Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

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Article # 108

J’AI LU POUR VOUS

Les libraires

Bimestriel des libraires indépendantes

Octobre – Novembre 2024

Numéro 145

DOSSIER

La philosophie fait-elle votre bonheur ?

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Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

« Je pense, donc je suis », écrivait René Descartes dans Discours de la méthode (1637). C’est par la pensée que nos actes se construisent. Et le plus merveilleux dans la philosophie est qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, tout peut être proposé, supputé, exploré, remis en question, car la question constitue ce qui la définit et la motive. Nous ne pouvons nous empêcher de penser, nous ne pouvons alors nous empêcher de philosopher. Vous aussi!


Dans ce dossier

La philosophie, pour quoi faire? Ou la fois où j’ai dit la vérité à…

Par Véronique Grenier – 21 octobre 2024

« La philosophie, pour quoi faire? » est une question à laquelle j’ai répondu si souvent dans les dernières années, que ce soit dans des articles ou à la radio. Chaque fois, j’ai offert une réponse qui ressemble à ce que je dis à mes élèves, cours après cours, session après session depuis quinze ans : pour mieux argumenter; savoir questionner et problématiser le monde qui nous entoure; développer les outils de la pensée critique et les appliquer, entre autres, à toutes les informations auxquelles nous sommes exposé.es; réfléchir à nos croyances et à la portée de nos actions; tenter d’agir au mieux. Lire la suite


Pour qui, la philo?

Par Alain Deneault – 21 octobre 2024

Si nous sommes tous philosophes, et tous capables de pensée critique, force est d’admettre que nous naissons piètres philosophes. Spinoza appelait au XVIIe siècle « premier genre de connaissance » la façon spontanée que nous avons d’inférer des vérités à partir de moments strictement accidentels. On excède cette façon « mutilée » de penser lorsque l’on comprend que nos haines, nos frustrations, nos colères et nos jalousies, soit nos « passions tristes », sont le plus souvent le fait d’une méconnaissance des conjonctures dans lesquelles nous nous trouvons, et des éléments extérieurs à soi avec lesquels nous entrons en rapport. C’était sa façon de rappeler l’hostilité traditionnelle de la philosophie à son contraire, la simple opinion.

Qui qu’on soit, philosopher exige donc une prédisposition importante au travail. En l’occurrence, travailler signifie s’étonner de ce qui se présente comme banal, critiquer ce qui appartient au cours normal des choses, produire des concepts qui permettent d’articuler les éléments du réel de manière autre que convenue et soumettre à la pensée commune un certain nombre de problématiques qui déplacent le foyer des questions et font débat. L’insondable corpus et quelques penseurs contemporains nous assistent dans ce travail ardu.

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Dominic Fontaine-Lasnier : Un Moderne chez les Anciens

Par Elsa Pépin -21 octobre 2024

Personnage excentrique, jésuite antidogmatique et philosophe dilettante dérangeant à l’époque de la Grande Noirceur, François Hertel est une figure méconnue de l’histoire des idées au Québec. Un penseur qui a piqué, à juste titre, la curiosité du professeur de philosophie Dominic Fontaine-Lasnier, qui lui consacre un inspirant essai : Le legs d’un philosophe amateur.

Le rapprochant de Montaigne et des philosophes de l’Antiquité gréco-latine, Fontaine-Lasnier présente la pensée d’Hertel comme un art de vivre qui vise à rester maître de soi-même, sceptique et humble. « Il nous montre le parcours d’un individu qui doute, notamment dans son très beau Journal d’Anatole Laplante. » Plus qu’une posture philosophique, le doute chez Hertel concerne l’incertitude existentielle de chacun. « L’être humain est intéressant quand il change d’idée, affirme Fontaine-Lasnier, mais pour se remettre en question, il faut avoir confiance en soi. Ce paradoxe est à l’œuvre chez Hertel. Ses œuvres parfois peu maîtrisées rejoignent sa manière d’enseigner le doute. Si on sait qu’on a une valeur, on peut se remettre en question. »

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Les éditions Liber en dix questions

Par Isabelle Beaulieu (Les libraires) -21 octobre 2024

Plutôt méconnues du grand public, les éditions Liber méritent pourtant qu’on s’y attarde. Décider de consacrer un dossier à la philosophie, c’était nécessairement choisir d’y inclure enfin une place à cette maison qui, depuis plus de trois décennies, soumet des ouvrages d’une grande utilité pour toute personne intéressée à connaître, à comprendre, à savoir, à se mouvoir, à s’adapter dans notre monde en perpétuel changement. En dix tours de piste, nous avons demandé à Giovanni Calabrese, le fondateur et directeur éditorial de Liber, et à Micheline Gauthier, l’actuelle directrice générale, de reparcourir quelques jalons de leur histoire.

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Maya Ombasic, Cécile Gagnon et Marie-Anne Casselot : Combler l’absence des pionnières

Par Claudia Larochelle – 21 octobre 2024

Hipparchia, Hypatie, Aspasie, Maria Zambrano, Iris Murdoch, Christine de Pisan, Élisabeth de Bohême, Alexandra David-Néel, Marguerite Porete, Mary Wollstonecraft… Il y a fort à parier que la plupart de ces noms soient inconnus pour plusieurs, a contrario de ceux de Platon, Descartes ou Kant, plus communément associés à la philosophie. Pourtant, les premières aussi étaient philosophes. Et pas moins importantes… Or, comme femmes, leurs contributions ont été ignorées, rejetées, ridiculisées ou encore considérées comme mineures donc à peu près jamais enseignées. Pour contredire cette tradition patriarcale et remettre en lumière leurs pensées, deux titres brillants ont été publiés récemment : Femmes philosophes : 21 destins de combattantes de Maya Ombasic et Existantes : Pour une philosophie féministe incarnée de Cécile Gagnon et Marie-Anne Casselot.

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Michel A. Bouchard : Éloge de la mouvance

Isabelle Beaulieu (Les libraires) – 21 octobre 2024

Il comptabilise tout, ou en tout cas beaucoup. Les pas qui le mènent d’un point à un autre, le nombre d’étages qu’il gravite, les gens qui entrent et descendent de l’autobus, les numéros reçus de la distributrice dans les aires d’attente. Il consigne dans un fichier les données récoltées afin d’en tirer des conclusions qui ne lui serviront pas, surtout pas, car dans son livre Les actes inutiles, Michel A. Bouchard, scientifique, enseignant de profession et philosophe dans l’âme, nous révèle l’ultime allégresse qu’il y a à s’émerveiller de choses vaines et totalement superflues.

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Louis Dugal : La philosophie décomplexée

Vicky Sanfaçon – 21 octobre 2024

On n’associe pas nécessairement la philosophie à un sujet polarisant. Et pourtant! Chacun a une opinion étonnamment étoffée et bien tranchée sur le sujet. La philosophie est source de bien des maux de tête ou est le point de départ d’une longue histoire d’amour. Certains d’entre nous la subissent alors que d’autres en mangent. Pas étonnant que les ados ne savent plus trop sur quel pied danser lorsqu’ils entrent dans leur cours de philosophie 101, les yeux déjà cernés par des cauchemars de dissertations interminables. Et si l’on prenait collectivement un grand respire et que l’on trouvait un moyen de démystifier la philosophie, à hauteur d’ado, pour éviter que cette matière se transforme en traumatisme générationnel?

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La philosophie expliquée aux enfants

Isabelle Beaulieu – 21 octobre 2024

Les petits philosophes (t. 6) : Je danse donc je suis Sophie Furlaud et Dorothée de Monfreid, Bayard, 42 p., 13,95$ Voici sous forme de bande…

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Que peut la philo?

Nous avons demandé à des penseuses et penseurs contemporains de nous démontrer comment les idées philosophiques sont vivantes, s’incarnent dans une réalité et agissent à la transformer. Pour ce faire, nous leur avons proposé de s’appuyer sur une citation philosophique et de nous formuler par un court texte en quoi celle-ci s’avère utile pour éclairer notre société d’aujourd’hui.


Que peut la philo?

Naïma Hamrouni – 21 octobre 2024

« Les Blancs seront en général incapables de
comprendre le monde qu’ils ont eux-mêmes créé »
– Charles W. Mills, Le contrat racial (Mémoire d’encrier)

Alors que je prenais la parole vendredi dernier pour attirer l’attention sur la vigile organisée à la mémoire de Joyce Echaquan, cette mère atikamekw de sept enfants qui aurait aujourd’hui le même âge que moi, décédée sous une pluie d’injures déshumanisantes à l’hôpital de Joliette il y a quatre ans, un fier patriote n’a pas su retenir l’envie de me rappeler à l’ordre. C’est que la Nouvelle-France aurait été amie des Premières Nations et généreuse à leur endroit. Les relations entre les deux peuples, caractérisées par la reconnaissance mutuelle et la réciprocité, l’entraide. Le génocide, le racisme systémique, les femmes et les filles assassinées ou disparues sans que les forces policières lèvent le petit doigt, les violences médicales organisées, les enfants arrachés à leurs familles, les pensionnats et les abus physiques et sexuels, c’était avant tout l’affaire des Anglais. Rien à voir avec nous.

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Que peut la philo?

René Bolduc – 21 octobre 2024

« Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherché »
– Alain

La citation du philosophe Alain souligne l’inanité de la recherche du bonheur pour lui-même, comme si celui-ci pouvait exister abstraitement en dehors de la vie réelle. Vouloir être heureux en se contentant de se regarder dans le miroir ne mène pas loin. Sois heureux ne saurait fonctionner sans d’autres impératifs : va voir des amis, inscris-toi à des cours, pratique une activité signifiante. Le philosophe John Stuart Mill, pour qui la recherche du bonheur motivait tous nos actes, ne disait rien d’autre dans son Autobiographie (Aubier) : « Seuls sont heureux ceux qui fixent leur esprit sur autre chose que sur leur propre bonheur […]. Visant ainsi autre chose, ils trouvent le bonheur au passage. »

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Que peut la philo?

Jérémie McEwen – 21 octobre 2024

« Reviens en toi-même, et regarde »
– Plotin

Cette phrase invite à l’introspection, ça va de soi. Et qui peut être contre cela? Ce serait comme être contre la vertu. Être contre l’introspection est aussi ridicule qu’être contre la réflexion tout court, le retour en soi dans la résistance à un monde où on ne fait trop souvent que glisser à la surface des choses, des relations, des ambitions et des divertissements, oubliant de ménager une place à la richesse des moments à contempler la mer, à lire, à aimer. Ce retour en soi peut prendre mille autres formes encore, comme des volutes en marge de la vanité du monde, que ce soit par le cabinet du psy, par l’écriture, par le gym ou par le voyage. L’important, c’est d’y aller, et d’y aller non pas comme dans une parenthèse, nous dit Plotin, mais comme dans l’essence même d’une vie bien vécue, celle où notre coquille d’ego accepte d’être décomposée, réduite à néant, pour vivre notre vie comme si nous étions sculpteurs, poursuit-il, en enlevant les armures rocheuses qui cachent notre être véritable. Il ne s’agit pas de nous construire donc, mais de tenter de nous découvrir, dans la croyance qu’il est possible de vivre bellement dans ce monde pourtant si souvent laid.

Je pense à ces moments où je vis cette autre vie, celle où je ne pense pas trop, celle où je me fuis au lieu de fuir les futilités et les culs-de-sac, et je vois la vie d’un autre. Combien de temps perdons-nous à vivre la vie de quelqu’un que nous ne sommes pas? Perchés sur des piédestaux montés avec des mains fières, se croyant fortes, refusant le recroquevillement que nous sommes, le petit, tout petit. Les délires de grandeur d’un Musk, d’un Trump, et de bien d’autres êtres politiques et économiques encore, sont les symptômes de ceux qui oublient qu’au cœur du cheval de Troie, il y a des êtres humains. Leur maladie est celle de vivre comme si tout était conquête de terres étrangères, oubliant de cultiver les siennes propres.

Si tout cela sonne très spirituel, c’est que ce l’est. Quand saint Augustin s’est converti au christianisme à la fin du IVe siècle, c’est en fait à la pensée de Plotin qu’il s’est converti. Et l’histoire de l’empreinte de cette religion sur le Québec, malgré tous nos efforts laïcs, est toujours beaucoup celle de cette recherche de soi en soi à la suite de quelque chose comme une conversion. Je le lis très souvent chez les essayistes d’ici, à gauche comme à droite.

Jérémie McEwen est essayiste et professeur de philosophie au Collège Montmorency. En 2022, il a animé la série documentaire Riopelle : l’envol du hibou et des oies sur les ondes d’ICI Première. Il a notamment publié les essais Philosophie du hip-hop en 2019 et Je ne sais pas croire en 2023 (XYZ).

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Que peut la philo?

Thomas De Koninck – 21 octobre 2024

« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance »
– Albert Camus

L’ignorance dont vient tant de mal, selon Albert Camus, est sans aucun doute ce que Socrate et Platon appelaient « la double ignorance »: ne pas savoir qu’on ne sait pas. Platon considérait que cette « double ignorance » (diplê agnoia) définissait le mieux l’amathia, la « bêtise », l’apaideusia, ou « inculture », qui s’avèrent « la cause de toutes les erreurs auxquelles notre pensée à tous est sujette » (Sophiste, 229b-c). On ne saurait mieux qualifier une prétendue connaissance qui, privée de toute réflexion critique, ignorerait ses limites, ses présupposés méthodologiques, bref ne se connaîtrait pas. Les humains vivent alors, tout éveillés, une vie de dormeurs, comme l’avait constaté Héraclite avant Socrate. Ils se révèlent d’emblée incapables d’éprouver le moindre émerveillement devant la splendeur du monde réel, et tels des « morts vivants » (selon Einstein), ne sauraient jamais apprendre véritablement quoi que ce soit, puisqu’aucune vraie question ne pourrait leur venir à l’esprit. Car deux réalités fondamentales sont impliquées en tout questionnement authentique : l’intelligence et l’affectivité (ou cœur humain). Ce sont aussi les deux principales racines de cette dignité humaine que nous partageons toutes et tous; la capacité de penser et la capacité d’aimer, qui ont toutes deux grand besoin d’éducation très tôt, y inclus d’éveil à l’éthique.

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Que peut la philo?

Dominique Leydet – 21 octobre 2024

« La fin justifie les moyens »
– Nicolas Machiavel

Dans ses Discours sur la première décade de Tite-Live (Les Belles Lettres), Machiavel soutient l’idée que, s’agissant de défendre le salut et la liberté d’une république, tous les moyens sont bons, qu’ils soient cruels ou généreux, justes ou injustes. À ceux qui se disent incapables d’accepter une telle maxime, Machiavel répond qu’ils ne devraient pas se mêler de politique. Ainsi, Romulus, qui a assassiné son frère pour mieux assurer la fondation de Rome, loin d’être condamnable, mérite d’être célébré puisque son action visait le bien commun plutôt qu’un bénéfice personnel et qu’elle a été couronnée de succès.

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Que peut la philo?

Aude Bandini – 21 octobre 2024

« Le doute n’est pas un état bien agréable, mais l’assurance est un état ridicule »
– Voltaire

Cette citation résume bien le type de dilemme dans lequel nous nous retrouvons pris face à l’incertitude du monde et de l’avenir.

D’une part en effet, nous nous méfions à juste titre des jugements à l’emporte-pièce et des décisions prises sans que l’ensemble des faits aient été dûment examinés : « dans le doute, abstiens-toi », recommande la sagesse populaire.

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Quoi lire pour philosopher?

Isabelle Beaulieu – 21 octobre 2024

L’idée écologique et la philosophie : À la recherche d’un monde commun Laurence Hansen-Løve, Écosociété, 144 p., 20$ La philosophie s’applique à tous les sujets, et…

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SOURCE : Revue LES LIBRAIRES.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d'un bronze perdu réalisé par Lysippe.
Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d’un bronze perdu réalisé par Lysippe. Collection du Louvre. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5 Generic license. Attribution: Sting

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.

Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.


Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !

STEPHANIE DEZIEL

Formation de l’esprit critique et société de consommation

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
© Stéphanie Déziel, 2010

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Résumé

Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.


Extrait

Chapitre III : Socrate et la formation de l’esprit critique

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…)

Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

L’enseignement de Socrate n’est en rien celui d’un professeur qui donne des cours théoriques à ses étudiants. L’école de Socrate c’était l’agora, l’espace public où il se provenait, abordait ses concitoyens et les interrogeait sans cesse. C’est de cette rencontre que pouvait jaillir la vie de l’esprit. En effet, lorsque Socrate rencontrait un citoyen d’Athènes, il ne lui apprenait pas un savoir déjà tout fait, mais il le questionnait. Alors l’esprit de son interlocuteur s’échauffait, Socrate l’amenait à penser par lui-même et formuler ses propres réponses. L’objectif de la méthode éducative de Socrate est donc la formation de l’esprit critique. Cette méthode s’appelle la maïeutique. Dans son livre Considérations morales, Hanna Arendt explique que nous pouvons entrevoir la méthode de Socrate à travers trois métaphores, Socrate est à la fois une sage-femme, un taon et une raie-torpille.

3.1- Socrate l’accoucheur des esprits

Penser de façon critique, frayer le chemin de la pensée à travers les préjugés, à travers les opinions et les croyances reçues sans examen, est un vieux souci de la philosophie, que nous pouvons faire remonter, pour autant qu ‘il s’agisse d’une entreprise consciente, à la maïeutique socratique à Athènes.

Arendt, Hannah, Juger. Sur la philosophie politique de Kant.

3.1.1- L’ironie socratique

La maïeutique est, au sens propre, l’art de mener les accouchements, cet art que possèdent les sages-femmes. Dans le livre de Platon, Théétète, Socrate affirme qu’il a le même métier que sa mère qui était sage-femme. Il utilise ce terme au sens figuré, sa méthode, la maïeutique, n’accouche pas les corps mais les esprits. C’est ce qu’il affirme dans le Théêtète : « Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes; mais il digère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des femmes et qu’il surveille leur âme en travail et non leurs corps » . Au cœur de la maïeutique se trouve la question ti esti : qu’est-ce que c’est? Socrate parcourait les rues d’Athènes et arrêtait les citoyens pour leur demander : qu’est-ce que l’amour, la justice, l’amitié, etc. Ses interlocuteurs tentaient alors de définir ces réalités. 11 questionnait souvent ses contemporains sur les thèmes qui les touchaient personnellement et qui leur étaient familiers. Par exemple, s’il rencontrait un général, il le questionnait sur le courage puisque celui-ci devait savoir comment combattre courageusement l’ennemi.

Le moyen utilisé par Socrate pour faire accoucher les esprits de ses interlocuteurs est 1’ironie. L’ironie socratique n’est pas 1’ironie comme nous l’entendons aujourd’hui. Ce n’est pas se moquer de quelqu’un en disant le contraire de ce que l’on veut faire entendre. Elle est plutôt « une attitude psychologique selon laquelle 1’individu cherche à paraître inférieur à ce qu’il est : il se déprécie lui-même » . Socrate paraissait vouloir apprendre quelque chose de son interlocuteur et lui demandait ainsi quelle était sa définition de tel ou tel concept. ll feignait au départ de considérer la position de l’autre comme valable. L’ironie socratique consiste à feindre de donner raison à l’autre et d’adopter son point de vue. C’est ce qu’explique Cicéron : « Socrate, se dépréciant lui-même, concédait plus qu’il ne fallait aux interlocuteurs qu’il voulait réfuter : ainsi pensant une chose et en disant une autre, il prenait plaisir à user habituellement de cette dissimulation que les Grecs appellent « ironie » . Par exemple, dans le dialogue Lachès, Lysimaque et Mélèsias demandent aux militaires Lachès et Nicias de leur expliquer comment donner une bonne éducation à leurs fils pour les rendre courageux. Socrate est convié à participer à la délibération. Il demande alors aux militaires de définir ce qu’est le courage avant de s’entendre sur le moyen d’éduquer les jeunes à développer cette vertu. Alors, Lachès donne sa définition du courage. Socrate feint au départ de considérer sa position comme acceptable, mais par la suite il lui fait admettre toutes les conséquences de cette position. Socrate posait la question « ti esti » dans 1’intention de mettre les hommes en contradiction avec eux-mêmes. Il voulait leur faire prendre conscience qu’ils étaient incapables de dire ce qu’est réellement le courage, la justice, l’amitié, l’amour, etc.

Trop souvent, 1’interlocuteur répondait par un exemple lorsque la question « ti esti » lui est posée. Socrate posait de nouvelles questions relatives à ce cas particulier et amenait l’interlocuteur à donner des réponses contradictoires à sa première réponse. Lachès n’était pas capable de définir le courage, tout ce qu’il pouvait faire c’était de donner des exemples d’actes courageux. Il affirmait entre autres que le courage c’est quand on accepte de rester dans le rang et de repousser l’ennemi, au lieu de prendre la fuite. Socrate avait vite fait de lui donner des contre-exemples. Parfois, il peut être courageux de prendre la fuite. Socrate voulait savoir ce qu’est le courage dans tous les cas. Il voulait découvrir ce qu’il y a d’identique dans toutes les manifestations du courage. Donc, passer de la multiplicité des exemples, dont les manifestations varient selon les circonstances, à une unité. L’interlocuteur devait expliquer ce que ces exemples avaient en commun pour parvenir ainsi au concept de courage. Comme le dit Socrate, il devait découvrir « ce qu’il y a d’identique en toutes ces variétés de courage » . Il cherchait à dégager des phénomènes qu’on appelle beaux, ce qu’est la beauté; des actions que l’on nomme justes, ce que c’est que la justice, etc. Par exemple, dans le Banquet, tous les invités tentent de dire ce qu’est l’amour. Pour Phèdre, 1’amour est un Dieu; pour Pausanias, il y a deux sortes d’amour : un céleste et un populaire, et ainsi de suite. Il y a tellement de façons de se représenter l’amour; pourtant Socrate voulait aller vers une connaissance de l’amour qui englobe toutes les autres. Le concept universel de l’amour. La personne soumise au questionnement ironique de Socrate devait tenter de définir ce concept universel de la pensée.

De même que la sage-femme examine de près l’enfant qui vient de venir au monde, de même Socrate examinait consciencieusement les définitions proposées par ses interlocuteurs. Dans le Théétète, Socrate invite Théétète à définir la nature de la science. Il en est incapable. Socrate lui dit qu’il faut trouver une définition unique pour désigner la pluralité des connaissances. Théétète explique à Socrate qu’il est incapable de définir la nature de la science, mais qu’en même temps, il est tourmenté par cette définition, il veut à tout prix la trouver. Socrate lui explique alors la cause de son tourment : « C’est que tu es en butte aux douleurs de l’enfantement, mon cher Théétète, parce que ton âme n’est pas vide, mais grosse » . Théétète souffre, car il porte bel et bien en lui la réponse au questionnement de Socrate, mais il ne parvient pas à l’exprimer seul. Il a besoin de l’aide de Socrate pour la faire émerger. Il est ainsi semblable à une femme enceinte qui doit être délivrée par une sage-femme. Ainsi sont tous les interlocuteurs de Socrate. L’art de l’accoucheur des âmes consiste à délivrer les autres des pensées dont ils sont gros pour examiner, une fois qu’elles ont vu le jour, si elles sont viables ou non. Par ses questions, Socrate tourmente ses interlocuteurs. C’est le cas de Lachès. Le général croyant être le spécialiste du courage découvert qu’il ne savait pas réellement ce qu’est une action courageuse. Socrate voulait faire sentir à son interlocuteur son erreur, non pas en la réfutant directement, mais en l’exposant pour que l’absurdité de son discours lui apparaisse clairement. L’interlocuteur passe donc ainsi de la certitude aux doutes. Le but de Socrate était qu’ils découvrent qu’ils souffrent du pire des maux, celui de la double ignorance.

§ 3.1.2- La double ignorance

Socrate voulait que les citoyens découvrent leur propre ignorance face à ces réalités primordiales de la vie. Grâce à la réfutation, il emplissait la tête de son interlocuteur de doutes sur les réponses et les idées qu’il tenait pourtant pour vraies. L’interlocuteur réalisait alors qu’il ne savait plus pourquoi il agissait. Ainsi, il devait reconnaître que les idées qu’il tenait pour vraies n’étaient pas ce qu’il croyait. Il ne pouvait demander à Socrate la bonne réponse, puisque celui-ci se savait aussi ignorant que lui. Comme la sage-femme, Socrate est stérile. C’est ce qu’il explique à Théétète. Il lui rappelle qu’à leur époque, les sages- femmes pouvaient pratiquer leur métier lorsqu’elles étaient hors d’état d’avoir des enfants, donc lorsqu’elles étaient stériles. Socrate, lui, est stérile en matière de sagesse. Il n’a ni réponses ni savoirs à offrir au disciple. C’est lors de son procès qu’il affirme être lui-même ignorant. Il faut se rappeler qu’il fut accusé de corrompre la jeunesse et d’introduire de nouveaux dieux dans la cité. Il était perçu comme un danger pour l’ordre social, car il amenait les gens, surtout les jeunes, à réfléchir. Lors de son procès il affirme : « … j’ai bien conscience, moi, de n’être savant ni peu ni prou » . Aussi, il s’adressa aux Athéniens pour leur rappeler le message « divin » révélé par l’oracle de Delphes. Il leur expliqua qu’un jour, son ami d’enfance Chéréphon alla à Delphes et consulta l’oracle pour lui demander s’il pouvait exister quelqu’un de plus sage que Socrate. Pythie, la Prêtresse du dieu Apollon, aurait répondu qu’i1 n’y avait personne de plus sage que lui. Cette affirmation intrigua énormément Socrate, car il ne se considérait pas sage et pourtant le dieu Apollon ne pouvait mentir. Il en fut si bouleversé qu’il voulut savoir pourquoi il le considérait le plus sage des hommes. C’est ainsi qu’il se mit à interroger les hommes à Athènes qui sont considérés comme sages : les hommes politiques, les poètes et les artisans qui travaillent de leurs mains.

Son enquête lui a permis de découvrir que toutes ces personnes pensaient, à tort, détenir la vérité. Bien sûr, l’homme d’état sait conduire une armée, le poète composer un poème et l’homme de métier fabriquer des chaussures ou un navire. Ils détiennent tous le savoir nécessaire à l’exercice de leur métier. Ils savent quelque chose, mais ils ignorent l’essentiel. Ils savent faire, mais ne savent pas pourquoi ils le font. Les politiciens, par exemple, savent parler au peuple, comment le persuader de prendre telle décision, etc. Mais savent-ils dans quel but ils agissent ainsi? Sûrement pour atteindre la justice. Mais qu’est- ce que la justice? Une fois la question posée, ils se retrouvent bien embarrassés. Ils s’embrouillent et sont incapables de définir ce qui fonde pourtant tous leurs actes. Ils sont ignorants de l’essentiel et ils ignorent qu’ils sont ignorants. Tous ces hommes que Socrate a interrogés souffrent de la double ignorance. Dans le dialogue Alcibiade, Socrate interroge Alcibiade sur la justice et celui-ci est incapable de définir la justice. Pourtant il parle du juste et de l’injuste aux Athéniens comme s’il était un savant en la matière. Alcibiade, qui se dit apte à gouverner, est incapable de définir ce concept fondamental de la politique. Aux yeux de Socrate, il est lui aussi atteint de l’ignorance suprême, la double ignorance qui consiste non seulement à ignorer, mais aussi à ignorer que l’on ignore. Voici comment il la définit : « Ne vois-tu pas que les erreurs de conduite viennent de cette sorte d’ignorance qui consiste à croire savoir ce que l’on ignore? (…) C’est que non seulement tu ignores ces choses importantes, mais encore que tu crois les connaître » . Socrate était donc réellement le plus sage. Il ne savait pas réellement davantage ce qu’est la justice ou le courage, mais tandis que les autres s’imaginaient savoir ce que sont ces réalités primordiales de l’existence, lui, Socrate, était conscient de son ignorance. C’est ce qu’explique Jacques Brunschwig dans son texte sur Socrate : « Tous croient savoir quelque chose, et ne savent pas qu’ils ne savent rien. Sous le feu des questions de Socrate, ces certitudes nai’ves se dégonflent comme baudruches. Lui, au moins, sait qu’il ne sait rien : l’oracle avait raison » . Ainsi Socrate, à la suite du signe divin, s’est cru investi d’une mission, celle d’éprouver ceux qui se croient sages sans l’être. À ses yeux, le dieu de Delphes lui avait assigné pour tâche de philosopher, c’est-à-dire non seulement de se soucier de se scruter lui-même, mais aussi de sonder les autres. Il devait interroger ceux qui pensaient savoir et démasquer les faux savoirs. Il voulait ainsi que les citoyens pensent par eux-mêmes, qu’ils découvrent réellement ce que signifient le courage, la justice, le bien, l’amour, etc. En somme, il voulait les doter d’un esprit critique.

3.2- Socrate le taon

Il semble bien que le procès de Socrate ne soit pas seulement un événement historique en marge de toute répétition possible; le procès de Socrate c’est le procès fait à la pensée qui recherche, en dehors de la médiocrité quotidienne, les problèmes véritables. Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchait de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites : Socrate est celui, qui, en nous étonnant nous interdit de penser selon les habitudes acquises. Socrate se situe aux antipodes du confort intellectuel, de la bonne conscience et de la sérénité béate.

Jean Brun, Socrate.

3.2.1- Penser par soi-même

Dans un premier temps Socrate voulait conscientiser ses citoyens sur leur double ignorance, mais il voulait aussi que ceux-ci pensent par eux-mêmes, qu’ils aient un esprit critique. Socrate aimait se comparer à un taon qui réveille ses concitoyens de leur torpeur routinière. Ceux-ci se sécurisent dans des solutions toute faites. C’est ainsi qu’il se décrit dans l’Apologie de Socrate : « Si, en effet, vous me condamner à mort par votre vote, vous ne trouverez pas facilement un autre homme comme moi, un homme somme toute – et je le dit au risque de paraître ridicule – attaché à la cité par le dieu, comme le serait un taon au flanc d’un cheval (…) le dieu m’a attaché à votre cité, moi qui suis cet homme qui ne cesse de vous réveiller (…) » . Par sa méthode interrogative, Socrate éveille les citoyens, il les conscientise. Socrate éveille ses concitoyens à la pensée. Il est donc avant tout un Athénien qui fait réfléchir ceux qu’il rencontre à l’agora. Socrate voulait que les citoyens d’Athènes fassent table rase des certitudes irréfiéchies pour qu’ils se mettent en quête des valeurs qu’ils souhaitent être au fondement de leurs actions. Il voulait aussi qu’ils soient armés contre les démagogues et les hommes d’état qui prononcent de faux discours afin d’avoir leur assentiment et ainsi obtenir davantage de pouvoir.

Socrate vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.-C. et à cette époque la démocratie athénienne était, contrairement à aujourd’hui, directe. Le peuple ne passait pas par des représentants pour faire valoir ses droits. Les hommes libres (ce qui exclut les étrangers, les esclaves et les femmes) délibéraient tous à l’assemblée en prenant des décisions sur la paix, les lois, la justice, etc. La puissance oratoire était donc très importante pour celui qui intervenait afin de proposer des décisions. Si l’individu qui prenait position était éloquent, il parvenait à charmer la foule et elle était portée à le croire plus facilement. Celui qui pouvait convaincre l’assemblée était celui qui avait le pouvoir. La démocratie athénienne fit donc naître des maîtres de la dialectique et de l’argumentation qui profitaient de la situation pour s’enrichir en donnant des cours sur l’art de la parole. Ces sophistes formaient des virtuoses de la communication qui cherchaient à atteindre le pouvoir sans nécessairement avoir le souci de la vérité. Ils enseignaient aux jeunes l’art de la persuasion. Voici comment Auguste Diès décrit le sophiste : « Le sophiste nous apparaît comme le magicien de la parole : il rend vrai ce qui est faux, il fait être ce qui n’est pas » . Les sophistes sont des démagogues. Ils enseignaient qu’il est possible de mentir au peuple, qu’il est bien de feindre la vérité si cela permet d’atteindre le pouvoir. Ils enseignaient donc les règles permettant de persuader le peuple. Les Athéniens n’étaient que des instruments pour acquérir la gloire et la richesse. Socrate menait un combat contre la sophistique. Il ne pouvait accepter que les citoyens se fassent conditionner par les sophistes et qu’ils intériorisent des opinions fausses et mauvaises. Il jugeait inacceptable cet enseignement qui ne visait pas à atteindre la vérité. Il voulait rendre les citoyens aptes à discerner si l’homme qui parle est sincère, si ce qu’il avance est fondé et s’il ne cherche pas seulement à profiter d’eux. Il tentait de leur donner des outils pour les rendre capables de discerner le vrai du faux et pour reconnaître ceux qui semblent dire la vérité sans la connaître. Il cherchait donc à les doter d’un esprit critique et à les armer contre les démagogues. 11 souhaitait ainsi qu’ils se libèrent de l’opinion publique et pense réellement par eux-mêmes.

3.2.2- Le refus de la doxa

Lorsqu’il interrogeait les citoyens, Socrate refusait toute conception ou opinion qui provenait de la doxa, de l’opinion publique. Grâce à son questionnement, il discernait si les réponses tendaient vers le vrai ou le faux, si elles n’étaient que des clichés et des préjugés véhiculés dans la société. L’art de la maïeutique est l’art de discerner, dans la discussion provoquée par les questions, les idées qui proviennent de la personne. Hannah Arendt souligne que Socrate « (…) purgeait les gens de leurs « opinions », ces préjugés non critiques qui empêchent de penser en suggérant que nous savons alors que non seulement nous ne savons pas mais ne pouvons savoir; en les aidant, comme le note Platon, à se débarrasser de ce qui est mauvais en eux – ces opinions – mais sans toutefois les rendre meilleurs ou leur donner la vérité » . L’ironie permet de purifier l’esprit de toutes les idées et les conceptions qui proviennent de la doxa pour découvrir les idées qui viennent de la personne elle-même. La personne interrogée est poussée à exprimer par elle-même ce qu’est la vertu, la justice, l’amour, etc. Ces conceptions sont enfouies, elles ont besoin d’un accoucheur pour les mettre à jour. Comme l’explique Herbert Marcuse, « C’est en Socrate que (. . .) le principe de 1’intériorité, de l’indépendance absolue de la pensée est parvenu à sa libre expression (. . .) Socrate enseigne que l’homme doit découvrir et reconnaître en lui- même ce qui est juste et bien (. . .) » . Donc Socrate est l’accoucheur des esprits. Comme la sage-femme, il n’engendre pas, il ne le peut pas, car il ne sait rien. Cependant, il aide les autres à s’engendrer eux-mêmes. Socrate ne dit pas simplement à l’autre qu’il est, mais il l’aide à mieux réfléchir. II l’aide à découvrir sa double ignorance. Prenant conscience qu’il sait qu’il ne sait pas, il pourra essayer de corriger cet état et essayer d’atteindre la vérité. Cette prise de conscience de sa propre ignorance libère celui qui est interrogé. Elle donne le goût de découvrir ce qu’est vraiment la justice, la beauté, l’amour, etc.

3.3- Socrate poisson torpille

L’homme livré à Socrate, réveillé par la piqûre du « taon », du sommeil dont ses opinions sont les rêves, est devenu une inquiétude, une recherche, une conscience.

Jacques, Brunschwig, Socrate et écoles socratiques.

3.3.1- La remise en question de ses convictions

Socrate était finalement comparé par Ménon à la raie torpille. Ce poisson a comme propriété de paralyser ses proies. Socrate paralyse le disciple lorsque celui-ci découvre que son savoir est un pseudo-savoir, qu’au fond il n’est sûr de rien. Dans le dialogue Ménon, Socrate demande à Ménon de définir la vertu. Comme Lachès, celui-ci a beaucoup de difficulté à préciser sa pensée. Ménon vit cette incapacité comme une paralysie. C’est ce qu’il affirme dans le passage suivant :

(…) me voilà ensorcelé par toi, j’ai bu ton filtre magique, je suis, c’est bien simple, la proie de tes enchantements, si bien que je suis maintenant tout embarrassé de doutes! À mon sens, supposé que l’on doive ici faire à la raillerie quelque place, tu es, de tout point, tant par ton extérieur qu’à d’autres égards, on ne peut plus semblable à cette large torpille marine qui, comme on sait, vous plonge dans la torpeur aussitôt qu’on s’en approche et qu’on y touche. C’est une impression analogue qu’à cette heure, je crois, tu as produite sur moi! Une véritable torpeur envahit en effet mon âme aussi que ma bouche, je ne sais que te répondre. Et pourtant, oui, j’ai sur la vertu mille et mille fois copieusement parlé, et devant de grands auditoires, enfin, au moins si je m’en crois, avec plein succès! Or, à présent, ce qu’elle est, je suis totalement incapable de même le dire.

La réfutation socratique brise 1’illusion de connaître un concept et de se voir en droit de 1’utiliser pour juger et donc pour vivre. C’est ainsi que, de par l’enseignement de Socrate, le disciple est poussé à remettre en doute ses propres opinions qu’il croyait pourtant vraies jusqu’à présent. Son système de valeurs lui parait sans fondement au bout de la discussion. Il s’identifiait pourtant jusque là à ce système de valeurs qui lui communiquait sa manière de penser et d’agir. Il n’a donc rien appris à la fin de sa discussion avec Socrate. Au contraire, il ne sait plus rien du tout. Cette remise en doute du disciple est vécue comme une paralysie. Voilà comment Pierre Hadot décrit Socrate :
« Éternel questionneur, Socrate amenait ses interlocuteurs par d’habiles interrogations à reconnaître leur ignorance. Il les remplissait ainsi d’un trouble qui les amenait éventuellement à une remise en question de toute leur vie » .

L’enseignement de Socrate paralyse, mais en même temps s’élève une tempête dans I’esprit de l’interlocuteur. Ce vent de la pensée qui se lève défait et secoue son langage qui était gelé en mots, concepts, phrases, définitions et doctrines. La réflexion critique a donc un effet destructeur sur les critères déjà établis et les valeurs acquises. Elle déroute. L’interlocuteur n’est plus tout à fait certain de ce qui pourtant lui semblait indubitable auparavant. Il est porté à critiquer les valeurs sociales apprises. Socrate apparaissait donc comme un démolisseur de la tradition. Il n’est pas surprenant qu’il fut perçu comme un empêcheur de tourner en rond, que les Athéniens lui firent un procès et le condamnèrent à mort. 11 est très difficile d’accepter la critique. Être soumis à un examen constant devient rapidement insupportable. Comme le dit bien Hanna Arendt dans son livre Considérations morales, tout examen critique doit passer par une remise en question, une phase de négation des opinions et des valeurs qui étaient jusque-là perçues comme vraies. Cette phase de négation peut être dangereuse, elle peut mener au cynisme. En effet, les discussions avec Socrate conduisent toutes à des impasses et celui qui est interrogé doit repartir les mains vides. Certains peuvent être mécontents de ne pas apprendre de doctrine qui pourrait combler le vide de cet examen critique de leurs propres idées et valeurs. Ils risquent donc d’affirmer, puisque Socrate ne sait rien et que tous sont ignorants, qu’il n’y a donc pas de vérité et qu’il est inutile de se questionner plus longtemps sur ces concepts. Ou bien, d’autres peuvent soutenir qu’il est beaucoup plus simple de ne pas effectuer cet examen critique de nos propres valeurs et opinions en évitant ainsi un embarras certain et une déstabilisation. Il est beaucoup moins exigeant de s’attacher fermement aux règles de conduite admises à notre époque et dans notre société. C’est pour cette raison que la pensée est subversive, elle met en doute ces codes et ces signes qui permettent aux hommes de s’orienter. Penser, c’est consentir à ne pas tout comprendre et à vivre dans une certaine insécurité. Cependant, penser c’est en même temps marcher vers davantage de lucidité et de liberté individuelle.

3.3.2- L’amour de la sagesse

Malgré ces dangers inhérents à l’exercice de la pensée, l’aspect positif d’un tel exercice est qu’il peut aussi éveiller chez le disciple la quête de sens. Ce désir (Éros) de découvrir la vérité, de s’approcher de la sagesse. Là, nous touchons au cœur même de la philosophie, l’amour de la sagesse. Le mot philosophie vient du grec ancien philosophia et est composé des mots philein, et sophfa. Philein signifie amour et sophia sagesse ou savoir. L’étymologie du terme « philosophie » indique bien que le philosophe est celui qui tend vers la sagesse. Découvrir que nous ne savons rien, que nous ne sommes pas sages, peut nous donner l’envie irrésistible de le devenir un peu plus. Socrate a conscience qu’il n’est pas sage. Il n’est pas sophos, mais philosophos, quelqu’un qui désire la sagesse parce qu’il en est privé. De ce sentiment de privation naît un immense désir. Socrate, comme la raie torpille, paralyse tous ceux qu’il questionne, mais ce qui peut sembler n’être qu’une simple paralysie, est aussi un dynamisme. L’esprit s’échauffe et la prise de conscience de 1’ignorance exalte les facultés intellectuelles. À la suite de son contact avec Socrate, le disciple est en quête, il veut savoir pourquoi il agit, comment devenir un homme meilleur et comment créer une vie significative. La piqûre de Socrate est donc féconde. Socrate excite l’esprit, allume l’étincelle. Au lieu d’apporter un savoir sur un plateau d’argent, il pousse à la réflexion. Au bout du compte, 1’interlocuteur n’a rien appris de son échange avec Socrate, même qu’il ne sait plus rien du tout. Malgré tout, comme le dit bien Pierre Hadot, « (…) pendant tout le temps de la discussion, il a expérimenté ce qu’est l’activité de l’esprit, mieux encore, il a été Socrate lui-même, c’est-à-dire 1’interrogation, la mise en question, le recul par rapport à soi, c’est-à-dire finalement la conscience » . C’est grâce à ce désir de connaître que 1’interlocuteur sera poussé à chercher à se connaître et à prendre soin de son âme.

3.4- Le soin de l’âme

Socrate cherchait à savoir comment l’on doit vivre sa vie. Au temps de Socrate, philosopher, c’était surtout faire de l’astronomie et de la physique. Les philosophes spéculaient sur l’origine de l’univers, sur la cause de chaque chose, ce qui la fait être, ce qui la fait périr. Socrate allait à contre-courant des philosophes qui s’intéressaient avant tout à l’étude de la nature. À ses yeux, cette connaissance du monde n’apportait pas vraiment de lumière sur la manière de bien conduire sa vie. Il cherchait plutôt une connaissance utile aux hommes, une connaissance qui pourrait les éclairer sur leurs comportements. Il croyait, que les hommes devaient découvrir comment agir, comment devenir meilleurs et comment être plus heureux. C’est ce qu’explique Xénophon :

Il ne discutait pas non plus, comme la plupart des autres, sur la nature de l’univers et ne recherchait point comment est né ce que les philosophes appellent le monde, ni par quelles lois nécessaires se produit chacun des phénomènes célestes; il démontrait même que c’était folie de s’occuper de ces problèmes. Lui, au contraire, ne s’entretenait jamais que des choses humaines. Il examinait ce qui est pieux ou impie, ce qui est beau ou honteux, ce qui est juste ou injuste (…).

Sur le fronton du temple de Delphes, les Athéniens pouvaient lire différentes formules de sagesse dont la phrase célèbre attribuée à Socrate : « Connais-toi toi-même », « gnôthi seauton ». Il invitait justement ses disciples à cet examen d’eux-mêmes. Que chacun sache ce qu’il fait et pourquoi il le fait. La maïeutique atteint cet objectif. Grâce au questionnement de Socrate, l’interlocuteur est obligé de se pencher sur lui-même et sur ses propres actions : « L’individu est (…) remis en question dans les fondements mêmes de son action, il prend conscience du problème vivant qu’il est lui-même pour lui-même’’ » .

Comme nous l’avons vu, l’individu interrogé par Socrate remet en question ses convictions profondes. Pour Socrate, une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue : « (…) je soumets les autres et moi-même à cet examen, et je vais jusqu’à dire qu’une vie à laquelle cet examen ferait défaut ne mériterait pas d’être vécue (…) » . Alcibiade, ce jeune présomptueux aux ambitions politiques, est présenté dans le Banquet comme un exemple de l’attitude inverse du souci de l’âme. Il y explique que Socrate le contraint à s’avouer qu’il persiste à ne pas se soucier de lui-même et que cette vérité le rend honteux. Ce souci de 1’âme n’est pas la recherche d’une connaissance particulière de soi, de ses propres aptitudes, de ses qualités et de ses défauts. Socrate invite plutôt son interlocuteur à se tourner vers ces concepts du langage qui expriment ces réalités essentielles qui traversent notre vie à tous : la justice, le bonheur, le plaisir, la beauté, etc. L’individu ne doit pas s’adonner à une introspection psychologique pour découvrir ses aptitudes, son caractère, ses forces ou ses faiblesses. Non, il doit plutôt trouver ce qui fait sens et comment orienter ses actions vers une vie significative. Il voulait qu’il cherche la meilleure direction à donner à sa vie. Grâce à Socrate, le disciple va chercher qui il est vraiment et il va examiner sa vie pour mener une existence digne.

Pour Socrate, tous doivent faire cette recherche, l’homme d’État comme le cordonnier. Pour lui, nous ne pouvons nous rendre meilleurs que si nous prenons soin de nous-mêmes, que si nous savons qui nous sommes. Malheureusement, la plupart des hommes ne se soucient guère de leur vie intérieure. Par leurs actions et leur divertissement, ils s’empêchent de penser et d’examiner leur âme. Socrate aussi constatait que les citoyens d’Athènes étaient peu soucieux d’entretenir et d’améliorer leur âme. Voici comment il s’adresse à ces derniers lors de son procès : « Ô le meilleur des hommes, toi qui es Athénien, un citoyen de la cité la plus importante et la plus renommée dans les domaines de la sagesse et de la puissance, n’as-tu pas honte de te soucier de la façon d’augmenter le plus possible richesses, réputation et honneurs, alors que tu n’as aucun souci de la pensée, de la vérité et de l’amélioration de ton âme, et que tu n’y songes même pas? » . Socrate voulait réveiller chaque homme en lui disant connais-toi toi-même! Voue ta vie à des valeurs précieuses et non au conformisme, à l’habitude et à la peur. À ses yeux, 1’être humain n’a pas réellement vécu une vie libre tant qu’il ne s’est pas interrogé. Comme le dit bien Jean Brun, « Socrate invite donc le disciple à un retournement sur lui-même, à une conversion le guérissant des divertissements multiples tout le long desquels il ne peut que se perdre en se détournant de l’essentiel (…) il fait naître dans le disciple le désir véritable d’une maîtrise intérieure le conduisant à l’autonomie que seul le « connais-toi toi-même » peut lui conférer » . La démarche de Socrate est existentielle. Elle met en question l’individu qui est poussé à se soucier de ce qu’il pense et fait. Il nous permet d’accéder au sérieux de l’existence. Il nous fait prendre conscience qu’il faut réfléchir sur nous-mêmes et ne pas être endormis, donc avoir un esprit critique. Celui qui pense se soucie de son âme, réalise que l’essentiel n’est pas dans le confort et la sécurité d’une vie dictée par les normes sociale, mais que l’essentiel est dans la liberté. La liberté de choix et de ce que l’on veut devenir.

En conclusion, dans ce troisième chapitre, nous avons tenté de démontrer que la méthode de Socrate est la méthode par excellence pour développer l’esprit critique. Pour ce faire, nous avons expliqué en quoi consiste cette méthode. Nous avons alors utilisé trois métaphores pour expliquer la maïeutique de Socrate. Premièrement, Socrate est un accoucheur d’esprit. Telle sa mère qui était sage-femme, Socrate tente de délivrer ses interlocuteurs de leurs propres pensées sur les réalités importantes de l’existence. Il les questionne ainsi sur divers concepts tels que l’amour, le bien, la justice, etc. La question « ti esti », « qu’est-ce que c’est? », est donc au cœur de la maïeutique. L’ironie aussi joue un rôle primordial dans la méthode de Socrate. En effet, Socrate feignait de reconnaître comme juste et valable la première définition donnée par ses interlocuteurs, mais par la suite il démontrait toutes les apories d’une telle définition. Il voulait ainsi leur démontrer qu’ils se croient tous savants, mais qu’au fond ils ne savent pas ce que sont ces réalités. Il est donc réellement le plus sage des Athéniens comme l’affirmait l’Oracle de Delphes, car il ne souffre pas de la double ignorance. Il sait qu’il ne sait pas. Deuxièmement, Socrate est un taon qui voulait pousser les autres à penser par eux-mêmes. Par son questionnement perpétuel, il cherchait à les éveiller. II voulait les doter d’un esprit critique et les rendre aptes à remette en question ce qui est véhiculé par la doxa, l’opinion publique. À l’époque de Socrate, la démocratie était directe et les sophistes enseignaient l’art de persuader pour prendre le pouvoir politique. Il voulait donc que les citoyens soient en mesure d’identifier les propos démagogues et qu’ils cessent de mener une vie fidèle à l’opinion publique.

Troisièmement, Socrate était comparé au poisson torpille qui paralyse ses proies à son contact. Il paralysait ses interlocuteurs, car ils étaient incapables de donner la définition des réalités qu’ils croyaient bien connaître. Il remettait donc ainsi en question leurs idées et leurs convictions profondes. Cependant, suite à cet engourdissement, le désir de connaître émergeait en eux. Ils devenaient assoiffés de connaissances et désiraient découvrir le sens de ces réalités primordiales de l’existence. Ils devenaient des amoureux de la sagesse et, par le fait même, faisaient ainsi de la philosophie au sens étymologique de ce mot. Au bout du compte, Socrate voulait qu’ils réalisent 1’importance de prendre soin de leur âme. Qu’il est essentiel de chercher à se connaître pour choisir ses propres valeurs, ses propres idées pour trouver réellement un sens à leur vie.

NOTES

  1. Hadot, Pierre, Eloge de Socrate, Paris, Éditions Allia, 1998, p. 29.
  2. Platon, Théétète, trad. Emile Chambry, Paris, Éditions Garnier-Flammarion, 1967, 150b-151c, p. 71.
  3. Hadot, Pierre, op. cit., p. 22.
  4. Cicéron, cité par Hadot, Pierre, op. cit., pp. 22-23.
  5. (Platon, Dialogues socratiques, Laches, trad. Léon Robin, Paris, Éditions Gallimard, coll. «Idées», 1978, 191 (e), p. 177)
  6. Platon, op.cit., 148 c- 14 a, p. 68.
  7. Id., Apologie de Socrate. Cri/on, trad. Luc Brisson, Paris, Éditions Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1997, 21 d, p. 92.
  8. Id., Alcibiade, Laval, Éditions Beauchemin, coll. « Édicible », 1995, p. 28-29.
  9. Brunschwig, Jacques, «Socrate et écoles socratiques», dans Encyclopaedia universalis, Paris, 1989, Tome 21, p .234.
  10. Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 30e, p. 110.
  11. Diès, Auguste, dans Platon, Le Sophiste, trad. Auguste Diès Paris, Éditions Belles Lettres, 1925, p. 268.
  12. Arendt, Hannah, Considérations morales, trad. Marc Ducassou et Didier Maes, Paris, Editions Pavot et Rivages, coll. « Rivages poche/Petite Bibliothèque », 1996, p. 50.
  13. Marcuse, Herbert, Raison et révolution : Hegel et la naissance de la théorie sociale, trad. Robert Castel, Pans, Editions de Minuit, coll. « Sens commun », 1968, pp. 288-289.
  14. Platon, Dialogues socratiques, Ménon, trad. Léon Robin, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Idées », 1978 80 a-b, p. 256.
  15. Hadot, Pierre, op. cit., p. 13.
  16. lbid., p. 28.
  17. Xénophon, OEuvres complètes III : les mémorables, trad. Pierre Chambry, Pans, Éditions Garnier-Flammanon, 1967, p. 287.
  18. Hadot, Pierre, op. cit., p. 31.
  19. Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 38 a, p. 121.
  20. Platon, Apologie de Socrate, op. cit. 29 de, 29 de, p. 108.
  21. Brun, Jean, Socrate, Paris, Éditions PUF, coll. « Que sais-je? », 1978, p. 36.

La photographie de présentation en haut de l’article a été ajoutée par nous.


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Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

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Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Image par Steve Buissinne de Pixabay
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Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.

Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.


Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !

STEPHANIE DEZIEL

Formation de l’esprit critique et société de consommation

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
© Stéphanie Déziel, 2010

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Résumé

Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.


Extrait

Chapitre II : L’importance de former l’esprit critique

L ‘éducation est le processus qui, tout au long de la vie, confère la capacité de la diriger en accord avec notre réflexion, notre pensée et nos choix. L’éducation libère. Elle nous accorde la « souveraineté personnelle ».

Federico, Mayor, dans De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation. Essai sur le devenir humain.

2.1- Conquérir la liberté individuelle

Se former une opinion à soi, c’est faire preuve de liberté d’esprit, c’est par la suite choisir soi-même sa voie, ses orientations, ses engagements. C’est éviter de se laisser guider par autrui, d’être prisonnier d’un milieu,… »

Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.

2.1.1- Les somnambules

L’être humain est un être pensant, donc doué de raison. Dans son livre Politique, Aristote explique que l’être humain est par nature un « animal politique », bien plus que les abeilles ou autres animaux grégaires. Il est un « animal politique », car il est le seul parmi les animaux qui a la parole. Lui seul a cette aptitude à la conversation et à la réflexion. Pascal, de son côté, soutient dans ses Pensées que la pensée est la plus noble des activités humaines: « L’homme est visiblement fait pour penser; c’est toute sa dignité et tout son métier; et tout son devoir est de penser comme il faut »(1). Chaque être humain a cette capacité réflexive, mais certains ne l’utilisent pas, faute de temps, de courage ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas été habitués à réfléchir et à utiliser leur esprit critique.

Dans son texte Réponse à la question : Qu ‘est-ce que les Lumières?, Kant explique ce qui caractérise le siècle des Lumières qui a donné naissance à la démocratie moderne. Selon lui, ce moment historique a permis la sortie de l’homme hors de son état de minorité :

La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d’un manque d’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des lumières(2).

Même si, dans notre système démocratique, les hommes sont libres de penser par eux-mêmes, certains d’entre eux restent leur vie durant mineurs et cherchent le plus possible à trouver des tuteurs qui pensent à leur place. Il leur est trop difficile de penser par eux-mêmes. Déjà, Héraclite affirmait que la plupart des humains étaient endormis en plein jour. Il leur reprochait de mener tout éveillés, une vie de dormeurs. Dans son livre Vigiles de l’esprit, Alain explique que dormir, ce n’est pas avoir les yeux fermés et rester immobile ; dormir, c’est penser peu, penser le moins possible. Il explique que penser, c’est peser. Lorsque l’on dort, on ne pèse plus ce qui est dit, l’on tient pour vrai, sans examen, tout ce qui est véhiculé dans la société, ce qu’il appelle le murmure du monde. Pour lui, « …beaucoup d’hommes, qui, en apparence, sont bien éveillés, qui ont les yeux ouverts, qui se meuvent, qui parlent, en réalité dorment; la cité est pleine de somnambules(3) ». Comme nous l’avons souligné, les hommes des sociétés démocratiques se lancent dans le travail, dans le divertissement pour ne pas avoir trop à penser et évitent les questionnements existentiels. Ils existent sans savoir pourquoi. Ils adoptent les valeurs de leur société sans chercher à être ce qu’ils sont réellement. Ils sont donc les prisonniers d’une caverne d’ombres et de chimères.

2.1.2- Le conformisme

L’allégorie de la caverne est une fable écrite par Platon qui dévoile une réalité toujours actuelle. Platon utilise cette allégorie pour expliquer sa théorie des idées. Sans entrer dans les détails de cette théorie, nous pouvons utiliser cette fable pour expliquer dans quelle situation risquent de se retrouver les jeunes de notre société de consommation s’ils ne sont pas éveillés à la pensée. Dans cette allégorie, Socrate veut démontrer à Glaucon qu’elle est « notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation(4) ». Il faut se rappeler les éléments essentiels de cette allégorie. Il y a premièrement la caverne où sont confinés les prisonniers. Ceux-ci y vivent depuis leur naissance, donc elle est la seule réalité qu’ils connaissent. Ils sont attachés par des chaînes qui maintiennent leur cou pour qu’ils ne voient que les ombres qui défilent devant eux. La paroi de la caverne est un écran sur lequel se reflètent les ombres des objets qui passent derrière eux et qu’ils sont incapables de voir. Les prisonniers ne savent pas que ces ombres sont le reflet d’autre chose, ils croient que réside là toute la vérité : «(…) aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres (…) »(5). Entre eux et les objets, il y a le feu qui permet aux ombres de se refléter sur la paroi rocheuse. Dans l’allégorie, Socrate invite Glaucon à imaginer ce qui arriverait si l’on détachait l’un des prisonniers. Bien sûr, il serait dans un premier temps ébloui par la lumière du soleil, elle lui blesserait les yeux. Il aurait une vision confuse de la nouvelle réalité qui se déploie devant lui et il pourrait croire que le monde de la caverne est beaucoup plus réel que celui-ci. Par la suite, si le prisonnier retourne dans la caverne, il aura de la difficulté à retourner dans le monde des ombres, à retourner à la noirceur. Sa plus grande difficulté résidera dans ses efforts pour persuader les prisonniers que leur réalité n’est faite que d’ombres et d’illusions et que la réalité est plus vraie et plus belle hors de ces murs froids et sombres. Il sera perçu comme un empêcheur de tourner en rond, car il remet les fondements même de leur existence en question. Les prisonniers risquent alors de vouloir protéger leur confort et leur sécurité.

Nous pouvons utiliser l’allégorie de Platon pour expliquer que le manque d’esprit critique menace la liberté individuelle. Comme nous l’avons déjà souligné, l’homme moderne est jeté dans le monde de la consommation dès l’enfance et il vit dedans, sans distance. Son monde est celui de l’abondance, de l’accumulation de toutes sortes d’objets. D’autre part, il est soumis à une communication de masse. Il se fait endoctriner par les publicités, les émissions télévisées, les magazines hebdomadaires, etc. Ces médias lui dictent des valeurs et un modèle de vie idéal. Par exemple, les publicités véhiculent le message qu’il est important pour être heureux d’avoir un corps mince et en forme. Elles présentent un modèle de corps parfait qui met une pression immense sur les individus. Baudrillard dira que la beauté est devenue, pour les femmes, un impératif absolu, religieux. Plusieurs d’entre elles sont, en effet, en quête de ce modèle et pour y arriver vont faire des régimes, subir des chirurgies plastiques, acheter des produits miracles, etc. Elles croient que ce corps parfait les rendra heureuses. Les femmes occidentales se disent autonomes et libres d’agir ainsi, mais elles se conforment aux standards sociaux. L’auteure québécoise Nelly Arcand met en scène, notamment dans son livre Folle, des personnages qui sont aux prises avec cette pression sociale. Elle dira que les femmes sont prisonnières d’une burka de chair. La télévision peut parfois éduquer et bien informer, mais trop souvent elle véhicule les valeurs de la société de consommation : apparence, pouvoir, abondance, etc. Elle formate les esprits et les conditionne. C’est ce que soutient Jean-Jacques Wunenburger dans son livre L’homme à l’âge de la télévision :

La télévision est parvenue en un demi-siècle à peine à se rendre indispensable à la vie quotidienne des hommes, à rythmer leur existence, à transformer leurs rapports sociaux, à devenir le réfèrent obligé de leurs savoirs et pouvoirs. La petite boîte noire qui trône dans tous les logements privés et dans un nombre de plus en plus grand de lieux publics, remplit l’espace et le temps social, fait circuler des modèles de sentir, d’imaginer et de penser, imprègne les modes de vie.(6)

La télévision vient s’immiscer dans la vie de tous et impose un style de vie uniforme. Elle a en quelque sorte pris le relais des Églises pour définir ce qu’il faut croire, savoir, admirer et posséder. Elle définit des normes collectives.

Wunenburger explique que les images télévisuelles sont souvent trompeuses et montrent une réalité tronquée. À ses yeux, les images les plus trompeuses sont celles des séquences publicitaires. La publicité est régie par le principe de la persuasion. Elle vise à rendre un produit commercial désirable. Elle promeut surtout les qualités d’un produit, ses atouts, ses avantages et ses performances. Elle met en perspective les bienfaits d’un produit en dissimulant ses limites d’usage, ses vices et ses méfaits. Donc, elle est liée au mensonge par omission. Les téléspectateurs deviennent ainsi les otages de stratégies mercantiles. Les producteurs d’émissions et de publicités utilisent des idées et des valeurs pour manipuler les gens et ainsi faire des profits. Les intérêts financiers sont immenses, alors les compagnies publicitaires investissent énormément pour trouver la meilleure façon de pousser les gens à acheter leurs produits. Elles savent utiliser les techniques pour conditionner les gens à consommer. Les médias ont une influence considérable sur les individus. Les citoyens se croient libres dans leurs choix. Libres d’acheter telle voiture, tel shampooing, etc. Pourtant, ces choix sont fortement influencés par la publicité. Comme le mentionne Erich Fromm, l’homme dans la société de consommation est loin de faire des choix libres :

L’individu est dirigé et manipulé non seulement dans le domaine de la production, mais aussi dans celui de la consommation, qui est prétendument celui où il peut exprimer son libre choix. Qu’il s’agisse de la consommation de la nourriture, de l’habillement, de l’alcool, des cigarettes, des films et des programmes de télévision, un puissant appareil de persuasion est utilisé à deux fins : d’abord, pour accroître sans cesse l’appétit des individus pour de nouveaux produits, ensuite pour orienter ces appétits vers les débouchés les plus rentables pour l’industrie (…) L’homme est transformé en «consommateur», en un éternel nourrisson, dont l’unique désir est de consommer davantage et mieux(7).

Les hommes du siècle des Lumières se sont battus héroïquement pour s’affranchir de la tutelle des autorités politiques et religieuses. Ils ont vaincu en grande partie les dogmatismes. Les hommes de la société de consommation eux sont sous l’emprise d’un tyran invisible. La plupart des individus sont des automates qui vivent dans l’illusion d’être leur propre maître. Il en est tout autrement, ils se conforment aux modèles sociaux pour gagner la tranquillité et la sécurité.

Nous pouvons facilement comparer les hommes de la société de consommation qui sont rivés à leur écran de télévision quotidiennement et assimilent les valeurs de la société de consommation aux prisonniers de la caverne de Platon. Ils sont prisonniers de ces ombres et de ces illusions. C’est ce que croit Alvin Kernan :

La télévision est l’actualisation technologique de la caverne de Platon, un média de masse contrôlé par la publicité et soumis par la suite à un marché de masse, projetant sur l’écran des images presque totalement fausses du monde. La fausseté est inscrite en un dispositif pavlovien qui fonctionne en déclarant à ses sujets comme ils sont libres et individuels tout en les conditionnant. À quel degré elle a rendu triviale et vulgaire la vie américaine n’a pas encore été, je pense, pleinement compris, mais les contours sont clairs pour quiconque regarde(8).

Les ombres de la caverne de la société de consommation sont toutes ces valeurs, ces pseudos-vérités qui sont véhiculées dans la société et qui ne sont pas remises en question. Ce que les Grecs appelaient la doxa, l’opinion publique. Comme nous l’avons vu, Heidegger parle plutôt dans Être et temps du « On ». Il explique que l’homme est d’emblée un être social, ainsi la difficulté de celui-ci est de devenir un individu, de trouver un mode authentique d’existence personnelle. Il se laisse dicter ses projets, ses préférences, ses goûts par les autres. En se laissant dicter sa manière d’être par Y « On », l’homme ne projette pas une existence véritablement sienne, mais tombe sous l’emprise de l’opinion publique. Il comprend alors le monde selon l’opinion commune et est poussé à penser ce que 1′ « On » pense. La télévision contribue fortement à l’uniformisation de la vie. Les gens veulent copier les modèles de vie qui y sont présentés. Mais, au fond d’eux-mêmes, ne veulent-ils pas plutôt être véritablement libres et choisir réellement les valeurs qui vont guider leur vie? Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir exprimer librement nos opinions et de pouvoir choisir notre vie, mais nous ne sommes pas si libres. Notre société renforce le conformisme social. Nietzsche, de son côté, explique dans ses Considérations inactuelles que les hommes sont paresseux. Selon lui, si l’on demandait à un voyageur qui a parcouru le monde et a vu d’innombrables hommes qu’elle est la qualité qu’il a rencontrée chez les hommes, il répondrait que c’est une certaine propension à la paresse. Au fond de lui, l’homme sait qu’il ne vivra qu’une fois et qu’il est un miracle unique, mais il s’en cache et aime mieux vivre comme tout le monde.

2.1.3- Conquérir sa liberté individuelle

Pour Nietzsche, l’homme agit en bête de troupeau. Il dira à l’homme endormi : « Sois toi-même!45 » À ses yeux, la vie est désolante et absurde tant que l’on n’est pas devenu soi-même. La société stérilise un certain nombre de possibilités. Il faut faire comme tout le monde et les jeunes cherchent à entrer dans un moule préétabli. Pour devenir soi-même, l’homme doit se défaire des chaînes de l’opinion courante. Il doit assumer la responsabilité de son existence et devenir le pilote de sa propre vie. La vie est tellement brève, il faut qu’il s’emploie à créer quelque chose de significatif dans ce voyage éphémère. Pour se créer une vie significative, il ne doit pas agir en conformité avec ce qui est véhiculé dans la société, mais conquérir sa liberté intérieure et s’édifier une vie qui fait sens. Pindare, le grand poète grec, recommandait : « Deviens celui que tu es.(9)»

Lors d’une conférence en 2004, le philosophe québécois Georges Leroux a démontré l’importance des cours de philosophie pour notre société. Il a alors expliqué que le but des cégeps, c’est de former à une vie libre. Former les jeunes pour qu’ils choisissent une forme d’existence qui sera souveraine et qui va pouvoir accomplir les valeurs de leur choix. Il constatait, lui aussi, qu’aujourd’hui nous formons avant tout des compétences et des expertises. Les écoles et même les cégeps cherchent à ajuster les esprits aux impératifs économiques et techniques et à les accommoder aux contraintes des marchés. Il faut plutôt que l’éducation donne assez de force intérieure aux jeunes pour qu’ils affrontent le réel. Il faut donner les moyens aux jeunes de dépasser la simple recherche de la prospérité et favoriser l’accès à l’intériorité et à la souveraineté. Selon lui, il y a une confusion aujourd’hui : il semble que devenir libre c’est devenir le meilleur dans son domaine pour gagner beaucoup d’argent et pouvoir faire ce que l’on veut. Mais il faut se questionner aussi sur la finalité de nos choix. Pourquoi devenir le meilleur politicien, le meilleur chirurgien, le meilleur professeur? Est-ce pour la justice, la santé, la sagesse? Que signifient ces finalités à nos yeux, que sont-elles vraiment? S’il faut être meilleur seulement pour gagner davantage de sous, acheter des biens luxueux et jouir davantage des loisirs, est-ce que notre forme de vie aura réellement du sens? Quel est notre idéal personnel?

Georges Leroux explique que le concept de forme de vie vient du philosophe Wittgenstein. Pour Wittgenstein, tous les jugements de valeur exprimés par une personne peuvent être reconduits à une forme de vie. Ce qu’il considère beau, bon et bien est lié à cette forme de vie. La forme de vie qu’un individu poursuit devrait être celle qui lui permet de se réaliser. Mais pour y arriver, il faut qu’il découvre qui il est. Comment faire pour que, parmi tous les modèles de vie, il choisisse celui qu’il désire vraiment. Emerson dira dans son essai sur la confiance en soi que ce qui est prisé dans la société c’est le conformisme. Tous les membres d’une société cherchent à vivre selon le modèle social valorisé pour être acceptés des autres. Celui qui ne se conforme pas court le risque de se faire rejeter et mépriser. Il faut que l’éducation donne la confiance en soi nécessaire aux jeunes, la liberté individuelle qui leur fera choisir ce qu’ils veulent vraiment. : Emerson dira : « Ma vie existe pour elle-même et non pour la parade. (…) Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non pas ce que pensent les gens. (…) Il est facile, étant dans le monde, de vivre selon l’opinion du monde; il est facile, dans la solitude, de vivre selon la nôtre, mais il a de la grandeur, celui qui au milieu de la foule garde avec une suavité parfaite l’indépendance de la solitude(10) ». Il faut donner les instruments de la liberté aux jeunes, sinon nous renforcerons le conformisme. La liberté individuelle exige de s’engager sur les traces de nos propres idéaux. La liberté implique aussi un devoir civique. Pour être libre et avoir un pouvoir sur sa destinée, l’individu ne doit pas être sous la tutelle de l’État. Il doit participer à la vie politique pour se gouverner lui-même.

2.2- Esprit critique et démocratie

(…) Il est plus important de comprendre que l’enseignement prépare la société de demain. Que c’est lui qui forme les hommes qui auront à se débattre, à se faire entendre de leurs concitoyens, à juger librement et clairement sans se laisser aller au gré des phrases toutes faites, du langage de bois et des propagandes qui les menacent aujourd ‘hui de partout.

Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.

2.2.1- L’indifférence face à la chose publique

Pendant longtemps, le système politique des sociétés occidentales était aristocratique. Il y a une très grande différence entre l’aristocratie et la démocratie. Dans une aristocratie, le pouvoir est concentré dans les mains d’un petit nombre d’individus tandis que dans une démocratie, c’est le peuple qui détient le pouvoir. Le petit nombre d’individus au pouvoir dans une aristocratie établit les lois sans consulter le peuple, alors que dans une démocratie c’est le peuple qui participe à la composition des lois. Il gouverne lui-même. Chaque individu forme ainsi une portion égale du souverain et participe au gouvernement de l’Etat. Il élit ses représentants grâce au vote universel. C’est ainsi que chaque citoyen détient le droit de gouverner.

Selon Tocqueville, l’un des dangers les plus grands des démocraties est que la concentration du citoyen sur son bien-être personnel et son désintérêt pour la réflexion critique et la chose publique permettent l’apparition d’un nouveau despotisme. Le danger est que les individus soient tellement absorbés par leur propre bien-être et par la réussite matérielle qu’ils n’aient plus le temps de participer à la vie publique et négligent la sphère politique. Voici le portrait qu’il dresse des citoyens de la société démocratique : « L’exercice de leurs devoirs politiques leur paraît un contretemps fâcheux qui les distrait de leur industrie. S’agit-il de choisir leurs représentants, de prêter main-forte à l’autorité, de traiter en commun la chose commune, le temps leur manque; ils ne sauraient dissiper ce temps si précieux en travaux inutiles(11) ». Puisque les citoyens sont entièrement concentrés à s’occuper de leurs propres affaires personnelles, ils risquent de ne plus être maîtres d’eux-mêmes. Les individus dans une société de consommation recherchent avant tout le confort, se mobilisent de moins en moins et ne sont plus soucieux de leur destin. Une telle indifférence de la chose publique se manifeste, entre autres, dans un très faible taux de participation aux élections. Les citoyens risquent ainsi de considérer leurs pareils, leurs parents, leurs amis et leur famille comme leur seule société. La démocratie se fonde sur la participation active de tous les citoyens. Il est facile à un despote de prendre le pouvoir quand tous se désintéressent de la chose publique. Surtout si celui-ci s’évertue à assurer le bien-être matériel de tous et veille à ce que ce bien-être prospère. C’est ce que croit Tocqueville :

(…) je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance (…) C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre (…) il ne brise pas les volontés, mais les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger(12).

Dans cette longue et célèbre citation de Tocqueville, nous retrouvons le portrait d’une société démocratique où les individus ont abandonné leur liberté de penser et leur liberté politique. Dans cette société, les citoyens qui sont préoccupés par leur bien-être et leur plaisir deviennent individualistes et indifférents à la chose publique. Ceux-ci remettent dans les mains de l’État la gouvernance et n’utilisent plus leur liberté de penser. L’État devient le tuteur qui leur assure ce bien-être tant convoité, mais les infantilise et les soulage de leur libre-arbitre. Voilà la grande crainte de Tocqueville, que dans la démocratie les individus perdent leur faculté de penser, de sentir et d’agir par eux-mêmes. Qu’ils perdent donc un pouvoir effectif sur leur destinée.

Aristote explique, lui aussi, que la tyrannie peut émerger dans une démocratie. Le tyran utilise trois moyens pour maintenir son pouvoir. Premièrement, il avilit les esprits. Ensuite, il sème la méfiance chez les citoyens, car ils ne peuvent renverser le pouvoir du tyran s’ils ne se font pas confiance entre eux. Pour finir, il faut les priver du pouvoir d’agir. Comme nous l’avons vu plus haut, dans notre société de consommation, les citoyens ne cherchent pas à réfléchir. Nous assistons donc à un avilissement des esprits. Lorsque les citoyens ne font pas preuve de lucidité et qu’ils n’ont pas un esprit critique aiguisé, ils sont susceptibles de se faire manipuler par des démagogues. Ceux-ci utilisent de belles phrases pour séduire, ils cherchent à persuader la foule pour acquérir le pouvoir. Ils ne voient aucun mal dans la manipulation de l’opinion publique pour arriver à leurs propres fins. Ils n’accordent pas d’importance à la vérité de leurs propos. Tout ce qu’ils désirent c’est d’obtenir le pouvoir et grimper les échelons de la réussite sociale. Nous pouvons facilement comparer le démagogue au commerçant qui veut vendre sa marchandise à tout prix, en la vantant de toutes les qualités inimaginables. Cependant, il ne se soucie pas de savoir si ce qu’il vend est bon en soi, mais il se préoccupe seulement du profit qu’il peut apporter. Dans une démocratie comme la nôtre, il est important de charmer la foule pour que les dirigeants soient élus. Trop souvent, les hommes d’état jouent la carte de l’apparence pour accéder au pouvoir et cherchent à séduire pour se faire élire. Pour résister à la démagogie, les citoyens doivent être éduqués.

2.2.2- La capacité de réfléchir et de prendre des décisions éclairées

Dans une démocratie, l’exercice de l’esprit critique est indispensable. Les citoyens doivent s’intéresser à la chose publique, mais aussi être capables d’y participer. Ils doivent être aptes à choisir entre des positions politiques différentes et à exprimer leurs positions par le vote. Les citoyens sont informés, par le biais des médias, des sujets et des questions qui les concernent. Ils doivent êtres capables de discuter sur ces divers sujets et à juger de la pertinence des décisions politiques. Comme l’explique Normand Baillargeon : « Dans une démocratie, chacun est gouvernant en puissance et est appelé à se prononcer sur les affaires qui concernent le bien commun; chacun peut faire entendre sa voix et peut, en droit, prendre part aux débats et aux discussions qui ont constamment cours sur un nombre en théorie infini de sujets et de questions qui débouchent, après délibération, sur des décisions et des actions(13)». Celui-ci ajoute que, malheureusement, trop souvent les citoyens de notre société sont incapables de prendre part au débat: «(…) la figure idéale d’un citoyen informé, capable déjuger et de prendre part à des discussions tend à céder la place, dans les faits, à celle de sujets endoctrinés, ignorants de données cruciales concernant le monde dans lequel ils vivent et exclus du débat politique dont ils ne sont plus participants mais spectateurs(14) ».

La société démocratique repose sur la nécessité de développer l’intelligence et la raison de tous les membres de la société pour rendre possible le libre exercice de leur souveraineté et leur permettre de jouir de leurs droits. Pour Wunenburger, nos sociétés médiatisées appauvrissent plutôt l’intelligence. La télévision remettrait en question les valeurs les plus fondamentales de la modernité : idéal d’émancipation, idéal de liberté et d’autonomie du jugement, idéal de discussion critique des opinions. La télévision nous évite de parler et d’agir, elle porte plutôt à la passivité, à la réception d’un spectacle indépendant de nous et à la consommation passive d’images. Elle endort en quelque sorte les esprits, même si parfois elle informe vraiment. : « La télévision ne doit-elle pas dès lors être accusée de nos jours comme la plus grande ennemie de la liberté et de la vérité, et donc de la démocratie ». La démocratie fait appel à l’esprit critique des citoyens et à leur capacité à prendre part aux diverses discussions. C’est le système éducatif qui doit outiller les jeunes et développer leur esprit critique pour les rendre aptes à une participation active.

2.3- Esprit critique et philosophie

2.3.1- La philosophie forme l’esprit critique

Dans son livre Introduction à la philosophie, le philosophe allemand Karl Jaspers souligne que les êtres humains portent des regards contradictoires sur la philosophie. Certains ont des attentes vis-à-vis celle-ci, d’autres y sont indifférents. Plusieurs vénèrent ceux qui l’exercent tandis que certains les méprisent et les considèrent comme des rêveurs qui s’adonnent à une introspection superflue. Dans un monde où la science est admirée pour ses connaissances certaines qui donnent des résultats pratiques, la philosophie fait souvent piètre figure. Elle n’aboutit à rien de concret. En effet, malgré de nombreux efforts depuis des milliers d’années, la philosophie ne réussit pas à atteindre un savoir définitif ni à faire l’unanimité. Les théories philosophiques se contredisent et il n’y a pas une vérité philosophique certaine et définitive. Elle est souvent perçue comme une connaissance inutile, un jeu théorique vain. Plusieurs individus considèrent que la philosophie ne devrait pas être enseignée au collégial. À leurs yeux, cet enseignement serait une perte de temps et il faudrait plutôt former des travailleurs efficaces, aptes à aller sur le marché du travail.

Dans son texte Valeur de la philosophie, Russell tente d’expliquer pourquoi il est nécessaire d’étudier la philosophie. Pour lui, les critiques adressées à la philosophie sont l’art des gens pratiques, ceux qui ne reconnaissent que les besoins matériels, qui croient que l’homme doit nourrir son corps, mais ne considèrent pas nécessaire qu’il nourrisse son esprit. La philosophie est une nourriture pour l’esprit. Elle ne peut fournir des réponses précises sur les questions qui la concernent, mais elle nous fait prendre conscience de 1’importance de ces problèmes et surtout, elle permet de développer notre esprit critique:

La valeur de la philosophie, affirme Russell, doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. (…) La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée (. . .).

Russell, Bertrand, Problèmes de philosophie, Paris, Paris, Éditions Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », 1965, p. 25.

C’est le rôle de la philosophie de doter les jeunes d’un esprit critique et de les délivrer de leurs préjugés et de leurs opinions préconçues.

2.3.2- Définition de l’esprit critique

Qu’est-ce que l’esprit critique que la philosophie permet de développer? Le mot critique dérive du verbe grec krinein qui signifie « séparer », « juger », « décider », « distinguer », « trancher », « passer au crible ». Il renvoie à une fonction fondamentale du corps, celle d’éliminer les substances nocives. En effet, si les reins d’un individu cessent de « critiquer », celui-ci meurt. Avoir un esprit critique, c’est faire preuve de discernement. Dans le mot discernement, nous retrouvons le verbe latin cernere qui a une signification semblable : séparer le bon du mauvais. Celui qui a un esprit critique est celui qui est capable de discerner et de juger ce qui est mauvais et est ainsi apte à le rejeter. Il est capable de faire preuve de discernement dans ses choix quotidiens. Dans l’Encyclopédie philosophique universelle, nous retrouvons la définition suivante du terme critique : la critique est une forme de la pensée rationnelle qui consiste à examiner un autre produit de la pensée afin de le juger et d’en déterminer, en pesant le pour et le contre, la véritable valeur : vrai ou faux. Un esprit critique sera apte à dissocier le vrai du faux dans une publicité, un discours politique, etc. Par exemple, il comprendra qu’il n’y a aucun rapport entre une jolie femme et la qualité d’une auto. Qu’il n’y a pas nécessairement de lien entre une vie réussie, le bonheur et l’accumulation de richesses. L’esprit critique rend en mesure de savoir si un individu est en train de débiter des balivernes, s’il utilise de mauvais arguments ou des sophismes. La pensée critique met à l’abri du dogmatisme, des préjugés et des généralisations hâtives. Elle est une arme contre les démagogues, les superstitions, les préjugés, les opinions non fondées, etc. De plus, l’esprit critique permet de nous défaire des chaînes du conformisme et de l’opinion publique et de plutôt choisir ce que nous voulons réellement devenir. Il aide à vivre une vie libre. Heureusement, l’esprit critique s’apprend, notamment dans les cours de philosophie.

L’une des tâches principales de la philosophie est de former des citoyens éclairés capables d’avoir un esprit critique. C’est ce que souligne Jaspers : « Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement : il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être » (16). La philosophie comporte un travail critique. Cette critique n’est cependant jamais purement et simplement négative, elle est plutôt constructive. Elle a pour but de corriger les fausses évidences, les illusions et erreurs du sens commun. Elle permet de faire des choix éclairés. Celui qui a un esprit critique ne peut accepter les vérités toutes faites, il remet en question les prétendues vérités véhiculées dans la société et il est apte à opérer un recul face aux valeurs sociales. 11 est capable de se faire une opinion par lui-même et de reconnaître ses propres préjugés et de s’en méfier. Faire de la philosophie c’est être en route, comme le dit avec justesse Jaspers. Être en route vers davantage de lucidité. L’éducation doit permettre aux jeunes de se retourner pour regarder le soleil et non plus les images projetées sur le fond de la caverne. Elle doit déprendre les jeunes de ces illusions.

En conclusion, dans ce deuxième chapitre, nous avons voulu démontrer qu’il est urgent de former l’esprit critique des jeunes de la société de consommation. En premier lieu, nous avons expliqué que trop souvent dans une société de consommation, les individus sont des somnambules qui dorment en plein jour et qui ne pensent pas par eux-mêmes. En effet, la plupart d’entre eux sont comme les prisonniers de la caverne de Platon, ils absorbent sans remise en question les valeurs et opinions véhiculées dans les médias et surtout à la télévision. Ils sont conditionnés par une vision du bonheur liée à l’abondance matérielle et au paraître. Ils se croient libres, mais ne sont pas maîtres de leur choix et décisions. Le fait de ne pas utiliser leur esprit critique a donc pour première conséquence d’empêcher les individus de conquérir leur liberté individuelle. Ils sont conformistes et sont incapables de vivre la vie qu’ils désirent réellement et de choisir leurs propres valeurs.

Dans un deuxième temps, nous avons souligné que le manque d’esprit critique est une menace pour la démocratie et pour la liberté politique. Premièrement, l’obsession du bien-être matériel détourne les individus de la politique. Ils sont tellement préoccupés par leur avancement et la consommation de biens qu’ils oublient de se soucier de la politique et abandonnent leur droit de vote. Ils risquent ainsi de ne plus être réellement les maîtres de leur destin. Dans une démocratie, c’est le peuple qui gouverne, mais les membres qui le composent doivent s’impliquer et participer aux décisions pour réellement gouverner. De plus, sans esprit critique ils sont incapables de bien cerner les débats et de bien analyser les discours politiques. L’esprit critique est essentiel pour prendre des décisions politiques éclairées. Nous avons terminé en donnant une définition de l’esprit critique. Celui qui est doté d’un esprit critique est capable de discerner dans une idée, un discours, une opinion ce qui est vrai et ce qui est faux. Il a la capacité de séparer le bon du mauvais et de remettre en question ce qui est véhiculé dans une société. Il fait donc preuve d’un doute constructif, il doute pour chercher la pertinence de ce qui est dit et pour pouvoir prendre de meilleures décisions. L’esprit critique permet surtout de s’éloigner du conformisme et de choisir la forme de vie qui fait réellement sens à nos yeux. Il s’apprend notamment dans les cours de philosophie. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, Socrate enseignait à user de notre esprit critique, à remettre en question nos certitudes, à penser par nous-mêmes et à cherche à nous connaître. Il est donc un maître à suive pour doter nos jeunes d’un esprit critique.


NOTES

(1) lbid., p.92.

(2) Kant, Immanuel, Oeuvres philosophiques II, Des prolégomènes aux écrits de 1797, trad. Heinz Wismann, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1980, p. 209.

(3) Alain, (Emile Charrier), l’igiles de l’esprit, Paris, Éditions Gallimard, coll. « nrf », 1942, p.8.

(4) Platon, Œuvres complètes 17 : La République, trad. Emile Chambry, Pans, Éditions Les Belles Lettres, 1949, 514a,
p. 340.

(5) lbid, p. 340.

(6) Wunenburger, Jean-Jacques, L’homme à l’âge de la télévision, Pans, Éditions Presses universitaires de France, coll. « Intervention philosophique », 2000, p.l 19.

(7) Fromm, Erich, De la désobéissance et autres essais, trad. Théo Carlier, Paris, Éditions Robert Laffont, 1983, p. 86.

(8) Kernan, Alvin, cité par De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation : essai sur le devenir humain, Paris, Edition Presses universitaires de France, coll. « Thémis », 2004, p. 60.

(9) Nietzsche, Friedrich, Considérations inactuel/es, III, 4, trad. Geneviève Bianquis, Paris, Éditions Aubier, 1966, p. 17.

(10) Emerson, Ralph Waldo, l^a confiance en soi et autres essais, trad. Monique Bégot, Pans, Editions Payot et Rivages, coll. « Rivage poche/Petite Bibliothèque », 2000, p. 93.

(11) De Tocquevlle, Alexis, op. cit., T.II, Deuxième partie, Ch. XIV, p. 196.

(12) lbid., T.II, Quatrième partie, Ch. VI, p. 434-435.

(13) Baillargeon, Normand, La lueur d’une bougie : citoyenneté et pensée critique, Montréal, Éditions Fides, coll. « Grandes conférences », 2001, p. 19.

(14) lbid., p. 22-23.

(15) Wunenburger, Jean-]acques, op. cit., p .6.

(16) Jaspers, Karl, Introduction à la philosophie, trad. Jeanne Hersch, Paris, Éditions Pion, coll. « 10/18 », 1965, p. 6.


La photographie de présentation en haut de l’article a été ajoutée par nous.


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Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

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