Article # 139 – La liberté, c’est notre destin ! La philosophie antique aux cœur des débats actuels, Pierre Laurendeau, Presses de l’Université Laval, 2013

J’ai lu pour vous

« La liberté, c’est notre destin ! – La philosophie antique au cœur des débats actuels » de Pierre Laurendeau et paru aux Presses de l’Université Laval (PUF) en 2013. Cet ouvrage exprime fort bien comment la philosophie nous aide à mieux vivre.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.


Couvertures

La liberté, c’est notre destin !

La philosophie antique aux cœur des débats actuels

Pierre Laurendeau

Presses de l’Université Laval, 2013

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Données au catalogue

La liberté, c’est notre destin !

La philosophie antique aux cœur des débats actuels

Date de sortie :  30 juillet 2013

Auteur(s) : Pierre Laurendeau

Éditeur : Presses de l’Université Laval (PUL)

ISBN : 9782763717869 (2763717861)

Nombre de pages : 114 pages

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Présentation

TEXTE EN QUATRIÈME DE COUVERTURE

Pourquoi les propos des philosophes de l’Antiquité grecque et latine, de même qu’asiatique, sont-ils toujours aussi actuels ? C’est en lisant douze extraits de ces penseurs sur la nature, la connaissance, la cité, la morale et le sens de la vie que vous le découvrirez. Mais précisons tout de suite au moins une chose : ces penseurs n’ont cessé de réfléchir à la liberté en lien avec les nécessités de la vie, ce qui demeure un des grands défis du XXIe siècle.

Pierre Laurendeau enseigne la philosophie au cégep. Il a publié quelques ouvrages, dont deux romans philosophiques et un essai intitulé Victor-Lévy Beaulieu en six temps (PUL, 2012).

Source : Presses de l’Université Laval.

Texte de présentation sur le site web de l’éditeur

Pour concevoir ce manuel de philosophie, Pierre Laurendeau a réuni des penseurs de l’Antiquité autour d’un questionnement sur la liberté et le déterminisme. Pourquoi les propos des philosophes de l’Antiquité grecque et latine, de même qu’asiatique, sont-ils toujours aussi actuels ? C’est en lisant douze extraits de ces penseurs sur la nature, la connaissance, la cité, la morale et le sens de la vie que vous le découvrirez.

Source : Presses de l’Université Laval.

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Table des matières

Introduction

1. NATURE — Cultive le naturel.

ÉPICURE / MARC-AURÈLE

Épicure [-341 -270]

Lettre à Mécénée

Questions à réflexion et à argumentation

Marc-Aurèle (stoïcien) [121-180]

Pensées pour moi-même

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en débat

2. CONNAISSANCE — Allume tes lumières

PLATON et ARISTOTE

Platon [-428 -348]

Ménon

Questions à réflexion et à argumentation

Aristote [-384 -322]

Derniers analytiques

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en débat

3. CITÉ — Arrive en ville

CICÉRON / DIOGÈNE DE SINOPE

Cicéron [-106 -43]

Des biens et des maux (de Finibus)

Questions à réflexion et à argumentation

Diogène de Sinope  [-413-327]

Diogène

Sur le cynisme

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en débat

4. ACTION — Lance-toi

ÉPICTÈTE / PLUTARQUE

Épictète [50-130]

Entretiens

Manuel

Questions à réflexion et à argumentation

Plutarque [46-125]

De la vertu morale

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en dialogue

5. SENS DE LA VIE À L’OCCIDENTALE — Suis ta route

SEXTUS EMPIRICUS / LUCRÈCE

Sextus Empiricus [IIe-IIIe s.]

Quelle est la fin du scepticisme ?

Questions à réflexion et à argumentation

Lucrèce [-98 -55]

Prosopopée de la nature

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en dialogue

6. SENS DE LA VIE À L’ORIENTALE — Éclaire I’ univers

LAO-TSEU / BOUDDHA

Lao-Tseu [-VIe siècle -Ve siècle]

Tao Tö King

Questions à réflexion et à argumentation

Bouddha [-VIe siècle -Ve siècle]

Mahâtanhâsankhaya-Sutta

Questions à réflexion et à argumentation

Deux philosophes en dialogue

En guise de conclusion: un défi plus qu’une fin

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Extraits

Cet Extrait est disponible sur le site web Google Livres

Introduction

«Il existait deux opinions sur lesquelles se partageaient les anciens philosophes, les uns pensant que cout se produit par le destin, en sorte que ce destin apportait la force de la nécessité (Démocrite, Héraclite, Empédocle, Aristote étaient de cet avis), les autres pour qui les mouvements volontaires de l’âme existaient  sans aucune intervention du destin; Chrysippe, en position d’arbitre officieux, me paraît avoir choisi la position intermédiaire; mais il se rattache plutôt à ceux qui veulent voir les mouvements de l’âme libérés de la nécessité. Or quand il utilise ses propres expressions, il tombe dans des difficultés qui l’amènent à confirmer malgré lui la nécessité du destin.»

– (Cicéron, Du destin, §392)

Tout au long de l’histoire de l’humanité, des êtres humains se sont battus contre la nature, les dieux, l’oppression, l’ignorance, et même contre eux-mêmes afin de conquérir leur liberté. Cette conquête de la liberté semble être l’une des motivations fonda­ mentales de la vie humaine. Mais, face à la liberté, se sont toujours imposées des idées contraires, entre autres celle de la nécessité ou encore celle du déterminisme. L’idée de destin en fut une autre, elle se définissait principalement de la façon suivante:  une force plus ou moins occulte, obscure et mystérieuse obligeant les êtres humains à suivre un chemin les menant à une réalité incontournable. À partir de cette vision du destin, la liberté apparaissait, pour beaucoup, comme une illusion.

En partant du fait que les idées de liberté et de destin ont toujours habité l’esprit des hommes, nous proposons une troisième voie, une espèce de duel inhérent à leur réalité. Encore aujourd’hui, ce duel d’idées, déterminant pour l’ensemble de nos choix et de nos actions, exprime, selon nous, le mouvement même de la vie.

Pour comprendre la dynamique de ce duel, remontons à l’Antiquité3 grecque, latine et même asiatique. C’est à cette époque qu’il a pris une tournure décisive: la quête de liberté se faisait alors plus consciente et plus systématique, et ce pour de plus en plus de gens.

Lorsque les premiers penseurs grecs ont remis en question l’ordre du cosmos établi par les dieux, ils cherchaient à comprendre les phénomènes naturels sans avoir recours à des explications surnaturelles. Ils se donnaient ainsi la liberté de penser le monde autrement. Ils remettaient aussi en question le sens et la place de l’être humain dans l’univers afin de mieux délimiter ses marges de manœuvre. De plus, ils instaurèrent la cité démocratique afin d’assurer les conditions de vie néces­saires aux hommes libres. Ils apprirent à débattre et à dialoguer, traçant les voies de la liberté d’expression. Ils visèrent à élargir leur liberté de penser et d’agir, comme si elle seule pouvait donner un sens à leur vie. Mais le duel n’était pas clos pour autant: aux yeux de plusieurs des penseurs et des gens d’action de l’Antiquité, le fait que la liberté soit plus grande ne signifiait pas nécessairement la disparition du destin, et encore moins celle des dieux, vus souvent comme les maîtres de ce destin.

En interrogeant le passé réflexif des êtres humains, c’est une façon de prendre un certain recul face aux enjeux contempo­rains de l’humanité et, par contraste, d’en dégager une perspective nouvelle. Prenons un seul exemple: les débats et les combats «violents» concernant la religion. Dieu est toujours présent pour la grande majorité des êtres humains et justifie bien des actions, parfois absurdes, sinon cruelles; mais, avec Dieu, il en va aussi du sens que les êtres humains donnent à la vie! Quand on se débarrasse de Dieu, que met-on à sa place?

Les recherches contemporaines en génétique et en psycho­logie nous font prendre conscience que nous sommes plus ou moins conditionnés, programmés, déterminés. Si une large part de ce que nous sommes est inconsciente, comme le croyait le docteur          Freud, père de la psychanalyse, et si la société et les conditions sociales déterminent ce que nous sommes, comme le croyait le philosophe-économiste Karl Marx, que nous reste-e-il comme liberté? L’ONU a défini, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, des principes universels qui semblent valables pour la conduite de tous les humains. En ce sens, n’y a-t-il pas un but, un destin commun à toute vie humaine? Le souci pour l’humanité aurait-il remplacé la sollicitation de Dieu? Finalement, nous constatons que la liberté est au cœur de nos réalités quotidiennes, et que nous sommes constamment amenés à réfléchir à nos propres limites à son sujet.

Globalement, ce duel liberté/destin soulève toujours la question de l’avenir de l’humanité: toujours plus de liberté ou la reconnaissance d’un destin commun à l’espèce vivante que nous sommes? Deux poids à mettre dans la balance de notre conscience personnelle, car il semble bien que le futur humain repose sur la responsabilité de chacun.

Dans ce duel, que nous présentons comme une dualité liberté/destin, nous retenons cinq angles de réflexion qui ont prévalu au cours de l’Antiquité et qui demeurent encore pertinents: la nature, la connaissance, la cité, l’action et le sens de la vie. Pour ce qui a trait au sens de la vie, nous l’avons d’abord présenté sous l’aspect de la pensée occidentale, et ensuite sous l’aspect de la pensée orientale, étant convaincu de la complé­mentarité de ces deux aspects pour bien comprendre ce que nous sommes, nous, les êtres humains.

Pour chacun   des angles de réflexion, nous vous proposons deux extraits de textes en duel: l’un nous apporte des arguments favorables au destin et l’autre à la liberté. Mais on peut souvent sentir que la frontière est bien mince entre les deux positions, car la pensée humaine ne semble pas pouvoir faire abstraction ni de l’une ni de l’autre. Alors, où trouver l’équilibre sinon en explorant les deux pôles et en les gardant vivants, afin de se faire « une tête » sur ce duel profondément humain. En ce sens, nous terminons la présentation de chaque angle de réflexion par un encadré dans lequel nous imaginons une certaine perspective des choses, perspective qui nous semble pertinente pour le XXIe siècle. De plus, nous vous suggérons quelques questions à réflexion après chaque extrait de texte, et finalement une mise en débat ou en dialogue des deux penseurs vus.

Nous osons croire que cette présentation des penseurs de l’Antiquité vous fera voir leur intarissable actualité, comme s’ils demeuraient des sources d’inspiration profondes pour nous, les êtres humains du XXIe siècle.

____________
NOTES

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Libert%C3%A9.

3. On situe l’Antiquité encre -500 avant J.-C. et +400 après J.-C.

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P.S.: Le lien donné en note # 2 conduit à la page de l’entrée « Liberté » de Wikipédia mais cette dernière ne contient pas la citation de Cicéron. Voici celle où j’ai trouvée la citation attribuée à Cicéron sur WIKIVERSITÉ, entrée « Liberté » : https://fr.wikiversity.org/wiki/La_libert%C3%A9/Un_concept_clef_de_la_m%C3%A9taphysique.

D’autres extraits sont disponibles sur le site web Google Livres

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Au sujet de l’auteur

PIERRE LAURENDEAU

« En plus d’enseigner la philosophie au collégial depuis plusieurs années, je suis aussi auteur, conférencier, formateur et animateur. J’ai publié 3 romans Jeunesse, un manuel de philosophie et deux essais. Un de mes romans Jeunesse s’intitule Les mots de mon père. Pour les essais, j’en ai un sur l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu et un en Philosophie pour enfants intitulé Des enfants pensent l’avenir. Mon manuel de philosophie porte le titre La liberté, c’est notre destin.

Comme conférencier, je propose présentement une conférence sur Victor-Lévy Beaulieu et une sur le Bonheur.

Comme formateur, j’ai donné récemment un atelier à des enseignants sur le développement d’une relation éducative satisfaisante avec les étudiants basée sur l’écriture.

Comme animateur, j’anime depuis trois ans des Cafés philo. Je propose aussi un atelier sur L’initiation à la vie philosophique et un autre sur l’écriture. »

Source : Pierre Laurendeau, LinkedIn.


Page Facebook de Pierre Laurendeau

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Du même auteur

THÈSE UNIVERSITAIRE

De l’intuition à une philosophie de l’éducation : vers l’humain

Résumé

Dans notre travail, nous avions deux objectifs majeurs: rendre l’intuition plus présente au fonctionnement de l’éducateur; montrer l’importance de la philosophie, pour une action consciente. De fait, nous cherchions une philosophie de l’éducation découlant directement d’un approfondissement de l’intuition. Cet approfondissement s’est réalisé par une problématique ouverte sur trois champs d’exploration: pédagogie, psychologie et sociologie. Dans chacun d’eux, nous avons cherché la place de l’intuition, afin de bâtir une structure constituée de l’ensemble des éléments liés à sa présence en éducation. Cette façon de procéder, pour définir l’intuition de manière plus dynamique, nous a permis de la comprendre, non plus uniquement comme état, mais insérer dans un processus. Nous voulions comprendre l’apport de l’intuition, sans en faire l’apologie au détriment des autres composantes essentielles dans un fonctionnement éducatif. Nous voulions démontrer ainsi la nécessité de l’intuition en éducation et indiquer ce qui lui était complémentaire. Nous devions alors nommer sa particularité, la rendant si indispensable. L’intuition, depuis les études en phénoménologie, est devenue essentielle à une action consciente, impliquant une intention claire; ce qui nous a attiré, c’est l’unification active de trois facettes d’une même réalité. Elle agissait simultanément à trois niveaux différents: par la synthèse, au niveau de la connaissance (pédagogique); par la réciprocité, au niveau relationnel (psychologique): par la solidarité, au niveau de l’adaptation (sociologique). L’intuition rendait pour nous, l’apport de chacun d’eux nécessaire, pour une action consciente.

Source : Université de Sherbrooke (Québec, Canada).

Autre : Lien de téléchargement de la thèse (PDF).


LIVRES DU MÊME AUTEUR

chez les Presses de l’Université Laval (PUL)

Des enfants pensent l’avenir. Philosophie pour enfants et prévention de la violence

Victor-Lévy Beaulieu en six temps

Fabienne et Loïc (Roman)

Faire face aux tempêtes de la vie. Guide pédagogique du roman Fabienne et Loïc

Grégoire et Béatrice (Roman)

Apprivoiser la différence. Guide pédagogique du roman Grégoire et Béatrice

Chez d’autres éditeurs

Des enfants qui philosophent, Éditions Logique

Qu’il est doux de pouvoir écrire une belle histoire d’amour quand la guerre est si proche, FeniXX réédition numérique

Les mots de mon père, Éditions de la paix

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Mon rapport de lecture

La liberté, c’est notre destin !

La philosophie antique aux cœur des débats actuels

Pierre Laurendeau

Presse de l’Université Laval, 2013

Ce livre s’inscrit en lien direct avec la philosophie pratique appliquées à notre vie de tous les jours, à notre mode de vie ou notre manière de vivre, et, plus spécifiquement à notre implication dans les débats actuels, en remontant aux philosophes de l’Antiquité.

Le titre, « La liberté, c’est notre destin ! » projette à l’avant scène la dualité de nos vies. Sommes-nous à la fois libres et déterminés ? Au premier abord, la liberté exclue que nous soyons entièrement déterminés et le destin exclue que nous soyons entièrement libres.

«Il existait deux opinions sur lesquelles se partageaient les anciens philosophes, les uns pensant que cout se produit par le destin, en sorte que ce destin apportait la force de la nécessité (Démocrite, Héraclite, Empédocle, Aristote étaient de cet avis), les autres pour qui les mouvements volontaires de l’âme existaient  sans aucune intervention du destin; Chrysippe, en position d’arbitre officieux, me paraît avoir choisi la position intermédiaire; mais il se rattache plutôt à ceux qui veulent voir les mouvements de l’âme libérés de la nécessité. Or quand il utilise ses propres expressions, il tombe dans des difficultés qui l’amènent à confirmer malgré lui la nécessité du destin.»

– (Cicéron, Du destin, §392)

Tout au long de l’histoire de l’humanité, des êtres humains se sont battus contre la nature, les dieux, l’oppression, l’ignorance, et même contre eux-mêmes afin de conquérir leur liberté. Cette conquête de la liberté semble être l’une des motivations fonda­ mentales de la vie humaine. Mais, face à la liberté, se sont toujours imposées des idées contraires, entre autres celle de la nécessité ou encore celle du déterminisme. L’idée de destin en fut une autre, elle se définissait principalement de la façon suivante:  une force plus ou moins occulte, obscure et mystérieuse obligeant les êtres humains à suivre un chemin les menant à une réalité incontournable. À partir de cette vision du destin, la liberté apparaissait, pour beaucoup, comme une illusion.

En partant du fait que les idées de liberté et de destin ont toujours habité l’esprit des hommes, nous proposons une troisième voie, une espèce de duel inhérent à leur réalité. Encore aujourd’hui, ce duel d’idées, déterminant pour l’ensemble de nos choix et de nos actions, exprime, selon nous, le mouvement même de la vie.

Pour comprendre la dynamique de ce duel, remontons à l’Antiquité3 grecque, latine et même asiatique. C’est à cette époque qu’il a pris une tournure décisive: la quête de liberté se faisait alors plus consciente et plus systématique, et ce pour de plus en plus de gens.

Globalement, ce duel liberté/destin soulève toujours la question de l’avenir de l’humanité: toujours plus de liberté ou la reconnaissance d’un destin commun à l’espèce vivante que nous sommes? Deux poids à mettre dans la balance de notre conscience personnelle, car il semble bien que le futur humain repose sur la responsabilité de chacun.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Introduction, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), pp. 1-2.

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NOTES

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Liberr%C3%A9.

3. On situe l’Antiquité encre -500 avant J.-C. et +400 après J.-C.

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P.S.: Le lien donné en note # 2 conduit à la page de l’entrée « Liberté » de Wikipédia mais cette dernière ne contient pas la citation de Cicéron. Voici celle où j’ai trouvée la citation attribuée à Cicéron sur WIKIVERSITÉ, entrée « Liberté » : https://fr.wikiversity.org/wiki/La_libert%C3%A9/Un_concept_clef_de_la_m%C3%A9taphysique.

Pierre Laurendeau oppose la liberté et le destin dans un duel d’idées, et ce, conformément aux penseurs de l’Antiquité. Or, personnellement, je n’adhère pas l’idée de « destin » reconnu par l’auteur comme : « une force plus ou moins occulte, obscure et mystérieuse obligeant les êtres humains à suivre un chemin les menant à une réalité incontournable ».


DESTIN nom masculin

Étymologie : XIIe siècle. Déverbal de destiner.

1.  Puissance supérieure et inconnaissable à laquelle on attribue le pouvoir de gouverner l’ordre des choses et la succession des évènements. L’ordre, les arrêts du destin. Le destin aveugle, implacable. Les anciens tenaient le destin pour une puissance à laquelle les dieux mêmes étaient soumis. Spécialement. Cette puissance divinisée. Le Destin. Litt. Au pluriel. Au-dessus des dieux, il y a les destins. Les destins ennemis. Les destins favorables.

▪ Expr. Forcer le destin, s’élever contre une apparente fatalité. C’est le destin ! la fatalité contre laquelle on ne peut rien faire.

2.  Le cours de la vie humaine, considéré comme relevant de la fatalité. Un heureux destin. Un destin funeste, tragique. Il était promis à un destin glorieux. Accomplir son destin. Se soumettre à son destin.

3.  Le cours de la vie personnelle ou collective, regardé comme modifiable par la volonté, les décisions, les choix personnels. Être maître de son destin. Prendre en main son destin. Être responsable de son destin. Agir sur son destin. Manquer son destin.

4.  Par analogie. Ce qu’il advient de quelque chose. Le destin, les destins d’un empire. Les destins d’un combat, d’une campagne militaire. Tel est le destin des dictatures, la fin qu’on peut leur prédire.

5.  Finalité, vocation, orientation, avenir d’un être, d’une espèce, d’une société, d’une discipline, etc. Le destin de l’homme est de dépasser la condition animale. Le destin d’une découverte.

6.  Class. Vie, existence. Il a terminé son destin. Trancher, abréger le destin de quelqu’un.

Source : Destin, Dictionnaire de l’Académie française.


Il y a eu trop d’aléas décisionnels dans ma vie pour que je puisse me reconnaître un destin, une destinée, même au sens imagé. Je ne m’imagine pas destiné à quoi que ce soit. Le seul point auquel je peux me rallier librement et par compromis dans la définition donnée du « destin » dans le Dictionnaire de l’Académie française est le point numéro 3 : « Le cours de la vie personnelle ou collective, regardé comme modifiable par la volonté, les décisions, les choix personnels. Être maître de son destin. Prendre en main son destin. Être responsable de son destin. Agir sur son destin. Manquer son destin. »

Mon refus de l’idée de destin ne repose pas sur une quête de liberté. Avoir un destin préétablit, dit-on, fait de la liberté une pure illusion. Notre chemin étant déjà tracé, on n’a plus rien à décider que de l’emprunter.

Je me demande si l’idée de destin ne vient pas rescousse de celui ou celle qui cherche  à se reconnaître une valeur propre dans une association avec « une force plus ou moins occulte, obscure et mystérieuse ».

Globalement, ce duel liberté/destin soulève toujours la question de l’avenir de l’humanité: toujours plus de liberté ou la reconnaissance d’un destin commun à l’espèce vivante que nous sommes? Deux poids à mettre dans la balance de notre conscience personnelle, car il semble bien que le futur humain repose sur la responsabilité de chacun.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Introduction, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p.3.

Le notion de responsabilité de chacun ( « car il semble bien que le futur humain repose sur la responsabilité de chacun ») dans ce « ce duel liberté/destin » soulève la question de l’individualisme face à l’idée « d’un destin commun à l’espèce vivante que nous sommes ». Je m’oppose à la sur-responsabilisation de l’individu dans le contexte mondial du « futur humain ». Il m’apparaît improbable que nous changions tous individuellement pour influer sur le futur collectif, sur l’humanité dans son ensemble. Un seul espoir m’anime et il repose sur le statut de l’individu comme citoyen, comme membre actif de la Cité.

Mais cet espoir demeure dans les limites civilisationnelles. De toute l’histoire de l’Homme, ce n’est pas l’Homme qui perd pied, mais les civilisations : « Ensemble des connaissances, des croyances, des institutions, des mœurs, des arts et des techniques d’une société. Les civilisations primitives. La civilisation chinoise, égyptienne. La civilisation grecque, hellénistique, romaine, arabe. Les civilisations précolombiennes. La civilisation chrétienne. La civilisation occidentale. La Méditerranée a été le berceau de nos civilisations. Une civilisation agraire. La civilisation industrielle. Une brillante civilisation. Le déclin, la fin, les vestiges d’une civilisation. Une civilisation moribonde, disparue. L’aire de diffusion d’une grande civilisation. » (Civilisation, Dictionnaire de l’Académie française).

Les destin commun de l’humanité est d’abord civilisationnel. La prise de conscience d’un destin commun ne peut se faire qu’entre ceux et celles de même civilisation.

Car aux limites de la liberté s’impose le conditionnement civilisationnel et des sociétés qui la compose. Il n’y a que dans ce conditionnement que je puisse me reconnaître un certain déterminisme, une certaine destinée, un certain destin, couplés d’une certaine liberté de penser et d’action, elle-même conditionnée. Même les instincts innés que je partage avec tous les hommes demeurent sous le conditionnement de la civilisation où je suis né.

Au Chapitre 1, « Cultive le naturel… », entre en scène Marc-Aurèle (stoïcien) (121-180)

Contrairement à Épicure, Marc-Aurèle n’a pas fondé d’école de philosophie. Il appartient à l’école stoïcienne de pensée, dite aussi école du Portique. Le stoïcisme privilégie le respect, tout à la fois, de sa propre nature et de la nature universelle : chacun a un destin qui lui est propre, mais tous les destins conduisent à se reconnaître dans une Intelligence universelle. Selon les stoïciens, on ne choisit pas ce qui nous arrive, mais on choisit les pensées qui les accompagnent. Autrement dit, chaque chose qui nous arrive, on peut la voir positivement ou négativement. Si l’on vit, par exemple, un échec amoureux, on a le choix entre se sentir démoralisé ou décider d’apprendre de son échec, ce qui oriente positivement nos amours futurs. Globalement, il faut retenir de cette philosophie que nous sommes naturellement des être de raison et des êtres sociables, faisant partie d’un tout immuable et harmonieux.

Chez les stoïciens prime donc le destin, mais ce sort n’exclut pas totalement toute forme de liberté, car nous pouvons, avec notre raison, développer une maîtrise de nos pensées, nos croyances et nos jugements. Dans ce contexte, la liberté individuelle, cadeau du divin, sert essentiellement à réaliser notre destin d’être humain, qui lui est universel. En d’autres mots, notre bonheur ne peut faire fi de celui des autres.

Aujourd’hui, de quelqu’un qui adopte cette philosophie, on dit qu’il est un stoïque, c’est-à-dire courageux, ferme, imperturbable, inébranlable, affrontant la souffrance et l’adversité avec détermination. La pensée positive, qui consiste à se convaincre que tout va bien aller, irait peut-être dans le sens du stoïcisme. Notre sens d’une responsabilité face à l’humanité, qui se concrétise par notre engagement dans des causes humanitaires, rejoint de même cette philosophie.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 1 – Cultive le naturel…, Marc-Aurèle (stoïcien) (121-180), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), pp. 14-15.



Selon les stoïciens, on ne choisit pas ce qui nous arrive, mais on choisit les pensées qui les accompagnent.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 1 – Cultive le naturel…, Marc-Aurèle (stoïcien) (121-180), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 15.

Évidemment,  si « on ne choisit pas ce qui nous arrive », on ne peut pas être sur-responsabilisé. Or, j’ai connu au cours de ma vie une époque où, selon mes proches, tout ce qui m’arrivait était de ma faute. Ma réponse intérieure : « J’ai fait de mon mieux au meilleur de mes connaissances et de mon expérience ». J’ai souffert de cette sur-responsabilisation jusqu’au jours où un observateur compréhensif m’a dit, sans détour : « Cesse de porter le monde sur tes épaules ». Mais il me fallait comprendre que je ne contrôlais pas tout ce qui m’arrivait. Et pour y parvenir, je devais prendre conscience d’un problème que je ne soupçonnais pas du tout : un problème de rigidité. Ce qui fut réglé. Dès lors, je ne pouvais que prendre la responsabilité et intervenir sur ce que je contrôlais.

Mais je demeure persuadé de ma part de responsabilité dans ce qui m’arrive. Je ne parviens pas à me percevoir que comme une victime de ce qui m’arrive parce que je suis un acteur de ce qui m’arrive. Il y a parfois des pensées décisionnelles, des choix, qui provoquent ce qui nous arrive. Et de la justesse de nos choix tient la connaissance.

Dans nos pays occidentaux, on a même démocratisé la connaissance à travers nos systèmes d’éducation afin que de plus en plus d’humains acquièrent un pouvoir sur leur vie. A-t-on obtenu le résultat escompté ? En partie peut-être, mais une question de fond demeure, héritée de l’Antiquité : nos connaissances sont-elles toujours mises à profit pour le meilleur de l’être humain ? Il parait évident que certains usent de la connaissance pour dominer et manipuler et, en ce sens, elle favorise la discrimination, l’exploitation et l’exclusion. L’humanité est donc de plus en plus appelée à garder vivante le but de la connaissance : ne doit-elle pas toujours nous conduire vers le bonheur, la liberté, et ultimement la sagesse ? À ce sujet, il semble bien que Platon et Aristote tomberaient d’accord. Et beaucoup d’humains sont aussi convaincus que le but de la connaissance, c’est l’épanouissement de notre humanité. Tel serait notre destin comme espèce vivante !

La dualité entre liberté et destin, face à la connaissance, se passe entre l’Idée innée de Platon, aux allures de destin, et l’idée construite d’Aristote, aux figures de liberté. Personne aujourd’hui ne peut nier l’importance de la connaissance pour notre avenir, mais il faut savoir à quelles sources s’abreuver et dans quel sens il faut l’orienter pour le meilleur de l’humanité…

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 2 – Connaissance – Allume tes lumières…, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), pp. 24-25.

Si « Personne aujourd’hui ne peut nier l’importance de la connaissance pour notre avenir, mais il faut savoir à quelles sources s’abreuver et dans quel sens il faut l’orienter pour le meilleur de l’humanité », le problème demeure dans sa définition.


CONNAISSANCE nom féminin

Étymologie : XIIe siècle, conoisance, « acte de connaître, idée, notion de quelque chose ». Dérivé du radical du participe présent de connaître.

I. Exercice de la faculté par laquelle on connaît et distingue les objets, ainsi que les actes ou états du sujet.

1.  Acte de l’esprit par lequel on se représente, définit ou comprend un objet. Les voies de la connaissance. Connaissance intuitive, rationnelle, empirique, sensible. Une connaissance claire et distincte. La connaissance scientifique. Théorie de la connaissance. Critique de la connaissance.

2.  Le fait d’être informé ou de s’informer, d’apprendre quelque chose. Cela est venu à la connaissance des autorités. Porter un règlement à la connaissance du public. J’ai eu, je n’ai pas eu connaissance de cet évènement, de cette affaire. On m’a donné connaissance des dernières conclusions de l’enquête.

▪ Expr. À ma connaissance, autant que je sache. À ma connaissance, il est déjà de retour.

3.  Idée, notion que l’on a d’une personne ou d’une chose, représentation que l’on s’en fait. La connaissance de Dieu. La connaissance du bien et du mal. La connaissance des hommes, du cœur humain. La connaissance de l’avenir.

4.  Sentiment de sa propre existence ; plein exercice de ses facultés. Perdre connaissance, tomber sans connaissance, s’évanouir. Elle est restée longtemps sans connaissance. Il a repris rapidement connaissance. Il a conservé toute sa connaissance.

5.  Ce que l’on connaît par l’étude, l’expérience ou par tout autre moyen d’information. Avoir une connaissance théorique, pratique. Avoir d’un sujet une connaissance approximative, vague, fragmentaire, précise, exhaustive, exacte. Il n’a qu’une connaissance superficielle du dossier. Il a une grande connaissance des langues, une solide connaissance de la musique.

▪ Au pluriel. Ensemble de ce que l’on a appris ; savoir, acquis. Avoir de grandes, de profondes, de vastes connaissances. Des connaissances sommaires, élémentaires, fragmentaires. Acquérir, amasser, accumuler les connaissances. Il a, dans ce domaine, des connaissances précises, étendues. Savoir tirer parti de ses connaissances. Faire montre de ses connaissances et, péj., étaler ses connaissances. Marque de domaine : enseignement. Contrôle continu des connaissances, mode d’évaluation des acquisitions de l’élève par des contrôles partiels et fréquents.

 Titre célèbre : Connaissance de l’Est, de Paul Claudel (1900 et 1907).

6.  Spécialement. Marque de domaine : droit. Le droit de connaître de certaines affaires, le droit de juger. Attribuer à un tribunal la connaissance de certaines causes. Expr. En connaissance de cause, voir Cause. – Marque de domaine : marine. Avoir connaissance d’une côte, d’une île, l’apercevoir et l’identifier. – Marque de domaine : vènerie. Avoir connaissance d’une bête, en apercevoir les traces. Au pluriel. Traces laissées par le pied de l’animal, donnant des indications sur son âge, sa taille, etc. – Marque de domaine : astronomie. Connaissance des temps, volume de tables, publié chaque année par le Bureau des longitudes, et donnant à l’avance les éléments variables des différents astres.

Source : Connaissance, Dictionnaire de l’Académie française.


Observez l’absence du mot « opinion » dans cette définition de la « connaissance ». Or, de nos jours, l’opinion qu’on a de la connaissance est devenue plus importante que la connaissance elle-même. Penser la connaissance, c’est s’en faire une opinion. Et de là la dérive qui conduit une personne à prendre pour vrai ce qu’elle pense uniquement parce qu’elle le pense.

Il y avait donc, pour Platon, un ordre du monde préexistant à notre existence. Une fois que nous étions conscients de ce déterminisme, de ce destin, nous étions sur la bonne voie. Nous pouvions voir progressivement l’essentiel des choses, que Platon appelait connaissance intelligible et qu’il opposait à la connaissance sensible. En ce sens, « Platon prétendait s’attaquer aux connaissances fondées sur la sensation et l’empirisme et opposait la stabilité du véritable savoir aux changements de l’opinion (…) » 5. L’opinion, considérée comme un point de vue non remis en question sur quelque chose, ne nous permettait pas d’acquérir un savoir certain sur la chose perçue.

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5 . http://antinomies.free.fr/plat3.html.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 2 – Connaissance – Allume tes lumières…, Platon (-428 -348), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 27.

Bref, la connaissance n’est pas une opinion prise pour vraie. « Il est vrai que je pense », ça va. « Ce que je pense est vrai », ça ne va pas.

Je ne m’accorde pas avec l’idée de réminiscence mise de l’avant par Platon, d’un « ordre du monde préexistant à notre existence ». Je ne crois que nous savons tout par nos vie passées et qu’il suffit de s’en souvenir.

Je ne m’accorde pas non plus avec l’opposition de Platon à la connaissance sensible. Je préfère celle d’Aristote.

Pour Aristote, ce sont nos sensations qui sont à la base de nos connaissances. Autrement dit, la connaissance sensible est au fondement de toute connaissance. Il faut d’abord s’intéresser au monde des choses avant de regarder du côté du monde des idées. Aristote parle alors d’induction : pour connaître, il faut partir des choses concrètes, des cas particuliers avant d’arriver à l’idée ou concept. Nous construisons notre idée au lieu de la trouver toute faite en nous, et ce grâce à notre puissance de juger. La sensation est un préliminaire à la connaissance, mais n’est pas suffisante ; il faut à partir de plusieurs sensations, de plusieurs cas particuliers, bâtir la connaissance, qui elle est universelle. C’est ce que vise d’ailleurs la démonstration qui, si elle est bien faite, entraîne l’assentiment de tous. En ce sens, « Aristote, (…), va emprunter à Socrate et à Platon l’idée que la connaissance doit être la recherche du nécessaire et de l’universel et dépasser la sphère de l’opinion changeante et incertaine »9. Par contre, il n’y a pas d’opposition entre la sensation et l’idée, comme chez Platon, mais continuité de l’une à l’autre.

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9Jacqueline Russ, Panorama des idées philosophiques. De Platon aux contemporains, Armand Colin, 2000, p. 26.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 2 – Connaissance – Allume tes lumières…, Aristote (-384 -322), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 27.

La connaissance sensible, acquise par les sens, révèle beaucoup sur nous mêmes en nous informant ce qui attire et retient notre attention. Notre subjectivité influence la connaissance sensible.

Le pouvoir de la « chose », de l’objet de la connaissance qui, par ses stimulus, appelle notre subjectivité. Un objet, quel qu’il soit, n’est jamais neutre en soi :

Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Voilà l’entrée en scène de la pensée scientifique dans le traitement de la connaissance sensible. « C’est ce que vise d’ailleurs la démonstration qui, si elle est bien faite, entraîne l’assentiment de tous » écrit Pierre Laurendeau au sujet d’Aristote. Il faut ici parler d’une démonstration scientifique, soumise aux règles de la pensée scientifique pour être dite « bien faite ». Elle permet alors de dégager une connaissance qui soit universelle par la mise à l’épreuve de la connaissance sensible : « La sensation est un préliminaire à la connaissance, mais n’est pas suffisante ; il faut à partir de plusieurs sensations, de plusieurs cas particuliers, bâtir la connaissance, qui elle est universelle » écrit Pierre Laurendeau. Par exemple, il me faut une connaissance sensible de plusieurs arbres de différentes essences pour parvenir à une connaissance universelle de l’arbre, ainsi je peux déduire la définition d’un arbre dans chacune des composantes que les arbres partagent pour être un arbre.

Il faut aussi prendre en considération le déterminisme de la connaissance sensible en nous livrant à une catharsis intellectuelle pour ainsi conduire notre intelligence avec rigueur.


CITATION

De la psychanalyse du sujet connaissant à  l’objectivité scientifique dans l’épistémologie Bachelardienne, Merleau NSIMBA NGOMA

L’exigence de la catharsis intellectuelle et affective

« Toute culture scientifique doit commencer (…) par une catharsis intellectuelle et affective, nous dit Bachelard »174(*).

Par cette exigence, Bachelard pense que pour donner vraiment à la raison d’évoluer, il nous faut en toute permanence nous purifier des préjuges, des idées toutes faites, des opinions admises. La culture scientifique doit, dans ses mots, se défaire de tout narcissisme intellectuel et de tout vain optimisme. « Une tète bien faite est malheureusement, une tête fermée. C’est un produit de l’école »175(*).

La catharsis intellectuelle et affective est ce combat contre nous-mêmes. Elle est une condition préalable pour quiconque qui veut vraiment entreprendre une recherche intellectuelle.

Elle nous donne cette conviction que « pour que nous ayons quelque garantie d’être du même avis, sur une idée particulière, il faut, pour le moins que nous n’ayons été du même avis. Deux hommes, s’ils veulent s’entendre vraiment, ont du d’abord se contrarie. La vérité est la fille de la discussion, non pas fille de la sympathie »176(*).

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174(*) G. BACHELARD, La formation de l’esprit scientifique, p.18.

175(*) Ibid., p.15.

176(*)* Idem, La philosophie du non, p.134.

Source : NSIMBA NGOMA, Merleau, De la psychanalyse du sujet connaissant à  l’objectivité scientifique dans l’épistémologie Bachelardienne, Memoire Online, consulté le 29 mars 2025.

P.S.: Télécharger gratuitement le livre « La formation de l’esprit scientifique » de Gaston Bachelard.

P.S.: Lien vers le site web de l’Association internationale Gaston Bachelard.


CITATION

Gaston Bachelard. La formation de l’esprit scientifique, Académie de Grenoble

CHAPITRE I : La notion d’obstacle épistémologique

Dans l’acte même de connaître, la connaissance scientifique doit faire face à des obstacles épistémologiques qui sont causes de lenteur, d’inertie, de stagnation.
La science doit accepter son passé faits d’erreurs dans un véritable « repentir intellectuel ». Mais elle doit aussi détruire ces obstacles qui sont « des connaissances mal faites » et qui font obstacle à l’abstraction et à la « spiritualisation ». Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.
La science s’oppose donc à l’opinion. L’opinion de Bachelard sur l’opinion est sans appel :

« l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances ! En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. »

Ce qui manque à l’opinion, c’est le « sens du problème ».

« La notion d’obstacle épistémologique peut être étudiée dans le développement historique de la pensée scientifique et dans la pratique de l’éducation. Dans l’éducation, la notion d’obstacle pédagogique est également méconnue. J’ai souvent été frappé du fait que les professeurs de sciences, plus encore que les autres si c’est possible, ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas. s’agit alors, non pas d’acquérir une culture expérimentale, mais bien de changer de culture expérimentale, de renverser les obstacles déjà amoncelés par la vie quotidienne. »

« Ainsi toute culture scientifique doit commencer, comme nous l’expliquerons longuement, par une catharsis intellectuelle et affective. Reste ensuite la tâche la plus difficile : mettre la culture scientifique en état de mobilisation permanente, remplacer le savoir fermé et statique par une connaissance ouverte et dynamique, [19] dialectiser toutes les variables expérimentales, donner enfin à la raison des raisons d’évoluer. Un éducateur n’a pas le sens de l’échec précisément parce qu’il se croit un maître. »

Source : Gaston Bachelard. La formation de l’esprit scientifique, Académie de Grenoble.


Revenons au livre « La liberté, c’est notre destin ! » de Pierre Laurendeau. Il conclut en ces mots et et avec ces questions le deuxième chapitre traitant de la connaissance :

Aujourd’hui, lorsque l’on parle de CONNAISSANCE, on pense pour beaucoup à la connaissance scientifique qui vise l’objectivité, c’est-à-dire qu’à partir de faits concrets elle élabore des théories. Et ces théories sont valables lorsqu’elles permettent de résoudre des problèmes concrets. Au quotidien, chacun d’entre nous fonctionne à partir de connaissances pratiques, à savoir comment faire cuire un œuf ou comment se comporter avec les autres pour se faire des amis. Sur le plan professionnel, on développe des compétences dans un champ de connaissance afin de pouvoir travailler avec efficacité. Puis la société a besoin de connaissances qui font consensus afin que les différentes tendances et les différentes croyances puissent cohabiter ensemble. Il y aurait donc des connaissances individuelle et des connaissances collectives, des connaissances scientifiques et des connaissances philosophiques.

Nos deux philosophes, Aristote et Platon, visaient, par une réflexion sur la connaissance, à rendre l’être humain raisonnable et meilleur, donc plus sage. Se pourrait-il que ce but philosophique soit toujours aussi valable ?

En s’inspirant de Platon et Aristote,
qui ont défini les bases de la connaissance humaine,
ne faut-il pas continuer à réfléchir
à qui nous sommes comme êtres humains
pour comprendre le sens à donner
à notre recherche de connaissance ?

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 2 – Connaissance – Allume tes lumières…, Aristote (-384 -322), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 38.

Pierre Laurendeau nous parle de quatre types de connaissance : les connaissances individuelle et les connaissances collectives, les connaissances scientifiques et les connaissances philosophiques. Ces connaissances représentent pour moi les différentes branches de l’arbre et leur le feuillage. Dans ce contexte, il faut tenir compte du tronc et des racines de l’arbre afin de comprendre comment je connais, comment nous pensons (voir mon rapport de lecture : Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond/Seuil).

Du troisième chapitre, « Cité – Arrive en ville… », je retiens cette citation de Cicéron :

DES BIENS ET DES MAUX (DE FINIBUS)6

C’est la nature qui nous pousse à vouloir rendre service au plus grande nombre possible, particulièrement en instruisant les autres et en leur transmettant les règles de la sagesse. Aussi n’est-il pas facile de trouver un homme qui ne transmette à autrui les connaissances qu’il a lui-même acquises ; et nous sommes portés non seulement à apprendre, mais à enseigner. Comme la nature a donné aux taureaux de lutter contre les liens de toutes leurs forces et de tout leur élan pour défendre leurs veaux, elle pousse également les hommes valeureux et capables d’agir, (…), à sauver le genre humain. (…) Donc, de même que nous nous servons de nos membres avoir d’avoir appris pour quel usage nous les possédons, de même c’est la nature qui nous a liés et associés en vue d’une communauté politique : s’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait place ni pour la justice ni pour l’honnêteté. (…) puisque la nature humaine est telle qu’il y a entre chaque homme et le genre humain une sorte de droit civil, le juste est celui qui observe ce droit, l’injuste celui qui le transgresse, Mais de même que, au théâtre, on peut dire justement, bien qu’il appartienne à tous, que la place qu’un spectateur a occupé est bien à lui, ainsi, dans la cité ou le monde qui est commun à tous, le droit ne s’oppose pas à ce que chaque chose appartienne en propre à chacun. Puisque nous voyons que l’homme est né pour la protection et le salut de ses semblables, il est conforme à cette nature que le sage veuille s’occuper des affaires publiques et administrer.

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6 Cicéron, Des biens et des maux (De finibus), traduction par Émile Brehier, Livre III, chap. XX, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1962, P. 286-287

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 3 – Cité – Arrive en ville…, Cicéron (-106 -43), Aristote (-384 -322), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 46.

Cicéron écrit : « C’est la nature qui nous pousse à vouloir rendre service au plus grande nombre possible » et il ajoute « (…) de même c’est la nature qui nous a liés et associés en vue d’une communauté politique ». Je me demande si la société individualiste occidentale ne va pas contre-nature en s’attardant avant tout et quasi exclusivement à la personne et freine ainsi la volonté naturelle à rendre service au plus grand nombre. Les maigres taux de participation aux élections dans la Cité ne démontrent-ils pas que nos liaisons et nos associations en vue d’une communauté politique s’effritent ?

Est-ce vraiment dans notre nature de vouloir rendre service au plus grand nombre ? J’en doute. Il me semble plutôt que c’est une question d’éducation à la solidarité. Quand ma mère me demandait d’aller porter un plat de soupe à notre voisin de 98 ans, elle m’enseignait l’importance de la solidarité.

Aussi, je me demande si les individus sont encore motivés à instruire les autres et leur transmettent les règles de la sagesse. Les individus ne se désengagent-ils pas personnellement de leur volonté naturelle à rendre service au plus grand nombre possible, et ce, au profit de la Cité (de l’État). Si l’entraide s’inscrit dans la nature même de l’homme, elle revenait davantage à quelques individus et institutions religieuses. Au Québec, lorsque les citoyens rejetèrent la religion catholique, jusque-là dominante sur tous les aspects de la vie et même du travail et de la politique, lors de la Révolution tranquille dans les années 1960, les institutions religieuses furent déclassées par l’État en matière de charité. La charité n’était plu désormais une affaire interpersonnelle mais une affaire politique.


CITATION

L’histoire du droit à l’aide sociale au Québec (1969-2011)

Avant 1969

Il existait un éventail de programmes d’aide:

  • Assistance aux mères nécessiteuses
  • Allocations aux personnes aveugles
  • Aide aux personnes invalides
  • Allocations sociales
  • Allocations scolaires
  • Assistance aux personnes âgées
  • Assistance publique

Chaque programme avait ses critères d’admissibilité et prévoyait des prestations différentes. La gestion relevait des municipalités, des églises et des communautés religieuses. La distribution de l’aide était principalement basée sur des motifs « dits » charitables, sur la valeur morale et non sur des principes de justice et de droit. On étiquetait les personnes soit de «bons pauvres méritants» soit de «mauvais pauvres». Les individus se devaient d’avoir des comportements répondant aux mentalités de l’époque pour avoir accès à de l’aide. Par exemple, pour avoir accès aux programmes destinés aux mères nécessiteuses, les femmes devaient obtenir du clergé un certificat de bonne conduite. Le clergé décidait alors si les femmes qui faisaient une demande d’aide étaient de bonnes mères et avaient des mœurs de « bonnes chrétiennes ». Les femmes qui n’allaient pas assez souvent à l’église ou étaient soupçonnées d’avoir des relations avec plusieurs hommes pouvaient se voir refuser de l’aide.

(…)

1969 : première Loi sur l’aide sociale (bill 26)

Pour faire suite aux recommandations du Rapport Boucher, le gouvernement du Québec adopte la première loi d’aide sociale (bill 26) en 1969. À cette époque, le chèque d’aide sociale pour les personnes âgées de plus de 30 ans était de 217$ par mois. Si l’on avait indexé ce montant chaque année au même taux que les différents régimes de pension (RRQ, CSST, Pension du Canada), le chèque d’aide sociale serait aujourd’hui de 1299,87$ par mois. Ce montant était pour couvrir ce que le gouvernement qualifiait de besoins ordinaires (logement, nourriture, vêtement, besoins personnels et domestiques). Toutefois, le gouvernement accordait des montants supplémentaires pour les personnes ayant des besoins spéciaux, tels que diète prescrite, aide pour déménagement, prothèses, frais dentaires ou auxiliaires familiales6.

En dépit des tensions au sein même du gouvernement libéral d’alors, entre le droit à l’aide sociale et la norme relative à l’obligation de travailler, « le droit à l’aide sociale a constitué l’objet principal de la Loi sur l’aide sociale adoptée en 19697 ». « Dans le cadre de cette loi seront désormais unifiés tous les programmes d’assistance catégorielle […] ([ex.] aveugles, invalides, mères seules, assistance publique, etc.)»8. Toutefois, une nouvelle division se crée entre les sans emploi et les moins de 30 ans.

Source : L’histoire du droit à l’aide sociale au Québec (1969-2011) – LE DROIT À UN REVENU SUFFISANT AU QUÉBEC : UNE RÉALITÉ VIRTUELLE?, Recherche rédigée par Nicole Jetté, Fannie Brunet et Véronique Martineau, Font commun des personnes assistées sociales du Québec, 20 octobre 2011.


Pierre Laurendeau adresse des questions à la fin de chaque chapitre de son ouvrage. Voici celles à la fin du troisième chapitre « Cité – Arrive en ville… » :

  1. Est-ce vrai, comme le pensait Cicéron, que les hommes sont naturellement portés à « sauver le genre humain » ?
  2. Quand Cicéron parle de la cité, il parle essentiellement de justice et d’honnêteté : ces deux valeurs guident-elles encore les hommes pour répondre à la nécessité de vivre ensemble dans une communauté politique ?
  3. Êtes-vous d’accord avec Cicéron lorsqu’il écrit que l’être humain de qualité est naturellement bon, qu’il est bâti pour faire le bien, et que tel est son destin ?
  4. Les conflits entre les êtres humains sont inévitables : ne faut-il pas enseigner les règles de sagesse à tous pour les régler ?

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 3 – Cité – Arrive en ville…, Cicéron (-106 -43), Aristote (-384 -322), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 47.

Le quatrième chapitre, « Action -Lance-toi.. », met en vedette Épictète et Plutarque et traite de l’éthique.

L’éthique (morale) s’intéressait à l’action des êtres humains et aux répercussions que celle-ci avant sur eux-mêmes et sur les autres. Elle remettait en question leurs actions sur le monde et leurs réactions face aux situations qui s’imposaient à eux. Les êtres humains avaient une nature humaine qui appelait une morale réfléchie afin de bien encadrer leurs actions et leurs réactions, et ce vers le bien.

Sur le plan de l’action, comme quatrième angle de réflexion, la question centrale .tait alors, pour beaucoup, dans la distinction entre le bien et le mal, au niveau tant personnel qu’universel. Les penseurs de l’Antiquité étaient amenés à se demander si tout était permis à l’être humain, au nom de notre liberté, ou si notre appartenance au genre humain nous créait des limites et des devoirs, comme une certaine forme de destin. (…)

Pour explorer davantage cet angle de réflexion touchant l’action, nous avons fait appel à deux penseurs de l’Antiquité que sont Épictète et Plutarque : le premier nous oriente plus particulièrement vers la liberté et le second vers le destin. Les deux donnent des repères pour développer notre sens moral, morale que certains définissent de la manière suivante : « La morale est un élément essentiel de l’éducation, qui un “art d’incliner la volonté libre vers le bien23».

Épictète considérait qu’il ne fallait pas se laisser écraser par notre destin, mais plutôt faire preuve de liberté en maîtrisant nos pensées. De la sorte, la bonne façon d’agir était basé sur notre liberté intérieure, qui nous permettait de ne pas être à la merci des événements sur lesquels nous avions si peu de contrôle. Quand à Plutarque, il visait l’équilibre entre la raison et la passion, en se basant sur des lois fiables comme la décence et la modération. Ces lois s’imposaient à l’être humain, comme des déterminations favorable à la réussite de notre vie, un peu comme un destin relié à notre nature humaine.

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2 Citation tirée d’un article, Laïcité, de Ferdinand Buisson.

3 Anne-Marie Drouin-Hans, La laïcité à l’épreuve du relativisme, dans Repères pour l’éthique professionnelles des enseignants, Presses de l’Université du Québec, 2009, p. 221.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 4 – Action – Lance-toi…, Cicéron (-106 -43), Aristote (-384 -322), Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), pp. 59-60.


P.S.: Vérification – Il semble que la citation (“art d’incliner la volonté libre vers le bien”) attribué à un article (Laïcité) de Ferdinand Buisson soit en réalité une citation de « Instructions officielles 2 août 1882 : écoles primaires publiques » de Jules Ferry (père de l’école primaire laïque, gratuite et obligatoire) (ministre de l’instruction publique de février 1879 à novembre 1883).

La citation originale dans son contexte :

« Par là même l’enseignement moral se meut dans une tout autre sphère que le reste de l’enseignement. La force de l’éducation morale dépend bien moins de la précision et de la liaison logique des vérités enseignées que de l’intensité du sentiment, de la vivacité des impressions et de la chaleur communicative de la conviction. Cette éducation n’a pas pour but de faire savoir, mais de faire vouloir ; elle émeut plus qu’elle ne démontre ; devant agir sur l’être sensible, elle procède plus du cœur que du raisonnement ; elle n’entreprend pas d’analyser toutes les raisons de l’acte moral, elle cherche avant tout à le produire, à le répéter, à en faire une habitude qui gouverne la vie. A l’école primaire surtout, ce n’est pas une science, c’est un art, l’art d’incliner la volonté libre vers le bien.»

Pierre Laurendeau nous informe qu’Épictète invitait à « faire preuve de liberté en maîtrisant nos pensées ». Est-ce une invitation à devenir libre-penseur ? Il va sans dire que nos pensées, dans la vision d’Épictète, vont dans tous les sens pendant que nos actions sont « à la merci des événements sur lesquels nous avions si peu de contrôle ». Ainsi, « la bonne façon d’agir était basé sur notre liberté intérieure ».

Pour faire preuve de sa liberté, il nous faut être conscient de cette liberté et cela implique plus souvent qu’autrement d’être d’abord conscient de notre conditionnement par la famille, nos proches et nos amis(es), l’école, la société… Il me semble qu’on se croit libre sans pour autant l’être vraiment. À mon humble avis, si la liberté s’inscrit dans la nature de l’homme, elle doit aussi être libérée de son conditionnement.

Quant à la liberté intérieure, le professeur de philosophie Olivier Verdun au Lycée franco-costaricien, San José (Costa Rica) demande « Peut-on parler d’une liberté intérieure ? »


CITATION

Peut-on parler d’une liberté intérieure ?

Olivier Verdun, professeur de philosophie

La notion de liberté intérieure semble d’abord renvoyer à une expérience commune et fruste de la pensée ou de la subjectivité qui, en son for intérieur, se conçoit comme indépendance, c’est-à-dire capacité de se déprendre des contraintes extérieures et d’agir en vertu d’une causalité purement interne au sujet. Ainsi la liberté intérieure désignerait-elle, en premier lieu, par opposition au monde des choses et des nécessités, cet espace intime que le sujet se donne ou découvre lorsqu’il croit tout bonnement faire ce qu’il veut. Ce qui apparaît, dès lors, dans l’idée ou l’expérience naïve de la liberté intérieure, c’est l’opposition tranchée entre le sujet et le monde, dans la mesure où l’adjectif « intérieur » évoque ce qui est au-dedans d’un être, ce qui se passe dans l’esprit et délimite une sphère d’intimité. Liberté toute spirituelle, en somme, interne au sujet, repliée sur elle-même, et qui passerait pour la liberté authentique.

Or, lorsque l’idée de liberté est convoquée, le concept d’action ou d’activité apparaît également et, avec lui, celui d’extériorité. Par liberté, il conviendrait d’entendre l’intervention transformatrice de l’agent dans le monde tentant de s’approprier et de façonner l’univers des choses. Il n’y aurait alors d’action et de liberté qu’extérieures, si l’action désigne la réalisation ou l’exécution d’un projet, c’est-à-dire l’objectivation, dans une réalité externe au sujet, de dispositions internes comme la volonté, l’intelligence, l’esprit, etc. L’extériorité en question ne s’identifierait plus uniquement avec le dehors, le monde ou l’objet dans lesquels le sujet pourrait se perdre ou s’aliéner, mais coïnciderait avec le mouvement de projection de soi vers les choses qui semble au fondement de la conscience créatrice et libre. Ici c’est la notion de liberté intérieure qui fait pâle figure et apparaît bien creuse, en ce qu’elle semble instaurer une coupure artificielle et stérile entre la volonté et l’action, la subjectivité et l’ordre phénoménal.

(…)

On aboutit alors à cette idée que l’on peut et doit parler de liberté intérieure, afin de penser l’idée même de sagesse, c’est-à-dire d’une existence singulière à la recherche du sens, de la plénitude, du bonheur. Et c’est précisément à cela que nous conduisent conjointement les démarches stoïcienne et spinoziste. L’idée de sagesse traduit, en effet, l’aspiration profonde de l’homme à la joie et au bonheur, à la maîtrise du mal et des passions, c’est-à-dire à la liberté. La sagesse se fonde sur une ontologie où le savoir de la nécessité introduit ordre et bien-être et constitue une forme d’action authentique ; la pensée devient une forme d’action et l’action une pensée, ce qui est la caractéristique de la philosophie en tant qu’amour de la sagesse. La sagesse est plutôt une éthique, un questionnement sur le sens à donner à notre existence, l’effort pour passer à une modalité neuve de l’existence et pour construire la liberté.

On peut donc bien parler d’une liberté intérieure, si l’on entend par cette expression, non pas une volonté creuse et solitaire se repliant sur elle-même et ignorant toute intervention dans le monde ou dans l’espace public, mais le mouvement par lequel un sujet tente de se hausser au niveau d’une existence signifiante et comblée par son propre pouvoir de réflexivité. Parler de liberté intérieure, c’est évoquer le pouvoir créateur du sujet (« intérieur » voulant désormais dire « subjectif ») qui, en constante relation avec le monde et les autres, constitue le sens du monde et les déterminations par lesquelles ce monde agit sur le sujet, se libérant ainsi des souffrances imaginaires. Le risque de dualisme est évacué puisque la volonté désirante n’est plus opposée au monde mais le réfléchit d’une manière neuve et significative. Du coup, le sujet n’est plus comme à distance du monde, l’individu n’est pas à opposer au citoyen, la liberté du sage n’est pas en contradiction avec celle du citoyen ou de l’homme de l’action, quelle que soit par ailleurs la scène sur laquelle se déploient les différentes figures possibles de l’action. La liberté intérieure renvoie à cette dimension fondamentale de la conscience humaine qui est aspiration à la liberté et au bonheur. Si la démocratie constitue la forme la plus parfaite de la liberté politique, elle est d’abord à chercher au cœur même de cette aspiration fondamentale qui est précisément celle du désir.

Source et lire la suite : Verdun, Olivietr. (2009). Peut-on Parler D’une Liberté Intérieure ? L’Enseignement philosophique, 59e Année – numéro 1, pp. 46-56. https://doi.org/10.3917/eph.591.0046.


Dans le cinquième chapitre de « La liberté, c’est notre destin ! », le professeur de philosophie Pierre Laurendeau nous instruit du « Sens de la vie à l’occidentale » et met en vedette deux autres philosophes de l’Antiquité, Sextus Empiricus (IIe-IIIe s.) et Lucrèce (-95 -55). Il nous rapporte d’abord les positions de Platon, Socrate, Plotin Aristote et celle des sophistes.

Les philosophes de l’Antiquité, prenant peu à peu leur distance face à un destin jusqu’alors coulé dans le béton, étaient en quête de liberté. Pour aller dans cette direction, ils devraient revoir la place allouée aux dieux. Si les dieux avaient auparavant donné un sens à notre vie, il fallait maintenant apprendre aussi à le façonner comme homme, à même notre vie terrestre. Mais alors, sur quoi fallait-il mettre l’accent ? Que fallait-il chercher ? Le bonheur était-il à la portée de tous ? Vers quoi fallait-il aller pour que la vie y trouve tout son sens ? Toutes ces interrogations sur le sens de la vie faisaient partie du domaine de la philosophie que l’on appelait la métaphysique.

Pour Platon et Socrate, une vie ne valait pas la peine d’être vécue si elle n’était pas analysée, examinée, justifiant ainsi la pratique de la philosophie ; et c’est ainsi que l’être humain réalisait que le sens de sa vie, c’est de faire le bien. Plotin, philosophie du IIIe siècle après J.-C., cherchait à concilier destin et liberté. Pour lui, la liberté venait de l’âme ; quant au corps, il était plutôt déterminé. Il fallait donc se mettre à l’écoute de ce que nous pensions et ressentions pour trouver le véritable sens de la vie. Il espérait nous faire voyager d’une vérité relative, propre à chacun d’entre nous, à une vérité absolue, c’est-à-dire vers un sens valable pour tous les êtres humains. Pour Plotin, si nous savions bien regarde la vie, nous ne pouvions que constater chez l’être humain une quête d’unité à même la diversité des hommes : c’était, selon lui, cette quête d’unité qui, faisant vibrer depuis toujours le cœur des hommes, nous avait conduit à « inventer » dieu. Mais fallait-il vraiment en rester là ? Il voulait aussi nous amener à développer une conscience cosmique, ce sentiment d’appartenir au tout de l’univers.

Les sophistes, eux, proposaient le succès politique et la réussite sociale et, en cela, ils étaient proches des valeurs que beaucoup d’Athéniens privilégiaient dans leur vie : richesse, bonheur et pouvoir. Quant à Aristote, il prenait soin de préciser que le bonheur était propre à l’homme, qu’il donnait un sens à sa vie et qu’il reposait sur la conformité à la raison et à la vertu.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 5 – Sens de la vie à l’occidentale – Suis ta route…, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), pp. 74-75.

Façonner soi-même le sens de notre vie plutôt que de laisser la tâche à/aux dieu/x. Se mettre au service du bien, est-ce là le sens universel de la vie ? On le voudrait… bien. Mais dans la civilisation occidentale, le sens de notre vie supplante le sens universel de la vie. Notre individualisme nous ramène sans cesse à ce qui nous est personnel. Ainsi va notre vite. La question « Quel sens tu donnes à ta vie ? » dit tout.

La vie a-t-elle un sens en soi ? Faut-il nous mettre à la recherche du sens caché de la vie ? Évidemment, je ne peux répondre que pour moi ou, si vous préférez, personnellement, et à mon humble avis : la vie n’a pas de sens en soi, il faut lui en donner un.

Curieusement, je crois aussi que c’est l’expérience de la vie qui nous permet de lui donner un sens. Mais ne me questionnez pas au sujet du sens de ma vie car je ne le connais pas encore, même à 67 ans et malgré mes expériences intenses de la vie. Ce n’est pas que je n’ai pas analysé et examiné ma vie, mais l’exercice demeurera ouvert jusqu’à ma mort.

Aussi, le sens de ma vie me semble intimement lié à mon identité, cette dernière étant modelée sur mes expériences de vie. Et à la lumière de ces dernières, tout ce que je puis affirmer, c’est que je suis « un gars de cause » ; j’épouse des problèmes soumis à mon attention et, de préférence, touchant le plus grands nombre de personnes, dans un domaine ou un autre, pour leur trouver des solutions. Est-ce cela tendre vers le bien ?


Je suis un « Problem-Directed Men » comme le dirait le chercheur américain Louis Cheskin, pionnier des études de motivation d’achat.

Our Greatest Need In Business and Governement, 1964, The Bobbs-Merrill Company Inc., New York, 320 pages. Ce livre s'inscrit à la suite du témoignage de Louis Cheskin devant deux comités du Congrès américain, soit le comité du Sénat sur l'emballage (Anti-Trust and Monopoly) et le comité de la Chambre des Représentants sur la promotion de l'American Way (“Winning the cold war : The US Ideological Offensive” − Foreign Affairs). Louis Cheskin traite des principaux problèmes socio-économiques. Dans son intervention, Louis Cheskin se porte à la défense des plus faibles. Louis Mariano, Éditeur Associé du World Book, écrira : “In his testimony, he has made our leaders aware of the fact that in our affluent society over 90 percent of our income is spent on psycho-logical satisfactions − fashionable clothes, not overalls; decorated homes, not mere shelters; tasteful foods, not only the necessities of life.” LE CONTEXTE : Le passage d'une société de pénurie à une société d'abondance soulève de nombreuses préoccupations socio-économiques alors que l'establishment en place éprouve des difficultés à évoluer vers des raisonnements plus actuels.
Our Greatest Need In Business and Governement, 1964, The Bobbs-Merrill Company Inc., New York, 320 pages. Ce livre s’inscrit à la suite du témoignage de Louis Cheskin devant deux comités du Congrès américain, soit le comité du Sénat sur l’emballage (Anti-Trust and Monopoly) et le comité de la Chambre des Représentants sur la promotion de l’American Way (“Winning the cold war : The US Ideological Offensive” − Foreign Affairs). Louis Cheskin traite des principaux problèmes socio-économiques. Dans son intervention, Louis Cheskin se porte à la défense des plus faibles. Louis Mariano, Éditeur Associé du World Book, écrira : “In his testimony, he has made our leaders aware of the fact that in our affluent society over 90 percent of our income is spent on psychological satisfactions − fashionable clothes, not overalls; decorated homes, not mere shelters; tasteful foods, not only the necessities of life.” LE CONTEXTE : Le passage d’une société de pénurie à une société d’abondance soulève de nombreuses préoccupations socio-économiques alors que l’establishment en place éprouve des difficultés à évoluer vers des raisonnements plus actuels. Voir le site web : Comment motiver les consommateurs à l’achat avec Louis Cheskin.

La position d’Aristote m’intéresse. Si j’ai bien compris, Aristote trouve le sens de sa vie dans le bonheur et ce bonheur repose « sur la conformité à la raison et à la vertu ». Tout est dit si et seulement si le bonheur s’imprime dans ma nature humaine. Je suis heureux lorsque je suis satisfait de ma contribution à la résolution d’un problème avec ma raison et par bonté d’âme.

Afin de poursuivre notre réflexion sur le sens de la vie à l’occidental, nous vous proposons Sextus Empiricus, sceptique, qui doutait de tout, et Lucrèce, épicurien, qui regardait du côté des plaisirs simples de la vie terrestre. Pour Sextus Empiricus, le sens de la vie ne se trouvait dans la recherche de la vérité, comme chez Platon, Aristote et bien d’autres, mais plutôt en apprenant à ne plus la chercher. C’est en doutant de toute vérité, que les autres tentaient souvent de nous imposer, que nous accédions à l’ataraxie, à la paix de l’esprit, qui était le but véritable de la vie. Pour Lucrèce, le sens de la vie se trouvait dans la reconnaissance et l’acceptation de notre condition de mortel. Nous n’étions que matière, tout autant d’esprit que de corps, et il ne servait à rien de chercher plus loin. Il fallait savoir jouir de notre nature corporelle et vivre le plus simplement du monde. Si Sextus Empiricus misait sur notre destin lié à notre état d’esprit, Lucrèce misait sur la reconnaissance de notre liberté purement matérielle. Matérialisme et spiritualisme, voici les deux grandes options que nous proposaient les philosophes pour trouver un sens à notre vie.

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 5 – Sens de la vie à l’occidentale – Suis ta route…, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 75.

Je doute avec nécessité et grand plaisir pour garantir ma paix d’esprit mais je reconnais pas là le sens de ma vie. Quand j’écris « La lumière entre par les failles », je confesse implicitement que la lumière vient de l’extérieur de moi. Et quand je précise que « Le doute est la faille qui permet à la lumière de m’éclairer », je mets de l’avant le bénéfice du doute. Le doute fait donc mon bonheur. Mais mon bonheur n’est pas ce qui donne sens à vie. Si je cherche le bonheur, c’est involontairement et inconsciemment.

La vie aurait bien un sens, mais chacun aurait à travailler pour le trouver ou l’inventer, en fonction de notre nature humaine ou de notre condition humaine. (…)

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 5 – Sens de la vie à l’occidentale – Suis ta route…, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 76.

« Donner un sens à sa vie, à la vie » ne doit pas devenir une charge au point de pousser à l’abandon d’y réfléchir sereinement. Aussi, je me permets de croire que le sens de la vie peut changer au fil de notre vie, surtout si nous associons le sens de la vie à ce qu’il y a de plus important pour soi. La valeur de la vie dépasse le sens qu’elle a ou qu’on lui donne.

Quant au sixième et dernier chapitre, « Sens de la vie à l’orientale – Éclaire l’univers », je l’ai lu avec une certaine appréhension et beaucoup de préjugées. Dans ces régions du monde, il me semble que tout va de travers quant à la liberté des hommes, la vie dans la Cité et dans l’État. Leurs philosophies religieuses bouddhiques et taôismes tout comme leurs philosophies sociales ne donnent pas aux hommes les moyens de leur liberté de penser et de mouvement. À ces peuples, il ne reste plus que la vie intérieure comme refuge et la méditation pour y entrer… dans le plus grand des silences.

Un jour, un homme m’a affirmé que l’Occident était le plus bel hommage que l’homme puisse rendre aux valeurs historiques qui inspirèrent les Droits de l’Homme. Et je suis depuis de cet avis.

À l’Orient, je n’ai plus qu’une seule question à poser : « Où est votre Descartes ? » J’ai déjà demandé « Où est le René Descartes de la société musulmane ? » Ne serait-il pas temps que le soleil se lève sur l’Orient ? Certes, je respecte les différences entre les civilisations, les sociétés et les peuples mais la noirceur demeure la noirceur peu importe la culture. « C’est la faute de l’Occident » diront certains. Mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui est un autre jour.

Dans le dernier chapitre de son livre, Pierre Laurendeau se réfère au fameux « Village global » du sociologue canadien Marshall McLuhan.

Aujourd’hui, en Occident, on parle abondamment de mondialisation, et il est évident qu’elle passe par l’Orient : c’est vrai sur le plan commercial, mais aussi sur les plans culturel, spirituel et humain. La terre devient de plus en plus un village global, comme l’annonçait, à la fin des années 1960, le penseur canadien Marshall McLuhan, et notre quête de sens de la vie humaine ne peut en faire abstraction. N’aurions-nous pas, nous les êtes humains, un destin commun à penser ? Une réalité devient de plus en plus évidente : l’Occident ne peut plus voir l’Orient comme ce qui s’oppose à lui, mais plutôt comme son complément d’humanité. Il semble bien qu’il en va de notre destin comme espèce vivante, et de l’extension de notre liberté, qui ne peut être ultimement que partagées. Jean-Paul Sartre, philosophe français contemporain, écrivait qu’il ne serait jamais totalement libre aussi longtemps que des êtres humains ne le seraient pas, et que chacune de nos actions engageait toute l’humanité : l’Occident a besoin de l’Orient !

LAURENDEAU, Pierre, La liberté, c’est notre destin !, Chapitre 6 – Sens de la vie à l’orientale – Éclaire l’univers…, Presses de l’université Laval (PUL), Québec (Québec), p. 93.

En Occident, nous croyons que tout un chacun à droit à la liberté. Nous croyons même que cette liberté s’inscrit dans la nature humaine, une réalité que nous qualifions ainsi d’universelle. Mais est-ce réellement le cas ? Peut-on en douter. N’y a-t-il pas des hommes qui ne cherchent pas l’émancipation sur cette Terre ? Depuis le temps où l’Occident se donne en exemple d’émancipation des uns et des autres, ne devrions-nous pas nous attendre à un raz-de-marée planétaire si la liberté s’inscrit bel et bien dans la nature humaine ? Dans ce Village global, des quartiers demeurent barricadés et seul le commerce (l’argent) avec les autres quartiers semblent les intéresser. Dans ce Village global, il n’y a pas de mairie… de Cité, pas plus que d’État global. Nous sommes proches de loin.

Une mondialisation «  sur les plans culturel, spirituel et humain » ? Est-ce réaliste de penser une telle mondialisation, une mondialisation au-delà du commercial ? N’est-il pas dans la nature humaine d’être différent, et insoluble dans ses différences ? Mondialisation ne signifie certainement pas fusion.


Je ne peux pas nier que le livre LA LIBERTÉ, C’EST NOTRE DESTIN ! de PIERRE LAURENDEAU me donne à penser encore et encore. Ce livre est un bijoux, un ouvrage essentiel. J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.

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Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

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Article # 116

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut de recherches
philosophiques de Lyon (université Jean-Moulin-Lyon-III)

ISBN : 978-2-13-085449-4

Presses universitaires de France / Humensis

25 octobre 2023

Format : 15 x 21.3 cm

440 pages

EAN : 9782130854470

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

 * * *

Stéphane Madelrieux est professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3. Il est l’auteur de William James. L’attitude empiriste (Puf, 2008), de La Philosophie de John Dewey (Vrin, 2016) et plus récemment de Philosophie des expériences radicales (Seuil, 2022).

Source : Presses universitaires de France.


TABLE DES MATIÈRES

Introduction – Doctrine, méthode et attitude

Première partie – L’attitude pragmatiste

Chapitre 1 – Philosophie et tempérament

A Feast of Visions

A Storm of Moods

A Clash of Tempers

Chapitre 2 – À la recherche d’une méthode philosophique

Credo religieux ou méthode philosophique ?

Les dilemmes de la volonté de croire

L’attitude de l’enquêteur

La volonté de ne pas croire en Dieu

Chapitre 3 – L’esprit de la méthode pragmatique

Deux grandes orientations intellectuelles

Restriction de l’enquête

Catégorisation a priori de l’expérience

L’esprit de système

Pour un pragmatisme sans base

L’esprit anglais

Méthode pragmatiste et métaphysique de l’expérience

Chapitre 4 – Méthode scientifique et vertus morales

Pragmatisme et anti-autoritarisme

Une méthode sans identité

Une science sans unité

Des règles sans rigidité

Une méthode inutile ?

L’enquête scientifique et les vertus morales

Deuxième partie – L’esprit critique

Chapitre 5 – La critique sans critère

Philosophie critique et métaphilosophie pragmatiste

Une thérapie sans dissolution

Un dépassement sans dévoilement

Une contestation sans émancipation

Chapitre 6 – L’empirisme sans ontologie

L’expérience pure, un concept à purifier

Métaphysique des bébés

Une ontologie moniste ?

Marmelade cosmique et confusion philosophique

L’expérience pure comme méthode critique

Reconstruction naturaliste

Chapitre 7 – Le pluralisme sans dogme

De la vérité pragmatiste à la réalité pluraliste

Le philosophe au manteau d’Arlequin

Une variété de pluralismes

Expérience et différence

Chapitre 8 – La conversion sans la religion

Trois expériences de conversion

Renversement de perspective

Mysticisme et alcoolisme

La religion comme attitude

Déconversion théorique

Diversion pratique

Origine des chapitres

Bibliographie

Table des matières


Extrait

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web Les Presses Universitaires de France

Introduction

Doctrine, méthode et attitude

Nos actions peuvent être considérées sous trois aspects. Il y a d’abord le mouvement qu’elles accomplissent et les changements qu’elles effectuent dans le monde. Je joue aux échecs : je déplace manuellement une pièce sur un plateau. Toute action est un changement qui produit un changement, une différence faite qui fait une différence. Je lève mon bras, et ce geste fait une différence dans la situation. Je bouge mon cavalier, et une nouvelle configuration est produite dont mon adversaire devra tenir compte. Mais ces actions ne s’accomplissent pas au hasard, et les changements conséquents ne sont pas fortuits. Les différents gestes effectués sont coordonnés comme leur succession est organisée pour atteindre l’objectif visé. Les mouvements peuvent bien sûr être mal coordonnés et organisés, et dans ce cas l’action pourra échouer ; mais si l’action que j’entreprends vise bien à atteindre une fin désirée, on trouvera toujours à chaque instant une certaine coordination sensori-motrice comme une certaine organisation de la séquence temporelle de son déroulement. Je bouge le cavalier avec ma main, plutôt qu’avec mon pied ou ma bouche – même si cela serait possible –, et je suis également la règle de ses déplacements autorisés pour que le changement effectué soit reconnu par mon adversaire comme un coup valable pour le jeu. On peut regrouper sous le terme général « méthode » l’ensemble des manières dont nos mouvements volontaires sont organisés, régulés et dirigés pour atteindre une fin. Il faut prendre ici le terme dans le sens le plus large possible, qui va des manières régulières d’agir qui ont prouvé leur valeur par le passé, comme les habitudes, les coutumes ou les savoir-faire empiriques, jusqu’aux règles explicites, comme un algorithme avec des étapes bien distinctes, le règlement d’un jeu ou d’un sport, ou les lois d’un pays qui visent l’obtention de certaines conditions d’existence jugées désirables (la sécurité, la liberté, etc.). On pourrait voir l’ensemble de ces « méthodes » comme des manières de canaliser et de réguler les changements que nous accomplissons pour les rapprocher du but désiré, un peu comme le tracé des berges d’un canal permet d’orienter le mouvement spontané de l’eau de la rivière qui l’alimente dans une direction voulue. Les êtres humains, comme tous les autres animaux, n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à bouger : un nouveau-né agite spontanément ses bras et ses jambes. Mais l’apprentissage consiste à lui faire acquérir tout un ensemble de techniques, de procédés, de méthodes pour canaliser cette activité en organisant et régulant ses mouvements en fonction de buts jugés utiles, importants ou intéressants (apprendre à parler, à manger correctement à table, à jouer aux échecs).

Mais il y a un troisième aspect que l’on peut dégager de nos actions. Lorsque je joue du piano, mon buste est penché en avant, mes mains parcourent le clavier, mes doigts enfoncent les touches, mais pas sans ordre ni méthode comme on l’a vu – il a fallu de longues heures d’apprentissage pour arriver à produire les effets musicaux que je tire aujourd’hui de l’instrument. Seulement, on dit parfois que tel interprète joue « sans âme », un peu comme le ferait un piano mécanique dont les mouvements suivent un algorithme. On ne veut pas dire ici que « l’âme » serait quelque chose de séparé ou de séparable de l’action faite, et qui s’ajouterait ou non aux enchaînements mécaniques des doigts et des touches. On porte plutôt un jugement sur la manière dont cette action est menée, et sur l’effet global qui en résulte. Ce n’est pas que cette action manque de méthode : la coordination sensori-motrice est parfaite, et les notes sont enfoncées dans le bon ordre – on reconnaît sans problème la mélodie, exécutée sans faute. Ce qui est en cause, c’est la manière dont la méthode elle-même est suivie : il faudrait plus d’ardeur, ou plus d’élégance, plus de caractère en tout cas ; or le pianiste n’y est pas, et l’ensemble manque d’expressivité. Comme la méthode, ce troisième aspect de l’action relève de la manière d’accomplir un mouvement, mais il marque un degré supplémentaire de réflexivité. Si la méthode se comprend en rapport avec le mouvement qu’elle régule et organise, ce nouvel aspect se comprend en rapport à cette méthode elle-même et à la manière dont elle est employée et mise en œuvre. Les esprits étroits sont ainsi dits appliquer mécaniquement les règles de leur institution, comme s’il s’agissait de lois de la nature ne souffrant aucune exception, et tant pis pour les cas singuliers ou atypiques. Ces trois aspects ne sont pas des couches séparables d’une action finalisée, mais on peut les distinguer par ce degré de réflexivité, et la description de l’action peut se concentrer sur l’une ou l’autre de ces dimensions. Je porte du riz à ma bouche ; je le fais en formant une boulette avec mes doigts, ou en le saisissant avec des baguettes, ou en le soulevant avec une fourchette ; je manipule mon ustensile distraitement, sans guère prêter attention à ce que je mange, ou bien je peux le faire solennellement, comme pour mieux célébrer l’instant savoureux. Je déplace une pièce en bois sur un plateau (playing) ; je bouge le cavalier selon la règle de son déplacement (the game) ; je bouge la pièce dans un esprit ludique (the playfulness), ou bien avec tout le sérieux du monde, ce qui n’en fait plus tout à fait un jeu. Il s’agit bien d’une seule et même action, mais sous trois descriptions différentes, celle du changement pratique effectuée, celle de la forme de son effectuation, celle de l’attitude de l’agent qui l’effectue.

L’idée directrice que ce livre veut défendre et illustrer est que l’on peut analyser la philosophie de la même manière. Comme jouer au piano ou monter des meubles, la philosophie est une activité, et il n’y a pas de raison qu’elle soit un état d’exception par rapport aux autres actions humaines. C’est plus précisément une activité de réflexion, et qui produit certains résultats. Ces résultats peuvent être de nouvelles prises de position, de nouvelles thèses soutenues, de nouvelles argumentations qui les justifient, de nouveaux concepts qu’elles articulent, de nouvelles manières de juger certaines choses. Ces changements qu’un individu prétend apporter sur la manière dont il conviendrait de concevoir ou de juger tel ou tel point permettent de distinguer facilement un philosophe d’un autre. Platon pense qu’il faut chasser les poètes de la Cité. Wittgenstein pense que les règles diffèrent en nature des propositions factuelles. Locke soutient que l’âme n’est pas le principe de notre identité personnelle. Bergson défend l’idée que l’être humain est une espèce privilégiée dans l’évolution de la vie. Goodman défend celle que les œuvres d’art ont des fonctions cognitives. Ces philosophes ne se contentent pas d’énoncer de telles thèses, ils les explicitent, les illustrent, en donnent des raisons, en dégagent des présupposés, en déroulent des implications, préviennent des objections à leur encontre, les situent vis-à-vis de thèses concurrentes, etc., et l’ensemble que forment ces propositions constitue ce qu’on appelle communément leur « doctrine ». Pour le dire sommairement, une doctrine, c’est l’ensemble articulé des thèses d’un auteur, formulées dans son vocabulaire propre. Ces doctrines sont quelquefois identifiées par un terme en « -isme ». Elles peuvent s’appliquer non seulement à cet auteur mais également à celles et ceux qui le suivent plus ou moins fidèlement : le platonisme, le cartésianisme, le bergsonisme. De tels termes peuvent opérer des recoupements plus larges, qui permettent de distinguer de grandes positions philosophiques entre lesquelles les philosophes se partagent en fonction de la proximité de leurs thèses et de la manière dont ils comprennent certains concepts fondamentaux, même s’ils le font chacun à leur manière singulière : matérialisme et spiritualisme, réalisme et idéalisme, empirisme et rationalisme, déterminisme et indéterminisme, monisme, dualisme et pluralisme, etc. Ces positions générales, mais cela vaut pour chaque thèse affirmée et chaque nouveau concept introduit, sont comme des coups effectués par un philosophe dans l’espace philosophique : ce sont des propositions, au sens dynamique et non pas seulement linguistique du terme.

Ces doctrines sont néanmoins inséparables de méthodes que les philosophes utilisent, que ce soient des procédures de découverte permettant d’aboutir à ces résultats, des modes de justification visant à fournir des raisons de les accepter, des règles d’analyse pour éclairer les concepts mobilisés ou des règles de composition pour en proposer des nouveaux, des moyens d’organisation formelle et de systématisation de ces résultats, voire des procédés stylistiques ou de mise en page. L’ensemble de ces méthodes montre qu’une philosophie ne se compose pas seulement de résultats énonçables sous forme de thèses et d’éléments de doctrine, mais qu’elle propose de manière indissociable une certaine manière de conduire la réflexion permettant d’aboutir ou de rendre plus intelligible ces résultats. Les controverses philosophiques, pour peu qu’elles se développent dans tous leurs présupposés, ne portent jamais seulement sur le contenu de telle ou telle thèse, mais toujours également sur la manière même de faire de la philosophie, sur la conception qu’il faut avoir de la philosophie et de ses méthodes – comme le clivage de la philosophie continentale et de la philosophie analytique nous l’a montré tout au long du XXe siècle. C’est une caractéristique bien connue de la philosophie que chaque thèse philosophique implique toujours aussi des thèses métaphilosophiques dont l’explicitation demande un degré de réflexivité supplémentaire. Les grands philosophes ne proposent d’ailleurs pas seulement de nouvelles thèses ou de nouvelles manières de concevoir les choses qui bouleversent le paysage philosophique de leur époque en en redistribuant les lignes de partage ; ils proposent aussi de nouvelles méthodes, en cherchant à les imposer comme la manière supérieure de faire de la philosophie et d’aboutir à des résultats qui soient proprement philosophiques. Ils ne font pas qu’introduire de nouveaux coups dans le jeu ou de nouvelles ouvertures, en inventant une nouvelle manière de positionner les pièces les unes par rapport aux autres – à la manière de Bergson disant de Berkeley qu’il a proposé une combinaison inédite du nominalisme, de l’idéalisme, du spiritualisme et du théisme. Les grands philosophes sont en effet ceux qui parviennent à changer les règles mêmes du jeu, parce qu’ils ont compris qu’au grand jeu de la philosophie, le gagnant est celui qui arrive à imposer ses règles plutôt que ses thèses, en amenant ses interlocuteurs sur son propre terrain. Si l’on fait généralement commencer la philosophie avec Socrate, c’est précisément parce qu’avec la recherche de définition générale sur des termes difficiles (« beauté », « piété », etc.), conduite dans le cadre d’un dialogue, il lance un nouveau mode de réflexion, et l’absence de résultats de certains dialogues importe peu face à cette nouvelle manière d’interroger. Platon est un nom qu’on associe de manière privilégiée à une doctrine, celle des Idées « platoniciennes », mais Socrate est d’abord le nom d’une méthode, d’un moyen de faire accoucher de la vérité. Et si l’on fait parfois de Calliclès son adversaire le plus irréductible, c’est que celui-ci refuse d’entrer dans le jeu socratique, pas seulement en refusant de répondre à ses questions, mais en refusant le type même de question qui lui est posée. Les disciples orthodoxes d’un philosophe répètent généralement à la fois la doctrine et la méthode de leur maître, en se contentant d’en corriger çà et là quelques points secondaires et de systématiser davantage l’ensemble, mais les disciples hétérodoxes les plus inventifs savent retourner la nouvelle méthode contre sa doctrine. Ils font alors valoir le manque de systématicité dans l’application de la nouvelle méthode, comme si des vestiges des anciennes manières de penser se mêlaient encore aux percées accomplies. On songe au cas exemplaire des hégéliens de gauche, qui ont cherché à émanciper la dialectique comme méthode révolutionnaire proposée par Hegel du conservatisme religieux et politique de sa position idéaliste générale, pour mieux la retourner contre lui : « celui qui mettait l’accent sur le système de Hegel pouvait être passablement conservateur dans ces deux domaines ; celui qui, par contre, considérait la méthode dialectique comme l’essentiel, pouvait, tant en religion qu’en politique, appartenir à l’opposition la plus extrême[1] ». Les découpages chronologiques que nous effectuons en histoire de la philosophie suivent d’ailleurs bien plus souvent les ruptures méthodologiques que les nouvelles propositions doctrinales. Si l’on fait débuter la philosophie moderne à Descartes et à Bacon, ce n’est pas seulement pour les nouvelles conceptions de l’esprit ou de la nature qu’ils proposent, mais aussi et avant tout en raison de leur prétention à apporter de toutes nouvelles méthodes en philosophie, plus fécondes que celles utilisées au cours des siècles précédents, dans la mesure où elles comptent répercuter les innovations méthodologiques qui ont fait décoller les mathématiques et les sciences physiques modernes. Si Kant occupe dans cette histoire une place privilégiée, c’est encore parce qu’il a su reprendre ces théories modernes en faisant de l’enquête philosophique la recherche non pas des causes des phénomènes de connaissance ou des actions morales, mais de leurs conditions de possibilité telles qu’elles sont en droit : un nouveau type de question, d’analyse et d’argumentation (l’argumentation dite transcendantale) semble ouvrir une nouvelle page dans la philosophie moderne. Les grands courants contemporains, comme la philosophie analytique, la phénoménologie ou le pragmatisme, se sont tous d’abord présentés comme de nouvelles méthodes pour faire enfin de la philosophie une activité digne d’être poursuivie, plutôt que comme de nouvelles doctrines, de nouveaux « -ismes », même si ces méthodes étaient d’emblée liées à des thèses substantielles.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie. Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[2] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[3] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[4].

Si la thèse du primat de l’attitude est fortement exprimée par Hadot, il n’y a pas de raison de limiter cette conception à une période particulière ou à un type de philosophie particulier. Il n’y a pas de raison non plus de penser que seules ces attitudes sont réactualisables, comme si les doctrines et les méthodes ne l’étaient pas, et comme si, surtout, ces attitudes étaient invariables à travers le temps, formant une sorte d’essence de la philosophie authentique qui courrait plus ou moins souterrainement depuis les Grecs. Les dispositions, comme les doctrines et les méthodes, dépendent des contextes, et elles sont proposées et deviennent visibles à des moments précis de l’histoire : il y a une histoire possible des attitudes philosophiques, tout autant que des doctrines et des méthodes, même si elles sont sans doute plus persistantes. Rien ne dit d’ailleurs qu’on en ait déjà le compte complet, et les grands philosophes continuent de recommander de nouvelles dispositions, si ce n’est de nouvelles attitudes. Enfin, il n’y a pas à opposer doctrine théorique et attitude pratique comme deux pôles contraires. D’abord, il n’y a pas à restreindre l’idée d’attitude à l’éthique pratique ou aux engagements existentiels : une attitude envers ses propres croyances et ses propres thèses est tout aussi philosophiquement importante qu’une attitude envers ce qui nous arrive dans la vie, d’autant plus si l’on considère que les croyances sont des dispositions à l’action. Qu’on songe à l’esprit critique, attitude majeure de la philosophie moderne et notamment du siècle des Lumières et qu’on aurait de la peine à retrouver dans l’Antiquité. Non seulement ces attitudes philosophiques sont générales, ne se réduisant pas à une réaction particulière ou à une collection de réactions particulières, mais elles sont potentiellement susceptibles d’affecter l’ensemble de la vie intellectuelle et morale : elles animent et peuvent unifier l’ensemble de nos rapports à nos concepts, nos jugements, nos théories, mais aussi à nos valeurs, nos normes, nos critères, nos idéaux, et encore à nos habitudes, nos savoir-faire, nos coutumes et nos règles, nos institutions, nos organisations, etc., et ceci dans toutes les activités humaines (éducation, travail, science, religion, politique, art, commerce, etc.) et tous les modes d’association (famille, école, entreprise, gouvernement, club, église, etc.). Cette généralité même contribue à en faire des attitudes philosophiques, puisque la philosophie a depuis toujours revendiqué un certain rapport au tout et à l’ultime. Mais c’est une erreur de penser qu’il faille nécessairement substantiver ce tout et cet ultime sur le modèle des Grecs, et qu’une attitude n’est philosophique que si elle est prise envers le tout cosmique ou envers la mort comme point ultime devant déterminer tous les moments de la vie. Généralité, totalité, caractère ultime, sont d’abord des traits de l’attitude elle-même, et non pas de ce à quoi elle se rapporte. Il en va ici comme d’un tempérament psychologique (comme être optimiste ou dépressif) : il est général, il unifie la personnalité, il est utilisé comme explication finale d’un comportement. De même une attitude philosophique, qu’on dégage comme « l’esprit » d’une méthode ou d’une doctrine : elle est plus générale que la méthode et la doctrine, elle permet d’en unifier les différents aspects, elle leur donne leur sens le plus important et leur valeur finale.

S’il n’y a pas à opposer un pôle théorique et un pôle pratique, c’est précisément aussi parce que toute philosophie se présente d’emblée à la fois comme une doctrine, articulée dans des thèses, comme une méthode, formulée dans des règles, et comme une attitude, exhibée dans des dispositions intellectuelles et morales. Les trois dimensions sont inséparables, bien qu’elles soient distinguables et que l’on puisse argumenter en faveur d’un primat de la méthode sur la doctrine et de l’attitude sur la méthode. Du point de vue factuel, il y a une circularité inévitable entre les trois dimensions. Ce point a souvent été relevé au sujet des rapports entre doctrine et méthode. Certes, il est toujours possible, à partir d’une doctrine, d’en isoler la méthode et d’en expliciter formellement les règles en les énonçant dans leur plus grande généralité abstraite. Mais il ne faut jamais perdre de vue qu’il s’agit alors d’une abstraction, commandée soit par le désir de l’examiner, comme on démonte un moteur ou qu’on inspecte n’importe quel outil, afin d’en proposer des améliorations possibles, soit par l’objectif pédagogique de la communiquer ou de l’enseigner. Une méthode ne s’exerce pas dans le vide, et elle n’est pas susceptible d’être étudiée de manière totalement séparée de l’activité de recherche où elle est employée ni des résultats qu’elle produit : « c’est en action qu’il faut la considérer[5] ». Surtout, il est illusoire de penser qu’une méthode pourrait être parfaitement neutre, dénuée de tout présupposé, indépendante donc de toute thèse substantielle[6]. Dans l’énoncé même des règles sont mobilisés des concepts solidaires de la doctrine du philosophe, et l’idée qu’il se fait de la méthode, des objectifs qu’il lui donne, des obstacles majeurs qu’il se propose de surmonter grâce à elle, n’est pas totalement dissociable des engagements doctrinaux qu’il défend par ailleurs, sur la nature de la réalité, de l’esprit ou de la connaissance par exemple. Dès la première règle de Descartes, « ne recevoir aucune chose pour vraie, que je connusse évidemment être telle », il y a toute une théorie de la vérité, reposant sur l’évidence, qui y est impliquée, et l’on pourrait contester d’emblée cette méthode en raison des présupposés substantiels sur lesquels elle repose, avant même d’en examiner la mise en œuvre efficace. Présenter sa propre méthode comme étant la méthode d’une philosophie prenant enfin le bon départ ou parvenant enfin à réaliser son essence propre n’est précisément qu’un coup de plus dans le jeu philosophique, un coup visant à imposer ses règles comme les seules possibles – the only game in town. On peut toujours chercher à émanciper une méthode des engagements doctrinaux de son inventeur ou promoteur, mais cette émancipation, il faut justement la faire, elle n’est pas déjà donnée toute faite dans son œuvre. Elle implique des interventions critiques sur son œuvre qui modifieront non seulement sa doctrine, mais le sens et la valeur de la méthode qu’il a proposée, en la rendant susceptible de résultats différents et parfois même contraires. Réciproquement, en philosophie, une doctrine n’est pas, sauf abstraction, susceptible d’être présentée comme un résultat tout fait, détaché et clos sur lui-même, autosuffisant, indépendant de l’ensemble des moyens que le philosophe a mobilisés pour y parvenir, la justifier et l’exposer. En philosophie, la méthode n’est pas comme un échafaudage qu’on pourrait retirer une fois l’édifice construit. C’est plutôt la manière même dont le matériau de la doctrine a été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peut la retirer sans tout faire s’écrouler. Les berges de la rivière, bien que plus stables que le courant, sont sculptées et remodelées par le mouvement de l’eau, autant qu’elles en régulent et en orientent le cours. La doxographie, que personne ne confond avec la restitution authentique d’une philosophie, est précisément la tentative d’énoncer des thèses d’un auteur comme si elles étaient détachées de la manière et des moyens mis en œuvre pour les formuler : une collection d’opinions détachées entre elles comme de toute activité organisée de réflexion. Il n’est pas jusqu’aux procédés de style d’un philosophe, dans la mesure où ils sont réfléchis, qui n’adhèrent aux thèses qu’il propose, et leur paraphrase dans un langage différent, si elle est utile et importante du point de vue de la communication et de l’enseignement, et même nécessaire du point de vue de la critique, laisse toujours échapper quelque chose de sa pensée, comme lorsque l’on traduit ligne à ligne un poème en prose.

Les mêmes arguments s’appliquent a fortiori aux rapports de l’attitude avec la méthode et la doctrine. Il n’y a pas d’attitude qui vaille en soi et pour soi, indépendamment des règles dans lesquelles elle s’opérationnalise et des thèses qui l’incarnent et l’expriment dans un contexte historique donné, déterminé par les débats d’une époque. On n’est pas colérique si l’on ne se met jamais en colère dans aucune situation particulière. On pourra certes ne pas se mettre en colère dans telles ou telles circonstances particulières, mais on le fera quand même généralement. Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

Il en ressort une règle de lecture des philosophes, qu’on peut appeler la méthode de « l’ascension éthique ». Une doctrine vaut certes par les thèses qu’elle articule, et par rapport aux autres doctrines dans l’espace des positions philosophiques. Mais elle peut être lue à un autre niveau, comme illustrant et incarnant des méthodes de penser. Il s’agit non pas de sauter purement et simplement du niveau de la doctrine à celui de la méthode, comme s’il s’agissait de plans séparés, mais de comprendre cette doctrine même du point de vue méthodologique, en montrant qu’au-delà du sens immédiat qu’elle possède en tant que doctrine reliée ou opposée à d’autres doctrines, elle exhibe et promeut une certaine manière de faire de la philosophie. Il s’agit moins de passer de la doctrine à la méthode comme si la méthode était extérieure à la doctrine que de transposer l’ensemble de la doctrine dans une clef méthodologique. De ce point de vue, les thèses défendues sont à présent comprises comme des règles à recommander pour bien penser en philosophie. Les concepts proposés sont à leur tour compris non dans leur sens substantiel, mais dans un sens opératoire – comme des instruments d’analyse et de direction de la réflexion, attirant l’attention sur les aspects les plus importants des phénomènes étudiés. Un bon exemple de cette ascension méthodologique est la lecture que Deleuze donne de Bergson dans le premier chapitre de son commentaire[7]. Du point de vue doctrinal, la durée chez Bergson est un concept métaphysique qui entend faire référence à un trait constitutif de la réalité. Sa thèse est qu’on ne peut éliminer la durée d’une réalité quelconque sans faire disparaître cette réalité même : ce qui en reste, si on le fait, n’en est plus qu’une représentation symbolique, qui peut avoir son utilité pratique mais qui n’est pas vraie. Deleuze fait valoir dans sa lecture qu’il faut d’abord entendre cette thèse comme une règle générale de méthode philosophique. Ce que Bergson propose, c’est de considérer toute chose du point de vue de la durée. En ce sens, la durée est moins l’objet privilégié de la philosophie, qui devrait se substituer aux objets philosophiques traditionnels tels que la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs, que la méthode permettant d’étudier tous les autres objets, que ce soit la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs – mais aussi le rapport du corps à l’esprit, l’évolution des espèces, le rire ou les œuvres d’art. Tous ces objets doivent être compris et définis en termes temporels, ou bien l’on n’en aura que des représentations symboliques. Il s’agit d’un « tournant temporaliste » en philosophie, qui doit affecter la manière d’ensemble de poser et de résoudre les problèmes philosophiques. Dans le même sens, comme l’a bien souligné Richard Rorty, le « tournant linguistique » n’a pas consisté (seulement) à prendre le langage propositionnel comme objet privilégié de l’analyse philosophique en lieu et place des états mentaux, mais aussi et surtout à considérer que « les problèmes philosophiques sont des problèmes qui peuvent être résolus (ou dissous) soit en réformant le langage, soit en comprenant mieux le langage que nous utilisons quotidiennement[8] ». C’est un tournant méthodologique encore plus que doctrinal : toute la philosophie ne se réduit pas à la « philosophie du langage », mais elle devrait tout entière prendre la forme d’une « philosophie linguistique », où le langage est considéré comme l’outil d’analyse des problèmes philosophiques en général[9].

Cette ascension méthodologique peut se poursuivre jusqu’au niveau éthique, en entendant par là celui des grandes attitudes et dispositions intellectuelles et morales. Car si les méthodes, à leur tour, valent par rapport aux résultats doctrinaux qu’elles produisent comme par rapport aux autres méthodes philosophiques auxquelles elles entendent se substituer, elles peuvent être comprises au niveau des grandes dispositions qu’elles permettent d’opérationnaliser et dont elles incarnent l’esprit dans la lettre de leurs règles. Si l’on distingue la lettre et l’esprit d’une règle, c’est que l’énoncé d’une règle n’indique pas en lui-même l’esprit dans lequel il convient de l’appliquer : on peut toujours appliquer une règle dans un esprit contraire à celui dans lequel elle avait été originellement énoncée. Mais cet esprit est précisément ce qui donne son sens à la règle dans la manière dont on l’utilise dans un cas particulier, et c’est lui qui fournit un modèle d’interprétation pour les applications suivantes. C’est aussi lui qui permet, au besoin, de corriger la lettre de la règle si l’on s’aperçoit qu’elle est systématiquement utilisée à l’encontre de l’esprit qu’on aurait voulu promouvoir lorsqu’on l’a énoncée. En ce qui concerne la philosophie, et comme pour le rapport entre doctrine et méthode, il ne s’agit pas de sauter purement et simplement d’un plan à l’autre, mais de comprendre une doctrine (et une méthode) du point de vue de l’esprit qu’elle incarne, exhibe et promeut – de retrouver l’esprit qui l’anime, et qui permet si besoin de la corriger en étant plus fidèle à cet esprit que les thèses (ou les règles), telles qu’elles sont énoncées à un moment historique donné, ne le manifestent. Le rationalisme par exemple est classiquement défini comme la doctrine selon laquelle toute connaissance véritable est fondée sur des principes universels et nécessaires, qu’on ne peut dériver de l’expérience, mais qu’on tire seulement de la raison, et en ce sens, il s’oppose à la théorie empiriste. Derrière cette doctrine, qui connaît d’ailleurs de nombreuses variantes et évolutions, on peut retrouver l’exigence d’une méthode plus permanente. Le rationalisme peut et doit s’entendre aussi et même d’abord comme la promotion de la méthode de la démonstration rationnelle, qui part de prémisses considérées comme simples et évidentes, pour produire, par des étapes contrôlées et rigoureusement enchaînées, des vérités certaines. C’est en fait plus généralement la promotion d’un ensemble de techniques de mise en ordre de la pluralité des idées et des choses (d’une multiplicité quelconque de termes), qui puisse faire saisir leurs relations intelligibles réelles par-delà leurs relations empiriques de coexistence et de succession comme leurs relations de ressemblances et de différences sensibles. Les jardins zoologiques classiques sont des espaces rationnellement organisés, car leur architecture spatiale tend à reproduire la classification rationnelle du vivant, en regroupant dans une même zone les animaux qui sont proches du point de vue anatomique – tous les félins par exemple –, alors même qu’ils peuvent ne jamais se côtoyer dans leurs milieux empiriques – comme le jaguar d’Amazonie et le tigre d’Asie. Au nom de cette méthode, on peut critiquer des éléments de doctrine qui semblent en gêner la pleine application : il n’y a par exemple aucune nécessité à définir la raison comme la faculté des « idées innées » pour justifier une telle technique de mise en ordre, et le rationalisme pourra dépasser ce stade « cartésien » sans perdre de sa force méthodologique. Les techniques de mise en ordre d’une multiplicité empirique quelconque ont en effet rapidement débordé les présupposés du rationalisme doctrinal de Descartes qui limitait la méthode à des chaînes unilinéaires de raisons suspendue à des « natures simples ». Notamment le mode d’arrangement tabulaire, qui croise lignes et colonnes en une série de séries, et dont le tableau de Mendeleiev sera vu comme l’une des grandes réussites, marquera durablement un rationalisme plus complexe, des combinatoires leibniziennes aux diagrammes structuralistes.

Mais l’on peut reconduire encore la doctrine et la méthode au rationalisme comme attitude. Si l’on peut en effet corriger une technique rationnelle donnée au nom même du rationalisme, d’un rationalisme mieux compris et plus radical, c’est que celui-ci ne se confond pas purement et simplement avec un ensemble de méthodes. À la raison entendue comme faculté de connaissance des principes et comme ensemble d’instruments de mise en ordre s’ajoute la raison comme attitude générale de l’esprit. Ce qui importe en effet pour un rationaliste, c’est d’être rationnel dans sa pensée et sa conduite, et les méthodes ne sont là que pour aider l’esprit à le devenir en acquérant les bonnes habitudes de penser. Sur ce plan, le rationalisme est d’ailleurs plus facile à saisir par les attitudes qu’il rejette. C’est ainsi que Gilles-Gaston Granger l’oppose au mysticisme, au romantisme et à l’existentialisme considérés non comme des doctrines, mais bien comme des « attitudes négatives », « des modes de pensée et d’action qui, pour être moins systématiques que les doctrines des différents philosophes, n’en sont pas moins doués d’une existence et d’une consistance historique probablement plus prégnante »[10]. Ce qui définit l’attitude rationnelle, c’est en effet une foi dans la puissance de l’esprit à pouvoir pénétrer dans l’ordre véritable des choses, qui ne serait jamais donné immédiatement. Son premier adversaire est l’esprit pré-rationnel, qui fait naïvement confiance à l’ordre apparent des choses – ordre qui n’est pourtant dû qu’au hasard, aux coïncidences non réfléchies, à la tradition, aux conventions –, et qu’il n’accepte pour clair et évident que parce qu’il y est accoutumé. Mais son adversaire le plus frontal, son ennemi intime, est le mode de pensée irrationnel, qui est disposé à croire qu’il existe quelque chose de plus profond et d’inanalysable qui résistera toujours à nos techniques de mise en ordre rationnelle. Une telle attitude dispose à croire aux miracles exceptionnels qui échappent à l’ordre de la nature ou aux mystères insondables qui défient toute entreprise de compréhension rationnelle. Elle dispose à invoquer comme des principes supérieurs d’explication et de direction morale des forces naturelles ou humaines plus profondes que tout ordre précairement imposé par la raison, comme l’élan de la Vie qui déborde toutes les catégories ou la violence des passions qui dépasse toute mesure. Le rationalisme est en ce sens critique de l’expérience sensible, de l’imagination, des coutumes sociales, des savoir-faire empiriques, comme modes de pensée et de conduite infra-rationnels (empiriques) et en attente de rationalisation. De ce point de vue, il se veut révolutionnaire : il veut tout reprendre à partir de principes d’organisation censés découler de l’ordre même des choses, plutôt que de l’expérience et de la tradition. Mais il est encore plus critique des révélations de la foi, de l’expérience mystique, de l’intuition ou de l’émotion métaphysique comme supposés modes supra-rationnels (mystiques, romantiques ou existentialistes) d’accès au véritable sens des choses sous l’ordre de surface de la raison humaine. Et de ce point de vue, il est de tempérament classique et manifeste une tendance conservatrice, dont le danger propre est de convertir la recherche d’ordre en défense d’un ordre spécifique établi[11].

Il ne s’agit ici que d’une esquisse d’ascension éthique, pour attirer l’attention sur les rapports entre doctrine, méthode et attitude. L’ascension éthique ne consiste pas à dire que telle position philosophique renvoie à une attitude plutôt qu’à une doctrine, car les deux sont indissociables. Mais qu’il faut la comprendre d’abord comme une attitude, avant de la comprendre comme une méthode et une doctrine, qui en constituent des sens dérivés, bien qu’indispensables. Si l’on pouvait émanciper la formule kantienne de ses connotations dualistes, on pourrait dire que l’attitude est vide sans règles de méthode qui canalisent et opérationalisent ses dispositions et sans thèses doctrinales qui lui donnent voies d’expression et points d’application dans un espace de positions déterminé ; et que doctrines et méthodes sont aveugles sans attitude pour indiquer l’orientation générale de la réflexion ou sa ligne directrice. Les résultats méthodologiques et doctrinaux obtenus constituent des preuves spécifiques de l’intérêt et de l’importance d’une attitude philosophique, quand cette attitude fournit la raison la plus générale de les adopter – pas seulement au sens où l’attitude permettrait de rendre compte de telle méthode ou doctrine, mais au sens où la fréquentation de telle méthode ou doctrine doit permettre de développer des dispositions intellectuelles et morales qui paraissent les meilleures, celles qui permettent de faire le plus progresser la réflexion. L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Leurs changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telles attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. C’est pourquoi, lorsqu’une telle transformation se produit, elle prend souvent la forme d’une sorte de conversion, qui donne l’impression que l’ensemble des convictions et méthodes d’un philosophe bascule tout d’un coup – comme un changement de l’ensemble de la personnalité, plutôt que de telle ou telle thèse ou règle particulière, aussi cruciales soient-elles.

Les positions en « -isme » constituent un terrain de choix pour une telle lecture éthique de la philosophie. Il a déjà été proposé de dépasser les impasses de la controverse entre réalisme et antiréalisme en la reprenant du point de vue des attitudes adoptées envers la science, plutôt que du point de vue des positions doctrinales défendues[12]. Bas C. Van Fraassen, renvoyant d’ailleurs à Crasnow, et à partir du cas privilégié de l’empirisme, a cherché à montrer

qu’une position philosophique peut consister en quelque chose d’autre qu’une croyance au sujet du monde […] [elle] peut consister en une posture [stance] (une attitude, un engagement, une approche, ou un assemblage de telles choses, qui pourrait également inclure des attitudes propositionnelles comme des croyances). Une telle posture peut bien sûr être exprimée, et elle peut également impliquer ou présupposer des croyances, mais elle ne peut pas purement et simplement équivaloir au fait d’avoir des croyances ou de faire des assertions au sujet de ce qui est[13].

Il en vient alors à défendre l’idée que « l’empirisme est une posture plutôt qu’une thèse factuelle ou une théorie[14] » – comme le fait de croire que toute proposition au sujet du monde dérive de l’expérience. Sur son exemple, Daniel Andler a plus récemment proposé de « renonc[er] à considérer le naturalisme comme une thèse au profit d’une autre modalité », et de retrouver « l’esprit du naturalisme » en en faisant précisément une « attitude » ou un « parti » à prendre et à développer dans des programmes de recherche spécifiques[15]. Mon exemple privilégié sera ici le pragmatisme. Plus encore que le réalisme, l’empirisme ou le naturalisme, je crois qu’il peut constituer un modèle pour penser la philosophie comme attitude.

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

La première est que les pragmatistes ont distingué, de manière explicite et relativement détaillée, les trois niveaux et qu’ils ont eux-mêmes identifié le pragmatisme d’abord et avant tout à une attitude. Charles S. Peirce a défini le pragmatisme non comme une doctrine métaphysique mais comme une simple méthode de logique pour rendre les idées claires : la signification d’un concept réside selon lui dans « les habitudes générales de conduite que la croyance en la vérité du concept […] développerait de manière raisonnable[18] ». En conséquence, « l’explication la plus parfaite d’un concept susceptible d’être transmise par des mots consiste dans la description de l’habitude que ce concept est destiné à produire[19] ». Il concevait cette méthode comme la transposition dans le champ philosophique de celle qui a fait le succès des sciences modernes, dans la mesure où les scientifiques, contrairement à celles et ceux dont la culture est essentiellement livresque, pensent toute chose en termes d’expérimentation possible, c’est-à-dire de conduite rationnellement contrôlée. Or Peirce voyait précisément dans la science non pas seulement un système de vérités (premier niveau) ni même une méthode spécifique pour parvenir à la vérité (deuxième niveau), mais d’abord et avant tout une certaine attitude générale – la manière expérimentale de penser, la tournure d’esprit expérimentaliste – et même un mode de vie. La philosophie ne pourrait que progresser, selon lui, si les philosophes adoptaient une même tournure d’esprit pour les problèmes qui les occupent. On trouve généralement à l’entrée « pragmatisme » des dictionnaires la référence à la théorie de la vérité de James. Mais pour James, comme pour Peirce, le pragmatisme désigne avant tout non une doctrine mais une méthode, qui fournit non seulement un test pour clarifier la signification des concepts abstraits, mais un moyen pour résoudre les disputes philosophiques qui semblent interminables. Or cette méthode, il la réfère à son tour à une attitude plus générale :

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

C’est la raison pour laquelle il dédia son Pragmatism (1907) à la mémoire du philosophe empiriste britannique John Stuart Mill « qui, le premier, m’enseigna l’ouverture d’esprit pragmatique », et qu’il lui donna comme sous-titre : « un nouveau nom pour une ancienne manière de penser [way of thinking] ». De cette formule, on souligne souvent les marqueurs temporels, mais l’idée d’une manière générale de penser, qui marque une continuité entre l’empirisme britannique et le pragmatisme américain par-delà les ruptures doctrinales et les infléchissements méthodologiques, est en réalité plus déterminante pour comprendre la philosophie de James. John Dewey a critiqué à son époque l’enseignement des sciences à l’école, dans la mesure où il n’était présenté que des résultats sous la forme d’un ensemble d’informations à apprendre dans un manuel. S’il a fait campagne pour introduire des laboratoires dans les écoles, c’était pour que les élèves apprennent la science en la faisant, c’est-à-dire en comprenant de quelle manière ces résultats sont produits, selon quelle méthode et avec quels instruments. Il s’est même présenté comme un philosophe de la méthode, cherchant à transposer la méthode scientifique dans la résolution des problèmes humains et des conflits de valeurs. On ne peut savoir à l’avance quelle sera la solution à ces problèmes, mais on a selon lui de bonnes raisons de savoir à l’avance que la meilleure méthode pour les résoudre sera une méthode d’intelligence collective en action, comme l’est la méthode expérimentale des scientifiques. Or le projet même de cette transposition indique que l’on puisse décoller une attitude scientifique plus générale des méthodes particulières que les scientifiques utilisent dans leur laboratoire. C’est, au-delà des procédures particulières des méthodes scientifiques, cette attitude d’enquête que Dewey souhaitait faire acquérir aux élèves et dont il défendait l’adoption pour résoudre les conflits humains : lorsque la science dénote non pas seulement un compte rendu de faits particuliers découverts au sujet du monde mais une attitude générale envers lui – par contraste avec des choses spécifiques à faire –, alors elle devient philosophie. Car une disposition sous-jacente représente une attitude, non pas envers telle ou telle chose, ni même envers une collection de choses connues, mais envers les considérations qui gouvernent la conduite [Dewey, DE, LW9, p. 334].

Du point de vue même de ses premiers propagateurs, ce serait donc une erreur de rabattre le pragmatisme comme philosophie sur le seul plan de la méthode (serait-ce la méthode pour rendre les idées claires ou la méthode de l’enquête) ou de la doctrine (serait-ce la théorie de la vérité ou de l’expérience)[21].

La deuxième raison qui fait du pragmatisme un modèle privilégié est l’image globale de l’histoire et des progrès de la pensée qu’on y trouve. Peirce a distingué quatre grandes méthodes pour fixer les croyances, mais en réalité il en oppose une, la méthode scientifique, aux trois autres (méthode de ténacité, méthode d’autorité, méthode a priori). Du point de vue des attitudes, l’histoire de la philosophie oscille en effet entre l’attitude du scientifique, prêt à renverser toutes ses théories si l’expérience le demande, et l’attitude de celles et ceux qui s’accrochent à leurs croyances et ne raisonnent que pour les défendre coûte que coûte. James a affirmé que l’on peut voir toute l’histoire de la philosophie comme celle du conflit entre deux grands tempéraments philosophiques, les « tender-minded » (les délicats) qu’il qualifie de « rationalistes », et les « tought-minded » (les coriaces) qu’il identifie aux « empiristes ». Les premiers aiment les grands principes et tendent à être dogmatiques, quand les seconds préfèrent les petits faits et sont enclins à être critiques. On pourrait écrire l’histoire de la philosophie en rangeant chaque philosophe dans l’une ou l’autre colonne, selon l’inclination dominante de sa pensée, et en montrant comment chaque avancée doctrinale ou méthodologique de l’une des tendances appelle des réactions et des modifications de l’autre pour en défendre et en réactualiser l’attitude générale. L’ensemble de l’œuvre de Dewey est structuré par l’opposition entre une ancienne et une nouvelle manière de penser, dont il analyse les formes générales à travers tous les champs philosophiques et dont il dégage les facteurs historiques, tant sociaux que scientifiques. S’il fait de la révolution scientifique des XVIe et XVIIe siècles un tournant dans l’histoire de la culture, c’est qu’elle commence à introduire un nouvel esprit d’enquête à l’opposé de cette manière dualiste de penser qui répond à une quête de certitude absolue. À leur suite, Rorty voit dans la culture et la pensée l’histoire d’une lutte entre des tendances pour et des tendances contre la recherche de fondements intemporels pouvant servir de sources non-humaines d’autorité à nos manières de vivre et de penser. Il se dégage donc de l’œuvre de ces pragmatistes une image globale de l’histoire de la philosophie, sinon de la culture, qui en localise la détermination la plus importante dans le conflit entre deux grandes attitudes, l’attitude faillibiliste, expérimentale et antidogmatique d’une part, qui prépare les individus à critiquer et reconstruire toutes leurs croyances et leurs valeurs lorsque c’est nécessaire, et d’autre part l’attitude fondationnaliste, absolutiste, dogmatique, qui exprime le besoin des individus de chercher la certitude et de se référer à l’autorité de principes ultimes et de critères définitifs. La philosophie, au sens normatif du terme, y est d’ailleurs identifiée à la première de ces attitudes, qui, dans l’histoire, est en réalité toujours seconde et doit être conquise en surmontant la première, qui représente une inclination plus naturelle de la pensée. Ce conflit se joue à l’échelle des individus tout autant que de l’histoire collective. Il est ainsi possible de lire l’œuvre d’un philosophe comme étant encore en transition, partagée selon des proportions variables entre l’ancienne et la nouvelle manière de penser. Cette tension n’épargne pas les pragmatistes eux-mêmes, si bien que leurs successeurs et héritiers peuvent chercher à expurger de leurs œuvres les vestiges de modes de pensée pré-pragmatistes au nom d’une fidélité supérieure à l’attitude même qu’ils ont cherché à promouvoir. Cette tension est également à l’œuvre en chacun d’entre nous, et si la philosophie, pour les pragmatistes, a une vocation éthique et éducative fondamentale, c’est qu’elle doit nous inciter à former les bonnes dispositions à penser, et pas seulement à nous informer sur les traits constituants de la réalité, la nature de la connaissance ou les principes fondamentaux de la démocratie.

La troisième raison générale est que les pragmatistes ont réalisé eux-mêmes un certain nombre d’ascensions éthiques qui ont ouvert la voie d’une telle stratégie de compréhension des conceptions philosophiques. Ils l’ont fait, nous l’avons noté, pour le terme même « pragmatisme », terme en « -isme » à qui il convient d’appliquer sa propre médecine. Une telle caractérisation éthique du pragmatisme est fidèle au pragmatisme lui-même puisqu’elle permet de le comprendre pragmatiquement : identifié à une attitude ou à un caractère comme complexe de dispositions, plutôt qu’à un système de thèses ou un ensemble de méthodes, le pragmatisme comme conception philosophique se voit ainsi défini en termes de résultats pratiques et d’habitudes d’action. Il en va de même pour tous les autres termes dont on se sert communément pour préciser la position pragmatiste, et dont la plupart ont fait l’objet, de la part des pragmatistes historiques, d’une lecture méthodologique ou éthique : « faillibilisme », « expérimentalisme », « empirisme », « pluralisme », « naturalisme », « méliorisme », « antifondationnalisme », « antireprésentationalisme », « antiscepticisme », etc. Cette stratégie de lecture permet de retrouver le sens pragmatiste de ces conceptions dont le succès a parfois amoindri le tranchant. Par exemple, le faillibilisme, dont le terme est inventé par Peirce, est défini aujourd’hui dans les dictionnaires philosophiques par la thèse suivant laquelle il n’est pas de croyance si justifiée qui ne puisse être fausse. Or le faillibilisme énonce moins une thèse sur une propriété curieuse de nos croyances qu’il ne désigne une attitude à recommander vis-à-vis de l’ensemble de nos croyances. Il se formule sous la forme de préceptes tels que « ne te repose jamais dans tes croyances établies », « ne les érige pas en dogmes absolus », « cherche constamment à les améliorer », « ne bloque pas la voie de l’enquête ». Le rapport entre le faillibilisme et le reste des croyances n’est ainsi pas un lien d’une croyance particulière (sur nos croyances) aux autres croyances. Il renvoie à une manière de croire, plutôt qu’à une croyance particulière énonçable sous la forme d’une thèse séparée. Sa valeur tient dans les effets qu’une telle disposition vis-à-vis de ses propres croyances produit, en ce qu’elle est la condition de la critique et de la reconstruction de toutes nos croyances. C’est donc en faisant du faillibilisme une attitude et non simplement une doctrine (même si elle est inséparable de certaines conceptions substantielles, par exemple sur la nature des croyances) qu’on retrouvera le sens pragmatiste du faillibilisme, en même temps que sa dimension éthique. Enfin, tous les concepts majeurs des pragmatistes ont fait l’objet de la part des pragmatistes, ou sont susceptibles de faire l’objet, d’une telle ascension méthodologique et éthique. On l’a déjà aperçu pour le concept pragmatiste de « science ». On en approfondira plusieurs autres exemples, à titre de modèles, dans les chapitres qui suivent, au sujet de la « volonté de croire », de l’« enquête » ou de l’« expérience pure ».

La dernière raison est que les pragmatistes n’ont pas seulement conçu la philosophie comme attitude, mais qu’ils ont également élaboré une riche philosophie des attitudes. Leur participation à l’essor de la nouvelle psychologie scientifique, dans ses aspects aussi bien biologiques que sociaux, les a conduits à mobiliser largement un vocabulaire éthologique ou comportementaliste : tempérament, caractère, disposition, habitude, geste, rôle et attitude sociale, vertu. Leur perspective naturaliste singulière – anti-dualiste et anti-réductioniste – les a par ailleurs amenés à favoriser le champ lexical de la modalité (une nature unique, mais diversement modulée) : manière d’agir et de penser, mode de vie, modification, adverbe de manière, ways, méthode, moyen. Ces deux aspects sont particulièrement développés chez Dewey. Partant d’un monde d’interactions, il entend rendre compte de toute chose, y compris des différents aspects de l’expérience humaine, en fonction des modes particuliers d’interactions qui les constituent. L’instinct, l’habitude et l’intelligence sont des modes spécifiques d’interaction avec l’environnement naturel et social. L’esprit en général est une certaine manière de se conduire (la manière intelligente), et non une substance séparée du corps ou de l’environnement. Le moi est un complexe d’habitudes en reconstruction continue. Les croyances sont des dispositions générales à agir. Les concepts sont des manières générales de se comporter vis-à-vis des faits particuliers. La science est une certaine manière de conduire sa pensée. L’éducation est le processus contrôlé de formation des dispositions, l’école n’étant qu’une des formes que ce contrôle peut prendre. La démocratie est un certain mode de vie associée, avant d’être un ensemble d’institutions. La religion est une certaine attitude envers le tout de la vie, avant d’être un ensemble de doctrines et d’organisations[22]. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la philosophie elle-même, considérée à son tour comme une activité, se voie définie par les grandes attitudes qu’elle exhibe et promeut. Si l’on considère que les croyances sont des habitudes d’action, alors les dispositions pragmatistes sont des habitudes au second degré. Ce sont les habitudes de la pensée réfléchie[23].

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

____________

NOTES

[1] Engels, 1974, p. 19-20.

[2] Hadot, 2001, p. 177.

[3] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[4] Hadot, 1995, p. 379-407.

[5] Comte, 1996, p. 74.

[6] Rorty, LT, p. 1-15.

[7] Deleuze, 1966, p. 1-28.

[8] Rorty, LT, p. 4.

[9] Marconi, 1997, p. 13-16.

[10] Granger, 1955, p. 24.

[11] Karl Popper définit aussi son rationalisme critique comme une attitude générale de l’esprit plutôt qu’en fonction de doctrines particulières (l’attitude d’être disposé à écouter les arguments critiques et à apprendre de l’expérience, Popper, 1994, p. XII-XIII – voir sur ce point Bouveresse, 1984, p. 78-79), mais il caractérise en fait ici l’attitude critique dans son opposition à l’attitude dogmatique, plutôt que l’attitude rationaliste dans son opposition à l’attitude empiriste (on verra tout au long de ce livre que l’empirisme a prétendu depuis le début à incarner de manière plus consistante l’attitude antidogmatique).

[12] Fine, 1984 et surtout Crasnow, 2000.

[13] Van Fraassen, 2002, p. 47-48.

[14] Van Fraassen, 2002, p. 49.

[15] Andler, 2016, p. 93-94.

[16] Madelrieux, 2008.

[17] Van Fraassen en reconnaît la priorité pour la caractérisation de l’empirisme comme attitude (2002, p. 213) et Andler le mentionne quand il indique que le choix en faveur du naturalisme exprime un tempérament philosophique (Andler, 2016, p. 95 et 476 n).

[18] Peirce, EP2, p. 448.

[19] Peirce, CP5, p. 491.

[20] James, P, p. 32.

[21] Les ouvrages d’ensemble sur le pragmatisme se présentent généralement : 1) soit comme des études historiques retraçant le développement du mouvement et l’élargissement progressif du sens du terme « pragmatisme », avec une insistance sur les œuvres des différentes figures (du club métaphysique de Peirce et James au néopragmatisme post-analytique de Rorty et Putnam : Mounce, 1997 ; Murphy, 1990 ; Misak, 2013) ; 2) soit comme des études thématiques (Morris, 1970 ; Eames, 1977, Talisse et Atkins, 2008) : la méthode pragmatique, la théorie faillibiliste de la connaissance et de la vérité, la métaphysique indéterministe et pluraliste, l’analyse naturaliste des valeurs (morale, politique, art, religion) ; 3) soit comme le relevé d’une série de thèses fondamentales (par exemple Putnam, 1994) comme l’antifondationnalisme et l’antiscepticisme, l’opposition à la dichotomie fait/valeur, l’antireprésentationnalisme, etc. ; 4) soit, le plus souvent, comme un mixte de ces différentes présentations (Thayer, 1981 ; Cometti, 2010). Même si leur importance est soulignée, les considérations sur le pragmatisme comme méthode, et a fortiori comme manière générale de penser, sont donc généralement réservées et limitées aux premiers temps de la présentation (ou aux moments de bilan, dans la conclusion), au lieu d’être prises comme point de vue systématique permettant d’éclairer l’ensemble des thèses et des thèmes, voire le développement d’une même histoire. L’expression « tournant pragmatiste » ou « pragmatique », au lieu de référer à une révolution méthodologique à l’exemple du « tournant linguistique », a même pu être utilisée dans un sens relativement substantiel. Egginton et Sandbothe (2004) font résider ce tournant dans les différentes stratégies néo-pragmatistes de critique du représentationalisme. Richard Bernstein (2010) le repère dans la critique de la conception cartésienne de l’esprit et de la connaissance inaugurée par Peirce. John E. Smith a bien parlé de « l’esprit de la philosophie américaine » (Smith, 1963), mais il utilise l’expression de manière vague, synonyme de « vision philosophique », qui mélange attitude d’esprit et thèses métaphysiques et épistémologiques fondamentales (Smith, 1992). L’ouvrage de Colin Koopman (2009) présentant le pragmatisme comme l’introduction d’un point de vue « transitionnel » en chaque champ d’étude (connaissance, éthique, politique, etc.) peut être considéré comme un essai d’ascension méthodologique et même, implicitement, éthique (Madelrieux, 2017b).

[22] Pour des contributions francophones récentes à la théorie pragmatiste des attitudes en philosophie de l’esprit et de l’action, voir Steiner, 2019 ; Girel, 2021 ; Quéré, 2021. Sur la démocratie comme manière d’agir, voir Frega, 2020.

[23] Sur le rapport entre habitude et moralité réfléchie chez Dewey, voir Madelrieux, 2020. La redescription du pragmatisme comme attitude ne doit pas être comprise comme une simple réduction de la connaissance à la morale – non seulement parce que l’on ne peut court-circuiter les méthodes et les doctrines, mais aussi parce que les théories morales elles-mêmes doivent être revivifiées dans l’épreuve de l’ascension éthique.

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Revue de presse

France_Inter_logo_2021.svgDoctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF

Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude.  Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques.  Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des  pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude.

L’essai « La philosophie comme attitude »  voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

ÉCOUTER L’ENTREVUE

La philosophie comme attitude, France Inter (Radio France), 14 juin 2024

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La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux

Jean-Philippe Pierron

Philosophe, directeur de la chaire « Valeurs du soin », enseigne à l’université de Bourgogne où il dirige le master « Humanités médicales et environnementales ».

Dans ce nouvel ouvrage, rédigé avec une grande clarté de style, et non sans d’incisives touches d’ironie, le philosophe Stéphane Madelrieux, spécialiste de William James (1842-1910) et de John Dewey (1859-1952), poursuit son projet en faveur d’une compréhension moins métaphysique (Henri Bergson, Jean Wahl et Gilles Deleuze) du projet pragmatiste de James et de Dewey (voir la recension de son précédent livre, Philosophie des expériences radicales, Seuil, 2022, dans Études, mai 2023). Le livre débute par une magistrale et limpide introduction qui donne son titre au livre. Alors que l’on tend à penser essentiellement les philosophies par leurs méthodes, entendues comme une certaine manière de conduire la réflexion, et par leurs doctrines formulées en des thèses et un vocabulaire spécifique, l’auteur propose de se concentrer sur ce qui les fonde, à savoir une attitude. Cette façon spécifique de penser et de se conduire mobilise des dispositions intérieures et un style : l’attitude éthique des Grecs, l’attitude critique des Lumières… C’est elle qui fait de la philosophie une activité vivante. Sur un mode combatif, il cherche alors à prémunir, parfois en radicalisant plus encore l’empirisme radical (James sans le malentendu de la religion, Dewey sans la foi religieuse), contre un dogmatisme dont la « Religion » serait le concentré. Face au « Dogme », l’attitude empiriste consiste à « être disposé à expérimenter ses croyances et ses valeurs, à les mettre à l’œuvre et à l’épreuve dans l’expérience pour savoir s’il faut les adopter, les rejeter ou les corriger » (p. 317). Mais les autres attitudes philosophiques, si elles ne se muent pas en idéologies, ne font-elles pas de même ?

Revue de culture contemporaine ETUDES, Mars 2024.

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Lumières du pragmatisme

À propos de : Stéphane Madelrieux, La philosophie comme attitude, Puf

par Romain Mollard , le 6 janvier

Le pragmatisme est bien plus qu’une méthode d’analyse ou un ensemble de thèses fondées sur l’expérience : c’est une disposition d’esprit, et c’est certainement en cela que ce courant reste si vivant.

Cet ouvrage de Stéphane Madelrieux est issu d’articles réécrits ou augmentés pour composer un volume dont l’unité est bien réelle. L’auteur y développe des idées déjà exposées dans ses précédents livres, dont William James, L’attitude empiriste (2008) et Philosophie des expériences radicales (2022) avec une maturité accrue.

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Stéphane Madelrieux – La philosophie comme attitude

1 juillet 2024

Rencontre-Dédicace du 29 juin 2024 avec Stéphane Malderieux pour son ouvrage La Philosophie comme attitude aux éditions PUF. La rencontre en partenariat avec les rencontre philosophiques clermontoises était animée par Nathan Ben Kemoun et Valentin Debatisse.

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Stéphane Madelrieux 25 octobre 2023

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Stéphane Madelrieux (dir.) 30 septembre 2019

A14462

John Dewey | L’influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine 

Édition publiée sous la direction de Claude Gautier et Stéphane Madelrieux 23 mai 2016

Trad. de l’anglais (États-Unis) par Lucie Chataigné Pouteyo, Claude Gautier, Stéphane Madelrieux et Emmanuel Renault.

9782711626465_large

La philosophie de John Dewey. Repères 

Stéphane Madelrieux 16 mars 2016

SOURCE

Institut de Recherches Philosophiques de Lyon

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DOSSIER THÉMATIQUE

L’Avantage du pragmatisme

Sous la direction de Stéphane Madelrieux

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https://doi.org/10.4000/philosophique.142


Au sujet de l’auteur

Stéphane Madelrieux

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Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL)
Responsable du Master 2 mention « Philosophie », parcours « Philosophie contemporaine »

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Les livres en accès gratuit de William James sur le site web Les classiques des sciences sociales


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Mon rapport de lecture du livre

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Presses universitaires de France (PUF)

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

Le lecteur tirera de cet ouvrage, suivant l’idée que « le médium est le message », non seulement un exemple de la structure d’une histoire érudite, dans ce cas précis, de la philosophie pragmatiste, mais aussi une exemple concret d’application d’un esprit critique étendu à tous les aspects d’un sujet.

Personnellement, le mot « attitude » m’interpelle plus particulièrement en raison de mon travail de président fondateur et directeur général d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs au cours des années 1990. Notre méthode d’enquête prédictive mesurait le pouvoir du produit à générer des attitudes favorables ou défavorables des consommateurs potentiels. Plus le pourcentage d’attitudes favorables générées par les consommateurs face au produit est élevé, au-delà du seuil de 70%, plus le succès du produit sur le marché est assuré. Pourquoi les attitudes ? Parce qu’il s’agit de la toute dernière opération mentale déterminant et agissant sur le comportement d’achat du consommateur. Et pour le chercheur américain Louis Cheskin (1907—1981), à l’origine de cette méthode, les consommateurs n’ont pas conscience de leurs attitudes, On ne peut donc pas fonder sa recherche sur des questions directes aux consommateurs. Il faut plutôt adopter une « Approche indirectes des réactions du marché » pour passer outre les mécanismes de défense naturelle des consommateurs. Pour de plus amples information, télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateur à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez pas à l’université (PDF) ». Le processus conduit à l’adoption d’une attitude favorable ou défavorable est plus court que celui débouchant sur une opinion. L’attitude a donc, à ce titre, plus d’impact sur le comportement du consommateur que son opinion. Et si je rapporte cela à la philosophie, je dois donc admettre que toute philosophie implique en amont une attitude, ce qui rejoint les propos du professeur Stéphane Madelrieux.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles.

« On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte — un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». »

On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-14.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

Qu’est qu’une attitude ? « L’attitude est l’« état d’esprit » d’un sujet ou d’un groupe vis-à-vis d’un objet, d’une action, d’un autre individu ou groupe. Elle ressort au savoir-être de quelqu’un. C’est une prédisposition mentale à agir de telle ou telle façon. Elle désigne surtout une intention et n’est donc pas directement observable. » (Source Wikipédia).

Il y a toujours un problème ou un autre avec la définition d’une attitude, surtout en philosophie. On le constate à la lecture du texte « Les attitudes philosophiques » du Docteur en philosophie Oscar BRENIFIER (Diotime, n°30 (07/2006). Tantôt il parle d’« attitude philosophique », tantôt il parle de « vertu philosophique », ce qui est très d’être la même chose. Aussi, il écrit que « Les attitudes sont des aptitudes ».

APTITUDES

Les attitudes sont des aptitudes. L’origine est la même, le sens quasiment identique. Si ce n’est que le premier renvoie à l’être, à un savoir-être, et le second à l’action, à un savoir-faire. Mais il reste à savoir si l’action doit déterminer l’être, ou si l’être doit déterminer l’action. Là encore, question d’attitude ou d’acte de foi, ce positionnement déterminera à la fois le contenu de la philosophie enseignée, mais aussi la manière de l’enseigner, la nécessité de l’enseigner, le rapport à l’autre, le rapport à soi ainsi que le rapport au monde. Mais pour prendre en charge cette problématique faut-il encore ne pas nier que le philosopher ait un sujet : nous-même, ou l’autre. Constat qui nous empêche de parler pour la philosophie et nous autorise à se saisir de la parole uniquement dans la perspective réduite d’un être singulier, d’une parole singulière. Mais là encore, c’est prôner une attitude spécifique qui ne saurait échapper à la critique de celui qui souhaiterait y échapper.

Source : BRENIFIER, Oscar, Les attitudes philosophiques, Diotime, n°30 (07/2006).

L’Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors parle de « Propositional Attitudes » (Attitudes propositionnelles) :

Propositional Attitudes

Sentences such as “Galileo believes that the earth moves” and “Pia hopes that it will rain” are used to report what philosophers, psychologists, and other cognitive scientists call propositional attitudes—for example, the belief that the earth moves and the hope that it will rain. Just what propositional attitudes are is a matter of controversy. In fact, there is some controversy as to whether there are any propositional attitudes. But it is at least widely accepted that there are propositional attitudes, that they are mental phenomena of some kind, and that they figure centrally in our everyday practice of explaining, predicting, and rationalizing one another and ourselves.

For example, if you believe that Jay desires to avoid Sally and has just heard that she will be at the party this evening, you may infer that he has formed the belief that she will be at the party and so will act in light of this belief so as to satisfy his desire to avoid Sally. That is, you will predict that he will not attend the party. Similarly, if I believe that you have these beliefs and that you wish to keep tabs on Jay’s whereabouts, I may predict that you will have made the prediction that he will not attend the party. We effortlessly engage in this sort of reasoning, and we do it all the time.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

TRADUCTION – GOOGLE

Attitudes propositionnelles

Des phrases telles que « Galilée croit que la terre bouge » et « Pia espère qu’il pleuvra » sont utilisées pour décrire ce que les philosophes, psychologues et autres spécialistes des sciences cognitives appellent des attitudes propositionnelles — par exemple, la croyance que la terre bouge et l’espoir qu’il pleuvra. La définition exacte des attitudes propositionnelles est sujette à controverse. En fait, il existe une certaine controverse quant à l’existence d’attitudes propositionnelles. Mais il est au moins largement admis qu’il existe des attitudes propositionnelles, qu’elles sont des phénomènes mentaux d’une certaine sorte et qu’elles occupent une place centrale dans notre pratique quotidienne d’explication, de prédiction et de rationalisation des autres et de nous-mêmes.

Par exemple, si vous croyez que Jay désire éviter Sally et vient d’apprendre qu’elle sera à la fête ce soir, vous pouvez en déduire qu’il a formé la croyance qu’elle sera à la fête et qu’il agira donc en fonction de cette croyance afin de satisfaire son désir d’éviter Sally. Autrement dit, vous prédirez qu’il n’ira pas à la fête. De même, si je crois que vous avez ces croyances et que vous souhaitez garder un œil sur les allées et venues de Jay, je peux prédire que vous aurez fait la prédiction qu’il n’ira pas à la fête. Nous nous engageons sans effort dans ce genre de raisonnement, et nous le faisons tout le temps.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

L’Encyclopédie Universalis introduit en ces mots sa définition de Attitude :

Le mot attitude vient du latin aptitudo. Son sens primitif appartient au domaine de la plastique : « Manière de tenir le corps. [Avoir] de belles attitudes », dit Littré. Du physique le terme se transpose au moral : « L’attitude du respect » ; puis il déborde le moral pour indiquer des dispositions diverses : « Le gouvernement par son attitude a rassuré les amis de la paix », dit encore Littré. Le mot commence à apparaître régulièrement dans le vocabulaire scientifique avec les premiers travaux de la psychologie expérimentale. Très rapidement, en effet, les psychologues ont remarqué que la réussite devant une tâche, et plus généralement la réaction à une stimulation, dépendait de certaines dispositions mentales. Déjà, H.  Spencer écrivait que « la formulation des jugements corrects sur des questions controversées dépend beaucoup de l’attitude mentale (the attitude of mind) que nous manifestons en écoutant ou en prenant part à la discussion ». La notion d’attitude apparaît donc comme fondamentale pour expliquer la relation entre stimulation et réponses.

Source : BOUDON, Raymond (membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur à l’université de Paris-IV-Sorbonne), ATTITUDE, Encyclopædia Universalis.

Aussi on peut ce résumé ans le document « La relation attitude-comportement : un état des lieux » :

Résumé·s

La définition psychosociale de l’attitude en fait un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière lorsque la situation implique la présence réelle ou symbolique de l’objet d’attitude, d’où l’effort récurrent d’évaluer ce lien qui existe entre les réponses verbales et les actes. L’auteur présente ainsi trois générations de travaux qui abordent, avec des éclairages différents la question de la consistance entre attitude et comportement : ceux qui concluent à une relation très faible, ceux qui concluent à une relation modérée, ceux qui mettent en évidence des conditions nécessaires à la prédictivité des attitudes.

Les deux premiers paragraphe de l’article

La relation attitude-comportement est une des relations les plus difficiles à cerner. En effet, elle est l’objet d’importants débats depuis de nombreuses années, et pourtant elle ne semble pas encore clairement définie.

Nous savons que dans le langage ordinaire, l’attitude correspond, au sens propre, à une position du corps, à une manière de se tenir, et au sens figuré, à une conduite tenue dans certaines circonstances. Par contre en psychologie sociale, l’attitude est essentiellement employée dans le sens d’un état mental et neurophysiologique déterminé par l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le préparant à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets ou d’événements (Allport, 1935). Autrement dit, l’attitude est considérée comme une variable intermédiaire qui prépare l’individu à agir d’une certaine manière à l’égard d’un objet donné. Cependant, les auteurs qui se sont intéressés à la question de l’attitude ont un point de vue différent au sujet de l’évaluation de l’attitude. Pour certains, l’attitude a essentiellement un caractère unidimensionnel : elle ne s’exprimerait que par des réponses affectives positives ou négatives (Osgood, Succi & Tannenbaum, 1957 ; Petty & Cacioppo, 1981). Pour d’autres, l’attitude a un caractère tridimensionnel (Hovland & Rosenberg, 1960) : son évaluation est à la fois cognitive (connaissances et croyances au sujet d’un objet d’attitude), conative (les intentions), tout autant qu’affective.

Source : Michelik, Fabienne, La relation attitude-comportement : un état des lieux, Éthique et économique = Ethics and economics ; vol. 6, no 1., Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, 2008. Télécharger le document (PDF).

Et voici la définition que je donne au mot attitude dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat » :

ATTITUDES. Les mots-clés : 1. Inconscient. 2. Convergence.

Disposition, état d’esprit (à l’égard de quelqu’un ou quelque chose); ensemble de jugements et de tendances qui pousse à un comportement (Le Petit Robert). “Une attitude est donc une orientation générale de la manière d’être face à certains éléments du monde. C’est l’expression dynamique d’un principe affectif profond et inconscient (ou valeur) acquis à travers la succession ou la répétition d’expérience de la vie. Une attitude prédispose à percevoir et à agir d’une certaine manière. C’est parce que les attitudes influencent la perception, la mémoire et le raisonnement qu’elles interviennent puissamment dans l’orientation des conduites et sont donc des motivations.” (13). L’attitude est le dernier facteur en liste à influencer le comportement, après l’attitude vient l’acte. À ce titre, l’attitude est le point de convergence de tous les facteurs, conscients et inconscients, qui influencent le comportement. Aussi, l’attitude prédispose à l’action et, par le fait même, elle annonce (laisse voir) l’acte qui sera posé. Il n’est donc pas besoin de connaître et de contrôler tous les facteurs agissant sur le comportement d’un individu pour prédire s’il posera ou non un geste d’achat. Il suffit d’identifier l’objet des attitudes (ex. : praticité), d’en déterminer la qualité (favorable, défavorable ou mi-favorable, mi-défavorable) et d’en mesurer la force pour savoir si le produit sera ou non l’objet d’un geste d’achat. Alors que nous nous sommes déjà faits une « opinion inconsciente » de l’objet perçu et avons adopté inconsciemment l’attitude qui s’impose, le cerveau conscient vient à peine de recevoir sa copie du message envoyé par les organes sensoriels. Il entreprend alors de se faire une opinion de l’objet perçu.

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13. Alex Mucchielli, Les Motivations, Collection Que sais-je ?, No 1949, Presses Universitaires de France, Paris, 2000, Cinquième édition mise à jour, p. 78.

GUAY, Serge-André, Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’Université, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec), 2007, p. 45.

Bref, à mon avis, l’attitude n’est pas une disposition intellectuelle consciente.

Reprenons la citation tirée de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE ci-dessus et poursuivons avec le paragraphe suivante :

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie.

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures » (Hadot, 2001, p. 177.)

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[1] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[2] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[3].

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[1] Hadot, 2001, p. 177.

[2] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[3] Hadot, 1995, p. 379-407.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-15.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

À chaque référence à « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Hadot (voir mon rapport de lecture), je pense inévitablement à la manière de vivre des philosophes à savoir si leurs dires étaient en adéquation avec leurs comportements. Et je trouve une part de la réponse dans le livre « Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques » d’Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès chez La Découverte et paru en 2000. (Voir mon rapport de lecture).

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« (...) En philosophie, la méthode n'est pas un échafaudage qu'on pourrait retirer une fois l'édifice construit. C'est plutôt de la manière même dont le matériau de la doctrine à été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peu la retirer sans tout faire s'écrouler. (...) »


MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.18.

Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.19.

J’insiste sur ce passage : « La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. » C’est clair ! Avant même que soient penser les doctrines et les méthodes des philosophes, il y a en chacune une attitude déjà en action dans la vie du philosophe.

Permettez-moi de citer Louis Cheskin :

Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Le philosophe n’échappe pas à cet état de fait. C’est pourquoi, Stéphane Madelrieux se rapporte à la réalité, lorsqu’il écrit : « Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. »

(…) L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on se rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Les changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telle attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. (…)

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.25.

« Changes d’attitudes » est un ordre que nous entendons souvent. Or, changer d’attitude ne se fait généralement pas avec l’aisance que nous voudrions. En fait, lors des études de motivation, on constate que l’abandon d’une attitude n’est possible que si une autre vient la détrôner, souvent à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme.


Voici l’entrevue accordée par Stéphane Madelrieux à L’heure Philo sur FranceInter le 14 juin 2024.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l'activité philosophique. Mais il y a aussi l'attitude philosophique. Alors qu'est ce qu'une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans " La philosophie comme attitude" au PUF Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans " La philosophie comme altitude", édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c'est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l'attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l'auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. L'essai "La philosophie comme attitude" voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d'abord l'exercice d'une attitude spécifique, l'esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l'examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l'histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l'attitude dogmatique et autoritaire, et l'attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l'expérience, au-delà même de leurs méthodes d'analyse et d'enquête, la promotion et l'extension d'une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine - depuis la science jusqu'à la morale, la politique et la religion - sont leur projet le plus important et le plus digne d'être enseigné aujourd'hui.
Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF / Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. / L’essai « La philosophie comme attitude » voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui. À écouter sur FranceInter – Radio France.

Attitude empiriste et référence directes à William James

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 27-28.

Citation tirée de l’œuvre de William James

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

[20] James, P, p. 32.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.29.

« Ce livre porte sur… »

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.36.


Dans ce rapport de lecture, je me suis limité à commenter l’introduction du livre LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE  de Stéphane Madelrieux parce que je ne me sens pas capable d’aborder l’histoire très complexe du pragmatisme et de l’œuvre de William James.

La référence au philosophe québécois Charles Taylor a retenu mon attention :

A feast of vision

On peut considérer que le pragmatisme américain classique continue en partie le romantisme européen en ce que celui-ci avait accordé une place centrale à la créativité humaine[1] . (…)

Cette insistance sur la créativité dépend en effet de ce que Charles Taylor a justement nommé « un tournant expressiviste[2]. Pour un romantique, exprimer quelque chose dans un médium particulier (comme des mots ou des pigments) n’est pas manifester de manière extérieure, comme s’il s’agissait seulement de soulever un voile et de découvrir ce qui était déjà la mais encore dissimulé. Au contraire, le processus même par lequel des sentiments intérieurs inchoatifs sont formulées dans des mots contribue à leur donner forme, si bien que le médium fait partie du message. L’expression est par là un processus de création et non seulement d’explication. (…)

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[1] Goodaman, 2008.

[2] Taylor, 1998, p. 567-601

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 44-45.

Une affaire canadienne

L’idée que « le médium fait partie du message », en référence à l’essai « LES SOURCES DU MOI – LA FORMATION DE L’IDENTITÉ MODERNE » du philosophe canadien CHARLES TAYLOR, me ramène au sociologue canadien MARSHALL McLUHAN qui soutenait « Le médium est le message » dans son livre POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS. Dans sa version originale en anglais, POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS fut publié en 1964, soit 25 ans avant LES SOURCES DU MOI de Charles Taylor dont la première édition originale en anglais remonte à 1989. Autrement dit, l’idée que le médium fait partie du message ne provient pas d’une analyse de Charles Taylor mais plutôt de Marshall McLuhan. Pourquoi est-ce important ? Pour illustrer la portée du texte fondateur de McLuhan dans toutes les disciplines, et ce, par la force même de la nouvelle attitude avec laquelle le sociologue canadien a abordé la compréhension du rôle des médias. McLuhan force une prise de recul dans l’analyse de l’impact des médias sur la société. Le choix du médias pour annoncer son produit ou son service ne relèvera plus uniquement de la clientèle spécifique à chaque médium mais aussi et surtout de perception du médium lui-même par la société en générale, comme quoi une attitude peut se propager dans le temps sur une large échelle.

Une philosophie est ainsi une « attitude intellectualisée envers la vie[1] ». La vérité de sa vision n’est pas atteinte par révélation ou par hasard. Par opposition à l’amateur que ne développe par une vision tempéramentale puissante, mais accepte celles des autres ou, à la rigueur, combine ou alterne des visions toutes faites sans trop se soucier de leur compatibilité, ce qui intéresse le philosophe professionnel est « les prémises spécifiques » de sa croyance, « le sens dans lequel elle est comprise, les objections qu’elle évite, les difficultés dont elle rend compte. La théorie doit donc faire médiation entre la vision et la réaction. Mais cela signifie que « tout l’appareil technique[2] » est subordonné aux fonctions d’articulation de la vision et de justification de la réaction, et n’a donc pas sa fin en elle-même. Prendre les détails techniques du système d’un philosophe professionnel pour sa vision philosophique personnelle et sa contribution propre à l’histoire, c’est « prendre l’arbre pour la forêt[3] ».

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[1] James, SPP, p.10.

[2] James, PU, p. 12.

[3] James, ERM, p. 24.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 52-53.

Bon, je suis un amateur, tel que je le précise sur la page d’accueil de cet Observatoire de la philothérapie. Et c’est par défaut que je corresponds pas à la définition qui en est donnée dans la citation ci-dessus car je ne m’intéresse pas (encore) aux différentes philosophies et aux différent philosophes. Je me limite à la philosophie elle-même. C’est aussi pourquoi, tout au long de ma lecture de ce livre, je ne suis pas entré dans le débat plus que complexe entourant William James et son œuvre.

Lire un philosophe, c’est par là même accompagner « le centre d’expansion d’un caractère humain » : une personnalité originale et singulière, dans le cours de son processus d’expression de soi, sous la forme d’une vision articulée et intellectualisée, qui contribue en retour à définir qui il est. Ramener toutes ses thèses au centre actif d’une vision en cours de développement est, par là même, faire l’expérience et la connaissance d’une personne dans sa singularité : c’est une connaissance par « sympathie intuitive[1] » ou, dirait plutôt James, une « knowledge by acquaintance[2] ». Une telle compréhension sympathique est une manière de surmonter ce que James a appelé « la cécité naturelle des êtres humains », en se placant du point de vue de ce qui rend le monde intéressant pour quelqu’un d’autre, afin de comprendre ce qui, pour lui, rend la vie précieuse[3].

____________

[1] James, PU, p. 117.

[2] James TT, p. 132-149.

[3] James, P, p. 7.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 53-54.


Voir aussi


On pourrait même parler d’une « compréhension bienveillante » ou d’une « compréhension compatissante ». La question « À quoi ce philosophe est-il sensible ? » se traduit par « Quels sont les éléments auxquels l’auteur s’arrête compte tenu qu’il ne peut s’arrêter qu’à ce qui attire subjectivement son attention ? ».

(…) Ce ne sont donc pas les méthodes spécifiques des sciences de la nature que les pragmatistes proposent d’adopter en philosophie, mais plus généralement, et plus fondamentalement, l’esprit scientifique, c’est-à-dire les dispositions intellectuelles et vertus morales dont font preuve les enquêteurs scientifiques (ou dont ils devraient faire preuve pour être à proprement parler scientifique) — on reviendra plus en détail sur cette question au chapitre 4.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 83.

J’adhère fortement à cette idée d’un esprit scientifique étendu à la philosophie, mais, pas seulement à la philosophie, mais aussi à toutes les autres disciplines des sciences humaines, sans oublier à notre propre vie, personnelle et professionnelle.

Quand le président d’une importante boulangerie se pointe dans mon bureau, un vendredi en fin d’après-midi, et me demande « Y a-t-il un moyen de prédire si un produit sera ou non un succès ? », les bras chargés de retours d’un nouveau produit, je n’ai pour réponse que je vais m’informer. Jusque-là, à titre de conseiller en communication, je ne connaissais les tenants et les aboutissants des études de marché. Une semaine plus tard, je concluais que les différents d’études prédictives du marché se classaient parmi les sciences inexactes, ce qui ne valait pas la peine de s’y arrêter dans le contexte où les directeurs du marketing affirmaient « des fois, ça marche », « des fois, ça ne marche pas » et on ne sait pas pourquoi. À l’époque, dans les années 1990, au Québec, seul un nouveau produit sur dix connaissait le succès commercial espéré par l’entreprise. Un taux d’échec de 90% décridibilisait les études de marché, pourtant très populaires.

Finalement, j’ai trouvé les travaux d’un chercheur, Louis Cheskin, qui s’efforcait d’enseigner comment il était parvenu à sortir les études prédictives du marché de la famille des sciences inexactes pour les faire entrer dans la famille des sciences exactes. Je vous livre ici un seul indice du « comment » il a fait. Il s’est d’abord demandé quel était l’object d’étude du marketing compte tenu que l’objet d’étude d’une science détermine s’il doit être classé parmi les exactes ou les sciences inexactes. En ce temps-à, nous sommes dans les années 1930-1940, les spécialistes répondaient que l’objet d’étude du marketing était les consommateurs, ce qui en faisait une science humaine et par conséquent une science inexacte. Louis Cheskin a soutenu qu’il s’agissait d’une erreur grave et que le seul objet du marketing était le produit lui-même, un objet physique dont l’étude se classe parmi les sciences exactes. Pour la suite, prière de télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tous ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » (PDF).

(…) Être un philosophe, ce serait adopter une telle attitude antidogmatique dans tous les problèmes de la vie, et non pas seulement pour résoudre les problèmes spécifiques que les scientifiques professionnels étudient. En ce sens, une vision personnelle serait philosophique dans la mesure où, d’abord, elle exhiberait une telle attitude générale et la ferait vivre sur le plan personnel.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 85.

Je le répète depuis des décennies : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense ». Aujourd’hui, je constate que la très grande majorité des opinions ne sont en fait que des croyances. L’information circule beaucoup moins que les opinions que nous en avons. Il est devenu plus important de croire que d’être informé. Et je le répète aussi depuis des décennies : « La lumière entre par les failles ». Le dogmatique n’aiment pas les failles qui laissent pénétrer la lumière car elles l’aveuglent. Je prône de se ranger du côté des véritables sciences en admettant que la connaissance se contruit sur la destruction du déjà-su; une connaissance n’est vraie que le temps qu’une autre connaissance vienne la détrôner.

(…) Si un caractère est un système d’habitudes, et si la philosophie est un complexe de dispositions, être un philosophe signifie alors développer les bonnes habitudes expérimentales pour l’esprit, les manières les plus fécondes de penser et d’expériencier — ce qui n’est rien d’autre qu’un processus moral de construction de soi. À ce compte, il n’y a plus d’objection à faire de la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 87.

Va pour « la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie », mais ce n’est pas nécessairement le cas des philosophies puisque chacune tire la couverture de son bord. Peut-on, dans le respect et la pratique de l’esprit scientifique, adopter une philosophie plutôt qu’une autre ? Est-ce je dois choisir une philosophie en fonction de mon caractère ou en fonction d’intérêts supérieurs à mon mode de vie ? À vous de réfléchir.


Je vous recommande fortement la lecture de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE de STÉPHANE MADELRIEUX aux Presses Universitaires de France paru en 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR : Voir AJOUTS RÉCENTS.

J’ai lu pour vous – Tous mes rapports de lecture

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J’AI LU POUR VOUS

Tous mes rapports de lecture et quelques prises de position


Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

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Article # 112

J’AI LU POUR VOUS

Histoire de la pensée philosophique

De l’homme grec à l’homme post-moderne

Jean-Marie Nicolle

Agrégé et docteur en philosophie

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Éditions Bréal

(Groupe Studyrama)

Collection : Philothèque

9 octobre 2015

Collection : Divers université

Catégorie : Philosophie

Support : Livre imprimé à couverture souple

Nombre de pages : 510 pages

ISBN : 978-2-7495-5433-4

Sans titre

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Histoire de la pensée philosophique

De l’homme grec à l’homme postmoderne

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Cet ouvrage propose au lecteur, étudiant ou grand public, un accès facile et solide aux problèmes et aux théories produits par la pensée philosophique de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il offre un panorama de l’histoire de la philosophie qui évite l’interprétation partisane trompeuse comme l’érudition décourageante.

La demande d’une authentique culture philosophique se heurte souvent à la difficulté des textes et à la technicité du vocabulaire. Aussi, l’auteur applique ici une formule simple : les 56 chapitres présentent un auteur ou un thème, un concept central et un texte.

Une grande attention a été prêtée au lexique pour que le lecteur sache ce que les mots des philosophes veulent dire. De nombreux schémas et tableaux sont destinés à clarifier les analyses et les débats. Enfin, chaque chapitre se termine par quelques lignes qui soulignent les ruptures et les continuités historiques.

Source : Les libraires (Québec, Canada).

 * * *

Résumé

Ce livre évite les travers classiques des ouvrages d’histoire de la philosophie. Comment ? En appliquant une formule : pour chacun des 56 chapitres, un auteur ou un thème, un concept central et un texte.

Une grande attention a été prêtée au lexique pour que le lecteur sache ce que les mots des philosophes veulent dire. Chaque texte est expliqué, parfois en détail, au moins dans son intention. De nombreux schémas et tableaux sont destinés à clarifier les analyses et les débats. Chaque chapitre se termine par quelques lignes qui donnent rendez-vous pour les développements suivants, de façon à souligner les ruptures et les continuités historiques.

Source : Librairie Studyrama et Nuxos Publishing Technologies.


SOMMAIRE

Avant-propos

Partie 1 ~ Philosophie antique

  • L’homme grec
  • Les présocratiques, l’ordre de la nature
  • Platon, le procès de la sophistique
  • Platon, la vérité
  • Platon, l’être
  • Platon, la théorie des idées
  • Platon, la morale
  • Platon et Aristote
  • Aristote, les catégories
  • Aristote, le finalisme
  • Le scepticisme
  • L’épicurisme
  • Le stoïcisme
  • Hellénisme et christianisme

Partie 2 ~ Philosophie médiévale et de la Renaissance

  • Les institutions d’enseignement
  • Le néoplatonisme
  • La redécouverte d’Aristote
  • La raison et la foi
  • La théologie et la philosophie
  • Dieu et le monde
  • La toute-puissance de Dieu
  • L’infini et le fini
  • L’âme et le corps
  • L’être et le devenir
  • L’individu et l’universel
  • L’entendement et la volonté
  • Nicolas de Cues, le monde infini
  • L’humanisme de la Renaissance

Partie 3 ~ Philosophie moderne

  • Descartes, le rationalisme
  • Descartes, les méditations
  • Pascal, les ordres
  • Spinoza, le conatus
  • Leibniz, la monade
  • Hume, l’empirisme
  • Rousseau, l’origine de l’inégalité
  • Rousseau, du contrat social
  • Kant, le criticisme
  • Kant, l’impératif catégorique
  • Hegel, la dialectique
  • Marx, l’aliénation du travail
  • Nietzsche, la généalogie de la morale
  • Freud, l’inconscient psychique

Partie 4 ~ Philosophie contemporaine

  • Henri Bergson, l’élan vital
  • Martin Heidegger, la chose
  • Jean-Paul Sartre, l’angoisse
  • Emmanuel Levinas, le visage
  • Paul Ricœur, l’interprétation
  • Claude Lévi-Strauss, la notion de structure
  • Roland Barthes, les mythes
  • Jacques Lacan, le Moi et le Je
  • Michel Foucault, la question du sujet
  • Hannah Arendt, le totalitarisme
  • Vladimir Jankélévitch, la mort
  • Gilles Deleuze, l’éthique et la morale
  • Clément Rosset, le réel
  • Jean-François Lyotard, l’homme postmoderne

Bibliographie

Index des principales définitions


EXTRAIT

Avant-propos

Les histoires de la philosophie sont souvent des ouvrages qui font peur ; soit ils sont très longs et entrent dans des détails érudits qui découragent les lecteurs ; soit ils se réduisent à une anthologie de courts textes sans liens qui donnent une représentation décousue des philosophes. Nous passerons sur les histoires qui servent de prétexte aux thèses de leur auteur et qui déforment les théories philosophiques.

Une autre difficulté tenant à cette synthèse présente du passé qu’est le travail historique consiste à bien choisir les auteurs les plus représentatifs pour chaque époque. Combien d’histoires sautent de saint Augustin à Montaigne comme s’il ne s’était rien passé au Moyen Âge ! Mais aussi, combien d’auteurs contemporains ont-ils été choisis parce qu’ils étaient à la mode et sont passés à la trappe de l’oubli dans les éditions suivantes !

Nous nous sommes efforcé, dans cet ouvrage, d’éviter ces travers en appliquant une formule : pour chacun des 56 chapitres, un auteur ou un thème, un concept central et un texte. Chaque texte est expliqué, parfois en détail, au moins dans son intention. De nombreux schémas et tableaux sont destinés à clarifier les analyses et les débats. Chaque chapitre se termine par quelques lignes qui donnent rendez-vous pour les développements suivants de façon à souligner les ruptures et les continuités historiques. Enfin, une grande attention a été prêtée au lexique pour que le lecteur sache ce que les mots des philosophes veulent dire.

La pensée philosophique est inséparable de son contexte et les quatre périodes que nous avons distinguées s’imposent par un événement inédit qui a bouleversé l’image que les hommes se faisaient d’eux-mêmes et du monde. Le christianisme a remis en cause une grande partie des valeurs gréco-latines de l’Antiquité et a dominé toute la philosophie médiévale. La réforme protestante et les inventions de la Renaissance ont déterminé l’esprit moderne. La découverte des camps d’extermination nazis au milieu du xxe siècle a complètement ébranlé la conscience mondiale et pousse aujourd’hui à définir un homme postmoderne.

Le lecteur s’apercevra que les philosophes ont souvent parlé de Dieu, d’une manière proche ou différente de celle des religions. C’est que, par ce moyen, ils parlent d’eux-mêmes, des déceptions et des espoirs que connaissent les penseurs partageant l’existence humaine.

L’auteur.

Source et lire d’autres extraits : TiddlyWiki created by Jeremy Ruston.


Du même auteur

Jean-Marie Nicolle

Questions et textes de culture générale, Paris, Bréal, 1984 (2e édition, 1991)

Histoire des méthodes scientifiques, Paris, Bréal, 1994 (2e édition, 2006)

100 fiches de culture générale – Histoire de la pensée, 100 textes de culture générale – Histoire de la pensée, ouvrage collectif en deux volumes, Paris, Bréal, 1995

100 fiches de lecture en philosophie, ouvrage collectif en deux volumes, Paris, Bréal, 1999

L’Indispensable en culture générale, Paris, Bréal, 2002

Platon, Gorgias, Paris, Bréal, « Connaissance d’une œuvre », 2003

La Science, Paris, Bréal, 2006

L’Action, Paris, Bréal, 2007

Nicolas de Cues, Écrits mathématiques, texte latin, présentation, traduction et notes par Jean-Marie Nicolle, Paris, Honoré Champion, 2007

La Beauté, Paris, Bréal, 2008

La Vie, Paris, Bréal, 2009

L’Imagination, Paris, Bréal, 2010

L’Homme à la proposition d’or, Paris, Ipagine, 2010

La Société, Paris, Bréal, 2011

Le Plaisir, Paris, Bréal, 2012

La Science, Paris, Bréal, 2013

L’Espace, Paris, Bréal, 2013

La Vérité, Paris, Bréal, 2014

La Nature, Paris, Bréal, 2015


Au sujet de l’auteur

Jean-Marie Nicolle

Naissance : 4 janvier 1951 – Dieppe, France

JMNicolle
Source : Wikipédia.

Professeur agrégé de philosophie, Docteur en philosophie,

Membre fondateur de la Société Française Cusanus

Membre de l’American Cusanus Society

Membre du comité scientifique du Cusanus-Gesellschaft de l’Université de Trêves

Membre de la Société Fontenelle

 * * *

wikipedia-1pceJean-Marie Nicolle, né le 4 janvier 1951 à Dieppe, est un philosophe français. Il a été professeur au lycée Jeanne-d’Arc de Rouen. Il est entre autres l’auteur d’ouvrages de préparation aux concours, ainsi que de plusieurs ouvrages de philosophie générale aux éditions Bréal (les derniers en date : La société 2011, La nature 2015, La parole 2016), qui représentent des synthèses de vulgarisation et des compilations pour les non-spécialistes, à destination du grand public mais aussi des étudiants.

En tant que philosophe, il est spécialiste de la pensée médiévale, de l’évolution conjointe des mathématiques et de la métaphysique à la fin du Moyen-Âge, de l’émergence de la démarche scientifique et des nouveaux concepts mathématiques, de leur émancipation progressive hors de toute considération métaphysique; mais aussi de leur influence réciproque. Sur cette question, il est spécialiste singulièrement de l’œuvre de Nicolas de Cues, à laquelle il a consacré sa thèse, des traductions, de nombreux articles, et plusieurs ouvrages de vulgarisation dont une biographie romancée : L’homme à la proposition d’or.

Source et lire la suite : Jean-Marie Nicolle, Wikipédia.

 * * *

Studyrama_logo_2Jean-Marie Nicolle est docteur et agrégé de philosophie. Il a enseigné au lycée Jeanne-d’Arc de Rouen puis au centre théologique universitaire de Rouen. Le thème central de ses recherches est le rapport entre les mathématiques et la métaphysique. ll est d’ailleurs spécialiste de l’œuvre de Nicolas de Cues. Il a également mené des recherches dans des domaines aussi variés que l’informatique, la toxicomanie, l’histoire des mathématiques, l’histoire de l’art.

Source : Librairie Studyrama et Nuxos Publishing Technologies.

 * * *

Jean-Marie Nicolle

Jean–Marie Nicolle, né à Dieppe en 1951, est agrégé et docteur en philosophie. Il a enseigné la philosophie en classes préparatoires à Rouen, ainsi que  l’informatique. Il est spécialiste des mathématiques au Moyen Âge et traducteur de Nicolas de Cues. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de philosophie et d’une cinquantaine d’articles. Il entretient trois sites sur Internet, et joue de la guitare jazz.

Source : ipagine.com édition.

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Page de Jean-Marie Nicolle sur La vie des idées

Page de Jean-Marie Nicolle sur academia.edu

Page de Jean-Marie Nicolle sur Google Livres


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Mon rapport de lecture du livre

Histoire de la pensée philosophique

De l’homme grec à l’homme post-moderne

Jean-Marie Nicolle

Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Quatrième de couverture

Cet ouvrage propose au lecteur, étudiant ou grand public, un accès facile et solide aux problèmes et aux théories produits par la pensée philosophique de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il offre un panorama de l’histoire de la philosophie qui évite l’interprétation partisane trompeuse comme l’érudition décourageante.

La demande d’une authentique culture philosophique se heurte souvent à la difficulté des textes et à la technicité du vocabulaire. Aussi, l’auteur applique ici une formule simple : les 56 chapitres présentent un auteur ou un thème, un concept central et un texte.

Une grande attention a été prêtée au lexique pour que le lecteur sache ce que les mots des philosophes veulent dire. De nombreux schémas et tableaux sont destinés à clarifier les analyses et les débats. Enfin, chaque chapitre se termine par quelques lignes qui soulignent les ruptures et les continuités historiques.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Bréal, 2015, quatrième de couverture.

Avant-propos

Les histoires de la philosophie sont souvent des ouvrages qui font peur ; soit ils sont très longs et entrent dans des détails érudits qui découragent les lecteurs ; soit ils se réduisent à une anthologie de courts textes sans liens qui donnent une représentation décousue des philosophes. Nous passerons sur les histoires qui servent de prétexte aux thèses de leur auteur et qui déforment les théories philosophiques.

Une autre difficulté tenant à cette synthèse présente du passé qu’est le travail historique consiste à bien choisir les auteurs les plus représentatifs pour chaque époque. Combien d’histoires sautent de saint Augustin à Montaigne comme s’il ne s’était rien passé au Moyen Âge ! Mais aussi, combien d’auteurs contemporains ont-ils été choisis parce qu’ils étaient à la mode et sont passés à la trappe de l’oubli dans les éditions suivantes !

Nous nous sommes efforcé, dans cet ouvrage, d’éviter ces travers en appliquant une formule : pour chacun des 56 chapitres, un auteur ou un thème, un concept central et un texte. Chaque texte est expliqué, parfois en détail, au moins dans son intention. De nombreux schémas et tableaux sont destinés à clarifier les analyses et les débats. Chaque chapitre se termine par quelques lignes qui donnent rendez-vous pour les développements suivants de façon à souligner les ruptures et les continuités historiques. Enfin, une grande attention a été prêtée au lexique pour que le lecteur sache ce que les mots des philosophes veulent dire.

La pensée philosophique est inséparable de son contexte et les quatre périodes que nous avons distinguées s’imposent par un événement inédit qui a bouleversé l’image que les hommes se faisaient d’eux-mêmes et du monde. Le christianisme a remis en cause une grande partie des valeurs gréco-latines de l’Antiquité et a dominé toute la philosophie médiévale. La réforme protestante et les inventions de la Renaissance ont déterminé l’esprit moderne. La découverte des camps d’extermination nazis au milieu du xxe siècle a complètement ébranlé la conscience mondiale et pousse aujourd’hui à définir un homme postmoderne.

Le lecteur s’apercevra que les philosophes ont souvent parlé de Dieu, d’une manière proche ou différente de celle des religions. C’est que, par ce moyen, ils parlent d’eux-mêmes, des déceptions et des espoirs que connaissent les penseurs partageant l’existence humaine.

L’auteur.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Avant-propos, Bréal, 2015, pp. 7-8.

P.S. : Cet extrait est disponible ici (via le site web leslibraires.ca)

J’ai soutenu dans mes précédents Rapports de lecture avoir un moindre intérêt pour les philosophies et ardent pour LA philosophie. Jean-Marie Nicolle, par cette « Histoire de la pensée philosophique » a éveillé en ma conscience une curiosité pour les philosophies apparues au fil du temps. Reliées ainsi l’une à l’autre dans leurs contextes particuliers, les philosophies s’apprécient et se comprennent aisément.

1. Philosophie antique

L’homme grec

La civilisation grecque antique est étonnante, au point que les historiens ont parlé d’un « miracle grec ». En effet, au Ve siècle avant J.-C., ce peuple était assez faible militairement ; il n’a pas constitué un empire comme les Romains le feront après, et, pourtant, il a eu une influence considérable inventant des disciplines et produisant des œuvres connues du monde entier :

  • la science (Thalès, Pythagore) ;
  • la philosophie (Socrate, Platon, Aristote) ;
  • l’histoire (Hérodote, Thucydide) ;
  • la tragédie (Eschyle, Sophocle, Euripide) ;
  • la comédie (Aristophane) ;
  • la médecine (Hippocrate).

« Vous autres Grecs, vous êtes perpétuellement enfants ! Vieux, pas un Grec ne l’est » (parole d’un vieux prêtre égyptien à Solon, rapportée par Platon dans le Timée, 22b). Quels sont les caractères de l’homme grec pour en faire ainsi un modèle encore admiré ?

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 1 – Philosophie antique, L’homme grec, Bréal, 2015, p. 11.

P.S. : Cet extrait est disponible ici (via le site web leslibraires.ca)

Chacun de ces caractères donne lieu à un sous-titre :

  1. La conscience de la condition humaine;
  2. Le rapport au dieux;
  3. Le sens du tragique;
  4. La représentation du monde
  5. La liberté politique
  6. L’humanisme grec

Parlant du rapport aux dieux, Jean-Marie Nicolle écrit :

II. Le rapport aux dieux

Il faut bien comprendre le rapport des Grecs à leurs dieux, chose étrange et difficile à saisir pour nous, après des siècles de christianisme. Les dieux sont omniprésents et apparaissent sous des traits humains (un enfant, un pauvre, un étranger), rarement sous forme de monstres. Ils n’interviennent pas tant pour accomplir des miracles que pour assister les hommes. Dans l’Iliade, Athéna rassure Achille en posant simplement sa main sur son épaule, sans qu’il la voie. Les dieux règlent leurs comptes entre eux par l’intermédiaire des hommes, mais ne s’imposent pas aux hommes par un phénomène surnaturel, à la différence du Dieu de la bible, qui ouvre la mer Rouge pour faire passer les Hébreux.

C’est une religion sans dogmes et sans Église : il n’y a ni institution ni doctrine comprenant les vérités théologiques à admettre. Il n’y a pas de prophète fondateur, pas de livre sacré de référence ni de théologiens professionnels. La religion est transmise par la tradition et par les poètes (Homère, Hésiode). Les mythes sont nombreux et présentent de multiples variantes (P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF, 1976). Les fêtes religieuses sont organisées sans clergé : les prêtres sont désignés parmi les citoyens ponctuellement pour tel culte, tel rite. Il y a très peu de prêtres ou de prêtresses à vie et ceux-ci n’ont pas la charge d’un enseignement religieux officiel. Ils sont très contrôlés et doivent rendre des comptes. En fait, c’est l’État qui assure le service religieux ; il lui appartient de garder de bons rapports avec les dieux en faisant respecter le calendrier des fêtes et les traditions. Il ne faut pas se fâcher avec les dieux mais entretenir avec eux une relation d’amitié. Cela fait partie des obligations politiques. La religion grecque est une religion politique.

(…)

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 1 – Philosophie antique, L’homme grec, II. Le rapport aux dieux, Bréal, 2015, p. 12.

P.S. : Cet extrait est disponible ici (via le site web leslibraires.ca)


EN COMPLÉMENT

La Grèce et la religion

« La Grèce n’a pas fini de nous étonner. Récemment, un article de The Economist mentionnait que le gouvernement grec payait les salaires des prêtres de l’Église grecque orthodoxe. Comment une telle chose peut-elle être possible dans la plus vieille démocratie du monde et en plein XXIe siècle? » Pourquoi Athènes paie le salaire de prêtres? Radio-Canada, 14 août 2012.

Rémunération des prêtres et déroulement des cultes dans le règlement religieux d’Aixônè (Attique), Delphine Ackermann (1) (Delphine Ackermann. Rémunération des prêtres et déroulement des cultes dans le règlement religieux d’Aixônè (Attique). Les Études Classiques, 2007, 75. ⟨hal-01405892⟩)

À lire aussi pour se mettre à jour : Églises et fiscalité en Grèce par Theodoros Fortsakis (Fortsakis, T. (2013) . Églises et fiscalité en Grèce. Société, droit et religion, Numéro 3(1), 15-23. https://doi.org/10.3917/sdr.003.0015.).


Et parlant de la représentation du monde, Jean-Marie Nicolle souligne :

IV. La représentation du monde

À la différence des religions bibliques, les Grecs ne croyaient pas dans la création du monde par un Dieu. Selon eux, le monde est éternel : il a toujours existé et il existera toujours. Ce monde est clos et duel ; il est fermé, limité par la voûte du ciel sur laquelle sont fixées les étoiles. Il est composé de deux régions très différentes : la terre sur laquelle tout est en changement, en devenir et le ciel où tout est régulier et immobile. La terre est impure ; le ciel est pur. Le monde est fini. Les Grecs étaient terrifiés par l’idée d’infini, car, pour eux, tout doit être tenu dans des bornes.

(…)

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 1 – Philosophie antique, L’homme grec, IV. La représentation du monde, Bréal, 2015, p. 16.

P.S. : Cet extrait est disponible ici (via le site web leslibraires.ca)

Au sujet de l’humanisme grec, Jean-Marie Nicolle parle de la tolérance, de l’accueil des étrangers, de la douceur et de l’universalité de la condition humaine :

VI. L’humanisme grec

La tolérance religieuse allait de soi. Les Grecs accueillaient et ont souvent assimilé des dieux étrangers (perses, égyptiens). Il y avait même un autel à Athènes, dont parle saint Paul, dédié « au dieu inconnu ». Ils ne connaissaient pas le prosélytisme, ni l’intolérance.

L’accueil de l’étranger est essentiel ; quand un étranger arrivait dans un village, on l’abreuvait, le nourrissait d’abord, et on ne lui demandait son nom qu’après. Les Grecs ont un seul mot « xenos » pour dire l’étranger et l’ami. Athènes a accueilli quantité d’intellectuels chassés de leur pays, comme le fera Paris au XVIIIe siècle.

La douceur est une vertu athénienne, opposée à la rudesse de Sparte. Il s’agit d’accueillir les opprimés, de dépasser les hostilités dues à la guerre : « Nul n’est assez insensé pour préférer la guerre à la paix. Pendant la paix, les enfants ensevelissent leurs pères ; pendant la guerre, les pères ensevelissent leurs enfants » (Hérodote, Enquête, livre I, chap. lxxxvii, in Hérodote, Morceaux choisis, trad. P. Giguet, Paris, Hachette, 1914, p. 56). La guerre est le plus grand désordre apporté à l’ordre naturel des choses.

Les Grecs avaient conscience de l’universalité de la condition humaine ; ils savaient se mettre à la place des autres. Comme le dira le poète latin, Térence (190-159 avant J.-C.) : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » On voit dans cette attitude la racine de l’humanisme que l’Occident redécouvrira à la Renaissance grâce aux traductions des œuvres grecques.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 1 – Philosophie antique, L’homme grec, IV. La représentation du monde, Bréal, 2015, p. 16.

P.S. : Cet extrait est disponible ici (via le site web leslibraires.ca)

Wow ! Voilà des valeurs qui devraient nous éveiller aujourd’hui.

Jean-Marie Nicolle introduit la deuxième partie de son ouvrage, Philosophie médiévale et de la Renaissance, en ces mots :

2. Philosophie médiévale et de la Renaissance

Les institutions d’enseignement

Le Moyen Âge, loin de constituer une longue période homogène, a connu des évolutions brutales. La statut de la philosophie y a beaucoup changé, essentiellement à cause des institutions d’enseignement. Il n’existe pas de philosophie « laïque » car son enseignement est réservé aux prêtres et aux moines. Au début, la philosophie est très liée à la théologie et se pratique au sein des monastères. Avec un temps lent et une vie de retrait solitaire, la philosophie est alors principalement une méditation personnelle à partir de quelques lectures traditionnelles.

Mais, au XIIe siècle, apparaissent les universités et un tout autre enseignement de la philosophie : on passe à une pratique collective, réglée, méthodique. La recherche commune, qui caractérise les philosophies antiques, est remise à l’honneur. La philosophie est séparée de la théologie. La pratique collective est propice au dialogue, voire à la dispute. De vives polémiques vont surgir ainsi que la remise en cause des autorités religieuse au nom de la raison.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 2 – Philosophie médiévale et de la Renaissance, Les institutions d’enseignement, Bréal, 2015, p. 127.

Merci à l’esprit de la Renaissance pour cette séparation entre la religion et la raison.

Jean-Marie Nicolle aborde tout d’abord Descartes dans la troisième partie de son ouvrage, 3. Philosophie moderne :

3 – Philosophie moderne

Descartes, le rationalisme

Déçu par l’enseignement scolastique qu’il avait reçu au collège de La Flèche, qui confondait science et érudition, penser et citer, apprendre et savoir par cœur, René Descartes (1596-1650) entreprend de fonder son savoir sur le seul exercice de sa raison. Il est en ce sens un héritier de la Renaissance, époque à laquelle l’homme prend conscience de l’autonomie de sa pensée par rapport aux systèmes religieux et politique : « Jamais mon dessein ne s’est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir dans un fonds qui est tout à moi » (Descartes, Discours de la méthode, Paris, Flammarion, « GF », 2000).

(…)

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Partie 3 – Philosophie moderne, Descartes, le rationalisme, Bréal, 2015, p. 247.

Je souligne : « (…) tâcher à réformer mes propres pensées, (…) ». Pour parvenir à l’idée même de réformer ses pensées, il prise de conscience est nécessaire tout autant qu.une prise de recul face à ce que l’on pense, comment on pense et quels sont les conditionnements actifs en moi. On peut passer sa vie à penser comme l’on pense sans jamais se questionner sur les origines et les conditionnements à l’œuvre. Le changement de comportement face à l’enseignement qu’il reçoit intervient, dans le cas de Descartes, et à la suite de sa prise de conscience provoquée par une déception. Il avait donc des attentes plus élevées et il fut déçu. Être déçu de l’enseignement que l’on reçoit peut être le déclencheur d’une prise de conscience de ses attentes en vue de les cerner et de les comprendre.

La quatrième partie de son ouvrage, 4. Philosophie contemporaine, s’ouvre avec « Henri Bergson, l’élan vital » :

4. Philosophie contemporaine

Henri Bergson, l’élan vital

Professeur de philosophie, Henri Bergson (1859-1941) a développé une pensée écrite dans un style souvent métaphorique. Sa philosophie vise à réhabiliter l’originalité du temps, notamment du temps vécu qu’il appelle la durée. Il appartient au mouvement vitaliste. Le vitalisme est une conception répandue au XIXe siècle qui insiste sur l’originalité des phénomènes et des lois de la vie par opposition à la matière inerte, et qui fait appel à un principe particulier — le principe vital — pour expliquer cette originalité. Ses principales œuvres sont L’Essai sur les données immédiates de la conscience, Matière et mémoire, L’Évolution créatrice, et Les Deux Sources de la moral et de la religion.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, 4. Philosophie contemporaine, Henri Bergson, l’élan vital, Bréal, 2015, p. 365.

Jean-Marie Nicolle termine son œuvre avec « Jean-François Lyotard, l’homme moderne ».

Jean-François Lyotard, l’homme moderne

 1. Définition du postmoderne

 a. Postmoderne et moderne

Plus qu’une époque, le terme postmoderne qualifie une manière de penser, une sensibilité nouvelle, apparue après la Seconde Guerre mondiale et accentuée à partir des années 1970. Ce terme employé pour la première fois en 1971 se différencie du moderne.

Le moderne est né après la Renaissance et s’est déployé au siècle des Lumières. Il se caractérise par le refus de la tradition, la confiance dans la raison universelle, la science et la technique, et par la croyance en un progrès de l’humanité vers le bonheur. Le moderne s’institue donc dans la rupture avec les mythes et les traditions religieuses, au nom de la raison et de l’universalité.

Le postmoderne, marqué par les découvertes des crimes nazis et staliniens, se caractérise par la méfiance vis-à-vis des idéaux, un repli sur l’individu, une banalisation de la nouveauté, une recherche du plaisir apathique dans la consommation et, enfin, un désenchantement à l’égard du progrès. La particule « post » indique un ordre dans le temps, mais non pas une rupture ou une discontinuité. Le postmoderne est une émanation du moderne au cours duquel il s’agit de « digérer », d’assimiler le moderne.

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, 4. Philosophie contemporaine, Jean-François Lyotard, l’homme moderne, Bréal, 2015, pp. 487-488.

En 1971, année au cours de laquelle le terme « postmoderne » apparaît, je suis âgé de 14 ans et je ne connais pas ce terme. En revanche, j’entends ici et là des critiques du progrès. « Le progrès pour le progrès ne va nulle part » dit-on. Captivé par le programme spatiale Apollo de la NASA, je collectionne tout ce qui se publie dans les médias, y compris les critiques qui mettent en cause l’investissement des États-Unis d’Amérique pour aller sur la Lune alors que les besoins sont criants, notamment en matière de lutte contre la pauvreté. Pour le progrès, on laisse en plan les argents utiles pour régler des problèmes sociaux. La question se pose : « Est-ce là un progrès réel pour l’humanité que d’aller sur la Lune ? »

À l’époque, on parle de l’aide nécessaire pour les pays du Tiers-monde et là, il n’y a pas de progrès. En 1969, alors que l’homme marche sur la Lune, le Biafra est en proie à une famine et une sécheresse sévit au Sahel causant une famine tuant un million de personnes. Suivra en 1972-1973 une famine en Éthiopie causée par la sécheresse et les manquements d’un gouvernement ce qui a conduit à la chute de Haïlé Sélassié et l’arrivée de la Derg, la famine du Wollo en 1973-1974, la famine du Bangladesh en 1974… Pour l’adolescent que je suis, on ne peut pas parler de progrès en des temps aussi difficiles pour l’humanité. Je déçu par le progrès, tout l’écrit Jean-Marie Nicolle au sujet du « postmoderne » en traitant de l’œuvre du philosophe Jean-François Lyotard : « Le postmoderne, marqué par les découvertes des crimes nazis et staliniens, se caractérise par la méfiance vis-à-vis des idéaux, un repli sur l’individu, une banalisation de la nouveauté, une recherche du plaisir apathique dans la consommation et, enfin, un désenchantement à l’égard du progrès. »


langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svg« Jean-François Lyotard, né le à Versailles et mort le à Paris 15e2, est un philosophe français associé au post-structuralisme et surtout connu pour son usage critique de la notion de postmodernité. » Wikipédia.

La Condition postmoderne

La Condition postmoderne. Rapport sur le savoir (1979) est un ouvrage de Jean-François Lyotard, qui a popularisé le paradigme esthétique de postmodernisme dans les milieux universitaires. Il s’agit à l’origine d’un « Rapport sur le savoir au XXe siècle », commandé par le gouvernement du Québec1. Il considère en particulier que la question du progrès scientifique est bouleversée par l’« incrédulité » envers les métarécits, c’est-à-dire des schémas narratifs totalisants et globaux qui visent à expliquer l’intégralité de l’histoire humaine, de l’expérience et de la connaissance. Confrontant le savoir scientifique au savoir narratif, il interroge ces catégories à l’aune des changements induits par l’informatisation de la société à l’ère post-industrielle. Les deux métarécits de la Modernité qui sont remis en cause sont d’un côté celui de l’émancipation du sujet rationnel, de l’autre celui, hégélien, de l’histoire de l’Esprit universel. Or, selon Lyotard, ces grands récits légitimaient le projet des sciences modernes ; après Auschwitz et l’informatisation de la société, ils auraient perdu toute crédibilité, le savoir devenant dès lors une simple « marchandise informationnelle2 ». Comment, alors, légitimer la science ?

JEAN-FRANÇOIS LYOTARD - Professeur, Département de Philosophie de l’Université de Paris VIII (Vincennes), Les problèmes du savoir dans les sociétés industrielles les plus développées, commandé par le Conseil des Universités du Québec, en 1979.
JEAN-FRANÇOIS LYOTARD – Professeur, Département de Philosophie de l’Université de Paris VIII (Vincennes), Les problèmes du savoir dans les sociétés industrielles les plus développées, commandé par le Conseil des Universités du Québec, en 1979. Télécharger le PDF de ce document. Cette illustration et sa légende sont ajoutées à cette reproduction de l’article « La Condition postmoderne » de Wikipédia par nous.

La Condition postmoderne et le postmodernisme

Sans doute l’essai le plus connu et le plus cité de Lyotard, La Condition postmoderne a cette rare qualité d’avoir ouvert l’investigation générale sur une « philosophie postmoderne ». Pourtant, cet essai n’est pas le premier texte à mettre en avant une théorie du postmodernisme. Il serait d’ailleurs problématique de voir en Lyotard le père de ce que les Américains appellent les postmodern studies, ce concept étant traité de manière extrêmement variée chez plusieurs critiques sous le nom de postmodernisme en littérature ou par ailleurs dans les arts et l’architecture. Ce texte ne propose donc ni une définition définitive, ni une genèse de la notion, mais bien plutôt une reprise qui reconsidère cette notion et la constitue en paradigme critique.

L’hypothèse de travail de Lyotard repose sur l’idée que le savoir change de statut en même temps que les sociétés entrent dans l’âge du postmodernisme. Ce passage, débuté à la fin des années 1950, est influencé par ce qu’il appelle « le discours scientifique.» Or, le savoir scientifique n’est, pour Lyotard, qu’une des formes du discours qui porte sur les différentes problématiques du langage : la phonologie et les théories linguistiques, les problèmes de la communication et la cybernétique, les algèbres modernes et l’informatique, les ordinateurs et leurs langages, les problèmes de traduction des langages et la recherche des compatibilités entre langages-machines3. Ainsi, il observe le postmodernisme dans l’optique de l’incidence de transformations technologiques sur le savoir.

Les bouleversements du savoir et la légitimation

Lyotard cherche d’abord à commenter l’état du savoir à la fin du XXe siècle. Il aborde le savoir d’un point de vue épistémologique en s’efforçant de ne pas introduire dans son propre discours des jugements de valeur subjectifs et en insistant sur les caractéristiques propres aux discours contemporains sur la connaissance. Comme dans tous ses livres, Lyotard élabore son propos à l’aide du vocabulaire de la phénoménologie. Le savoir a connu des bouleversements importants au XXe siècle. Pour Lyotard, ces bouleversements marquent la fin du pouvoir hégémonique de ce qu’il appelle les métarécits de la modernité.

D’autre part, Lyotard observe le statut épistémologique du savoir dans sa crédibilité. Se référant sur les théoriciens allemands tel que Jurgen Habermas, il introduit la notion de la légitimation comme la problématique essentielle qui interfère avec les bouleversements du savoir. Or, il définit la légitimation comme «le processus par lequel un législateur se trouve autorisé à promulguer la loi comme une norme.» 4 Pour Lyotard, la légitimation du savoir s’opère par un discours scientifique dans lequel un «législateur» est autorisé à prescrire les conditions dites (en règle générale, des conditions de consistance interne et de vérification expérimentale) pour qu’un énoncé puisse être pris en considération par la communauté scientifique. En outre, il propose 5 différentes propriétés du savoir scientifique :

  • Le savoir scientifique exige l’isolement d’un jeu de langage, le dénotatif ; et l’exclusion des autres. Le critère d’acceptabilité d’un énoncé est sa valeur de vérité. On y rencontre certes d’autres classes d’énoncés, comme l’interrogation (« Comment expliquer que… ? ») et la prescription (« Soit une série dénombrable d’éléments…» ) ; mais ils n’y sont que comme des chevilles dans l’argumentation dialectique ; celle-ci doit aboutir à un énoncé dénotatif. On est donc savant (en ce sens) si l’on peut proférer un énoncé vrai au sujet d’un référent ; et scientifique si l’on peut proférer des énoncés vérifiable ou falsifiable au sujet de référents accessibles aux experts.
  • Ce savoir se trouve ainsi isolé des autres jeux de langage dont la combinaison forme le lien social. Il n’en est plus une composante immédiate et partagée comme l’est le savoir narratif. Mais il en est une composante indirecte, parce qu’il devient une profession et donne lieu à des institutions, et que dans les sociétés modernes les jeux de langage se regroupent sous forme d’institutions animées par des partenaires qualifiés, les professionnels. La relation entre le savoir et la société (c’est-à-dire l’ensemble des partenaires dans l’agonistique générale, en tant qu’ils ne sont pas des professionnels de la science) s’extériorise. Un nouveau problème apparaît, celui du rapport de l’institution scientifique avec la société. Le problème peut-il être résolu par la didactique, par exemple selon le présupposé que tout atome social peut acquérir la compétence scientifique ?
  • Au sein du jeu de la recherche, la compétence requise porte sur le seul poste de l’énonciateur. Il n’y a pas de compétence particulière comme destinataire (elle n’est exigible que dans la didactique : l’étudiant doit être intelligent). Et il n’y a aucune compétence comme référent. Même s’il s’agit de sciences humaines, le référent qui est alors tel aspect des conduites humaines, est en principe placé en extériorité par rapport aux partenaires de la dialectique scientifique. Il n’y a pas ici, comme dans le narratif, à savoir être ce que le savoir dit qu’on est.
  • Un énoncé de science ne tire aucune validité de ce qu’il est rapporté. Même en matière de la pédagogie, il n’est enseigné qu’autant qu’il est toujours présentement vérifiable par argumentation et preuve. En soi, il n’est jamais à l’abri d’une « falsification ». De cette manière, le savoir accumulé en énoncés acceptés précédemment peut toujours être récusé. Mais, inversement, tout nouvel énoncé, s’il est contradictoire avec un énoncé précédemment admis portant sur le même référent, ne pourra être accepté comme valide que s’il réfute l’énoncé précédent par arguments et preuves.
  • Le jeu de science implique donc une temporalité diachronique, c’est-à-dire une mémoire et un projet. Le destinateur actuel d’un énoncé scientifique est supposé avoir connaissance des énoncés précédents concernant son référent (bibliographie) et ne propose un énoncé sur ce même sujet qu’autant qu’il diffère des énoncés précédents. Ce qu’on a appelé l’accent de chaque performance est ici privilégié par rapport au « mètre », et du même coup la fonction polémique de ce jeu. Cette diachronie supposant la mise en mémoire et la recherche du nouveau dessine en principe un processus cumulatif. Le « rythme » de celui-ci, qui est le rapport de l’accent au mètre, est variable3.

La fin des métarécits

Lyotard annonce la fin des deux grands métarécits modernes : le métarécit de l’émancipation du sujet rationnel et le métarécit de l’histoire de l’esprit universel. La pensée moderne a longtemps été l’histoire d’un Sujet de la connaissance qui progressait dans sa quête de justice et d’avancement social ; il y avait autrefois une autorité qui faisait de cette quête le récit d’une marche vers l’émancipation rationnelle. Cette autorité s’appuyait sur la pensée des Lumières, de Kant et de Rousseau, notamment.

La notion de sujet de la connaissance est difficile à circonscrire : nombreux sont les philosophes analytiques [Qui ?] qui dénonceront cette manière qu’a Lyotard d’en faire le personnage, le protagoniste, d’une histoire presque fictive, d’une théorie de l’histoire proprement narrative. La modernité est un concept extrêmement vaste, et l’essai s’inscrit dans un débat important touchant le statut de la connaissance conceptuelle, reposant sur l’établissement des lois de la pensée humaine.

Lyotard proclame la fin de ce qu’il appelle le métarécit de l’histoire universelle de l’Esprit attribuée au philosophe Hegel. L’idée selon laquelle la production intellectuelle d’une époque doit être vue comme la matérialisation locale et historique d’un esprit universel, ne tient plus dans la pensée contemporaine, qui semble ne plus répondre à l’appel des grandes histoires idéalisées de la modernité.

Table des matières

Introduction
1. Le champ : le savoir dans les sociétés informatisées
2. Le problème : la légitimation
3. La méthode : les jeux de langage
4. La nature du lien social : l’alternative moderne
5. La nature du lien social : la perspective postmoderne
6. Pragmatique du savoir narratif
7. Pragmatique du savoir scientifique
8. La fonction narrative et la légitimation du savoir
9. Les récits de la légitimation du savoir
10. La délégitimation
11. La recherche et sa légitimation par la performativité
12. L’enseignement et sa légitimation par la performativité
13. La science postmoderne comme recherche des instabilités
14. La légitimation par la paralogie

Jean-François Lyotard Source : Bracha L. Ettinger at https://www.flickr.com/photos/bracha-ettinger/2106213604/in/photostream/ Author : Bracha L. Ettinger
Jean-François Lyotard. Wikipédia. Source : Bracha L. Ettinger at https://www.flickr.com/photos/bracha-ettinger/2106213604/in/photostream/. Auteur de la photographie : Bracha L. Ettinger.

Notes

  1. Lyotard, Jean-Francois (1979). « Les problèmes du savoir dans les sociétés industrielles les plus développées » [archive]. Québec: Conseil des Universités [archive].
  2. La Condition postmoderne, p. 12. Cité par Maxime Rovere, Jean-François Lyotard, philosophiste [archive], Magazine littéraire.
  3. Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, Paris, Les éditions de minuit, , 108 p. (ISBN 978-2-7073-0276-2), p. 45-47
  4. Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, Paris, Les éditions de minuit, , 108 p. (ISBN 978-2-7073-0276-2), p. 19

Bibliographie

Lyotard, Jean-François (1979), La Condition postmoderne. Rapport sur le savoir, éditions de Minuit. (revue de presse [archive])

Source : La Condition postmoderne, Wikipédia.


Revenons à ce passage de la citation du livre Histoire de la pensée philosophique par Jean-Marie Nicolle :

(…) Le postmoderne, marqué par les découvertes des crimes nazis et staliniens, se caractérise par la méfiance vis-à-vis des idéaux, un repli sur l’individu, une banalisation de la nouveauté, une recherche du plaisir apathique dans la consommation et, enfin, un désenchantement à l’égard du progrès. » (…)

NICOLLE, Jean-Marie, Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, 4. Philosophie contemporaine, Jean-François Lyotard, l’homme moderne, Bréal, 2015, pp. 487-488.

Et portons notre attention sur ceci : « (…) une recherche du plaisir apathique dans la consommation (…) ». Selon les Dictionnaires Le Robert, « apathique » signifie : « Qui manque d’énergie ou de réactivité émotionnelle » et « apathie » se définit comme « Incapacité d’être ému ou de réagir (par mollesse, indifférence, état dépressif, etc.). Secouer son apathie » ou « [Dans la philos. stoïcienne] État d’une âme devenue volontairement étrangère aux affections sensibles (dites « passions » dans le vocabulaire des stoïciens) » selon Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales – Ortolang. Et Wikipédia revient sur ce lien avec les stoïciens :

« Dans la philosophie stoïcienne , l’apatheia ( grec ancien : ἀπάθεια ; de a-  « sans » et pathos  « souffrance, passion ») désigne un état d’esprit dans lequel on n’est pas perturbé par les passions . Il serait peut-être préférable de le traduire par le mot équanimité plutôt que par le mot indifférence . La signification du mot apatheia est assez différente de celle de l’anglais moderne apathy, qui a une connotation nettement négative qui inclut des sentiments d’inertie, d’indifférence et d’impassibilité. Selon les stoïciens, l’apatheia était la qualité qui caractérisait le sage (1).

(1) Sorabji, Richard (2002). Émotion et paix de l’esprit : de l’agitation stoïque à la tentation chrétienne . Presses universitaires d’Oxford. ISBN 0199256608.

Source : Apatheia, Wikipedia.

Dans le contexte de ces définitions, peut-on parler d’une « plaisir apathique » ?  Il me semble que « plaisir » et « apathique » ne peuvent pas se définir l’un et l’autre car il n’y a pas de plaisir sans émotion et on ne peut pas soutenir qu’une émotion soit apathique.

Aussi peut-on parler d’un « plaisir apathique dans la consommation » ? D’une consommation sans passion, sans émotions ? J’ai effectué des études des motivations des consommateurs pendant cinq ans au cours de ma carrière (voir mon livre : Comment motiver les consommateurs à l’achat ? Tout ce que vous n’apprendrez pas à l’universitéExemplaire numérique gratuit (PDF). Et, à ce titre, je ne peux pas soutenir que la consommation offre un « plaisir apathique » aux individus. En consommation, tout est affaire de sens, de perceptions, d’émotions et d’attitudes POSITIVES, c’est-à-dire, tout le contraire de l’indolence ou de l’indifférence, de l’apathie.

Peut-on parler de « plaisir apathique » en référence aux consommateurs qui se lassent de leurs achats ? Si oui, il faut une transition entre le plaisir à l’achat et un autre plaisir après l’achat, soit vers un « plaisir apathique » ?

Quoiqu’il en soit, il vaudrait mieux associer le postmoderne à la naissance du consumérisme (« Ensemble des actions visant à promouvoir les intérêts des consommateurs et à protéger leurs droits », Office québécois de la langue française) dans les années 1960-1970 dans la foulée de la publication du livre The Hidden Persuaders de Vance Packard, dont la première édition remonte à 1957, et du livre Unsafe at any speed par Ralph Nader en 1965. La critique de la consommation et la dénonciation des manipulations des consommateurs s’inscrivent dans le postmoderne parce que, justement, il n’y a là aucun « plaisir apathique » mais plutôt une dérive du marketing pour inciter à l’achat de biens et des services pas toujours utiles comme il est prétendu.


Uniques au monde: de l’invention de soi à la fin de l’autre

Vincent Cocquebert

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Le repli sur soi, ou comment le consumérisme nous isole

Lundi 18 décembre 2023

Est-ce bientôt la fin de l’autre? C’est la question que se pose le journaliste et essayiste Vincent Cocquebert dans le livre Uniques au monde : de l’invention de soi à la fin de l’autre. La société consumériste actuelle met toujours davantage de l’avant des services de plus en plus personnalisés, au point qu’il se permet de parler même « d’égocène », soit une façon de voir le monde centré sur la personne et non plus sur ce qui est le fondement même de la société : la vie en groupe.

« L’individu est de plus en plus porté à se replier sur lui-même […] au point que la société doit lui ressembler. »

— Une citation de  Vincent Cocquebert

Source : Pénélope,  Radio-Canada, 18 décembre 2023.

P.S.: Le lien vers le livre sur le site web de la maison d’édition est de nous.


Le livre HISTOIRE DE LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE par JEAN-MARIE NICOLLE m’a permis de connaître non seulement les différents philosophes au fil de l’histoire mais aussi et surtout les liens entre les différentes philosophies au fil du temps. C’est sans doute pourquoi le titre du livre se présente au singulier en parlant de « la pensée philosophique » plutôt qu’au pluriel avec « les pensées philosophiques ». Et c’est cet aspect du livre que j’ai trouvé le plus intéressant et captivant au cours de ma lecture.

* * * * *

J’accorde cinq étoiles sur cinq au livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » de Jean-Marie Nicolle.

Je vous en recommande vivement la lecture.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

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