Article # 129 – L’étincelle nécessaire à l’acquisition de l’esprit critique

L’importance de l’esprit critique prend de l’ampleur en ces temps de désinformation qui laissent apparaître « La faiblesse du vrai » (Myriam Revault d’Allones, Seuil, 2018). Aujourd’hui, la situation de l’information sur les réseaux sociaux nous plonge dans une crise réelle de désinformation. Hier, dans les années 1960-1970-1980, nous parlions de la nécessité de développer l’esprit critique de la population face aux médias traditionnels (journaux, radio, télévision). Il s’agissait alors de mettre en branle une toute nouvelle discipline, l’éducation aux médias, à laquelle nous ajoutons aujourd’hui « et à l’information ».

Qu’est-ce que l’éducation aux médias?

L’éducation aux médias est le processus par lequel les personnes acquièrent des compétences médiatiques, c’est-à-dire qu’elles sont capables de comprendre de manière critique la nature, les techniques et les impacts des messages et des productions médiatiques. Selon Sonia Livingstone, spécialiste de la littératie aux médias numériques, « plus les médias imprègnent tout dans la société, notamment le travail, l’éducation, l’information, la participation civique et les relations sociales, plus il est essentiel que les gens soient informés et capables de juger de manière critique le contenu qui est utile ou trompeur, de comprendre comment les médias sont réglementés, qui sont les médias dignes de confiance, et quels intérêts commerciaux ou politiques sont en jeu. Bref, l’éducation aux médias est nécessaire non seulement pour interagir avec les médias, mais aussi pour interagir avec la société par le biais de médias[1]. »

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[1] Livingstone, S. (2018). « Media literacy – everyone’s favourite solution to the problems of regulation ». Media @ LSE. Consulté à l’adresse : https://blogs.lse.ac.uk/medialse/2018/05/08/media-literacy-everyones-favourite-solution-to-the-problems-of-regulation/. [traduction]

Source : Qu’est-ce que l’éducation aux médias? HabiloMédias.

Par exemple, le journal Le Monde s’implique dans l’éducation aux médias en publiant en 1979 un guide sous le titre « Lire le journal – Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques » signé par deux de ses journalistes, Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau.

La même année, toujours en France, un programme interministériel voit le jour sous le nom « Jeunes Téléspectateur actif » (JTA). Le terme « Actif » s’oppose ici à « Passif »; on s’interroge sur l’influence de la télévision sur les jeunes compte tenu de leur passivité face à ce média. La psychologue Évelyne Pierre sera l’une des principales observatrices des impacts de ce programme.

DEUX EXPÉRIENCES SCOLAIRES DE FORMATION À L’AUDIOVISUEL : ICAV ET JTA

Brigitte Chapelain, Université Paris XIII

Parmi les expériences d’intégration de l’audiovisuel à l’école, deux expérimentations, très différentes, l’Icav (Initiation à la culture audiovisuelle), démarrée en 1966, et le programme JTA (Jeune Téléspectateur Actif), lancé après 1975, sont à la fois les plus symboliques et les plus abouties. Elles reflètent le désir d’une interaction entre les pratiques pédagogiques, la formation et la recherche, et elles témoignent d’une effervescence pionnière tentant d’utiliser un appareil théorique issu des Sciences de l’information et de la communication.

A priori, ces deux expérimentations présentent de nombreux points communs : des organisations pensées et structurées en termes de formation et d’objectifs éducatifs ; des programmes, ou tout au moins des outils et des dispositifs pédagogiques mis à la disposition des enseignants ; une évaluation scientifique et institutionnelle pour s’interroger sur une éventuelle généralisation. Par ailleurs, ces deux formes d’intégration de la communication audiovisuelle dans l’éducation secondaire n’ont pas été expérimentées au niveau national, mais laissées à la responsabilité des instances régionales.

Leurs différences s’expliquent par un décalage de dix ans durant lequel ont évolué les Sciences de l’information et de la communication, ainsi que les théories de l’apprentissage, la pratique sociale des médias et la gestion institutionnelle de l’innovation.

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Source : Chapelain, B. (2007) . Deux expériences scolaires de formation à l’audiovisuel : Icav et Jta. Hermès, La Revue, n° 48(2), 53-60. https://doi.org/10.4267/2042/24098.

À l’époque (1960-1980), certains médias hésitent à s’impliquer, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique, au Québec, parce qu’ils perçoivent l’éducation aux médias comme ayant pour but de critiquer leur travail et ses résultats, c’est-à-dire les informations qu’ils offrent à la population. Mais là n’est pas le but de l’éducation aux médias. Il faut bien lire le sous-titre du livre « Lire le journal » :

« Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques »

Il s’agit alors de « comprendre et expliquer » le fonctionnement des médias d’information en vue de permettre aux utilisateurs de formuler une critique sur des bases solides. Par exemple, on s’attend à ce que le lecteur ne se limite plus à une simple affirmation : « Je n’aime pas cet article ». Mais qu’il puisse proposer une analyse plus fine : « Je n’aime pas le chapeau et le titre de cet article mais le contenu est intéressant même si je n’en partage pas la conclusion (la chute) ». Autre exemple, le jugement « Je n’aime pas cette émission de télévision », on espère une argumentation mieux informer : « Je n’aime pas le scénario ou la réalisation, ou encore l’animation, de cette émission ». Il s’agit simplement de savoir de quoi l’on parle, d’où l’intérêt pour le fonctionnement des médias, leurs mécanismes, de la cueillette de l’information à son traitement en passant par la vérification.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’objectif de l’éducation aux médias : développer de l’esprit critique des consommateurs de média plutôt que d’apprendre à formuler des opinions éditoriales.

On se souviendra du temps où nous disions « Si c’est dans le journal, c’est que c’est vrai ». La confiance envers les médias était quasi inébranlable. On ne voyait l’utilité de douter du contenu des médias. Nous pouvions être en accord ou en désaccord avec une prise de position éditoriale mais nous n’avions pas la connaissance et l’expertise pour remettre en question l’information elle-même, dite objective, même si notre réaction demeurait subjective.


Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


L’éducation aux médias des années 1960-1980 fut donc la première étape de l’introduction officielle de la formation de l’esprit critique des élèves dans les programmes scolaires avec effets sur la population en générale.

L'esprit critique consistait alors à savoir de quoi on parle.

La démarche pédagogique se voulait à la fois théorique et pratique. Par exemple, après la théorie sur le fonctionnement de la télévision, on demandait aux jeunes de concocter eux-mêmes un bulletin d’information télévisé.

Dans les années 1980, ma partenaire et moi, fondateurs du Club d’Initiation aux médias, le tout premier organisme québécois d’éducation aux médias, nous sommes allés un peu plus loin dans notre expérimentation du programme Jeune Téléspectateur Actif. L’atelier au cours duquel les jeunes enregistraient leur bulletin de nouvelle télévisée se déroula en présence de journalistes des grands médias de la Capitale nationale (Québec, Québec). L’atelier pris fin avec une conférence de presse des jeunes interrogés par les journalistes présents. Nous nous attendions à une couverture de presse des principaux médias invités et ce fut le cas. Ainsi, l’atelier suivant, le lendemain, permis aux élèves de constater le traitement de l’information par ces médias, c’est-à-dire qu’est-ce qui avait été mis de l’avant par les journalistes, comment et avec quelle ampleur.

Le quotidien le plus populaire de la région titra sa première page, la une, avec une citation tirée de la réponse d’un élève à la question d’un journaliste : « S’il n’y avait plus de télé, je me suiciderais ». D’autres médias offrirent un traitement tout aussi surprenant.

Vous pouvez imaginer facilement les réactions des élèves face à ce traitement de leurs réponses aux questions des journalistes. Et cette fois, l’esprit critique faisait une place au doute, à un doute sur la pertinence du rapport médiatique de leur expérience. L’esprit critique de ces élèves devint, non plus une simple théorie appliquée à une expérience pratique, mais une étincelle qui alluma un feu en leur conscience. Le traitement journaliste fut pour les uns un trauma et pour les autres une révélation qui changea leur appréciation des médias d’information.


Quand l'esprit critique naît d'une étincelle révélatrice ou traumatique, il éclaire à jamais la conscience.

La question de la désinformation sur le web, notamment sur les réseaux sociaux, propulse à nouveau la nécessité de l’esprit critique à l’avant de la scène au sein de nos institutions d’enseignement et tout comme au sein de la population.

Mais tant et aussi longtemps que l’esprit critique demeure une théorie, il est intellectualisé davantage que pratiqué. Et si les exercices pratiques proposés pour l’acquérir et le développer donnent en exemple les efforts intellectuels à déployer, il ne servent alors qu’à donner raison à la théorie. Dans ce cercle, l’esprit critique devient un sujet de plus en plus populaire sans pour autant l’expliciter.

Esprit critique

Détrompez-vous !

1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ?

 Il faut faire preuve d’esprit critique.  Cette expression, entendue dans des contextes variés, sonne souvent comme une évidence. La sensibilisation à l’esprit critique, spécifiquement dans le monde de l’éducation, est un enjeu majeur face à une surabondance d’informations erronées. Toutefois, la notion d’esprit critique est rarement explicitée. Quelle définition pourrait en être donnée ?

Esprit critique, 1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ? Universcience, Palais des découverte.

Esprit critique et esprit scientifique

J’apprécie le rapprochement entre « esprit critique » et « esprit scientifique » dans les offres pédagogiques, l’un n’allant pas sans l’autre.

Les principes du projet « Esprit scientifique, Esprit critique »

Ce projet thématique propose aux élèves ainsi qu’à leurs enseignants de découvrir les outils propres à développer notre esprit critique, en s’appuyant sur l’enseignement de la méthode scientifique. Son objectif est d’aider l’élève à les mobiliser de manière pertinente dans différentes situations, et notamment dans leur vie quotidienne.

Pour favoriser l’apprentissage de ces outils, deux stratégies pédagogiques doivent être mobilisées : premièrement, l’enseignant doit se montrer explicite quant à l’outil utilisé ; deuxièmement, il doit multiplier les situations où l’outil est nécessaire.

Nous avons choisi de produire des ressources pluridisciplinaires, qui s’ancrent sur toutes les sciences et même d’autres disciplines (mathématiques, histoire et géographie, français, éducation aux médias et à l’information). Nous pensons que la pluridisciplinarité crée le cadre pour mettre en place ces deux stratégies. En multipliant les exemples et en diversifiant les situations où un même outil se révèle pertinent, on donne à l’élève les moyens de s’affranchir du contexte d’apprentissage et de transférer le savoir-faire acquis.

Enseigner l’esprit critique fondé sur l’esprit scientifique exige de comprendre soi-même les enjeux qui sous-tendent ce défi. Les pages qui suivent se proposent de fournir une base de réflexion. On portera l’attention sur les capacités et attitudes qui nous guident dans la recherche et collecte d’informations, les obstacles et les solutions « expertes » que la science a su développer au cours du temps. Révéler les obstacles est indispensable pour aller à l’encontre de ceux-ci et apprendre à se construire des connaissances plus solides et fiables.

Esprit scientifique, Esprit critique – Cycle 3, Projets, Fondation La main à la pâte.


Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives.

On peut faire preuve d’esprit scientifique dans une variété de domaines et de disciplines. Au cours de ce séminaire, nous avons donc proposé des activités et des pistes de réflexion qui, tout en s’inspirant des méthodes de la science, concernent en réalité toutes les disciplines.

L’éducation à l’esprit critique, telle qu’elle a été abordée, n’est pas une « écoute du doute » ou de la méfiance. Elle poursuit au contraire un objectif pluridisciplinaire d’outillage du raisonnement de l’élève. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4, éduscol | Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche | Dgesco


De l’art de conjuguer esprit critique et démarche scientifique

En science, il ne suffit pas de posséder un savoir encyclopédique pour donner une lecture interprétative d’un monde en progrès. Il faut aussi savoir conjuguer la démarche scientifique et l’esprit critique.

The conversation, Academic Journalism Society


Esprit scientifique, esprit critique

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet en outre de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Eduscol. (2018, 26 mars). Esprit scientifique, esprit critique – Intervention d’Élena Pasquinelli , in Esprit scientifique, esprit critique. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/q957-cd56. (Consultée le 10 février 2025)

VOIR AUSSI

Pasquinelli, E., Farina, M., Bedel, A. & Casati, R. (2020). Définir et éduquer l’esprit critique [Rapport]. Institut Jean-Nicod. (PDF)

Pasquinelli, E., Bronner, G. et al. (2021). Éduquer à l’esprit critique – Bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement et la formation [Rapport]. CSEN. (PDF)

Ainsi, l’esprit scientifique est le meilleur moyen d’acquérir un esprit critique. La définition de l’esprit scientifique impose la « méthode scientifique ». Et ici encore, l’enseignement de la méthode scientifique ne suffit pas pour acquérir un esprit scientifique; il faut la vivre en conscience.

Mais sans conscience de la conscience rien ne peut y pénétrer volontairement. Et cette conscience de la conscience, une conscience de soi, demande un certain recul face à soi-même, une prise de conscience de soi pouvant mener à une prise de conscience du « Comment je connais » Nous revenons donc à la base de la philosophie de Socrate : « Connais-toi toi-même ». L’esprit critique s’inscrit donc d’abord et avant tout dans la connaissance de soi, y compris de ses propres “mécanismes” de pensée.

La majorité du temps, on se contente de penser sans penser à comment on pense avec le regard sur le résultat, la pensée exprimée. Les pensées nous viennent sans que l’on sache le « où-quand-comment-et-pourquoi » de chacune. Certes, nous trouverons toujours une justification, au besoin, mais ce n’est pas une préoccupation a priori.

Être une révélation pour soi-même

Découvrir comment je connais peut être très révélateur de soi à soi. Pour y parvenir, il faut ne pas prendre pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense. Autrement dit, si nous fondons notre valeur sur la valeur que nous accordons à nos pensées, il nous sera difficile de remettre en cause nos pensées, plus particulièrement, nos opinions. Nous nous imposons inconsciemment d’avoir raison, d’être dans le vrai, pour respecter notre valeur. Dans ce cas, nous sommes emprisonnés en notre esprit sans faille, sans aucune entrée de lumière. Bref, nous visions alors dans un système sans faille, dans le noir. Car la lumière ne pourra entrer en notre esprit qu’avec une faille. Et sans cette lumière sur nous, il est impossible de nous connaître.

Si nous visons depuis longtemps dans un système sans faille, dans le noir, la moindre petite faille qui laissera entrer un peu de lumière nous aveuglera. La réaction est alors de vite colmater cette faille en trouvant le moyen de se donner raison, de garder raison.

Or, notre valeur ne provient pas de la valeur que nous attribuons à nos pensées mais du fait que nous possédons la faculté de penser. « La “machine” avant le résultat » ou « Sans la “machine”, pas de résultat ». Ce que je pense a moins d’importance que le fait même que je pense car… « Je pense, donc je suis ». Il n’est pas dit « Je pense ceci ou cela, donc je suis ». « La valeur d’une maison ne repose pas sur l’ameublement qu’elle contient mais d’abord et avant tout sur le fait même qu’elle existe et qu’elle puisse remplir sa fonction. »

Vivre dans un esprit sans faille, un esprit qui a toujours raison, c'est se priver de lumière, c'est vivre dans le noir.

Le rôle de la faculté de penser n’est pas de nous donner raison. Il n’est pas d’esprit critique si tout ce qui importe est d’avoir raison. Notre valeur tient donc dans notre capacité à penser et non dans les pensées qui en résultent.

Une grande partie de notre esprit critique prend ses sources dans notre capacité à penser et dans notre pouvoir d’analyse pour prendre les bonnes décisions et les actions pour vivre mieux.

Gilles Julien, pédiatre social, Avons-nous encore le droit et la possibilité de penser?, Libre opinion, Le Devoir, 10 octobre 2023.

La prise de conscience de la valeur intrinsèque de notre faculté de penser permet à cette dernière de s’interroger sur elle-même, de se demander pourquoi je pense, comment je pense, comment je peux être bénéfique à celui ou celle qui me pense, bref comment je peux penser mieux, penser juste. La faculté de penser demande, à l’instar de toute autre faculté, à être formée. Ainsi, la connaissance d’elle-même et les qualités acquises par la faculté de penser donnent aux pensées toute leur valeur.

Une faculté de pensée molle donnera des pensées molles. Une faculté de penser qui pense de travers donnera des pensées de travers. Une faculté de penser sous l’influence de biais cognitifs donnera des pensées biaisées. Imaginez une faculté de penser au prise avec les biais cognitifs ci-dessous.


Liste de biais cognitifs

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul
et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    • L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    • L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


À elle seule, cette liste a été une autre grande révélation pour moi en ma conscience. Je pouvais cocher chacun des dix biais cognitifs de la liste proposée par le docteur David D. Burns dans son livre « Être bien dans peau — Traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur ». Cette liste a raisonné en ma conscience parce que j’étais ouvert à toutes les remises en question possible depuis mon adolescence. J’avais entendu à la radio :

« La lumière entre par les failles. Ceux qui vivent dans un système sans faille demeure dans le noir. »

Si cela ne m’a pas empêché d’être une victime inconsciente de biais cognitifs, c’est que je pensais, toujours à mon adolescence, qu’être un adulte donnait le pouvoir de se donner raison sur les autres. C’est du moins l’image que me renvoyait mes adultes de mon entourage. Ils avaient raison et ils parlaient avec une telle force de conviction qu’il valait mieux les observer plutôt que de tenter d’intervenir. Je savais que j’avais tort avant même d’ouvrir la bouche avec ces adultes, sans doute en raison de ma jeunesse et de mon manque d’expérience.

« Tu atteins toujours tes objectifs
mais il faut bâtir un cimetière après ton passage
»

Cette attitude des adultes de mon entourage a eu un effet inattendu sur moi : j’ai cru qu’il s’agissait là de la seule et unique façon de d’exploiter ma faculté de penser et de vivre mes relations interpersonnels. En fait, j’avais la ferme conviction que tout le monde vivait ainsi, sauf ma mère. Il n’y avait qu’un seul modèle à suivre, celui du fonceur pur et dur. À l’époque, une institution financière au premier rang au Québec, avait lancé une campagne publicitaire auprès des jeunes sous le thème « Foncer, c’est permis » qui me rassura davantage.

Mais n’allez pas vous imaginer que j’avais conscience d’être un fonceur. Je fonçais sans me questionner. Je commettais une erreur, je me relevais et je fonçais de nouveau, toujours sans me questionner.

Au début de la trentaine, j’ai fait quelque chose qui ne se fait pas : j’ai critiqué la présidence de l’organisme qui retenait mes services en m’adressant directement les autres membres du conseil d’administration. Cette remise en question la présidence a entraîné la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration, non pas décidé de ma critique du président, mais plutôt pour décider s’il fallait ou non me congédier.

La décision de me garder en poste fut prise et c’est le président en personne qui avait la mission de me l’annoncer lors d’une rencontre privée en tête-à-tête le lendemain. J’ai été sérieusement sermonné et avec raison par le président. Il me confirma la pertinence de ma critique de sa présidence mais il désapprouvait vivement ma démarche. Je retiens de cette rencontre l’une de ses observations sur ma conduite : « Tu atteins toujours tes objectifs mais il faut bâtir un cimetière après ton passage ». Il me soulignait le peu d’attention que j’accordais aux personnes sur le chemin de mon objectif. Ma conscience a gravé cette phrase en ma mémoire pour toujours. On m’avait déjà dit dans le passé qu’ « on ne se taillait pas une place dans la vie en marchant sur la tête des autres » mais, cette fois, c’était plus grave. Il y avait des “morts”. La lutte mon changer mon comportement ne fut pas aisé en raison de mon penchant naturel de fonceur, ce dernier demeurant en place malgré mes efforts. « Chasser le naturel et il revient au galop ».

« J’ai l’impression d’être passé sous un train »

À la mi-trentaine, c’était inévitable, le fonceur naturel frappa un autre mur. Un événement inédit dans la conduite de mes affaires à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing me fit perdre pied. J’ai été battu sur un appel d’offres pour la première fois de ma vie professionnelle.

J’ai décrit la situation à une psychologue enseignante en entrepreneuriat en ces mots : « J’ai l’impression d’être passé sous un train », ce qui venait de me faire perdre tous mes moyens et l’événement leva un sérieux doute sur mes capacités entrepreneuriales. J’étais profondément traumatisé. La confidence à cette psychologue enseignante suivait le tout premier cours du cursus d’une formation à l’entrepreneuriat dont le titre me surprenait : « Connaissance de soi ». Par association incongrue, je me demandais ce que Socrate venait faire dans cette formation de futurs entrepreneurs mais j’ai compris. Si on enseigne qu’il faut bien connaître ses fournisseurs et ses clients, il faut d’abord et avant tout bien se connaître soi-même.

Et en abordant la question des « Styles interpersonnels » de ce premier cours, je me reconnaissais puisque mon style « Fonceur » s’inscrivait dans la liste. Mon étonnement fut de constater qu’il y avait une liste, que plus d’un style interpersonnel existait. Je percevais tout le monde comme des fonceurs et, qui plus est, dans une cohorte composée uniquement de futurs entrepreneurs. Ensemble, nous devions déterminer le style interpersonnel de chaque participant. Le groupe questionnait chaque participait à tour de rôle et, selon ses réactions et son comportement, nous devions nous prononcer sur son style interpersonnel. Mon tour venu, les autres participants me bombardèrent de questions auxquelles je répondais plus instantanément, il me fallait un temps de réflexion, moi qui, auparavant, avait réponse à tout tout le temps. Ce temps de réflexion quasi-automatique m’étonnait grandement. Ce n’était pas dans mes habitudes de fonceur et mes collègues de classe ne m’attribuèrent pas ce style, ce qui m’étonna davantage. C’étaient-ils tous trompé ?

Le cours terminé, j’ai discuté en privé avec la psychologue pour lui demander : « Est-ce qu’il advient que l’on puisse changer de style interpersonnel ? » « Oui, cela est possible, surtout à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme ». « C’est sans doute ce qui m’arrive puisque j’ai l’impression d’être passé sous un train récemment en perdant un appel d’offres pour la première fois de ma vie » ai-je précisé.

Je suis rentré chez moi avec les Notes du cours « Connaissance de soi » remises par la psychologue enseignante en les considérant comme un trésor, une découverte qui changea à jamais ma vie.

Et ce, d’autant plus que ces notes de cours comprenaient des instructions précises à suivre pour adopter la bonne approche avec chacun des quatre styles interpersonnels et dont je fis l’expérience sur le terrain avec beaucoup de succès au cours des années suivantes, encore et toujours avec un étonnement soutenu. Les professeurs suivants des autres cours avaient insisté sur le fait que les statistiques veulent que des 100% des efforts déployés pour recruter un nouveau client, seuls 20% porteraient des fruits. Je vivais, avec cette histoire des styles interpersonnels, tout le contraire en obtenant 80% de succès dans mon recrutement de nouveaux clients. Je n’en revenais pas. Je n’étais connu ni d’Ève ni d’Adam dans mon nouveau domaine d’expertise, et 80% des gens d’affaire sollicités devenaient mes clients. Le succès fut tel que ma partenaire et moi, avons du ralentir le recrutement de nouveaux clients de peut de ne pas être capables de répondre à la demande.

Je suivais les instructions quasi-aveuglément car je ne comprenais pas vraiment comment ça marchait cette affaire des styles interpersonnels. Mais, devenu Analytique et ayant désormais besoin du maximum d’information, j’ai creusé l’affaire.

Une autre surprise de taille : l’esprit scientifique

En parallèle, une autre surprise m’attendais pendant mon auto-apprentissage à mon nouveau domaine d’action : les études de motivation d’achat des consommateurs, une forme de recherche prédictive du succès ou de l’échec d’un nouveau produit ou la relance d’un produit existant.

Une surprise de taille : l’esprit scientifique ! Je dévorais chaque page de chacun des quinze livres signés par le pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs et dans lesquels il offrait des rapports détaillés des succès de ses clients. La particularité des ces études de marché : elles se fondaient sur la science, la science dure. Ce chercheur apportait à la recherche marketing toute la scientificité dont elle avait cruellement besoin.

Il avait trouvé une erreur fondamentale dans le choix original de l’objet d’étude des recherches en marketing. Jusque-là, le marketing, cherchant à devenir une discipline à part entière au sein des universités et ainsi s’émanciper des cours en management et direction des affaires, plaidait sa cause en soutenant que son objet d’étude était les consommateurs. Dans le contexte de l’arborescence des disciplines universitaires, le marketing se retrouvait ainsi classé, en raison de son objet d’étude, parmi les sciences humaines ou, pour le dire plus simplement, dans la famille des sciences inexactes par opposition à celle des sciences exactes, tel que la physique. Depuis, la recherche marketing se fonde essentiellement sur les sondages auprès des consommateurs et les groupes de discussion (focus group). Le résultat est clair : seulement un nouveau produit sur dix rencontre le succès de vente espéré, soit un taux d’échec de 90%. Et lorsqu’il y a un succès, ne ne peut pas le répéter à volonté puisqu’on ne connaît les clés du succès. En publicité, ont dit que 50% des publicités atteignent leurs objectifs mais on ne sait pas pourquoi à coup sûr.

Ceci dit, où est donc l’erreur fondamentale de la recherche marketing trouvée par le chercheur américain : dans le choix de l’objet de la recherche. Le bon objet de la recherche, c’est le produit lui-même. Et puisqu’il s’agit d’un objet physique, on peut parler d’une science exacte, à l’instar de la physique. Il ne s’agit plus de sondages et de groupes de discussion mais plutôt de tester des produits et puisque tester est un processus scientifique, il faut l’appliquer à la recherche marketing. C’est simple : le produit plutôt que les consommateurs comme objet d’étude. Le marketing devient une science exacte. Tant mieux si vous pouvez le croire car près de 99% des gens de marketing refuse d’y croire, par manque d’esprit scientifique – d’esprit critique. Et il en va de même au sein des universités.

Je fais rapport de mon expérimentation de cette approche scientifique de la recherche marketing auprès d’entreprises québécoises dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » offert gratuitement en format numérique (PFD). Et ça fonctionne très bien à chaque fois grâce aux tests réalisés méticuleusement dans le respect du processus scientifique. De vendeur d’idée à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing je suis devenu « testeur » des propositions des autres. Mes opinions n’avaient plus autant d’importance que les tests auxquels soumettre les propositions de nouveaux produits.

Le chercheur américain a éveillé ma conscience à la méthode scientifique en s’y référant à de nombreuses reprises dans ses écrits et les résultats de mes expérimentations avec différentes entreprises confirmèrent sa scientificité. De là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que je me penche sur la « connaissance et de la connaissance », sur le “comment” la science produit du savoir, sur l’importance du doute… « La connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su, rien n’est jamais acquis définitivement » ai-je découvert. Il n’est donc plus important désormais de se donner raison, pas plus que de chercher à avoir raison. La méthode scientifique est une lutte constante contre nos opinions.

J’aime bien la définition de la science donnée par l’historien philosophe des sciences et professeur de chimie et de physique, Gaston Bachelard, dont le livre La Formation de l’esprit scien­tifique(7) fait autorité en la matière. « Il définit la science comme un combat, un refus de ses propres opinions »(8), pour moi, un refus de ce qu’on prend d’emblée pour vrai, puisqu’une opinion est par définition prise pour vraie.

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NOTES

  1. Bachelard, Gaston, La formation de l’esprit scientifique, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 1938, Seizième édition, 1999. (Disponible en livre de poche).
  2. Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107.

Le professeur Jean-Marie Nicolle, dans son livre « Histoire des méthodes scientifiques » formule en ces mots la démarche :

« La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal ».

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

N’y a-t-il pas là un nouvel élément ? Qu’est-ce que vous inspire : « par destruction du déjà su » et « contre une connais­­sance antérieure » ? La réponse doit préciser qu’est-ce qui peut détruire le déjà su. Seul un doute au sujet d’une connaissance déjà établie (pour vrai) peut détrôner cette dernière. Si je ne doute pas de la connaissance établie, il n’est aucune raison de croire que je sais mal. Si je doute d’une connaissance établie, mon doute détruit cette connaissance et c’est sur ces ruines que s’installera une nouvelle connaissance, plus certaine, jusqu’à ce qu’un doute vienne la détruire à son tour, pour une connaissance encore plus certaine. Lorsque je crois en une connaissance, j’accepte l’éventualité de devoir l’abandonner si un doute survient. Le bénéfice du doute, c’est la certitude… jusqu’au prochain doute !

Mais notre habitude de prendre pour vraies les évidences se pose comme un obstacle au doute assurant le développement de la connaissance. Gaston Bachelard introduit la notion d’« obstacles épistémologiques », de épistémè, savoir.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir
un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

“1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L‘obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en famille. (…)

5. L‘obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique.

Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (sub-stans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L‘obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction.”

Source : Jean-Marie Nicolle, Histoire des méthodes scientifiques – Du Théorème De Thalès à La Fécondation In Vitro, Bréal, Rosny, France, 1994, pp. 108-114. En référence à : La Formation de l’Esprit Scientifique, Gaston Bachelard, 1934.

P.S.: Voir notre article au sujet du livre «Histoire illustrée des méthodes scientifiques » de Jean-Marie Nicolle (2024).

Ma lecture de ces deux ouvrages (Histoire des méthodes scientifiques et La formation de l’esprit scientifique) entretient ma curiosité d’un étonnement à l’autre. Elle m’incite à faire le ménage dans le « comment » je connais. Elle déplace mes opinions sur mon échelle hiérarchique au profit de la connaissance acquise dans le respect des méthodes scientifiques. « Je me trompe souvent mais mes recherches ne se trompent jamais » écrira le chercheur américain pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs, fort de sa méthode scientifique.

Ensuite, j’ai suivi le cours en ligne « Science, éthique et société » donné par Olivier Clain, professeur de sociologie à l’Université de Laval (Québec, Québec). Selon Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées ». (Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval). Le cours Science, éthique et société est disponible en ligne en libre accès sur Canal U.

Je garde en mémoire ma découverte du terme « obstacles épistémologiques » introduite par Gaston Bachelard. Jean-Marie Nicolle en parle en ces mots :

« La nouveauté de sa réflexion tient à la découverte des obstacles épistémologiques. Ce ne sont pas des obstacles extérieurs, comme la difficulté d’observer les phénomènes, de les mesurer, d’expérimenter sur eux; ni des obstacles techni­ques liées à la mise au point d’instruments au service de la science; ce sont des phénomènes internes à l’esprit même du chercheur. G. Bachelard a emprunté à la psychanalyse le concept de résistance. Une résistance est tout ce qui, dans les actions et les paroles d’un patient, s’oppose à l’exploration, par celui-ci, de son inconscient (ex. : fatigue, oublis, refus d’une interprétation, impatience, etc.)

L’obstacle épistémologique est une résistance au déve­loppement de la connaissance, interne à l’acte de connaître. C’est dans l’esprit du chercheur, dans sa démarche intellectuelle elle-même que l’on trouve des barrières, des obstacles au progrès de la connaissance. Ces obstacles sont bien entendu involontaires. »

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

Et me voilà plongé dans une nouvelle étude, l’épistémologie :

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Source : Épistémologie, Dictionnaires Le Robert.

Gaston Bachelard nous propose ces quatre exercices disciplinaires pour conduire notre intelligence avec rigueur(13) :

1. La catharsis intellectuelle : toute culture scientifique doit commencer (…) par une catharsis intellectuelle et affective, c’est-à-dire par une véritable purification des préjugés, des idées toutes faites, des opinions admises. C’est une condition préalable pour qui veut vraiment entreprendre une recherche intellectuelle. Bachelard reprend ici la tradition philosophique, qui, depuis Socrate en passant par Descartes, exige la rupture avec la doxa (l’opinion) pour penser librement par soi-même.

2. La réforme de l’esprit : il faut éduquer convenablement son esprit, c’est-à-dire non pas le remplir de connaissances jusqu’à saturation, mais le former avec méthode. Plus précisément, il faut apprendre à son esprit à se réformer sans cesse, à ne jamais s’installer dans des habitudes intellectuelles qui deviennent vite des carcans; il doit être capable de renoncer à une théorie à laquelle il était attaché, il doit être capable de refondre totalement le système de son savoir chaque fois que c’est nécessaire. Il faut avoir un esprit souple

3. Le refus de l’argument d’autorité : comme nous l’ont appris les savants de la Renaissance, il faut savoir rompre avec le respect pour les autorités intellectuelles, quel que soit leur prestige. Un épistémologue irrévérencieux disait, il y a quelque vingt ans, que les grands hommes sont utiles à la science dans la première moitié de leur vie, nuisibles dans la seconde moitié. Effectivement, dès qu’un chercheur devient célèbre, il acquiert une autorité intellectuelle et morale qui peut gêner ses étudiants. Pour progresser, ceux-ci doivent souvent rompre avec les idées de leur maître, ce qui n’est pas toujours facile lorsque celui-ci détient le pouvoir d’orienter les travaux de recherche, les thèses, les carrières, etc. À ceux qui veulent apprendre, c’est souvent une gêne que l’autorité de ceux qui leur donnent leur enseignement, écrivait Cicéron.(14)

4. L’inquiétude de la raison : il ne faut jamais laisser sa raison en repos (quies); il faut l’inquiéter, la déranger. Il ne faut pas s’installer dans la sympathie avec une doctrine. La sympathie enlève l’esprit critique, la liberté de jugement. Il ne faut jamais se sentir à l’aise avec ses propres idées, il faut se remettre toujours en question. Celui qui ne s’interroge plus se sclérose. L’esprit qui finit toujours par dire oui s’endort. Penser, c’est dire non, pensait Alain. »(15)

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NOTES

(13) Tel que rapporté par : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

(14) Homme politique et orateur latin, 106 – 43 av. J.-C. Le Petit Larousse Illustré.

(15) Gaston Bachelard fait référence à Émile Chartier, dit Alain, « essayiste français » (1868 – 1951). Le Petit Larousse Illustré.

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

La rupture avec l’opinion revient très souvent à une rupture avec ce que l’on admet pour vrai parce que nous prenons pour vrai nos opinions, elles est notre vérité.

« Lorsque quiconque avance une affirmation qu’il prétend être une vérité, lorsqu’il veut la faire reconnaître et partager comme telle (comme une vérité), on est toujours en droit de lui demander « pourquoi devrais-je vous croire? ». Selon les domaines et les circonstances, les réponses peuvent être très diverses : on peut invoquer l’expérience quotidienne, la pratique, un témoignage, l’autorité de quelqu’un de reconnu comme compétent, la tradition, une révélation, l’intime conviction, l’intuition, le raisonnement, le sentiment d’évidence, et encore bien d’autres raisons de croire. »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, pp. 21-22.

La science procède autrement :

« Les affirmations scientifiques, elles, devraient en principe appuyer leur validité sur des arguments à la fois empiriques, rationnels, et publics. À la question ci-dessus, le scientifique devrait pouvoir répondre : « voilà l’expérience ou l’observation que j’ai réalisée et les raisonnements que j’ai faits pour en tirer mes conclusions. Vous pouvez les refaire, je vous donne toutes les indications nécessaires pour cela, vous verrez que vous aboutirez au même point que moi ». »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 22.

Quelle différence remarquez-vous? Lorsqu’un scientifique avance une affirmation qu’il prétend être vraie, il doit la soumettre à l’approbation publique. Dans notre vie privée, nous nous contentons souvent de nous approuver nous-mêmes. Nous jugeons nous-mêmes si nous pouvons être certains ou non, par conséquent, notre capacité à reconnaître nos erreurs est réduite uniquement à notre propre expérience.

Le scientifique ne saurait se contenter d’une preuve personnelle, il la soumettra aux d’autres :

« Une preuve scientifique doit pouvoir s’imposer à toute personne suffisamment informée; obtenir le consensus est donc une visée de tout effort de recherche. La connaissance scientifique est, par sa nature même, partageable. (Un chimiste anglais, Ziman (1968), a forgé pour cela l’adjectif  “consensible”, c’est-à-dire susceptible d’être l’objet d’un consensus, pour exprimer la même idée ».

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 23.

Dans ce contexte, je prends conscience qu’il vaut mieux valoriser la connaissance “consensible”, « susceptible d’être l’objet d’un consensus ». Mais attention, en dehors de la sphère scientifique, il y a des consensus que je qualifie de « créatifs », c’est-à-dire inventés et sans preuve suffisante mais auxquels le grand nombre d’adhésions donnent l’impression d’un consensus.

Les quatre « P » du marketing soumis au doute scientifique

J’ai creusé la question du consensus dans ma sphère d’activité, soit autours des quatre piliers ou quatre « P » du marketing (Produit, Prix, Place, Promotion) (Price, place, product, promotion). L’étudiant universitaire en marketing les découvrira dans le manuel choisie par son professeur. Il abordera la question des quatre « P » du marketing comme faisant consensus au sein de sa discipline. À prime abord, il n’a aucune raison de remettre en question les quatre « P ».

La logique impose ainsi que l’on prennent d’abord soin du produit, que l’on en fixe le prix ensuite, puis la place qu’il occupera dans sa catégorie (ou la place qu’il occupera en magasin), pour terminer l’exercice avec la promotion du produit.

Dans ma pratique de la recherche marketing dans les années 1990, plusieurs de mes clients, les vice-président et les directeurs du marketing, arrivaient en bout de course en constatant qu’il n’y a plus d’argent pour la promotion, notamment la publicité. Je me suis demandé pourquoi il en était ainsi, d’autant plus que plusieurs autres dirigeants en d’autres entreprises faisaient le même constat. Est-ce que l’épuisement des ressources financières pour la promotion découlait d’un simple manque d’argent ou d’une erreur de planification ?

J’ai donc fouillé la question des quatre « P ». Presque tous les livres de formation universitaire abordent le sujet. J’en ai consulté plusieurs pour constater que leurs auteurs agissaient comme si la structure du marketing ne tenait qu’à eux. Certains affirment qu’il y a quatre composantes majeures − les 4 P − et d’autres qui soutiennent qu’il y en a cinq, six voire huit et même dix.

Parmi les tenants des 4 P, il y en a qui placent la Publicité avant le Prix, d’autres le Prix avant la Publicité,… Il y en a aussi qui font de l’emballage un des 4 P et d’autres qui incluent l’emballage avec le produit.

En d’autres mots, après plus de cinquante ans d’étude, il n’est toujours pas de consensus sur le nombre de composantes, sur les éléments de ces composantes et l’ordre ou la place spécifique occupé par chaque composante dans la structure, tout comme la place occupée par chaque élément dans chaque composante. Il faut le faire : réinventer la structure du marketing d’un livre à l’autre. Ainsi, la structure du marketing n’est pas la même selon que vous fréquentez telle ou telle université. C’est vrai que dans les fausses sciences, bien des largesses sont permises.

S’il ne reste plus d’argent pour la promotion ou la publicité, c’est parce qu’elle se retrouve en dernière place des quatre « P », c’est-à-dire après la fixation du « Prix ». Or, ce dernier devrait venir en dernier afin d’inclure une part du budget de la promotion ou de la publicité. Plus encore, le « Prix » doit venir en dernier parce que la « Place » du « Produit » occupé sur les tablettes implique aussi un budget.

La plupart des gens considèrent le marketing comme une invention de l’homme; nous pouvons donc en modifier la structure par une simple pensée − une création purement intellectuelle.

La question des quatre « P » du marketing pose un autre problème : l’absence de fondation sur laquelle reposera les quatre piliers. sur quelle fondation repose ces quatre piliers ?

Le pionnier des études de motivation d’achat, le chercheur américain Louis Cheskin, écrit ceci dans son livre « Secrets of marketing success » :

“There is actually no single road to success. At least four roads have to be taken. I have found, however, that a marketing program should be viewed as a type of structure built around four pillars and on a solid foundation.”

Louis Cheskin, Secrets of marketing success, p. 8.

TRADUCTION  avec DeepL

« En fait, il n’y a pas de voie unique vers le succès. Il faut en emprunter au moins quatre. J’ai toutefois constaté qu’un programme de marketing doit être considéré comme une sorte de structure reposant sur quatre piliers et sur des fondations solides ».

Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l'homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est : exposition (par la distribution et la mise à l'étalage).
Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l’homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est l’exposition (par la distribution et la mise à l’étalage).

C’est en appliquant le doute dicté par la méthode scientifique que j’ai questionné la structure des quatre piliers du marketing. Le consensus ou plutôt les différents consensus d’une université à l’autre ne relavaient que de l’imagination créative, comme si, pour se distinguer dans la masse, il revenait à chaque groupe de bâtir son propre temple du marketing.

Dès que j’ai observé avec étonnement les différences des quatre « P » du marketing entre deux enseignements, je me suis questionné plutôt que de choisir l’un ou l’autre, comme l’esprit scientifique l’exige.

Je trouve l’origine primaire de cette attitude dans ma pratique du journalisme à la fin des années 1970 alors que j’étais encore aux études et au cours des années 1980. Formé par des rédacteurs en chef expérimentés intéressés à motiver un jeune talent, j’ai écrit des chroniques et des reportages pour différents médias. Si tout commence par la cueillette de l’information, l’étape suivante, la vérification de l’information s’avère cruciale. Et si cette vérification de l’information permet de conclure à un consensus général, il faut chercher s’il n’y a pas quelqu’un quelque part qui remet en cause de consensus.

Ma dernière année d’étude collégiale a mis à l’épreuve mes professeurs. J’assistais à mes cours en soumettant à mes professeurs des sources différentes de celles qu’ils avaient retenues. Pourquoi telle ou telle hypothèque plutôt que celles-là ? Pourquoi tel ou tel auteur plutôt que celui-là ? Cet auteur soutient le contraire dans son livre, pouvez-vous me dire si vous l’avez lu ? Et ainsi de suite, cours après cours. Moi, ce que j’attendais de ma formation scolaire, c’était qu’on m’enseigne comment chercher et évaluer les informations dont j’aurais besoin tout au long de ma vie, non pas que l’on choisisse pour moi.

J’avais quinze ans lorsque je me suis rendu à l’évidence que la lumière entre par les failles. Tout au long de ma vie, j’ai été sensible à la remise en question de ce qu’on m’enseignait, de ce que j’apprenais par mes propres expériences. Mais parfois, j’étais aveugle sur certains sujets, certaines attitudes et certains comportement de ma part.

Au début de la quarantaine, j’ai perdu pied, les deux pieds. Je me suis retrouvé à genoux, pour ne pas dire allongé au sol, lorsqu’un client de ma firme de notre firme de recherche en marketing m’a trahi et m’a entraîné dans sa faillite. Naïf, trop confiant, ma garde baissée, j’avançais encore avec des œillères. Ce fut un dépression, non pas psychologique, mais philosophique. Je venais de perdre toutes mes valeurs, mes convictions, mes croyances… Ce fut difficile, très difficile. En plus d’être victime des biais cognitifs dont j’ai fait mention ci-dessus, j’étais victime de rigidité émotive et intellectuelle par adhésions à une idée qui m’était très chère. Je percevais out compromis sur certains sujets, attitudes et comportements comme des sources de pollutions de mon authenticité, de mon identité. Autant j’étais ouvert d’esprit sur certaines choses, autant j’étais fermé, barricadé, sur d’autres.

Et c’est cette phrase étonnante de mon thérapeute à la fin de notre première rencontre, « Vous avez un problème de rigidité » qui allait enfin m’ouvrir les yeux au début des années 2000. Tous les jours de la semaine suivante, je me questionnais sur cette affirmation en essayant de trouver une réponse positive à ma soit-disant rigidité. « Les compromis, c’est de la pollution » me répétais-je en vue de ma prochaine séance de thérapie. Je ne me disais qu’il était important de faire des compromis en certaines circonstances mais plutôt qu’il valait mieux s’en tenir à sa perception, à son idées, à son attitude, à son comportement face à certaines personnes et à certaines circonstances. J’avais tort. Et le tout premier compromis que je devais faire était avec moi-même. Je devais m’accorder une marge de manœuvre plutôt que de rester figé en rejetant en bloc tout compromis. Ma thérapie fut un succès parce qu’elle créa une faille en mon esprit permettant ainsi à la lumière de m’éclairer à nouveau.


Conclusion

Dans cet article j’ai partagé une partie du parcours de mon esprit critique sous l’influence de l’esprit scientifique. Chaque étape s’enclenche à la suite d’un étonnement engendrant une étincelle en ma conscience. Chez moi, l’esprit critique n’est pas acquis définitivement d’un seul coup mais il se développe au fil du temps et des étonnements. La prise de recul n’est jamais complète et durable. Il faut sans cesse re-prendre du recul car nous avons tendance à nous prendre pour acquis à chaque étape de notre vie.

Se connaître soi-même implique d’abord et avant tout de connaître comment je connais.

Quand le philosophe Pierre Hadot nous propose « La philosophie comme manière de vivre », il nous invite, entre autre, à la permanence de l’esprit critique pour une conscience fondamentalement critique par elle-même. Il m’inspire à vivre en connaissance de cause.

Et le meilleur moyen de tenir éveiller ma conscience est de permettre à l’étincelle d’allumer un feu pérenne et, pour ce faire, de l’alimenter avec le combustible de la connaissance.

Désormais, je valorise davantage la connaissance que mes opinions sur cette connaissance.

Évidemment « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais). Je me dois d’adopter une « manière de vivre » vertueuse.


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Article #120 – Les essentiels : Histoire illustrée des méthodes scientifiques, Jean-Marie Nicolle, Éditions Bréal, 2024

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Article # 120

LES ESSENTIELS


Dans cette nouvelle section, je traite des livres qui m’apparaissent essentiel au développement de l’esprit critique, la toute première étape pour aborder la philosophie comme mode de vie.

Je bâtie les articles « LES ESSENTIELS » en suivant la même structure que mes « RAPPORTS DE LECTURE » soit un référencement exhaustif du livre suivi de mon commentaire.


Voici un livre clair, net et précis pour ajouter la méthode scientifique à notre vie de tous les jours

Histoire illustrée des méthodes scientifiques

Jean-Marie Nicolle

Agrégé et docteur en philosophie

Histoire illustrée des méthodes scientifiques

Sciences & Techniques > Généralités sur la science > Histoire des sciences

Jean-Marie Nicolle

Agrégé et docteur en philosophie

Éditions Bréal

Auteur(s) : Jean-Marie Nicolle

Collection : Essais

Niveau : Débutant

Publication : 13 novembre 2024

Édition : 1ère édition

Intérieur : Couleur

Support(s) : Livre papier

Poids (en grammes) : 580

Nombre de pages : 216

Longueur : 4 cm

Largeur : 17 cm

Épaisseur : 1.2 cm

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 4050, 3051

EAN13 Livre papier : 9782749556093


TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

À quoi sert l’histoire des sciences ? Elle étudie les tentatives par lesquelles les hommes ont essayé de satisfaire leur désir de connaître le monde grâce à l’observation et au raisonnement. Elle est inséparable de l’histoire des méthodes scientifiques. Elle permet de comprendre un peu pourquoi … on ne comprend pas, et elle fait partie d’une formation véritablement scientifique.

Un esprit scientifique n’est pas constitué d’un savoir accumulé au fil des enseignements, c’est un esprit qui sait réfléchir, qui s’interroge sur lui-même et qui transforme son savoir en culture.

L’objet de cet ouvrage est d’initier un débutant à cette réflexion en lui donnant le lexique de base de l’épistémologie. Chaque chapitre expose les données d’un problème, l’illustre avec des exemples, l’explique avec les schémas nécessaires, et fournit des documents commentés.

L’abondante iconographie de cet ouvrage montre également la représentation que les artistes se font du travail scientifique.

Source : Editions Bréal.



Extrait

Extrait disponible en ligne sur le site web des Éditions Bréal

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AVANT-PROPOS

« Le désir de savoir, qui est commun à tous les hommes, est une maladie qui ne se peut guérir, car la curiosité s’accroît avec la doctrine» (Descartes)1. li ne saurait être question de guérir une telle maladie ; on ne peut mettre fin à un désir; tout au plus peut-on le satisfaire pour un moment. L’histoire des sciences est l’histoire des tentatives par lesquelles les hommes ont essayé de satisfaire leur désir de savoir, notamment grâce à l’exercice de leur raison. C’est pourquoi l’histoire des sciences est inséparable de l’histoire des méthodes des sciences.

Or, les difficultés qu’éprouve un étudiant dans l’acquisition du savoir scientifique sont généralement analogues à celles que nos prédécesseurs ont éprouvées autrefois. L’étude de l’histoire des sciences permet donc de comprendre un peu pourquoi … on ne comprend pas, et on ne saurait trop la conseiller à qui cherche une formation véritablement scientifique. En effet, un esprit scientifique n’est pas constitué d’un savoir accumulé au fil des enseignements, mais est un esprit qui sait réfléchir, qui s’interroge sur lui-même et qui transforme son savoir en culture.

L’objet de cet ouvrage est d’initier un débutant à cette réflexion en lui donnant le lexique de base en épistémologie. Chaque chapitre expose les données d’un problème, l’illustre avec des exemples tirés de l’histoire, l’explique avec les schémas nécessaires, et fournit un ou plusieurs document(s) commenté(s). Dans cette nouvelle édition abondamment illustrée, nous avons également voulu montrer comment les représentations artistiques de la science sont elles-mêmes problématiques.

Notre ambition n’est pas de dresser un panorama complet de l’histoire des sciences, mais d’aider le lecteur à bien commencer le chemin qu’il accomplira ensuite, à son gré, dans « la recherche de la vérité par la lumière naturelle».

L’auteur

1Descartes R., La recherche de la vérité par la lumière naturelle, in Œuvres et lettres, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1953, p. 88



Au sujet de l’auteur

Jean-Marie Nicolle

Agrégé et docteur en philosophie

Source : Wikipédia.
Source : Wikipédia.

Jean-Marie Nicolle est docteur et agrégé de philosophie. Il a enseigné au lycée Jeanne-d’Arc de Rouen puis au centre théologique universitaire de Rouen. Le thème central de ses recherches est le rapport entre les mathématiques et la métaphysique. ll est d’ailleurs spécialiste de l’œuvre de Nicolas de Cues. Il a également mené des recherches dans des domaines aussi variés que l’informatique, la toxicomanie, l’histoire des mathématiques, l’histoire de l’art. 

Source : Editions Bréal.


Jean-Marie Nicolle

Jean-Marie Nicolle est professeur agrégé de philosophie et enseigne en CPGE de Lettres au lycée Jeanne d’Arc de Rouen. Il a soutenu une thèse de Doctorat de Philosophie sur le sujet : Mathématiques et métaphysique dans l’œuvre de Nicolas de Cues, sous la direction de Monsieur le professeur Jean Seidengart. Il a traduit et publié les écrits mathématiques de Nicolas de Cues : Nicolas de Cues, Ecrits mathématiques, texte latin, présentation, traduction et notes par Jean-Marie Nicolle, Paris, éd. Honoré Champion, 2007. Il a publié une biographie romancée du Cusain : L’homme à la proposition d’or, Paris, éditions Ipagine, 2010. Il est membre du comité scientifique de la Cusanus Gesellschaft de Trêves et a publié de nombreux articles sur la philosophie du Cusain. Il est par ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages de philosophie générale aux éditions Bréal (le dernier en date, La société, 2011).

Source : La Vie des Idées.


Jean-Marie Nicolle

Jean-Marie Nicolle, né le 4 janvier 1951 à Dieppe, est un philosophe français. Il a été professeur au lycée Jeanne-d’Arc de Rouen. Il est entre autres l’auteur d’ouvrages de préparation aux concours, ainsi que de plusieurs ouvrages de philosophie générale aux éditions Bréal (les derniers en date : La société 2011, La nature 2015, La parole 2016), qui représentent des synthèses de vulgarisation et des compilations pour les non-spécialistes, à destination du grand public mais aussi des étudiants.

En tant que philosophe, il est spécialiste de la pensée médiévale, de l’évolution conjointe des mathématiques et de la métaphysique à la fin du Moyen-Âge(1), de l’émergence de la démarche scientifique et des nouveaux concepts mathématiques, de leur émancipation progressive hors de toute considération métaphysique(2) ; mais aussi de leur influence réciproque(3). Sur cette question, il est spécialiste singulièrement de l’œuvre de Nicolas de Cues, à laquelle il a consacré sa thèse(4), des traductions, de nombreux articles, et plusieurs ouvrages de vulgarisation dont une biographie romancée : L’homme à la proposition d’or(5).

____________

NOTES

  1. Jean-Marie Nicolle, « Mathématiques et métaphysique dans l’œuvre de Nicolas de Cues, discours de thèse [archive] », sur CERPHI, ENS de Lyon, (consulté le ).
  2. Voir sur ces sujets, dans le numéro spécial 202 consacré à L’Infini de la revue Sciences et Avenir, avec interview et citations de J.-M. Nicolle, l’article de Denis Delbecq, « Deux mille cinq cents ans pour approcher l’inconcevable », Sciences et Avenir,‎ , pp. 26-31.
  3. Jean-Marie Nicolle, « Curriculum [archive] », sur jm.nicolle.cusa (consulté le ), « Recherches ».
  4. Jean-Marie Nicolle, « Mathématiques et métaphysique dans l’œuvre de Nicolas de Cues, résumé de thèse [archive] », sur theses.fr, (consulté le ).
  5. On pourra lire le résumé et la quatrième de couverture de ce livre ici : Jean-Marie Nicolle, « L’homme à la proposition d’or [archive] », Editions Ipagine, (consulté le ).

Source & Lire la suite : Jean-Marie Nicolle, Wikipédia.


Du même auteur

Aux éditions Bréal

  • Histoire des méthodes scientifiques, 1994 (2de édition, 2006).
  • L’indispensable en culture générale, 2002-2024.
  • Platon, Gorgias, 2003.
  • La science, 2006.
  • L’action, 2007.
  • La beauté, 2008.
  • La vie, 2009.
  • L’imagination, 2010.
  • La société, 2011.
  • Le plaisir, 2012.
  • L’espace, 2013.
  • La vérité, 2014.
  • La nature, 2015.
  • Histoire de la pensée philosophique, 2015.
  • La parole, 2016.

Chez d’autres éditeurs

  • Nicolas de Cues, Écrits mathématiques, texte latin, présentation, traduction et notes par Jean-Marie Nicolle, Paris, Honoré Champion, 2007 (réédition Classiques Garnier, 2024).
  • L’homme à la proposition d’or, Paris, Ipagine, 2010.
  • La science, Paris, Vuibert, 2013.
  • Le laboratoire mathématique de Nicolas de Cues, Paris, Beauchesne, 2019.
  • Les trois fenêtres: essai, Paris, Ipagine, 2021.
  • La tête à l’envers, essai sur les inversions, Paris, Ipagine, 2023.

DOSSIER

Ce que les philosophes ont appris des mathématiques ou y a-t-il un ordre dans ce monde ?

Par Jean-Marie Nicolle

Le Bulletin précédent (n° 451) comporte un dossier maths-philo.

Un remarquable texte de Jean-Marie Nicolle n’a pu s’y trouver faute d’être prêt à temps. Nous en commençons aujourd’hui la diffusion, prévue sur trois numéros.

Pour les deux prochains, toujours sous le même titre général, il s’agira de : – « De quoi parle-t-on ? », – « Y a-t-il un ordre dans ce monde ? ».

Ce que les philosophes ont appris des mathématiques (I)(*) ou y a-t-il un ordre dans ce monde ? Par Jean-Marie Nicolle

Ce que les philosophes ont appris des mathématiques (II)(*) ou y a-t-il un ordre dans ce monde ? Par Jean-Marie Nicolle

Ce que les philosophes ont appris des mathématiques (III)(*) ou y a-t-il un ordre dans ce monde ? Par Jean-Marie Nicolle


Rencontres philosophiques – « Matière et esprit » – Langres 20, 21 et 22 septembre 2013 – Séminaire « Le pied sur terre » : l’esprit nous vient-il d’en bas ? – Jean-Marie NICOLLE – « Nicolas de Cues, un philosophe qui reprend pied sur terre »

Jean-Marie Nicolle, « Montaigne et Pascal : la docte ignorance après Copernic », Noesis [En ligne], 26-27 | 2016, mis en ligne le 15 juin 2018, consulté le 19 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/noesis/2656 ; DOI : https://doi.org/10.4000/noesis.2656


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Les essentiels

Mon commentaire

Histoire illustrée des méthodes scientifiques

Jean-Marie Nicolle

Agrégé et docteur en philosophie

Ce livre a profondément influencé ma façon de pensée en me donnant les clés de l’esprit scientifique appliquée à ma vie de tous les jours, tant sur le plan personnel que professionnel. Partisan de la méthode scientifique pour son objectivité, je prête une attention toute spéciale à tous les outils pouvant m’instruire sur la naissance et l’acquisition de la connaissance, et ce, dans les moindre détails de sa construction. La question « Comment je connais ? » demeure ouverte afin de de mieux de me connaître, et de connaître mieux.

J’ai découvert ce livre dans sa première édition dans les années 1990 dans la réserve d’un kiosque au Salon international du livre de Montréal. Je ne me souviens plus du nom de la maison d’édition qui tenait ce kiosque. En revanche, je me souviens fort bien de la réponse du responsable à ma question à savoir s’il avait des livres sur la pensée scientifique. « Il se peut qu’il y en ait dans mes boîtes dans la réserve. Allez voir ! » m’a répondu le responsable. Et j’ai trouvé le livre « Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro » de Jean-Marie Nicolle, première édition, 1994. Oh ! J’étais content. Cette trouvaille a fait ma visite au Salon du livre. Et je suis très fier d’avoir encore ce livre dans ma bibliothèque.

Pour le néophyte que je suis dans le domaine des sciences, de toutes les sciences, je trouvais alors dans ce livre une porte d’entrée dans le monde de la pensée scientifique que j’appelle aussi « La pensée certaine » dans mon livre J’AIME PENSER (à lire gratuitement en ligne).

Ce livre est l’ancêtre ce celui en vedette sur cette page, « Histoire illustrée de la méthode scientifique » paru en 2024 et que je me suis procuré sans tarder. Jean-Marie Nicolle explique si bien la méthode scientifique qu’il est quasi impossible de ne pas comprendre en quoi elle consiste. Jean-Marie Nicolle est l’expert par excellence de la vulgarisation de la pensée scientifique. Ce livre revêt une importance capitale et devrait être au programme d’enseignement partout sur la planète. En fait, il nous concerne tous, pour autant que nous nous préoccupions de penser juste à l’image de la science dans sa méthode de connaissance.

Dans un monde où tout un chacun se donne raison, pour tout et rien, où les gens prennent pour vrai ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent, où l’opinion est plus importante que les faits eux-mêmes, comment trouver un oasis pour penser librement avec justesse ? Cet oasis, on ne trouve pas dans les centres de recherche des sciences, pas plus que dans les laboratoires. Il se trouve dans la façon de penser des scientifiques, plus particulièrement auprès des scientifiques en sciences exactes, ceux qui savent adroitement tirer le bénéfice du doute, c’est-à-dire la certitude. Mais attention, en science, du moins dans les vraies science, la connaissance se construit sur la destruction du déjà su. Autrement dit, une connaissance n’est vraie que le temps qu’un doute viennent la remettre en question et qu’elle puisse être ainsi détrônée.

On ne lit donc pas ce livre de Jean-Marie Nicolle pour se donner raison mais pour apprendre à douter sans perdre l’équilibre et ainsi pouvoir, nous aussi, simples lecteurs, en tirer le bénéfice. En bout de ligne, nous pouvons vivre toujours davantage en conformité avec la réalité, avec ce qui est réellement.


Acheter ce livre sur le site web de LES ÉDITIONS BRÉAL


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

Article #117 – Votre cerveau vous joue des tours, Albert Moukheiber, Allary Éditions, 2019

L’essai VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS par ALBERT MOUKHEIBER, Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien, tient sa promesse. « Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances. » Le lecteur néophyte y trouvera son compte à l’instar de ceux et celles qui ont perdu de vue les neurosciences. Et sûrement en raison de sa pratique à titre psychologue clinicien, Albert Moukheiber parsème son livre de quelques judicieux conseils à ses lecteurs.

Article #118 – Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Albert Moukheiber, Allary Éditions, 2024

« On ne peut pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni faire dire aux neurosciences et aux sciences cognitives ce qu’elles ne disent pas ». lit-on en quatrième de couverture de l’essai NEUROMANIA de ALBERT MOUKHEIBER docteur en neurosciences et psychologue clinicien. Au programme : distinguer le vrai du faux sur notre cerveau. Je ne savais pas que ces sciences étaient elles aussi victimes de désinformation et de raccourcis trompeurs dans les médias et ainsi au sein de nos propres croyances sur le cerveau. L’auteur note aussi une approche éhontée des neurosciences et des sciences cognitives dans le développement personne1.

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Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Article # 102

J’AI LU POUR VOUS

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

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Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

(Auxerre, France)

COLLECTION : Hors collection

ISBN : 9782361068868

septembre 2024

160 pages

Diffusion/Distribution : Interforum

Maquette couverture et intérieur : Isabelle Mouton

Couverture : Edvard Munch, Le Penseur de Rodin dans le parc du Docteur Linde à Lübeck, 1907. ©Art Collection 4/Alamy Stock Photo.


Texte de la quatrième de couverture

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.

Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences

Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.


Texte de présentation sur le site web de l’éditeur

Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.

Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences.

Faut-il alors douter de tout ?

Auteur(s) :

Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.

Source : Sciences Humaines Éditions.


Contributeurs

Audrey Bedel

  • Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.

Pierre Bréchon

  • Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).

Gérald Bronner

  • Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).

Sybille Buloup

  • Journaliste scientifique.

Edwige Chirouter

  • Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».

Sébastian Dieguez

  • Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).

Juliette Dross

  • Enseignante-chercheuse  à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023).

Pascal Engel

  • Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).

Nicolas Gastineau

  • Journaliste scientifique.

Nicolas Gauvrit

  • Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).

Catherine Halpern

  • Journaliste scientifique spécialiste des questions de société.

Béatrice Kammerer

  • Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.

Maud Navarre

  • Docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Pauline Petit

  • Journaliste scientifique.

Romina Rinaldi

  • Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).

Marc Romainville

  • Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).

Maxime Rovere

  • Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).

Fabien Trécourt

  • Journaliste scientifique.

Table des matières

Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre

  1. La préparation
  2. La phase d’incubation
  3. La révélation
  4. La confirmation

L’aventure de l’esprit critique, Maxime Rovere

  • L’esprit critique ne se délègue pas
  • Du doute méthodique à l’humanisme
  • Vers un nouvel esprit critique ?
  • Explorer les possibilités alternatives

Les grandes postures critiques, Pauline Petit

  • Le scepticisme. Méthode dubitative
  • Le relativisme. À chacun sa vérité
  • Le nihilisme. Quand tout est vain
  • Le complotisme. Cryptocritique

Homo sapiens, animal crédule ?, Fabien Trécourt

  • Pas si bêtes

Faut-il douter de tout ?, Nicolas Gauvrit et Audrey Bedel

  • Le dessin du bonhomme
  • Les corrélations illusoires
  • L’art de l’esprit critique
  • Éléments d’autodéfense intellectuelle

La philosophie à la rescousse, Catherine Halpern

  • L’obsession langagière
  • Se poser des questions, même folles
  • Instiller le doute
  • L’art de la dialectique
  • Décentrer la pensée ou faire un pas de côté

Travailler sur soi avec les philosophes, Nicolas Gastineau

  • Distinguer ce qui dépend de nous
  • Accoucher les esprits
  • Mettre en ordre ses désirs
  • Construire sa citadelle intérieure
  • Ironiser comme Socrate
  • Désirer le monde tel qu’il est
  • Se libérer des angoisses

Ces valeurs qui inspirent les Français, Pierre Bréchon

  • Réussite familiale et professionnelle
  • Affinités et passions communes
  • La xénophobie plutôt en baisse
  • D’autres formes d’actions politiques

Pourquoi préférons-nous les infox ?, Romina Rinaldi

  • Devenir des experts des médias

Aiguiser le sens critique, Gérald Bronner

  • Les limites fondamentales de la rationalité
  • Le doute peut mener au nihilisme cognitif

Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Marc Romainville

  • Biais d’intentionnalité et biais de confusion
  • IA et éducation au doute

L’esprit critique, une ambition républicaine, Béatrice Kammerer

  • Émanciper les enfants des croyances religieuses
  • Le rôle majeur de l’éducation civique
  • Les enseignants en manque de formation
  • L’éducation à l’information et aux médias

Au collège, des philosophes en herbe, Fabien Trécourt

  • Cadrer le débat
  • Levier d’apaisement

Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Pascal Engel

  • Une sensibilité aux faits
  • Un jeu social ?
  • La raison, un idéal

Philosopher dès l’enfance, une école de liberté, Edwige Chirouter

  • Philosophie et démocratie
  • Ateliers pour penser
  • Entre vulnérabilité salutaire et construction de repères

La rhétorique ou l’art de la persuasion, Juliette Dross

  • De quoi parle-t-on ?
  • Une technique transversale
  • Une question de forme ?
  • Un don inné ?
  • Une pierre angulaire de la démocratie et de la vie en société

Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?, Sebastian Dieguez

  • Absence de consensus
    1. L’idée de postvérité pose des problèmes sémantiques et conceptuels
    2. La postvérité a toujours existé
    3. La postvérité n’existe pas ou n’est pas si grave qu’on le pense
    4. Un concept contre-productif aux relents propagandistes douteux
  • Science de la désinformation

Bibliographie

Contributeurs


EXTRAIT

Penser est un art. De l’Antiquité à nos jours, des philosophes grecs et romains jusqu’aux sciences cognitives et sociales, nombreux sont les auteurs à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informa- tions et les possibilités de faire entendre sa voix. Chacun est incité à se distinguer des autres, en développant une réflexion originale face aux nombreux messages qui nous parviennent. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes (médiatiques, mais aussi sociales, commerciales, etc.).

Comment une pensée autonome se construit-elle et se cultive-t-elle, de l’enfance à l’âge adulte ?

Cet art s’apprend. Il fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Dans l’enseignement secondaire et supérieur, le commentaire, la dissertation, le mémoire, l’exposé sont présentés comme autant d’outils pour muscler les esprits. Pour les adultes aussi, il existe des lieux, des outils, des méthodes pour développer la capacité à penser par soi-même.

Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut savoir sélectionner les informations pertinentes qui peuvent nous aider à construire des réflexions bien fondées. Il faut aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. Des biais de cognition nous induisent en erreur, malgré nous. D’où l’utilité de savoir s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences. Faut-il alors douter de tout ?

Maud Navarre

Les quatre étapes d’une idée

Lundi soir, 20 h. Veille d’un comité de rédaction où dès le lendemain matin à 9 h 30, tous les rédacteurs devront proposer des sujets pour alimenter les pages des prochains mensuels de Sciences Humaines. Je réfléchis encore et encore. D’habitude, je ne manque pas d’idées. Cette fois-ci, aucune inspiration. Quelques sujets me tra- versent l’esprit, mais ils ne tiennent pas vraiment la route : pas très originaux, déjà lus ailleurs, trop pointus, pas assez porteurs… Non, décidément, ça ne vient pas. Pourquoi ? Comment les idées germent-elles ?

Depuis des années, de nombreux penseurs et scientifiques se posent cette question. Dès le début du 20e siècle, des chercheurs, comme le mathématicien et philosophe Henri Poincaré, ont distingué plusieurs étapes pour faire éclore une idée lorsqu’ils sont confrontés à un problème. Le psychologue britannique Graham Wallas de la London School of Economics distingue pour sa part quatre phases principales : la préparation, la phase d’incubation, la révélation et la confirmation, aussi appelée vérification. Revenons sur chacune de ces étapes.

On peut préciser leur déroulé grâce aux apports plus récents des neurosciences.

1- La préparation

Une question se pose, voire s’impose à nous. Quel sujet vais-je proposer pour le comité de demain? Que vais-je faire à manger ce soir? Que vais-je offrir à ma nièce pour son anniversaire? On prend conscience de ce besoin de réfléchir pour trouver une réponse à notre question. Le cerveau commence alors à s’organiser: « Qu’il s’agisse de retrouver mon portable égaré, de me souvenir d’un nom que j’ai sur le bout de la langue ou de résoudre une difficile équation mathématique, la procédure est la même, explique le neurologue Lionel Naccache. Il faut d’abord que je consacre tous mes efforts à formaliser la question. » D’abord, donc, définir le problème et circonscrire ses enjeux.

2- La phase d’incubation

Durant cette période, notre esprit cherche des solu- tions possibles plus ou moins activement, plus ou moins consciemment. En phase active, notre cerveau mobilise notre expérience personnelle (souvenirs proches ou lointains, savoirs, échecs et réussites passés). Nous commençons aussi une exploration consciente à la recherche d’informations que nous trouvons dans les médias, les livres… Nous échangeons nos premières idées avec d’autres personnes pour tester leur réception et affiner notre formulation.

Habituellement, pour trouver des sujets d’article, je consulte les récentes publications issues de la recherche en sciences humaines. Cela permet de défricher le champ et faire jaillir des thématiques. Je réfléchis aussi à partir de mes expériences personnelles et de celles qu’on me rapporte : qu’est-ce qui m’a marquée ces derniers temps ? Ai-je vécu ou entendu parler d’un phénomène particulier qui pourrait intéresser d’autres personnes ? Puis, je teste l’idée : auprès de mes proches pour savoir si le sujet intéresserait des lecteurs potentiels ; à travers les archives de Sciences Humaines (l’a-t-on déjà traité ?) ; par des discussions avec les collègues de la rédaction.

Dans cette démarche, la première aptitude essentielle, c’est la capacité à s’informer. Les idées naissent rarement de nulle part. On s’inspire souvent de modèles, de situations vécues auparavant, vues ailleurs ou auprès d’autres personnes pour formuler ses propres idées, ses propres solutions. La littérature, les médias, les discussions entre amis ou simples connaissances permettent d’acquérir de nouvelles connaissances, d’élargir son point de vue.

Deux autres attitudes favorisent l’émergence d’idées : l’ouverture d’esprit et la capacité d’écoute. En effet, la période d’incubation, celle qui va permettre aux idées de germer, nécessite de pouvoir se renseigner, d’intégrer de nouvelles informations utiles pour traiter le problème, d’écouter les remarques et d’en tenir compte pour ajuster la proposition.

Il existe aussi des pièges à éviter : le copier-coller ou encore la réaction émotionnelle qui conduit à choisir une idée parce qu’elle nous parle beaucoup (mais pas forcément aux autres) ; ou parce que tel auteur qui l’évoque nous plaît… Notre cerveau fonctionne avec de nombreux automatismes de ce type qui peuvent nous induire en erreur.

3- La révélation

L’illumination. On trouve une idée, une solution possible, qui répondrait de manière satisfaisante au problème. C’est le célèbre « Eurêka » d’Archimède, phrase qu’il aurait prononcée alors qu’il se détendait dans son bain. L’anecdote n’est pas anodine. Ainsi, Archimède fait sa découverte lors d’une période de repos propice au laisser- aller de l’esprit. Pour trouver des idées, il est nécessaire de savoir s’arrêter, faire des pauses, s’aérer l’esprit et se reposer. Le brainstorming intensif peut-être contre-productif.

Ce processus de révélation s’opère grâce à notre inconscient davantage que par la réflexion consciente, analyse L. Naccache. « Quand on cherche une solution compliquée à un problème difficile, il faut déterminer consciemment les contraintes qu’elle doit satisfaire et ensuite s’en “remettre” à notre fonctionnement inconscient, capable de fourmiller dans tous les sens en générant une grande diversité de représentations. » En effet, notre réflexion inconsciente est capable de mobiliser un plus grand nombre de réseaux neuronaux que notre réflexion consciente : l’inconscient sollicite des aires cérébrales par réflexe ou habitude alors que l’on ne pense pas toujours à solliciter soi-même ces aires cérébrales.

4- La confirmation

L’idée trouvée est mise à l’épreuve, testée avant d’être définitivement validée. Cette période peut-être plus ou moins longue suivant l’urgence du problème à résoudre et le temps dont on dispose. On peut vérifier l’idée par soi-même, en exerçant habilement son esprit critique. Lorsqu’on doute soi-même ou lorsque l’idée engage au- delà de notre personne, elle doit être validée par d’autres. Dans une entreprise comme Sciences Humaines, c’est le rôle du comité de rédaction, qui passe au crible toutes les très bonnes (et mauvaises !) idées d’article que les journalistes peuvent avoir. Quitte parfois à frustrer en coupant brutalement les ailes à une proposition qui, du point de vue du journaliste, semblait pourtant absolument mer- veilleuse. Dans la vie quotidienne, ce peut être un bon ami qui fait gentiment comprendre qu’il ne partage pas votre enthousiasme…

Bref, toutes ces réflexions n’ont pas résolu mon problème initial : quel sujet vais-je bien pouvoir proposer demain en comité de rédaction ? Réfléchissons… Eurêka ! J’ai trouvé : je vais proposer d’écrire un article sur la genèse d’une idée !

Maud Navarre

Pour aller plus loin…

  • The Art of Thought, Graham Wallas, 1926, rééd. Solis Press, 2014.
  • L’Esprit organisé, Daniel Levitin, éd. Héloïse d’Ormesson, 2018.
  • Factfulness, Hans Rosling (dir.), Flatiron Books, 2018.
  • Tous philosophe ?, Jean Birnbaum (dir.), Gallimard, coll. « Folio », 2019.
  • « Former l’esprit critique », Aurélie Guillaume Le Guével et Jean-Michel Zakhartchouk (coord.), Les Cahiers pédagogiques, janvier 2019.
  • « Du bon usage de l’esprit critique », Books, septembre 2019.

Source : Sciences Humaines édition (PDF).

Source : Sciences Humaines Édition (Calaméo).


AU SUJET DE L’AUTEUR

Maud Navarre

(1985 –      )

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Maud Navarre. Source : LinkedIn.

Journaliste-rédactrice-cheffe de rubrique : Veille éditoriale, rédaction d’articles, coordination de dossiers (commande, supervision des auteurs.trices et pigistes, édition des textes, suivi maquette), gestion rubrique (recherche et planification des sujets avec rédaction en chef, commande, édition et suivi maquette).

Centres d’intérêt : Sociologie, sciences politiques, genre, psychologie, Enseignement secondaire des SHS.

Autrice : Genre et carrière politique (Presses universitaires de Rennes, 2015) ; coautrice de La Parité (Éditions universitaires de Dijon, 2016)

Coordination d’ouvrages collectifs sur les études de genre, le genre dans l’espace public (L’Harmattan, 2019) et de numéros de revues scientifiques.

Sociologue-Chercheure associée au Lir3s.

Passionnée de photographie.

Maud Navarre – LinkedIn


Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique. Ses travaux de recherche portent sur le genre et la politique. Elle a notamment publié Devenir Élu. Genre et carrière politique, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; La Parité, Éditions universitaires de Dijon, 2016 (avec Matthieu Gateau) ; Étudier le genre. Enjeux contemporains, Éditions universitaires de Dijon, 2017 (avec Georges Ubbiali).

Maud Navarre – Association des Femmes Diplômées des Universités et du Supérieur


Mes travaux portent sur les femmes politiques en France, dans le contexte paritaire. J’étudie les carrières politiques des élues : recrutement/sélection politique, apprentissage des rôles d’élu, devenir politique. Ma thèse soutenue en 2013 à l’Université de Bourgogne montre que les différentes étapes du parcours politique sont marquées par les effets du genre. Les rapports femmes/hommes et les inégalités qui en résultent (parfois à l’avantage des unes, souvent à celui des uns) contribuent à faire des femmes des « étoiles filantes » de la vie politique, renonçant plus vite que les hommes à l’exercice d’un mandat.

Maud Navarre – academia.edu


Maud Navarre – IdRef 


Sociologue, journaliste scientifique et cheffe de rubrique pour la revue Sciences Humaines.

Maud Navarre – CAIRN.INFO


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Mon rapport de lecture

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

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Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? »

Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.


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Ensemble d’études ayant un rapport direct ou indirect à l’humanité et dont le caractère scientifique, du fait même de son sujet, quand bien même il se veut rationnel, raisonné et méthodique, manque de la rigueur axiomatique propre aux sciences naturelles.

Sciences humaines, Wikitionnaire.

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Sciences humaines ou science de l’homme, disciplines ayant pour objet l’homme et ses comportements individuels et collectifs, passés et présents.

Sciences humaines, Larousse.

Cependant, je ne peux pas nier l’apport des sciences humaines, même dites « sciences inexactes » ou « sciences molles », à notre compréhension de l’Homme et de son comportement. Les développements récents des neurosciences inspirent les sciences humaines qui cherchent à améliorer leur fondement scientifique et la crédibilité de leurs interprétations.


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Sciences humaines, sciences exactes

Antinomie ou complémentarité ?

Céline Bryon-Portet

Les rapports entretenus par les sciences humaines et les sciences dites « exactes » n’ont cessé de fluctuer au cours de l’Histoire. Le platonisme, puis les courants rationalistes et positivistes ont eu tendance à dénigrer les premières à cause de leur composante imaginaire. Pourtant, de nos jours, les théoriciens de la communication et les penseurs de l’innovation semblent démontrer qu’un véritable partenariat se révèle bénéfique de part et d’autre, car il exploite la complémentarité des deux modes de connaissance et permet ainsi une approche globale.

SOURCE et LIRE LA SUITE : Céline Bryon-Portet, « Sciences humaines,sciences exactes  », Communication [En ligne], Vol. 28/1 | 2010, mis en ligne le 23 septembre 2011, consulté le 03 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/communication/2141 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communication.2141


À l’origine de ma méfiance envers les sciences humaines, mon expérience professionnelle en recherche marketing ( étude des motivations d’achat des consommateurs ), les ouvrages Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne et Happycratie auxquels j’ai consacré des articles dans notre dossier.

En revanche, certains concepts des sciences humaines me séduisent en contribuant à ma compréhension de l’Homme et de notre monde, tel que celui de « l’intelligence émotionnelle » exposé par Daniel Golemen dans son livre L’intelligence émotionnelle paru le 4 février 1997.

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Malheureusement et parce que les sciences humaines ne sont pas universelles, le concept de l’intelligence émotionnelle fut interprété et exploité à toutes les sauces, notamment, mais pas exclusivement, par les conseillers en développement personnel et les consultants en management.

Enfin, je me dois de créditer une science humaine très influence sur mon parcours, l’épistémologie à titre de « Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Plusieurs ouvrages ont contribué à différentes prises de conscience du « comment nous pensons » au cours de ma vie. À noter les livres LA FORMATION DE L’ESPRIT SCIENTIFIQUE de Gaston Bachelard, AUX CONTRAIRES (L’exercice de la pensée et la pratique de la science) de Jean-Marc Lévy-Leblond, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique de Benjamin Matalon, Histoire des méthodes scientifiques Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro de Jean-Marie Nicolle et plusieurs autres. Je réfère aussi le cours SCIENCE ET SOCIÉTÉ par Olivier Clain, professeur de sociologie à l’Université de Laval (Québec), et plusieurs manuels scolaires. L’épistémologie me fascine.

Finalement, tout n’est pas blanc ou noir dans mon jugement des sciences humaines. Évidemment la philosophie pèse lourd dans l’équilibre de la balance.


C’est donc dans ce contexte particulier de ma perception des sciences humaines que j’ai entrepris la lecture de PENSER PAS SOI-MÊME. Procédons article par article.

Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre

Voir l’intégral de cet article dans l’extrait ci-dessus.

L’aventure de l’esprit critique

Maxime Rover — Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).

Par définition, « l’esprit critique » renvoie d’abord à la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité, au lieu de les accepter sans réserve. Elle désigne aussi une manière de se remettre en cause, en doutant de ses propres convictions dans le but de les rendre mieux assurées. Enfin, il peut s’agir d’une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence, de sorte qu’on considère les événements plutôt comme des questions que comme des affirmations. Toutefois, ces définitions de l’esprit critique changent selon les périodes. C’est donc en comprenant ses métamorphoses qu’on saisit le mieux ses diverses facette, et qu’on peut éclairer grâce à elles ce qu’il signifie pour nous aujourd’hui.

ROVERE, Maxime, L’aventure de l’esprit critique, Penser pas soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 15.

J’avance l’hypothèse que l’esprit critique renvoie d’abord à une manière de se remettre en cause avant même « la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité ». Il faut apprendre comment se remettre en cause pour ensuite être dans la capacité de questionner les autorités. Quant à l’idée que l’esprit peut-être aussi « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence », elle m’ouvre sur une nouvelle prise de conscience de mon appartenance au doute, un doute moins violent face aux événements. Un doute soudain face à un événement surprendra parfois brusquement tandis que le doute dans une « posture générale à l’égard de l’existence » s’inscrit sans l’ensemble de l’existence. Ainsi, il ne surgira pas par défaut et avec violence mais dans une certaine permanence et sérénité.

Les grandes postures critiques

Pauline Petit — Journaliste scientifique

Les sous-titres de cet article se réfèrent à quatre grandes postures critiques : le scepticisme, le relativisme, le nihilisme et le complotisme.

  1. Le scepticisme. Méthode dubitative
  2. Le relativisme. À chacun sa vérité
  3. Le nihilisme. Quand tout est vain
  4. Le complotisme. Cryptocritique

Pour le complotiste, tout ce qui existe mérite soupçon ! Une attitude hypercritique guidée par un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013). Les événements historiques seraient manigancés par un petit groupe que projette secrètement de contrôler la population. Les complotistes opposent un contre-récit fantasmatique, des théories du complot, visant à démasquer ses commanditaires. Dans sa critique, le complotisme développe des « stratégies d’immunisation » (S. Chonavey, Dis, c’est quoi les théories du complot ?, Renaissance du livre, 2019) aux contradiction. Par exemple, la dénégation comme confirmation (si vous ne me croyez pas, c’est que vous appartenez, consciemment ou non, à la conspiration), ou la requalification des faits à posteriori (si vous prouvez que ma théorie est fallacieuse, c’est qu’elle a été diffusée par le pouvoir pour décrédibiliser ceux qui doutent). En restant imprécis sur les faits, en les niant ou mieux en les requalifiant, le récit complotiste se ferme à toute possibilité de réfutation… comme de vérification.

PETIT, Pauline, Les grandes postures critiques, Penser par soi-même, Sciences Humaines édition, 2024, pp. 27-28.

Je me demande si le complotiste en arrive à ses positions en doutant. Est-ce qu’affirmer « Ce n’est pas vrai » exprime un doute ou une autre croyance ? Si le complotiste est victime d’un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013), on ne peut donc pas parler d’un doute raisonnable. Le complotiste soutient ses dires comme on soutient une croyance religieuse, comme un dogme qui, par définition, ne peut pas être remis en question. Je me demande si le complotiste a conscience que son doute sans limite. Ne pourrait-il pas être question du doute comme « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence ». Il présuppose que le monde, tout le monde, a une vérité cachée. Le complotiste me semble enfermé, prisonnier, de son esprit — de sa raison irraisonnable.

Homo sapiens, animal crédule ?

Fabien Trécourt — Journaliste scientifique

(…) « Il peut être plus avantageux de douter par défaut, car cela réduit le risque d’être manipulé. » De même le biais de confirmation — consistant à privilégier des informations confortant nos opinions — pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance : tant que nous ignorons si nous pouvons nous fier à une source, nous préférons en douter par précaution. « Cette vigilance nous protège contre les tentatives de persuasion et de manipulation immédiates, assure le chercheur (H. Mercier, Pas ne de la dernière pluie, 2022). Il nous faut du temps, des indices de fiabilité et de compétence forts avant que nous accordions notre confiance. »

TRÉCOURT, Fabien, Homo sapiens, animal crédule ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 20204, pp. 32-33.

Personnellement, je ne lie pas le doute et la confiance. Je doute pour savoir et connaître, non pas pour accorder ma confiance ou non. Dans le doute, je ne cherche pas à contrer une quelconque manipulation. Je ne prête pas à l’information le pouvoir de me manipuler mais plutôt de me questionner en la remettant en cause. « Informer, c’est choisir » et c’est dans ce choix que le rédacteur en chef et son équipe peuvent être manipulés par leur subjectivité, leur manque d’objectivité. C’est du moins là une leçon apprise dans le cadre de mon expérience à titre d’éducateur aux médias, de journaliste et de rédacteur en chef.

Quant au biais de confirmation, « consistant à privilégier des informations confortant nos opinions » je n’adhère pas à l’idée qu’il « pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance ». Lorsque nous acceptons ou refusons une information selon sa conformité avec nos opinions, nous ne doutons pas. Il me faudrait avoir une prise de conscience de ce biais de confirmation pour douter de l’information qui me réconforte dans mes opinions. Or, une information demeure avant tout appréciée subjectivement et inconsciemment même si je crois en ma conscience être sous l’effet de mon objectivité. Je juge suivant mes opinions. Si je doute d’une opinion réconfortant la mienne, je doute aussi de la mienne. Si lorsque je doute, je perd confiance, je ne peux pas interpréter mon doute comme étant un exercice de vigilance de ma part.

Faut-il douter de tout ?

Nicolas Gauvrit — Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).

Audrey Bedel — Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.

Plutôt que de suspendre son jugement sur toute chose au motif qu’aucune certitude n’est possible, réglons notre degré d’adhésion finement, en prenant en compte fiabilité et risque d’erreur. Au lieu de refuser de faire confiance aux autres et à soi, au lieu de rejeter toute démonstration au motif qu’elle peut être trompeuse, accordons notre degré de confiance à la crédibilité de l’information considérée. Dans cet esprit, la raison ne nous conduit pas à une méfiance extrême, mais à un ajustement du niveau de confiance et de croyance. Bien calibrer sa confiance dans les informations est d’ailleurs une des définitions de l’esprit critique.

GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 45.

Le lien entre l’esprit critique et la confiance envers l’information est contre productif, voire malvenue. L’information n’a pas pour but de me donner confiance, ce « Sentiment de sécurité d’une personne qui se fie à elle-même », pas que l’« Espérance ferme, assurance d’une personne qui se fie à qqn ou à qqch » (Dictionnaires Le Robert). À titre de journaliste pigiste au début de ma carrière puis de rédacteur en chef, je n’ai jamais penser à donner confiance à mes lecteurs.

Aussi, l’information ne tient pas de sa crédibilité, de son « Caractère de ce qui est croyable » (Dictionnaires Le Robert). Information et croyance ne vont pas de pair. Il n’y a pas de journaliste qui informe en se disant « Je veux que les lecteurs me croient ».

(…) Quelle est mon expertise ? En sais-je suffisamment ? À quel point puis-je faire confiance à mes sens ou ma mémoire ? Quant à notre propre bienveillance, on peut se demander : suis-je vraiment en train de chercher à savoir la vérité, ou est-ce que j’essaie de confirmer mon opinion par tous les moyens ?

Ces questions peuvent nous amener à douter mais le doute n’est pas la finalité de l’exercice, ni même un passage obligé. Ce qui compte finalement, c’est la confiance que nous accordons, confiance dont le niveau doit être raisonnablement ajusté et qui nous amène à réviser nos opinions de manière optimale.

GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? — Faire confiance avec discernement, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 48.

Je ne comprends pas que l’on puisse soutenir que le doute n’est pas « un passage obligé » et que « ce qui compte, c’est la confiance que nous accordons ». En revanche, je comprends fort bien que la question de la confiance soit liée à l’information, compte tenu de la perte de confiance des gens dans les médias. Mais c’est bien cette association « information/confiance » qui cause problème. Une information, comme je le soulignais ci-dessus, n’a pas pour but de donner confiance. Et si je prends connaissance des informations et que je les sélectionne sur la base de la confiance que je leurs accorde, je manque l’essentiel de ces informations. Je ne m’informe pas pour avoir confiance en mes opinions. Je m’informe pour acquérir des connaissances et je me dois de les traiter comme telles. L’esprit critique ne doit se soustraire à l’influence des sentiments. Je dois me demander pourquoi une information donnée attire et retient mon attention.

La philosophie à la rescousse

Catherine HalpernJournaliste scientifique spécialiste des questions de société.

Cependant, le doute, même s’il peut être radical, n’est le plus souvent qu’une étape sur la voie de la connaissance. C’est bien ce que donne à voir Descartes dans les Méditations métaphysiques. Le doute est une méthode sur le chemin de la connaissance. « Il me fallait entreprendre sérieusement une fois dans ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues auparavant en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. »

Le doute que met en œuvre Descartes n’a rien de commun avec le doute que chacun peut avoir quand il doit prendre une décision, quand il entend des propos peu plausibles… Le doute cartésien est méthodique, systématique, mais également hyperbolique. Il s’agit de douter même de ce qui ne nous semble pas douteux. (…)

À partir de là, Descartes s’attache à reconstruire brique par brique ce qu’il tien pour indubitable et assuré. L’entreprise cartésienne, parce qu’elle est radicale, peut paraître folle. Mais elle donne à voir combien la pensée critique, la pensée digne de ce nom, et non pas celle qui ânonnes les idées reçues, est lié au doute.

Alain le formule avec bonheur : « La condition préalable de n’importe que idée, en n’importe qui, c’est le doute radical, comme Descartes l’a bien vu. Non pas seulement à l’égard de ce qui est douteux, car c’est trop facile, mais, à l’égard de qui ressemble le plus au vrai ; car, même le vrai, la pensée le doit défaire et refaire. Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire, entendez ne plus donner aux coutumes le visa de l’esprit » (Alain, Propos sur la religion, 1938)

HALPERN, Catherine, Les philosophie à la rescousse, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 53.

Voilà une association bienveillante entre savoir et croire : « Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire (…) » Et je ne pense pas que « ne plus croire », a pour but, après le doute soulevé, de croire de nouveau autre chose.

Travailler sur soi avec les philosophes

Nicolas Gastineau — Journaliste scientifique

Distinguer ce qui dépend de nous

C’est peut-être la leçon majeure de l’école stoïcienne. Les philosophe romain Épictète (1er-2e siècles), un esclave affranchi, la résume ainsi dans son Manuel : « Parmi les choses qui existe, certaines dépendent de nous, d’autres non. » Ce qui dépend de nous, ce sont notre action et notre jugement sur les choses. Ce qui n’en dépend pas, ce sont « le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques ». Si on veut être libre, on ne peut pas se permettre de vivre en fonction de ces derniers : comme ils sont hors de notre contrôle, s’en préoccuper nous maintient dans un état de dépendance aux aléas et aux événement extérieurs. (…)

GASTINEAU, Nicolas, Travailler sur soi avec les philosophes, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 61.

C’est bien là la  « Prière de sérénité » des Alcooliques Anonymes (AA) dont l’origine est encore questionnée :

Dieu, donne-nous la grâce
d’accepter avec sérénité
les choses qui ne peuvent être changées,
le courage de changer celles qui devraient l’être,
et la sagesse de les distinguer l’une de l’autre (variante : d’en connaître la différence).

Le problème, c’est qu’on nous dit toujours responsable ou que nous pouvons toujours agir à notre échelle même face au choses qui ne dépendent pas de nous. Il y a une tendance à la sur-responsabilition de l’Homme en tout et partout. On veut nous faire porter le monde sur nos épaules.

Statue romaine d'Atlas (IIe siècle après J.-C.). Déjà dans la collection Farnèse, aujourd'hui au Musée archéologique national de Naples. Source : Lalupa (Wikipédia).
Statue romaine d’Atlas (IIe siècle après J.-C.). Déjà dans la collection Farnèse, aujourd’hui au Musée archéologique national de Naples. Source :   Lalupa (Wikipédia)   . Atlas (Ἄτλας / Átlas, « le porteur », en grec ancien) est un des Titans hésiodiques du mythe fondateur de la mythologie grecque et de la Grèce antique, père des Pléiades, des Hyades, des Hespérides et de Calypso. À la suite de sa défaite dans la guerre des Titans contre les dieux de l’Olympe et Zeus pour régner sur le monde, ce dernier le condamne à porter la voûte céleste pour l’éternité sur ses épaules (décrit comme un des piliers du ciel dans l’Odyssée d’Homère). Il est pétrifié par Persée avec la tête de Méduse et métamorphosé en l’Atlas, chaîne de montagnes d’Afrique du Nord ( Wikipédia ).

Un jour, alors que je prenais une pause de la maisonnée me tenant débout sur le cap donnant sur le Majestueux fleuve St-Laurent, une femme avec qui je partageais mes pensées, voisine sur le même cap, m’identifia et vient à ma rencontre et me dit : « Tu ne devrais pas porter le monde sur tes épaules ». À cette époque, alors dans la mi-trentaine, je me sentais investi d’une mission globale pour notre monde dans tous ses aspects et j’épousais cause après cause, chacune définissant et orientant ma carrière. À cette seule petite phrase, un conseil, j’ai pris conscience de ma situation pour ainsi devenir plus raisonnable.

Ces valeurs qui inspirent les Français

Pierre Bréchon  — Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).

L’auteur se réfère aux résultats 2018 de l’European Value Survey.

En 1950, 5% d’une classe d’âge obtenaient le baccalauréat. C’est aujourd’hui le cas de plus de 80% des jeunes générations. Il y a donc eu en France, comme dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, une énorme diffusion de l’enseignement secondaire et supérieur. Dans le même temps, les médias audiovisuels se sont développés. L’accès au savoir et les capacités de réflexion personnelle de la masse de la population ont donc été décuplés.

Dans ce contexte, les individus souhaitent de plus en plus penser par eux-mêmes, plutôt que de croire ce que proposent les maître à penser. On valorisait autrefois beaucoup de grands intellectuels, à qui on faisait confiance pour savoir comment s’orienter dans la vie. Chacun pouvait avoir son « gourou » ou son guide, aussi bien dans le domaine politique que moral ou religieux. Aujourd’hui, on fait peu confiance à ces « donneurs de leçons ». On veut bien les écouter pour faire son marché à la foire des idées. On en prend et on en laisse, pour aboutir à des choix autonomes de pensée et d’action. Chacun entend être libre de vivre sa vie comme il l’entend, notamment pour tout ce qui concerne la vie sexuelle et les choix de fin de vie (suicide, euthanasie). Les partisans d’ordre moral contraignant en la matière sont devenus minoritaires, particulièrement chez les jeunes.

BRÉCHON, Pierre, Ces valeurs qui inspirent les Français, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 67-68

Pourquoi préférons-nous les infox ?

Romina Rinaldi — Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).

Pour économiser son énergie, notre cerveau très sollicité utilise des heuristiques, c’est-à-dire des réflexes de raisonnement, simples et rapides, basés sur une estimation formulée à partir de ce que nous savons déjà. Mais dans certains contextes, ces heuristiques mènent à des erreurs de jugement, aussi appelées par les spécialistes « biais cognitifs ». (…)

RINALDI, Romina, Pourquoi préférons-nous les infox ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 80.

Selon Emmanuèle Gardair, maître de conférences en psychologie sociale de la communication à l’IUT de Troyes et membre du laboratoire de psychologie « Éducation Cognition Développement (EA 3259) » de l’Université de Nantes, il y a pourtant une différence entre les biais cognitifs et les heuristiques :

Biais : Distorsion entre la façon dont nous raisonnons et celle que nous devrions adopter pour assurer le mieux possible la validité de nos inférences et conclusions. Heuristiques : Règle de raisonnement qui conduit à une simplification du problème et permet de le résoudre rapidement mais pas toujours correctement.

Gardair E. (2007). Heuristiques et biais : quand nos raisonnement ne répondent pas nécessairement aux critères de la pensée scientifique et rationnelle. Revue électronique de Psychologie Sociale, n°1, pp. 35-46. (https://psychologiescientifique.org/ressources/pedagogie/revue-electronique-de-psychologie-sociale/).

Je ne puis me reconnaître dans le titre de cet article : « Pourquoi préférons-nous les infox ? » C’est peut-être en raison de mon expérience dans les médias à titre de journaliste et de rédacteur en chef, mais je ne prends rien pour acquis. Une erreur est toujours possible, à la source, dans la vérification, dans le traitement journalistique, et, une erreur est toujours possible dans ma compréhension et mon interprétation.

Au collège, je souhaitais que l’on ne m’enseigne pas différents savoirs mais plutôt comment chercher et évaluer les savoirs dont j’aurai besoin tout au long de ma vie. En classe, je me présentais souvent avec une référence (un livre souvent) qui nuançait voire contredisait celui retenu par le professeur pour le cours avec une seule question : « Pourquoi celui-ci plutôt que celui-là ? »

Aiguiser le sens critique

Gérald Bronner — Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).

Le doute peut mener au nihilisme cognitif

Plusieurs travaux montrent qu’une stimulation correcte de l’esprit critique rend moins séduisantes certaines propositions trompeuses comme les théories du complot ou la résistance à la théorie de l’évolution. Des tels apprentissage à l’école pourraient être ensuite spontanément mis en œuvre par les jeunes lors de leur utilisation d’Internet.

Mais, objectera-t-on, n’est-ce pas la mission naturelle de l’Éducation nationale que d’aider à construire cet esprit critique depuis toujours ? Ce devrait l’être, en effet… mais l’esprit critique, s’il s’exerce sans méthode, conduit facilement à la crédulité.


Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien.


Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien. Et il n’est pas certain que ceux qui ont inspiré la philosophie pédagogique des dernières décennies en France en aient pleinement pris conscience.

BRONNER, Gérald, Aiguiser le sens critique, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 89-90.

Je répond à monsieur Bronner par cette phrase : « On ne donne pas ce que l’on n’a pas ».


Apocalypse cognitive , BRONNER, GÉRALD © PRESSES UNIVERSITAIRES FRANCE 2021
Apocalypse cognitive , BRONNER, GÉRALD © PRESSES UNIVERSITAIRES FRANCE 2021

À lire dans ce dossier : Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021.


Comment enseigner la vigilance aux élèves ?

Marc Romainville — Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).

L’auteur déconseille de démontrer en long et en large par une explication détaillée que l’élève a tort de penser ce qu’il pense. Il qualifie ce type d’approches « d’invasives ».

Des pistes moins invasives sont donc à inventer. Une d’entre elles, la pédagogie de la métacognition, se fonde sur l’idée du sociologue Gérald Bronner selon laquelle les personnes ont des raisons de penser comme elles pensent, même si elle n’ont en réalité par toujours raison de penser de cette manière. Il existe en effet des explications rationnelles et parfois légitimes de penser de travers, l’essentiel étant que les élèves prennent conscience des forces qui les poussent à penser de la sorte. (…)

ROMAINVILLE, Marc, Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 92.


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À lire dans ce dossier : Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond/Seuil.


Voilà pourquoi je m’intéresse à l’épistémologie.

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épistémologie

nom féminin – didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Source : Dictionnaire Le Robert.

Gérald Bronner met le doigt sur la « manière de penser ». La question se pose à l’honnête homme : « Je pense mais comment, de quelle manière ? ». Le modèle de la pensée scientifique, qui admet à la fois le doute et la certitude, peut être importé, autant que faire se peut, dans notre manière de penser. On sait déjà que la connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su. La connaissance scientifique est admise certaine que le temps qu’une autre connaissance vienne la remettre en cause et la déclasse. C’est ainsi que je considère la connaissance que je tire de mes expériences du savoir. Et si confiance il y a dans mes connaissances, c’est dans ma capacité à douter et d’en tirer le bénéfice.

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Introduction à l’épistémologie

1.2. Définition de l’épistémologie

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’épistémologie apparaît comme champ disciplinaire spécifique.

Ceux qui se sont essayés à en donner une définition s’appuient en général sur l’étymologie du terme. Ils soulignent ainsi qu’« épistémologie » est la combinaison de deux mots grecs : épistèmè, qui signifie science, connaissance, savoir ; et logos, qui veut dire discours, langage, jugement. L’épistémologie est ainsi, selon les cas, soit une étude sur la science, soit une étude sur la connaissance.

Les anglophones privilégient la seconde de ces deux possibilités : ils emploient pour la plupart epistemology comme synonyme de « théorie de la connaissance ». Les francophones comprennent « épistémologie » en un sens plus étroit : ils l’utilisent uniquement pour qualifier la réflexion sur la connaissance spécifiquement scientifique, réservant l’expression de « théorie de la connaissance » à l’étude de la connaissance en général (scientifique et non scientifique).

L’épistémologie interroge la nature et la valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des sciences. Ceci lui confère deux caractéristiques majeures :

• Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours faisant retour sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient forcément après elle.

• Elle est un discours critique : elle ne se contente pas de décrire les sciences sans les juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-fondé et de la portée des propositions et des méthodes scientifiques.

L’épistémologie étant un discours sur les sciences, il conviendra :

• De spécifier la nature du discours considéré (est-il philosophique ? scientifique ? quels sont ses moyens ?).

• De caractériser l’objet de ce discours (que faut-il entendre par « science » ? Quelles disciplines concrètes range-t-on dans la catégorie de science ?).

LENA, Soler, Introduction à l’épistémologie – 3e édition, Chapitre 1 – Qu’est-ce que l’épistémologie ? Ellipses – Edition, 2019, 336 pages.

L’esprit critique, une ambition républicaine,

Béatrice Kammere — Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.

Madame Kammere aborde dans son article le sujet de l’éducation à l’information et aux médias, un sujet devenu projet dans mes expériences de travail.

En effet, en 1980, j’ai créé à Lévis (Québec, Canada) le tout premier organisme sans but lucratif dédié à l’éducation aux médias : le Club d’initiation aux médias de la rive-sud de Québec (CIM). Initié aux médias au cours de mon adolescence à titre de journaliste pigiste, j’avais décidé de partager mon expérience avec les personnes intéressées à comprendre le fonctionnement des médias pour fonder leurs appréciations sur des bases solides.

En 1981, grâce à un programme de l’Office québécois de la Jeunesse, j’ai effectué un stage en France pour me former à l’éducation aux médias, principalement avec le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982) et avec LIRE LE JOURNAL mis en livre par le quotidien Le Monde.

Radiodiffusion et télévision (jeunes). 21110 . — I l octobre 1982 . — M . Bernard Schreiner attire l'attention de M . le ministre de l'éducation nationale sur l'expérience jeunes téléspectateurs actifs qui permet une initiation critique des jeunes vis-à-vis des medias. Il lui demande le bilan de cette expérience et si le ministère de l'éducation nationale, compte la développer et mettre en place une politique générale d'éducation des jeunes vis-à-vis des médias. Radiodiffusion et télévision (jeunes). 33489. — 6 juin 1983 . -- M . Bernard Schreiner rappelle à M . le ministre de l'éducation nationale sa question écrite n° 21110 concernant l'expérience des jeunes télespectateurs actifs (publiée au Journal officiel du I l octobre 1982) restée sans réponse . 1! lui en renouvelle les termes. Réponse . — Le ministre de l'éducation nationale, peut assurer à l'honorable parlementaire que l'expérience citée a déjà retenu toute son attention mais que, bien qu ' elle ait été riche d 'enseignements, sa généralisation en l'état ne peut être envisagée en raison précisément, de son caractère expérimental . En ce qui concerne la politique générale d ' éducation des jeunes vis-à-vis des médias, il est précisé qu ' une mission sur le développement des potentialités de l ' audio-visuel dans le système éducatif (mission qui porte donc également sur ce point) a été confié à M . Malapris du Centre national de documentation pédagogique . Dès que les conclusions de cette mission seront disponibles, c 'est-à-dire fin septembre, elles seront communiquées à l ' honorable parlementaire.
Radiodiffusion et télévision (jeunes). 21110 . — I l octobre 1982 . — M . Bernard Schreiner attire l’attention de M . le ministre de l’éducation nationale sur l’expérience jeunes téléspectateurs actifs qui permet une initiation critique des jeunes vis-à-vis des medias. Il lui demande le bilan de cette expérience et si le ministère de l’éducation nationale, compte la développer et mettre en place une politique générale d’éducation des jeunes vis-à-vis des médias. Radiodiffusion et télévision (jeunes). 33489. — 6 juin 1983 . — M . Bernard Schreiner rappelle à M . le ministre de l’éducation nationale sa question écrite n° 21110 concernant l’expérience des jeunes télespectateurs actifs (publiée au Journal officiel du I l octobre 1982) restée sans réponse . 1! lui en renouvelle les termes. Réponse . — Le ministre de l’éducation nationale, peut assurer à l’honorable parlementaire que l’expérience citée a déjà retenu toute son attention mais que, bien qu ‘ elle ait été riche d ‘enseignements, sa généralisation en l’état ne peut être envisagée en raison précisément, de son caractère expérimental . En ce qui concerne la politique générale d ‘ éducation des jeunes vis-à-vis des médias, il est précisé qu ‘ une mission sur le développement des potentialités de l ‘ audio-visuel dans le système éducatif (mission qui porte donc également sur ce point) a été confié à M . Malapris du Centre national de documentation pédagogique . Dès que les conclusions de cette mission seront disponibles, c ‘est-à-dire fin septembre, elles seront communiquées à l ‘ honorable parlementaire.

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Parallèlement à cela, et ouvrant sur des préoccupations audiovisuelles étendues à d’autres médias que le cinéma, des initiatives interministérielles voient le jour avec la création d’associations telles que le JTA (Jeunes téléspectateurs actifs). En partenariat avec l’INA (Institut national de l’audiovisuel), certaines chaînes de télévision et divers ministères, tentent des initiatives de rapprochement des mondes de l’école, de la famille, du milieu socio-culturel, etc. Les conséquences de ce projet se trouvent essentiellement dans les instructions officielles de 1985 pour les écoles et les collèges qui retiendront l’idée d’une éducation aux médias citoyenne et critique.

Source : Marlène Loicq, « Quand les mutations des pratiques audiovisuelles des jeunes réveillent les enjeux de l’éducation aux médias »Décadrages [En ligne], 31 | 2015, mis en ligne le 29 mai 2018, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/decadrages/827 ; DOI : https://doi.org/10.4000/decadrages.827.

Les expériences comme celles des Jeunes Téléspectateurs Actifs sont de bonnes illustrations de ces collaborations. Il s’agissait d’un programme interministériel (1979-1983) visant à donner une position « active » aux jeunes téléspectateurs face à la culture de masse. Elle associait famille, enseignants, animateurs socioculturels et socioéducatifs : plus de 20.000 jeunes ont été concernés, ainsi que 2000 adultes. L’émergence d’Internet ne s’est pas faite non plus sans utopies citoyennes. A charge pour le service public audiovisuel de devenir le lieu de rencontre de ces nouveaux espoirs éducatifs et citoyens.

Source : MARTY, Frédéric, « Le service public audiovisuel français face à sa mission éducative : l’épreuve numérique ». Les Enjeux de l’information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, 2013. p.149-159. CAIRN.INFO, shs.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2013-2-page-149?lang=fr.

Depuis plus de vingt ans, la question des relations entre les deux lieux d’apprentissage que sont l’école et la télévision, n’a pas cessé d’être posée. En France, plusieurs pratiques pédagogiques intégrant la télévision comme outil se sont développées. L’opération Jeunes téléspectateurs actifs (cf. infra) a montré que les jeunes téléspectateurs étaient plus réfléchis et plus critiques qu’on ne le dit, à l’égard des émissions qu’ils regardent. Les jeunes sont également très influencés par le modèle scolaire des apprentissages et du fonctionnement de la mémoire, ce qui les conduit à minimiser le rôle de la télévision et de l’image comme source de savoir. Plusieurs auteurs ont souligné les possibilités offertes par l’image pour apprendre. Selon Geneviève Jacquinot, par exemple, le contact régulier avec la télévision engendrerait « de nouveaux systèmes de représentations et un fonctionnement cognitif différent de celui qui est à l’œuvre lors d’une transmission d’information par le langage (oral ou écrit) ». Il importe donc de tenir compte de ces nouveaux modes de compréhension lorsqu’on enseigne à cette nouvelle génération. Judith Lazar a elle aussi souligné le développement d’une culture spécifique, facteur de socialisation pour les jeunes mais ignorée voire méprisée par l’école… Vingt ans après l’évocation d’une « école parallèle » appliquée au petit écran (1973)62, Louis Pocher s’est interrogé sur les effets induits par le développement des médias audiovisuels sur le rapport au savoir et à la culture. Constatant que les enseignants refusaient de considérer ces savoirs médiatiques comme légitimes, l’auteur a prôné une culturel est présente à l’esprit de ces chercheurs. Le CRESAS (Centre de recherche de l’éducation spécialisée et de l’adaptation scolaire intégré à l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) a proposé d’imputer l’échec scolaire à la coupure qui existe entre la culture de l’école et la culture d’élèves de milieux populaires dont la télévision constitue l’une des composantes centrales (CRESAS, 1974). Pour d’autres chercheurs, si l’on n’apprend pas à la télévision comme à l’école c’est parce que l’on n’est pas dans une posture d’apprentissage (Chailley, 1989, 1993). Autrement dit, c’est surtout la manière de considérer le médium et de s’en servir comme d’un moyen d’apprendre qu’il s’agit de repérer, ceci en lui appliquant les procédures de « travail » traditionnellement associées à l’écrit. L’idée consiste à introduire une médiation éducative comparable à celle qui existe par rapport à l’écrit (p. 35). François Mariet suggère que ce n’est pas à l’école d’apprendre aux enfants à apprendre par la télévision mais en leur fournissant l’outillage nécessaire pour acquérir les savoirs (Mariet, 1989). Bien formé par l’école, l’enfant est supposé apprendre relativement vite son rôle de téléspectateur (p. 35). Maguy Chailley y voit là un paradoxe : les enfants apprennent par la télévision sans savoir qu’ils apprennent, ils apprennent à l’école en sachant qu’ils apprennent. ouverture de l’école aux médias télévisés et a invité les enseignants à repérer et à faire usage des connaissances et des compétences des téléspectateurs63. Pour les auteurs mentionnés, on peut apprendre grâce à la télévision mais « sans doute autre chose et/ou autrement qu’avec les modalités d’apprentissage traditionnel ». L’idée de fossé.

Source : La réception des programmes télévisés par les adolescents: un état de la question, Julie Sedel, 2008

Du 3 au 10 avril, les jeunes téléspectateurs actifs de France sont invités à regarder la télévision d’un œil critique. Cette semaine contre l’illettrisme audiovisuel est une initiative d une association très dynamique:les Pieds dans le Paf.

(…)

Sept jours durant lesquels chaque enfant de France et, depuis un an, de Belgique et d’Angleterre, est invité à critiquer, et à décortiquer la télévision, pour ne plus regarder idiot, à écrire une lettre ouverte à sa télé, à répondre à un questionnaire, à assister à des réunions de téléclubs, et à participer à l’attribution des Zaps d’or aux émissions les plus nulles. (Les « Zaps d’orisés » de l’an dernier ont été Tournez… manège, Dimanche Martin, Santa Barbara et Dorothée.

Source : Article de Véronique Châtel publié en 1993 dans un journal suisse.

Les activités proposées par le programme «Jeunes téléspectateurs actifs» ont eu pour conséquence d’amener beaucoup d’adolescents à regarder les informations ; ils en ont critiqué parfois le côté «spectacle» avec ses violences et ses facilités tout en appréciant aussi une présentation efficace et accessible à tous. C’est plus tard, vers 16-17 ans, qu’on observera certain rejet de la télévision, accusée de ne transmettre qu’un reflet des stéréotypes adultes.

Source : l’enfant et la télévision par Evelyne Pierre, psychologue 

Je suis revenu de mon stage à Paris en 1981 avec une abondante documentation au sujet de l’éducation aux médias, notamment des manuels pédagogiques. Avec ma partenaire, cofondatrice du Club d’initiation aux médias, nous avons implanter le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs dans quelques écoles de notre région. Nous avons également offert des ateliers Lire le journal en nous inspirant du livre du même nom aux édition Le Monde et du manuel scolaire Le journal en classe  de l’Association des quotidiens québécois. L’une de nos expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs a même été l’objet d’un documentaire (Les enfants de la télévision) par la réalisatrice Louis Spickler de l’Office national du film du Canada (ONF). Enfin, nous avons écrit des chroniques sur le thème de l’éducation aux médias dans le journal local pendant que la presse nationale donnaient écho de nos expériences pilotes.

Bref, tout cela pour vous témoigner de mon expérience dans le domaine de l’éducation aux médias.

Deux autre secteurs de l’enseignement scolaire français sont particulièrement mobiliser pour développer l’esprit critique. Le premier concerne l’enseignement de la méthode scientifique.

(…)

Second secteur, complémentaire de la formation à la méthode scientifique, l’éducation aux médias et à l’information (Emi) tient une place centrale dans la bataille. Introduite en 2013 dans les textes de l’éducation nationale, elle se présente comme un enseignement interdisciplinaire, ayant pour but d’aider les élèves à se repérer dans le paysage médiatique. Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), chargé dans les académies de la formation des enseignants en Emi et de la production de ressources pédagogiques, est un opérateur incontournable de cet enseignement. Pionnier de ce secteur depuis 1982, le Clemi a vu s’affirmer la demande sociale en faveur de l’Emi : « Il y a vingt ans, pour étudier la presse écrite, on pouvait se contenter de réunir quelques journaux et d’en analyser le contenu avec les élèves. Les donne est bien plus complexe aujourd’hui, ou la  »story » d’influenceurs côtoie celle du journal Le Monde sur les réseaux sociaux », explique Sébastien Rochat, responsable de la formation au Clemi. (…)

KAMMERER, Béatrice, L’esprit critique, une ambition républicaine, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 102-103.

On ne peut pas dire que le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi) est « est le « pionnier » de ce secteur depuis 1982 puisque des expériences notables furent mis en œuvre dès les années 1970. Le Clemi est né dans une grande effervescente de l’éducation aux médias, notamment l’expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982), la publication du livre Le monde – Lire le journal – pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse avec 110 fiches par Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau publié en janvier 1979 aux Édition F.P. Lobies., et les nombreuses publications de l’UNESCO avant et pendant les années 1980.

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L’exactitude en historique de l’éducation aux médias revêt une grande importance pour en suivre l’évolution pédagogique, de la naissance du secteur à aujourd’hui. Il m’apparaît très utiles de connaître les différentes motivations et les argumentations à la base de la naissance de l’éducation aux médias. Et c’est exactement ce que je demandais lors de mes rencontres avec des hauts fonctionnaires et le ministre de l’Éducation nationale en France lors de mon stage en 1981.

Et c’est sur la base de ces arguments politique de l’éducation aux médias que nous avons pu convaincre le ministre québécois des communication de l’époque, Jean-François Bertrand, d’investir dans nos projets pilotes et même de tenir une conférence de presse avec nous.

Si l’école a un rôle à jouer en éducation aux médias et à l’information, je demeure persuader de l’importance d’une approche créative et adaptative non standardisée  que peut offrir un organisme indépendant, plutôt que de miser exclusivement sur programme national gouvernemental.

Par exemple, le Club d’initiation aux médias a répondu à la demande d’une école primaire qui constatait l’influence de la violence à la télévision lors de la récréation de ses élèves.

Lorsque l’actualité a rapporté la présence de message dit « subliminaux » dans la musique des grands groupes de musique rock, le Club d’initiation aux médias a sauté sur l’occasion pour préparer et offrir une conférence d’une durée de plus de deux heures chacune et intitulée « Le Rock et la déformation de l’information ». J’ai animé plus de 350 fois cette conférences auprès de plus de 35,000 jeunes et leurs parents dans les écoles, les maisons de jeunes, les arénas… Ce fut un vif succès. Le projet se déroula non seulement dans les écoles à titre d’activité spéciale mais s’inscrivait aussi en dehors du cadre scolaire, avec la collaboration des organismes jeunesse des différentes régions du Québec et le l’est du Canada.

La surcharge du programme scolaire, ici comme ailleurs, ne permet pas d’accorder à l’éducation aux médias et à l’information tout le temps nécessaire a son déploiement en classe. Il faut l’intégrer aux activités para-scolaires, aux activités de loisirs… Et pour y parvenir, frapper fort avec des projets uniques foncièrement liés à des actualités qui retiennent l’attention. L’éducation aux médias doit permettre à son public de digérer ces actualités, parfois toxiques, en suscitant une prise de recul immédiate, preuves à l’appui.

Au collège, des philosophes en herbe

Fabien Trécourt — Journaliste scientifique.

Mettre en perspective les notions du programme scolaire, les retravailler pour les transformer en questionnement philosophique, tel est l’objectif du projet PhiloJeunes.

TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 107.

Je ne connaissais pas le projet PhiloJeunes et je remercie Sciences Humaines Éditions de me l’avoir présenté, et plus spécialement le journaliste scientifique Fabien Trécourt, auteur de l’article Au collège, des philosophes en herbe.

(…) Pour que le débat reste cadré, les élèves ont appris à tenir différents rôles : il y a les « discutants » bien sût, les philosophes en herbe, qui tentent d’expliquer les problèmes soulevés et d’y apporter des éléments de réponses. Les « observateurs », eux, veillent au bon déroulé des échanges, vérifient si la parole est bien répartie par exempla. Les « reformulateurs » sont sollicités lorsque qu’idée ambiguë ou mal comprise; ils doivent clarifier les termes du débat, pour que tout le monde parle bien de la même chose. Les « synthétiseurs », enfin, récapitulent ce qui a été dit en guise de conclusion. Au fil de l’année, tous les élèves sont amenés à jouer tous les rôles. « On n’est pas dans la polémique ni dans la punchline, souligne B. Slimani. Chacun apprend à construire sa propre pensée en réfléchissant avec les autres. Un dernière étape relève de la métacognition : grâce aux observateurs et aux synthétiseurs, les élèves remettent en perspective tout le cheminement de leur pensée. De quelles questions ils sont partis ? Quels arguments les ont aidés à faire avancer leur réflexion ? Y a-t-il eu des points de blocage ? « Cette mise à distance de leur propre discours développe leur esprit critique », assure B. Slimani.

TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 109-110.

P.S. : Bouchra Slimani. Professeure de lettre moderne, Formatrice académique (CARDIE de Créteil), formatrice PhiloJeunes à l’Académie de Créteil (France).


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PhiloJeunes

Éducation aux valeurs démocratiques et civiques avec le dialogue philosophique pour les jeunes de 5 à 16 ans

Les origines de PhiloJeunes

Le projet PhiloJeunes est l’héritage de plusieurs années d’expérience dans le cadre de la création en 1996 et l’implantation jusqu’en 2015 du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants mené par l’organisme La Traversée Rive-Sud sous l’initiative de sa fondatrice et directrice générale, madame Catherine Audrain.

PhiloJeunes

  • Le projet PhiloJeunes s’appuie sur l’évaluation des effets sur le développement du raisonnement moral des élèves du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants, produite en 2009 par Serge Robert, professeur de philosophie (UQAM), laquelle démontrait que la pratique du dialogue philosophique développait, outre l’esprit critique, la prudence épistémique et une meilleure capacité à reconnaitre la violence symbolique et psychologique. Cette  évaluation a été présentée à Paris dans le cadre des Journées mondiales de la philosophie de l’UNESCO) ;
  • Le projet PhiloJeunes intègre les commentaires des pédagogues recueillis sur une période de  plus de 20 ans.

Le projet PhiloJeunes a été créé en 2015 à la suite des événements tragiques survenus au Québec, au Canada, en France et en Belgique, notamment au magazine Charlie Hebdo pour soutenir les enseignants et permettre un espace de réflexion aux jeunes.

Le projet PhiloJeunes a pour but de prévenir le dogmatisme, le fanatisme et la radicalisation et vise l’éducation des jeunes à la citoyenneté mondiale par l’apprentissage du dialogue philosophique avec l’aide d’un accompagnateur formé à cet effet.

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Approches

PhiloJeunes utilise les approches les plus reconnues sur la scène internationale

  • Communauté de recherche philosophique (CRP) développée par le philosophe Mathew Lipman, professeur de philosophie, logicien. Fondateur de la pratique de la philosophie pour enfants. Montclair Institute. USA
  • Discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP), développée par Michel Tozzi, Professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’Université P. Valéry de Montpellier et expert auprès de l’UNESCO en philosophie avec les enfants
  • Utilisation de la littérature jeunesse en philosophie avec les jeunes développée par Edwige Chirouter, Titulaire de la Chaire UNESCO des pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue culturel et la transformation sociale
  • l’utilisation des situations problèmes et des apports spécifiques notamment pour les jeunes en situation de vulnérabilité développés par Jean-Charles Pettier, philosophe et formateur à l’Académie de Créteil
  • Situation d’apprentissage philosophique développée par Mathieu Gagnon, professeur en science de l’éducation, Université de Sherbrooke
  • Le CIP offre occasionnellement des initiations à d’autres approches selon la demande et le contexte

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Site web PhiloJeunes


Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel

Pascal Engel — Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).

Être rationnel ne relève pas seulement de la cohérence logique. La vraie rationalité tient à la capacité à justifier ses croyances, qu’on appelle plus proprement la raison.

ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 113.

Je rencontre un problème avec le lien entre croyance, raison et rationalité.

(…) Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes : si vous croyez qu’une soucoupe volante a atterri sur votre pelouse parce que l’herbe a brûlé, vous raisons sont insuffisantes. La rationalité exige aussi que nos désirs et nos émotions ne viennent pas interférer avec notre jugement. Mais ces critères — cohérence, justification par des preuves, indépendance par rapport aux désirs — ne sont pas suffisants. On ne peut pas avoir des croyances irrationnelles — par exemple croire que des extraterrestres vont détruire la Terre demain — et raisonner assez bien, par exemple en corrigeant ses croyances initiales : la fin du monde n’a pas eu lieu le lendemain, mais c’est juste que les extraterrestres ont différé la date. On est souvent aussi plus ou moins rationnel. Quelles sont alors les conditions de la rationalité ?

ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 113-114.

L’affirmation « Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes » m’embarrasse. J’ai abandonné l’idée de rationaliser mes croyances par des preuves. Selon moi, une croyance n’a pas besoin de preuve. Autrement, on tombe dans des spéculations à n’en plus finir. La raison d’une croyance devient elle-même croyance dans une croyance.

Sujet de dissertation : Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

Introduction

Par définition la croyance c’est avant tout l’attitude de l’esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (synonyme d’opinion). Mais, en conséquence mais dans un champ plus spécifique c’est l’adhésion de l’esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi).

En ce sens la croyance semble s’opposer radicalement à la raison, entendue comme faculté de calculer, de raisonner, c’est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences et, en conséquence, de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.

C’est pourquoi la science s’est construite avant tout contre la croyance et plus particulièrement en s’émancipant des dogmes de la foi religieuse mais aussi de celles de l’opinion. Pour autant on peut se demander jusqu’où va cette opposition et si la raison échappe totalement à la croyance.

Source : superprof – La plateforme qui connecte profs particuliers et élèves.

J’adhère à cette proposition à l’effet que « (…) la croyance semble s’opposer radicalement à la raison (…) ». Se donner raison dans nos croyances est un non-sens.

III. Deux formes de croyance

A. La croyance irrationnelle

Kant affirme que l’opinion est différent de la foi car cette dernière porte sur des objets indémontrables. La foi serait ainsi la forme de la croyance qui porte sur des éléments idéels et qui ne peuvent de fait pas être démontrés.

B. La croyance rationnelle

Pascal avance que la croyance est au-delà de la raison. En effet, croire implique le cœur de l’Homme qui ne peut se soumettre uniquement à la raison. La croyance n’est alors pas complètement irrationnelle. Conclusion : Une fois la raison établie, son exercice se retrouve soumis à un certain nombre d’obstacles qui en freinent sa portée. Enfin, la caractéristique essentielle de la raison, universelle ou relative, dépend des écoles de pensée.

Source : La croyance et la raison, Le Figaro étudiant, 12 février 2015.

Philosopher dès l’enfance, une école de liberté

Edwige Chirouter — Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».

Si un des défis de l’éducation démocratique est de lutter contre les écueils du dogmatisme et du relativisme, alors elle doit permettre aux futurs citoyens de développer des défenses intellectuelles qui évitent de tomber dans ces « deux maladies séniles de notre modernité tardive » selon l’expression du philosophe Michel Fabre (M. Fabre, Éduquer pour un monde problématique, La carte et la boussole, PUF, 2011). Le dogmatisme ( religieux, politique, économique) reste crispé sur des réponses fermées, révélées, non critiquables; le relativisme, à l’inverse, renonce à donner des repères fiables. Seule une approche herméneutique du monde, fondée sur l’interprétation rigoureuse des phénomènes, peut permettre un éclairage pertinent de la complexité du réel et de l’existence. Le monde est comme un texte à interpréter et comme toute interprétation littéraire, les lectures en sont plurielles, mais reposent aussi sur des données factuelles et stables.

CHIROUTER, Edwige, Philosopher dès l’enfance, une école de la liberté, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 127.

Interpréter est-ce reconnaître le sens ou donner un sens selon sa compréhension ? Si j’interprète « des données factuelles et stables », est-ce qu’il y a dans ces données un sens à reconnaître ou dois-je moi-même donner un sens ? Un chose est certaine, on ne peut pas se dire objectif lors d’une interprétation.

La rhétorique ou l’art de la persuasion

Juliette Dross — Enseignante- chercheuse  à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023)

(…) Au sens plein, la rhétorique est un art complet, qui de la conception d’un discours jusqu’à sa prononciation, en passant par son organisation, le style choisi, la mémorisation ; et on ne peut séparer ces différents aspects sans l’amputer et la dénaturer. C’est parfois d’ailleurs le point aveugle de certaines formations ou coaching en prise de parole, qui insiste avant tout sur la forme (poser sa voix, gérer son stress, avoir une élocution claire, etc.). Or, si l’on n’a pas les outils permettant d’élaborer un discours persuasif, de trouver les idées qui vont faire mouche, se structurer ce qu’on dit, de choisir les mots et le rythme adaptés à l’objectif fixé, le discours tombera à plat. Si la forme n’est pas le prolongement du fond, elle est creuse et ne provoque pas la persuasion.

DROSS, Juliette, La rhétorique ou l’art de la persuasion, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 133.

Par exemple une conférence doit amener l’auditoire du point A au point B en suivant différentes étapes de prise de conscience en prise de conscience. J’ai animé plus de 350 conférences sur différents sujets au cours de ma carrière professionnelle et je n’avais en tête l’idée de convaincre mais plutôt de partager ma compréhension et l’évolution de ma conscience. Il ne s’agissait de persuader l’auditoire pour qu’il adopte ma propre compréhension et évolue dans le même sens que ma conscience. C’est beaucoup plus subtile. Amener l’auditoire à prendre elle-même conscience d’une information et de ses implications sur la perception du réel exige de partager un vécu.

Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?

Sebastian Dieguez — Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).

Je ne savais pas que le concept de « postvérité » est contesté mais je ne suis pas surpris.

(…) précision utile mais souvent négligée, le préfixe « post » ne devrait pas se lire dans un sens strictement chronologique, comme s’il y avait un avant et un après la vérité, mais plutôt dans un sens privatif : la vérité en que telle aurait perdu de son importance et de son influence.

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 139.

Dans son livre La faiblesse du vrai – Ce que la post-vérité fait à notre monde commun , la philosophe Myriam Revault d’Allones, professeur émérite des universités à l’École pratique des hautes études, soutient que « L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel ».

Apparemment, l’idée selon laquelle nous nous situerions à un moment, voire à une époque, d’« après » la vérité constitue une rupture signifiante au regard d’une notion fondamentale de la métaphysique occidentale et sur laquelle repose également, pour le sens commun, l’évidence du réel : une proposition est dite « vraie » lorsqu’elle est garantie par sa conformité à ce qui est. Le souci de la vérité a pu s’énoncer de multiples façons, antagonistes, plus ou moins savantes, dans des domaines divers, mais la pluralité des approche n’a jamais conduit à remettre en question le caractère « vital » de la référence au vrai.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, Éditions du Seuil, 2018, p. 10.


Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, Éditions du Seuil, 2018, p. 11.


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Voir aussi mon rapport de lecture

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil (Média-Participations), Paris, 2018.


Sebastian Dieguez souligne l’absence de consensus.

Absence de consensus

Pour autant, cet état des lieux est loin d’avoir fait l’unanimité. Aucun consensus n’a abouti sur ce qu’est exactement la postvérité, ni même si cette chose existe. Était-ce un simple effet de mode, un lubie journalistique passagère, une expression de détresse concomitante d’une actualité politique dont on peinait à expliquer ses aspects les plus outrageants ? Ou alors cette notion de « postvérité » mettait-elle le doigt sur un phénomène réel et inédit, qui allait donner lieu à un programme de recherche aussi passionnant que fructueux, creusant au plus profond de nos pratiques intellectuelles, sociales et politiques contemporaines ?

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 141.

Me voilà dans une très belle démonstration qu’il ne me faut rien prendre pour acquis. Il faut douter pour comprendre et l’article de Sebastian Dieguez nous y pousse.

Il nous certes clarifier les tenants conceptuels de ces enjeux, se garder d’exagérer la menace ou d’y voir un caractère trop exceptionnel, et prendre garde aux possibles récupérations politiques et idéologiques d’une rhétorique simpliste de la postvérité. Mais rien de tout cela ne serait possible ni nécessaire sans envisager l’idée que notre espèce semble hélas bien capable de détruire la fragile édifice intellectuel qu’elle s’est si laborieusement bâti au fil des siècles.

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 147.

Un « édifice intellectuel », oui, mais aussi et surtout « un édifice civilisationnel ». Tout cela ne sa passe pas que dans nos têtes car nous pouvons observer au sein des sociétés occidentales le recul de la vérité, la désinformation, les fausses nouvelles…


Lire aussi

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

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Le recueil PENSER PAR SOI-MÊME,

sous la direction de Maud Navarre

chez Éditions Sciences Humaines (2024),

m’a beaucoup donné à penser.


J’accorde quatre étoiles sur cinq

au livre PENSER PAR SOI-MÊME sous la direction de Maud Navarre chez Sciences Humaines Éditions paru en 2024 .

4-etoiles

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.


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Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

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Article # 74

J’AI LU POUR VOUS

Présentations de la philosophie

André Comte-Sponville

Éditions Albin Michel, 2000

Le livre de poche

180 pages

Date de parution: 23/10/2002

Langue: Français

EAN : 9782253153320

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PRÉSENTATION

(Sur le site web de Le livre de Poche)

Philosopher, c’est penser par soi-même, chercher la liberté et le bonheur, dans la vérité. Mais nul n’y parvient sans l’aide de la pensée des autres, sans ces philosophes qui, depuis l’Antiquité, ont voulu éclairer les grandes questions de la vie humaine.

Pour nous aider dans nos premiers pas, André Comte-Sponville nous propose ici douze thèmes éternels, tels que la politique et la morale,l’amour et la mort, la connaissance et la sagesse… Se référant aux principaux courants philosophiques, il nous invite à continuer ensuite l’exploration par nous-mêmes, en nous proposant un guide détaillé des œuvres et des auteurs essentiels de la philosophie occidentale.

Donner l’envie à chacun d’aller y voir de plus près, l’aider à y trouver à la fois du plaisir et des lumières : telle est l’ambition d’André Comte-Sponville, spécialiste qui n’a pas oublié l’appel de Diderot : « Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! »

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

(Sur le site des Éditions Albin Michel)

Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ?.

Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux: les philosophes ont bon appétit !


Table des matières

Avant-propos

  1. La morale
  2. La politique
  3. L’amour
  4. La mort
  5. La connaissance
  6. La liberté
  7. Dieu
  8. L’athéisme
  9. L’art
  10. Le temps
  11. L’homme
  12. La sagesse

Bibliographie


Extrait du livre

Avant-propos

« Philosophie : la doctrine et l’exercice de la sagesse (non simple science) »

Kant

Philosopher, c’est penser par soi-même ; mais nul n’y parvient valablement qu’en s’appuyant d’abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. La philosophie n’est pas seulement une aventure ; elle est aussi un travail, qui ne va pas sans efforts, sans lectures, sans outils. Les premiers pas sont souvent rébarbatifs, qui en découragèrent plus d’un. C’est ce qui m’a poussé, ces dernières années, à publier des « Carnets de philosophie ». De quoi s’agissait-il ? D’une collection d’initiation à la philosophie : douze petits volumes, chacun constitué d’une quarantaine de textes choisis, souvent très brefs, et s’ouvrant par une Présentation de quelques feuillets, dans laquelle j’essayais de dire, sur telle ou telle notion, ce qui me semblait l’essentiel…

Ce sont ces douze Présentations, revues et sensiblement augmentées, qui constituent le présent volume. La modestie du propos reste la même : il s’agit toujours d’une initiation, disons d’une porte d’entrée, parmi cent autres possibles, dans la philosophie. Mais qui laisse au lecteur le soin, une fois ce livre lu, de partir lui-même à la découverte des œuvres, comme il faut le faire tôt ou tard, et de se constituer, s’il le veut, sa propre anthologie… Vingt-cinq siècles de philosophie font un trésor inépuisable. Si ce petit livre peut donner l’envie, à tel ou tel, d’aller y voir de plus près, s’il peut l’aider à y trouver du plaisir et des lumières, il n’aura pas été écrit en vain.

Quant au public visé, je pensais d’abord aux adolescents, avant de découvrir, notamment par le courrier reçu, qu’il allait bien au-delà. De ce parti pris initial, il est pourtant resté quelque chose : le choix de certains exemples, un certain point de vue, un certain ton, l’insistance mise, parfois, sur tel ou tel aspect… C’est aussi ce qui explique le tutoiement, qui s’est imposé à moi – sans doute parce que je pensais à mes propres enfants, qui sont en effet adolescents, davantage qu’à mes élèves ou à mes étudiants, que je n’ai jamais tutoyés… Autant de traits que je n’ai pas cru devoir, reprenant l’ensemble, corriger. Il n’y a pas d’âge pour philosopher ; mais les adolescents, plus que les adultes, ont besoin qu’on les y accompagne.

Qu’est-ce que la philosophie ? Je m’en suis expliqué bien souvent, et encore dans le dernier de ces douze chapitres. La philosophie n’est pas une science, ni même une connaissance ; ce n’est pas un savoir de plus : c’est une réflexion sur les savoirs disponibles. C’est pourquoi on ne peut apprendre la philosophie, disait Kant : on ne peut qu’apprendre à philosopher. Comment ? En philosophant soi-même : en s’interrogeant sur sa propre pensée, sur la pensée des autres, sur le monde, sur la société, sur ce que l’expérience nous apprend, sur ce qu’elle nous laisse ignorer… Qu’on rencontre en chemin les œuvres de tel ou tel philosophe professionnel, c’est ce qu’il faut souhaiter. On pensera mieux, plus fort, plus profond. On ira plus loin et plus vite. Encore cet auteur, ajoutait Kant, « doit-il être considéré non pas comme le modèle du jugement, mais simplement comme une occasion de porter soi-même un jugement sur lui, voire contre lui ». Personne ne peut philosopher à notre place. Que la philosophie ait ses spécialistes, ses professionnels, ses enseignants, c’est entendu. Mais elle n’est pas d’abord une spécialité, ni un métier, ni une discipline universitaire : elle est une dimension constitutive de l’existence humaine. Dès lors que nous sommes doués et de vie et de raison, la question se pose pour nous tous, inévitablement, d’articuler l’une à l’autre ces deux facultés. Et certes on peut raisonner sans philosopher (par exemple dans les sciences), vivre sans philosopher (par exemple dans la bêtise ou la passion). Mais point, sans philosopher, penser sa vie et vivre sa pensée : puisque c’est la philosophie même.

La biologie ne dira jamais à un biologiste comment il faut vivre, ni s’il le faut, ni même s’il faut faire de la biologie. Les sciences humaines ne diront jamais ce que vaut l’humanité, ni ce qu’elles valent. C’est pourquoi il faut philosopher : parce qu’il faut réfléchir sur ce que nous savons, sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, et qu’aucun savoir n’y suffit ou n’en dispense. L’art ? La religion ? La politique ? Ce sont de grandes choses, mais qui doivent elles aussi être interrogées. Or dès qu’on les interroge, ou dès qu’on s’interroge sur elles un peu profondément, on en sort, au moins en partie : on fait un pas, déjà, dans la philosophie. Que celle-ci doive à son tour être interrogée, aucun philosophe ne le contestera. Mais interroger la philosophie, ce n’est pas en sortir, c’est y entrer.

Par quelle voie ? J’ai suivi ici la seule que je connaisse vraiment, celle de la philosophie occidentale. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en ait pas d’autres. Philosopher, c’est vivre avec la raison, qui est universelle. Comment la philosophie serait-elle réservée à quiconque ? Qu’il y ait, notamment en Orient, d’autres traditions spéculatives et spirituelles, nul ne l’ignore. Mais on ne peut parler de tout, et il y aurait quelque ridicule, de ma part, à prétendre présenter des pensées orientales que je ne connais, pour la plupart, que de seconde main. Que la philosophie soit exclusivement grecque et occidentale, je n’en crois rien. Mais qu’il y ait, en Occident et depuis les Grecs, une immense tradition philosophique, qui est la nôtre, j’en suis évidemment convaincu, comme tout le monde, et c’est vers elle, en elle, que je voudrais guider mon lecteur. L’ambition de ces Présentations, sous la brièveté du propos, est déjà démesurément vaste. Cela devrait excuser leur incomplétude, qui fait partie de leur définition.

Vivre avec la raison, disais-je. Cela indique une direction, qui est celle de la philosophie, mais ne saurait en épuiser le contenu. La philosophie est questionnement radical, quête de la vérité globale ou ultime (et non, comme dans les sciences, de telle ou telle vérité particulière), création et utilisation de concepts (même si on le fait aussi dans d’autres disciplines), réflexivité (retour sur soi de l’esprit ou de la raison : pensée de la pensée), méditation sur sa propre histoire et sur celle de l’humanité, recherche de la plus grande cohérence possible, de la plus grande rationalité possible (c’est l’art de la raison, si l’on veut, mais qui déboucherait sur un art de vivre), construction, parfois, de systèmes, élaboration, toujours, de thèses, d’arguments, de théories… Mais elle est aussi, et peut-être d’abord, critique des illusions, des préjugés, des idéologies. Toute philosophie est un combat. Son arme ? La raison. Ses ennemis ? La bêtise, le fanatisme, l’obscurantisme – ou la philosophie des autres. Ses alliés ? Les sciences. Son objet ? Le tout, avec l’homme dedans. Ou l’homme, mais dans le tout. Son but ? La sagesse : le bonheur, mais dans la vérité. Il y a du pain sur la planche, comme on dit, et c’est tant mieux : les philosophes ont bon appétit !

En pratique, les objets de la philosophie sont innombrables : rien de ce qui est humain ou vrai ne lui est étranger. Cela ne signifie pas qu’ils soient tous d’égale importance. Kant, dans un passage fameux de sa Logique, résumait le domaine de la philosophie en quatre questions : Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Qu’est-ce que l’homme ?. « Les trois premières questions se rapportent à la dernière », remarquait-il. Mais elles débouchent toutes les quatre, ajouterai-je, sur une cinquième, qui est sans doute, philosophiquement et humainement, la question principale : Comment vivre ? Dès qu’on essaie de répondre intelligemment à cette question, on fait de la philosophie. Et comme on ne peut éviter de se la poser, il faut en conclure qu’on n’échappe à la philosophie que par la bêtise ou l’obscurantisme.

Faut-il faire de la philosophie ? Dès qu’on se pose la question, en tout cas dès qu’on essaie d’y répondre sérieusement, on en fait déjà. Cela ne veut pas dire que la philosophie se réduise à sa propre interrogation, encore moins à son autojustification. Car on en fait aussi, peu ou prou, bien ou mal, lorsqu’on s’interroge (de façon à la fois rationnelle et radicale) sur le monde, sur l’humanité, sur le bonheur, sur la justice, sur la liberté, sur la mort, sur Dieu, sur la connaissance… Et qui pourrait y renoncer ? L’être humain est un animal philosophant : il ne peut renoncer à la philosophie qu’en renonçant à une part de son humanité.

Il faut donc philosopher : penser aussi loin qu’on peut, et plus loin qu’on ne sait. Dans quel but ? Une vie plus humaine, plus lucide, plus sereine, plus raisonnable, plus heureuse, plus libre… C’est ce qu’on appelle traditionnellement la sagesse, qui serait un bonheur sans illusions ni mensonges. Peut-on l’atteindre ? Jamais totalement sans doute. Mais cela n’empêche pas d’y tendre, ni de s’en rapprocher. « La philosophie, écrit Kant, est pour l’homme effort vers la sagesse, qui est toujours inaccompli. » Raison de plus pour s’y mettre sans tarder. Il s’agit de penser mieux, pour vivre mieux. La philosophie est ce travail ; la sagesse, ce repos.

Qu’est-ce que la philosophie ? Les réponses sont aussi nombreuses, ou peu s’en faut, que les philosophes. Cela n’empêche pas toutefois qu’elles se recoupent ou convergent vers l’essentiel. Pour ma part, j’ai un faible, depuis mes années d’études, pour la réponse d’Épicure : « La philosophie est une activité, qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. » C’est définir la philosophie par sa plus grande réussite (la sagesse, la béatitude), et cela vaut mieux, même si la réussite n’est jamais totale, que de l’enfermer dans ses échecs. Le bonheur est le but ; la philosophie, le chemin. Bon voyage à tous !

Source : https://www.feedbooks.com/item/484307/presentations-de-la-philosophie


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Extrait du Chapitre 1 – La morale

« Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un porc satisfait ; il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. Et si l’imbécile ou le porc sont d’un avis différent, c’est qu’ils ne connaissent qu’un côté de la question : le leur. L’autre partie, pour faire la comparaison, connaît les deux côtés. »

John Stuart Mill

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate est mort en prison, et plus libre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là où aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libres : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

Tu voudrais bien voler ce disque ou ce vêtement dans le magasin… Mais un vigile te regarde, ou bien il y a un système de surveillance électronique, ou bien tu as peur, simplement, d’être pris, d’être puni, d’être condamné… Ce n’est pas honnêteté ; c’est calcul. Ce n’est pas morale ; c’est précaution. La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n’est vertu que de prudence.

Imagine, à l’inverse, que tu aies cet anneau qu’évoque Platon, le fameux anneau de Gygès, qui te rendrait à volonté invisible… C’est une bague magique, qu’un berger trouve par hasard. Il suffit de tourner le chaton de la bague vers l’intérieur de la paume pour devenir totalement invisible, de le tourner vers l’extérieur pour redevenir visible… Gygès, qui passait auparavant pour honnête homme, ne sut pas résister aux tentations auxquelles cet anneau le soumettait : il profita de ses pouvoirs magiques pour entrer au Palais, séduire la reine, assassiner le roi, prendre lui-même le pouvoir, l’exercer à son bénéfice exclusif… Celui qui raconte la chose, dans La République, en conclut que le bon et le méchant, ou supposés tels, ne se distinguent que par la prudence ou l’hypocrisie, autrement dit que par l’importance inégale qu’ils accordent au regard d’autrui, ou par leur habileté plus ou moins grande à se cacher… Posséderaient-ils l’un et l’autre l’anneau de Gygès, plus rien ne les distinguerait : « ils tendraient tous les deux vers le même but ». C’est suggérer que la morale n’est qu’une illusion, qu’un mensonge, qu’une peur maquillée en vertu. Il suffirait de pouvoir se rendre invisible pour que tout interdit disparaisse, et qu’il n’y ait plus que la poursuite, par chacun, de son plaisir ou de son intérêt égoïstes.

Est-ce vrai ? Platon, bien sûr, est convaincu du contraire. Mais nul n’est tenu d’être platonicien… La seule réponse qui vaille, pour ce qui te concerne, est en toi. Imagine, c’est une expérience de pensée, que tu aies cet anneau. Que ferais-tu ? Que ne ferais-tu pas ? Continuerais-tu, par exemple, à respecter la propriété d’autrui, son intimité, ses secrets, sa liberté, sa dignité, sa vie ? Nul ne peut répondre à ta place : cette question ne concerne que toi, mais te concerne tout entier. Tout ce que tu ne fais pas mais que tu t’autoriserais, si tu étais invisible, relève moins de la morale que de la prudence ou de l’hypocrisie. En revanche, ce que, même invisible, tu continuerais à t’imposer ou à t’interdire, et non par intérêt mais par devoir, cela seul est moral strictement. Ton âme a sa pierre de touche. Ta morale a sa pierre de touche, où tu te juges toi-même. Ta morale ? Ce que tu exiges de toi, non en fonction du regard d’autrui ou de telle ou telle menace extérieure, mais au nom d’une certaine conception du bien et du mal, du devoir et de l’interdit, de l’admissible et de l’inadmissible, enfin de l’humanité et de toi. Concrètement : l’ensemble des règles auxquelles tu te soumettrais, même si tu étais invisible et invincible.

Cela fait-il beaucoup ? Cela fait-il peu ? C’est à toi d’en décider. Accepterais-tu par exemple, si tu pouvais te rendre invisible, de faire condamner un innocent, de trahir un ami, de martyriser un enfant, de violer, de torturer, d’assassiner ? La réponse ne dépend que de toi ; tu ne dépends, moralement, que de ta réponse. Tu n’as pas l’anneau ? Cela ne te dispense pas de réfléchir, de juger, d’agir. S’il y a une différence autre qu’apparente entre un salaud et un honnête homme, c’est que le regard des autres n’est pas tout, c’est que la prudence n’est pas tout. Tel est le pari de la morale et sa solitude ultime : toute morale est relation à autrui, mais de soi à soi. Agir moralement, c’est prendre en compte les intérêts de l’autre, certes, mais « à l’insu des dieux et des hommes », comme dit Platon, autrement dit sans récompense ni châtiment possible et sans avoir besoin pour cela de quelque autre regard que le sien propre. Un pari ? Je m’exprime mal, puisque la réponse, encore une fois, ne dépend que de toi. Ce n’est pas un pari, c’est un choix. Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut en décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu ne vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction – quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien – de bien faire.

C’est l’esprit de Spinoza : « Bien faire et se tenir en joie. » C’est l’esprit tout court. Comment être joyeux sans s’estimer au moins un peu ? Et comment s’estimer sans se gouverner, sans se maîtriser, sans se surmonter ? À toi de jouer, comme on dit, mais ce n’est pas un jeu, encore moins un spectacle. C’est ta vie même : tu es, ici et maintenant, ce que tu fais. Inutile, moralement, de rêver être quelqu’un d’autre. On peut espérer la richesse, la santé, la beauté, le bonheur… Il est absurde d’espérer la vertu. Être un salaud ou quelqu’un de bien, c’est à toi de choisir, à toi seul : tu vaux, exactement, ce que tu veux.

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit à lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui ne serait qu’égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’être pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité, et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitimes – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin » : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? La morale n’est légitime qu’à la première personne. Dire à quelqu’un : « Tu dois être généreux », ce n’est pas faire preuve de générosité. Lui dire : « Tu dois être courageux », ce n’est pas faire preuve de courage. La morale ne vaut que pour soi ; les devoirs ne valent que pour soi. Pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.

Au reste, qui peut connaître les intentions, les excuses ou les mérites d’autrui ? Nul, moralement, ne peut être jugé que par Dieu, s’il existe, ou par soi, et cela fait une existence suffisante. As-tu été égoïste ? As-tu été lâche ? As-tu profité de la faiblesse de l’autre, de sa détresse, de sa candeur ? As-tu menti, volé, violé ? Tu le sais bien, et ce savoir de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui est le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe. Un procès ? Une amende ? Une peine de prison ? Ce n’est que la justice des hommes : ce n’est que droit et police. Combien de salauds en liberté ? Combien de braves gens en prison ? Tu peux être en règle avec la société, et sans doute il le faut. Mais cela ne te dispense pas d’être en règle avec toi-même, avec ta conscience, et c’est la seule règle en vérité.

Y a-t-il alors autant de morales que d’individus ? Non pas. C’est tout le paradoxe de la morale : elle ne vaut qu’à la première personne mais universellement, autrement dit pour tout être humain (puisque tout être humain est un « je »). Du moins c’est ainsi que nous la vivons. Nous savons bien, en pratique, qu’il y a des morales différentes, qui dépendent de l’éducation qu’on a reçue, de la société ou de l’époque dans lesquelles on vit, des milieux qu’on fréquente, de la culture dans laquelle on se reconnaît… Il n’y a pas de morale absolue, ou nul n’y a accès absolument. Mais quand je m’interdis la cruauté, le racisme ou le meurtre, je sais aussi que ce n’est pas seulement une question de préférence, qui dépendrait du goût de chacun. C’est d’abord une condition de survie et de dignité pour la société, pour toute société, autrement dit pour l’humanité ou la civilisation.

Si tout le monde mentait, plus personne ne croirait personne : on ne pourrait même plus mentir (puisque le…

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Revue de presse


Au sujet de l’auteur

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André Comte-Sponville

André Comte-Sponville est né le 12 mars 1952, à Paris. Il fait ses études secondaires au lycée François Villon (Paris XIVe), sa prépa au lycée Louis-le-Grand, ses études supérieures à l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, et à la Sorbonne. Il est reçu troisième à l’agrégation de philosophie, en 1975. Il a enseigné de 1976 à 1998, d’abord en lycée (dans le Nord puis dans l’Yonne), ensuite en Ecole Normale d’Instituteurs (à Melun), enfin, les 14 dernières années, à l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne). Il cesse d’enseigner en 1998, pour consacrer davantage de temps à l’écriture et aux conférences qu’il donne en dehors de l’Université. Ses philosophes de prédilection : Epicure, Lucrèce et les stoïciens dans l’Antiquité ; Montaigne, Pascal et Spinoza chez les Modernes ; Marcel Conche, Lévi-Strauss et Clément Rosset chez les contemporains. Il se sent proche aussi, en Orient, de Krishnamurti et Svami Prajnanpad.

Ses trois livres préférés (en philosophie) : les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, l’Ethique de Spinoza.

Il se définit comme philosophe matérialiste, au même sens qu’Epicure, rationaliste, au même sens que Spinoza, et humaniste, au même sens que Montaigne, et aussi comme  » athée fidèle ». Il propose une sagesse pour notre temps et une spiritualité sans Dieu.

Ses livres les plus récents : « Dictionnaire amoureux de Montaigne » (Plon, 2020), « Dictionnaire philosophique » (réédition augmentée, PUF, 2021), et « La clé des champs et autres impromptus » (PUF, 2023).


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Présentations de la philosophie ?

André Comte-Sponville

Le livre de poche

© Éditions Albin Michel S.A., Paris, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets :

1. La morale

Dans la société québécoise, le thème de la morale devient presque tabou à la suite de la Révolution Tranquille dans les années 1960 qui rejette l’autorité de la religion catholique sur le politique, le social, le culturel, l’économie, etc.

On se trompe sur la morale. Elle n’est pas là d’abord, pour punir, pour réprimer, pour condamner. Il y a des tribunaux pour ça, des policiers pour ça, des prisons pour ça, et nul n’y verrait une morale. Socrate en mort en prison, et plus livre pourtant que ses juges. C’est où la philosophie commence, peut-être. C’est où la morale commence, pour chacun, et toujours recommence : là ou aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n’est nécessaire. La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 17.

Punitions, répressions, condamnations, c’est que nous avons vécues entre les mains de la religion au nom de la morale. André Comte-Sponville nous dit que nous nous trompons si nous considérons la morale dans son association personnelle et collective avec la religion. Il affirme que «La morale commence où nous sommes libre : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.»

À la question « Qu’est-ce que la morale ?», il répond :

Qu’est-ce que la morale ? C’est l’ensemble de ce qu’un individu s’impose ou s’interdit lui-même, non d’abord pour augmenter son bonheur ou son bien-être, ce qui serait égoïsme, mais pour tenir compte des intérêts ou des droits de l’autre, mais pour n’êtes pas un salaud, mais pour rester fidèle à une certaine idée de l’humanité et de soi. La morale répond à la question « Que dois-je faire ? » : c’est l’ensemble de mes devoirs, autrement dit des impératifs que je reconnais légitime – quand bien même il m’arrive, comme tout un chacun, de les violer. C’est la loi que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, indépendamment du regard d’autrui et de toute sanction ou récompense attendues.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 20-21.

La morale se présente donc comme une affaire personnelle face à l’autre et une certaine idée de l’humanité. On coupe le cordon avec la religion.

(…) Toi seul sais ce que tu dois faire, et nul ne peut décider à ta place. Solitude et grandeur de la morale : tu me vaux que par le bien que tu fais, que par le mal que tu t’interdis, et sans autre bénéfice que la satisfaction — Quand bien même personne d’autre jamais n’en saurait rien — de bien faire.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 20.

André Comte-Sponville se veut clair :


« La morale n’est valide qu’à la première personne ».

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.


On sait fort bien si nous avons bien ou mal agi, « et ce savoir, de toi à toi, c’est ce qu’on appelle la conscience, qui le seul juge, en tout cas le seul, moralement, qui importe ». J’aime bien cette définition de la conscience comme étant un savoir de toi à toi. Elle implique d’éviter d’être moralisateur :

« Que dois-je faire ? », et non pas : « Que doivent faire les autres ? » C’est ce qui distingue la morale du moralisme. « La morale, disait Alain, n’est jamais pour le voisin : celui qui s’occupe des devoirs du voisin n’est pas moral, mais moralisateur. Quelle espèce plus désagréable ? Quel discours plus vain ? (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 21.

Le lien « Alain « est de moi.


Tu veux savoir si telle ou telle action est bonne ou condamnable ? Demande-toi ce qui se passerait si tout le monde se comportait comme toi.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 23.


2. La politique

Dans ma jeunesse, un animateur à une station de radio très populaire, répétait souvent en ondes : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, le politique va s’occuper de toi ». Il répondait ainsi à ceux et celles qui disaient ne pas s’intéresser à la politique et à ceux et celles qui la rejetaient du revers de la main.

Ma famille comptait un élu, le frère de mon père, député du comté au parlement canadien. La politique faisait donc partie de nos vie et très souvent des discussions autours de la table des repas de famille et lors des visites fréquentes chez mon oncle. Bref, tout le monde s’impliquait dans la politique du comté et du pays.

On ne confondra pas cette vigilance républicaine avec la dérision, qui rend tout dérisoire, ni avec le mépris, qui rend tout méprisable. Être vigilant, ce n’est pas croire sur parole ; ce n’est pas condamner ou dénigrer par principe. On ne réhabilitera pas la politique, comme c’est aujourd’hui urgent, en crachant perpétuellement sur ceux qui la font. Dans un état démocratique, on a les hommes politiques que l’on mérite. C’est une raison de plus pour préférer ce régime à tous les autres — et certes ce ne sont pas les raisons qui manquent — qu’à la condition d’agir, avec d’autres, pour le transformer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 2. La politique, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 38.

J’ai observé de mes propres yeux les exigences de la politique sur le terrain et de la vie parlementaire. Si la politique se caractérise souvent par une passion, elle demande une abdication au profit de la société et elle impose ainsi le respect des élus.

3. L’amour

(…) L’amour plaît à tous. Cela, qui n’est que trop compréhensible, devrait nous pousser à la vigilance. L’amour de la vérité doit accompagner l’amour de l’amour, l’éclairer, le guider, qui à en modérer, peut-être, l’enthousiasme. Qu’il faille s’aimer soi, par exemple, c’est une évidence : comme pourrait-on nous demander, sinon, d’aimer nos prochain comme nous-même ? Mais qu’on aime souvent que soi, ou que pour soi, c’est une expérience et c’est un danger, Pourquoi nous demanderait-on, autrement, d’aimer aussi notre prochain ?

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 44.

L’amour se révèle dans nos intérêts. Si je m’intéresse à la philosophie, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse au soccer, c’est que je l’aime. Si je m’intéresse à une personne, c’est que je l’aime d’amitié ou d’amour, ou encore par admiration et par respect.

(…) Mais nul intérêts sans amour, et cela me ramène à mon point de départ : l’amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n’a d’intérêt qu’à proportion de l’amour que nous y mettons ou y trouvons.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

Il y aussi dans nos intérêts un révélateur de notre subjectivité, de Soi et de notre conscience de Soi. Nos intérêts vibrent de par nos valeurs. Ainsi, nos intérêts ne sont jamais objectifs même si nous pouvons croire fermement le contraire.

Il faut donc aimer l’amour ou n’aimer rien – il faut aimer l’amour ou mourir ; c’est pourquoi l’amour, non le suicide, est le seul problème philosophique vraiment sérieux.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 42.

À mon avis, le suicide est un problème philosophique aussi sérieux que l’amour, du moins, il implique sans réserve l’amour dans son malheur.

(…) Le bonheur est un amour heureux, ou plusieurs, ; le malheur, un amour malheureux, ou plus d’amour du tout. La psychose dépressive ou mélancolique, dira Freud, se caractérise d’abord par « la perte de la capacité d’aimer » – y compris s’aimer soi. Qu’on ne s’étonne pas si elle est si souvent suicidaire. C’est l’amour qui fait vivre, puisque c’est lui qui rend la vie aimable. C’est l’amour qui sauve ; c’est don lui qu’il s’agit de sauver.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 3. L’amour, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 43.

Mais le suicide est-il le fait d’un manque de d’amour de soi, d’un manque d’amour envers les autres ou d’une privation de l’amour de soi par les autres ? Tout dépend de ce sur quoi on fonde l’amour de soi et celui avec lequel nous aimons les autres. La perception de l’amour demeure une perception ; ce n’est l’amour lui-même. La conscience de l’amour demeure aussi fruit de la conscience ; ce n’est pas l’amour lui-même. L’amour ne me semble pas devoir se fonder sur la force et le degré de la confiance en soi ou en l’autre. La seule valeur philosophique fondatrice de l’amour, c’est la vie, la vie elle-même, le simple fait que j’existe. La vie n’a pas de prix dit-on. Elle est la valeur ultime ; heureuse ou malheureuse, la vie conserve toute sa valeur.

L’idée de s’enlever la vie, de mettre fin à son existence, de se suicider, naît d’un manque de perspective. La descente dans un trou sans fond est infernale et elle ne laisse guère de possibilités d’acquérir une perspective de sa situation. Et si la dépression est, non pas psychologique, mais plutôt philosophique, on peut questionner la dépression elle-même en notre conscience, même si on ne porte plus pied à terre. Sentir ses valeurs se liquéfier et ses convictions les plus essentielles remises en cause, n’enlève pas la vie à la vie. La gravité qui nous tire vers le bas dans ce trou sans fond est une loi de la physique et non pas de la métaphysique. Or, la dépression est d’abord et avant tout métaphysique. Preuve en est, malgré les explications de la chimie du cerveau, qu’elle se guérie par la correction des biais cognitifs (voir le livre ÊTRE BIEN DANS SA PEAU par le docteur David D. Burns). La dépression se bâtie sur des erreurs de pensées, des erreurs de logique, de fausses perceptions et interprétations de la réalité. Est-ce par l’amour de la vie qu’il faille aborder le problème ? Il faut d’abord corriger les erreurs de pensées pour prendre du recul et se séparer de l’idée de mettre fin à sa vie. ET, dans ce cas, prendre du recul, c’est remonter à la surface, contrecarrer la loi de la gravité.

4. La mort

La mort se classe dans les premiers sujets dont je discute (avec moi-même et avec les autres) depuis mon adolescence, plu spécifiquement, lorsque l’un de meilleurs amis est décédé. Je n’ai pas peur de la mort. Elle me donner à penser, surtout dans les moments difficiles de ma vie personnelle et professionnelle et, ces moments furent nombreux. Je parle de la mort au point où on me dit que si j’en parle autant, c’est ce que j’en ai peur. Or, c’est le contraire. Dans ma vie, la mort m’accompagne et ce n’est pas parce que je l’ai souvent frôlée souvent. La mort m’accompagne comme un ami qui devient maléfique en moment de déprime; elle se présente comme une solution ultime. Mais je ne répond à son invitation. Je préfère discuter avec elle.

Mais en disant cela, je me contredit depuis peu car la mort, selon moi, ne peut pas ÊTRE. Dans la mort, tel que je la conçois, il n’y a pas d’Être, d’existence. On ne peut pas dire que la mort existe puisqu’il n’y aucun Être dans la mort. Comment pourrait-on soutenir JE SUIS mort ou IL EST MORT. Je ne suis pas dans la mort car je n’existe pas en elle. La mort ne peut pas non plus ÊTRE un ÉTAT puisqu’il n’y a aucune existence dans la mort. Il faut impérativement de la VIE pour EXISTER. Or, il n’y en a aucune dans la mort. On ne va pas me dire que la mort existe sans existence. Loin de moi l’idée de renier la mort, mon ami depuis mes jeunes années d’adolescent. La mort n’est qu’une idée pour expliquer que la vie a une fin. On ne peut pas dire non plus que la mort est ceci ou cela; elle ne peut pas ÊTRE. Que l’on me parle alors du néant, de l’inexistence ou l’absence d’existence. Mais ce n’est encore là qu’une idée puisque le néant, comme la mort, ne peut pas ÊTRE. Vous saurez me dire que je tourne en rond, que je joue avec mots, mais il n’en est rien. Je suis sérieux. La mort et le néant ne peuvent exister qu’en tant que concept ou idées. Il faut plutôt parler de la vie qui s’éteint, qui prend fin.

Qu’il y est ou non quelque chose après la mort, quelque chose d’immortelle en moi qui survie, peu m’importe. Le sujet reste ouvert comme touts les mystères de la vie.

Enfin, contrairement à certains philosophes, je ne trouve pas dans l’idée de la mort une valeur à la vie, une incitation à profiter de la vie dans le plus grand des respects. Ce n’est pas parce que je vais mourir un jour que ma vie prend de la valeur.

On dit que « philosopher, c’est apprendre à mourir » mais…

On rencontre ici la formule fameuse ; Que philosopher, c’est apprendre à mourir… » Sous cette forme, en français, c’est le titre d’un des Essais de Montaigne, le vingtième du livre 1. Mais Montagne en emprunte expressément l’idée à Cicéron, lequel, dans les Tusculanes, la présente comme une citation de Platon… Disons que c’est une idée de Platon, traduite en latin par Cicéron, puis en français par Montaigne… L’important est ailleurs : l’important, c’est que cette phrase peut se prendre en deux sens différents, comme Montaigne le remarquait déjà, entre lesquels, peu ou prou, toute la vie – et toute une partie de la philosophie – se décide.

Il y a le sens de Platon : la mort, c’est-à-dire ici la séparation de l’âme et du corps, serait le but de la vie, vers lequel la philosophie ferait une espèce de raccourci. Un suicide ? Au contraire : une vie plus vivante, plus pure, plus libre, parce que libérée par anticipation de cette prison — voire de ce tombeau comme le dit Georgias — Qu’est le corps… » Les vrais philosophes sont déjà mort » écrit Platon, et c’est pourquoi la mort ne les effraie pas : que pourrait-elle leur prendre ?

Et puis il y a les sens de Montaigne : la serait non « le but » mais « le bout » de la vie, son terme, sa finitude (et non sa finalité) essentielle. Il faut s’y préparer, l’accepter, puisqu’on ne peut la fuir, sans la laisser pourtant gâcher notre vie et nos plaisirs. Dans les premiers Essais, Montaigne veut y penser toujours, pour s’y habituer, pour s’y préparer, pour se roidir, comme il dit, contre elle. Dans les derniers, l’habitude est telle, que cette pensée devient moins nécessaire, moins constante, moins pressante : l’acceptation suffit, qui se fait, avec le temps, de plus en plus légère et douce… C’est moins une contradiction qu’une évolution, qui marque la réussite, en tous cas les progrès, de Montaigne. (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 4. La mort, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 54-55.

Personnellement, je refuse de percevoir mon corps comme une prison d’où s’envolerait un petit oiseau à ma mort pour une vie éternelle ou un réincarnation. Je penche plutôt vers l’idée que la mort est le bout de la vie. Mais je réfute l’idée de l’acceptation de la mort pour s’y préparer, à moins d’être révolté contre elle. Que la vie ait un bout, on le sait depuis notre tendre enfance en voyant les fleurs de faner et mourir. Je ne vois pas pourquoi je devrais travailler en mon esprit pour accepter la mort des fleurs, des parents, des amis, de l’autre que je connais et de celle que je ne connais… La vie a une fin et ce n’est pas dommage car la vie ne serait pas la vie sans l’idée de la mort.

5. La connaissance

Connaître, c’est penser ce qui est : la connaissance est un certain rapport — de conformité, de ressemblance, d’adéquation — entre l’esprit et le monde, entre le sujet et l’objet. Ainsi connaît-on ses amis, son quartier, sa maison : ce que nous avons dans l’esprit, quand nous y pensons, correspond à peu près à ce qui existe en réalité.

Cet à peu près est ce qui distingue la connaissance de la vérité. Car, sur ses amis, on peut se tromper. Sur son quartier, on ne sait jamais tout. Sur sa maison, même, on peut ignorer bien des choses. (…) Il n’y a pas de connaissance absolue, pas de connaissance parfaite, pas de connaissance infinie. (…) Il y faudrait une science achevée et une intelligence infinie : nu l’une ni l’autre ne sont à notre portée.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 59-60.

André Comte-Sponville se demande : « Nous ne pouvons connaître que que ce soit que nos sens, notre raison, nos théories. Comment y aurait-il une connaissance immédiate, puisque toute connaissance, par nature, est médiation ? ».


Selon Olivier Clain, Professeur titulaire au Département de sociologie de l’Université Laval (Québec, Québec), dont on reconnaît l’intérêt pour l’épistémologie :

« Il y a trois moments dans toute connaissance du monde :

1. Moment dans lequel je fais l’expérience de l’objet avec ses qualités propres et ses déterminations empiriques.

2. Moment de la construction des concepts, des catégories que j’utilise pour décrire les qualités de l’objet.

3. Moment, en constante relation avec les deux autres et qui sert de médiation dans le rapport entre les deux autres, et qui est le moment de la formulation des énoncés à caractère théorique. »


« Lorsqu’on croit de la foi la plus ferme que l’on possède la vérité, on doit savoir qu’on l’on croit, non pas croire qu’on le sait »

(Jacques Lequier cité par André Comte-Sponville)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 64-65.


Avant son dernier thème, la sagesse, André Compte-Sponville traite de : 6. La liberté; 7. Dieu ; 8. L’athéisme ; 8. L’art ; 10. Le temps ; 11. L’homme

12. La sagesse

C’est qui qui distingue la sagesse de la philosophie, qui serait plutôt un savoir-penser. Mais la philosophie n’a de sens que pour autant qu’elle nous rapproche de la sagesse : il s’agit de penser mieux pour mieux vivre, et cela seul est philosopher en vérité. «La philosophie est celle qui nous instruit à vivre », écrit Montaigne. C’est donc que nous ne savons pas ? Bien sût : c’est parce que nous ne sommes pas des sages que nous avons besoin de philosopher ! La sagesse est le but ; la philosophie le chemin.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 144.


Quelle sagesse ? Les philosophes divergent là-dessus comme sur tout. Une sagesse du plaisir comme chez Épicure ? De la volonté, comme chez les stoïciens ? Du silence, comme chez les septiques ? De la connaissance et de l’amour, comme chez Spinoza ? Du devoir et de l’espérance, comme chez Kant ? À chacun là-dessus se forger son opinion, qui pourra emprunter à diverses écoles. C’est pourquoi il faut philosopher soir-même : parce que personne ne peut penser ni vivre à notre place. Mais ce sur quoi les philosophes s’accordent, du moins presque tous, c’est sur l’idée que la sagesse se reconnaît à un certain bonheur, à une certaine sérénité, disons à une certaine paix intérieure, mais joyeuse et lucide, laquelle ne vas pas sans un exercice rigoureux de la raison. C’est le contraire de l’angoisse, c’est le contraire de la folie, c’est le contraire du malheur. C’est pourquoi la sagesse est nécessaire. C’est pourquoi il faut philosopher. Parce que nous ne savons pas vivre. Parce qu’il faut apprendre. Parce que l’angoisse, la folie ou le malheur ne cesse de nous menacer.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. pp. 146-145.

Selon André Comte-Sponville, « il faut tendre : vers la vie la plus intelligente possible. »

Mais l’intelligence ne suffit pas. Mais les livres ne suffisent pas. À quoi bon tant penser, si c’est vivre pour si peu ? Que d’intelligence dans les sciences, dans l’économie, dans la philosophie ! Et que de sottises souvent dans la vie des savants, des hommes d’affaires, des philosophes… L’intelligence ne touche à la sagesse que dans la mesure où elle transforme notre existence, où elle l’éclaire, où elle la guide. Il ne s’agit pas d’inventer des système. Il ne suffit pas de manier des concepts, ou ceux-ci ne sont que des moyens. Le but, le seul, c’est de penser et de vivre un peu mieux, ou un peu moins mal.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


(…) La morale répond à la question : « Que dois-je faire ? » L’éthique, à la question : « Comment vivre ? » (…)

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 147.


Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.


Je n’ai pas aimé :

1. Tutoiement

Je n’ai pas aimé le tutoiement utilisé par André Comte-Sponville pour s’adresser à moi (et à tous les lecteurs). PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE est le premier et le seul livre du philosophe André Comte-Sponville que j’ai lu. Je ne sais pas s’il recourt au tutoiement dans toutes ses œuvres ou s’il l’utilise que pour certaines de ses œuvres. Selon mon expérience, le tutoiement isole le lecteur de l’ensemble des autres lecteurs.

2. Philosophie directive

Dans son livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE, André Comte-Sponville est directif dans ses propos. Voici quelques exemples :

C’est en faisant bien l’homme, ou la femme, qu’on aide l’humanité à se faire. Et il le faut : elle a besoin de toi, comme tu as besoin d’elle.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 1. La morale, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 27.

Entre l’ignorance absolue et le savoir absolu, il y a place pour la connaissance et le progrès des connaissances. Bon travail à tous !

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 5. La connaissance, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 68.

Aie confiance : la vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.

COMTE-SPONVILLE, André, Présentations de la philosophie, 12. La sagesse, Éditions Albin Michel (Le Livre de Poche), Paris, 2000. p. 152.

Je n’ai pas aimé cette philosophie directive qui, visiblement, caractérise le lecteur et lui ordonne de travailler, d’avoir confiance… Je ne crois pas que la philosophie doit être directive, qu’elle nous ordonne quoi que ce soit… qu’elle pense à notre place. Je préfère et de loin qu’elle nous questionne et nous aide ainsi à prendre du recul par différentes prises de conscience. « Philosopher, c’est penser par soi-même » écrit André Comte-Sponville. Or, s’il promeut notre liberté de penser, notre liberté de choisir et notre liberté d’opinion, on constate qu’il nous dirige dans une direction donnée à l’aide de nombreuses références et ses propres opinions (jugements).


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J’accorde au livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE ? de ANDRÉ COMTE-SPONVILLE quatre étoiles et une demie sur cinq.

Je vous en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

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Article # 73Qu’est-ce que la philosophie ?

J’AI LU POUR VOUS

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

(1950-2022)

Le livre de poche – Librairie générale française

Paris, 1997

EAN : 9782253942412

160 pages


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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

M. M.


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Extrait du livre

L’ÉTAT DE LA PHILOSOPHIE

Jamais on n’a eu autant besoin de philosophie qu’aujourd’hui. Dans un monde fragmenté, désorienté, où l’esprit analytique semble l’avoir emporté, la quête d’une synthèse est plus pressante que jamais. Les scientifiques ont pris le relais des philosophes, trop occupés à répéter que la philosophie était morte et qu’il n’y a plus rien à dire, qu’au mieux, on peut tout juste redire et relire le plus fidèlement du monde les penseurs du passé, l’idéal étant là aussi de devenir un « spécialiste ». Déjà Nietzsche condamnait l’esprit philologique que certains philosophes professent en passant leur vie à décortiquer un auteur : au nom de la pensée, la grande, ils s’interdisent ainsi toute pensée propre, pour se réfugier dans le confort d’une orthodoxie dont ils se veulent les dépositaires vigilants. Mais qui parlera alors de l’origine de l’univers, de la mort, de la vie, de l’évolution, de la nature, de la vérité, de la liberté, du sens du Soi et de l’Autre, sinon les hommes de science ou les hommes de religion ? À cela, qu’oppose la philosophie, si ce n’est que tout a été dit, ou impossible à dire au nom d’une rigueur qu’elle n’a jamais eue et dont elle se fait l’écho lointain, depuis que les progrès de la science l’ont amputée de ses illusions ?

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait ainsi le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a faites siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi, il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’état de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 7-8.


Extrait du livre

LES QUESTIONS ULTIMES DE LA PENSÉE

Pour les Anciens, la philosophie était divisée en trois grandes disciplines : la logique, la physique et l’éthique. Les Stoïciens parlaient même de la physique comme d’un champ dont les clôtures étaient la logique et le produit, l’éthique. D’où vient cette division de la philosophie ? A-t-elle encore un sens, à une époque où les disciplines scientifiques se sont multipliées au-delà de la seule physique, où la métaphysique spéculative issue d’Aristote et du christianisme a fécondé la philosophie moderne, où le rapport à l’action et au politique déborde le cadre de la morale ?

Si on regarde attentivement l’histoire de la pensée, on ne peut s’empêcher d’observer que la tripartition est demeurée une constante, malgré tous les développements dont il a été question.

Prenons Kant par exemple. Il écrit trois grandes Critiques, celle de la Raison Pure, celle de la Raison Pratique et celle de la Critique de la Faculté de juger. De quoi traitent précisément ces trois grands livres ? La Critique de la raison pure s’attache à rendre compte de notre rapport au monde ; la Critique de la raison pratique porte sur le rapport à autrui ; quant à la dernière Critique, elle est en quelque sorte la synthèse des deux premières en ce qu’elle s’interroge sur ce qui rend possible le fait de s’interroger sur la nature, de s’en distancier, de la contempler pour elle-même bref, de l’étudier tout en en faisant partie. Cette réflexivité consacre l’identité, qui est le maître mot de la logique, même si le projet kantien est anthropologique et esthétique, au sens où la contemplation de soi par rapport à ce qui n’est pas soi est source d’étonnement, d’admiration.

Certes, on est loin ici de la logique au sens classique du terme, mais si l’on veut bien réfléchir au sens qu’a pris l’identité après et avec Descartes, on pourra se rendre compte que l’identité des choses et des êtres s’enracine désormais dans celle du Soi, immortalisée dans le Je pense, donc je suis, source de toute identité possible, même si elle est avant tout la nôtre.

D’ailleurs, déjà chez Hume, grand inspirateur de Kant, on peut voir à l’œuvre la tripartition de la philosophie proclamée par les Anciens. Le Traité de la nature humaine, par exemple, se subdivise en trois grands livres : l’entendement, les passions et la morale en sont les objets respectifs. Ce qui recouvre précisément la physique, c’est-à-dire le rapport à la nature, au monde, pour le premier livre ; et pour le second, qui traite des passions, on retrouve le problème du Soi, de l’identité, forme nouvelle que prend le fondement du champ logique à l’ère de la subjectivité – qui devient la pensée – qui a connu, on le sait, peu de progrès en logique au sens strict ; reste le troisième livre, consacré à l’éthique.

Soi, le Monde et Autrui : telles sont, en définitive, et semble-t-il depuis toujours, les grandes questions de la philosophie. Celles qui agitent l’homme depuis l’aube des temps, et qui alimentent tous ses soucis et ses préoccupations les plus fondamentales. L’identité n’est d’ailleurs pas simplement une affaire de logique, de raisonnement, de méthode ; elle est aussi l’expression de ce que l’on est, et l’âme, qui nourrit tout raisonnement possible, s’est vue interrogée sur son identité éternelle, au travers du problème de la survie, de la mort, de l’existence. Avant toute psychologie, au sens où on l’entend habituellement, l’âme – ce que l’on appellerait aujourd’hui le Soi – a été conçue comme le principe moteur de la vie, de ce que l’on était, de l’identité et des identités issues de la pensée et du raisonnement, une partie d’elle-même étant la source du logique et du rationnel, à côté d’autres parties, retenues davantage par l’émotion, le biologique et l’animal (anima = âme), où, précisément, l’identité se perd, se dilue, se fluidifie dans une sensibilité erratique, tissée de mouvements contradictoires et changeants. Les goûts, les besoins, les plaisirs, les intérêts même, relèvent ainsi de cette partie de l’âme où elle n’est pas vraiment un Soi, une identité, une raison logique, car elle est déchirée entre plusieurs directions qui l’attirent tour à tour ou simultanément, selon les circonstances.

Soi, le Monde et Autrui sont ainsi les points d’ancrage de la réflexion philosophique depuis toujours, et le lecteur contemporain, s’il est sincère avec lui-même, retrouvera dans ces trois grands problèmes ce qui sous-tend les siens encore à l’heure actuelle. Qui ne s’interroge sur ce qu’il est, surtout dans un monde comme le nôtre ? Les rôles sociaux, jadis fixés une fois pour toutes, se diluent : on est enfant, parent, mari ou femme, amant, employé un jour, cadre ou chômeur peu après (c’est rarement l’ordre inverse), contribuable, citoyen, électeur, voire élu, client, épargnant, pensionné, voyageur, etc. Bref, qui est-on au juste et quel sens cela a-t-il de faire tous ces parcours, alors que la mort annule tous nos rôles d’un revers de la main ?

Mais aussi que faire, si tout est futile, absurde eût dit Camus ou Sartre ? N’y a-t-il pas un minimum d’exigence à l’égard d’autrui, que prescrit la morale et que la politique s’efforce de faire respecter en théorie, dans l’intérêt de tous ?

Et enfin, il y a les choses. Pour notre malheur mais aussi notre bonheur : elles nous sont utiles, mais avant cela, elles nous posent problème ; le monde est opaque, l’univers mystérieux. A-t-il été créé ou existe-t-il depuis toujours ? Pourquoi l’Homme ? Y aurait-il un dessein caché dans l’Univers, que l’on pourrait peut-être même découvrir ? La science, la connaissance, le goût d’apprendre, donc de lire et de voir, ne peuvent qu’orienter et alimenter cette quête pour comprendre ce qui fait question.

Soi, le Monde, Autrui : vivre, c’est toujours d’une certaine façon, dérivée la plupart du temps, avoir résolu, souvent sans l’avoir voulu, ces trois grands problèmes. On n’y échappe pas. On a tous, de fait, une vision du monde et des autres comme de soi-même, qui agit sur nous, qui guide nos actes et nos pensées. On est donc tous philosophes, comme Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir. C’est sans doute pour cela que tout le monde s’intéresse à la philosophie, pour aller au fond de soi, de ses possibilités, de ses angoisses et de ses espérances.

Le philosophe y répond-il ?

Trop souvent, on lui reproche d’être obscur. Il prétend décrire l’entendement commun ou l’homme que nous sommes chacun, mais ce faisant, il va forcément au-delà de ce que chacun dirait, s’éloignant ainsi de son objet, au point que certains n’hésiteront pas à dire qu’il le perd et que cela n’a plus rien à voir avec l’homme de la rue. Certes, le physicien n’agit pas autrement sans qu’on le lui reproche. Il explique la lumière ou la chaleur avec des concepts inintelligibles pour la plupart d’entre nous. Mais chez le philosophe, cela semble inadmissible. La philosophie ne saurait être une science : elle doit divulguer les vérités enfouies au fond de soi, de chacun, pour les rendre accessibles à chacun. Le concept est par là condamné, même s’il est bien souvent inévitable.

L’autre reproche est sans doute le fait que la philosophie ne donne pas de réponses, alors que la science progresse en résolvant sans arrêt de nouveaux problèmes. N’est-ce pas le signe même de sa faiblesse ? Ne faut-il pas alors quitter le terrain de la Raison, préférer la religion, ou qui sait ?, la secte et la magie, l’horoscope et la divination ?

Que répondre à de tels reproches ?

Il est vrai que la philosophie est parfois obscure, qu’elle nécessite un apprentissage, tout simplement parce qu’elle a une histoire, avec des concepts qui se modifient au fil des siècles. On ne peut rentrer dans la philosophie contemporaine et ignorer ce qui précède. La philosophie est difficile ; c’est une ascèse, elle incarne l’inutile parce que l’essentiel est inutile. Mais le propre de l’essentiel est que l’on en a besoin, qu’il est incontournable. Il faut donc accepter de penser de façon élaborée. De plus, il est moins que certain que l’objet de la philosophie soit l’homme ordinaire. En tout cas, ce n’est pas la préoccupation première de la philosophie, et c’est au mieux, un problème dérivé. L’homme n’intéresse en propre la philosophie que de Descartes à Nietzsche, car avant comme après, il est appréhendé à partir d’autre chose que lui-même : Dieu, l’être, l’univers, la matière et, aujourd’hui, les sciences humaines ont détrôné la philosophie à cet égard, même si ce n’est que pour offrir des visions fragmentées et analytiques. C’est l’esprit du temps : d’ailleurs les synthèses sont rares, et les esprits synthétiques ont été remplacés par des « spécialistes ».

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 9-14.


Au sujet de l’auteur

Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/
Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/


wikipedia-1pceMichel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles et mort le 23 mai 2022 à Waterloo, est un philosophe belge, professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’université de Mons.

Michel Meyer est économiste et philosophe de formation, licencié en sciences économiques (1973), maître ès arts de l’Université Johns-Hopkins aux États-Unis (1975), agrégé de philosophie (1973) et docteur en philosophie (1977).

Professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Mons, il a été président du Centre européen pour l’étude de l’argumentation, directeur de la Revue internationale de philosophie et directeur de la collection L’interrogation philosophique aux Presses universitaires de France. Il est membre de l’Académie royale de Belgique et de I’Institut international de philosophie.

Sa réflexion porte sur la rhétorique à laquelle il a contribué par l’introduction d’une approche de l’argumentation qu’il nomme « problématologie ».

Lire la suite : Wikipédiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Meyer_(philosophe)


Hommage au philosophe Michel Meyer (1950-2022)

Comment concevoir la morale aujourd’hui ?

La rhétorique, l’argumentation et les sciences humaines (1) – Philippe Descola (2010-2011)


LinkedIn

Page de Michel Meyer sur le réseau d’affaire LinkedIn


In memoriam. Michel Meyer (1950-2022)

Paul Earlie, Arnaud Pelletier

Dans Revue internationale de philosophie 2022/2 (n° 300), pages 5 à 7

La Revue internationale de philosophie pleure la disparition de son directeur Michel Meyer, décédé subitement le 23 mai 2022 à l’âge de 71 ans. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel foisonnant et varié non seulement à sa famille – son épouse Corinne et ses fils Patrick et Alexandre –, mais aussi à ses amis, ses collègues, ses étudiants, et enfin ses lecteurs.

2 Beaucoup a été dit – et beaucoup sera encore dit – de la contribution très singulière de Michel Meyer à la pensée contemporaine, de sa recherche sans cesse renouvelée du questionnement dans les aspects fondamentaux de la réflexion humaine, tant en histoire de la philosophie que dans les domaines du langage, de la rhétorique, de la politique ou de la société. À une époque de spécialisation croissante et de partis pris méthodologiques, son œuvre est tout à fait unique et inclassable. Son souci d’embrasser toutes les disciplines et de regarder ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise, allait à contre-courant de la culture universitaire contemporaine, vis-à-vis de laquelle il gardait une certaine distance amusée. Cette distance lui conférait toutefois une précieuse vision d’ensemble. Comme il l’a écrit, de son aplomb si caractéristique, dans la préface de ses récents Principia Politica : « la question essentielle qui se pose aujourd’hui en sciences humaines, comme en philosophie d’ailleurs, est celle de la synthèse ».

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IN MEMORIAM MICHEL MEYER
(11 novembre 1950 – 23 mai 2022)

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ULB-Faculté de Philosophie et Sciences sociales – C’est avec une grande tristesse que avons appris le décès de notre collègue Michel MEYER, Professeur émérite de notre Faculté et philosophe belge de renommée internationale, ce 23 mai 2022. Michel Meyer était l’un des héritiers de la pensée de Chaïm Perelman. Il a notamment introduit la notion de « problématologie » dans le champ et la pratique philosophiques. Il a également dirigé pendant de nombreuses années la « Revue internationale de Philosophie ». Nos pensées accompagnent sa famille à qui nous présentons nos condoléances les plus sincères.


ARTICLES

L’origine du questionnement

À propos de la lecture de Platon et Aristote par Michel Meyer

Arnaud Macé

Dans Revue internationale de philosophieRevue internationale de philosophie 2011/3 (n° 257)2011/3 (n° 257), pages 17 à 46
Éditions De Boeck Supérieur

Qu’est-ce que la philosophie? Comme en témoigne Hérodote, «philosopher», c’est, au sens courant que ce verbe avait en grec ancien, être mû par la curiosité de tout savoir, parcourir le monde pour observer la diversité des choses 1 , la forme et les couleurs des fleurs comme la configuration des institutions et des mœurs des hommes. En ce sens la philosophie est un désir de tout connaître, et par conséquent un désir de tous les savoirs et de toutes les pratiques en lesquels se dissémine l’expérience que les hommes font de ce qu’il y a: de la botanique à la science politique, de la médecine à l’astronomie, rien n’échappe à ce désir. Il semble que se soit en outre ajouté à cet idéal celui de chercher l’unité dissimulée derrière l’étonnante diversité des choses, aussi bien que des savoirs et des pratiques qui se préoccupent de celles-ci2. Michel Meyer adhère résolument à cette idée de l’exercice philosophique comme recherche d’une «vision synthétique des différents domaines de la culture comme des diverses activités humaines»: il souligne en outre que la philosophie propose une certaine «lisibilité» de cette diversité, en essayant peut-être de déterminer un type de «problèmes» commun3. Nous avons récemment avancé l’idée que l’œuvre de Platon consiste à proposer une telle lisibilité, en déployant un type d’écriture susceptible à la fois de recueillir la plus grande diversité des formes d’expérience et de savoir de son temps et de faire paraître l’unité transversale d’un même problème à l’œuvre dans chacune de celles-ci4. Plus encore, parce qu’il met en scène les protagonistes de conversations variées et toujours recommencées, sans jamais parler en son nom propre, Platon choisit un mode d’écriture qui qui manifeste la nature même du problème dont il s’agit de lire la présence dans tous les domaines de la réalité. C’est en effet sous la forme d’une multiplicité dont l’unité n’est pas donnée d’avance que les dialogues platoniciens se présentent: or, en faisant l’épreuve de la lecture de ces œuvres, on découvre aussi que la réalité que les hommes découvrent se signale, dans chacune de ses parties ou sous toutes ses formes, comme une multiplicité dont l’unité doit être trouvée. L’écriture platonicienne reproduit le type de problématicité qui est celle des choses mêmes et c’est en ce sens qu’elle est un lieu où s’exercer à devenir philosophe, en parcourant ces anciennes multiplicités que Platon pouvait trouver dans les savoirs et les pratiques de son temps. Beaucoup de lecteurs, depuis deux millénaires et demi, se sont exercés dans les dialogues, avant de sortir au grand air, affronter le multiple de leur temps.

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Argumentation et Analyse du Discours

2 | 2009

Rhétorique et argumentation

Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ?

How should we consider the relationship between rhetoric and argumentation?

Michel Meyer

La rhétorique, dit Aristote, est le pendant de la dialectique et de l’argumentation. Cela pose le problème de leur harmonisation au sein d’une théorie unifiée, où la rhétorique littéraire voisine avec la logique juridique. La problématologie est cette conception unifiée. Les questions expresses relèvent du conflit argumenté, comme en droit, qui les codifie, et les questions indirectes, des réponses qui les avalent par l’élégance et le style pour se faire passer pour résolutoires de ces questions. La rhétorique est la négociation de la distance entre les individus sur une question donnée, une question plus ou moins problématique et conflictuelle. La problématologie est à la base d’une véritable nouvelle rhétorique, avec de nouvelles prémisses fondées sur le questionnement, laissées jusque-là en friche. Des figures de rhétorique à l’inférence du vraisemblable, le questionnement est le socle où viennent s’articuler la raison, le langage et la persuasion.

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Bibliographie – Michel Meyer

Découverte et justification en science – Kantisme, néo-positivisme et problématologie, Klincksieck, Paris, 1979.

Logique, langage et argumentation, Michel Meyer, Hachette, Paris, 1982, 2e édition 1985, (ISBN 978-2010072901).

(en) Meaning and Reading. A philosophical Essay on Language and Litterature, John Benjamins Publishing Company (en), Amsterdam, 1983.

De la problématologie : langage, science et philosophie, Mardaga, Bruxelles, 1986, Le Livre de Poche, 1994.

Science et métaphysique chez Kant, Michel Meyer et Quadrige, PUF, Paris, 1988. 2e édition Poche : Quadrige, Paris, PUF, 1995, (ISBN 978-2130471271).

Langage et littérature, PUF, Paris, 1992, Quadrige, 2001.

Questions de rhétorique, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-essais, 1993.

De l’insolence : essai sur la morale et le politique, Paris, Grasset, 1995.

Science et métaphysique chez Kant, Paris, Presses Universitaires de France – PUF, coll. « Quadrige », 1er juin 1995, 256 p. (ISBN 978-2-13-047127-1).

Pour une critique de l’ontologie, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, (ISBN 978-2800410265). Édition de Poche, Quadrige, PUF, 1999.

Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Hachette, Biblio-Essais, 1997.

Les passions ne sont plus ce qu’elles étaient, Bruxelles, Labor, 1998.

Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, avec Manuel Maria Carrilho et Benoît Timmermans, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 1999.

Petite métaphysique de la différence, Paris, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 2000.

Questionnement et historicité, Paris, PUF, 2000. Réédition : Paris, PUF, Quadrige, mars 2011.

Le tragique et le comique. Penser le théâtre et son histoire, Paris, PUF, 2003.

La rhétorique, « Que Sais-je ? », PUF, 2004.

Éric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Albin Michel, 2004.

Qu’est-ce que l’argumentation ?, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2005.

Comment penser la réalité ?, Paris, PUF, 2006.

Le philosophe et les passions. Esquisse d’une histoire de la nature humaine, Michel Meyer, Presses Universitaires de France – PUF, Paris, 14 septembre 2007, (ISBN 978-2130564423).

Rome et la naissance de l’art européen, Paris, Éditions Arléa, 2007.

Principia Rhetorica, Paris, Fayard, 2008. Réédition : Paris, PUF, « Quadrige », 2010, traduction roumaine, 2011.

De la problématologie, Paris, PUF, 2008.

La problématologie, « Que Sais-je ? », Paris, PUF, 2009.

Esthétique générale. Les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2009.

La rhétorique, Paris, PUF, collection Que sais-je, 2009.

Chaïm Perelman (1912-2012). De la nouvelle rhétorique à la logique juridique, avec Benoît Frydman, Paris, PUF, 2012.

Qu’est-ce que le refoulement?, Paris, L’Herne, 2012.

Principia Moralia, Paris, Fayard, 2013.

Qu’est-ce que l’histoire, progrès ou déclin ?, Paris, PUF, 2013.

Source : Meyer, Michel – Wikipédia.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

Le livre de poche

© Librairie Générale Française

Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond :

La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Dans le Développement personnel (DP), on trouve plutôt des directives (Faites ceci, faite cela…) en réponse aux questions adressés par les clients à leurs coachs. Le développement personnel exploite (malheureusement trop) souvent la philosophie mais, en fait, cette activité ne se questionne pas sur elle-même, si ce n’est sur le comment commercial.

Michel Meyer consacre un chapitre de son livre aux arguments en philosophie dont voici un court extrait :

L’argumentation en philosophie est essentielle, car celle-ci n’a ni les ressources expérimentales de la sciences, ni la contraignance formelle des mathématique ou de la logique. Il ne lui reste qu’à débattre des questions, en se nourrissant des multiples arguments qui ont trait aux thèses qu’elle défend à un moment donné.

Les conclusions de la philosophie n’auront donc jamais rien d’absolu : elles resteront toujours, quelque part, problématiques. C’est-à-dire source de questions, celles que l’on se pose, celles qui nous interpellent et même qui s’adressent à notre sensibilité. C’est là, peut-être, que la philosophie est le plus proche de la sophistique, cette mauvaise rhétorique tant décrié par Platon, et que l’on doit dénoncer en déconstruisant la rhétorique en général pour ne plus se laisser abuser par des artifices de langage. Cela dit, n’oublions jamais que la problématicité de la philosophie est conforme à ce qu’elle est : une réflexion sur les problèmes, ce qui est déjà une réponse.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les arguments de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 41.

Bref, on ne peut pas conclure définitivement en philosophie. La réponse pose toujours d’autres problèmes à questionner à leur tour.

Michel Meyer aborde aussi la question de la « nature même de la pensée philosophique » dans le chapitre Philosophie, art et religion :

(…) Quelle est la différence de base entre la philosophie et la religion. La religion se meut dans le dogme et la foi, c’est-à-dire ce qui échappe à l’interrogation. Elle répond sans mettre en question, et elle accepte mal la mise en question. La philosophie, elle, aimerait pouvoir se réclamer de certitudes, mais les seules réponses qu’elle peut mettre en avant sont issues d’un questionnement, et le plus souvent, elle se maintient dans un répondre éminament problématique. La philosophie est, jusque dans la métaphysique même, interrogative. N’admettre pour réponse que ce qui a d’abord été mis en question : telle est, depuis Socrate, la nature même de la pensée philosophique. (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Philosophie, art et religion, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 44.

Philosopher, c’est questionner la question. Il s’agit d’ailleurs du propre de l’Homme que de pouvoir se retrouver en lui-même, en sa conscience, et de se questionner. Un singe ne se demande pas s’il est un singe. Une fleur ne se demande pas si elle-est une fleur. Seul l’Homme se demande ce qu’il est vraiment.

Évidemment, on peut vivre sans se poser de questions, à la surface de Soi. On peut repousser toutes les questions embarrassantes pour éviter le malaise des réponses ou de l’absence de réponses. Se questionner est négatif pour certaines personnes.

Encore faut-il  « Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants ».

La problémacité est dont vécue non comme une richesse et une positivité, mais comme une impossibilité et un échec. Faute d’avoir questionner le questionnement, la philosophie se heurte malgré tout à lui avec les vieux concepts qui en ont fait quelque chose de négatif. Elle affronte le problématique sans y être préparée. Elle véhicule une tradition centrée sur les solutions qui évacuent les questions, et non ce qui les pensent.

Il faut donc aller au-delà, et ne pas se contenter de voir les questions qui surgissent. Il faut penser le questionnement comme tel, à partir de lui-même, et accepter l’idée que la première étape de toute résolution possible a lieu avec la question. Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants, est le tout premier pas de la pensée dans sa positivité même.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Qu’est-ce que la métaphysique ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 52.

À mon humble avis, toute question soulève un doute et ce dernier pose lui-même problème. En effet, certaines personnes tissent un lien malsain entre le doute et la confiance en soi. Plus encore, elles lient la confiance en soi au confort d’avoir raison. Autrement dit, certaines personnes perdent pied lorsqu’elles n’ont pas raison. Elles évacuent ainsi tous les doutes possibles et bénéfiques à la vie bonne. Or et ce n’est pas nouveau : la lumière entre par les failles ou, si vous préférez, par les doutes. Le doute est aussi la clé de toute pensée féconde, notamment la pensée scientifique.

Or, on ne peut négliger la science, encore moins l’ignorer, car elle fait partie intégrante de la réflexion de l’homme. Tout dépend de ce que l’on attend d’elle. Et s’il s’agit de la « fonder », comme Descartes le voulait, force est de constater que c’est inutile : elle n’en a pas besoin. Par contre, s’il s’agit de voir comment elle procède afin de mieux comprendre la Raison, alors la science est importante pour la philosophie. Et il s’agit d’interpréter la science et ses résultats, afin d’intégrer en une vision systématique ce qu’elle dit de l’espace, du temps, de la matière, etc., alors la philosophie, en retour, sera importante pour la science, qui verra mieux, ce qu’elle apporte de façon fragmentée et analytique, au nom de l’efficacité, alimentant la réflexion de fond que l’homme a de l’univers et de sa place dans cet univers.

La méthodologie de la science – ce que l’on appelle l’épistémologie – illustre bien le fonctionnement de l’esprit humain.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Que dit la philosophie à propos de la science ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 57-58.


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épistémologie

Définition de épistémologie ​​​

nom féminin

didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

L’épistémologie m’intéresse depuis plus de 25 ans. Je cherche dans cette discipline de la philosophie des réponses à la question « Comment nous pensons ? » afin de prendre conscience et d’agir sur mes erreurs de pensée, ce que je considère comme une forme de philothérapie.

Un peu d’esprit scientifique dans nos ne nous fera pas de tort.


La formation de l’esprit scientifique

Gaston Bachelard

La Formation de l’esprit scientifique (sous-titré Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective) est un essai d’épistémologie de Gaston Bachelard publié aux éditions Vrin en 1938. Bachelard y propose une analyse de la transition entre l’esprit « préscientifique » et l’esprit « scientifique » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette évolution est rendue possible par la prise en compte et le dépassement de ce qu’il définit comme des obstacles épistémologiques, permettant alors la construction rationnelle d’une expérience. Celle-ci, par la longue réflexion qui la précède, dépasse l’observation directe d’un fait empirique et entraîne l’abstraction et la mathématisation du phénomène physique, seul moyen à ses yeux d’échapper aux préjugés inhérents à la nature humaine qui ont longtemps paralysé le progrès scientifique. Tout au long de l’ouvrage, il cite un grand nombre d’ouvrages préscientifiques illustrant les différents obstacles qu’il met en lumière, en particulier des œuvres d’alchimistes et de savants du siècle des Lumières. Source : InternetArchive.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L’obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…)

5. L’obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique. Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (substans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L’obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. » (…)

Consulter ce livre en libre téléchargement


Évidemment, on ne peut pas se limiter à surmonter des obstacles épistémologiques pour acquérir un peu d’esprit scientifique dans notre vie de tous les jours. Pour penser juste, il faut suivre quelques « Leçons de logiques ».


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Leçons de logique

ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939)

Manuel scolaire,
Première édition : 1914 – Québec
Réédition de la huitième édition parue en 1940
Collection du domaine public de la
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, Canada,
20 novembre 2009, 236 pages.
ISBN 978-2-89612-315-5

EXEMPLAIRE NUMÉRIQUE : GRATUIT (PDF)

NOTES DE L’ÉDITEUR

Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys

«Où est passée la logique ?» À la poubelle, tout simplement, comme un vieux manuel scolaire. Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut l’enseigner. Or, au Québec, l’enseignement de la logique a pris le bord lors du grand ménage de la Révolution tranquille au cours des années 60. Parce que la logique alors au programme se référait à la religion catholique, la logique est disparue dans le tourbillon de la modernisation, comme on jette le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui, on la cherche partout sans succès, d’où l’urgence de remettre en circulation LEÇONS DE LOGIQUE, un petit manuel scolaire, purement québécois, dont la toute première édition remonte à 1914. Lire la suite.


À ces leçons de logiques nécessaires pour profiter de l’esprit scientifique dans nos vie de tous les jours, j’ajoute la correction incontournable de nos biais cognitifs.


Biais cognitifs

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David D Burns, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.

Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.

Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.

Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.

L’interprétation indue : vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.

L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».

Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.

Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.

L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.

La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

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Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


(…) « le philosophe ne peut aller au fond des choses sans s’interroger sur ce qu’il fait en s’interrogeant. » (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Pour une ontologie minimale : les faits, les choses et leur catégorisation, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 93.

Ainsi nous faut-il découvrir comment nous pensons pour penser juste. J’ai finalement compris pourquoi le philosophe consultant Jérôme Lecoq interroge et problématise les interventions et les questions des participants à ses ateliers de philosophie en ligne.

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Quelques exemples d’ateliers

ATELIER SUR LE RESSENTI

ATELIER CONFLITS INTERNES

ATELIER LE MOI EST-IL HAïSSABLE ?

ATELIER FAUT-IL PLUS SE MÉFIER DE NOUS-MÊMES OU D’AUTRUI ?

À lire

Les 10 accords socratiques par Jérôme Lecoq.

À visiter

Site web de Jérôme Lecoq

Groupe Facebook Ateliers de la pensée par Jérôme Lecoq

Page Facebook de Jérôme Lecoq

Page LinkedIn de Jérôme Lecoq


« Raison sans passion n’est ruine de l’âme. »

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme est-il un animal raisonnable ? La logique des passions, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 113.

La raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour parvenir à prendre une décision. Lorsque vous vous retrouver devant cinq chois différents pour l’achat d’une automobile, d’une maison, de la date d’un prochain rendez-vous, etc., vous pouvez analyser en détails toutes les offres pendant des heures sans pour autant avoir les connaissances et les synthèses pour effectuer votre choix. C’est dans de telles circonstances que les émotions viennent à la rescousse avec « un coup de cœur » pour la meilleure offre. À lire : L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, Antonio Damascio. À écouter : Sentir d’abord : une exploration de la conscience, Antonio Damasio, Fleur bleue, Radio France.


La philosophie est une question en soi, pour elle-même, parce qu’elle est l’interrogativité même qui s’interroge, qui est en question. De ce fait même, on la voit à l’oeuvre dans la science comme dans la vie, qui l’une et l’autre interpellent et problématisent. La philosophie nous ramène au principe, au sens, c’est-à-dire à ce dont il est question, mais elle nous oblige à penser systématiquement les différentes problématiques, telle que les voit en science ou en art par exemplae, donc à les articuler et à les différencier également.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme et la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 151.


* * * * *

J’accorde au livre QU’EST-CE LA PHILOSOPHIE ? de MICHEL MEYER cinq étoiles sur cinq.

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

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Article # 67

J’AI LU POUR VOUS

À l’école du doute

Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux

Marc Romainville

Presses Universitaires de France / Humensis

2023

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À l’école du doute

Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux

Marc Romainville

Essai

Presses Universitaires de France / Humensis

Collection: Hors collection – Série société

Discipline: Société

Catégorie: Livre

Date de parution: 17/05/2023

Nombre de pages: 216

Code ISBN: 978-2-13-084929-2

Numéro d’édition: 1

Format : 12.5 x 19 cm


Table des matières

Introduction

Chapitre 1. Internet, incubateur d’une pensée flasque

  • Une vaste caisse de résonance déformante
  • Un terreau fertile
  • Les poisons de la post-vérité

Chapitre 2. Pourquoi l’on pense faux

  • Les failles de la pensée intuitive
  • Prendre ses désirs pour des réalités
  • Croire en ce que l’on a intérêt à croire
  • Une rhétorique abracadabrantesque

Chapitre 3. Pour une pédagogie de la métacognition

  • Les garde-fous de l’éducation au doute
  • Prendre conscience de son système 1
  • Développer son système 3 de vigilance
  • Enrichir et entraîner son système 2

Conclusion

Bibliographie


Lire un extrait de ce livre

Lire un extrait en ligne


Texte à l’endos du livre

Internet est un incubateur idéal de la pensée approximative. Il profite habilement de certaines de nos prédispositions cognitives pour capter notre attention et nous attirer dans les filets des fake news et des théories complotistes ou « alternatives ». Nous finissons par ne plus savoir où est la vérité. L’école a donc, plus que jamais, la mission cruciale de développer l’esprit critique des jeunes, pour qu’ils se construisent des idées justes et nuancées du monde qui les entoure. Se trouve proposée ici une méthode innovante de développement de l’esprit critique pour l’ère numérique. Le principe en est simple : la domination de sa pensée exige de comprendre les mécanismes de traitement de l’information numérique qui expliquent notre crédulité à son égard. Enseigner aux jeunes à penser juste, à partir d’une meilleure connaissance du pourquoi ils pensent souvent faux sur Internet, fera d’eux des citoyens digitaux prudents, nuancés et critiques, condition essentielle au bon fonctionnement de nos démocraties.

Source : Presses Universitaires de France.


Au sujet de l’auteur

Marc Romainville est professeur à l’université de Namur. Spécialiste de la métacognition, il montre, dans cet ouvrage, comment la prise de conscience de ses manières de penser constitue une voie prometteuse de la formation à l’esprit critique dans un monde numérique. Source : Presses Universitaires de France.

Page dédiée à Marc Romainville sur le site web de l’Université de Namur

https://directory.unamur.be/staff/mromainv

Page de Marc Romainville sur le site web LinkedIn

https://www.linkedin.com/in/marc-romainville-52038739/


Revue de presse

« A L’école du doute » de Marc Romainville : comment armer la jeunesse face à la désinformation, RTBF

Post de l’auteur sur LinkedIn

« La Post-vérité », de Claudine Tiercelin, et « A l’école du doute », de Marc Romainville : la chronique « essai » de Roger-Pol Droit, Le monde

Marc Romainville: « A l’heure où tout va très vite, l’école doit apprendre aux élèves à douter », Le Soir

Post de Gérald Bronner sur LinkedIn

Eduquer au doute raisonnable : une des missions centrales de l’école


Du même auteur

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

https://www.idref.fr/030222990

ResearchGate

TEXTES CHOISIS

Les croyances des étudiants sur la nature de leur intelligence : un facteur de participation dans des dispositifs d’aide à la réussite ?

Note de synthèse: Les pratiques d’étude, entre socialisation et cognition

Vivre des émotions en situation d’étude, tenter de les réguler et s’en croire capable : exploration de la régulation émotionnelle des étudiant·e·s universitaires primo-arrivant·e·s en situation de préparation d’examens


Mon rapport de lecture du livre

À l’école du doute

Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux

Marc Romainville

Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

De plus, l’auteur nous renvoie trop souvent à un chapitre à venir ou à un chapitre passé, ce qui m’agace sérieusement parce que ces références à un propos déjà tenu complique la mémoire de la lecture et, dans le cas de références à un propos tenu plus loin, l’annonce a tendance à soustraire l’attention du lecteur au propos qu’il lit (on verra cela plus loin). Ces avances-reculs dans un tel essai n’augure rien de bon pour la pensée organisée et critique.

J’ai souvent observé une vie personnelle déphasée de la vie professionnelle : un ingénieur n’est pas nécessairement ingénieux dans sa vie personnelle. Il en va de même de philosophes dont les modes de vie personnelles ne correspondent en rien à leurs textes. Même des scientifiques perdent leur esprit critique en dehors du contexte de leur travail.


À LIRE DANS CE DOSSIER

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».


Je garde l’impression heureuse que l’auteur du livre  À L’ÉCOLE DU DOUTE est un analytique, c’est-à-dire qu’il s’oblige à bien documenter ses écrits et ses dires. Malheureusement, son style littéraire n’offre pas les repères nécessaires pouvant témoigner de l’organisation analytique de ses propres pensées. C’est bien connu, si l’analytique a besoin de beaucoup d’information pour se faire idée, il lui arrive aussi souvent d’être perdu ou même paralysé par sa propre analyse. Je n’irai pas jusque-là avec Marc Romainville pour ne pas le confronter mais…

À L’ÉCOLE DU DOUTE se fonde principalement sur une proposition de Daniel Kahneman, Prix Nobel d’économie en 2002 :

Il a proposé de distinguer deux systèmes de pensée. Le premier, le « système 1 », est composé d’heuristiques simples, rapides, aisément disponible en mémoire et donc facilement activable. Le second, le « système 2 », est beaucoup plus analytique; il est plus lent, requiert davantage d’efforts et de systématisme et repose sur des procédures apprises et conscientes.[2]

______

[2] Même si le recouvrement est loin d’être parfait, les philosophes des Lumières distinguaient déjà deux modes d’appréhension du réel : « On peut diviser toutes nos connaissances en directes et en réfléchies. Les directes sont celles que nous recevons immédiatement sans aucune opération de notre volonté; qui trouvant ouvertes, si on peut parler ainsi, toutes les portes de notre âme, y entrent sans résistance et sans effort. Les connaissances réfléchies sont celles que l’esprit acquiert en opérant sur les directes, en les unissant et en les combinant. » (D’Alembert, Discours préliminaire à l’Encyclopédie, 1751).

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 2 – Pourquoi l’on pense faux, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 44.

Qu’est ce que « heuristique » signifie dans ce cas :

(…) la pensée heuristique : celle-ci repose sur des croyances, des habitudes, opinions, stéréotypes, des idées reçues depuis tout petit. Comme vous vous en doutez, elle est nettement plus opérationnelle et confortable dans de nombreuses situations !

CHOUDÉ, Olivier, professeur de psychologie, Université Sorbonne-Paris-Cité, Dossier – Les neurones de la pensée libre, Cerveau & Psycho – n°72 novembre – décembre 2015, p. 50.


Je préfère et de loin les propos du professeur et sociologue des sciences Olivier Clain :

« Il y a trois moments dans toute connaissance du monde :

1. Moment dans lequel je fais l’expérience de l’objet avec ses qualités propres et ses déterminations empiriques.

2. Moment de la construction des concepts, des catégories que j’utilise pour décrire les qualités de l’objet.

3. Moment, en constante relation avec les deux autres et qui sert de médiation dans le rapport entre les deux autres, et qui est le moment de la formulation des énoncés à caractère théorique. »

Source : CLAIN, Olivier, vidéos du cours «Science, éthique et société», Canal U.


Cette histoire de « système 1 », « système, 2 » et même de « système 3 », ce dernier étant ajouté par Olivier Houdé, me laisse un peu perplexe.

Le scepticisme se loge dans le système 2 et une éducation au doute suppose donc de sensibiliser les élèves à la nécessité de mettre en branle ce second système de pensée, s’il en est besoin. Selon Olivier Houdé — qui a complété la théorie de Kahneman à des fins éducatives — l’activation du système 2 est elle-même le fait d’un troisième système, d’ordre métacognitif. Ce « système 3 » doit pressentir que quelque chose cloche, qu’il a peut-être un vice de raisonnement et qu’il serait alors plus sage de calmer le « cheval fougueux » du système 1 et de faire appel au très sage et rationnel système 2. (…)

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 2 – Pourquoi l’on pense faux, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 45.

Cette approche permissive de la psychologie permet à l’un et à l’autre d’ajouter, dans ce cas, un système à deux autres. Science inexacte ou science molle, si la psychologie demeure une science en soi, elle se donne souvent des marges de manœuvre mettant en cause sa scientificité.

La métacognition, qui est d’abord à comprendre dans le champ de la psychologie d’où elle est issue et qui l’a définie et expérimentée comme un processus cognitif en jeu dans la résolution de problèmes favorisant à la fois les apprentissages, le transfert et la motivation, peut être comprise aussi et plus philosophiquement, du côté de la distanciation et de la conscience de soi c’est-à-dire d’une pensée qui peut fonctionner de façon critique et réflexive : c’est dans cette double acception qu’apparaît son intérêt pédagogique en particulier, pour les élèves en difficulté scolaire puisqu’elle favorise à la fois la réussite aux
apprentissages et la motivation.

Anne-Marie Doly. La métacognition : de sa définition par la psychologie à sa mise en œuvre à l’école. G Toupiol. Apprendre et Comprendre. Place et rôle de la métacognition dans l’aide spécialisée., Retz, pp.84-124, 2006. hal-00835076.

À l’instar de tous les concepts en psychologie, celui de la « métacognition » demeure à discuter.

La métacognition : un concept discuté

Une approche compréhensive pour une proposition de délimitation du champ conceptuel

Claude-Alexandre Magot

1. Introduction

La pluralité des définitions de la philosophie semble s’ordonner autour d’un foyer de sens : la philosophie est un travail critique de la pensée sur elle-même associé à un effort pour rendre intelligible les grands questionnements de notre existence. De sorte, nous pourrions la considérer comme l’acte d’une pensée s’exerçant à sa propre liberté et s’affrontant à la question du sens, sans autres instruments que ceux offerts par la raison, l’expérience et l’étendue du domaine de la connaissance humaine.

Il semble que ce soit cet attribut de la philosophie qui fonde la justification de son enseignement dans les instructions officielles des programmes français de la discipline au lycée :

L’enseignement de la philosophie en classe de terminale a pour objectif de favoriser l’accès de chaque élève à l’exercice réfléchi du jugement, et de lui offrir une culture philosophique initiale. […] cet enseignement vise dans l’ensemble de ses démarches à développer chez les élèves l’aptitude à l’analyse, le goût des notions exactes et le sens de la responsabilité intellectuelle. Il contribue ainsi à former des esprits autonomes, averti de la complexité du réel, et capable de mettre en œuvre une conscience critique du monde contemporain. (de Gaudemar, 2003).

Au tournant des années 70 Lipman, professeur de philosophie, avança la thèse selon laquelle ce serait à l’école primaire et secondaire de prendre en charge l’apprentissage de la pensée autonome et critique (Daniel,1997). Ainsi, l’essence de l’intelligence selon lui ne se trouverait pas dans la faculté d’emmagasiner des informations mais dans la capacité à percevoir l’essentiel et agir efficacement sur les choses, c’est-à-dire : doter l’individu de la capacité de créer des liens entre différentes observations et entre actions et conséquences. Cette idée fit son chemin vers le monde francophone pour trouver un écho dans les travaux de Tozzi sur la didactique de la philosophie (Tozzi & Perrin-Naffakh, 2002). De cette façon, depuis un peu plus de vingt ans maintenant de nombreux enseignants du primaire et du secondaire ont abordé des pratiques à visée philosophique au sein de leurs classes. Cet article propose un retour sur l’une de ces expériences en posant la question sous l’angle d’un concept souvent questionné et faisant débat dans la communauté scientifique : la métacognition. En effet il nous semble, comme nous l’avons écrit en introduisant notre propos, que la philosophie a pour l’un de ces angles particulièrement prégnant dans l’approche de Lipman, une démarche que nous qualifierons de méta-

Claude-Alexandre Magot. La métacognition : un concept discuté Une approche compréhensive pour une proposition de délimitation du champ conceptuel. Education & Formation, 2016. hal-03218171

Personnellement, j’attribue l’enseignement du doute à la philosophie et plus spécifiquement à l’épistémologie. Certes, il faut reconnaître le besoin de psychologie dans la pratique de tout enseignement, mais le doute, pour s’inscrire dans le « mode de vie », est l’affaire de la philosophie. Car il est bel et bien question d’intégrer le doute au « mode de vie » de tout un chacun, y compris des élèves, des étudiants, des collégiens et des universitaires.

Marc Romainville aborde aussi la question de l’ère de post-vérité dans son livre À L’ÉCOLE DU DOUTE :

(…) La post-vérité est protéiforme ; elle englobe plusieurs poisons interdépendants, parfaitement à l’aise dans les eaux troubles d’Internet : le bullshit, la désinformation, le complotisme et les théories alternatives.

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 1 – Internet, incubateur d’une pensée flasque, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 33.

(Il suffisait à l’auteur d’ajouter dans son texte descriptif de ces poisons « 1 », « 2 », « 3 » et « 4 » pour que nous les retrouvions aisément. Mais ce n’est pas le cas.)

Les diverses composantes de la post-vérité ont un impact délétère et inquiétant sur le fonctionnement de nos sociétés dès lors qu’elles contribuent à ce que les internautes perdent progressivement le contact avec la vérité. Elles agissent comme de « lents corrupteurs épistémiques » (Dieguez, 2018, p. 309) : (…)

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 1 – Internet, incubateur d’une pensée flasque, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 37.

Il va de soi que le sujet des biais cognitifs soit abordé par Marc Romainville dans son livre À L’ÉCOLE DU DOUTE :

On parle de biais cognitifs pour désigner des façons de penser irrationnelles, c’est entre autres parce que ces manières de penser tiennent compte, à tort, de facteurs non pertinents et qu’elles délaissent ce qu’il conviendrait de faire entrer dans l’équation du raisonnement pour le rendre robuste. Schématiquement, un biais cognitif répond à quelques caractéristiques de base (Van Loon, 2018).

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 1 – Internet, incubateur d’une pensée flasque, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 47.

(Il suffisait à l’auteur de mentionner que ces caractéristiques sont au nombre de 4 et de les numéroter (1, 2, 3, 4…) ces caractéristiques dans son texte descriptif pour que nous les retrouvions aisément. Mais ce n’est pas le cas.)

Premièrement, un biais cognitif est involontaire et peu conscient. (…)

Deuxièmement, on ne parle de biais que si la pensée se fourvoie et débouche sur une conclusion incomplète, illogique, inadaptée, voire carrément erronée. (…)

Troisièmement, on ne crie pas au biais pour la moindre erreur ponctuelle et occasionnelle de pensée. (…)

Enfin, quatrièmement, il ne suffit pas que la conclusion d’un raisonnement ne nous plaise pas pour qu l’on puisse dénoncer l’existence d’un biais qui y aurait conduit. (…)

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 1 – Internet, incubateur d’une pensée flasque, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, pp. 47-49.

Marc Romainville nous prévient :  « Le présent ouvrage n’est pas un manuel de psychologie cognitive ; on s’en tiendra donc à une description succincte des neuf principaux biais cognitifs (…) »

(Il suffisait à l’auteur de les numéroter (1, 2, 3, 4…) dans son texte descriptif pour que nous les retrouvions aisément. Mais ce n’est pas le cas.)

En l’absence d’une numérotation avec des nombres et de nomination claire, voici la liste des neuf biais cognitifs selon ma compréhension de À L’ÉCOLE DU DOUTE :

  1. Biais de confirmation
  2. Biais de confusion entre corrélation et causalité
  3. Biais de conjonction / Biais de refus du hasard
  4. Biais d’ancrage
  5. Biais d’inférence
  6. Biais d’intentionnalité
  7. Biais d’ignorance
  8. Biais d’effet Dunning-Kruger / Biais d’incompétence
  9. Biais de charité interprétative

Personne ne s’entend au sujet des biais cognitifs. On les trouve sous différents noms, différentes définitions et différents nombres. Le magazine en ligne PSYCHOMÉDIAS liste « 30 biais cognitifs qui nuisent à la pensée rationnelle ». L’encyclopédie virtuelle bilingue baptisée RACCOURCIS et mis en ligne sur le site web de Université du Québec à Montréal (UQAM) on en compte 44. Le coach Paul Devaux dénombre 20 redoutables biais cognitifs. Amadium soutient compter « 195 biais cognitifs à connaître pour influencer sans être manipulé ». C’est typique de la psychologie. On ne peut pas être certains de quoique ce soit. On adhère ou on n’adhère pas selon ce qui nous convient ou non, rarement sous des critères scientifiques.

Les biais cognitifs peuvent être organisés en quatre catégories : les biais qui découlent de trop d'informations, pas assez de sens, la nécessité d'agir rapidement et les limites de la mémoire. Modèle Algorithmique: John Manoogian III (jm3) Modèle Organisationnel: Buster Benson. Source : https://www.penser-critique.be/wp-content/uploads/2018/02/codex-biais-cognitifs.pdf
Les biais cognitifs peuvent être organisés en quatre catégories : les biais qui découlent de trop d’informations, pas assez de sens, la nécessité d’agir rapidement et les limites de la mémoire. Modèle Algorithmique: John Manoogian III (jm3). Modèle Organisationnel: Buster Benson. Source (PDF à télécharger – Cliquez) : Penser critique.

Une autre des conclusion majeure des recherches en éducation de ces dernières décennies est qu’il est vain d’ignorer le passé cognitif des élèves. Chaque jeune se présente à nous avec un solide déjà-là mental. Il ne nous a attendu ni pour apprendre, ni pour penser. Lui intimer l’ordre de ranger au placard toutes ses vieilleries cognitives et de passer à autre chose de plus sérieux est sans lendemain. Il restera très probablement accroché à ses anciennes façons de voir le monde ; tout au plus, fera-t-il semblant de penser comme on lui demande de penser, dans l’enceinte de l’école du moins. C’est pour cette raison qu’à la suite Bachelard, on estime que l’école a moins à installer ex nihilo une pensée scientifique qu’à modifier la pensée spontanée que l’élève a progressivement acquise dès son plus jeune âge, sur la base de ses expériences personnelles. Développer une pensée rigoureuse et fondée sur les sciences revient donc, selon les belles formule de Bachelard, à dépasser les « obstacles épistémologique » mis sur la route par la pensée naturelle et à « renverser les obstacles déjà amoncelés par la vie quotidienne » (Bachelard, 1938, p. 18).

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 3 – Pour une pédagogie de la métacognition, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, pp. 109-110.

Marc Romainville accorde une attention toute spéciale à l’élève et les situations particulières dans lesquelles il peut se retrouver. Son livre À L’ÉCOLE DU DOUTE témoigne d’une grande empathie envers les élèves et je ne peux que m’en réjouir.

Cependant, je ne crois pas opportun de parler des élèves comme ayant des « anciennes façons de voir le monde » et de « toutes ses vieilleries cognitives ». La jeunesse de l’élève (adolescent) nous permet d’affirmer que ses façons de voir le monde et ses pensées demeurent en élaboration et encore flexible.

Je crois que la certitude affichée par l’élève est d’abord et avant tout liée à sa confiance en lui plutôt qu’à ses façons de votre le monde. À l’adolescence, j’étais fâché de constater que le monde n’était pas comme on me l’avait annoncé dans mon enfance. Le monde était beaucoup plus cruel et complexe que je m’y attendais compte tenu de mes observations enfantines. La façon de pensée des adolescents est sous influence des adultes qu’il fréquente, notamment ses parents et ses enseignants.

Aujourd’hui âgé de plus de 65 ans, j’ai découvert tout au long de ma vie des connaissances que m’auraient été profitables dès mon adolescence mais on ne me les avaient pas enseignées. Voilà pourquoi j’ai écrit et publié en 2022 un essai destiné aux adolescents.


LE DERNIER LIVRE

Pour les jeunes qui ne passeront pas leur vie à lire

Tout ce que vous n’apprendrez pas au secondaire et au collégial

Le dernier livre – Pour les jeunes qui ne passeront pas leur vie à lire. Cliquez ici pour télécharger gratuitement ce livre (PDF) ou cliquez ici pour le lire en ligne sur ce site web.
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Même si le terme peut paraître ésotérique, la métacognition désigne simplement la capacité d’un élève à prendre du recul par rapport à sa vie mentale et à se regarder apprendre et penser. Il s’agit donc d’une opération cognitive de second ordre, de pensée sur la pensée. Dans cette forme particulière de cognition, une opération mentale d’un élève s’exerce sur une autre opération mentale du même élève. Par exemple, un élève se montre métacognitif lorsqu’il analyse — opération mentale méta — la manière dont il mémorise — opération mentale de premier ordre — ou lorsqu’il interroge de manière critique ses stratégies de rétention ou de raisonnement.

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Chapitre 3 – Pour une pédagogie de la métacognition, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, p. 111.

L’élève doit vivre une révélation par cette prise de conscience du « pourquoi » et du « comment » il pense. Cette révélation implique un moindre effort pour changer le pivot de sa confiance en lui-même et l’adoption d’une nouvelle attitude. La confiance en soi reposera sur sa faculté de penser et non plus sur ses pensées.

La contre-offensive envisagé dans le présent ouvrage (…) suggère une voie complémentaire d’éducation à la pensée juste, plus réflexive puisqu’elle implique un regard distancié des élèves porté sur leurs propres mécanismes de pensée. Une des difficulté des pistes reposant sur l’instruction et sur l’éducation aux médias et à l’information réside dans leur conception, par essence, déficitaire de l’origine du problème. Selon la première, les élèves sont crédules du fait même de leur ignorance et de leurs lacunes de connaissance. La seconde piste incrimine leur manière inadéquate de consulter et de diffuser de l’information via des médias numériques. Dans les deux cas, un doigt accusateur désigne les élèves comme les premiers responsable de leur pensée flasque. Or, surtout si les croyances à interroger sont profondément ancrée dans leur cerveau, les élèves pourraient être tentés de rejeter ces accusations, en les considérant comme des remises en cause de leur personne, voire de leur origine et de leur culture, lorsque ces croyances comportent des dimensions identitaires et religieuses.

De nombreux enseignants l’observent au quotidien : la stratégie qui consiste à affirmer aux élèves qu’ils se trompent par ignorance ou parce qu’il ne savent pas s’y prendre pour trouver la vérité, se heurte à une volonté de leur part de ne pas accepter ces accusation dépréciatives, pour de bonnes — par exemple, dans un souci de préservation de leur estime de soi — ou parfois de moins bonnes raisons — par exemple, par allégeance à une autorité.

ROMAINVILLE, Marc, À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Introduction, Presses Universitaires de France (PUF) / Humensis, Paris, 2023, pp. 14-15.

La prudence dont fait preuve Marc Romainville dans ouvrage À L’ÉCOLE DU DOUTE face à l’approche des élèves est tout à son honneur.

À mon humble avis, une approche visant à foncer dans le tas et à violer l’esprit des élèves sera contre productive. Il revient donc aussi aux enseignants de prendre du recul, cette fois, face aux élèves pour saisir leurs situations suivant leurs expériences et leurs âge.

* * *

Je vous recommande la lecture du livre À L’ÉCOLE DU DOUTE de Marc Romainville chez les Presses Universitaires de France / Humensis, paru en 2023. J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

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