi qui aplatit et rétrécit nos vies pour utiliser les propos de Charles Taylor, philosophe québécois qui a écrit Grandeur et misère de la modernité.
This Philosopher Has Reimagined Identity and Morality for a Secular Age
Charles Taylor, winner of the first $1 million Berggruen Prize for philosophy, has helped reshape debates on what it is to be human.
By Craig Calhoun, Contributor, President, Berggruen Institute, 13 octobre 2016 – Mis à jour le 27 novembre 2016
One of the world’s most respected philosophers has just won the Berggruen Prize. Is this news you can use?
Yes, as a matter of fact, it is. The prize has been given to Charles Taylor, an exceptional thinker whose work can be of value both personally and in public life. In his native Canada, Taylor was a founder of the New Democratic Party, shaped debates and policy on immigration and ethnic politics, and played an important role in keeping Quebec part of Canada but with special status recognizing its distinctive culture. Taylor is of global influence as a Catholic thinker, a leader on the social democratic left and a spokesperson for combining rather than opposing liberalism and defense of community. His publications will reward readers with very different interests from personal identity to the challenges of modern democracy to religion in a secular age.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
Définitions de « être-au-monde »
Définition – La langue française
L’être-au-monde est un concept central dans la philosophie de Martin Heidegger, qui se réfère à la manière dont un individu existe et interagit avec son environnement.
Il s’agit d’une relation dynamique entre l’individu et le monde qui l’entoure, où l’un ne peut être compris sans l’autre. Cette notion souligne l’importance de la perception et de l’expérience personnelle dans la compréhension du monde.
En somme, être-au-monde représente la condition fondamentale de l’existence humaine, caractérisée par une interaction constante et inextricable avec notre environnement.
La lecture du livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR permet de cerner un peu plus notre existence au monde et dans le monde.
Mon propos portera sur certains malaises de la modernité. J’entends par là des traits caractéristiques de la culture et de la société contemporaines que les gens perçoivent comme un recul ou une décadence, en dépit du « progrès » de notre civilisation. On affirme parfois qu’un déclin imporant s’est produit au cours des dernières décennies — depuis la Deuxième Guerre Mondiale ou les années cinquante, par exemple. Il arrive mpeme que ce sentiement remonte plus loin encore : certaions considèrent toute l’époque moderne depuis le XVIIe siècle comme une longue décadence. Même si l’échelle chronologique varie beaucoup, on observe une certaine convergence sur le thème de la décadence. Il s’agit, en fait, de variations sur quelques motifs fondamentaux. J’aimerais en relever deux et en signaler ensuite une troisième qui procède pour une bonne part part de ceux là. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 11.
Le philosophe Charles Taylor nous livre donc trois causes de malaise face à la modernité.
L’individualisme
1. La première cause de malaise est l’individualisme. Bien sûr, l’individualisme désigne aussi ce que plusieurs considèrent comme la plus belle conquête de la modernité. Nous vivons dans un monde où les gens peuvent choisir leur mode de vie, agir conformément à leurs convictions, en somme, maîtriser leur existence d’une foule de façons dont nos ancêtres n’avaient aucune idée. Désormais, les personne ne sont plus sacrifiées sur l’autel des valeurs prétendument sacrées qui les transcendent.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 12.
(…) L’égalité démocratique, dit Tocqueville, ramène l’individu vers lui-même et “menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur” (3). En d’autres mots, la face sombre de l’individualisme tient à un repliement sur soi, qui aplatit et rétrécit nos, qui en appauvrit le sens et nous éloigne du souci des autres et de la société.
(3) Alexis de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, Paris, Garnier-Flammarion, 1981, p. 127.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 14-15.
L’individualisme se manifeste par un manque d’ouverture à l’autre, par une pudeur face à la confidence, par une peur déraisonnable du jugement, par un plus grand jardin secret. Il faut des mois sinon des années pour parvenir à une communication véritable avec l’autre, de cœur à cœur. On perd un temps fou à bâtir la confiance nécessaire pour vaincre l’inquiétude et l’anxiété et finalement s’ouvrir le plus largement possible à l’autre.
Jeune, je demandais à mes relations potentielles, de s’ouvrir dès le départ comme si nous nous connsaissions depuis toujours, pour ne pas gaspiller notre temps. « Allons tout de suite à la source ». Évidemment, très rares étaient les individus sur mon chemin capables de briser et de sortir de la coquille de noix de leur individualisme.
L’individuaslisme pousse l’individu à la solitude forcée, même entouré de tous ses amis(es). Et il y a aussi cet individu que se sent « Seul dans la foule ».
Enfant, j’ai préféré la solitude pour avoir la sainte paix. Aussi, je jouais souvent seul plutôt que de me joindre aux autres enfants de ma rue. Le brouhaha des jeux d’équipe me troublait et m’épuisais rapidement.
Étais-je seul dans ma solitude ? Étais-je individualiste ? Non, le monde entier habitait ma solitude. J’étais un petit Atlas, pour lequel le poids du monde était source de créativité. Et je communiquais avec le monde par mes écrits, notamment ma poésie que je publiais en recueils dès mes 15 ans avec l’aide de la direction de mon collège.
Ma solitude me permattait ainsi de vivre pleinement mon hypersentibilité, ma perméabilité au monde et à la société. Mais ce monde m’a déçu car il était loin d’être ce que l’on m’avait promis qu’il était. Je fus désenchanté.
Le désenchantement du monde
2. Le désenchantement du monde se rattache à un autre phénomène important et inquiétant de l’époque moderne. On pourrait l’appeler la primauté de la raison instrumentale. Par « raison instrumentale », j’entends cette rationalité que nous utilisons lorsque nous évaluons les moyens les plus simples de parvenir à une fin donnée. L’efficacité maximale, la plus grande productivité mesurent sa réussite.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 15.
Ah ! Cette fameuse prise de conscience que le monde est encarcanné dans un système tout puissant qui réduit passablement notre liberté dès l’adolescence. On a alors le choix de se glisser dans ce système et d’en tirer le meilleur parti « individuellement ». Ou on peut refuser de vivre aux dépends du système et vivre en marge, sur un chemin de travers, souvent pour une simple question de valeurs et de principes. Oui, déjà à l’adolescence, il est possible d’épouser et de s’ancrer dans des valeurs et des principes durables et indentitaires soustraient aux aléas du fil de notre vie.
« Oui à l’évolution. Non aux compromis. » Cette approche m’a conduit à un problème de rigidité affectant ma gouvernance personnelle, aujourd’hui résolu, ne serait-ce qu’en partie. Or, toute politique personnelle ou envers soi-même est d’abord et avant une affaire de compromis, à l’instar de la politique d’État.
Conséquences appréhendées de l’individualisme et de la raison instrumentale sur la politique
3. Cela nous amène au niveau politique et aux conséquences appréhendées de l’individualisme et de la raison instrumentale. J’en ai déjà évoqué une. Les institutions et les structure de la société techno-industrielle retreignent considérablement nos choix : elles forcent les sociétés autant que les individus à donner à la raison instrumentale un poid que nous ne lui accorderions jamais dans un débat moral sérieux, qui pourrait se révéler extrêment destructeur. On en trouve un exemple topique dans l’extrême difficulté que nous éprouvons à faire face aux menaces écologiques qui pèsent sur nos vies, comme l’amincissement de la couche d’ozone. On peut penser qu’une société fondée sur la seule raison instrumentale menace les libertés, tant individuelles que collectives — parce que ce ne sont pas seulement nos décisions sociales qu’elle modèlent. On a bien du mal à maintenir un style de vie individuel contre le courant. Par exemple, la conception même de certaines villes modernes impose l’usage de la voiture privée, surtout quand on a laissé se dégrader les transports en commun.
Mais plusieurs ont parlé d’une autre perte de liberté, en particulier Alexis de Tocqueville. Dans une société formée d’individus “renfermés dans la solitude de leur propre cœur”, peu de personnes souhaiteront participer activement à la vie politique. Elles préfèreront rester chez elle pour jouir des satisfactions de la vie privée, aussi longtemps que le gouvernement du moment assurera les moyens de les satisfaire et les distruera assez généreusement.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 20.
La remarque du philosophe Charles Taylor au sujet de la couche d’ozone date de 1992. Depuis, il y a eu mobilisation mondiale et la couche d’ozone va mieux.
27 janvier 2023
Le trou de la couche d’ozone se résorbe !
Selon un rapport publié le 9 janvier dernier par l’ONU, la barrière protectrice devrait entièrement se rétablir d’ici 40 ans. L’interdiction de certaines substances chimiques profite également à la lutte contre le réchauffement climatique.
Un trou dans le ciel
La couche d’ozone stratosphérique sert de bouclier à notre planète contre les rayonnements du soleil. Élément vital de notre atmosphère, celle-ci agit comme un filtre invisible qui protège toutes les formes de vie contre une surexposition aux rayons UV nocifs. C’est grâce à elle que la vie a pu se développer sur les continents !
Alors, quand dans les années 1970, les scientifiques alertent les dirigeants politiques à propos de l’apparition d’un trou dans la couche d’ozone, c’est la panique !
Le phénomène est saisonnier. Au cours du printemps de chaque hémisphère, l’épaisseur de la couche d’ozone diminue au-dessus des pôles, elle se reconstitue quelques mois plus tard et se recreuse de nouveau l’année suivante. En cause, les chlorofluorocarbures (CFC), présents dans les systèmes réfrigérants, les climatisations, les bombes aérosols, les solvants… Les halons, composés chimiques ininflammables, contribuant également à la destruction de la couche d’ozone, sont utilisés comme gaz d’extinction dans les extincteurs et les systèmes de protection contre les incendies.
Le Protocole de Montréal
En 1987, vingt-quatre pays et la Communauté économique européenne prennent la mesure du danger et signent un traité, appelé Protocole de Montréal. Le texte interdit alors l’usage des substances qui détruisent la couche d’ozone comme les chlorofluorocarbures, utilisés comme réfrigérants, solvants et comme gaz propulseur dans les sprays. Quarante ans plus tard, l’ensemble des pays du globe ont ratifié l’accord.
« L’extrême difficulté » est donc en voie d’être surmontée dans le cas précis de la couche d’ozone. Et la mobilisation se poursuit, non sans nos efforts individuels et collectifs, mais avec un certain succès même s’il n’est pas encore à la hauteur des défis posés par les changements climatiques.
« C’est au bord du gouffre que l’humanité changera » entend-t-on dans le film Le Jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still) avec Keanu Reeves sorti en 2008.
L’arrivée sur Terre de Klaatu, un extraterrestre d’apparence humaine, provoque de spectaculaires bouleversements. Tandis que les gouvernements et les scientifiques tentent désespérément de percer son mystère, une femme, le docteur Helen Benson, parvient à nouer un contact avec lui et à comprendre le sens de sa mission. Klaatu est là pour sauver la Terre avec ou sans les humains.
Le philosophe Charles Taylor résume en ces mots les trois malaises de la modernité :
Tels sont les trois malaises de la modernité dont j’aimerais traiter dans ce livre. Le premier concerne ce que l’on pourrait appeler une perte de sens : la disparition des horizons moraux. Le deuxième concerne l’éclypse des fins, face à une raison instrumentale effrénée. Et le troisième porte sur la perte de liberté.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 22.
La perte de sens, conséquence du rejet de la hiérarchie, des institutions morales et religieuse, coïncide avec la critique faite aux révolutionnaires à l’effet qu’ils ont jeté le bébé avec l’eau du bain. Au Québec, on se réfère aux années 1960-1970 au cours desquelles se déroule la Révolution tranquille, période dite de « transformation et de modernisation ».
La raison instrumentale (ou calculante) correspond à la science, à la technique, à la gestion économique et aux méthodes d’organisation et d’administration. Elle est orientée vers la maîtrise du réel. Elle s’intéresse aux moyens, non aux fins. Son principal critère est l’efficacité.
LACROIX, Michel, Ma philosophie de l’homme, 10. La raison instrumentale et la raison critique, Éditions ROBERT LAFFONT, 2015.
Pour ce qui est de « la maîtrise du réel », on repassera. « L’efficacité mais à quel prix, à quelles fins ? » Je donne souvent en exemple le problème du suicide pour illustrer l’échec de la raison instrumentale. Le problème persiste malgré tout comme plusieurs autres en nos sociétés. Je me demande si nous réfléchissons correctement à ces problèmes, si ce n’est pas une question du « comment nous pensons » qui fait défaut. Tout gouvernement devrait avoir une commission permanente d’épistémologie à laquelle confier l’étude du « comment nous pensons » les problèmes avant même d’avancer des explications et des solutions logiques.
Dans le deuxième chapitre de GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe Charles Taylor pose un diagnostic à savoir que nous nous retrouvons dans « Un débat mal engagé » impliquant le relativisme et l’authenticité comme idéal au sein de la culture contemporaine.
Ma position diffère de celle des défenseurs et des détracteurs de la culture contemporaine. Contrairement à ses défenseurs, je ne crois pas que tout aille pour le mieux dans cette culture. Je m’entends sur ce point avec les détracteurs. Mais contrairement à ceux-ci, je pense qu’on devrait réellement considérer l’authenticité comme un idéal moral. Je m’éloigne aussi de diverses positions moyennes selon lesquelles il y a de bonnes choses dans cette culture (comme une plus grande liberté individuelle), mais comportent des dangers (comme un affaiblissement du civisme), de sorte que la meilleure politique consiste à cherche un compromis idéal entre les coûts et les bénéfices.
Je soutiens plutôt la thèse que cet idéal s’est dégradé, mais qu’il reste extrêmement valable, et que les modernes, je dirais, ne peuvent pas le répudier. Nous n’avons besoin ni d’une condamnation sans appel ni d’un éloge aveugle ; ni non plus d’un compromis savamment équilibré. Nous avons besoin d’un effort de ressourcement grâce auqule cet idéal pourrait nous aider à redresser nos conduites.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 2 – Un débat mal engagé, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 37-38.
Se référant au livre L’ÂME DÉSARMÉE (1987) d’ALLAN BLOOM traitant du « climat intellectuel qui règne aujourd’hui parmi les étudiants », le philosophe Charles Taylor écrit :
Ce livre prenait fermement position contre les attitudes des jeunes qui fréquentent actuellement l’université. Le trait principal qu’il relevait à propos de leur conception de la vie était leur acceptation d’un relativisme quelque peu facile. Chacun ou chacune possède ses propres « valeur » dont il est impossible de discuter. Mais comme BLOOM le faisait remarquer, cela ne représentait pas seulement une position épitémologique, une conception sur les limites que la raison peut établir; cela représentait aussi une position morale : on ne doit pas contester les valeurs d’autrui. Ça le regarde, c’est son choix, et il faut le respecter. Ce réaltivisme était en partie fondé sur un principe de respect mutuel.
Em d’autres mots, ce relativisme était lui-même une remification d’une forme d’individualisme dont le principe pourrait se définir comme suit : cahcun a le droit d’organiser sa propre vie en fonction ce qu’il juge vraiment important et valable. Il faut être sincère envers soi-même et cherche en soi-même son propre épanouissement. En quoi consiste cet épanouissement ? En dernière analyse, c’est à chacun de la déterminer soi-même. Personne d’autre ne peut ou ne doit essayer de lui dicter quoi que ce soit.
Voilà une façon de voir que nous connaissons bien. Elle reflète ce que nous pourrions appeler l’idéologie de l’épanouissement de soi, très répandue actuellement et particulièrement forte dans les sociétés occidentales depuis les années soixante. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 2 – Un débat mal engagé, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 25-26.
Allan Bloom
L’Âme désarmée
Essai sur le déclin de la culture générale
Traduit par : Paul Alexandre, Traduit par : Pascale Haas, Préface de : Saul Bellow
L’université : est-il possible en un mot de faire lever plus de prestiges ? Il s’agit bien du centre de l’Occident, parce que l’Université est le cœur des démocraties. Allan Bloom balaie ces prestiges, ces mirages : narcissisme, nihilisme, relativisme paralysant, « créativité » stérile. Fait-il le procès de l’Amérique ? Il l’aime, mais craint pour son avenir, et pour le nôtre. Fait-il le procès de la jeunesse ?
Il l’aime avec une générosité et un discernement peu communs, mais son anxiété croît : ces dernières décennies ont vu se répandre, en Europe non moins qu’aux États-Unis, un style d’éducation et un mode de vie qui tendent à rendre les jeunes gens et les jeunes filles de plus en plus incapables de faire face noblement, intelligemment ou même raisonnablement aux grands faits de la vie humaine : l’amour, la famille, la citoyenneté, la recherche de la vérité.
Allan Bloom nous redonne accès à ce très proche trésor que les universités soucieuses d’« utilité » et de « scientificité », que les Églises ivres de popularité et d’« ouverture » ont mis sous le boisseau : notre âme. Elle est le seul sujet de ce livre profond.
Publié en anglais en 1987 (The Closing of the American Mind), l’ouvrage a été traduit en français dès sa parution, dans une édition amputée de l’essentiel de sa troisième partie. Le voici proposé dans une traduction intégrale.
Toute relation avec autrui implique non seulement le respect mais aussi et surtout une reponsabilité. On ne laisse pas autrui se jeter en bas d’un pont par simple respect de sa décision de mourir. Nous avons tous une responsabilité les uns envers les autres. Si le respect implique de laisser autrui dans l’erreur, ce n’est plus du respect mais plutôt du mépris. Le respect dans un contexte de repliement sur soi-même exige un acte de déploiement de soi. Cette idée du « Chacun pour soi » revient à s’enfermer en soi-même, comme dans une prison, d’où l’impossibilité de toute communication avec l’extérieur. Alors pourquoi vivent en communauté si c’est « Chacun pour soi » ? Il nous faut être davantage interventionniste pour prendre notre resposabilité face à autrui.
Aujourd’hui (2024), j’observe un désengagement général de la population envers elle-même, envers autrui. Nous avons tendance à déléger aux gouvernements notre responsabilité personnelle face à autrui.
Au Québec, par exemple, à la suite du rejet en bloc des institutions religieuses jusque-là garantes de la charité avant le Révolution Tranquille des années 1960-1970, le gouvernement de la province a été dans l’obligation d’étatiser la charité avec des programmes sociaux. Auparavant, le curé de la paroisse obligeait ses croyants les plus riches à venir en aide une famille pauvre dont la maison incendiée n’était plus que ruine. Ce n’est plus le cas.
Un jour, un croyant de ma paroisse se leva en pleine célébration à la suite de l’appel du curé en faveur d’une famille nombreuse et pauvre et cria : « Et vous, Monsieur le Curé, pourquoi ne prenez vous-pas cette famille dans votre presbytère. Vous avez tout l’espace nécessaire et plusieurs chambres innoccupées ? » Le curé se voyait ainsi renvoyé à lui-même dans son appel à la solidarité de sa communauté.
Pendant ce temps, ma mère me faisait porter des plats cuisinés par ses soins à notre voisin âgé de 98 ans et il en fut ainsi jusqu’au décès de ce dernier. Ma mère avait l’habitude de prendre ses responsabilités face à autrui par sa propre initiative suivant son idéal chrétien. Les siens ne se limitaient pas à sa propre famille; elle avait le sens de la communauté.
Aujourd’hui, il revient à chacun d’assurer sa demeure contre les incendies et les innondations ou de se priver de telles assurances si son budget ne le permet pas. C’est « Chacun pour soi ».
Le troisième chapitre du livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ est intitulé « Les sources de l’authenticité ». Il vient de soutenir en conlusion du chapitre précédent que « l’authenticité est un idéal valable », et cette thèse, ajoute Charles Taylor, « rejette énergiquement la plus grande partie de la critique de la culture de l’authenticité ».
L’éthique de l’autenticité, relativement récente, appartient à la culture moderne. Dès la fin du XVIIIe siècle, elle se développe à partir des formes anciennes de l’individualisme, comme le rationalisme libre de Descartes, qui impose à chaque personne de penser par elle-même, ou l’individualisme politique de Locke, qui attribue à la personne et à sa volonté la priorité par rapport aux obligations sociales. Mais l’authenticité moderne est entrée aussi, à certains égards, en conflit avec les formes anciennes. Elle procède du Romantisme qui condamne le rationalisme libre et l’atomisation parce qu’ils rompent les liens de la communauté.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 39.
L’authenticité ! Quel sujet ! « Soyons authentiques, vrais, c’est tout ce qui importe. » Ça sonne bien à nos oreilles. « Je suis authentique. Je ne peux pas être plus vrai qu’authentique. »
Pour comprendre la nouveauté de cette idée, il faut la rapporcher des anciennes morales dans lesquelles le contact avec une source extérieure — Dieu ou l’Idée de bien — était considéré comme essentiel. Désormais la source qu’il nous faut atteindre se trouve en nous. Cela s’inscrit dans le tournant subjectif global de la culture moderne : une forme de nouvelle intériorité nous amène à nous concevoir comme des êtres doués de profondeurs intimes. Au départ, cette ideée que la source se situe en nous n’exclut pas que notre être soit relié à Dieu ou aux Idées ; on peut considérer que c’est la voie qui nous mène vers elle ou vers Lui. En un sens, on peut penser qu’elle prolonge et accentue l’évolution inaugurée par saint Augustin qui disait que le chemin vers Dieu passait pas notre propre conscience réflexive.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 40-41.
Tout est en nous, dans nos « profondeurs intimes » ? « Désormais la source qu’il nous atteindre se trouve en nous » ? Personnellement, ma source se trouve dans l’autre, dans celui ou celle qui me révèle à moi-même. Mes « profondeurs intimes » demeurent préméables à l’apport de l’autre. Car à quoi me servirait bien ces « profondeurs intimes » si elles n’étaient pas éclairées par l’autre et meublées avec l’autre.
Charles Taylor précise qu’ « Au départ, cette idée que la source qui se situe en nous n’exclut pas que notre être soit relié à Dieu ou aux Idées ; on peut considérer que c’est la voie qui nous mène vers elles ou Lui ». Pour autant que Dieu et les Idées soient extérieurs à nous, que nous ne les avons pas créés personnellement mais acquis de l’extérieur, la voie ne suit pas un chemin de l’intérieur vers l’extérieur; c’est plutôt le contraire. Bref, la source en nous trouve son eau à l’extérieur de nous. On pourra même se demander si nous en avons le contrôle suivant une raison instrumentale forcée à l’individualisme.
Ce point de vue a d’abord donné lieu à des formulations théistes ou, du moins, panthéistes. Jean-Jacques Rousseau est le philosophe le plus important à avoir contribué à cette transformation. (…) Selon Rousseau, le problème de la morale consiste à prêter attention à la voix de la Nature en nous. Cette voix est le plus souvent étouffée par les passions que crée notre dépendance à l’égard des autres, dont la principale est « l’amour propre » (21) ou l’orgueuil. Notre salut moral se trouve dans le retour à un contact authetique avec nous-même. Rousseau donne même un nom à ce contact intime avec soi, plus fondamentalement que tout autre point de vue moral est qui est une source de joie et de contentement : « le sentiment de l’existence (22) ».
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(21) En français dans le texte. (NDT)
(22) « Le sentiment de l’existence dépouillé de toute affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix qui suffirait seul pour rendre cette existence chète et douce à qui saurait écarter de soi toutes les impressions snsuelles et terrestres qui viennent sans cesse nous en distraire et en troubler ici-bas la douceur. Mais la plupart des hommes agités de passions continuelles connaissent peu cet état et ne l’ayant goûté qu’imparfaitement durant peu d’instants n’en conservent qu’une diée obscure et confuse qui ne leur en fait pas sentir le charmes. » ROUSSEAU, Les Rêveries du promeneur solitaire, Ve Proménade, in œuvres complète, vol. 1, Paris, Gallimard, 1959, 0. 1047.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 41-42.
« La voix de la Nature en nous » ? La Nature a-t-elle une voix, vibre-t-elle ? On peut l’imaginer. Mais, en fin de compte, c’est l’Homme qui vibre, qui éprouve des sentiments vibratoires.
Et cette voix de la Nature en nous serait « le plus souvent étouffée par les passions que crée notre dépendance à l’égard des autres » ? Ce sont les autres qui me donnent le sentiment d’exister. Seul, je n’existe pas. Je dépends des autres. Jean-Jacques Rousseau pointe du doigt « l’amour-propre » comme étant la « principale » dépendance à l’égard des autres.
Rousseau : la distinction entre amour de soi et amour-propre
« L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible. Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l’amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l’amour-propre. Ainsi, ce qui rend l’homme essentiellement bon est d’avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l’opinion. Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes. Il est vrai que ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations, et c’est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent les soins plus indispensables pour prévenir dans le cœur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins. »
Attention ! Qui n’a pas d’amour-propre n’aura pas le sentiment de sa propre valeur et de sa dignité. Et qui a-t-il de mal « à agir pour mériter l’estime d’autrui » ? L’estime d’autrui, c’est la reconnaissance de l’agir et ça fait du bien. Évidemment, avec l’individualisme forcené, on peut être centré sur soi dans la démesure et ainsi nourrir un ego disproportionné dans la plus grande dépendance à autrui. Grandeur et misère de l’individualisme, pourrait-on dire.
amour propre
Sentiment qu’on a de sa propre valeur, de sa dignité, et qui pousse à agir pour mériter l’estime d’autrui.
Mais revenons à l’idéal de l’authenticité. Il prend une importance capitale à cause de l’évolution que se produit après Rousseau et que j’associe à Herder : lui aussi formule une idée qui se trouve dans l’air du temps plutôt qu’il ne la crée. Il affirme que chacun de nous a une façon particulière d’être humain : chaque personne possède sa propre « mesure (23) ». Cette idée s’est gravée profondément dans la conscience moderne. Elle est nouvelle. Avant la fin du XVIIIe siècle, personne ne pensait que les différences entre les êtres humains avaient autant de signification morale. Il existe une certaine façon d’être humain qui est la “mienne”. Je dois vivre ma vie de cette façon et non pas imiter celle des autres. Cela confère une importance toute nouvelle à la sincérité que je dois avoir envers moi-même. Si je ne suis pas sincère, je rate ma vie, je rate ce que représente pour moi le fait d’être humain.
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(23) « Jeder Mensch hat ein eigenes Mass, gleichsam eine eigene Stimmung aller seiner sinnlichen Gefühle zu einander. » HERDER, Ideen, vii.I, Sämtliche Werke, sous la direction de Bernard Suphan, Berlin, Weidmann, 1877-1913, vol. XIII, p. 291.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 43-44.
P.S.: Johann Gottfried (von) Herder (né le 25 août 1744 à Mohrungen et mort le 18 décembre 1803 à Weimar) est un poète, théologien et philosophe allemand. Ami et mentor du jeune Goethe, ce disciple de Kant est considéré comme l’inspirateur du Sturm und Drang et des deux grands Classiques de Weimar Goethe et Schiller dans leur jeunesse. (Wikipédia)
Est-ce vrai qu’« Avant la fin du XVIIIe siècle, personne ne pensait que les différences entre les êtres humains avaient autant de signification morale » ? Si cette affirmation est véridique, elle ne s’applique qu’aux personnes n’ayant pas voyagées, n’ayant été confrontées à d’autres cultures et d’autres morales.
Et si je dois reconnaître que ma façon d’être humain n’est que la mienne, unique et originale, je ne suis plus humain car ce n’est que dans le regard de l’autre que je suis. Qu’est-ce que c’est que cette façon de voir l’étant humain ? Si « Je dois vivre ma vie de cette façon et non pas imiter celle des autres », aussi bien m’isoler seul sur un île. Être sincère envers moi-même n’implique pas que je doive vivre ma vie d’une façon particulière d’être humain. Je sincère envers moi-même que si je suis sincère avec autrui, peu importe ma façon d’être humain. Autrement, il me faut inclure la sincérité envers moi-même dans ma façon même d’être humain, ce qui n’est plus exclusif.
Et c’est à ne rien y comprendre en lisant le chapitre suivant, 4. D’indispensables horizons.
Le caractère général de l’existence humaine que je veux évoquer est son caractère dialogique fondamental. Nous devenons des agents humains à part entière, capable de nous comprendre, et donc de définir une identité, grâce à l’acquisition des grands langages humains d’expression.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 48.
(…) Nous nous définissons toujours dans un dialogue. parfois par opposition, avec les identités que « les autres qui comptent » veulent reconnaître en nous. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 49.
(…) Quoiqu’on en pense, la création et le développement de notre identité, en l’absence d’un effort hérïque pour nous couper de l’existence commune, demeurent dialogiques tout au long de notre vie.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 51.
C’est dans le dialogue que se construit ma façon particulière d’être humain. Et si je suis sincère envers moi-même, je dois reconnaître l’apport des autres dans ma manière d’être, la part dialogique de ma manière d’être. Je refute donc l’idée du philosophe allemand Johann Gottfried von Herder à savoir que ma manière d’être est toute mienne, originale et unique au monde, et n’a pas un caractère, ne serait-ce qu’en partie, culturel et universel. Même ma façon de faire mienne provient de ce caractère. Ce n’est pas en cela que puisse tenir ma différence d’autant plus que mon identité, la seule qui soit réelle, est sociale plutôt que personnelle (voir : mon rapport de lecture : ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999).
Dans cet ordre des choses, il n’y a pas d’engendrement intérieur, monologique, comme j’ai essayé de le montrer plus haut. Je ne peux pas découvrir isolément mon identité : je la négocie dans un dialogue, en partie extérieur, en partie intérieur, avec l’autre. C’est pourquoi le développement de l’idéal de l’identité engendrée de l’intérieur confère une importance capitale nouvelle à la reconnaissance d’autrui. Ma propre identité dépend essentiellement de mes relations dialogiques avec les autres.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 65.
(…) Le problème à propos de l’identité personnelle originale et qui émane de l’intérieur, c’est qu’elle ne dispose pas de cette reconnaisance a priori. Elle doit se la mériter à travers l’échange, et elle peut échouer. La nouveauté, à l’époque moderne, n’est pas le besoin de reconnaissance mais la possibilité qu’il puisse ne pas être satisfait. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 65.
Au niveau personnel, nous pouvons constater à quel point une dientité originale a besoin de cette reconnaissance que consentent ou refusent les « autres qui comptent » et à quel point elle est aussi vulnérable. Il n’est étonnant que les relations personnelles apparaissent comme des lieux privilégiés de la découverte et de la confirmation de soi dans une culture de l’authenticité. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 67.
Je relève cette affirmation comme le point le plus important de ce chapitre :
(…) « Notre identité change sans cesse, mais nous la formons comme celle d’une personne qui a déjà vécu une partie de sa vie et qui continue à vivre. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 71.
Nous sommes tous témoin des chagements qui s’opèrent dans notre vie au fil des ans, à moins d’être totalement inconscients. La vie vécu ne se résume pas à notre parcours, à nos prises de conscience. Elle affecte notre identité. L’identité n’est donc pas immobile, invariable, fixée une fois pour toute. Elle change. Et c’est MA vie vécu qui donne à MON identité SON originalité son caractère inédit, SA particularité.
Moi, si versatile : Le problème de l’identité personnelle chez Paul Ricœur et László Tengelyi
Comment une personne peut-elle rester identique dans le temps malgré les changements qu’elle traverse au cours de sa vie ? L’identité personnelle, abordée dans ce mémoire comme phénomène temporel, renvoie au fait qu’une personne reste la « même » ou « soi-même » à travers le temps. Cette permanence dans le temps ne prend toutefois pas le sens de l’invariabilité ou de l’immuabilité. Une personne qui semble être la même qu’hier et dont on s’attend à ce qu’elle reste identique demain a connu et connaîtra inévitablement des transformations autant physiques, psychologiques que morales. Confronté à cette variabilité, on ne met pourtant pas en doute l’identité indéniable de tout un chacun. L’identité personnelle se phénoménalise donc comme une forme de permanence dans le changement. Si l’expérience surmonte toujours déjà l’apparente contradiction entre la permanence et les changements d’une personne dans le temps, la question théorique de l’identité personnelle prend l’apparence d’un défi. Dans ce mémoire, nous proposons de répondre à ce défi à partir de l’œuvre du philosophe et herméneute Paul Ricœur. Le premier et le second chapitres de ce mémoire seront consacrées à la restitution de sa recherche conceptuelle, investiguant les concepts de mêmeté et d’ipséité, puis de sa recherche descriptive, consacrée aux phénomènes de caractère, de promesse et d’identité narrative. Afin d’évaluer les apports de Ricœur au défi de l’identité personnelle, sa conception de l’identité fera l’objet au troisième chapitre d’une lecture critique dans laquelle ses limites seront identifiées. Ce geste de déconstruction permettra de repenser, avec le philosophe László Tengelyi, les possibilités offertes par les analyses de Ricœur sur la base desquelles une conception plus adéquate de l’identité personnelle sera édifiée dans le dernier chapitre.
BOIS, Cassandre, Moi, si versatile : Le problème de l’identité personnelle chez Paul Ricœur et László Tengelyi, Maîtrise en philosophie – avec mémoire Maître ès arts (M.A.), Sous la direction de Donald A. Landes et Sophie-Jan Arrien, Université Laval, Québec, Canada, 2020.
Dans le sixième chapitre de son livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNIT, le philosophe CHARLES TAYLOR traite du « dérapage su subjectivisme ».
Jusqu’ici j’ai tenté de mettre en perspective ce qu’on a applé « la culture du narcissisme », qui fait de l’épanouissement de soi la principale valeur de la vie et qui semble ne reconnaître que peu d’exigences morales extérieures ou d’engagements profond à l’égard des autres. Cette idée d’épanouissement de soi paraît à ces deux égards très égocentrique, d’où le terme « narcissisme ». Je soutiens que nous devrions considérer que cette culture est l’expression partielle d’une aspitation morale, l’idéal de l’authenticité, mais que cet idéal ne justifie pas ces modes égocentriques. Ceux-ci apparaissent plutôt, à la lumière de cet idéal, comme des modes aberrants et futiles.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 73.
(…) La culture du narcissisme se nourrit d’un idéal qu’elle trahait systématiquement.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 75.
Bien sûr, d’un certain point de vue, le motifs qui nous poussent à adopter de plus en plus des conduites égocentriques sont assez évidents. Nos relations avec les autres, aussi bien que les exigences morales extérieures, peuvent s’averer en conflit avec notre développement personnel. Les exigences d’une carrière peuvent être incompatibles avec nos obligations familiales ou avec l’allégence à une plus grande cause ou un principe. La vie paraît plus facile des qu’on peut négliger ces contraintes extérieures. En effet, dans certains cas, lorsqu’on s’efforce de définir une identité fragile et confictuelle, oublier toute contrainte peut sembler la seule façon de survivre.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 75.
Que retenir ? Qu’il y a de plus en plus de gens égocentriques ? Oui, on le constate à chaque jour. Qu’il y a de plus en plus de gens narcissiques ? Oui, on l’observe à tous les jours.
Le magazine scientifique de l’Université de Fribourg
Dossier
Tous narcissiques?
par Patricia Michaud
A l’ère des réseaux sociaux et du focus sur l’individu, la question revient souvent: sommes-nous toutes et tous narcissiques? Le point avec le généticien Bruno Lemaitre, auteur d’un livre sur le sujet, et avec le philosophe Patrik Engisch, qui a fait du sujet un point fort de sa recherche à l’Université de Fribourg
La notion de narcissisme est un peu utilisée à toutes les sauces; comment la définiriez-vous?
Bruno Lemaitre: En effet, plusieurs définitions circulent. Voici celle que je trouve la plus pertinente: sont narcissiques des individus qui aiment se mettre en avant et être des leaders. Ils se rendent visibles et sont souvent extravertis. Parfois, ils prennent des risques pour réussir et obtenir un gain en reconnaissance. Il y a aussi la notion de surdimensionnement: ils exagèrent, parfois inconsciemment. Ils ont également le sentiment d’être spéciaux, de ne pas avoir à suivre les règles. J’appelle cela l’«entitrement», une traduction personnelle du terme anglais entitled. Je citerais aussi une forte estime de soi et un attachement au statut, qui entraînent une vulnérabilité face à la critique. Ces personnes recherchent des situations où elles seront admirées. La séduction et l’aisance dans les relations à court terme sont aussi des indicateurs de narcissisme. Un autre point clé: une sensibilité accrue au regard des autres. A noter qu’il y a deux formes de narcissisme, la forme grandiose et la forme vulnérable. Le narcissique grandiose a besoin de l’admiration des autres, au point parfois d’y être accro; là, on peut entrer dans la pathologie. Tandis que le narcissique vulnérable est, lui, en recherche d’acceptation par les autres. Il se montre donc très sensible aux critiques.
Narcisse s’est regardé comme un reflet dans l’eau et a commencé à s’aimer pour sa propre beauté. Peinture par Caravaggio (1571–1610), Galleria Nazionale d’Arte Antica. Wikipédia.
Le téléphone cellulaire devient-il aujourd’hui cette étendue d’eau dans laquelle ses adeptes regardent leur propre reflet ? Ou, au contraire, le téléphone cellulaire détourne-t-il ses adeptes d’eux-mêmes ? Les réponses à ces questions demeurent hors de ma portée car il y a beaucoup plus de jugements que d’études objectives sérieuses.
Je noterai cependant que les productions télévisuelles québécoises se targuent de scénariser des Québécois afin qu’ils puissent se reconnaître à l’écran. Est-ce de l’égocentrisme, du narcissisme ? Personnellement, je ne regarde pas la télévision d’ici pour me voir, pour me reconnaître. Une représentation de moi-même ne me divertie pas du tout. Non pas parce que je ne m’aime pas ou que je n’aime pas le peuple dont je suis ais plutôt parce que ce n’est pas un enjeu pour moi. Je n’ai pas besoin de voir des gens comme moi ou des gens de ma culture pour être rassuré, conforté dans que je suis et comment je le suis. Il n’y a dans cette approche de la télévision aucune découverte. Mais il semble que cela explique en partie le succès de la télévision québécoise auprès des Québécois.
J’ai montré que la culture de l’authenticité s’inspire d’un idéal qui, correctement compris, en condamne les variantes le plus « narcissitques ». C’est une culture qui souffre d’une tension constitutive. Mon point de vue s’oppose donc à cette conception très répandue selon laquelle les formes les plus égocentriques de la réalisation de soi ne sont que le produit d’un égïsme effréné ou, au mieux, qu’elles procèdent d’un idéal qui ne vaut guère plus que les conduites les moins recommandables qu’il inspire.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 7 – La lotta continua, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 91.
Le philosophe Charles Taylor s’appuie sur cette « tension constitutive » en soutenant : « Cette tension naît du sentiment d’un idéal qui n’est pas entièrement satisfait dans la réalité ». Il présume que nous sommes sous l’influence d’un idéal d’authenticité que nous ne parvenons pas à satisfaire dans nos efforts de réalisation de soi. Je n’adhère pas à cette idée faisant de l’authenticité un idéal à atteindre.
Dans cette perspective, la société n’évolue pas dans une seule direction. Le fait qu’il y ait des tensions et des conflits signifie qu’elle peut aller dans un sens ou dans l’autre, D’une part, il y a tous les facteurs, sociaux et intérieurs, qui rabaissent la culture de l’authenticité vers ses formes les plus égocentriques; de l’autre, il y a la force inhérente et les exigences de son idéal. Un conflit s’engage, qui pourrait se résoudre dans un sens ou dans l’autre.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 7 – La lotta continua, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 97.
S’il est une tension, à mon humble avis, est met en scène l’idéalisme et le réalisme. Je me demande si nous pouvons être autrement qu’authentique. Aussi, la réalité ne rime tel pas avec authentique, non idéalisme. Évidemment, tout repose sur la définition de l’authenticité.
Revues Philosophiques Volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 3-248 L’authenticité : une esquisse de définition. – L’objectif de cet article est de cerner la nature de l’idéal d’authenticité, si répandu dans notre culture et nos sociétés contemporaines. Tout d’abord, l’authenticité ne joue-t-elle pas un rôle analogue, par son ampleur et sa vocation à s’appliquer à la totalité de la vie, de ce qu’a été l’idéal de sagesse pour l’Antiquité ? D’autre part, l’authenticité peut-elle se définir simplement comme une sincérité intégrale ? N’est-elle pas plus proche de la vertu d’intégrité ? Nous nous efforçons de montrer l’insuffisance des deux principales voies pour approcher cette notion, celle des théories expressivistes de l’authenticité, d’inspiration romantique, et celle des théories volontaristes qui se sont développées dans le sillage de l’existentialisme : aucune de ces deux approches ne permet de répondre à ce que nous avons appelé le « problème difficile » de l’authenticité.
L’authenticité : une esquisse de définition
par Claude Romano, Université Paris-Sorbonne, 2020
(…) Si être authentique consiste à être fidèle à ses engagements quels que soient ces engagements, nous nous sommes ôté le moyen de rendre compte du fait indéniable qu’il est tout à fait possible de s’engager à quelque chose (pensée, action) sans que cela reflète le moins du monde ce que nous sommes — simplement parce que nous sommes les jouets de notre entourage ou d’une fausse idée de nous-mêmes. Or toute pensée de l’authenticité doit se donner les moyens de distinguer des engagements faussés, inadéquats, c’est-à-dire procédant d’une forme d’étrangeté à soi ou d’aliénation, et des engagements conformes à notre être — et cet être ne saurait se ramener à une somme d’engagements. (…)
On le voit, l’authenticité n’est ni la sincérité ni l’intégrité : elle ressemble à la sincérité en ce sens qu’elle a affaire à la vérité, et consiste à faire la vérité sur soi, à la fois pour soi-même et pour les autres. Tandis que la sincérité consiste simplement à dire ce qu’on pense, et la fiabilité à faire ce qu’on dit, l’authenticité consiste à être ce qu’on est et à se présenter aux autres comme tel. C’est pourquoi une seconde différence importante entre la sincérité et l’authenticité est que celui qui est sincère peut parfaitement se duper lui-même ou être dans l’illusion sur soi — il dit ce qu’il pense ou ce qu’il éprouve, mais il se trompe à ce sujet. Être sincère n’implique aucunement que ce que l’on dit avec sincérité soit la vérité (il suffit que cela soit ce qu’on croit être la vérité). Au contraire, faire la vérité dans sa vie, exister en plein accord avec soi-même, c’est-à-dire avec ce que l’on croit, espère, désire, avec les idéaux auxquels on souscrit, implique nécessairement ne pas être dupe de soi-même, de posséder une certaine lucidité à l’égard de soi. D’autre part, l’authenticité ressemble à l’intégrité puisqu’elle consiste à mener une existence qui soit conforme à ses propres principes, mais elle s’étend au-delà de l’intégrité à des aspects de nous-mêmes qui n’ont pas de statut éthique, comme l’épanouissement de nos propres talents, le fait de suivre nos véritables préférences au lieu de se conformer aux goûts des autres, ou d’écouter nos sentiments véritables au lieu de les confondre avec ceux de notre entourage. L’intégrité consiste à se tenir fermement à ses principes éthiques et à se conduire en conséquence ; l’authenticité consiste plutôt en deux attitudes étroitement imbriquées : 1) vivre en conformité avec ses principes mais aussi avec ses aspirations en général, ses goûts, ses préférences, ses talents, ses réactions affectives ; 2) se présenter aux autres d’une manière qui soit fidèle à ces mêmes principes, aspirations ou réactions affectives, et ne pas chercher à les travestir. L’intégrité est une fidélité à des valeurs qui sont justes ou bonnes, mais pour ainsi dire « impersonnelles » ; l’authenticité est une fidélité à ces mêmes principes, mais également à des valeurs plus « personnelles » — désirs, goûts, aspirations pour autant qu’ils sont les nôtres, qu’ils constituent notre propre identité.
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
Parlant du paradigme expressiviste et du paradigme volontariste de l’authenticité, Claude Romano ajoute :
En outre, il y a une critique qu’il faut adresser conjointement à ces deux paradigmes : ils demeurent prisonniers d’une conception foncièrement individualiste de l’authenticité. (…)
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
J’aime bien cette dénonciation de la « conception foncièrement individualiste de l’authencité » dont nous pouvons être prisonniers parce que l’authenticité n’est pas qu’une affaire individuelle – personnelle – mais aussi et surtout d’identité sociale
Si nous voulons donc donner un sens à l’idée d’authenticité, il faut d’une part admettre une nature individuelle de chacun, située en deçà de tout choix et de toute volonté, et qu’il est possible d’apprendre à discerner pour trouver son orientation dans l’existence, et, d’autre part, admettre que cette « nature » (il n’y a aucune raison de refuser ce terme) se modifie au gré de l’histoire individuelle de chaque être et sous l’effet d’innombrables influences, ce qui ne la disqualifie aucunement pour sous-tendre l’exercice de notre authenticité. En réalité, l’authenticité ne consiste pas seulement en une présentation de soi aux autres qui soit fiable et véridique ; elle est ce qui contribue, en vertu de la manière dont nous nous présentons aux autres, à la constitution même de notre identité, au fait pour nous de jouir d’une identité stable que nous puissions endosser devant autrui. L’authenticité sert à « construire » notre identité en tant qu’identité fondamentalement sociale. Elle est le socle d’une dynamique sociale de constitution de soi en vertu de laquelle seul peut avoir une identité au sens ici pertinent celui qui est capable de l’assumer de manière fiable devant les autres — et de l’endosser de cette manière pour qu’elle soit précisément son identité. L’authenticité, au même titre que la sincérité (dire ce qu’on pense) ou la fiabilité (faire ce qu’on dit), a un rôle essentiel à jouer dans la constitution de nos identités, et pas seulement dans leur communication, en sorte que tout ce processus est un processus essentiellement social, et non pas social de manière simplement accidentelle.
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
Au Québec, en 1967, année du centenaire du Canada et alors que le Québec est en pleine Révolution tranquille, le chanteur québécois Pierre Filion enregistre une chanson au sujet de l’authenticité et de la liberté d’expression sous le titre « Dis ce que tu penses ». La chanson sera popularisée par la publicité d’une marque de bière. Elle sera populaire au point d’être au programme des feux de camp de mes années dans les scouts.
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Il faut être soi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu as un travail, fais-le
Tu as raison, dis-le
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Quand c’est non, c’est non
Si ça va, c’est bon
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu aimes la vie, vis-la
Tu as une blague, dis-le
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu as un droit, dis-le
Tu as un devoir, fais-le
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Ta vieille routine, brise-la
Cette aventure vit la
Dis que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu es heureux, crie-le
Ton merci, dis-le
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dis ce que tu penses
Fais-ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dans son essai GRANDEUR ETMISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe CHARLES TAYLOR observe que « le sujet devient de plus en plus le centre de tout, et de multiples façons » dans la culture moderne. Il soutient que « La liberté et l’autonomie moderne nous centrent sur nous-mêmes ». Enfin, il ajoute que « l’idéal de l’authenticité exige que nous découvrions et formulions notre propre identité ». Notons ce lien entre l’authencité et l’identité.
Dans ce débat polarisé, on se trouve à escamoter, en même temps que cet idéal, une distinction essentielles à la compréhension de la culture moderne. On pourrait dire de cette culture qu’elle est emporté par un mouvement multiforme de « subjectivation » : le sujet devient de plus en plus le centre de tout, et de multiples façons. Les choses qui trouvaient autrefois leur centre de gravité dans quelque réalité extérieure — la loi ou la nature — dépendent désormais de notre possibilité à choisir. Les questions auxquelles une autorité apportait naguère une réponse indiscutable, il nous faut maintenant y réfléchir par nous-mêmes. La liberté et l’autonomie moderne nous centrent sur nous-mêmes et l’idéal de l’authenticité exige que nous découvrions et formulions notre propre identité.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 8 – Des langages plus subtils, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 103.
« Authenticité » et « Identité » ne peuvent pas être séparés. Il s’agit donc d’être authentique dans notre identité ou d’avoir une indentité authentique. Et qui dit « Identité », dit aussi « sociale ».
Si être authentique, c’est être sincère avec soi-même, recouvrer son propre « sentiment d’existence (54) », nous ne pouvons alors y parvenir pleinement qu’en reconnaissant que ce sentiment nous relie à un tout plus vaste. Ce n’était sans doute pas par hasard qu’à l’époque romantique le sentiment de soi et le sentiment d’appartenir à la nature étaient liés (55). Peut-être la perte de ce sentiment d’appatatenance à un ordre commun doit-elle être compensée par le sentiment qu’il existe un lien plus fort, plus intérieur. C’est vraisemblablement ce à quoi une grande partie de la poésie moderne a essayé de donner forme; mais nous avons peut-être aujourd’hui besoin de plus que cela.
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(54) En français dans le texte. (NDT)
(55) Voir Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Ve Promenade, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1959, p. 1045.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 8 – Des langages plus subtils, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 115-116.
Mais en quoi y a-t-il un « sentiment » d’exister ? Dans son texte, Le sentiment d’exister, le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger écrit :
Le sentiment d’exister est différent de celui de se sentir vivant, de sentir battre son cœur ou de constater simplement que ça bouge à l’intérieur de nous.C’est le sentiment d’appartenir à une communauté. Il nous renvoie à la quête de notre identité, dans notre propre famille, dans notre couple ou parmi nos amis…Un sentiment à la fois fragile et intime…
Le sentiment d’exister serait donc « le sentiment d’appartenir à une communauté » ? J’existe en lien avec mes relations au sein de ma communauté mais, personnellement, je n’en n’éprouve pas pour autant un sentiment d’exister.
Dans son texte, Les avatars du « sentiment de l’existence », de Locke à Rousseau, John S. Spink écrit :
LES AVATARS DU «SENTIMENT DE L’EXISTENCE» DE LOCKE A ROUSSEAU
Les deux notions, « sentiment de l’existence » [1] et « sentiment du moi », séparent les deux grands courants de la spéculation du siècle des Lumières en ce qui concerne la théorie de la connaissance, à savoir l’empirisme sensualiste et le rationalisme innéiste, l’une ayant été exprimée pour la première fois, sous la forme « sentiment de sa propre existence », par un lecteur assidu de Locke [2], et l’autre, sous la forme « sentiment intérieur que l’on a de soi-même », par Malebranche [3]. Le troisième membre de la triade qui a façonné cette spéculation à ses débuts, l’Irlandais Berkeley, n’employait ni l’une ni l’autre, et ne pouvait le faire, car il s’interdisait par principe de s’envisager comme l’objet d’une perception : il était, par définition, « ce qui perçoit » et non « ce qui est perçu » [4]. Quant à celui qui a donné à l’expression « sentiment de l’existence » sa plus grande richesse de contenu psychologique, comme perception affective, à savoir Jean-Jacques Rousseau, on peut dire de lui que ses spéculations ont souvent visé à réconcilier Locke avec Malebranche et Platon. « Au point de départ du platonisme de Rousseau, a pu écrire Pierre Burgelin, il y a l’idée la moins platonicienne qui soit » [1].
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Pour les Notes en bas de page, voir l’original en ligne avec le lien ci-dessous.
Dans les derniers chapitres se GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe CHARLES TAYLOR nous entraîne dans le monde politique, économique et technologique, ce qui ne surprendra le lecteur avisé compte tenu de son parcours politique. On ne peut certainement pas lui reprocher d’aborder ces thèmes dans le contexte de la modernité.
Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles
La commission Bouchard-Taylor (du nom des coprésidents), officiellement Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, a été créée le 8 février 2007 par Jean Charest, premier ministre du Québec, pour examiner les questions liées aux accommodements raisonnables consentis sur des bases culturelles ou religieuses au Québec(1).
La commission était dirigée par le philosophe Charles Taylor et le sociologue Gérard Bouchard. Son rapport final a été rendu public le 22 mai 2008 et la commission a fermé ses bureaux le 18 juin 2008.
(…)
Charles Taylor
Le député péquiste Pierre Curzi a par ailleurs ajouté que l’autre coprésident de la commission, M. Taylor, était fédéraliste(18).
De plus, la présidente de la ligue des femmes du Québec, Claudette Jobin, a déclaré que Charles Taylor ne devrait pas siéger sur la commission en raison de ses opinions religieuses, ayant été récipiendaire du prix Templeton.
Surnommé le « pape du communautarisme »(20), Taylor est pourtant réputé pour ses opinions larges et tolérantes, ayant auparavant milité pour le Nouveau Parti démocratique du Canada.
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(1) Pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles [archive]. Communiqué de presse. Le 8 février 2007.
Dans le dernier chapitre, 10 – Contre la fragmentation, le philosophe Charles Taylor conclut son œuvre en nous invitant à un débat, non pas pour ou contre la culture moderne, mais plutôt à une discussion évitant la fragmentation entre grandeur et malaise de la modernité.
Mais la conclusion générale que je veux tirer de toutes ces observations consiste dans l’interpellation des divers aspects du malaise moderne. La remise en perspective de la technologie exige une action politique collective pour contrer la poussée du marché et de l’État bureaucratique vers l’autonomisme et l’intrumentalisme. Et cette action collective exige à son tour que nous dépassions la fragmentation et le sentiment d’impuissance — c’est-à-dire que nous affrontions le risque, que Tocqueville a été le premier à définir, de dérapage de la démocratie vers un pouvoir tutélaire. Par ailleurs, comme les attitudes atomistes et instrumentales sont les principales causes des formes futiles et superficielles d’authenticité, une démocratie vigoureuse, aurait, de ce point de vue aussi, un impact positif.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 10 – Contre la fragmentation, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 149.
Tocqueville et la question de l’autorité
Par Olivier Michaud
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de maître es arts (M.A.)
« Le despotisme démocratique n’est pas comme un despotisme traditionnel. Il ne situe pas le pouvoir dans une personne, mais dans une entité impersonnelle et bureaucratique, l’Etat, qui est le produit de la souveraineté du peuple. Comme un despote, il s’élève au-dessus de la société et nivelle donc tout au-dessous de lui. Plus profondément, il s’apparente au despote en ce qu’il dégrade la nature humaine en poussant les individus à s’isoler et à ne pas penser. C’est pourquoi Tocqueville parle d’un « pouvoir tutélaire », c’est-à-dire d’un pouvoir qui vient se placer à côté de chaque citoyen et qui lui dicte sa conduite, voire sa pensée. « Au-dessus de ceux-là [des citoyens démocratiques] s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. »(391) Puisqu’il se développe par les vices des citoyens, ces derniers le regardent comme un bienfait. Il s’agit donc vraiment d’un despotisme « tout-puissant »(392).
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(391) DA 2,4, 6, p. 837.
(392) DA 2, 4, 6, p. 838. Le mot « tout-puissant » se trouve à différent endroit de la quatrième partie : p. 810, 818 848 »
MICHAUD, Olivier, Tocqueville et la question de l’autorité, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de maître es arts (M.A.), FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL, QUÉBEC, 2007, p. 134. Télécharger ce mémoire (PDF gratuit).
N’oubion pas que ce livre date de 1992, c’est-à-dire de plus de trentes ans, et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis (on a même vue des ponts être emportés par les eaux).
Il faut espérer une reconcilliation des discours sur les grandeurs de la modernité et des discours sur la misère de la modernité. pour trouver des solutions aux dérives des uns et des autres.
Quant au « sentiment d’existence » que je n’éprouve pas parce que je ne lie pas mon existence à un sentiment. Je ne sens pas que j’existe. J’existe, tout simplement et sans plus. Je n’éprouve pas le besoin de ressentir mon existence. Le seul et uniquement besoin lié à mon existence tient d’une évidence cérébrale, raisonnable et, plus précisément, au « Je pense, donc je suis » de Descartes. Ainsi, « je pense, donc j’existe » ou « je pense, donc je vis ». Je suis de la communauté de ceux et celles qui ont conscience de penser et qui ont à cœur le partage de ce qu’ils pensent.
Mais une question me vient à l’esprit à la suite de la lecture de GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ de CHARLES TAYLOR :
Qui suis-je ?
Comment répondre à cette question ?
J’accorde quatre étoiles sur cinq
au livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ
de CHARLES TAYLOR
chez Les Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME, sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines. / Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? » Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
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La philosophie est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls philosophes ayant pignon sur médias. Elle est l’affaire de toutes et de tous, sans distinction d’âge ni de classe sociale. Lorsque le point d’interrogation, porte-parole de cette égalité universelle, se révolte, alors nous sommes sans doute tous philosophes. Ce signe de ponctuation, en apparence anodin, gagne à être mieux connu : il est le révélateur de notre propre devenir.
L’être humain est un être de signes et de questions. Il n’aime rien tant que les histoires. Celle du point d’interrogation nous conduit depuis ses origines antiques jusqu’à l’épiphanie de son à-venir. Il a été, est et sera toujours l’outil de l’Homo philosophicus. Mais gardons-nous bien de croire que cela ne concerne que quelques individus d’une espèce élitiste, sélectionnés par on ne sait quel dieu du nombril égocentrique.
Qui et quoi que nous soyons, nous sommes toutes et tous des choses qui pensent, donc nous sommes des êtres qui se questionnent. Prenons en main, avec cet éloge, le bâton courbé du point d’interrogation, et entamons ce voyage vers nous-mêmes, au pays de la philosophie pour tous.
* * *
Patrick Moulin est l’auteur de « Fidel Castro est-il Socrate ? » et « De Socrate à Descartes – Philosophie – Fiches de lecture ». Directeur des Soins honoraire, il est l’administrateur du blog Directeur-des-Soins. com, dédié à la philosophie et à l’éthique.
Table des matières
Avant-propos
I. Histoire de signes, signes d’histoire
Sémiologie interrogative
Où Henri Bergson répond à Mylène Farmer
Pas de signe sans langage, pas de langage sans interlocuteur
Ponctuation conceptuelle
La ponctuation à travers quelques âges
Couvrez ce point que je ne saurais voir
Histoire particulière du punctus interrogativus
L’époque contemporaine : définition et fonctions du point d’interrogation
II. Point d’interrogation, philosophie et philosophes
La philosophie est interrogation ou elle n’est pas
Socrate, le point d’interrogation vivant
Le cas suspensif des sceptiques
Descartes : le doute remâché
Rousseau, L’origine des langues
La tétra-interrogation de Kant et le Sapere aude
Le monologue de Bergson
Nietzsche : la dynamique de la dynamite
Sur la route de Karl Jaspers
De l’étonnement
Du doute
Du bouleversement
Ni âge, ni condition pour philosopher
III. Métempsycose du point d’interrogation
Méta-interrogation
Notion de méta
La « question » : de la quête…
… à la torture
Le cycle interrogatif
L’évolution des espèces : quelle était la première question
Métempsychose, puissance et acte
Frontières de l’interrogeable : l’apophatisme
Temporalité d’une interrogation
Naissance digestive de la question
L’idiotisme interrogatif
Espace-temps, durée pure : le Tao du cycle interrogatif
Dithyrambe de la mauvaise réponse
Structuralisme des cycles interrogatifs
Le syndrome de la bonne réponse
Trop d’interrogation tue l’interrogation
IV. Le Who’s Who du point d’interrogation
LES « QUI »
Ecce interrogator
Ecce responsor
LE « QUOI » DES « QUI »
Le Banquet démonique
Où Socrate nous délivre l’esprit par sa maïeutique
Le « comment » du « quoi » des « qui » : éthique du point d’interrogation
Êthikos et moralis
Le bon, le juste et l’interrogeant
Un petit pas pour l’homme, un « bon » géant pour l’éthique
Le juste moral
Politique interrogeante
V. L’interrogation est philosophique ou elle n’est pas
Du phénix de sagesse au bourgeois gentilhomme
Au prisme du PIF
Discours PIFométrique de la méthode
Le « que » du chas
Le dit « mange », à Bamako ou ailleurs dans le monde
Qui est « On »
Délivrance du point d’interrogation
Entre sophistes affairés et questionneurs oisifs
Libertés plurielles
Ponctuation herméneutique
Impermanence du questionnement
Juste question et réponse bonne
Et ensuite ?
Bibliographie
Ouvrages
Articles
Table des matières
EXTRAITS
« Éloge du point d’interrogation» – Résumé de l’ouvrage
Pourquoi un éloge ? L’exposé des motivations
Être philosophe, ça vous pose un homme. Mais n’y a-t-il pas tromperie sur la marchandise ? La philosophie est-elle un luxe spirituel seulement réservé à une élite spiritueuse, à un cercle restreint des aèdes parvenus ? Dans l’affirmative, le grand voyage qu’est notre vie comporterait alors une classe économique, fatalement prédestinée au commun des mortels abêtis, et une classe affairée, une Business class, uniquement échue au gotha des penseurs attitrés. Le décalage entre cette jet-set et le vulgum pecus serait ce que le jet-lag est aux périples intercontinentaux : un mal inévitable de l’esprit.
Si l’on en croit Aristophane, Socrate lui-même montre une certaine appétence pour les déplacements aériens. Dans la comédie Les Nuées, le père de la philosophie occidentale est décrit voyageant dans le panier d’un ballon, choisissant ainsi la meilleure place pour observer au plus près le Soleil et les divers corps célestes. Pourtant, Socrate ne monterait jamais dans un avion aussi discriminant que celui envisagé plus haut : il refuserait son siège pré-attribué en première classe. Certes, c’est en partie dû à l’extrême rareté des aéronefs à l’époque de l’Antiquité : la compagnie grecque alors la plus connue, Air Icare, affichait un taux de satisfaction particulièrement bas chez ses mythologiques passagers. Mais c’est d’abord parce que Socrate conçoit la philosophie comme étant l’affaire de chacun, et par conséquent comme revenant à tous, sans distinction de classe ni de richesse.
Tous philosophes ? Sans doute une telle idée paraît séduisante, mais trop belle pour être vraie. Prenons garde à ne pas céder aux sirènes de la flatterie démagogique des masses : vous pensiez ? j’en suis fort aise : et bien ! philosophez maintenant ! Faut-il alors s’attacher, tel Ulysse, au mât protecteur du sophiste qui rumine à notre place ? On s’attache, et on s’empoisonne avec des pseudo-flèches qui nous illusionnent. Apprenons à penser par nous-mêmes, humblement, grâce au simple point d’interrogation qui nous fait signe. Découvrons que nous disposons déjà de cette capacité : nous pensons tous en acte, donc tous, nous sommes des philosophes en puissance.
Synthèse des différents chapitres
Sémiologie et historique
C’est l’histoire d’un philosophe, né au XIXe siècle, qui se retrouve pris dans une faille temporo-spatiale, propulsé au XXe, dans la salle où a lieu le concert d’une chanteuse rousse. Là, faisant face au désenchantement, il réalise une véritable catharsis : rien n’a de sens, en particulier si ce rien a tout du chaos. En l’absence d’interrogation, il n’y a point de salut. Et c’est bien la ponctuation qui fait signe, singulièrement et pluriellement.
Toutes les phrases du philosophe patenté sont ponctuées par des caractères affirmatifs, exclamatifs, des virgules et autres tirets demi-cadratins… Toutes ? Non ! Car une phrase peuplée d’un irréductible point résiste encore et toujours à l’envahisseur agréé de la pensée. Cette phrase révoltée, c’est celle que clôt le point d’interrogation, donnant alors tout son sens à l’énoncé produit. Ce signe extra-alphabétique vient de loin, et porte avec lui son lot d’étrangeté : certains lui attribuent même une origine féline ! Mais, tel un couteau suisse, il possède de multiples fonctions que les philosophes, véritables cette fois-ci, vont mettre à grand profit.
Ponctuation philosophique
Dans ce chapitre, plusieurs doctrines philosophiques sont soumises à la question soulevée par le crochet du point d’interrogation. Le grand écart temporel entre les périodes où ont vécu ces différents philosophes, de l’Antiquité de Socrate jusqu’au temps contemporain de Jaspers, est inversement proportionnel à leur communauté d’approche. La philosophie est interrogation ou elle n’est pas.
Socrate, accoucheur des esprits et chirurgien du dialogue, est LE point d’interrogation vivant. Le plus sage d’entre tous sait qu’il ne sait rien, et c’est déjà beaucoup. Un peu plus tard, les sceptiques déclarent qu’ils ne savent rien non plus, et que pour autant ils ne veulent rien savoir : rien n’a de sens, et c’est très bien comme ça. Devant l’inconnaissabilité des choses, ils suspendent leur jugement sine die. Pensant donc étant, Descartes se révèle un douteur compulsif. Il décline le point d’interrogation en une méthode à quatre voies. De son côté, c’est par trois que Rousseau divise les manières d’écrire qui sont à l’origine des langues. Le point d’interrogation y trouve notamment son statut d’idéogramme, léger, mais costaud. C’est à nouveau par quatre que se présentent les questions philosophiques d’un Kant assoiffé de savoir anthropologique. Le promeneur de Königsberg ose tout, pourvu que ce soit en pleines Lumières. Après son épisode de retour vers le futur au premier chapitre, Bergson fait une nouvelle apparition remarquée, vantant tous les bienfaits de l’hétérogénéité et de la durée pure. Délaissant l’instinct animal et l’intelligence trop humaine, c’est désormais l’intuition qui conduit le point d’interrogation vers l’infini et au-delà. Avec la dynamite nietzschéenne, c’est le pont-pont, l’Éternel Retour du dépassement. Le point d’interrogation renverse toutes les idoles sur son passage surhumain.
Le parcours en compagnie des philosophes se conclut avec Karl Jaspers. Tel le lapidaire, il taille le point d’interrogation selon trois facettes : l’étonnement, le doute et le bouleversement. La question ne prend son véritable sens dans la réponse que si cette réponse évolue vers une autre question. Le point d’interrogation est décidément une histoire sans fin.
Perpétualité du cycle interrogatif
Qu’est-ce qu’une question ? D’un côté, il y a la recherche, sinon de la vérité, du moins d’une réponse vraisemblable. De l’autre, ce terme signifie la torture et, qu’elle soit religieuse ou judiciaire, ça fait mal dans tous les cas. Seule la première définition concerne cet éloge du point d’interrogation. L’apologie de Socrate ou de tout autre philosophe est antinomique avec celle de supplices barbares, même si elle n’est pas exclusive de quelques tourments mentaux. Accoucher l’esprit oui, mais surtout pas dans la douleur extrême.
S’il y eut un jour une première question posée par un être humain, il faut bien avouer qu’aujourd’hui elle nous échappe. Pourtant, l’évolution des espèces et même la réincarnation présentent des similitudes avec l’enchaînement question / point d’interrogation / réponse, autrement dit le cycle interrogatif. Il y eut assurément un cycle originel, qui impulsa l’élan à tous les autres, en donnant le signal de départ au signe dont nous faisons l’éloge, et à tous les cycles qu’il a engendrés depuis. Sinon, nous ne serions pas là à nous demander quelle était cette question.
Il y a un temps pour tout : un temps pour questionner, un temps pour s’interroger, un temps pour répondre. Le cycle interrogatif s’inscrit dans une durée, et il offre une liberté presque inimaginable car d’abord invisible. Une fois dépassée l’illusion de la bonne réponse, et la fallacieuse sécurité d’une vérité trop stricte, il faut se rendre à l’évidence, et s’abandonner à cette impesanteur du point d’interrogation : il n’est que du vide, certes, mais c’est à nous de le remplir à foison. Ainsi, c’est nous-mêmes et notre bien trop pesante intelligence que nous laissons à terre au profit d’un plus que libre à-venir.
Le Who’s Who du point d’interrogation – Qui, quoi, comment
Pour exister, le cycle interrogatif a besoin d’acteurs, de contenu, et de mise en forme. L’être humain est un animal questionnant. Nous ne savons pas tout et nous ne sommes même pas dotés de la capacité de tout savoir. Nous ne pouvons que nous perdre en conjectures sur la cause de ces lacunes : sont-elles dues à un dieu farceur ou peu attentif à ce qu’il a créé ? la nature humaine n’est-elle faite que pour apprendre à apprendre ? Toujours est-il que l’animal questionnant est également un animal questionné : je questionne, donc tu réponds. Il y a toujours un autrui quelque part, pourvu qu’il accepte de répondre ou au moins d’entendre et de recevoir la question.
Tout se passe comme lors d’un banquet entre amis de la pensée. Les avis peuvent diverger ou converger, c’est selon le thème imposé ou proposé, mais le partage est toujours au cœur des échanges. Le point d’interrogation est à la fois un lien, un liant et un libérateur. Et puisqu’il est question de multiples convives, il ne faut pas manquer d’inviter l’éthique et la morale au menu du banquet. Rien de tel que le bon et le juste pour animer les débats. Mais tout n’est pas toujours rose au pays du point d’interrogation. Parfois les esprits s’échauffent en escalade symétrique ou en inégalité complémentaire. Car le point d’interrogation est aussi un outil politique : la sérénité de la Cité, polis en grec, dépend grandement de ce gardien des Lois.
L’interrogation est philosophique ou elle n’est pas
Ce dernier chapitre apporte sa réponse, partielle et partiale, à la question à l’origine de cet éloge du point d’interrogation : sommes-nous tous philosophes ? Le phénix stoïcien succède au phénix introductif des hôtes de ces bois. Pour nous accomplir dans cette capacité universellement humaine de pratiquer la philosophie, un outil, très particulier et pourtant dérisoire d’aspect, peut nous être fort utile. La démonstration de sa pertinence tient tout entière dans cette partie conclusive, elle-même s’espérant concluante. Quel est-il ? Comme toute révélation, son secret se dévoile dans les écritures de l’opuscule élogieux. Nous n’en dirons donc pas plus ici, la place nous manquant, tout autant que le désir irraisonné d’être lu. Juste un indice pour vous qui êtes chez vous, tel l’albatros, le point d’interrogation y déploie ses ailes de géant. Parce que la vie est trop courte pour la penser triste, que diriez-vous de devenir alors, sans grand effort, librement et joyeusement sages ?
Quelqu’un demande un jour à un jésuite : « Est-il vrai que vous, les jésuites, répondez toujours à une question par une autre question ? ». Le docte ignacien réplique tout de go : « Qui vous a dit ça ? ». Cette histoire ancienne résume pour partie la thèse de cet ouvrage : le point d’interrogation est-il une clé, mise à la disposition de tous, pour cheminer vers la sagesse ?
Contenir plus de deux mille cinq cents ans de philosophie occidentale dans un seul signe de ponctuation, voilà qui relève d’un contorsionnisme à faire pâlir le plus expérimenté des maîtres yogis. La simple idée de cette réduction semble de l’ordre du blasphème intellectuel ou du crime de lèse-raisonnement. Pourtant nous nous garderons de couper la tête au point d’interrogation, puisqu’il courbe déjà l’échine par sa seule calligraphie. Par ailleurs, la conjonction d’une présomption de blasphème avec l’usage de la dénomination de question, présente historiquement des risques majeurs pour un hérétique point de vue, fût-il interrogatif.
Nous sommes tous, au moins depuis Descartes, des choses qui pensent et qui existent par cette faculté de penser{1}. Le découvreur du Cogito énumère les capacités que possède une chose qui pense : douter, concevoir, affirmer, nier, vouloir et ne pas vouloir, imaginer et sentir. Mais ici, l’arbre de la philosophie cache une forêt des plus denses : celle des questions, ce préalable indispensable à l’exercice plénier de la liste capacitaire qui vient à l’instant d’être égrenée.
Être, telle est la question dans sa finalité. Mais l’interrogation n’acquiert réellement son statut que sous deux formes : soit indirecte : « Je me demande si vous allez acheter mon livre », soit directe, marquée par le signe de clôture qu’est le point d’interrogation : « Achèterez-vous mon livre ? ». Précisons que ces deux phrases ne sont que des exemples, toute ressemblance avec une injonction subliminale d’achat de cet ouvrage ne saurait être que purement fortuite.
Le point d’interrogation est un marqueur de sens : il signifie son statut à la question, il indique la direction de la réponse. Il se situe au croisement de ces deux étapes, mais il paraît porteur de bien plus de choses encore. La révolution copernicienne substitue le soleil à la terre comme centre de l’univers physique. Cet éloge ponctuel n’atteindra assurément pas un tel niveau de bouleversement, mais il nous semble que ce signe extra-alphabétique recèle peut-être en lui quelque chose qui s’apparente au renversement des idoles géocentristes. Les philosophes patentés, au centre de la bien-pensance élitiste, ont sans nul doute quelques plumage et ramage à concéder, si notre thèse se voit confirmée, ne serait-ce qu’en partie.
Prenons donc la liberté de nous interroger sur ce point particulier, sur ce signe qui nous lance à chaque fois un appel, sinon à répondre, du moins à nous mettre en route, en tentant de faire le tour péripatéticien de la question. Pour clore cet avant-propos, suggérons une seconde fin à l’histoire introductive. Après avoir répliqué à son locuteur, le jésuite demanda : « Quelle était la question ? » C’est une des voies que nous emprunterons lors de ce périple qui débute maintenant. Le balisage est à la randonnée ce que le point d’interrogation est à nos marques. Prêts ? Partons.
Nous n’aurons pas le Temps – Consolation de l’Éphémère
Éditions du Net · 14 sept. 2023Éditions du Net · 14 sept. 2023
L’éphémère est une histoire à dormir debout. Tout, tout le temps, prend la forme d’un instant qui ne dure pas, et qui réclame en passant son lot de consolation. Voici l’histoire philosophique dont vous êtes le héros, entouré de divinités de la mythologie grecque, des contes de Pinocchio et d’Alice, et de fables taoïstes. Modeste héraut, je ne fais qu’annoncer : c’est à vous de voir.L’éphémère est une histoire à dormir debout. Tout, tout le temps, prend la forme d’un instant qui ne dure pas, et qui réclame en passant son lot de consolation. Voici l’histoire philosophique dont vous êtes le héros, entouré de divinités de la mythologie grecque, des contes de Pinocchio et d’Alice, et de fables taoïstes. Modeste héraut, je ne fais qu’annoncer : c’est à vous de voir.
Le Syndrome du Funambule – Essai sur le Midi de l’Être
Éditions du Net · 22 mars 2023Éditions du Net · 22 mars 2023
« Qu’est-ce que ça fait, si on accepte tout ? » Camus, alors âgé de vingt-deux ans, pose cette question dans son premier recueil de nouvelles, « L’Envers et l’Endroit », publié en 1937. Si vous en comprenez pleinement le sens, alors il est inutile d’ouvrir cet essai sur le Midi de l’Être, vous êtes arrivé. À l’opposé, si le simple questionnement fait naître en vous l’étonnement qui mène à la philosophie, alors vous êtes atteint du syndrome du funambule. Il est temps de se mettre en route.
Un fil, deux pieds, un esprit qui s’agite et qui agit : voilà tout ce qu’il vous faut pour entreprendre ce parcours. Le voyage commence dans les ténèbres du vide originel. Nietzsche allume les premiers feux de l’aurore pour nous conduire peu à peu vers son grand Midi. Camus prend le relais, depuis Midi le juste où règne la lumière verticale de sa pensée, jusqu’au crépuscule des cerfs-volants. Et bientôt la nuit se referme pour préparer, peut-être, le chemin d’un nouveau matin.« Qu’est-ce que ça fait, si on accepte tout ? » Camus, alors âgé de vingt-deux ans, pose cette question dans son premier recueil de nouvelles, « L’Envers et l’Endroit », publié en 1937. Si vous en comprenez pleinement le sens, alors il est inutile d’ouvrir cet essai sur le Midi de l’Être, vous êtes arrivé. À l’opposé, si le simple questionnement fait naître en vous l’étonnement qui mène à la philosophie, alors vous êtes atteint du syndrome du funambule. Il est temps de se mettre en route. Un fil, deux pieds, un esprit qui s’agite et qui agit : voilà tout ce qu’il vous faut pour entreprendre ce parcours. Le voyage commence dans les ténèbres du vide originel. Nietzsche allume les premiers feux de l’aurore pour nous conduire peu à peu vers son grand Midi. Camus prend le relais, depuis Midi le juste où règne la lumière verticale de sa pensée, jusqu’au crépuscule des cerfs-volants. Et bientôt la nuit se referme pour préparer, peut-être, le chemin d’un nouveau matin.
De Spinoza à Sartre – Philosophie, Fiches de lecture Tome 2
Éditions du Net · 13 oct. 2022Éditions du Net · 13 oct. 2022
La Béatitude est la vertu, le « je dois » est un « je veux », c’est la certitude qui rend fou, l’être humain est un « Homo faber », et il est condamné à être libre. Il ne manquerait qu’un raton laveur à cette liste à la Prévert, qui survole irrévérencieusement près de quatre siècles de la philosophie occidentale.
Ce second tome des fiches de lecture de philosophie est consacré à cinq œuvres qui permettent d’approcher les doctrines de Spinoza, Kant, Nietzsche, Bergson et Sartre. Chaque fiche est structurée comme un guide touristique, depuis les lieux incontournables de pensée à ne pas manquer, jusqu’aux détails des différents chapitres.
Après les vertus antiques et la méthode cartésienne abordées dans le premier opus des fiches de lectures, ce nouveau voyage invite à s’intéresser de plus près à l’éthique spinoziste et à la morale kantienne, au marteau philosophique nietzschéen et au verre d’eau sucrée de la durée pure bergsonienne, et enfin à la liberté sartrienne.La Béatitude est la vertu, le « je dois » est un « je veux », c’est la certitude qui rend fou, l’être humain est un « Homo faber », et il est condamné à être libre. Il ne manquerait qu’un raton laveur à cette liste à la Prévert, qui survole irrévérencieusement près de quatre siècles de la philosophie occidentale. Ce second tome des fiches de lecture de philosophie est consacré à cinq œuvres qui permettent d’approcher les doctrines de Spinoza, Kant, Nietzsche, Bergson et Sartre. Chaque fiche est structurée comme un guide touristique, depuis les lieux incontournables de pensée à ne pas manquer, jusqu’aux détails des différents chapitres. Après les vertus antiques et la méthode cartésienne abordées dans le premier opus des fiches de lectures, ce nouveau voyage invite à s’intéresser de plus près à l’éthique spinoziste et à la morale kantienne, au marteau philosophique nietzschéen et au verre d’eau sucrée de la durée pure bergsonienne, et enfin à la liberté sartrienne.
Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ?
Éditions du Net · 20 juin 2022Éditions du Net · 20 juin 2022
La philosophie est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls philosophes ayant pignon sur médias. Elle est l’affaire de toutes et de tous, sans distinction d’âge ni de classe sociale. Lorsque le point d’interrogation, porte-parole de cette égalité universelle, se révolte, alors nous sommes sans doute tous philosophes. Ce signe de ponctuation, en apparence anodin, gagne à être mieux connu : il est le révélateur de notre propre devenir.
L’être humain est un être de signes et de questions. Il n’aime rien tant que les histoires. Celle du point d’interrogation nous conduit depuis ses origines antiques jusqu’à l’épiphanie de son à-venir. Il a été, est et sera toujours l’outil de l’Homo philosophicus. Mais gardons-nous bien de croire que cela ne concerne que quelques individus d’une espèce élitiste, sélectionnés par on ne sait quel dieu du nombril égocentrique.
Qui et quoi que nous soyons, nous sommes toutes et tous des choses qui pensent, donc nous sommes des êtres qui se questionnent. Prenons en main, avec cet éloge, le bâton courbé du point d’interrogation, et entamons ce voyage vers nous-mêmes, au pays de la philosophie pour tous.La philosophie est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls philosophes ayant pignon sur médias. Elle est l’affaire de toutes et de tous, sans distinction d’âge ni de classe sociale. Lorsque le point d’interrogation, porte-parole de cette égalité universelle, se révolte, alors nous sommes sans doute tous philosophes. Ce signe de ponctuation, en apparence anodin, gagne à être mieux connu : il est le révélateur de notre propre devenir. L’être humain est un être de signes et de questions. Il n’aime rien tant que les histoires. Celle du point d’interrogation nous conduit depuis ses origines antiques jusqu’à l’épiphanie de son à-venir. Il a été, est et sera toujours l’outil de l’Homo philosophicus. Mais gardons-nous bien de croire que cela ne concerne que quelques individus d’une espèce élitiste, sélectionnés par on ne sait quel dieu du nombril égocentrique. Qui et quoi que nous soyons, nous sommes toutes et tous des choses qui pensent, donc nous sommes des êtres qui se questionnent. Prenons en main, avec cet éloge, le bâton courbé du point d’interrogation, et entamons ce voyage vers nous-mêmes, au pays de la philosophie pour tous.
De Socrate à Descartes – Philosophie, Fiches de lecture Tome 1
Éditions du Net · 25 mars 2022Éditions du Net · 25 mars 2022
Philosopher, c’est voyager dans l’espace de la pensée et dans le temps des penseurs. Cette première excursion en terre philosophique nous parle d’un temps que les moins de vingt siècles ne peuvent pas connaître, en dehors d’un certain René dont les cogitations nous sont plus voisines. Cinq œuvres majeures constituent ces fiches de lecture. Socrate, Aristote, Épicure, Épictète et Descartes nous ouvrent le chemin vers la sagesse. Chaque fiche est structurée comme un guide touristique, depuis les incontournables à ne pas manquer jusqu’à l’analyse détaillée du texte.
Conçu à destination du profane comme de l’apprenti philosophe, cet ouvrage se veut un outil, entre le couteau suisse et le bâton de randonnée. Rien ne garantit qu’il est indispensable, mais sans doute peut-il être utile. Voici donc les meilleures pensées des plus honnêtes gens des siècles passés. Au commencement était Socrate, le père de la philosophie occidentale, et le plus sage d’entre tous…Philosopher, c’est voyager dans l’espace de la pensée et dans le temps des penseurs. Cette première excursion en terre philosophique nous parle d’un temps que les moins de vingt siècles ne peuvent pas connaître, en dehors d’un certain René dont les cogitations nous sont plus voisines. Cinq œuvres majeures constituent ces fiches de lecture. Socrate, Aristote, Épicure, Épictète et Descartes nous ouvrent le chemin vers la sagesse. Chaque fiche est structurée comme un guide touristique, depuis les incontournables à ne pas manquer jusqu’à l’analyse détaillée du texte. Conçu à destination du profane comme de l’apprenti philosophe, cet ouvrage se veut un outil, entre le couteau suisse et le bâton de randonnée. Rien ne garantit qu’il est indispensable, mais sans doute peut-il être utile. Voici donc les meilleures pensées des plus honnêtes gens des siècles passés. Au commencement était Socrate, le père de la philosophie occidentale, et le plus sage d’entre tous…
Éditions de L’Harmattan · 16 oct. 2020Éditions de L’Harmattan · 16 oct. 2020
Que peuvent bien avoir en commun le père de la philosophie et un jeune révolutionnaire du XXe siècle ? Fidel Castro est-il Socrate ? Chacun d’eux est à la fois accusé et avocat de sa propre défense. Chacun d’eux combat contre un despotisme : celui de l’ignorance ou de l’injustice. Tous deux veulent guider la jeunesse vers une vie qui vaille la peine d’être vécue. L’un s’exprime par les mots de son disciple Platon, l’autre porte la parole de son Apôtre José Martí. Socrate fait naître la philosophie occidentale, par son art d’accoucher les esprits ; Fidel Castro accomplit le rêve patriotique d’une lignée méconnue de philosophes cubains, en quête d’indépendance. Ici parle la lutte incessante des idées, pour la liberté et la dignité de la conscience humaine.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à la charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main.
Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Aussi, l’auteur a joué avec ma patience et ma détermination en me revoyant un peu trop souvent en arrière, au traitement du sujet des chapitres précédents. Cette façon de faire a tout pour me déplaire. Quand je travaille fort pour me frayer un chemin dans une telle jungle littéraire, je ne veux pas que l’auteur me renvoie sur mes pas, même avec une bonne justification.
Le sujet du livre demeure intéressant, le point d’interrogation dans le contexte de la philosophie. Avant même d’entreprendre la lecture de ce livre, nous savons tous que la philosophie doit son existence aux questions que l’Homme se pose depuis des millénaires. Alors l’invitation de l’auteur à la lecture de son « Éloge du point d’interrogation » a tout pour nous séduire.
(…) Prenons en main, avec cet éloge, la bâton courbé du point d’interrogation, et entamons ce voyage vers nous-mêmes, au pays de la philosophie pour tous.
MOULIN, Patrick, Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes, Les Éditions du Net,, Saint-Ouen-sur-Seine (France), 2022, quatrième de couverture.
La métaphore du « bâton courbé » pour représenter le « point d’interrogation » est belle, poétique et quelque peu romantique. Malheureusement, je ne pouvais pas entrevoir que l’auteur ferait abus de cette figure de style (fioriture) dans son écriture tout au long de son livre. L’auteur nous propose un voyage à destination de nous-mêmes. Ce n’est pas le cas car ce voyage n’est qu’une promenade dans l’histoire de la philosophie avec, ici et là, de nombreuses citations de grands philosophes en questionnement. Et l’auteur ne visite pas avec nous le « pays de la philosophie pour tous ». Car « pour tous » implique un style à la portée de tous pour soutenir une communication efficace avec le lecteur et ce n’est pas le cas. Quand c’est pour « Tout le monde », c’est pour « personne », dit-on en marketing.
La philosophie est une chose trop sérieuse pour la confier aux seuls philosophes ayant pignon sur médias. (…)
(…) Mais gardons-nous bien de croire que cela ne concerne que quelques individus d’une espèce élitiste, sélectionnés par on ne sait quel dieu du nombril égocentrique. (…)
MOULIN, Patrick, Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes, Les Éditions du Net,, Saint-Ouen-sur-Seine (France), 2022, quatrième de couverture.
Je perçois dans ces deux citations tirées de la quatrième de couverture une attaque motivée par une frustration. Si la philosophie est une « choses » « sérieuse », elle nécessite la contribution de tous sans aucune discrimination.
(…) La philosophie est l’affaire de toutes et de tous, sans distinction d’âge et de classe sociale. (…)
MOULIN, Patrick, Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes, Les Éditions du Net,, Saint-Ouen-sur-Seine (France), 2022, quatrième de couverture.
« La philosophie est l’affaire de toutes et de tous », y compris des philosophes « ayant pignon sur média » , des « individus d’une espèce élitiste » et peu importe l’ego. « La philosophie est l’affaire de toutes et de tous » ou elle ne l’est pas.
(…) Lorsque le point d’interrogation, porte parole de cette égalité universelle, se révolte, alors nous sommes sans doute tous philosophes. (…)
MOULIN, Patrick, Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes, Les Éditions du Net,, Saint-Ouen-sur-Seine (France), 2022, quatrième de couverture.
Est-ce que l’auteur prétend que nous sommes tous égaux devant la philosophie, « sans distinction d’âge ou de classe sociale » et peut ainsi justifier une « égalité universelle » ? Non. Ce n’est pas parce que tous les hommes et toutes les femmes du monde entier se questionnent que tous et toutes philosophent.
L’auteur affirme que « nous sommes sans doute tous philosophes » « lorsque le point d’interrogation (…) se révolte ». Tout questionnement ne provient pas d’une « Attitude de refus et d’hostilité devant une autorité, une contrainte » (Dictionnaires Le Robert).
Bref, le texte en quatrième de couverture n’annonce pas un essai mais un éditorial.
S’il me faut reconnaître les efforts déployés dans la recherche en amont de l’écriture de de ce livre et l’originalité de son sujet, je ne peux pas en recommander la lecture en raison du style d’écriture de l’auteur.
Ce livre n’est pas accessible à la compréhension de tous.
J’accorde une étoile sur cinq
au livre ÉLOGE DU POINT D’INTERROGATION – TOUS PHILOSOPHES ?
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME, sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines. / Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? » Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.
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Mon livre « J’aime penser ou Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison» offert gratuitement en format numérique (PDF) ouà lire en ligne sur un site web dédié.
Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.
Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences
Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.
Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.
Texte de présentation sur le site web de l’éditeur
Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.
Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences.
Faut-il alors douter de tout ?
Auteur(s) :
Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.
Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.
Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.
Pierre Bréchon
Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).
Gérald Bronner
Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).
Sybille Buloup
Journaliste scientifique.
Edwige Chirouter
Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».
Sébastian Dieguez
Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).
Juliette Dross
Enseignante-chercheuse à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023).
Pascal Engel
Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).
Nicolas Gastineau
Journaliste scientifique.
Nicolas Gauvrit
Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).
Catherine Halpern
Journaliste scientifique spécialiste des questions de société.
Béatrice Kammerer
Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.
Maud Navarre
Docteure en sociologie et journaliste scientifique.
Pauline Petit
Journaliste scientifique.
Romina Rinaldi
Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).
Marc Romainville
Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).
Maxime Rovere
Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).
Fabien Trécourt
Journaliste scientifique.
Table des matières
Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre
La préparation
La phase d’incubation
La révélation
La confirmation
L’aventure de l’esprit critique, Maxime Rovere
L’esprit critique ne se délègue pas
Du doute méthodique à l’humanisme
Vers un nouvel esprit critique ?
Explorer les possibilités alternatives
Les grandes postures critiques, Pauline Petit
Le scepticisme. Méthode dubitative
Le relativisme. À chacun sa vérité
Le nihilisme. Quand tout est vain
Le complotisme. Cryptocritique
Homo sapiens, animal crédule ?, Fabien Trécourt
Pas si bêtes
Faut-il douter de tout ?, Nicolas Gauvrit et Audrey Bedel
Le dessin du bonhomme
Les corrélations illusoires
L’art de l’esprit critique
Éléments d’autodéfense intellectuelle
La philosophie à la rescousse, Catherine Halpern
L’obsession langagière
Se poser des questions, même folles
Instiller le doute
L’art de la dialectique
Décentrer la pensée ou faire un pas de côté
Travailler sur soi avec les philosophes, Nicolas Gastineau
Distinguer ce qui dépend de nous
Accoucher les esprits
Mettre en ordre ses désirs
Construire sa citadelle intérieure
Ironiser comme Socrate
Désirer le monde tel qu’il est
Se libérer des angoisses
Ces valeurs qui inspirent les Français, Pierre Bréchon
Réussite familiale et professionnelle
Affinités et passions communes
La xénophobie plutôt en baisse
D’autres formes d’actions politiques
Pourquoi préférons-nous les infox ?, Romina Rinaldi
Devenir des experts des médias
Aiguiser le sens critique, Gérald Bronner
Les limites fondamentales de la rationalité
Le doute peut mener au nihilisme cognitif
Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Marc Romainville
Biais d’intentionnalité et biais de confusion
IA et éducation au doute
L’esprit critique, une ambition républicaine, Béatrice Kammerer
Émanciper les enfants des croyances religieuses
Le rôle majeur de l’éducation civique
Les enseignants en manque de formation
L’éducation à l’information et aux médias
Au collège, des philosophes en herbe, Fabien Trécourt
Cadrer le débat
Levier d’apaisement
Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Pascal Engel
Une sensibilité aux faits
Un jeu social ?
La raison, un idéal
Philosopher dès l’enfance, une école de liberté, Edwige Chirouter
Philosophie et démocratie
Ateliers pour penser
Entre vulnérabilité salutaire et construction de repères
La rhétorique ou l’art de la persuasion, Juliette Dross
De quoi parle-t-on ?
Une technique transversale
Une question de forme ?
Un don inné ?
Une pierre angulaire de la démocratie et de la vie en société
Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?, Sebastian Dieguez
Absence de consensus
L’idée de postvérité pose des problèmes sémantiques et conceptuels
La postvérité a toujours existé
La postvérité n’existe pas ou n’est pas si grave qu’on le pense
Un concept contre-productif aux relents propagandistes douteux
Penser est un art. De l’Antiquité à nos jours, des philosophes grecs et romains jusqu’aux sciences cognitives et sociales, nombreux sont les auteurs à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informa- tions et les possibilités de faire entendre sa voix. Chacun est incité à se distinguer des autres, en développant une réflexion originale face aux nombreux messages qui nous parviennent. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes (médiatiques, mais aussi sociales, commerciales, etc.).
Comment une pensée autonome se construit-elle et se cultive-t-elle, de l’enfance à l’âge adulte ?
Cet art s’apprend. Il fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Dans l’enseignement secondaire et supérieur, le commentaire, la dissertation, le mémoire, l’exposé sont présentés comme autant d’outils pour muscler les esprits. Pour les adultes aussi, il existe des lieux, des outils, des méthodes pour développer la capacité à penser par soi-même.
Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut savoir sélectionner les informations pertinentes qui peuvent nous aider à construire des réflexions bien fondées. Il faut aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. Des biais de cognition nous induisent en erreur, malgré nous. D’où l’utilité de savoir s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences. Faut-il alors douter de tout ?
Maud Navarre
Les quatre étapes d’une idée
Lundi soir, 20 h. Veille d’un comité de rédaction où dès le lendemain matin à 9 h 30, tous les rédacteurs devront proposer des sujets pour alimenter les pages des prochains mensuels de Sciences Humaines. Je réfléchis encore et encore. D’habitude, je ne manque pas d’idées. Cette fois-ci, aucune inspiration. Quelques sujets me tra- versent l’esprit, mais ils ne tiennent pas vraiment la route : pas très originaux, déjà lus ailleurs, trop pointus, pas assez porteurs… Non, décidément, ça ne vient pas. Pourquoi ? Comment les idées germent-elles ?
Depuis des années, de nombreux penseurs et scientifiques se posent cette question. Dès le début du 20e siècle, des chercheurs, comme le mathématicien et philosophe Henri Poincaré, ont distingué plusieurs étapes pour faire éclore une idée lorsqu’ils sont confrontés à un problème. Le psychologue britannique Graham Wallas de la London School of Economics distingue pour sa part quatre phases principales : la préparation, la phase d’incubation, la révélation et la confirmation, aussi appelée vérification. Revenons sur chacune de ces étapes.
On peut préciser leur déroulé grâce aux apports plus récents des neurosciences.
1- La préparation
Une question se pose, voire s’impose à nous. Quel sujet vais-je proposer pour le comité de demain? Que vais-je faire à manger ce soir? Que vais-je offrir à ma nièce pour son anniversaire? On prend conscience de ce besoin de réfléchir pour trouver une réponse à notre question. Le cerveau commence alors à s’organiser: « Qu’il s’agisse de retrouver mon portable égaré, de me souvenir d’un nom que j’ai sur le bout de la langue ou de résoudre une difficile équation mathématique, la procédure est la même, explique le neurologue Lionel Naccache. Il faut d’abord que je consacre tous mes efforts à formaliser la question. » D’abord, donc, définir le problème et circonscrire ses enjeux.
2- La phase d’incubation
Durant cette période, notre esprit cherche des solu- tions possibles plus ou moins activement, plus ou moins consciemment. En phase active, notre cerveau mobilise notre expérience personnelle (souvenirs proches ou lointains, savoirs, échecs et réussites passés). Nous commençons aussi une exploration consciente à la recherche d’informations que nous trouvons dans les médias, les livres… Nous échangeons nos premières idées avec d’autres personnes pour tester leur réception et affiner notre formulation.
Habituellement, pour trouver des sujets d’article, je consulte les récentes publications issues de la recherche en sciences humaines. Cela permet de défricher le champ et faire jaillir des thématiques. Je réfléchis aussi à partir de mes expériences personnelles et de celles qu’on me rapporte : qu’est-ce qui m’a marquée ces derniers temps ? Ai-je vécu ou entendu parler d’un phénomène particulier qui pourrait intéresser d’autres personnes ? Puis, je teste l’idée : auprès de mes proches pour savoir si le sujet intéresserait des lecteurs potentiels ; à travers les archives de Sciences Humaines (l’a-t-on déjà traité ?) ; par des discussions avec les collègues de la rédaction.
Dans cette démarche, la première aptitude essentielle, c’est la capacité à s’informer. Les idées naissent rarement de nulle part. On s’inspire souvent de modèles, de situations vécues auparavant, vues ailleurs ou auprès d’autres personnes pour formuler ses propres idées, ses propres solutions. La littérature, les médias, les discussions entre amis ou simples connaissances permettent d’acquérir de nouvelles connaissances, d’élargir son point de vue.
Deux autres attitudes favorisent l’émergence d’idées : l’ouverture d’esprit et la capacité d’écoute. En effet, la période d’incubation, celle qui va permettre aux idées de germer, nécessite de pouvoir se renseigner, d’intégrer de nouvelles informations utiles pour traiter le problème, d’écouter les remarques et d’en tenir compte pour ajuster la proposition.
Il existe aussi des pièges à éviter : le copier-coller ou encore la réaction émotionnelle qui conduit à choisir une idée parce qu’elle nous parle beaucoup (mais pas forcément aux autres) ; ou parce que tel auteur qui l’évoque nous plaît… Notre cerveau fonctionne avec de nombreux automatismes de ce type qui peuvent nous induire en erreur.
3- La révélation
L’illumination. On trouve une idée, une solution possible, qui répondrait de manière satisfaisante au problème. C’est le célèbre « Eurêka » d’Archimède, phrase qu’il aurait prononcée alors qu’il se détendait dans son bain. L’anecdote n’est pas anodine. Ainsi, Archimède fait sa découverte lors d’une période de repos propice au laisser- aller de l’esprit. Pour trouver des idées, il est nécessaire de savoir s’arrêter, faire des pauses, s’aérer l’esprit et se reposer. Le brainstorming intensif peut-être contre-productif.
Ce processus de révélation s’opère grâce à notre inconscient davantage que par la réflexion consciente, analyse L. Naccache. « Quand on cherche une solution compliquée à un problème difficile, il faut déterminer consciemment les contraintes qu’elle doit satisfaire et ensuite s’en “remettre” à notre fonctionnement inconscient, capable de fourmiller dans tous les sens en générant une grande diversité de représentations. » En effet, notre réflexion inconsciente est capable de mobiliser un plus grand nombre de réseaux neuronaux que notre réflexion consciente : l’inconscient sollicite des aires cérébrales par réflexe ou habitude alors que l’on ne pense pas toujours à solliciter soi-même ces aires cérébrales.
4- La confirmation
L’idée trouvée est mise à l’épreuve, testée avant d’être définitivement validée. Cette période peut-être plus ou moins longue suivant l’urgence du problème à résoudre et le temps dont on dispose. On peut vérifier l’idée par soi-même, en exerçant habilement son esprit critique. Lorsqu’on doute soi-même ou lorsque l’idée engage au- delà de notre personne, elle doit être validée par d’autres. Dans une entreprise comme Sciences Humaines, c’est le rôle du comité de rédaction, qui passe au crible toutes les très bonnes (et mauvaises !) idées d’article que les journalistes peuvent avoir. Quitte parfois à frustrer en coupant brutalement les ailes à une proposition qui, du point de vue du journaliste, semblait pourtant absolument mer- veilleuse. Dans la vie quotidienne, ce peut être un bon ami qui fait gentiment comprendre qu’il ne partage pas votre enthousiasme…
Bref, toutes ces réflexions n’ont pas résolu mon problème initial : quel sujet vais-je bien pouvoir proposer demain en comité de rédaction ? Réfléchissons… Eurêka ! J’ai trouvé : je vais proposer d’écrire un article sur la genèse d’une idée !
Maud Navarre
Pour aller plus loin…
The Art of Thought, Graham Wallas, 1926, rééd. Solis Press, 2014.
L’Esprit organisé, Daniel Levitin, éd. Héloïse d’Ormesson, 2018.
Factfulness, Hans Rosling (dir.), Flatiron Books, 2018.
Tous philosophe ?, Jean Birnbaum (dir.), Gallimard, coll. « Folio », 2019.
« Former l’esprit critique », Aurélie Guillaume Le Guével et Jean-Michel Zakhartchouk (coord.), Les Cahiers pédagogiques, janvier 2019.
« Du bon usage de l’esprit critique », Books, septembre 2019.
Journaliste-rédactrice-cheffe de rubrique : Veille éditoriale, rédaction d’articles, coordination de dossiers (commande, supervision des auteurs.trices et pigistes, édition des textes, suivi maquette), gestion rubrique (recherche et planification des sujets avec rédaction en chef, commande, édition et suivi maquette).
Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique. Ses travaux de recherche portent sur le genre et la politique. Elle a notamment publié Devenir Élu. Genre et carrière politique, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; La Parité, Éditions universitaires de Dijon, 2016 (avec Matthieu Gateau) ; Étudier le genre. Enjeux contemporains, Éditions universitaires de Dijon, 2017 (avec Georges Ubbiali).
Mes travaux portent sur les femmes politiques en France, dans le contexte paritaire. J’étudie les carrières politiques des élues : recrutement/sélection politique, apprentissage des rôles d’élu, devenir politique. Ma thèse soutenue en 2013 à l’Université de Bourgogne montre que les différentes étapes du parcours politique sont marquées par les effets du genre. Les rapports femmes/hommes et les inégalités qui en résultent (parfois à l’avantage des unes, souvent à celui des uns) contribuent à faire des femmes des « étoiles filantes » de la vie politique, renonçant plus vite que les hommes à l’exercice d’un mandat.
Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? »
Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.
Ensemble d’études ayant un rapport direct ou indirect à l’humanité et dont le caractère scientifique, du fait même de son sujet, quand bien même il se veut rationnel, raisonné et méthodique, manque de la rigueur axiomatique propre aux sciences naturelles.
Cependant, je ne peux pas nier l’apport des sciences humaines, même dites « sciences inexactes » ou « sciences molles », à notre compréhension de l’Homme et de son comportement. Les développements récents des neurosciences inspirent les sciences humaines qui cherchent à améliorer leur fondement scientifique et la crédibilité de leurs interprétations.
Sciences humaines, sciences exactes
Antinomie ou complémentarité ?
Céline Bryon-Portet
Les rapports entretenus par les sciences humaines et les sciences dites « exactes » n’ont cessé de fluctuer au cours de l’Histoire. Le platonisme, puis les courants rationalistes et positivistes ont eu tendance à dénigrer les premières à cause de leur composante imaginaire. Pourtant, de nos jours, les théoriciens de la communication et les penseurs de l’innovation semblent démontrer qu’un véritable partenariat se révèle bénéfique de part et d’autre, car il exploite la complémentarité des deux modes de connaissance et permet ainsi une approche globale.
En revanche, certains concepts des sciences humaines me séduisent en contribuant à ma compréhension de l’Homme et de notre monde, tel que celui de « l’intelligence émotionnelle » exposé par Daniel Golemen dans son livre L’intelligence émotionnelle paru le 4 février 1997.
Malheureusement et parce que les sciences humaines ne sont pas universelles, le concept de l’intelligence émotionnelle fut interprété et exploité à toutes les sauces, notamment, mais pas exclusivement, par les conseillers en développement personnel et les consultants en management.
Finalement, tout n’est pas blanc ou noir dans mon jugement des sciences humaines. Évidemment la philosophie pèse lourd dans l’équilibre de la balance.
C’est donc dans ce contexte particulier de ma perception des sciences humaines que j’ai entrepris la lecture de PENSER PAS SOI-MÊME. Procédons article par article.
Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre
Voir l’intégral de cet article dans l’extrait ci-dessus.
L’aventure de l’esprit critique
Maxime Rover — Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).
Par définition, « l’esprit critique » renvoie d’abord à la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité, au lieu de les accepter sans réserve. Elle désigne aussi une manière de se remettre en cause, en doutant de ses propres convictions dans le but de les rendre mieux assurées. Enfin, il peut s’agir d’une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence, de sorte qu’on considère les événements plutôt comme des questions que comme des affirmations. Toutefois, ces définitions de l’esprit critique changent selon les périodes. C’est donc en comprenant ses métamorphoses qu’on saisit le mieux ses diverses facette, et qu’on peut éclairer grâce à elles ce qu’il signifie pour nous aujourd’hui.
ROVERE, Maxime, L’aventure de l’esprit critique, Penser pas soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 15.
J’avance l’hypothèse que l’esprit critique renvoie d’abord à une manière de se remettre en cause avant même « la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité ». Il faut apprendre comment se remettre en cause pour ensuite être dans la capacité de questionner les autorités. Quant à l’idée que l’esprit peut-être aussi « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence », elle m’ouvre sur une nouvelle prise de conscience de mon appartenance au doute, un doute moins violent face aux événements. Un doute soudain face à un événement surprendra parfois brusquement tandis que le doute dans une « posture générale à l’égard de l’existence » s’inscrit sans l’ensemble de l’existence. Ainsi, il ne surgira pas par défaut et avec violence mais dans une certaine permanence et sérénité.
Les grandes postures critiques
Pauline Petit — Journaliste scientifique
Les sous-titres de cet article se réfèrent à quatre grandes postures critiques : le scepticisme, le relativisme, le nihilisme et le complotisme.
Le scepticisme. Méthode dubitative
Le relativisme. À chacun sa vérité
Le nihilisme. Quand tout est vain
Le complotisme. Cryptocritique
Pour le complotiste, tout ce qui existe mérite soupçon ! Une attitude hypercritique guidée par un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013). Les événements historiques seraient manigancés par un petit groupe que projette secrètement de contrôler la population. Les complotistes opposent un contre-récit fantasmatique, des théories du complot, visant à démasquer ses commanditaires. Dans sa critique, le complotisme développe des « stratégies d’immunisation » (S. Chonavey, Dis, c’est quoi les théories du complot ?, Renaissance du livre, 2019) aux contradiction. Par exemple, la dénégation comme confirmation (si vous ne me croyez pas, c’est que vous appartenez, consciemment ou non, à la conspiration), ou la requalification des faits à posteriori (si vous prouvez que ma théorie est fallacieuse, c’est qu’elle a été diffusée par le pouvoir pour décrédibiliser ceux qui doutent). En restant imprécis sur les faits, en les niant ou mieux en les requalifiant, le récit complotiste se ferme à toute possibilité de réfutation… comme de vérification.
PETIT, Pauline, Les grandes postures critiques, Penser par soi-même, Sciences Humaines édition, 2024, pp. 27-28.
Je me demande si le complotiste en arrive à ses positions en doutant. Est-ce qu’affirmer « Ce n’est pas vrai » exprime un doute ou une autre croyance ? Si le complotiste est victime d’un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013), on ne peut donc pas parler d’un doute raisonnable. Le complotiste soutient ses dires comme on soutient une croyance religieuse, comme un dogme qui, par définition, ne peut pas être remis en question. Je me demande si le complotiste a conscience que son doute sans limite. Ne pourrait-il pas être question du doute comme « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence ». Il présuppose que le monde, tout le monde, a une vérité cachée. Le complotiste me semble enfermé, prisonnier, de son esprit — de sa raison irraisonnable.
Homo sapiens, animal crédule ?
Fabien Trécourt — Journaliste scientifique
(…) « Il peut être plus avantageux de douter par défaut, car cela réduit le risque d’être manipulé. » De même le biais de confirmation — consistant à privilégier des informations confortant nos opinions — pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance : tant que nous ignorons si nous pouvons nous fier à une source, nous préférons en douter par précaution. « Cette vigilance nous protège contre les tentatives de persuasion et de manipulation immédiates, assure le chercheur (H. Mercier, Pas ne de la dernière pluie, 2022). Il nous faut du temps, des indices de fiabilité et de compétence forts avant que nous accordions notre confiance. »
TRÉCOURT, Fabien, Homo sapiens, animal crédule ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 20204, pp. 32-33.
Personnellement, je ne lie pas le doute et la confiance. Je doute pour savoir et connaître, non pas pour accorder ma confiance ou non. Dans le doute, je ne cherche pas à contrer une quelconque manipulation. Je ne prête pas à l’information le pouvoir de me manipuler mais plutôt de me questionner en la remettant en cause. « Informer, c’est choisir » et c’est dans ce choix que le rédacteur en chef et son équipe peuvent être manipulés par leur subjectivité, leur manque d’objectivité. C’est du moins là une leçon apprise dans le cadre de mon expérience à titre d’éducateur aux médias, de journaliste et de rédacteur en chef.
Quant au biais de confirmation, « consistant à privilégier des informations confortant nos opinions » je n’adhère pas à l’idée qu’il « pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance ». Lorsque nous acceptons ou refusons une information selon sa conformité avec nos opinions, nous ne doutons pas. Il me faudrait avoir une prise de conscience de ce biais de confirmation pour douter de l’information qui me réconforte dans mes opinions. Or, une information demeure avant tout appréciée subjectivement et inconsciemment même si je crois en ma conscience être sous l’effet de mon objectivité. Je juge suivant mes opinions. Si je doute d’une opinion réconfortant la mienne, je doute aussi de la mienne. Si lorsque je doute, je perd confiance, je ne peux pas interpréter mon doute comme étant un exercice de vigilance de ma part.
Faut-il douter de tout ?
Nicolas Gauvrit — Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).
Audrey Bedel — Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.
Plutôt que de suspendre son jugement sur toute chose au motif qu’aucune certitude n’est possible, réglons notre degré d’adhésion finement, en prenant en compte fiabilité et risque d’erreur. Au lieu de refuser de faire confiance aux autres et à soi, au lieu de rejeter toute démonstration au motif qu’elle peut être trompeuse, accordons notre degré de confiance à la crédibilité de l’information considérée. Dans cet esprit, la raison ne nous conduit pas à une méfiance extrême, mais à un ajustement du niveau de confiance et de croyance. Bien calibrer sa confiance dans les informations est d’ailleurs une des définitions de l’esprit critique.
GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 45.
Le lien entre l’esprit critique et la confiance envers l’information est contre productif, voire malvenue. L’information n’a pas pour but de me donner confiance, ce « Sentiment de sécurité d’une personne qui se fie à elle-même », pas que l’« Espérance ferme, assurance d’une personne qui se fie à qqn ou à qqch » (Dictionnaires Le Robert). À titre de journaliste pigiste au début de ma carrière puis de rédacteur en chef, je n’ai jamais penser à donner confiance à mes lecteurs.
Aussi, l’information ne tient pas de sa crédibilité, de son « Caractère de ce qui est croyable » (Dictionnaires Le Robert). Information et croyance ne vont pas de pair. Il n’y a pas de journaliste qui informe en se disant « Je veux que les lecteurs me croient ».
(…) Quelle est mon expertise ? En sais-je suffisamment ? À quel point puis-je faire confiance à mes sens ou ma mémoire ? Quant à notre propre bienveillance, on peut se demander : suis-je vraiment en train de chercher à savoir la vérité, ou est-ce que j’essaie de confirmer mon opinion par tous les moyens ?
Ces questions peuvent nous amener à douter mais le doute n’est pas la finalité de l’exercice, ni même un passage obligé. Ce qui compte finalement, c’est la confiance que nous accordons, confiance dont le niveau doit être raisonnablement ajusté et qui nous amène à réviser nos opinions de manière optimale.
GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? — Faire confiance avec discernement, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 48.
Je ne comprends pas que l’on puisse soutenir que le doute n’est pas « un passage obligé » et que « ce qui compte, c’est la confiance que nous accordons ». En revanche, je comprends fort bien que la question de la confiance soit liée à l’information, compte tenu de la perte de confiance des gens dans les médias. Mais c’est bien cette association « information/confiance » qui cause problème. Une information, comme je le soulignais ci-dessus, n’a pas pour but de donner confiance. Et si je prends connaissance des informations et que je les sélectionne sur la base de la confiance que je leurs accorde, je manque l’essentiel de ces informations. Je ne m’informe pas pour avoir confiance en mes opinions. Je m’informe pour acquérir des connaissances et je me dois de les traiter comme telles. L’esprit critique ne doit se soustraire à l’influence des sentiments. Je dois me demander pourquoi une information donnée attire et retient mon attention.
La philosophie à la rescousse
Catherine Halpern — Journaliste scientifique spécialiste des questions de société.
Cependant, le doute, même s’il peut être radical, n’est le plus souvent qu’une étape sur la voie de la connaissance. C’est bien ce que donne à voir Descartes dans les Méditations métaphysiques. Le doute est une méthode sur le chemin de la connaissance. « Il me fallait entreprendre sérieusement une fois dans ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues auparavant en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. »
Le doute que met en œuvre Descartes n’a rien de commun avec le doute que chacun peut avoir quand il doit prendre une décision, quand il entend des propos peu plausibles… Le doute cartésien est méthodique, systématique, mais également hyperbolique. Il s’agit de douter même de ce qui ne nous semble pas douteux. (…)
À partir de là, Descartes s’attache à reconstruire brique par brique ce qu’il tien pour indubitable et assuré. L’entreprise cartésienne, parce qu’elle est radicale, peut paraître folle. Mais elle donne à voir combien la pensée critique, la pensée digne de ce nom, et non pas celle qui ânonnes les idées reçues, est lié au doute.
Alain le formule avec bonheur : « La condition préalable de n’importe que idée, en n’importe qui, c’est le doute radical, comme Descartes l’a bien vu. Non pas seulement à l’égard de ce qui est douteux, car c’est trop facile, mais, à l’égard de qui ressemble le plus au vrai ; car, même le vrai, la pensée le doit défaire et refaire. Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire, entendez ne plus donner aux coutumes le visa de l’esprit » (Alain, Propos sur la religion, 1938)
HALPERN, Catherine, Les philosophie à la rescousse, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 53.
Voilà une association bienveillante entre savoir et croire : « Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire (…) » Et je ne pense pas que « ne plus croire », a pour but, après le doute soulevé, de croire de nouveau autre chose.
Travailler sur soi avec les philosophes
Nicolas Gastineau — Journaliste scientifique
Distinguer ce qui dépend de nous
C’est peut-être la leçon majeure de l’école stoïcienne. Les philosophe romain Épictète (1er-2e siècles), un esclave affranchi, la résume ainsi dans son Manuel : « Parmi les choses qui existe, certaines dépendent de nous, d’autres non. » Ce qui dépend de nous, ce sont notre action et notre jugement sur les choses. Ce qui n’en dépend pas, ce sont « le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques ». Si on veut être libre, on ne peut pas se permettre de vivre en fonction de ces derniers : comme ils sont hors de notre contrôle, s’en préoccuper nous maintient dans un état de dépendance aux aléas et aux événement extérieurs. (…)
GASTINEAU, Nicolas, Travailler sur soi avec les philosophes, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 61.
Dieu, donne-nous la grâce d’accepter avec sérénité les choses qui ne peuvent être changées, le courage de changer celles qui devraient l’être, et la sagesse de les distinguer l’une de l’autre (variante : d’en connaître la différence).
Le problème, c’est qu’on nous dit toujours responsable ou que nous pouvons toujours agir à notre échelle même face au choses qui ne dépendent pas de nous. Il y a une tendance à la sur-responsabilition de l’Homme en tout et partout. On veut nous faire porter le monde sur nos épaules.
Statue romaine d’Atlas (IIe siècle après J.-C.). Déjà dans la collection Farnèse, aujourd’hui au Musée archéologique national de Naples. Source : Lalupa (Wikipédia) . Atlas (Ἄτλας / Átlas, « le porteur », en grec ancien) est un des Titans hésiodiques du mythe fondateur de la mythologie grecque et de la Grèce antique, père des Pléiades, des Hyades, des Hespérides et de Calypso. À la suite de sa défaite dans la guerre des Titans contre les dieux de l’Olympe et Zeus pour régner sur le monde, ce dernier le condamne à porter la voûte céleste pour l’éternité sur ses épaules (décrit comme un des piliers du ciel dans l’Odyssée d’Homère). Il est pétrifié par Persée avec la tête de Méduse et métamorphosé en l’Atlas, chaîne de montagnes d’Afrique du Nord ( Wikipédia ).
Un jour, alors que je prenais une pause de la maisonnée me tenant débout sur le cap donnant sur le Majestueux fleuve St-Laurent, une femme avec qui je partageais mes pensées, voisine sur le même cap, m’identifia et vient à ma rencontre et me dit : « Tu ne devrais pas porter le monde sur tes épaules ». À cette époque, alors dans la mi-trentaine, je me sentais investi d’une mission globale pour notre monde dans tous ses aspects et j’épousais cause après cause, chacune définissant et orientant ma carrière. À cette seule petite phrase, un conseil, j’ai pris conscience de ma situation pour ainsi devenir plus raisonnable.
Ces valeurs qui inspirent les Français
Pierre Bréchon — Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).
En 1950, 5% d’une classe d’âge obtenaient le baccalauréat. C’est aujourd’hui le cas de plus de 80% des jeunes générations. Il y a donc eu en France, comme dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, une énorme diffusion de l’enseignement secondaire et supérieur. Dans le même temps, les médias audiovisuels se sont développés. L’accès au savoir et les capacités de réflexion personnelle de la masse de la population ont donc été décuplés.
Dans ce contexte, les individus souhaitent de plus en plus penser par eux-mêmes, plutôt que de croire ce que proposent les maître à penser. On valorisait autrefois beaucoup de grands intellectuels, à qui on faisait confiance pour savoir comment s’orienter dans la vie. Chacun pouvait avoir son « gourou » ou son guide, aussi bien dans le domaine politique que moral ou religieux. Aujourd’hui, on fait peu confiance à ces « donneurs de leçons ». On veut bien les écouter pour faire son marché à la foire des idées. On en prend et on en laisse, pour aboutir à des choix autonomes de pensée et d’action. Chacun entend être libre de vivre sa vie comme il l’entend, notamment pour tout ce qui concerne la vie sexuelle et les choix de fin de vie (suicide, euthanasie). Les partisans d’ordre moral contraignant en la matière sont devenus minoritaires, particulièrement chez les jeunes.
BRÉCHON, Pierre, Ces valeurs qui inspirent les Français, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 67-68
Pourquoi préférons-nous les infox ?
Romina Rinaldi — Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).
Pour économiser son énergie, notre cerveau très sollicité utilise des heuristiques, c’est-à-dire des réflexes de raisonnement, simples et rapides, basés sur une estimation formulée à partir de ce que nous savons déjà. Mais dans certains contextes, ces heuristiques mènent à des erreurs de jugement, aussi appelées par les spécialistes « biais cognitifs ». (…)
RINALDI, Romina, Pourquoi préférons-nous les infox ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 80.
Selon Emmanuèle Gardair, maître de conférences en psychologie sociale de la communication à l’IUT de Troyes et membre du laboratoire de psychologie « Éducation Cognition Développement (EA 3259) » de l’Université de Nantes, il y a pourtant une différence entre les biais cognitifs et les heuristiques :
Biais : Distorsion entre la façon dont nous raisonnons et celle que nous devrions adopter pour assurer le mieux possible la validité de nos inférences et conclusions. Heuristiques : Règle de raisonnement qui conduit à une simplification du problème et permet de le résoudre rapidement mais pas toujours correctement.
Je ne puis me reconnaître dans le titre de cet article : « Pourquoi préférons-nous les infox ? » C’est peut-être en raison de mon expérience dans les médias à titre de journaliste et de rédacteur en chef, mais je ne prends rien pour acquis. Une erreur est toujours possible, à la source, dans la vérification, dans le traitement journalistique, et, une erreur est toujours possible dans ma compréhension et mon interprétation.
Au collège, je souhaitais que l’on ne m’enseigne pas différents savoirs mais plutôt comment chercher et évaluer les savoirs dont j’aurai besoin tout au long de ma vie. En classe, je me présentais souvent avec une référence (un livre souvent) qui nuançait voire contredisait celui retenu par le professeur pour le cours avec une seule question : « Pourquoi celui-ci plutôt que celui-là ? »
Aiguiser le sens critique
Gérald Bronner — Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).
Le doute peut mener au nihilisme cognitif
Plusieurs travaux montrent qu’une stimulation correcte de l’esprit critique rend moins séduisantes certaines propositions trompeuses comme les théories du complot ou la résistance à la théorie de l’évolution. Des tels apprentissage à l’école pourraient être ensuite spontanément mis en œuvre par les jeunes lors de leur utilisation d’Internet.
Mais, objectera-t-on, n’est-ce pas la mission naturelle de l’Éducation nationale que d’aider à construire cet esprit critique depuis toujours ? Ce devrait l’être, en effet… mais l’esprit critique, s’il s’exerce sans méthode, conduit facilement à la crédulité.
Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien.
Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien. Et il n’est pas certain que ceux qui ont inspiré la philosophie pédagogique des dernières décennies en France en aient pleinement pris conscience.
BRONNER, Gérald, Aiguiser le sens critique, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 89-90.
Je répond à monsieur Bronner par cette phrase : « On ne donne pas ce que l’on n’a pas ».
Marc Romainville — Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).
L’auteur déconseille de démontrer en long et en large par une explication détaillée que l’élève a tort de penser ce qu’il pense. Il qualifie ce type d’approches « d’invasives ».
Des pistes moins invasives sont donc à inventer. Une d’entre elles, la pédagogie de la métacognition, se fonde sur l’idée du sociologue Gérald Bronner selon laquelle les personnes ont des raisons de penser comme elles pensent, même si elle n’ont en réalité par toujours raison de penser de cette manière. Il existe en effet des explications rationnelles et parfois légitimes de penser de travers, l’essentiel étant que les élèves prennent conscience des forces qui les poussent à penser de la sorte. (…)
ROMAINVILLE, Marc, Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 92.
Gérald Bronner met le doigt sur la « manière de penser ». La question se pose à l’honnête homme : « Je pense mais comment, de quelle manière ? ». Le modèle de la pensée scientifique, qui admet à la fois le doute et la certitude, peut être importé, autant que faire se peut, dans notre manière de penser. On sait déjà que la connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su. La connaissance scientifique est admise certaine que le temps qu’une autre connaissance vienne la remettre en cause et la déclasse. C’est ainsi que je considère la connaissance que je tire de mes expériences du savoir. Et si confiance il y a dans mes connaissances, c’est dans ma capacité à douter et d’en tirer le bénéfice.
Introduction à l’épistémologie
1.2. Définition de l’épistémologie
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’épistémologie apparaît comme champ disciplinaire spécifique.
Ceux qui se sont essayés à en donner une définition s’appuient en général sur l’étymologie du terme. Ils soulignent ainsi qu’« épistémologie » est la combinaison de deux mots grecs : épistèmè, qui signifie science, connaissance, savoir ; et logos, qui veut dire discours, langage, jugement. L’épistémologie est ainsi, selon les cas, soit une étude sur la science, soit une étude sur la connaissance.
Les anglophones privilégient la seconde de ces deux possibilités : ils emploient pour la plupart epistemology comme synonyme de « théorie de la connaissance ». Les francophones comprennent « épistémologie » en un sens plus étroit : ils l’utilisent uniquement pour qualifier la réflexion sur la connaissance spécifiquement scientifique, réservant l’expression de « théorie de la connaissance » à l’étude de la connaissance en général (scientifique et non scientifique).
L’épistémologie interroge la nature et la valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des sciences. Ceci lui confère deux caractéristiques majeures :
• Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours faisant retour sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient forcément après elle.
• Elle est un discours critique : elle ne se contente pas de décrire les sciences sans les juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-fondé et de la portée des propositions et des méthodes scientifiques.
L’épistémologie étant un discours sur les sciences, il conviendra :
• De spécifier la nature du discours considéré (est-il philosophique ? scientifique ? quels sont ses moyens ?).
• De caractériser l’objet de ce discours (que faut-il entendre par « science » ? Quelles disciplines concrètes range-t-on dans la catégorie de science ?).
Béatrice Kammere — Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.
Madame Kammere aborde dans son article le sujet de l’éducation à l’information et aux médias, un sujet devenu projet dans mes expériences de travail.
En effet, en 1980, j’ai créé à Lévis (Québec, Canada) le tout premier organisme sans but lucratif dédié à l’éducation aux médias : le Club d’initiation aux médias de la rive-sud de Québec (CIM). Initié aux médias au cours de mon adolescence à titre de journaliste pigiste, j’avais décidé de partager mon expérience avec les personnes intéressées à comprendre le fonctionnement des médias pour fonder leurs appréciations sur des bases solides.
En 1981, grâce à un programme de l’Office québécois de la Jeunesse, j’ai effectué un stage en France pour me former à l’éducation aux médias, principalement avec le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982) et avec LIRE LE JOURNAL mis en livre par le quotidien Le Monde.
Radiodiffusion et télévision (jeunes). 21110 . — I l octobre 1982 . — M . Bernard Schreiner attire l’attention de M . le ministre de l’éducation nationale sur l’expérience jeunes téléspectateurs actifs qui permet une initiation critique des jeunes vis-à-vis des medias. Il lui demande le bilan de cette expérience et si le ministère de l’éducation nationale, compte la développer et mettre en place une politique générale d’éducation des jeunes vis-à-vis des médias. Radiodiffusion et télévision (jeunes). 33489. — 6 juin 1983 . — M . Bernard Schreiner rappelle à M . le ministre de l’éducation nationale sa question écrite n° 21110 concernant l’expérience des jeunes télespectateurs actifs (publiée au Journal officiel du I l octobre 1982) restée sans réponse . 1! lui en renouvelle les termes. Réponse . — Le ministre de l’éducation nationale, peut assurer à l’honorable parlementaire que l’expérience citée a déjà retenu toute son attention mais que, bien qu ‘ elle ait été riche d ‘enseignements, sa généralisation en l’état ne peut être envisagée en raison précisément, de son caractère expérimental . En ce qui concerne la politique générale d ‘ éducation des jeunes vis-à-vis des médias, il est précisé qu ‘ une mission sur le développement des potentialités de l ‘ audio-visuel dans le système éducatif (mission qui porte donc également sur ce point) a été confié à M . Malapris du Centre national de documentation pédagogique . Dès que les conclusions de cette mission seront disponibles, c ‘est-à-dire fin septembre, elles seront communiquées à l ‘ honorable parlementaire.
Parallèlement à cela, et ouvrant sur des préoccupations audiovisuelles étendues à d’autres médias que le cinéma, des initiatives interministérielles voient le jour avec la création d’associations telles que le JTA (Jeunes téléspectateurs actifs). En partenariat avec l’INA (Institut national de l’audiovisuel), certaines chaînes de télévision et divers ministères, tentent des initiatives de rapprochement des mondes de l’école, de la famille, du milieu socio-culturel, etc. Les conséquences de ce projet se trouvent essentiellement dans les instructions officielles de 1985 pour les écoles et les collèges qui retiendront l’idée d’une éducation aux médias citoyenne et critique.
Les expériences comme celles des Jeunes Téléspectateurs Actifs sont de bonnes illustrations de ces collaborations. Il s’agissait d’un programme interministériel (1979-1983) visant à donner une position « active » aux jeunes téléspectateurs face à la culture de masse. Elle associait famille, enseignants, animateurs socioculturels et socioéducatifs : plus de 20.000 jeunes ont été concernés, ainsi que 2000 adultes. L’émergence d’Internet ne s’est pas faite non plus sans utopies citoyennes. A charge pour le service public audiovisuel de devenir le lieu de rencontre de ces nouveaux espoirs éducatifs et citoyens.
Source : MARTY, Frédéric, « Le service public audiovisuel français face à sa mission éducative : l’épreuve numérique ». Les Enjeux de l’information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, 2013. p.149-159. CAIRN.INFO, shs.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2013-2-page-149?lang=fr.
Depuis plus de vingt ans, la question des relations entre les deux lieux d’apprentissage que sont l’école et la télévision, n’a pas cessé d’être posée. En France, plusieurs pratiques pédagogiques intégrant la télévision comme outil se sont développées. L’opération Jeunes téléspectateurs actifs (cf. infra) a montré que les jeunes téléspectateurs étaient plus réfléchis et plus critiques qu’on ne le dit, à l’égard des émissions qu’ils regardent. Les jeunes sont également très influencés par le modèle scolaire des apprentissages et du fonctionnement de la mémoire, ce qui les conduit à minimiser le rôle de la télévision et de l’image comme source de savoir. Plusieurs auteurs ont souligné les possibilités offertes par l’image pour apprendre. Selon Geneviève Jacquinot, par exemple, le contact régulier avec la télévision engendrerait « de nouveaux systèmes de représentations et un fonctionnement cognitif différent de celui qui est à l’œuvre lors d’une transmission d’information par le langage (oral ou écrit) ». Il importe donc de tenir compte de ces nouveaux modes de compréhension lorsqu’on enseigne à cette nouvelle génération. Judith Lazar a elle aussi souligné le développement d’une culture spécifique, facteur de socialisation pour les jeunes mais ignorée voire méprisée par l’école… Vingt ans après l’évocation d’une « école parallèle » appliquée au petit écran (1973)62, Louis Pocher s’est interrogé sur les effets induits par le développement des médias audiovisuels sur le rapport au savoir et à la culture. Constatant que les enseignants refusaient de considérer ces savoirs médiatiques comme légitimes, l’auteur a prôné une culturel est présente à l’esprit de ces chercheurs. Le CRESAS (Centre de recherche de l’éducation spécialisée et de l’adaptation scolaire intégré à l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) a proposé d’imputer l’échec scolaire à la coupure qui existe entre la culture de l’école et la culture d’élèves de milieux populaires dont la télévision constitue l’une des composantes centrales (CRESAS, 1974). Pour d’autres chercheurs, si l’on n’apprend pas à la télévision comme à l’école c’est parce que l’on n’est pas dans une posture d’apprentissage (Chailley, 1989, 1993). Autrement dit, c’est surtout la manière de considérer le médium et de s’en servir comme d’un moyen d’apprendre qu’il s’agit de repérer, ceci en lui appliquant les procédures de « travail » traditionnellement associées à l’écrit. L’idée consiste à introduire une médiation éducative comparable à celle qui existe par rapport à l’écrit (p. 35). François Mariet suggère que ce n’est pas à l’école d’apprendre aux enfants à apprendre par la télévision mais en leur fournissant l’outillage nécessaire pour acquérir les savoirs (Mariet, 1989). Bien formé par l’école, l’enfant est supposé apprendre relativement vite son rôle de téléspectateur (p. 35). Maguy Chailley y voit là un paradoxe : les enfants apprennent par la télévision sans savoir qu’ils apprennent, ils apprennent à l’école en sachant qu’ils apprennent. ouverture de l’école aux médias télévisés et a invité les enseignants à repérer et à faire usage des connaissances et des compétences des téléspectateurs63. Pour les auteurs mentionnés, on peut apprendre grâce à la télévision mais « sans doute autre chose et/ou autrement qu’avec les modalités d’apprentissage traditionnel ». L’idée de fossé.
Du 3 au 10 avril, les jeunes téléspectateurs actifs de France sont invités à regarder la télévision d’un œil critique. Cette semaine contre l’illettrisme audiovisuel est une initiative d une association très dynamique:les Pieds dans le Paf.
(…)
Sept jours durant lesquels chaque enfant de France et, depuis un an, de Belgique et d’Angleterre, est invité à critiquer, et à décortiquer la télévision, pour ne plus regarder idiot, à écrire une lettre ouverte à sa télé, à répondre à un questionnaire, à assister à des réunions de téléclubs, et à participer à l’attribution des Zaps d’or aux émissions les plus nulles. (Les « Zaps d’orisés » de l’an dernier ont été Tournez… manège, Dimanche Martin, Santa Barbara et Dorothée.
Les activités proposées par le programme «Jeunes téléspectateurs actifs» ont eu pour conséquence d’amener beaucoup d’adolescents à regarder les informations ; ils en ont critiqué parfois le côté «spectacle» avec ses violences et ses facilités tout en appréciant aussi une présentation efficace et accessible à tous. C’est plus tard, vers 16-17 ans, qu’on observera certain rejet de la télévision, accusée de ne transmettre qu’un reflet des stéréotypes adultes.
Je suis revenu de mon stage à Paris en 1981 avec une abondante documentation au sujet de l’éducation aux médias, notamment des manuels pédagogiques. Avec ma partenaire, cofondatrice du Club d’initiation aux médias, nous avons implanter le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs dans quelques écoles de notre région. Nous avons également offert des ateliers Lire le journal en nous inspirant du livre du même nom aux édition Le Monde et du manuel scolaire Le journal en classe de l’Association des quotidiens québécois. L’une de nos expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs a même été l’objet d’un documentaire (Les enfants de la télévision) par la réalisatrice Louis Spickler de l’Office national du film du Canada (ONF). Enfin, nous avons écrit des chroniques sur le thème de l’éducation aux médias dans le journal local pendant que la presse nationale donnaient écho de nos expériences pilotes.
Bref, tout cela pour vous témoigner de mon expérience dans le domaine de l’éducation aux médias.
Deux autre secteurs de l’enseignement scolaire français sont particulièrement mobiliser pour développer l’esprit critique. Le premier concerne l’enseignement de la méthode scientifique.
(…)
Second secteur, complémentaire de la formation à la méthode scientifique, l’éducation aux médias et à l’information (Emi) tient une place centrale dans la bataille. Introduite en 2013 dans les textes de l’éducation nationale, elle se présente comme un enseignement interdisciplinaire, ayant pour but d’aider les élèves à se repérer dans le paysage médiatique. Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), chargé dans les académies de la formation des enseignants en Emi et de la production de ressources pédagogiques, est un opérateur incontournable de cet enseignement. Pionnier de ce secteur depuis 1982, le Clemi a vu s’affirmer la demande sociale en faveur de l’Emi : « Il y a vingt ans, pour étudier la presse écrite, on pouvait se contenter de réunir quelques journaux et d’en analyser le contenu avec les élèves. Les donne est bien plus complexe aujourd’hui, ou la »story » d’influenceurs côtoie celle du journal Le Monde sur les réseaux sociaux », explique Sébastien Rochat, responsable de la formation au Clemi. (…)
KAMMERER, Béatrice, L’esprit critique, une ambition républicaine, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 102-103.
On ne peut pas dire que le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi) est « est le « pionnier » de ce secteur depuis 1982 puisque des expériences notables furent mis en œuvre dès les années 1970. Le Clemi est né dans une grande effervescente de l’éducation aux médias, notamment l’expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982), la publication du livre Le monde – Lire le journal – pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse avec 110 fiches par Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau publié en janvier 1979 aux Édition F.P. Lobies., et les nombreuses publications de l’UNESCO avant et pendant les années 1980.
L’exactitude en historique de l’éducation aux médias revêt une grande importance pour en suivre l’évolution pédagogique, de la naissance du secteur à aujourd’hui. Il m’apparaît très utiles de connaître les différentes motivations et les argumentations à la base de la naissance de l’éducation aux médias. Et c’est exactement ce que je demandais lors de mes rencontres avec des hauts fonctionnaires et le ministre de l’Éducation nationale en France lors de mon stage en 1981.
Et c’est sur la base de ces arguments politique de l’éducation aux médias que nous avons pu convaincre le ministre québécois des communication de l’époque, Jean-François Bertrand, d’investir dans nos projets pilotes et même de tenir une conférence de presse avec nous.
Si l’école a un rôle à jouer en éducation aux médias et à l’information, je demeure persuader de l’importance d’une approche créative et adaptative non standardisée que peut offrir un organisme indépendant, plutôt que de miser exclusivement sur programme national gouvernemental.
Par exemple, le Club d’initiation aux médias a répondu à la demande d’une école primaire qui constatait l’influence de la violence à la télévision lors de la récréation de ses élèves.
Lorsque l’actualité a rapporté la présence de message dit « subliminaux » dans la musique des grands groupes de musique rock, le Club d’initiation aux médias a sauté sur l’occasion pour préparer et offrir une conférence d’une durée de plus de deux heures chacune et intitulée « Le Rock et la déformation de l’information ». J’ai animé plus de 350 fois cette conférences auprès de plus de 35,000 jeunes et leurs parents dans les écoles, les maisons de jeunes, les arénas… Ce fut un vif succès. Le projet se déroula non seulement dans les écoles à titre d’activité spéciale mais s’inscrivait aussi en dehors du cadre scolaire, avec la collaboration des organismes jeunesse des différentes régions du Québec et le l’est du Canada.
La surcharge du programme scolaire, ici comme ailleurs, ne permet pas d’accorder à l’éducation aux médias et à l’information tout le temps nécessaire a son déploiement en classe. Il faut l’intégrer aux activités para-scolaires, aux activités de loisirs… Et pour y parvenir, frapper fort avec des projets uniques foncièrement liés à des actualités qui retiennent l’attention. L’éducation aux médias doit permettre à son public de digérer ces actualités, parfois toxiques, en suscitant une prise de recul immédiate, preuves à l’appui.
Au collège, des philosophes en herbe
Fabien Trécourt — Journaliste scientifique.
Mettre en perspective les notions du programme scolaire, les retravailler pour les transformer en questionnement philosophique, tel est l’objectif du projet PhiloJeunes.
TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 107.
Je ne connaissais pas le projet PhiloJeunes et je remercie Sciences Humaines Éditions de me l’avoir présenté, et plus spécialement le journaliste scientifique Fabien Trécourt, auteur de l’article Au collège, des philosophes en herbe.
(…) Pour que le débat reste cadré, les élèves ont appris à tenir différents rôles : il y a les « discutants » bien sût, les philosophes en herbe, qui tentent d’expliquer les problèmes soulevés et d’y apporter des éléments de réponses. Les « observateurs », eux, veillent au bon déroulé des échanges, vérifient si la parole est bien répartie par exempla. Les « reformulateurs » sont sollicités lorsque qu’idée ambiguë ou mal comprise; ils doivent clarifier les termes du débat, pour que tout le monde parle bien de la même chose. Les « synthétiseurs », enfin, récapitulent ce qui a été dit en guise de conclusion. Au fil de l’année, tous les élèves sont amenés à jouer tous les rôles. « On n’est pas dans la polémique ni dans la punchline, souligne B. Slimani. Chacun apprend à construire sa propre pensée en réfléchissant avec les autres. Un dernière étape relève de la métacognition : grâce aux observateurs et aux synthétiseurs, les élèves remettent en perspective tout le cheminement de leur pensée. De quelles questions ils sont partis ? Quels arguments les ont aidés à faire avancer leur réflexion ? Y a-t-il eu des points de blocage ? « Cette mise à distance de leur propre discours développe leur esprit critique », assure B. Slimani.
TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 109-110.
P.S. : Bouchra Slimani. Professeure de lettre moderne, Formatrice académique (CARDIE de Créteil), formatrice PhiloJeunes à l’Académie de Créteil (France).
PhiloJeunes
Éducation aux valeurs démocratiques et civiques avec le dialogue philosophique pour les jeunes de 5 à 16 ans
Les origines de PhiloJeunes
Le projet PhiloJeunes est l’héritage de plusieurs années d’expérience dans le cadre de la création en 1996 et l’implantation jusqu’en 2015 du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants mené par l’organisme La Traversée Rive-Sud sous l’initiative de sa fondatrice et directrice générale, madame Catherine Audrain.
PhiloJeunes
Le projet PhiloJeunes s’appuie sur l’évaluation des effets sur le développement du raisonnement moral des élèves du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants, produite en 2009 par Serge Robert, professeur de philosophie (UQAM), laquelle démontrait que la pratique du dialogue philosophique développait, outre l’esprit critique, la prudence épistémique et une meilleure capacité à reconnaitre la violence symbolique et psychologique. Cette évaluation a été présentée à Paris dans le cadre des Journées mondiales de la philosophie de l’UNESCO) ;
Le projet PhiloJeunes intègre les commentaires des pédagogues recueillis sur une période de plus de 20 ans.
Le projet PhiloJeunes a été créé en 2015 à la suite des événements tragiques survenus au Québec, au Canada, en France et en Belgique, notamment au magazine Charlie Hebdo pour soutenir les enseignants et permettre un espace de réflexion aux jeunes.
Le projet PhiloJeunes a pour but de prévenir le dogmatisme, le fanatisme et la radicalisation et vise l’éducation des jeunes à la citoyenneté mondiale par l’apprentissage du dialogue philosophique avec l’aide d’un accompagnateur formé à cet effet.
PhiloJeunes utilise les approches les plus reconnues sur la scène internationale
Communauté de recherche philosophique (CRP) développée par le philosophe Mathew Lipman, professeur de philosophie, logicien. Fondateur de la pratique de la philosophie pour enfants. Montclair Institute. USA
Discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP), développée par Michel Tozzi, Professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’Université P. Valéry de Montpellier et expert auprès de l’UNESCO en philosophie avec les enfants
Utilisation de la littérature jeunesse en philosophie avec les jeunes développée par Edwige Chirouter, Titulaire de la Chaire UNESCO des pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue culturel et la transformation sociale
l’utilisation des situations problèmes et des apports spécifiques notamment pour les jeunes en situation de vulnérabilité développés par Jean-Charles Pettier, philosophe et formateur à l’Académie de Créteil
Situation d’apprentissage philosophique développée par Mathieu Gagnon, professeur en science de l’éducation, Université de Sherbrooke
Le CIP offre occasionnellement des initiations à d’autres approches selon la demande et le contexte
Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel
Pascal Engel — Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).
Être rationnel ne relève pas seulement de la cohérence logique. La vraie rationalité tient à la capacité à justifier ses croyances, qu’on appelle plus proprement la raison.
ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 113.
Je rencontre un problème avec le lien entre croyance, raison et rationalité.
(…) Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes : si vous croyez qu’une soucoupe volante a atterri sur votre pelouse parce que l’herbe a brûlé, vous raisons sont insuffisantes. La rationalité exige aussi que nos désirs et nos émotions ne viennent pas interférer avec notre jugement. Mais ces critères — cohérence, justification par des preuves, indépendance par rapport aux désirs — ne sont pas suffisants. On ne peut pas avoir des croyances irrationnelles — par exemple croire que des extraterrestres vont détruire la Terre demain — et raisonner assez bien, par exemple en corrigeant ses croyances initiales : la fin du monde n’a pas eu lieu le lendemain, mais c’est juste que les extraterrestres ont différé la date. On est souvent aussi plus ou moins rationnel. Quelles sont alors les conditions de la rationalité ?
ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 113-114.
L’affirmation « Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes » m’embarrasse. J’ai abandonné l’idée de rationaliser mes croyances par des preuves. Selon moi, une croyance n’a pas besoin de preuve. Autrement, on tombe dans des spéculations à n’en plus finir. La raison d’une croyance devient elle-même croyance dans une croyance.
Sujet de dissertation : Toute croyance est-elle contraire à la raison ?
Introduction
Par définition la croyance c’est avant tout l’attitude de l’esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (synonyme d’opinion). Mais, en conséquence mais dans un champ plus spécifique c’est l’adhésion de l’esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi).
En ce sens la croyance semble s’opposer radicalement à la raison, entendue comme faculté de calculer, de raisonner, c’est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences et, en conséquence, de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.
C’est pourquoi la science s’est construite avant tout contre la croyance et plus particulièrement en s’émancipant des dogmes de la foi religieuse mais aussi de celles de l’opinion. Pour autant on peut se demander jusqu’où va cette opposition et si la raison échappe totalement à la croyance.
J’adhère à cette proposition à l’effet que « (…) la croyance semble s’opposer radicalement à la raison (…) ». Se donner raison dans nos croyances est un non-sens.
III. Deux formes de croyance
A. La croyance irrationnelle
Kant affirme que l’opinion est différent de la foi car cette dernière porte sur des objets indémontrables. La foi serait ainsi la forme de la croyance qui porte sur des éléments idéels et qui ne peuvent de fait pas être démontrés.
B. La croyance rationnelle
Pascal avance que la croyance est au-delà de la raison. En effet, croire implique le cœur de l’Homme qui ne peut se soumettre uniquement à la raison. La croyance n’est alors pas complètement irrationnelle. Conclusion : Une fois la raison établie, son exercice se retrouve soumis à un certain nombre d’obstacles qui en freinent sa portée. Enfin, la caractéristique essentielle de la raison, universelle ou relative, dépend des écoles de pensée.
Edwige Chirouter — Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».
Si un des défis de l’éducation démocratique est de lutter contre les écueils du dogmatisme et du relativisme, alors elle doit permettre aux futurs citoyens de développer des défenses intellectuelles qui évitent de tomber dans ces « deux maladies séniles de notre modernité tardive » selon l’expression du philosophe Michel Fabre (M. Fabre, Éduquer pour un monde problématique, La carte et la boussole, PUF, 2011). Le dogmatisme ( religieux, politique, économique) reste crispé sur des réponses fermées, révélées, non critiquables; le relativisme, à l’inverse, renonce à donner des repères fiables. Seule une approche herméneutique du monde, fondée sur l’interprétation rigoureuse des phénomènes, peut permettre un éclairage pertinent de la complexité du réel et de l’existence. Le monde est comme un texte à interpréter et comme toute interprétation littéraire, les lectures en sont plurielles, mais reposent aussi sur des données factuelles et stables.
CHIROUTER, Edwige, Philosopher dès l’enfance, une école de la liberté, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 127.
Interpréter est-ce reconnaître le sens ou donner un sens selon sa compréhension ? Si j’interprète « des données factuelles et stables », est-ce qu’il y a dans ces données un sens à reconnaître ou dois-je moi-même donner un sens ? Un chose est certaine, on ne peut pas se dire objectif lors d’une interprétation.
La rhétorique ou l’art de la persuasion
Juliette Dross — Enseignante- chercheuse à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023)
(…) Au sens plein, la rhétorique est un art complet, qui de la conception d’un discours jusqu’à sa prononciation, en passant par son organisation, le style choisi, la mémorisation ; et on ne peut séparer ces différents aspects sans l’amputer et la dénaturer. C’est parfois d’ailleurs le point aveugle de certaines formations ou coaching en prise de parole, qui insiste avant tout sur la forme (poser sa voix, gérer son stress, avoir une élocution claire, etc.). Or, si l’on n’a pas les outils permettant d’élaborer un discours persuasif, de trouver les idées qui vont faire mouche, se structurer ce qu’on dit, de choisir les mots et le rythme adaptés à l’objectif fixé, le discours tombera à plat. Si la forme n’est pas le prolongement du fond, elle est creuse et ne provoque pas la persuasion.
DROSS, Juliette, La rhétorique ou l’art de la persuasion, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 133.
Par exemple une conférence doit amener l’auditoire du point A au point B en suivant différentes étapes de prise de conscience en prise de conscience. J’ai animé plus de 350 conférences sur différents sujets au cours de ma carrière professionnelle et je n’avais en tête l’idée de convaincre mais plutôt de partager ma compréhension et l’évolution de ma conscience. Il ne s’agissait de persuader l’auditoire pour qu’il adopte ma propre compréhension et évolue dans le même sens que ma conscience. C’est beaucoup plus subtile. Amener l’auditoire à prendre elle-même conscience d’une information et de ses implications sur la perception du réel exige de partager un vécu.
Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?
Sebastian Dieguez — Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).
Je ne savais pas que le concept de « postvérité » est contesté mais je ne suis pas surpris.
(…) précision utile mais souvent négligée, le préfixe « post » ne devrait pas se lire dans un sens strictement chronologique, comme s’il y avait un avant et un après la vérité, mais plutôt dans un sens privatif : la vérité en que telle aurait perdu de son importance et de son influence.
DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 139.
Apparemment, l’idée selon laquelle nous nous situerions à un moment, voire à une époque, d’« après » la vérité constitue une rupture signifiante au regard d’une notion fondamentale de la métaphysique occidentale et sur laquelle repose également, pour le sens commun, l’évidence du réel : une proposition est dite « vraie » lorsqu’elle est garantie par sa conformité à ce qui est. Le souci de la vérité a pu s’énoncer de multiples façons, antagonistes, plus ou moins savantes, dans des domaines divers, mais la pluralité des approche n’a jamais conduit à remettre en question le caractère « vital » de la référence au vrai.
Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.
Sebastian Dieguez souligne l’absence de consensus.
Absence de consensus
Pour autant, cet état des lieux est loin d’avoir fait l’unanimité. Aucun consensus n’a abouti sur ce qu’est exactement la postvérité, ni même si cette chose existe. Était-ce un simple effet de mode, un lubie journalistique passagère, une expression de détresse concomitante d’une actualité politique dont on peinait à expliquer ses aspects les plus outrageants ? Ou alors cette notion de « postvérité » mettait-elle le doigt sur un phénomène réel et inédit, qui allait donner lieu à un programme de recherche aussi passionnant que fructueux, creusant au plus profond de nos pratiques intellectuelles, sociales et politiques contemporaines ?
DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 141.
Me voilà dans une très belle démonstration qu’il ne me faut rien prendre pour acquis. Il faut douter pour comprendre et l’article de Sebastian Dieguez nous y pousse.
Il nous certes clarifier les tenants conceptuels de ces enjeux, se garder d’exagérer la menace ou d’y voir un caractère trop exceptionnel, et prendre garde aux possibles récupérations politiques et idéologiques d’une rhétorique simpliste de la postvérité. Mais rien de tout cela ne serait possible ni nécessaire sans envisager l’idée que notre espèce semble hélas bien capable de détruire la fragile édifice intellectuel qu’elle s’est si laborieusement bâti au fil des siècles.
DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 147.
Un « édifice intellectuel », oui, mais aussi et surtout « un édifice civilisationnel ». Tout cela ne sa passe pas que dans nos têtes car nous pouvons observer au sein des sociétés occidentales le recul de la vérité, la désinformation, les fausses nouvelles…
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Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
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Exemplaire numérique gratuit
Mon livre « J’aime penser ou Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison» offert gratuitement en format numérique (PDF) ouà lire en ligne sur un site web dédié.
Texte de présentation sur le site web de l’éditeur
« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger – et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous –, au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre. »
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger — et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous — au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre.
Extrait du Chapitre I
LA HANTISE DE SOI
Nous sommes faits de l’étoffe des songes
Shakespeare, La Tempête
Dans la matinée du 28 janvier 1998, j’ai fait le rêve suivant, que j’ai retranscrit aussitôt après m’être réveillé :
J’explique à un cercle de connaissances (il semble qu’il s’agisse de ce qu’un de mes étudiants appelle irrévérencieusement « le poulailler », c’est-à-dire le petit groupe d’auditeurs d’un certain âge qui suivent mes cours à l’université de Nice) que mon identité officielle est entièrement controuvée, étant le résultat d’une suite bizarre de coïncidences, de méprises, de malentendus et d’erreurs, – un peu comme certains enchaînements de gags chez Feydeau, Buster Keaton ou Jacques Tati : un écart (au normal) en entraîne un deuxième puis un troisième, etc., l’ensemble aboutissant à une situation absurde, totalement incroyable et éloignée de toute réalité vraisemblable. C’est ainsi que mon nom n’est pas mon vrai nom, mon âge mon vrai âge, et ainsi de suite. Je fais remarquer à mon auditoire cette césure curieuse qui fait de nous deux êtres : celui, officiel, des papiers, et celui, réel mais mystérieux, dont aucun document ni d’ailleurs rien d’apparent ne témoigne.
Ce rêve (comme d’ailleurs le sens commun) admet d’emblée et comme allant de soi une différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle) ; distinction que pour ma part j’ai toujours tenue pour douteuse et même spontanément récusée, suivant en cela le sentiment de penseurs tels Montaigne ou David Hume (ce qui illustre, soit dit en passant, le fait bien connu qu’on peut rêver contre la logique, mais aussi contre sa propre pensée). Mon identité peut certes être controuvée, comme il arrive dans mon rêve ; mais c’est alors qu’elle dissimule ma véritable identité sociale, pas un hypothétique substrat qui serait l’identité personnelle. Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. Platon énonçait déjà la même idée, dans le mythe terminal du Gorgias, qui recommande aux juges qui doivent décider du sort post mortem des hommes lors du jugement dernier, d’exiger que ceux-ci se présentent nus devant le tribunal suprême, dépouillés des vêtements assimilés aux oripeaux sociaux qui dissimulent la réalité de leur moi. Idée reprise en France, depuis Napoléon Ier, quoique peut-être dans un autre esprit, lors de l’organisation de la cérémonie du conseil de révision.
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. Je me limiterai, dans la suite de cet écrit, et pour la commodité de la lecture, à l’expression d’identité personnelle, mais je dois avertir que cette expression impliquera toujours les caractères que je viens d’indiquer : vérité, réalité, antériorité à toute reconnaissance sociale, caractère « naturel » et non conventionnel, caractère unique et non composite, contrairement à ce que suggère Montaigne dans un passage des Essais : « Notre fait, ce ne sont que pièces rapportées ».
Je ne suis pas un autre, je ne suis jamais un autre, voilà ce qu’affirme la conscience commune contre la formulation contraire de Rimbaud dans Une saison en enfer (« Je est un autre »). Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. On sait que c’est David Hume qui le premier a mis le doigt sur cette impasse philosophique dans un passage important du Traité de la nature humaine qui devait par la suite tant préoccuper Kant :
« Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment, sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu’il faudrait de plus pour faire de moi un parfait mort. Si quelqu’un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu’il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l’avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui. Tout ce que je peux lui accorder, c’est qu’il peut être dans le vrai aussi bien que moi et que nous différons essentiellement sur ce point. Peut-être peut-il percevoir quelque chose de simple et de certain qu’il appelle lui : et pourtant je suis sûr qu’il n’y a pas en moi de pareil principe.(1) »
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(1) Livre I, 4e partie, section VI. Tr. A. Leroy, Aubier éd.
Clément Rosset est né le 12 octobre 1939 à Carteret (Manche). Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, docteur ès lettres, il a enseigné pendant 30 ans la philosophie à l’Université de Nice. Il est mort à Paris le 27 mars 2018.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » :
La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Wow ! Enfin une pensée philosophique originale, décoiffante, étonnante. Le philosophe Clément Rosset traite, non pas de « du problème de l’identité, mais plutôt « du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai souvent rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume » (Avertissement, p. 7). Il approfondit la « différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle » (La hantise de soi, p. 10). Il remet sérieusement en cause cette identité personnelle.
(…) Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 11.
De cette identité personnelle, il dit qu’elle n’est qu’illusion même si elle « apparaît comme le moi vrai et authentique » tandis que le moi (vraiment) « identitaire » est « social » :
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 12.
Qui suis-je finalement ? Je suis moi mais je ne peux me connaître que par mes qualités. Le moi m’est insaisissable, indescriptible, dans son essence.
(…) Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 13.
Le moi, mon moi réel, c’est-à-dire mon identité, n’est pas personnel mais social. Mon identité réelle est donc une construction sociale. Mon moi, si personnel qu’il serait, ne pourrait pas se percevoir. Je ne perçois pas Je. Le philosophe Clément Rosset se réfère à David Hume.
Le sens de l’argument de Hume est qu’il n’y a pas de perception du moi – comme il peut y avoir d’une chaise ou d’une table – mais seulement des perceptions de qualités, ou d’états psychologiques ou somatiques que nous pouvons éprouver à un moment donné ; (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 16.
Il ajoutera plus loin dans son texte « deux arguments » « qui suffisent », « à son avis », « à démontrer la difficulté qu’il y a à se forger une conception un tant soit peu cohérente de l’identité personnelle ».
Tout d’abord, cette identité est un objet invisible car il est impossible de l’observer : les autres ne peuvent percevoir que mon extérieur, et je manque moi de la distanciation minimale qui me permettrait de m’apercevoir. L’introspection, qui signifie littéralement « observation de soi-même », est une contradiction dans les termes : un « je » ne peut se prendre pour sujet d’étude, pas plus qu’une lunette d’approche ne peut se prendre elle-même comme objet d’observation. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 79-80.
Voilà qui est convaincant. Si moi il y a, il est encore et toujours social en raison de l’impossibilité de l’introspection. Je ne peux me connaître que par mon identité sociale.
(…) Je veux dire par là que les renseignements que l’individu humain possède sur lui-même par l’intermédiaire de son identité sociale suffisent amplement à la conduite de sa vie personnelle, tant publique que privée. Je n’ai pas besoin d’en appeler à un sentiment d’identité personnelle pour penser et agir de manière particulière et personnelle, toutes choses qui, si je puis dire, s’accomplissent d’elles-mêmes. Je pense même que le souci ou l’inquiétude qui portent à s’interroger sur sa propre personne et sur ce que celle-ci aurait d’inaliénable joue plutôt un rôle inhibiteur dans l’accomplissement de sa personnalité. Les questions du type « qui suis-je réellement ? » ou « que fais-je exactement ? » ont toujours été un frein tant à l’existence qu’à l’activité. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 85-86.
Le philosophe Clément Rosset citera Proust, à propose de Swann, au tout début de la Recherche du temps perdu :
(…) « Nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres ». Il n’en est pas moins vrai que, du point de vue du moi, cette personnalité sociale reste le plus sûr registre que nous puissions consulter pour nous assurer de la connaissance et de la continuité de ce moi.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 89.
Et cette « pensée des autres » m’implique pas nécessairement un continuum d’échanges interpersonnels la vie durant. La « pensée des autres » peut venir de rencontres fortuites marquantes et de l’écrit. Je le souligne parce que je demeure un solitaire depuis mon enfance, et ce, même je suis devenu aussi mari et père. Mon univers social en personne se limite à mes proches proches et prend de l’expansion dans mes lectures, dans la télévision et le cinéma, tout comme dans les vidéos de conférences. Si les contacts de personne à personne sont essentiels, je m’en tiens à l’essentiel.
Si la croyance en une identité personnelle est inutile à la vie, elle est en revanche indispensable à toute conception morale de la vie, et notamment à la conception morale de la justice, fondée non sur la sanction des faits mais sur l’appréciation des intentions — « intentions » dont on peut remarquer qu’elles constituent une notion aussi vague et impénétrable que celle de l’identité personnelle. C’est pourquoi tout philosophe d’obédience morale a toujours soutenu contre vents et marées, unguibus et rostro, le credo du libre arbitre, c’est-à-dire le dogme d’une identité personnelle responsable non seulement de ses actes — et surtout — des intentions présumées qui en seraient l’origine : tels Kant, Sartre, ou encore Paul Ricœur qui, dans un livre relativement récent, s’est proposé de défendre ce qu’il appelle, de manière délicieusement polysémique, le « maintien de soi » . Ne pas oublier qu’on est une personne responsable, – ne pas oublier non plus de se tenir droit. »
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 90-91.
P.S.: unguibus et rostro = bec et ongles.
Peu importe qui nous sommes, peu importe notre identité sociale, il est de notre devoir, conféré par (notre croyance en) notre identité personnelle, de se réaliser en pensant et en agissant en personnes responsables.
Enfin, je comprends aussi que je ne peux être qu’au monde uniquement en étant une construction du monde social dans lequel je vis. Cela me rappelle mon poème intitulé « Lit » :
Lit
Je suis sur mon lit
Dans ma chambre
De la maison
Sur la terre
Dans l’espace
De l’univers
Qui est infini
Je suis dans l’infini
Un être défini
Qui vit
Et dévie
Devant la mort
De l’immortalité
Je suis pour l’immortalité
Un élément mortel
Qui ressuscite
Sans suite
Pour l’éternel
Je suis dans l’éternel
Un esprit sans corps
Qui pense en rêveur
Dans son lit
* * *
Serge-André Guay, 17 ans.
Vacances de Noël, 1974.
Comme le souligne le philosophe Clément Rosset, des nombreuses études traitent du Moi selon David Hume.
Le moi, le caractère et l’identité personnelle chez David Hume
par
Marie-Hélène Audy, Doctorante en philosophie, Université de Montréal.
Société Philosophique Ithaque – Ithaque ; vol. 6, 2010, p. 95-110.
Université de Montréal. Faculté des arts et des sciences. Département de philosophie
David Hume, dans son Traité sur la nature humaine, utilise deux concepts qui semblent se rapporter à l’identité personnelle d’un individu : le moi (self) et le caractère personnel. Cependant, dans le Traité, il ne traite pas à la fois de l’un et de l’autre : dans le premier livre, « De l’entendement », il s’intéresse au moi, alors que dans les second et troisième livres, « Des passions » et « De la morale » il traite plutôt du caractère. On constate alors qu’il y a une nette différence chez Hume entre ce qui constitue le moi d’un individu et son caractère personnel. Ils ne se définissent absolument pas de la même manière et au final, ils ne se rapportent pas, tous deux, à l’identité personnelle. Le caractère qui permet d’aborder la question de la responsabilité morale d’un individu, ce que le moi ne peut pas faire, constitue la véritable identité d’un individu.
* * *
Dans le premier livre du Traité sur la nature humaine, David Hume tente de déterminer ce qui constitue le moi (self) d’un individu, sans pour autant parvenir à une définition satisfaisante. Le moi qu’il décrit demeure quelque chose d’on ne peut plus incertain, dont on n’a pas « d’impression constante et invariable1 ». Pourtant, dès les premières pages du second livre du Traité, il pose ce moi indéfinissable et douteux comme une réalité effective, sujette à des passions directes ou indirectes. Par la suite, dans cette même partie du Traité une nouvelle notion apparaît : celle du caractère (character) d’un individu. À travers les explications portant sur les passions indirectes d’abord, sur les passions directes et la volonté ensuite, la notion de caractère prend davantage d’importance, alors que la notion du moi disparaît.
Il semble que Hume se sert(?) du caractère personnel à partir du second livre du Traité afin de remplacer le moi, celui-ci étant une notion trop problématique pour ce qui suit dans ses écrits sur la morale2. Le caractère personnel, en effet, contrairement au moi, peut facilement être lié au problème de la responsabilité morale de l’individu3, car lorsque l’on désapprouve ou que l’on approuve moralement les actions d’un homme, c’est son caractère qui est jugé, selon Hume. En accordant davantage de place à la notion de caractère et en rattachant celle-ci au problème de la responsabilité morale, il semble que Hume s’inscrive d’une manière originale dans la suite du débat qui a eu lieu au début du XVIIIème siècle et qui portait sur l’identité personnelle4.
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NOTES
1. David HUME, A Treatise of Human Nature, édit. par David Fate Norton et Mary J. Norton, Oxford, Oxford University Press, 2006 (2000), 1.4.6.2, p. 164.
2. C’est-à-dire le troisième livre de A Treatise of Human Nature et An Enquiry concerning the Principles of Morals.
3. David HUME, An Enquiry concerning Human Understanding, édit. par L. A. Selby-Bigge et P. H. Nidditch, Oxford, Clarendon Press, 1975, p. 80-103 et David HUME, An Enquiry concerning the Principles of Morals, édit. par Tom L. Beauchamp, Oxford, Clarendon Press, 1998.
4. Le débat en question eut pour principaux protagonistes Samuel Clarke et Anthony Collins. Il eut lieu principalement entre 1706 et 1708 et débuta avec une réponse de Clarke à Henry Dodwell sur son écrit au sujet de la question de l’immortalité de l’âme (1706). John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain avait auparavant traité de l’identité personnelle et ses propos eurent par ailleurs eu un impact sur le débat. Enfin, outre l’intérêt suscité chez Hume par ces questions, on retrouve d’autres écrits sur le sujet à la même époque, comme la « Dissertation sur l’identité personnelle » de Joseph Butler en 1736, par exemple. Voir la bibliographie pour des références plus complètes.
Le plus érudit des ouvrages au sujet de notre identité au fil de l’histoire nous est proposé par le philosophe canadien (québécois) Charles Taylor : Les sources du moi, la formation de l’identité moderne.
Il est impossible de saisir toute la richesse et toute la complexité de l’identité moderne sans considérer comment notre conception du moi s’est développée à partir des images anciennes de l’identité humaine. Cet ouvrage tente donc de définir le moi contemporain en en décrivant la genèse. – Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Les Éditions du Boréal, 1998, 712 pages.
Recensement
C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne
Paris : Le Seuil
Barbara Ritz, Revue L’orientation scolaire et professionnelle (O.S.P.).
Charles Taylor est un philosophe canadien qui s’intéresse au concept de l’identité et aux problèmes que posent les questions d’intégration ethnique et culturelle de populations diverses. Il est connu pour être un penseur majeur du multiculturalisme et du communautarisme. Ses positions sont engagées dans des combats qui touchent aux grands phénomènes de société. Taylor théorise et philosophe dans ce sens. Les questions autour de la morale sont à ses yeux, des incontournables et, selon lui, il existerait une diversité de conception de la « vie bonne » dans laquelle il faudrait rendre justice à deux notions : la différence et l’unité. Ses ouvrages principaux sont : le Malaise de la modernité (1994), la Liberté des modernes (1997), les Sources du moi (1998).
Dans les Sources du moi, Charles Taylor se donne pour objectif de définir l’identité moderne et d’en écrire l’histoire. Derrière ce travail, la finalité est toujours pour Taylor de nourrir sa compréhension des problématiques modernes et des nouveaux phénomènes de société. Pour cela, l’auteur choisit de retracer la genèse de notre identité « de » moderne en insistant sur le fait qu’elle nous vient de l’héritage des époques passées et de la longue histoire des idées qui nous a été léguée. Pour Taylor, cette histoire est complexe et riche et elle peut être source de tensions. Elle se lit, se déchiffre et s’analyse à partir des non-dits et des présupposés des courants actuels de la pensée moderne et post-moderne. C’est ce travail d’explicitation et de réflexion qu’il s’est proposé de poursuivre. Sa démarche reste essentiellement analytique et historique. Son entreprise est d’autant plus considérable qu’elle a nécessité un travail d’érudition hors du commun. À ce titre, cette œuvre peut être qualifiée de magistrale.
Selon Taylor, notre identité moderne reposerait sur des idéaux et des interdits qui modèlent notre pensée, notre épistémologie, ainsi que notre philosophie de moderne, sans que nous en ayons conscience. Ces idéaux, développés par les grands courants philosophiques, continuent bien plus que nous ne l’imaginons de façonner notre identité. Selon cet auteur, nous serions les héritiers d’innombrables représentations, très souvent informulées, qui conditionnent fortement notre conception moderne du fait d’être un « agent humain ». Derrière cette expression, Taylor veut souligner les différentes dimensions qui s’y rattachent : le sens de l’intériorité, le sens de la liberté, le sens de l’individualité et le sentiment d’appartenir à la nature.
SOURCE ET LIRE LA SUITE : Barbara Ritz, “C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne”, L’orientation scolaire et professionnelle [Online], 32/1 | 2003, Online since 06 May 2011, connection on 03 October 2024. URL : http://journals.openedition.org/osp/3223 ;DOI : https://doi.org/10.4000/osp.3223
Le philosophe Clément Rosset affirme que Le Moi réel est une construction sociale de l’identité ou, si vous préférez, que seule l’identité sociale existe. Il nous parle aussi de la « croyance en une identité personnelle ». Je retiens ici le mot « croyance ». Je peux croire sans aucune preuve ou sans argumentaire satisfaisant que ce que je crois existe réellement.
Que notre univers social façonne notre Moi réel, j’en conviens aisément. Que je ne puisse reconnaître mon existence que dans le regard de l’auteur, j’en conviens tout aussi facilement. Mais je conteste l’idée que l’identité personnelle n’existe pas ou se limite à une pré-identité de l’identité sociale. Je me reconnais une identité personnelle sous l’influence de mon identité sociale mais l’une et l’autre se distinguent. Mon identité personnelle affiche une différence notable ne serait-ce que par mon « jardin secret », par l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience. J’aimerais plutôt parler d’une identité publique et d’une identité privée. Ce que vous connaissez de moi, c’est ce que je montre en publique, à la société de mes pairs. Ce que je suis en Moi et par moi, c’est ce que je garde pour moi. Évidemment, on parlera de l’authenticité, de l’harmonie entre mon identité personnelle et mon identité sociale.
Et si on parlait d’une seule et même identité, comparable à un arbre, ses racines, son tronc et son houppier. Là où je prends racines, c’est dans le terreau social, à l’abri du regard de l’autre, mais en interaction avec ses racines. Nous sommes dans le même terreau. Mais nos troncs et nos houppiers sont uniques, originales, malgré nos ressemblances en espèce.
Il y a dans cette comparaison un non sens car la partie visible par tous de l’arbre devrait être mon identité personnelle et, mes racines dans le terreau partagé avec les autres arbres, mon identité sociale. Cette identité sociale peut-elle être invisible, cachée du regard de l’autre, tandis que mon identité personnelle serait visible de tous ? Pour soutenir tout de même cette hypothèse, il me faudrait admettre que l’autre ne perçoit finalement que mes différences apparentes. Suis-je ainsi le seul à percevoir et ressentir mes racines sociales ?
Si je me reconnais dans l’autre, c’est par ressemblance d’espèce. Je présuppose alors qu’il y a aussi ressemblance en nos racines, toujours en espèce.
Aussi, j’avance que l’autre ne perçoit jamais mon identité sociale dans toutes ses différences et ses détails. Il a une perception globale ; il me reconnaît comme on reconnaît par référence une chaise droite à ses quatre pattes, son siège et son dossier.
Ah ! Comme l’essai LOIN DE MOI de CLÉMENT ROSSET me donner à penser.
J’accorde cinq étoiles sur cinq
au livre LOIN DE MOI – ÉTUDE SUR L’IDENTITÉ du philosophe CLÉMENT ROSSET paru aux ÉDITIONS DE MINUIT en 1999.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
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