Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche
Phantasia, Volume 14 – 2024
Dirigé par Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis et Nicolas Quérini
PRÉSENTATION DE LA REVUE
Phantasia est une revue scientifique à comité de lecture international, annuelle et trilingue (français, anglais, allemand). Elle publie exclusivement en ligne et ses publications sont toutes en accès libre.
À l’instar du Centre Prospéro – Langage, image et connaissance (UCLouvain Saint-Louis – Bruxelles) dont elle émane, la revue Phantasia est de nature interdisciplinaire. Ainsi, la philosophie spéculative, l’histoire de la philosophie, l’anthropologie philosophique, la théorie de la littérature, l’histoire de la littérature, la littérature comparée, la psychanalyse, les études théâtrales ou encore les études cinématographiques sont conviées.
Les différentes démarches scientifiques doivent être sous-tendues par une même préoccupation : une attention spécifique à l’imagination sous toutes ses formes, rigoureusement articulée à des problématiques et des thèmes aussi variés que la conscience, la perception, l’affectivité, la corporéité, la représentation, l’image, l’expérience esthétique, le langage, la textualité, l’écriture, le politique, le social, le droit, l’histoire, la culture ou la connaissance en général. Les articles publiés enrichissent de manière précise notre compréhension de l’imagination et de ses productions sans amoindrir sa complexité, autrement dit en mettant en évidence son rapport de proximité et de distance avec ses « autres », réels ou supposés. Les publications ne sont pas liées à une école, à un auteur ou à un courant de pensée en particulier. Il ne s’agit pas ici de constituer naïvement un énième paradigme pour la pensée, d’autant que les positions les plus critiques à l’égard des pouvoirs présumés de l’imagination sont aussi les bienvenues dans la revue. Bien plutôt s’agit-il de rendre « opératoire » le thème spécifique de l’imagination et de l’image dans leurs rapports multiples avec tous les champs de l’expérience et de la pensée, afin de le rendre porteur et de lui donner un lieu privilégié d’exposition.
La revue publie principalement des articles de recherche, mais peut également publier des traductions ou encore des recensions d’ouvrages. Tous les articles soumis à la revue sont anonymisés et évalués selon le principe du « double aveugle » par des membres du comité scientifique international. Le comité de rédaction se réserve toutefois le droit de faire évaluer certains articles par un ou des experts extérieurs au comité scientifique international lorsqu’il le juge nécessaire. De même, une troisième expertise peut être demandée s’il y a lieu.
Camille Dejardin, Quentin Landenne, Emmanuel Salanskis & Nicolas Quérini
Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche Introduction
Pour illustrer l’intention qui a présidé à l’élaboration du présent numéro, nous pouvons commencer par mettre en parallèle trois déclarations philosophiques aux accents étonnamment similaires. En 1841, dans un essai intitulé Self‑Reliance, le philosophe américain Ralph Waldo Emerson défend une forme radicale d’anticonformisme : « Il y a un moment dans l’éducation de tout homme où il arrive à la conviction que l’envie est ignorance ; que l’imitation est suicide ; qu’il doit se prendre lui‑même, pour le meilleur et pour le pire, comme le lot qui lui est dévolu ; que même si le bien abonde dans l’univers, aucun grain de blé nourrissant ne peut lui venir d’ailleurs que du labeur consacré au lopin de terre qu’il a reçu en culture »1. En 1859, le philosophe anglais John Stuart Mill affirme dans On Liberty, contre les conceptions conservatrices qui lui paraissent encore prédominantes dans la société victorienne : « Si l’on considérait le libre développement de l’individualité comme l’un des principes essentiels du bien-être, si on le voyait non pas comme accessoire coordonné à tout ce qu’on désigne par civilisation, instruction, éducation, culture, mais comme un élément et une condition nécessaires de toutes ces choses, il n’y aurait pas de danger que la liberté fût sous‑estimée, et il n’y aurait pas de difficulté extraordinaire à tracer la frontière entre elle et le contrôle social »2. Enfin, en 1878, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche esquisse, dans Humain, trop humain, une réflexion sur le talent individuel qui lui est inspirée par un vers célèbre de Pindare : « Chacun possède du talent inné, mais peu possèdent, inné et cultivé par l’éducation, le degré de ténacité, d’endurance, d’énergie qui fait qu’il deviendra vraiment un talent, donc deviendra ce qu’il est »3.
Le thème du caractère et de la formation du caractère chez Nietzsche est probablement celui sur lequel l’influence de sa lecture d’Emerson est la plus sensible. Cet auteur agit pour Nietzsche comme un contrepoids à l’influence de Schopenhauer. Alors que Schopenhauer prêche une doctrine du caractère immuable, Emerson considère la personnalité individuelle comme impliquée dans un processus de développement continu, visant et s’efforçant toujours d’atteindre des degrés de puissance de plus en plus élevés. Nietzsche partage ce modèle et le fait sien, tout en se distançant d’Emerson pour un certain nombre de raisons importantes.
Évite de te connaître toi-même ! Ce que signifie la formule « comment on devient ce qu’on est » chez Nietzsche.
En quel sens Nietzsche entend-il exactement la formule bien connue « comment on devient ce qu’on est », qu’il emprunte à Pindare et reprend sous des formes variées tout au long de son œuvre ? Ce, d’autant plus que son identification à la mise en évidence d’une identité cachée, profonde et authentique est parfaitement intenable. Au contraire, nous sommes toujours plusieurs, souligne Nietzsche. On établira donc que devenir ce que l’on est désigne une réorganisation pulsionnelle menée (ou que l’on échoue à mener) selon la logique de l’intensification de puissance.
« « Donner du style » à son caractère » Ce que l’on doit apprendre d’Emerson selon Nietzsche
De ses études à Leipzig à ses tout derniers écrits, Nietzsche semble entretenir des affinités électives et comme une correspondance continue et secrète avec Emerson, qu’il désigne comme son « frère dans l’âme ». Ne se dit-il pas d’ailleurs « chez lui et dans [sa] propre maison » chez Emerson, à tel point que toute son œuvre résonne des innombrables échos de cette voix gémellaire ? Mais ces reprises étonnantes impliquent-elles réellement une filiation intellectuelle entre les deux penseurs ? Emerson a-t-il été un éducateur pour celui qui le jugeait « mal éduqué », ou bien la troublante familiarité des textes ne relève-t-elle pas d’une de ces énigmes que Nietzsche se targue d’adresser au lecteur ? De quelle manière le pourfendeur du sujet a-t-il pu apprendre du défenseur du caractère ? Et dans quelle mesure le chantre américain de la nature participe-t-il de cette réforme de la culture européenne que Nietzsche s’assigne pour tâche ? Notre étude se donne pour objectif d’examiner le rôle d’Emerson dans la formation de la pensée nietzschéenne, et ce en un double sens : formation de la pensée de Nietzsche, et formation de la pensée par Nietzsche. Elle s’attachera à préciser le statut « d’homme préparatoire » qu’occupe Emerson pour Nietzsche et ce que ce dernier se propose d’apprendre de celui qu’il considère surtout comme un artiste.
Devenir soi dans la troisième Inactuelle De l’éducateur à l’éducation de soi
Cet article se propose d’étudier en quoi la problématique du devenir soi, telle qu’elle émerge dans Schopenhauer éducateur, s’avère redevable de la figure de l’éducateur que Nietzsche y élabore. L’éducateur apparaît paradoxalement moins comme l’instigateur d’une formation de l’individu que comme le type d’homme dont l’éduqué lui-même doit assurer l’émergence future, en se mettant au service de la culture. La notion d’éducation de soi constitue alors le concept clé à partir duquel comprendre la vocation pédagogique nietzschéenne, en réponse au contexte de crise de l’éducation allemande : il lui faut s’éduquer lui-même pour pouvoir devenir à son tour éducateur.
L’individualisme contre l’individualité ? Mill et Nietzsche face au tournant anthropologique de l’ère démocratique
ous deux lecteurs de Humboldt et de Tocqueville, également animés du souci proto-sociologique et même « physiologique » de scruter les interactions liant l’épanouissement de chaque individu et la bonne santé du corps social, John Stuart Mill et Friedrich Nietzsche partagent, à quelques décennies de distance, un diagnostic inquiet sur la mutation qui s’achève sous leurs yeux : le passage de ce que Louis Dumont a appelé le schème holiste au schème individualiste sous l’espèce de la démocratie, non comme forme institutionnelle mais comme nouvelle condition humaine marquée par l’égalisation. De fait, l’anthropologie démocratique consacrant l’individu comme fondement de la souveraineté et comme dépositaire de droits inaliénables se déploie pour la première fois sous le signe de l’égalité, à la fois juridique et représentationnelle, à la fois principe politique et « passion » psychologique. Pourtant, au moment où il se voit ainsi sacré, l’individu semble dissous. Atomisé, nivelé, déchu de toute perspective de grandeur ou de distinction (sinon purement matérielle), il se voit réduit à un ectoplasme juridique et économique. La réalisation voire la fortification de l’individualité sont-elles encore possibles ? Un individualisme de l’individualité est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? Si oui, à quelles conditions ? Peut-on envisager une politique de l’individualité ? De Mill à Nietzsche, le regard critique se fait de plus en plus radical et subversif, et aussi plus incompatible avec le maintien de la démocratie.
Le genre de l’individualité chez Harriet Taylor et John Stuart Mill
L’article propose une nouvelle généalogie de l’« individualité », notion centrale de l’ouvrage De la Liberté (1859), généralement attribué à John Stuart Mill. Il met en évidence le rôle majeur joué par Harriet Taylor dans l’élaboration de cette notion, et partant dans celle du texte dont elle est en réalité la co-autrice. Il montre que la philosophe conduit, dès le début des années 1830, une réflexion approfondie sur la formation du caractère et le perfectionnement de soi. Tandis que chez Mill, à la même époque, l’individualité est comprise comme le devoir-être de certaines « natures supérieures », principalement de genre masculin, elle constitue d’emblée pour Taylor une exigence épicène impliquant le développement de l’esprit comme celui des plaisirs sensibles et sexuels. Ainsi, c’est précisément grâce à son analyse de l’expérience douloureuse et propre aux femmes de privation d’individualité que Taylor réussit à formuler des propositions puissantes, novatrices et à la portée universelle sur l’éducation et la culture de soi.
La formation du savant, entre solitude de la pensée et communauté de recherche Les discours à l’Université d’Emerson, Mill et Nietzsche
Cet article propose une lecture parallèle de trois grands textes du XIXe siècle portant sur les missions de l’université et la place que doit y occuper le savant comme individu singulier : The American Scholar donné par R. W. Emerson à Harvard en 1837, le discours inaugural de J. S. Mill à l’Université Saint Andrews en 1867, et les conférences de F. Nietzsche à l’Université de Bâle Über die Zukunft unserer Bildungsanstalten, de 1872. L’objectif de cette comparaison est de mettre en évidence des analogies et des différences éclairantes, en leur adressant une série de questions communes : celle, d’abord, de leur définition de l’idéal éducatif ou culturel, en écho au concept idéaliste allemand de Bildung ; celle ensuite de leur critique des mutations de l’université, comme symptômes majeurs de la crise moderne de la culture ; celle, enfin, de la caractérisation du « savant », de sa destination et de sa formation de soi, en tant qu’il est un individu à la fois voué à une exigence existentielle de solitude, mais aussi appelé à inventer de nouvelles formes de communautés culturelles et intellectuelles, en réponse à la crise de l’institution universitaire.
Dans le § 25 du premier tome d’Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d’une morale universelle qu’il attribue à Kant. S’il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu’il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu’elle diffère d’un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu’une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l’histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d’un véritable devoir d’être soi-même ? D’autant plus dans le sillage d’une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d’analyser ce devoir si singulier qui nous commande d’être, de développer ou de devenir ce soi-même et de voir comment se construit une forme de morale alternative au kantisme à partir de là. Nous verrons ainsi qu’Emerson pense un devoir d’être soi qui, s’il ne fait fi de la morale kantienne, pense l’individu en dehors de la norme commune. Avec son utilitarisme, Mill dessine une autre forme de morale, plus susceptible de faire coïncider devoir de se développer et progrès de l’humanité tout entière. Enfin, Nietzsche balaie complètement la morale kantienne pour penser un devoir de devenir soi absolument antinomique de celle-ci et dont le premier geste constitue une condition.
Les pratiques autobiographiques de Friedrich Nietzsche et de John Stuart Mill Une lecture comparée
Nietzsche et Mill ont en commun d’avoir écrit une autobiographie dans laquelle ils retracent les jalons de l’émergence de leur philosophie mais aussi de leur personnalité. Toutefois, s’il s’agit, selon les termes de Nietzsche, de dévoiler « comment on devient ce qu’on est », on peut se demander quelle fin est poursuivie à travers cette démarche. En effet, influencés par le romantisme, les deux auteurs insistent sur l’absolue individualité des personnalités véritables, qui s’avèrent dès lors inimitables. Que peut donc tirer le public d’une telle lecture ? Notre propos consiste à inscrire la pratique autobiographique telle qu’elle se décline chez Nietzsche et Mill dans la tradition de ce que Pierre Hadot appelait « exercices spirituels » et Michel Foucault « techniques de soi ». Dans cette perspective, la (re)construction du soi par la pratique autobiographique peut malgré tout constituer une forme de discours édifiant, à même de conduire les lecteurs non pas à imiter le parcours de l’auteur mais à vouloir mener une existence à la hauteur de celle qui se donne à voir au fil des pages. En ce sens, si l’exemplarité nietzschéenne est exemplarité d’une déviance, d’une façon de se montrer singulier, elle est davantage dans le cas de Mill illustration d’une vertu qui cherche à se rendre désirable pour autrui.
« Deviens ce que tu es » Pindare, Nietzsche, Heidegger
Ce texte se propose un double objectif : 1) avancer une interprétation du célèbre vers de la deuxième Pythique de Pindare, genoi’ oios essi mathôn, en le replaçant dans le contexte de la célébration de la sagesse du souverain de Syracuse, Hiéron Ier, qui conjoint les exploits aux Jeux pythiques et olympiques et une conscience aiguë des limites de l’humain qui lui attire les bienfaits des dieux, et où la question n’est pas de « devenir soi-même », avec les accents individualistes qui s’attachent pour nous à cette expression, que de se montrer digne de ses exploits et de sa lignée, et donc conforme à ce qu’il est vraiment ; 2) examiner par quel jeu de déplacements et de transpositions cette formule a pu être traduite par Nietzsche, d’abord, par Heidegger, ensuite, par un « Deviens ce que tu es » dont l’accentuation est toute différente. Cette étude constitue ainsi une apostille à l’archéologie de l’idéal contemporain d’authenticité personnelle que l’auteur a développée dans Être soi-même (Gallimard, 2019).
Parce que cette œuvre importante, méritant de constituer un classique selon nous, demeure assez peu connue du public philosophe francophone1, nous avons tenu à traduire ici un certain nombre d’extraits de l’Autobiographie de John Stuart Mill qui nous ont paru significatifs, en particulier vis-à-vis de la thématique de ce volume : le devenir soi, la formation du caractère, autrement dit la Bildung, idéal humboldtien auquel Mill se réfère ici comme dans plusieurs de ses œuvres, et qui tient chez lui tant à l’éducation si particulière et exigeante qu’il reçut qu’aux événements remarquables qui ponctuèrent sa vie. Nous avons ainsi sélectionné des extraits parmi les plus éloquents à nos yeux, en particulier en ce qui concerne le self-development et son ouvrage De la liberté, dans lequel il déploie ce concept.
Discours inaugural prononcé à l’Université de St Andrews Extraits choisis
De 1865 à 1868, John Stuart Mill exerça deux fonctions institutionnelles majeures : député à la Chambre des Communes pour la circonscription de Westminster – mandat au cours duquel il mit aux voix pour la première fois au Parlement britannique, bien que sans succès, un amendement levant l’interdiction de voter pesant sur les femmes – et « Lord Rector » à l’Université de Saint Andrews, l’une des quatre universités écossaises historiques avec Glasgow, Aberdeen et Édimbourg. Cette fonction de « Recteur », instituée en 1858, est alors moins administrative qu’honorifique et intellectuelle : correspondant au troisième plus haut degré d’autorité d’une université après le Chancelier et le Principal, elle est plus éminemment symbolique dans la mesure où le Recteur est élu par le cortège des étudiants qui placent en sa personne, pour ainsi dire, la mission de représenter leurs aspirations et de les guider dans leur formation. Le Recteur est ainsi réputé orienter l’esprit général de l’enseignement dispensé pendant sa mandature de trois ans, et est notamment chargé de prononcer en ce sens un discours solennel appelé Allocution inaugurale ou Discours inaugural (Inaugural Address). En l’occurrence, ce Discours inaugural à l’Université de Saint Andrews a été prononcé par John Stuart Mill un an et demi après sa prise officielle de fonction, le 1er février 1867. Ce fut l’occasion pour lui d’exposer sa conception de l’éducation et plus particulièrement des fonctions légitimes de l’enseignement universitaire. Selon lui, celui-ci ne doit pas destiner les jeunes gens à un quelconque emploi spécialisé, mais les doter d’une « tournure d’esprit » les disposant à une multiplicité de spécialisations possibles et, surtout, à la compréhension la plus vaste des enjeux de leur temps, lesquels ne peuvent s’appréhender sans la connaissance du passé et la maîtrise fine de la langue et des raisonnements.
Au cœur des indéniables progrès de la société moderne, logent de grandes menaces qui entraîneraient pour nous tous une perte du sens même de notre vie, une éclipse des finalités essentielles face à la raison instrumentale et, en fin de compte, le déclin de la liberté. Voilà, selon Charles Taylor, le profond malaise qu’éprouve l’homme moderne.
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Philosophe et politicologue de réputation internationale, Charles Taylor est professeur émérite de l’Université McGill de Montréal. En plus de nombreux articles marquants, il est l’auteur d’ouvrages majeurs dont Hegel et la société moderne, Les sources du moi : la formation de l’identité moderne et La diversité de l’expérience religieuse aujourd’hui. William James revisité.
Portrait du philosophe Charles Taylor réalisé lors d’un rassemblement devant le Palais de justice de Montréal, 5 Mai 2019, Auteur de la photographie : Lëa-Kim Châteauneuf (Wikipédia).
Charles Margrave Taylor, né le 5 novembre 1931 à Montréal (Québec), est un philosophe canadien.
Il est professeur émérite de science politique et de philosophie à l’Université McGill (Montréal) où il enseigne de 1961 à 19971. Sa réflexion se situe au carrefour de nombreux courants de pensée et disciplines : la philosophie analytique, la phénoménologie, l’herméneutique, la philosophie morale, la philosophie de la religion, l’anthropologie, la sociologie, la philosophie politique et l’histoire. Cette variété de thèmes est abordée selon une constante continuité d’inspiration et de style2. Ses écrits sont traduits en plus de vingt langues.
En 2007, il est nommé par le gouvernement québécois coprésident de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (CCPARDC, dite « Commission Bouchard–Taylor ») avec le sociologue et historien Gérard Bouchard.
Au cours de l’hiver 2007, Charles Taylor, à la demande du gouvernement du Québec, est devenu le co-président d’une Commission sur la délicate question du choc des cultures et des religions, dont on souhaite limiter les effets grâce à ce qu’on appelle ici des accommodements raisonnables. Nous profitons de cette occasion pour présenter l’œuvre de Charles Taylor en des termes tels que le plus grand nombre possible de ses concitoyens puissent la comprendre et s’en inspirer dans le débat en cours.
Charles Taylor – Interpretation, modernity, and identity. Charles Taylor – Interprétation, modernité et identité. Le Cercle herméneutique, Argenteuil 2014.
La voix de Charles Taylor est d’autant plus précieuse à entendre pour penser et se déterminer aujourd’hui qu’elle s’élève sur le fond d’un engagement à la fois théorique et pratique dans la concrétude des problèmes que peuvent soulever les pays d’immigration comme le Canada, où le vivre ensemble de cultures différentes n’est pas une donnée initiale, mais doit se conquérir ou s’inventer. Mais on comprend d’autant mieux la centralité de l’interrogation relative à ce qui fait notre modernité et, dans ce contexte, à notre identité, et de la question de l’interprétation, dans la pensée de Taylor, que ce genre de problèmes tend en effet à se propager à l’ensemble de nos sociétés. Celles-ci se voient en effet confrontées à des flux croissants de populations qui sont loin de signifier la fin de la vie provinciale par l’accroissement des échanges, puisque ces flux sont souvent forcés, en particulier lorsqu’ils résultent de politiques de purification ethnique comme on l’a encore récemment vu en Afrique, en Asie et en Europe. La tentation, dans nombre de nos sociétés, d’un repli communautaire frileux sur ses particularismes et le renoncement à vivre dans l’universel au profit d’une jouissance standardisée de biens de consommation produits à l’échelle planétaire, va dans le même sens ; succomber à une telle tentation marquerait l’avènement d’un « monde » dont l’ordre obéirait au modèle d’un bazar koweitien entouré d’une multitude de clubs privés, pour reprendre la com – paraison de Richard Rorty.
Grandeur et misère de la modernité – Rencontre avec Charles Taylor – Émission du 25 novembre 2001 – Télé-Québec (Archives WIKI).
Parcours
Charles Taylor est né en 1931 à Outremont de père anglophone et de mère francophone.
Pour céder à la tentation, ou la manie, des palmarès, il faut dire que Charles Taylor est, selon Guy Laforest, politologue de l’Université Laval, « le plus important intellectuel du vingtième siècle au Québec, avec Fernand Dumont ». Mais sa renommée ne se termine pas à la frontière du Québec, loin de là, puisque selon Richard Rorty, philosophe américain important: « Charles Taylor compte parmi la douzaine de philosophes les plus importants qui écrivent aujourd’hui dans le monde. Ce qui est beaucoup. Bien que lui-même se considère plutôt comme un marginal dans l’univers de la philosophie. »
Trois lectures de Grandeur et misère de la modernité de Charles Taylor
Gagnon, Martin (2005). Trois lectures de Grandeur et misère de la modernité de Charles Taylor. Mémoire. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, 105 p.
The Explanation of Behaviour (London: Routledge and Kegan Paul, 1964)
The Pattern of Politics (Toronto: McClelland and Stewart, 1970).
Part of chapter 7 reprinted in Apex of Power, Thomas A. Hockin, ed. (Scarborough, Ontario: Prentice-Hall, 1971) pp. 108-13.
Chapter 8, « A Canadian Future, » reprinted in his Reconciling the Solitudes, pp. 23-39.
Erklärung und Interpretation in den Wissenschaften vom Menschen. Vorwort von Garbis Kortian (Frankfurt: Suhrkamp, 1975)
Hegel (Cambridge: Cambridge University Press, 1975)
German translation: Hegel (Frankfurt: Suhrkamp, 1978)
Swedish translation: Hegel (Stockholm: Symposion Bokförlag, 1986)
Chinese translation:黑格尔 / Heige’er. Translated by Zhang Guoqing, Zhu Jindong yi. (译林出版社, Nanjing : Yi lin chu ban she, 2002.)
Hegel and Modern Society (Cambridge: Cambridge University Press, 1979)
Japanese translation: (Tokyo: Iwanami Shoten, 1980)
Spanish translation: Hegel v la sociedad moderna (Mexico: Fondo de cultura economica, 1983)
Italian translation: Hegel e la società moderna (Bologna: Il Mulino, 1984)
Chinese translation: 黑格尔与现代社会 / Heige’er yu xian dai she hui (Taipei: Modern Foreign Press, 1988 / 吉林出版集团有限责任公司; Changchun Shi : Jilin chu ban ji tuan you xian ze ren gong si, 2009, translated by M. XU Wenrui).
Swedish translation: Hegel och det moderna samhället (Göteborg: Röda Bokförlaget, 1991)
French translation: Hegel et la société moderne (Sainte-Foy, Québec: Presses de l’Université Paris: Éditions du Cerf Laval, 1998)
Persian translation: (Tehran: Nashr-nov Press, 2001)
Reprint: Hegel and Modern Society (Cambridge Philosophy Classics). Cambridge: Cambridge University Press, 2015.
Abstract:
This rich study explores the elements of Hegel’s social and political thought that are most relevant to our society today. Combating the prevailing post-World War II stereotype of Hegel as a proto-fascist, Charles Taylor argues that Hegel aimed not to deny the rights of individuality but to synthesise them with the intrinsic good of community membership. Hegel’s goal of a society of free individuals whose social activity is expressive of who they are seems an even more distant goal now, and Taylor’s discussion has renewed relevance for our increasingly globalised and industrialised society. This classic work is presented in a fresh series livery for the twenty-first century with a specially commissioned new preface written by Frederick Neuhouser.
Social Theory As Practice (Delhi: Oxford University Press, 1983)
Pp. 1-27 reprinted as « Social Theory and Practice, » in his Philosophy and the Human Sciences, pp. 91-115.
Pp. 28-47 reprinted as « Understanding and Ethnocentricity, » in his Philosophy and the Human Sciences, pp. 116-133.
Pp. 48-67 reprinted as « The Concept of a Person, » in his Human Agency and Language, pp. 97-114.
Human Agency and Language: Philosophical Papers 1 (Cambridge: Cambridge University Press, 1985). [Google Books]
Philosophy and the Human Sciences: Philosophical Papers 2 (Cambridge: Cambridge University Press, 1985). [Google Books]
Negative Freiheit? Zur Kritik des neuzeitlichen Individualismus. Nachwort von Axel Honneth (Frankfurt: Suhrkamp, 1988)
Sources of the Self: The Making of the Modern Identity (Cambridge: Harvard University Press, 1989). [Google Books]
Italian translation: Radici dell’Io. La costruzione dell’identità moderna (Milano: Feltrinelli, 1993)
German translation: Quellen des Selbst: Die Entstehung der neuzeitlichen Identität (Frankfurt: Suhrkamp, 1994)
Spanish translation: Fuentes del yo: la construcción de la identidad (Barcelona: Paidós, 1996)
Brazilian Portuguese translation: Fontes do Self: A construção da Identidade Moderna (São Paulo, Loyola, 1997)
French translation: Les sources du moi: la formation de l’identité moderne (Montréal: Boréal, 1998)
Chinese translation: 自我的根源 : 现代认同的形成 / Zi wo de gen yuan : xian dai ren tong de xing cheng. Translated by Han Zhen, et. al. (译林出版社, Nanjing : Yi lin chu ban she, 2001.)
Serbian Translation Izvori sopstva: stvaranje modernog identiteta, (Akademska knjiga, Novi Sad, 2008)
Greek translation Piges tou eautou (Athens:Indiktos, 2007).
Japanese translation: 自我の源泉 : 近代的アイデンティティの形成 / Jiga no Gensen: Kindaiteki Aidentiti no Keisei. (Nagoya: University of Nagoya Press, 2010). Translated by Kiyoshi Shimokawa, Tetsu Sakurai and Tomohiko Tanaka.
Croatian translation: Izvori sebstva. Razvoj modernog identiteta, trans. by Marina Miladinov, Naklada Breza, 2011.
The Malaise of Modernity (Concord, Ontario: Anansi, 1991). Republished as The Ethics of Authenticity (Cambridge: Harvard University Press, 1992) PDF
French translation: Grandeur et misère de la modernité (Montréal: Bellamin, 1992)
French translation: La Malaise de la Modernité (Paris: Le Cerf, 1994)
Italian translation: Il disagio della modernità, (Roma: Editori Laterza, 1994)
Dutch translation: De malaise van de Moderniteit (Kok Agora/Pelckmans, 1994)
Spanish translation: La ética de la Autenticidad (Barcelona: Paidós, 1994)
Chinese translation: 现代性之隐忧 / Xian Dai Xing Zhi Yin You. Translated by M. Cheng Lian. (Beijing: 2001); 本真性的倫理 / Ben zhen xing de lun li. (上海三聯書店, Shanghai Shi : Shanghai san lian shu dian, 2012).
Slovenian Translation: “Nelagodna sodobnost,” Claritas, Ljubljana, Študentska založba, 2000
Serbian Translation: Bolest modernog doba, Beogradski krug, Beograd, 2002.
Ukrainian translation: Etyka avtentychnosti, (Kyiv: Dukh i litera, 2002)
Portuguese translation: A Ética Da Autenticidade [The Ethics of Authenticity] . Trans. Talyta Carvalho. Realizações Editora, 2011.
Multiculturalism and ‘The Politics of Recognition’, Amy Gutmann, ed. (Princeton: Princeton University Press, 1992)
Republished with additional commentaries as Multiculturalism: Examining the Politics of Recognition, Amy Gutmann, ed. (Princeton: Princeton University Press, 1994)
Reprinted in his Philosophical Arguments pp. 225-56.
Pp. 25-40 reprinted in Campus Wars: Multiculturalism and the Politics of Difference, John Arthur and Amy Shapiro, eds. (Boulder: Westview, 1995) pp. 249-63.
German translation: Multikulturalismus und die Politik der Anerkennung (Frankfurt: Fischer, 1993)
Italian translation: Multiculturalismo: La politica del riconoscimento (Milano: Anabasi, 1993)
Spanish translation: El multiculturalismo y ‘La politica de reconocimiento’ (Fondo de Cultura Economica, 1993)
Dutch translation: Multiculturalisme (Boom, 1995)
Swedish translation: Det mångkulturella samhället och erkännandets politik (Göteborg: Daidalos, 1995)
Italian translation: Multiculturalismo: Lotte per il riconoscimento ( Milano: Feltrinelli, 1998)
French translation: Multiculturalisme: Différence et démocratie (Paris: Aubier, 1994)
Japanese translation: Maruchikaruchurarizumu (Tokyo: Iwanami Shoten, 1996)
Slovenian Translation: “Politika priznanja”, Nova revija, Letn. 24 [i. e. 25], št. 285/286 (jan./feb. 2006), str. 217-247.
Serbian Translation: « Multikulturalizam i politika priznanja » in Habitus, Novi Sad, No. 9-10/2003-4, pp. 179-2001
Rapprocher les solitudes: écrits sur le fédéralisme et le nationalisme au Canada, Guy Laforest, ed. (Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1992)
English edition: Reconciling the Solitudes: Essays in Canadian Federalism and Nationalism, Guy Laforest, ed. (Montreal and Kingston: McGill-Queen’s University Press, 1993)
Spanish translation: Acercar las soledades: federalismo y nacionalismo en Canada (Donostia: Tercera Prensa, 1999)
[with Vitit Muntarbhorn] Roads to Democracy: Human Rights and Democratic Development in Thailand (Bangkok and Montreal: International Centre for Human Rights and Development, 1994)
Philosophical Arguments (Cambridge, Mass: Harvard University Press, 1995)
Brazilian Portuguese translation: Argumentos Filosóficos (São Paulo, Loyola, 2000)
Identitet, Frihet och Gemenskap: Politisk-Filosofiska Texter, Harald Grimen, ed. (Göteborg: Daidalos, 1995)
De politieke Cultur van de Moderniteit (The Hague: Kok Agora, 1996)
La liberté des modernes. Essais choisis, traduits et présenté par Philippe de Lara (Paris: Presses Universitaires de France, 1997)
A Catholic Modernity? Charles Taylor’s Marianist Award Lecture, with responses by William M. Shea, Rosemary Luling Haughton, George Marsden, and Jean Bethke Elshtain, James L. Heft, ed. (Oxford University Press, 1999)
Reprinted in Believing scholars: ten Catholic intellectuals, ed. by James L. Heft (New York: Fordham University Press, 2005).
Italian translation (of Taylor’s Lecture only) in La modernità della religione, Paolo Costa ed. (Rome: Meltemi, 2004), pp. 81-109
Wieviel Gemeinschaft braucht die Demokratie? Aufsätze zur politische Philosophie (Frankfurt: Suhrkamp, 2002).
Varieties of Religion Today: William James Revisited (Cambridge, Mass: Harvard University Press, 2002)
German translation: Die Formen des Religiösen in der Gegenwart (Frankfurt am Main: Suhrkamp 2002)
Polish translation: Oblicza religii dzisiaj (Cracow: Znak, 2002)
Italian translation in La modernità della religione, Paolo Costa ed. (Rome: Meltemi, 2004), pp. 81-109.
Dutch Translation: Wat betekent religie vandaag? ed. and trans. by Guido Vanheeswijck (Kapellen: Pelckmans. Kampen: Klement, 2003).
Spanish Translation: Las variedades de la religión hoy (Barcelona: Paidós, 2003).
Modern Social Imaginaries, Dilip Gaonkar, Jane Kramer, Benjamin Lee and Michael Warner, eds. (Durham, NC: Duke University Press, 2004). [Google Books].
Italian translation: Gli immaginari sociali moderni, Paolo Costa, ed. (Rome: Meltemi, 2005)
Chinese translation: 現代性中的社會想像 / Xian dai xing zhong de she hui xiang xiang. Translated by Shang-yuan Li. (商周出版 : 家庭傳媒城邦分公司發行 ; 農學總經銷, Tai bei shi : Shang zhou chu ban : Jia ting chuan mei cheng bang fen gong si fa xing ; [Tai bei xian xin dian shi] : Nong xue zong jing xiao, 2008.01.)
A Secular Age. Cambridge: Belnap Press of Harvard University Press, 2007.
Italian translation: L’età secolare, Paolo Costa, ed. (Milan: Feltrinelli, 2009)
Czech translation: Sekulární Věk. Dilemata Moderní Společnosti. Vybrané Kapitoly [A Secular Age, selections] . Translated by Ondřej Štěch and Tomáš Chudý. Praha: Filosofia, 2013.
Abstract:
Co to znamená, když řekneme, že žijeme v sekulární době? V odpovědi na tuto otázku Charles Taylor dokládá, jakým zásadním způsobem se v průběhu posledních staletí změnilo postavení náboženství v západních společnostech. Český překlad vybraných kapitol Taylorova rozsáhlého díla ukazuje historický vývoj sekulárních aspektů moderní doby a objasňuje, jak se tyto změny promítají do naší současnosti a jaké důsledky to s sebou nese.
Spanish Translation: La Era Secular. Translated by Marta Beltrán Bahón and Ricardo Garcia Pérez. Barcelona: Gedisa, 2015.
Abstract:
En los últimos siglos Occidente ha ensanchado su abanico de opciones en cuestiones de creencia, ya sean religiosas, ateas u otras difíciles de clasificar. Iniciando un proceso paulatino de declive de la fe y retirada de la religión de la vida pública. Este retroceso supone un cambio impactante si pensamos en el papel que hasta hace poco jugaban las iglesias cristianas en el mundo Occidental. ¿Por qué ha sucedido todo esto? ¿Cuáles son los rasgos del nuevo paisaje espiritual? La era secular es el ensayo escrito más ambicioso y sobresaliente sobre el complejo proceso de secularización en Occidente que aún sigue en marcha. El filósofo Charles Taylor desgrana, en este segundo volumen, el cambio de las condiciones de la fe que desde la Ilustración socavaron las viejas formas y sentaron las bases de una nueva alternativa humanista. Sin embargo, este debilitamiento de las representaciones anteriores no ha sido incompatible con la persistencia de cierto anhelo de religiosidad, lo cual se traduce en nuestros días, en el florecimiento de múltiples alternativas a veces contradictorias y en un novedoso pluralismo en cuestión de espiritualidad.
French translation: L’Âge Séculier. Translated by Patrick Savidan. Montréal: Boréal; Paris: Seuil, 2011.
German translation: Ein säkulares Zeitalter. Translated by Joachim Schulte. Berlin: Suhrkamp, 2010.
Serbian translation: Doba Sekularizacije. Translated by Slobodan Damnjanović and Slobodan Divjak. Beograd: Albatros plus : Službeni glasnik, 2011.
[With Jocelyn Maclure]. Laïcité et liberté de conscience. Montreal: Boréal, 2010. [Publisher’s Page]
English Translation: Secularism and Freedom of Conscience, Cambridge, MA: Harvard University Press, 2011. [Publisher’s Page]
Spanish Translation: Laicidad y libertad de conciencia. Alianza Editorial, 2011.
German Translation: „Laizität und Gewissensfreiheit“. Aus dem Französischen von Eva Buddeberg und Robin Celikates. Suhrkamp Verlag, Berlin 2011.
Italian Translation: La Scommessa Del Laico, translated by Federica Giardini. Roma: Laterza, 2013.
Dilemmas and Connections: Selected Essays. Cambridge, Mass. : Belknap Press of Harvard University Press, 2011. [Google Books]
In this essay Charles Taylor defines what is essential to democracy beyond its institutional manifestations—namely, representative institutions, popular suffrage, and political parties. Taylor supports a republican democratic theory, which he opposes to neoliberal democracy. Neoliberalism views democracy instrumentally and attaches no intrinsic value to political participation and self-government. Following Tocqueville, Taylor emphasizes the identification of citizens with the common good while rejecting monolithic constructions of a Rousseauean general will. Taylor seeks to outline a republican democratic theory that responds to contemporary challenges, particularly those that relate to the exclusion of cultural minorities in increasingly multicultural societies. The essential characteristic of the Tocquevillian compromise attained by Taylor is a sincere and innovative appreciation of diversity. First presented in Chile in 1986, Democracia Republicana / Republican Democracy foresees a republican solution for the problems generated by the neoliberal democratic system inherited from Pinochet’s dictatorship. The essay was missing for many years and was only recently discovered. It is published here for the first time in both Spanish and English. There is also an appendix called « Charles Taylor and Republican Democracy » by Renato Cristi and J. Ricardo Tranjan.
How can people of diverse religious, ethnic, and linguistic allegiances and identities live together without committing violence, inflicting suffering, or oppressing each other? In this volume, contributors explore the limits of toleration and suggest we think beyond them to mutual respect. Salman Rushdie reflects on the once tolerant Sufi-Hindu culture of Kashmir. Ira Katznelson follows with an intellectual history of toleration as a layered institution in the West. Charles Taylor advances a new approach to secularism in our multicultural world, and Akeel Bilgrami responds by offering context and caution to that approach. Nadia Urbinati explores why Cicero’s humanist ideal of Concord was not used in response to religious discord. The volume concludes with a refutation of the claim that toleration was invented in the West. Rajeev Bhargava writes on Asoka’s India, and Karen Barkey explores toleration within the Ottoman and Habsburg Empires. Sudipta Kaviraj examines accommodations and conflicts in India, and Alfred Stepan highlights contributions to toleration and multiple democratic secularisms in such Muslim-majority countries as Indonesia and Senegal.
Incanto e Disincanto. Secolarità e Laicità in Occidente. Translated by Paolo Costa. Bologna: EDB, 2014. In Italian.
An original essay by Taylor, in which parts of the essays contained in Dilemmas and Connections are re-writed and translated (by Paolo Costa.
La Democrazia e i Suoi Dilemmi. Translated by Paolo Costa. Parma: Diabasis, 2014. In Italian.
Contents:
« Some Conditions of a Viable Democracy » (translated as Democrazia e comunità),
« Several Reflections on the Theme of Solidarity » (translated as Democrazia e solidarietà),
« Democratic Exclusion (and Its Remedies?) » (translated as Democrazia ed esclusione).
Church and People: Disjunctions in a Secular Age. Christian Philosophical Studies, vol. I, [edited with José Casanova and George F. McLean]. Washington, DC: The Council for Research in Values and Philosophy, 2012. http://www.crvp.org/book/Series08/128710%20ChurchPeople.pdf.
[With Hubert L. Dreyfus]. Retrieving Realism. Cambridge, MA : Harvard University Press, 2015.
Dutch Translation: Het Realisme Herwonnen [Retrieving Realism] . Translated by Michiel Meijer. Zoetermeer: Klement, 2016.
The Language Animal: The Full Shape of the Human Linguistic Capacity. Cambridge, Massachusetts : The Belknap Press of Harvard University Press, 2016.
Abstract:
In this book, Charles Taylor explains linguistic holism to people who believe language needs to be thought of as bits of information. According to one influential view of language, one that originated with Hobbes, Locke, and Condillac, language serves to encode information and to communicate it. This theory has been rendered more sophisticated over the last two centuries, but it still gives a central place to the encoding of information. The thesis of Taylor’s new book is that this view neglects crucial features of our language capacity. Sometimes language serves not just to encode information, but also shapes what it purports to describe. This language is more than merely ‘descriptive;’ it plays a ‘constitutive’ role.
German Translation: Das Sprachbegabte Tier – Grundzüge Des Menschlichen Sprachvermögens. Translated by Joachim Schulte. Suhrkamp, 2017.
Abstract:
Seit Jahrhunderten wird in der Philosophie über die Natur der Sprache gestritten. Für die rationalistisch-empiristische Tradition in der Folge von Hobbes, Locke und Condillac ist sie ein Werkzeug, das Menschen erfunden haben, um Informationen auszutauschen. In seinem neuen Buch bekennt sich Charles Taylor zum gegnerischen Lager der Romantik um Hamann, Herder und Humboldt und zeigt, dass der rationalistisch-empiristische Ansatz etwas Entscheidendes übersieht: Sprache beschreibt nicht bloß, sie erschafft Bedeutung, formt alle menschliche Erfahrung und ist integraler Bestandteil unseres individuellen Selbst. Taylor geht jedoch noch einen Schritt über das Denken der deutschen Romantik hinaus und entwirft eine umfassende Theorie der Sprache im Sinne des linguistischen Holismus: Sprache ist ein geistiges Phänomen, aber sie kommt auch in künstlerischen Darstellungen, Gesten, Stimmen, Haltungen zum Ausdruck und kennt daher keinen Gegensatz von Körper und Geist. Indem er dieses grundlegende Vermögen des »sprachbegabten Tiers« erhellt, wirft Taylor ein neues Licht darauf, was es heißt, ein Mensch zu sein.
Taylor, Charles, Madeline Beaubein Taylor, and Patrizia Nanz. Reconstructing Democracy: How Citizens are Building from the Ground Up. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2020. https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674244627
Abstract:
Across the world, democracies are suffering from a disconnect between the people and political elites. In communities where jobs and industry are scarce, many feel the government is incapable of understanding their needs or addressing their problems. The resulting frustration has fueled the success of destabilizing demagogues. To reverse this pattern and restore responsible government, we need to reinvigorate democracy at the local level. But what does that mean? Drawing on examples of successful community building in cities large and small, from a shrinking village in rural Austria to a neglected section of San Diego, Reconstructing Democracy makes a powerful case for re-engaging citizens. It highlights innovative grassroots projects and shows how local activists can form alliances and discover their own power to solve problems.
German Translation: Das Wird Unsere Stadt: Bürger:Innen Erneuern Die Demokratie [Reconstructing Democracy: How Citizens Are Building from the Ground Up] . Translated by Rita Seuss. Edition Körber-Stiftung: Hamburg, 2022. In German.
Abstract:
Nur gemeinsam können Bevölkerung und Politik die Probleme des Landes lösen. Was wir alle dafür tun müssen? Die Expertise der Bürger:innen vor Ort ernst nehmen, Veränderung wagen und kommunale Politik als Grundlage eines neuen demokratischen Selbstverständnisses fördern. Patrizia Nanz, Charles Taylor und Madeleine Beaubien Taylor machen klar: Die Beteiligung von Bürger:innen muss endlich mehr sein als ein Feigenblatt der repräsentativen Demokratie. Denn erfolgreiche und innovative Projekte entstehen bottom-up, in einem Zusammenspiel unterschiedlicher Ideen und Kompetenzen, wie die Autor:innen in zahlreichen Beispielen erfolgreicher Beteiligungsprozesse darlegen.
Death opens the gates to resurrection. The pathways to faith are diverse, but all carry components of death and renewal. In Avenues of Faith: Conversations with Jonathan Guilbault, Charles Taylor takes readers through a handful of books that played a crucial role in shaping his posture as a believer, a process that involved leaving the old behind and embracing the new. In a dynamic interview-style structure, Taylor answers questions from Jonathan Guilbault about how each book has informed his thought. The five sections of Avenues of Faith briefly introduce authors and their principal works before delving into the associated discussion. Taylor and Guilbault engage Maurice Merleau-Ponty’s Phenomenology of Perception, Friedrich Hölderlin’s Poems, Charles Baudelaire’s The Flowers of Evil, Fyodor Dostoyevsky’s The Brothers Karamazov, and Brother Émile’s Faithful to the Future: Listening to Yves Congar. By exploring themes such as faith, the church, freedom, language, philosophy, and more, this book engages both literary enthusiasts and spiritual seekers. Scholars of Taylor will recognize the philosopher’s continuation of his reflections on modernity as he expresses his faith. Avenues of Faith gives readers unprecedented access to a world-renowned philosopher’s reflections on the literary masterpieces that have shaped his life and scholarship and that continue to stand the test of time.
Taylor, Coharles, Craig Calhoun, and Dilip Parameshwar Gaonkar. Degenerations of Democracy. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2022. 368.
Abstract:
Democracy is in trouble. Populism is a common scapegoat but not the root cause. More basic are social and economic transformations eroding the foundations of democracy, ruling elites trying to lock in their own privilege, and cultural perversions like making individualistic freedom the enemy of democracy’s other crucial ideals of equality and solidarity. In Degenerations of Democracy three of our most prominent intellectuals investigate democracy gone awry, locate our points of fracture, and suggest paths to democratic renewal.
In Charles Taylor’s phrase, democracy is a process, not an end state. Taylor documents creeping disempowerment of citizens, failures of inclusion, and widespread efforts to suppress democratic participation, and he calls for renewing community. Craig Calhoun explores the impact of disruption, inequality, and transformation in democracy’s social foundations. He reminds us that democracies depend on republican constitutions as well as popular will, and that solidarity and voice must be achieved at large scales as well as locally.
Taylor and Calhoun together examine how ideals like meritocracy and authenticity have become problems for equality and solidarity, the need for stronger articulation of the idea of public good, and the challenges of thinking “big” without always thinking “centralization.”
Dilip Parameshwar Gaonkar points out that even well-designed institutions will not integrate everyone, and inequality and precarity make matters worse. He calls for democracies to be prepared for violence and disorder at their margins—and to treat them with justice, not oppression.
The authors call for bold action building on projects like Black Lives Matter and the Green New Deal. Policy is not enough to save democracy; it will take movements.
The Language Animal, Charles Taylor’s 2016 account of human linguistic capacity, was a revelation, toppling scholarly conventions and illuminating our most fundamental selves. But, as Taylor noted in that work, there was much more to be said. Cosmic Connections continues Taylor’s exploration of Romantic and post-Romantic responses to disenchantment and innovations in language.
Reacting to the fall of cosmic orders that were at once metaphysical and moral, the Romantics used the symbols and music of poetry to recover contact with reality beyond fragmented existence. They sought to overcome disenchantment and groped toward a new meaning of life. Their accomplishments have been extended by post-Romantic generations into the present day. Taylor’s magisterial work takes us from Hölderlin, Novalis, Keats, and Shelley to Hopkins, Rilke, Baudelaire, and Mallarmé, and on to Eliot, Miłosz, and beyond.
In seeking deeper understanding and a different orientation to life, the language of poetry is not merely a pleasurable presentation of doctrines already elaborated elsewhere. Rather, Taylor insists, poetry persuades us through the experience of connection. The resulting conviction is very different from that gained through the force of argument. By its very nature, poetry’s reasoning will often be incomplete, tentative, and enigmatic. But at the same time, its insight is too moving—too obviously true—to be ignored.
REVUE DE PRESSE
Réponses à mes critiques, Charles Taylor
Revues Philosophiques, Volume 33, numéro 2, automne 2006, p. 333-554
Je suis d’accord, au fond, avec les grandes lignes de l’exposé de Tom McCarthy sur la situation actuelle des «modernités multiples». Le processus de modernisation sur le plan mondial constitue en effet une contrainte pour tous les pays, mais davantage sentie par les pays dits «en voie de développement». Et cela pour des raisons que j’ai déjà exposées dans un autre article, que McCarthy cite d’ailleurs dans son texte[1]. Certains changements, que nous considérons essentiels à la modernisation — tels une économie de marché et un État doté d’une bureaucratie — sont effectivement indispensables. Quiconque n’arrive pas à les reproduire chez lui se trouvera en effet dominé ou colonisé (ou néo-colonisé) par d’autres pays plus forts, ou incapable de résister aux sociétés transnationales, qui, elles, sont appuyées par les pays les plus forts.
Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité, Montréal, Bellarmin, 1992, 151 p.
Laurent Laplante, journaliste
Un compte rendu de la revue Bulletin d’histoire politique
Ce document est le compte rendu d’une autre œuvre tel qu’un livre ou un film. L’œuvre originale discutée ici n’est pas disponible sur cette plateforme.
Volume 1, numéro 2-3, printemps 1993, p. 75–76
Le référendum du 26 octobre 1992
Un temps d’arrêt pour une authenticité plus élevée
Par Maxime Robinson – L’auteur est étudiant au baccalauréat en philosophie à l’Université d’Ottawa, Le Devoir de philosophie, Le Devoir, 11 avril 2020
Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie et d’histoire des idées le défi de décrypter une question d’actualité à partir des thèses d’un penseur marquant.
Le confinement imposé par le gouvernement Legault ne manque pas de transformer nos vies. Autrefois structurés sur l’expectative du vendredi, nous semblons tous éprouver un malaise devant autant de temps libre. Sans travail et brouhaha quotidiens, plusieurs deviennent prisonniers de leur habitation, sans trop savoir comment combler leur temps libre. Ce malaise ne serait-il pas révélateur de quelque chose de plus profond ?
Juxtaposer narcissime contemporain et primauté de la raison instrumentale pour y cerner les maux de la modernité.
par Laurence Caron-Bleau et Tristan Wahid, 9 novembre 2021, Philosophie, Portraits de philosophe
« La découverte de ma propre identité ne signifie pas que je l’élabore dans l’isolement, mais que je la négocie à travers un dialogue, en partie ouvert, en partie intérieur, avec les autres »
Charles Taylor
« C’est ainsi que je pense car cela est ce que je ressens, et je désire que tu respectes ce sentiment qui m’anime. » Comment aller à l’encontre d’une telle volonté de liberté de conscience ? Impossible, ou presque, de s’aventurer en ces eaux. Et même si une éphémère volonté de contredire ces propos nous éprend, l’exprimer à voix haute ne se fait qu’au risque de recevoir les foudres fatales des ardent·e·s défenseur·e·s de la culture de l’annulation (ccancel culture, en anglais). Or, des arguments comme celui cité ci-haut se fondent sur une conception erronée des libertés fondamentales et sur un idéal de l’authenticité travesti pour camoufler des comportements égoïstes qui manquent en réalité de rigueur intellectuelle.
L’individualisme, précurseur des problèmes de santé mentale
9 mai 2022, Yvon Charest, Ex-président et chef de la direction d’Industrielle Alliance
Il ne faut pas reculer bien loin dans le temps pour constater que les gens se donnaient la mission d’être un maillon actif dans la communauté. Comment pensez-vous que les fameux propos de John Kennedy en 1960 seraient reçus aujourd’hui ? « Ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous ; demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
La face sombre de l’individualisme nous éloigne du souci des autres et de la communauté. Elle amène un repli sur soi qui aplatit et rétrécit nos vies pour utiliser les propos de Charles Taylor, philosophe québécois qui a écrit Grandeur et misère de la modernité.
This Philosopher Has Reimagined Identity and Morality for a Secular Age
Charles Taylor, winner of the first $1 million Berggruen Prize for philosophy, has helped reshape debates on what it is to be human.
By Craig Calhoun, Contributor, President, Berggruen Institute, 13 octobre 2016 – Mis à jour le 27 novembre 2016
One of the world’s most respected philosophers has just won the Berggruen Prize. Is this news you can use?
Yes, as a matter of fact, it is. The prize has been given to Charles Taylor, an exceptional thinker whose work can be of value both personally and in public life. In his native Canada, Taylor was a founder of the New Democratic Party, shaped debates and policy on immigration and ethnic politics, and played an important role in keeping Quebec part of Canada but with special status recognizing its distinctive culture. Taylor is of global influence as a Catholic thinker, a leader on the social democratic left and a spokesperson for combining rather than opposing liberalism and defense of community. His publications will reward readers with very different interests from personal identity to the challenges of modern democracy to religion in a secular age.
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
Définitions de « être-au-monde »
Définition – La langue française
L’être-au-monde est un concept central dans la philosophie de Martin Heidegger, qui se réfère à la manière dont un individu existe et interagit avec son environnement.
Il s’agit d’une relation dynamique entre l’individu et le monde qui l’entoure, où l’un ne peut être compris sans l’autre. Cette notion souligne l’importance de la perception et de l’expérience personnelle dans la compréhension du monde.
En somme, être-au-monde représente la condition fondamentale de l’existence humaine, caractérisée par une interaction constante et inextricable avec notre environnement.
La lecture du livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR permet de cerner un peu plus notre existence au monde et dans le monde.
Mon propos portera sur certains malaises de la modernité. J’entends par là des traits caractéristiques de la culture et de la société contemporaines que les gens perçoivent comme un recul ou une décadence, en dépit du « progrès » de notre civilisation. On affirme parfois qu’un déclin imporant s’est produit au cours des dernières décennies — depuis la Deuxième Guerre Mondiale ou les années cinquante, par exemple. Il arrive mpeme que ce sentiement remonte plus loin encore : certaions considèrent toute l’époque moderne depuis le XVIIe siècle comme une longue décadence. Même si l’échelle chronologique varie beaucoup, on observe une certaine convergence sur le thème de la décadence. Il s’agit, en fait, de variations sur quelques motifs fondamentaux. J’aimerais en relever deux et en signaler ensuite une troisième qui procède pour une bonne part part de ceux là. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 11.
Le philosophe Charles Taylor nous livre donc trois causes de malaise face à la modernité.
L’individualisme
1. La première cause de malaise est l’individualisme. Bien sûr, l’individualisme désigne aussi ce que plusieurs considèrent comme la plus belle conquête de la modernité. Nous vivons dans un monde où les gens peuvent choisir leur mode de vie, agir conformément à leurs convictions, en somme, maîtriser leur existence d’une foule de façons dont nos ancêtres n’avaient aucune idée. Désormais, les personne ne sont plus sacrifiées sur l’autel des valeurs prétendument sacrées qui les transcendent.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 12.
(…) L’égalité démocratique, dit Tocqueville, ramène l’individu vers lui-même et “menace de le renfermer enfin tout entier dans la solitude de son propre cœur” (3). En d’autres mots, la face sombre de l’individualisme tient à un repliement sur soi, qui aplatit et rétrécit nos, qui en appauvrit le sens et nous éloigne du souci des autres et de la société.
(3) Alexis de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, Paris, Garnier-Flammarion, 1981, p. 127.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 14-15.
L’individualisme se manifeste par un manque d’ouverture à l’autre, par une pudeur face à la confidence, par une peur déraisonnable du jugement, par un plus grand jardin secret. Il faut des mois sinon des années pour parvenir à une communication véritable avec l’autre, de cœur à cœur. On perd un temps fou à bâtir la confiance nécessaire pour vaincre l’inquiétude et l’anxiété et finalement s’ouvrir le plus largement possible à l’autre.
Jeune, je demandais à mes relations potentielles, de s’ouvrir dès le départ comme si nous nous connsaissions depuis toujours, pour ne pas gaspiller notre temps. « Allons tout de suite à la source ». Évidemment, très rares étaient les individus sur mon chemin capables de briser et de sortir de la coquille de noix de leur individualisme.
L’individuaslisme pousse l’individu à la solitude forcée, même entouré de tous ses amis(es). Et il y a aussi cet individu que se sent « Seul dans la foule ».
Enfant, j’ai préféré la solitude pour avoir la sainte paix. Aussi, je jouais souvent seul plutôt que de me joindre aux autres enfants de ma rue. Le brouhaha des jeux d’équipe me troublait et m’épuisais rapidement.
Étais-je seul dans ma solitude ? Étais-je individualiste ? Non, le monde entier habitait ma solitude. J’étais un petit Atlas, pour lequel le poids du monde était source de créativité. Et je communiquais avec le monde par mes écrits, notamment ma poésie que je publiais en recueils dès mes 15 ans avec l’aide de la direction de mon collège.
Ma solitude me permattait ainsi de vivre pleinement mon hypersentibilité, ma perméabilité au monde et à la société. Mais ce monde m’a déçu car il était loin d’être ce que l’on m’avait promis qu’il était. Je fus désenchanté.
Le désenchantement du monde
2. Le désenchantement du monde se rattache à un autre phénomène important et inquiétant de l’époque moderne. On pourrait l’appeler la primauté de la raison instrumentale. Par « raison instrumentale », j’entends cette rationalité que nous utilisons lorsque nous évaluons les moyens les plus simples de parvenir à une fin donnée. L’efficacité maximale, la plus grande productivité mesurent sa réussite.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 15.
Ah ! Cette fameuse prise de conscience que le monde est encarcanné dans un système tout puissant qui réduit passablement notre liberté dès l’adolescence. On a alors le choix de se glisser dans ce système et d’en tirer le meilleur parti « individuellement ». Ou on peut refuser de vivre aux dépends du système et vivre en marge, sur un chemin de travers, souvent pour une simple question de valeurs et de principes. Oui, déjà à l’adolescence, il est possible d’épouser et de s’ancrer dans des valeurs et des principes durables et indentitaires soustraient aux aléas du fil de notre vie.
« Oui à l’évolution. Non aux compromis. » Cette approche m’a conduit à un problème de rigidité affectant ma gouvernance personnelle, aujourd’hui résolu, ne serait-ce qu’en partie. Or, toute politique personnelle ou envers soi-même est d’abord et avant une affaire de compromis, à l’instar de la politique d’État.
Conséquences appréhendées de l’individualisme et de la raison instrumentale sur la politique
3. Cela nous amène au niveau politique et aux conséquences appréhendées de l’individualisme et de la raison instrumentale. J’en ai déjà évoqué une. Les institutions et les structure de la société techno-industrielle retreignent considérablement nos choix : elles forcent les sociétés autant que les individus à donner à la raison instrumentale un poid que nous ne lui accorderions jamais dans un débat moral sérieux, qui pourrait se révéler extrêment destructeur. On en trouve un exemple topique dans l’extrême difficulté que nous éprouvons à faire face aux menaces écologiques qui pèsent sur nos vies, comme l’amincissement de la couche d’ozone. On peut penser qu’une société fondée sur la seule raison instrumentale menace les libertés, tant individuelles que collectives — parce que ce ne sont pas seulement nos décisions sociales qu’elle modèlent. On a bien du mal à maintenir un style de vie individuel contre le courant. Par exemple, la conception même de certaines villes modernes impose l’usage de la voiture privée, surtout quand on a laissé se dégrader les transports en commun.
Mais plusieurs ont parlé d’une autre perte de liberté, en particulier Alexis de Tocqueville. Dans une société formée d’individus “renfermés dans la solitude de leur propre cœur”, peu de personnes souhaiteront participer activement à la vie politique. Elles préfèreront rester chez elle pour jouir des satisfactions de la vie privée, aussi longtemps que le gouvernement du moment assurera les moyens de les satisfaire et les distruera assez généreusement.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 20.
La remarque du philosophe Charles Taylor au sujet de la couche d’ozone date de 1992. Depuis, il y a eu mobilisation mondiale et la couche d’ozone va mieux.
27 janvier 2023
Le trou de la couche d’ozone se résorbe !
Selon un rapport publié le 9 janvier dernier par l’ONU, la barrière protectrice devrait entièrement se rétablir d’ici 40 ans. L’interdiction de certaines substances chimiques profite également à la lutte contre le réchauffement climatique.
Un trou dans le ciel
La couche d’ozone stratosphérique sert de bouclier à notre planète contre les rayonnements du soleil. Élément vital de notre atmosphère, celle-ci agit comme un filtre invisible qui protège toutes les formes de vie contre une surexposition aux rayons UV nocifs. C’est grâce à elle que la vie a pu se développer sur les continents !
Alors, quand dans les années 1970, les scientifiques alertent les dirigeants politiques à propos de l’apparition d’un trou dans la couche d’ozone, c’est la panique !
Le phénomène est saisonnier. Au cours du printemps de chaque hémisphère, l’épaisseur de la couche d’ozone diminue au-dessus des pôles, elle se reconstitue quelques mois plus tard et se recreuse de nouveau l’année suivante. En cause, les chlorofluorocarbures (CFC), présents dans les systèmes réfrigérants, les climatisations, les bombes aérosols, les solvants… Les halons, composés chimiques ininflammables, contribuant également à la destruction de la couche d’ozone, sont utilisés comme gaz d’extinction dans les extincteurs et les systèmes de protection contre les incendies.
Le Protocole de Montréal
En 1987, vingt-quatre pays et la Communauté économique européenne prennent la mesure du danger et signent un traité, appelé Protocole de Montréal. Le texte interdit alors l’usage des substances qui détruisent la couche d’ozone comme les chlorofluorocarbures, utilisés comme réfrigérants, solvants et comme gaz propulseur dans les sprays. Quarante ans plus tard, l’ensemble des pays du globe ont ratifié l’accord.
« L’extrême difficulté » est donc en voie d’être surmontée dans le cas précis de la couche d’ozone. Et la mobilisation se poursuit, non sans nos efforts individuels et collectifs, mais avec un certain succès même s’il n’est pas encore à la hauteur des défis posés par les changements climatiques.
« C’est au bord du gouffre que l’humanité changera » entend-t-on dans le film Le Jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still) avec Keanu Reeves sorti en 2008.
L’arrivée sur Terre de Klaatu, un extraterrestre d’apparence humaine, provoque de spectaculaires bouleversements. Tandis que les gouvernements et les scientifiques tentent désespérément de percer son mystère, une femme, le docteur Helen Benson, parvient à nouer un contact avec lui et à comprendre le sens de sa mission. Klaatu est là pour sauver la Terre avec ou sans les humains.
Le philosophe Charles Taylor résume en ces mots les trois malaises de la modernité :
Tels sont les trois malaises de la modernité dont j’aimerais traiter dans ce livre. Le premier concerne ce que l’on pourrait appeler une perte de sens : la disparition des horizons moraux. Le deuxième concerne l’éclypse des fins, face à une raison instrumentale effrénée. Et le troisième porte sur la perte de liberté.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 1 – Trois malaises, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 22.
La perte de sens, conséquence du rejet de la hiérarchie, des institutions morales et religieuse, coïncide avec la critique faite aux révolutionnaires à l’effet qu’ils ont jeté le bébé avec l’eau du bain. Au Québec, on se réfère aux années 1960-1970 au cours desquelles se déroule la Révolution tranquille, période dite de « transformation et de modernisation ».
La raison instrumentale (ou calculante) correspond à la science, à la technique, à la gestion économique et aux méthodes d’organisation et d’administration. Elle est orientée vers la maîtrise du réel. Elle s’intéresse aux moyens, non aux fins. Son principal critère est l’efficacité.
LACROIX, Michel, Ma philosophie de l’homme, 10. La raison instrumentale et la raison critique, Éditions ROBERT LAFFONT, 2015.
Pour ce qui est de « la maîtrise du réel », on repassera. « L’efficacité mais à quel prix, à quelles fins ? » Je donne souvent en exemple le problème du suicide pour illustrer l’échec de la raison instrumentale. Le problème persiste malgré tout comme plusieurs autres en nos sociétés. Je me demande si nous réfléchissons correctement à ces problèmes, si ce n’est pas une question du « comment nous pensons » qui fait défaut. Tout gouvernement devrait avoir une commission permanente d’épistémologie à laquelle confier l’étude du « comment nous pensons » les problèmes avant même d’avancer des explications et des solutions logiques.
Dans le deuxième chapitre de GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe Charles Taylor pose un diagnostic à savoir que nous nous retrouvons dans « Un débat mal engagé » impliquant le relativisme et l’authenticité comme idéal au sein de la culture contemporaine.
Ma position diffère de celle des défenseurs et des détracteurs de la culture contemporaine. Contrairement à ses défenseurs, je ne crois pas que tout aille pour le mieux dans cette culture. Je m’entends sur ce point avec les détracteurs. Mais contrairement à ceux-ci, je pense qu’on devrait réellement considérer l’authenticité comme un idéal moral. Je m’éloigne aussi de diverses positions moyennes selon lesquelles il y a de bonnes choses dans cette culture (comme une plus grande liberté individuelle), mais comportent des dangers (comme un affaiblissement du civisme), de sorte que la meilleure politique consiste à cherche un compromis idéal entre les coûts et les bénéfices.
Je soutiens plutôt la thèse que cet idéal s’est dégradé, mais qu’il reste extrêmement valable, et que les modernes, je dirais, ne peuvent pas le répudier. Nous n’avons besoin ni d’une condamnation sans appel ni d’un éloge aveugle ; ni non plus d’un compromis savamment équilibré. Nous avons besoin d’un effort de ressourcement grâce auqule cet idéal pourrait nous aider à redresser nos conduites.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 2 – Un débat mal engagé, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 37-38.
Se référant au livre L’ÂME DÉSARMÉE (1987) d’ALLAN BLOOM traitant du « climat intellectuel qui règne aujourd’hui parmi les étudiants », le philosophe Charles Taylor écrit :
Ce livre prenait fermement position contre les attitudes des jeunes qui fréquentent actuellement l’université. Le trait principal qu’il relevait à propos de leur conception de la vie était leur acceptation d’un relativisme quelque peu facile. Chacun ou chacune possède ses propres « valeur » dont il est impossible de discuter. Mais comme BLOOM le faisait remarquer, cela ne représentait pas seulement une position épitémologique, une conception sur les limites que la raison peut établir; cela représentait aussi une position morale : on ne doit pas contester les valeurs d’autrui. Ça le regarde, c’est son choix, et il faut le respecter. Ce réaltivisme était en partie fondé sur un principe de respect mutuel.
Em d’autres mots, ce relativisme était lui-même une remification d’une forme d’individualisme dont le principe pourrait se définir comme suit : cahcun a le droit d’organiser sa propre vie en fonction ce qu’il juge vraiment important et valable. Il faut être sincère envers soi-même et cherche en soi-même son propre épanouissement. En quoi consiste cet épanouissement ? En dernière analyse, c’est à chacun de la déterminer soi-même. Personne d’autre ne peut ou ne doit essayer de lui dicter quoi que ce soit.
Voilà une façon de voir que nous connaissons bien. Elle reflète ce que nous pourrions appeler l’idéologie de l’épanouissement de soi, très répandue actuellement et particulièrement forte dans les sociétés occidentales depuis les années soixante. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 2 – Un débat mal engagé, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 25-26.
Allan Bloom
L’Âme désarmée
Essai sur le déclin de la culture générale
Traduit par : Paul Alexandre, Traduit par : Pascale Haas, Préface de : Saul Bellow
L’université : est-il possible en un mot de faire lever plus de prestiges ? Il s’agit bien du centre de l’Occident, parce que l’Université est le cœur des démocraties. Allan Bloom balaie ces prestiges, ces mirages : narcissisme, nihilisme, relativisme paralysant, « créativité » stérile. Fait-il le procès de l’Amérique ? Il l’aime, mais craint pour son avenir, et pour le nôtre. Fait-il le procès de la jeunesse ?
Il l’aime avec une générosité et un discernement peu communs, mais son anxiété croît : ces dernières décennies ont vu se répandre, en Europe non moins qu’aux États-Unis, un style d’éducation et un mode de vie qui tendent à rendre les jeunes gens et les jeunes filles de plus en plus incapables de faire face noblement, intelligemment ou même raisonnablement aux grands faits de la vie humaine : l’amour, la famille, la citoyenneté, la recherche de la vérité.
Allan Bloom nous redonne accès à ce très proche trésor que les universités soucieuses d’« utilité » et de « scientificité », que les Églises ivres de popularité et d’« ouverture » ont mis sous le boisseau : notre âme. Elle est le seul sujet de ce livre profond.
Publié en anglais en 1987 (The Closing of the American Mind), l’ouvrage a été traduit en français dès sa parution, dans une édition amputée de l’essentiel de sa troisième partie. Le voici proposé dans une traduction intégrale.
Toute relation avec autrui implique non seulement le respect mais aussi et surtout une reponsabilité. On ne laisse pas autrui se jeter en bas d’un pont par simple respect de sa décision de mourir. Nous avons tous une responsabilité les uns envers les autres. Si le respect implique de laisser autrui dans l’erreur, ce n’est plus du respect mais plutôt du mépris. Le respect dans un contexte de repliement sur soi-même exige un acte de déploiement de soi. Cette idée du « Chacun pour soi » revient à s’enfermer en soi-même, comme dans une prison, d’où l’impossibilité de toute communication avec l’extérieur. Alors pourquoi vivent en communauté si c’est « Chacun pour soi » ? Il nous faut être davantage interventionniste pour prendre notre resposabilité face à autrui.
Aujourd’hui (2024), j’observe un désengagement général de la population envers elle-même, envers autrui. Nous avons tendance à déléger aux gouvernements notre responsabilité personnelle face à autrui.
Au Québec, par exemple, à la suite du rejet en bloc des institutions religieuses jusque-là garantes de la charité avant le Révolution Tranquille des années 1960-1970, le gouvernement de la province a été dans l’obligation d’étatiser la charité avec des programmes sociaux. Auparavant, le curé de la paroisse obligeait ses croyants les plus riches à venir en aide une famille pauvre dont la maison incendiée n’était plus que ruine. Ce n’est plus le cas.
Un jour, un croyant de ma paroisse se leva en pleine célébration à la suite de l’appel du curé en faveur d’une famille nombreuse et pauvre et cria : « Et vous, Monsieur le Curé, pourquoi ne prenez vous-pas cette famille dans votre presbytère. Vous avez tout l’espace nécessaire et plusieurs chambres innoccupées ? » Le curé se voyait ainsi renvoyé à lui-même dans son appel à la solidarité de sa communauté.
Pendant ce temps, ma mère me faisait porter des plats cuisinés par ses soins à notre voisin âgé de 98 ans et il en fut ainsi jusqu’au décès de ce dernier. Ma mère avait l’habitude de prendre ses responsabilités face à autrui par sa propre initiative suivant son idéal chrétien. Les siens ne se limitaient pas à sa propre famille; elle avait le sens de la communauté.
Aujourd’hui, il revient à chacun d’assurer sa demeure contre les incendies et les innondations ou de se priver de telles assurances si son budget ne le permet pas. C’est « Chacun pour soi ».
Le troisième chapitre du livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ est intitulé « Les sources de l’authenticité ». Il vient de soutenir en conlusion du chapitre précédent que « l’authenticité est un idéal valable », et cette thèse, ajoute Charles Taylor, « rejette énergiquement la plus grande partie de la critique de la culture de l’authenticité ».
L’éthique de l’autenticité, relativement récente, appartient à la culture moderne. Dès la fin du XVIIIe siècle, elle se développe à partir des formes anciennes de l’individualisme, comme le rationalisme libre de Descartes, qui impose à chaque personne de penser par elle-même, ou l’individualisme politique de Locke, qui attribue à la personne et à sa volonté la priorité par rapport aux obligations sociales. Mais l’authenticité moderne est entrée aussi, à certains égards, en conflit avec les formes anciennes. Elle procède du Romantisme qui condamne le rationalisme libre et l’atomisation parce qu’ils rompent les liens de la communauté.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 39.
L’authenticité ! Quel sujet ! « Soyons authentiques, vrais, c’est tout ce qui importe. » Ça sonne bien à nos oreilles. « Je suis authentique. Je ne peux pas être plus vrai qu’authentique. »
Pour comprendre la nouveauté de cette idée, il faut la rapporcher des anciennes morales dans lesquelles le contact avec une source extérieure — Dieu ou l’Idée de bien — était considéré comme essentiel. Désormais la source qu’il nous faut atteindre se trouve en nous. Cela s’inscrit dans le tournant subjectif global de la culture moderne : une forme de nouvelle intériorité nous amène à nous concevoir comme des êtres doués de profondeurs intimes. Au départ, cette ideée que la source se situe en nous n’exclut pas que notre être soit relié à Dieu ou aux Idées ; on peut considérer que c’est la voie qui nous mène vers elle ou vers Lui. En un sens, on peut penser qu’elle prolonge et accentue l’évolution inaugurée par saint Augustin qui disait que le chemin vers Dieu passait pas notre propre conscience réflexive.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 40-41.
Tout est en nous, dans nos « profondeurs intimes » ? « Désormais la source qu’il nous atteindre se trouve en nous » ? Personnellement, ma source se trouve dans l’autre, dans celui ou celle qui me révèle à moi-même. Mes « profondeurs intimes » demeurent préméables à l’apport de l’autre. Car à quoi me servirait bien ces « profondeurs intimes » si elles n’étaient pas éclairées par l’autre et meublées avec l’autre.
Charles Taylor précise qu’ « Au départ, cette idée que la source qui se situe en nous n’exclut pas que notre être soit relié à Dieu ou aux Idées ; on peut considérer que c’est la voie qui nous mène vers elles ou Lui ». Pour autant que Dieu et les Idées soient extérieurs à nous, que nous ne les avons pas créés personnellement mais acquis de l’extérieur, la voie ne suit pas un chemin de l’intérieur vers l’extérieur; c’est plutôt le contraire. Bref, la source en nous trouve son eau à l’extérieur de nous. On pourra même se demander si nous en avons le contrôle suivant une raison instrumentale forcée à l’individualisme.
Ce point de vue a d’abord donné lieu à des formulations théistes ou, du moins, panthéistes. Jean-Jacques Rousseau est le philosophe le plus important à avoir contribué à cette transformation. (…) Selon Rousseau, le problème de la morale consiste à prêter attention à la voix de la Nature en nous. Cette voix est le plus souvent étouffée par les passions que crée notre dépendance à l’égard des autres, dont la principale est « l’amour propre » (21) ou l’orgueuil. Notre salut moral se trouve dans le retour à un contact authetique avec nous-même. Rousseau donne même un nom à ce contact intime avec soi, plus fondamentalement que tout autre point de vue moral est qui est une source de joie et de contentement : « le sentiment de l’existence (22) ».
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(21) En français dans le texte. (NDT)
(22) « Le sentiment de l’existence dépouillé de toute affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix qui suffirait seul pour rendre cette existence chète et douce à qui saurait écarter de soi toutes les impressions snsuelles et terrestres qui viennent sans cesse nous en distraire et en troubler ici-bas la douceur. Mais la plupart des hommes agités de passions continuelles connaissent peu cet état et ne l’ayant goûté qu’imparfaitement durant peu d’instants n’en conservent qu’une diée obscure et confuse qui ne leur en fait pas sentir le charmes. » ROUSSEAU, Les Rêveries du promeneur solitaire, Ve Proménade, in œuvres complète, vol. 1, Paris, Gallimard, 1959, 0. 1047.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 41-42.
« La voix de la Nature en nous » ? La Nature a-t-elle une voix, vibre-t-elle ? On peut l’imaginer. Mais, en fin de compte, c’est l’Homme qui vibre, qui éprouve des sentiments vibratoires.
Et cette voix de la Nature en nous serait « le plus souvent étouffée par les passions que crée notre dépendance à l’égard des autres » ? Ce sont les autres qui me donnent le sentiment d’exister. Seul, je n’existe pas. Je dépends des autres. Jean-Jacques Rousseau pointe du doigt « l’amour-propre » comme étant la « principale » dépendance à l’égard des autres.
Rousseau : la distinction entre amour de soi et amour-propre
« L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible. Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l’amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l’amour-propre. Ainsi, ce qui rend l’homme essentiellement bon est d’avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l’opinion. Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes. Il est vrai que ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations, et c’est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent les soins plus indispensables pour prévenir dans le cœur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins. »
Attention ! Qui n’a pas d’amour-propre n’aura pas le sentiment de sa propre valeur et de sa dignité. Et qui a-t-il de mal « à agir pour mériter l’estime d’autrui » ? L’estime d’autrui, c’est la reconnaissance de l’agir et ça fait du bien. Évidemment, avec l’individualisme forcené, on peut être centré sur soi dans la démesure et ainsi nourrir un ego disproportionné dans la plus grande dépendance à autrui. Grandeur et misère de l’individualisme, pourrait-on dire.
amour propre
Sentiment qu’on a de sa propre valeur, de sa dignité, et qui pousse à agir pour mériter l’estime d’autrui.
Mais revenons à l’idéal de l’authenticité. Il prend une importance capitale à cause de l’évolution que se produit après Rousseau et que j’associe à Herder : lui aussi formule une idée qui se trouve dans l’air du temps plutôt qu’il ne la crée. Il affirme que chacun de nous a une façon particulière d’être humain : chaque personne possède sa propre « mesure (23) ». Cette idée s’est gravée profondément dans la conscience moderne. Elle est nouvelle. Avant la fin du XVIIIe siècle, personne ne pensait que les différences entre les êtres humains avaient autant de signification morale. Il existe une certaine façon d’être humain qui est la “mienne”. Je dois vivre ma vie de cette façon et non pas imiter celle des autres. Cela confère une importance toute nouvelle à la sincérité que je dois avoir envers moi-même. Si je ne suis pas sincère, je rate ma vie, je rate ce que représente pour moi le fait d’être humain.
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(23) « Jeder Mensch hat ein eigenes Mass, gleichsam eine eigene Stimmung aller seiner sinnlichen Gefühle zu einander. » HERDER, Ideen, vii.I, Sämtliche Werke, sous la direction de Bernard Suphan, Berlin, Weidmann, 1877-1913, vol. XIII, p. 291.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 3 – Les sources de l’authenticité, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 43-44.
P.S.: Johann Gottfried (von) Herder (né le 25 août 1744 à Mohrungen et mort le 18 décembre 1803 à Weimar) est un poète, théologien et philosophe allemand. Ami et mentor du jeune Goethe, ce disciple de Kant est considéré comme l’inspirateur du Sturm und Drang et des deux grands Classiques de Weimar Goethe et Schiller dans leur jeunesse. (Wikipédia)
Est-ce vrai qu’« Avant la fin du XVIIIe siècle, personne ne pensait que les différences entre les êtres humains avaient autant de signification morale » ? Si cette affirmation est véridique, elle ne s’applique qu’aux personnes n’ayant pas voyagées, n’ayant été confrontées à d’autres cultures et d’autres morales.
Et si je dois reconnaître que ma façon d’être humain n’est que la mienne, unique et originale, je ne suis plus humain car ce n’est que dans le regard de l’autre que je suis. Qu’est-ce que c’est que cette façon de voir l’étant humain ? Si « Je dois vivre ma vie de cette façon et non pas imiter celle des autres », aussi bien m’isoler seul sur un île. Être sincère envers moi-même n’implique pas que je doive vivre ma vie d’une façon particulière d’être humain. Je sincère envers moi-même que si je suis sincère avec autrui, peu importe ma façon d’être humain. Autrement, il me faut inclure la sincérité envers moi-même dans ma façon même d’être humain, ce qui n’est plus exclusif.
Et c’est à ne rien y comprendre en lisant le chapitre suivant, 4. D’indispensables horizons.
Le caractère général de l’existence humaine que je veux évoquer est son caractère dialogique fondamental. Nous devenons des agents humains à part entière, capable de nous comprendre, et donc de définir une identité, grâce à l’acquisition des grands langages humains d’expression.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 48.
(…) Nous nous définissons toujours dans un dialogue. parfois par opposition, avec les identités que « les autres qui comptent » veulent reconnaître en nous. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 49.
(…) Quoiqu’on en pense, la création et le développement de notre identité, en l’absence d’un effort hérïque pour nous couper de l’existence commune, demeurent dialogiques tout au long de notre vie.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 4 – D’indispensables horizons, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 51.
C’est dans le dialogue que se construit ma façon particulière d’être humain. Et si je suis sincère envers moi-même, je dois reconnaître l’apport des autres dans ma manière d’être, la part dialogique de ma manière d’être. Je refute donc l’idée du philosophe allemand Johann Gottfried von Herder à savoir que ma manière d’être est toute mienne, originale et unique au monde, et n’a pas un caractère, ne serait-ce qu’en partie, culturel et universel. Même ma façon de faire mienne provient de ce caractère. Ce n’est pas en cela que puisse tenir ma différence d’autant plus que mon identité, la seule qui soit réelle, est sociale plutôt que personnelle (voir : mon rapport de lecture : ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999).
Dans cet ordre des choses, il n’y a pas d’engendrement intérieur, monologique, comme j’ai essayé de le montrer plus haut. Je ne peux pas découvrir isolément mon identité : je la négocie dans un dialogue, en partie extérieur, en partie intérieur, avec l’autre. C’est pourquoi le développement de l’idéal de l’identité engendrée de l’intérieur confère une importance capitale nouvelle à la reconnaissance d’autrui. Ma propre identité dépend essentiellement de mes relations dialogiques avec les autres.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 65.
(…) Le problème à propos de l’identité personnelle originale et qui émane de l’intérieur, c’est qu’elle ne dispose pas de cette reconnaisance a priori. Elle doit se la mériter à travers l’échange, et elle peut échouer. La nouveauté, à l’époque moderne, n’est pas le besoin de reconnaissance mais la possibilité qu’il puisse ne pas être satisfait. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 65.
Au niveau personnel, nous pouvons constater à quel point une dientité originale a besoin de cette reconnaissance que consentent ou refusent les « autres qui comptent » et à quel point elle est aussi vulnérable. Il n’est étonnant que les relations personnelles apparaissent comme des lieux privilégiés de la découverte et de la confirmation de soi dans une culture de l’authenticité. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 67.
Je relève cette affirmation comme le point le plus important de ce chapitre :
(…) « Notre identité change sans cesse, mais nous la formons comme celle d’une personne qui a déjà vécu une partie de sa vie et qui continue à vivre. (…)
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 5 – Le besoin de reconnaissance, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 71.
Nous sommes tous témoin des chagements qui s’opèrent dans notre vie au fil des ans, à moins d’être totalement inconscients. La vie vécu ne se résume pas à notre parcours, à nos prises de conscience. Elle affecte notre identité. L’identité n’est donc pas immobile, invariable, fixée une fois pour toute. Elle change. Et c’est MA vie vécu qui donne à MON identité SON originalité son caractère inédit, SA particularité.
Moi, si versatile : Le problème de l’identité personnelle chez Paul Ricœur et László Tengelyi
Comment une personne peut-elle rester identique dans le temps malgré les changements qu’elle traverse au cours de sa vie ? L’identité personnelle, abordée dans ce mémoire comme phénomène temporel, renvoie au fait qu’une personne reste la « même » ou « soi-même » à travers le temps. Cette permanence dans le temps ne prend toutefois pas le sens de l’invariabilité ou de l’immuabilité. Une personne qui semble être la même qu’hier et dont on s’attend à ce qu’elle reste identique demain a connu et connaîtra inévitablement des transformations autant physiques, psychologiques que morales. Confronté à cette variabilité, on ne met pourtant pas en doute l’identité indéniable de tout un chacun. L’identité personnelle se phénoménalise donc comme une forme de permanence dans le changement. Si l’expérience surmonte toujours déjà l’apparente contradiction entre la permanence et les changements d’une personne dans le temps, la question théorique de l’identité personnelle prend l’apparence d’un défi. Dans ce mémoire, nous proposons de répondre à ce défi à partir de l’œuvre du philosophe et herméneute Paul Ricœur. Le premier et le second chapitres de ce mémoire seront consacrées à la restitution de sa recherche conceptuelle, investiguant les concepts de mêmeté et d’ipséité, puis de sa recherche descriptive, consacrée aux phénomènes de caractère, de promesse et d’identité narrative. Afin d’évaluer les apports de Ricœur au défi de l’identité personnelle, sa conception de l’identité fera l’objet au troisième chapitre d’une lecture critique dans laquelle ses limites seront identifiées. Ce geste de déconstruction permettra de repenser, avec le philosophe László Tengelyi, les possibilités offertes par les analyses de Ricœur sur la base desquelles une conception plus adéquate de l’identité personnelle sera édifiée dans le dernier chapitre.
BOIS, Cassandre, Moi, si versatile : Le problème de l’identité personnelle chez Paul Ricœur et László Tengelyi, Maîtrise en philosophie – avec mémoire Maître ès arts (M.A.), Sous la direction de Donald A. Landes et Sophie-Jan Arrien, Université Laval, Québec, Canada, 2020.
Dans le sixième chapitre de son livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNIT, le philosophe CHARLES TAYLOR traite du « dérapage su subjectivisme ».
Jusqu’ici j’ai tenté de mettre en perspective ce qu’on a applé « la culture du narcissisme », qui fait de l’épanouissement de soi la principale valeur de la vie et qui semble ne reconnaître que peu d’exigences morales extérieures ou d’engagements profond à l’égard des autres. Cette idée d’épanouissement de soi paraît à ces deux égards très égocentrique, d’où le terme « narcissisme ». Je soutiens que nous devrions considérer que cette culture est l’expression partielle d’une aspitation morale, l’idéal de l’authenticité, mais que cet idéal ne justifie pas ces modes égocentriques. Ceux-ci apparaissent plutôt, à la lumière de cet idéal, comme des modes aberrants et futiles.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 73.
(…) La culture du narcissisme se nourrit d’un idéal qu’elle trahait systématiquement.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 75.
Bien sûr, d’un certain point de vue, le motifs qui nous poussent à adopter de plus en plus des conduites égocentriques sont assez évidents. Nos relations avec les autres, aussi bien que les exigences morales extérieures, peuvent s’averer en conflit avec notre développement personnel. Les exigences d’une carrière peuvent être incompatibles avec nos obligations familiales ou avec l’allégence à une plus grande cause ou un principe. La vie paraît plus facile des qu’on peut négliger ces contraintes extérieures. En effet, dans certains cas, lorsqu’on s’efforce de définir une identité fragile et confictuelle, oublier toute contrainte peut sembler la seule façon de survivre.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 6 – Le dérapage du subjectivisme, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 75.
Que retenir ? Qu’il y a de plus en plus de gens égocentriques ? Oui, on le constate à chaque jour. Qu’il y a de plus en plus de gens narcissiques ? Oui, on l’observe à tous les jours.
Le magazine scientifique de l’Université de Fribourg
Dossier
Tous narcissiques?
par Patricia Michaud
A l’ère des réseaux sociaux et du focus sur l’individu, la question revient souvent: sommes-nous toutes et tous narcissiques? Le point avec le généticien Bruno Lemaitre, auteur d’un livre sur le sujet, et avec le philosophe Patrik Engisch, qui a fait du sujet un point fort de sa recherche à l’Université de Fribourg
La notion de narcissisme est un peu utilisée à toutes les sauces; comment la définiriez-vous?
Bruno Lemaitre: En effet, plusieurs définitions circulent. Voici celle que je trouve la plus pertinente: sont narcissiques des individus qui aiment se mettre en avant et être des leaders. Ils se rendent visibles et sont souvent extravertis. Parfois, ils prennent des risques pour réussir et obtenir un gain en reconnaissance. Il y a aussi la notion de surdimensionnement: ils exagèrent, parfois inconsciemment. Ils ont également le sentiment d’être spéciaux, de ne pas avoir à suivre les règles. J’appelle cela l’«entitrement», une traduction personnelle du terme anglais entitled. Je citerais aussi une forte estime de soi et un attachement au statut, qui entraînent une vulnérabilité face à la critique. Ces personnes recherchent des situations où elles seront admirées. La séduction et l’aisance dans les relations à court terme sont aussi des indicateurs de narcissisme. Un autre point clé: une sensibilité accrue au regard des autres. A noter qu’il y a deux formes de narcissisme, la forme grandiose et la forme vulnérable. Le narcissique grandiose a besoin de l’admiration des autres, au point parfois d’y être accro; là, on peut entrer dans la pathologie. Tandis que le narcissique vulnérable est, lui, en recherche d’acceptation par les autres. Il se montre donc très sensible aux critiques.
Narcisse s’est regardé comme un reflet dans l’eau et a commencé à s’aimer pour sa propre beauté. Peinture par Caravaggio (1571–1610), Galleria Nazionale d’Arte Antica. Wikipédia.
Le téléphone cellulaire devient-il aujourd’hui cette étendue d’eau dans laquelle ses adeptes regardent leur propre reflet ? Ou, au contraire, le téléphone cellulaire détourne-t-il ses adeptes d’eux-mêmes ? Les réponses à ces questions demeurent hors de ma portée car il y a beaucoup plus de jugements que d’études objectives sérieuses.
Je noterai cependant que les productions télévisuelles québécoises se targuent de scénariser des Québécois afin qu’ils puissent se reconnaître à l’écran. Est-ce de l’égocentrisme, du narcissisme ? Personnellement, je ne regarde pas la télévision d’ici pour me voir, pour me reconnaître. Une représentation de moi-même ne me divertie pas du tout. Non pas parce que je ne m’aime pas ou que je n’aime pas le peuple dont je suis ais plutôt parce que ce n’est pas un enjeu pour moi. Je n’ai pas besoin de voir des gens comme moi ou des gens de ma culture pour être rassuré, conforté dans que je suis et comment je le suis. Il n’y a dans cette approche de la télévision aucune découverte. Mais il semble que cela explique en partie le succès de la télévision québécoise auprès des Québécois.
J’ai montré que la culture de l’authenticité s’inspire d’un idéal qui, correctement compris, en condamne les variantes le plus « narcissitques ». C’est une culture qui souffre d’une tension constitutive. Mon point de vue s’oppose donc à cette conception très répandue selon laquelle les formes les plus égocentriques de la réalisation de soi ne sont que le produit d’un égïsme effréné ou, au mieux, qu’elles procèdent d’un idéal qui ne vaut guère plus que les conduites les moins recommandables qu’il inspire.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 7 – La lotta continua, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 91.
Le philosophe Charles Taylor s’appuie sur cette « tension constitutive » en soutenant : « Cette tension naît du sentiment d’un idéal qui n’est pas entièrement satisfait dans la réalité ». Il présume que nous sommes sous l’influence d’un idéal d’authenticité que nous ne parvenons pas à satisfaire dans nos efforts de réalisation de soi. Je n’adhère pas à cette idée faisant de l’authenticité un idéal à atteindre.
Dans cette perspective, la société n’évolue pas dans une seule direction. Le fait qu’il y ait des tensions et des conflits signifie qu’elle peut aller dans un sens ou dans l’autre, D’une part, il y a tous les facteurs, sociaux et intérieurs, qui rabaissent la culture de l’authenticité vers ses formes les plus égocentriques; de l’autre, il y a la force inhérente et les exigences de son idéal. Un conflit s’engage, qui pourrait se résoudre dans un sens ou dans l’autre.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 7 – La lotta continua, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 97.
S’il est une tension, à mon humble avis, est met en scène l’idéalisme et le réalisme. Je me demande si nous pouvons être autrement qu’authentique. Aussi, la réalité ne rime tel pas avec authentique, non idéalisme. Évidemment, tout repose sur la définition de l’authenticité.
Revues Philosophiques Volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 3-248 L’authenticité : une esquisse de définition. – L’objectif de cet article est de cerner la nature de l’idéal d’authenticité, si répandu dans notre culture et nos sociétés contemporaines. Tout d’abord, l’authenticité ne joue-t-elle pas un rôle analogue, par son ampleur et sa vocation à s’appliquer à la totalité de la vie, de ce qu’a été l’idéal de sagesse pour l’Antiquité ? D’autre part, l’authenticité peut-elle se définir simplement comme une sincérité intégrale ? N’est-elle pas plus proche de la vertu d’intégrité ? Nous nous efforçons de montrer l’insuffisance des deux principales voies pour approcher cette notion, celle des théories expressivistes de l’authenticité, d’inspiration romantique, et celle des théories volontaristes qui se sont développées dans le sillage de l’existentialisme : aucune de ces deux approches ne permet de répondre à ce que nous avons appelé le « problème difficile » de l’authenticité.
L’authenticité : une esquisse de définition
par Claude Romano, Université Paris-Sorbonne, 2020
(…) Si être authentique consiste à être fidèle à ses engagements quels que soient ces engagements, nous nous sommes ôté le moyen de rendre compte du fait indéniable qu’il est tout à fait possible de s’engager à quelque chose (pensée, action) sans que cela reflète le moins du monde ce que nous sommes — simplement parce que nous sommes les jouets de notre entourage ou d’une fausse idée de nous-mêmes. Or toute pensée de l’authenticité doit se donner les moyens de distinguer des engagements faussés, inadéquats, c’est-à-dire procédant d’une forme d’étrangeté à soi ou d’aliénation, et des engagements conformes à notre être — et cet être ne saurait se ramener à une somme d’engagements. (…)
On le voit, l’authenticité n’est ni la sincérité ni l’intégrité : elle ressemble à la sincérité en ce sens qu’elle a affaire à la vérité, et consiste à faire la vérité sur soi, à la fois pour soi-même et pour les autres. Tandis que la sincérité consiste simplement à dire ce qu’on pense, et la fiabilité à faire ce qu’on dit, l’authenticité consiste à être ce qu’on est et à se présenter aux autres comme tel. C’est pourquoi une seconde différence importante entre la sincérité et l’authenticité est que celui qui est sincère peut parfaitement se duper lui-même ou être dans l’illusion sur soi — il dit ce qu’il pense ou ce qu’il éprouve, mais il se trompe à ce sujet. Être sincère n’implique aucunement que ce que l’on dit avec sincérité soit la vérité (il suffit que cela soit ce qu’on croit être la vérité). Au contraire, faire la vérité dans sa vie, exister en plein accord avec soi-même, c’est-à-dire avec ce que l’on croit, espère, désire, avec les idéaux auxquels on souscrit, implique nécessairement ne pas être dupe de soi-même, de posséder une certaine lucidité à l’égard de soi. D’autre part, l’authenticité ressemble à l’intégrité puisqu’elle consiste à mener une existence qui soit conforme à ses propres principes, mais elle s’étend au-delà de l’intégrité à des aspects de nous-mêmes qui n’ont pas de statut éthique, comme l’épanouissement de nos propres talents, le fait de suivre nos véritables préférences au lieu de se conformer aux goûts des autres, ou d’écouter nos sentiments véritables au lieu de les confondre avec ceux de notre entourage. L’intégrité consiste à se tenir fermement à ses principes éthiques et à se conduire en conséquence ; l’authenticité consiste plutôt en deux attitudes étroitement imbriquées : 1) vivre en conformité avec ses principes mais aussi avec ses aspirations en général, ses goûts, ses préférences, ses talents, ses réactions affectives ; 2) se présenter aux autres d’une manière qui soit fidèle à ces mêmes principes, aspirations ou réactions affectives, et ne pas chercher à les travestir. L’intégrité est une fidélité à des valeurs qui sont justes ou bonnes, mais pour ainsi dire « impersonnelles » ; l’authenticité est une fidélité à ces mêmes principes, mais également à des valeurs plus « personnelles » — désirs, goûts, aspirations pour autant qu’ils sont les nôtres, qu’ils constituent notre propre identité.
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
Parlant du paradigme expressiviste et du paradigme volontariste de l’authenticité, Claude Romano ajoute :
En outre, il y a une critique qu’il faut adresser conjointement à ces deux paradigmes : ils demeurent prisonniers d’une conception foncièrement individualiste de l’authenticité. (…)
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
J’aime bien cette dénonciation de la « conception foncièrement individualiste de l’authencité » dont nous pouvons être prisonniers parce que l’authenticité n’est pas qu’une affaire individuelle – personnelle – mais aussi et surtout d’identité sociale
Si nous voulons donc donner un sens à l’idée d’authenticité, il faut d’une part admettre une nature individuelle de chacun, située en deçà de tout choix et de toute volonté, et qu’il est possible d’apprendre à discerner pour trouver son orientation dans l’existence, et, d’autre part, admettre que cette « nature » (il n’y a aucune raison de refuser ce terme) se modifie au gré de l’histoire individuelle de chaque être et sous l’effet d’innombrables influences, ce qui ne la disqualifie aucunement pour sous-tendre l’exercice de notre authenticité. En réalité, l’authenticité ne consiste pas seulement en une présentation de soi aux autres qui soit fiable et véridique ; elle est ce qui contribue, en vertu de la manière dont nous nous présentons aux autres, à la constitution même de notre identité, au fait pour nous de jouir d’une identité stable que nous puissions endosser devant autrui. L’authenticité sert à « construire » notre identité en tant qu’identité fondamentalement sociale. Elle est le socle d’une dynamique sociale de constitution de soi en vertu de laquelle seul peut avoir une identité au sens ici pertinent celui qui est capable de l’assumer de manière fiable devant les autres — et de l’endosser de cette manière pour qu’elle soit précisément son identité. L’authenticité, au même titre que la sincérité (dire ce qu’on pense) ou la fiabilité (faire ce qu’on dit), a un rôle essentiel à jouer dans la constitution de nos identités, et pas seulement dans leur communication, en sorte que tout ce processus est un processus essentiellement social, et non pas social de manière simplement accidentelle.
Romano, Claude. « L’authenticité : une esquisse de définition. » Philosophiques, volume 47, numéro 1, printemps 2020, p. 35–55. https://doi.org/10.7202/1070249a.
Au Québec, en 1967, année du centenaire du Canada et alors que le Québec est en pleine Révolution tranquille, le chanteur québécois Pierre Filion enregistre une chanson au sujet de l’authenticité et de la liberté d’expression sous le titre « Dis ce que tu penses ». La chanson sera popularisée par la publicité d’une marque de bière. Elle sera populaire au point d’être au programme des feux de camp de mes années dans les scouts.
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Il faut être soi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu as un travail, fais-le
Tu as raison, dis-le
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Quand c’est non, c’est non
Si ça va, c’est bon
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu aimes la vie, vis-la
Tu as une blague, dis-le
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu as un droit, dis-le
Tu as un devoir, fais-le
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Ta vieille routine, brise-la
Cette aventure vit la
Dis que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Tu es heureux, crie-le
Ton merci, dis-le
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dis ce que tu penses
Fais ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dis ce que tu penses
Fais-ce que tu dis
Sois toi-même dans ce monde d’aujourd’hui
Dans son essai GRANDEUR ETMISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe CHARLES TAYLOR observe que « le sujet devient de plus en plus le centre de tout, et de multiples façons » dans la culture moderne. Il soutient que « La liberté et l’autonomie moderne nous centrent sur nous-mêmes ». Enfin, il ajoute que « l’idéal de l’authenticité exige que nous découvrions et formulions notre propre identité ». Notons ce lien entre l’authencité et l’identité.
Dans ce débat polarisé, on se trouve à escamoter, en même temps que cet idéal, une distinction essentielles à la compréhension de la culture moderne. On pourrait dire de cette culture qu’elle est emporté par un mouvement multiforme de « subjectivation » : le sujet devient de plus en plus le centre de tout, et de multiples façons. Les choses qui trouvaient autrefois leur centre de gravité dans quelque réalité extérieure — la loi ou la nature — dépendent désormais de notre possibilité à choisir. Les questions auxquelles une autorité apportait naguère une réponse indiscutable, il nous faut maintenant y réfléchir par nous-mêmes. La liberté et l’autonomie moderne nous centrent sur nous-mêmes et l’idéal de l’authenticité exige que nous découvrions et formulions notre propre identité.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 8 – Des langages plus subtils, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 103.
« Authenticité » et « Identité » ne peuvent pas être séparés. Il s’agit donc d’être authentique dans notre identité ou d’avoir une indentité authentique. Et qui dit « Identité », dit aussi « sociale ».
Si être authentique, c’est être sincère avec soi-même, recouvrer son propre « sentiment d’existence (54) », nous ne pouvons alors y parvenir pleinement qu’en reconnaissant que ce sentiment nous relie à un tout plus vaste. Ce n’était sans doute pas par hasard qu’à l’époque romantique le sentiment de soi et le sentiment d’appartenir à la nature étaient liés (55). Peut-être la perte de ce sentiment d’appatatenance à un ordre commun doit-elle être compensée par le sentiment qu’il existe un lien plus fort, plus intérieur. C’est vraisemblablement ce à quoi une grande partie de la poésie moderne a essayé de donner forme; mais nous avons peut-être aujourd’hui besoin de plus que cela.
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(54) En français dans le texte. (NDT)
(55) Voir Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Ve Promenade, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1959, p. 1045.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 8 – Des langages plus subtils, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, pp. 115-116.
Mais en quoi y a-t-il un « sentiment » d’exister ? Dans son texte, Le sentiment d’exister, le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger écrit :
Le sentiment d’exister est différent de celui de se sentir vivant, de sentir battre son cœur ou de constater simplement que ça bouge à l’intérieur de nous.C’est le sentiment d’appartenir à une communauté. Il nous renvoie à la quête de notre identité, dans notre propre famille, dans notre couple ou parmi nos amis…Un sentiment à la fois fragile et intime…
Le sentiment d’exister serait donc « le sentiment d’appartenir à une communauté » ? J’existe en lien avec mes relations au sein de ma communauté mais, personnellement, je n’en n’éprouve pas pour autant un sentiment d’exister.
Dans son texte, Les avatars du « sentiment de l’existence », de Locke à Rousseau, John S. Spink écrit :
LES AVATARS DU «SENTIMENT DE L’EXISTENCE» DE LOCKE A ROUSSEAU
Les deux notions, « sentiment de l’existence » [1] et « sentiment du moi », séparent les deux grands courants de la spéculation du siècle des Lumières en ce qui concerne la théorie de la connaissance, à savoir l’empirisme sensualiste et le rationalisme innéiste, l’une ayant été exprimée pour la première fois, sous la forme « sentiment de sa propre existence », par un lecteur assidu de Locke [2], et l’autre, sous la forme « sentiment intérieur que l’on a de soi-même », par Malebranche [3]. Le troisième membre de la triade qui a façonné cette spéculation à ses débuts, l’Irlandais Berkeley, n’employait ni l’une ni l’autre, et ne pouvait le faire, car il s’interdisait par principe de s’envisager comme l’objet d’une perception : il était, par définition, « ce qui perçoit » et non « ce qui est perçu » [4]. Quant à celui qui a donné à l’expression « sentiment de l’existence » sa plus grande richesse de contenu psychologique, comme perception affective, à savoir Jean-Jacques Rousseau, on peut dire de lui que ses spéculations ont souvent visé à réconcilier Locke avec Malebranche et Platon. « Au point de départ du platonisme de Rousseau, a pu écrire Pierre Burgelin, il y a l’idée la moins platonicienne qui soit » [1].
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Pour les Notes en bas de page, voir l’original en ligne avec le lien ci-dessous.
Dans les derniers chapitres se GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ, le philosophe CHARLES TAYLOR nous entraîne dans le monde politique, économique et technologique, ce qui ne surprendra le lecteur avisé compte tenu de son parcours politique. On ne peut certainement pas lui reprocher d’aborder ces thèmes dans le contexte de la modernité.
Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles
La commission Bouchard-Taylor (du nom des coprésidents), officiellement Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, a été créée le 8 février 2007 par Jean Charest, premier ministre du Québec, pour examiner les questions liées aux accommodements raisonnables consentis sur des bases culturelles ou religieuses au Québec(1).
La commission était dirigée par le philosophe Charles Taylor et le sociologue Gérard Bouchard. Son rapport final a été rendu public le 22 mai 2008 et la commission a fermé ses bureaux le 18 juin 2008.
(…)
Charles Taylor
Le député péquiste Pierre Curzi a par ailleurs ajouté que l’autre coprésident de la commission, M. Taylor, était fédéraliste(18).
De plus, la présidente de la ligue des femmes du Québec, Claudette Jobin, a déclaré que Charles Taylor ne devrait pas siéger sur la commission en raison de ses opinions religieuses, ayant été récipiendaire du prix Templeton.
Surnommé le « pape du communautarisme »(20), Taylor est pourtant réputé pour ses opinions larges et tolérantes, ayant auparavant milité pour le Nouveau Parti démocratique du Canada.
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(1) Pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles [archive]. Communiqué de presse. Le 8 février 2007.
Dans le dernier chapitre, 10 – Contre la fragmentation, le philosophe Charles Taylor conclut son œuvre en nous invitant à un débat, non pas pour ou contre la culture moderne, mais plutôt à une discussion évitant la fragmentation entre grandeur et malaise de la modernité.
Mais la conclusion générale que je veux tirer de toutes ces observations consiste dans l’interpellation des divers aspects du malaise moderne. La remise en perspective de la technologie exige une action politique collective pour contrer la poussée du marché et de l’État bureaucratique vers l’autonomisme et l’intrumentalisme. Et cette action collective exige à son tour que nous dépassions la fragmentation et le sentiment d’impuissance — c’est-à-dire que nous affrontions le risque, que Tocqueville a été le premier à définir, de dérapage de la démocratie vers un pouvoir tutélaire. Par ailleurs, comme les attitudes atomistes et instrumentales sont les principales causes des formes futiles et superficielles d’authenticité, une démocratie vigoureuse, aurait, de ce point de vue aussi, un impact positif.
TAYLOR, Charles, Grandeur et misère de la modernité, 10 – Contre la fragmentation, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), Montréal, 1992, p. 149.
Tocqueville et la question de l’autorité
Par Olivier Michaud
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de maître es arts (M.A.)
« Le despotisme démocratique n’est pas comme un despotisme traditionnel. Il ne situe pas le pouvoir dans une personne, mais dans une entité impersonnelle et bureaucratique, l’Etat, qui est le produit de la souveraineté du peuple. Comme un despote, il s’élève au-dessus de la société et nivelle donc tout au-dessous de lui. Plus profondément, il s’apparente au despote en ce qu’il dégrade la nature humaine en poussant les individus à s’isoler et à ne pas penser. C’est pourquoi Tocqueville parle d’un « pouvoir tutélaire », c’est-à-dire d’un pouvoir qui vient se placer à côté de chaque citoyen et qui lui dicte sa conduite, voire sa pensée. « Au-dessus de ceux-là [des citoyens démocratiques] s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. »(391) Puisqu’il se développe par les vices des citoyens, ces derniers le regardent comme un bienfait. Il s’agit donc vraiment d’un despotisme « tout-puissant »(392).
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(391) DA 2,4, 6, p. 837.
(392) DA 2, 4, 6, p. 838. Le mot « tout-puissant » se trouve à différent endroit de la quatrième partie : p. 810, 818 848 »
MICHAUD, Olivier, Tocqueville et la question de l’autorité, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de maître es arts (M.A.), FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL, QUÉBEC, 2007, p. 134. Télécharger ce mémoire (PDF gratuit).
N’oubion pas que ce livre date de 1992, c’est-à-dire de plus de trentes ans, et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis (on a même vue des ponts être emportés par les eaux).
Il faut espérer une reconcilliation des discours sur les grandeurs de la modernité et des discours sur la misère de la modernité. pour trouver des solutions aux dérives des uns et des autres.
Quant au « sentiment d’existence » que je n’éprouve pas parce que je ne lie pas mon existence à un sentiment. Je ne sens pas que j’existe. J’existe, tout simplement et sans plus. Je n’éprouve pas le besoin de ressentir mon existence. Le seul et uniquement besoin lié à mon existence tient d’une évidence cérébrale, raisonnable et, plus précisément, au « Je pense, donc je suis » de Descartes. Ainsi, « je pense, donc j’existe » ou « je pense, donc je vis ». Je suis de la communauté de ceux et celles qui ont conscience de penser et qui ont à cœur le partage de ce qu’ils pensent.
Mais une question me vient à l’esprit à la suite de la lecture de GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ de CHARLES TAYLOR :
Qui suis-je ?
Comment répondre à cette question ?
J’accorde quatre étoiles sur cinq
au livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ
de CHARLES TAYLOR
chez Les Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME, sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines. / Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? » Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
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Texte de présentation sur le site web de l’éditeur
« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger – et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous –, au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre. »
Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.
L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger — et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous — au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre.
Extrait du Chapitre I
LA HANTISE DE SOI
Nous sommes faits de l’étoffe des songes
Shakespeare, La Tempête
Dans la matinée du 28 janvier 1998, j’ai fait le rêve suivant, que j’ai retranscrit aussitôt après m’être réveillé :
J’explique à un cercle de connaissances (il semble qu’il s’agisse de ce qu’un de mes étudiants appelle irrévérencieusement « le poulailler », c’est-à-dire le petit groupe d’auditeurs d’un certain âge qui suivent mes cours à l’université de Nice) que mon identité officielle est entièrement controuvée, étant le résultat d’une suite bizarre de coïncidences, de méprises, de malentendus et d’erreurs, – un peu comme certains enchaînements de gags chez Feydeau, Buster Keaton ou Jacques Tati : un écart (au normal) en entraîne un deuxième puis un troisième, etc., l’ensemble aboutissant à une situation absurde, totalement incroyable et éloignée de toute réalité vraisemblable. C’est ainsi que mon nom n’est pas mon vrai nom, mon âge mon vrai âge, et ainsi de suite. Je fais remarquer à mon auditoire cette césure curieuse qui fait de nous deux êtres : celui, officiel, des papiers, et celui, réel mais mystérieux, dont aucun document ni d’ailleurs rien d’apparent ne témoigne.
Ce rêve (comme d’ailleurs le sens commun) admet d’emblée et comme allant de soi une différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle) ; distinction que pour ma part j’ai toujours tenue pour douteuse et même spontanément récusée, suivant en cela le sentiment de penseurs tels Montaigne ou David Hume (ce qui illustre, soit dit en passant, le fait bien connu qu’on peut rêver contre la logique, mais aussi contre sa propre pensée). Mon identité peut certes être controuvée, comme il arrive dans mon rêve ; mais c’est alors qu’elle dissimule ma véritable identité sociale, pas un hypothétique substrat qui serait l’identité personnelle. Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. Platon énonçait déjà la même idée, dans le mythe terminal du Gorgias, qui recommande aux juges qui doivent décider du sort post mortem des hommes lors du jugement dernier, d’exiger que ceux-ci se présentent nus devant le tribunal suprême, dépouillés des vêtements assimilés aux oripeaux sociaux qui dissimulent la réalité de leur moi. Idée reprise en France, depuis Napoléon Ier, quoique peut-être dans un autre esprit, lors de l’organisation de la cérémonie du conseil de révision.
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. Je me limiterai, dans la suite de cet écrit, et pour la commodité de la lecture, à l’expression d’identité personnelle, mais je dois avertir que cette expression impliquera toujours les caractères que je viens d’indiquer : vérité, réalité, antériorité à toute reconnaissance sociale, caractère « naturel » et non conventionnel, caractère unique et non composite, contrairement à ce que suggère Montaigne dans un passage des Essais : « Notre fait, ce ne sont que pièces rapportées ».
Je ne suis pas un autre, je ne suis jamais un autre, voilà ce qu’affirme la conscience commune contre la formulation contraire de Rimbaud dans Une saison en enfer (« Je est un autre »). Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. On sait que c’est David Hume qui le premier a mis le doigt sur cette impasse philosophique dans un passage important du Traité de la nature humaine qui devait par la suite tant préoccuper Kant :
« Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment, sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu’il faudrait de plus pour faire de moi un parfait mort. Si quelqu’un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu’il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l’avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui. Tout ce que je peux lui accorder, c’est qu’il peut être dans le vrai aussi bien que moi et que nous différons essentiellement sur ce point. Peut-être peut-il percevoir quelque chose de simple et de certain qu’il appelle lui : et pourtant je suis sûr qu’il n’y a pas en moi de pareil principe.(1) »
_______________
(1) Livre I, 4e partie, section VI. Tr. A. Leroy, Aubier éd.
Clément Rosset est né le 12 octobre 1939 à Carteret (Manche). Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, docteur ès lettres, il a enseigné pendant 30 ans la philosophie à l’Université de Nice. Il est mort à Paris le 27 mars 2018.
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » :
La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Wow ! Enfin une pensée philosophique originale, décoiffante, étonnante. Le philosophe Clément Rosset traite, non pas de « du problème de l’identité, mais plutôt « du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai souvent rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume » (Avertissement, p. 7). Il approfondit la « différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle » (La hantise de soi, p. 10). Il remet sérieusement en cause cette identité personnelle.
(…) Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 11.
De cette identité personnelle, il dit qu’elle n’est qu’illusion même si elle « apparaît comme le moi vrai et authentique » tandis que le moi (vraiment) « identitaire » est « social » :
On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 12.
Qui suis-je finalement ? Je suis moi mais je ne peux me connaître que par mes qualités. Le moi m’est insaisissable, indescriptible, dans son essence.
(…) Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 13.
Le moi, mon moi réel, c’est-à-dire mon identité, n’est pas personnel mais social. Mon identité réelle est donc une construction sociale. Mon moi, si personnel qu’il serait, ne pourrait pas se percevoir. Je ne perçois pas Je. Le philosophe Clément Rosset se réfère à David Hume.
Le sens de l’argument de Hume est qu’il n’y a pas de perception du moi – comme il peut y avoir d’une chaise ou d’une table – mais seulement des perceptions de qualités, ou d’états psychologiques ou somatiques que nous pouvons éprouver à un moment donné ; (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 16.
Il ajoutera plus loin dans son texte « deux arguments » « qui suffisent », « à son avis », « à démontrer la difficulté qu’il y a à se forger une conception un tant soit peu cohérente de l’identité personnelle ».
Tout d’abord, cette identité est un objet invisible car il est impossible de l’observer : les autres ne peuvent percevoir que mon extérieur, et je manque moi de la distanciation minimale qui me permettrait de m’apercevoir. L’introspection, qui signifie littéralement « observation de soi-même », est une contradiction dans les termes : un « je » ne peut se prendre pour sujet d’étude, pas plus qu’une lunette d’approche ne peut se prendre elle-même comme objet d’observation. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 79-80.
Voilà qui est convaincant. Si moi il y a, il est encore et toujours social en raison de l’impossibilité de l’introspection. Je ne peux me connaître que par mon identité sociale.
(…) Je veux dire par là que les renseignements que l’individu humain possède sur lui-même par l’intermédiaire de son identité sociale suffisent amplement à la conduite de sa vie personnelle, tant publique que privée. Je n’ai pas besoin d’en appeler à un sentiment d’identité personnelle pour penser et agir de manière particulière et personnelle, toutes choses qui, si je puis dire, s’accomplissent d’elles-mêmes. Je pense même que le souci ou l’inquiétude qui portent à s’interroger sur sa propre personne et sur ce que celle-ci aurait d’inaliénable joue plutôt un rôle inhibiteur dans l’accomplissement de sa personnalité. Les questions du type « qui suis-je réellement ? » ou « que fais-je exactement ? » ont toujours été un frein tant à l’existence qu’à l’activité. (…)
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 85-86.
Le philosophe Clément Rosset citera Proust, à propose de Swann, au tout début de la Recherche du temps perdu :
(…) « Nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres ». Il n’en est pas moins vrai que, du point de vue du moi, cette personnalité sociale reste le plus sûr registre que nous puissions consulter pour nous assurer de la connaissance et de la continuité de ce moi.
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 89.
Et cette « pensée des autres » m’implique pas nécessairement un continuum d’échanges interpersonnels la vie durant. La « pensée des autres » peut venir de rencontres fortuites marquantes et de l’écrit. Je le souligne parce que je demeure un solitaire depuis mon enfance, et ce, même je suis devenu aussi mari et père. Mon univers social en personne se limite à mes proches proches et prend de l’expansion dans mes lectures, dans la télévision et le cinéma, tout comme dans les vidéos de conférences. Si les contacts de personne à personne sont essentiels, je m’en tiens à l’essentiel.
Si la croyance en une identité personnelle est inutile à la vie, elle est en revanche indispensable à toute conception morale de la vie, et notamment à la conception morale de la justice, fondée non sur la sanction des faits mais sur l’appréciation des intentions — « intentions » dont on peut remarquer qu’elles constituent une notion aussi vague et impénétrable que celle de l’identité personnelle. C’est pourquoi tout philosophe d’obédience morale a toujours soutenu contre vents et marées, unguibus et rostro, le credo du libre arbitre, c’est-à-dire le dogme d’une identité personnelle responsable non seulement de ses actes — et surtout — des intentions présumées qui en seraient l’origine : tels Kant, Sartre, ou encore Paul Ricœur qui, dans un livre relativement récent, s’est proposé de défendre ce qu’il appelle, de manière délicieusement polysémique, le « maintien de soi » . Ne pas oublier qu’on est une personne responsable, – ne pas oublier non plus de se tenir droit. »
ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 90-91.
P.S.: unguibus et rostro = bec et ongles.
Peu importe qui nous sommes, peu importe notre identité sociale, il est de notre devoir, conféré par (notre croyance en) notre identité personnelle, de se réaliser en pensant et en agissant en personnes responsables.
Enfin, je comprends aussi que je ne peux être qu’au monde uniquement en étant une construction du monde social dans lequel je vis. Cela me rappelle mon poème intitulé « Lit » :
Lit
Je suis sur mon lit
Dans ma chambre
De la maison
Sur la terre
Dans l’espace
De l’univers
Qui est infini
Je suis dans l’infini
Un être défini
Qui vit
Et dévie
Devant la mort
De l’immortalité
Je suis pour l’immortalité
Un élément mortel
Qui ressuscite
Sans suite
Pour l’éternel
Je suis dans l’éternel
Un esprit sans corps
Qui pense en rêveur
Dans son lit
* * *
Serge-André Guay, 17 ans.
Vacances de Noël, 1974.
Comme le souligne le philosophe Clément Rosset, des nombreuses études traitent du Moi selon David Hume.
Le moi, le caractère et l’identité personnelle chez David Hume
par
Marie-Hélène Audy, Doctorante en philosophie, Université de Montréal.
Société Philosophique Ithaque – Ithaque ; vol. 6, 2010, p. 95-110.
Université de Montréal. Faculté des arts et des sciences. Département de philosophie
David Hume, dans son Traité sur la nature humaine, utilise deux concepts qui semblent se rapporter à l’identité personnelle d’un individu : le moi (self) et le caractère personnel. Cependant, dans le Traité, il ne traite pas à la fois de l’un et de l’autre : dans le premier livre, « De l’entendement », il s’intéresse au moi, alors que dans les second et troisième livres, « Des passions » et « De la morale » il traite plutôt du caractère. On constate alors qu’il y a une nette différence chez Hume entre ce qui constitue le moi d’un individu et son caractère personnel. Ils ne se définissent absolument pas de la même manière et au final, ils ne se rapportent pas, tous deux, à l’identité personnelle. Le caractère qui permet d’aborder la question de la responsabilité morale d’un individu, ce que le moi ne peut pas faire, constitue la véritable identité d’un individu.
* * *
Dans le premier livre du Traité sur la nature humaine, David Hume tente de déterminer ce qui constitue le moi (self) d’un individu, sans pour autant parvenir à une définition satisfaisante. Le moi qu’il décrit demeure quelque chose d’on ne peut plus incertain, dont on n’a pas « d’impression constante et invariable1 ». Pourtant, dès les premières pages du second livre du Traité, il pose ce moi indéfinissable et douteux comme une réalité effective, sujette à des passions directes ou indirectes. Par la suite, dans cette même partie du Traité une nouvelle notion apparaît : celle du caractère (character) d’un individu. À travers les explications portant sur les passions indirectes d’abord, sur les passions directes et la volonté ensuite, la notion de caractère prend davantage d’importance, alors que la notion du moi disparaît.
Il semble que Hume se sert(?) du caractère personnel à partir du second livre du Traité afin de remplacer le moi, celui-ci étant une notion trop problématique pour ce qui suit dans ses écrits sur la morale2. Le caractère personnel, en effet, contrairement au moi, peut facilement être lié au problème de la responsabilité morale de l’individu3, car lorsque l’on désapprouve ou que l’on approuve moralement les actions d’un homme, c’est son caractère qui est jugé, selon Hume. En accordant davantage de place à la notion de caractère et en rattachant celle-ci au problème de la responsabilité morale, il semble que Hume s’inscrive d’une manière originale dans la suite du débat qui a eu lieu au début du XVIIIème siècle et qui portait sur l’identité personnelle4.
___________________
NOTES
1. David HUME, A Treatise of Human Nature, édit. par David Fate Norton et Mary J. Norton, Oxford, Oxford University Press, 2006 (2000), 1.4.6.2, p. 164.
2. C’est-à-dire le troisième livre de A Treatise of Human Nature et An Enquiry concerning the Principles of Morals.
3. David HUME, An Enquiry concerning Human Understanding, édit. par L. A. Selby-Bigge et P. H. Nidditch, Oxford, Clarendon Press, 1975, p. 80-103 et David HUME, An Enquiry concerning the Principles of Morals, édit. par Tom L. Beauchamp, Oxford, Clarendon Press, 1998.
4. Le débat en question eut pour principaux protagonistes Samuel Clarke et Anthony Collins. Il eut lieu principalement entre 1706 et 1708 et débuta avec une réponse de Clarke à Henry Dodwell sur son écrit au sujet de la question de l’immortalité de l’âme (1706). John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain avait auparavant traité de l’identité personnelle et ses propos eurent par ailleurs eu un impact sur le débat. Enfin, outre l’intérêt suscité chez Hume par ces questions, on retrouve d’autres écrits sur le sujet à la même époque, comme la « Dissertation sur l’identité personnelle » de Joseph Butler en 1736, par exemple. Voir la bibliographie pour des références plus complètes.
Le plus érudit des ouvrages au sujet de notre identité au fil de l’histoire nous est proposé par le philosophe canadien (québécois) Charles Taylor : Les sources du moi, la formation de l’identité moderne.
Il est impossible de saisir toute la richesse et toute la complexité de l’identité moderne sans considérer comment notre conception du moi s’est développée à partir des images anciennes de l’identité humaine. Cet ouvrage tente donc de définir le moi contemporain en en décrivant la genèse. – Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Les Éditions du Boréal, 1998, 712 pages.
Recensement
C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne
Paris : Le Seuil
Barbara Ritz, Revue L’orientation scolaire et professionnelle (O.S.P.).
Charles Taylor est un philosophe canadien qui s’intéresse au concept de l’identité et aux problèmes que posent les questions d’intégration ethnique et culturelle de populations diverses. Il est connu pour être un penseur majeur du multiculturalisme et du communautarisme. Ses positions sont engagées dans des combats qui touchent aux grands phénomènes de société. Taylor théorise et philosophe dans ce sens. Les questions autour de la morale sont à ses yeux, des incontournables et, selon lui, il existerait une diversité de conception de la « vie bonne » dans laquelle il faudrait rendre justice à deux notions : la différence et l’unité. Ses ouvrages principaux sont : le Malaise de la modernité (1994), la Liberté des modernes (1997), les Sources du moi (1998).
Dans les Sources du moi, Charles Taylor se donne pour objectif de définir l’identité moderne et d’en écrire l’histoire. Derrière ce travail, la finalité est toujours pour Taylor de nourrir sa compréhension des problématiques modernes et des nouveaux phénomènes de société. Pour cela, l’auteur choisit de retracer la genèse de notre identité « de » moderne en insistant sur le fait qu’elle nous vient de l’héritage des époques passées et de la longue histoire des idées qui nous a été léguée. Pour Taylor, cette histoire est complexe et riche et elle peut être source de tensions. Elle se lit, se déchiffre et s’analyse à partir des non-dits et des présupposés des courants actuels de la pensée moderne et post-moderne. C’est ce travail d’explicitation et de réflexion qu’il s’est proposé de poursuivre. Sa démarche reste essentiellement analytique et historique. Son entreprise est d’autant plus considérable qu’elle a nécessité un travail d’érudition hors du commun. À ce titre, cette œuvre peut être qualifiée de magistrale.
Selon Taylor, notre identité moderne reposerait sur des idéaux et des interdits qui modèlent notre pensée, notre épistémologie, ainsi que notre philosophie de moderne, sans que nous en ayons conscience. Ces idéaux, développés par les grands courants philosophiques, continuent bien plus que nous ne l’imaginons de façonner notre identité. Selon cet auteur, nous serions les héritiers d’innombrables représentations, très souvent informulées, qui conditionnent fortement notre conception moderne du fait d’être un « agent humain ». Derrière cette expression, Taylor veut souligner les différentes dimensions qui s’y rattachent : le sens de l’intériorité, le sens de la liberté, le sens de l’individualité et le sentiment d’appartenir à la nature.
SOURCE ET LIRE LA SUITE : Barbara Ritz, “C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne”, L’orientation scolaire et professionnelle [Online], 32/1 | 2003, Online since 06 May 2011, connection on 03 October 2024. URL : http://journals.openedition.org/osp/3223 ;DOI : https://doi.org/10.4000/osp.3223
Le philosophe Clément Rosset affirme que Le Moi réel est une construction sociale de l’identité ou, si vous préférez, que seule l’identité sociale existe. Il nous parle aussi de la « croyance en une identité personnelle ». Je retiens ici le mot « croyance ». Je peux croire sans aucune preuve ou sans argumentaire satisfaisant que ce que je crois existe réellement.
Que notre univers social façonne notre Moi réel, j’en conviens aisément. Que je ne puisse reconnaître mon existence que dans le regard de l’auteur, j’en conviens tout aussi facilement. Mais je conteste l’idée que l’identité personnelle n’existe pas ou se limite à une pré-identité de l’identité sociale. Je me reconnais une identité personnelle sous l’influence de mon identité sociale mais l’une et l’autre se distinguent. Mon identité personnelle affiche une différence notable ne serait-ce que par mon « jardin secret », par l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience. J’aimerais plutôt parler d’une identité publique et d’une identité privée. Ce que vous connaissez de moi, c’est ce que je montre en publique, à la société de mes pairs. Ce que je suis en Moi et par moi, c’est ce que je garde pour moi. Évidemment, on parlera de l’authenticité, de l’harmonie entre mon identité personnelle et mon identité sociale.
Et si on parlait d’une seule et même identité, comparable à un arbre, ses racines, son tronc et son houppier. Là où je prends racines, c’est dans le terreau social, à l’abri du regard de l’autre, mais en interaction avec ses racines. Nous sommes dans le même terreau. Mais nos troncs et nos houppiers sont uniques, originales, malgré nos ressemblances en espèce.
Il y a dans cette comparaison un non sens car la partie visible par tous de l’arbre devrait être mon identité personnelle et, mes racines dans le terreau partagé avec les autres arbres, mon identité sociale. Cette identité sociale peut-elle être invisible, cachée du regard de l’autre, tandis que mon identité personnelle serait visible de tous ? Pour soutenir tout de même cette hypothèse, il me faudrait admettre que l’autre ne perçoit finalement que mes différences apparentes. Suis-je ainsi le seul à percevoir et ressentir mes racines sociales ?
Si je me reconnais dans l’autre, c’est par ressemblance d’espèce. Je présuppose alors qu’il y a aussi ressemblance en nos racines, toujours en espèce.
Aussi, j’avance que l’autre ne perçoit jamais mon identité sociale dans toutes ses différences et ses détails. Il a une perception globale ; il me reconnaît comme on reconnaît par référence une chaise droite à ses quatre pattes, son siège et son dossier.
Ah ! Comme l’essai LOIN DE MOI de CLÉMENT ROSSET me donner à penser.
J’accorde cinq étoiles sur cinq
au livre LOIN DE MOI – ÉTUDE SUR L’IDENTITÉ du philosophe CLÉMENT ROSSET paru aux ÉDITIONS DE MINUIT en 1999.
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
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