Article # 144 – « la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité ? »

Voici un extrait de l’article-entretien paru sous le titre « «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? » sous la plume de Victoire Lemoigne dans la section « Langue française » du quotidien français LE FIGARO et traitant de l’examen de philosophie de la fin des études secondaires (lycée) en France (BAC philo).


« On privilégie la critique sociale, les sciences humaines » : la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité?

Par Victoire Lemoigne

ENTRETIEN – Technique, économie, vérité… Les sujets du bac de philosophie posent des questions très contemporaines. Le philosophe Michel Boyancé s’interroge sur l’affaiblissement de la vocation première de la discipline.

Michel Boyancé est philosophe, doyen émérite de l’IPC – Facultés libres de philosophie et psychologie.

LE FIGARO. – Les sujets de philosophie au baccalauréat semblent très ancrés dans l’actualité : vérité et réseaux sociaux, avenir de la technique… Ce n’est pas la première fois. Que cela révèle-t-il, selon vous, de l’évolution de la philosophie dans l’enseignement ?

Michel BOYANCÉ. – Une tendance de fond. Dès les années 2000, un projet de réforme avait pour but de supprimer la philosophie en tant que telle, pour la remplacer par une forme prolongée d’éducation civique. Ce projet a été abandonné, car la tradition française de la philosophie comme discipline autonome, à la recherche de principes, est restée très forte. Mais cette spécificité s’efface peu à peu, et la philosophie tend à n’être qu’un relais des sciences humaines et sociales, celles-ci fournissant la matière première, la philosophie étant un prolongement questionnant et conceptualisant.

Lire la suite


La question posée en titre de l’article, « (…) la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? » a retenu mon attention parce qu’elle met le doigt sur une conception erronée de la philosophie pratique. Cette approche suppose que la philosophie pratique ou la philosophie appliquée sur le terrain consiste à commenter l’actualité selon un point de vue philosophique.

C’est le cas au Bac Philo en France selon Michel Boyancé, Docteur en Philosophie, doyen émérite de l’IPC – Facultés libres de philosophie et psychologie, interrogé par la journaliste Victoire Lemoigne  du Figaro. À la question « On assiste donc à une redéfinition de la finalité même de la philosophie ? », Michel Boyancé répond : « Les trois sujets de l’épreuve du baccalauréat général me font penser à cette évolution diffuse de la philosophie comme extension de la réflexion citoyenne. (…) » Ce n’est pas là la finalité de la philosophie que de se faire réflexion citoyenne.

On le constate aussi dans « Le Blogue de philosophie pratique de l’UdS » (Université de Sherbrooke, Québec, Canada). Les titres des textes de ce blogue de l’université de Sherbrooke s’inscrivent dans « cette évolution diffuse de la philosophie comme extension de la réflexion citoyenne. (…) » :

  • Le droit ancestral et le piège de la politique de la reconnaissance au Canada
  • L’écofascisme : un problème politique pour l’écologie
  • Un autre fondement pour la colonialité de l’Être ?
  • Précis de discours raisonné sur l’interdisciplinarité
  • Intelligence artificielle : Comment son usage est une menace pour la démocratie
  • Une philosophie politique pour Dune : de l’élitisme héroïque et ses paradoxes
  • La tutelle épistémique : Quand pouvons-nous contrôler la quête de connaissance de quelqu’un d’autre?
  • Le souvenir reggae
  • Réflexion sur l’Anthropocène et sur la « nostalgie du monde »
  • Bilan carbone de l’UdeS, des émissions indirectes absentes du portrait
  • La tolérance comme un droit au désaccord?
  • Fake news : les comprendre et y faire face
  • Qu’est-ce que la philosophie dans et pour la société?: Réflexions de six philosophes sur l’expertise, le succès et le monde en dehors des murs universitaires
  • Apprendre à apprendre : l’épistémologie du système d’éducation

Que des philosophes ou des étudiants en philosophie se prononcent sur des questions contemporaines ne me dérangent pas mais qu’ils prétendent qu’il s’agit-là de philosophie pratique ne cadre pas avec la conception de cette dernière largement exposée dans les textes publiés dans cette Observatoire de la philothérapie.


« On a perdu la visée principielle, la capacité à penser l’universel à partir du particulier, pour mieux y revenir, et s’engager en toute conscience »

Michel Boyancé dans «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Ce n’est pas l’application de la philosophie à des questions contemporaines qui lui donne un caractère pratique.


Regardons les sujets du bac : « Notre avenir dépend-il de la technique ? » — c’est une question très actuelle, voire médiatique. « La vérité est-elle toujours convaincante ? »— là encore, on reste dans une approche rhétorique, très marquée par les débats contemporains. Cela peut sembler pédagogique, mais cela fait perdre à la philosophie sa démarche propre, celle qui consiste à remonter aux principes premiers, à la recherche inlassable du sens ultime et de la vérité.

Michel Boyancé dans : «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Évidemment, l’examen de philosophie de la fin des études secondaires en France n’est pas un examen de « philosophie pratique » mais de « philosophie ». Mais le recours à des questions contemporaines s’inscrit bel et bien dans l’idée d’une « pratique » de la philosophie, d’une « application » de la philosophie au monde actuel comme une « extension de la réflexion citoyenne ».


Ce glissement est-il lié à une transformation plus large de notre rapport au savoir ?

Cela s’inscrit dans un mouvement postmoderne. À partir des années 1930-1940, on est passé de la toute-puissance de la raison — propre à la modernité — à celle de la liberté individuelle, conçue comme volonté de transformer le monde selon ses désirs. Les modernes, au moins, restaient adossés à une raison structurante. Les postmodernes, eux, ont fait éclater cette structure, souvent légitimement d’ailleurs. La toute-puissance de la raison conduit à un échec.

Par voie de conséquence, aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue.

Par voie de conséquence, aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue. On privilégie les affects, les subjectivités. L’expérience de pensée chère aux modernes devient un simple prolongement de l’expérience psychologique. Et cela modifie profondément l’exercice même de la pensée qui doit s’ancrer dans l’expérience pour mieux la dépasser dans le contact avec les « choses ».

Michel Boyancé dans : «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Nous y voilà : « (…) aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue ». Nous pourrions remplacer « points de vue » par « opinions », cette dernière étant la bête noire de la philosophie à mon humble avis. Il n’y a point de philosophie sans une lutte féroce contre ses opinions. Je l’ai souvent souligné dans mes articles et mes rapports de lecture, notamment :


Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.


Qu’est-ce qu’une pratique philosophique ?

Michel TOZZI, Professeur émérite des universités en sciences de l’éducation (Montpellier 3)

Introduction

On parle aujourd’hui de « pratique philosophique », de « nouvelles pratiques philosophiques », de « praticien philosophe ». Comme si cette notion de pratique allait de soi. Or en philosophie rien ne va de soi ; à commencer par savoir ce qu’est vraiment la philosophie. Il serait donc de saine méthode de « savoir de quoi l’on parle et si ce que l’on en dit est vrai ». Qu’est-ce donc au juste qu’une « pratique philosophique ». Une « pratique », et une pratique « philosophique ».

A) « Pratique » : du grec « praxis », l’action. Il y a dans la pratique de l’activité. Quand la pratique est humaine, elle est consciente, volontaire, et a généralement pour but de modifier concrètement une réalité, une situation. Elle s’oppose ainsi à la théorie (la theoria comme visée contemplative chez Platon). Mais qu’en est-il d’une « pratique théorique », comme la réflexion ? Elle est une activité consciente qui modifie la vision du monde de celui qui s’y adonne, ou de ceux qui s’engagent dans cette pratique (c’est ce qui se passe souvent dans une discussion à visée philosophique).

Pour Aristote, une praxis détermine sa fin en elle-même, et non en se subordonnant à un but extérieur, utilitaire ; sinon on est dans la « poiésis », l’activité fabricatrice. La pratique philosophique, même dans les cas où elle peut être rémunérée, n’est pas faite pour cela (contrairement aux prétentions des sophistes) : elle vaut en elle-même et pour elle-même, dans une fin librement posée, comme dit Sartre.

Une pratique traduit aussi l’exercice habituel d’une certaine activité (la pensée se travaille). Elle est contextualisée, s’exerce toujours en situation (par exemple dans une classe, un café…). Ce n’est pas une action ponctuelle, mais « pratiquée » dans le temps, qui s’entraîne, mature, donne une expérience. Elle est le résultat d’un apprentissage. Elle développe ainsi une habileté particulière qu’Edgar Morin dans La méthode nomme « compétence ». Elle n’est pas une opération isolée : elle vise l’accomplissement d’un projet en tant qu’elle se réfère à un modèle, une norme, un usage, et opère dès lors conformément à des règles ou des principes qui lui donnent une consistance, une cohérence propre. Même dans les cas où elle n’est pas explicitement consciente du déroulement de son processus, elle procède avec une logique interne, lui venant d’un savoir et savoir faire incorporés : elle relève d’un certain habitus (Bourdieu). La pratique philosophique réflexive de celui qui pense (par opposition à la pratique philosophique de celui qui agit, que nous nommons praxéologique – quoique la pensée soit à sa manière une action), est un processus intellectuel stabilisé, qui procède avec méthode (ex : la maïeutique socratique). Le « praticien philosophe », en ce sens, a acquis par l’exercice d’une activité philosophique une certaine façon de penser et d’agir.

Lire la suite et Source : . (Revue internationale de la didactique et des pratiques de la philosophie).


Or, dans les secteurs universitaires, la philosophie se donne des airs de pratique en se reliant à l’éthique et la vie citoyenne. C’est notamment le cas du Centre de recherche en éthique (CRE) au Québec. Les chercheurs « réfléchissent aux questions éthiques soulevées par l’actualité » en se donnant pour objectif « d’enrichir le débat public ». Nous nous retrouvons ici dans les même travers dénoncés par Michel Boyancé dans son entretien avec Le Figaro.


Le CRÉ rassemble des chercheurs préoccupés par les grands enjeux de société. Loin de l’image des savants dans leur tour d’ivoire, ils réfléchissent aux questions éthiques soulevées par l’actualité et interviennent à titre personnel dans les médias en poursuivant l’objectif d’enrichir le débat public.

Cette section est consacrée à la participation des chercheurs du CRÉ aux différents débats publics et vise à relayer les articles ou autres types de documents par lesquels nos chercheurs ont exposé leur point de vue dans les médias. Elle sert également à offrir une tribune aux chercheurs du centre qui voudraient exprimer publiquement leurs réflexions sur l’une ou l’autre des questions éthiques qui préoccupent le grand public et contribuer ainsi à la discussion citoyenne.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).


La philosophie pratique : fondements, enjeux et perspectives

On assiste depuis quelques années à un intérêt grandissant pour la dimension pratique de la philosophie. Il suffit de penser à l’apparition de plusieurs pratiques philosophiques, qu’il s’agisse de l’éthique appliquée, la philosophie pour enfants, les cafés philosophiques, la philosophie en entreprise, la philosophie de terrain ou la consultation philosophique. On a vu également émerger un certain nombre d’ouvrages proposant une conception de la philosophie pratique autour de notions telles que la phronesis ou la réflexivité ainsi que la démonstration de l’importance d’une formation philosophique pour la pratique de professions telles que le droit, la psychologie, la biologie, l’informatique, la gestion, la médecine et la politique, pour ne nommer que celles-là. Cet intérêt s’est également traduit par une augmentation des cheminements universitaires en philosophie pratique ou en philosophie appliquée.

Un examen plus approfondi nous permet d’observer certains enjeux concernant la conception, le rôle et la fonction même de la philosophie en tant que pratique. Par ailleurs, nombre d’ouvrages ou de formations universitaires réduisent la philosophie pratique ou appliquée à l’application de théories à des problèmes ou phénomènes empiriques. Suivant l’héritage kantien, la philosophie pratique est alors conçue comme un ensemble de sous-disciplines telles que la philosophie politique, l’éthique, l’esthétisme et les éthiques féministes, alors que la philosophie appliquée concerne aussi bien l’application de théories développées en philosophie à des problèmes ou des phénomènes empiriques que l’application de recherches et outils développés dans d’autres disciplines afin de comprendre ou de résoudre des problèmes philosophiques. Une telle conception de la distinction entre philosophie pratique et appliquée a été la cible de plusieurs critiques, notamment en raison du rapport unidirectionnel entre la théorie et la pratique qu’elle implique. On lui reproche par ailleurs de donner lieu à l’utilisation hors contexte de théories philosophiques, comme les éthiques normatives ou les métaéthiques, ce qui a pour effet de réduire l’importance des dilemmes et situations morales problématiques vécus par les acteurs, de ne pas prendre suffisamment en compte les exigences concrètes de ces situations et de ne pas favoriser un engagement concret avec le monde. Certains prônent également la nécessité, pour les philosophes, de réaliser des études de terrain, mais force est de constater que peu de ressources existent pour supporter la réalisation de telles recherches.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).

Le Centre de recherche en éthique (CRÉ) regroupe des chercheurs et chercheuses qui abordent les questions éthiques sous divers angles disciplinaires. Notre équipe principale est composée de plus de 77 co-chercheurs et co-chercheuses basés dans plus de 11 universités et collèges de la province de Québec, complétée par 88 collaborateurs et collaboratrices d’ailleurs au Canada ainsi que d’autres régions du monde.

Le CRÉ est issu du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal (CRÉUM), fondé par Daniel Weinstock en 2002. En 2014, le centre a pris de l’expansion pour en faire le centre de recherche interuniversitaire qu’il est aujourd’hui. De 2014 à 2021, le CRÉ a été dirigé par Christine Tappolet ; en janvier 2022, Ryoa Chung et Kristin Voigt sont devenues co-directrices.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).


Bienenstock, M., & Crampe-Casnabet, M. (éds.). (2000). Dans quelle mesure la philosophie est pratique (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.25403

Dans quelle mesure la philosophie est-elle pratique ? Formulée par Hegel dans ses tout premiers cours d’Iéna, au début du XIXe s., la question renvoie d’abord au débat bien connu sur la thèse, classiquement rapportée à Fichte, d’un primat du pratique : lorsque Fichte affirme que « tout est issu de l’agir et de l’agir du moi », revendique-t-il simplement le primat de la loi morale sur la raison théorique ? N’est-ce pas plutôt le rapport de la philosophie à la vie qu’il veut souligner, comme Hegel quelques années plus tard ? C’est le statut même de la philosophie pratique, placée par Fichte au fondement même du savoir, qui est en question dans ces débats.

Ils sont d’une grande actualité : la philosophie pratique contemporaine se cherche en effet des ancêtres, des « pères fondateurs ». L’attention se porte sur Hegel, mais aussi, de plus en plus, sur Fichte, considéré comme l’un des fondateurs de la théorie dite de la « reconnaissance». Aux études de fond traitant de la philosophie pratique dans l’idéalisme allemand s’ajoutent ainsi, dans ce volume, plusieurs études consacrées à la théorie de la reconnaissance, au droit et à l’économie ; ainsi qu’un examen circonstancié des débats contemporains.

Source : Bienenstock, M., & Crampe-Casnabet, M. (éds.). (2000). Dans quelle mesure la philosophie est pratique (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.25403


Nous constatons différentes définitions et différentes approches de la philosophie pratique dans les milieux universitaires où l’on distingue la « philosophie pratique » de la « philosophie appliquée » :

« Suivant l’héritage kantien, la philosophie pratique est alors conçue comme un ensemble de sous-disciplines telles que la philosophie politique, l’éthique, l’esthétisme et les éthiques féministes, alors que la philosophie appliquée concerne aussi bien l’application de théories développées en philosophie à des problèmes ou des phénomènes empiriques que l’application de recherches et outils développés dans d’autres disciplines afin de comprendre ou de résoudre des problèmes philosophiques. » Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).

Évidemment, ces affirmations à l’effet que la philosophie pratique remonte à des philosophes du passé nous force à parler de la « nouvelle philosophie pratique » baptisée « Philosophical praxis » par son initiateur, le philosophe allemand Gerd B. Archenback, au début des années 1980.


Philosophical Praxis – Origin, Relations, and Legacy – Gerd B. Achenbach – Translated by Michael Picard

Gerd B. Achenbach

Philosophical Praxis

Origin, Relations, and Legacy

Translated by Michael Picard, Lexington Books, 2024
Lexington Books

An imprint of The Rowman & Littlefield Punlishing Group, Inc.

2024

Chapitre 1

Réponse brève à la question : qu’est-ce que la Praxis philosophique ?

Il faut créer du nouveau pour voir du nouveau.
— Lichtenberg

J’ai fondé la première Praxis philosophique au monde en 1981, et j’ai forgé ce terme la même année. En 1982, la Société pour la Praxis philosophique fut instituée à Bergisch Gladbach, près de Cologne ; elle devint plus tard l’organisation faîtière internationale de nombreuses sociétés nationales. Voilà pour l’aspect institutionnel. Passons maintenant à la question : en bref, qu’est-ce que la Praxis philosophique ?

Le conseil philosophique de vie qui se pratique dans la Praxis philosophique se présente comme une alternative aux psychothérapies. Il s’adresse à ceux qui, tourmentés par leurs peines ou leurs problèmes, et incapables de « s’accommoder » de leur existence, se retrouvent d’une manière ou d’une autre dans une impasse. La Praxis philosophique concerne ceux qui se débattent avec des questions existentielles qu’ils ne parviennent ni à résoudre ni à écarter, ou encore ceux qui, bien que capables de faire face au quotidien, se sentent « sous-chargés », peut-être parce qu’ils pressentent que leur réalité ne correspond pas à leur potentiel. D’autres encore s’adressent à la Praxis philosophique non pas parce qu’ils se satisfont simplement d’exister ou de se débrouiller tant bien que mal, mais parce qu’ils exigent d’examiner leur vie, d’en voir clairement les contours, l’origine, la raison d’être et la destination.

Leur besoin est souvent simplement de réfléchir aux circonstances uniques, aux enchevêtrements singuliers et au cours souvent étrangement ambigu de nos existences. En résumé, les gens consultent les philosophes praticiens parce qu’ils veulent comprendre et être compris. Ils n’arrivent presque jamais avec la question kantienne : « Que dois-je faire ? », mais plutôt avec celle de Montaigne : « Que fais-je ? » Peut-être, en arrière-plan, opère une intuition qui relève de la plus ancienne sagesse philosophique—à savoir la maxime socratique selon laquelle seule une vie examinée mérite d’être vécue. Celle-ci peut se manifester sous la forme d’une peur diffuse, celle qu’une vie trop « inerte » ne soit en réalité qu’à peine vécue, qu’elle soit en quelque sorte « gaspillée », « abandonnée », « dilapidée »—une vie en train de se défaire elle-même.

Schopenhauer l’exprime ainsi :

La plupart des hommes, lorsqu’ils regardent en arrière à la fin de leur vie, réalisent qu’ils l’ont vécue entièrement à titre provisoire et s’étonnent de voir que ce qu’ils ont laissé passer sans l’apprécier ni en jouir, c’était précisément leur propre existence, cette chose même dont ils avaient toujours attendu l’avènement. Ainsi, en règle générale, le cours de la vie est tel que, dupé par l’espoir, on danse dans les bras de la mort.

Quiconque a éprouvé cette perspective terrifiante peut, par la réflexion philosophique, voir le poids de la vie se transformer en promesse (Verheißung), car l’attitude philosophique envers l’existence est en effet—comme une promesse—une charge respectueuse qui confère à notre existence une gravité, un sens à notre présence ici-bas et une signification à notre présent.

Il y a souvent des circonstances marquantes qui amènent l’invité à prendre la décision de consulter un praticien-philosophe. Ce sont généralement des déceptions, des expériences inattendues, des conflits avec autrui, des coups du sort, des échecs, des désillusions ou encore des résultats de vie qui laissent un sentiment de vide. Dans de telles situations, on suppose — bien que confusément — que la mission de la Praxis philosophique pourrait être celle qu’évoquait Karl Popper avant même que cette pratique n’existe :

Nous avons tous une philosophie, que nous en soyons conscients ou non, et nos philosophies ne valent souvent pas grand-chose. Mais l’impact de nos philosophies sur nos actions et sur nos vies est souvent dévastateur. C’est pourquoi il est nécessaire d’essayer d’améliorer nos philosophies par la critique. Voilà la seule justification que je puisse offrir à l’existence continue de la philosophie.

Si nous voulons être concis ici, nous devons poser la question suivante : comment les philosophes praticiens aident-ils leurs visiteurs ? La façon habituelle de poser cette question est source de confusion : « Quelle méthode suivent les philosophes praticiens ? » Or, il faut parler avec justesse : la philosophie ne travaille pas avec des méthodes, mais tout au plus sur elles. L’obéissance à une méthode est l’apanage des sciences, non de la philosophie. La pensée philosophique ne suit pas des chemins tout tracés ; elle cherche, à chaque fois, la voie juste. Plutôt que de s’appuyer sur des routines intellectuelles toutes faites, elle les sabote pour mieux se clarifier.

Il ne s’agit donc pas de conduire les invités de la Praxis philosophique sur un itinéraire philosophique prédéterminé, mais bien de les aider à avancer sur leur propre chemin. Cela suppose chez le philosophe la capacité d’apprécier autrui sans nécessairement être d’accord avec lui ; en effet, comme le disait Goethe, « ni n’approuver ni condamner ».

La philosophie ne peut être simplement « appliquée », comme si les préoccupations de l’invité pouvaient être « traitées » par une dose de Platon, de Hegel ou de tout autre penseur. Les lectures philosophiques ne sont pas des remèdes à prescrire. Un patient va-t-il voir un médecin pour assister à une conférence médicale ? De même, l’invité de la Praxis philosophique ne doit pas être instruit par le philosophe, encore moins être trompé par des jeux de mots habiles, et certainement pas être servi en théories.

La véritable question est de savoir si le philosophe, à travers ses propres lectures, est devenu sage, compréhensif et attentif, s’il a acquis une sensibilité pour ce qui est habituellement ignoré, et s’il a appris à se sentir chez lui dans les pensées, sentiments et jugements atypiques ou marginaux. Car seul un co-penseur et un sympathisant peut libérer les visiteurs de leur solitude—ou de leur isolement intérieur—et peut-être ainsi les amener à une nouvelle appréciation de leur vie et de leur situation.

Philosophie et psychothérapie : une frontière ?

N’est-ce pas le cas aussi des psychologues et des psychothérapeutes ? Et des pasteurs ? Cette question surgit inévitablement—signe de notre culture encore largement dominée par le paradigme thérapeutique—et interroge la frontière entre la Praxis philosophique et les psychothérapies.

Le psychologue et le psychothérapeute sont des spécialistes, spécialement formés à percevoir le spécifique d’une manière spécialisée, c’est-à-dire les troubles d’origine psychogène ou psychologique. Lorsqu’ils ne sont pas spécialistes, ils sont des dilettantes. Paradoxalement, le philosophe est un spécialiste du non-spécifique, du général et du simple (ainsi que d’une tradition riche de pensée raisonnée), mais aussi du contradictoire et du singulier, avec une attention particulière portée à l’individuel et à l’unique.

En ce sens, le philosophe praticien prend ses visiteurs au sérieux : non pas à travers le prisme d’une théorie (c’est-à-dire non pas par une compréhension schématique), ni comme un simple « cas » illustratif d’une règle, mais en tant qu’individu en soi. Aucune échelle de valeur ne lui est imposée, pas même celle de la santé. La question n’est pas de savoir si l’invité est « normal », mais s’il est fidèle à lui-même—ou, pour paraphraser Nietzsche, s’il est devenu ce qu’il est.

Enfin, la Praxis philosophique ne se limite pas aux consultations individuelles. Elle accompagne également des entreprises, des organisations et des associations dans leur quête de mission, de principes fondateurs et de repères orientants.

Traduction libre de l’anglais au français avec l’aide du logiciel DeepL.

Voir mon Rapport de lecture.


La nouvelle philosophie pratique, en action sur le terrain auprès des individus et des organisations, ne vise donc pas en une « réflexion citoyenne » sur des situations contemporaines mise de l’avant dans l’actualité. Parler de « citoyen » au lieu d’« individu » n’est pas banal. Le citoyen se définit en ces mots par l’Office québécois de la langue français (OQLF) :« Personne reconnue comme membre d’un État et qui, de ce fait, bénéficie de droits et s’acquitte de certains devoirs. » (Voir) Le Robert – Dico en ligne donne cette définition de l’individu : « Être humain, en tant qu’être particulier, différent de tous les autres. » La nouvelle philosophie pratique s’intéresse donc à l’être humain dans toute sa particularité plutôt qu’au citoyen.

Le but de la nouvelle philosophie pratique est de répondre aux questions existentielles posées par un individu soucieux de son bien être (ou en mal d’être) et en quête de la sagesse pour mieux vivre, pour adopter une vie vertueuse.

La question n’apparaît pas toujours comme étant existentielle dès le départ puisque l’individu apporte à son philothérapeute une situation concrète qui affecte son bien être. Il peut s’agir d’un divorce, d’une perte de sens, d’une relation conflictuelle au travail, etc. Le philosophe consultant a pour mission de remonter à la source de la situation et du ou des problèmes qu’elle pose à l’individu.

Soucieux de l’autonomie de son client, la philosophe consultant diagnostiquera la logique des pensées de l’individu, détectera, s’il y a lieu, les erreurs de pensée, les biais cognitifs et autres tournures d’esprit qui l’empêche de bien aborder la situation dans laquelle il se trouve. Bref, le philosophe consultant donnera à son client des outils pour développer son esprit critique en l’accompagnant dans de nouvelles prises de consciences qui l’étonneront, c’est-à-dire qui le conduiront à une « démarche de prise de recul et de remise en question du monde qui l’entoure. »


L’étonnement

Par Joris Thievenaz

Le Télémaque 2016/1 N° 49

Depuis l’Antiquité, la notion d’étonnement est convoquée de façon récurrente pour désigner cette démarche de prise de recul et de remise en question du monde qui nous entoure. En tant qu’initiateur de l’activité réflexive, c’est à travers cette démarche que l’homme éprouve les limites de ses connaissances et s’engage dans une démarche d’acquisition de nouveaux savoirs. Si la question appelle la connaissance, c’est l’étonnement qui appelle la question. C’est à travers ce processus d’ “étrangéification de l’ordinaire” que l’homme a depuis toujours trouvé un moyen de rompre avec les coutumes, de dépasser les croyances et de rompre avec l’immobilisme, la certitude et les allants de soi. Dans le champ de l’éducation, cette notion nous intéresse tout autant, sans doute parce qu’on la lie intuitivement à la vie intellectuelle des individus et aux formes d’innovations qui lui sont corrélées. En effet, en tant que déclencheur de l’activité réflexive, l’étonnement est ce processus à travers lequel le sujet prend soudainement conscience que ce qu’il tenait habituellement pour vrai ou acquis ne fonctionne plus et qu’il doit reconsidérer la situation sous un jour nouveau. C’est un “ouvreur de pensée” qui met l’intelligence en mouvement et qui, par conséquent, se situe aux sources de l’apprentissage.

Lire la suite et Source : Thievenaz, J. (2016). L’étonnement. Le Télémaque, 49(1), 17-29. https://shs.cairn.info/revue-le-telemaque-2016-1-page-17?lang=fr.


D’étonnement en étonnement l’individu acquiert, au fil de sa vie, une ouverture d’esprit de plus en grande pour évoluer dans la sagesse et ainsi maîtriser le bénéfice du doute.

La philosophie et la philosophie pratique en ses différentes déclinaisons peuvent être intellectualisées et s’en tenir ainsi à de simples exercices d’analyse et d’interprétation, un jeu de l’esprit.

Elles peuvent aussi se vivre en conscience au quotidien d’étonnement en étonnement, de nouvelles prises de conscience en nouvelles prises de conscience, de surprises en surprises, de découvertes en découvertes. Pour y parvenir, un esprit ouvert qui ne prend rien pour acquis définitivement, un esprit qui entretien avec le doute une relation complice pour en tirer le bénéfice.

Dans cet optique, le doute n’est déstabilisateur mais bienfaiteur. Il est la pierre angulaire de l’esprit ouvert. Aussi, le doute ne met pas en cause la confiance en soi, cette dernière ne reposant pas sur le fait d’avoir raison. On peut avoir confiance en soi tant et aussi longtemps que l’on doute. Autrement, nous nous retrouvons dans un monde où l’on se donne raison, un monde sans faille qui ne laisse pas entrer la lumière. La faille dont il est question, c’est le doute, c’est lui qui laisse entrer la lumière qui éclaire nos connaissances, nos expériences, nos opinions et nos croyances.


« Si vous avez une meilleure idée que la mienne, pressez-vous à me la donner car je n’ai pas de temps à perdre ! »


Image modifiée – Image originale par Kaspar Lunt de Pixabay

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Lire la suite


Si vous ne basez plus votre valeur et votre confiance en vous sur vos connaissances acquises par vos expériences, vos opinions, vos croyances, sur le fait d’avoir raison, vous trouverez en votre capacité à douter la valeur ultime d’un esprit ouvert capable d’étonnement, d’avancement. Rien n’est certain définitivement. La certitude ne tient que le temps qu’un nouveau doute vienne la remettre en question.

Plus vous tenez à ce que vous pensez, à vos pensées, plus votre attention à votre mode de pensée est à la baisse. Et c’est bel et bien votre mode de penser (le « comment » vous pensez) qui importe le plus plutôt que vos pensées elles-mêmes.

« Un esprit ouvert capable d’étonnement », c’est un esprit qui comprend sur le champ, comme un morceau de casse-tête qui prend sa place. Et cela est rendu possible parce que rien en notre esprit, aucune pensée, aucune opinion, aucune croyance ne sont prises pour acquise et peuvent ainsi être remise en question, se voir éliminer d’un seul coup par une meilleure pensée. Avec un esprit ainsi ouvert tout est en place pour l’étonnement que suscite cette nouvelle compréhension (« Ah ! Là je comprends ! »).

Un étonnement à la demande

Puis-je me mettre en quête d’étonnements ? Oui, d’abord par la lecture, celle qui vous donnera à penser tout autant que l’auteur pense lui-même dans ses écrits. Ensuite à l’oral dans un dialogue, par exemple, lors d’une consultation avec un philosophe consultant, loin du « banal commentaire intellectualisé de l’actualité ».


À VENIR

Lire la suite

La lumière entre par les failles


Voir tous nos articles


Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

dossier-philotherapie-bandeau-750

Article # 78

J’AI LU POUR VOUS

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon

Paris, 2023
EAN : 9782259317597
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 240
Format : 140 x 225 mm

J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.

5-etoiles

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et son auteure.


177198635

c4-la-dictature-des-ressentis-eugenie-bastier


Résumé

(Texte de la quatrième de couverture)

« Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et le témoignage (“moi je”). Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. Cette “dictature des ressentis”, pour ne pas dire du ressentiment, fait prospérer l’idéologie woke : cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter.

Il n’y a plus de vérité universelle et “ma” vérité ne saurait être remise en cause sans me “blesser”. Celui qui crie le plus fort, celui qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. C’est cet étalage des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société. Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ?

Depuis plusieurs années, dans le Figaro, je décrypte les ressorts de cette déconstruction qui affecte notre société. Parce que la critique est aisée mais l’art difficile, je rends aussi hommage à des figures du passé et du présent qui m’aident à mieux comprendre ce qui nous arrive. Ce livre est un recueil de ces chroniques. »

Source : Éditions Plon


SOMMAIRE

Sauver la liberté de pensée

Première partie – Déconstruction, le mal du siècle

  • Tu seras un homme déconstruit, mon fils
  • Le wokisme ou la dictature des ressentis
  • L’émoji de l’homme enceint ou l’alliance du woke et de la Silicon Valley
  • Le progrès est-il une idée morte ?
  • Pourquoi les sociologues sont (presque) tous de gauche
  • Déconstruire les déconstructeurs
  • Dans la tête d’un révolutionnaire trans
  • Une espèce en voie d’extinction : les boomers d’extrême-gauche
  • « Famille, je vous hais ! » : le manifeste geignard et narcissique de Geoffroy de Lagasnerie
  • Bouteldja, prêtresse indigéniste
  • Féminisme, la grande fracture
  • La tentation totalitaire du néo-féminisme
  • Notre culture judéo-chrétienne a inventé le féminisme
  • Théorie du genre à l’école : déconstruire plutôt qu’instruire
  • La McDonaldisation de l’Éducation nationale
  • La société de loisirs, une fabrique à crétins ?
  • Immigration, « le grand renoncement »

Deuxième partie – Les contemporains à contre-courant

  • Ces intellectuels français qui ne reconnaissent plus leur gauche
  • Pierre Nora ou la politesse de l’intelligence
  • Sylviane Agacinski ou le souci du mot juste
  • Michel Houellebecq est-il réac ?
  • Hubert Védrine, un réaliste aux pays des droits de l’homme
  • Jérôme Fourquet, ethnologue de la France d’après
  • Pierre Manent ou l’esprit de finesse
  • Michel Houellebecq-Michel Onfray : conversation au bord de l’abîme
  • Gaspard Proust, hussard Karamazov
  • Alain Finkielkraut, le réac imaginaire

Troisième partie – Écrivains d’hier, remèdes d’aujourd’hui

  • Trois raisons de lire Montaigne
  • La Boétie contre l’État-nounou
  • Barbey d’Aurevilly, le dandy catholique
  • Tolstoï ou Dostoïevski ?
  • Charles Péguy, l’anti-boomer
  • Quand Charles Péguy parlait des retraites
  • George Eliot, une vie retrouvée
  • Antoine de Saint-Exupéry et André Breton : quand l’idéologie tue l’amitié
  • Georges Bernanos, homme d’hier et d’après-demain
  • L’Été de Camus : préserver la beauté du monde
  • Jean Cau l’apostat
  • Soljénitsyne ou la lutte héroïque contre le mensonge
  • Cristina Campo, la Simone Weil italienne
  • Philippe Muray, pamphlet d’outre-tombe

Remerciements

Du même auteur

Actualité des Éditions Plon


EXTRAITS

Préface

Sauver la liberté de pensée

Je me souviens de mon entrée à Sciences Po. C’était il y a quinze ans. Jeune fille fraîchement débarquée rue Saint-Guillaume, je ne connaissais pas grand-chose de la vie, et n’avais jamais percé le périmètre étroit de la bourgeoisie de droite de province. J’atterrissais dans une classe composée pour moitié d’étudiants d’extrême gauche, et pour l’autre moitié de centristes désabusés et ricaneurs. Avec une dose d’habileté, de sens social et de fantaisie, on pouvait encore vivre ensemble. On riait, on échangeait, on débattait jusqu’au bout de la nuit, même quand on appartenait à des bords politiques opposés. Le goût du bon mot, la littérature, le mépris de la chose politique nous réunissaient.

Quinze ans plus tard, tout nous sépare.

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

En juin 2023, au milieu des émeutes qui mettaient la France à feu et à sang à la suite de la mort du jeune Nahel, l’artiste Christine and the Queens – qui a pris le nom de « Redcar » après sa transition – prenait la parole dans une courte vidéo pour se plaindre du peu de médiatisation de ses albums depuis son changement de genre. Elle insistait sur la souffrance terrible que lui infligeaient ceux qui continuaient à l’appeler « elle » : « Vous m’appelez elle toutes les cinq minutes, ça me blesse en fait ! […] Tout ce que je suis en train de faire, qui est mon upgrade artistique, vous n’y faites même pas attention. » Ces jérémiades narcissiques, alors que des événements d’une gravité inouïe se déroulaient dans notre pays, m’ont semblé révéler la quintessence de la « dictature des ressentis » qui anime notre époque.

Quand je lis mes anciens camarades de Sciences Po devenus woke disserter sur la révolution à venir, je suis agacée, énervée, mais je ne suis pas blessée. Je revendique pour ma part le droit d’entendre une parole qui dérange, de porter le cautère dans l’entaille, d’encaisser et de rendre les coups, de parler franchement, vivement, de tous les sujets. Car c’est en « frott[ant] et lim[ant] notre cervelle contre celle d’autrui » (Montaigne) qu’on parvient à tâtons à la vérité.

Est-ce encore possible ?

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent

Quand l’histoire revient, les couteaux s’aiguisent, et la conversation devient de plus en plus râpeuse. Mais il y a autre chose aujourd’hui. Le privé étant désormais politique – selon le slogan de la gauche progressiste –, on ne peut plus accrocher sa veste militante au vestiaire et aller boire un coup comme si de rien n’était. La discorde entre dans la chambre à coucher, le bar étudiant, le cercle d’amis, et la polarisation guette toutes les strates de l’existence, du steak que l’on avale au fait divers que l’on relaie sur Facebook, du type d’écriture qu’on emploie dans un courriel à la couleur de ses cheveux.

Au moment de l’affaire Dreyfus, le combat idéologique était violent. On se battait à coups de canne au Quartier latin. Mais deux choses permettaient de se réunir par-delà les clivages et les haines : la patrie et la littérature. Dreyfusards et antisémites se réconcilièrent pendant la Première Guerre mondiale. Le sang des tranchées emporta (pour un temps) leurs désaccords. La droite et la gauche les plus extrêmes pouvaient s’entendre dans une admiration littéraire commune. En témoigne l’amitié que porta Léon Blum à Maurice Barrès ou Drieu la Rochelle à Aragon. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui. Il n’y a plus de patrie, et il n’y a presque plus de littérature.

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

La France, nation de la raison, pays où l’on aime à se battre pour un mot, s’écharper pour un principe, se quereller pour une idée, patrie de l’architecture, c’est-à-dire de l’ordonnancement du monde par la géométrie, et des intellectuels, semblait pourtant encore être une terre à part.

Chacun se replie sur son moi

Cette particularité de la France est peut-être une des raisons qui fait qu’elle a résisté (un peu) à la déferlante woke qui nous vient d’Amérique. Notre vieux fonds catholique, notre amour pour la littérature, une pointe d’ironie voltairienne, constituaient autant d’anticorps à la religiosité et à l’esprit de sérieux constitutifs du progressisme postmoderne. Pourtant, cet esprit français est de plus en plus attaqué. Un vent mauvais souffle sur le jardin à la française. Il tombe en loques sous les assauts de la déconstruction, du relativisme culturel, du culte narcissique du moi, du présentisme qui nous arrachent aux grands piliers civilisationnels du passé.

Est-ce propre à la France ? Non, bien sûr. Dans son livre magnifique L’Âme désarmée (The Closing of the American Mind), publié en 1987, le philosophe américain Allan Bloom explique comment le relativisme a progressivement gagné les mentalités américaines par le biais de l’éducation. Comment, en disqualifiant la culture classique, double héritage de la Grèce et de Rome, jugée discriminante et impérialiste, nous avions en réalité sapé les fondements de la civilisation occidentale. Après la révolte des campus dans les années 1960, la remise en question systématique de l’autorité, l’allègement des programmes et l’introduction de la discrimination positive, Allan Bloom s’inquiétait que l’université, naguère îlot de liberté intellectuelle dans un pays gouverné par l’opinion publique, soit progressivement gagnée par les « problèmes de société » et prône l’égalitarisme plutôt que l’excellence, le relativisme plutôt que la recherche de la vérité, l’« ouverture » aux autres cultures plutôt que l’universalisme de la civilisation. Le professeur analysait brillamment le délabrement intellectuel de ses élèves. « Le tissu délicat de la civilisation, fait de la trame de la chaîne des générations successives, s’est complètement effiloché, et les enfants sont encore élevés, mais ne sont plus éduqués », écrit-il sombrement.

Un autre penseur, venu d’Europe de l’Est, Leszek Kolakowski, a théorisé l’autodestruction de la civilisation occidentale au nom du relativisme culturel. Pour lui, la force de l’Europe est d’être la seule civilisation qui assume sa propre critique. Son universalisme est inquiet, son identité est inachevée, sa destinée est de douter. « Nous n’avons pas le choix entre la perfection totale et l’autodestruction totale : notre destin temporel, c’est le souci sans fin, l’inachèvement sans fin. C’est dans le doute qu’elle entretient sur elle-même que la culture européenne peut trouver son équilibre spirituel et la justification de sa prétention à l’universalité. » Cela n’implique pas de tomber dans le relativisme, bien au contraire : le doute est pour Kolakowski la marque certaine d’une supériorité qu’il faut assumer. Affirmer l’égalité des cultures, des valeurs et des civilisations, revient à trahir l’esprit européen : « L’universalisme culturel se nie s’il est généreux au point de méconnaître la différence entre l’universalisme et l’exclusivisme, entre la tolérance et l’intolérance, entre soi-même et la barbarie ; il se nie, si pour ne pas tomber dans la tentation de la barbarie, il donne aux autres le droit d’être barbares. »

Nous y sommes. Le relativisme est désormais endémique dans notre société. Nos élites en sont pour la plupart convaincues : le bien et la vérité n’existent pas. Jean-François Delfraissy, alors président du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé, en avait fait le triste aveu lors d’une interview : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » Ce pourrait être la devise de l’époque. Dans un monde en ruines, la seule valeur encore inculquée est celle du progrès. « Comment peut-on encore penser ainsi en 2023 » est souvent le seul argument de ceux qui considèrent qu’il y a d’un côté les « ouverts », et de l’autre les « fermés ». On fait encore semblant de croire.

Le paradoxe est qu’à mesure que se répand ce relativisme progresse en même temps l’intolérance. À mesure que croît le subjectivisme grandit le sectarisme. Un sectarisme qui n’est plus idéologique mais compassionnel et sentimental. Il n’y a plus de vérité universelle mais « ma » vérité ne saurait être remise en cause sous prétexte de me « blesser ». Celui qui crie le plus fort, qui se plaint le plus fort, a le plus de chances d’être entendu. Les réseaux sociaux amplifient les désaccords et l’archipellisation intellectuelle d’une société qui ne parvient plus à s’accorder sur une définition du bien commun. Les moralines artificielles, les indignations stériles, les démonstrations de vertu s’exhibent virtuellement à mesure que la décivilisation progresse. Alors même que les dangers les plus graves nous guettent (réchauffement climatique, épuisement des ressources, changement démographique, basculement civilisationnel, hausse de la violence), nous sommes désarmés par la déconstruction pour y faire face.

Retour à Ithaque

Dans ce chaos qui ressemble à une décadence, faut-il être progressiste ou réactionnaire ? À me lire, beaucoup diront que c’est la seconde étiquette qui me convient le mieux. Mon goût gascon du panache s’en accommode, comme d’un stigmate devenu médaille à force d’avoir été distribué par les imbéciles. Mais un vieux sage m’a dit un jour que la vérité n’était pas le contraire de l’erreur, et qu’à fuir les boussoles indiquant le sud on ne se retrouve pas forcément chez soi.

ChatGPT, qui est plus objectif que bien des journalistes, me définit ainsi : « intellectuelle conservatrice ». « Intellectuelle » : le mot est trop flatteur, ou trop insultant. « Conservatrice » : je prends. Je suis conservatrice car je crois qu’il y a, chevillé au cœur de l’homme, deux postulations contraires. L’idée de croissance, de conquête, de dépassement, d’inventivité sans cesse renouvelée. C’est Icare se brûlant les ailes en voulant s’approcher du Soleil. Et puis l’idée de limite, de prudence, d’enracinement. C’est Ulysse rentrant à Ithaque. Après avoir vécu son moment « Icare », celui d’un progressisme débridé, d’une confiance absolue et aveugle dans la technique et les ressources illimitées du monde, la plasticité et la malléabilité infinie de l’homme, il me semble que l’humanité est en train de vivre un moment « Ulysse ». Toutes les limites que l’homme a voulu abolir sont en train de lui revenir dans la figure : limites énergétiques et économiques – c’est évident avec la crise écologique –, mais aussi limites que sont les frontières avec la crise civilisationnelle de l’immigration et limites biologiques avec la différence des sexes.

Nous vivons un moment charnière de l’histoire occidentale. Sommes-nous sur la pente inexorable du déclin, comme le pensent les deux Michel, Onfray et Houellebecq, ou bien à la croisée des chemins ? Ce livre se veut autant un frein dans la pente qu’une (modeste) lanterne dans le brouillard.

Dans Le Figaro, chaque semaine, j’essaie de décrypter tant bien que mal la vie intellectuelle sous forme de recensions d’essais, d’analyses ou de portraits d’acteurs de la vie des idées. Ce livre en rassemble un florilège. La critique est aisée, mais l’art est difficile, c’est pourquoi j’essaie de doser entre l’éreintement cathartique, la transmission de connaissances, l’admiration et la moquerie, l’éloge et la baffe. J’ai regroupé ces textes en trois grands axes.

Le premier se propose de déconstruire la déconstruction. Féminisme, postcolonialisme, rejet de l’histoire nationale, wokisme, transidentité, j’essaie de décortiquer les assauts conjoints des mouvements postmodernes et de donner aux lecteurs les armes pour y résister intellectuellement.

Le deuxième suggère d’admirer ce qui peut encore l’être. Nous sommes la seule civilisation qui se soit donné comme objectif sa propre déconstruction. Ce qui était notre gloire – l’esprit critique – s’est retourné contre nous dans un hara-kiri aux allures de cirque grotesque. Pourtant, il serait vain de s’enfermer dans la complainte et le ressentiment. De nous flageller de nous être flagellés. Il nous faut encore admirer et sauver ce qui peut l’être. Honorer ceux qui, dans le crépuscule, tiennent encore le flambeau, et le passeront aux suivants. C’est pourquoi j’ai voulu rendre hommage, par quelques portraits, à ces intellectuels ou ces écrivains qui ont su transmettre et nous donnent encore des raisons d’espérer. Alain Finkielkraut, Sylviane Agacinski, Pierre Manent, Michel Houellebecq figurent dans ces pages comme autant de sentinelles du renouveau.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

On nous a tant inculqué le « préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. Nous avons oublié la dose d’effort, de contraintes, d’ascèse qu’a exigée la construction lente de notre civilisation. C’est pourquoi j’ai voulu saluer, à travers une série d’exercices d’admiration, des figures du passé qui m’ont marquée, et dans lesquelles je puise pour mieux comprendre ce qui nous arrive. Parce que la littérature est le dernier refuge d’extraterritorialité, et demeure au-delà des clivages partisans et des fausses morales.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 7-17.

Source : leslibraires.ca (Extrait à télécharger).

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023


Chapitre 2

Le wokisme ou la dictature des ressentis

Une actrice qui compte « les Noirs dans la salle », des pronoms neutres pour ne pas offenser, un autodafé de bandes dessinées jugées racistes, une pièce de théâtre interdite, une conférence annulée, des portraits d’ancêtres décrochés, des statues déboulonnées, des toilettes transgenres… Il ne se passe plus un jour sans que le militantisme woke fasse l’actualité.

« Privilège blanc », « masculinité toxique », « grossophobie », « intersectionnalité », « hétéronormativité » : leur jargon prétentieux envahit l’espace public. Leurs postures radicales sont tellement fantaisistes qu’on finit par se demander s’il s’agit d’une menace bien consistante ou bien d’une minorité d’activistes sans réel pouvoir. La lecture de l’essai des deux intellectuels américains Helen Pluckrose et James Lindsay Le Triomphe des impostures intellectuelles vient nous démontrer qu’il faut prendre très au sérieux la théorie qui anime ces nouveaux utopistes.

Au départ, il y a la doctrine : le postmodernisme. Pluckrose et Lindsay remontent aux origines de ce mouvement intellectuel né en France dans les années 1960 (et baptisé French Theory aux États-Unis) dont les pères fondateurs furent Michel Foucault, Jacques Derrida et Jean-François Lyotard. Un credo : la déconstruction. Et deux grands principes : le principe postmoderne de connaissance, un scepticisme radical sur la possibilité même d’une connaissance objective (tout est construction sociale, y compris le savoir) ; le principe politique postmoderne selon lequel la société est structurée par des systèmes de pouvoir (le patriarcat, le privilège blanc, etc.).

Pouvoir partout, vérité nulle part. Ce « complot sans comploteurs », pour reprendre la formule de Boudon parlant de Bourdieu, se mue en délire paranoïaque : nos démocraties, loin d’être des sociétés égalitaires où s’est déployé un progrès unique au monde pour les femmes et les minorités, seraient le théâtre d’une oppression.

Pluckrose et Lindsay dégagent quatre grandes thématiques postmodernes : le brouillage des frontières, le pouvoir du langage, le relativisme culturel, la fin de l’individu et de l’universel. À l’université, la théorie, au service de la cause de la justice sociale, se déploie dans divers départements : postcolonialisme, théorie de la race, théorie queer, études de genre, fat studies (« études de corpulence »). Le point commun entre ces domaines d’étude ? Indexer la science sur le militantisme et fonder la recherche sur le nouveau « cogito victimaire » : « Je subis l’oppression, donc je suis… comme sont aussi la domination et l’oppression ».

Le tout enrobé d’un langage délibérément abscons puisqu’il s’agit d’œuvrer dans l’indéfinissable. « Si pendant un certain temps, la ruse du désir est calculable pour les usages de la discipline, bientôt la répétition de la culpabilité […] des autorités fallacieuses et des classifications peut être considérée comme l’effort désespéré de normaliser formellement la perturbation d’un discours de clivage qui viole les prétentions rationnelles et éclairées de la modalité énonciative », écrit ainsi Judith Butler, la papesse du queer. Vous n’avez rien compris ? C’est normal : chez les théoriciens de la justice sociale, le manichéisme simplificateur va de pair avec la sophistication intimidante.

Contrairement à la psychanalyste Élisabeth Roudinesco – qui dans son livre Soi-même comme un roi tentait de disculper la French Theory des dérives identitaires de ses héritiers –, Lindsay et Pluckrose démontrent la continuité entre les grands discours déconstructeurs des années 1960 et les fruits vénéneux du wokisme. Ils comparent les trois phases du postmodernisme à un arbre : le tronc représente la théorie, élaborée dans les années 1960-1970, les branches sont le postmodernisme appliqué (postcolonialisme, études queer, etc.), et les feuilles de l’arbre figurent l’activisme proprement dit de justice sociale et ses méthodes de cancel culture. « Ce qui se passe à l’université ne reste pas cantonné à l’université », remarquent les essayistes américains, qui soulignent que les facultés, gagnées par la théorie, deviennent « outils d’endoctrinement culturel nuisible à nul autre pareil ».

Nos auteurs ne manquent pas de relever les incohérences de la théorie. Ainsi, elle professe un scepticisme absolu sauf en matière d’oppression, conçue comme une réalité objective et irréfutable (Robin DiAngelo, la papesse de la race, écrit ainsi : « la question n’est pas : “Y a-t-il eu du racisme ?” mais plutôt “Comment le racisme s’est manifesté dans cette situation ?” »). Elle brouille les frontières en permanence sauf quand il s’agit de la race. Elle prétend déconstruire tout essentialisme et multiplie les catégories (LGBTIQ). Surtout, point essentiel, on comprend à les lire le paradoxe d’un postmodernisme qui, parti du relativisme le plus radical, arrive au dogmatisme le plus extrême. Parce que justement, s’il n’y a de vérités que subjectives, c’est la dictature des ressentis qui s’installe.

« Le nihilisme s’est fait moralisme », remarquait déjà Allan Bloom en 1987. Lindsay et Pluckrose dédouanent, eux, complètement le libéralisme progressiste des dérives du postmodernisme, et en font même l’antidote. De l’arbre du postmodernisme surgi brutalement dans les années 1960, ils oublient les racines. Pour le conservateur Allan Bloom, il y a au contraire une continuité entre le principe d’ouverture radicale prônée par les démocraties libérales, l’idée progressiste de table rase et le terreau sur lequel s’épanouissent les rêves rageurs de déconstruction. Si l’éthique minimale promue par le libéralisme se veut une promesse de paix, elle échoue dans les faits à maintenir une société ensemble. Il n’y a pas de civilisation composée uniquement d’individus. Une société dont les rapports ne sont organisés que par le marché et le droit, sans traditions ni transmission, est vouée à l’implosion. Le délire woke n’est qu’une hérésie de la religion du progrès.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Le wokisme ou la dictature des ressentis, Éditions Plon, Paris, 2023, pp. 24-28.

© Éditions Plon, un département de Place des Éditeurs, 2023

Source : leslibraires.ca (Extrait à télécharger).


Télécharger un autre extrait (fichier ePub sur le site web leslibraires.ca)



AU SUJET DE L’AUTEURE

Eugénie Bastié

SOURCE : Éditions Plon - Facebook.
SOURCE : Éditions Plon – Facebook.

Eugénie Bastié est grand reporter au Figaro et chroniqueuse sur CNews et Europe 1. Elle a déjà publié trois ouvrages, dont La Guerre des idées (Robert Laffont, 2021).


Éditions Plon – Facebook


Page Facebook de l’auteure Eugénie Bastié


Page LinkedIn d’Eugénie Bastié


langfr-220px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgEugénie Bastié, née le 18 novembre 1991 à Toulouse, est une journaliste, polémiste et essayiste française.

Elle commence sa carrière sous le parrainage d’Élisabeth Lévy et de Natacha Polony, notamment dans le média d’opinion de droite dure Le Figaro Vox et dans le journal conservateur Causeur. Elle est ensuite engagée comme journaliste au Figaro, et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

Ses positions critiques vis-à-vis du féminisme, des idéaux sociaux, et les polémiques qu’elle alimente sur les réseaux sociaux (notamment Twitter) et à la télévision en font une figure de la droite conservatrice. Perçue dès ses débuts comme un des nouveaux visages de la droite réactionnaire, elle participe à la résurgence médiatique de ces discours, observée depuis la fin des années 2010.

Source : Eugénie Bastié, Wikipédia (lire la suite)


Voir aussi la page dédiée à Eugénie Bastié sur Wikiquote


1280px-LeFigaro.fr_Logo.svg

Les articles d’Eugénie Bastié sur le site web du quotidien Le Figaro


dossier-consulter-un-philosophe.01

Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

La dictature des ressentis

Eugénie Bastié

Éditions Plon, Paris, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite pas des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.


« allez manger vos morts »

Je n’oublierai jamais l’expression « allez manger vos morts » rapportée par Eugénie Bastié dans LA DICTATURE DES RESSENTIS. Je demeure sous le choc de la violence de cette expression prononcée par une députée, Danièle Obono.

allez-manger-vos-mort-001q

Les néo-féministes ont la parade pour disqualifier leurs adversaires : vous nous résistez aujourd’hui comme vous résistiez hier à nos mères et nos grands-mères ; la révolution féministe a toujours suscité une opposition du patriarcat, et l’histoire a prouvé que la radicalité est nécessaire pour faire bouger les choses. Si vous n’êtes pas d’accord, « allez manger vos morts », comme dirait la députée Danièle Obono.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Féminisme, la grande fracture, Première partie : Déconstruction, le mal du siècle, Édition Plon, Paris, 2023, p. 69

L’expression « allez manger vos morts » m’était complètement étrangère. Elle m’a estomaqué. Je n’en reviens pas que l’on puisse dire une chose pareille. Je me doutais bien que je ne pouvais la prendre au pied de la lettre mais mon imagination m’a devancé me donnant l’image d’une personne mangeant un cadavre. J’ai donc effectué une recherche pour comprendre le sens réel de cette expression.

La députée La France insoumise a invité ceux qui ont sifflé lors de la manifestation de soutien aux Iraniennes dimanche à « manger vos morts ».

(…)

La forme aura une nouvelle fois éclipsé le fond. L’Insoumise Danièle Obono a dénoncé dans un tweet les personnes qui « instrumentalisent la lutte des femmes en Iran contre l’oppression pour insulter et disqualifier la lutte des femmes en France contre l’oppression », désignant par là les personnes qui ont sifflé lors d’une manifestation de soutien aux Iraniennes. Mais son message aura été laissé de côté, rattrapé par la conclusion de la députée LFI : « mangez vos morts ».

(…)

En effet, « mange tes morts » est à l’origine une expression gitane, et plus précisément, yéniche, une communauté apparentée aux gens du voyage basée dans le nord de la France. Selon le réalisateur Jean-Charles Hue, qui a fréquenté cette communauté, cette expression serait utilisée lorsque quelqu’un renie ses origines ou ses ancêtres. Mais elle peut également être utilisée pour insulter quelqu’un, pour l’éconduire brutalement.

Source : « Mangez vos morts » : d’où vient cette expression utilisée par la députée LFI Danièle Obono ?, TF1 INFO, 3 octobre 2022, consulté le 6 février 2024.

Prononcée et/ou publiée par un député québécois ou canadien, ce dernier serait dans l’obligation de démissionner et demeurerait stigmatisé sa vie durant. À son décès, nos médias le désigneraient comme celui qui a écrit dans un tweet « Allez manger vos morts ». Au Québec, rares sont les gens auxquels nous accordons une deuxième chance. Et c’est sans compter que les Québécois ont une sainte horreur de la chicane. Nos mères le rappelaient sans cesse à leurs enfants : « Ne vous chicanez pas ! » Et c’est sans doute l’une des raisons pour laquelle les Québécois ne sont des fans de débats par peur d’un dérapage jusqu’au manque de savoir vivre, de respect, et surtout par peur qu’il débouche sur une chicane sans pardon.

Dans l’histoire du Québec, nous avons en mémoire les nombreuses divisions (chicanes) entre les familles et même entre les membres d’une famille à l’occasion des deux campagnes référendaires au sujet de l’indépendance du Québec.


« Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. »

Je garde des liens avec d’anciennes amitiés sur les réseaux sociaux. Certains d’entre eux rédigent – en écriture inclusive – des diatribes contre le patriarcat. D’autres fustigent le racisme d’État. L’une d’entre elles, devenue militante féministe, m’a envoyé un jour un long mot, sensible et grave sur notre amitié passée, ne comprenant pas ce que j’étais devenue. Mes positions sur le féminisme, le genre, l’immigration, l’islamisme lui semblaient monstrueuses. Elle a eu cette phrase qui m’a profondément marquée : « Ce qui a changé, c’est que ta pensée me fait souffrir. » Ces mots m’ont touchée et fait réfléchir. Se pouvait-il que nous n’ayons plus rien à nous dire ?

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 7-8.

« Ta pensée me fait souffrir » ? Voilà une bien drôle de chose à dire à quelqu’un. Quand la pensée des autres te fait souffrir, il y a là un très grave problème d’intolérance face à la différence d’opinion. Sur les réseaux sociaux, dit-on, les gens se rassemblent suivant le partage et le renforcement des mêmes opinions. « Qui se ressemble s’assemble. »

Quel est l’origine de l’expression « Qui se ressemble s’assemble » ?

L’expression “Qui se ressemble s’assemble” trouve ses racines au Moyen Âge. Elle est issue d’une ancienne maxime latine “Similis simili gaudet” qui se traduit par “Le semblable se plaît avec le semblable”. Cette maxime était utilisée pour souligner l’attrait naturel entre les personnes ayant des traits, des intérêts ou des croyances communs. Au fil des siècles, cette maxime latine a été traduite et adaptée dans différentes langues, dont le français.

Source : Tutorat Pro.


« (…) il n’y a plus de liberté de pensée possible »

Je ne crois pas avoir jamais appelé à la haine, à la violence, à une quelconque forme de discrimination. Mais désormais, la simple énonciation d’opinions contraires est perçue comme une agression. Comme le disaient les étudiants ayant fait annuler la venue de Sylviane Agacinski à Bordeaux en 2019, il s’agit d’empêcher « des discours qui mettent les existences en danger ». À partir du moment où l’on considère que les « mots tuent », que certaines positions, même formulées avec raison et respect, sont en soi dangereuses, il n’y a plus de liberté de pensée possible.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 8.

Interdire à des pensées d’être exprimées de vive voix ou par écrit, par exemple interdire la venue d’un conférencier, controversé ou non, sous prétexte de la portée de ces pensées sur la société ou une groupe particulier de personnes, ne me paraît pas acceptable à moins que les propos enfreignent la loi.

J’ai animé dans les écoles des centaines de conférences devant des milliers d’élèves au sujet de la déformation de l’information dans le cadre de l’éducation aux médias dans les années 1980. Aujourd’hui, la porte d’accès aux jeunes est verrouillée à double tour. N’essayez pas d’entrer dans les écoles québécoises pour informer les jeunes plus avant sur un sujet de l’heure, même s’ils sont concernés au premier chef, si vous n’êtes pas certifié par une agence (de conférenciers) ou cautionné par une instance quelconque ou par les médias. On s’assure de votre conformité et de votre fidélité au modèle du politiquement correct. Autrement dit, on ne veut pas d’un conférencier critiquant les jeunes, leurs professeurs et l’école et ainsi soulever des débats en faveur de la liberté de penser. L’école est formatée et les jeunes ne trouvent plus que les réseaux sociaux pour s’exprimer, pour se donner la liberté de penser (avec les pauvres moyens dont ils disposent à défaut d’un esprit critique acquis de la famille et de l’école).

« C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis (…) »

Notre civilisation reposait sur la raison, l’écrit, la lenteur, la longueur et la capacité d’abstraction. La nouvelle civilisation numérique repose sur l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je »). Aucune vérité universelle, aucun consensus politique ne sont atteignables dans un tel écosystème médiatique. Chacun se replie sur son moi, sur sa tribu. C’est ce que j’ai appelé la « dictature des ressentis » – pour ne pas dire la dictature du ressentiment – sur laquelle prospère l’idéologie woke, cette idée que seul ce que je ressens comme une souffrance ou une liberté doit compter. C’est cette incommunicabilité des vécus qui rend désormais si difficile la vie en société.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, pp. 10-11.

Oh ! La, la. Nous ne sommes pas sortie du bois avec cette histoire de « Woke ». Mais cette idéologie n’est pas tombée du ciel du jour au lendemain. Ses origines dépassent largement la nouvelle civilisation numérique. La prédominance de l’émotion, l’image, la vitesse, l’extrait et la culture du témoignage (« moi je ») remonte au moins jusqu’à mon adolescence dans les années 1970, moment privilégié où l’on prend (peut prendre) conscience du monde dans lequel nous vivons. À cette époque personne ne m’a enseigné les tenants et les aboutissants du fameux « Je pense donc je suis » et les bénéfices du doute mis de l’avant par Descartes. L’école nous plongeait dans les sciences (mathématique, algèbre…) sans aucune formation préalable à l’esprit scientifique. Aucun cours de philosophie lors des cinq années d’études secondaires.

Ce que j’observais, c’est que mes collègues de classe, les étudiants aux niveaux supérieurs et les adultes passaient la plupart de leur temps à se donner raison. Je me disais que ces gens prennent pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent. Ils pouvaient bien s’expliquer pendant des heures, ça revenait au même : ils avaient toujours raison peut importe les objections et les critiques. La force de conviction de ces gens reposait essentiellement sur la force de leurs émotions. Ils témoignaient et ne témoignaient que de ce qu’ils prenaient pour la vérité. Le « Je, me, moi » date de bien avant la civilisation numérique.

Quant à l’image, le journal et la télévision faisaient preuve de tout mais seuls des extraits survivaient, souvent montés en épingle, mésinterprétés, sujets à la force subjective des émotions, et ici encore pour se donner raison.

La vitesse, pour sa part, c’était la télévision. L’assassinat de John F. Kennedy, l’homme sur la lune… Et, croyez-moi, les gens étaient tout aussi pressés qu’aujourd’hui. C’est en constatant ces empressements que j’ai écrit ce poème :

L’Homme de course

La Terre est un champ de course.
Les dieux misent sur les points de vie
À savoir qui trouvera la fin
de ce circuit où la rapidité
ne détermine aucun vainqueur.

L’Homme de course

L’homme a métamorphosé la Terre
en une grande piste de course
sans loi et sans limite.

L’homme de course court
pour rattraper le temps perdu.

Mais il n’aura jamais le temps
de reprendre le temps
qu’il met à la poursuite du temps
déjà perdu.

Et si l’homme de course réussissait
à rejoindre son temps
il mourrait
puisque son temps serait écoulé.

Un conseil ? Prenez votre temps.

Serge-André Guay, 17 ans
Juillet 1975

Eugénie Bastié présente en ces mots le troisième axe (troisième partie) de regroupement des textes de son recueil.

Le troisième incite à puiser dans le passé des ressources pour l’avenir. J’ai cité Kolakowski. Dans un de ses articles, il écrivait : « Avancez vers l’arrière s’il vous plaît ! Telle est la traduction approximative de l’injonction que j’entendis un jour dans un tramway de Varsovie. Je propose d’en faire le mot d’ordre d’une Internationale qui n’existera jamais. » « Avancez vers l’arrière », j’aime bien cette formule, qui tempère la pulsion de vie de l’homme, qui le pousse sans arrêt en avant, par un regard vers l’arrière, vers ceux qui l’ont précédé.

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Le chauffeur de l’autobus bondée de passagers répétait ce « avancez en arrière » à chaque arrêt pour entasser davantage d’étudiants en direction du collège. Parfois, les étudiants n’avançaient pas suffisamment en arrière pour faire de la place aux nouveaux passagers. Le chauffeur se levait et se plantait alors devant tous les étudiants et il disait : « Si vous n’avancez pas vers l’arrière, je vous fais descendre de l’autobus ». Les passagers se tassaient encore un peu plus vers l’arrière de l’autobus et le chauffeur reprenait le volant de son autobus. Nous trouvions stupide l’idée d’avancer vers l’arrière, ça nous paraissait contradictoire, illogique. Dans le contexte amené par Eugénie Bastié suivant les dires de Leszek Kolakowski, il nous faut nous référer, pour avancer, revenir au passé, vers ceux qui nous ont précédé.

Eh ! Bien, justement, il y a un problème au Québec avec cette attention à porter à nos prédécesseurs. Dans les année 1960, le Québec s’est pris en main en se libérant, entre autres, du contrôle de la religion sur la vie des Québécois, notamment , sur la politique et sur la moral. Ce fut, ce que nous appelons le plus sérieusement du monde, une « révolution tranquille ». Et pour inscrire ce tournant au plus profond de la société jusque dans l’intimité de chacun, le Québec a jeté le bébé avec l’eau du bain. Les nouvelles autorités de l’instruction publique coupèrent drastiquement avec les 2,500 ans d’histoire de l’Homme. Ainsi, tout ce qui précédait les années 1960 n’était soudainement plus pertinent. Toute la sagesse de l’Homme acquise depuis des temps immémoriaux n’en valait plus la peine. Il fallait tout créer à partir de zéro. Au diable, le programme du cours classique de l’enseignement secondaire et collégial : Éléments latins (8e année), Syntaxe (9e année), Méthode (10e année), Versification (11e année); Rhétorique (12e année), Belles lettres (13e année), Philo I (14e année), Philo II (15e année). Et à la poubelle tous les livres scolaires utilisés jusque-là.

Même l’école élémentaire ne fut plus jamais la même. Désormais, on apprenait en s’amusant. On retrouvait dans ma classe de sixième année avec Mademoiselle Laflamme un écureuil, une tortue, des poissons rouges, de l’équipement vidéo, un théâtre de marionnettes, des affiches éducatives, tout pour les arts plastiques… Bref, la classe était devenue, du jours au lendemain, un terrain de jeux. Et terminées les leçons apprises par cœur. On improvisait. On disait tout dans nos propres mots.

Évidemment, on apprenait toujours à lire, à écrire et à compter mais les jeux grugeaient beaucoup de temps à l’enseignante sur l’essentiel.

Quand mes parents m’ont demandé quelle école je voulais fréquenter pour mes études secondaires, j’ai simplement répondu : « Là où il y a le moins d’étudiants possible ». Toute cette agitation de mes confrères et consœurs de classe dans ce qui était devenue « l’école active » m’énervait au plus haut point. Le choix fut facile : le collège privée dirigé par des prêtres avec 300 élèves plutôt que la polyvalente avec 1,000 élèves. Mais même le collège privé devait se soumettre à la Révolution tranquille et adopter les nouveaux cursus scolaires.

Mais, surprise ! Dans la trentaine, au cours des années 1990, je découvre un premier trésor de l’enseignement classique des années 1950, avant la Révolution tranquille. Je mets la main sur les manuels scolaires « Leçons de logique » et « Stylistique française », fruits ultimes de la connaissance accumulée depuis plus de 2,000 ans. Depuis ce temps, j’avance vers l’arrière.


« On nous a inculqué le préjugé contre le préjugé » (Hippolyte Taine) que nous ne regardons plus qu’avec méfiance et circonspection le passé. (…) »

BASTIÉ, Eugénie, La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Édition Plon, Paris, 2023, p. 17.

Hippolyte Taine sur Wikipédia


Mes attentes inspirées du litre de ce livre, LA DICTATURE DES RESSENTIS, étaient très élevées. Elle ne furent pas toutes satisfaites. À première vue, j’espérais être surpris tout autant que lors de ma lecture du livre Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies.

Le titre « LA DICTATURE DES RESSENTIS » se réfère directement à un seul chapitre du même titre dans le livre.

Peu familier avec le vie intellectuelle et l’actualité française, j’ai sans doute passé à côté de beaucoup de choses.

Il vous revient maintenant de découvrir LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIÉ auquel j’accorde cinq étoiles sur cinq.


5-etoiles

J’accorde au livre LA DICTATURE DES RESSENTIS de EUGÉNIE BASTIER cinq étoiles sur cinq. J’en recommande fortement la lecture.


dossier-philotherapie-bandeau-750

Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

savoir-se-taire-savoir-parler-01

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

L’expression « hystérie de la parole » me plaît car elle reflète fort bien les gens qui parlent beaucoup trop et sans arrêt, qui verbalisent à outrance, souvent en sautant du coq à l’âne ou en se perdant dans moult détails. J’ai déjà interrompu une telle personne en lui disant : « Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées ».


Savoir se taire, savoir parler

Présentation du livre par l’éditeur

Tweets, sms, emails, posts, etc. se multiplient et rebondissent, circulant à une telle vitesse qu’ils deviennent irrattrapables — les agressifs et les toxiques aussi vite relayés que les sympathiques. La facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons nous exprimer tout autant que l’idée que nous existons que si nous communiquons nous ont fait oublier les vertus du silence. Happés par ce tourbillon compulsif et communicationnel, nous devons réapprendre à nous taire pour redevenir conscients de ce que nous ressentons avant de le dire, pour redonner du poids et de la bienveillance à notre communication , pour ne pas regretter d’avoir parlé . Savoir se taire est la force cachée de la personne qui agit en pleine conscience et sait s’exprimer à bon escient et avec les mots justes .

Source : www.hachette.fr.


Les auteurs de ce livre promeuvent la méditation pleine conscience. J’adhère à l’idée et à la pratique de méditation mais réfute l’idée qu’elle puisse procurer une « pleine conscience » (voir mon article L’impossible pleine conscience).

À cette question de la journaliste « Mais dans la psychothérapie, qui est vraiment «le soin par la parole», quelle évolution notez-vous? », le psychiatre répond :

Nous voyons arriver des patients qui ont «trop de paroles» dans leur tête. Ils s’usent à commenter leur quotidien, ce qui accentue leur anxiété au travail, avec leurs enfants… et favorise les ruminations mentales. Ils se noient dans le discours en oubliant d’être. Je les aide à se libérer de trop de mentalisation. Je leur dis que la vie, c’est comme un match de foot. Elle se vit sur le terrain. Lorsqu’on commente, on se retrouve sur les gradins, loin du jeu. Alors, arrêtons de juger, pour jouer et composer avec ce qui se présente à nous.

Source : Senk, Pascale, Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», Le Figaro (santé), 3 juin 2018.

Le phénomène attire même l’attention dans le domaine du conseil en management. En témoigne, l’article « Comment interrompre une personne qui parle sans arrêt? » signé par Isabelle Lord, présidente de Lord Communication managériale, et publié dans son blog Gestionnaires inspirants sur le site web du magazine québécois Les affaires le 31 mai 2016.

« D’abord, nous dit-elle, il faut savoir pourquoi la personne devant vous n’arrête pas de parler ». Une étape simple mais qui m’apparaît importante puisqu’elle relève deux catégories de personnes, chacune exigeant une intervention donnée.

Est-ce que c’est simplement une personne qui parle toujours beaucoup, peu importe le contexte, une personne du type verbomoteur ? Ou bien c’est quelqu’un à qui vous venez d’annoncer une mauvaise nouvelle ?

Source : Senk, Pascale, Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», Le Figaro (santé), 3 juin 2018.

Je vous recommande la lecture de cet article pour en savoir plus sur la réaction à mettre en pratique selon le type de personne.

Dans mon livre J’aime penser, on peut lire :

Enfin, pour ne pas manquer de respect à l’autre et à soi-même, il vaut toujours mieux prendre le temps de penser afin d’exposer et d’offrir à l’autre le meilleur de nous-mêmes. La communication avec l’autre exige donc de mûrir ses pensées en son for intérieur comme un bon vin mûrit seul dans son cellier pour gagner à être connu d’un meilleur goût. Pour cela, il faut avoir le goût de penser ou apprendre à aimer la pensée solitaire. Même notre goût de penser doit mûrir pour être en mesure de tirer de la solitude le meilleur d’elle-même. Autrement dit, pour ne pas dire n’importe quoi n’importe comment n’importe quand à l’autre, c’est-à-dire pour ne pas considérer l’autre comme une poubelle où jeter les premières pensées venues, non réfléchies, il faut mûrir dans la solitude : être capable de se retrouver seul face à soi-même pour produire une pensée solitaire intéressante pour soi-même et pour l’autre, sujet de notre prochain chapitre. Au départ, plus on se connaît, moins la solitude nous fait peur; il nous fallait donc voir La pensée différente avant d’aborder La pensée solitaire.

Source : GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout chacun se donne raison, essai et témoignage de gouvernance personnelle, Fondation littéraire Fleur de Lys. → Cliquez ici pour télécharger la version PDF gratuite.

En philothérapie, les praticiens dogmatiques du dialogue socratique ne donnent pas libre court à l’expression verbale de leurs clients. La verbalisation ne figure pas au programme de ce type de consultation philosophique. Ils ne permettent pas à leurs clients tentent de revenir sur leurs propos ou de les justifier. Bref, les clients à la recherche d’une oreille attentive et bienfaisante se retrouvent brimés et leurs émotions réprimées.

Or, que ce soit en psychologie ou en philosophie, les émotions jouent un rôle important dans la prise de décision, ce qui inclut la décision de livrer telle ou telle réponse à la question posée au client.

À l’instar de la psychothérapie, la philothérapie se doit de tenir compte du besoin de verbalisation de son client. Évidemment, il ne s’agit pas de laisser le client verbaliser ses idées et ses émotions à outrance. Il faut tout de même permettre une certaine verbalisation qui laisse entrevoir la philosophie et les biais cognitifs du client, sans quoi la séance ne portera pas ses fruits.

Le philothérapeute adepte du dialogue socratique demande souvent à son client de lui soumettre, avant la séance, une question, une seule question, sur laquelle portera le dialogue. À cette question, il est d’usage de demander au client de définir l’objet de sa question. Puis, le philothérapeute questionne son client sur sa réponse. Et en va ainsi d’une réponse à l’autre. Dans ce cas, le client et le philothérapeute ne dialoguent pas. Le philothérapeute ne fait que poser des questions et le client doit se limiter à répondre à ces questions. La séance en est une de questions-réponses, non pas de dialogue.

Dans le cas du dialogue socratique dogmatique, on peut donc dire que le philothérapeute verbalise à outrance en s’affairant à enchaîner rapidement les questions sur les réponses de son client à qui il interdit toute justification, tout retour sur ses réponses et même l’expression de ses émotions, bref, toute verbalisation.

Je crois que cette approche ne parvient pas à donner au client les moyens de développer son esprit critique car elle ne se fonde pas sur un véritable dialogue d’égal à égal.

dossier-consulter-un-philosophe.01

Liste de tous les articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR