Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche
Phantasia, Volume 14 – 2024
Dirigé par Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis et Nicolas Quérini
PRÉSENTATION DE LA REVUE
Phantasia est une revue scientifique à comité de lecture international, annuelle et trilingue (français, anglais, allemand). Elle publie exclusivement en ligne et ses publications sont toutes en accès libre.
À l’instar du Centre Prospéro – Langage, image et connaissance (UCLouvain Saint-Louis – Bruxelles) dont elle émane, la revue Phantasia est de nature interdisciplinaire. Ainsi, la philosophie spéculative, l’histoire de la philosophie, l’anthropologie philosophique, la théorie de la littérature, l’histoire de la littérature, la littérature comparée, la psychanalyse, les études théâtrales ou encore les études cinématographiques sont conviées.
Les différentes démarches scientifiques doivent être sous-tendues par une même préoccupation : une attention spécifique à l’imagination sous toutes ses formes, rigoureusement articulée à des problématiques et des thèmes aussi variés que la conscience, la perception, l’affectivité, la corporéité, la représentation, l’image, l’expérience esthétique, le langage, la textualité, l’écriture, le politique, le social, le droit, l’histoire, la culture ou la connaissance en général. Les articles publiés enrichissent de manière précise notre compréhension de l’imagination et de ses productions sans amoindrir sa complexité, autrement dit en mettant en évidence son rapport de proximité et de distance avec ses « autres », réels ou supposés. Les publications ne sont pas liées à une école, à un auteur ou à un courant de pensée en particulier. Il ne s’agit pas ici de constituer naïvement un énième paradigme pour la pensée, d’autant que les positions les plus critiques à l’égard des pouvoirs présumés de l’imagination sont aussi les bienvenues dans la revue. Bien plutôt s’agit-il de rendre « opératoire » le thème spécifique de l’imagination et de l’image dans leurs rapports multiples avec tous les champs de l’expérience et de la pensée, afin de le rendre porteur et de lui donner un lieu privilégié d’exposition.
La revue publie principalement des articles de recherche, mais peut également publier des traductions ou encore des recensions d’ouvrages. Tous les articles soumis à la revue sont anonymisés et évalués selon le principe du « double aveugle » par des membres du comité scientifique international. Le comité de rédaction se réserve toutefois le droit de faire évaluer certains articles par un ou des experts extérieurs au comité scientifique international lorsqu’il le juge nécessaire. De même, une troisième expertise peut être demandée s’il y a lieu.
Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini
Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche Introduction
Pour illustrer l’intention qui a présidé à l’élaboration du présent numéro, nous pouvons commencer par mettre en parallèle trois déclarations philosophiques aux accents étonnamment similaires. En 1841, dans un essai intitulé Self‑Reliance, le philosophe américain Ralph Waldo Emerson défend une forme radicale d’anticonformisme : « Il y a un moment dans l’éducation de tout homme où il arrive à la conviction que l’envie est ignorance ; que l’imitation est suicide ; qu’il doit se prendre lui‑même, pour le meilleur et pour le pire, comme le lot qui lui est dévolu ; que même si le bien abonde dans l’univers, aucun grain de blé nourrissant ne peut lui venir d’ailleurs que du labeur consacré au lopin de terre qu’il a reçu en culture »1. En 1859, le philosophe anglais John Stuart Mill affirme dans On Liberty, contre les conceptions conservatrices qui lui paraissent encore prédominantes dans la société victorienne : « Si l’on considérait le libre développement de l’individualité comme l’un des principes essentiels du bien-être, si on le voyait non pas comme accessoire coordonné à tout ce qu’on désigne par civilisation, instruction, éducation, culture, mais comme un élément et une condition nécessaires de toutes ces choses, il n’y aurait pas de danger que la liberté fût sous‑estimée, et il n’y aurait pas de difficulté extraordinaire à tracer la frontière entre elle et le contrôle social »2. Enfin, en 1878, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche esquisse, dans Humain, trop humain, une réflexion sur le talent individuel qui lui est inspirée par un vers célèbre de Pindare : « Chacun possède du talent inné, mais peu possèdent, inné et cultivé par l’éducation, le degré de ténacité, d’endurance, d’énergie qui fait qu’il deviendra vraiment un talent, donc deviendra ce qu’il est »3.
Le thème du caractère et de la formation du caractère chez Nietzsche est probablement celui sur lequel l’influence de sa lecture d’Emerson est la plus sensible. Cet auteur agit pour Nietzsche comme un contrepoids à l’influence de Schopenhauer. Alors que Schopenhauer prêche une doctrine du caractère immuable, Emerson considère la personnalité individuelle comme impliquée dans un processus de développement continu, visant et s’efforçant toujours d’atteindre des degrés de puissance de plus en plus élevés. Nietzsche partage ce modèle et le fait sien, tout en se distançant d’Emerson pour un certain nombre de raisons importantes.
Évite de te connaître toi-même ! Ce que signifie la formule « comment on devient ce qu’on est » chez Nietzsche.
En quel sens Nietzsche entend-il exactement la formule bien connue « comment on devient ce qu’on est », qu’il emprunte à Pindare et reprend sous des formes variées tout au long de son œuvre ? Ce, d’autant plus que son identification à la mise en évidence d’une identité cachée, profonde et authentique est parfaitement intenable. Au contraire, nous sommes toujours plusieurs, souligne Nietzsche. On établira donc que devenir ce que l’on est désigne une réorganisation pulsionnelle menée (ou que l’on échoue à mener) selon la logique de l’intensification de puissance.
« « Donner du style » à son caractère » Ce que l’on doit apprendre d’Emerson selon Nietzsche
De ses études à Leipzig à ses tout derniers écrits, Nietzsche semble entretenir des affinités électives et comme une correspondance continue et secrète avec Emerson, qu’il désigne comme son « frère dans l’âme ». Ne se dit-il pas d’ailleurs « chez lui et dans [sa] propre maison » chez Emerson, à tel point que toute son œuvre résonne des innombrables échos de cette voix gémellaire ? Mais ces reprises étonnantes impliquent-elles réellement une filiation intellectuelle entre les deux penseurs ? Emerson a-t-il été un éducateur pour celui qui le jugeait « mal éduqué », ou bien la troublante familiarité des textes ne relève-t-elle pas d’une de ces énigmes que Nietzsche se targue d’adresser au lecteur ? De quelle manière le pourfendeur du sujet a-t-il pu apprendre du défenseur du caractère ? Et dans quelle mesure le chantre américain de la nature participe-t-il de cette réforme de la culture européenne que Nietzsche s’assigne pour tâche ? Notre étude se donne pour objectif d’examiner le rôle d’Emerson dans la formation de la pensée nietzschéenne, et ce en un double sens : formation de la pensée de Nietzsche, et formation de la pensée par Nietzsche. Elle s’attachera à préciser le statut « d’homme préparatoire » qu’occupe Emerson pour Nietzsche et ce que ce dernier se propose d’apprendre de celui qu’il considère surtout comme un artiste.
Devenir soi dans la troisième Inactuelle De l’éducateur à l’éducation de soi
Cet article se propose d’étudier en quoi la problématique du devenir soi, telle qu’elle émerge dans Schopenhauer éducateur, s’avère redevable de la figure de l’éducateur que Nietzsche y élabore. L’éducateur apparaît paradoxalement moins comme l’instigateur d’une formation de l’individu que comme le type d’homme dont l’éduqué lui-même doit assurer l’émergence future, en se mettant au service de la culture. La notion d’éducation de soi constitue alors le concept clé à partir duquel comprendre la vocation pédagogique nietzschéenne, en réponse au contexte de crise de l’éducation allemande : il lui faut s’éduquer lui-même pour pouvoir devenir à son tour éducateur.
L’individualisme contre l’individualité ? Mill et Nietzsche face au tournant anthropologique de l’ère démocratique
ous deux lecteurs de Humboldt et de Tocqueville, également animés du souci proto-sociologique et même « physiologique » de scruter les interactions liant l’épanouissement de chaque individu et la bonne santé du corps social, John Stuart Mill et Friedrich Nietzsche partagent, à quelques décennies de distance, un diagnostic inquiet sur la mutation qui s’achève sous leurs yeux : le passage de ce que Louis Dumont a appelé le schème holiste au schème individualiste sous l’espèce de la démocratie, non comme forme institutionnelle mais comme nouvelle condition humaine marquée par l’égalisation. De fait, l’anthropologie démocratique consacrant l’individu comme fondement de la souveraineté et comme dépositaire de droits inaliénables se déploie pour la première fois sous le signe de l’égalité, à la fois juridique et représentationnelle, à la fois principe politique et « passion » psychologique. Pourtant, au moment où il se voit ainsi sacré, l’individu semble dissous. Atomisé, nivelé, déchu de toute perspective de grandeur ou de distinction (sinon purement matérielle), il se voit réduit à un ectoplasme juridique et économique. La réalisation voire la fortification de l’individualité sont-elles encore possibles ? Un individualisme de l’individualité est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? Si oui, à quelles conditions ? Peut-on envisager une politique de l’individualité ? De Mill à Nietzsche, le regard critique se fait de plus en plus radical et subversif, et aussi plus incompatible avec le maintien de la démocratie.
Le genre de l’individualité chez Harriet Taylor et John Stuart Mill
L’article propose une nouvelle généalogie de l’« individualité », notion centrale de l’ouvrage De la Liberté (1859), généralement attribué à John Stuart Mill. Il met en évidence le rôle majeur joué par Harriet Taylor dans l’élaboration de cette notion, et partant dans celle du texte dont elle est en réalité la co-autrice. Il montre que la philosophe conduit, dès le début des années 1830, une réflexion approfondie sur la formation du caractère et le perfectionnement de soi. Tandis que chez Mill, à la même époque, l’individualité est comprise comme le devoir-être de certaines « natures supérieures », principalement de genre masculin, elle constitue d’emblée pour Taylor une exigence épicène impliquant le développement de l’esprit comme celui des plaisirs sensibles et sexuels. Ainsi, c’est précisément grâce à son analyse de l’expérience douloureuse et propre aux femmes de privation d’individualité que Taylor réussit à formuler des propositions puissantes, novatrices et à la portée universelle sur l’éducation et la culture de soi.
La formation du savant, entre solitude de la pensée et communauté de recherche Les discours à l’Université d’Emerson, Mill et Nietzsche
Cet article propose une lecture parallèle de trois grands textes du XIXe siècle portant sur les missions de l’université et la place que doit y occuper le savant comme individu singulier : The American Scholar donné par R. W. Emerson à Harvard en 1837, le discours inaugural de J. S. Mill à l’Université Saint Andrews en 1867, et les conférences de F. Nietzsche à l’Université de Bâle Über die Zukunft unserer Bildungsanstalten, de 1872. L’objectif de cette comparaison est de mettre en évidence des analogies et des différences éclairantes, en leur adressant une série de questions communes : celle, d’abord, de leur définition de l’idéal éducatif ou culturel, en écho au concept idéaliste allemand de Bildung ; celle ensuite de leur critique des mutations de l’université, comme symptômes majeurs de la crise moderne de la culture ; celle, enfin, de la caractérisation du « savant », de sa destination et de sa formation de soi, en tant qu’il est un individu à la fois voué à une exigence existentielle de solitude, mais aussi appelé à inventer de nouvelles formes de communautés culturelles et intellectuelles, en réponse à la crise de l’institution universitaire.
Dans le § 25 du premier tome d’Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d’une morale universelle qu’il attribue à Kant. S’il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu’il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu’elle diffère d’un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu’une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l’histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d’un véritable devoir d’être soi-même ? D’autant plus dans le sillage d’une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d’analyser ce devoir si singulier qui nous commande d’être, de développer ou de devenir ce soi-même et de voir comment se construit une forme de morale alternative au kantisme à partir de là. Nous verrons ainsi qu’Emerson pense un devoir d’être soi qui, s’il ne fait fi de la morale kantienne, pense l’individu en dehors de la norme commune. Avec son utilitarisme, Mill dessine une autre forme de morale, plus susceptible de faire coïncider devoir de se développer et progrès de l’humanité tout entière. Enfin, Nietzsche balaie complètement la morale kantienne pour penser un devoir de devenir soi absolument antinomique de celle-ci et dont le premier geste constitue une condition.
Les pratiques autobiographiques de Friedrich Nietzsche et de John Stuart Mill Une lecture comparée
Nietzsche et Mill ont en commun d’avoir écrit une autobiographie dans laquelle ils retracent les jalons de l’émergence de leur philosophie mais aussi de leur personnalité. Toutefois, s’il s’agit, selon les termes de Nietzsche, de dévoiler « comment on devient ce qu’on est », on peut se demander quelle fin est poursuivie à travers cette démarche. En effet, influencés par le romantisme, les deux auteurs insistent sur l’absolue individualité des personnalités véritables, qui s’avèrent dès lors inimitables. Que peut donc tirer le public d’une telle lecture ? Notre propos consiste à inscrire la pratique autobiographique telle qu’elle se décline chez Nietzsche et Mill dans la tradition de ce que Pierre Hadot appelait « exercices spirituels » et Michel Foucault « techniques de soi ». Dans cette perspective, la (re)construction du soi par la pratique autobiographique peut malgré tout constituer une forme de discours édifiant, à même de conduire les lecteurs non pas à imiter le parcours de l’auteur mais à vouloir mener une existence à la hauteur de celle qui se donne à voir au fil des pages. En ce sens, si l’exemplarité nietzschéenne est exemplarité d’une déviance, d’une façon de se montrer singulier, elle est davantage dans le cas de Mill illustration d’une vertu qui cherche à se rendre désirable pour autrui.
« Deviens ce que tu es » Pindare, Nietzsche, Heidegger
Ce texte se propose un double objectif : 1) avancer une interprétation du célèbre vers de la deuxième Pythique de Pindare, genoi’ oios essi mathôn, en le replaçant dans le contexte de la célébration de la sagesse du souverain de Syracuse, Hiéron Ier, qui conjoint les exploits aux Jeux pythiques et olympiques et une conscience aiguë des limites de l’humain qui lui attire les bienfaits des dieux, et où la question n’est pas de « devenir soi-même », avec les accents individualistes qui s’attachent pour nous à cette expression, que de se montrer digne de ses exploits et de sa lignée, et donc conforme à ce qu’il est vraiment ; 2) examiner par quel jeu de déplacements et de transpositions cette formule a pu être traduite par Nietzsche, d’abord, par Heidegger, ensuite, par un « Deviens ce que tu es » dont l’accentuation est toute différente. Cette étude constitue ainsi une apostille à l’archéologie de l’idéal contemporain d’authenticité personnelle que l’auteur a développée dans Être soi-même (Gallimard, 2019).
Parce que cette œuvre importante, méritant de constituer un classique selon nous, demeure assez peu connue du public philosophe francophone1, nous avons tenu à traduire ici un certain nombre d’extraits de l’Autobiographie de John Stuart Mill qui nous ont paru significatifs, en particulier vis-à-vis de la thématique de ce volume : le devenir soi, la formation du caractère, autrement dit la Bildung, idéal humboldtien auquel Mill se réfère ici comme dans plusieurs de ses œuvres, et qui tient chez lui tant à l’éducation si particulière et exigeante qu’il reçut qu’aux événements remarquables qui ponctuèrent sa vie. Nous avons ainsi sélectionné des extraits parmi les plus éloquents à nos yeux, en particulier en ce qui concerne le self-development et son ouvrage De la liberté, dans lequel il déploie ce concept.
Discours inaugural prononcé à l’Université de St Andrews Extraits choisis
De 1865 à 1868, John Stuart Mill exerça deux fonctions institutionnelles majeures : député à la Chambre des Communes pour la circonscription de Westminster – mandat au cours duquel il mit aux voix pour la première fois au Parlement britannique, bien que sans succès, un amendement levant l’interdiction de voter pesant sur les femmes – et « Lord Rector » à l’Université de Saint Andrews, l’une des quatre universités écossaises historiques avec Glasgow, Aberdeen et Édimbourg. Cette fonction de « Recteur », instituée en 1858, est alors moins administrative qu’honorifique et intellectuelle : correspondant au troisième plus haut degré d’autorité d’une université après le Chancelier et le Principal, elle est plus éminemment symbolique dans la mesure où le Recteur est élu par le cortège des étudiants qui placent en sa personne, pour ainsi dire, la mission de représenter leurs aspirations et de les guider dans leur formation. Le Recteur est ainsi réputé orienter l’esprit général de l’enseignement dispensé pendant sa mandature de trois ans, et est notamment chargé de prononcer en ce sens un discours solennel appelé Allocution inaugurale ou Discours inaugural (Inaugural Address). En l’occurrence, ce Discours inaugural à l’Université de Saint Andrews a été prononcé par John Stuart Mill un an et demi après sa prise officielle de fonction, le 1er février 1867. Ce fut l’occasion pour lui d’exposer sa conception de l’éducation et plus particulièrement des fonctions légitimes de l’enseignement universitaire. Selon lui, celui-ci ne doit pas destiner les jeunes gens à un quelconque emploi spécialisé, mais les doter d’une « tournure d’esprit » les disposant à une multiplicité de spécialisations possibles et, surtout, à la compréhension la plus vaste des enjeux de leur temps, lesquels ne peuvent s’appréhender sans la connaissance du passé et la maîtrise fine de la langue et des raisonnements.
Comment construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel
Thierry Jobard
Devenir « soi » n’a jamais semblé aussi impérieux et périlleux en même temps. Dans une société où les institutions comme la famille, l’école et l’Etat ne nous fournissent plus le cadre de références traditionnel, où la concurrence généralisée oblige à se distinguer, et où tout devient marchandise, c’est notre capacité à devenir nous-mêmes qui est entravée.
Les injonctions à être « autonome » ou « authentique » – combinaison néolibérale alimentée par les techniques de management et les diktats du développement personnel – ne servent qu’à masquer de nouvelles formes de dépendance et d’aveuglement. On croit se forger une identité originale, alors qu’on ne fait qu’incorporer de nouvelles normes.
Avec l’installation du virtuel naît également un nouveau rapport à soi. Ce sont nos replis les plus intimes qui sont désormais scrutés et exploités, et cela avec notre assentiment enthousiaste. Au risque d’une nouvelle forme de domination qui clôture le possible et l’imaginaire.
Né en 1973, Thierry Jobard l’auteur de deux essais, Contre le développement personnel et Je crois donc je suis, publiés aux éditions Rue de l’échiquier.
Dire que notre époque est individualiste c’est tout dire et ne rien dire. Œuvrer à son salut dans l’au-delà comme c’était le cas à la fin de l’Antiquité pourrait être perçu comme une affirmation individualiste, tout comme la première signature de son œuvre par un peintre à l’orée de la Renaissance. Le simple fait d’avoir un nom propre ne distingue-t-il pas un individu ? La question est donc moins de décider si individualisme il y a que de savoir quelle forme il revêt.
Si le terme d’individualisme est connoté, proche de l’égoïsme dans le sens commun, c’est qu’il renvoie a contrario à des désirs d’appartenance, à des formes de collectifs tantôt nostalgiques, tantôt utopiques. L’individualisme serait l’opposé de la solidarité. Or si l’individualisme est suspect, être un individu semble aller de soi. Ce n’est pourtant pas le cas puisque la construction de l’individu, la conquête de l’individuation, est le résultat d’un long processus dont le siècle des Lumières aura été un moment clé.
En effet, cette période a été marquée par l’exercice d’une volonté d’émancipation. Émancipation vis-à-vis des oppressions, des sujétions, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles. Sortir de l’état de minorité, oser penser par soi-même, tel était le programme des penseurs du XVIIIe siècle. L’individu apparaît alors comme ce qui existe par soi-même, hors des pesanteurs dogmatiques et traditionnelles, un sujet véritable.
L’individu contemporain se trouve ainsi être le résultat d’expressions et d’ambitions qui entrent en contradiction. D’un côté il entend affirmer son unicité, de l’autre il ne peut se concevoir hors d’une société de semblables. Encore ce rapport entre individu et société évolue-t-il lui aussi selon les époques. C’est notamment de cela qu’il sera question dans les pages qui vont suivre.
Plus précisément, nous verrons à quel point le rapport de l’individu à la société s’est inversé depuis quelques décennies au point de faire naître l’illusion d’une autonomie de celui-là par rapport à celle-ci. Bien des facteurs y contribuent à tous niveaux, fondés sur une conception anthropologique dans laquelle prévaut la surévaluation de la volonté. Nous nous concentrerons sur quelques exemples : le succès du développement personnel, les évolutions du management puis l’usage des réseaux sociaux.
Quoi de commun à tout cela ? Une même torsion, une même déformation des choses et du rapport au réel qu’il faudra élucider. Plus encore, dans chacun de ces domaines, un même schéma est à l’œuvre : l’affichage d’une connaissance de soi, d’une affirmation, d’une libération dont on verra qu’elles se révèlent trompeuses. Cela relève d’une idéologie d’autant plus efficace qu’elle se pare des atours de la vertu. Chaque époque produit ses tartuffes et que peut-on opposer à la bienveillance ?
ÊTRE UN INDIVIDU, ÊTRE UN SUJET, EST AUJOURD’HUI MENACÉ PAR DE NOUVELLES FORMES DE POUVOIR QUI JAMAIS NE SE PRÉSENTENT COMME TELLES.
Alors même que nous semblons avoir accédé à un affranchissement sans précédent, c’est à un détournement de notre intimité que nous assistons, une mise aux normes fourbe et flatteuse. Ce sont nos croyances, nos désirs, nos imaginaires, toute notre économie libidinale qui sont ainsi subvertis, comme nous le démontrerons.
L’individu qui advient, plus avide que jamais d’attestation de soi et de reconnaissance, se trouve pris dans les filets d’une forme de rationalité inédite qui le traverse et vise à le rendre totalement prévisible. Il est également de plus en plus seul.
Ce qui s’est patiemment érigé durant les derniers siècles : être un individu, être un sujet, est aujourd’hui menacé par de nouvelles formes de pouvoir qui jamais ne se présentent comme telles. Il semble bien que l’affirmation du sujet contemporain se mue en sujétion. Et cela avec notre plein assentiment.
EXTRAIT DU CHAPITRE I
I. Fictions et fonctions de l’identité
Connais-toi toi-même ?
Les usages du mot « identité » sont multiples jusqu’à dérouter. Comme souvent, ce qui gagne en extension perd en intention : identité personnelle, identité sociale, identité culturelle, identité collective, identité numérique, identité de genre, voire identité nationale comme il a été tenté, l’énumération pourrait se prolonger. Et ce d’autant plus que réapparaît fréquemment la notion de crise de l’identité ou des identités[1].
Le terme n’est pas récent mais la préoccupation qu’il révèle l’est davantage. En effet, dans une société traditionnelle, une société d’ordres, la place dévolue à chacun est sans discussion ni rémission. Avec les sociétés démocratiques, la question de l’identité, du rapport à son identité, se pose avec une acuité particulière. Au point que sa crise supputée semble devoir être l’état normal même de l’identité. Changeante, mutante, évolutive, ainsi paraît l’identité. N’est-ce pas là son paradoxe car qu’est-ce qui nous définit si ce n’est notre identité ?
C’est là ce qui a tôt suscité la réflexion philosophique. Avec deux définitions liminaires de l’identité. La première est logique, c’est celle du signe « = », l’identité d’une chose avec elle-même, d’un être avec lui-même. Elle permet donc de dénombrer, de distinguer. Raoul d’Andrésy et Arsène Lupin sont par exemple une seule et même personne, la même entité sous deux identités. Autre exemple : « J’ai lu votre bouquin. – Lequel ? – Le dernier, il est nul ! » L’objet est bien identifié, on ne le confond pas avec un autre, même s’il est qualifié d’un adjectif fort peu urbain.
Bien différente est la seconde définition de l’identité, psychologique celle-là. C’est alors le sentiment d’être une personne qui prévaut. Et ce sentiment est fluctuant. L’identité logique est ou n’est pas. L’identité psychologique est plus ou moins. C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations. Elle ne fluctue cependant pas, sauf cas pathologiques extrêmes, au point de faire disparaître la sensation de l’identité. Ce qui la caractérise malgré tout c’est la sensation de durée. Je sais que je suis le même qui a tels parents, tels amis, tels souvenirs, etc. Persévérer dans son être serait le propre de l’identité.
Mais la série des paradoxes n’est pas close pour autant. « Depuis qu’elle a quitté son mari, Laurence n’est plus la même : elle rayonne. » Cette phrase ou une autre équivalente signifie-t-elle que ladite Laurence n’est plus Laurence ? Non, on le reconnaît, et c’est par une forme d’abus de langage qu’on la qualifie d’autre qu’elle-même, autre qu’elle habituellement. Pourtant, on peut tout à fait envisager que certains événements, certains accidents, puissent modifier réellement la personnalité de quelqu’un, et donc altérer son identité. On pourrait donc penser l’identité comme une sorte de socle sur lequel se grefferaient un certain nombre de traits de caractère évolutifs.
Autrement dit une substance (ce qui se tient dessous, comme le sujet, sub-jectum) qui possèderait un nombre indéfini d’attributs. La substance perdurerait bien tout en laissant évoluer librement les attributs : changements professionnels, taille plus ou moins svelte, caractère plus ou moins serein… D’ailleurs, si le monde n’était constitué de substances, si l’impermanence était de mise, la vie serait tout bonnement impossible. Permanence et changement sont également possibles avec la conception de l’identité comme substance.
Cela étant, ce modèle omet la dimension intérieure de l’identité, soit la conscience que nous en avons. Par là se poseront deux questions : Qui suis-je ? Et qui suis-je quand je suis moi ? Admettons qu’ici l’affaire se complique. D’autant que certains philosophes ont semé le doute. Hume écrit ainsi : « Pour ma part, quand j’entre le plus intimement en ce que j’appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre, sur la chaleur ou le froid, la lumière ou l’ombre, l’amour ou la haine, la douleur ou le plaisir. Je ne peux à aucun moment m’apercevoir moi-même sans une perception, et ne peux jamais rien observer sinon la perception[2]. »
Le doute porte alors sur l’idée que nous avons de notre identité. Sommes-nous en mesure de formuler une idée claire de qui nous sommes ou bien ne fait-on qu’exprimer une croyance – la plus ancrée – pratique et rassurante, en l’unité de nous-même ? « Nous n’avons aucune idée du moi », renchérit Hume. C’est sur le sentiment, voire un ensemble de sentiments, de sensations, que repose la conscience d’être nous-même. Être le ou la même, c’est-à-dire celui ou celle qui perdure et qu’on reconnaît a posteriori n’est pas être moi-même.
Certains sociologues ont émis le même doute sur ce moi substance, tel Erving Goffman : « Ce que nous y glanons renvoie certes à un soi au-delà de la situation, mais un soi qui fluctue à chaque nouvelle situation[3]. » Fils ou fille, père ou mère, employé-e-s, passionné-e-s de chimie organique… nous sommes différents en chacune de nos occurrences, en chacun de nos rôles. Quel support commun à cela si ce n’est notre nom, pure convention, ou notre corps, qui lui aussi peut changer ?
Plus récemment, Vincent Descombes a démontré à la suite de quel glissement sémantique on était passé d’une forme grammaticale à une substance, d’une conscience de soi à une conscience du Soi. « La première personne serait une convention linguistique, une fiction de langage. On laisserait les gens dire Moi parce que c’est commode. Mais, en réalité, quelqu’un qui dit « Moi » ne dit rien, puisqu’il ne nomme rien, que rien ne s’est présenté à lui comme son Moi[4]. »
Artifice, convention, voire mythe5, la conception du sens commun de l’identité comme essence stable et transparente à soi se pose ainsi faussement en évidence. Mais tout concourt à cela. Les papiers d’identité, cette même identité qu’on doit décliner, l’identification requise en permanence ne peuvent que solidifier une conception substantialiste de l’identité.
Il est d’ailleurs piquant de constater que le développement personnel, jamais avare de critiques envers le « cerveau cartésien », présenté comme rationnel, analytique et pour tout dire assez peu fantaisiste (auquel s’opposeraient la souplesse, la créativité et l’empathie d’on ne sait quel autre cerveau), se fonde justement sur un moi substance, la res cogitans de Descartes, le moi « authentique » qu’il s’agit de faire s’épanouir. Moi qui serait entravé par de mauvaises habitudes, de mauvaises influences, la répétition de scénarios de vie tout autant que par une autolimitation. Face à cela, le moi du développement personnel entend, par une décision souveraine, une volonté constante, libérer sa vraie nature. Celle-ci est supposée fondamentalement bonne, juste, aimable, simplement empêchée de s’exprimer par des pensées « limitantes », « incapacitantes ». Au regard des derniers millénaires de l’histoire humaine, on peut être sceptique quant à la bonté naturelle de l’Homme. Ce serait une grave méprise puisque, ainsi que nous l’enseigne le développement personnel, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises choses mais simplement des représentations positives ou négatives.
De la même façon, lorsque le développement personnel oppose le Moi « véritable » à la société, en tant que règne des masques, de la dissimulation et des faux-semblants, il fait preuve d’une naïveté touchante, ignorant qu’il est des fondements mêmes de la vie sociale : « nous sommes faits d’une pluralité de soi qui correspondent à une pluralité de réponses sociales (…). Une personnalité multiple est donc, en un sens, normale, » écrivait George Herbert Mead6 en 1934. C’est que le développement personnel ne voit le soi que comme détaché de ses conditions sociohistoriques, de ses appartenances concrètes. Ce qui le conduit à jongler niaisement avec les anachronismes comme le bien connu : « Connais-toi toi-même ? Mais c’était déjà du développement personnel ! » Il confond ainsi l’injonction à trouver sa place dans un univers ordonné, à s’élever vers une raison impersonnelle – ambition des Grecs – avec l’introspection utilitaire actuelle.
On pourrait distinguer pour l’analyse deux plans historiques. Le premier, « intérieur », biographique, de l’histoire personnelle. Le second, « extérieur », de l’Histoire. Mais ce serait méconnaître le fait que nous sommes, sans en avoir toujours conscience, tramés par le monde sociohistorique qui nous modèle de part en part : nous sommes toutes et tous, rappelons-le, filles et fils de notre temps. L’une des causes des errances actuelles réside dans cet oubli ou cette occultation de notre intimité sociale, persuadés que nous sommes du solipsisme de notre construction.
Sois toi-même
(…)
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[1] Claude Dubar, La Crise des identités, PUF, 2007, 4è édition.
[2] David Hume, Traité de la nature humaine, Granier-Flammarion, 1995.
[3] Erving Goffman, Les Cadres de l’expérience, Minuit, 1991.
[4] Vincent Descombes, Exercices d’humanité, Dialogue avec Philippe de Lara, Les Petits Platon, 2013
Pour lire la suite procurez-vous ce livre auprès de votre libraire préféré
Né en 1973, Thierry Jobard est responsable du rayon Sciences humaines d’une grande librairie à Strasbourg, ce qui le met dans une position particulièrement privilégiée pour observer la croissance vertigineuse des livres consacrés au développement personnel.
Contre le développement personnel : authentique et toc
Essai critique dans lequel l’auteur, libraire spécialisé dans les sciences humaines, met en cause la multiplication des livres de développement personnel et l’idéologie politique dont ils seraient le vecteur. Ces discours correspondraient à un modèle de société fondé sur la performance permanente et sur un délitement des liens en véhiculant une image déformée de l’individu et du monde du travail.
Je crois donc je suis : le grand bazar des croyances contemporain
Observant un engouement massif pour l’ésotérisme depuis une dizaine d’années, l’auteur analyse cette nouvelle mode, interrogeant ce qu’elle dit du rapport à la science, à la connaissance et à la vérité ainsi que les dérives possibles de ces nouvelles croyances, comme le complotisme et le sectarisme.
Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel
Thierry Jobard
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois œuvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL.
Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Thierry Jobard s’affiche sur le réseau d’affaire LinkedIn à titre de « spécialiste sciences humaines », « Essayiste – Philosophie, histoire, stratégie, sociologie: passionné par ces domaines et à l’affût des nouveaux outils pour comprendre le monde qui vient. »
Il détient un Master 2 en philosophie de l’Université Paris-Sorbonne (1995-1998), une Maîtrise en philosophie de l’Université de Besançon (1994-1995), une Licence en philosophie de l’Université de Besançon (1993-1994), une Licence en histoire de l’Université de Besançon (1993 -1994) et un Master 2 (M2) en Gestion des ressources humaines / administration du personnel, général de l’École de Management Strasbourg (2003-2004). De plus, il est de plus diplômé de Classes Préparatoire Hypokhâgne/Khâgne en Histoire/Philosophie/Littérature (1991-1993) (niveau : équivalence Licence). Si nous ajoutons à sa formation, son expérience et ses trois essais philosophiques, nous pouvons le déclarer PHILOSOPHE. Et c’est en lui attribuant personnellement ce statut que j’ai lu son troisième et plus récent essai, CRISE DE SOI.
Il rend son écriture accessible à tous à l’instar des références et des explications qu’il livre aux lecteurs. « Il est des nôtres, du bon peuple », pourrions-nous soutenir en lisant ses essais. Enfin, il nous étonne par sa vision et ses analyses qui nous poussent ainsi à philosopher nous-mêmes, entre autres, sur notre identité dans ce monde d’aujourd’hui. Mais, et c’est tout à son honneur, il ne coupe jamais l’actuel de l’histoire, de notre passé, du passé de l’Homme et de la philosophie. Et c’est exactement ce qu’il fait d’emblée dans son introduction.
INTRODUCTION
Introduction
Dire que notre époque est individualiste c’est tout dire et ne rien dire. Œuvrer à son salut dans l’au-delà comme c’était le cas à la fin de l’Antiquité pourrait être perçu comme une affirmation individualiste, tout comme la première signature de son œuvre par un peintre à l’orée de la Renaissance. Le simple fait d’avoir un nom propre ne distingue-t-il pas un individu ? La question est donc moins de décider si individualisme il y a que de savoir quelle forme il revêt.
Si le terme d’individualisme est connoté, proche de l’égoïsme dans le sens commun, c’est qu’il renvoie a contrario à des désirs d’appartenance, à des formes de collectifs tantôt nostalgiques, tantôt utopiques. L’individualisme serait l’opposé de la solidarité. Or si l’individualisme est suspect, être un individu semble aller de soi. Ce n’est pourtant pas le cas puisque la construction de l’individu, la conquête de l’individuation, est le résultat d’un long processus dont le siècle des Lumières aura été un moment clé.
En effet, cette période a été marquée par l’exercice d’une volonté d’émancipation. Émancipation vis-à-vis des oppressions, des sujétions, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles. Sortir de l’état de minorité, oser penser par soi-même, tel était le programme des penseurs du XVIIIe siècle. L’individu apparaît alors comme ce qui existe par soi-même, hors des pesanteurs dogmatiques et traditionnelles, un sujet véritable.
L’individu contemporain se trouve ainsi être le résultat d’expressions et d’ambitions qui entrent en contradiction. D’un côté il entend affirmer son unicité, de l’autre il ne peut se concevoir hors d’une société de semblables. Encore ce rapport entre individu et société évolue-t-il lui aussi selon les époques. C’est notamment de cela qu’il sera question dans les pages qui vont suivre.
(…)
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Introduction, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 9.
La question est simple : « Qui suis-je ? ». La réponse plus compliquée qu’il nous paraît ou, si vous préférez, plus compliquée qu’on nous le laisse paraître. Tentant de répondre à la question « Qui es-tu ? », nous nous identifions par notre statut familial, culturel, social, économique… Et nous détaillons par notre travail, par nos loisirs, par les traits de notre personnalité, par nos comportements, par nos penchant culturel, par nos expériences et nos connaissances, par nos convictions et nos croyances… Mais nous pourrions aussi répondre : « Je suis ce que la société dans laquelle je vis a fait de moi ». Et pourquoi pas avancer « Je ne suis que poussières d’étoiles » à la suite de Carl Sagan et d’Hubert Reeves ou encore « qu’un petit rien dans le Cosmos ». Plus personne ne me dicte qui je suis. Je suis libre de me définir, de me construire l’identité qui me plaît ou qui plaira. Mais ma liberté demeure sous influence me dit-on. Bref, je suis en crise.
CHAPITRE I – FICTIONS ET FONCTIONS DE L’IDENTITÉ
Connais-toi toi-même ?
Les usages du mot « identité » sont multiples jusqu’à dérouter. Comme souvent, ce qui gagne en extension perd en intention : identité personnelle, identité sociale, identité culturelle, identité collective, identité numérique, identité de genre, voire identité nationale comme il a été tenté, l’énumération pourrait se prolonger. Et ce d’autant plus que réapparaît fréquemment la notion de crise de l’identité ou des identités[1].
Le terme n’est pas récent mais la préoccupation qu’il révèle l’est davantage. En effet, dans une société traditionnelle, une société d’ordres, la place dévolue à chacun est sans discussion ni rémission. Avec les sociétés démocratiques, la question de l’identité, du rapport à son identité, se pose avec une acuité particulière. Au point que sa crise supputée semble devoir être l’état normal même de l’identité. Changeante, mutante, évolutive, ainsi paraît l’identité. N’est-ce pas là son paradoxe car qu’est-ce qui nous définit si ce n’est notre identité ?
C’est là ce qui a tôt suscité la réflexion philosophique. Avec deux définitions liminaires de l’identité. La première est logique, c’est celle du signe « = », l’identité d’une chose avec elle-même, d’un être avec lui-même. Elle permet donc de dénombrer, de distinguer. Raoul d’Andrésy et Arsène Lupin sont par exemple une seule et même personne, la même entité sous deux identités. Autre exemple : « J’ai lu votre bouquin. – Lequel ? – Le dernier, il est nul ! » L’objet est bien identifié, on ne le confond pas avec un autre, même s’il est qualifié d’un adjectif fort peu urbain.
Bien différente est la seconde définition de l’identité, psychologique celle-là. C’est alors le sentiment d’être une personne qui prévaut. Et ce sentiment est fluctuant. L’identité logique est ou n’est pas. L’identité psychologique est plus ou moins. C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations. Elle ne fluctue cependant pas, sauf cas pathologiques extrêmes, au point de faire disparaître la sensation de l’identité. Ce qui la caractérise malgré tout c’est la sensation de durée. Je sais que je suis le même qui a tels parents, tels amis, tels souvenirs, etc. Persévérer dans son être serait le propre de l’identité.
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[1] Claude Dubar, La Crise des identités, PUF, 2007, 4è édition.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Connais-toi toi-même, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 13-14.
Oui, l’identité psychologique, « C’est bien entendu cette dernière qui suscite toutes les interrogations », y compris en mon esprit qui s’en satisfait de moins en moins. Les fameux et multiples tests de personnalité m’agacent profondément. Ne suis-je qu’une personnalité, qu’un ramassis de traits psychologiques ? Certainement pas, du moins j’en ai l’intuition. J’ai l’impression d’être davantage que ce je laisse percevoir, voire de ce que je perçois de moi.
Il est d’ailleurs piquant de constater que le développement personnel, jamais avare de critiques envers le « cerveau cartésien », présenté comme rationnel, analytique et pour tout dire assez peu fantaisiste (auquel s’opposeraient la souplesse, la créativité et l’empathie d’on ne sait quel autre cerveau), se fonde justement sur un moi substance, la res cogitans de Descartes, le moi « authentique » qu’il s’agit de faire s’épanouir. Moi qui serait entravé par de mauvaises habitudes, de mauvaises influences, la répétition de scénarios de vie tout autant que par une autolimitation. Face à cela, le moi du développement personnel entend, par une décision souveraine, une volonté constante, libérer sa vraie nature. Celle-ci est supposée fondamentalement bonne, juste, aimable, simplement empêchée de s’exprimer par des pensées « limitantes », « incapacitantes ». Au regard des derniers millénaires de l’histoire humaine, on peut être sceptique quant à la bonté naturelle de l’Homme. Ce serait une grave méprise puisque, ainsi que nous l’enseigne le développement personnel, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises choses mais simplement des représentations positives ou négatives.
De la même façon, lorsque le développement personnel oppose le Moi « véritable » à la société, en tant que règne des masques, de la dissimulation et des faux-semblants, il fait preuve d’une naïveté touchante, ignorant qu’il est des fondements mêmes de la vie sociale : « nous sommes faits d’une pluralité de soi qui correspondent à une pluralité de réponses sociales (…). Une personnalité multiple est donc, en un sens, normale, » écrivait George Herbert Mead [6] en 1934. C’est que le développement personnel ne voit le soi que comme détaché de ses conditions sociohistoriques, de ses appartenances concrètes. Ce qui le conduit à jongler niaisement avec les anachronismes comme le bien connu : « Connais-toi toi-même ? Mais c’était déjà du développement personnel ! » Il confond ainsi l’injonction à trouver sa place dans un univers ordonné, à s’élever vers une raison impersonnelle – ambition des Grecs – avec l’introspection utilitaire actuelle.
On pourrait distinguer pour l’analyse deux plans historiques. Le premier, « intérieur », biographique, de l’histoire personnelle. Le second, « extérieur », de l’Histoire. Mais ce serait méconnaître le fait que nous sommes, sans en avoir toujours conscience, tramés par le monde sociohistorique qui nous modèle de part en part : nous sommes toutes et tous, rappelons-le, filles et fils de notre temps. L’une des causes des errances actuelles réside dans cet oubli ou cette occultation de notre intimité sociale, persuadés que nous sommes du solipsisme de notre construction.
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[6] George Herbert Mead, L’Esprit, le soi et la société, PUF, 2009.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Connais-toi toi-même, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 17-19.
Les jeunes journalistes me donnent souvent l’impression que notre monde est né en l’an 2000 car ils ne semblent pas en capacité de remontrer plus loin dans le temps que leur propre année de naissance. Le contexte historique de ce dont ils parlent a disparu, comme si tout était nouveau. Âgé de 67 ans, je sais maintenant pourquoi les adultes de mon adolescences et mes professeurs au collège soutenaient que l’histoire de répète car je le constate moi-même. Il y a dans l’évolution des trous comme des retours en arrière. Évidemment, le contexte diffère mais la répétition demeure.
Je constate aussi qu’il y a des personnes qui, à 20 ans d’âge, sont toujours les mêmes à 60 ans d’âge, conservant la même conscience de soi et du monde. Elles sont enfermées aujourd’hui en elles-mêmes comme elles l’étaient à 20 ans d’âge. Est-ce là ce qu’on appelle un problème de rigidité des présupposés, des préjugées ou de solipsisme ? Je sais pas. Toujours est-il qu’à l’âge de 20 ans, je pourrais reconnaître celui ou celle qui ne changerait que très peu au cours de leur vie, certain d’avoir raison pour la vie. C’est une impression et je ne l’aborde pas au pied de la lettre mais…
Sois toi-même !
L’injonction à « être soi-même », emblématique du développement personnel, moyennant l’application de techniques de calibrage de masse (donc si peu personnelle) soulève ainsi des difficultés bien plus exigeantes qu’un simple déblaiement des « pensées incapacitantes », même entretenu sur le long terme. D’autant qu’il faut oser : « Oser être soi-même », combien de fois ne lit-on pas l’expression dans le champ du développement personnel : oser être soi, oser être authentique, oser la bienveillance… On se targue de beaucoup oser dans le développement personnel. Tant d’audace dans la vétille pourrait prêter à sourire si cela ne traduisait la difficulté réelle de la tâche pour un certain nombre de nos contemporains.
Mais comment être soi-même simplement en l’étant, en étant ? Que pourrais-je bien être sinon moi-même ? Les rôles sociaux endossés, les fluctuations du sentiment et ce dont j’hérite sans le choisir n’impliquent pas l’existence d’un faux être à côté du « vrai ». Mais pour ce qui est d’un moi atteint, capté, aliéné par de puissants mécanismes de contrôle, il en va tout autrement. C’est bien tout l’objet de ce livre.
Parler d’injonction à être soi-même est typique de notre époque. Elle prend place dans ce que certains ont pu qualifier de « mutation anthropologique [7] ». Expression de poids s’il en est.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Sois-toi-même !, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 19-20.
P.S. : Le lien hypertexte de la note # 7 est de nous.
Être soi-même en disant ce que je pense et en faisant ce que je dis ne me rejoignait pas au début de mon adolescence. Cette chanson a pris tout son sens lorsque j’ai constaté que les gens et monde qu’on m’avait annoncé ne tenaient pas ses promesses. Mais je n’en ai pas fait une maladie. C’était comme ça. Et je n’allais pas changé cela. Un fardeau trop lourd pour mes frêles épaules d’adolescent et même de jeune adulte.
La libération de la parole acquise de l’emprisonnement de la religion et de ses institutions lors de la Révolution tranquille au Québec dans les années 1960, ne s’est pas accompagnée d’une nouvelle conscience. On combattait les dogmes religieux avec de nouveaux dogmes imposés par l’État et quelques gourous. La libération de la parole n’a pas donné lieu à une multitude de libres penseurs. Si j’avais dit à mes parents « Soyez vous-même », ils m’auraient regardé de travers. Du coup, je ne me disais pas qu’il me fallait « être moi-même »; j’étais ce que j’étais, sans me questionner. Après tout, j’étais trop occupé à vivre mon adolescence au jour le jour et au fil de mes projets pour me préoccuper d’être moi-même. J’étais sans la conscience d’être.
Car si le « toi-même » est, on l’a vu, problématique, le « sois » impératif ne l’est pas moins. Mot d’ordre sinon ordre tout court, il ouvre sur un travail sur soi, voire un travail de soi. Rien de simple ici puisque se connaître soi-même est un chemin semé de chausse-trappes (on s’illusionne, on refoule, on se sur ou sous-estime, on est pris dans des biais cognitifs, etc.), être soi-même l’est tout autant. Suis-je vraiment moi-même lorsque je m’examine et me surveille ? Ne le serais-je pas davantage, paradoxalement, dans l’oubli de moi-même, en action et, pour ainsi dire, naturellement (pour peu que le terme ait un sens) ? On aurait la confirmation du nécessaire « lâcher-prise » que prise sans surprise le développement personnel.
Claude Romano a produit une vaste synthèse retraçant la généalogie des deux idéaux de naturel et d’authenticité [8]. Il note que le naturel ne saurait relever de la volonté et que, caractéristique de la conduite ou disposition intérieure, il relève d’une « liberté insoucieuse d’elle-même ». Ce qui s’oppose en tout point à l’injonction contemporaine qui, elle, suppose un contrôle et une surveillance de soi-même. L’authenticité, quant à elle, a pour source l’ipséité, la manière d’être en conformité avec soi-même, et implique un contrôle de soi. C’est ce contrôle qui a pris une forme obsessionnelle aujourd’hui.
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[8] Claude Romano, Être soi-même, Folio essai Inédit, 2019.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre I. Fictions et fonctions de l’identité, Sous-titre Sois-toi-même !, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 20-21.
Si le développement personnel encourage le « lâcher-prise », c’est pour mieux « agripper » leurs clients dans leur chute par la suite.
Et si le contrôle de soi « a pris une forme obsessionnelle aujourd’hui », j’observe tout autant une « perte de contrôle de soi » voire l’absence de tout contrôle de soi. Bon nombre d’humains se laissent vivre, sans plus, et sont encore et toujours la proie de leurs passions, de leurs émotions. Pour en arriver à l’idée d’un contrôle de soi, il faut en amont une prise de conscience de son Étant — de son Être —, de son conditionnement et de sa (possible) liberté de conscience. Cette prise de conscience devra porter à la fois sur soi et sur la société dans laquelle l’individu vit.
CHAPITRE II. DEVENIR SUJET EN SOCIÉTÉ NÉOLIBÉRALE
(…) Autrement dit, les mutations de la société modifient la structure de la personnalité. Il (Norbert Elias) précise : « Les possibilités entre lesquelles l’homme peut ainsi choisir, ce n’est pas lui qui les crée. Elles sont données, définies par la structure spécifique de la société et la nature particulière des fonctions qu’il exerce à l’intérieur de cette société [41].
Mais le processus de civilisation n’est pas irréversible ni exclusif de mouvements de décivilisation. Et, comme nous l’avons vu, l’individu a désormais pris le pas sur la société. Comme l’écrit Marcel Gauchet : « L’individu contemporain aurait en propre d’être le premier individu à vivre en ignorant qu’il vit en société, le premier individu à pouvoir se permettre, de par l’évolution même de la société, d’ignorer qu’il est en société [42]. »(…)
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[41] Norbert Elias, La Société des individus, Fayard, 1991.
[42] Marcel Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine. Un nouvel âge de la personnalité », Le débat, Nº 99, mars-avril 1998.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre II. Devenir sujet en société néolibérale, Sous-titre Le sujet au travail, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 65.
Si l’individu a pris le pas sur la société, je comprends que l’individu se donne davantage d’importance qu’il en accorde à la société dans laquelle il vit. Ainsi, il a peu ou pas conscience de l’influence de la société sur lui-même. Il n’a pas idée que son identité est avant tout sociale, ce qui l’entraîne dans un désengagement envers la société sans laquelle il ne pourrait pourtant pas être. Toute la question de la solidarité se pose alors en urgence, tant pour nous-mêmes que pour notre société voire l’ensemble des Hommes. Est-ce que cette situation provoque une « crise de soi » ? Est-ce que le « Je suis seul au monde » demeure encore possible dans de telles circonstances sociales ? Une question plus dérangeante se pose : « Qu’est-ce que la solidarité envers la société m’apporte ? »
CHAPITRE III. DU SUJET NUMÉRIQUE
Le nouveau régime attentionnel
Devenir un individu, s’individualiser, est un processus. Il est à la fois psychique (le Je, le Moi), collectif (la société, l’autre) et technologique. Jusqu’à présent nous avons traité des deux premiers éléments, il faut maintenant s’intéresser au troisième qui est souvent délaissé. Il l’est car on minimise l’impact de la technologie sur nous, soit qu’on la ravale au rang de simple outil (qui serait neutre en soi et dont il suffirait de réguler l’utilisation pour se prémunir de ses effets délétères), soit qu’on manque de recul et de l’information nécessaire à son appréhension. Cela d’autant plus que l’évolution, voire la révolution, a été extrêmement rapide pour ce qui est du numérique. (…)
(…)
Sans verser dans l’exagération ni dans l’adoration, il importe de tenter de cerner les effets du numérique nos existences et nos subjectivités. Plus largement, prendre la mesure des modification de notre façon d’être et de penser en régime numérique. Comme l’écrit Stéphane Vial : « les dispositifs techniques sont – ont toujours été – des machines philosophiques, c’est-à-dire des conditions de possibilité du réel, ou mieux des générateurs de réalité [50]. »
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[50] Stéphane Vial, L’Être et l’Écran, PUF, collection Quadrige, 2017.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Le nouveau régime attentionnel, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 73.
Personnellement, je ne suis pas dépendant des écrans. Je travaille à l’ordinateur comme si je travaillais toujours à la machine à écrire. J’effectue des recherches sur le web dans le confort de mon foyer, contrairement à mes années passées où je me rendais dans les bibliothèques et les centres de documentation et d’archives. J’alimente mes sites web comme je concevais des documents à l’ère du papier. Je considère mon téléphone cellulaire comme un téléphone d’urgence uniquement. Je suis actif sur un seul réseau social public. Les membres de ma famille proche forment un groupe privé pour échanger entre nous uniquement. Bref, la technologie numérique demeure pour moi un outil mais je ne la considère pas comme étant neutre. Elle a changé, par exemple, ma façon d’écrire. Aussi, la technologie s’inscrit en ligne directe dans ma solitude chérie. Elle a simplifié pour ne pas dire révolutionné mon travail à partir de la maison à titre d’entrepreneur indépendant. À ce titre, elle a amplifié ma sédentarité. Dois-je admettre que ce régime numérique a changé ma « façon d’être et de penser » ? Une chose est certaine, ce régime numérique a changé mon travail professionnel en me fournissant des outils pour concrétiser de nouvelles opportunités (par exemple, la création d’une maison d’édition en ligne – Fondation littéraire Fleur de Lys). Bref, oui, ce régime numérique a amplifié certains traits de ma façon d’être car je suis plus sédentaire et solitaire. Quand à l’influence de ce régime numérique sur ma façon de penser, je ne perçois pas de changements majeurs dans mon traitement de l’information même si cette dernière est plus abondante que jamais. Mes valeurs demeurent les mêmes. Enfin, je suis encore et toujours réticent à accorder une place à la technologie dans ma vie personnelle.
L’impact le plus visible de ce régime numérique se laisse observer dans le comportement des dépendants au téléphone cellulaire. Tête penchée vers le bas, face contre terre, les yeux rivés sur le téléphone cellulaire tenu dans la main avec le bras en angle droit,…
De la griffe de texte au cou technologique : Comment la technologie affecte notre corps Écrit par TollFreeForwarding.com | 18 octobre 2021 | 1:23 pm
TRADUCTION – EXTRAIT (DeepL Traducteur)
La technologie a révolutionné notre façon de faire des affaires. Qu’il s’agisse de l’accès instantané à des connaissances infinies grâce à un appareil dans notre poche ou de la possibilité pour les entreprises de se développer sur de nouveaux marchés dans le monde entier (comme le Canada, l’Australie et l’Irlande) grâce à un numéro de téléphone virtuel, l’impact de la technologie est sans limite, et cette tendance ne semble pas près de s’arrêter.
Si cette évolution a été bénéfique pour la création d’emplois, la productivité et l’acquisition de nouvelles compétences, de plus en plus d’éléments mettent en évidence les effets négatifs de la technologie sur notre corps. Pour prendre pleinement conscience de l’impact de la technologie quotidienne sur nous, nous nous sommes appuyés sur des recherches scientifiques et des avis d’experts sur le sujet, avant de travailler avec un concepteur 3D pour créer un futur humain dont le corps a physiquement changé en raison de l’utilisation constante de smartphones, d’ordinateurs portables et d’autres technologies.
Mindy pourrait-elle être l’homme de l’an 3000 et au-delà ?
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ORIGINAL EN ANGLAIS – EXTRAIT
From Text Claw to Tech Neck: How Technology Affects Our Bodies
Written by TollFreeForwarding.com | October 18, 2021
Technology has revolutionized the way we do business. Whether it’s the instant access to infinite knowledge through a device in our pocket, or the ability for businesses to expand into new markets all over the world (like Canada, Australia, and Ireland) with a virtual phone number, the scope of technology’s impact is limitless, and this trend shows no sign of letting up.
While this has been great for job creation, productivity, and learning new skills, there is a growing body of evidence that uncovers the negative effects technology can have on our bodies. To fully realize the impact everyday tech has on us, we sourced scientific research and expert opinion on the subject, before working with a 3D designer to create a future human whose body has physically changed due to consistent use of smartphones, laptops, and other tech.
Comportement aussi frappant de ce régime numérique, à table au restaurant, des amis(es) sont tous sur leur téléphone cellulaire et ne se parlent pas. Il en va de même pour des couples où l’un est sur son téléphone cellulaire tandis que l’autre le regarde sans parler. Un piéton traverse un boulevard, tête baissée, les yeux rivés sur son téléphone cellulaire, sans égard à la circulation automobile.
(…) On insistera cependant sur les adolescents et ce pour plusieurs raison. Celles, assez évidentes, de l’usage intense qu’ils ont des réseaux sociaux et de la période délicate de la vie qu’ils traversent. Celle, moins évidente, de leur désignation comme cible privilégiée par les industries numériques. La combinaison de ces facteurs produit un puissant effet cumulatif. Du reste, l’adolescence est l’un des moments clés dans le processus de subjectivation, susceptible qu’est de donner lieu à des comportements excessifs dans les réponses à la question : qui suis-je ?
Savoir qui l’on est suppose de savoir qui on n’est pas. Et l’on n’est surtout pas comme ses parents dont on s’éloigne (mais pas trop non plus) comme de contre-modèles à l’opposé de ce qu’on veut être. Les réseaux sociaux constituent dans cette perspective un excellent adjuvant. Se retrouver entre pairs, être libre de parler de ce dont on a envie sans restriction, créer de nouveaux liens, se sentir moins seul et mieux compris (« On est les mêmes »), autant de bénéfices à se relier en ligne. Ce qui n’est que la poursuite d’une socialisation classique selon d’autres moyens. On cherchera auprès de ses semblables la valisation de ce qu’on est, la conformité de sa personnalité, principalement par les commentaires postés, scrutés à la loupe.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre L’être des réseaux sociaux, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, pp. 85-86.
Et si je constate que je ne suis pas comme les autres dans ma socialisation, classique et/ou numérique, que passe-t-il ? Et si j’accepte d’être différent au point d’en être fier ? Et si je ne cherche pas des relations avec des êtres paraissant semblables à moi mais plutôt des êtres complémentaires à moi pour favoriser l’entraide ? C’est dans l’aide à autrui que je trouve mon bonheur. Et si ma solitude ne me pèse pas mais que je la chérie parce qu’elle libère ma créativité tout autant que ma conscience ?
(…) Comme le résume Fabienne Martin-Juchat : « Les applications développées depuis plus de 25 ans par les auteurs du numérique ont contribué à un processus de dépossession progressive de la productivité intellectuelle par captation affective [63]. »
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[63] Fabienne Martin-Juchat, Dépendances affectives au numérique. La productivité en question, in Martin-Juchat et Staii (sous la direction de), L’industrialisation des émotions. Vers une radicalisation de la modernité ?, L’Harmattan, 2016.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre L’être des réseaux sociaux, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 93.
Dans le domaine de l’attention, il faut d’abord ATTIRER l’attention, ensuite RETENIR l’attention et, ceci fait, on peut alors COMMUNIQUER avec la personne. Capter l’attention est donc une chose, la retenir en est une autre et il en va de même avec la communication une fois l’attention attirée et retenue.
Au départ, on attire l’attention avec stimulus sensoriel. Ce dernier doit posséder une visibilité et une lisibilité qui stimulera un ou des sens pour motiver la personne à y accorder de l’attention. Puisque nous sommes soumis à une multitude de stimili et que nous ne disposons du temps utile pour nous arrêter à chacun d’eux, l’oeil s’arrêtera qu’aux stimuli les plus visibles pour lui par une réaction involontaire. Le plus visible repéré, il sera alors question de lisibilité, toujours dans le cadre d’une réaction involontaire de l’oeil. Ce dernier se concentrera sur le plus lisible d’entre tous les stimuli. En marketing des biens de consommation, on mise sur différents stimuli : la/les couleurs, les illustrations et autres composantes graphiques, la forme et les dimensions de l’emballage ou du produit et la lisibilité de chacun des éléments des composantes textuels tels que le nom générique, le nom ou le logotype de la marque, la typographie… et dans le contexte réel de l’exposition du produit en compétition avec plusieurs autres dans sa catégorie en magasin.
Capter l’attention revient donc à un pouvoir émotionnel d’après des réactions involontaires sensorielles. Les émotions se mettent en branle bien avant le travail intellectuel. La dépendance à un stimulus sera donc d’abord émotionnelle. Et plus cette dépendance draine d’énergie, plus la productivité intellectuelle ne se déploiera avec une énergie réduite. En fin de compte, la productivité sera davantage émotionnelle qu’intellectuelle; raisonnable uniquement en apparence.
Voilà où nous conduit la dépendance maladive aux téléphones cellulaires et aux réseaux sociaux.
(…) Des études récentes ont ainsi mis en évidence l’habitude prise par les adolescents de constituer des « dossiers », se faisant les esprions de leurs propres amis [66]. Surveillance des autres, surveillance de soi, puisque chaque manifestation en ligne peut rapidement se retourner contre son auteur ou son autrice.
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[66] Sophie Jehel, L’adolescence au coeur de l’économie numérique, INA, 2022.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Assujettissement, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 95.
Si l’activité d’espionnage de ses propres “amis(es)” et de ses “ennemis(es)”, de leurs profils et de leurs publications sur les réseaux sociaux relève du principe de précaution, fourbir ses armes en cas d’attaque, on notera ici une certaine productivité intellectuelle… anxiogène ou motivée par la peur.
De là à postuler une forme schizophrénie ou de fuite dans le virtuel, il n’y a qu’un pas. Ce qui repose sur une conception du virtuel comme un monde parallèle opposé au monde réel. Or, philosophiquement, le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel. La notion est introduite dès le XIIè siècle et son sens varie selon les auteurs. Mais pour l’essentiel, le virtuel est une potentialité avant de devenir, au cours de la seconde moitié du XXè siècle, une réalité effective. La mémoire virtuelle d’un ordinateur existe réellement, la réalité virtuelle, soit qu’elle entende imiter au plus près la réalité physique, soit qu’elle s’en éloigne, est réelle. Enfin, l’identité de mon interlocuteur en ligne n’est pas celle annoncée, il n’en demeure pas moins que nos conversations sont réelles. Le numérique n’est donc par une sortie du monde mais un nouveau type de rapport au monde que l’on veut transparent, rapide et fluide de même qu’un nouveau type de rapport à soi-même.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Sous-titre Assujettissement, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 97.
Le philosophe Thierry Jobard dans Crise de soi conclut en nous invitant à l’action : « Notre imaginaire a besoin d’être ensemensé à nouveau. Il ne peut l’être que par regroupements et solidarités » (Conclusion, p. 105), à ce que je comprends, pour nous délivrer des manipulateurs numériques, de notre assujettissement.
(…) Il ne s’agit donc ni de jeter l’opprobe sur le besoin de reconnaissance, ni de déplorer une évolution face à laquelle on s’arc-bouterait en vain.
En revanche, prendre conscience du degré de pénétration du marché dans notre espace le plus intime, comprendre que la marchandisation s’empare de nos affects, que la privatisation intégrale mène à une exploitation totale, mesurer à quel point l’idéologie de la transparence nous rend vulnérables, cesser de voir dans l’optimisation de soi un accomplissement, tels sont les premiers objectifs.
JOBARD, Thierry, Crise de soi — Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Chapitre III. Du sujet numérique, Conclusion, Éditions 10/18, Département d’Univers Poche, Groupe Editis, Paris, 2024, p. 104.
Si évolution il y a, elle n’est certainement pas entièrement respectable puisqu’elle entraîne l’esclavage. Et si il y a un besoin de reconnaissance à satisfaire, il doit déboucher sur des actes de libération.
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J’accorde quatre étoiles sur cinq au livre CRISE DE SOI – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel de Thierry Jobard dans la collection Amorce aux Éditions 10/18 paru en 2024. Je vous en recommande fortement la lecture car il donne à réfléchir sérieusement.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
Texte de présentation sur le site web de l’éditeur
« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger – et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous –, au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre. »
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger — et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous — au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre.
Extrait du Chapitre I
LA HANTISE DE SOI
Nous sommes faits de l’étoffe des songes
Shakespeare, La Tempête
Dans la matinée du 28 janvier 1998, j’ai fait le rêve suivant, que j’ai retranscrit aussitôt après m’être réveillé :
J’explique à un cercle de connaissances (il semble qu’il s’agisse de ce qu’un de mes étudiants appelle irrévérencieusement « le poulailler », c’est-à-dire le petit groupe d’auditeurs d’un certain âge qui suivent mes cours à l’université de Nice) que mon identité officielle est entièrement controuvée, étant le résultat d’une suite bizarre de coïncidences, de méprises, de malentendus et d’erreurs, – un peu comme certains enchaînements de gags chez Feydeau, Buster Keaton ou Jacques Tati : un écart (au normal) en entraîne un deuxième puis un troisième, etc., l’ensemble aboutissant à une situation absurde, totalement incroyable et éloignée de toute réalité vraisemblable. C’est ainsi que mon nom n’est pas mon vrai nom, mon âge mon vrai âge, et ainsi de suite. Je fais remarquer à mon auditoire cette césure curieuse qui fait de nous deux êtres : celui, officiel, des papiers, et celui, réel mais mystérieux, dont aucun document ni d’ailleurs rien d’apparent ne témoigne.
Ce rêve (comme d’ailleurs le sens commun) admet d’emblée et comme allant de soi une différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle) ; distinction que pour ma part j’ai toujours tenue pour douteuse et même spontanément récusée, suivant en cela le sentiment de penseurs tels Montaigne ou David Hume (ce qui illustre, soit dit en passant, le fait bien connu qu’on peut rêver contre la logique, mais aussi contre sa propre pensée). Mon identité peut certes être controuvée, comme il arrive dans mon rêve ; mais c’est alors qu’elle dissimule ma véritable identité sociale, pas un hypothétique substrat qui serait l’identité personnelle. Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. Platon énonçait déjà la même idée, dans le mythe terminal du Gorgias, qui recommande aux juges qui doivent décider du sort post mortem des hommes lors du jugement dernier, d’exiger que ceux-ci se présentent nus devant le tribunal suprême, dépouillés des vêtements assimilés aux oripeaux sociaux qui dissimulent la réalité de leur moi. Idée reprise en France, depuis Napoléon Ier, quoique peut-être dans un autre esprit, lors de l’organisation de la cérémonie du conseil de révision.
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. Je me limiterai, dans la suite de cet écrit, et pour la commodité de la lecture, à l’expression d’identité personnelle, mais je dois avertir que cette expression impliquera toujours les caractères que je viens d’indiquer : vérité, réalité, antériorité à toute reconnaissance sociale, caractère « naturel » et non conventionnel, caractère unique et non composite, contrairement à ce que suggère Montaigne dans un passage des Essais : « Notre fait, ce ne sont que pièces rapportées ».
Je ne suis pas un autre, je ne suis jamais un autre, voilà ce qu’affirme la conscience commune contre la formulation contraire de Rimbaud dans Une saison en enfer (« Je est un autre »). Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. On sait que c’est David Hume qui le premier a mis le doigt sur cette impasse philosophique dans un passage important du Traité de la nature humaine qui devait par la suite tant préoccuper Kant :
« Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment, sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu’il faudrait de plus pour faire de moi un parfait mort. Si quelqu’un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu’il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l’avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui. Tout ce que je peux lui accorder, c’est qu’il peut être dans le vrai aussi bien que moi et que nous différons essentiellement sur ce point. Peut-être peut-il percevoir quelque chose de simple et de certain qu’il appelle lui : et pourtant je suis sûr qu’il n’y a pas en moi de pareil principe.(1) »
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(1) Livre I, 4e partie, section VI. Tr. A. Leroy, Aubier éd.
Clément Rosset est né le 12 octobre 1939 à Carteret (Manche). Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, docteur ès lettres, il a enseigné pendant 30 ans la philosophie à l’Université de Nice. Il est mort à Paris le 27 mars 2018.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » :
La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Wow ! Enfin une pensée philosophique originale, décoiffante, étonnante. Le philosophe Clément Rosset traite, non pas de « du problème de l’identité, mais plutôt « du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai souvent rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume » (Avertissement, p. 7). Il approfondit la « différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle » (La hantise de soi, p. 10). Il remet sérieusement en cause cette identité personnelle.
(…) Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 11.
De cette identité personnelle, il dit qu’elle n’est qu’illusion même si elle « apparaît comme le moi vrai et authentique » tandis que le moi (vraiment) « identitaire » est « social » :
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 12.
Qui suis-je finalement ? Je suis moi mais je ne peux me connaître que par mes qualités. Le moi m’est insaisissable, indescriptible, dans son essence.
(…) Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 13.
Le moi, mon moi réel, c’est-à-dire mon identité, n’est pas personnel mais social. Mon identité réelle est donc une construction sociale. Mon moi, si personnel qu’il serait, ne pourrait pas se percevoir. Je ne perçois pas Je. Le philosophe Clément Rosset se réfère à David Hume.
Le sens de l’argument de Hume est qu’il n’y a pas de perception du moi – comme il peut y avoir d’une chaise ou d’une table – mais seulement des perceptions de qualités, ou d’états psychologiques ou somatiques que nous pouvons éprouver à un moment donné ; (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 16.
Il ajoutera plus loin dans son texte « deux arguments » « qui suffisent », « à son avis », « à démontrer la difficulté qu’il y a à se forger une conception un tant soit peu cohérente de l’identité personnelle ».
Tout d’abord, cette identité est un objet invisible car il est impossible de l’observer : les autres ne peuvent percevoir que mon extérieur, et je manque moi de la distanciation minimale qui me permettrait de m’apercevoir. L’introspection, qui signifie littéralement « observation de soi-même », est une contradiction dans les termes : un « je » ne peut se prendre pour sujet d’étude, pas plus qu’une lunette d’approche ne peut se prendre elle-même comme objet d’observation. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 79-80.
Voilà qui est convaincant. Si moi il y a, il est encore et toujours social en raison de l’impossibilité de l’introspection. Je ne peux me connaître que par mon identité sociale.
(…) Je veux dire par là que les renseignements que l’individu humain possède sur lui-même par l’intermédiaire de son identité sociale suffisent amplement à la conduite de sa vie personnelle, tant publique que privée. Je n’ai pas besoin d’en appeler à un sentiment d’identité personnelle pour penser et agir de manière particulière et personnelle, toutes choses qui, si je puis dire, s’accomplissent d’elles-mêmes. Je pense même que le souci ou l’inquiétude qui portent à s’interroger sur sa propre personne et sur ce que celle-ci aurait d’inaliénable joue plutôt un rôle inhibiteur dans l’accomplissement de sa personnalité. Les questions du type « qui suis-je réellement ? » ou « que fais-je exactement ? » ont toujours été un frein tant à l’existence qu’à l’activité. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 85-86.
Le philosophe Clément Rosset citera Proust, à propose de Swann, au tout début de la Recherche du temps perdu :
(…) « Nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres ». Il n’en est pas moins vrai que, du point de vue du moi, cette personnalité sociale reste le plus sûr registre que nous puissions consulter pour nous assurer de la connaissance et de la continuité de ce moi.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 89.
Et cette « pensée des autres » m’implique pas nécessairement un continuum d’échanges interpersonnels la vie durant. La « pensée des autres » peut venir de rencontres fortuites marquantes et de l’écrit. Je le souligne parce que je demeure un solitaire depuis mon enfance, et ce, même je suis devenu aussi mari et père. Mon univers social en personne se limite à mes proches proches et prend de l’expansion dans mes lectures, dans la télévision et le cinéma, tout comme dans les vidéos de conférences. Si les contacts de personne à personne sont essentiels, je m’en tiens à l’essentiel.
Si la croyance en une identité personnelle est inutile à la vie, elle est en revanche indispensable à toute conception morale de la vie, et notamment à la conception morale de la justice, fondée non sur la sanction des faits mais sur l’appréciation des intentions — « intentions » dont on peut remarquer qu’elles constituent une notion aussi vague et impénétrable que celle de l’identité personnelle. C’est pourquoi tout philosophe d’obédience morale a toujours soutenu contre vents et marées, unguibus et rostro, le credo du libre arbitre, c’est-à-dire le dogme d’une identité personnelle responsable non seulement de ses actes — et surtout — des intentions présumées qui en seraient l’origine : tels Kant, Sartre, ou encore Paul Ricœur qui, dans un livre relativement récent, s’est proposé de défendre ce qu’il appelle, de manière délicieusement polysémique, le « maintien de soi » . Ne pas oublier qu’on est une personne responsable, – ne pas oublier non plus de se tenir droit. »
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 90-91.
P.S.: unguibus et rostro = bec et ongles.
Peu importe qui nous sommes, peu importe notre identité sociale, il est de notre devoir, conféré par (notre croyance en) notre identité personnelle, de se réaliser en pensant et en agissant en personnes responsables.
Enfin, je comprends aussi que je ne peux être qu’au monde uniquement en étant une construction du monde social dans lequel je vis. Cela me rappelle mon poème intitulé « Lit » :
Lit
Je suis sur mon lit
Dans ma chambre
De la maison
Sur la terre
Dans l’espace
De l’univers
Qui est infini
Je suis dans l’infini
Un être défini
Qui vit
Et dévie
Devant la mort
De l’immortalité
Je suis pour l’immortalité
Un élément mortel
Qui ressuscite
Sans suite
Pour l’éternel
Je suis dans l’éternel
Un esprit sans corps
Qui pense en rêveur
Dans son lit
* * *
Serge-André Guay, 17 ans.
Vacances de Noël, 1974.
Comme le souligne le philosophe Clément Rosset, des nombreuses études traitent du Moi selon David Hume.
Le moi, le caractère et l’identité personnelle chez David Hume
par
Marie-Hélène Audy, Doctorante en philosophie, Université de Montréal.
Société Philosophique Ithaque – Ithaque ; vol. 6, 2010, p. 95-110.
Université de Montréal. Faculté des arts et des sciences. Département de philosophie
David Hume, dans son Traité sur la nature humaine, utilise deux concepts qui semblent se rapporter à l’identité personnelle d’un individu : le moi (self) et le caractère personnel. Cependant, dans le Traité, il ne traite pas à la fois de l’un et de l’autre : dans le premier livre, « De l’entendement », il s’intéresse au moi, alors que dans les second et troisième livres, « Des passions » et « De la morale » il traite plutôt du caractère. On constate alors qu’il y a une nette différence chez Hume entre ce qui constitue le moi d’un individu et son caractère personnel. Ils ne se définissent absolument pas de la même manière et au final, ils ne se rapportent pas, tous deux, à l’identité personnelle. Le caractère qui permet d’aborder la question de la responsabilité morale d’un individu, ce que le moi ne peut pas faire, constitue la véritable identité d’un individu.
* * *
Dans le premier livre du Traité sur la nature humaine, David Hume tente de déterminer ce qui constitue le moi (self) d’un individu, sans pour autant parvenir à une définition satisfaisante. Le moi qu’il décrit demeure quelque chose d’on ne peut plus incertain, dont on n’a pas « d’impression constante et invariable1 ». Pourtant, dès les premières pages du second livre du Traité, il pose ce moi indéfinissable et douteux comme une réalité effective, sujette à des passions directes ou indirectes. Par la suite, dans cette même partie du Traité une nouvelle notion apparaît : celle du caractère (character) d’un individu. À travers les explications portant sur les passions indirectes d’abord, sur les passions directes et la volonté ensuite, la notion de caractère prend davantage d’importance, alors que la notion du moi disparaît.
Il semble que Hume se sert(?) du caractère personnel à partir du second livre du Traité afin de remplacer le moi, celui-ci étant une notion trop problématique pour ce qui suit dans ses écrits sur la morale2. Le caractère personnel, en effet, contrairement au moi, peut facilement être lié au problème de la responsabilité morale de l’individu3, car lorsque l’on désapprouve ou que l’on approuve moralement les actions d’un homme, c’est son caractère qui est jugé, selon Hume. En accordant davantage de place à la notion de caractère et en rattachant celle-ci au problème de la responsabilité morale, il semble que Hume s’inscrive d’une manière originale dans la suite du débat qui a eu lieu au début du XVIIIème siècle et qui portait sur l’identité personnelle4.
___________________
NOTES
1. David HUME, A Treatise of Human Nature, édit. par David Fate Norton et Mary J. Norton, Oxford, Oxford University Press, 2006 (2000), 1.4.6.2, p. 164.
2. C’est-à-dire le troisième livre de A Treatise of Human Nature et An Enquiry concerning the Principles of Morals.
3. David HUME, An Enquiry concerning Human Understanding, édit. par L. A. Selby-Bigge et P. H. Nidditch, Oxford, Clarendon Press, 1975, p. 80-103 et David HUME, An Enquiry concerning the Principles of Morals, édit. par Tom L. Beauchamp, Oxford, Clarendon Press, 1998.
4. Le débat en question eut pour principaux protagonistes Samuel Clarke et Anthony Collins. Il eut lieu principalement entre 1706 et 1708 et débuta avec une réponse de Clarke à Henry Dodwell sur son écrit au sujet de la question de l’immortalité de l’âme (1706). John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain avait auparavant traité de l’identité personnelle et ses propos eurent par ailleurs eu un impact sur le débat. Enfin, outre l’intérêt suscité chez Hume par ces questions, on retrouve d’autres écrits sur le sujet à la même époque, comme la « Dissertation sur l’identité personnelle » de Joseph Butler en 1736, par exemple. Voir la bibliographie pour des références plus complètes.
Le plus érudit des ouvrages au sujet de notre identité au fil de l’histoire nous est proposé par le philosophe canadien (québécois) Charles Taylor : Les sources du moi, la formation de l’identité moderne.
Il est impossible de saisir toute la richesse et toute la complexité de l’identité moderne sans considérer comment notre conception du moi s’est développée à partir des images anciennes de l’identité humaine. Cet ouvrage tente donc de définir le moi contemporain en en décrivant la genèse. – Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Les Éditions du Boréal, 1998, 712 pages.
Recensement
C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne
Paris : Le Seuil
Barbara Ritz, Revue L’orientation scolaire et professionnelle (O.S.P.).
Charles Taylor est un philosophe canadien qui s’intéresse au concept de l’identité et aux problèmes que posent les questions d’intégration ethnique et culturelle de populations diverses. Il est connu pour être un penseur majeur du multiculturalisme et du communautarisme. Ses positions sont engagées dans des combats qui touchent aux grands phénomènes de société. Taylor théorise et philosophe dans ce sens. Les questions autour de la morale sont à ses yeux, des incontournables et, selon lui, il existerait une diversité de conception de la « vie bonne » dans laquelle il faudrait rendre justice à deux notions : la différence et l’unité. Ses ouvrages principaux sont : le Malaise de la modernité (1994), la Liberté des modernes (1997), les Sources du moi (1998).
Dans les Sources du moi, Charles Taylor se donne pour objectif de définir l’identité moderne et d’en écrire l’histoire. Derrière ce travail, la finalité est toujours pour Taylor de nourrir sa compréhension des problématiques modernes et des nouveaux phénomènes de société. Pour cela, l’auteur choisit de retracer la genèse de notre identité « de » moderne en insistant sur le fait qu’elle nous vient de l’héritage des époques passées et de la longue histoire des idées qui nous a été léguée. Pour Taylor, cette histoire est complexe et riche et elle peut être source de tensions. Elle se lit, se déchiffre et s’analyse à partir des non-dits et des présupposés des courants actuels de la pensée moderne et post-moderne. C’est ce travail d’explicitation et de réflexion qu’il s’est proposé de poursuivre. Sa démarche reste essentiellement analytique et historique. Son entreprise est d’autant plus considérable qu’elle a nécessité un travail d’érudition hors du commun. À ce titre, cette œuvre peut être qualifiée de magistrale.
Selon Taylor, notre identité moderne reposerait sur des idéaux et des interdits qui modèlent notre pensée, notre épistémologie, ainsi que notre philosophie de moderne, sans que nous en ayons conscience. Ces idéaux, développés par les grands courants philosophiques, continuent bien plus que nous ne l’imaginons de façonner notre identité. Selon cet auteur, nous serions les héritiers d’innombrables représentations, très souvent informulées, qui conditionnent fortement notre conception moderne du fait d’être un « agent humain ». Derrière cette expression, Taylor veut souligner les différentes dimensions qui s’y rattachent : le sens de l’intériorité, le sens de la liberté, le sens de l’individualité et le sentiment d’appartenir à la nature.
SOURCE ET LIRE LA SUITE : Barbara Ritz, “C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne”, L’orientation scolaire et professionnelle [Online], 32/1 | 2003, Online since 06 May 2011, connection on 03 October 2024. URL : http://journals.openedition.org/osp/3223 ;DOI : https://doi.org/10.4000/osp.3223
Le philosophe Clément Rosset affirme que Le Moi réel est une construction sociale de l’identité ou, si vous préférez, que seule l’identité sociale existe. Il nous parle aussi de la « croyance en une identité personnelle ». Je retiens ici le mot « croyance ». Je peux croire sans aucune preuve ou sans argumentaire satisfaisant que ce que je crois existe réellement.
Que notre univers social façonne notre Moi réel, j’en conviens aisément. Que je ne puisse reconnaître mon existence que dans le regard de l’auteur, j’en conviens tout aussi facilement. Mais je conteste l’idée que l’identité personnelle n’existe pas ou se limite à une pré-identité de l’identité sociale. Je me reconnais une identité personnelle sous l’influence de mon identité sociale mais l’une et l’autre se distinguent. Mon identité personnelle affiche une différence notable ne serait-ce que par mon « jardin secret », par l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience. J’aimerais plutôt parler d’une identité publique et d’une identité privée. Ce que vous connaissez de moi, c’est ce que je montre en publique, à la société de mes pairs. Ce que je suis en Moi et par moi, c’est ce que je garde pour moi. Évidemment, on parlera de l’authenticité, de l’harmonie entre mon identité personnelle et mon identité sociale.
Et si on parlait d’une seule et même identité, comparable à un arbre, ses racines, son tronc et son houppier. Là où je prends racines, c’est dans le terreau social, à l’abri du regard de l’autre, mais en interaction avec ses racines. Nous sommes dans le même terreau. Mais nos troncs et nos houppiers sont uniques, originales, malgré nos ressemblances en espèce.
Il y a dans cette comparaison un non sens car la partie visible par tous de l’arbre devrait être mon identité personnelle et, mes racines dans le terreau partagé avec les autres arbres, mon identité sociale. Cette identité sociale peut-elle être invisible, cachée du regard de l’autre, tandis que mon identité personnelle serait visible de tous ? Pour soutenir tout de même cette hypothèse, il me faudrait admettre que l’autre ne perçoit finalement que mes différences apparentes. Suis-je ainsi le seul à percevoir et ressentir mes racines sociales ?
Si je me reconnais dans l’autre, c’est par ressemblance d’espèce. Je présuppose alors qu’il y a aussi ressemblance en nos racines, toujours en espèce.
Aussi, j’avance que l’autre ne perçoit jamais mon identité sociale dans toutes ses différences et ses détails. Il a une perception globale ; il me reconnaît comme on reconnaît par référence une chaise droite à ses quatre pattes, son siège et son dossier.
Ah ! Comme l’essai LOIN DE MOI de CLÉMENT ROSSET me donner à penser.
J’accorde cinq étoiles sur cinq
au livre LOIN DE MOI – ÉTUDE SUR L’IDENTITÉ du philosophe CLÉMENT ROSSET paru aux ÉDITIONS DE MINUIT en 1999.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
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