Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

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Article # 113

PARTIE 1 DE 2

J’AI LU POUR VOUS

Nexus

Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA

Yuval Noah Harari

Traduit de l’anglais par David Fauquemberg

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Éditions Albin Michel, Paris

1er octobre 2024

243.00 mm x 170.00 mm

576 pages

EAN : 9782226494887

ISBN : 978-2-226-49488-7

Édition en anglais parue sous le titre : Nexus – A brief history of information networks from the stone age to AI chez Random House, an imprint and division of Penguin Random House LLC, New York © Yuval Noah Harari, 2024 Tous droits réservés

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

NEXUS

Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA

Les histoires nous ont réunis.

Les livres ont diffusé nos idées et nos mythologies.

Internet nous a promis le savoir infini.

Les algorithmes ont découvert nos secrets – et nous ont divisés.

Quel monde nous promet l’IA ?

Depuis cent mille ans, nous, les Sapiens, avons acquis un gigantesque pouvoir. Mais malgré nos découvertes, inventions et conquêtes, nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise existentielle inédite. Le monde est au bord de l’effondrement écologique. Les tensions politiques se multiplient. La désinformation abonde. Et nous entrons de plain-pied dans l’ère de l’IA, un réseau d’information qui sera bientôt capable de nous dominer.

Avec ce nouvel ouvrage, Yuval Noah Harari, l’auteur du best-seller mondial Sapiens, revisite l’histoire de l’humanité pour comprendre comment les réseaux d’information ont fait et défait notre monde. Il aborde les choix cruciaux auxquels nous sommes – et serons – confrontés, au moment où l’IA révolutionne la médecine, la guerre, les démocraties, et menace notre existence même.

Nexus est un livre capital pour comprendre comment, en faisant des choix éclairés, il nous est encore possible d’empêcher le pire.

Traduit de l’anglais par David Fauquemberg

Source : Éditions Albin Michel.




SOMMAIRE

Prologue

La vision naïve de l’information

Google vs Goethe

L’information faite arme

Ce chemin à parcourir

Première partie

RÉSEAUX HUMAINS

  1. Qu’est-ce que l’information

Qu’est-ce que la vérité ?

Ce que fait l’information

L’information dans l’histoire de l’humanité

  1. Histoires : connexions illimitées

Entités intersubjectives

Le pouvoir des histoires

Le noble mensonge

L’éternel dilemme

  1. Documents : la morsure des tigres de papier

Prêt à tuer

Bureaucratie

Bureaucratie et recherche de la vérité

L’État profond

Les drames biologiques

Tuer tous les gens de loi

Le document miracle

  1. Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité

Les limites de l’autocorrection

Enlever les humains de la boucle

L’infaillible technologie

L’élaboration de la Bible hébraïque

L’institution contre-attaque

La Bible de la discorde

La chambre d’écho

Imprimerie, science et sorcières

L’inquisition espagnole à la rescousse

La découverte de l’ignorance

Les mécanismes d’autocorrection

Le DSM et la Bible

Publier ou périr

  1. Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme

La dictature de la majorité

Le peuple vs la vérité

L’assaut populiste

Mesurer la force des démocraties

Les démocraties de l’âge de pierre

César président !

Les médias de masse rendent la démocratie de masse possible

Le XXè siècle : démocratie de masse, mais aussi totalitarisme de masse

Brève histoire du totalitarisme

Sparte et l’empire Qin

La trinité totalitaire

Contrôle total

Les koulaks

Les Soviétiques une grande famille heureuse

Le Parti et l’Église

Comment l’information circule

Nul n’est parfait

Le pendule technologique

Deuxième partie

LE RÉSEAU INORGANIQUE

  1. Les nouveaux membres : en quoi les ordinateurs sont différents des presses à imprimer

Des maillons de la chaîne

Pirater le système d’exploitation de la civilisation humaine

Quelles sont les implications ?

Assumer nos responsabilités

Droite et gauche

Pas de déterminisme

  1. Implacable : le réseau est toujours actif

Des agents qui jamais ne dorment

Surveillés de l’intérieur

La fin de la vie privée

Différents types de surveillance

Le système de crédit social

Toujours actif

  1. Faillible : le réseau a souvent tort

La dictature du like

Rejeter la faute sur les humains

Le problème de l’alignement

Le Napoléon des trombones

La filière corse

Le nazi kantien

Calculer la souffrance

Mythologie informatique

Les nouvelles sorcières

Biais informatiques

Les nouveaux dieux ?

Troisième partie

POLITIQUE INFORMATIQUE

  1. Démocratie : une conversation impossible ?

La voie démocratique

La démocratie au défi du changement

Le suicide des conservateurs

Impénétrable

Le droit à une explication

Chute libre

Anarchie numérique

Bannir les bots

L’avenir de la démocratie

  1. Totalitarisme : le pouvoir aux algorithmes ?

La prison des bots

Prise de pouvoir algorithmique

Le dilemme du dictateur

  1. Le rideau de silicium : empire mondial ou division mondiale?

L’essor des empires numériques

Colonialisme des données

De la toile au cocon

Une scission planétaire du corps et de l’esprit

De la guerre du code à la guerre chaude

Le lien mondial

Le choix humain

Épilogue

Extinction des plus intelligents

Notes

Remerciements


EXTRAIT DU PROLOGUE

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Source : Éditions Albin Michel.

Nous avons baptisé notre espèce Homo sapiens – l’homme sage. Mais on est en droit de se demander dans quelle mesure nous avons fait honneur à ce nom.

Au cours des cent mille dernières années, nous autres, Sapiens, avons certes accumulé un pouvoir immense. La simple liste de nos découvertes, inventions et conquêtes noircirait des volumes entiers. Mais pouvoir n’est pas sagesse, et après cent mille ans de découvertes, d’inventions et de conquêtes, l’humanité s’est elle-même précipitée dans une crise existentielle. Nous sommes au bord de l’effondrement écologique, conséquence du mauvais usage que nous faisons de notre pouvoir. Nous sommes par ailleurs occupés à créer de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle (IA), potentiellement capables d’échapper à notre contrôle et de nous réduire en esclavage ou de nous annihiler. Pourtant, à l’heure où notre espèce devrait s’unir pour affronter ces défis existentiels, les tensions internationales ne cessent de croître, la coopération à l’échelle mondiale se fait de plus en plus difficile, certains pays constituent des stocks d’armes apocalyptiques et une nouvelle guerre mondiale ne paraît pas impossible.

Si nous sommes si sages, nous autres Sapiens, pourquoi faisons-nous preuve d’une telle tendance à l’autodestruction ?

Plus fondamentalement, les quantités d’informations que nous avons amassées sur absolument tout, des molécules d’ADN aux galaxies les plus lointaines, ne semblent pas nous avoir apporté de réponse aux grandes questions existentielles : Qui sommes-nous ? À quoi devons-nous aspirer ? Qu’est-ce qu’une vie bonne, et comment devrions-nous la vivre ? Malgré la masse démesurée d’informations dont nous disposons, nous sommes tout aussi enclins que nos lointains ancêtres aux illusions et aux fantasmes. Le nazisme et le stalinisme ne sont que deux exemples récents, parmi tant d’autres, de la folie collective qui s’empare parfois des sociétés, même les plus modernes. Nul ne conteste le fait que les humains d’aujourd’hui possèdent bien plus d’informations et de pouvoir que ceux de l’âge de pierre – mais notre compréhension de nous-mêmes et de notre rôle dans l’univers a-t-elle réellement progressé ? Rien n’est moins sûr.

Pourquoi sommes-nous si forts pour emmagasiner toujours plus d’informations et de pouvoir, mais beaucoup moins pour acquérir de la sagesse ? Au fil des âges, bien des traditions ont considéré qu’un défaut dans notre nature nous poussait à vouloir posséder des pouvoirs que nous étions incapables de maîtriser. Le mythe grec de Phaéton raconte ainsi l’histoire d’un jeune homme découvrant qu’il est le fils d’Hélios, le dieu Soleil. Désireux de prouver son origine divine, Phaéton réclame le privilège de conduire le char du soleil. Hélios le met en garde sur le fait qu’aucun humain ne saurait contrôler les chevaux célestes qui tirent le char solaire. Mais Phaéton insiste tant que le dieu Soleil finit par céder. Après s’être fièrement élevé dans le ciel, Phaéton perd bel et bien le contrôle du char. Le soleil dévie de sa course, brûlant toute végétation, tuant d’innombrables créatures et menaçant d’embraser la Terre entière. Zeus intervient alors et foudroie Phaéton. Notre humain vaniteux, lui-même en proie aux flammes, tombe du ciel telle une étoile filante. Reprenant le contrôle du ciel, les dieux sauvent le monde.

Deux mille ans plus tard, alors que la révolution industrielle faisait ses premiers pas et que les machines commençaient à remplacer les humains dans de nombreuses tâches, Johann Wolfgang von Goethe publia un conte moral du même ordre, intitulé « L’apprenti sorcier ». Ce poème (que Walt Disney rendra plus tard célèbre sous la forme d’un court-métrage d’animation dans lequel Mickey Mouse interprète le rôle-titre) évoque un vieux sorcier qui, devant s’absenter, demande à son jeune apprenti de veiller sur son atelier et lui confie quelques corvées – aller chercher, entre autres, de l’eau à la rivière. L’apprenti décide de se faciliter la vie : empruntant au sorcier l’un de ses sortilèges, il enchante un balai afin qu’il aille puiser l’eau à sa place. Mais l’apprenti ne sait pas comment arrêter le balai, qui ne cesse plus de rapporter des seaux, menaçant d’inonder l’atelier. Pris de panique, l’apprenti tranche alors le balai d’un coup de hache, avec pour seul résultat que chacune des moitiés s’anime sous ses yeux : ce sont à présent non plus un, mais deux balais enchantés qui déversent leur eau dans l’atelier ! Quand le vieux sorcier revient, l’apprenti l’implore de l’aider : « Les esprits que j’ai invoqués, je ne peux plus m’en débarrasser. » Le sorcier brise aussi- tôt le sortilège et met fin au déluge. La leçon adressée à l’apprenti – et à l’humanité en général – est claire : ne jamais invoquer des pouvoirs qu’on ne peut maîtriser.

Que nous disent les fables de l’apprenti et de Phaéton en ce début de XXIe siècle ? Nous autres, les humains, sommes manifestement restés sourds à leurs avertissements. Nous avons d’ores et déjà déséquilibré le climat terrestre et invoqué des milliards de balais enchantés, de drones, de chatbots et autres esprits algorithmiques qui pourraient échapper à notre contrôle et provoquer un déferlement de conséquences involontaires.

Mais alors, que devons-nous faire ? Ces fables n’offrent aucune solution, si ce n’est attendre qu’un dieu ou un sorcier vole à notre secours. Ce qui constitue, bien sûr, un message extrêmement dangereux : il encourage les gens à se décharger de toute responsabilité pour s’en remettre aux dieux ou aux sorciers. Pire encore, ce message méconnaît le fait que dieux et sorciers sont eux-mêmes des inventions humaines – au même titre que les chars, les balais et les algorithmes. La tendance à créer des choses puissantes aux conséquences imprévisibles n’est pas née avec l’invention de la machine à vapeur ou de l’IA, mais avec celle de la religion. Prophètes et théologiens n’ont cessé d’invoquer des esprits puissants censés apporter l’amour et la joie, mais qui, parfois, ont ensanglanté le monde.

Si le mythe de Phaéton et le poème de Goethe échouent à nous fournir des conseils utiles, c’est parce qu’ils se méprennent sur la manière dont les hommes acquièrent leur pouvoir. Dans ces deux récits, un seul être humain se retrouve investi d’un pouvoir immense, mais il est alors corrompu par l’avidité et son orgueil démesuré. Dès lors, une conclusion s’impose : c’est l’imperfection de notre psychologie individuelle qui nous pousse à abuser de notre pouvoir. Ce que ne saisit pas cette analyse grossière, c’est que le pouvoir des hommes ne résulte jamais d’une initiative individuelle : il découle toujours d’une coopération entre un grand nombre d’êtres humains.

Par conséquent, ce n’est pas notre psychologie individuelle qui nous conduit à abuser de ce pouvoir. Après tout, les hommes ne sont pas seulement capables d’avidité, d’orgueil et de cruauté, mais aussi d’amour, de compassion, d’humilité et de joie. Certes, chez les pires représentants de notre espèce, avidité et cruauté règnent en maîtres et poussent ces acteurs malintentionnés à abuser de leur pouvoir. Mais pourquoi les sociétés humaines décideraient-elles de confier le pou- voir à leurs pires représentants ? En 1933, par exemple, la plupart des Allemands n’étaient pas des psychopathes. Pourquoi, alors, ont-ils voté pour Hitler ?

Notre tendance à invoquer des pouvoirs que nous ne maîtrisons pas ne naît pas de notre psychologie individuelle mais de la capacité unique de notre espèce à coopérer à grande échelle. L’argument central de ce livre, c’est que l’humanité acquiert énormément de pouvoir en construisant d’immenses réseaux de coopération, mais que la manière dont ces derniers sont conçus les prédispose à un usage déraisonnable de ce pouvoir. Notre problème est donc un problème de réseau.

Pour être plus précis encore, il s’agit d’un problème d’information. L’information est la colle qui fait tenir ensemble les réseaux. Mais depuis des dizaines de milliers d’années, les Sapiens ont bâti et pérennisé des réseaux à grande échelle en inventant et en diffusant des fictions, des fantasmes et des illusions collectives – au sujet des dieux, de balais enchantés, au sujet de l’IA et de tout un tas d’autres choses. Si ce qui intéresse en général chaque individu humain, c’est de connaître la vérité sur lui-même et sur le monde, les réseaux à grande échelle s’appuient, pour relier leurs membres et instaurer l’ordre, sur des fictions et des fantasmes. C’est ce qui nous a conduits, notamment, au nazisme et au stalinisme : deux réseaux extraordinairement puissants, dont la cohésion reposait sur des idées extraordinairement fallacieuses. Pour citer la fameuse phrase de George Orwell : l’ignorance, c’est la force.

Le fait que les régimes nazi et stalinien aient été fondés sur de cruels fantasmes et des mensonges éhontés n’avait rien d’exceptionnel au regard de l’histoire, pas plus qu’il ne les prédestinait à s’effondrer. Nazisme et stalinisme font partie des réseaux les plus solides jamais créés par l’homme. À la fin de l’année 1941 et au début de la suivante, les puissances de l’Axe furent à deux doigts de remporter la Seconde Guerre mondiale. Staline sortit finalement vainqueur de ce conflit1 et, au cours des années 1950 et 1960, le dirigeant soviétique puis ses héritiers eurent également de raisonnables chances de gagner la guerre froide. Dans les années 1990, les démocraties libérales finirent par prendre le dessus, mais cette victoire semble aujourd’hui n’avoir été que temporaire. Au XXIe siècle, un nouveau régime totalitaire pourrait bien réussir là où Hitler et Staline ont échoué, et créer un réseau tout- puissant capable d’empêcher toute tentative de la part des générations futures de ne serait-ce qu’essayer de dénoncer ses mensonges et ses fictions. Nous ne devrions pas partir du principe que les réseaux dévoyés sont voués à l’échec. Si nous voulons les empêcher de triompher, il va falloir nous retrousser les manches.

La vision naïve de l’information

La force des réseaux dévoyés est difficile à mesurer, à cause d’un malentendu plus général au sujet de la manière dont opèrent les grands réseaux d’information – qu’ils soient ou non fondés sur des illusions. On peut résumer ce malentendu à ce que j’appellerai la « vision naïve de l’information ». Là où des fables comme le mythe de Phaéton et

« L’apprenti sorcier » offrent une vision pessimiste de la psychologie individuelle des hommes, la vision naïve de l’information voit d’un œil exagérément optimiste les réseaux humains à grande échelle.

Cette vision naïve soutient en effet qu’en collectant et en traitant bien plus d’informations que ne pourraient le faire des individus, les grands réseaux accèdent à une meilleure compréhension de la médecine, de la physique, de l’économie et de nombreux autres domaines, ce qui les rend non seulement puissants, mais sages. Ainsi, grâce aux informations récoltées sur des agents pathogènes, laboratoires pharmaceutiques et services de santé sont capables de déterminer les véritables causes de nombreuses maladies, ce qui leur permet de développer des médicaments plus efficaces et de déterminer leur usage de manière mieux avisée. Cette vision pose comme principe que, recueillie en quantité suffisante, l’information mène à la vérité, laquelle mène à son tour au pouvoir et à la sagesse. L’ignorance, en revanche, semble ne mener nulle part. Si des réseaux dévoyés ou trompeurs peuvent parfois surgir dans des moments de crise historique, ils sont à long terme condamnés à céder devant des rivaux plus clairvoyants et plus honnêtes. Un service de santé qui ne tient pas compte des informations sur les agents pathogènes, ou une multinationale pharmaceutique qui se livre à une entreprise de désinformation, finiront toujours par être terrassés par des concurrents qui font un usage plus raisonnable des informations. La vision naïve implique donc que les réseaux dévoyés sont forcément des aberrations et qu’on peut généralement faire confiance aux grands réseaux pour exercer le pouvoir avec discernement.

Sans titre

Bien sûr, la vision naïve reconnaît que le chemin qui mène de l’information à la vérité est semé d’embûches. Nous pouvons commettre des erreurs de bonne foi en récoltant et en traitant les informations. Des acteurs malintentionnés mus par l’avidité ou la haine peuvent dis- simuler des faits cruciaux ou tenter de nous tromper. Avec pour conséquence que l’information mène parfois à l’erreur plutôt qu’à la vérité. Des informations incomplètes, par exemple, des analyses erronées ou des campagnes de désinformation peuvent conduire les spécialistes eux-mêmes à mal identifier la cause véritable de telle ou telle maladie.

Néanmoins, la vision naïve postule que l’antidote à la plupart des problèmes rencontrés dans la collecte et le traitement des informations consiste à en collecter et à en traiter toujours plus. Bien qu’on ne soit jamais à l’abri d’une erreur, dans la plupart des cas, plus il y a d’informations, plus on se rapproche de l’exactitude. Un seul médecin cherchant à identifier la cause d’une épidémie en examinant un seul patient a moins de chances d’y parvenir que des milliers de médecins récoltant les données de millions de patients. Et si les médecins complotent entre eux pour dissimuler la vérité, le fait de rendre les informations médicales plus accessibles au grand public et aux journalistes d’investigation permettra tôt ou tard de révéler la fraude. Dans cette vision, plus le réseau d’information est grand, plus il tend nécessaire- ment vers la vérité.

Naturellement, le simple fait d’analyser avec justesse des informations et de mettre au jour d’importantes vérités ne garantit en rien que nous utiliserons avec sagesse les capacités qui en résultent. On entend généralement par sagesse l’aptitude à « prendre de bonnes décisions », mais le sens de « bonnes » dépend ici de jugements de valeur qui diffèrent d’une personne, d’une culture et d’une idéologie à l’autre. Des scientifiques qui découvrent un nouvel agent pathogène pourront développer un vaccin pour protéger les populations. Mais si ces scientifiques – ou leurs supérieurs politiques – adhèrent à une idéologie raciste soutenant que certaines races sont inférieures et qu’il faut les exterminer, ces nouvelles connaissances médicales pourront aussi servir à créer une arme biologique capable de tuer des millions de personnes.

Là encore, selon la vision naïve de l’information, un surcroît d’informations offre au moins un remède partiel : à y regarder de plus près, postule cette vision, les désaccords au sujet des valeurs se révèlent être le fruit soit d’un manque d’informations, soit d’une désinformation délibérée. Les racistes seraient donc des personnes mal informées, qui ignorent simplement les faits biologiques et historiques. Des théories du complot bidon leur ont lavé le cerveau, et ils croient que la « race » est une catégorie biologique valable. Par conséquent, le remède au racisme consiste à fournir aux gens davantage de faits historiques et biologiques. Cela prendra sans doute un certain temps, mais dans un libre marché de l’information, tôt ou tard, la vérité s’imposera.

La vision naïve est bien sûr plus nuancée et réfléchie qu’on ne saurait l’expliquer en quelques paragraphes, mais son postulat de départ est que l’information est une chose fondamentalement bonne, et que plus nous en possédons, mieux c’est. Avec suffisamment d’informations et de temps, nous découvrirons forcément la vérité sur tout un tas de sujets, allant des infections virales aux préjugés racistes, et développerons par conséquent non seulement notre pouvoir mais aussi la sagesse nécessaire pour en faire bon usage.

Cette vision naïve, qui justifie la quête de technologies de l’information toujours plus puissantes, constitue depuis le début l’idéologie semi-officielle de l’ère informatique et d’Internet. En juin 1989, quelques mois avant la chute du mur de Berlin et du rideau de fer, Ronald Reagan déclare ainsi que « le Goliath du contrôle totalitaire ne tardera pas à être abattu par le David de la puce électronique », et que « le plus grand de tous les Big Brother est de plus en plus impuissant face aux technologies de la communication. […] L’information est l’oxygène des temps modernes. […] Elle s’infiltre dans les murs cou- ronnés de fils barbelés. Elle flotte par-delà les frontières électrifiées et minées. Des brises de rayons électroniques soufflent à travers le rideau de fer comme si c’était de la dentelle2. » En novembre 2009, Barack Obama prononce un discours assez similaire lors d’une visite à Shanghai, déclarant à ses hôtes chinois : « Je crois beaucoup en la technologie et je crois beaucoup en l’ouverture en ce qui concerne les flux d’information. Je crois que plus l’information circule librement, plus la société devient forte3. »

Entrepreneurs et PDG ont souvent exprimé une vision tout aussi optimiste des technologies de l’information. En 1858, déjà, dans The New ffnglander un éditorial consacré à l’invention du télégraphe pro- clamait : « Il est impossible que les préjugés et les hostilités d’antan continuent d’exister, maintenant qu’un tel instrument a été créé afin de permettre l’échange d’idées entre toutes les nations de la Terre4. » Près de deux siècles et deux guerres mondiales plus tard, Mark Zuckerberg décrit ainsi l’objectif de Facebook : « Aider les gens à partager davantage afin de rendre le monde plus ouvert et favoriser la compréhension entre les hommes5. »

Dans son ouvrage The Singularity is Nearer, publié en 2024, l’éminent futurologue et entrepreneur Ray Kurzweil, retraçant l’histoire des technologies de l’information, parvient à cette conclusion : « La réalité, c’est que pratiquement tous les aspects de la vie s’améliorent peu à peu grâce aux progrès exponentiels de la technologie. » Passant en revue la grande histoire de l’humanité, il s’appuie sur des exemples comme l’invention de l’imprimerie pour démontrer que, par leur nature même, les technologies de l’information tendent à engendrer un « cercle vertueux permettant de faire progresser quasiment tous les aspects du bien-être humain, notamment l’alphabétisation, l’éducation, la santé, la démocratisation et la réduction de la violence6 ».

C’est sans doute dans la déclaration de mission de Google que cette vision naïve de l’information est le plus succinctement condensée : « organiser les informations du monde et les rendre universellement accessibles et utiles ». La réponse de Google à la mise en garde de Goethe est que si un seul apprenti chapardant le livre de sortilèges secret de son maître a toutes les chances de provoquer une catastrophe, dès lors qu’on offre à un grand nombre d’apprentis un accès libre à toute l’information du monde, non seulement ils créeront des balais enchantés utiles, mais ils apprendront à s’en servir avec discernement.

Google vs Goethe

Force est de reconnaître que, dans bien des cas, le fait de disposer de plus d’informations a bel et bien permis aux hommes de mieux com- prendre le monde et de faire un usage mieux avisé de leur pouvoir. Prenez, par exemple, la baisse spectaculaire de la mortalité infantile. Johann Wolfgang von Goethe était l’aîné d’une fratrie de sept, mais seuls sa sœur Cornelia et lui fêtèrent leur septième anniversaire. La maladie emporta leur frère Hermann Jacob à l’âge de six ans, leur sœur Catharina Elisabeth à quatre ans, leur sœur Johanna Maria à deux ans et leur frère Georg Adolf à l’âge de huit mois ; un cinquième enfant, mort-né, n’eut même pas le temps d’être baptisé. Cornelia succomba ensuite à une maladie à l’âge de vingt-six ans, faisant de Johann Wolfgang von Goethe l’unique survivant de la famille7.

Johann Wolfgang von Goethe eut lui-même cinq enfants, qui, à l’exception du fils aîné, August, moururent tous dans les deux semaines qui suivirent leur naissance. Selon toute probabilité, la cause en était une incompatibilité entre le groupe sanguin de l’épouse de Goethe, Christiane, et celui de son premier enfant, après la naissance duquel elle se mit à produire des anticorps, phénomène aux conséquences fâcheuses pour les grossesses suivantes. Cette pathologie, connue sous le nom de…

Source : Éditions Albin Michel.


Du même auteur

Yuval Noah Harari

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sapiens-tome-2

sapiens-tome-3

Sapiens : une brève histoire de l’humanité
Albin Michel, 2015

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Homo deus : une brève histoire du futur
Albin Michel, 2017

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21 leçons pour le xxie siècle
Albin Michel, 2018

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Nous les indomptables
Illustrateur : Ricard Zaplana Ruiz
Albin Michel, 2022


Au sujet de l’auteur

Yuval Noah Harari

Yuval Noah Harari at the 2024 Frankfurt Book Fair 2024 - 16 October 2024 - Image: Martin Kraft (photo.martinkraft.com) License: CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.
Yuval Noah Harari at the 2024 Frankfurt Book Fair 2024 – 16 October 2024 – Image: Martin Kraft (photo.martinkraft.com) License: CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.

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Présentation de l’auteur sur le site web officiel de l’auteur

Le Professeur Yuval Noah Harari est historien, philosophe, et auteur des bestsellers Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Homo Deus, une brève histoire de l’avenir, 21 leçons pour le XXIe siècle, de la série d’essais dessinés Sapiens, de Nous, les indomptables, et de Nexus, une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA. Ses livres se sont vendus à plus de 45 millions d’exemplaires et ont été traduits dans 65 langues, et il est considéré comme l’un des plus grands penseurs contemporains.

Né en 1976 à Haïfa, en Israël, il obtient son doctorat à l’Université d’Oxford en 2002 et est actuellement chercheur émérite au Centre pour l’étude des risques existentiels de l’université de Cambridge. En 2019, à la suite du succès de ses livres, Yuval Noah Harari et Itzik Yahav ont co-fondé Sapienship : une entreprise à but social avec des projets dans les domaines de l’éducation et de la fiction. Le principal objectif de Sapienship est de focaliser le débat public sur les défis cruciaux auxquels le monde est aujourd’hui confronté.

En 2018 puis en 2020, Yuval Noah Harari a prononcé le discours inaugural sur le futur de l’humanité lors des deux réunions annuelles du Forum économique mondial à Davos. Il rencontre régulièrement des chefs d’État pour aborder différents problèmes internationaux, et il a participé à des débats publics avec le Chancelier autrichien Sébastian Kurz, le Premier ministre des Pays Bas Mark Rutter et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Il a également rencontré le Président Emmanuel Macron, la Chancelière allemande Angela Merkel, le Président argentin Mauricio Macri, le Président allemand Franck-Walter Steinmeier, et le maire de Shangaï Ying Yong. En 2018, Yuval Noah Harari a présenté la première conférence TED donnée par un avatar numérique, et en 2019, il a participé à un débat filmé organisé entre lui et le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, sur la technologie et l’avenir de notre société. En 2021, il a fait l’objet d’un reportage dans l’émission « 60 Minutes » (CBS).

Yuval Noah Harari s’est d’abord spécialisé dans l’histoire internationale, l’histoire médiévale et l’histoire militaire. Ses recherches actuelles portent sur des questions de macro-histoire : Quelle relation existe-t-il entre l’histoire et la biologie ? Qu’est-ce qui distingue Homo Sapiens des autres animaux ? L’histoire est-elle juste ? L’histoire a-t-elle un but ? Les gens sont-ils plus heureux aujourd’hui qu’auparavant ? Quelles questions éthiques la science et la technologie posent-elles au XXIe siècle ?

Publié en 2014, Sapiens, une brève histoire de l’humanité est devenu un succès mondial, avec 25 millions d’exemplaires vendus. Aux États-Unis, il est resté dans le palmarès des meilleures ventes du New York Times pendant plus de la moitié du temps les 6 premières années après sa parution. Au Royaume-Uni, il est resté dans le top 3 du palmarès du Sunday Times pendant plus de 96 semaines consécutives. Sapiens a été recommandé par Barack Obama, Bill Gates, Natalie Portman, Janelle Monáe, Chris Evans et beaucoup d’autres. Pour le Guardian, Sapiens a révolutionné le marché de la non-fiction et contribué à populariser les « livres intelligents ». En 2024, Sapiens a figuré dans la rubrique du New York Times « Readers Pick Their 100 Best Books of the 21st Century » (Les lecteurs choisissent leurs 100 meilleurs livres du 21e siècle) et est arrivé en 10e position sur la liste du Sunday Times des « 100 livres les plus vendus au cours des 50 dernières années » (où Homo Deus est également apparu en 44e position).

En 2016, le Professeur Harari revient avec Homo Deus, une brève histoire de l’avenir, un livre acclamé par la critique qui examine les grands défis auxquels l’humanité sera confrontée au XXIe siècle. Homo Deus met en garde contre la menace que représentent de nouveaux pouvoirs technologiques sans précédents, qui pourraient permettre à certains Homo sapiens d’augmenter artificiellement leur corps et leur esprit, tandis que d’autres membres de la société seraient laissés pour compte.

En 2018, Yuval Noah Harari publie 21 leçons pour le XXIe siècle. Après avoir exploré le passé puis le futur, il se concentre sur les questions cruciales du présent et prend le pouls du climat mondial. Que se passe-t-il réellement maintenant ? Quels sont les plus grands défis et choix de notre temps ? A quoi devrions-nous prêter attention ?

En 2020, Yuval Noah Harari (en tant que créateur et co-scénariste) fait équipe avec les artistes de bande-dessinée David Vandermeulen (co-scénariste) et Daniel Casanave (dessinateur). Ensemble, ils créent le premier volume de Sapiens, une adaptation du Sapiens originel en une série de romans graphiques débordant d’intelligence, d’humour et de couleurs. Ce livre illustré met en scène Yuval Noah Harari dans le rôle du guide, qui emmène le lecteur à travers toute l’histoire de l’espèce humaine, accompagné d’un éventail de personnages fictifs, à travers le temps, l’espace et les références culturelles populaires. La série sera publiée en quatre tomes, dont les trois premiers sont déjà disponibles.

À l’automne 2022, Harari s’est aventuré pour la première fois dans l’univers des livres pour enfants, avec la série pour adolescents Nous, les indomptables. Il y raconte l’incroyable histoire des humains – notre espèce conquérante et insatiable – d’une manière accessible aux enfants. La série sera publiée en quatre volumes immersifs, avec des illustrations en couleurs de Ricard Zaplana Ruiz, à commencer par Nous, les indomptables : Comment les humains ont conquis le monde. Ce livre est rapidement devenu un best-seller cité parmi les meilleurs livres pour enfants de 2022 du New York Times, et a été chaleureusement recommandé par Jeff Kinney, Kristen Bell et Kirkus Review. La série continue avec le tome 2 : Pourquoi le monde est-il injuste ? sorti fin 2023.

Fin 2024, Yuval Noah Harari a publié un nouvel essai majeur sur l’évolution de l’humanité dans l’ère de l’information – Nexus : une brève histoire des réseaux d’information, de l’âge de pierre à l’IA. Nous donnant des clés essentielles pour comprendre les promesses et les menaces de la révolution actuelle de l’IA, Nexus retrace l’histoire des réseaux d’information, de l’âge de pierre à la résurgence des populismes actuels, en passant par la Bible, les chasses aux sorcières du début de l’époque moderne, le stalinisme et le nazisme. Cet essai interroge la relation complexe entre l’information et la vérité, les systèmes bureaucratiques et la mythologie, la sagesse et la puissance, et questionne les choix urgents auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, alors que l’intelligence artificielle menace notre existence même. Nexus a connu un succès immédiat, en 2 e position sur la liste des bestsellers du New York Times, du Times et d’Audible dans la semaine qui a suivi sa parution. Numéro 1 de la liste des audiolivres du New York Times pour le mois de septembre 2024, Nexus a été recommandé notamment par Mustafa Suleyman, Stephen Fry et Kristalina Georgieva.

Le Professeur Yuval Noah Harari a reçu de nombreuses récompenses. En 2020, il a reçu un doctorat honoraire de l’Université Libre de Bruxelles et le prix CITIC de l’auteur en Chine pour Sapiens – t.1 : La Naissance de l’humanité. En 2019, 21 leçons pour le XXIe siècle a été désigné comme « Livre scientifique de l’année » par le magazine allemand Bild der Wissenschaft, et Sapiens a reçu le Prix du livre académique de l’année lors des Academic Book Trade Awards au Royaume-Uni. En 2017, Homo Deus a reçu le prix allemand « Handelblatt » du livre économique « le plus réfléchi et influent » de l’année et, en 2015 Sapiens a reçu le Wenjin Book Award en Chine. Yuval Noah Harari a remporté le prix Polonsky pour la créativité et l’originalité à deux reprises, en 2009 puis en 2012. En 2011, il s’est également vu décerner le Society for Military History’s Moncado Award, pour ses articles exceptionnels sur l’histoire militaire.

Le Professeur Harari donne régulièrement des conférences à travers le monde sur les sujets abordés dans ses livres et ses articles, et écrit pour des journaux tels que The Guardian, The Financial Times, The New York Times, TIME, The Washington Post et The Economist. En 2020, il a écrit et a été interviewé à de très nombreuses reprises sur les principales chaînes d’informations, dont CNN et la BBC, à propos de la crise mondiale du coronavirus, et des conséquences de la pandémie. En 2022, il a publiquement commenté l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Son article sur le sujet est devenu celui de la rubrique « Opinion » du Guardian le plus lu de tous les temps. Depuis 2023, Harari a pris position et écrit de nombreux articles sur la guerre à Gaza.

Source : Site web officiel de Yuval Noah Harari.

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wikipedia-1pceYuval Noah Harari, en hébreu : יובל נח הררי, né le 24 février 1976 à Kiryat-Ata en Israël, est un historien et professeur d’histoire à l’université hébraïque de Jérusalem, il est l’auteur du best-seller international Sapiens : Une brève histoire de l’humanité et de sa suite Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir puis 21 leçons pour le XXIe siècle.

Yuval Harari est né à Kiryat-Ata en Israël de parents juifs libanais séfarades(1) et juifs ashkénazes roumains, ayant émigré d’Europe de l’Est(2). Il se spécialise en histoire médiévale et militaire et obtient son doctorat au Jesus College de l’université d’Oxford en 2002. Il devient enseignant de World History à l’université hébraïque de Jérusalem en 2005.

Harari pratique la méditation vipassana depuis 2003(3), telle qu’enseignée par S. N. Goenka et ses assistants-enseignants, dans la tradition de Sayagyi U Ba Khin (en). Son livre Homo Deus est d’ailleurs dédié à son maître S. N. Goenka(4). Il médite deux heures par jour et fait souvent de longues retraites d´une dizaine de jours à plusieurs mois(5).

En écrivant Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, Yuval Harari s’est documenté en zootechnie, sur le traitement des animaux dans l’industrie de la viande, des produits laitiers et des œufs jusqu’à en être horrifié, ce qui l’a amené à devenir végan3,6. Le sort des animaux, en particulier des animaux d’élevage, est traité à plusieurs reprises dans ses ouvrages.

Il est homosexuel, ce qui lui permet selon lui « de remettre en question les idées reçues »5, et vit avec son mari7 et manager Itzik Yahav8 dans le moshav (communauté agricole coopérative) Mesilat Zion près de Jérusalem.

Ses conférences en hébreu sur l’histoire du monde ont été visionnées par des dizaines de milliers d’internautes en Israël. Yuval Harari a proposé également en 2014 une série de cours en ligne gratuits en anglais (MOOC) intitulée « A Brief History of Humankind »9. Plus de 100 000 personnes y étaient inscrites. Harari a pu se faire connaître dans le monde entier par le biais de ses Ted talks10.

Source et lire la suite : Yuval Noah Harari, Wikipédia.


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Revue de presse

Émission sur ARTE-TV – UN LIVRE POUR MA VIE (VIÉDO EN LIGNE)

Yuval Noah Harari, la rock star des historiens qui défrise les scientifiques – Il revendique 45 millions de lecteurs à travers le monde avec « Sapiens » ou « Homo Deus ». Celui qui s’est vu affubler du titre de « premier intellectuel global du XXIe siècle » continue de creuser son sillon avec un nouveau livre, « Nexus », publié jeudi. Article rédigé par Pierre Godon, France Télévision.

Elon Musk devrait lire ce livre (au plus vite), Alexandre Sirois, La Presse.

L’avantage comparatif de l’espèce humaine, BRUCE EDWARDS, Fonds monétaire internationale, Décembre 2024

“Nexus”, de Yuval Noah Harari : l’information, c’est de la dynamite ! – Une recension de Apolline Guillot, PHILOSOPHIE MAGAZINE, publié le 24 septembre 2024

D’où vient le succès fulgurant de Yuval Noah Harari, l’historien aux 20 millions de livres vendus ? Ouest-France, Patrice BOLLON pour Lire Magazine. Publié le 21/10/2024 à 11h00

Yuval Noah Harari : « Nous avons tellement de pouvoir, de savoir, et nous sommes sur le point de nous détruire » Radio France – France Inter, Publié le samedi 28 septembre 2024

« Nexus » de Yuval Noah Harari : la démocratie mise au défi par l’IA, Critique, LA CROIX, Marie Boëton, le 03/10/2024

Pour Yuval Noah Harari, les IA pourraient signer « la fin de l’histoire humaine », Pablo Maillé, 3 mai 2023, Usbek & Rica


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PARTIE 2 DE 2

Mon rapport de lecture du livre

Nexus

Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA

Yuval Noah Harari

Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet.

Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.


philosophie-magazine-001“Nexus”, de Yuval Noah Harari : l’information, c’est de la dynamite !

Après avoir narré l’histoire de notre espèce, Harari propose, dans son nouvel opus, de la relire à la lumière de ses réseaux d’information. Moins sexy, à première vue. Pourtant, l’historien parvient à dramatiser les livres de comptes mésopotamiens et les querelles d’interprétation de l’Ancien Testament comme s’il s’agissait de la dernière saison de Game of Thrones. Un constat de départ : alors que nous sommes doués pour emmagasiner de l’information, cela ne nous a pas rendus plus sages au fil des millénaires. Pour lui, c’est un problème de réseau et de pouvoir : « L’humanité acquiert énormément de pouvoir en construisant d’immenses réseaux [d’information] mais la manière dont ces derniers sont conçus les prédispose à un usage déraisonnable de ce pouvoir. » Là où la vision « naïve » de l’information voit en elle la solution à tous les maux – il faudrait seulement la « factchecker », la rendre transparente, la faire circuler, la corriger –, Harari soutient qu’elle est, par nature, ambiguë. N’en déplaisent aux gourous de la Silicon Valley, collecter et partager plus d’information ne nous fait pas tendre vers la vérité et la justice. Il n’y a qu’à se souvenir du rôle joué par la diffusion de la Bible dans les guerres civiles européennes. L’information n’est pas ce tissu de signes bien sages : c’est à la fois la colle qui fait tenir les civilisations et la dynamite qui les fait imploser – elle donne forme au réel.

Source : GUILLOT, Apolline, “Nexus”, de Yuval Noah Harari : l’information, c’est de la dynamite ! Philosophie magazine, 24 septembre 2024.

L'Express_Logo.svgYuval Noah Harari : « Nos connaissances sont mises au service de mythologies parfois délirantes »

Idées. IA, religions, Israël… L’historien, auteur de « Nexus » et « Sapiens », montre comment les révolutions de l’information ont transformé nos sociétés, de la Bible jusqu’à l’actuel conflit au Proche-Orient. Vertigineux !

Des médias français ont un peu rapidement présenté Nexus (Albin Michel) comme un livre sur l’intelligence artificielle. C’est comme réduire le Nouveau Testament au Livre de l’Apocalypse. Car dans cette fresque vertigineuse, dix ans après Sapiens, Yuval Noah Harari revient une nouvelle fois sur l’histoire de l’humanité, mais à travers les réseaux d’information. Des mythes anciens jusqu’à l’IA en passant par la Bible, l’imprimerie et les médias de masse, l’historien israélien, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, montre comment chaque révolution technologique a entraîné de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux, pour le meilleur comme le pire.

Considéré comme l’un des intellectuels les plus influents de la planète, l’homme aux 45 millions d’ouvrages vendus livre à L’Express ses analyses percutantes sur la technologie, les religions, les mythes nationaux et le monde de demain. (…)

Source : MAHLER, Thomas, Yuval Noah Harari : « Nos connaissances sont mises au service de mythologies parfois délirantes », L’Express, 13 octobre 2024.

Le_monde_logo.svgYuval Noah Harari, prophète contesté de la « big history », des origines de l’homme à l’intelligence artificielle

L’historien israélien, auteur à succès de « Sapiens » et de « Nexus », brosse de grands récits allant des origines du cosmos au développement à venir de l’espèce humaine. Un sens de la généralisation que lui reprochent ses détracteurs.

Costume sombre et chaussettes fantaisie dépareillées, silhouette d’ascète, Yuval Noah Harari apparaît sur la scène de la Cité des sciences et de l’industrie sous les applaudissements de 800 spectateurs. Le 7 novembre, l’auteur israélien de 48 ans est de passage à Paris pour présenter son dernier ouvrage, Nexus (Albin Michel, 576 pages, 24,90 euros), un récit historique promis aux têtes des ventes qui raconte la façon dont les révolutions de l’information ont transformé nos sociétés « de la Bible aux intelligences artificielles [IA] ».

Source : FAURE, Valentine, Yuval Noah Harari, prophète contesté de la « big history », des origines de l’homme à l’intelligence artificielle, Le Monde, 15 décembre 2024.


Je classe ce livre dans ma bibliothèque aux côtés de Pour comprendre les médias du sociologue canadien Marshall McLuhan, le Choc du futur , de l’écrivain, sociologue et futurologue américain Alvin Toffler et Entre le boom et l’écho de l’économiste et démographe canadien David K. Foot, des ouvrages de grande influence sur ma compréhension du monde à leur époque.

Je me range facilement du côté de l’auteur Yuval Noah Harari lorsqu’il explique que l’information n’est pas nécessairement et obligatoirement « vérité » ou conforme à la réalité. Une information, nous le savons tous aujourd’hui, n’est pas vraie par elle-même.

Première partie – Réseaux humains

Chapitre 1 – Qu’est ce que l’information

(…)

On le voit donc, l’information ne saurait être définie comme un ou plusieurs types spécifiques d’objets matériels. En fonction du contexte, tout objet — une étoile, un volet, un pigeon — peut devenir une information. Mais alors, quel contexte, au juste, définit de tels objets comme des « informations » ? À en croire la vision naïve de l’information, c’est dans le contexte d’une recherche de la vérité que les objets se définissent comme des informations. Un chose est une information dès lors qu’on l’utilise pour tenter de découvrir la vérité. Cette vision associe le concept d’information au concept de vérité, partant du principe que l’information a pour fonction essentielles de représenter la réalité. Il existe une réalité « extérieure », et l’information en est la représentation, de sorte que nous pouvons nous en servir pour en apprendre davantage sur la réalité. (…)

(…)

Qu’est-ce que la vérité ?

Tout au long de ce livre, la « vérité » est entendue comme ce qui représente fidèlement tel ou tel aspect de la réalité. La notion même de vérité repose sur l’idée qu’il n’existe qu’une seule réalité universelle. Tout ce qui a existé jusqu’ici ou qui existera jamais dans l’univers — depuis l’étoile Polaire jusqu’au pigeons du réseau NILI, en passant par les sites d’astrologie en ligne — fait partie de cette unique réalité. C’est ce qui permet à la quête de la vérité d’être un projet universel. Si différentes personnes, nations ou cultures peuvent se nourrir des croyances ou des sentiments divergents, elles ne sauraient posséder des vérités contradictoires, puisqu’elles partagent toutes une même réalité universelle. Quiconque rejette l’universalisme, rejette la vérité.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp.40-42.

P.S.: Le lien dans cette citation est de nous.

En 1972, alors âgé de 15 ans, j’entrais dans le monde des médias à titre de chroniqueur pour notre hebdomadaire régional, La Tribune de Lévis. Sous le titre « Salut les poètes ! », j’informais et orientais les poètes de la région vers la Société des poètes canadiens-français dont j’étais le plus jeune des directeurs. La chronique eu aussi son pendant à la station de radio locale où je lisais des poèmes en ondes le dimanche soir. Ainsi, j’adhérais déjà à « ce que fait l’information » selon Yuval Noah Harari, c’est-à-dire réseauter.

Ce qu’illustre le cas de l’astrologie, c’est que erreurs, mensonges, fantasmes et fictions sont aussi des informations. Contrairement à ce qu’affirme la vision naïve de l’information, celle-ci n’a pas de lien essentiel avec la vérité, et son rôle dans l’histoire ne consiste pas à représenter une réalité préexistante. Ce que fait l’information, c’est plutôt créer des nouvelles réalités en connectant entre eux des éléments disparates — qu’il s’agisse de couples ou d’empires. Sa caractéristique essentielle, ce qui la définit, ce n’est pas tant la représentation que la connexion : l’information est ce qui relie différents points pour former un réseau. L’information ne nous informe pas nécessairement sur les choses – elle met plutôt les choses « en forme », c’est-à-dire qu’elle les agence. Les horoscopes disposent ainsi les amoureux en formations astrologiques, les bulletins de propagandes disposent les électeurs en formations politiques, et les chants de marche dispose les soldats en formations militaires.

Prenons ce cas paradigmatique qu’est la musique. La plupart des symphonies, des mélodies et des morceaux ne représentent rien — demander s’ils sont vrais ou faux n’aurait aucun sens. Au fil des siècles, les hommes ont créé beaucoup de mauvaise musique, mais pas de fausse musique. La musique a beau ne rien représenter, elle n’en est pas moins remarquablement efficace pour connecter un grand nombre de personnes, synchroniser leurs émotions et leurs mouvements. Elle sait nous faire danser en discothèque et batte des mains en cadence à l’église, faire chanter en chœur les supporters et défiler au pas les soldats.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp.46-47.

Avec ma chronique, je cherchais à recruter d’aussi jeunes poètes que moi au sein de la Société des poètes canadiens-français. Je me représentais l’information comme « un vecteur de lien social ».

L’information dans l’histoire de l’humanité

Envisager l’information comme un nexus, un vecteur de lien social, permet de mieux comprendre plusieurs aspects de l’histoire humaine qui mettent à mal la vision naïve de l’information comme représentation. Cela explique le succès à travers le siècles non seulement de l’astrologie mais de choses bien plus importantes, comme la Bible. Si certains dénigrent l’astrologie en la présentant comme un aspect aussi mineur que pittoresque de l’histoire de l’humanité, nul ne peut nier le rôle central qu’y a joué la Bible. Si la principale fonction de l’information était de représenter fidèlement la réalité, il serait difficile d’expliquer comment la Bible a pu devenir l’un des textes les plus influents de l’histoire.

La Bible multiplie les erreurs flagrantes dans sa description des affaires humaines et des processus naturels. (…)

(…)

Pourtant, bien que la représentation qu’elle donne de la réalité des origines de l’humanité, de ses migrations et des épidémies qui la frappent laisse grandement à désirer, la Bible ne s’en est pas moins montrée très efficace pour connecter des milliards d’hommes et créer les religions juives et chrétienne. De la même manière que l’ADN enclenche des processus chimiques qui relient entre elles des milliards de cellules pour former des réseaux organiques, la Bible a enclenché des processus sociaux qui ont relié entre eux des milliards d’êtres humains pour former des réseaux religieux. (…)

Pour conclure, l’information représente tantôt la réalité, tantôt non. Mais toujours, elle connecte. C’est sa caractéristique fondamentale. Par conséquent, lorsqu’on étudie le rôle de l’information dans l’histoire, bien qu’il soit parfois pertinent de demander : Avec quelle exactitude représente-t-elle la réalité ? Est-elle vraie ou fausse, les questions les plus cruciales sont généralement les suivantes : « Dans quelle mesure connecte-t-elle les gens ? Quel nouveau réseau crée-t-elle ? »

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 49-51.

P.S.: le soulignement remplace le mot en italique dans le texte original.

À la suite de ma chronique « Salut les poètes ! », j’ai convaincu le rédacteur en chef de La Tribune de Lévis qu’il nous fallait informer les parents de ce qui passe dans les écoles de leurs enfants, ces derniers ne leurs parlant peu ou pas du tout de leur vie d’étudiant. Un page entière de l’hebdomadaire régional ne fut accorder pour y tenir une toute nouvelle chronique, « La Semaine Étudiante ». Je passais des heures et des heures au téléphones avec des étudiants de différentes institutions scolaires des niveaux élémentaires, secondaires et collégial pour m’informer des activités de leur milieu de vie respectif. J’ai ainsi créée un réseau d’information ayant à sa source les étudiants comme émetteurs et les parents comme récepteurs, le journal étant lu avant tout pas les parents. C’était aussi un nouveau réseau entre les étudiants des différentes écoles et un autre entre les parents. Les étudiants devinrent des lecteurs de la chronique découvrant ainsi ce qui se passait dans les autres écoles de la région. Et ceux et celles qui faisaient la une de la chronique en soutenait la promotion auprès de leurs confrères et consœurs dans leurs écoles. La chronique répondait à une demande de mise en réseaux. Le succès de ma chronique dans le journal fut tel qu’elle donna naissance à une émission hebdomadaire en direct à la station de télévision locale que j’animais avec plaisir. Chacune des émissions était suivie d’une rencontre en personne des téléspectateurs avec l’animateur et ses invités dans un bar de la région. Et une fois par mois, tous les téléspectateurs étudiants se regroupaient par milliers lors d’une soirée dansante dans la plus grande école de la région, le CÉGEP Lévis-Lauzon.

Chers lecteurs, vous comprenez déjà beaucoup mieux mon intérêt pour les médias. Et si je donne une place au livre NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA dans cet Observatoire de la philothérapie, c’est pour questionner le rôle des technologies de l’information dans la diffusion de la philosophie, de l’Antiquité à nos jours, et la perception que nous avons des philosophies apparues au fil du temps.

En contemplant l’histoire de l’information de l’âge de pierre à l’âge du silicium, nous assistons donc à un accroissement constant de la connectivité. qui ne s’accompagne pas d’un progrès en termes de véracité ou de sagesse. Contrairement à ce que professe la vision naïve, nous autres Homo sapiens n’avons pas conquis le monde grâce à notre talent pour transformer les informations en une carte fidèle de la réalité.

Non, le secret de notre réussite, c'est avant tout notre faculté à utiliser les informations pour connecter un grand nombre d'individus. Malheureusement, cette capacité va souvent de pair avec une propension à croire aux mensonges, aux erreurs et aux fantasmes.

Non, le secret de notre réussite, c’est avant tout notre faculté à utiliser les informations pour connecter un grand nombre d’individus. Malheureusement, cette capacité va souvent de pair avec une propension à croire aux mensonges, aux erreurs et aux fantasmes. C’est pour cette raison que même des sociétés aussi avancées d’un point de vue technologique que l’Allemagne nazie ou l’Union soviétique ont pu nourrir des idées délirantes, sans forcément que ces illusions les affaiblissent. À vrai dire, les délires de masses des idéologies nazie et stalinienne, notamment concernant les questions de race et de classes sociales, les ont en fait aidées à faire marcher d’un même pas des dizaines de millions de personnes.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 1 – Qu’est ce que l’information ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 52.

P.S.: le caractère gras et l’encadrement du texte sont de nous.


Encore et encore ce fameux verbe : « CROIRE ». Est-ce là un besoin fondamental de l’être humain ? Vivons-nous pour croire ? Faut-il croire dans la vérité ? La vérité est-elle conditionnelle à sa croyance ? Croire quelque chose est-ce en reconnaître la vérité ? Que je crois ou non dans la réalité universelle, cette dernière demeure la seule vraie réalité. Ce que je crois n’est pas nécessairement vrai. Alors pourquoi je fais de la vérité une croyance ? Je n’ai pas besoin de croire pour que ce soit vrai.


« Les histoires furent la première technologie de l’information décisive inventée par l’homme » écrit Yuval Noah Harari. Lorsque l’homme abandonne le nomadisme pour prendre racine et donner lieu à ce que nous appelons la révolution néolithique, les histoires circulent entre les habitants du village sans pour autant circuler d’un village à l’autre, à moins de contacts entre eux. Chaque village d’autosuffisant grâce à l’agriculture et à élevage, il n’y avait pas lieu de partir à la découverte des autres villages dont on ignorait souvent l’existence. Mais l’homme étant ce qu’il est, il a tout de même rencontrer sur son chemin d’autres villages avec lesquels il a partagé ses histoires et inaugurer le commerce. On connaît la suite. Des villages sont devenus des villes, puis des villes-états, incapable de s’autosuffire et ainsi pousser à la spécialisation de certains de ses habitants (artisans) en plus d’être dans l’obligation de commercer avec d’autres villes-états.

(…) Contrairement aux poèmes et au mythes nationaux, qui peuvent être stockés dans nos cerveaux, les systèmes de taxation et d’administration plus complexes des États ont nécessité, pour pouvoir fonctionner, une technologie de l’information unique, non organique. Cette technologie, c’est le document écrit.

Prêt à tuer

Le document écrit a été inventé plusieurs fois, à plusieurs endroits différents. Certains des ses plus anciens exemples remontent à la Mésopotamie antique. Une tablette d’argile cunéiforme datée du vingt-huitième jour du dixième mois de la quarante et unième année du règne du roi Shulgi d’Ur (v. 2053-2054 av. J.C.) tenait ainsi compte des livraisons mensuelles de moutons et des chèvres : 14 moutons avaient été livré le deuxième jour du mois, 7 moutons les troisième jours du mois, (…) Au total, nous apprend cette tablette d’argile, 896 animaux furent livrés ce mois-là. Il était essentiel pour l’administration royale de garder la trace de toutes ces livraisons, afin de contrôler l’obéissance du peuple et d’assurer le suivi des ressources disponibles. Si enregistrer tous ces éléments dans l’esprit d’un humain représentait un insurmontable défi, un scribe pouvait sans peine les inscrire sur une tablette d’argile.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 82-83.

P.S.: (…) = passage non cité dans cet article mais présent dans le texte original.

Évidemment, les documents écrits ne sont pas exempts de toute erreur uniquement parce qu’ils sont écrits. Yuval Noah Harari souligne d’ailleurs une erreur sur la tablette d’Ur. Cette dernière dénombrait 896 animaux alors que les chercheurs modernes en compte 898.

Mais qu’ils soient justes ou erronés, les documents écrits ont créé de nouvelles réalités. En enregistrant des listes de biens, d’impôts et de paiements, ils ont grandement facilité la mise en place de systèmes administratifs, des royaumes, d’organisations religieuses et de réseaux commerciaux. Ou, pour être plus précis, ces documents ont transformé la méthode utilisée pour créer des réalités intersubjectives. Dans les cultures orales, les réalités intersubjectives étaient créées en racontant une histoire que de nombreuses personnes répétaient avec leur bouche et mémorisaient dans leur cerveau. Par conséquent, les capacités de ce dernier imposait une limite aux genres de réalités intersubjectives que les humains pouvaient créer. Les hommes ne pouvaient pas fabriquer des réalités intersubjectives que leur cerveau était incapable de retenir.

Les documents écrits, eux, permettaient de dépasser cette limite. Ils ne représentaient pas une réalité empirique objective : la réalité, c’étaient les documents eux-mêmes. Comme nous le verrons aux chapitres suivants, les documents écrits constituaient donc des précédents et des modèles qui seraient ensuite utilisés par les ordinateurs, La faculté des ordinateurs à créer des réalités intersubjectives est une extension du pouvoir des tablettes d’argile et des feuilles de papier.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 83.

Mais pourquoi le sous titre « Prêt à tuer » ?

Le pouvoir qu’on les documents de créer des réalités intersubjectives s’incarne magnifiquement dans l’ancien dialecte assyrien, qui traitait les documents comme des choses vivantes qu’on pouvait également faire mourir. Dans cette langue, les contrats de prêt étaient en effet « tués » (duãkum) dès le remboursement de la dette en question. Ce que l’on faisait en détruisant la tablette, en y ajoutant une marque ou en brisant le sceau. Le contrat de prêt ne représentait par la réalité : il était la réalité. Si quelqu’un remboursait l’emprunt mais omettait de «tuer le document», la dette demeurait exigible. À l’inverse, si l’on ne remboursait pas l’emprunt mais que le document «mourrait» d’une autre manière — disons, croqué par un chien —, le dette disparaissait. Cela vaut aussi pour l’argent : si votre chien mange un billet de cent dollars, ces cent dollars cessent d’exister.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 84-85.

Puis vient le sous-titre « Bureaucratie » avec cette anecdote en ouverture :

Chaque nouvelle technologie de l’information comporte des goulets d’étranglement inattendus. Elle résout d’anciens problèmes, mais en crée de nouveaux. Au début des années 1730 av. J.C., Marâmtani, prêtresse de la ville mésopotamienne de Sippar. écrit une lettre (sur une tablette d’argile) à un membre de sa famille, pour demander à celui-ci de lui faire parvenir les tablettes entreposées dans sa maison. Elle lui expliquait qu’on lui contestait ses droits sur un héritage, et qu’elle avait besoin de faire valoir ces documents devant un tribunal. Elle achevait son message par cet appel : «Surtout, ne me néglige pas !»

Nous ignorons ce qui s’est passé ensuite, mais imaginez un instant que ce proche ait fouillé partout sans pouvoir retrouver les tablettes manquantes… La quantité de documents produits ne cessant de croître au fil du temps, il s’est avéré de plus en plus difficile de la localiser. Cela représentait un défi particulièrement ardu pour les rois, les prêtres, les marchands, et tous ceux qui amassaient dans leurs archives des milliers de documents. Comment remettre la main sur le bon registre fiscal, le bon reçu de paiement ou le bon contrat commercial lorsque vous en avez besoin ? Les document écrits étaient bien meilleurs que les cerveaux humains pour mémoriser certains types d’information. Mais ils créaient un nouveau problème, particulièrement épineux : celui de leur récupération.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 85-86.

Ainsi naîtra la bureaucratie ! Si l’évolution de l’homme a équipé ce dernier pour se débrouiller dans un monde organique : « (…) si vous cherchez une pomme, il faut d’abord localiser un pommier, puis lever la tête. En vivant dans la forêt, les hommes apprennent cet ordre organique.»), il en va tout autrement avec les documents inorganiques, tels que les documents écrits.

Il en va tout autrement avec les archives. Les documents n’étant pas des organismes, il n’obéissent à aucune loi biologique et l’évolution ne les a pas organisés pour nous. Les déclarations fiscale ne poussent par sur une étagère à déclaration fiscales. Il faut les y déposer. Pour ce faire, quelqu’un doit d’abord avoir l’idée de catégoriser les informations par étagères, et déterminer quels documents doivent être déposés sur quelles étagères. Contrairement au cueilleurs, qui n’ont qu’à découvrir l’ordre préexistant de la forêt, les archivistes sont obligés de concevoir un nouvel ordre pour le monde. Cet ordre est ce qu’on appelle la bureaucratie.

La bureaucratie est la manière dont les hommes, dans les organisations de grande ampleur, ont résolu le problème de la récupération et, ce faisant, ont créé des réseaux d’information plus vastes et plus puissants.

Mais comme la mythologie, la bureaucratie a tendance a sacrifier la vérité au nom de l'ordre.

Mais comme la mythologie, la bureaucratie a tendance a sacrifier la vérité au nom de l’ordre. En inventant un nouvel ordre et en l’imposant au monde, la bureaucratie a déformé de manière tout à fait unique notre compréhension du monde. Une bonne partie des problèmes rencontrés par nos réseaux d’information du XXIè siècle — pensez aux algorithme biaisés qui cataloguent mal les gens, ou aux protocoles trop rigides qui ne tiennent par compte des besoins et sentiments humains — ne sont pas nouveaux, ni propres à l’ère informatique. Ces problèmes typiquement bureaucratiques existaient déjà bien avant que quiconque ait pu les imaginer les ordinateurs.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 87.

P.S.: l’encadré est de nous.

Je retiens de cette citation :

  1. « catégoriser les informations »
  2. « concevoir un nouvel ordre pour le monde »
  3. « sacrifier la vérité au nom de l’ordre »
  4. « a déformé de manière tout à fait unique notre compréhension du monde »

Puisque le simple fait de créer des catégories pour classer les informations n’est pas un processus naturel, c’est-à-dire, relatif à une réalité préexistante dans le monde, cette catégorisation débouche sur un nouvel ordre intersubjectif pour le monde, et ce dernier priorisant l’ordre au détriment de la vérité (de la conformité avec la réalité), elle résulte en une déformation de notre compréhension du monde.

Bureaucratie et recherche de la vérité

Le terme bureaucratie signifie littéralement le « pouvoir du bureau ». Il fut inventé dans la France du XVIIIe siècle, où les fonctionnaires étaient généralement assis devant une table dotée de tiroirs – le fameux bureau. Le tiroir se trouve donc au cœur de l’ordre bureaucratique. La bureaucratie s’attache à résoudre le problème de la récupération des données en divisant le monde en une série de tiroirs, et en déterminant quel document va venir dans quel tiroir.

Le principe demeure le même, que le document soit placé au fond d’un tiroir, sur une étagère, dans un panier, un pot, un fichier informatique ou tout autre réceptacle : diviser pour régner. Diviser le monde en une série de contenants, et les séparer pour que les documents ne se mélangent pas. Cependant, ce principe a un prix : au lieu de se concentrer sur la compréhension du monde tel qu’il est, la bureaucratie s’acharne souvent à imposer au monde un nouvel ordre, artificiel. Les bureaucrates comment par inventer toute une variété de tiroirs, lesquels sont des réalités intersubjectives que ne correspondent pas nécessairement à de quelconques divisions objectives existant dans le monde. Les bureaucrates tentent alors de faire entrer de force le monde dans ces tiroirs, et si ça coince aux entournures, ils forcent un peu. Quiconque a eu l’occasion de remplir un formulaire administratif ne le sait que trop bien. Il arrive qu’aucune des options proposées par le document ne corresponde à notre situation particulière. On est alors contraint de s’adapter au formulaire, plutôt que l’inverse. Réduire le désordre de la réalité en un nombre limités de tiroirs fixes aide les bureaucrates à instaurer l’ordre, mais ce la se fait au détriment de la vérité. Obnubilés par leurs tiroirs — même lorsque la réalité est beaucoup plus complexe —, les bureaucrates finissent souvent par développer une compréhension déformée du monde.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 3 – Document : la morsure des tigres de papier, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 87-88.

Et les documents ne font pas que remonter à la bureaucratie, cette dernière conçoit, édite et diffuse des documents, ces derniers devant lui revenir. Et il n’est pas aisé de contrôler une bureaucratie, même pour les politiciens.

En 1985, Année internationale de la Jeunesse, en pleine crise économique, le taux de chômage chez les jeunes est très élevé et le gouvernement du Québec a déjà mis en place des programmes d’aides pour les jeunes ayant des projets en tête pour s’en sortir, notamment pour créer leurs propres emplois. Mais le Premier ministre du Québec, Renée Lévesque, est informé au sujet du blocage de l’attribution de ces aides aux jeunes par les bureaucrates. Il décide alors de passer outre la bureaucratie et de recruter lui-même une trentaine de jeunes à intégrer à la bureaucratie et dont la seule et unique fonction sera d’aider les jeunes qui demandent l’aide de l’État pour leurs projets.

Le tout se fait à la hâte, un vendredi soir, alors que le gouvernement du Québec est en pause pour la fin de semaine, je reçois un appel d’un ami fonctionnaire au ministère des communications qui tâte mon intérêt ce travail. « Je suis intéressé. » Il me répond : « Alors du dois de rendre dès demain à 15h.00 au bureau du Premier ministre à Montréal. » C’est à plus de 200 kilomètres de chez-moi et un véhicule du gouvernement est à ma disposition.

Le lendemain, samedi, je me présente au bureau du Premier ministre et je suis dirigé vers une salle de conférence avec tous les autres jeunes provenant de tous les coins du Québec. Le Premier ministre fait son entrée et prend place avec nous à l’énorme table ronde de la salle de conférence. Il nous explique son programme baptisé « Déclic Jeunesse ».

Nous, les jeunes, allons être déployés dans tous les bureaux régionaux de Communication Québec (centre de renseignements de l’ensemble du gouvernement au service de la population). Notre tâche, recevoir les jeunes qui souhaitent recevoir une aide financière de l’État pour leurs projets, les aider à compléter leurs formulaires de demandes dans l’optique avouée qu’ils soient approuvées pour l’obtention de l’aide. Autrement, faire sortir au plus vite  les subventions pour les jeunes !

Si le Premier ministre du Québec procède ainsi, plutôt que de confier la tâche à son ministre des communications, ce dernier la confiant à ses fonctionnaire, ce qui est la procédure normale, c’est parce que les fonctionnaires sont au centre du problème : ils ne collaborent pas avec les jeunes et les jeunes les boycottent. L’argent de l’aide de l’État pour les jeunes dort au fond d’un tiroir. Le Premier ministre court-circuite la hiérarchie et passe outre le protocole pour engager lui-même une escouade de jeunes pour venir en aide aux jeunes en mal de financement de leurs projets. Évidemment, la publicité dira toute autre chose :

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La bureaucratie est un pouvoir en soi, un pouvoir avec ses propres règles de gouvernance et travaille à son propre rythme. Elle se trouve entre les politiciens et la population.

Après quelques jours de travail au Centre Déclic-Jeunesse, je réalise que les fonctionnaires classent très rapidement les formulaire de demande de subvention des jeunes et je découvre comment ils procèdent. Il faut — disons — que la somme d’argent inscrite à la case F de la première colonne égale la somme d’argent inscrite à la case K de la deuxième colonne et ainsi de suite. C’est la vérification qu’effectue les fonctionnaires pour accepter ou non d’examiner un projet, peu importe s’il s’agit d’une simple erreur, peu importe la pertinence du projet, ses chances de réussite.

Je réunis toutes ces procédures dans un immense cahier et je prends l’initiative de le photocopier pour mes collègues des autres bureaux. Et imaginez ce qui se passe quand je demande au patron du bureau de Communication Québec (là où se trouve le Centre Déclic-Jeunesse) le budget pour envoyer ces cahiers par la poste. Il refuse. Je fais donc parvenir mon cahier au Premier ministre lui avec une note explicative. Je ne connais pas la suite de l’histoire puisque j’ai quitté mes fonctions.

 * * *

Yuval Noah Harari intitule le quatrième chapitre de son ouvrage, « Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité », et y traite des mécanismes d’autocorrection nécessaires à tout réseau d’information.

Pour pouvoir fonctionner, les mécanisme d’autocorrection ont besoin de légitimité. Si les humains sont enclins à commettre des erreurs, comment imaginer raisonnablement que les mécanisme d’autocorrection en soient exempts ? Pour échapper à cette boucle apparemment sans fin, les humains ont souvent nourri le fantasme d’un mécanisme suprahumain, absolument infaillible, sur lequel ils pourraient s’appuyer pour identifier et corriger leurs propres erreurs. Aujourd’hui, c’est l’IA qui porte cet espoir comme en atteste ce que déclarait Elon Musk en avril 2023 : « Je vais lancer quelque chose que j’appelle Truth GPT, une IA qui recherche la vérité maximale et essaie de comprendre la nature de l’univers. » Nous verrons dans les prochains chapitres pourquoi il s’agit là d’un dangereux fantasme. Lequel a pu, par le passé, se manifester sous une autre forme : la religion.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 109-110.

Nous voilà aux portes de la création du livre saint tels que la Bible et le Coran, dit infaillible.

Le livre s’est imposé, au cours du premier millénaire avant notre ère, comme une importante technologie religieuse. Après des dizaines de milliers d’années où les dieux s’étaient adressés aux humains via des chamans, des prêtres, des prophètes, des oracles, entre autres messagers humains, des mouvements religieux tels que le judaïsme se sont mis à défendre l’idée que les dieux s’exprimaient à travers cette technologie nouvelle qu’était le livre. Selon eux, il existe un livre bien précis, dont les nombreux chapitres contiennent toutes les paroles divines à propos de tout, de la création de l’univers aux préceptes alimentaires. Surtout, nul prêtre ou prophète, nulle institution humaine ne pourra oublier ou modifier ces paroles divine, car il sera toujours possible de confronter ce qu’avancent les humains faillibles à ce qui est gravé dans l’infaillible livre.

Mais les religions du Livre avaient elles aussi leurs problèmes, dont le plus évident était celui-ci : qui décide ce qu’il faut inclure dans le livre saint ? Le premier exemplaire n’est pas tombé du ciel : il a fallu que des humains le compilent. (…)

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 113-114.

P.S.: (…) = passage non cité dans cet article mais présent dans le texte original.

Nous connaissons la suite, on discuta âprement des contenus à sélectionner pour constituer le livre saint et du livre saint infaillible nous sommes passé à l’institution infaillible (l’Église) dans son interprétation du livre saint, puis à la multiplication du livre saint à la suite de l’invention de l’imprimerie :

Deuxième enjeu, plus crucial encore : le fait de disposer de nombreux exemplaires du même livre empêchait toute altération du texte. Puisqu’il en existait des milliers de copies identiques en de nombreux endroits, il sera facile de dénoncer comme une imposture toute tentative de changer ne serait-ce qu’une malheureuse lettre de ce code sacré. En rendant disponible une multitude d’exemplaires de la Bible dans des lieux fort éloignés les uns des autres, les juifs remplaçaient donc le despotisme humain par une souveraineté divine. L’ordre social était désormais garanti par l’infaillible technologie du livre. C’est du moins ce qu’ils croyaient.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 4 – Erreurs : le fantasme de l’infaillibilité, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 118.

Les livres saints ont ainsi constitué chacun leur réseau d’information, dont certain incluant plus d’un milliard de personnes, et ce, de partout à travers le monde, et chacun sous l’égide d’une Église… infaillible ! Il n’en fallait pas plus pour que des guerres entre les religions éclatent.

Le cinquième chapitre, sous le titre « Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme ».

Les réseaux d’information dictatoriaux sont centralisés à l’extrême. Ce qui signifie deux choses. Premièrement, le pouvoir central jouissant d’une autorité illimitée, l’information a tendance à affluer vers le centre névralgique, où sont prise les décisions les plus importantes. Dans l’Empire romains, tous les chemins menaient à Rome ; dans l’Allemagne nazie, les informations convergeaient vers Berlin ; et en Union soviétique, vers Moscou. Parfois, le gouvernement central tente de concentrer entre ses mains toute l’information, et d’imposer lui-même toutes les décisions, contrôlant ainsi complètement la vie des gens. Cette forme de dictature totalisante, pratiquée par des dirigeants comme Hitler ou Staline, est connu sous le nom de totalitarisme. Mais toutes les dictatures ne sont pas totalitaires. Nous le verrons, des difficultés techniques empêchent souvent les dictateurs de devenir totalitaires. L’empereur romain Néron, par exemple, ne disposait pas des moyens permettant de microgérer les vies des millions de paysans dans les lointains villages aux confins de l’empire. Une bonne partie des régimes dictatoriaux laissent donc une part d’autonomie considérable aux individus, aux entreprises et aux communautés. Cependant, les dictateurs se réservent toujours le pouvoir d’intervenir dans la vie des gens. Dans la Rome de Néron, la liberté n’était pas un idéal mais un corolaire de l’incapacité du gouvernement à exercer un contrôle totalitaire.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 161-162.

Dans les années 1970-1980, nous sommes passés de « Le pouvoir est à celui qui détient l’information » à « Le pouvoir est à celui qui diffuse l’information ».

L'information est le pouvoir. Mais comme tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux.

Aaron Swartz, Informaticien (1986 - 2013)

C’est pourquoi j’endosse personnellement et professionnellement la culture de gratuité sur internet. J’ai édité de nombreux livres dont les auteurs acceptaient d’en offrir gratuitement la version numérique. À notre libraire en ligne fut donc ajoutée une bibliothèque de livres numériques gratuits qui connaît encore beaucoup de succès depuis sa création il y a plus de vingt ans déjà.

J’ai appliqué la même politique de diffusion de l’information que je détenais lorsque je me suis lancé en recherche marketing (étude des motivations d’achat des consommateurs). J’adressais à mes clients potentiels un document de 24 pages bien tassé, aux allures d’un article de presse écrite, avec toute l’information nécessaire pour bien comprendre en détails mon offre de services. J’optais pour un document d’information plutôt qu’un document de publicité ou de propagande. Que le client potentiel donne suite ou non à sa lecture de mon document, il avait tout de même appris quelque chose d’important. Les conseillers en publicité et en marketing conseillaient à cet époque (années 1990) de se limiter à une brochure sous prétexte que les gens d’affaires et les dirigeants d’entreprise n’ont pas le temps de lire. Toujours selon ces conseillers, je devais m’attendre à une réponse de seulement 20% des clients potentiels à qui j’avais adressé mon document. Or, ce fut le contraire. Plus de 80% des clients potentiels ayant reçu mon document voulaient aller plus loin avec moi et ma partenaire en retenant nos services. Et puisque nous n’étions que deux dans notre entreprise, nous avons du réduire passablement les envois de ce document pour éviter d’être débordés par la demande. Le pouvoir est donc vraiment à celui qui détient l’information ET LA DIFFUSE !

La centralisation de l’information dans les régimes totalitaires sans aucune instance d’autocorrection indépendante du pouvoir entraîne souvent des erreurs décisionnelles fatales telles que les famines soviétiques de 1931-1933 et la Grande famine chinoise de 1959 à 1961.

Heureusement, il y aussi les démocraties.

En résumé, une dictature est un réseau d’information centralisé, dénué de mécanisme d’autocorrection puissants. Une démocratie, en revanche, est un réseau d’information décentralisé, qui possède de solides mécanismes d’autocorrection. Lorsqu’on observe un réseau d’information démocratique, on y trouve certes un centre névralgique. Le gouvernement est le pouvoir exécutif le plus puissant d’une démocratie, et les organismes publics collectent et stockent donc d’immenses quantités d’informations. Mais il existe de nombreux canaux d’information supplémentaires, qui connectent une multiplicité de nœuds indépendants. Organes législatifs, partis politiques, tribunaux, presses, entreprises, communautés locales, ONG et citoyens individuels communiquent entre eux librement et directement, de sorte que la majeure partie des informations ne transitent jamais par aucun organisme gouvernemental, et que nombre de décisions importantes se prennent ailleurs. Les individus décident eux-mêmes de leur lieu de vie, de l’endroit où ils travaillent et de la personne qu’ils épousent. Les entreprises font leurs propres choix concernant le lieu d’implantation d’une succursale, les sommes à investir dans tel ou tel projet, les montants a facturer pour les biens et les services qu’elles proposent. Les communautés décident par elles-mêmes d’organiser des œuvres de bienfaisance, des événements sportifs et des fêtes religieuses. L’autonomie n’est pas une simple conséquence de l’inefficacité du gouvernement : elle constitue l’idéal démocratique.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 162-163.

« L’autonomie », oui mais conditionnée, formatées et souvent inconsciente de l’être. Aucun régime n’est parfait, loin de là, mais il y en a de meilleurs.

La dictature de la majorité

La définition de la démocratie comme un réseau d’information décentralisé doté de solides mécanisme d’autocorrection contraste fortement avec l’idée fausse, quoique très répandue, qui assimile la démocratie aux seules élections. Celles-ci sont un élément essentiel de la boîte à outils démocratique, mais elles ne sont pas la démocratie. En l’absence de mécanismes d’autocorrection supplémentaires, les élections peuvent facilement être truquées. Et même lorsqu’elles sont totalement libres et équitables, cela ne suffit pas non plus à garantir la démocratie. Car la démocratie n’est pas une dictature de la majorité.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 165.

Les droits de l’Homme et les droits civiques protègent tout un chacun, minoritaire et majoritaire, et limitent le pouvoir du gouvernement. La liberté et l’égalité pour tous sont essentielles à toute démocratie.

Il est important de noter que droits de l’homme et droits civiques n’ont pas pour seul effet de de limiter le pouvoir du gouvernement central : ils lui imposent en outre de nombreuses obligations positives. Il ne suffit pas qu’un gouvernement démocratique s’abstienne d’enfreindre les droits de l’homme et du citoyen — il doit prendre des mesures pour les sauvegarder. Ainsi, le droit à la vie impose au gouvernement démocratique de protéger ses citoyens contre les violences criminelles. Si un gouvernement ne tue personne, mais ne fait par ailleurs aucun effort pour protéger ses citoyens du meurtre, nous n’avons plus affaire à une démocratie mais à l’anarchie.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 168.

Une seule question me vient à l’esprit : est-ce que le gouvernement des États-Unis d’Amérique en fait suffisamment pour « protéger ses citoyens contre les violences criminelles » en refusant de réglementer davantage l’accès, le port et l’usage des armes à feu ?


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Les Décodeurs – Histoire des États-Unis

Pourquoi le droit de s’armer reste ancré dans la culture et la politique américaines

Par Adel Miliani, publié le 15 février 2024 à 14h32, modifié le 19 février 2024.

Adopté il y a plus de deux cent trente ans, le deuxième amendement de la Déclaration des droits américaine demeure fondamental pour la population, en dépit des fusillades à répétition.

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Cinq faits qui expliquent pourquoi la violence armée a été déclarée crise de santé publique aux États-Unis

La rédaction, Role, BBC News Mundo, 17 août 2024

La plupart des Américains ou des membres de leur famille ont été confrontés à des incidents de violence armée.

C’est l’un des faits contenus dans un rapport sans précédent présenté par le Surgeon General des États-Unis, Vivek Murthy, sur la base duquel il a déclaré que la violence par arme à feu constituait une crise de santé publique aux États-Unis.

Dans le texte, Murthy explique que l’objectif de cette déclaration est de réduire le nombre de victimes dans le pays qui occupe la première place mondiale dans les statistiques sur les décès par arme à feu.

Selon le rapport, depuis 2022, un total de 48 204 personnes sont mortes de blessures liées aux armes à feu, y compris les suicides, les homicides et les décès accidentels. Cela représente 8 000 décès de plus qu’en 2019 et près de 16 000 de plus qu’en 2010.

 * * *

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Télécharger ce rapport « Firearm Violence in America ».


Lorsque le candidat à la présidentielle américaine annonce qu’il veut réglementer davantage l’achat, le port et l’usage des armes à feu, il perd des votes. Si le candidat adverse à l’élection présidentielle américaine annonce qu’il protègera le deuxième amendement de la constitution du pays ( Traduction : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. » Original : « A well regulated militia being necessary to the security of a free State, the right of the People to keep and bear arms shall not be infringed. », il gagne des votes. À mon avis, c’est de l’anarchie.

Il est particulièrement important de se rappeler que les élections ne sont pas une méthode pour découvrir la vérité, mais bien plutôt une méthode pour maintenir l’ordre en opérant un arbitrage entre les désirs contradictoires des uns et des autres. Les élections établissent non pas ce qu’est la vérité, mais ce que désire la majorité des gens. Or, les gens désirent souvent que la vérité soit autre chose que ce qu’elle est. Les réseaux démocratiques se dotent donc de mécanismes d’autocorrection pour protéger la vérité, y compris contre la volonté de la majorité.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Première partie – Réseaux humains, chapitre 5 – Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme,  Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 169.

Des « mécanismes d’autocorrection pour protéger la vérité, y compris contre la volonté de la majorité », dites-vous ? Ce n’est pas le cas aux États-Unis d’Amérique dans le dossier des armes à feu. Et que dire lorsque le président de ce pays ridiculise les mécanismes d’autocorrection que sont les médias ?

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Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

L’irruption de la notion de « post-vérité », désignée comme mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford, a suscité beaucoup de commentaires journalistiques, notamment sur le phénomène des fake news, mais peu de réflexions de fond. Or, cette notion ne concerne pas seulement les liens entre politique et vérité, elle brouille la distinction essentielle du vrai et du faux, portant atteinte à notre capacité à vivre ensemble dans un monde commun.

En questionnant les rapports conflictuels entre politique et vérité, Myriam Revault d’Allonnes déconstruit nombre d’approximations et de confusions. Elle montre que le problème majeur de la politique n’est pas celui de sa conformité à la vérité mais qu’il est lié à la constitution de l’opinion publique et à l’exercice du jugement. L’exploration du « régime de vérité » de la politique éclaire ce qui distingue fondamentalement les systèmes démocratiques, exposés en permanence à la dissolution des repères de la certitude, à la tentation du relativisme et à la transformation des « vérités de fait » en opinions, des systèmes totalitaires, où la toute-puissance de l’idéologie fabrique un monde entièrement fictif.

Loin d’enrichir le monde, la « post-vérité » appauvrit l’imaginaire social et met en cause les jugements et les expériences sensibles que nous pouvons partager. Il est urgent de prendre conscience de la nature et de la portée du phénomène si nous voulons en conjurer les effets éthiques et politiques.

Myriam Revault d’Allonnes est professeur à l’École pratique des hautes études. Elle a publié de nombreux essais au Seuil, et notamment La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps (2012).

Source : Éditions du Seuil.


(...) les démocratie ne meurent pas uniquement quand les gens ne sont pas libres de parler, mais aussi quand les gens ne veulent pas ou ne peuvent pas écouter.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS - Une brève histoire des réseaux d'information de l'âge de pierre à l'IA, Première partie - Réseaux humains, chapitre 5 - Décisions : une brève histoire de la démocratie et du totalitarisme,  Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 180.

Écouter pour parler, pour déformer ce qu’on a écouter. Souvent, le problème n’est pas que les gens ne veulent pas écouter et réfléchir à ce qu’ils ont écouté, non, le problème c’est que les gens ont une écoute très active, c’est-à-dire qu’ils déforment instantanément ce qu’ils entendent en opinion. Le relais de la réflexion ne fonctionne pas. L’écoute active, jadis une force dans la communication, n’est plus qu’une chaîne de réactions subjectives même face à une information objective ou, si vous préférez face à la réalité.


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Pourquoi est-ce important de savoir bien communiquer?

Pour bien communiquer, il ne suffit pas de parler. Cela nécessite aussi une écoute active, de l’authenticité et de l’empathie. Dans le cadre de la communication, l’écoute active est une façon structurée d’écouter son interlocuteur et de lui répondre. Lorsque vous écoutez de façon active, votre attention se porte sur l’autre personne pour vous permettre de comprendre, d’interpréter et d’évaluer ce qu’elle vous dit.

L’essentiel est de communiquer sans porter de jugement. En milieu de travail, vous pouvez collaborer avec les gens pour établir des objectifs de rendement individuels réalistes, établir un calendrier de rétroaction et mesurer les progrès vers l’atteinte de ces objectifs. Ces techniques faciliteront l’établissement d’une relation de travail plus efficace et plus positive.

Source : Santé mentale, Centre canadien hygiène et de sécurité au travail, Gouvernement du Canada.


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Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Tweets, sms, emails, posts, etc. se multiplient et rebondissent, circulant à une telle vitesse qu’ils deviennent irrattrapables — les agressifs et les toxiques aussi vite relayés que les sympathiques. La facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons nous exprimer tout autant que l’idée que nous existons que si nous communiquons nous ont fait oublier les vertus du silence. Happés par ce tourbillon compulsif et communicationnel, nous devons réapprendre à nous taire pour redevenir conscients de ce que nous ressentons avant de le dire, pour redonner du poids et de la bienveillance à notre communication , pour ne pas regretter d’avoir parlé . Savoir se taire est la force cachée de la personne qui agit en pleine conscience et sait s’exprimer à bon escient et avec les mots justes .

Source : www.hachette.fr.

 * * *

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

L’expression « hystérie de la parole » me plaît car elle reflète fort bien les gens qui parlent beaucoup trop et sans arrêt, qui verbalisent à outrance, souvent en sautant du coq à l’âne ou en se perdant dans moult détails. J’ai déjà interrompu une telle personne en lui disant : « Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées ».


La deuxième partie de NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA s’intitule « Le réseau inorganique », c’est-à-dire le réseau d’information dont les membres sont inorganiques, soient les ordinateurs, contrairement aux êtres organiques que nous sommes et qui assuraient jusque-là les échanges.

Nous analyserons les relations précises entre les termes « ordinateurs », « algorithme » et « IA » dans la dernière partie du présent chapitre une que nous aurons acquis une meilleure compréhension de l’histoire des ordinateurs. Pour le moment, nous nous contenterons de préciser qu’en substance, un ordinateur est une machine potentiellement capable d’accomplir deux choses remarquables : prendre d’elle-même des décisions, et créer d’elle-même de nouvelles idées. (…)

L’avènement de machines intelligentes capables de prendre des décisions et de créer de nouvelles idées signifie que, pour la première fois dans l’histoire, le pouvoir s’éloigne de l’homme et glisse vers une autre entité. (…)

(…) En termes d’intelligence, ils (ordinateurs) dépassent de loin non seulement les bombes atomiques, mais toutes les technologies de l’information antérieures, comme les tablettes d’argile, les presses à imprimer et les postes de radio. (…) Là où presses à imprimer et postes de radio n’étaient que des outils passifs dans la main de l’homme, les ordinateur sont en passe de devenir des agents actifs échappant à notre contrôle et à notre compréhension, et sont à même de prendre des initiatives pour façonner la société, la culture et l’histoire.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 6 – Les nouveaux membres: en quoi les ordinateurs sont différents des presses à imprimer, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 241-243.

Bref, les technologies étaient alors des outils maniés par les agents organiques (humains) alors que les ordinateurs sont des agents inorganiques capables de prendre des décisions et de créer de nouvelles idées par eux-mêmes. Cette nouvelle entité inorganique suscite la peur au fur et à mesure qu’elle monte en puissance décisionnelle et créatrice par auto-apprentissage (IA). La science fiction a souvent mise en scène cette peur notamment dans le célèbre film 2001 : l’odyssée de l’espace en avril 1968.

La peur d’ordinateurs puissants n’a commencé à hanter l’humanité qu’au début de l’ère informatique, au mitant du XXe siècle. Mais depuis toujours, les humains sont hantés par une peur beaucoup plus profonde : nous avons toujours eu conscience du pouvoir qu’avaient les histoires et les images de manipuler nos esprits et de créer des illusions. Par conséquent, depuis la nuit des temps, les humains ont toujours craint d’être enfermés dans un monde d’illusions. Dans la Grèce antique, déjà, Platon livrait sa fameuse allégorie de la caverne, dans laquelle un groupe d’individus passent toute leur vie enchaînés au fond d’une grotte, face à une paroi nu — un écran. Sur cet écran, ils voient défiler différentes ombres projetées. Les prisonniers prennent à tort ces illusions qui s’offrent à leur regard pour la réalité. Dans l’Inde antique, les sages bouddhistes et hindous affirmaient que tous les humains vivaient emprisonnées à l’intérieur de la Mãyã — le monde des illusions. Ce que nous prenons généralement pour la « réalité » n’est souvent qu’une simple fiction dans nos esprits. Les hommes sont parfois prêts à mener des guerres atroces, à tuer et à accepter le risque d’être eux-mêmes tués, à cause de leur croyance en telle ou telle illusion. Au début de XVIIe siècle, Renée Descartes craignait d’être maintenu enfermé dans un monde d’illusions par un « mauvais génie » qui créerait tout ce qu’il voyait et entendait. La révolution numérique nous confronte aujourd’hui à la caverne de Platon, à la Mãyã, au mauvais génie de Descartes.

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 6 – Les nouveaux membres: en quoi les ordinateurs sont différents des presses à imprimer, Édition Albin Michel, Paris, 2024, p. 263.

Yuval Noah Harari ne parle quasiment pas de la philosophie dans son livre NEXUS. La citation ci-dessus est l’un des seuls exemples, un peu élaboré. On n’a une idée du pourquoi au sous-titre « Le nazi kantien » au chapitre 8 intitulé « Faillible : les réseau a souvent tort ». Le texte de ce sous-titre est beaucoup trop simpliste pour associer « nazi » et « kantien ». Voici un très court passage de ce sous-titre qui, même hors contexte, place l’historien Yuval Noah Harari en porte-à-faux avec la philosophie.

La nazi kantien

Depuis des millénaires, les philosophes n’ont cessé de chercher une définition du but ultime qui ne repose pas sur l’alignement avec un but plus élevé encore. Tous ont été attirés par deux solutions potentielles, connues dans le jargon philosophique sous les noms de déontologisme et d’utilitarisme. Les déontologistes (du grec deon, qui signifie « devoir ») pensent qu’il existe des devoirs moraux universels qui s’appliquent à tout le monde. Ces règles morales ne reposent pas sur l’alignement avec un but plus élevé : elles sont intrinsèquement bonnes. Si de telles règles existent réellement, et que nous parvenons à trouver un moyen de les programmer dans des ordinateurs, alors nous pourrons faire en sorte que le réseau informatique soit une force au service du bien.

Mais que signifie « intrinsèquement bonnes, au juste ? On doit la plus célèbre tentative de définir une règle intrinsèquement bonne au philosophe Emmanuel Kant, un contemporain de Clausewitz et Napoléon. D’après Kant, toute règle que je souhaiterait rendre universelle est intrinsèquement bonne. En vertu de ce conception, une personne sur le point d’en assassiner une autre devrait s’arrêter et se soumettre au processus suivant : « Je vais assassiner un être humain. Aimerais-je établir une règle universelle stipulant qu’il n’y a pas de mal à tuer des êtres humains ? Si une telle règle universelle est mise en place, alors n’importe qui pourrait m’assassiner. Donc, il ne devrai pas exister de règle universelle autorisant le meurtre. D’où il s’ensuit que moi non plus, je ne devais pas tuer. » Pour le dire simplement, Kant reformule la règle d’or immémoriale : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Mathieu 7:12).

Cela semble une idée simpliste évidente : chacun de nous devrait se comporter de la manière dont il voudrait que tous les autres se comportent. Mais les idées qui semblent bonne dans le royaume éthéré de la philosophie ont souvent du mal à se transposer sur les terres rugueuses de l’histoire. La question clé que tout historien poserait à Kant est la suivante : quand vous parlez de règles universelles, quelle définition donnez-vous à cet adjectif ? C’est ce qu’on fait, par exemple, Wirathu et les autres extrémistes anti-Rohingyas. En que que moine bouddhiste, Wirathu était certainement opposé à l’idée universelle d’assassiner des humains. Mais il n’estimait pas que cette règle universelle s’appliquait lorsqu’on tuait des Rohingyas, considérés comme des sous-hommes. (…)

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Deuxième partie – Le réseau inorganique, chapitre 8 – Faillible : le réseau a souvent tort, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 334-335.

À mes yeux, Yuval Noah Harari perd toute crédibilité face au rôle de la philosophie dans l’histoire en nommant la discipline comme un « royaume », et ce royaume comme étant « éthéré » et qu’il soutient que les idées philosophiques « ont souvent du mal à se transposer sur les terres rugueuses de l’histoire ». La philosophie ne se compare pas et de loin avec un royaume où un roi gouvernent ses sujets. Aucun philosophe ne s’est imposé ou s’impose de nos jours comme un roi ou chef d’un royaume. Et la philosophie est loin de s’élever au-dessus des choses terrestres puisqu’elle elle-même reconnue comme un mode de vie.

Aussi, une question a retenu mon attention tout au long de ma lecture de NEXUS : quel rôle les réseaux d’information ont joué dans la propagation de la philosophie et, par conséquent, son influence sur l’histoire humaine ? NEXUS ne répond pas à cette question même si la philosophie constitue en soi un « nexus », un réseau d’information dont l’influence pèse lourd sur l’histoire de l’humanité depuis plus de deux milles ans. Et rares sont les réseaux d’information ayant ainsi entrer dans le langage populaire.


Livre numérique gratuit (PDF)

tous-philosophes-charles-robinCharles Robin

Tous philosophes ?

L’inconscient philosophique

Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ?

Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?

Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !

Avant-propos

Honnie par les foules et combattue par les hommes de pouvoir, la philosophie est parfois obligée de trouver refuge dans les interstices du langage quotidien pour continuer à survivre. C’est de manière invisible (et imprévisible) qu’elle s’immisce dans nos paroles les plus triviales, au point, bien souvent, de nous laisser perplexes quant à la profondeur que certains esprits fantaisistes voudraient leur prêter.

Que notre lecteur soit prévenu : nous faisons partie de ces esprits-là !

Le langage est le véhicule de la philosophie, comme il est le véhicule de toute pensée qui cherche à s’exprimer. Sans langage, la pensée est pour ainsi dire réduite à l’isolement. Elle a besoin d’un canal de diffusion pour pouvoir se faire connaître et communiquer avec d’autres pensées. Le langage est ce canal.

C’est par les phrases que nous prononçons chaque jour que nous informons nos interlocuteurs sur notre personnalité philosophique : nos convictions, nos croyances, nos doutes, nos préjugés…

Lorsque nous formulons une opinion, aussi anodine puisse-t- elle nous sembler, c’est toute une conception philosophique que nous engageons avec elle. Y compris inconsciemment. Surtout inconsciemment.

La question du langage occupe une place centrale dans la psychanalyse, qui en fait l’un des supports de révélation privilégiés de

l’inconscient. S’il est vrai que nos mots peuvent parfois dépasser notre pensée, ils peuvent également la trahir en la faisant remonter à la surface de nos lèvres, contre son gré en quelque sorte. On citera ici un exemple bien connu, celui du lapsus (dit précisément révélateur pour cette raison) que les psychanalystes interprètent comme un symptôme de la pression exercée sur nos pensées par nos désirs refoulés dans l’inconscient.

C’est à dévoiler l’inconscient philosophique de nos petites phrases de tous les jours que ce livre souhaiterait contribuer.

Des petites phrases qui, à force d’être entendues et répétées autour de nous, finissent par ne plus susciter aucun questionnement de notre part. Des petites phrases que l’habitude a condamnées à

l’indifférence, alors qu’elles sont le miroir dans lequel se reflètent nos pensées les plus enracinées.

Lorsque nous prononçons une phrase aussi banale que « Je fais ce que je veux », sommes-nous vraiment sûrs d’en mesurer toutes les implications ? Avons-nous jamais réfléchi à ce que signifiait le fait de dire « Chacun sa vérité » quand notre intention était seulement de plaider pour le respect de la pluralité des opinions ? Comment expliquer l’appréhension qui accompagne si souvent les mots « Je t’aime » qui ne devraient théoriquement faire naître que bonheur et légèreté ? Tel est le type de réflexion auquel nous invitons notre lecteur.

Une réflexion sur ce que nos paroles révèlent sur notre époque et sur nous-mêmes, à l’heure où le sens des mots tend de plus en plus à se diluer dans la profusion des messages et le règne médiatique du slogan.

© 2024 – Le Précepteur

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Pour conclure ce rapport de lecture, je retiens la proposition de Yuval Noah Harari à savoir le création d’un droit à l’explication lorsque la décision prise implique un algorithme opaque. L’auteur se réfère à L’affaire Loomis mettant en cause la peine prononcée contre l’accusée Eric Loomis par la Cour de justice de l’État du Wisconsin aux États-Unis.


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L’affaire Loomis

Les fantômes de Descartes et de Grotius à l’assaut de la justice ? 1

Khaled DIKA – 20 avril 2020

Résumé : Nous présentons dans cet article l’affaire E. Loomis (State v. Loo- mis, 881 N.W.2d 749 (Wis. 2016)). Cette affaire a eu un grand retentissement à cause de l’utilisation dans l’instance d’un algorithme qui estime une probabilité de récidive et surtout à cause des conséquences dramatiques de cette utilisation. Nous parlons de l’algorithme secret de COMPAS et de son rôle au cœur de cette affaire. Nous présentons des analyses de plusieurs juristes qui ont conclu à une violation de droits fondamentaux dans l’affaire Loomis et nous apportons nos propres contributions à ce débat. Nous déconstruisons ensuite quelques dis- cours axés sur le caractère disruptif de l’usage des « nouvelles technologies » en montrant l’ancrage de ces discours dans des courants philosophiques du XVIIe siècle. Nous analysons l’éventualité d’un usage des algorithmes d’évaluation du risque de récidive dans une décision qui porte sur la libération conditionnelle, pour montrer le caractère non constitutionnel d’un tel usage hypothétique. Dans la conclusion nous plaidons l’importance des analyses relevant de la philosophie du droit pour mieux comprendre les enjeux de cette affaire et afin de ne pas restreindre les débats à des considérations techniques de « validité statistique » ou de performance d’un modèle.

Source et télécharger cet article : Khaled Dika. L’affaire Loomis. 2020. https://hal.science/hal-02566382v1

Voir aussi : Commentaire de la décision State v. Loomis de la Cour Suprême du Wisconsin : le droit à un procès équitable à l’épreuve de l’opacité algorithmique dans les systèmes de Justice américain et européen – Soumis le 26/02/2020 par Baptiste Malapert dans MBDE / Numérique, Les blogs pédagogiques, Université Paris Nanterre.

Voir aussi : Compas : un homme condamné à six ans de prison par un algorithme, lebigdate.fr.

Vois aussi : Delphine Jung, La justice prédictive : application inquiétante de l’IA ?, Droit-Inc – Le journal des avocats et juristes du Québec, 2018-05-28.

Voir aussi : Clarisse Valmalette. L’algorithme de dangerosité pénale aux États-Unis : vers une érosion des droits fondamentaux du procès. Annuaire internationale de justice constitutionnelle, 2020, XXXV. https://hal.science/hal-03169476v1.


c.nexus.1a(…) Au début des années 2020, les citoyens de nombreux pays se voient régulièrement infliger des peines d’emprisonnement fondées en partie sur une évaluation des risques par des algorithmes auxquels ni les juges ni les accusés ne comprennent rien. Et encore, ces peines de prison ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

Le droit à une explication

Outre les peines d’emprisonnement, les algorithmes jouent un rôle sans cesse plus important dans de nombreuses décisions nous concernant, certaines insignifiantes, d’autres à même de changer le cours d’une vie : nous admettre à l’université, nous offrir un travail, nous accorder de l’aide sociale ou un prêt. Ils contribuent également à déterminer quels traitements médicaux nous recevons, le montant de nos primes d’assurance, les actualités qui nous parviennent et qui pourrait vouloir sortir avec nous.

En confiant une proportions dans cesse croissante des décisions aux ordinateurs, les sociétés mettent en péril la viabilité même des mécanismes d’autocorrection démocratique, mais aussi de la transparence et de l’obligation de rendre des comptes propres à la démocratie. Comment des fonctionnaires élus pourraient-ils réglementer des algorithmes impénétrables ? La consécration d’un nouveau droit de l’homme est par conséquent de plus en plus réclamée : le droit à une explication. (…)

NOAH HARARI, Yuval, NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Troisième partie – Politique informatique, chapitre 9 – Démocraties : une conversation impossible ?, Édition Albin Michel, Paris, 2024, pp. 392-393.

Propriétés d’entreprises privées, les algorithmes sont des secrets commerciaux dont elles me veulent pas révéler la méthodologie, même lorsqu’il s’agit de décisions prisent par des administrations publiques sur la base de ces algorithmes. Je pense que le droit à une explication doit être précédé d’un droit à la divulgation et à l’identification de l’algorithme impliqué dans la décision qui nous concerne.


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J’accorde 5 étoiles sur 5 à NEXUS – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA par l’historien et philosophe Yuval Noah Harari paru aux Éditions Albin Michel en 2024. L’auteur nous livre une vision historique singulière fort intéressante des réseaux d’information dont le lecteur comprendra aisément leurs apports d’hier à aujourd’hui. Un livre essentiel pour statuer le rôle de l’information en réseaux au fil de l’histoire.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

Article # 92

J’AI LU POUR VOUS

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

(1883-1969)

Traduit par Jeanne Hersch

Collection 10-18

Date de parution : 3 décembre 2001

Format : 108 x 177 mm

Façonnage normé : POCHE

ISBN : 978-2-264-03444-1

Nombre de pages : 192

(Date de publication originale : 1936)

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J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien. Partant de la constatation primordiale de l’existence, le philosophe, échappant au réalisme matérialiste, doit rechercher les conditions du salut de l’homme, c’est-à-dire l’accomplissement de sa liberté. Cet accomplissement, Jaspers le situe en Dieu. Récusant donc la primauté de la science sur la métaphysique et la foi, Jaspers montre comment on peut, depuis Platon, déduire et construire un humanisme philosophique de la liberté.


TABLE DES MATIÈRES

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

II. Origines de la philosophie

III. L’Englobant

IV. L’idée de Dieu

V. L’exigence absolue

VI. L’Homme

VII. Le Monde

VIII. La Foi et les Lumières

IX. L’histoire de l’humanité

X. L’indépendance philosophique

XI. Le sens philosophique de la vie

XII. Histoire de la philosophie

Appendice (5)

I. — Remarques. Sur l’étude de la philosophie.

II. — Remarques. Sur les lectures philosophiques.

III. — Exposés. De l’histoire de la philosophie.

IV. — Textes.

V. — Les grandes œuvres.


EXTRAIT

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

A l’opposé des sciences, la pensée philosophique ne paraît pas non plus progresser. Nous en savons plus, certes, qu’Hippocrate, mais nous ne pouvons guère prétendre avoir dépassé Platon. C’est seulement son bagage scientifique qui est inférieur au nôtre. Pour ce qui est chez lui à proprement parler recherche philosophique, à peine l’avons-nous peut-être rattrapé.

Que, contrairement aux sciences, la philosophie sous toutes ses formes doive se passer du consensus unanime, voilà qui doit résider dans sa nature même. Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement ; il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être. Les connaissances scientifiques concernent des objets particuliers et ne sont nullement nécessaires à chacun. En philosophie, il y va de la totalité de l’être, qui importe à l’homme comme tel ; il y va d’une vérité qui, là où elle brille, atteint l’homme plus profondément que n’importe quel savoir scientifique.

L’élaboration d’une philosophie reste cependant liée aux sciences ; elle présuppose tout le progrès scientifique contemporain. Mais le sens de la philosophie a une autre origine : il surgit, avant toute science, là où des hommes s’éveillent.

Cette philosophie sans science présente quelques caractères remarquables :

1° Dans le domaine philosophique, presque chacun s’estime compétent. En science, on reconnaît que l’étude, l’entraînement, la méthode sont des conditions nécessaires à la compréhension ; en philosophie, au contraire, on a la prétention de s’y connaître et de pouvoir participer au débat, sans autre préparation. On appartient à la condition humaine, on a son destin propre, une expérience à soi, cela suffit, pense-t-on.

Il faut reconnaître le bien-fondé de cette exigence selon laquelle la philosophie doit être accessible à chacun. Ses voies les plus compliquées, celles que suivent les philosophes professionnels, n’ont de sens en effet que si elles finissent par rejoindre la condition d’homme ; et celle-ci se détermine d’après la manière dont on s’assure de l’être et de soi-même en lui.

2° La réflexion philosophique doit en tout temps jaillir de la source originelle du moi et tout homme doit s’y livrer lui-même.

Un signe admirable du fait que l’être humain trouve en soi la source de sa réflexion philosophique, ce sont les questions des enfants. On entend souvent, de leur bouche, des paroles dont le sens plonge directement dans les profondeurs philosophiques. En voici quelques exemples :

L’un dit avec étonnement : « J’essaie toujours de penser que je suis un autre, et je suis quand même toujours moi. » Il touche ainsi à ce qui constitue l’origine de toute certitude, la conscience de l’être dans la connaissance de soi. Il reste saisi devant l’énigme du moi, cette énigme que rien ne permet de résoudre. Il se tient là, devant cette limite, il interroge.

Un autre, qui écoutait l’histoire de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre … » demanda aussitôt : « Qu’y avait-il donc avant le commencement ? » Il découvrait ainsi que les questions s’engendrent à l’infini, que l’entendement ne connaît pas de borne à ses investigations et que, pour lui, il n’est pas de réponse vraiment concluante.

Une petite fille fait une promenade ; à l’entrée d’une clairière, on lui raconte des histoires d’elfes qui y dansent la nuit. « Mais pourtant, ils n’existent pas … » On lui parle alors des choses réelles, on lui fait observer le mouvement du soleil, on discute la question de savoir si c’est le soleil qui se meut ou la terre qui tourne, on produit les raisons de croire à la forme sphérique de la terre et à son mouvement de rotation … « Mais ce n’est pas vrai, dit la fillette en frappant du pied le sol, la terre ne bouge pas. Je ne crois que ce que je vois. » On lui réplique : « Alors tu ne crois pas au bon Dieu, tu ne le vois pas non plus. » La petite semble interloquée, puis déclare résolument : « S’il n’existait pas, nous ne serions pas là. » Elle avait été saisie d’étonnement devant la réalité du monde : il n’existe pas par lui-même. Et elle comprenait la différence qu’il y a entre un objet faisant partie du monde et une question concernant l’être et notre situation dans le tout.

Une autre enfant va faire une visite et monte un escalier. Elle prend conscience du fait que tout change sans cesse, que les choses s’écoulent et passent comme si elles n’avaient pas existé. « Mais il doit pourtant bien y avoir quelque chose de solide. Je monte maintenant, ici, un escalier pour aller chez ma tante, ça je veux le garder. » Sa surprise et sa frayeur devant l’écoulement universel et l’évanescence de tout lui faisaient chercher à tout prix une issue.

En collectionnant des remarques de ce genre, on pourrait constituer toute une philosophie enfantine. On alléguera peut-être que les enfants répètent ce qu’ils entendent de la bouche de leurs parents et des autres adultes ; cette objection est sans valeur lorsqu’il s’agit de pensées aussi sérieuses. On dira encore que ces enfants ne poussent pas plus loin la réflexion philosophique et que, par conséquent, il ne peut y avoir là chez eux que l’effet d’un hasard. On négligerait alors un fait : ils possèdent souvent une génialité qui se perd lorsqu’ils deviennent adultes. Tout se passe comme si, avec les années, nous entrions dans la prison des conventions et des opinions courantes, des dissimulations et des préjugés, perdant du même coup la spontanéité de l’enfant, réceptif à tout ce que lui apporte la vie qui se renouvelle pour lui à tout instant ; il sent, il voit, il interroge, puis tout cela lui échappe bientôt. Il laisse tomber dans l’oubli ce qui s’était un instant révélé à lui, et plus tard il sera surpris quand on lui racontera ce qu’il avait dit et demandé.

3° Une recherche philosophique jaillie de l’origine ne se manifeste pas seulement chez les petits, mais aussi chez les malades mentaux. Il semble parfois — rarement — que chez eux le bâillon de la dissimulation générale s’est relâché, et nous entendons alors parler la vérité. Au stade où des troubles mentaux commencent à se manifester, il arrive que se produisent des révélations métaphysiques saisissantes. Leur forme et leur langage, il est vrai, ne sont pas tels que, publiées, elles puissent prendre une signification objective, à moins de cas exceptionnels comme celui du poète Hölderlin ou du peintre Van Gogh. Mais lorsqu’on assiste à ce processus, on a malgré soi l’impression qu’un voile se déchire, celui sous lequel nous continuons, nous, notre vie ordinaire. Beaucoup de gens bien portants ont fait aussi l’expérience suivante : ils s’éveillent avec le sentiment d’avoir aperçu dans leur sommeil le sens de choses étrangement profondes, et celles-ci se dérobent au moment où ils sont parfaitement éveillés, en laissant seulement derrière elles une sensation d’impénétrabilité. Le dicton selon lequel « la vérité sort de la bouche des enfants et des fous » recèle un sens profond. Pourtant ce n’est pas là que réside l’originalité créatrice à laquelle nous devons les grandes pensées philosophiques ; elle est le fait d’un petit nombre de grands esprits, d’une fraîcheur et d’une indépendance exceptionnelles, surgis au cours des millénaires.

4° L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

Être en route et chercher, ou bien trouver la paix et l’achèvement d’un instant privilégié, ce ne sont pas là des définitions de la philosophie. La philosophie ne se situe ni au-dessus, ni à côté d’autre chose. Elle ne peut pas être dérivée. Toute philosophie se définit elle-même par sa réalisation. Ce qu’elle est, on ne peut le savoir que par l’expérience ; alors on voit qu’elle est à la fois l’accomplissement de la pensée vivante et la réflexion sur cette pensée, ou l’action et le commentaire de l’action. Seule l’expérience personnelle permet de percevoir ce qu’on peut trouver de philosophie dans le monde.

Nous pouvons recourir à d’autres formules pour exprimer la signification de la philosophie. Aucune n’épuise cette signification et aucune ne s’avère la seule. Dans l’antiquité, définissant la philosophie d’après son objet, on a dit qu’elle était connaissance des choses divines et humaines, ou de l’être en tant qu’être ; la définissant d’après son but, on a dit qu’elle était apprendre à mourir, ou qu’elle était la conquête, par la pensée, du bonheur, ou de la ressemblance divine ; la définissant enfin par ce qu’elle embrasse, on a dit qu’elle était le savoir de tout savoir, l’art de tous les arts, la science en général, qui ne se limite plus à tel ou tel domaine particulier.

Aujourd’hui, si l’on essaie de parler du sens de la philosophie, on pourrait peut-être recourir aux formules suivantes : elle tend à apercevoir la réalité originelle ; à saisir la réalité par la manière dont je me comporte envers moi-même quand je pense, par mon comportement intérieur ; à ouvrir notre être aux profondeurs de l’englobant (1) ; à assumer le risque de la communication d’homme à homme, par une vérité quelle qu’elle soit, en un combat fraternel ; à garder sa raison patiemment et inlassablement en éveil, même devant l’être le plus étranger, qui se ferme et se refuse.

La philosophie est ce qui ramène au centre où l’homme devient lui-même en s’insérant dans la réalité.

La philosophie, nous l’avons vu, peut atteindre tout homme, et même un enfant, sous la forme de quelques pensées simples et efficaces. Cependant, son élaboration est une tâche sans fin et sans cesse recommencée qui s’accomplit toujours sous la forme d’un tout actualisé. C’est ainsi qu’elle apparaît dans les œuvres des grands philosophes, et, sous forme d’écho, dans celles des philosophes mineurs. Aussi longtemps que les hommes seront des hommes, la conscience de cette tâche, sous quelque forme que ce soit, ne s’éteindra pas.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que la philosophie se trouve en butte à des attaques radicales ; on l’a rejetée en bloc comme superflue et nuisible. A quoi sert-elle ? Elle ne résiste pas devant l’angoisse.

La pensée autoritaire de l’Église a rejeté la philosophie en alléguant qu’elle éloigne de Dieu, qu’elle séduit l’âme et l’attache au siècle, qu’elle la corrompt en l’occupant de futilités ; la pensée politique totalitaire a reproché aux philosophes de s’être bornés à interpréter diversement le monde alors qu’il s’agit de le transformer. Toutes deux estiment la philosophie dangereuse : elle sape l’ordre, elle stimule l’esprit d’indépendance, et par là d’indignation et de révolte, elle trompe et détourne l’homme de sa tâche réelle. Force d’attraction d’un au-delà illuminé par le Dieu révélé, ou puissance d’un ici-bas sans Dieu, exigeant tout pour lui, toutes deux voudraient éteindre la philosophie.

A cela s’ajoute, imposée par la vie quotidienne et le bon sens, la simple norme de l’utilité, devant laquelle la philosophie se trouve impuissante. Thalès déjà, qui passe pour le plus ancien des philosophes grecs, a été moqué par sa servante qui l’avait vu tomber dans un puits alors qu’il observait le ciel étoilé. Pourquoi cherchait-il ce qui est si loin, lui si maladroit dans l’immédiat ?

La philosophie devrait donc se justifier. Et, précisément, c’est impossible. Elle ne peut citer pour sa justification aucune espèce d’utilité qui lui donnerait un droit à l’existence. Elle ne peut que se réclamer des forces qui poussent tout homme à philosopher. Elle sait qu’elle plaide une cause désintéressée, soustraite à tout calcul de profits et pertes dans le monde, qu’elle ne concerne que l’homme comme tel, et aussi qu’elle se poursuivra aussi longtemps qu’il y aura des hommes. Ses ennemis mêmes ne peuvent s’empêcher de donner une signification aux forces qu’ils lui opposent et de produire ainsi des systèmes intellectuels liés à une fin, des succédanés de philosophie, déterminés toutefois par le résultat qu’ils visent, tels le marxisme, le fascisme. Ces systèmes intellectuels, eux aussi, témoignent encore du caractère inéluctable de la philosophie. Elle est toujours là.

Elle ne peut pas combattre, elle ne peut pas se démontrer, mais seulement se communiquer. Elle ne résiste pas quand on la rejette, elle ne triomphe pas si on l’écoute. Elle vit dans la région unanime qui, dans les profondeurs de l’humanité, peut lier chacun avec tous.

Une philosophie de grand style et présentant une cohérence systématique existe depuis deux millénaires et demi en Occident, en Chine et aux Indes. C’est une grande tradition qui s’adresse à nous. La diversité des efforts philosophiques, les contradictions, les prétentions, réciproquement exclusives, à la vérité, ne sauraient empêcher qu’au fond il y ait quelque chose d’unique, que nul ne possède et autour de quoi tournent en tout temps toutes les recherches sérieuses : la philosophie une et éternelle, la philosophia perennis. C’est à ce fondement historique de notre pensée que nous sommes ramenés quand nous voulons que notre réflexion soit aussi claire que possible et qu’elle atteigne l’essentiel.

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)


REVUE DE PRESSE

Introduction à la philosophie – Karl Jaspers – PhiloLog

Jean-François Robinet, « Jaspers et son temps », Germanica [En ligne], 8 | 1990, mis en ligne le 27 novembre 2014, consulté le 12 mai 2024. URL : http://journals.openedition.org/germanica/2434 ; DOI : https://doi.org/10.4000/germanica.2434

The Theme of Existence in the Philosophy of Karl Jaspers.

Karl Jaspers, la faute et la responsabilité par Alain Brossat, Cahiers critiques de philosophie 2014/1 (n°13)2014/1 (n°13), pages 7 à 23

La tradition selon Karl Jaspers répond-elle aux besoins de notre temps ? – Jeanne Hersch

«La philosophie n’est pas tout à fait innocente», Hannah Arendt – Karl Jaspers


AU SUJET DE L’AUTEUR

Cette image provient d'une collection de la bibliothèque de l'École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d'une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.
Cette image provient d’une collection de la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d’une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.

Karl Jaspers

(1883-1969)

Karl Jaspers, né le 23 février 1883 à Oldenbourg et mort le 26 février 1969 à Bâle, est un psychiatre et philosophe germano-suisse représentatif de l’existentialisme. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. Il obtient la nationalité suisse en 1967. Wikipédia


Date/Lieu de naissance : 23 février 1883, Oldenbourg, Allemagne

Date de décès : 26 février 1969, Bâle, Suisse

Influences : Martin Heidegger, Hannah Arendt, Paul Ricœur, PLUS

Influencé(e) par : Emmanuel Kant, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, PLUS

Épouse : Gertrud Jaspers (m. 1910–1969)

Enseignement : Université de Heidelberg


Apports à la philosophie et la théologie

Karl Jaspers est le plus souvent associé au mouvement existentialiste, en partie en raison de ses idées issues des jalons posés par Friedrich Nietzsche et Søren Kierkegaard et en partie parce que le thème de la liberté individuelle occupe une large part de son travail. Dans Philosophie (1932), Jaspers donne son point de vue sur l’histoire de la philosophie et présente ses thèmes principaux. Commençant avec la science moderne et l’empirisme, il fait remarquer que pendant que l’on interroge la réalité, nous affrontons les limites de ce qu’une méthode scientifique ou empirique ne peut transcender. À cet instant, l’individu doit faire face à un choix : ou bien sombrer dans le désespoir et la résignation ou bien faire un pas vers ce que Jaspers nomme la Transcendance. En faisant ce pas, l’individu se confronte par induction à la limitation de sa propre liberté, qu’il appelle « Existenz », afin de pouvoir enfin ressentir une véritable existence. Wikipédia

Jaspers-Jahr 2008

Jaspers Society of Japan

Karl Jaspers Stiftung, Switzerland

Polskie Towarzystwo Karla Jaspera / Polish Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Gesellschaft, Oldenburg

Österreichische Karl-Jaspers-Gesellschaft / Austrian Karl Jaspers Society

Società Italiana Karl Jaspers / Italian Karl Jaspers Society

Hrvatsko Društvo « Karl Jaspers » / Croatian Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Society of North America

Karl Jaspers sur Philosophie Magazine

Karl Jaspers sur Wikipédia

Karl Jaspers sur L’Agora – une agora, une encyclopédie


Mon rapport de lecture

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins.

Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.


D’entrée de jeu, Karl Jaspers distingue la philosophie de la science.

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 5-6.

P.S.: Définition « Apodictique : Se dit d’un jugement ou d’une démonstration caractérisés par la nécessité logique et l’universalité. (Par opposition à assertorique.) Larousse.

Le simple fait historique se rapportant au développement de la philosophie en différentes écoles avec différents points de vue justifie le propos de Karl Jaspers à l’effet que : « On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif ». Il n’y a donc pas une philosophie qui supplante toutes les autres. On peut introduire l’idée de la liberté subjective d’adhésion à une ou des philosophies plus qu’une ou plusieurs autres.

Parlant de la philosophie sans science, il en relève « quelques caractères remarquable » dont celle-ci :

4. L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 10.


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Charles Robin, le Précepteur, fait écho à cette présence de la philosophie dans nos vies dans son livre « TOUS PHILOSOPHES ? L’inconscient philosophique de nos phrases de tous les jours » (offert gratuitement en format PDF).

Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !

Avant-propos

Honnie par les foules et combattue par les hommes de pouvoir, la philosophie est parfois obligée de trouver refuge dans les interstices du langage quotidien pour continuer à survivre. C’est de manière invisible (et imprévisible) qu’elle s’immisce dans nos paroles les plus triviales, au point, bien souvent, de nous laisser perplexes quant à la profondeur que certains esprits fantaisistes voudraient leur prêter.

Que notre lecteur soit prévenu : nous faisons partie de ces esprits-là !

ROBIN, Charles, Tous philosophes ?


Karl Jasper traite aussi de la dégénération de la philosophie en dogmatisme, un sujet qui me préoccupe grandement.

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

« Faire de la philosophie, c’est être en route. »

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 10-11.

Karl Jaspers écrit : « (…) l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession (…) ».

Je dévoile ma position face à la vérité dans mon article J’ai un problème avec la vérité :

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

GUAY, Serge-André, J’ai un problème avec la vérité, Observatoire de la philothérapie, 6 février 2023.


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Vérité (nom commun)

  • Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
  • Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
  • Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

« Concept majeur de la philosophie, mais dont la définition est controversée. Il n’y a d’accord unanime ni sur la nature du concept, ni la façon de le penser. La définition classique de la vérité ne fait pas consensus, et même ceux qui pourraient l’admettre ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. Globalement, la question « Qu’est ce que la vérité ? » reste ouverte, avant même de s’intéresser à toute question liée (valeur de la vérité, propos sur le futur, &c.). Ces difficultés philosophiques mises à part, la notion est très courante et son usage peut-être inévitable. »

Source : Vérité, Dico Philo. Fiche personnel : Vérité (PDF).


Karl Jaspers distingue nettement le commencement de l’origine de la philosophie. Si nous nous référons au commencement de la philosophie, nous nous situons dans le contexte historique avec toutes les obligation qui s’impose en tel cas. Si nous nous référons à l’origine de la philosophie, nous plongeons dans l’homme lui-même, à la source de son « impulsion à philosopher » :

L’histoire de la philosophie a commencé sous la forme d’un effort de pensée méthodique il y a deux mille cinq cents ans; sous la forme d’une pensée mythique, beaucoup plus tôt.

Mais un commencement, c’est autre chose qu’une origine : le commencement est historique et procure aux successeurs une quantité croissante de données fournies par le travail intellectuel déjà accompli. Tandis que l’origine, c’est la source d’où jaillit constamment l’impulsion à philosopher. C’est par elle seulement qu’une philosophie contemporaine devient quelque chose d’essentiel, par elle que l’on comprendra la philosophie du passé.

Cet élément originel est multiple. L’étonnement engendre l’interrogation et la connaissance; le doute au sujet de ce que l’on croit connaître engendre l’examen et la claire certitude ; le bouleversement de l’homme et le sentiment qu’il a d’être perdu l’amènent à s’interroger sur lui-même. (…)

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 15.

Karl Jasper souligne l’importance du doute « de ce que l’on croit connaître » et ça me plaît car le doute est le rempart contre le dogmatisme. Si vérité il y a, il faut en douter. La valeur de la vérité repose dans le doute.

Le doute devenu méthodique entraîne un examen critique de toute connaissance. D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. Mais ce qui est décisif, c’est de voir comment et où le doute lui-même permet de conquérir le fondement d’une certitude.

« D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. »

Quand je suis absorbé par la connaissance des objets dans le monde, par déploiement du doute qui doit me conduire à la certitude, je m’occupe des choses, je ne pense pas à moi, à mes fins, je suis content de m’oublier moi-même en acquérant ces nouvelles connaissances.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 17.

Vous connaissez peut-être cette question : « Quel est le bénéfice du doute ? » C’est la certitude, jusqu’au prochain doute. Rien n’est jamais acquis définitivement, en science comme en philosophie. Quant à la connaissance scientifique, elle s’érige sur la destruction du déjà-su, un exemple pour notre vie de tous les jours.

Puis vient le quatrième chapitre : « L’idée de dieu ». Notez qu’il est question que d’une « idée »., une idée sans preuve.

Les philosophes contemporains paraissent étudier volontiers le problème de l’existence de Dieu. Ils n’affirment pas sa réalité, ils ne la nient pas non plus. Mais quiconque fait de la philosophie doit en parler. Quand Dieu est mis en doute, le philosophe doit donner réponse : ou alors c’est qu’il ne sort pas de la philosophie sceptique dans laquelle on ne peut jamais faire aucune déclaration, rien n’affirmer ni rien nier. Ou bien encore c’est qu’il s’en tient à un savoir concernant des objets définis et qu’il cesse de philosopher en disant : « Il ne faut pas parler de ce qu’on ne peut savoir. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 41.

Ces propos au sujet des philosophes doutant de l’idée de Dieu m’apparaissent quelque peu réducteur. Il n’y a pas que les « ou alors » et les « ou bien ». La diversité des argumentations autours de l’existence de dieu va bien au-delà des deux attitudes mentionnées par Karl Jaspers dans son texte.


Secticisme

Courant de pensée qui estime que la vérité est inaccessible et qu’il faut donc adopter une attitude critique à l’égard de toutes les opinions dogmatiques en les « examinant » (skeptikos signifiant « celui qui examine » en grec).

Source : Philosophie Magazine.


Karl Jaspers exprime-t-il une opinion dogmatique ? Toute foi m’apparaît comme une source de dogmatisme.

(…) alors vient le principe inverse : la réfutation de toutes les preuves de l’existence de Dieu signifie qu’il n’y a pas de Dieu.

Cette déduction est fausse. En effet, si on ne peut pas prouver l’existence de Dieu, on ne peut pas davantage prouver son inexistence. Les preuves et leurs réfutations ne montrent que ceci : un Dieu prouvé n’est pas Dieu; il ne serait qu’une chose dans le monde.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 42.

Wow ! Il y a impossibilité de prouver Dieu. Peut-on prouver une idée ?

Mais d’où vient cette foi ? Elle ne vient pas originellement des limites extrêmes de l’expérience dans le monde, mais de la liberté de l’homme. L’homme qui prend vraiment conscience de sa liberté acquiert en même temps la certitude de Dieu. La liberté et Dieu sont inséparables.

Je suis certain d’une chose : en tant qu’être libre, je n’existe pas par moi-même, mais je suis donné à moi-même en présent. En effet, je peux me manquer à moi-même,et je ne peux pas conquérir ma liberté par force. Lorsque je suis vraiment moi-même, je suis certain de ne pas l’être par moi-même. La liberté suprême, libre de toute emprise de la part du monde, se serait en même temps liée de la façon la plus profonde à la transcendance.

La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence. Je suis sûr que Dieu est, par la décision même qui me fait exister. Cette certitude ne permet pas d’enfermer Dieu dans une formule, mais de lui une présence pour l’existence.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 45.

La seule liberté que je vois dans tout cela, c’est la liberté de croire ou non en l’existence de Dieu. Ce n’est pas parce que je suis libre que Dieu existe. La liberté de l’homme ne vient pas de Dieu. D’ailleurs, à ce que je sache, Dieu n’est pas tellement friand de la liberté de ses sujets. Il encadre et ordonne. La foi ne trouve certainement pas sa source dans la liberté elle-même, si ce n’est, comme je le précisais, dans la liberté de croire ou non.

Et lorsque Karl Jaspers écrit « La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence », c’est encore discutable, discutable sans fin. Je n’ai pas choisi d’exister et ma liberté n’a rien d’absolu.

Il n’est pas besoin de fendre les cheveux en quatre pour comprendre que toute croyance n’a pas besoin de preuve. La croyance existe bel et bien mais ce à quoi l’on croit peut ou non exister; ce n’est que spéculation ou simple foi. Nous sommes dans l’imaginaire. C’est en cet imaginaire que je crois, que j’ai la foi.

Une autonomie absolue n’est pas possible. Quand nous pensons, nous sommes obligés de recourir à des intuitions qui doivent nous être données; sur le plan pratique, nous avons besoin des autres, d’un échange de services avec eux, qui rende possible notre vie. En tant qu’être libre, nous avons besoin d’autres êtres libres avec lesquels puisse s’établir la communication, qui seule nous permet, aux uns et aux autres, de devenir nous-mêmes. Il n’y a pas de liberté isolée. Là où la liberté existe, elle est aux prises avec la contrainte; et si celle-ci était complètement vaincue, si tous les obstacles tombaient, la liberté elle-même s’évanouirait.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, X. L’indépendance philosophique, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 123.

Je comprends que la liberté existe par ce qui la limite, les contraintes. Or, je me dois de répliquer aux propos de Karl Jaspers en ces mots : « Dieu est lui-même une idée contraignante ». Est-ce là la liberté dont il parlait dans son INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE ? La liberté, pour le Dieu unique de la Bible me semble correspondre à l’absence de la connaissance du bien et du mal. Mais est-ce parce qu’on n’a pas conscience du bien et du mal que nous en sommes exemptés ? Pour être libre du bien et du mal, il faut être contraint d’une manière ou d’une autre puisque la liberté n’existe pas sans contrainte.

Pour créer un « Arbre de la connaissance du bien et du mal », dieu doit connaître lui-même le bien et le mal. Il ordonne de ne pas manger les fruits de cet arbre. C’est une contrainte qui donne lieu à la liberté d’obéir ou non. La philosophie chrétienne de Karl Jaspers ne me semble pas adéquate.

Philosopher, c’est prendre la décision de faire jaillir à nouveau en soi la source vive, de retrouver le chemin de son for intérieur, de s’aider soi-même par une action intime, dans toute la mesure de ses forces.

Certes, ce qui prime dans la vie, sur le plan des réalités tangibles, ce sont les tâches objectives, c’est de répondre aux exigences de chaque jour. Mais l’homme qui veut avoir une conduite philosophique refuse de se contenter de ces obligations immédiates. Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité. Il prend au sérieux les échanges humains, l’expérience du bonheur et de la peine, de la réussite et de l’échec, de l’obscurité et du tourment. Refuser l’oubli pour assimiler profondément la vie, refuser le divertissement pour élaborer intérieurement l’expérience, ne pas considérer le passé comme résolu, mais au contraire l’éclairer toujours davantage, c’est la`une conduite philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XI. Le sens philosophique de la vie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 131.

Cette affirmation manque de respect : « Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité ». Travailler, se donner des buts définis, ce n’est pas être sur la voie de la démission. C’est être responsable et être responsable, c’est déjà une vie philosophique. Il n’y aucune culpabilité à avoir à mener un telle vie. La philosophie ne dort pas en notre for intérieur, c’est un mode de vie et le travail en est un. On peut s’adonner à ses activités quotidiennes avec philosophie (et ce sera déjà mieux que bien des philosophes de référence dans leur propre vie).

Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. On ne peut que l’imiter jusqu’à faire illusion. Nous n’avons pas, comme les croyants, de textes où nous puissions trouver la vérité absolue. C’est pourquoi nous aimons les textes anciens comme nous aimons les anciennes œuvres d’art. Nous nous plongeons dans la vérité des uns comme dans celle des autres, nous tendons la main vers eux. Mais il reste une distance, quelque chose d’inaccessible, et quelque chose d’inépuisable qui nous accompagne pourtant le long de notre vie; et il y a enfin quelque chose qui nous permet de faire le saut et de philosopher nous-mêmes face au présent.

« Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. »

En effet, la philosophie trouve son sens dans la présence. Nous n’avons qu’une seule réalité, ici et maintenant. Tout ce que nous esquivons par lâcheté ne se présentera plus; mais si nous nous prodiguons à la légère, nous perdrons l’être aussi. Chaque jour est précieux : un instant peut décider de tout.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XII. Histoire de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 155.

Je crois qu’on ne peut pas faire comme Socrate aujourd’hui compte tenu du temps présent, de notre époque, bien différente de celle dans laquelle évoluait Socrate. Il nous faut prendre en considération les différents contextes historiques et bien comprendre notre époque, notre culture et nos traditions pour offrir des consultations philosophiques ici et maintenant. Personne ne vous condamnera à mort et vous forcera a boire la ciguë. Vous devez être des êtres responsables du temps présent.

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J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre « INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE » de KARL JASPERS, et paru en 2001 chez Plon, coll. 10/18.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

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Article # 90

J’AI LU POUR VOUS

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Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch

Éditions Flammarion

Date de parution : 28 septembre 2022

136 x 210 mm, Broché

EAN : 9782080265715

ISBN : 9782080265715

Nombre de pages : 224

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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Êtes-vous sûr d’avoir raison ? de Gilles Vervisch et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Tout le monde pense avoir raison. Et s’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on peut faire confiance à la mauvaise foi de chacun pour défendre ses opinions lors des débats en famille ou sur les réseaux sociaux : vaccin, pass sanitaire, #MeToo, complotisme, climat, wokisme, politique, religion, etc.

J’y mettrais ma main au feu, ma tête à couper. Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? D’où nous viennent nos opinions et nos certitudes ? Pourquoi y sommes-nous tant attaché(e)s ? Et dans le fond, faut-il avoir raison ?

 * * *

Gilles Vervisch est agrégé de philosophie. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages qui tentent de rendre la philosophie accessible et ludique : Comment ai-je pu croire au Père Noël ? (Max Milo, 2009), Star Wars, la philo contre attaque (Le Passeur, 2015), Comment échapper à l’ennui du dimanche après-midi (Flammarion, 2020). En 2022, il s’est lancé dans le stand-up philosophique avec les spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ? car, comme ne disait pas du tout Montaigne, philosopher, c’est apprendre à mieux rire.


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

Remerciements


EXTRAIT

« Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion. »

Arthur Schopenhauer

Avertissement

Cet essai est l’adaptation du spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, un stand-up philosophique (ou one-man-show philo) écrit par Gilles Vervisch et joué pour la première fois le 16 mars 2022 au Théâtre de Dix Heures, à Paris.

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INTRODUCTION

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison ! Vous, moi… Même si moi, c’est vrai : j’ai raison ! Alors que vous… c’est moins sûr.

Mes goûts et mes couleurs sont les meilleurs ; mes valeurs morales, mes croyances, mes convictions politiques sont les bonnes.

Tout le monde pense avoir raison, c’est naturel. C’est scientifique, même : ce sont les lois de la physique : ce que je ne supporte pas en voiture, par exemple, ce sont les chauffards qui roulent trop vite et qui me collent en faisant des appels de phares pour me faire signe de me rabattre ; comme si leur temps était plus précieux que le mien, genre « moi, je travaille ! ». Eh bien moi aussi, je travaille : je pars au lycée. On devrait leur retirer le permis de conduire ! Ils méritent la peine de mort, même. Mais que fait la police ?

Mais ce que je supporte encore moins, c’est le type qui se traîne – sur la file de gauche, en plus. Alors moi, forcément, je le colle un peu, et je lui fais des appels de phares pour qu’il se rabatte. Il n’a qu’à pas prendre l’autoroute s’il est trop lent ! Vous le voyez : quelle est la bonne vitesse ? Vous me direz : c’est la vitesse maximale autorisée. Mais non, ce serait trop simple ! Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) derrière une voiture qui respecte scrupuleusement les limitations de vitesse, sur une route nationale ? Qui roule à 90 kilomètres à l’heure ou pire, à 80 kilomètres à l’heure ? C’est vraiment très lent ! Et comme ça ne suffit pas, elle décélère encore à 70 kilomètres à l’heure parce qu’il y a un panneau, avant de rouler à 50 kilomètres à l’heure en traversant un village ! Rien n’est plus énervant. Donc, la bonne vitesse, ni trop rapide ni trop lente, c’est plutôt la mienne ! En voiture comme ailleurs, j’ai toujours raison, et les autres ont tort : celui qui ne met pas son clignotant avant de tourner devant moi mérite quasiment la peine de mort, alors que moi, s’il m’arrive, bien malgré moi, une fois dans ma vie, de ne pas mettre mon clignotant, ce n’est pas si grave ! Et si je passe au feu rouge, j’ai mes raisons : « Il était orange très mûr. » Et si je grille un stop, j’ai bien regardé avant. Je me conduis exactement comme tous les chauffards, mais moi, j’ai raison. Parce que c’est moi.

Tout le monde pense avoir raison, c’est une question de référentiel : si je suis assis dans le TGV, mon voisin ne bouge pas ; nous sommes assis tous les deux, immobiles. En revanche, pour celui ou celle qui regarde passer le train, nous sommes en mouvement, très rapide, même, à plus de 300 kilomètres à l’heure. Qui a raison, qui a tort ? Impossible à dire. Pourquoi ce serait mieux d’être sur le quai que dans le train ? Comme il est tout aussi impossible de faire changer son point de vue à chacun : pour celui qui attend sur le quai, le TGV passe réellement à 300 kilomètres à l’heure devant lui, tandis que le passager assis dans le train est réellement assis, et ne bouge pas d’un pouce. Il dort, même.

Bien sûr que vous êtes sûr d’avoir raison. Tout le monde est sûr. Pensons à tous ces débats enflammés qui ont lieu – aujourd’hui, plus qu’hier, même – y compris et surtout sur les réseaux sociaux : en politique, à l’occasion des élections, entre les « macronistes » et les « mélenchonistes », les « lepénistes » et les « européistes » ; avec la crise du Covid, entre les anti-vax et les pro-vaccin, les pro et les anti-pass sanitaire ; les uns traitant les autres d’irresponsables ou d’égoïstes ; et ceux-ci traitant les premiers de liberticides ou de moutons. Sans parler des questions « sociétales » : féminisme, écologie, écoféminisme, #MeToo, wokisme, islamo-gauchisme, etc. D’Abad à Zemmour, tout est bon pour avoir raison.

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

Tout le monde pense avoir raison. Et en même temps, tout le monde peut se tromper. Vous savez quand on dit : « Je te parie un million d’euros que j’ai raison ! » D’ailleurs, plus on est prêt à parier… moins on en est sûr. Parce que personne ne vous réclamera un million d’euros. C’est trop. Alors qu’en pariant un restaurant, on risque bien de devoir le payer. Des fois, on est prêt à parier encore plus, à littéralement donner son corps à la science : « J’en mettrais ma main au feu » ou « ma tête à couper », et « mon œil »…

Manifestement, les convictions favorisent le don d’organes. Allez savoir pourquoi !

Il n’empêche que si j’avais vraiment perdu ma main, mon œil ou même ma tête à chaque fois que je m’étais trompé, il ne me resterait pas grand-chose. Il ne resterait plus au médecin légiste qu’à constater la somme de toutes mes erreurs au cours d’une autopsie : « Un corps sans mains, ni tête : voilà quelqu’un qui a passé sa vie à se tromper. »

Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? C’est ça la question. Pour y répondre, à l’occasion de ses Méditations métaphysiques, Descartes imagine qu’un « mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à le tromper1 ». Autrement dit : imaginez qu’un genre de Dieu qui n’a rien d’autre à faire de ses journées, passe son temps à me manipuler l’esprit, ou à me retourner le cerveau pour me faire entrer des choses fausses dans la tête : « 2 + 2 = 4 », « le ciel est bleu », « Marine Le Pen ne sera jamais élue présidente de la République », etc. Et si tout ce que je crois « dur comme fer » était faux ? Voilà bien un truc de philosophe, bien débile. D’ailleurs, on a appelé ça le doute « hyperbolique », parce qu’il exagère ! En même temps, il y a des choses que j’ai crues avec tellement de certitude que je n’imaginais même pas qu’il puisse en être autrement. Et pourtant, je me trompais. C’est ça le « malin génie » : la métaphore des fausses évidences, trompeuses, dont nous avons tous été victimes, un jour.

L’art d’avoir toujours raison

Dans un drôle d’article publié en décembre 2021, le journal Le Monde proposait : « Quatorze sujets de dispute pour animer votre réveillon2 ». On y retrouvait effectivement les classiques de notre époque : vaccin, pass sanitaire, écriture inclusive, #MeToo, réunions non mixtes, nucléaire, etc. Typiquement, les sujets « sensibles », pour ne pas dire tabous qu’il vaut mieux éviter d’aborder. Ou pas : le même article promet « de quoi mettre tout le monde en désaccord autour d’un bon repas ».

C’est vrai : pourquoi on discute ? À quoi servent les débats (d’opinion(s)), que ce soit en famille ou sur les réseaux sociaux ? Au mieux, le but est tout bonnement d’affirmer mon point de vue pour me faire entendre (et montrer que j’existe). Au pire, c’est de convaincre les autres – ou de les « persuader » – que j’ai raison pour les faire changer d’avis. Mais si chacun cherche à convertir les autres en partant du principe qu’il a raison, ça s’annule, et à la fin, tout le monde repart avec le petit avis qu’il avait apporté. Comme on le voit sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, un débat ne fait jamais changer d’avis, il fait changer d’amis : « Il n’est pas d’accord avec moi ? Je l’éjecte ! » Un de moins qui ne pense pas comme moi. Et à la fin, on se retrouve avec une liste d’amis bien propre, où tout le monde pense exactement la même chose, et s’envoie des fleurs et des articles qui confortent ses amis dans l’idée que décidément, on a bien raison de tous penser la même chose ; une certaine manière de se mettre d’accord, en éliminant tous ceux qui ne le sont pas. Enfin, ça, c’est sur Facebook. Sur Twitter, la tendance est plutôt aux haters, où le but, c’est bien de se disputer !

C’est ce qu’on ne comprend pas quand on cherche à mettre les gens d’accord. Ça les amuse ! Le but de la discussion n’est pas de s’entendre et de cheminer ensemble vers la contemplation de la vérité. On ferait quoi à la fin ? On s’ennuierait ! Non, le but, c’est de disputer. Comme l’écrit le philosophe Thomas Hobbes : « L’homme est un loup pour l’homme3. » Il aime la guerre. Il y en a même qui en font leur métier : « polémiste » ; du grec polemos, la « guerre ». (Suivez mon regard, je ne vise personne : son nom il le signe à la pointe du stylo, d’un Z qui ne veut pas dire « Zorro ».)

— Tu fais quoi dans la vie, toi ?

— Moi, je suis polémiste : je fous la merde. Sur n’importe quel sujet.

À cette fin, Le Monde offrait « les arguments des tenants du “pour” et du “contre”, avec une pincée de simplisme et une bonne rasade de mauvaise foi ». Un écho, sans doute, au fameux petit manuel d’Arthur Schopenhauer, L’Art d’avoir toujours raison. « Toujours », y compris et surtout quand on a tort : une liste de trente-huit « stratagèmes » (vocabulaire guerrier) pour l’emporter dans les joutes oratoires. « Avoir raison », non pas parce qu’on détient la vérité, mais parce qu’on met l’autre au tapis, par n’importe quel moyen, jusqu’à l’ultime stratagème : « Si on constate que l’adversaire nous est supérieur, et qu’on ne pourra pas avoir raison, on s’en prendra à sa personne par des attaques grossières et blessantes4. » C’est bien connu, quand on n’a plus d’argument, on s’insulte. Et Schopenhauer lui-même de citer à son tour Hobbes dans Le Citoyen : « Toute volupté de l’esprit, toute bonne humeur provient de ce qu’on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même. »

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. Une expression savante pour dire qu’on peut toujours se tromper. Dans « biais cognitif », il y a « biais », comme dans « biaisé » ; ce qui signifie qu’on pense de travers, non pas parce qu’on commet des erreurs ou qu’on se précipite, mais parce que c’est le fonctionnement normal de la pensée. Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

Soyons honnêtes : ça fait tellement de bien de penser et surtout, de dire du mal des gens ! « Ce sont là les véritables délices de la société » pour Hobbes. Et moi, je pense qu’on a plus de plaisir à dire du mal des gens qu’on n’aime pas, qu’à dire du bien des gens qu’on aime ; la « bienveillance », c’est chiant ! Pourquoi ? Parce que les gens « bien » qu’on admire, on se sent forcément inférieur à eux ; alors, on en parle cinq minutes, c’est bien ; on fait sa BA – bonne action – et, enfin ! On peut passer aux choses sérieuses :

— T’as vu ?! L’abbé Pierre ! C’est vraiment une belle personne ! C’est formidable, c’est admirable !

— Oh oui ! Mais tu veux pas qu’on parle de Zemmour, plutôt ?!

— Pourquoi ?

— Parce que je l’aime pas.

— T’as raison ! Rho, oui ! T’as vu ce qu’il a déclaré l’autre jour ?

Et là on s’amuse ! Et quand on a fini de tailler son costard à une personne, on passe à une autre : « Bon, on va dire du mal de qui, maintenant ? » D’où le conseil avisé de Hobbes « qui se retirait toujours le dernier d’une compagnie » : parce que si vous ne partez pas le dernier, et laissez un groupe sans vous, il y a fort à parier qu’on dira du mal de vous dès que vous aurez le dos tourné.

Notre intelligence a-t-elle ses instincts ?

Bien sûr, je peux toujours trouver des arguments pour défendre mon opinion : qu’il s’agisse de mes opinions politiques, de « gauche », de « droite » ; de mes valeurs morales – ou « sociétales » : pour ou contre le droit à l’avortement, la peine de mort, l’euthanasie, le féminisme, le wokisme, le vaccin, le pass sanitaire, etc. ; mes croyances religieuses, même – et surtout. Mais non ! Ce n’est pas après avoir pesé le pour et le contre, écouté les différentes parties et examiné les preuves que je me fais ma propre opinion ! On ne pense pas après avoir fait son enquête comme un juge d’instruction, ou alors, un juge qui enquêterait uniquement à charge : en fait, on a déjà son opinion, et ensuite, on cherche tous les arguments qui la confortent, en rejetant tous ceux qui la remettent en question. Henri Bergson le dit un peu autrement, dans un passage que je donne souvent aux élèves en début d’année, extrait de son Essai sur les données immédiates de la conscience : « Qu’il nous suffise de dire que l’ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions prouve assez que notre intelligence a ses instincts : et comment nous représenter ces instincts, sinon par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ? Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons mêmes par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter5. »

Si on me demande pourquoi je suis contre la peine de mort, par exemple, je peux bien trouver des arguments pour défendre ma conviction face aux autres. Mais, là encore, soyons honnêtes : ce ne sont pas ces arguments qui m’ont moi-même convaincu – à quelques exceptions près. D’ailleurs, en général, ces fameux arguments, je les invente ou du moins, je les improvise sur le moment, et je m’y accroche, un peu comme on peut se rattraper aux branches. Mais, dans le fond, je n’y avais jamais vraiment réfléchi, avant qu’on me demande mon avis ; ce qui ne m’empêche pas d’en avoir un, et même, d’en être certain. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été contre – ou pour. Alors d’où viennent, d’une part, mon opinion et d’autre part, ma conviction, puisque Bergson lui-même parle des « opinions auxquelles nous tenons le plus ». Mais on n’est pas d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on y a réfléchi. Ce serait même plutôt le contraire ! Ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger, du nom de deux psychologues qui ont montré qu’on était d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on n’y connaissait rien. C’est naturel ; le propre de l’ignorance, c’est de s’ignorer elle-même. C’est un peu l’allégorie de la caverne de Platon, que vous connaissez peut-être : des hommes sont prisonniers dans une caverne dont ils ne sont jamais sortis. Du coup, ils ignorent qu’ils sont dans une caverne, et qu’il existe une « vraie » réalité à l’extérieur. De la même manière, celui qui n’est jamais entré dans une bibliothèque ignore qu’il y a une infinité de livres qu’il n’a jamais lus ; comme celui qui n’a pas Netflix ignore qu’il y a une infinité de séries qu’il n’a jamais vues, et s’il s’agit de Stranger Things, c’est bien dommage ! Quoique, il en a sûrement entendu parler, vu que la bande-son a remis au goût du jour la chanson Running up that Hill de Kate Bush qui date de 1986, et qui s’est retrouvée en tête des charts en juin 2022, mais je m’éloigne… L’effet Dunning-Kruger, autrement dit, consiste à remarquer que plus on est ignorant, plus on est sûr d’avoir raison, et inversement : quand on s’y connaît, ne serait-ce qu’un peu, dans un domaine, on mesure le puits sans fond de connaissances qu’il reste à acquérir. Un biais « cognitif » que le philosophe (et scientifique) Étienne Klein rapproche de l’ultracrépidarianisme ou l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas, dans son excellent petit livre, Le Goût du vrai6. Ça, on en a entendu beaucoup pendant le Covid, « experts » et « citoyens », dire : « Je ne suis pas médecin, mais… j’aimerais bien quand même donner mon avis. » Un biais déjà pointé par Schopenhauer, d’ailleurs, qui remarque : « Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion7. »

D’où nous viennent alors nos opinions ? Là encore, soyons honnêtes : Platon, Descartes et même Bergson le disent, de notre éducation ; « pour ce que nous avons été enfants avant que d’être hommes8 », dit Descartes. On a tendance à adopter les convictions politiques de ses parents, ou sinon, de son milieu social. Et si vous étiez né(e) dans une famille qui pratiquait une – autre – religion, vous l’auriez sans doute adoptée. Et sinon, nos « opinions » nous viennent de notre « expérience » comme on dit, tout aussi peu fiable ; ce qu’on a vu ou vécu ou entendu, là encore, sans trop se poser de questions. Comme le dit Bergson : « Notre intelligence a ses instincts. » Remarquez qu’il est moins sévère qu’Étienne Klein ou même Descartes : nos opinions ne sont pas de simples idées reçues, des « on-dit » que j’ai crus bêtement. Sans réfléchir, oui, mais pas « sans raison ». Après tout, il y a des gens qui se construisent plutôt en « réaction » à leurs parents ou à leur milieu. Alors, pourquoi adhérer à une opinion plutôt qu’à une autre ?

Un de mes copains m’a donné un jour la réponse. Un copain de gauche – oui, j’ai des amis parmi ces gens-là. J’ai même des copains de droite, donc je ne suis pas sectaire. Ce copain de gauche – ancien militant de feu le PS – m’a dit : « Hier soir, je me suis retrouvé dans une soirée avec des gens de droite. On a un peu débattu, discuté. Et j’ai compris ! En fait, ce n’est pas une question d’idées, c’est eux : on n’avait rien en commun. » Et c’est à peu près ce que dit Bergson : si nous adhérons à une opinion plutôt qu’à une autre, c’est « par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ». Il dit autrement « que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées ». Image ou métaphore des couleurs que l’on retrouve bien dans les courants ou sensibilités politiques, souvent désignés en termes de « rouges », de « verts », de « bleus » ou de « noirs ». Un peu plus loin dans le livre, Bergson ajoute : « Que nous y avons vu, dès l’abord, quelque chose de nous9. » Si je suis sûr d’avoir raison, sans même avoir réfléchi, sans avoir discuté, c’est parce que l’idée correspond à ma personnalité ; parce que c’est moi ; et si je suis capable de répondre, de but en blanc, à une question sur la peine de mort, l’avortement ou le vaccin, c’est parce que l’ensemble de mes idées forme un système cohérent. Et c’est de ma personnalité qu’il est question, comme il en va de la question même : « Qui suis-je ? » On comprend que j’aie du mal à penser autrement, sinon à changer moi-même. C’est pour ça qu’il est si difficile de changer d’avis ; parce que c’est mon identité même qui est en jeu, là-dedans.

Pourtant, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : d’abord, parce que si je n’avais jamais changé d’avis, j’aurais toujours les mêmes idées qu’à trois ans – et je croirais encore au père Noël. Ensuite, si j’ai effectivement tort, il serait temps que je m’en rende compte, et que je sorte de la caverne.

Je préfère être en vie qu’avoir raison

Moi, je ne suis pas du tout philosophe ! Vraiment : je m’énerve tout le temps, surtout en voiture ; je suis la plupart de mes désirs sans aucun discernement ; j’ai des opinions un peu à la con. En plus, je ne comprends rien à la plupart des livres de philosophie que je lis, traînant un genre de syndrome de l’imposteur depuis toujours. J’ai en permanence l’impression que les autres sont plus forts en philosophie que moi.

Je ne suis pas du tout philosophe, sauf sur un truc ! Je ne m’attache pas du tout à mes idées. Je veux dire, je n’y tiens pas. Je veux dire : je ne tiens pas à avoir raison. De toute façon, à quoi ça sert ?

J’ai vu une dame, un jour, qui a manqué de se faire écraser sur un passage « protégé ». Elle a crié à la voiture : « Hey ! Le piéton est prioritaire ! » Ouais, et donc ? Donc, le passage « protégé » protège seulement mon droit : si je me fais écraser, j’avais le droit de passer. Donc, si je meurs, j’avais raison ! Si je suis mort, ça me fera une belle jambe – c’est le cas de le dire. Moi, je préfère être en vie qu’avoir raison.

Je ne tiens pas spécialement à avoir raison, et si quelqu’un me montre que j’ai tort, je lui dirai merci. Parce qu’effectivement, j’ai plus le souci de dire ou de penser la vérité que d’avoir raison. C’est ça, d’ailleurs, un vrai dialogue. C’est ainsi que Schopenhauer conclut son Art d’avoir toujours raison, avec une sorte de morale : les gens refusent bien souvent de discuter, ou sinon, ils font preuve de mauvaise foi ; en tout cas, il est bien difficile de remettre leurs certitudes en question ; de les faire « sortir de la caverne », comme je dis. Moralité : « Ne pas débattre avec le premier venu, mais uniquement avec des gens que l’on connaît, et dont on sait : qu’ils ont assez d’entendement pour ne pas débiter d’âneries et se voir infliger une défaite cuisante10. » Derrière les moqueries, on devine un genre d’éthique de la discussion, invitant chacun à faire preuve d’ouverture d’esprit, pour que le dialogue ne serve pas à rien.

Tout le monde peut se tromper. Et j’imagine que je ne suis pas le seul. C’est déjà bien de l’admettre ; alors, je vous propose un voyage introductif, pour ne pas dire initiatique, au cœur de la philosophie, en traitant, bien sûr, de sujets bien « polémiques », bien « sensibles », bien « abrasifs ». L’utilité première, si tant est qu’il y en ait une, c’est de remettre ses certitudes en question. Et si ça ne marche pas, on aura bien rigolé !

Et comme c’est d’abord dans le cadre d’une discussion ou d’un débat que l’on peut, ou non, « avoir raison », je me suis proposé d’illustrer toutes ces idées par des « dialogues ».

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REVUE DE PRESSE


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Entrevue sur Radio France


AU SUJET DE L’AUTEUR

Gilles Vervisch

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Source de la photographie : AdGENCY EXPERTS

Présentation de Gilles Vervisch par l’éditeur

Né en 1974, à Rouen, Gilles Vervisch est agrégé de philosophie et enseigne dans un lycée de la région parisienne. Il essaie de rendre la philosophie à la fois ludique et accessible, dans des ouvrages comme Star Wars, la philo contre-attaque (Le Passeur, 2015), Peut-on réussir sans effort ni aucun talent ? (Le Passeur, 2018) ou encore Êtes-vous sûr d’avoir raison ? (Flammarion, 2022).

Source : Éditions Flammarion.


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Mon rapport de lecture

Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch, 2022

Éditions Flammarion

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Le lecteur de mes textes se souviendra de mon livre J’AIME PENSER et du sous-titre que je l’ai donné : « Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison. »

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Le sujet me passionne depuis mon adolescence. Né d’un père impliqué en politique et ayant lui-même un frère député à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada, j’ai vite constaté que chacun se donnait raison et qu’ils étaient les seuls à avoir raison. Autrement dit, impossible de placer un mot, d’avancer une autre opinion et encore moins de critiquer. J’ai même eu l’impression qu’être adulte procurait le pouvoir de se donner raison envers contre tous.

Puis, un jour, à la radio, l’animateur de mon émission préférée, déclara :

La lumière entre par les failles.

LANGUIRAND, Jacques, Par 4 chemins, Radio-Canada.

Je devais avoir 15 ans lorsque cette affirmation est venue à mes oreilles. L’animateur parlait des gens qui se donnent constamment raison. Il soutenaient que ces gens vivaient alors dans un système sans faille ne laissant entrer aucune lumière. Et si jamais une faille apparaissait, ils se dépêchaient à la colmater, même aveuglés par la lumière. Car lorsqu’on vit dans un système sans faille, on vit dans le noir et nos yeux perdent l’habitude de la lumière. Je vivais donc dans un monde où les gens, se donnant constamment raison, vivaient, sans le savoir, dans un système sans faille.

J’observais aussi que les gens ne se limitaient pas à se donner raison mais qu’il leur fallait aussi avancer leurs opinions avec une telle force de conviction qu’il fallait obligatoirement les croire, du moins ne pas les remettre en question.

À partir de cette prise de conscience, je me suis lancé en avant avec l’ouverture d’esprit nécessaire à l’évolution de mes idées : « Si vous avez une meilleure idée que la mienne, donnez-la moi vitre que je ne perde pas mon temps ». À l’adolescence, je n’avais pas pris l’habitude des opinions car j’avais tort avant d’ouvrir la bouche ; aussi bien me taire. En revanche, j’avais des idées à profusion sur lesquelles je développais et réalisais des projets. Pour le reste de l’histoire, il faut consulter mon curriculum vitae. En bref, j’ai passé une bonne partie de ma vie à vendre et à réaliser mes idées, puis à tester celles autres et enfin à diffuser les idées des auteurs de ma maison d’édition.


Ceci dit, vous comprenez toute l’attention que j’accorde à un livre dont le titre demande « ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? »

Gilles Vervisch donne le ton à son livre par cette épigraphe :

Rares sont les hommes capable de penser, mais tous son désireux d’avoir une opinion.

Arthur Schopenhauer

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 14.

Tout le monde pense avoir raison et tout le monde pense qu’il faut avoir raison. Je dirais même plus, comme les détectives Dupond et Dupont dans Tintin, pour avoir raison, il faut être certain. Mais, sans rire, je crois qu’avoir raison est désormais une question de confiance en soi. Plus on se donne raison, plus on a confiance en soi.

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 18.

L’orgueil ou la vanité ? Je n’y avais pas pensé. Est-ce que les gens qui se donnent raison font preuve d’orgueil : « Opinion très avantageuse qu’une personne a de sa propre valeur aux dépens de la considération due à autrui » (Dictionnaires Le Robert) ? Si oui, nous sommes dans le trouble jusqu’aux yeux. On n’y verra bientôt plus rien.

(…) Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 19.

C’est vrai : se donner raison implique que l’autre a tort. Mais je ne suis pas certain car en ce bas monde tout le monde peut avoir raison et se foutre complètement des autres.

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

« Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La question se pose d’abord dans le couple ! À commencer par les (nombreuses) disputes que l’on peut avoir avec son conjoint : « Et ta mère ! Oui, mais toi ! C’est çui qui dit qui y est ! » Tant et si bien qu’au bout d’un moment, se pose LA question : est-ce que je l’aime ? Est-ce que c’est la bonne — personne ? Jusqu’à se poser la question de son modèle de relation amoureuse : seule ou en couple ? ou à trois ? ou à plus ? En binôme non binaire ? ou trio LGBTTQIA+(1) ? Il en en va de son choix de vie, ce qui n’est pas rien ! Donc, on a raison de se demander si on est sûr d’avoir raison.

(1) Pour ceux et celles qui, comme moi, s’interrogent sur le sens si sigle LGBTTQIA+, il signifie : Lesbian, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel… et Plus si affinité ou plutôt « et toutes les catégories de personnes qui voudront revendiquer leur identité sexuelle qu’on ne connaît pas encore, car on ne sait de quoi demain sera fait, donc, il ne faut pas insulter l’avenir, vu qu’on en découvre tous les jours ». C’est ça qu’il veut dire le +.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 1, Flammarion, Paris, 2022, p. 32.

Ah ! Les disputes dans dans le couple : « Tu veux toujours avoir raison ! » « Non, c’est toi qui veut toujours avoir raison ! » « Bon, t’as raison ! On n’en parle plus. » Et je réplique finalement que « le but dans la vie n’est pas d’avoir raison » mais ça ne règle rien. Dire ce que l’on pense est une chose, avoir raison en est une autre.

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

(…) Bref, quand on dénonce le wokisme, on revendique le droit à discriminer en toute tranquillité : « On ne peut plus siffler une femme dans la rue sans se faire traiter de violeur ! On ne peut même plus dire que les Arabes sont tous des voleurs sans se faire traiter de raciste ! On ne peut plus dire que les homos, c’est tous des pédés ! Pis c’est quoi ces écritures inclusives ! Ces gens qu’on pas de genre ! On ne peut plus rien dire ! »

En même temps, c’est vrai qu’on ne peut plus rien dire…

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 2, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

Si on ne peut plus rien dire, rien n’empêche qu’on peut tout penser : « Penses ce tu voudras mais garde-le pour toi ». Vivre dans sa tête et son cœur sans ne rien dire. Et quand à dire des niaiseries, ne dis rien ! Les gens sont devenus hypersensibles à défaut d’intelligents, de raisonnables. On parle même de l’intelligence émotionnelle ! Mais l’autre intelligence, on s’en souci ?


EN MARGE

demain-tous-cretins

DEMAIN, TOUS CRÉTINS ?

Un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry De Lestrade

Baisse du QI, multiplication du nombre d’enfants atteints d’hyperactivité ou souffrant de troubles de l’apprentissage : les tests les plus sérieux révèlent ce qui paraissait inimaginable il y a 20 ans : le déclin des capacités intellectuelles humaines. Serions nous entrés dans une sorte « d’évolution à l’envers » ? La question est posée par d’éminents chercheurs. Au banc des accusés, les perturbateurs endocriniens qui ont envahi notre quotidien et menacent les cerveaux des bébés. Révélations sur un phénomène inquiétant. (Et conseils pour protéger les générations futures !).

À lire

Demain, tous crétins ? : 3 choses à savoir sur la baisse de QI

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QI : le quotient intellectuel de la population baisse-t-il de génération en génération ?

Demain, tous crétins ?: le spectre de l’idiocratie


Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

(…) C’est ça, le truc, quand on demande : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La vérité, c’est vaut mieux ne jamais être sûr d’avoir raison. On a l’habitude de dire « Le diable se cache dans les détails », mais c’est plutôt que le diable se cache dans les certitudes. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

La connaissance scientifique se bâtit sur les ruines du déjà-su. C’est donc dire que la connaissance scientifique, pour être scientifique, ne doit jamais être prise définitivement pour vrai. Une connaissance scientifique, c’est une connaissance ouverte à la remise en question jusqu’à sa destruction par une autre connaissance dont la vérité prévaut sur l’ancienne jusqu’à ce qu’une autre connaissance vienne à tour la remette en cause et ainsi de suite se bâtit la connaissance scientifique. Sans cette approche qui autorise le doute de toute certitude, la science n’aurait accumulée aucune connaissance. Pourquoi n’en irait-il pas ainsi dans notre propre vie ? Le doute, c’est la faille par laquelle la lumière entre et nous éclaire. Je peux avoir confiance en moi, une confiance pleine et entière, QUE SI JE DOUTE ! Sans le doute, pas d’intelligence ! Le doute est la valeur ultime et fondamentale de mon intelligence. Le bénéfice du doute, c’est la certitude dont je doute !


C’est ce qui me fait dire que les deux critères essentiels de l’intelligence, c’est le doute et le sens de l’humour. Enfin, il a y toujours des débats, mais disons que ça rend un peu moins con, et que si vous avez au moins un des deux, ça vous sauve un peu ; ça permet déjà de discuter. La doute, ça consiste à pouvoir se remettre en question ; ne jamais être sûr d’avoir raison. L’humour, rire de soi, surtout, ne pas se prendre trop au sérieux, c’est un peu pareil ; le doute et l’humour, c’est la capacité à pouvoir prendre un peu de recul, de distance par rapport à ce qu’on pense. Ça tombe bien, c’est à la mode : « On n’a pas assez de recul ! » Et à quoi ressemble quelqu’un qui n’a ni doute ni sens de l’humour ? Quelqu’un qui est sûr d’avoir raison et en plus, que ne veut surtout qu’on rigole ? À un fanatique religieux. À un intégriste.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 126.

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

(…) On distingue ainsi opinion, croyance et certitude : l’opinion, c’est ce que je pense sans en être moi-même tout à fait sût ; « je crois que… », mais « y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, etc. ». La certitude, de type scientifique, c’est quand on est sûr parce qu’on a des preuves. Entre les deux, il y a la croyance, c’est quand on est sûr : « croire à… », en particulier, en matière de religion, mais on ne peut pas le prouver. Le drame, c’est que la plupart de nos conviction se réduisent à des croyances qui cumulent les vices : on est sûr, et en même temps, on n’a aucune preuve, ce qui, de l’aveu de Russell, est quand même le plus courts chemin vers l’intolérance. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 152.

(…) D’ailleurs, à en croire Russell : « Les opinions auxquelles se mêle la passion sont celles qui ne peuvent jamais être soutenues par des bonnes raison ; le degré de passion mesure le manque de conviction rationnelle » (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 153.

(…) Plus nous sommes concernés par un sujet, plus nous sommes sûrs d’avoir raison, forcément ; et en même temps, moins notre certitude est justifiée. Un genre de biais cognitif dont il faudrait trouver le nom : plus nous sommes sûrs d’avoir raison, et plus nous risquons d’avoir tort, finalement. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, pp. 153-154.

J’ai une affirmation simple que je ne me lasse pas de répéter : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que nous pensons uniquement parce que nous le pensons ».

On retrouve une explication philosophique à notre subjectivité au cœur d’un livre sur le marketing:


Traduction libre

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Texte original

« We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it.

We say we judge objectively, but actually we react subjectively. We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


C’est clair : « En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas ». Ce qui attire et retient notre attention est un indice de notre subjectivité.


Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

(…) En bref, le propre de la démarche scientifique, c’est de ne jamais être sûr d’avoir raison, tout en faisant l’effort de montrer et démontrer ce qu’on affirme. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, p. 207.

Je le soulignais ci-dessus : il nous faut intégrer la démarche scientifique dans notre vie de tous les jours. Les opinions se fondent plus souvent qu’autrement au contact de l’information de surface. Nous ne prenons pas le temps de faire nos propres recherches. D’ailleurs, comme le souligne Gilles Vervisch nous n’avons pas le temps pour faire de telles recherches. Paradoxalement, sans recherche aucune, une majorité de gens sont opiniâtres (Tenace dans ses idées, ses résolutions. — Qui ne cède pas, que rien n’arrête. Opposition opiniâtre. Dictionnaires Le Robert).

L’opinion, dans la vie, n’est pas nécessaire. On ne meurt pas par absence d’opinion. Parce contre, on peut mourir par absence de savoir et de connaissance. J’appelle à l’acquisition et à l’expression de la connaissance, c’est-à-dire de l’expérience personnelle ou professionnelle du savoir.

Si le complotisme est une théorie, c’est aussi une idéologie. Une idéologie, c’est quoi ? C’est un peu l’inverse d’une théorie. Les deux sont censés expliquer la réalité. Saut que la théorie part de ce qu’on observe pour tenter d’en tirer une explication, faite d’un ensemble de lois qui fonctionnent les unes avec les autres ; comme la théorie de l’évolution ou la théorie de la relativité. À noter le caractère prudent ou hypothétique d’une théorie qui se veut vraie jusqu’à preuve du contraire. Je demande à vois. Je crois ce que je vois. L’idéologie, c’est l’inverse : je vois ce que je crois. On part de l’idée qu’on a — préjugé — pour essayer de la faire corresponde avec tout. Tout doit rentrer dedans, comme on voudrait faire entrer un carré dans un rond. Dans Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt définit l’idéologie comme « la logique des idées ». Dans ce sens, « la pensée idéologique s’affranchit de toute expérience » et « s’émancipe de la réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens, et affirme l’existence d’une réalité plus vraie qui se dissimule dernière les choses sensible » (1). Comme chez Platon ; comme dans Matrix. Ici, il faut reconnaître qu’il n’y a rien de rationnel dans l’idéologie (ou le complotisme). Elle se contente de projeter sa grille de lecture, sa théorie, sur tout.

« La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité ; elle s’efforce toujours d’injecter une signification secrète à tout événement public et tangible, et de faire soupçonner une intention secrète derrière tout acte politique public… Le concept d’hostilité est remplacé par celui de conspirations.(2) Il faut comprendre à quel point le complotiste qui se prétend septique — « moi je ne fais que poser des questions ; je demande à voir » — est fermé à la discussion. Non seulement il refuse les preuve qu’on lui montre, mais il refuse tellement la contradiction et les avis divergents qu’il y voir une intention maligne. L’adversaire ou le contradicteur devient un ennemi, qui ne peut pas penser autrement, sinon par des mauvaises intentions. (…)

(1) Arendt, Les Origines du totalitarisme, le système totalitaire, chapitre IV, trad. J.-L. Bourget, R. Davrieu et P. Lévy, Seuil, « Points essais », p. 298-299.

(2) Ibid., p.299.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, pp. 216-217.

Bien dit : « La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité (…) ». Par curiosité et simple divertissement, j’écoute parfois une des émissions de la série télévisée « Nos Ancêtres les extraterrestres » (« Ancient Aliens ») :

Cette série évoquant le passage d’extraterrestres sur la Terre ne laisse personne indifférent! On y analyse des preuves afin d’expliquer des phénomènes mystérieux, qu’ils se soient produits à l’ère des dinosaures ou de nos jours.

D’extraordinaires structures, de mystérieux artefacts, des observations d’étranges créatures; les indices d’une présence extraterrestre sur Terre – passée ou actuelle – continuent de faire surface! En Irlande, les légendes des fées font état d’êtres puissants et brillants descendus du ciel. Ces contes auraient-ils pu être inspirés par d’anciennes visites extraterrestres? Puis, un passage intrigant d’un texte ancien qui décrit des royaumes cachés sous la surface de la Terre dévoile-t-il que nous ne sommes pas seuls sur notre propre planète?

Source : Historia.

Cette série tient de l’hypothèse des « anciens astronautes » mise de l’avant dans les années 1960 par l’auteur à succès Erich von Daniken. » Il s’agit de pseudo-science complotiste ! Et je ne m’y fais pas. La série est rendu à sa vingtième saison ! C’est aberrant !


À LIRE

Mais comment peut-on croire une chose pareille ? LAURENT TESTOT, Sciences Humaines N° 149 – Mai 2004


L’une de mes connaissance est complotiste. Je l’écoute poliment. Je ne commente pas. Je garde silence. Je ne le confronte pas. Puis, j’introduis un sujet terre-à-terre pour détourner son attention du complot dont elle me parle. Je ne sais pas que faire d’autre. Il faut dire que « chat échaudé craint l’eau froide ». Un jour, un de mes proches, à qui je ne cessais de demander des preuves à chaque complot qu’il avançait a coupé subitement la conversation téléphonique. Dans un texto, il a ajouté « C’est moi la preuve ». J’ai compris, après des mois de cogitation, que ce « C’est moi la preuve » était alors une réponse intelligente. Car cette personnes n’avançait pas des faits mais des croyances et que les croyances n’ont pas besoin de preuve, si ce n’est la crédibilité de celui ou celle qui y adhère.



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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » de Gilles Vervisch, et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

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Article # 73Qu’est-ce que la philosophie ?

J’AI LU POUR VOUS

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

(1950-2022)

Le livre de poche – Librairie générale française

Paris, 1997

EAN : 9782253942412

160 pages


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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

M. M.


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Extrait du livre

L’ÉTAT DE LA PHILOSOPHIE

Jamais on n’a eu autant besoin de philosophie qu’aujourd’hui. Dans un monde fragmenté, désorienté, où l’esprit analytique semble l’avoir emporté, la quête d’une synthèse est plus pressante que jamais. Les scientifiques ont pris le relais des philosophes, trop occupés à répéter que la philosophie était morte et qu’il n’y a plus rien à dire, qu’au mieux, on peut tout juste redire et relire le plus fidèlement du monde les penseurs du passé, l’idéal étant là aussi de devenir un « spécialiste ». Déjà Nietzsche condamnait l’esprit philologique que certains philosophes professent en passant leur vie à décortiquer un auteur : au nom de la pensée, la grande, ils s’interdisent ainsi toute pensée propre, pour se réfugier dans le confort d’une orthodoxie dont ils se veulent les dépositaires vigilants. Mais qui parlera alors de l’origine de l’univers, de la mort, de la vie, de l’évolution, de la nature, de la vérité, de la liberté, du sens du Soi et de l’Autre, sinon les hommes de science ou les hommes de religion ? À cela, qu’oppose la philosophie, si ce n’est que tout a été dit, ou impossible à dire au nom d’une rigueur qu’elle n’a jamais eue et dont elle se fait l’écho lointain, depuis que les progrès de la science l’ont amputée de ses illusions ?

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait ainsi le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a faites siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi, il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’état de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 7-8.


Extrait du livre

LES QUESTIONS ULTIMES DE LA PENSÉE

Pour les Anciens, la philosophie était divisée en trois grandes disciplines : la logique, la physique et l’éthique. Les Stoïciens parlaient même de la physique comme d’un champ dont les clôtures étaient la logique et le produit, l’éthique. D’où vient cette division de la philosophie ? A-t-elle encore un sens, à une époque où les disciplines scientifiques se sont multipliées au-delà de la seule physique, où la métaphysique spéculative issue d’Aristote et du christianisme a fécondé la philosophie moderne, où le rapport à l’action et au politique déborde le cadre de la morale ?

Si on regarde attentivement l’histoire de la pensée, on ne peut s’empêcher d’observer que la tripartition est demeurée une constante, malgré tous les développements dont il a été question.

Prenons Kant par exemple. Il écrit trois grandes Critiques, celle de la Raison Pure, celle de la Raison Pratique et celle de la Critique de la Faculté de juger. De quoi traitent précisément ces trois grands livres ? La Critique de la raison pure s’attache à rendre compte de notre rapport au monde ; la Critique de la raison pratique porte sur le rapport à autrui ; quant à la dernière Critique, elle est en quelque sorte la synthèse des deux premières en ce qu’elle s’interroge sur ce qui rend possible le fait de s’interroger sur la nature, de s’en distancier, de la contempler pour elle-même bref, de l’étudier tout en en faisant partie. Cette réflexivité consacre l’identité, qui est le maître mot de la logique, même si le projet kantien est anthropologique et esthétique, au sens où la contemplation de soi par rapport à ce qui n’est pas soi est source d’étonnement, d’admiration.

Certes, on est loin ici de la logique au sens classique du terme, mais si l’on veut bien réfléchir au sens qu’a pris l’identité après et avec Descartes, on pourra se rendre compte que l’identité des choses et des êtres s’enracine désormais dans celle du Soi, immortalisée dans le Je pense, donc je suis, source de toute identité possible, même si elle est avant tout la nôtre.

D’ailleurs, déjà chez Hume, grand inspirateur de Kant, on peut voir à l’œuvre la tripartition de la philosophie proclamée par les Anciens. Le Traité de la nature humaine, par exemple, se subdivise en trois grands livres : l’entendement, les passions et la morale en sont les objets respectifs. Ce qui recouvre précisément la physique, c’est-à-dire le rapport à la nature, au monde, pour le premier livre ; et pour le second, qui traite des passions, on retrouve le problème du Soi, de l’identité, forme nouvelle que prend le fondement du champ logique à l’ère de la subjectivité – qui devient la pensée – qui a connu, on le sait, peu de progrès en logique au sens strict ; reste le troisième livre, consacré à l’éthique.

Soi, le Monde et Autrui : telles sont, en définitive, et semble-t-il depuis toujours, les grandes questions de la philosophie. Celles qui agitent l’homme depuis l’aube des temps, et qui alimentent tous ses soucis et ses préoccupations les plus fondamentales. L’identité n’est d’ailleurs pas simplement une affaire de logique, de raisonnement, de méthode ; elle est aussi l’expression de ce que l’on est, et l’âme, qui nourrit tout raisonnement possible, s’est vue interrogée sur son identité éternelle, au travers du problème de la survie, de la mort, de l’existence. Avant toute psychologie, au sens où on l’entend habituellement, l’âme – ce que l’on appellerait aujourd’hui le Soi – a été conçue comme le principe moteur de la vie, de ce que l’on était, de l’identité et des identités issues de la pensée et du raisonnement, une partie d’elle-même étant la source du logique et du rationnel, à côté d’autres parties, retenues davantage par l’émotion, le biologique et l’animal (anima = âme), où, précisément, l’identité se perd, se dilue, se fluidifie dans une sensibilité erratique, tissée de mouvements contradictoires et changeants. Les goûts, les besoins, les plaisirs, les intérêts même, relèvent ainsi de cette partie de l’âme où elle n’est pas vraiment un Soi, une identité, une raison logique, car elle est déchirée entre plusieurs directions qui l’attirent tour à tour ou simultanément, selon les circonstances.

Soi, le Monde et Autrui sont ainsi les points d’ancrage de la réflexion philosophique depuis toujours, et le lecteur contemporain, s’il est sincère avec lui-même, retrouvera dans ces trois grands problèmes ce qui sous-tend les siens encore à l’heure actuelle. Qui ne s’interroge sur ce qu’il est, surtout dans un monde comme le nôtre ? Les rôles sociaux, jadis fixés une fois pour toutes, se diluent : on est enfant, parent, mari ou femme, amant, employé un jour, cadre ou chômeur peu après (c’est rarement l’ordre inverse), contribuable, citoyen, électeur, voire élu, client, épargnant, pensionné, voyageur, etc. Bref, qui est-on au juste et quel sens cela a-t-il de faire tous ces parcours, alors que la mort annule tous nos rôles d’un revers de la main ?

Mais aussi que faire, si tout est futile, absurde eût dit Camus ou Sartre ? N’y a-t-il pas un minimum d’exigence à l’égard d’autrui, que prescrit la morale et que la politique s’efforce de faire respecter en théorie, dans l’intérêt de tous ?

Et enfin, il y a les choses. Pour notre malheur mais aussi notre bonheur : elles nous sont utiles, mais avant cela, elles nous posent problème ; le monde est opaque, l’univers mystérieux. A-t-il été créé ou existe-t-il depuis toujours ? Pourquoi l’Homme ? Y aurait-il un dessein caché dans l’Univers, que l’on pourrait peut-être même découvrir ? La science, la connaissance, le goût d’apprendre, donc de lire et de voir, ne peuvent qu’orienter et alimenter cette quête pour comprendre ce qui fait question.

Soi, le Monde, Autrui : vivre, c’est toujours d’une certaine façon, dérivée la plupart du temps, avoir résolu, souvent sans l’avoir voulu, ces trois grands problèmes. On n’y échappe pas. On a tous, de fait, une vision du monde et des autres comme de soi-même, qui agit sur nous, qui guide nos actes et nos pensées. On est donc tous philosophes, comme Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir. C’est sans doute pour cela que tout le monde s’intéresse à la philosophie, pour aller au fond de soi, de ses possibilités, de ses angoisses et de ses espérances.

Le philosophe y répond-il ?

Trop souvent, on lui reproche d’être obscur. Il prétend décrire l’entendement commun ou l’homme que nous sommes chacun, mais ce faisant, il va forcément au-delà de ce que chacun dirait, s’éloignant ainsi de son objet, au point que certains n’hésiteront pas à dire qu’il le perd et que cela n’a plus rien à voir avec l’homme de la rue. Certes, le physicien n’agit pas autrement sans qu’on le lui reproche. Il explique la lumière ou la chaleur avec des concepts inintelligibles pour la plupart d’entre nous. Mais chez le philosophe, cela semble inadmissible. La philosophie ne saurait être une science : elle doit divulguer les vérités enfouies au fond de soi, de chacun, pour les rendre accessibles à chacun. Le concept est par là condamné, même s’il est bien souvent inévitable.

L’autre reproche est sans doute le fait que la philosophie ne donne pas de réponses, alors que la science progresse en résolvant sans arrêt de nouveaux problèmes. N’est-ce pas le signe même de sa faiblesse ? Ne faut-il pas alors quitter le terrain de la Raison, préférer la religion, ou qui sait ?, la secte et la magie, l’horoscope et la divination ?

Que répondre à de tels reproches ?

Il est vrai que la philosophie est parfois obscure, qu’elle nécessite un apprentissage, tout simplement parce qu’elle a une histoire, avec des concepts qui se modifient au fil des siècles. On ne peut rentrer dans la philosophie contemporaine et ignorer ce qui précède. La philosophie est difficile ; c’est une ascèse, elle incarne l’inutile parce que l’essentiel est inutile. Mais le propre de l’essentiel est que l’on en a besoin, qu’il est incontournable. Il faut donc accepter de penser de façon élaborée. De plus, il est moins que certain que l’objet de la philosophie soit l’homme ordinaire. En tout cas, ce n’est pas la préoccupation première de la philosophie, et c’est au mieux, un problème dérivé. L’homme n’intéresse en propre la philosophie que de Descartes à Nietzsche, car avant comme après, il est appréhendé à partir d’autre chose que lui-même : Dieu, l’être, l’univers, la matière et, aujourd’hui, les sciences humaines ont détrôné la philosophie à cet égard, même si ce n’est que pour offrir des visions fragmentées et analytiques. C’est l’esprit du temps : d’ailleurs les synthèses sont rares, et les esprits synthétiques ont été remplacés par des « spécialistes ».

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 9-14.


Au sujet de l’auteur

Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/
Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/


wikipedia-1pceMichel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles et mort le 23 mai 2022 à Waterloo, est un philosophe belge, professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’université de Mons.

Michel Meyer est économiste et philosophe de formation, licencié en sciences économiques (1973), maître ès arts de l’Université Johns-Hopkins aux États-Unis (1975), agrégé de philosophie (1973) et docteur en philosophie (1977).

Professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Mons, il a été président du Centre européen pour l’étude de l’argumentation, directeur de la Revue internationale de philosophie et directeur de la collection L’interrogation philosophique aux Presses universitaires de France. Il est membre de l’Académie royale de Belgique et de I’Institut international de philosophie.

Sa réflexion porte sur la rhétorique à laquelle il a contribué par l’introduction d’une approche de l’argumentation qu’il nomme « problématologie ».

Lire la suite : Wikipédiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Meyer_(philosophe)


Hommage au philosophe Michel Meyer (1950-2022)

Comment concevoir la morale aujourd’hui ?

La rhétorique, l’argumentation et les sciences humaines (1) – Philippe Descola (2010-2011)


LinkedIn

Page de Michel Meyer sur le réseau d’affaire LinkedIn


In memoriam. Michel Meyer (1950-2022)

Paul Earlie, Arnaud Pelletier

Dans Revue internationale de philosophie 2022/2 (n° 300), pages 5 à 7

La Revue internationale de philosophie pleure la disparition de son directeur Michel Meyer, décédé subitement le 23 mai 2022 à l’âge de 71 ans. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel foisonnant et varié non seulement à sa famille – son épouse Corinne et ses fils Patrick et Alexandre –, mais aussi à ses amis, ses collègues, ses étudiants, et enfin ses lecteurs.

2 Beaucoup a été dit – et beaucoup sera encore dit – de la contribution très singulière de Michel Meyer à la pensée contemporaine, de sa recherche sans cesse renouvelée du questionnement dans les aspects fondamentaux de la réflexion humaine, tant en histoire de la philosophie que dans les domaines du langage, de la rhétorique, de la politique ou de la société. À une époque de spécialisation croissante et de partis pris méthodologiques, son œuvre est tout à fait unique et inclassable. Son souci d’embrasser toutes les disciplines et de regarder ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise, allait à contre-courant de la culture universitaire contemporaine, vis-à-vis de laquelle il gardait une certaine distance amusée. Cette distance lui conférait toutefois une précieuse vision d’ensemble. Comme il l’a écrit, de son aplomb si caractéristique, dans la préface de ses récents Principia Politica : « la question essentielle qui se pose aujourd’hui en sciences humaines, comme en philosophie d’ailleurs, est celle de la synthèse ».

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IN MEMORIAM MICHEL MEYER
(11 novembre 1950 – 23 mai 2022)

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ULB-Faculté de Philosophie et Sciences sociales – C’est avec une grande tristesse que avons appris le décès de notre collègue Michel MEYER, Professeur émérite de notre Faculté et philosophe belge de renommée internationale, ce 23 mai 2022. Michel Meyer était l’un des héritiers de la pensée de Chaïm Perelman. Il a notamment introduit la notion de « problématologie » dans le champ et la pratique philosophiques. Il a également dirigé pendant de nombreuses années la « Revue internationale de Philosophie ». Nos pensées accompagnent sa famille à qui nous présentons nos condoléances les plus sincères.


ARTICLES

L’origine du questionnement

À propos de la lecture de Platon et Aristote par Michel Meyer

Arnaud Macé

Dans Revue internationale de philosophieRevue internationale de philosophie 2011/3 (n° 257)2011/3 (n° 257), pages 17 à 46
Éditions De Boeck Supérieur

Qu’est-ce que la philosophie? Comme en témoigne Hérodote, «philosopher», c’est, au sens courant que ce verbe avait en grec ancien, être mû par la curiosité de tout savoir, parcourir le monde pour observer la diversité des choses 1 , la forme et les couleurs des fleurs comme la configuration des institutions et des mœurs des hommes. En ce sens la philosophie est un désir de tout connaître, et par conséquent un désir de tous les savoirs et de toutes les pratiques en lesquels se dissémine l’expérience que les hommes font de ce qu’il y a: de la botanique à la science politique, de la médecine à l’astronomie, rien n’échappe à ce désir. Il semble que se soit en outre ajouté à cet idéal celui de chercher l’unité dissimulée derrière l’étonnante diversité des choses, aussi bien que des savoirs et des pratiques qui se préoccupent de celles-ci2. Michel Meyer adhère résolument à cette idée de l’exercice philosophique comme recherche d’une «vision synthétique des différents domaines de la culture comme des diverses activités humaines»: il souligne en outre que la philosophie propose une certaine «lisibilité» de cette diversité, en essayant peut-être de déterminer un type de «problèmes» commun3. Nous avons récemment avancé l’idée que l’œuvre de Platon consiste à proposer une telle lisibilité, en déployant un type d’écriture susceptible à la fois de recueillir la plus grande diversité des formes d’expérience et de savoir de son temps et de faire paraître l’unité transversale d’un même problème à l’œuvre dans chacune de celles-ci4. Plus encore, parce qu’il met en scène les protagonistes de conversations variées et toujours recommencées, sans jamais parler en son nom propre, Platon choisit un mode d’écriture qui qui manifeste la nature même du problème dont il s’agit de lire la présence dans tous les domaines de la réalité. C’est en effet sous la forme d’une multiplicité dont l’unité n’est pas donnée d’avance que les dialogues platoniciens se présentent: or, en faisant l’épreuve de la lecture de ces œuvres, on découvre aussi que la réalité que les hommes découvrent se signale, dans chacune de ses parties ou sous toutes ses formes, comme une multiplicité dont l’unité doit être trouvée. L’écriture platonicienne reproduit le type de problématicité qui est celle des choses mêmes et c’est en ce sens qu’elle est un lieu où s’exercer à devenir philosophe, en parcourant ces anciennes multiplicités que Platon pouvait trouver dans les savoirs et les pratiques de son temps. Beaucoup de lecteurs, depuis deux millénaires et demi, se sont exercés dans les dialogues, avant de sortir au grand air, affronter le multiple de leur temps.

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Argumentation et Analyse du Discours

2 | 2009

Rhétorique et argumentation

Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ?

How should we consider the relationship between rhetoric and argumentation?

Michel Meyer

La rhétorique, dit Aristote, est le pendant de la dialectique et de l’argumentation. Cela pose le problème de leur harmonisation au sein d’une théorie unifiée, où la rhétorique littéraire voisine avec la logique juridique. La problématologie est cette conception unifiée. Les questions expresses relèvent du conflit argumenté, comme en droit, qui les codifie, et les questions indirectes, des réponses qui les avalent par l’élégance et le style pour se faire passer pour résolutoires de ces questions. La rhétorique est la négociation de la distance entre les individus sur une question donnée, une question plus ou moins problématique et conflictuelle. La problématologie est à la base d’une véritable nouvelle rhétorique, avec de nouvelles prémisses fondées sur le questionnement, laissées jusque-là en friche. Des figures de rhétorique à l’inférence du vraisemblable, le questionnement est le socle où viennent s’articuler la raison, le langage et la persuasion.

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Bibliographie – Michel Meyer

Découverte et justification en science – Kantisme, néo-positivisme et problématologie, Klincksieck, Paris, 1979.

Logique, langage et argumentation, Michel Meyer, Hachette, Paris, 1982, 2e édition 1985, (ISBN 978-2010072901).

(en) Meaning and Reading. A philosophical Essay on Language and Litterature, John Benjamins Publishing Company (en), Amsterdam, 1983.

De la problématologie : langage, science et philosophie, Mardaga, Bruxelles, 1986, Le Livre de Poche, 1994.

Science et métaphysique chez Kant, Michel Meyer et Quadrige, PUF, Paris, 1988. 2e édition Poche : Quadrige, Paris, PUF, 1995, (ISBN 978-2130471271).

Langage et littérature, PUF, Paris, 1992, Quadrige, 2001.

Questions de rhétorique, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-essais, 1993.

De l’insolence : essai sur la morale et le politique, Paris, Grasset, 1995.

Science et métaphysique chez Kant, Paris, Presses Universitaires de France – PUF, coll. « Quadrige », 1er juin 1995, 256 p. (ISBN 978-2-13-047127-1).

Pour une critique de l’ontologie, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, (ISBN 978-2800410265). Édition de Poche, Quadrige, PUF, 1999.

Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Hachette, Biblio-Essais, 1997.

Les passions ne sont plus ce qu’elles étaient, Bruxelles, Labor, 1998.

Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, avec Manuel Maria Carrilho et Benoît Timmermans, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 1999.

Petite métaphysique de la différence, Paris, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 2000.

Questionnement et historicité, Paris, PUF, 2000. Réédition : Paris, PUF, Quadrige, mars 2011.

Le tragique et le comique. Penser le théâtre et son histoire, Paris, PUF, 2003.

La rhétorique, « Que Sais-je ? », PUF, 2004.

Éric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Albin Michel, 2004.

Qu’est-ce que l’argumentation ?, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2005.

Comment penser la réalité ?, Paris, PUF, 2006.

Le philosophe et les passions. Esquisse d’une histoire de la nature humaine, Michel Meyer, Presses Universitaires de France – PUF, Paris, 14 septembre 2007, (ISBN 978-2130564423).

Rome et la naissance de l’art européen, Paris, Éditions Arléa, 2007.

Principia Rhetorica, Paris, Fayard, 2008. Réédition : Paris, PUF, « Quadrige », 2010, traduction roumaine, 2011.

De la problématologie, Paris, PUF, 2008.

La problématologie, « Que Sais-je ? », Paris, PUF, 2009.

Esthétique générale. Les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2009.

La rhétorique, Paris, PUF, collection Que sais-je, 2009.

Chaïm Perelman (1912-2012). De la nouvelle rhétorique à la logique juridique, avec Benoît Frydman, Paris, PUF, 2012.

Qu’est-ce que le refoulement?, Paris, L’Herne, 2012.

Principia Moralia, Paris, Fayard, 2013.

Qu’est-ce que l’histoire, progrès ou déclin ?, Paris, PUF, 2013.

Source : Meyer, Michel – Wikipédia.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

Le livre de poche

© Librairie Générale Française

Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond :

La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Dans le Développement personnel (DP), on trouve plutôt des directives (Faites ceci, faite cela…) en réponse aux questions adressés par les clients à leurs coachs. Le développement personnel exploite (malheureusement trop) souvent la philosophie mais, en fait, cette activité ne se questionne pas sur elle-même, si ce n’est sur le comment commercial.

Michel Meyer consacre un chapitre de son livre aux arguments en philosophie dont voici un court extrait :

L’argumentation en philosophie est essentielle, car celle-ci n’a ni les ressources expérimentales de la sciences, ni la contraignance formelle des mathématique ou de la logique. Il ne lui reste qu’à débattre des questions, en se nourrissant des multiples arguments qui ont trait aux thèses qu’elle défend à un moment donné.

Les conclusions de la philosophie n’auront donc jamais rien d’absolu : elles resteront toujours, quelque part, problématiques. C’est-à-dire source de questions, celles que l’on se pose, celles qui nous interpellent et même qui s’adressent à notre sensibilité. C’est là, peut-être, que la philosophie est le plus proche de la sophistique, cette mauvaise rhétorique tant décrié par Platon, et que l’on doit dénoncer en déconstruisant la rhétorique en général pour ne plus se laisser abuser par des artifices de langage. Cela dit, n’oublions jamais que la problématicité de la philosophie est conforme à ce qu’elle est : une réflexion sur les problèmes, ce qui est déjà une réponse.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les arguments de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 41.

Bref, on ne peut pas conclure définitivement en philosophie. La réponse pose toujours d’autres problèmes à questionner à leur tour.

Michel Meyer aborde aussi la question de la « nature même de la pensée philosophique » dans le chapitre Philosophie, art et religion :

(…) Quelle est la différence de base entre la philosophie et la religion. La religion se meut dans le dogme et la foi, c’est-à-dire ce qui échappe à l’interrogation. Elle répond sans mettre en question, et elle accepte mal la mise en question. La philosophie, elle, aimerait pouvoir se réclamer de certitudes, mais les seules réponses qu’elle peut mettre en avant sont issues d’un questionnement, et le plus souvent, elle se maintient dans un répondre éminament problématique. La philosophie est, jusque dans la métaphysique même, interrogative. N’admettre pour réponse que ce qui a d’abord été mis en question : telle est, depuis Socrate, la nature même de la pensée philosophique. (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Philosophie, art et religion, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 44.

Philosopher, c’est questionner la question. Il s’agit d’ailleurs du propre de l’Homme que de pouvoir se retrouver en lui-même, en sa conscience, et de se questionner. Un singe ne se demande pas s’il est un singe. Une fleur ne se demande pas si elle-est une fleur. Seul l’Homme se demande ce qu’il est vraiment.

Évidemment, on peut vivre sans se poser de questions, à la surface de Soi. On peut repousser toutes les questions embarrassantes pour éviter le malaise des réponses ou de l’absence de réponses. Se questionner est négatif pour certaines personnes.

Encore faut-il  « Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants ».

La problémacité est dont vécue non comme une richesse et une positivité, mais comme une impossibilité et un échec. Faute d’avoir questionner le questionnement, la philosophie se heurte malgré tout à lui avec les vieux concepts qui en ont fait quelque chose de négatif. Elle affronte le problématique sans y être préparée. Elle véhicule une tradition centrée sur les solutions qui évacuent les questions, et non ce qui les pensent.

Il faut donc aller au-delà, et ne pas se contenter de voir les questions qui surgissent. Il faut penser le questionnement comme tel, à partir de lui-même, et accepter l’idée que la première étape de toute résolution possible a lieu avec la question. Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants, est le tout premier pas de la pensée dans sa positivité même.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Qu’est-ce que la métaphysique ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 52.

À mon humble avis, toute question soulève un doute et ce dernier pose lui-même problème. En effet, certaines personnes tissent un lien malsain entre le doute et la confiance en soi. Plus encore, elles lient la confiance en soi au confort d’avoir raison. Autrement dit, certaines personnes perdent pied lorsqu’elles n’ont pas raison. Elles évacuent ainsi tous les doutes possibles et bénéfiques à la vie bonne. Or et ce n’est pas nouveau : la lumière entre par les failles ou, si vous préférez, par les doutes. Le doute est aussi la clé de toute pensée féconde, notamment la pensée scientifique.

Or, on ne peut négliger la science, encore moins l’ignorer, car elle fait partie intégrante de la réflexion de l’homme. Tout dépend de ce que l’on attend d’elle. Et s’il s’agit de la « fonder », comme Descartes le voulait, force est de constater que c’est inutile : elle n’en a pas besoin. Par contre, s’il s’agit de voir comment elle procède afin de mieux comprendre la Raison, alors la science est importante pour la philosophie. Et il s’agit d’interpréter la science et ses résultats, afin d’intégrer en une vision systématique ce qu’elle dit de l’espace, du temps, de la matière, etc., alors la philosophie, en retour, sera importante pour la science, qui verra mieux, ce qu’elle apporte de façon fragmentée et analytique, au nom de l’efficacité, alimentant la réflexion de fond que l’homme a de l’univers et de sa place dans cet univers.

La méthodologie de la science – ce que l’on appelle l’épistémologie – illustre bien le fonctionnement de l’esprit humain.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Que dit la philosophie à propos de la science ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 57-58.


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épistémologie

Définition de épistémologie ​​​

nom féminin

didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

L’épistémologie m’intéresse depuis plus de 25 ans. Je cherche dans cette discipline de la philosophie des réponses à la question « Comment nous pensons ? » afin de prendre conscience et d’agir sur mes erreurs de pensée, ce que je considère comme une forme de philothérapie.

Un peu d’esprit scientifique dans nos ne nous fera pas de tort.


La formation de l’esprit scientifique

Gaston Bachelard

La Formation de l’esprit scientifique (sous-titré Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective) est un essai d’épistémologie de Gaston Bachelard publié aux éditions Vrin en 1938. Bachelard y propose une analyse de la transition entre l’esprit « préscientifique » et l’esprit « scientifique » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette évolution est rendue possible par la prise en compte et le dépassement de ce qu’il définit comme des obstacles épistémologiques, permettant alors la construction rationnelle d’une expérience. Celle-ci, par la longue réflexion qui la précède, dépasse l’observation directe d’un fait empirique et entraîne l’abstraction et la mathématisation du phénomène physique, seul moyen à ses yeux d’échapper aux préjugés inhérents à la nature humaine qui ont longtemps paralysé le progrès scientifique. Tout au long de l’ouvrage, il cite un grand nombre d’ouvrages préscientifiques illustrant les différents obstacles qu’il met en lumière, en particulier des œuvres d’alchimistes et de savants du siècle des Lumières. Source : InternetArchive.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L’obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…)

5. L’obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique. Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (substans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L’obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. » (…)

Consulter ce livre en libre téléchargement


Évidemment, on ne peut pas se limiter à surmonter des obstacles épistémologiques pour acquérir un peu d’esprit scientifique dans notre vie de tous les jours. Pour penser juste, il faut suivre quelques « Leçons de logiques ».


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Leçons de logique

ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939)

Manuel scolaire,
Première édition : 1914 – Québec
Réédition de la huitième édition parue en 1940
Collection du domaine public de la
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, Canada,
20 novembre 2009, 236 pages.
ISBN 978-2-89612-315-5

EXEMPLAIRE NUMÉRIQUE : GRATUIT (PDF)

NOTES DE L’ÉDITEUR

Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys

«Où est passée la logique ?» À la poubelle, tout simplement, comme un vieux manuel scolaire. Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut l’enseigner. Or, au Québec, l’enseignement de la logique a pris le bord lors du grand ménage de la Révolution tranquille au cours des années 60. Parce que la logique alors au programme se référait à la religion catholique, la logique est disparue dans le tourbillon de la modernisation, comme on jette le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui, on la cherche partout sans succès, d’où l’urgence de remettre en circulation LEÇONS DE LOGIQUE, un petit manuel scolaire, purement québécois, dont la toute première édition remonte à 1914. Lire la suite.


À ces leçons de logiques nécessaires pour profiter de l’esprit scientifique dans nos vie de tous les jours, j’ajoute la correction incontournable de nos biais cognitifs.


Biais cognitifs

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David D Burns, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.

Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.

Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.

Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.

L’interprétation indue : vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.

L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».

Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.

Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.

L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.

La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

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Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


(…) « le philosophe ne peut aller au fond des choses sans s’interroger sur ce qu’il fait en s’interrogeant. » (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Pour une ontologie minimale : les faits, les choses et leur catégorisation, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 93.

Ainsi nous faut-il découvrir comment nous pensons pour penser juste. J’ai finalement compris pourquoi le philosophe consultant Jérôme Lecoq interroge et problématise les interventions et les questions des participants à ses ateliers de philosophie en ligne.

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Quelques exemples d’ateliers

ATELIER SUR LE RESSENTI

ATELIER CONFLITS INTERNES

ATELIER LE MOI EST-IL HAïSSABLE ?

ATELIER FAUT-IL PLUS SE MÉFIER DE NOUS-MÊMES OU D’AUTRUI ?

À lire

Les 10 accords socratiques par Jérôme Lecoq.

À visiter

Site web de Jérôme Lecoq

Groupe Facebook Ateliers de la pensée par Jérôme Lecoq

Page Facebook de Jérôme Lecoq

Page LinkedIn de Jérôme Lecoq


« Raison sans passion n’est ruine de l’âme. »

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme est-il un animal raisonnable ? La logique des passions, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 113.

La raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour parvenir à prendre une décision. Lorsque vous vous retrouver devant cinq chois différents pour l’achat d’une automobile, d’une maison, de la date d’un prochain rendez-vous, etc., vous pouvez analyser en détails toutes les offres pendant des heures sans pour autant avoir les connaissances et les synthèses pour effectuer votre choix. C’est dans de telles circonstances que les émotions viennent à la rescousse avec « un coup de cœur » pour la meilleure offre. À lire : L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, Antonio Damascio. À écouter : Sentir d’abord : une exploration de la conscience, Antonio Damasio, Fleur bleue, Radio France.


La philosophie est une question en soi, pour elle-même, parce qu’elle est l’interrogativité même qui s’interroge, qui est en question. De ce fait même, on la voit à l’oeuvre dans la science comme dans la vie, qui l’une et l’autre interpellent et problématisent. La philosophie nous ramène au principe, au sens, c’est-à-dire à ce dont il est question, mais elle nous oblige à penser systématiquement les différentes problématiques, telle que les voit en science ou en art par exemplae, donc à les articuler et à les différencier également.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme et la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 151.


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J’accorde au livre QU’EST-CE LA PHILOSOPHIE ? de MICHEL MEYER cinq étoiles sur cinq.

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

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