Article # 144 – « la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité ? »

Voici un extrait de l’article-entretien paru sous le titre « «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? » sous la plume de Victoire Lemoigne dans la section « Langue française » du quotidien français LE FIGARO et traitant de l’examen de philosophie de la fin des études secondaires (lycée) en France (BAC philo).


« On privilégie la critique sociale, les sciences humaines » : la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité?

Par Victoire Lemoigne

ENTRETIEN – Technique, économie, vérité… Les sujets du bac de philosophie posent des questions très contemporaines. Le philosophe Michel Boyancé s’interroge sur l’affaiblissement de la vocation première de la discipline.

Michel Boyancé est philosophe, doyen émérite de l’IPC – Facultés libres de philosophie et psychologie.

LE FIGARO. – Les sujets de philosophie au baccalauréat semblent très ancrés dans l’actualité : vérité et réseaux sociaux, avenir de la technique… Ce n’est pas la première fois. Que cela révèle-t-il, selon vous, de l’évolution de la philosophie dans l’enseignement ?

Michel BOYANCÉ. – Une tendance de fond. Dès les années 2000, un projet de réforme avait pour but de supprimer la philosophie en tant que telle, pour la remplacer par une forme prolongée d’éducation civique. Ce projet a été abandonné, car la tradition française de la philosophie comme discipline autonome, à la recherche de principes, est restée très forte. Mais cette spécificité s’efface peu à peu, et la philosophie tend à n’être qu’un relais des sciences humaines et sociales, celles-ci fournissant la matière première, la philosophie étant un prolongement questionnant et conceptualisant.

Lire la suite


La question posée en titre de l’article, « (…) la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? » a retenu mon attention parce qu’elle met le doigt sur une conception erronée de la philosophie pratique. Cette approche suppose que la philosophie pratique ou la philosophie appliquée sur le terrain consiste à commenter l’actualité selon un point de vue philosophique.

C’est le cas au Bac Philo en France selon Michel Boyancé, Docteur en Philosophie, doyen émérite de l’IPC – Facultés libres de philosophie et psychologie, interrogé par la journaliste Victoire Lemoigne  du Figaro. À la question « On assiste donc à une redéfinition de la finalité même de la philosophie ? », Michel Boyancé répond : « Les trois sujets de l’épreuve du baccalauréat général me font penser à cette évolution diffuse de la philosophie comme extension de la réflexion citoyenne. (…) » Ce n’est pas là la finalité de la philosophie que de se faire réflexion citoyenne.

On le constate aussi dans « Le Blogue de philosophie pratique de l’UdS » (Université de Sherbrooke, Québec, Canada). Les titres des textes de ce blogue de l’université de Sherbrooke s’inscrivent dans « cette évolution diffuse de la philosophie comme extension de la réflexion citoyenne. (…) » :

  • Le droit ancestral et le piège de la politique de la reconnaissance au Canada
  • L’écofascisme : un problème politique pour l’écologie
  • Un autre fondement pour la colonialité de l’Être ?
  • Précis de discours raisonné sur l’interdisciplinarité
  • Intelligence artificielle : Comment son usage est une menace pour la démocratie
  • Une philosophie politique pour Dune : de l’élitisme héroïque et ses paradoxes
  • La tutelle épistémique : Quand pouvons-nous contrôler la quête de connaissance de quelqu’un d’autre?
  • Le souvenir reggae
  • Réflexion sur l’Anthropocène et sur la « nostalgie du monde »
  • Bilan carbone de l’UdeS, des émissions indirectes absentes du portrait
  • La tolérance comme un droit au désaccord?
  • Fake news : les comprendre et y faire face
  • Qu’est-ce que la philosophie dans et pour la société?: Réflexions de six philosophes sur l’expertise, le succès et le monde en dehors des murs universitaires
  • Apprendre à apprendre : l’épistémologie du système d’éducation

Que des philosophes ou des étudiants en philosophie se prononcent sur des questions contemporaines ne me dérangent pas mais qu’ils prétendent qu’il s’agit-là de philosophie pratique ne cadre pas avec la conception de cette dernière largement exposée dans les textes publiés dans cette Observatoire de la philothérapie.


« On a perdu la visée principielle, la capacité à penser l’universel à partir du particulier, pour mieux y revenir, et s’engager en toute conscience »

Michel Boyancé dans «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Ce n’est pas l’application de la philosophie à des questions contemporaines qui lui donne un caractère pratique.


Regardons les sujets du bac : « Notre avenir dépend-il de la technique ? » — c’est une question très actuelle, voire médiatique. « La vérité est-elle toujours convaincante ? »— là encore, on reste dans une approche rhétorique, très marquée par les débats contemporains. Cela peut sembler pédagogique, mais cela fait perdre à la philosophie sa démarche propre, celle qui consiste à remonter aux principes premiers, à la recherche inlassable du sens ultime et de la vérité.

Michel Boyancé dans : «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Évidemment, l’examen de philosophie de la fin des études secondaires en France n’est pas un examen de « philosophie pratique » mais de « philosophie ». Mais le recours à des questions contemporaines s’inscrit bel et bien dans l’idée d’une « pratique » de la philosophie, d’une « application » de la philosophie au monde actuel comme une « extension de la réflexion citoyenne ».


Ce glissement est-il lié à une transformation plus large de notre rapport au savoir ?

Cela s’inscrit dans un mouvement postmoderne. À partir des années 1930-1940, on est passé de la toute-puissance de la raison — propre à la modernité — à celle de la liberté individuelle, conçue comme volonté de transformer le monde selon ses désirs. Les modernes, au moins, restaient adossés à une raison structurante. Les postmodernes, eux, ont fait éclater cette structure, souvent légitimement d’ailleurs. La toute-puissance de la raison conduit à un échec.

Par voie de conséquence, aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue.

Par voie de conséquence, aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue. On privilégie les affects, les subjectivités. L’expérience de pensée chère aux modernes devient un simple prolongement de l’expérience psychologique. Et cela modifie profondément l’exercice même de la pensée qui doit s’ancrer dans l’expérience pour mieux la dépasser dans le contact avec les « choses ».

Michel Boyancé dans : «On privilégie la critique sociale, les sciences humaines»: la philosophie au bac est-elle devenue un banal commentaire intellectualisé de l’actualité? Victoire Lemoigne, Le Figaro, juin 2025.


Nous y voilà : « (…) aujourd’hui, on remplace la recherche du vrai par la reconnaissance des points de vue ». Nous pourrions remplacer « points de vue » par « opinions », cette dernière étant la bête noire de la philosophie à mon humble avis. Il n’y a point de philosophie sans une lutte féroce contre ses opinions. Je l’ai souvent souligné dans mes articles et mes rapports de lecture, notamment :


Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.


Qu’est-ce qu’une pratique philosophique ?

Michel TOZZI, Professeur émérite des universités en sciences de l’éducation (Montpellier 3)

Introduction

On parle aujourd’hui de « pratique philosophique », de « nouvelles pratiques philosophiques », de « praticien philosophe ». Comme si cette notion de pratique allait de soi. Or en philosophie rien ne va de soi ; à commencer par savoir ce qu’est vraiment la philosophie. Il serait donc de saine méthode de « savoir de quoi l’on parle et si ce que l’on en dit est vrai ». Qu’est-ce donc au juste qu’une « pratique philosophique ». Une « pratique », et une pratique « philosophique ».

A) « Pratique » : du grec « praxis », l’action. Il y a dans la pratique de l’activité. Quand la pratique est humaine, elle est consciente, volontaire, et a généralement pour but de modifier concrètement une réalité, une situation. Elle s’oppose ainsi à la théorie (la theoria comme visée contemplative chez Platon). Mais qu’en est-il d’une « pratique théorique », comme la réflexion ? Elle est une activité consciente qui modifie la vision du monde de celui qui s’y adonne, ou de ceux qui s’engagent dans cette pratique (c’est ce qui se passe souvent dans une discussion à visée philosophique).

Pour Aristote, une praxis détermine sa fin en elle-même, et non en se subordonnant à un but extérieur, utilitaire ; sinon on est dans la « poiésis », l’activité fabricatrice. La pratique philosophique, même dans les cas où elle peut être rémunérée, n’est pas faite pour cela (contrairement aux prétentions des sophistes) : elle vaut en elle-même et pour elle-même, dans une fin librement posée, comme dit Sartre.

Une pratique traduit aussi l’exercice habituel d’une certaine activité (la pensée se travaille). Elle est contextualisée, s’exerce toujours en situation (par exemple dans une classe, un café…). Ce n’est pas une action ponctuelle, mais « pratiquée » dans le temps, qui s’entraîne, mature, donne une expérience. Elle est le résultat d’un apprentissage. Elle développe ainsi une habileté particulière qu’Edgar Morin dans La méthode nomme « compétence ». Elle n’est pas une opération isolée : elle vise l’accomplissement d’un projet en tant qu’elle se réfère à un modèle, une norme, un usage, et opère dès lors conformément à des règles ou des principes qui lui donnent une consistance, une cohérence propre. Même dans les cas où elle n’est pas explicitement consciente du déroulement de son processus, elle procède avec une logique interne, lui venant d’un savoir et savoir faire incorporés : elle relève d’un certain habitus (Bourdieu). La pratique philosophique réflexive de celui qui pense (par opposition à la pratique philosophique de celui qui agit, que nous nommons praxéologique – quoique la pensée soit à sa manière une action), est un processus intellectuel stabilisé, qui procède avec méthode (ex : la maïeutique socratique). Le « praticien philosophe », en ce sens, a acquis par l’exercice d’une activité philosophique une certaine façon de penser et d’agir.

Lire la suite et Source : . (Revue internationale de la didactique et des pratiques de la philosophie).


Or, dans les secteurs universitaires, la philosophie se donne des airs de pratique en se reliant à l’éthique et la vie citoyenne. C’est notamment le cas du Centre de recherche en éthique (CRE) au Québec. Les chercheurs « réfléchissent aux questions éthiques soulevées par l’actualité » en se donnant pour objectif « d’enrichir le débat public ». Nous nous retrouvons ici dans les même travers dénoncés par Michel Boyancé dans son entretien avec Le Figaro.


Le CRÉ rassemble des chercheurs préoccupés par les grands enjeux de société. Loin de l’image des savants dans leur tour d’ivoire, ils réfléchissent aux questions éthiques soulevées par l’actualité et interviennent à titre personnel dans les médias en poursuivant l’objectif d’enrichir le débat public.

Cette section est consacrée à la participation des chercheurs du CRÉ aux différents débats publics et vise à relayer les articles ou autres types de documents par lesquels nos chercheurs ont exposé leur point de vue dans les médias. Elle sert également à offrir une tribune aux chercheurs du centre qui voudraient exprimer publiquement leurs réflexions sur l’une ou l’autre des questions éthiques qui préoccupent le grand public et contribuer ainsi à la discussion citoyenne.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).


La philosophie pratique : fondements, enjeux et perspectives

On assiste depuis quelques années à un intérêt grandissant pour la dimension pratique de la philosophie. Il suffit de penser à l’apparition de plusieurs pratiques philosophiques, qu’il s’agisse de l’éthique appliquée, la philosophie pour enfants, les cafés philosophiques, la philosophie en entreprise, la philosophie de terrain ou la consultation philosophique. On a vu également émerger un certain nombre d’ouvrages proposant une conception de la philosophie pratique autour de notions telles que la phronesis ou la réflexivité ainsi que la démonstration de l’importance d’une formation philosophique pour la pratique de professions telles que le droit, la psychologie, la biologie, l’informatique, la gestion, la médecine et la politique, pour ne nommer que celles-là. Cet intérêt s’est également traduit par une augmentation des cheminements universitaires en philosophie pratique ou en philosophie appliquée.

Un examen plus approfondi nous permet d’observer certains enjeux concernant la conception, le rôle et la fonction même de la philosophie en tant que pratique. Par ailleurs, nombre d’ouvrages ou de formations universitaires réduisent la philosophie pratique ou appliquée à l’application de théories à des problèmes ou phénomènes empiriques. Suivant l’héritage kantien, la philosophie pratique est alors conçue comme un ensemble de sous-disciplines telles que la philosophie politique, l’éthique, l’esthétisme et les éthiques féministes, alors que la philosophie appliquée concerne aussi bien l’application de théories développées en philosophie à des problèmes ou des phénomènes empiriques que l’application de recherches et outils développés dans d’autres disciplines afin de comprendre ou de résoudre des problèmes philosophiques. Une telle conception de la distinction entre philosophie pratique et appliquée a été la cible de plusieurs critiques, notamment en raison du rapport unidirectionnel entre la théorie et la pratique qu’elle implique. On lui reproche par ailleurs de donner lieu à l’utilisation hors contexte de théories philosophiques, comme les éthiques normatives ou les métaéthiques, ce qui a pour effet de réduire l’importance des dilemmes et situations morales problématiques vécus par les acteurs, de ne pas prendre suffisamment en compte les exigences concrètes de ces situations et de ne pas favoriser un engagement concret avec le monde. Certains prônent également la nécessité, pour les philosophes, de réaliser des études de terrain, mais force est de constater que peu de ressources existent pour supporter la réalisation de telles recherches.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).

Le Centre de recherche en éthique (CRÉ) regroupe des chercheurs et chercheuses qui abordent les questions éthiques sous divers angles disciplinaires. Notre équipe principale est composée de plus de 77 co-chercheurs et co-chercheuses basés dans plus de 11 universités et collèges de la province de Québec, complétée par 88 collaborateurs et collaboratrices d’ailleurs au Canada ainsi que d’autres régions du monde.

Le CRÉ est issu du Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal (CRÉUM), fondé par Daniel Weinstock en 2002. En 2014, le centre a pris de l’expansion pour en faire le centre de recherche interuniversitaire qu’il est aujourd’hui. De 2014 à 2021, le CRÉ a été dirigé par Christine Tappolet ; en janvier 2022, Ryoa Chung et Kristin Voigt sont devenues co-directrices.

Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).


Bienenstock, M., & Crampe-Casnabet, M. (éds.). (2000). Dans quelle mesure la philosophie est pratique (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.25403

Dans quelle mesure la philosophie est-elle pratique ? Formulée par Hegel dans ses tout premiers cours d’Iéna, au début du XIXe s., la question renvoie d’abord au débat bien connu sur la thèse, classiquement rapportée à Fichte, d’un primat du pratique : lorsque Fichte affirme que « tout est issu de l’agir et de l’agir du moi », revendique-t-il simplement le primat de la loi morale sur la raison théorique ? N’est-ce pas plutôt le rapport de la philosophie à la vie qu’il veut souligner, comme Hegel quelques années plus tard ? C’est le statut même de la philosophie pratique, placée par Fichte au fondement même du savoir, qui est en question dans ces débats.

Ils sont d’une grande actualité : la philosophie pratique contemporaine se cherche en effet des ancêtres, des « pères fondateurs ». L’attention se porte sur Hegel, mais aussi, de plus en plus, sur Fichte, considéré comme l’un des fondateurs de la théorie dite de la « reconnaissance». Aux études de fond traitant de la philosophie pratique dans l’idéalisme allemand s’ajoutent ainsi, dans ce volume, plusieurs études consacrées à la théorie de la reconnaissance, au droit et à l’économie ; ainsi qu’un examen circonstancié des débats contemporains.

Source : Bienenstock, M., & Crampe-Casnabet, M. (éds.). (2000). Dans quelle mesure la philosophie est pratique (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.25403


Nous constatons différentes définitions et différentes approches de la philosophie pratique dans les milieux universitaires où l’on distingue la « philosophie pratique » de la « philosophie appliquée » :

« Suivant l’héritage kantien, la philosophie pratique est alors conçue comme un ensemble de sous-disciplines telles que la philosophie politique, l’éthique, l’esthétisme et les éthiques féministes, alors que la philosophie appliquée concerne aussi bien l’application de théories développées en philosophie à des problèmes ou des phénomènes empiriques que l’application de recherches et outils développés dans d’autres disciplines afin de comprendre ou de résoudre des problèmes philosophiques. » Lire la suite et Source : Centre de recherche en éthique (Québec, Canada).

Évidemment, ces affirmations à l’effet que la philosophie pratique remonte à des philosophes du passé nous force à parler de la « nouvelle philosophie pratique » baptisée « Philosophical praxis » par son initiateur, le philosophe allemand Gerd B. Archenback, au début des années 1980.


Philosophical Praxis – Origin, Relations, and Legacy – Gerd B. Achenbach – Translated by Michael Picard

Gerd B. Achenbach

Philosophical Praxis

Origin, Relations, and Legacy

Translated by Michael Picard, Lexington Books, 2024
Lexington Books

An imprint of The Rowman & Littlefield Punlishing Group, Inc.

2024

Chapitre 1

Réponse brève à la question : qu’est-ce que la Praxis philosophique ?

Il faut créer du nouveau pour voir du nouveau.
— Lichtenberg

J’ai fondé la première Praxis philosophique au monde en 1981, et j’ai forgé ce terme la même année. En 1982, la Société pour la Praxis philosophique fut instituée à Bergisch Gladbach, près de Cologne ; elle devint plus tard l’organisation faîtière internationale de nombreuses sociétés nationales. Voilà pour l’aspect institutionnel. Passons maintenant à la question : en bref, qu’est-ce que la Praxis philosophique ?

Le conseil philosophique de vie qui se pratique dans la Praxis philosophique se présente comme une alternative aux psychothérapies. Il s’adresse à ceux qui, tourmentés par leurs peines ou leurs problèmes, et incapables de « s’accommoder » de leur existence, se retrouvent d’une manière ou d’une autre dans une impasse. La Praxis philosophique concerne ceux qui se débattent avec des questions existentielles qu’ils ne parviennent ni à résoudre ni à écarter, ou encore ceux qui, bien que capables de faire face au quotidien, se sentent « sous-chargés », peut-être parce qu’ils pressentent que leur réalité ne correspond pas à leur potentiel. D’autres encore s’adressent à la Praxis philosophique non pas parce qu’ils se satisfont simplement d’exister ou de se débrouiller tant bien que mal, mais parce qu’ils exigent d’examiner leur vie, d’en voir clairement les contours, l’origine, la raison d’être et la destination.

Leur besoin est souvent simplement de réfléchir aux circonstances uniques, aux enchevêtrements singuliers et au cours souvent étrangement ambigu de nos existences. En résumé, les gens consultent les philosophes praticiens parce qu’ils veulent comprendre et être compris. Ils n’arrivent presque jamais avec la question kantienne : « Que dois-je faire ? », mais plutôt avec celle de Montaigne : « Que fais-je ? » Peut-être, en arrière-plan, opère une intuition qui relève de la plus ancienne sagesse philosophique—à savoir la maxime socratique selon laquelle seule une vie examinée mérite d’être vécue. Celle-ci peut se manifester sous la forme d’une peur diffuse, celle qu’une vie trop « inerte » ne soit en réalité qu’à peine vécue, qu’elle soit en quelque sorte « gaspillée », « abandonnée », « dilapidée »—une vie en train de se défaire elle-même.

Schopenhauer l’exprime ainsi :

La plupart des hommes, lorsqu’ils regardent en arrière à la fin de leur vie, réalisent qu’ils l’ont vécue entièrement à titre provisoire et s’étonnent de voir que ce qu’ils ont laissé passer sans l’apprécier ni en jouir, c’était précisément leur propre existence, cette chose même dont ils avaient toujours attendu l’avènement. Ainsi, en règle générale, le cours de la vie est tel que, dupé par l’espoir, on danse dans les bras de la mort.

Quiconque a éprouvé cette perspective terrifiante peut, par la réflexion philosophique, voir le poids de la vie se transformer en promesse (Verheißung), car l’attitude philosophique envers l’existence est en effet—comme une promesse—une charge respectueuse qui confère à notre existence une gravité, un sens à notre présence ici-bas et une signification à notre présent.

Il y a souvent des circonstances marquantes qui amènent l’invité à prendre la décision de consulter un praticien-philosophe. Ce sont généralement des déceptions, des expériences inattendues, des conflits avec autrui, des coups du sort, des échecs, des désillusions ou encore des résultats de vie qui laissent un sentiment de vide. Dans de telles situations, on suppose — bien que confusément — que la mission de la Praxis philosophique pourrait être celle qu’évoquait Karl Popper avant même que cette pratique n’existe :

Nous avons tous une philosophie, que nous en soyons conscients ou non, et nos philosophies ne valent souvent pas grand-chose. Mais l’impact de nos philosophies sur nos actions et sur nos vies est souvent dévastateur. C’est pourquoi il est nécessaire d’essayer d’améliorer nos philosophies par la critique. Voilà la seule justification que je puisse offrir à l’existence continue de la philosophie.

Si nous voulons être concis ici, nous devons poser la question suivante : comment les philosophes praticiens aident-ils leurs visiteurs ? La façon habituelle de poser cette question est source de confusion : « Quelle méthode suivent les philosophes praticiens ? » Or, il faut parler avec justesse : la philosophie ne travaille pas avec des méthodes, mais tout au plus sur elles. L’obéissance à une méthode est l’apanage des sciences, non de la philosophie. La pensée philosophique ne suit pas des chemins tout tracés ; elle cherche, à chaque fois, la voie juste. Plutôt que de s’appuyer sur des routines intellectuelles toutes faites, elle les sabote pour mieux se clarifier.

Il ne s’agit donc pas de conduire les invités de la Praxis philosophique sur un itinéraire philosophique prédéterminé, mais bien de les aider à avancer sur leur propre chemin. Cela suppose chez le philosophe la capacité d’apprécier autrui sans nécessairement être d’accord avec lui ; en effet, comme le disait Goethe, « ni n’approuver ni condamner ».

La philosophie ne peut être simplement « appliquée », comme si les préoccupations de l’invité pouvaient être « traitées » par une dose de Platon, de Hegel ou de tout autre penseur. Les lectures philosophiques ne sont pas des remèdes à prescrire. Un patient va-t-il voir un médecin pour assister à une conférence médicale ? De même, l’invité de la Praxis philosophique ne doit pas être instruit par le philosophe, encore moins être trompé par des jeux de mots habiles, et certainement pas être servi en théories.

La véritable question est de savoir si le philosophe, à travers ses propres lectures, est devenu sage, compréhensif et attentif, s’il a acquis une sensibilité pour ce qui est habituellement ignoré, et s’il a appris à se sentir chez lui dans les pensées, sentiments et jugements atypiques ou marginaux. Car seul un co-penseur et un sympathisant peut libérer les visiteurs de leur solitude—ou de leur isolement intérieur—et peut-être ainsi les amener à une nouvelle appréciation de leur vie et de leur situation.

Philosophie et psychothérapie : une frontière ?

N’est-ce pas le cas aussi des psychologues et des psychothérapeutes ? Et des pasteurs ? Cette question surgit inévitablement—signe de notre culture encore largement dominée par le paradigme thérapeutique—et interroge la frontière entre la Praxis philosophique et les psychothérapies.

Le psychologue et le psychothérapeute sont des spécialistes, spécialement formés à percevoir le spécifique d’une manière spécialisée, c’est-à-dire les troubles d’origine psychogène ou psychologique. Lorsqu’ils ne sont pas spécialistes, ils sont des dilettantes. Paradoxalement, le philosophe est un spécialiste du non-spécifique, du général et du simple (ainsi que d’une tradition riche de pensée raisonnée), mais aussi du contradictoire et du singulier, avec une attention particulière portée à l’individuel et à l’unique.

En ce sens, le philosophe praticien prend ses visiteurs au sérieux : non pas à travers le prisme d’une théorie (c’est-à-dire non pas par une compréhension schématique), ni comme un simple « cas » illustratif d’une règle, mais en tant qu’individu en soi. Aucune échelle de valeur ne lui est imposée, pas même celle de la santé. La question n’est pas de savoir si l’invité est « normal », mais s’il est fidèle à lui-même—ou, pour paraphraser Nietzsche, s’il est devenu ce qu’il est.

Enfin, la Praxis philosophique ne se limite pas aux consultations individuelles. Elle accompagne également des entreprises, des organisations et des associations dans leur quête de mission, de principes fondateurs et de repères orientants.

Traduction libre de l’anglais au français avec l’aide du logiciel DeepL.

Voir mon Rapport de lecture.


La nouvelle philosophie pratique, en action sur le terrain auprès des individus et des organisations, ne vise donc pas en une « réflexion citoyenne » sur des situations contemporaines mise de l’avant dans l’actualité. Parler de « citoyen » au lieu d’« individu » n’est pas banal. Le citoyen se définit en ces mots par l’Office québécois de la langue français (OQLF) :« Personne reconnue comme membre d’un État et qui, de ce fait, bénéficie de droits et s’acquitte de certains devoirs. » (Voir) Le Robert – Dico en ligne donne cette définition de l’individu : « Être humain, en tant qu’être particulier, différent de tous les autres. » La nouvelle philosophie pratique s’intéresse donc à l’être humain dans toute sa particularité plutôt qu’au citoyen.

Le but de la nouvelle philosophie pratique est de répondre aux questions existentielles posées par un individu soucieux de son bien être (ou en mal d’être) et en quête de la sagesse pour mieux vivre, pour adopter une vie vertueuse.

La question n’apparaît pas toujours comme étant existentielle dès le départ puisque l’individu apporte à son philothérapeute une situation concrète qui affecte son bien être. Il peut s’agir d’un divorce, d’une perte de sens, d’une relation conflictuelle au travail, etc. Le philosophe consultant a pour mission de remonter à la source de la situation et du ou des problèmes qu’elle pose à l’individu.

Soucieux de l’autonomie de son client, la philosophe consultant diagnostiquera la logique des pensées de l’individu, détectera, s’il y a lieu, les erreurs de pensée, les biais cognitifs et autres tournures d’esprit qui l’empêche de bien aborder la situation dans laquelle il se trouve. Bref, le philosophe consultant donnera à son client des outils pour développer son esprit critique en l’accompagnant dans de nouvelles prises de consciences qui l’étonneront, c’est-à-dire qui le conduiront à une « démarche de prise de recul et de remise en question du monde qui l’entoure. »


L’étonnement

Par Joris Thievenaz

Le Télémaque 2016/1 N° 49

Depuis l’Antiquité, la notion d’étonnement est convoquée de façon récurrente pour désigner cette démarche de prise de recul et de remise en question du monde qui nous entoure. En tant qu’initiateur de l’activité réflexive, c’est à travers cette démarche que l’homme éprouve les limites de ses connaissances et s’engage dans une démarche d’acquisition de nouveaux savoirs. Si la question appelle la connaissance, c’est l’étonnement qui appelle la question. C’est à travers ce processus d’ “étrangéification de l’ordinaire” que l’homme a depuis toujours trouvé un moyen de rompre avec les coutumes, de dépasser les croyances et de rompre avec l’immobilisme, la certitude et les allants de soi. Dans le champ de l’éducation, cette notion nous intéresse tout autant, sans doute parce qu’on la lie intuitivement à la vie intellectuelle des individus et aux formes d’innovations qui lui sont corrélées. En effet, en tant que déclencheur de l’activité réflexive, l’étonnement est ce processus à travers lequel le sujet prend soudainement conscience que ce qu’il tenait habituellement pour vrai ou acquis ne fonctionne plus et qu’il doit reconsidérer la situation sous un jour nouveau. C’est un “ouvreur de pensée” qui met l’intelligence en mouvement et qui, par conséquent, se situe aux sources de l’apprentissage.

Lire la suite et Source : Thievenaz, J. (2016). L’étonnement. Le Télémaque, 49(1), 17-29. https://shs.cairn.info/revue-le-telemaque-2016-1-page-17?lang=fr.


D’étonnement en étonnement l’individu acquiert, au fil de sa vie, une ouverture d’esprit de plus en grande pour évoluer dans la sagesse et ainsi maîtriser le bénéfice du doute.

La philosophie et la philosophie pratique en ses différentes déclinaisons peuvent être intellectualisées et s’en tenir ainsi à de simples exercices d’analyse et d’interprétation, un jeu de l’esprit.

Elles peuvent aussi se vivre en conscience au quotidien d’étonnement en étonnement, de nouvelles prises de conscience en nouvelles prises de conscience, de surprises en surprises, de découvertes en découvertes. Pour y parvenir, un esprit ouvert qui ne prend rien pour acquis définitivement, un esprit qui entretien avec le doute une relation complice pour en tirer le bénéfice.

Dans cet optique, le doute n’est déstabilisateur mais bienfaiteur. Il est la pierre angulaire de l’esprit ouvert. Aussi, le doute ne met pas en cause la confiance en soi, cette dernière ne reposant pas sur le fait d’avoir raison. On peut avoir confiance en soi tant et aussi longtemps que l’on doute. Autrement, nous nous retrouvons dans un monde où l’on se donne raison, un monde sans faille qui ne laisse pas entrer la lumière. La faille dont il est question, c’est le doute, c’est lui qui laisse entrer la lumière qui éclaire nos connaissances, nos expériences, nos opinions et nos croyances.


« Si vous avez une meilleure idée que la mienne, pressez-vous à me la donner car je n’ai pas de temps à perdre ! »


Image modifiée – Image originale par Kaspar Lunt de Pixabay

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Lire la suite


Si vous ne basez plus votre valeur et votre confiance en vous sur vos connaissances acquises par vos expériences, vos opinions, vos croyances, sur le fait d’avoir raison, vous trouverez en votre capacité à douter la valeur ultime d’un esprit ouvert capable d’étonnement, d’avancement. Rien n’est certain définitivement. La certitude ne tient que le temps qu’un nouveau doute vienne la remettre en question.

Plus vous tenez à ce que vous pensez, à vos pensées, plus votre attention à votre mode de pensée est à la baisse. Et c’est bel et bien votre mode de penser (le « comment » vous pensez) qui importe le plus plutôt que vos pensées elles-mêmes.

« Un esprit ouvert capable d’étonnement », c’est un esprit qui comprend sur le champ, comme un morceau de casse-tête qui prend sa place. Et cela est rendu possible parce que rien en notre esprit, aucune pensée, aucune opinion, aucune croyance ne sont prises pour acquise et peuvent ainsi être remise en question, se voir éliminer d’un seul coup par une meilleure pensée. Avec un esprit ainsi ouvert tout est en place pour l’étonnement que suscite cette nouvelle compréhension (« Ah ! Là je comprends ! »).

Un étonnement à la demande

Puis-je me mettre en quête d’étonnements ? Oui, d’abord par la lecture, celle qui vous donnera à penser tout autant que l’auteur pense lui-même dans ses écrits. Ensuite à l’oral dans un dialogue, par exemple, lors d’une consultation avec un philosophe consultant, loin du « banal commentaire intellectualisé de l’actualité ».


À VENIR

Lire la suite

La lumière entre par les failles


Voir tous nos articles


Article # 134 – Développer son esprit critique face au monde de la désinformation, Gérald Bronner, vidéos de la conférence

« Développer son esprit critique face au monde de la désinformation », première partie du cycle de conférence présenté par Gérald Bronner.

Présenté le 4 février 2025

Amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne

L’ère des infox et des « vérités alternatives » menace ce qu’il y a de plus précieux dans les sociétés humaines : la possibilité du débat constructif. L’une des solutions possibles les mieux identifiées par la science contemporaine à cette situation préoccupante est que chaque citoyen puisse affiner son jugement face à ce déferlement d’informations : développer son esprit critique. C’est ce que propose ce séminaire gratuit et ouvert à toutes et tous en Sorbonne, grâce au soutien de la Fondation Descartes.

Gérald Bronner est Professeur à la Sorbonne, membre de l’Académie des technologies et de l’Académie nationale de médecine. Sociologue, il travaille notamment sur les croyances collectives et a publié de nombreux ouvrages sur ces questions : Apocalypse cognitive ; Les Origines…. Ses travaux ont été couronnés par onze prix dont le prix des Lumières, le prix Aujourd’hui ou encore le prestigieux EUROPEAN AMALFI PRIZE For Sociology and Social Science. Il est traduit dans de nombreux pays.

Le Fonds de dotation pour la création de la Fondation Descartes est une initiative citoyenne, apartisane, indépendante et européenne dédiée aux enjeux de l’information et du débat public dans une société démocratique. Elle a pour mission de nourrir la recherche et la réflexion sur les conditions de production d’une information de qualité et de contribuer à restaurer la confiance des citoyens en l’information.

Coordination technique, sonorisation et enregistrement : Yann Domenech

Captation vidéo : Maxence Magniez et Valentine Petitjean

Montage vidéo : Maxence Magniez

Postproduction & étalonnage : Maxence Magniez

Lien documentation et supports : https://dropsu.sorbonne-universite.fr…

Crédits vidéo : Direction des affaires culturelles de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université


VOIR AUSSI

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Lire la suite


Voir tous nos articles


Article # 129 – L’étincelle nécessaire à l’acquisition de l’esprit critique

L’importance de l’esprit critique prend de l’ampleur en ces temps de désinformation qui laissent apparaître « La faiblesse du vrai » (Myriam Revault d’Allones, Seuil, 2018). Aujourd’hui, la situation de l’information sur les réseaux sociaux nous plonge dans une crise réelle de désinformation. Hier, dans les années 1960-1970-1980, nous parlions de la nécessité de développer l’esprit critique de la population face aux médias traditionnels (journaux, radio, télévision). Il s’agissait alors de mettre en branle une toute nouvelle discipline, l’éducation aux médias, à laquelle nous ajoutons aujourd’hui « et à l’information ».

Qu’est-ce que l’éducation aux médias?

L’éducation aux médias est le processus par lequel les personnes acquièrent des compétences médiatiques, c’est-à-dire qu’elles sont capables de comprendre de manière critique la nature, les techniques et les impacts des messages et des productions médiatiques. Selon Sonia Livingstone, spécialiste de la littératie aux médias numériques, « plus les médias imprègnent tout dans la société, notamment le travail, l’éducation, l’information, la participation civique et les relations sociales, plus il est essentiel que les gens soient informés et capables de juger de manière critique le contenu qui est utile ou trompeur, de comprendre comment les médias sont réglementés, qui sont les médias dignes de confiance, et quels intérêts commerciaux ou politiques sont en jeu. Bref, l’éducation aux médias est nécessaire non seulement pour interagir avec les médias, mais aussi pour interagir avec la société par le biais de médias[1]. »

____________

[1] Livingstone, S. (2018). « Media literacy – everyone’s favourite solution to the problems of regulation ». Media @ LSE. Consulté à l’adresse : https://blogs.lse.ac.uk/medialse/2018/05/08/media-literacy-everyones-favourite-solution-to-the-problems-of-regulation/. [traduction]

Source : Qu’est-ce que l’éducation aux médias? HabiloMédias.

Par exemple, le journal Le Monde s’implique dans l’éducation aux médias en publiant en 1979 un guide sous le titre « Lire le journal – Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques » signé par deux de ses journalistes, Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau.

La même année, toujours en France, un programme interministériel voit le jour sous le nom « Jeunes Téléspectateur actif » (JTA). Le terme « Actif » s’oppose ici à « Passif »; on s’interroge sur l’influence de la télévision sur les jeunes compte tenu de leur passivité face à ce média. La psychologue Évelyne Pierre sera l’une des principales observatrices des impacts de ce programme.

DEUX EXPÉRIENCES SCOLAIRES DE FORMATION À L’AUDIOVISUEL : ICAV ET JTA

Brigitte Chapelain, Université Paris XIII

Parmi les expériences d’intégration de l’audiovisuel à l’école, deux expérimentations, très différentes, l’Icav (Initiation à la culture audiovisuelle), démarrée en 1966, et le programme JTA (Jeune Téléspectateur Actif), lancé après 1975, sont à la fois les plus symboliques et les plus abouties. Elles reflètent le désir d’une interaction entre les pratiques pédagogiques, la formation et la recherche, et elles témoignent d’une effervescence pionnière tentant d’utiliser un appareil théorique issu des Sciences de l’information et de la communication.

A priori, ces deux expérimentations présentent de nombreux points communs : des organisations pensées et structurées en termes de formation et d’objectifs éducatifs ; des programmes, ou tout au moins des outils et des dispositifs pédagogiques mis à la disposition des enseignants ; une évaluation scientifique et institutionnelle pour s’interroger sur une éventuelle généralisation. Par ailleurs, ces deux formes d’intégration de la communication audiovisuelle dans l’éducation secondaire n’ont pas été expérimentées au niveau national, mais laissées à la responsabilité des instances régionales.

Leurs différences s’expliquent par un décalage de dix ans durant lequel ont évolué les Sciences de l’information et de la communication, ainsi que les théories de l’apprentissage, la pratique sociale des médias et la gestion institutionnelle de l’innovation.

Lire la suite

Source : Chapelain, B. (2007) . Deux expériences scolaires de formation à l’audiovisuel : Icav et Jta. Hermès, La Revue, n° 48(2), 53-60. https://doi.org/10.4267/2042/24098.

À l’époque (1960-1980), certains médias hésitent à s’impliquer, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique, au Québec, parce qu’ils perçoivent l’éducation aux médias comme ayant pour but de critiquer leur travail et ses résultats, c’est-à-dire les informations qu’ils offrent à la population. Mais là n’est pas le but de l’éducation aux médias. Il faut bien lire le sous-titre du livre « Lire le journal » :

« Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques »

Il s’agit alors de « comprendre et expliquer » le fonctionnement des médias d’information en vue de permettre aux utilisateurs de formuler une critique sur des bases solides. Par exemple, on s’attend à ce que le lecteur ne se limite plus à une simple affirmation : « Je n’aime pas cet article ». Mais qu’il puisse proposer une analyse plus fine : « Je n’aime pas le chapeau et le titre de cet article mais le contenu est intéressant même si je n’en partage pas la conclusion (la chute) ». Autre exemple, le jugement « Je n’aime pas cette émission de télévision », on espère une argumentation mieux informer : « Je n’aime pas le scénario ou la réalisation, ou encore l’animation, de cette émission ». Il s’agit simplement de savoir de quoi l’on parle, d’où l’intérêt pour le fonctionnement des médias, leurs mécanismes, de la cueillette de l’information à son traitement en passant par la vérification.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’objectif de l’éducation aux médias : développer de l’esprit critique des consommateurs de média plutôt que d’apprendre à formuler des opinions éditoriales.

On se souviendra du temps où nous disions « Si c’est dans le journal, c’est que c’est vrai ». La confiance envers les médias était quasi inébranlable. On ne voyait l’utilité de douter du contenu des médias. Nous pouvions être en accord ou en désaccord avec une prise de position éditoriale mais nous n’avions pas la connaissance et l’expertise pour remettre en question l’information elle-même, dite objective, même si notre réaction demeurait subjective.


Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


L’éducation aux médias des années 1960-1980 fut donc la première étape de l’introduction officielle de la formation de l’esprit critique des élèves dans les programmes scolaires avec effets sur la population en générale.

L'esprit critique consistait alors à savoir de quoi on parle.

La démarche pédagogique se voulait à la fois théorique et pratique. Par exemple, après la théorie sur le fonctionnement de la télévision, on demandait aux jeunes de concocter eux-mêmes un bulletin d’information télévisé.

Dans les années 1980, ma partenaire et moi, fondateurs du Club d’Initiation aux médias, le tout premier organisme québécois d’éducation aux médias, nous sommes allés un peu plus loin dans notre expérimentation du programme Jeune Téléspectateur Actif. L’atelier au cours duquel les jeunes enregistraient leur bulletin de nouvelle télévisée se déroula en présence de journalistes des grands médias de la Capitale nationale (Québec, Québec). L’atelier pris fin avec une conférence de presse des jeunes interrogés par les journalistes présents. Nous nous attendions à une couverture de presse des principaux médias invités et ce fut le cas. Ainsi, l’atelier suivant, le lendemain, permis aux élèves de constater le traitement de l’information par ces médias, c’est-à-dire qu’est-ce qui avait été mis de l’avant par les journalistes, comment et avec quelle ampleur.

Le quotidien le plus populaire de la région titra sa première page, la une, avec une citation tirée de la réponse d’un élève à la question d’un journaliste : « S’il n’y avait plus de télé, je me suiciderais ». D’autres médias offrirent un traitement tout aussi surprenant.

Vous pouvez imaginer facilement les réactions des élèves face à ce traitement de leurs réponses aux questions des journalistes. Et cette fois, l’esprit critique faisait une place au doute, à un doute sur la pertinence du rapport médiatique de leur expérience. L’esprit critique de ces élèves devint, non plus une simple théorie appliquée à une expérience pratique, mais une étincelle qui alluma un feu en leur conscience. Le traitement journaliste fut pour les uns un trauma et pour les autres une révélation qui changea leur appréciation des médias d’information.


Quand l'esprit critique naît d'une étincelle révélatrice ou traumatique, il éclaire à jamais la conscience.

La question de la désinformation sur le web, notamment sur les réseaux sociaux, propulse à nouveau la nécessité de l’esprit critique à l’avant de la scène au sein de nos institutions d’enseignement et tout comme au sein de la population.

Mais tant et aussi longtemps que l’esprit critique demeure une théorie, il est intellectualisé davantage que pratiqué. Et si les exercices pratiques proposés pour l’acquérir et le développer donnent en exemple les efforts intellectuels à déployer, il ne servent alors qu’à donner raison à la théorie. Dans ce cercle, l’esprit critique devient un sujet de plus en plus populaire sans pour autant l’expliciter.

Esprit critique

Détrompez-vous !

1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ?

 Il faut faire preuve d’esprit critique.  Cette expression, entendue dans des contextes variés, sonne souvent comme une évidence. La sensibilisation à l’esprit critique, spécifiquement dans le monde de l’éducation, est un enjeu majeur face à une surabondance d’informations erronées. Toutefois, la notion d’esprit critique est rarement explicitée. Quelle définition pourrait en être donnée ?

Esprit critique, 1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ? Universcience, Palais des découverte.

Esprit critique et esprit scientifique

J’apprécie le rapprochement entre « esprit critique » et « esprit scientifique » dans les offres pédagogiques, l’un n’allant pas sans l’autre.

Les principes du projet « Esprit scientifique, Esprit critique »

Ce projet thématique propose aux élèves ainsi qu’à leurs enseignants de découvrir les outils propres à développer notre esprit critique, en s’appuyant sur l’enseignement de la méthode scientifique. Son objectif est d’aider l’élève à les mobiliser de manière pertinente dans différentes situations, et notamment dans leur vie quotidienne.

Pour favoriser l’apprentissage de ces outils, deux stratégies pédagogiques doivent être mobilisées : premièrement, l’enseignant doit se montrer explicite quant à l’outil utilisé ; deuxièmement, il doit multiplier les situations où l’outil est nécessaire.

Nous avons choisi de produire des ressources pluridisciplinaires, qui s’ancrent sur toutes les sciences et même d’autres disciplines (mathématiques, histoire et géographie, français, éducation aux médias et à l’information). Nous pensons que la pluridisciplinarité crée le cadre pour mettre en place ces deux stratégies. En multipliant les exemples et en diversifiant les situations où un même outil se révèle pertinent, on donne à l’élève les moyens de s’affranchir du contexte d’apprentissage et de transférer le savoir-faire acquis.

Enseigner l’esprit critique fondé sur l’esprit scientifique exige de comprendre soi-même les enjeux qui sous-tendent ce défi. Les pages qui suivent se proposent de fournir une base de réflexion. On portera l’attention sur les capacités et attitudes qui nous guident dans la recherche et collecte d’informations, les obstacles et les solutions « expertes » que la science a su développer au cours du temps. Révéler les obstacles est indispensable pour aller à l’encontre de ceux-ci et apprendre à se construire des connaissances plus solides et fiables.

Esprit scientifique, Esprit critique – Cycle 3, Projets, Fondation La main à la pâte.


Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives.

On peut faire preuve d’esprit scientifique dans une variété de domaines et de disciplines. Au cours de ce séminaire, nous avons donc proposé des activités et des pistes de réflexion qui, tout en s’inspirant des méthodes de la science, concernent en réalité toutes les disciplines.

L’éducation à l’esprit critique, telle qu’elle a été abordée, n’est pas une « écoute du doute » ou de la méfiance. Elle poursuit au contraire un objectif pluridisciplinaire d’outillage du raisonnement de l’élève. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4, éduscol | Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche | Dgesco


De l’art de conjuguer esprit critique et démarche scientifique

En science, il ne suffit pas de posséder un savoir encyclopédique pour donner une lecture interprétative d’un monde en progrès. Il faut aussi savoir conjuguer la démarche scientifique et l’esprit critique.

The conversation, Academic Journalism Society


Esprit scientifique, esprit critique

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet en outre de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Eduscol. (2018, 26 mars). Esprit scientifique, esprit critique – Intervention d’Élena Pasquinelli , in Esprit scientifique, esprit critique. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/q957-cd56. (Consultée le 10 février 2025)

VOIR AUSSI

Pasquinelli, E., Farina, M., Bedel, A. & Casati, R. (2020). Définir et éduquer l’esprit critique [Rapport]. Institut Jean-Nicod. (PDF)

Pasquinelli, E., Bronner, G. et al. (2021). Éduquer à l’esprit critique – Bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement et la formation [Rapport]. CSEN. (PDF)

Ainsi, l’esprit scientifique est le meilleur moyen d’acquérir un esprit critique. La définition de l’esprit scientifique impose la « méthode scientifique ». Et ici encore, l’enseignement de la méthode scientifique ne suffit pas pour acquérir un esprit scientifique; il faut la vivre en conscience.

Mais sans conscience de la conscience rien ne peut y pénétrer volontairement. Et cette conscience de la conscience, une conscience de soi, demande un certain recul face à soi-même, une prise de conscience de soi pouvant mener à une prise de conscience du « Comment je connais » Nous revenons donc à la base de la philosophie de Socrate : « Connais-toi toi-même ». L’esprit critique s’inscrit donc d’abord et avant tout dans la connaissance de soi, y compris de ses propres “mécanismes” de pensée.

La majorité du temps, on se contente de penser sans penser à comment on pense avec le regard sur le résultat, la pensée exprimée. Les pensées nous viennent sans que l’on sache le « où-quand-comment-et-pourquoi » de chacune. Certes, nous trouverons toujours une justification, au besoin, mais ce n’est pas une préoccupation a priori.

Être une révélation pour soi-même

Découvrir comment je connais peut être très révélateur de soi à soi. Pour y parvenir, il faut ne pas prendre pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense. Autrement dit, si nous fondons notre valeur sur la valeur que nous accordons à nos pensées, il nous sera difficile de remettre en cause nos pensées, plus particulièrement, nos opinions. Nous nous imposons inconsciemment d’avoir raison, d’être dans le vrai, pour respecter notre valeur. Dans ce cas, nous sommes emprisonnés en notre esprit sans faille, sans aucune entrée de lumière. Bref, nous visions alors dans un système sans faille, dans le noir. Car la lumière ne pourra entrer en notre esprit qu’avec une faille. Et sans cette lumière sur nous, il est impossible de nous connaître.

Si nous visons depuis longtemps dans un système sans faille, dans le noir, la moindre petite faille qui laissera entrer un peu de lumière nous aveuglera. La réaction est alors de vite colmater cette faille en trouvant le moyen de se donner raison, de garder raison.

Or, notre valeur ne provient pas de la valeur que nous attribuons à nos pensées mais du fait que nous possédons la faculté de penser. « La “machine” avant le résultat » ou « Sans la “machine”, pas de résultat ». Ce que je pense a moins d’importance que le fait même que je pense car… « Je pense, donc je suis ». Il n’est pas dit « Je pense ceci ou cela, donc je suis ». « La valeur d’une maison ne repose pas sur l’ameublement qu’elle contient mais d’abord et avant tout sur le fait même qu’elle existe et qu’elle puisse remplir sa fonction. »

Vivre dans un esprit sans faille, un esprit qui a toujours raison, c'est se priver de lumière, c'est vivre dans le noir.

Le rôle de la faculté de penser n’est pas de nous donner raison. Il n’est pas d’esprit critique si tout ce qui importe est d’avoir raison. Notre valeur tient donc dans notre capacité à penser et non dans les pensées qui en résultent.

Une grande partie de notre esprit critique prend ses sources dans notre capacité à penser et dans notre pouvoir d’analyse pour prendre les bonnes décisions et les actions pour vivre mieux.

Gilles Julien, pédiatre social, Avons-nous encore le droit et la possibilité de penser?, Libre opinion, Le Devoir, 10 octobre 2023.

La prise de conscience de la valeur intrinsèque de notre faculté de penser permet à cette dernière de s’interroger sur elle-même, de se demander pourquoi je pense, comment je pense, comment je peux être bénéfique à celui ou celle qui me pense, bref comment je peux penser mieux, penser juste. La faculté de penser demande, à l’instar de toute autre faculté, à être formée. Ainsi, la connaissance d’elle-même et les qualités acquises par la faculté de penser donnent aux pensées toute leur valeur.

Une faculté de pensée molle donnera des pensées molles. Une faculté de penser qui pense de travers donnera des pensées de travers. Une faculté de penser sous l’influence de biais cognitifs donnera des pensées biaisées. Imaginez une faculté de penser au prise avec les biais cognitifs ci-dessous.


Liste de biais cognitifs

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul
et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    • L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    • L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


À elle seule, cette liste a été une autre grande révélation pour moi en ma conscience. Je pouvais cocher chacun des dix biais cognitifs de la liste proposée par le docteur David D. Burns dans son livre « Être bien dans peau — Traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur ». Cette liste a raisonné en ma conscience parce que j’étais ouvert à toutes les remises en question possible depuis mon adolescence. J’avais entendu à la radio :

« La lumière entre par les failles. Ceux qui vivent dans un système sans faille demeure dans le noir. »

Si cela ne m’a pas empêché d’être une victime inconsciente de biais cognitifs, c’est que je pensais, toujours à mon adolescence, qu’être un adulte donnait le pouvoir de se donner raison sur les autres. C’est du moins l’image que me renvoyait mes adultes de mon entourage. Ils avaient raison et ils parlaient avec une telle force de conviction qu’il valait mieux les observer plutôt que de tenter d’intervenir. Je savais que j’avais tort avant même d’ouvrir la bouche avec ces adultes, sans doute en raison de ma jeunesse et de mon manque d’expérience.

« Tu atteins toujours tes objectifs
mais il faut bâtir un cimetière après ton passage
»

Cette attitude des adultes de mon entourage a eu un effet inattendu sur moi : j’ai cru qu’il s’agissait là de la seule et unique façon de d’exploiter ma faculté de penser et de vivre mes relations interpersonnels. En fait, j’avais la ferme conviction que tout le monde vivait ainsi, sauf ma mère. Il n’y avait qu’un seul modèle à suivre, celui du fonceur pur et dur. À l’époque, une institution financière au premier rang au Québec, avait lancé une campagne publicitaire auprès des jeunes sous le thème « Foncer, c’est permis » qui me rassura davantage.

Mais n’allez pas vous imaginer que j’avais conscience d’être un fonceur. Je fonçais sans me questionner. Je commettais une erreur, je me relevais et je fonçais de nouveau, toujours sans me questionner.

Au début de la trentaine, j’ai fait quelque chose qui ne se fait pas : j’ai critiqué la présidence de l’organisme qui retenait mes services en m’adressant directement les autres membres du conseil d’administration. Cette remise en question la présidence a entraîné la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration, non pas décidé de ma critique du président, mais plutôt pour décider s’il fallait ou non me congédier.

La décision de me garder en poste fut prise et c’est le président en personne qui avait la mission de me l’annoncer lors d’une rencontre privée en tête-à-tête le lendemain. J’ai été sérieusement sermonné et avec raison par le président. Il me confirma la pertinence de ma critique de sa présidence mais il désapprouvait vivement ma démarche. Je retiens de cette rencontre l’une de ses observations sur ma conduite : « Tu atteins toujours tes objectifs mais il faut bâtir un cimetière après ton passage ». Il me soulignait le peu d’attention que j’accordais aux personnes sur le chemin de mon objectif. Ma conscience a gravé cette phrase en ma mémoire pour toujours. On m’avait déjà dit dans le passé qu’ « on ne se taillait pas une place dans la vie en marchant sur la tête des autres » mais, cette fois, c’était plus grave. Il y avait des “morts”. La lutte mon changer mon comportement ne fut pas aisé en raison de mon penchant naturel de fonceur, ce dernier demeurant en place malgré mes efforts. « Chasser le naturel et il revient au galop ».

« J’ai l’impression d’être passé sous un train »

À la mi-trentaine, c’était inévitable, le fonceur naturel frappa un autre mur. Un événement inédit dans la conduite de mes affaires à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing me fit perdre pied. J’ai été battu sur un appel d’offres pour la première fois de ma vie professionnelle.

J’ai décrit la situation à une psychologue enseignante en entrepreneuriat en ces mots : « J’ai l’impression d’être passé sous un train », ce qui venait de me faire perdre tous mes moyens et l’événement leva un sérieux doute sur mes capacités entrepreneuriales. J’étais profondément traumatisé. La confidence à cette psychologue enseignante suivait le tout premier cours du cursus d’une formation à l’entrepreneuriat dont le titre me surprenait : « Connaissance de soi ». Par association incongrue, je me demandais ce que Socrate venait faire dans cette formation de futurs entrepreneurs mais j’ai compris. Si on enseigne qu’il faut bien connaître ses fournisseurs et ses clients, il faut d’abord et avant tout bien se connaître soi-même.

Et en abordant la question des « Styles interpersonnels » de ce premier cours, je me reconnaissais puisque mon style « Fonceur » s’inscrivait dans la liste. Mon étonnement fut de constater qu’il y avait une liste, que plus d’un style interpersonnel existait. Je percevais tout le monde comme des fonceurs et, qui plus est, dans une cohorte composée uniquement de futurs entrepreneurs. Ensemble, nous devions déterminer le style interpersonnel de chaque participant. Le groupe questionnait chaque participait à tour de rôle et, selon ses réactions et son comportement, nous devions nous prononcer sur son style interpersonnel. Mon tour venu, les autres participants me bombardèrent de questions auxquelles je répondais plus instantanément, il me fallait un temps de réflexion, moi qui, auparavant, avait réponse à tout tout le temps. Ce temps de réflexion quasi-automatique m’étonnait grandement. Ce n’était pas dans mes habitudes de fonceur et mes collègues de classe ne m’attribuèrent pas ce style, ce qui m’étonna davantage. C’étaient-ils tous trompé ?

Le cours terminé, j’ai discuté en privé avec la psychologue pour lui demander : « Est-ce qu’il advient que l’on puisse changer de style interpersonnel ? » « Oui, cela est possible, surtout à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme ». « C’est sans doute ce qui m’arrive puisque j’ai l’impression d’être passé sous un train récemment en perdant un appel d’offres pour la première fois de ma vie » ai-je précisé.

Je suis rentré chez moi avec les Notes du cours « Connaissance de soi » remises par la psychologue enseignante en les considérant comme un trésor, une découverte qui changea à jamais ma vie.

Et ce, d’autant plus que ces notes de cours comprenaient des instructions précises à suivre pour adopter la bonne approche avec chacun des quatre styles interpersonnels et dont je fis l’expérience sur le terrain avec beaucoup de succès au cours des années suivantes, encore et toujours avec un étonnement soutenu. Les professeurs suivants des autres cours avaient insisté sur le fait que les statistiques veulent que des 100% des efforts déployés pour recruter un nouveau client, seuls 20% porteraient des fruits. Je vivais, avec cette histoire des styles interpersonnels, tout le contraire en obtenant 80% de succès dans mon recrutement de nouveaux clients. Je n’en revenais pas. Je n’étais connu ni d’Ève ni d’Adam dans mon nouveau domaine d’expertise, et 80% des gens d’affaire sollicités devenaient mes clients. Le succès fut tel que ma partenaire et moi, avons du ralentir le recrutement de nouveaux clients de peut de ne pas être capables de répondre à la demande.

Je suivais les instructions quasi-aveuglément car je ne comprenais pas vraiment comment ça marchait cette affaire des styles interpersonnels. Mais, devenu Analytique et ayant désormais besoin du maximum d’information, j’ai creusé l’affaire.

Une autre surprise de taille : l’esprit scientifique

En parallèle, une autre surprise m’attendais pendant mon auto-apprentissage à mon nouveau domaine d’action : les études de motivation d’achat des consommateurs, une forme de recherche prédictive du succès ou de l’échec d’un nouveau produit ou la relance d’un produit existant.

Une surprise de taille : l’esprit scientifique ! Je dévorais chaque page de chacun des quinze livres signés par le pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs et dans lesquels il offrait des rapports détaillés des succès de ses clients. La particularité des ces études de marché : elles se fondaient sur la science, la science dure. Ce chercheur apportait à la recherche marketing toute la scientificité dont elle avait cruellement besoin.

Il avait trouvé une erreur fondamentale dans le choix original de l’objet d’étude des recherches en marketing. Jusque-là, le marketing, cherchant à devenir une discipline à part entière au sein des universités et ainsi s’émanciper des cours en management et direction des affaires, plaidait sa cause en soutenant que son objet d’étude était les consommateurs. Dans le contexte de l’arborescence des disciplines universitaires, le marketing se retrouvait ainsi classé, en raison de son objet d’étude, parmi les sciences humaines ou, pour le dire plus simplement, dans la famille des sciences inexactes par opposition à celle des sciences exactes, tel que la physique. Depuis, la recherche marketing se fonde essentiellement sur les sondages auprès des consommateurs et les groupes de discussion (focus group). Le résultat est clair : seulement un nouveau produit sur dix rencontre le succès de vente espéré, soit un taux d’échec de 90%. Et lorsqu’il y a un succès, ne ne peut pas le répéter à volonté puisqu’on ne connaît les clés du succès. En publicité, ont dit que 50% des publicités atteignent leurs objectifs mais on ne sait pas pourquoi à coup sûr.

Ceci dit, où est donc l’erreur fondamentale de la recherche marketing trouvée par le chercheur américain : dans le choix de l’objet de la recherche. Le bon objet de la recherche, c’est le produit lui-même. Et puisqu’il s’agit d’un objet physique, on peut parler d’une science exacte, à l’instar de la physique. Il ne s’agit plus de sondages et de groupes de discussion mais plutôt de tester des produits et puisque tester est un processus scientifique, il faut l’appliquer à la recherche marketing. C’est simple : le produit plutôt que les consommateurs comme objet d’étude. Le marketing devient une science exacte. Tant mieux si vous pouvez le croire car près de 99% des gens de marketing refuse d’y croire, par manque d’esprit scientifique – d’esprit critique. Et il en va de même au sein des universités.

Je fais rapport de mon expérimentation de cette approche scientifique de la recherche marketing auprès d’entreprises québécoises dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » offert gratuitement en format numérique (PFD). Et ça fonctionne très bien à chaque fois grâce aux tests réalisés méticuleusement dans le respect du processus scientifique. De vendeur d’idée à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing je suis devenu « testeur » des propositions des autres. Mes opinions n’avaient plus autant d’importance que les tests auxquels soumettre les propositions de nouveaux produits.

Le chercheur américain a éveillé ma conscience à la méthode scientifique en s’y référant à de nombreuses reprises dans ses écrits et les résultats de mes expérimentations avec différentes entreprises confirmèrent sa scientificité. De là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que je me penche sur la « connaissance et de la connaissance », sur le “comment” la science produit du savoir, sur l’importance du doute… « La connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su, rien n’est jamais acquis définitivement » ai-je découvert. Il n’est donc plus important désormais de se donner raison, pas plus que de chercher à avoir raison. La méthode scientifique est une lutte constante contre nos opinions.

J’aime bien la définition de la science donnée par l’historien philosophe des sciences et professeur de chimie et de physique, Gaston Bachelard, dont le livre La Formation de l’esprit scien­tifique(7) fait autorité en la matière. « Il définit la science comme un combat, un refus de ses propres opinions »(8), pour moi, un refus de ce qu’on prend d’emblée pour vrai, puisqu’une opinion est par définition prise pour vraie.

____________

NOTES

  1. Bachelard, Gaston, La formation de l’esprit scientifique, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 1938, Seizième édition, 1999. (Disponible en livre de poche).
  2. Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107.

Le professeur Jean-Marie Nicolle, dans son livre « Histoire des méthodes scientifiques » formule en ces mots la démarche :

« La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal ».

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

N’y a-t-il pas là un nouvel élément ? Qu’est-ce que vous inspire : « par destruction du déjà su » et « contre une connais­­sance antérieure » ? La réponse doit préciser qu’est-ce qui peut détruire le déjà su. Seul un doute au sujet d’une connaissance déjà établie (pour vrai) peut détrôner cette dernière. Si je ne doute pas de la connaissance établie, il n’est aucune raison de croire que je sais mal. Si je doute d’une connaissance établie, mon doute détruit cette connaissance et c’est sur ces ruines que s’installera une nouvelle connaissance, plus certaine, jusqu’à ce qu’un doute vienne la détruire à son tour, pour une connaissance encore plus certaine. Lorsque je crois en une connaissance, j’accepte l’éventualité de devoir l’abandonner si un doute survient. Le bénéfice du doute, c’est la certitude… jusqu’au prochain doute !

Mais notre habitude de prendre pour vraies les évidences se pose comme un obstacle au doute assurant le développement de la connaissance. Gaston Bachelard introduit la notion d’« obstacles épistémologiques », de épistémè, savoir.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir
un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

“1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L‘obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en famille. (…)

5. L‘obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique.

Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (sub-stans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L‘obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction.”

Source : Jean-Marie Nicolle, Histoire des méthodes scientifiques – Du Théorème De Thalès à La Fécondation In Vitro, Bréal, Rosny, France, 1994, pp. 108-114. En référence à : La Formation de l’Esprit Scientifique, Gaston Bachelard, 1934.

P.S.: Voir notre article au sujet du livre «Histoire illustrée des méthodes scientifiques » de Jean-Marie Nicolle (2024).

Ma lecture de ces deux ouvrages (Histoire des méthodes scientifiques et La formation de l’esprit scientifique) entretient ma curiosité d’un étonnement à l’autre. Elle m’incite à faire le ménage dans le « comment » je connais. Elle déplace mes opinions sur mon échelle hiérarchique au profit de la connaissance acquise dans le respect des méthodes scientifiques. « Je me trompe souvent mais mes recherches ne se trompent jamais » écrira le chercheur américain pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs, fort de sa méthode scientifique.

Ensuite, j’ai suivi le cours en ligne « Science, éthique et société » donné par Olivier Clain, professeur de sociologie à l’Université de Laval (Québec, Québec). Selon Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées ». (Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval). Le cours Science, éthique et société est disponible en ligne en libre accès sur Canal U.

Je garde en mémoire ma découverte du terme « obstacles épistémologiques » introduite par Gaston Bachelard. Jean-Marie Nicolle en parle en ces mots :

« La nouveauté de sa réflexion tient à la découverte des obstacles épistémologiques. Ce ne sont pas des obstacles extérieurs, comme la difficulté d’observer les phénomènes, de les mesurer, d’expérimenter sur eux; ni des obstacles techni­ques liées à la mise au point d’instruments au service de la science; ce sont des phénomènes internes à l’esprit même du chercheur. G. Bachelard a emprunté à la psychanalyse le concept de résistance. Une résistance est tout ce qui, dans les actions et les paroles d’un patient, s’oppose à l’exploration, par celui-ci, de son inconscient (ex. : fatigue, oublis, refus d’une interprétation, impatience, etc.)

L’obstacle épistémologique est une résistance au déve­loppement de la connaissance, interne à l’acte de connaître. C’est dans l’esprit du chercheur, dans sa démarche intellectuelle elle-même que l’on trouve des barrières, des obstacles au progrès de la connaissance. Ces obstacles sont bien entendu involontaires. »

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

Et me voilà plongé dans une nouvelle étude, l’épistémologie :

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Source : Épistémologie, Dictionnaires Le Robert.

Gaston Bachelard nous propose ces quatre exercices disciplinaires pour conduire notre intelligence avec rigueur(13) :

1. La catharsis intellectuelle : toute culture scientifique doit commencer (…) par une catharsis intellectuelle et affective, c’est-à-dire par une véritable purification des préjugés, des idées toutes faites, des opinions admises. C’est une condition préalable pour qui veut vraiment entreprendre une recherche intellectuelle. Bachelard reprend ici la tradition philosophique, qui, depuis Socrate en passant par Descartes, exige la rupture avec la doxa (l’opinion) pour penser librement par soi-même.

2. La réforme de l’esprit : il faut éduquer convenablement son esprit, c’est-à-dire non pas le remplir de connaissances jusqu’à saturation, mais le former avec méthode. Plus précisément, il faut apprendre à son esprit à se réformer sans cesse, à ne jamais s’installer dans des habitudes intellectuelles qui deviennent vite des carcans; il doit être capable de renoncer à une théorie à laquelle il était attaché, il doit être capable de refondre totalement le système de son savoir chaque fois que c’est nécessaire. Il faut avoir un esprit souple

3. Le refus de l’argument d’autorité : comme nous l’ont appris les savants de la Renaissance, il faut savoir rompre avec le respect pour les autorités intellectuelles, quel que soit leur prestige. Un épistémologue irrévérencieux disait, il y a quelque vingt ans, que les grands hommes sont utiles à la science dans la première moitié de leur vie, nuisibles dans la seconde moitié. Effectivement, dès qu’un chercheur devient célèbre, il acquiert une autorité intellectuelle et morale qui peut gêner ses étudiants. Pour progresser, ceux-ci doivent souvent rompre avec les idées de leur maître, ce qui n’est pas toujours facile lorsque celui-ci détient le pouvoir d’orienter les travaux de recherche, les thèses, les carrières, etc. À ceux qui veulent apprendre, c’est souvent une gêne que l’autorité de ceux qui leur donnent leur enseignement, écrivait Cicéron.(14)

4. L’inquiétude de la raison : il ne faut jamais laisser sa raison en repos (quies); il faut l’inquiéter, la déranger. Il ne faut pas s’installer dans la sympathie avec une doctrine. La sympathie enlève l’esprit critique, la liberté de jugement. Il ne faut jamais se sentir à l’aise avec ses propres idées, il faut se remettre toujours en question. Celui qui ne s’interroge plus se sclérose. L’esprit qui finit toujours par dire oui s’endort. Penser, c’est dire non, pensait Alain. »(15)

____________

NOTES

(13) Tel que rapporté par : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

(14) Homme politique et orateur latin, 106 – 43 av. J.-C. Le Petit Larousse Illustré.

(15) Gaston Bachelard fait référence à Émile Chartier, dit Alain, « essayiste français » (1868 – 1951). Le Petit Larousse Illustré.

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

La rupture avec l’opinion revient très souvent à une rupture avec ce que l’on admet pour vrai parce que nous prenons pour vrai nos opinions, elles est notre vérité.

« Lorsque quiconque avance une affirmation qu’il prétend être une vérité, lorsqu’il veut la faire reconnaître et partager comme telle (comme une vérité), on est toujours en droit de lui demander « pourquoi devrais-je vous croire? ». Selon les domaines et les circonstances, les réponses peuvent être très diverses : on peut invoquer l’expérience quotidienne, la pratique, un témoignage, l’autorité de quelqu’un de reconnu comme compétent, la tradition, une révélation, l’intime conviction, l’intuition, le raisonnement, le sentiment d’évidence, et encore bien d’autres raisons de croire. »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, pp. 21-22.

La science procède autrement :

« Les affirmations scientifiques, elles, devraient en principe appuyer leur validité sur des arguments à la fois empiriques, rationnels, et publics. À la question ci-dessus, le scientifique devrait pouvoir répondre : « voilà l’expérience ou l’observation que j’ai réalisée et les raisonnements que j’ai faits pour en tirer mes conclusions. Vous pouvez les refaire, je vous donne toutes les indications nécessaires pour cela, vous verrez que vous aboutirez au même point que moi ». »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 22.

Quelle différence remarquez-vous? Lorsqu’un scientifique avance une affirmation qu’il prétend être vraie, il doit la soumettre à l’approbation publique. Dans notre vie privée, nous nous contentons souvent de nous approuver nous-mêmes. Nous jugeons nous-mêmes si nous pouvons être certains ou non, par conséquent, notre capacité à reconnaître nos erreurs est réduite uniquement à notre propre expérience.

Le scientifique ne saurait se contenter d’une preuve personnelle, il la soumettra aux d’autres :

« Une preuve scientifique doit pouvoir s’imposer à toute personne suffisamment informée; obtenir le consensus est donc une visée de tout effort de recherche. La connaissance scientifique est, par sa nature même, partageable. (Un chimiste anglais, Ziman (1968), a forgé pour cela l’adjectif  “consensible”, c’est-à-dire susceptible d’être l’objet d’un consensus, pour exprimer la même idée ».

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 23.

Dans ce contexte, je prends conscience qu’il vaut mieux valoriser la connaissance “consensible”, « susceptible d’être l’objet d’un consensus ». Mais attention, en dehors de la sphère scientifique, il y a des consensus que je qualifie de « créatifs », c’est-à-dire inventés et sans preuve suffisante mais auxquels le grand nombre d’adhésions donnent l’impression d’un consensus.

Les quatre « P » du marketing soumis au doute scientifique

J’ai creusé la question du consensus dans ma sphère d’activité, soit autours des quatre piliers ou quatre « P » du marketing (Produit, Prix, Place, Promotion) (Price, place, product, promotion). L’étudiant universitaire en marketing les découvrira dans le manuel choisie par son professeur. Il abordera la question des quatre « P » du marketing comme faisant consensus au sein de sa discipline. À prime abord, il n’a aucune raison de remettre en question les quatre « P ».

La logique impose ainsi que l’on prennent d’abord soin du produit, que l’on en fixe le prix ensuite, puis la place qu’il occupera dans sa catégorie (ou la place qu’il occupera en magasin), pour terminer l’exercice avec la promotion du produit.

Dans ma pratique de la recherche marketing dans les années 1990, plusieurs de mes clients, les vice-président et les directeurs du marketing, arrivaient en bout de course en constatant qu’il n’y a plus d’argent pour la promotion, notamment la publicité. Je me suis demandé pourquoi il en était ainsi, d’autant plus que plusieurs autres dirigeants en d’autres entreprises faisaient le même constat. Est-ce que l’épuisement des ressources financières pour la promotion découlait d’un simple manque d’argent ou d’une erreur de planification ?

J’ai donc fouillé la question des quatre « P ». Presque tous les livres de formation universitaire abordent le sujet. J’en ai consulté plusieurs pour constater que leurs auteurs agissaient comme si la structure du marketing ne tenait qu’à eux. Certains affirment qu’il y a quatre composantes majeures − les 4 P − et d’autres qui soutiennent qu’il y en a cinq, six voire huit et même dix.

Parmi les tenants des 4 P, il y en a qui placent la Publicité avant le Prix, d’autres le Prix avant la Publicité,… Il y en a aussi qui font de l’emballage un des 4 P et d’autres qui incluent l’emballage avec le produit.

En d’autres mots, après plus de cinquante ans d’étude, il n’est toujours pas de consensus sur le nombre de composantes, sur les éléments de ces composantes et l’ordre ou la place spécifique occupé par chaque composante dans la structure, tout comme la place occupée par chaque élément dans chaque composante. Il faut le faire : réinventer la structure du marketing d’un livre à l’autre. Ainsi, la structure du marketing n’est pas la même selon que vous fréquentez telle ou telle université. C’est vrai que dans les fausses sciences, bien des largesses sont permises.

S’il ne reste plus d’argent pour la promotion ou la publicité, c’est parce qu’elle se retrouve en dernière place des quatre « P », c’est-à-dire après la fixation du « Prix ». Or, ce dernier devrait venir en dernier afin d’inclure une part du budget de la promotion ou de la publicité. Plus encore, le « Prix » doit venir en dernier parce que la « Place » du « Produit » occupé sur les tablettes implique aussi un budget.

La plupart des gens considèrent le marketing comme une invention de l’homme; nous pouvons donc en modifier la structure par une simple pensée − une création purement intellectuelle.

La question des quatre « P » du marketing pose un autre problème : l’absence de fondation sur laquelle reposera les quatre piliers. sur quelle fondation repose ces quatre piliers ?

Le pionnier des études de motivation d’achat, le chercheur américain Louis Cheskin, écrit ceci dans son livre « Secrets of marketing success » :

“There is actually no single road to success. At least four roads have to be taken. I have found, however, that a marketing program should be viewed as a type of structure built around four pillars and on a solid foundation.”

Louis Cheskin, Secrets of marketing success, p. 8.

TRADUCTION  avec DeepL

« En fait, il n’y a pas de voie unique vers le succès. Il faut en emprunter au moins quatre. J’ai toutefois constaté qu’un programme de marketing doit être considéré comme une sorte de structure reposant sur quatre piliers et sur des fondations solides ».

Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l'homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est : exposition (par la distribution et la mise à l'étalage).
Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l’homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est l’exposition (par la distribution et la mise à l’étalage).

C’est en appliquant le doute dicté par la méthode scientifique que j’ai questionné la structure des quatre piliers du marketing. Le consensus ou plutôt les différents consensus d’une université à l’autre ne relavaient que de l’imagination créative, comme si, pour se distinguer dans la masse, il revenait à chaque groupe de bâtir son propre temple du marketing.

Dès que j’ai observé avec étonnement les différences des quatre « P » du marketing entre deux enseignements, je me suis questionné plutôt que de choisir l’un ou l’autre, comme l’esprit scientifique l’exige.

Je trouve l’origine primaire de cette attitude dans ma pratique du journalisme à la fin des années 1970 alors que j’étais encore aux études et au cours des années 1980. Formé par des rédacteurs en chef expérimentés intéressés à motiver un jeune talent, j’ai écrit des chroniques et des reportages pour différents médias. Si tout commence par la cueillette de l’information, l’étape suivante, la vérification de l’information s’avère cruciale. Et si cette vérification de l’information permet de conclure à un consensus général, il faut chercher s’il n’y a pas quelqu’un quelque part qui remet en cause de consensus.

Ma dernière année d’étude collégiale a mis à l’épreuve mes professeurs. J’assistais à mes cours en soumettant à mes professeurs des sources différentes de celles qu’ils avaient retenues. Pourquoi telle ou telle hypothèque plutôt que celles-là ? Pourquoi tel ou tel auteur plutôt que celui-là ? Cet auteur soutient le contraire dans son livre, pouvez-vous me dire si vous l’avez lu ? Et ainsi de suite, cours après cours. Moi, ce que j’attendais de ma formation scolaire, c’était qu’on m’enseigne comment chercher et évaluer les informations dont j’aurais besoin tout au long de ma vie, non pas que l’on choisisse pour moi.

J’avais quinze ans lorsque je me suis rendu à l’évidence que la lumière entre par les failles. Tout au long de ma vie, j’ai été sensible à la remise en question de ce qu’on m’enseignait, de ce que j’apprenais par mes propres expériences. Mais parfois, j’étais aveugle sur certains sujets, certaines attitudes et certains comportement de ma part.

Au début de la quarantaine, j’ai perdu pied, les deux pieds. Je me suis retrouvé à genoux, pour ne pas dire allongé au sol, lorsqu’un client de ma firme de notre firme de recherche en marketing m’a trahi et m’a entraîné dans sa faillite. Naïf, trop confiant, ma garde baissée, j’avançais encore avec des œillères. Ce fut un dépression, non pas psychologique, mais philosophique. Je venais de perdre toutes mes valeurs, mes convictions, mes croyances… Ce fut difficile, très difficile. En plus d’être victime des biais cognitifs dont j’ai fait mention ci-dessus, j’étais victime de rigidité émotive et intellectuelle par adhésions à une idée qui m’était très chère. Je percevais out compromis sur certains sujets, attitudes et comportements comme des sources de pollutions de mon authenticité, de mon identité. Autant j’étais ouvert d’esprit sur certaines choses, autant j’étais fermé, barricadé, sur d’autres.

Et c’est cette phrase étonnante de mon thérapeute à la fin de notre première rencontre, « Vous avez un problème de rigidité » qui allait enfin m’ouvrir les yeux au début des années 2000. Tous les jours de la semaine suivante, je me questionnais sur cette affirmation en essayant de trouver une réponse positive à ma soit-disant rigidité. « Les compromis, c’est de la pollution » me répétais-je en vue de ma prochaine séance de thérapie. Je ne me disais qu’il était important de faire des compromis en certaines circonstances mais plutôt qu’il valait mieux s’en tenir à sa perception, à son idées, à son attitude, à son comportement face à certaines personnes et à certaines circonstances. J’avais tort. Et le tout premier compromis que je devais faire était avec moi-même. Je devais m’accorder une marge de manœuvre plutôt que de rester figé en rejetant en bloc tout compromis. Ma thérapie fut un succès parce qu’elle créa une faille en mon esprit permettant ainsi à la lumière de m’éclairer à nouveau.


Conclusion

Dans cet article j’ai partagé une partie du parcours de mon esprit critique sous l’influence de l’esprit scientifique. Chaque étape s’enclenche à la suite d’un étonnement engendrant une étincelle en ma conscience. Chez moi, l’esprit critique n’est pas acquis définitivement d’un seul coup mais il se développe au fil du temps et des étonnements. La prise de recul n’est jamais complète et durable. Il faut sans cesse re-prendre du recul car nous avons tendance à nous prendre pour acquis à chaque étape de notre vie.

Se connaître soi-même implique d’abord et avant tout de connaître comment je connais.

Quand le philosophe Pierre Hadot nous propose « La philosophie comme manière de vivre », il nous invite, entre autre, à la permanence de l’esprit critique pour une conscience fondamentalement critique par elle-même. Il m’inspire à vivre en connaissance de cause.

Et le meilleur moyen de tenir éveiller ma conscience est de permettre à l’étincelle d’allumer un feu pérenne et, pour ce faire, de l’alimenter avec le combustible de la connaissance.

Désormais, je valorise davantage la connaissance que mes opinions sur cette connaissance.

Évidemment « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais). Je me dois d’adopter une « manière de vivre » vertueuse.


Tous nos articles

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

dossier-consulter-un-philosophe.01

Article # 116

J’AI LU POUR VOUS

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Ouvrage publié avec le soutien de l’Institut de recherches
philosophiques de Lyon (université Jean-Moulin-Lyon-III)

ISBN : 978-2-13-085449-4

Presses universitaires de France / Humensis

25 octobre 2023

Format : 15 x 21.3 cm

440 pages

EAN : 9782130854470

la-philosophie-comme-attitude-stephane-madelrieux-c1

la-philosophie-comme-attitude-stephane-madelrieux-c4

Télécharger l’image de couverture


TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

 * * *

Stéphane Madelrieux est professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3. Il est l’auteur de William James. L’attitude empiriste (Puf, 2008), de La Philosophie de John Dewey (Vrin, 2016) et plus récemment de Philosophie des expériences radicales (Seuil, 2022).

Source : Presses universitaires de France.


TABLE DES MATIÈRES

Introduction – Doctrine, méthode et attitude

Première partie – L’attitude pragmatiste

Chapitre 1 – Philosophie et tempérament

A Feast of Visions

A Storm of Moods

A Clash of Tempers

Chapitre 2 – À la recherche d’une méthode philosophique

Credo religieux ou méthode philosophique ?

Les dilemmes de la volonté de croire

L’attitude de l’enquêteur

La volonté de ne pas croire en Dieu

Chapitre 3 – L’esprit de la méthode pragmatique

Deux grandes orientations intellectuelles

Restriction de l’enquête

Catégorisation a priori de l’expérience

L’esprit de système

Pour un pragmatisme sans base

L’esprit anglais

Méthode pragmatiste et métaphysique de l’expérience

Chapitre 4 – Méthode scientifique et vertus morales

Pragmatisme et anti-autoritarisme

Une méthode sans identité

Une science sans unité

Des règles sans rigidité

Une méthode inutile ?

L’enquête scientifique et les vertus morales

Deuxième partie – L’esprit critique

Chapitre 5 – La critique sans critère

Philosophie critique et métaphilosophie pragmatiste

Une thérapie sans dissolution

Un dépassement sans dévoilement

Une contestation sans émancipation

Chapitre 6 – L’empirisme sans ontologie

L’expérience pure, un concept à purifier

Métaphysique des bébés

Une ontologie moniste ?

Marmelade cosmique et confusion philosophique

L’expérience pure comme méthode critique

Reconstruction naturaliste

Chapitre 7 – Le pluralisme sans dogme

De la vérité pragmatiste à la réalité pluraliste

Le philosophe au manteau d’Arlequin

Une variété de pluralismes

Expérience et différence

Chapitre 8 – La conversion sans la religion

Trois expériences de conversion

Renversement de perspective

Mysticisme et alcoolisme

La religion comme attitude

Déconversion théorique

Diversion pratique

Origine des chapitres

Bibliographie

Table des matières


Extrait

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web Les Presses Universitaires de France

Introduction

Doctrine, méthode et attitude

Nos actions peuvent être considérées sous trois aspects. Il y a d’abord le mouvement qu’elles accomplissent et les changements qu’elles effectuent dans le monde. Je joue aux échecs : je déplace manuellement une pièce sur un plateau. Toute action est un changement qui produit un changement, une différence faite qui fait une différence. Je lève mon bras, et ce geste fait une différence dans la situation. Je bouge mon cavalier, et une nouvelle configuration est produite dont mon adversaire devra tenir compte. Mais ces actions ne s’accomplissent pas au hasard, et les changements conséquents ne sont pas fortuits. Les différents gestes effectués sont coordonnés comme leur succession est organisée pour atteindre l’objectif visé. Les mouvements peuvent bien sûr être mal coordonnés et organisés, et dans ce cas l’action pourra échouer ; mais si l’action que j’entreprends vise bien à atteindre une fin désirée, on trouvera toujours à chaque instant une certaine coordination sensori-motrice comme une certaine organisation de la séquence temporelle de son déroulement. Je bouge le cavalier avec ma main, plutôt qu’avec mon pied ou ma bouche – même si cela serait possible –, et je suis également la règle de ses déplacements autorisés pour que le changement effectué soit reconnu par mon adversaire comme un coup valable pour le jeu. On peut regrouper sous le terme général « méthode » l’ensemble des manières dont nos mouvements volontaires sont organisés, régulés et dirigés pour atteindre une fin. Il faut prendre ici le terme dans le sens le plus large possible, qui va des manières régulières d’agir qui ont prouvé leur valeur par le passé, comme les habitudes, les coutumes ou les savoir-faire empiriques, jusqu’aux règles explicites, comme un algorithme avec des étapes bien distinctes, le règlement d’un jeu ou d’un sport, ou les lois d’un pays qui visent l’obtention de certaines conditions d’existence jugées désirables (la sécurité, la liberté, etc.). On pourrait voir l’ensemble de ces « méthodes » comme des manières de canaliser et de réguler les changements que nous accomplissons pour les rapprocher du but désiré, un peu comme le tracé des berges d’un canal permet d’orienter le mouvement spontané de l’eau de la rivière qui l’alimente dans une direction voulue. Les êtres humains, comme tous les autres animaux, n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à bouger : un nouveau-né agite spontanément ses bras et ses jambes. Mais l’apprentissage consiste à lui faire acquérir tout un ensemble de techniques, de procédés, de méthodes pour canaliser cette activité en organisant et régulant ses mouvements en fonction de buts jugés utiles, importants ou intéressants (apprendre à parler, à manger correctement à table, à jouer aux échecs).

Mais il y a un troisième aspect que l’on peut dégager de nos actions. Lorsque je joue du piano, mon buste est penché en avant, mes mains parcourent le clavier, mes doigts enfoncent les touches, mais pas sans ordre ni méthode comme on l’a vu – il a fallu de longues heures d’apprentissage pour arriver à produire les effets musicaux que je tire aujourd’hui de l’instrument. Seulement, on dit parfois que tel interprète joue « sans âme », un peu comme le ferait un piano mécanique dont les mouvements suivent un algorithme. On ne veut pas dire ici que « l’âme » serait quelque chose de séparé ou de séparable de l’action faite, et qui s’ajouterait ou non aux enchaînements mécaniques des doigts et des touches. On porte plutôt un jugement sur la manière dont cette action est menée, et sur l’effet global qui en résulte. Ce n’est pas que cette action manque de méthode : la coordination sensori-motrice est parfaite, et les notes sont enfoncées dans le bon ordre – on reconnaît sans problème la mélodie, exécutée sans faute. Ce qui est en cause, c’est la manière dont la méthode elle-même est suivie : il faudrait plus d’ardeur, ou plus d’élégance, plus de caractère en tout cas ; or le pianiste n’y est pas, et l’ensemble manque d’expressivité. Comme la méthode, ce troisième aspect de l’action relève de la manière d’accomplir un mouvement, mais il marque un degré supplémentaire de réflexivité. Si la méthode se comprend en rapport avec le mouvement qu’elle régule et organise, ce nouvel aspect se comprend en rapport à cette méthode elle-même et à la manière dont elle est employée et mise en œuvre. Les esprits étroits sont ainsi dits appliquer mécaniquement les règles de leur institution, comme s’il s’agissait de lois de la nature ne souffrant aucune exception, et tant pis pour les cas singuliers ou atypiques. Ces trois aspects ne sont pas des couches séparables d’une action finalisée, mais on peut les distinguer par ce degré de réflexivité, et la description de l’action peut se concentrer sur l’une ou l’autre de ces dimensions. Je porte du riz à ma bouche ; je le fais en formant une boulette avec mes doigts, ou en le saisissant avec des baguettes, ou en le soulevant avec une fourchette ; je manipule mon ustensile distraitement, sans guère prêter attention à ce que je mange, ou bien je peux le faire solennellement, comme pour mieux célébrer l’instant savoureux. Je déplace une pièce en bois sur un plateau (playing) ; je bouge le cavalier selon la règle de son déplacement (the game) ; je bouge la pièce dans un esprit ludique (the playfulness), ou bien avec tout le sérieux du monde, ce qui n’en fait plus tout à fait un jeu. Il s’agit bien d’une seule et même action, mais sous trois descriptions différentes, celle du changement pratique effectuée, celle de la forme de son effectuation, celle de l’attitude de l’agent qui l’effectue.

L’idée directrice que ce livre veut défendre et illustrer est que l’on peut analyser la philosophie de la même manière. Comme jouer au piano ou monter des meubles, la philosophie est une activité, et il n’y a pas de raison qu’elle soit un état d’exception par rapport aux autres actions humaines. C’est plus précisément une activité de réflexion, et qui produit certains résultats. Ces résultats peuvent être de nouvelles prises de position, de nouvelles thèses soutenues, de nouvelles argumentations qui les justifient, de nouveaux concepts qu’elles articulent, de nouvelles manières de juger certaines choses. Ces changements qu’un individu prétend apporter sur la manière dont il conviendrait de concevoir ou de juger tel ou tel point permettent de distinguer facilement un philosophe d’un autre. Platon pense qu’il faut chasser les poètes de la Cité. Wittgenstein pense que les règles diffèrent en nature des propositions factuelles. Locke soutient que l’âme n’est pas le principe de notre identité personnelle. Bergson défend l’idée que l’être humain est une espèce privilégiée dans l’évolution de la vie. Goodman défend celle que les œuvres d’art ont des fonctions cognitives. Ces philosophes ne se contentent pas d’énoncer de telles thèses, ils les explicitent, les illustrent, en donnent des raisons, en dégagent des présupposés, en déroulent des implications, préviennent des objections à leur encontre, les situent vis-à-vis de thèses concurrentes, etc., et l’ensemble que forment ces propositions constitue ce qu’on appelle communément leur « doctrine ». Pour le dire sommairement, une doctrine, c’est l’ensemble articulé des thèses d’un auteur, formulées dans son vocabulaire propre. Ces doctrines sont quelquefois identifiées par un terme en « -isme ». Elles peuvent s’appliquer non seulement à cet auteur mais également à celles et ceux qui le suivent plus ou moins fidèlement : le platonisme, le cartésianisme, le bergsonisme. De tels termes peuvent opérer des recoupements plus larges, qui permettent de distinguer de grandes positions philosophiques entre lesquelles les philosophes se partagent en fonction de la proximité de leurs thèses et de la manière dont ils comprennent certains concepts fondamentaux, même s’ils le font chacun à leur manière singulière : matérialisme et spiritualisme, réalisme et idéalisme, empirisme et rationalisme, déterminisme et indéterminisme, monisme, dualisme et pluralisme, etc. Ces positions générales, mais cela vaut pour chaque thèse affirmée et chaque nouveau concept introduit, sont comme des coups effectués par un philosophe dans l’espace philosophique : ce sont des propositions, au sens dynamique et non pas seulement linguistique du terme.

Ces doctrines sont néanmoins inséparables de méthodes que les philosophes utilisent, que ce soient des procédures de découverte permettant d’aboutir à ces résultats, des modes de justification visant à fournir des raisons de les accepter, des règles d’analyse pour éclairer les concepts mobilisés ou des règles de composition pour en proposer des nouveaux, des moyens d’organisation formelle et de systématisation de ces résultats, voire des procédés stylistiques ou de mise en page. L’ensemble de ces méthodes montre qu’une philosophie ne se compose pas seulement de résultats énonçables sous forme de thèses et d’éléments de doctrine, mais qu’elle propose de manière indissociable une certaine manière de conduire la réflexion permettant d’aboutir ou de rendre plus intelligible ces résultats. Les controverses philosophiques, pour peu qu’elles se développent dans tous leurs présupposés, ne portent jamais seulement sur le contenu de telle ou telle thèse, mais toujours également sur la manière même de faire de la philosophie, sur la conception qu’il faut avoir de la philosophie et de ses méthodes – comme le clivage de la philosophie continentale et de la philosophie analytique nous l’a montré tout au long du XXe siècle. C’est une caractéristique bien connue de la philosophie que chaque thèse philosophique implique toujours aussi des thèses métaphilosophiques dont l’explicitation demande un degré de réflexivité supplémentaire. Les grands philosophes ne proposent d’ailleurs pas seulement de nouvelles thèses ou de nouvelles manières de concevoir les choses qui bouleversent le paysage philosophique de leur époque en en redistribuant les lignes de partage ; ils proposent aussi de nouvelles méthodes, en cherchant à les imposer comme la manière supérieure de faire de la philosophie et d’aboutir à des résultats qui soient proprement philosophiques. Ils ne font pas qu’introduire de nouveaux coups dans le jeu ou de nouvelles ouvertures, en inventant une nouvelle manière de positionner les pièces les unes par rapport aux autres – à la manière de Bergson disant de Berkeley qu’il a proposé une combinaison inédite du nominalisme, de l’idéalisme, du spiritualisme et du théisme. Les grands philosophes sont en effet ceux qui parviennent à changer les règles mêmes du jeu, parce qu’ils ont compris qu’au grand jeu de la philosophie, le gagnant est celui qui arrive à imposer ses règles plutôt que ses thèses, en amenant ses interlocuteurs sur son propre terrain. Si l’on fait généralement commencer la philosophie avec Socrate, c’est précisément parce qu’avec la recherche de définition générale sur des termes difficiles (« beauté », « piété », etc.), conduite dans le cadre d’un dialogue, il lance un nouveau mode de réflexion, et l’absence de résultats de certains dialogues importe peu face à cette nouvelle manière d’interroger. Platon est un nom qu’on associe de manière privilégiée à une doctrine, celle des Idées « platoniciennes », mais Socrate est d’abord le nom d’une méthode, d’un moyen de faire accoucher de la vérité. Et si l’on fait parfois de Calliclès son adversaire le plus irréductible, c’est que celui-ci refuse d’entrer dans le jeu socratique, pas seulement en refusant de répondre à ses questions, mais en refusant le type même de question qui lui est posée. Les disciples orthodoxes d’un philosophe répètent généralement à la fois la doctrine et la méthode de leur maître, en se contentant d’en corriger çà et là quelques points secondaires et de systématiser davantage l’ensemble, mais les disciples hétérodoxes les plus inventifs savent retourner la nouvelle méthode contre sa doctrine. Ils font alors valoir le manque de systématicité dans l’application de la nouvelle méthode, comme si des vestiges des anciennes manières de penser se mêlaient encore aux percées accomplies. On songe au cas exemplaire des hégéliens de gauche, qui ont cherché à émanciper la dialectique comme méthode révolutionnaire proposée par Hegel du conservatisme religieux et politique de sa position idéaliste générale, pour mieux la retourner contre lui : « celui qui mettait l’accent sur le système de Hegel pouvait être passablement conservateur dans ces deux domaines ; celui qui, par contre, considérait la méthode dialectique comme l’essentiel, pouvait, tant en religion qu’en politique, appartenir à l’opposition la plus extrême[1] ». Les découpages chronologiques que nous effectuons en histoire de la philosophie suivent d’ailleurs bien plus souvent les ruptures méthodologiques que les nouvelles propositions doctrinales. Si l’on fait débuter la philosophie moderne à Descartes et à Bacon, ce n’est pas seulement pour les nouvelles conceptions de l’esprit ou de la nature qu’ils proposent, mais aussi et avant tout en raison de leur prétention à apporter de toutes nouvelles méthodes en philosophie, plus fécondes que celles utilisées au cours des siècles précédents, dans la mesure où elles comptent répercuter les innovations méthodologiques qui ont fait décoller les mathématiques et les sciences physiques modernes. Si Kant occupe dans cette histoire une place privilégiée, c’est encore parce qu’il a su reprendre ces théories modernes en faisant de l’enquête philosophique la recherche non pas des causes des phénomènes de connaissance ou des actions morales, mais de leurs conditions de possibilité telles qu’elles sont en droit : un nouveau type de question, d’analyse et d’argumentation (l’argumentation dite transcendantale) semble ouvrir une nouvelle page dans la philosophie moderne. Les grands courants contemporains, comme la philosophie analytique, la phénoménologie ou le pragmatisme, se sont tous d’abord présentés comme de nouvelles méthodes pour faire enfin de la philosophie une activité digne d’être poursuivie, plutôt que comme de nouvelles doctrines, de nouveaux « -ismes », même si ces méthodes étaient d’emblée liées à des thèses substantielles.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie. Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[2] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[3] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[4].

Si la thèse du primat de l’attitude est fortement exprimée par Hadot, il n’y a pas de raison de limiter cette conception à une période particulière ou à un type de philosophie particulier. Il n’y a pas de raison non plus de penser que seules ces attitudes sont réactualisables, comme si les doctrines et les méthodes ne l’étaient pas, et comme si, surtout, ces attitudes étaient invariables à travers le temps, formant une sorte d’essence de la philosophie authentique qui courrait plus ou moins souterrainement depuis les Grecs. Les dispositions, comme les doctrines et les méthodes, dépendent des contextes, et elles sont proposées et deviennent visibles à des moments précis de l’histoire : il y a une histoire possible des attitudes philosophiques, tout autant que des doctrines et des méthodes, même si elles sont sans doute plus persistantes. Rien ne dit d’ailleurs qu’on en ait déjà le compte complet, et les grands philosophes continuent de recommander de nouvelles dispositions, si ce n’est de nouvelles attitudes. Enfin, il n’y a pas à opposer doctrine théorique et attitude pratique comme deux pôles contraires. D’abord, il n’y a pas à restreindre l’idée d’attitude à l’éthique pratique ou aux engagements existentiels : une attitude envers ses propres croyances et ses propres thèses est tout aussi philosophiquement importante qu’une attitude envers ce qui nous arrive dans la vie, d’autant plus si l’on considère que les croyances sont des dispositions à l’action. Qu’on songe à l’esprit critique, attitude majeure de la philosophie moderne et notamment du siècle des Lumières et qu’on aurait de la peine à retrouver dans l’Antiquité. Non seulement ces attitudes philosophiques sont générales, ne se réduisant pas à une réaction particulière ou à une collection de réactions particulières, mais elles sont potentiellement susceptibles d’affecter l’ensemble de la vie intellectuelle et morale : elles animent et peuvent unifier l’ensemble de nos rapports à nos concepts, nos jugements, nos théories, mais aussi à nos valeurs, nos normes, nos critères, nos idéaux, et encore à nos habitudes, nos savoir-faire, nos coutumes et nos règles, nos institutions, nos organisations, etc., et ceci dans toutes les activités humaines (éducation, travail, science, religion, politique, art, commerce, etc.) et tous les modes d’association (famille, école, entreprise, gouvernement, club, église, etc.). Cette généralité même contribue à en faire des attitudes philosophiques, puisque la philosophie a depuis toujours revendiqué un certain rapport au tout et à l’ultime. Mais c’est une erreur de penser qu’il faille nécessairement substantiver ce tout et cet ultime sur le modèle des Grecs, et qu’une attitude n’est philosophique que si elle est prise envers le tout cosmique ou envers la mort comme point ultime devant déterminer tous les moments de la vie. Généralité, totalité, caractère ultime, sont d’abord des traits de l’attitude elle-même, et non pas de ce à quoi elle se rapporte. Il en va ici comme d’un tempérament psychologique (comme être optimiste ou dépressif) : il est général, il unifie la personnalité, il est utilisé comme explication finale d’un comportement. De même une attitude philosophique, qu’on dégage comme « l’esprit » d’une méthode ou d’une doctrine : elle est plus générale que la méthode et la doctrine, elle permet d’en unifier les différents aspects, elle leur donne leur sens le plus important et leur valeur finale.

S’il n’y a pas à opposer un pôle théorique et un pôle pratique, c’est précisément aussi parce que toute philosophie se présente d’emblée à la fois comme une doctrine, articulée dans des thèses, comme une méthode, formulée dans des règles, et comme une attitude, exhibée dans des dispositions intellectuelles et morales. Les trois dimensions sont inséparables, bien qu’elles soient distinguables et que l’on puisse argumenter en faveur d’un primat de la méthode sur la doctrine et de l’attitude sur la méthode. Du point de vue factuel, il y a une circularité inévitable entre les trois dimensions. Ce point a souvent été relevé au sujet des rapports entre doctrine et méthode. Certes, il est toujours possible, à partir d’une doctrine, d’en isoler la méthode et d’en expliciter formellement les règles en les énonçant dans leur plus grande généralité abstraite. Mais il ne faut jamais perdre de vue qu’il s’agit alors d’une abstraction, commandée soit par le désir de l’examiner, comme on démonte un moteur ou qu’on inspecte n’importe quel outil, afin d’en proposer des améliorations possibles, soit par l’objectif pédagogique de la communiquer ou de l’enseigner. Une méthode ne s’exerce pas dans le vide, et elle n’est pas susceptible d’être étudiée de manière totalement séparée de l’activité de recherche où elle est employée ni des résultats qu’elle produit : « c’est en action qu’il faut la considérer[5] ». Surtout, il est illusoire de penser qu’une méthode pourrait être parfaitement neutre, dénuée de tout présupposé, indépendante donc de toute thèse substantielle[6]. Dans l’énoncé même des règles sont mobilisés des concepts solidaires de la doctrine du philosophe, et l’idée qu’il se fait de la méthode, des objectifs qu’il lui donne, des obstacles majeurs qu’il se propose de surmonter grâce à elle, n’est pas totalement dissociable des engagements doctrinaux qu’il défend par ailleurs, sur la nature de la réalité, de l’esprit ou de la connaissance par exemple. Dès la première règle de Descartes, « ne recevoir aucune chose pour vraie, que je connusse évidemment être telle », il y a toute une théorie de la vérité, reposant sur l’évidence, qui y est impliquée, et l’on pourrait contester d’emblée cette méthode en raison des présupposés substantiels sur lesquels elle repose, avant même d’en examiner la mise en œuvre efficace. Présenter sa propre méthode comme étant la méthode d’une philosophie prenant enfin le bon départ ou parvenant enfin à réaliser son essence propre n’est précisément qu’un coup de plus dans le jeu philosophique, un coup visant à imposer ses règles comme les seules possibles – the only game in town. On peut toujours chercher à émanciper une méthode des engagements doctrinaux de son inventeur ou promoteur, mais cette émancipation, il faut justement la faire, elle n’est pas déjà donnée toute faite dans son œuvre. Elle implique des interventions critiques sur son œuvre qui modifieront non seulement sa doctrine, mais le sens et la valeur de la méthode qu’il a proposée, en la rendant susceptible de résultats différents et parfois même contraires. Réciproquement, en philosophie, une doctrine n’est pas, sauf abstraction, susceptible d’être présentée comme un résultat tout fait, détaché et clos sur lui-même, autosuffisant, indépendant de l’ensemble des moyens que le philosophe a mobilisés pour y parvenir, la justifier et l’exposer. En philosophie, la méthode n’est pas comme un échafaudage qu’on pourrait retirer une fois l’édifice construit. C’est plutôt la manière même dont le matériau de la doctrine a été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peut la retirer sans tout faire s’écrouler. Les berges de la rivière, bien que plus stables que le courant, sont sculptées et remodelées par le mouvement de l’eau, autant qu’elles en régulent et en orientent le cours. La doxographie, que personne ne confond avec la restitution authentique d’une philosophie, est précisément la tentative d’énoncer des thèses d’un auteur comme si elles étaient détachées de la manière et des moyens mis en œuvre pour les formuler : une collection d’opinions détachées entre elles comme de toute activité organisée de réflexion. Il n’est pas jusqu’aux procédés de style d’un philosophe, dans la mesure où ils sont réfléchis, qui n’adhèrent aux thèses qu’il propose, et leur paraphrase dans un langage différent, si elle est utile et importante du point de vue de la communication et de l’enseignement, et même nécessaire du point de vue de la critique, laisse toujours échapper quelque chose de sa pensée, comme lorsque l’on traduit ligne à ligne un poème en prose.

Les mêmes arguments s’appliquent a fortiori aux rapports de l’attitude avec la méthode et la doctrine. Il n’y a pas d’attitude qui vaille en soi et pour soi, indépendamment des règles dans lesquelles elle s’opérationnalise et des thèses qui l’incarnent et l’expriment dans un contexte historique donné, déterminé par les débats d’une époque. On n’est pas colérique si l’on ne se met jamais en colère dans aucune situation particulière. On pourra certes ne pas se mettre en colère dans telles ou telles circonstances particulières, mais on le fera quand même généralement. Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

Il en ressort une règle de lecture des philosophes, qu’on peut appeler la méthode de « l’ascension éthique ». Une doctrine vaut certes par les thèses qu’elle articule, et par rapport aux autres doctrines dans l’espace des positions philosophiques. Mais elle peut être lue à un autre niveau, comme illustrant et incarnant des méthodes de penser. Il s’agit non pas de sauter purement et simplement du niveau de la doctrine à celui de la méthode, comme s’il s’agissait de plans séparés, mais de comprendre cette doctrine même du point de vue méthodologique, en montrant qu’au-delà du sens immédiat qu’elle possède en tant que doctrine reliée ou opposée à d’autres doctrines, elle exhibe et promeut une certaine manière de faire de la philosophie. Il s’agit moins de passer de la doctrine à la méthode comme si la méthode était extérieure à la doctrine que de transposer l’ensemble de la doctrine dans une clef méthodologique. De ce point de vue, les thèses défendues sont à présent comprises comme des règles à recommander pour bien penser en philosophie. Les concepts proposés sont à leur tour compris non dans leur sens substantiel, mais dans un sens opératoire – comme des instruments d’analyse et de direction de la réflexion, attirant l’attention sur les aspects les plus importants des phénomènes étudiés. Un bon exemple de cette ascension méthodologique est la lecture que Deleuze donne de Bergson dans le premier chapitre de son commentaire[7]. Du point de vue doctrinal, la durée chez Bergson est un concept métaphysique qui entend faire référence à un trait constitutif de la réalité. Sa thèse est qu’on ne peut éliminer la durée d’une réalité quelconque sans faire disparaître cette réalité même : ce qui en reste, si on le fait, n’en est plus qu’une représentation symbolique, qui peut avoir son utilité pratique mais qui n’est pas vraie. Deleuze fait valoir dans sa lecture qu’il faut d’abord entendre cette thèse comme une règle générale de méthode philosophique. Ce que Bergson propose, c’est de considérer toute chose du point de vue de la durée. En ce sens, la durée est moins l’objet privilégié de la philosophie, qui devrait se substituer aux objets philosophiques traditionnels tels que la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs, que la méthode permettant d’étudier tous les autres objets, que ce soit la substance, Dieu, la nature humaine ou les valeurs – mais aussi le rapport du corps à l’esprit, l’évolution des espèces, le rire ou les œuvres d’art. Tous ces objets doivent être compris et définis en termes temporels, ou bien l’on n’en aura que des représentations symboliques. Il s’agit d’un « tournant temporaliste » en philosophie, qui doit affecter la manière d’ensemble de poser et de résoudre les problèmes philosophiques. Dans le même sens, comme l’a bien souligné Richard Rorty, le « tournant linguistique » n’a pas consisté (seulement) à prendre le langage propositionnel comme objet privilégié de l’analyse philosophique en lieu et place des états mentaux, mais aussi et surtout à considérer que « les problèmes philosophiques sont des problèmes qui peuvent être résolus (ou dissous) soit en réformant le langage, soit en comprenant mieux le langage que nous utilisons quotidiennement[8] ». C’est un tournant méthodologique encore plus que doctrinal : toute la philosophie ne se réduit pas à la « philosophie du langage », mais elle devrait tout entière prendre la forme d’une « philosophie linguistique », où le langage est considéré comme l’outil d’analyse des problèmes philosophiques en général[9].

Cette ascension méthodologique peut se poursuivre jusqu’au niveau éthique, en entendant par là celui des grandes attitudes et dispositions intellectuelles et morales. Car si les méthodes, à leur tour, valent par rapport aux résultats doctrinaux qu’elles produisent comme par rapport aux autres méthodes philosophiques auxquelles elles entendent se substituer, elles peuvent être comprises au niveau des grandes dispositions qu’elles permettent d’opérationnaliser et dont elles incarnent l’esprit dans la lettre de leurs règles. Si l’on distingue la lettre et l’esprit d’une règle, c’est que l’énoncé d’une règle n’indique pas en lui-même l’esprit dans lequel il convient de l’appliquer : on peut toujours appliquer une règle dans un esprit contraire à celui dans lequel elle avait été originellement énoncée. Mais cet esprit est précisément ce qui donne son sens à la règle dans la manière dont on l’utilise dans un cas particulier, et c’est lui qui fournit un modèle d’interprétation pour les applications suivantes. C’est aussi lui qui permet, au besoin, de corriger la lettre de la règle si l’on s’aperçoit qu’elle est systématiquement utilisée à l’encontre de l’esprit qu’on aurait voulu promouvoir lorsqu’on l’a énoncée. En ce qui concerne la philosophie, et comme pour le rapport entre doctrine et méthode, il ne s’agit pas de sauter purement et simplement d’un plan à l’autre, mais de comprendre une doctrine (et une méthode) du point de vue de l’esprit qu’elle incarne, exhibe et promeut – de retrouver l’esprit qui l’anime, et qui permet si besoin de la corriger en étant plus fidèle à cet esprit que les thèses (ou les règles), telles qu’elles sont énoncées à un moment historique donné, ne le manifestent. Le rationalisme par exemple est classiquement défini comme la doctrine selon laquelle toute connaissance véritable est fondée sur des principes universels et nécessaires, qu’on ne peut dériver de l’expérience, mais qu’on tire seulement de la raison, et en ce sens, il s’oppose à la théorie empiriste. Derrière cette doctrine, qui connaît d’ailleurs de nombreuses variantes et évolutions, on peut retrouver l’exigence d’une méthode plus permanente. Le rationalisme peut et doit s’entendre aussi et même d’abord comme la promotion de la méthode de la démonstration rationnelle, qui part de prémisses considérées comme simples et évidentes, pour produire, par des étapes contrôlées et rigoureusement enchaînées, des vérités certaines. C’est en fait plus généralement la promotion d’un ensemble de techniques de mise en ordre de la pluralité des idées et des choses (d’une multiplicité quelconque de termes), qui puisse faire saisir leurs relations intelligibles réelles par-delà leurs relations empiriques de coexistence et de succession comme leurs relations de ressemblances et de différences sensibles. Les jardins zoologiques classiques sont des espaces rationnellement organisés, car leur architecture spatiale tend à reproduire la classification rationnelle du vivant, en regroupant dans une même zone les animaux qui sont proches du point de vue anatomique – tous les félins par exemple –, alors même qu’ils peuvent ne jamais se côtoyer dans leurs milieux empiriques – comme le jaguar d’Amazonie et le tigre d’Asie. Au nom de cette méthode, on peut critiquer des éléments de doctrine qui semblent en gêner la pleine application : il n’y a par exemple aucune nécessité à définir la raison comme la faculté des « idées innées » pour justifier une telle technique de mise en ordre, et le rationalisme pourra dépasser ce stade « cartésien » sans perdre de sa force méthodologique. Les techniques de mise en ordre d’une multiplicité empirique quelconque ont en effet rapidement débordé les présupposés du rationalisme doctrinal de Descartes qui limitait la méthode à des chaînes unilinéaires de raisons suspendue à des « natures simples ». Notamment le mode d’arrangement tabulaire, qui croise lignes et colonnes en une série de séries, et dont le tableau de Mendeleiev sera vu comme l’une des grandes réussites, marquera durablement un rationalisme plus complexe, des combinatoires leibniziennes aux diagrammes structuralistes.

Mais l’on peut reconduire encore la doctrine et la méthode au rationalisme comme attitude. Si l’on peut en effet corriger une technique rationnelle donnée au nom même du rationalisme, d’un rationalisme mieux compris et plus radical, c’est que celui-ci ne se confond pas purement et simplement avec un ensemble de méthodes. À la raison entendue comme faculté de connaissance des principes et comme ensemble d’instruments de mise en ordre s’ajoute la raison comme attitude générale de l’esprit. Ce qui importe en effet pour un rationaliste, c’est d’être rationnel dans sa pensée et sa conduite, et les méthodes ne sont là que pour aider l’esprit à le devenir en acquérant les bonnes habitudes de penser. Sur ce plan, le rationalisme est d’ailleurs plus facile à saisir par les attitudes qu’il rejette. C’est ainsi que Gilles-Gaston Granger l’oppose au mysticisme, au romantisme et à l’existentialisme considérés non comme des doctrines, mais bien comme des « attitudes négatives », « des modes de pensée et d’action qui, pour être moins systématiques que les doctrines des différents philosophes, n’en sont pas moins doués d’une existence et d’une consistance historique probablement plus prégnante »[10]. Ce qui définit l’attitude rationnelle, c’est en effet une foi dans la puissance de l’esprit à pouvoir pénétrer dans l’ordre véritable des choses, qui ne serait jamais donné immédiatement. Son premier adversaire est l’esprit pré-rationnel, qui fait naïvement confiance à l’ordre apparent des choses – ordre qui n’est pourtant dû qu’au hasard, aux coïncidences non réfléchies, à la tradition, aux conventions –, et qu’il n’accepte pour clair et évident que parce qu’il y est accoutumé. Mais son adversaire le plus frontal, son ennemi intime, est le mode de pensée irrationnel, qui est disposé à croire qu’il existe quelque chose de plus profond et d’inanalysable qui résistera toujours à nos techniques de mise en ordre rationnelle. Une telle attitude dispose à croire aux miracles exceptionnels qui échappent à l’ordre de la nature ou aux mystères insondables qui défient toute entreprise de compréhension rationnelle. Elle dispose à invoquer comme des principes supérieurs d’explication et de direction morale des forces naturelles ou humaines plus profondes que tout ordre précairement imposé par la raison, comme l’élan de la Vie qui déborde toutes les catégories ou la violence des passions qui dépasse toute mesure. Le rationalisme est en ce sens critique de l’expérience sensible, de l’imagination, des coutumes sociales, des savoir-faire empiriques, comme modes de pensée et de conduite infra-rationnels (empiriques) et en attente de rationalisation. De ce point de vue, il se veut révolutionnaire : il veut tout reprendre à partir de principes d’organisation censés découler de l’ordre même des choses, plutôt que de l’expérience et de la tradition. Mais il est encore plus critique des révélations de la foi, de l’expérience mystique, de l’intuition ou de l’émotion métaphysique comme supposés modes supra-rationnels (mystiques, romantiques ou existentialistes) d’accès au véritable sens des choses sous l’ordre de surface de la raison humaine. Et de ce point de vue, il est de tempérament classique et manifeste une tendance conservatrice, dont le danger propre est de convertir la recherche d’ordre en défense d’un ordre spécifique établi[11].

Il ne s’agit ici que d’une esquisse d’ascension éthique, pour attirer l’attention sur les rapports entre doctrine, méthode et attitude. L’ascension éthique ne consiste pas à dire que telle position philosophique renvoie à une attitude plutôt qu’à une doctrine, car les deux sont indissociables. Mais qu’il faut la comprendre d’abord comme une attitude, avant de la comprendre comme une méthode et une doctrine, qui en constituent des sens dérivés, bien qu’indispensables. Si l’on pouvait émanciper la formule kantienne de ses connotations dualistes, on pourrait dire que l’attitude est vide sans règles de méthode qui canalisent et opérationalisent ses dispositions et sans thèses doctrinales qui lui donnent voies d’expression et points d’application dans un espace de positions déterminé ; et que doctrines et méthodes sont aveugles sans attitude pour indiquer l’orientation générale de la réflexion ou sa ligne directrice. Les résultats méthodologiques et doctrinaux obtenus constituent des preuves spécifiques de l’intérêt et de l’importance d’une attitude philosophique, quand cette attitude fournit la raison la plus générale de les adopter – pas seulement au sens où l’attitude permettrait de rendre compte de telle méthode ou doctrine, mais au sens où la fréquentation de telle méthode ou doctrine doit permettre de développer des dispositions intellectuelles et morales qui paraissent les meilleures, celles qui permettent de faire le plus progresser la réflexion. L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Leurs changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telles attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. C’est pourquoi, lorsqu’une telle transformation se produit, elle prend souvent la forme d’une sorte de conversion, qui donne l’impression que l’ensemble des convictions et méthodes d’un philosophe bascule tout d’un coup – comme un changement de l’ensemble de la personnalité, plutôt que de telle ou telle thèse ou règle particulière, aussi cruciales soient-elles.

Les positions en « -isme » constituent un terrain de choix pour une telle lecture éthique de la philosophie. Il a déjà été proposé de dépasser les impasses de la controverse entre réalisme et antiréalisme en la reprenant du point de vue des attitudes adoptées envers la science, plutôt que du point de vue des positions doctrinales défendues[12]. Bas C. Van Fraassen, renvoyant d’ailleurs à Crasnow, et à partir du cas privilégié de l’empirisme, a cherché à montrer

qu’une position philosophique peut consister en quelque chose d’autre qu’une croyance au sujet du monde […] [elle] peut consister en une posture [stance] (une attitude, un engagement, une approche, ou un assemblage de telles choses, qui pourrait également inclure des attitudes propositionnelles comme des croyances). Une telle posture peut bien sûr être exprimée, et elle peut également impliquer ou présupposer des croyances, mais elle ne peut pas purement et simplement équivaloir au fait d’avoir des croyances ou de faire des assertions au sujet de ce qui est[13].

Il en vient alors à défendre l’idée que « l’empirisme est une posture plutôt qu’une thèse factuelle ou une théorie[14] » – comme le fait de croire que toute proposition au sujet du monde dérive de l’expérience. Sur son exemple, Daniel Andler a plus récemment proposé de « renonc[er] à considérer le naturalisme comme une thèse au profit d’une autre modalité », et de retrouver « l’esprit du naturalisme » en en faisant précisément une « attitude » ou un « parti » à prendre et à développer dans des programmes de recherche spécifiques[15]. Mon exemple privilégié sera ici le pragmatisme. Plus encore que le réalisme, l’empirisme ou le naturalisme, je crois qu’il peut constituer un modèle pour penser la philosophie comme attitude.

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

La première est que les pragmatistes ont distingué, de manière explicite et relativement détaillée, les trois niveaux et qu’ils ont eux-mêmes identifié le pragmatisme d’abord et avant tout à une attitude. Charles S. Peirce a défini le pragmatisme non comme une doctrine métaphysique mais comme une simple méthode de logique pour rendre les idées claires : la signification d’un concept réside selon lui dans « les habitudes générales de conduite que la croyance en la vérité du concept […] développerait de manière raisonnable[18] ». En conséquence, « l’explication la plus parfaite d’un concept susceptible d’être transmise par des mots consiste dans la description de l’habitude que ce concept est destiné à produire[19] ». Il concevait cette méthode comme la transposition dans le champ philosophique de celle qui a fait le succès des sciences modernes, dans la mesure où les scientifiques, contrairement à celles et ceux dont la culture est essentiellement livresque, pensent toute chose en termes d’expérimentation possible, c’est-à-dire de conduite rationnellement contrôlée. Or Peirce voyait précisément dans la science non pas seulement un système de vérités (premier niveau) ni même une méthode spécifique pour parvenir à la vérité (deuxième niveau), mais d’abord et avant tout une certaine attitude générale – la manière expérimentale de penser, la tournure d’esprit expérimentaliste – et même un mode de vie. La philosophie ne pourrait que progresser, selon lui, si les philosophes adoptaient une même tournure d’esprit pour les problèmes qui les occupent. On trouve généralement à l’entrée « pragmatisme » des dictionnaires la référence à la théorie de la vérité de James. Mais pour James, comme pour Peirce, le pragmatisme désigne avant tout non une doctrine mais une méthode, qui fournit non seulement un test pour clarifier la signification des concepts abstraits, mais un moyen pour résoudre les disputes philosophiques qui semblent interminables. Or cette méthode, il la réfère à son tour à une attitude plus générale :

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

C’est la raison pour laquelle il dédia son Pragmatism (1907) à la mémoire du philosophe empiriste britannique John Stuart Mill « qui, le premier, m’enseigna l’ouverture d’esprit pragmatique », et qu’il lui donna comme sous-titre : « un nouveau nom pour une ancienne manière de penser [way of thinking] ». De cette formule, on souligne souvent les marqueurs temporels, mais l’idée d’une manière générale de penser, qui marque une continuité entre l’empirisme britannique et le pragmatisme américain par-delà les ruptures doctrinales et les infléchissements méthodologiques, est en réalité plus déterminante pour comprendre la philosophie de James. John Dewey a critiqué à son époque l’enseignement des sciences à l’école, dans la mesure où il n’était présenté que des résultats sous la forme d’un ensemble d’informations à apprendre dans un manuel. S’il a fait campagne pour introduire des laboratoires dans les écoles, c’était pour que les élèves apprennent la science en la faisant, c’est-à-dire en comprenant de quelle manière ces résultats sont produits, selon quelle méthode et avec quels instruments. Il s’est même présenté comme un philosophe de la méthode, cherchant à transposer la méthode scientifique dans la résolution des problèmes humains et des conflits de valeurs. On ne peut savoir à l’avance quelle sera la solution à ces problèmes, mais on a selon lui de bonnes raisons de savoir à l’avance que la meilleure méthode pour les résoudre sera une méthode d’intelligence collective en action, comme l’est la méthode expérimentale des scientifiques. Or le projet même de cette transposition indique que l’on puisse décoller une attitude scientifique plus générale des méthodes particulières que les scientifiques utilisent dans leur laboratoire. C’est, au-delà des procédures particulières des méthodes scientifiques, cette attitude d’enquête que Dewey souhaitait faire acquérir aux élèves et dont il défendait l’adoption pour résoudre les conflits humains : lorsque la science dénote non pas seulement un compte rendu de faits particuliers découverts au sujet du monde mais une attitude générale envers lui – par contraste avec des choses spécifiques à faire –, alors elle devient philosophie. Car une disposition sous-jacente représente une attitude, non pas envers telle ou telle chose, ni même envers une collection de choses connues, mais envers les considérations qui gouvernent la conduite [Dewey, DE, LW9, p. 334].

Du point de vue même de ses premiers propagateurs, ce serait donc une erreur de rabattre le pragmatisme comme philosophie sur le seul plan de la méthode (serait-ce la méthode pour rendre les idées claires ou la méthode de l’enquête) ou de la doctrine (serait-ce la théorie de la vérité ou de l’expérience)[21].

La deuxième raison qui fait du pragmatisme un modèle privilégié est l’image globale de l’histoire et des progrès de la pensée qu’on y trouve. Peirce a distingué quatre grandes méthodes pour fixer les croyances, mais en réalité il en oppose une, la méthode scientifique, aux trois autres (méthode de ténacité, méthode d’autorité, méthode a priori). Du point de vue des attitudes, l’histoire de la philosophie oscille en effet entre l’attitude du scientifique, prêt à renverser toutes ses théories si l’expérience le demande, et l’attitude de celles et ceux qui s’accrochent à leurs croyances et ne raisonnent que pour les défendre coûte que coûte. James a affirmé que l’on peut voir toute l’histoire de la philosophie comme celle du conflit entre deux grands tempéraments philosophiques, les « tender-minded » (les délicats) qu’il qualifie de « rationalistes », et les « tought-minded » (les coriaces) qu’il identifie aux « empiristes ». Les premiers aiment les grands principes et tendent à être dogmatiques, quand les seconds préfèrent les petits faits et sont enclins à être critiques. On pourrait écrire l’histoire de la philosophie en rangeant chaque philosophe dans l’une ou l’autre colonne, selon l’inclination dominante de sa pensée, et en montrant comment chaque avancée doctrinale ou méthodologique de l’une des tendances appelle des réactions et des modifications de l’autre pour en défendre et en réactualiser l’attitude générale. L’ensemble de l’œuvre de Dewey est structuré par l’opposition entre une ancienne et une nouvelle manière de penser, dont il analyse les formes générales à travers tous les champs philosophiques et dont il dégage les facteurs historiques, tant sociaux que scientifiques. S’il fait de la révolution scientifique des XVIe et XVIIe siècles un tournant dans l’histoire de la culture, c’est qu’elle commence à introduire un nouvel esprit d’enquête à l’opposé de cette manière dualiste de penser qui répond à une quête de certitude absolue. À leur suite, Rorty voit dans la culture et la pensée l’histoire d’une lutte entre des tendances pour et des tendances contre la recherche de fondements intemporels pouvant servir de sources non-humaines d’autorité à nos manières de vivre et de penser. Il se dégage donc de l’œuvre de ces pragmatistes une image globale de l’histoire de la philosophie, sinon de la culture, qui en localise la détermination la plus importante dans le conflit entre deux grandes attitudes, l’attitude faillibiliste, expérimentale et antidogmatique d’une part, qui prépare les individus à critiquer et reconstruire toutes leurs croyances et leurs valeurs lorsque c’est nécessaire, et d’autre part l’attitude fondationnaliste, absolutiste, dogmatique, qui exprime le besoin des individus de chercher la certitude et de se référer à l’autorité de principes ultimes et de critères définitifs. La philosophie, au sens normatif du terme, y est d’ailleurs identifiée à la première de ces attitudes, qui, dans l’histoire, est en réalité toujours seconde et doit être conquise en surmontant la première, qui représente une inclination plus naturelle de la pensée. Ce conflit se joue à l’échelle des individus tout autant que de l’histoire collective. Il est ainsi possible de lire l’œuvre d’un philosophe comme étant encore en transition, partagée selon des proportions variables entre l’ancienne et la nouvelle manière de penser. Cette tension n’épargne pas les pragmatistes eux-mêmes, si bien que leurs successeurs et héritiers peuvent chercher à expurger de leurs œuvres les vestiges de modes de pensée pré-pragmatistes au nom d’une fidélité supérieure à l’attitude même qu’ils ont cherché à promouvoir. Cette tension est également à l’œuvre en chacun d’entre nous, et si la philosophie, pour les pragmatistes, a une vocation éthique et éducative fondamentale, c’est qu’elle doit nous inciter à former les bonnes dispositions à penser, et pas seulement à nous informer sur les traits constituants de la réalité, la nature de la connaissance ou les principes fondamentaux de la démocratie.

La troisième raison générale est que les pragmatistes ont réalisé eux-mêmes un certain nombre d’ascensions éthiques qui ont ouvert la voie d’une telle stratégie de compréhension des conceptions philosophiques. Ils l’ont fait, nous l’avons noté, pour le terme même « pragmatisme », terme en « -isme » à qui il convient d’appliquer sa propre médecine. Une telle caractérisation éthique du pragmatisme est fidèle au pragmatisme lui-même puisqu’elle permet de le comprendre pragmatiquement : identifié à une attitude ou à un caractère comme complexe de dispositions, plutôt qu’à un système de thèses ou un ensemble de méthodes, le pragmatisme comme conception philosophique se voit ainsi défini en termes de résultats pratiques et d’habitudes d’action. Il en va de même pour tous les autres termes dont on se sert communément pour préciser la position pragmatiste, et dont la plupart ont fait l’objet, de la part des pragmatistes historiques, d’une lecture méthodologique ou éthique : « faillibilisme », « expérimentalisme », « empirisme », « pluralisme », « naturalisme », « méliorisme », « antifondationnalisme », « antireprésentationalisme », « antiscepticisme », etc. Cette stratégie de lecture permet de retrouver le sens pragmatiste de ces conceptions dont le succès a parfois amoindri le tranchant. Par exemple, le faillibilisme, dont le terme est inventé par Peirce, est défini aujourd’hui dans les dictionnaires philosophiques par la thèse suivant laquelle il n’est pas de croyance si justifiée qui ne puisse être fausse. Or le faillibilisme énonce moins une thèse sur une propriété curieuse de nos croyances qu’il ne désigne une attitude à recommander vis-à-vis de l’ensemble de nos croyances. Il se formule sous la forme de préceptes tels que « ne te repose jamais dans tes croyances établies », « ne les érige pas en dogmes absolus », « cherche constamment à les améliorer », « ne bloque pas la voie de l’enquête ». Le rapport entre le faillibilisme et le reste des croyances n’est ainsi pas un lien d’une croyance particulière (sur nos croyances) aux autres croyances. Il renvoie à une manière de croire, plutôt qu’à une croyance particulière énonçable sous la forme d’une thèse séparée. Sa valeur tient dans les effets qu’une telle disposition vis-à-vis de ses propres croyances produit, en ce qu’elle est la condition de la critique et de la reconstruction de toutes nos croyances. C’est donc en faisant du faillibilisme une attitude et non simplement une doctrine (même si elle est inséparable de certaines conceptions substantielles, par exemple sur la nature des croyances) qu’on retrouvera le sens pragmatiste du faillibilisme, en même temps que sa dimension éthique. Enfin, tous les concepts majeurs des pragmatistes ont fait l’objet de la part des pragmatistes, ou sont susceptibles de faire l’objet, d’une telle ascension méthodologique et éthique. On l’a déjà aperçu pour le concept pragmatiste de « science ». On en approfondira plusieurs autres exemples, à titre de modèles, dans les chapitres qui suivent, au sujet de la « volonté de croire », de l’« enquête » ou de l’« expérience pure ».

La dernière raison est que les pragmatistes n’ont pas seulement conçu la philosophie comme attitude, mais qu’ils ont également élaboré une riche philosophie des attitudes. Leur participation à l’essor de la nouvelle psychologie scientifique, dans ses aspects aussi bien biologiques que sociaux, les a conduits à mobiliser largement un vocabulaire éthologique ou comportementaliste : tempérament, caractère, disposition, habitude, geste, rôle et attitude sociale, vertu. Leur perspective naturaliste singulière – anti-dualiste et anti-réductioniste – les a par ailleurs amenés à favoriser le champ lexical de la modalité (une nature unique, mais diversement modulée) : manière d’agir et de penser, mode de vie, modification, adverbe de manière, ways, méthode, moyen. Ces deux aspects sont particulièrement développés chez Dewey. Partant d’un monde d’interactions, il entend rendre compte de toute chose, y compris des différents aspects de l’expérience humaine, en fonction des modes particuliers d’interactions qui les constituent. L’instinct, l’habitude et l’intelligence sont des modes spécifiques d’interaction avec l’environnement naturel et social. L’esprit en général est une certaine manière de se conduire (la manière intelligente), et non une substance séparée du corps ou de l’environnement. Le moi est un complexe d’habitudes en reconstruction continue. Les croyances sont des dispositions générales à agir. Les concepts sont des manières générales de se comporter vis-à-vis des faits particuliers. La science est une certaine manière de conduire sa pensée. L’éducation est le processus contrôlé de formation des dispositions, l’école n’étant qu’une des formes que ce contrôle peut prendre. La démocratie est un certain mode de vie associée, avant d’être un ensemble d’institutions. La religion est une certaine attitude envers le tout de la vie, avant d’être un ensemble de doctrines et d’organisations[22]. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la philosophie elle-même, considérée à son tour comme une activité, se voie définie par les grandes attitudes qu’elle exhibe et promeut. Si l’on considère que les croyances sont des habitudes d’action, alors les dispositions pragmatistes sont des habitudes au second degré. Ce sont les habitudes de la pensée réfléchie[23].

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

____________

NOTES

[1] Engels, 1974, p. 19-20.

[2] Hadot, 2001, p. 177.

[3] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[4] Hadot, 1995, p. 379-407.

[5] Comte, 1996, p. 74.

[6] Rorty, LT, p. 1-15.

[7] Deleuze, 1966, p. 1-28.

[8] Rorty, LT, p. 4.

[9] Marconi, 1997, p. 13-16.

[10] Granger, 1955, p. 24.

[11] Karl Popper définit aussi son rationalisme critique comme une attitude générale de l’esprit plutôt qu’en fonction de doctrines particulières (l’attitude d’être disposé à écouter les arguments critiques et à apprendre de l’expérience, Popper, 1994, p. XII-XIII – voir sur ce point Bouveresse, 1984, p. 78-79), mais il caractérise en fait ici l’attitude critique dans son opposition à l’attitude dogmatique, plutôt que l’attitude rationaliste dans son opposition à l’attitude empiriste (on verra tout au long de ce livre que l’empirisme a prétendu depuis le début à incarner de manière plus consistante l’attitude antidogmatique).

[12] Fine, 1984 et surtout Crasnow, 2000.

[13] Van Fraassen, 2002, p. 47-48.

[14] Van Fraassen, 2002, p. 49.

[15] Andler, 2016, p. 93-94.

[16] Madelrieux, 2008.

[17] Van Fraassen en reconnaît la priorité pour la caractérisation de l’empirisme comme attitude (2002, p. 213) et Andler le mentionne quand il indique que le choix en faveur du naturalisme exprime un tempérament philosophique (Andler, 2016, p. 95 et 476 n).

[18] Peirce, EP2, p. 448.

[19] Peirce, CP5, p. 491.

[20] James, P, p. 32.

[21] Les ouvrages d’ensemble sur le pragmatisme se présentent généralement : 1) soit comme des études historiques retraçant le développement du mouvement et l’élargissement progressif du sens du terme « pragmatisme », avec une insistance sur les œuvres des différentes figures (du club métaphysique de Peirce et James au néopragmatisme post-analytique de Rorty et Putnam : Mounce, 1997 ; Murphy, 1990 ; Misak, 2013) ; 2) soit comme des études thématiques (Morris, 1970 ; Eames, 1977, Talisse et Atkins, 2008) : la méthode pragmatique, la théorie faillibiliste de la connaissance et de la vérité, la métaphysique indéterministe et pluraliste, l’analyse naturaliste des valeurs (morale, politique, art, religion) ; 3) soit comme le relevé d’une série de thèses fondamentales (par exemple Putnam, 1994) comme l’antifondationnalisme et l’antiscepticisme, l’opposition à la dichotomie fait/valeur, l’antireprésentationnalisme, etc. ; 4) soit, le plus souvent, comme un mixte de ces différentes présentations (Thayer, 1981 ; Cometti, 2010). Même si leur importance est soulignée, les considérations sur le pragmatisme comme méthode, et a fortiori comme manière générale de penser, sont donc généralement réservées et limitées aux premiers temps de la présentation (ou aux moments de bilan, dans la conclusion), au lieu d’être prises comme point de vue systématique permettant d’éclairer l’ensemble des thèses et des thèmes, voire le développement d’une même histoire. L’expression « tournant pragmatiste » ou « pragmatique », au lieu de référer à une révolution méthodologique à l’exemple du « tournant linguistique », a même pu être utilisée dans un sens relativement substantiel. Egginton et Sandbothe (2004) font résider ce tournant dans les différentes stratégies néo-pragmatistes de critique du représentationalisme. Richard Bernstein (2010) le repère dans la critique de la conception cartésienne de l’esprit et de la connaissance inaugurée par Peirce. John E. Smith a bien parlé de « l’esprit de la philosophie américaine » (Smith, 1963), mais il utilise l’expression de manière vague, synonyme de « vision philosophique », qui mélange attitude d’esprit et thèses métaphysiques et épistémologiques fondamentales (Smith, 1992). L’ouvrage de Colin Koopman (2009) présentant le pragmatisme comme l’introduction d’un point de vue « transitionnel » en chaque champ d’étude (connaissance, éthique, politique, etc.) peut être considéré comme un essai d’ascension méthodologique et même, implicitement, éthique (Madelrieux, 2017b).

[22] Pour des contributions francophones récentes à la théorie pragmatiste des attitudes en philosophie de l’esprit et de l’action, voir Steiner, 2019 ; Girel, 2021 ; Quéré, 2021. Sur la démocratie comme manière d’agir, voir Frega, 2020.

[23] Sur le rapport entre habitude et moralité réfléchie chez Dewey, voir Madelrieux, 2020. La redescription du pragmatisme comme attitude ne doit pas être comprise comme une simple réduction de la connaissance à la morale – non seulement parce que l’on ne peut court-circuiter les méthodes et les doctrines, mais aussi parce que les théories morales elles-mêmes doivent être revivifiées dans l’épreuve de l’ascension éthique.

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web Les Presses Universitaires de France

Feuilleter ce livre

Télécharger un extrait


Revue de presse

France_Inter_logo_2021.svgDoctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF

Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude.  Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques.  Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des  pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude.

L’essai « La philosophie comme attitude »  voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui.

ÉCOUTER L’ENTREVUE

La philosophie comme attitude, France Inter (Radio France), 14 juin 2024

revue-etudes

La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux

Jean-Philippe Pierron

Philosophe, directeur de la chaire « Valeurs du soin », enseigne à l’université de Bourgogne où il dirige le master « Humanités médicales et environnementales ».

Dans ce nouvel ouvrage, rédigé avec une grande clarté de style, et non sans d’incisives touches d’ironie, le philosophe Stéphane Madelrieux, spécialiste de William James (1842-1910) et de John Dewey (1859-1952), poursuit son projet en faveur d’une compréhension moins métaphysique (Henri Bergson, Jean Wahl et Gilles Deleuze) du projet pragmatiste de James et de Dewey (voir la recension de son précédent livre, Philosophie des expériences radicales, Seuil, 2022, dans Études, mai 2023). Le livre débute par une magistrale et limpide introduction qui donne son titre au livre. Alors que l’on tend à penser essentiellement les philosophies par leurs méthodes, entendues comme une certaine manière de conduire la réflexion, et par leurs doctrines formulées en des thèses et un vocabulaire spécifique, l’auteur propose de se concentrer sur ce qui les fonde, à savoir une attitude. Cette façon spécifique de penser et de se conduire mobilise des dispositions intérieures et un style : l’attitude éthique des Grecs, l’attitude critique des Lumières… C’est elle qui fait de la philosophie une activité vivante. Sur un mode combatif, il cherche alors à prémunir, parfois en radicalisant plus encore l’empirisme radical (James sans le malentendu de la religion, Dewey sans la foi religieuse), contre un dogmatisme dont la « Religion » serait le concentré. Face au « Dogme », l’attitude empiriste consiste à « être disposé à expérimenter ses croyances et ses valeurs, à les mettre à l’œuvre et à l’épreuve dans l’expérience pour savoir s’il faut les adopter, les rejeter ou les corriger » (p. 317). Mais les autres attitudes philosophiques, si elles ne se muent pas en idéologies, ne font-elles pas de même ?

Revue de culture contemporaine ETUDES, Mars 2024.

la-vie-des-idees

Lumières du pragmatisme

À propos de : Stéphane Madelrieux, La philosophie comme attitude, Puf

par Romain Mollard , le 6 janvier

Le pragmatisme est bien plus qu’une méthode d’analyse ou un ensemble de thèses fondées sur l’expérience : c’est une disposition d’esprit, et c’est certainement en cela que ce courant reste si vivant.

Cet ouvrage de Stéphane Madelrieux est issu d’articles réécrits ou augmentés pour composer un volume dont l’unité est bien réelle. L’auteur y développe des idées déjà exposées dans ses précédents livres, dont William James, L’attitude empiriste (2008) et Philosophie des expériences radicales (2022) avec une maturité accrue.

Lire la suite

Télécharger l’intégral de cet article (PDF)

1719839723859-4e941216b3556981e4a14407d1b1597e

librairie-les-volcansLibrairie les Volcans SCOP

Stéphane Madelrieux – La philosophie comme attitude

1 juillet 2024

Rencontre-Dédicace du 29 juin 2024 avec Stéphane Malderieux pour son ouvrage La Philosophie comme attitude aux éditions PUF. La rencontre en partenariat avec les rencontre philosophiques clermontoises était animée par Nathan Ben Kemoun et Valentin Debatisse.

Écouter l’entretien


Du même auteur

Stéphane Madelrieux

La philosophie comme attitude 

Stéphane Madelrieux 25 octobre 2023

Madelrieux_148334_couverture

Philosophie des expériences radicales 

Stéphane Madelrieux 4 novembre 2022

Voir la revue de presse

archives-de-philosophie

Relire Rorty, dans Archives de Philosophie, 2019/3 (Tome 82) 

Stéphane Madelrieux (dir.) 30 septembre 2019

A14462

John Dewey | L’influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine 

Édition publiée sous la direction de Claude Gautier et Stéphane Madelrieux 23 mai 2016

Trad. de l’anglais (États-Unis) par Lucie Chataigné Pouteyo, Claude Gautier, Stéphane Madelrieux et Emmanuel Renault.

9782711626465_large

La philosophie de John Dewey. Repères 

Stéphane Madelrieux 16 mars 2016

SOURCE

Institut de Recherches Philosophiques de Lyon

william-james-l-attitude-empiristejpg

William James. L’attitude empiriste

Stéphane Madelrieux

19/11/2008

bergson-et-james

Bergson et James, cent ans après

Stéphane Madelrieux

30/11/2011

william-james-le-pragmatisme

William James
Le pragmatisme
Un nouveau nom pour d’anciennes manières de penser

Édition de : Stéphane Madelrieux

Traduction (Anglais) : Nathalie Ferron

 * * *

VOIR AUSSI

La revue en ligne Pragmata est consacrée à la recherche en langue française sur le pragmatisme, par la connaissance de son histoire et l’exploration de ses usages.
La revue en ligne Pragmata est consacrée à la recherche en langue française sur le pragmatisme, par la connaissance de son histoire et l’exploration de ses usages.

DOSSIER THÉMATIQUE

L’Avantage du pragmatisme

Sous la direction de Stéphane Madelrieux

Voir le dossier dans La revue Pragmata (PDF)

 * * *

openedition_300dpi

Stéphane Madelrieux sur OpenEdition

La conversion sans la religion
Stéphane Madelrieux
https://doi.org/10.4000/theoremes.376

 * * *

Pragmatism and the Social Dimension of Doubt
Symposium on Cheryl Misak’s The American Pragmatists
Interfamilial Issues
Stéphane Madelrieux
https://doi.org/10.4000/ejpap.549

 * * *

Le principe de la folie et de la raison. Association des idées et liaison des idées aux XVIIe et XVIIIe siècles
Dossier
Conclusion. Le projet scientifique de la psychologie associationniste
Stéphane Madelrieux
https://doi.org/10.4000/asterion.2529

 * * *

Pragmatism and/on Science and Scientism
Multilingual
Symposium sur Stéphane Madelrieux Philosophie des expériences radicales
La différence pragmatiste
Réponse à Rossella Fabbrichesi, Claude Gautier et Philippe Sabot
Stéphane Madelrieux
https://doi.org/10.4000/11p5a

 * * *

Hume – L’individu
La perception de la ressemblance – Hume, James, Deleuze –
Frédéric Brahami et Stéphane Madelrieux
p. 21-46
https://doi.org/10.4000/philosophique.142


Au sujet de l’auteur

Stéphane Madelrieux

CapturePage(34)

Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL)
Responsable du Master 2 mention « Philosophie », parcours « Philosophie contemporaine »

Curriculum vitae (PDF)

 * * *

cairn-info

Stéphane Madelrieux sur Cairn.info

 * * *

PhilPapers_logo.svg

Stéphane Madelrieux sur PhilPapers

 * * *

la-vie-des-idees

Stéphane Madelrieux sur La vie des idées

 * * *

Radio_France_logo

Stéphane Madelrieux sur Radio France

 * * *

google_scholar_logo-svg

Stéphane Madelrieux sur Google Scholar


RÉFÉRENCES

Stéphane Madelrieux se référant aux travail de William James, voici un site web qui en offre les ouvrages en téléchargement gratuit

CapturePage(35)

Les livres en accès gratuit de William James sur le site web Les classiques des sciences sociales


dossier-philotherapie-bandeau-750

Mon rapport de lecture du livre

La philosophie comme attitude

Stéphane Madelrieux

Presses universitaires de France (PUF)

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

Le lecteur tirera de cet ouvrage, suivant l’idée que « le médium est le message », non seulement un exemple de la structure d’une histoire érudite, dans ce cas précis, de la philosophie pragmatiste, mais aussi une exemple concret d’application d’un esprit critique étendu à tous les aspects d’un sujet.

Personnellement, le mot « attitude » m’interpelle plus particulièrement en raison de mon travail de président fondateur et directeur général d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs au cours des années 1990. Notre méthode d’enquête prédictive mesurait le pouvoir du produit à générer des attitudes favorables ou défavorables des consommateurs potentiels. Plus le pourcentage d’attitudes favorables générées par les consommateurs face au produit est élevé, au-delà du seuil de 70%, plus le succès du produit sur le marché est assuré. Pourquoi les attitudes ? Parce qu’il s’agit de la toute dernière opération mentale déterminant et agissant sur le comportement d’achat du consommateur. Et pour le chercheur américain Louis Cheskin (1907—1981), à l’origine de cette méthode, les consommateurs n’ont pas conscience de leurs attitudes, On ne peut donc pas fonder sa recherche sur des questions directes aux consommateurs. Il faut plutôt adopter une « Approche indirectes des réactions du marché » pour passer outre les mécanismes de défense naturelle des consommateurs. Pour de plus amples information, télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateur à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez pas à l’université (PDF) ». Le processus conduit à l’adoption d’une attitude favorable ou défavorable est plus court que celui débouchant sur une opinion. L’attitude a donc, à ce titre, plus d’impact sur le comportement du consommateur que son opinion. Et si je rapporte cela à la philosophie, je dois donc admettre que toute philosophie implique en amont une attitude, ce qui rejoint les propos du professeur Stéphane Madelrieux.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles.

« On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte — un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». »

On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-14.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

Qu’est qu’une attitude ? « L’attitude est l’« état d’esprit » d’un sujet ou d’un groupe vis-à-vis d’un objet, d’une action, d’un autre individu ou groupe. Elle ressort au savoir-être de quelqu’un. C’est une prédisposition mentale à agir de telle ou telle façon. Elle désigne surtout une intention et n’est donc pas directement observable. » (Source Wikipédia).

Il y a toujours un problème ou un autre avec la définition d’une attitude, surtout en philosophie. On le constate à la lecture du texte « Les attitudes philosophiques » du Docteur en philosophie Oscar BRENIFIER (Diotime, n°30 (07/2006). Tantôt il parle d’« attitude philosophique », tantôt il parle de « vertu philosophique », ce qui est très d’être la même chose. Aussi, il écrit que « Les attitudes sont des aptitudes ».

APTITUDES

Les attitudes sont des aptitudes. L’origine est la même, le sens quasiment identique. Si ce n’est que le premier renvoie à l’être, à un savoir-être, et le second à l’action, à un savoir-faire. Mais il reste à savoir si l’action doit déterminer l’être, ou si l’être doit déterminer l’action. Là encore, question d’attitude ou d’acte de foi, ce positionnement déterminera à la fois le contenu de la philosophie enseignée, mais aussi la manière de l’enseigner, la nécessité de l’enseigner, le rapport à l’autre, le rapport à soi ainsi que le rapport au monde. Mais pour prendre en charge cette problématique faut-il encore ne pas nier que le philosopher ait un sujet : nous-même, ou l’autre. Constat qui nous empêche de parler pour la philosophie et nous autorise à se saisir de la parole uniquement dans la perspective réduite d’un être singulier, d’une parole singulière. Mais là encore, c’est prôner une attitude spécifique qui ne saurait échapper à la critique de celui qui souhaiterait y échapper.

Source : BRENIFIER, Oscar, Les attitudes philosophiques, Diotime, n°30 (07/2006).

L’Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors parle de « Propositional Attitudes » (Attitudes propositionnelles) :

Propositional Attitudes

Sentences such as “Galileo believes that the earth moves” and “Pia hopes that it will rain” are used to report what philosophers, psychologists, and other cognitive scientists call propositional attitudes—for example, the belief that the earth moves and the hope that it will rain. Just what propositional attitudes are is a matter of controversy. In fact, there is some controversy as to whether there are any propositional attitudes. But it is at least widely accepted that there are propositional attitudes, that they are mental phenomena of some kind, and that they figure centrally in our everyday practice of explaining, predicting, and rationalizing one another and ourselves.

For example, if you believe that Jay desires to avoid Sally and has just heard that she will be at the party this evening, you may infer that he has formed the belief that she will be at the party and so will act in light of this belief so as to satisfy his desire to avoid Sally. That is, you will predict that he will not attend the party. Similarly, if I believe that you have these beliefs and that you wish to keep tabs on Jay’s whereabouts, I may predict that you will have made the prediction that he will not attend the party. We effortlessly engage in this sort of reasoning, and we do it all the time.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

TRADUCTION – GOOGLE

Attitudes propositionnelles

Des phrases telles que « Galilée croit que la terre bouge » et « Pia espère qu’il pleuvra » sont utilisées pour décrire ce que les philosophes, psychologues et autres spécialistes des sciences cognitives appellent des attitudes propositionnelles — par exemple, la croyance que la terre bouge et l’espoir qu’il pleuvra. La définition exacte des attitudes propositionnelles est sujette à controverse. En fait, il existe une certaine controverse quant à l’existence d’attitudes propositionnelles. Mais il est au moins largement admis qu’il existe des attitudes propositionnelles, qu’elles sont des phénomènes mentaux d’une certaine sorte et qu’elles occupent une place centrale dans notre pratique quotidienne d’explication, de prédiction et de rationalisation des autres et de nous-mêmes.

Par exemple, si vous croyez que Jay désire éviter Sally et vient d’apprendre qu’elle sera à la fête ce soir, vous pouvez en déduire qu’il a formé la croyance qu’elle sera à la fête et qu’il agira donc en fonction de cette croyance afin de satisfaire son désir d’éviter Sally. Autrement dit, vous prédirez qu’il n’ira pas à la fête. De même, si je crois que vous avez ces croyances et que vous souhaitez garder un œil sur les allées et venues de Jay, je peux prédire que vous aurez fait la prédiction qu’il n’ira pas à la fête. Nous nous engageons sans effort dans ce genre de raisonnement, et nous le faisons tout le temps.

Source : LINDEMAN, David, Georgetown University (U. S. A.), Propositional Attitudes, Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors.

L’Encyclopédie Universalis introduit en ces mots sa définition de Attitude :

Le mot attitude vient du latin aptitudo. Son sens primitif appartient au domaine de la plastique : « Manière de tenir le corps. [Avoir] de belles attitudes », dit Littré. Du physique le terme se transpose au moral : « L’attitude du respect » ; puis il déborde le moral pour indiquer des dispositions diverses : « Le gouvernement par son attitude a rassuré les amis de la paix », dit encore Littré. Le mot commence à apparaître régulièrement dans le vocabulaire scientifique avec les premiers travaux de la psychologie expérimentale. Très rapidement, en effet, les psychologues ont remarqué que la réussite devant une tâche, et plus généralement la réaction à une stimulation, dépendait de certaines dispositions mentales. Déjà, H.  Spencer écrivait que « la formulation des jugements corrects sur des questions controversées dépend beaucoup de l’attitude mentale (the attitude of mind) que nous manifestons en écoutant ou en prenant part à la discussion ». La notion d’attitude apparaît donc comme fondamentale pour expliquer la relation entre stimulation et réponses.

Source : BOUDON, Raymond (membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur à l’université de Paris-IV-Sorbonne), ATTITUDE, Encyclopædia Universalis.

Aussi on peut ce résumé ans le document « La relation attitude-comportement : un état des lieux » :

Résumé·s

La définition psychosociale de l’attitude en fait un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière lorsque la situation implique la présence réelle ou symbolique de l’objet d’attitude, d’où l’effort récurrent d’évaluer ce lien qui existe entre les réponses verbales et les actes. L’auteur présente ainsi trois générations de travaux qui abordent, avec des éclairages différents la question de la consistance entre attitude et comportement : ceux qui concluent à une relation très faible, ceux qui concluent à une relation modérée, ceux qui mettent en évidence des conditions nécessaires à la prédictivité des attitudes.

Les deux premiers paragraphe de l’article

La relation attitude-comportement est une des relations les plus difficiles à cerner. En effet, elle est l’objet d’importants débats depuis de nombreuses années, et pourtant elle ne semble pas encore clairement définie.

Nous savons que dans le langage ordinaire, l’attitude correspond, au sens propre, à une position du corps, à une manière de se tenir, et au sens figuré, à une conduite tenue dans certaines circonstances. Par contre en psychologie sociale, l’attitude est essentiellement employée dans le sens d’un état mental et neurophysiologique déterminé par l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le préparant à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets ou d’événements (Allport, 1935). Autrement dit, l’attitude est considérée comme une variable intermédiaire qui prépare l’individu à agir d’une certaine manière à l’égard d’un objet donné. Cependant, les auteurs qui se sont intéressés à la question de l’attitude ont un point de vue différent au sujet de l’évaluation de l’attitude. Pour certains, l’attitude a essentiellement un caractère unidimensionnel : elle ne s’exprimerait que par des réponses affectives positives ou négatives (Osgood, Succi & Tannenbaum, 1957 ; Petty & Cacioppo, 1981). Pour d’autres, l’attitude a un caractère tridimensionnel (Hovland & Rosenberg, 1960) : son évaluation est à la fois cognitive (connaissances et croyances au sujet d’un objet d’attitude), conative (les intentions), tout autant qu’affective.

Source : Michelik, Fabienne, La relation attitude-comportement : un état des lieux, Éthique et économique = Ethics and economics ; vol. 6, no 1., Centre de recherche en éthique de l’Université de Montréal, 2008. Télécharger le document (PDF).

Et voici la définition que je donne au mot attitude dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat » :

ATTITUDES. Les mots-clés : 1. Inconscient. 2. Convergence.

Disposition, état d’esprit (à l’égard de quelqu’un ou quelque chose); ensemble de jugements et de tendances qui pousse à un comportement (Le Petit Robert). “Une attitude est donc une orientation générale de la manière d’être face à certains éléments du monde. C’est l’expression dynamique d’un principe affectif profond et inconscient (ou valeur) acquis à travers la succession ou la répétition d’expérience de la vie. Une attitude prédispose à percevoir et à agir d’une certaine manière. C’est parce que les attitudes influencent la perception, la mémoire et le raisonnement qu’elles interviennent puissamment dans l’orientation des conduites et sont donc des motivations.” (13). L’attitude est le dernier facteur en liste à influencer le comportement, après l’attitude vient l’acte. À ce titre, l’attitude est le point de convergence de tous les facteurs, conscients et inconscients, qui influencent le comportement. Aussi, l’attitude prédispose à l’action et, par le fait même, elle annonce (laisse voir) l’acte qui sera posé. Il n’est donc pas besoin de connaître et de contrôler tous les facteurs agissant sur le comportement d’un individu pour prédire s’il posera ou non un geste d’achat. Il suffit d’identifier l’objet des attitudes (ex. : praticité), d’en déterminer la qualité (favorable, défavorable ou mi-favorable, mi-défavorable) et d’en mesurer la force pour savoir si le produit sera ou non l’objet d’un geste d’achat. Alors que nous nous sommes déjà faits une « opinion inconsciente » de l’objet perçu et avons adopté inconsciemment l’attitude qui s’impose, le cerveau conscient vient à peine de recevoir sa copie du message envoyé par les organes sensoriels. Il entreprend alors de se faire une opinion de l’objet perçu.

____________

13. Alex Mucchielli, Les Motivations, Collection Que sais-je ?, No 1949, Presses Universitaires de France, Paris, 2000, Cinquième édition mise à jour, p. 78.

GUAY, Serge-André, Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’Université, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec), 2007, p. 45.

Bref, à mon avis, l’attitude n’est pas une disposition intellectuelle consciente.

Reprenons la citation tirée de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE ci-dessus et poursuivons avec le paragraphe suivante :

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et largement étudiés de l’activité philosophique. Or non seulement il faut distinguer une troisième dimension, à laquelle on réservera le nom d’« attitude », mais on soutiendra tout au long de ce livre que cette troisième dimension est la plus importante pour la philosophie. Il arrive qu’on rencontre un étudiant qui connaisse bien une doctrine et qui maîtrise suffisamment les règles d’un exercice philosophique, mais qui semble manquer, comme on le dit parfois, de « sens philosophique » dans la restitution de cette doctrine comme dans l’application de ces règles. On veut dire par là qu’il n’a pas encore acquis certaines dispositions d’esprit qui font de la philosophie une activité vivante, un exercice de réflexion en acte – un peu comme le pianiste dont le jeu est « sans âme ». Ces dispositions ne se confondent pas avec des thèses soutenues ou avec des méthodes utilisées, puisqu’elles mettent en jeu une attitude générale envers ces thèses et ces méthodes, une manière de se rapporter à elles : une certaine façon de proposer une position, une certaine façon d’utiliser un outil de réflexion et de se rapporter à son but. Ces dispositions s’acquièrent, comme les informations doctrinales et les procédés méthodiques, mais il est plus difficile de les transmettre sous forme d’énoncés. Non pas qu’elles ne soient générales, ni susceptibles d’être mises en œuvre au cours d’occasions différentes, dans l’énoncé de tel ou tel élément particulier de doctrine ou dans l’utilisation de telle ou telle règle particulière. Ces dispositions sont au contraire comme des grandes habitudes de pensée, des tournures d’esprit affectant l’ensemble de sa pensée, des ways of thinking. Mais elles sont personnelles, qualifiant la manière la plus générale dont un philosophe pense. Elles composent comme son caractère ou son tempérament philosophique. Elles sont ainsi moins détachables du philosophe que les doctrines ou les méthodes, et elles s’apprennent plus facilement par l’exemple, en voyant comment font les modèles qui les exhibent de manière particulièrement exemplaire et convaincante.

C’est une conception de la philosophie qu’on associe généralement aux écoles de l’Antiquité depuis les travaux pionniers de Pierre Hadot. Celui-ci a fait valoir que la philosophie antique, et, en réalité, toute philosophie authentique, devait se comprendre non pas seulement comme un ensemble de doctrines et de systèmes d’idées, mais avant tout comme une manière de conduire sa vie.

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures » (Hadot, 2001, p. 177.)

Il y a bien des doctrines, et des règles à suivre, mais ce qui compte est l’engagement personnel du philosophe dans un certain mode de vie, son « effort pour se mettre dans certaines dispositions intérieures[1] ». Au cœur de chaque système philosophique, il s’est ainsi proposé de découvrir une « attitude existentielle » ou « spirituelle » qui l’anime et que le philosophe a cherché à exhiber et mettre en œuvre dans tous les événements de sa vie[2] : attitude d’indifférence du sceptique, attitude de consentement du stoïcien, attitude de détente de l’épicurien. Si les éléments de doctrines sont tributaires du contexte de leur époque, ces grandes attitudes philosophiques lui paraissent réactualisables, et en ce sens, elles seraient transhistoriques et même transculturelles (on en retrouverait des équivalents dans les pensées non occidentales). Cette conception antique de la philosophie aurait disparu au Moyen Âge, avec la prise en charge de la conduite de la vie par la religion chrétienne et la création des premières universités, au profit de sa seule identification à l’élaboration de discours conceptuels systématiques, même si elle a survécu en marge de l’institution scolaire et refait surface çà et là chez un Montaigne ou un Wittgenstein[3].

______________

[1] Hadot, 2001, p. 177.

[2] Hadot, 2001, p. 117-120, 124.

[3] Hadot, 1995, p. 379-407.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 13-15.

P.S.: L’encadré est de nous. Le soulignement est de nous et remplace l’italique dans le texte original.

À chaque référence à « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Hadot (voir mon rapport de lecture), je pense inévitablement à la manière de vivre des philosophes à savoir si leurs dires étaient en adéquation avec leurs comportements. Et je trouve une part de la réponse dans le livre « Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques » d’Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès chez La Découverte et paru en 2000. (Voir mon rapport de lecture).

oreste-saint-drome-philo-tableau-p96-1280

« (...) En philosophie, la méthode n'est pas un échafaudage qu'on pourrait retirer une fois l'édifice construit. C'est plutôt de la manière même dont le matériau de la doctrine à été assemblé et continue de tenir ensemble, et on ne peu la retirer sans tout faire s'écrouler. (...) »


MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.18.

Ce qui vaut pour les tempéraments psychologiques vaut pour les attitudes philosophiques : c’est en action qu’il faut les considérer. On ne les trouvera nulle part ailleurs que dans les méthodes et les doctrines. On peut bien chercher à abstraire et à réactualiser, comme le dit Hadot, une grande attitude philosophique, mais ce sera encore au sein des débats de son époque, et sous des formes qu’ils conditionneront en partie. C’est néanmoins sur l’ordre de dépendance inverse qu’on veut ici insister. Car cet ordre ne signale pas seulement une interdépendance factuelle entre doctrine, méthode et attitude. Il permet aussi d’illustrer la thèse normative selon laquelle le niveau le plus important, dans une philosophie, est le type d’attitude qu’elle exhibe et promeut. Si les trois sont nécessaires pour l’articulation d’une pensée, c’est sur le plan des attitudes que les doctrines et les méthodes trouvent leur sens et leur valeur philosophiques les plus décisifs et les plus durables. La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. C’est d’abord à ce niveau, plutôt qu’à celui des thèses doctrinales ou même des règles méthodologiques, que les grands problèmes ou les grands débats philosophiques devraient être posés.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.19.

J’insiste sur ce passage : « La philosophie doit d’abord se comprendre comme une attitude, et non seulement comme un ensemble de doctrines ou de méthodes spécifiques de penser. Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. » C’est clair ! Avant même que soient penser les doctrines et les méthodes des philosophes, il y a en chacune une attitude déjà en action dans la vie du philosophe.

Permettez-moi de citer Louis Cheskin :

Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Le philosophe n’échappe pas à cet état de fait. C’est pourquoi, Stéphane Madelrieux se rapporte à la réalité, lorsqu’il écrit : « Derrière les doctrines et les méthodes des philosophes, il faut savoir retrouver les grandes attitudes de pensée qu’ils incarnent et expriment. »

(…) L’attitude est en effet la plus générale et la plus durable de ces trois dimensions. On changera plus facilement de croyances doctrinales, et même de règles de méthode, que d’attitude. C’est d’ailleurs ainsi qu’on se rend compte du mélange de continuité et de discontinuité dans le parcours de philosophes qui ont changé, parfois spectaculairement, de conceptions, comme c’est le cas par exemple de Wittgenstein et de Putnam. Les changements dans les doctrines défendues et dans les méthodes d’analyse recommandées permettent de dégager la constance d’une grande attitude philosophique qui n’avait pas encore trouvé les moyens d’expression adéquats dans leur première période. C’est une telle attitude, qui prend de plus en plus conscience d’elle-même, qui les pousse à réformer leurs thèses et leurs techniques. C’est que de telle attitudes constituent le cœur de la personnalité philosophique, quand les méthodes et les croyances sont plus périphériques. Elles sont plus directement liées à l’image que l’on se fait de soi-même comme philosophe et à ce qui compte par-dessus tout à ses yeux en philosophie. Face à des critiques et objections, on sera plus enclin à abandonner ou corriger telle thèse qu’à changer d’attitude, ce qui impliquerait une transformation profonde de notre tempérament philosophique. (…)

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.25.

« Changes d’attitudes » est un ordre que nous entendons souvent. Or, changer d’attitude ne se fait généralement pas avec l’aisance que nous voudrions. En fait, lors des études de motivation, on constate que l’abandon d’une attitude n’est possible que si une autre vient la détrôner, souvent à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme.


Voici l’entrevue accordée par Stéphane Madelrieux à L’heure Philo sur FranceInter le 14 juin 2024.

Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l'activité philosophique. Mais il y a aussi l'attitude philosophique. Alors qu'est ce qu'une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans " La philosophie comme attitude" au PUF Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans " La philosophie comme altitude", édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c'est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l'attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l'auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. L'essai "La philosophie comme attitude" voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d'abord l'exercice d'une attitude spécifique, l'esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l'examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l'histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l'attitude dogmatique et autoritaire, et l'attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l'expérience, au-delà même de leurs méthodes d'analyse et d'enquête, la promotion et l'extension d'une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine - depuis la science jusqu'à la morale, la politique et la religion - sont leur projet le plus important et le plus digne d'être enseigné aujourd'hui.
Doctrines et méthodes sont des aspects bien répertoriés et étudiés de l’activité philosophique. Mais il y a aussi l’attitude philosophique. Alors qu’est ce qu’une attitude philosophique? Examen de la philosophie pragmatiste avec Stéphane Madelrieux dans  » La philosophie comme attitude » au PUF / Le pragmatisme, un modèle privilégié pour tout examen général de la philosophie comme attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes philosophiques. Dans  » La philosophie comme altitude », édité au PUF, de Stéphane Madelrieux, c’est surtout de pragmatisme dont il est question ainsi que de l’attitude philosophique des pragmatistes. Le philosophe William James est pour l’auteur un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude. / L’essai « La philosophie comme attitude » voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Stéphane Madelrieux défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre ces deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentale. Au-delà de leurs théories sur la vérité ou l’expérience, au-delà même de leurs méthodes d’analyse et d’enquête, la promotion et l’extension d’une manière de penser antidogmatique et anti­autoritaire dans tous les secteurs de la vie humaine – depuis la science jusqu’à la morale, la politique et la religion – sont leur projet le plus important et le plus digne d’être enseigné aujourd’hui. À écouter sur FranceInter – Radio France.

Attitude empiriste et référence directes à William James

Mon attention avait déjà été attirée sur ce point lors de mon livre sur William James, que j’avais significativement intitulé William James. L’attitude empiriste[16]. Le problème qui l’avait amené était le fait que les commentateurs étaient divisés sur la question de savoir ce qui constitue le « centre de la vision » de James. On le considère traditionnellement d’abord comme un pragmatiste, mais certains ont cherché à montrer que son pragmatisme dépendait d’une position plus fondamentale, tantôt l’indéterminisme, tantôt le pluralisme ou l’empirisme radical, parfois le panpsychisme. Ma lecture systématique m’avait conduit à comprendre qu’il n’y avait pas moyen de ramener toutes les thèses défendues dans sa psychologie comme dans sa philosophie à un seul et même cœur doctrinal, et que, lorsqu’on le faisait, c’était toujours au détriment d’aspects de son œuvre qu’on négligeait ou dont on réduisait la spécificité. L’erreur m’est apparue dans le fait non pas de chercher un centre de sa vision, mais dans le fait de l’identifier à une doctrine particulière, à laquelle il aurait fallu ramener tout le système. Ce centre rayonnant, le noyau de son champ de conscience philosophique, il était en revanche possible de le caractériser comme une attitude, d’autant qu’il définissait lui-même l’empirisme comme une attitude avant d’en faire une doctrine. Tel était le centre de sa pensée, qui était partout sans être localisé en un point spécifique : pour chaque problème traité, que ce soit la fonction de la conscience, la nature de la vérité ou la valeur de l’expérience religieuse, James l’aborde en adoptant une certaine attitude qui se voulait empiriste et qu’il a cherché à caractériser et déployer dans toute son œuvre. Mais si, dans cet ouvrage, j’avais tenté de montrer que chaque doctrine reflétait chacune pour son compte une telle attitude de fidélité envers l’expérience, je n’avais pas cherché à lire le pluralisme, l’empirisme radical ou le surnaturalisme eux-mêmes comme des attitudes. Je n’avais pas suffisamment vu que le pragmatisme se trouve plus dans ce mouvement d’ascension éthique que dans la théorie de la vérité ou la méthode que James appelle de ce nom, et qu’il est possible de comprendre tous ces « -isme » comme autant de grandes dispositions de l’esprit composant ensemble le tempérament philosophique que James préconise.

Ce livre est donc en un sens une reprise systématique de ce programme, et James est un modèle historique essentiel dans la compréhension de la philosophie comme attitude[17]. Mais il en élargit l’examen au-delà du seul cas de James, car c’est en réalité l’ensemble du pragmatisme classique qui est animé par cette question. Plusieurs grandes raisons font en effet de l’étude du pragmatisme un modèle privilégié à mes yeux pour tout examen général de la philosophie comme attitude.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 27-28.

Citation tirée de l’œuvre de William James

le pragmatisme représente une attitude tout à fait familière en philosophie, l’attitude empiriste, mais elle la représente, à ce qu’il me semble, sous une forme à la fois plus radicale et moins contestable qu’elle ne l’a jamais été. Un pragmatiste tourne le dos résolument et une fois pour toutes à tout un tas d’habitudes invétérées qui sont chères aux philosophes professionnels […] la méthode pragmatique signifie donc jusqu’à présent non pas un résultat particulier quelconque, mais seulement une attitude d’orientation. L’attitude de se détourner des choses premières, des principes, des « catégories », des prétendues nécessités ; et de se retourner vers les choses dernières, les fruits, les conséquences, les faits[20].

[20] James, P, p. 32.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.29.

« Ce livre porte sur… »

Ce livre porte sur la philosophie et il aborde plus particulièrement les rapports entre philosophie et métaphysique, philosophie et science, philosophie et religion. Il le fait à travers l’examen de quelques thèses majeures des pragmatistes sur la philosophie, en montrant qu’il convient, pour bien les apprécier et les évaluer, de les rapporter à chaque fois aux grandes manières de penser qu’elles incarnent et exhibent. La première partie détaille la caractérisation du pragmatisme comme attitude, en retrouvant, au plus près des textes, les arguments généraux qui permettent de distinguer les trois niveaux de la doctrine, de la méthode et de l’attitude et d’accorder le primat du point de vue de la valeur philosophique à celui de l’attitude. La seconde partie souligne l’un des aspects les plus importants de l’attitude pragmatiste : sa disposition à la critique, qui en fait l’héritière de l’esprit des Lumières. Elle met notamment en œuvre cet esprit critique sur des problèmes de métaphysique et de religion. Parce qu’une telle compréhension du pragmatisme ne décourage pas mais au contraire favorise la critique des thèses doctrinales et des méthodes des pragmatistes eux-mêmes, parce que la valeur du pragmatisme se trouve précisément dans cet encouragement à la critique, une grande partie de ces chapitres indiquent les limites de certaines thèses des pragmatistes historiques ou dénoncent la présence de reliquats de modes de penser antérieurs ou antagonistes, mais au nom d’un meilleur déploiement de l’attitude qu’ils ont proposée en philosophie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Introduction, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p.36.


Dans ce rapport de lecture, je me suis limité à commenter l’introduction du livre LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE  de Stéphane Madelrieux parce que je ne me sens pas capable d’aborder l’histoire très complexe du pragmatisme et de l’œuvre de William James.

La référence au philosophe québécois Charles Taylor a retenu mon attention :

A feast of vision

On peut considérer que le pragmatisme américain classique continue en partie le romantisme européen en ce que celui-ci avait accordé une place centrale à la créativité humaine[1] . (…)

Cette insistance sur la créativité dépend en effet de ce que Charles Taylor a justement nommé « un tournant expressiviste[2]. Pour un romantique, exprimer quelque chose dans un médium particulier (comme des mots ou des pigments) n’est pas manifester de manière extérieure, comme s’il s’agissait seulement de soulever un voile et de découvrir ce qui était déjà la mais encore dissimulé. Au contraire, le processus même par lequel des sentiments intérieurs inchoatifs sont formulées dans des mots contribue à leur donner forme, si bien que le médium fait partie du message. L’expression est par là un processus de création et non seulement d’explication. (…)

____________

[1] Goodaman, 2008.

[2] Taylor, 1998, p. 567-601

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 44-45.

Une affaire canadienne

L’idée que « le médium fait partie du message », en référence à l’essai « LES SOURCES DU MOI – LA FORMATION DE L’IDENTITÉ MODERNE » du philosophe canadien CHARLES TAYLOR, me ramène au sociologue canadien MARSHALL McLUHAN qui soutenait « Le médium est le message » dans son livre POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS. Dans sa version originale en anglais, POUR COMPRENDRE LES MÉDIAS fut publié en 1964, soit 25 ans avant LES SOURCES DU MOI de Charles Taylor dont la première édition originale en anglais remonte à 1989. Autrement dit, l’idée que le médium fait partie du message ne provient pas d’une analyse de Charles Taylor mais plutôt de Marshall McLuhan. Pourquoi est-ce important ? Pour illustrer la portée du texte fondateur de McLuhan dans toutes les disciplines, et ce, par la force même de la nouvelle attitude avec laquelle le sociologue canadien a abordé la compréhension du rôle des médias. McLuhan force une prise de recul dans l’analyse de l’impact des médias sur la société. Le choix du médias pour annoncer son produit ou son service ne relèvera plus uniquement de la clientèle spécifique à chaque médium mais aussi et surtout de perception du médium lui-même par la société en générale, comme quoi une attitude peut se propager dans le temps sur une large échelle.

Une philosophie est ainsi une « attitude intellectualisée envers la vie[1] ». La vérité de sa vision n’est pas atteinte par révélation ou par hasard. Par opposition à l’amateur que ne développe par une vision tempéramentale puissante, mais accepte celles des autres ou, à la rigueur, combine ou alterne des visions toutes faites sans trop se soucier de leur compatibilité, ce qui intéresse le philosophe professionnel est « les prémises spécifiques » de sa croyance, « le sens dans lequel elle est comprise, les objections qu’elle évite, les difficultés dont elle rend compte. La théorie doit donc faire médiation entre la vision et la réaction. Mais cela signifie que « tout l’appareil technique[2] » est subordonné aux fonctions d’articulation de la vision et de justification de la réaction, et n’a donc pas sa fin en elle-même. Prendre les détails techniques du système d’un philosophe professionnel pour sa vision philosophique personnelle et sa contribution propre à l’histoire, c’est « prendre l’arbre pour la forêt[3] ».

____________

[1] James, SPP, p.10.

[2] James, PU, p. 12.

[3] James, ERM, p. 24.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 52-53.

Bon, je suis un amateur, tel que je le précise sur la page d’accueil de cet Observatoire de la philothérapie. Et c’est par défaut que je corresponds pas à la définition qui en est donnée dans la citation ci-dessus car je ne m’intéresse pas (encore) aux différentes philosophies et aux différent philosophes. Je me limite à la philosophie elle-même. C’est aussi pourquoi, tout au long de ma lecture de ce livre, je ne suis pas entré dans le débat plus que complexe entourant William James et son œuvre.

Lire un philosophe, c’est par là même accompagner « le centre d’expansion d’un caractère humain » : une personnalité originale et singulière, dans le cours de son processus d’expression de soi, sous la forme d’une vision articulée et intellectualisée, qui contribue en retour à définir qui il est. Ramener toutes ses thèses au centre actif d’une vision en cours de développement est, par là même, faire l’expérience et la connaissance d’une personne dans sa singularité : c’est une connaissance par « sympathie intuitive[1] » ou, dirait plutôt James, une « knowledge by acquaintance[2] ». Une telle compréhension sympathique est une manière de surmonter ce que James a appelé « la cécité naturelle des êtres humains », en se placant du point de vue de ce qui rend le monde intéressant pour quelqu’un d’autre, afin de comprendre ce qui, pour lui, rend la vie précieuse[3].

____________

[1] James, PU, p. 117.

[2] James TT, p. 132-149.

[3] James, P, p. 7.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, pp. 53-54.


Voir aussi


On pourrait même parler d’une « compréhension bienveillante » ou d’une « compréhension compatissante ». La question « À quoi ce philosophe est-il sensible ? » se traduit par « Quels sont les éléments auxquels l’auteur s’arrête compte tenu qu’il ne peut s’arrêter qu’à ce qui attire subjectivement son attention ? ».

(…) Ce ne sont donc pas les méthodes spécifiques des sciences de la nature que les pragmatistes proposent d’adopter en philosophie, mais plus généralement, et plus fondamentalement, l’esprit scientifique, c’est-à-dire les dispositions intellectuelles et vertus morales dont font preuve les enquêteurs scientifiques (ou dont ils devraient faire preuve pour être à proprement parler scientifique) — on reviendra plus en détail sur cette question au chapitre 4.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 83.

J’adhère fortement à cette idée d’un esprit scientifique étendu à la philosophie, mais, pas seulement à la philosophie, mais aussi à toutes les autres disciplines des sciences humaines, sans oublier à notre propre vie, personnelle et professionnelle.

Quand le président d’une importante boulangerie se pointe dans mon bureau, un vendredi en fin d’après-midi, et me demande « Y a-t-il un moyen de prédire si un produit sera ou non un succès ? », les bras chargés de retours d’un nouveau produit, je n’ai pour réponse que je vais m’informer. Jusque-là, à titre de conseiller en communication, je ne connaissais les tenants et les aboutissants des études de marché. Une semaine plus tard, je concluais que les différents d’études prédictives du marché se classaient parmi les sciences inexactes, ce qui ne valait pas la peine de s’y arrêter dans le contexte où les directeurs du marketing affirmaient « des fois, ça marche », « des fois, ça ne marche pas » et on ne sait pas pourquoi. À l’époque, dans les années 1990, au Québec, seul un nouveau produit sur dix connaissait le succès commercial espéré par l’entreprise. Un taux d’échec de 90% décridibilisait les études de marché, pourtant très populaires.

Finalement, j’ai trouvé les travaux d’un chercheur, Louis Cheskin, qui s’efforcait d’enseigner comment il était parvenu à sortir les études prédictives du marché de la famille des sciences inexactes pour les faire entrer dans la famille des sciences exactes. Je vous livre ici un seul indice du « comment » il a fait. Il s’est d’abord demandé quel était l’object d’étude du marketing compte tenu que l’objet d’étude d’une science détermine s’il doit être classé parmi les exactes ou les sciences inexactes. En ce temps-à, nous sommes dans les années 1930-1940, les spécialistes répondaient que l’objet d’étude du marketing était les consommateurs, ce qui en faisait une science humaine et par conséquent une science inexacte. Louis Cheskin a soutenu qu’il s’agissait d’une erreur grave et que le seul objet du marketing était le produit lui-même, un objet physique dont l’étude se classe parmi les sciences exactes. Pour la suite, prière de télécharger gratuitement mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tous ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » (PDF).

(…) Être un philosophe, ce serait adopter une telle attitude antidogmatique dans tous les problèmes de la vie, et non pas seulement pour résoudre les problèmes spécifiques que les scientifiques professionnels étudient. En ce sens, une vision personnelle serait philosophique dans la mesure où, d’abord, elle exhiberait une telle attitude générale et la ferait vivre sur le plan personnel.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 85.

Je le répète depuis des décennies : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense ». Aujourd’hui, je constate que la très grande majorité des opinions ne sont en fait que des croyances. L’information circule beaucoup moins que les opinions que nous en avons. Il est devenu plus important de croire que d’être informé. Et je le répète aussi depuis des décennies : « La lumière entre par les failles ». Le dogmatique n’aiment pas les failles qui laissent pénétrer la lumière car elles l’aveuglent. Je prône de se ranger du côté des véritables sciences en admettant que la connaissance se contruit sur la destruction du déjà-su; une connaissance n’est vraie que le temps qu’une autre connaissance vienne la détrôner.

(…) Si un caractère est un système d’habitudes, et si la philosophie est un complexe de dispositions, être un philosophe signifie alors développer les bonnes habitudes expérimentales pour l’esprit, les manières les plus fécondes de penser et d’expériencier — ce qui n’est rien d’autre qu’un processus moral de construction de soi. À ce compte, il n’y a plus d’objection à faire de la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie.

MADELRIEUX, Stéphane, La philosophie comme attitude, Chapitre 1 – Philosophie et tempérament, Première partie – L’attitude pragmatiste, Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2023, p. 87.

Va pour « la philosophie une affaire de caractère et de développement de soi, c’est-à-dire de mode de vie », mais ce n’est pas nécessairement le cas des philosophies puisque chacune tire la couverture de son bord. Peut-on, dans le respect et la pratique de l’esprit scientifique, adopter une philosophie plutôt qu’une autre ? Est-ce je dois choisir une philosophie en fonction de mon caractère ou en fonction d’intérêts supérieurs à mon mode de vie ? À vous de réfléchir.


Je vous recommande fortement la lecture de LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE de STÉPHANE MADELRIEUX aux Presses Universitaires de France paru en 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.

 * * * * *

5-etoiles

Acheter ce livre sur leslibraire.ca (Québec)

Acheter de livre sur Les Presses Universitaires de France


dossier-consulter-un-philosophe.01

Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR : Voir AJOUTS RÉCENTS.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Article # 102

J’AI LU POUR VOUS

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

penser-par-soi-meme-c1

penser-par-soi-meme-c2


Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

(Auxerre, France)

COLLECTION : Hors collection

ISBN : 9782361068868

septembre 2024

160 pages

Diffusion/Distribution : Interforum

Maquette couverture et intérieur : Isabelle Mouton

Couverture : Edvard Munch, Le Penseur de Rodin dans le parc du Docteur Linde à Lübeck, 1907. ©Art Collection 4/Alamy Stock Photo.


Texte de la quatrième de couverture

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.

Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences

Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.


Texte de présentation sur le site web de l’éditeur

Penser est un art. Nombreux sont les auteurs en sciences humaines à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informations et les possibilités de faire entendre sa voix. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes.

Cet art s’apprend et fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut apprendre à reconnaître les informations pertinentes, mais aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. D’où l’utilité de s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences.

Faut-il alors douter de tout ?

Auteur(s) :

Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Avec les contributions de : Audrey Bedel, Pierre Bréchon, Gérald Bronner, Sybille Buloup, Edwige Chirouter, Sébastian Dieguez, Juliette Dross, Pascal Engel, Nicolas Gastineau, Nicolas Gauvrit, Catherine Halpern, Béatrice Kammerer, Maud Navarre, Pauline Petit, Romina Rinaldi, Marc Romainville, Maxime Rovere, Fabien Trécourt.

Source : Sciences Humaines Éditions.


Contributeurs

Audrey Bedel

  • Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.

Pierre Bréchon

  • Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).

Gérald Bronner

  • Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).

Sybille Buloup

  • Journaliste scientifique.

Edwige Chirouter

  • Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».

Sébastian Dieguez

  • Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).

Juliette Dross

  • Enseignante-chercheuse  à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023).

Pascal Engel

  • Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).

Nicolas Gastineau

  • Journaliste scientifique.

Nicolas Gauvrit

  • Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).

Catherine Halpern

  • Journaliste scientifique spécialiste des questions de société.

Béatrice Kammerer

  • Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.

Maud Navarre

  • Docteure en sociologie et journaliste scientifique.

Pauline Petit

  • Journaliste scientifique.

Romina Rinaldi

  • Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).

Marc Romainville

  • Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).

Maxime Rovere

  • Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).

Fabien Trécourt

  • Journaliste scientifique.

Table des matières

Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre

  1. La préparation
  2. La phase d’incubation
  3. La révélation
  4. La confirmation

L’aventure de l’esprit critique, Maxime Rovere

  • L’esprit critique ne se délègue pas
  • Du doute méthodique à l’humanisme
  • Vers un nouvel esprit critique ?
  • Explorer les possibilités alternatives

Les grandes postures critiques, Pauline Petit

  • Le scepticisme. Méthode dubitative
  • Le relativisme. À chacun sa vérité
  • Le nihilisme. Quand tout est vain
  • Le complotisme. Cryptocritique

Homo sapiens, animal crédule ?, Fabien Trécourt

  • Pas si bêtes

Faut-il douter de tout ?, Nicolas Gauvrit et Audrey Bedel

  • Le dessin du bonhomme
  • Les corrélations illusoires
  • L’art de l’esprit critique
  • Éléments d’autodéfense intellectuelle

La philosophie à la rescousse, Catherine Halpern

  • L’obsession langagière
  • Se poser des questions, même folles
  • Instiller le doute
  • L’art de la dialectique
  • Décentrer la pensée ou faire un pas de côté

Travailler sur soi avec les philosophes, Nicolas Gastineau

  • Distinguer ce qui dépend de nous
  • Accoucher les esprits
  • Mettre en ordre ses désirs
  • Construire sa citadelle intérieure
  • Ironiser comme Socrate
  • Désirer le monde tel qu’il est
  • Se libérer des angoisses

Ces valeurs qui inspirent les Français, Pierre Bréchon

  • Réussite familiale et professionnelle
  • Affinités et passions communes
  • La xénophobie plutôt en baisse
  • D’autres formes d’actions politiques

Pourquoi préférons-nous les infox ?, Romina Rinaldi

  • Devenir des experts des médias

Aiguiser le sens critique, Gérald Bronner

  • Les limites fondamentales de la rationalité
  • Le doute peut mener au nihilisme cognitif

Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Marc Romainville

  • Biais d’intentionnalité et biais de confusion
  • IA et éducation au doute

L’esprit critique, une ambition républicaine, Béatrice Kammerer

  • Émanciper les enfants des croyances religieuses
  • Le rôle majeur de l’éducation civique
  • Les enseignants en manque de formation
  • L’éducation à l’information et aux médias

Au collège, des philosophes en herbe, Fabien Trécourt

  • Cadrer le débat
  • Levier d’apaisement

Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Pascal Engel

  • Une sensibilité aux faits
  • Un jeu social ?
  • La raison, un idéal

Philosopher dès l’enfance, une école de liberté, Edwige Chirouter

  • Philosophie et démocratie
  • Ateliers pour penser
  • Entre vulnérabilité salutaire et construction de repères

La rhétorique ou l’art de la persuasion, Juliette Dross

  • De quoi parle-t-on ?
  • Une technique transversale
  • Une question de forme ?
  • Un don inné ?
  • Une pierre angulaire de la démocratie et de la vie en société

Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?, Sebastian Dieguez

  • Absence de consensus
    1. L’idée de postvérité pose des problèmes sémantiques et conceptuels
    2. La postvérité a toujours existé
    3. La postvérité n’existe pas ou n’est pas si grave qu’on le pense
    4. Un concept contre-productif aux relents propagandistes douteux
  • Science de la désinformation

Bibliographie

Contributeurs


EXTRAIT

Penser est un art. De l’Antiquité à nos jours, des philosophes grecs et romains jusqu’aux sciences cognitives et sociales, nombreux sont les auteurs à avoir mis l’accent sur l’importance de raisonner, discerner, exercer notre esprit critique. L’enjeu est d’autant plus fort aujourd’hui que les réseaux sociaux décuplent les informa- tions et les possibilités de faire entendre sa voix. Chacun est incité à se distinguer des autres, en développant une réflexion originale face aux nombreux messages qui nous parviennent. Penser par soi-même devient essentiel pour se prémunir face à la propagande, au conspirationnisme et aux manipulations de toutes sortes (médiatiques, mais aussi sociales, commerciales, etc.).

Comment une pensée autonome se construit-elle et se cultive-t-elle, de l’enfance à l’âge adulte ?

Cet art s’apprend. Il fait l’objet d’un enseignement explicite dès l’école primaire. Dans l’enseignement secondaire et supérieur, le commentaire, la dissertation, le mémoire, l’exposé sont présentés comme autant d’outils pour muscler les esprits. Pour les adultes aussi, il existe des lieux, des outils, des méthodes pour développer la capacité à penser par soi-même.

Car cette aptitude n’a rien d’évident. Il faut savoir sélectionner les informations pertinentes qui peuvent nous aider à construire des réflexions bien fondées. Il faut aussi savoir que notre cerveau peut nous tromper. Des biais de cognition nous induisent en erreur, malgré nous. D’où l’utilité de savoir s’interroger à bon escient, formuler, questionner les fausses évidences. Faut-il alors douter de tout ?

Maud Navarre

Les quatre étapes d’une idée

Lundi soir, 20 h. Veille d’un comité de rédaction où dès le lendemain matin à 9 h 30, tous les rédacteurs devront proposer des sujets pour alimenter les pages des prochains mensuels de Sciences Humaines. Je réfléchis encore et encore. D’habitude, je ne manque pas d’idées. Cette fois-ci, aucune inspiration. Quelques sujets me tra- versent l’esprit, mais ils ne tiennent pas vraiment la route : pas très originaux, déjà lus ailleurs, trop pointus, pas assez porteurs… Non, décidément, ça ne vient pas. Pourquoi ? Comment les idées germent-elles ?

Depuis des années, de nombreux penseurs et scientifiques se posent cette question. Dès le début du 20e siècle, des chercheurs, comme le mathématicien et philosophe Henri Poincaré, ont distingué plusieurs étapes pour faire éclore une idée lorsqu’ils sont confrontés à un problème. Le psychologue britannique Graham Wallas de la London School of Economics distingue pour sa part quatre phases principales : la préparation, la phase d’incubation, la révélation et la confirmation, aussi appelée vérification. Revenons sur chacune de ces étapes.

On peut préciser leur déroulé grâce aux apports plus récents des neurosciences.

1- La préparation

Une question se pose, voire s’impose à nous. Quel sujet vais-je proposer pour le comité de demain? Que vais-je faire à manger ce soir? Que vais-je offrir à ma nièce pour son anniversaire? On prend conscience de ce besoin de réfléchir pour trouver une réponse à notre question. Le cerveau commence alors à s’organiser: « Qu’il s’agisse de retrouver mon portable égaré, de me souvenir d’un nom que j’ai sur le bout de la langue ou de résoudre une difficile équation mathématique, la procédure est la même, explique le neurologue Lionel Naccache. Il faut d’abord que je consacre tous mes efforts à formaliser la question. » D’abord, donc, définir le problème et circonscrire ses enjeux.

2- La phase d’incubation

Durant cette période, notre esprit cherche des solu- tions possibles plus ou moins activement, plus ou moins consciemment. En phase active, notre cerveau mobilise notre expérience personnelle (souvenirs proches ou lointains, savoirs, échecs et réussites passés). Nous commençons aussi une exploration consciente à la recherche d’informations que nous trouvons dans les médias, les livres… Nous échangeons nos premières idées avec d’autres personnes pour tester leur réception et affiner notre formulation.

Habituellement, pour trouver des sujets d’article, je consulte les récentes publications issues de la recherche en sciences humaines. Cela permet de défricher le champ et faire jaillir des thématiques. Je réfléchis aussi à partir de mes expériences personnelles et de celles qu’on me rapporte : qu’est-ce qui m’a marquée ces derniers temps ? Ai-je vécu ou entendu parler d’un phénomène particulier qui pourrait intéresser d’autres personnes ? Puis, je teste l’idée : auprès de mes proches pour savoir si le sujet intéresserait des lecteurs potentiels ; à travers les archives de Sciences Humaines (l’a-t-on déjà traité ?) ; par des discussions avec les collègues de la rédaction.

Dans cette démarche, la première aptitude essentielle, c’est la capacité à s’informer. Les idées naissent rarement de nulle part. On s’inspire souvent de modèles, de situations vécues auparavant, vues ailleurs ou auprès d’autres personnes pour formuler ses propres idées, ses propres solutions. La littérature, les médias, les discussions entre amis ou simples connaissances permettent d’acquérir de nouvelles connaissances, d’élargir son point de vue.

Deux autres attitudes favorisent l’émergence d’idées : l’ouverture d’esprit et la capacité d’écoute. En effet, la période d’incubation, celle qui va permettre aux idées de germer, nécessite de pouvoir se renseigner, d’intégrer de nouvelles informations utiles pour traiter le problème, d’écouter les remarques et d’en tenir compte pour ajuster la proposition.

Il existe aussi des pièges à éviter : le copier-coller ou encore la réaction émotionnelle qui conduit à choisir une idée parce qu’elle nous parle beaucoup (mais pas forcément aux autres) ; ou parce que tel auteur qui l’évoque nous plaît… Notre cerveau fonctionne avec de nombreux automatismes de ce type qui peuvent nous induire en erreur.

3- La révélation

L’illumination. On trouve une idée, une solution possible, qui répondrait de manière satisfaisante au problème. C’est le célèbre « Eurêka » d’Archimède, phrase qu’il aurait prononcée alors qu’il se détendait dans son bain. L’anecdote n’est pas anodine. Ainsi, Archimède fait sa découverte lors d’une période de repos propice au laisser- aller de l’esprit. Pour trouver des idées, il est nécessaire de savoir s’arrêter, faire des pauses, s’aérer l’esprit et se reposer. Le brainstorming intensif peut-être contre-productif.

Ce processus de révélation s’opère grâce à notre inconscient davantage que par la réflexion consciente, analyse L. Naccache. « Quand on cherche une solution compliquée à un problème difficile, il faut déterminer consciemment les contraintes qu’elle doit satisfaire et ensuite s’en “remettre” à notre fonctionnement inconscient, capable de fourmiller dans tous les sens en générant une grande diversité de représentations. » En effet, notre réflexion inconsciente est capable de mobiliser un plus grand nombre de réseaux neuronaux que notre réflexion consciente : l’inconscient sollicite des aires cérébrales par réflexe ou habitude alors que l’on ne pense pas toujours à solliciter soi-même ces aires cérébrales.

4- La confirmation

L’idée trouvée est mise à l’épreuve, testée avant d’être définitivement validée. Cette période peut-être plus ou moins longue suivant l’urgence du problème à résoudre et le temps dont on dispose. On peut vérifier l’idée par soi-même, en exerçant habilement son esprit critique. Lorsqu’on doute soi-même ou lorsque l’idée engage au- delà de notre personne, elle doit être validée par d’autres. Dans une entreprise comme Sciences Humaines, c’est le rôle du comité de rédaction, qui passe au crible toutes les très bonnes (et mauvaises !) idées d’article que les journalistes peuvent avoir. Quitte parfois à frustrer en coupant brutalement les ailes à une proposition qui, du point de vue du journaliste, semblait pourtant absolument mer- veilleuse. Dans la vie quotidienne, ce peut être un bon ami qui fait gentiment comprendre qu’il ne partage pas votre enthousiasme…

Bref, toutes ces réflexions n’ont pas résolu mon problème initial : quel sujet vais-je bien pouvoir proposer demain en comité de rédaction ? Réfléchissons… Eurêka ! J’ai trouvé : je vais proposer d’écrire un article sur la genèse d’une idée !

Maud Navarre

Pour aller plus loin…

  • The Art of Thought, Graham Wallas, 1926, rééd. Solis Press, 2014.
  • L’Esprit organisé, Daniel Levitin, éd. Héloïse d’Ormesson, 2018.
  • Factfulness, Hans Rosling (dir.), Flatiron Books, 2018.
  • Tous philosophe ?, Jean Birnbaum (dir.), Gallimard, coll. « Folio », 2019.
  • « Former l’esprit critique », Aurélie Guillaume Le Guével et Jean-Michel Zakhartchouk (coord.), Les Cahiers pédagogiques, janvier 2019.
  • « Du bon usage de l’esprit critique », Books, septembre 2019.

Source : Sciences Humaines édition (PDF).

Source : Sciences Humaines Édition (Calaméo).


AU SUJET DE L’AUTEUR

Maud Navarre

(1985 –      )

maud-navarre-001
Maud Navarre. Source : LinkedIn.

Journaliste-rédactrice-cheffe de rubrique : Veille éditoriale, rédaction d’articles, coordination de dossiers (commande, supervision des auteurs.trices et pigistes, édition des textes, suivi maquette), gestion rubrique (recherche et planification des sujets avec rédaction en chef, commande, édition et suivi maquette).

Centres d’intérêt : Sociologie, sciences politiques, genre, psychologie, Enseignement secondaire des SHS.

Autrice : Genre et carrière politique (Presses universitaires de Rennes, 2015) ; coautrice de La Parité (Éditions universitaires de Dijon, 2016)

Coordination d’ouvrages collectifs sur les études de genre, le genre dans l’espace public (L’Harmattan, 2019) et de numéros de revues scientifiques.

Sociologue-Chercheure associée au Lir3s.

Passionnée de photographie.

Maud Navarre – LinkedIn


Maud Navarre est docteure en sociologie et journaliste scientifique. Ses travaux de recherche portent sur le genre et la politique. Elle a notamment publié Devenir Élu. Genre et carrière politique, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; La Parité, Éditions universitaires de Dijon, 2016 (avec Matthieu Gateau) ; Étudier le genre. Enjeux contemporains, Éditions universitaires de Dijon, 2017 (avec Georges Ubbiali).

Maud Navarre – Association des Femmes Diplômées des Universités et du Supérieur


Mes travaux portent sur les femmes politiques en France, dans le contexte paritaire. J’étudie les carrières politiques des élues : recrutement/sélection politique, apprentissage des rôles d’élu, devenir politique. Ma thèse soutenue en 2013 à l’Université de Bourgogne montre que les différentes étapes du parcours politique sont marquées par les effets du genre. Les rapports femmes/hommes et les inégalités qui en résultent (parfois à l’avantage des unes, souvent à celui des uns) contribuent à faire des femmes des « étoiles filantes » de la vie politique, renonçant plus vite que les hommes à l’exercice d’un mandat.

Maud Navarre – academia.edu


Maud Navarre – IdRef 


Sociologue, journaliste scientifique et cheffe de rubrique pour la revue Sciences Humaines.

Maud Navarre – CAIRN.INFO


dossier-philotherapie-bandeau-750

Mon rapport de lecture

Penser par soi-même

Sous la direction de Maud Navarre

Sciences humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

penser-par-soi-meme-sciences-humaines-magazine

Sur le site web de l’éditeur, la présentation du recueil comprend une ligne de texte de plus que sur la quatrième de couverture et pose cette question : « Faut-il alors douter de tout ? »

Ma réponse : oui, à commencer par les sciences humaines que je trouve un peu trop humaine à mon goût.


wikitionnaire-001

Ensemble d’études ayant un rapport direct ou indirect à l’humanité et dont le caractère scientifique, du fait même de son sujet, quand bien même il se veut rationnel, raisonné et méthodique, manque de la rigueur axiomatique propre aux sciences naturelles.

Sciences humaines, Wikitionnaire.

Larousse_vectoriel.svg_

Sciences humaines ou science de l’homme, disciplines ayant pour objet l’homme et ses comportements individuels et collectifs, passés et présents.

Sciences humaines, Larousse.

Cependant, je ne peux pas nier l’apport des sciences humaines, même dites « sciences inexactes » ou « sciences molles », à notre compréhension de l’Homme et de son comportement. Les développements récents des neurosciences inspirent les sciences humaines qui cherchent à améliorer leur fondement scientifique et la crédibilité de leurs interprétations.


communication-revue-001

Sciences humaines, sciences exactes

Antinomie ou complémentarité ?

Céline Bryon-Portet

Les rapports entretenus par les sciences humaines et les sciences dites « exactes » n’ont cessé de fluctuer au cours de l’Histoire. Le platonisme, puis les courants rationalistes et positivistes ont eu tendance à dénigrer les premières à cause de leur composante imaginaire. Pourtant, de nos jours, les théoriciens de la communication et les penseurs de l’innovation semblent démontrer qu’un véritable partenariat se révèle bénéfique de part et d’autre, car il exploite la complémentarité des deux modes de connaissance et permet ainsi une approche globale.

SOURCE et LIRE LA SUITE : Céline Bryon-Portet, « Sciences humaines,sciences exactes  », Communication [En ligne], Vol. 28/1 | 2010, mis en ligne le 23 septembre 2011, consulté le 03 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/communication/2141 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communication.2141


À l’origine de ma méfiance envers les sciences humaines, mon expérience professionnelle en recherche marketing ( étude des motivations d’achat des consommateurs ), les ouvrages Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne et Happycratie auxquels j’ai consacré des articles dans notre dossier.

En revanche, certains concepts des sciences humaines me séduisent en contribuant à ma compréhension de l’Homme et de notre monde, tel que celui de « l’intelligence émotionnelle » exposé par Daniel Golemen dans son livre L’intelligence émotionnelle paru le 4 février 1997.

daniel-goleman-01

Malheureusement et parce que les sciences humaines ne sont pas universelles, le concept de l’intelligence émotionnelle fut interprété et exploité à toutes les sauces, notamment, mais pas exclusivement, par les conseillers en développement personnel et les consultants en management.

Enfin, je me dois de créditer une science humaine très influence sur mon parcours, l’épistémologie à titre de « Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Plusieurs ouvrages ont contribué à différentes prises de conscience du « comment nous pensons » au cours de ma vie. À noter les livres LA FORMATION DE L’ESPRIT SCIENTIFIQUE de Gaston Bachelard, AUX CONTRAIRES (L’exercice de la pensée et la pratique de la science) de Jean-Marc Lévy-Leblond, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique de Benjamin Matalon, Histoire des méthodes scientifiques Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro de Jean-Marie Nicolle et plusieurs autres. Je réfère aussi le cours SCIENCE ET SOCIÉTÉ par Olivier Clain, professeur de sociologie à l’Université de Laval (Québec), et plusieurs manuels scolaires. L’épistémologie me fascine.

Finalement, tout n’est pas blanc ou noir dans mon jugement des sciences humaines. Évidemment la philosophie pèse lourd dans l’équilibre de la balance.


C’est donc dans ce contexte particulier de ma perception des sciences humaines que j’ai entrepris la lecture de PENSER PAS SOI-MÊME. Procédons article par article.

Les quatre étapes d’une idée, Maud Navarre

Voir l’intégral de cet article dans l’extrait ci-dessus.

L’aventure de l’esprit critique

Maxime Rover — Écrivain et philosophe, chercheur associé au laboratoire IHRIM de l’ENS de Lyon. Il a notamment publié L’École de la vie (Flammarion, 2020) et, plus récemment, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute (Flammarion, 2022).

Par définition, « l’esprit critique » renvoie d’abord à la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité, au lieu de les accepter sans réserve. Elle désigne aussi une manière de se remettre en cause, en doutant de ses propres convictions dans le but de les rendre mieux assurées. Enfin, il peut s’agir d’une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence, de sorte qu’on considère les événements plutôt comme des questions que comme des affirmations. Toutefois, ces définitions de l’esprit critique changent selon les périodes. C’est donc en comprenant ses métamorphoses qu’on saisit le mieux ses diverses facette, et qu’on peut éclairer grâce à elles ce qu’il signifie pour nous aujourd’hui.

ROVERE, Maxime, L’aventure de l’esprit critique, Penser pas soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 15.

J’avance l’hypothèse que l’esprit critique renvoie d’abord à une manière de se remettre en cause avant même « la manière dont on interroge les positions et les injonctions d’une autorité ». Il faut apprendre comment se remettre en cause pour ensuite être dans la capacité de questionner les autorités. Quant à l’idée que l’esprit peut-être aussi « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence », elle m’ouvre sur une nouvelle prise de conscience de mon appartenance au doute, un doute moins violent face aux événements. Un doute soudain face à un événement surprendra parfois brusquement tandis que le doute dans une « posture générale à l’égard de l’existence » s’inscrit sans l’ensemble de l’existence. Ainsi, il ne surgira pas par défaut et avec violence mais dans une certaine permanence et sérénité.

Les grandes postures critiques

Pauline Petit — Journaliste scientifique

Les sous-titres de cet article se réfèrent à quatre grandes postures critiques : le scepticisme, le relativisme, le nihilisme et le complotisme.

  1. Le scepticisme. Méthode dubitative
  2. Le relativisme. À chacun sa vérité
  3. Le nihilisme. Quand tout est vain
  4. Le complotisme. Cryptocritique

Pour le complotiste, tout ce qui existe mérite soupçon ! Une attitude hypercritique guidée par un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013). Les événements historiques seraient manigancés par un petit groupe que projette secrètement de contrôler la population. Les complotistes opposent un contre-récit fantasmatique, des théories du complot, visant à démasquer ses commanditaires. Dans sa critique, le complotisme développe des « stratégies d’immunisation » (S. Chonavey, Dis, c’est quoi les théories du complot ?, Renaissance du livre, 2019) aux contradiction. Par exemple, la dénégation comme confirmation (si vous ne me croyez pas, c’est que vous appartenez, consciemment ou non, à la conspiration), ou la requalification des faits à posteriori (si vous prouvez que ma théorie est fallacieuse, c’est qu’elle a été diffusée par le pouvoir pour décrédibiliser ceux qui doutent). En restant imprécis sur les faits, en les niant ou mieux en les requalifiant, le récit complotiste se ferme à toute possibilité de réfutation… comme de vérification.

PETIT, Pauline, Les grandes postures critiques, Penser par soi-même, Sciences Humaines édition, 2024, pp. 27-28.

Je me demande si le complotiste en arrive à ses positions en doutant. Est-ce qu’affirmer « Ce n’est pas vrai » exprime un doute ou une autre croyance ? Si le complotiste est victime d’un « relativisme radical impliquant le règne du doute sans limite » (P.-A. Taguieff, Court traité de complotologie, Mille et une nuits, 2013), on ne peut donc pas parler d’un doute raisonnable. Le complotiste soutient ses dires comme on soutient une croyance religieuse, comme un dogme qui, par définition, ne peut pas être remis en question. Je me demande si le complotiste a conscience que son doute sans limite. Ne pourrait-il pas être question du doute comme « une posture générale à l’égard de l’existence, où rien n’est tenu pour une évidence ». Il présuppose que le monde, tout le monde, a une vérité cachée. Le complotiste me semble enfermé, prisonnier, de son esprit — de sa raison irraisonnable.

Homo sapiens, animal crédule ?

Fabien Trécourt — Journaliste scientifique

(…) « Il peut être plus avantageux de douter par défaut, car cela réduit le risque d’être manipulé. » De même le biais de confirmation — consistant à privilégier des informations confortant nos opinions — pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance : tant que nous ignorons si nous pouvons nous fier à une source, nous préférons en douter par précaution. « Cette vigilance nous protège contre les tentatives de persuasion et de manipulation immédiates, assure le chercheur (H. Mercier, Pas ne de la dernière pluie, 2022). Il nous faut du temps, des indices de fiabilité et de compétence forts avant que nous accordions notre confiance. »

TRÉCOURT, Fabien, Homo sapiens, animal crédule ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 20204, pp. 32-33.

Personnellement, je ne lie pas le doute et la confiance. Je doute pour savoir et connaître, non pas pour accorder ma confiance ou non. Dans le doute, je ne cherche pas à contrer une quelconque manipulation. Je ne prête pas à l’information le pouvoir de me manipuler mais plutôt de me questionner en la remettant en cause. « Informer, c’est choisir » et c’est dans ce choix que le rédacteur en chef et son équipe peuvent être manipulés par leur subjectivité, leur manque d’objectivité. C’est du moins là une leçon apprise dans le cadre de mon expérience à titre d’éducateur aux médias, de journaliste et de rédacteur en chef.

Quant au biais de confirmation, « consistant à privilégier des informations confortant nos opinions » je n’adhère pas à l’idée qu’il « pourrait paradoxalement être un mécanisme de vigilance ». Lorsque nous acceptons ou refusons une information selon sa conformité avec nos opinions, nous ne doutons pas. Il me faudrait avoir une prise de conscience de ce biais de confirmation pour douter de l’information qui me réconforte dans mes opinions. Or, une information demeure avant tout appréciée subjectivement et inconsciemment même si je crois en ma conscience être sous l’effet de mon objectivité. Je juge suivant mes opinions. Si je doute d’une opinion réconfortant la mienne, je doute aussi de la mienne. Si lorsque je doute, je perd confiance, je ne peux pas interpréter mon doute comme étant un exercice de vigilance de ma part.

Faut-il douter de tout ?

Nicolas Gauvrit — Enseignant-chercheur en sciences cognitives, laboratoire PSITEC, Université de Lille. Il est notamment l’auteur de Des têtes bien faites: défense de l’esprit critique (avec S. Delouvée, PUF, 2019).

Audrey Bedel — Chercheuse en sciences cognitives, laboratoire Cognitions humaine et artificielle, École pratique des hautes études.

Plutôt que de suspendre son jugement sur toute chose au motif qu’aucune certitude n’est possible, réglons notre degré d’adhésion finement, en prenant en compte fiabilité et risque d’erreur. Au lieu de refuser de faire confiance aux autres et à soi, au lieu de rejeter toute démonstration au motif qu’elle peut être trompeuse, accordons notre degré de confiance à la crédibilité de l’information considérée. Dans cet esprit, la raison ne nous conduit pas à une méfiance extrême, mais à un ajustement du niveau de confiance et de croyance. Bien calibrer sa confiance dans les informations est d’ailleurs une des définitions de l’esprit critique.

GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 45.

Le lien entre l’esprit critique et la confiance envers l’information est contre productif, voire malvenue. L’information n’a pas pour but de me donner confiance, ce « Sentiment de sécurité d’une personne qui se fie à elle-même », pas que l’« Espérance ferme, assurance d’une personne qui se fie à qqn ou à qqch » (Dictionnaires Le Robert). À titre de journaliste pigiste au début de ma carrière puis de rédacteur en chef, je n’ai jamais penser à donner confiance à mes lecteurs.

Aussi, l’information ne tient pas de sa crédibilité, de son « Caractère de ce qui est croyable » (Dictionnaires Le Robert). Information et croyance ne vont pas de pair. Il n’y a pas de journaliste qui informe en se disant « Je veux que les lecteurs me croient ».

(…) Quelle est mon expertise ? En sais-je suffisamment ? À quel point puis-je faire confiance à mes sens ou ma mémoire ? Quant à notre propre bienveillance, on peut se demander : suis-je vraiment en train de chercher à savoir la vérité, ou est-ce que j’essaie de confirmer mon opinion par tous les moyens ?

Ces questions peuvent nous amener à douter mais le doute n’est pas la finalité de l’exercice, ni même un passage obligé. Ce qui compte finalement, c’est la confiance que nous accordons, confiance dont le niveau doit être raisonnablement ajusté et qui nous amène à réviser nos opinions de manière optimale.

GAUVRIT, Nicolas — BEDEL, Audrey, Faut-il douter de tout ? — Faire confiance avec discernement, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 48.

Je ne comprends pas que l’on puisse soutenir que le doute n’est pas « un passage obligé » et que « ce qui compte, c’est la confiance que nous accordons ». En revanche, je comprends fort bien que la question de la confiance soit liée à l’information, compte tenu de la perte de confiance des gens dans les médias. Mais c’est bien cette association « information/confiance » qui cause problème. Une information, comme je le soulignais ci-dessus, n’a pas pour but de donner confiance. Et si je prends connaissance des informations et que je les sélectionne sur la base de la confiance que je leurs accorde, je manque l’essentiel de ces informations. Je ne m’informe pas pour avoir confiance en mes opinions. Je m’informe pour acquérir des connaissances et je me dois de les traiter comme telles. L’esprit critique ne doit se soustraire à l’influence des sentiments. Je dois me demander pourquoi une information donnée attire et retient mon attention.

La philosophie à la rescousse

Catherine HalpernJournaliste scientifique spécialiste des questions de société.

Cependant, le doute, même s’il peut être radical, n’est le plus souvent qu’une étape sur la voie de la connaissance. C’est bien ce que donne à voir Descartes dans les Méditations métaphysiques. Le doute est une méthode sur le chemin de la connaissance. « Il me fallait entreprendre sérieusement une fois dans ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues auparavant en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences. »

Le doute que met en œuvre Descartes n’a rien de commun avec le doute que chacun peut avoir quand il doit prendre une décision, quand il entend des propos peu plausibles… Le doute cartésien est méthodique, systématique, mais également hyperbolique. Il s’agit de douter même de ce qui ne nous semble pas douteux. (…)

À partir de là, Descartes s’attache à reconstruire brique par brique ce qu’il tien pour indubitable et assuré. L’entreprise cartésienne, parce qu’elle est radicale, peut paraître folle. Mais elle donne à voir combien la pensée critique, la pensée digne de ce nom, et non pas celle qui ânonnes les idées reçues, est lié au doute.

Alain le formule avec bonheur : « La condition préalable de n’importe que idée, en n’importe qui, c’est le doute radical, comme Descartes l’a bien vu. Non pas seulement à l’égard de ce qui est douteux, car c’est trop facile, mais, à l’égard de qui ressemble le plus au vrai ; car, même le vrai, la pensée le doit défaire et refaire. Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire, entendez ne plus donner aux coutumes le visa de l’esprit » (Alain, Propos sur la religion, 1938)

HALPERN, Catherine, Les philosophie à la rescousse, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 53.

Voilà une association bienveillante entre savoir et croire : « Si vous voulez savoir, vous devez commencer par ne plus croire (…) » Et je ne pense pas que « ne plus croire », a pour but, après le doute soulevé, de croire de nouveau autre chose.

Travailler sur soi avec les philosophes

Nicolas Gastineau — Journaliste scientifique

Distinguer ce qui dépend de nous

C’est peut-être la leçon majeure de l’école stoïcienne. Les philosophe romain Épictète (1er-2e siècles), un esclave affranchi, la résume ainsi dans son Manuel : « Parmi les choses qui existe, certaines dépendent de nous, d’autres non. » Ce qui dépend de nous, ce sont notre action et notre jugement sur les choses. Ce qui n’en dépend pas, ce sont « le corps, l’argent, la réputation, les charges publiques ». Si on veut être libre, on ne peut pas se permettre de vivre en fonction de ces derniers : comme ils sont hors de notre contrôle, s’en préoccuper nous maintient dans un état de dépendance aux aléas et aux événement extérieurs. (…)

GASTINEAU, Nicolas, Travailler sur soi avec les philosophes, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 61.

C’est bien là la  « Prière de sérénité » des Alcooliques Anonymes (AA) dont l’origine est encore questionnée :

Dieu, donne-nous la grâce
d’accepter avec sérénité
les choses qui ne peuvent être changées,
le courage de changer celles qui devraient l’être,
et la sagesse de les distinguer l’une de l’autre (variante : d’en connaître la différence).

Le problème, c’est qu’on nous dit toujours responsable ou que nous pouvons toujours agir à notre échelle même face au choses qui ne dépendent pas de nous. Il y a une tendance à la sur-responsabilition de l’Homme en tout et partout. On veut nous faire porter le monde sur nos épaules.

Statue romaine d'Atlas (IIe siècle après J.-C.). Déjà dans la collection Farnèse, aujourd'hui au Musée archéologique national de Naples. Source : Lalupa (Wikipédia).
Statue romaine d’Atlas (IIe siècle après J.-C.). Déjà dans la collection Farnèse, aujourd’hui au Musée archéologique national de Naples. Source :   Lalupa (Wikipédia)   . Atlas (Ἄτλας / Átlas, « le porteur », en grec ancien) est un des Titans hésiodiques du mythe fondateur de la mythologie grecque et de la Grèce antique, père des Pléiades, des Hyades, des Hespérides et de Calypso. À la suite de sa défaite dans la guerre des Titans contre les dieux de l’Olympe et Zeus pour régner sur le monde, ce dernier le condamne à porter la voûte céleste pour l’éternité sur ses épaules (décrit comme un des piliers du ciel dans l’Odyssée d’Homère). Il est pétrifié par Persée avec la tête de Méduse et métamorphosé en l’Atlas, chaîne de montagnes d’Afrique du Nord ( Wikipédia ).

Un jour, alors que je prenais une pause de la maisonnée me tenant débout sur le cap donnant sur le Majestueux fleuve St-Laurent, une femme avec qui je partageais mes pensées, voisine sur le même cap, m’identifia et vient à ma rencontre et me dit : « Tu ne devrais pas porter le monde sur tes épaules ». À cette époque, alors dans la mi-trentaine, je me sentais investi d’une mission globale pour notre monde dans tous ses aspects et j’épousais cause après cause, chacune définissant et orientant ma carrière. À cette seule petite phrase, un conseil, j’ai pris conscience de ma situation pour ainsi devenir plus raisonnable.

Ces valeurs qui inspirent les Français

Pierre Bréchon  — Professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte (IEP-Grenoble/CNRS). Il a publié, avec Frédéric Gonthier et Sandrine Astor, La France des valeurs. Quarante ans d’évolutions (Presses universitaires de Grenoble, 2019).

L’auteur se réfère aux résultats 2018 de l’European Value Survey.

En 1950, 5% d’une classe d’âge obtenaient le baccalauréat. C’est aujourd’hui le cas de plus de 80% des jeunes générations. Il y a donc eu en France, comme dans de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, une énorme diffusion de l’enseignement secondaire et supérieur. Dans le même temps, les médias audiovisuels se sont développés. L’accès au savoir et les capacités de réflexion personnelle de la masse de la population ont donc été décuplés.

Dans ce contexte, les individus souhaitent de plus en plus penser par eux-mêmes, plutôt que de croire ce que proposent les maître à penser. On valorisait autrefois beaucoup de grands intellectuels, à qui on faisait confiance pour savoir comment s’orienter dans la vie. Chacun pouvait avoir son « gourou » ou son guide, aussi bien dans le domaine politique que moral ou religieux. Aujourd’hui, on fait peu confiance à ces « donneurs de leçons ». On veut bien les écouter pour faire son marché à la foire des idées. On en prend et on en laisse, pour aboutir à des choix autonomes de pensée et d’action. Chacun entend être libre de vivre sa vie comme il l’entend, notamment pour tout ce qui concerne la vie sexuelle et les choix de fin de vie (suicide, euthanasie). Les partisans d’ordre moral contraignant en la matière sont devenus minoritaires, particulièrement chez les jeunes.

BRÉCHON, Pierre, Ces valeurs qui inspirent les Français, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 67-68

Pourquoi préférons-nous les infox ?

Romina Rinaldi — Docteure en psychologie et chargée de cours à l’université de Mons (Belgique). Elle est l’autrice de Éloge des mères imparfaites (Sciences Humaines, 2019).

Pour économiser son énergie, notre cerveau très sollicité utilise des heuristiques, c’est-à-dire des réflexes de raisonnement, simples et rapides, basés sur une estimation formulée à partir de ce que nous savons déjà. Mais dans certains contextes, ces heuristiques mènent à des erreurs de jugement, aussi appelées par les spécialistes « biais cognitifs ». (…)

RINALDI, Romina, Pourquoi préférons-nous les infox ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 80.

Selon Emmanuèle Gardair, maître de conférences en psychologie sociale de la communication à l’IUT de Troyes et membre du laboratoire de psychologie « Éducation Cognition Développement (EA 3259) » de l’Université de Nantes, il y a pourtant une différence entre les biais cognitifs et les heuristiques :

Biais : Distorsion entre la façon dont nous raisonnons et celle que nous devrions adopter pour assurer le mieux possible la validité de nos inférences et conclusions. Heuristiques : Règle de raisonnement qui conduit à une simplification du problème et permet de le résoudre rapidement mais pas toujours correctement.

Gardair E. (2007). Heuristiques et biais : quand nos raisonnement ne répondent pas nécessairement aux critères de la pensée scientifique et rationnelle. Revue électronique de Psychologie Sociale, n°1, pp. 35-46. (https://psychologiescientifique.org/ressources/pedagogie/revue-electronique-de-psychologie-sociale/).

Je ne puis me reconnaître dans le titre de cet article : « Pourquoi préférons-nous les infox ? » C’est peut-être en raison de mon expérience dans les médias à titre de journaliste et de rédacteur en chef, mais je ne prends rien pour acquis. Une erreur est toujours possible, à la source, dans la vérification, dans le traitement journalistique, et, une erreur est toujours possible dans ma compréhension et mon interprétation.

Au collège, je souhaitais que l’on ne m’enseigne pas différents savoirs mais plutôt comment chercher et évaluer les savoirs dont j’aurai besoin tout au long de ma vie. En classe, je me présentais souvent avec une référence (un livre souvent) qui nuançait voire contredisait celui retenu par le professeur pour le cours avec une seule question : « Pourquoi celui-ci plutôt que celui-là ? »

Aiguiser le sens critique

Gérald Bronner — Professeur de sociologie à l’Université Paris Cité et membre de l’Académie des technologies, auteur notamment de La Démocratie des crédules (PUF, 2013).

Le doute peut mener au nihilisme cognitif

Plusieurs travaux montrent qu’une stimulation correcte de l’esprit critique rend moins séduisantes certaines propositions trompeuses comme les théories du complot ou la résistance à la théorie de l’évolution. Des tels apprentissage à l’école pourraient être ensuite spontanément mis en œuvre par les jeunes lors de leur utilisation d’Internet.

Mais, objectera-t-on, n’est-ce pas la mission naturelle de l’Éducation nationale que d’aider à construire cet esprit critique depuis toujours ? Ce devrait l’être, en effet… mais l’esprit critique, s’il s’exerce sans méthode, conduit facilement à la crédulité.


Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien.


Le doute a des vertus heuristiques mais il peut mener, plutôt qu’à l’autonomie mentale, au nihilisme cognitif : l’élève, alors, ne croit plus en rien. Et il n’est pas certain que ceux qui ont inspiré la philosophie pédagogique des dernières décennies en France en aient pleinement pris conscience.

BRONNER, Gérald, Aiguiser le sens critique, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 89-90.

Je répond à monsieur Bronner par cette phrase : « On ne donne pas ce que l’on n’a pas ».


Apocalypse cognitive , BRONNER, GÉRALD © PRESSES UNIVERSITAIRES FRANCE 2021
Apocalypse cognitive , BRONNER, GÉRALD © PRESSES UNIVERSITAIRES FRANCE 2021

À lire dans ce dossier : Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021.


Comment enseigner la vigilance aux élèves ?

Marc Romainville — Professeur à l’université de Namur (Belgique), il a récemment publié À l’école du doute. Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux (PUF, 2023).

L’auteur déconseille de démontrer en long et en large par une explication détaillée que l’élève a tort de penser ce qu’il pense. Il qualifie ce type d’approches « d’invasives ».

Des pistes moins invasives sont donc à inventer. Une d’entre elles, la pédagogie de la métacognition, se fonde sur l’idée du sociologue Gérald Bronner selon laquelle les personnes ont des raisons de penser comme elles pensent, même si elle n’ont en réalité par toujours raison de penser de cette manière. Il existe en effet des explications rationnelles et parfois légitimes de penser de travers, l’essentiel étant que les élèves prennent conscience des forces qui les poussent à penser de la sorte. (…)

ROMAINVILLE, Marc, Comment enseigner la vigilance aux élèves ?, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 92.


c.john-dewey-1a-1280

À lire dans ce dossier : Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond/Seuil.


Voilà pourquoi je m’intéresse à l’épistémologie.

le-robert-dico-en-ligne-000

épistémologie

nom féminin – didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Source : Dictionnaire Le Robert.

Gérald Bronner met le doigt sur la « manière de penser ». La question se pose à l’honnête homme : « Je pense mais comment, de quelle manière ? ». Le modèle de la pensée scientifique, qui admet à la fois le doute et la certitude, peut être importé, autant que faire se peut, dans notre manière de penser. On sait déjà que la connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su. La connaissance scientifique est admise certaine que le temps qu’une autre connaissance vienne la remettre en cause et la déclasse. C’est ainsi que je considère la connaissance que je tire de mes expériences du savoir. Et si confiance il y a dans mes connaissances, c’est dans ma capacité à douter et d’en tirer le bénéfice.

ellipses-logo-1564132122

Introduction à l’épistémologie

1.2. Définition de l’épistémologie

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’épistémologie apparaît comme champ disciplinaire spécifique.

Ceux qui se sont essayés à en donner une définition s’appuient en général sur l’étymologie du terme. Ils soulignent ainsi qu’« épistémologie » est la combinaison de deux mots grecs : épistèmè, qui signifie science, connaissance, savoir ; et logos, qui veut dire discours, langage, jugement. L’épistémologie est ainsi, selon les cas, soit une étude sur la science, soit une étude sur la connaissance.

Les anglophones privilégient la seconde de ces deux possibilités : ils emploient pour la plupart epistemology comme synonyme de « théorie de la connaissance ». Les francophones comprennent « épistémologie » en un sens plus étroit : ils l’utilisent uniquement pour qualifier la réflexion sur la connaissance spécifiquement scientifique, réservant l’expression de « théorie de la connaissance » à l’étude de la connaissance en général (scientifique et non scientifique).

L’épistémologie interroge la nature et la valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des sciences. Ceci lui confère deux caractéristiques majeures :

• Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours faisant retour sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient forcément après elle.

• Elle est un discours critique : elle ne se contente pas de décrire les sciences sans les juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-fondé et de la portée des propositions et des méthodes scientifiques.

L’épistémologie étant un discours sur les sciences, il conviendra :

• De spécifier la nature du discours considéré (est-il philosophique ? scientifique ? quels sont ses moyens ?).

• De caractériser l’objet de ce discours (que faut-il entendre par « science » ? Quelles disciplines concrètes range-t-on dans la catégorie de science ?).

LENA, Soler, Introduction à l’épistémologie – 3e édition, Chapitre 1 – Qu’est-ce que l’épistémologie ? Ellipses – Edition, 2019, 336 pages.

L’esprit critique, une ambition républicaine,

Béatrice Kammere — Journaliste spécialisée en éducation et parentalité.

Madame Kammere aborde dans son article le sujet de l’éducation à l’information et aux médias, un sujet devenu projet dans mes expériences de travail.

En effet, en 1980, j’ai créé à Lévis (Québec, Canada) le tout premier organisme sans but lucratif dédié à l’éducation aux médias : le Club d’initiation aux médias de la rive-sud de Québec (CIM). Initié aux médias au cours de mon adolescence à titre de journaliste pigiste, j’avais décidé de partager mon expérience avec les personnes intéressées à comprendre le fonctionnement des médias pour fonder leurs appréciations sur des bases solides.

En 1981, grâce à un programme de l’Office québécois de la Jeunesse, j’ai effectué un stage en France pour me former à l’éducation aux médias, principalement avec le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982) et avec LIRE LE JOURNAL mis en livre par le quotidien Le Monde.

Radiodiffusion et télévision (jeunes). 21110 . — I l octobre 1982 . — M . Bernard Schreiner attire l'attention de M . le ministre de l'éducation nationale sur l'expérience jeunes téléspectateurs actifs qui permet une initiation critique des jeunes vis-à-vis des medias. Il lui demande le bilan de cette expérience et si le ministère de l'éducation nationale, compte la développer et mettre en place une politique générale d'éducation des jeunes vis-à-vis des médias. Radiodiffusion et télévision (jeunes). 33489. — 6 juin 1983 . -- M . Bernard Schreiner rappelle à M . le ministre de l'éducation nationale sa question écrite n° 21110 concernant l'expérience des jeunes télespectateurs actifs (publiée au Journal officiel du I l octobre 1982) restée sans réponse . 1! lui en renouvelle les termes. Réponse . — Le ministre de l'éducation nationale, peut assurer à l'honorable parlementaire que l'expérience citée a déjà retenu toute son attention mais que, bien qu ' elle ait été riche d 'enseignements, sa généralisation en l'état ne peut être envisagée en raison précisément, de son caractère expérimental . En ce qui concerne la politique générale d ' éducation des jeunes vis-à-vis des médias, il est précisé qu ' une mission sur le développement des potentialités de l ' audio-visuel dans le système éducatif (mission qui porte donc également sur ce point) a été confié à M . Malapris du Centre national de documentation pédagogique . Dès que les conclusions de cette mission seront disponibles, c 'est-à-dire fin septembre, elles seront communiquées à l ' honorable parlementaire.
Radiodiffusion et télévision (jeunes). 21110 . — I l octobre 1982 . — M . Bernard Schreiner attire l’attention de M . le ministre de l’éducation nationale sur l’expérience jeunes téléspectateurs actifs qui permet une initiation critique des jeunes vis-à-vis des medias. Il lui demande le bilan de cette expérience et si le ministère de l’éducation nationale, compte la développer et mettre en place une politique générale d’éducation des jeunes vis-à-vis des médias. Radiodiffusion et télévision (jeunes). 33489. — 6 juin 1983 . — M . Bernard Schreiner rappelle à M . le ministre de l’éducation nationale sa question écrite n° 21110 concernant l’expérience des jeunes télespectateurs actifs (publiée au Journal officiel du I l octobre 1982) restée sans réponse . 1! lui en renouvelle les termes. Réponse . — Le ministre de l’éducation nationale, peut assurer à l’honorable parlementaire que l’expérience citée a déjà retenu toute son attention mais que, bien qu ‘ elle ait été riche d ‘enseignements, sa généralisation en l’état ne peut être envisagée en raison précisément, de son caractère expérimental . En ce qui concerne la politique générale d ‘ éducation des jeunes vis-à-vis des médias, il est précisé qu ‘ une mission sur le développement des potentialités de l ‘ audio-visuel dans le système éducatif (mission qui porte donc également sur ce point) a été confié à M . Malapris du Centre national de documentation pédagogique . Dès que les conclusions de cette mission seront disponibles, c ‘est-à-dire fin septembre, elles seront communiquées à l ‘ honorable parlementaire.

s-l1600

s-l1601jeunes-telespectateurs-actifs-005_Page_1

Parallèlement à cela, et ouvrant sur des préoccupations audiovisuelles étendues à d’autres médias que le cinéma, des initiatives interministérielles voient le jour avec la création d’associations telles que le JTA (Jeunes téléspectateurs actifs). En partenariat avec l’INA (Institut national de l’audiovisuel), certaines chaînes de télévision et divers ministères, tentent des initiatives de rapprochement des mondes de l’école, de la famille, du milieu socio-culturel, etc. Les conséquences de ce projet se trouvent essentiellement dans les instructions officielles de 1985 pour les écoles et les collèges qui retiendront l’idée d’une éducation aux médias citoyenne et critique.

Source : Marlène Loicq, « Quand les mutations des pratiques audiovisuelles des jeunes réveillent les enjeux de l’éducation aux médias »Décadrages [En ligne], 31 | 2015, mis en ligne le 29 mai 2018, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/decadrages/827 ; DOI : https://doi.org/10.4000/decadrages.827.

Les expériences comme celles des Jeunes Téléspectateurs Actifs sont de bonnes illustrations de ces collaborations. Il s’agissait d’un programme interministériel (1979-1983) visant à donner une position « active » aux jeunes téléspectateurs face à la culture de masse. Elle associait famille, enseignants, animateurs socioculturels et socioéducatifs : plus de 20.000 jeunes ont été concernés, ainsi que 2000 adultes. L’émergence d’Internet ne s’est pas faite non plus sans utopies citoyennes. A charge pour le service public audiovisuel de devenir le lieu de rencontre de ces nouveaux espoirs éducatifs et citoyens.

Source : MARTY, Frédéric, « Le service public audiovisuel français face à sa mission éducative : l’épreuve numérique ». Les Enjeux de l’information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, 2013. p.149-159. CAIRN.INFO, shs.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2013-2-page-149?lang=fr.

Depuis plus de vingt ans, la question des relations entre les deux lieux d’apprentissage que sont l’école et la télévision, n’a pas cessé d’être posée. En France, plusieurs pratiques pédagogiques intégrant la télévision comme outil se sont développées. L’opération Jeunes téléspectateurs actifs (cf. infra) a montré que les jeunes téléspectateurs étaient plus réfléchis et plus critiques qu’on ne le dit, à l’égard des émissions qu’ils regardent. Les jeunes sont également très influencés par le modèle scolaire des apprentissages et du fonctionnement de la mémoire, ce qui les conduit à minimiser le rôle de la télévision et de l’image comme source de savoir. Plusieurs auteurs ont souligné les possibilités offertes par l’image pour apprendre. Selon Geneviève Jacquinot, par exemple, le contact régulier avec la télévision engendrerait « de nouveaux systèmes de représentations et un fonctionnement cognitif différent de celui qui est à l’œuvre lors d’une transmission d’information par le langage (oral ou écrit) ». Il importe donc de tenir compte de ces nouveaux modes de compréhension lorsqu’on enseigne à cette nouvelle génération. Judith Lazar a elle aussi souligné le développement d’une culture spécifique, facteur de socialisation pour les jeunes mais ignorée voire méprisée par l’école… Vingt ans après l’évocation d’une « école parallèle » appliquée au petit écran (1973)62, Louis Pocher s’est interrogé sur les effets induits par le développement des médias audiovisuels sur le rapport au savoir et à la culture. Constatant que les enseignants refusaient de considérer ces savoirs médiatiques comme légitimes, l’auteur a prôné une culturel est présente à l’esprit de ces chercheurs. Le CRESAS (Centre de recherche de l’éducation spécialisée et de l’adaptation scolaire intégré à l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) a proposé d’imputer l’échec scolaire à la coupure qui existe entre la culture de l’école et la culture d’élèves de milieux populaires dont la télévision constitue l’une des composantes centrales (CRESAS, 1974). Pour d’autres chercheurs, si l’on n’apprend pas à la télévision comme à l’école c’est parce que l’on n’est pas dans une posture d’apprentissage (Chailley, 1989, 1993). Autrement dit, c’est surtout la manière de considérer le médium et de s’en servir comme d’un moyen d’apprendre qu’il s’agit de repérer, ceci en lui appliquant les procédures de « travail » traditionnellement associées à l’écrit. L’idée consiste à introduire une médiation éducative comparable à celle qui existe par rapport à l’écrit (p. 35). François Mariet suggère que ce n’est pas à l’école d’apprendre aux enfants à apprendre par la télévision mais en leur fournissant l’outillage nécessaire pour acquérir les savoirs (Mariet, 1989). Bien formé par l’école, l’enfant est supposé apprendre relativement vite son rôle de téléspectateur (p. 35). Maguy Chailley y voit là un paradoxe : les enfants apprennent par la télévision sans savoir qu’ils apprennent, ils apprennent à l’école en sachant qu’ils apprennent. ouverture de l’école aux médias télévisés et a invité les enseignants à repérer et à faire usage des connaissances et des compétences des téléspectateurs63. Pour les auteurs mentionnés, on peut apprendre grâce à la télévision mais « sans doute autre chose et/ou autrement qu’avec les modalités d’apprentissage traditionnel ». L’idée de fossé.

Source : La réception des programmes télévisés par les adolescents: un état de la question, Julie Sedel, 2008

Du 3 au 10 avril, les jeunes téléspectateurs actifs de France sont invités à regarder la télévision d’un œil critique. Cette semaine contre l’illettrisme audiovisuel est une initiative d une association très dynamique:les Pieds dans le Paf.

(…)

Sept jours durant lesquels chaque enfant de France et, depuis un an, de Belgique et d’Angleterre, est invité à critiquer, et à décortiquer la télévision, pour ne plus regarder idiot, à écrire une lettre ouverte à sa télé, à répondre à un questionnaire, à assister à des réunions de téléclubs, et à participer à l’attribution des Zaps d’or aux émissions les plus nulles. (Les « Zaps d’orisés » de l’an dernier ont été Tournez… manège, Dimanche Martin, Santa Barbara et Dorothée.

Source : Article de Véronique Châtel publié en 1993 dans un journal suisse.

Les activités proposées par le programme «Jeunes téléspectateurs actifs» ont eu pour conséquence d’amener beaucoup d’adolescents à regarder les informations ; ils en ont critiqué parfois le côté «spectacle» avec ses violences et ses facilités tout en appréciant aussi une présentation efficace et accessible à tous. C’est plus tard, vers 16-17 ans, qu’on observera certain rejet de la télévision, accusée de ne transmettre qu’un reflet des stéréotypes adultes.

Source : l’enfant et la télévision par Evelyne Pierre, psychologue 

Je suis revenu de mon stage à Paris en 1981 avec une abondante documentation au sujet de l’éducation aux médias, notamment des manuels pédagogiques. Avec ma partenaire, cofondatrice du Club d’initiation aux médias, nous avons implanter le programme Jeunes Téléspectateurs Actifs dans quelques écoles de notre région. Nous avons également offert des ateliers Lire le journal en nous inspirant du livre du même nom aux édition Le Monde et du manuel scolaire Le journal en classe  de l’Association des quotidiens québécois. L’une de nos expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs a même été l’objet d’un documentaire (Les enfants de la télévision) par la réalisatrice Louis Spickler de l’Office national du film du Canada (ONF). Enfin, nous avons écrit des chroniques sur le thème de l’éducation aux médias dans le journal local pendant que la presse nationale donnaient écho de nos expériences pilotes.

Bref, tout cela pour vous témoigner de mon expérience dans le domaine de l’éducation aux médias.

Deux autre secteurs de l’enseignement scolaire français sont particulièrement mobiliser pour développer l’esprit critique. Le premier concerne l’enseignement de la méthode scientifique.

(…)

Second secteur, complémentaire de la formation à la méthode scientifique, l’éducation aux médias et à l’information (Emi) tient une place centrale dans la bataille. Introduite en 2013 dans les textes de l’éducation nationale, elle se présente comme un enseignement interdisciplinaire, ayant pour but d’aider les élèves à se repérer dans le paysage médiatique. Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), chargé dans les académies de la formation des enseignants en Emi et de la production de ressources pédagogiques, est un opérateur incontournable de cet enseignement. Pionnier de ce secteur depuis 1982, le Clemi a vu s’affirmer la demande sociale en faveur de l’Emi : « Il y a vingt ans, pour étudier la presse écrite, on pouvait se contenter de réunir quelques journaux et d’en analyser le contenu avec les élèves. Les donne est bien plus complexe aujourd’hui, ou la  »story » d’influenceurs côtoie celle du journal Le Monde sur les réseaux sociaux », explique Sébastien Rochat, responsable de la formation au Clemi. (…)

KAMMERER, Béatrice, L’esprit critique, une ambition républicaine, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 102-103.

On ne peut pas dire que le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi) est « est le « pionnier » de ce secteur depuis 1982 puisque des expériences notables furent mis en œuvre dès les années 1970. Le Clemi est né dans une grande effervescente de l’éducation aux médias, notamment l’expérience Jeunes Téléspectateurs Actifs (JTA) (1979-1982), la publication du livre Le monde – Lire le journal – pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse avec 110 fiches par Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau publié en janvier 1979 aux Édition F.P. Lobies., et les nombreuses publications de l’UNESCO avant et pendant les années 1980.

lire-le-journal-c1

lire-le-journal-c2

L’exactitude en historique de l’éducation aux médias revêt une grande importance pour en suivre l’évolution pédagogique, de la naissance du secteur à aujourd’hui. Il m’apparaît très utiles de connaître les différentes motivations et les argumentations à la base de la naissance de l’éducation aux médias. Et c’est exactement ce que je demandais lors de mes rencontres avec des hauts fonctionnaires et le ministre de l’Éducation nationale en France lors de mon stage en 1981.

Et c’est sur la base de ces arguments politique de l’éducation aux médias que nous avons pu convaincre le ministre québécois des communication de l’époque, Jean-François Bertrand, d’investir dans nos projets pilotes et même de tenir une conférence de presse avec nous.

Si l’école a un rôle à jouer en éducation aux médias et à l’information, je demeure persuader de l’importance d’une approche créative et adaptative non standardisée  que peut offrir un organisme indépendant, plutôt que de miser exclusivement sur programme national gouvernemental.

Par exemple, le Club d’initiation aux médias a répondu à la demande d’une école primaire qui constatait l’influence de la violence à la télévision lors de la récréation de ses élèves.

Lorsque l’actualité a rapporté la présence de message dit « subliminaux » dans la musique des grands groupes de musique rock, le Club d’initiation aux médias a sauté sur l’occasion pour préparer et offrir une conférence d’une durée de plus de deux heures chacune et intitulée « Le Rock et la déformation de l’information ». J’ai animé plus de 350 fois cette conférences auprès de plus de 35,000 jeunes et leurs parents dans les écoles, les maisons de jeunes, les arénas… Ce fut un vif succès. Le projet se déroula non seulement dans les écoles à titre d’activité spéciale mais s’inscrivait aussi en dehors du cadre scolaire, avec la collaboration des organismes jeunesse des différentes régions du Québec et le l’est du Canada.

La surcharge du programme scolaire, ici comme ailleurs, ne permet pas d’accorder à l’éducation aux médias et à l’information tout le temps nécessaire a son déploiement en classe. Il faut l’intégrer aux activités para-scolaires, aux activités de loisirs… Et pour y parvenir, frapper fort avec des projets uniques foncièrement liés à des actualités qui retiennent l’attention. L’éducation aux médias doit permettre à son public de digérer ces actualités, parfois toxiques, en suscitant une prise de recul immédiate, preuves à l’appui.

Au collège, des philosophes en herbe

Fabien Trécourt — Journaliste scientifique.

Mettre en perspective les notions du programme scolaire, les retravailler pour les transformer en questionnement philosophique, tel est l’objectif du projet PhiloJeunes.

TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 107.

Je ne connaissais pas le projet PhiloJeunes et je remercie Sciences Humaines Éditions de me l’avoir présenté, et plus spécialement le journaliste scientifique Fabien Trécourt, auteur de l’article Au collège, des philosophes en herbe.

(…) Pour que le débat reste cadré, les élèves ont appris à tenir différents rôles : il y a les « discutants » bien sût, les philosophes en herbe, qui tentent d’expliquer les problèmes soulevés et d’y apporter des éléments de réponses. Les « observateurs », eux, veillent au bon déroulé des échanges, vérifient si la parole est bien répartie par exempla. Les « reformulateurs » sont sollicités lorsque qu’idée ambiguë ou mal comprise; ils doivent clarifier les termes du débat, pour que tout le monde parle bien de la même chose. Les « synthétiseurs », enfin, récapitulent ce qui a été dit en guise de conclusion. Au fil de l’année, tous les élèves sont amenés à jouer tous les rôles. « On n’est pas dans la polémique ni dans la punchline, souligne B. Slimani. Chacun apprend à construire sa propre pensée en réfléchissant avec les autres. Un dernière étape relève de la métacognition : grâce aux observateurs et aux synthétiseurs, les élèves remettent en perspective tout le cheminement de leur pensée. De quelles questions ils sont partis ? Quels arguments les ont aidés à faire avancer leur réflexion ? Y a-t-il eu des points de blocage ? « Cette mise à distance de leur propre discours développe leur esprit critique », assure B. Slimani.

TRÉCOURT, Fabien, Au collège, des philosophes en herbe, Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, pp. 109-110.

P.S. : Bouchra Slimani. Professeure de lettre moderne, Formatrice académique (CARDIE de Créteil), formatrice PhiloJeunes à l’Académie de Créteil (France).


philojeunes-logo-02-1536x300

PhiloJeunes

Éducation aux valeurs démocratiques et civiques avec le dialogue philosophique pour les jeunes de 5 à 16 ans

Les origines de PhiloJeunes

Le projet PhiloJeunes est l’héritage de plusieurs années d’expérience dans le cadre de la création en 1996 et l’implantation jusqu’en 2015 du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants mené par l’organisme La Traversée Rive-Sud sous l’initiative de sa fondatrice et directrice générale, madame Catherine Audrain.

PhiloJeunes

  • Le projet PhiloJeunes s’appuie sur l’évaluation des effets sur le développement du raisonnement moral des élèves du programme Prévention de la violence et philosophie pour enfants, produite en 2009 par Serge Robert, professeur de philosophie (UQAM), laquelle démontrait que la pratique du dialogue philosophique développait, outre l’esprit critique, la prudence épistémique et une meilleure capacité à reconnaitre la violence symbolique et psychologique. Cette  évaluation a été présentée à Paris dans le cadre des Journées mondiales de la philosophie de l’UNESCO) ;
  • Le projet PhiloJeunes intègre les commentaires des pédagogues recueillis sur une période de  plus de 20 ans.

Le projet PhiloJeunes a été créé en 2015 à la suite des événements tragiques survenus au Québec, au Canada, en France et en Belgique, notamment au magazine Charlie Hebdo pour soutenir les enseignants et permettre un espace de réflexion aux jeunes.

Le projet PhiloJeunes a pour but de prévenir le dogmatisme, le fanatisme et la radicalisation et vise l’éducation des jeunes à la citoyenneté mondiale par l’apprentissage du dialogue philosophique avec l’aide d’un accompagnateur formé à cet effet.

Lire la suite

Approches

PhiloJeunes utilise les approches les plus reconnues sur la scène internationale

  • Communauté de recherche philosophique (CRP) développée par le philosophe Mathew Lipman, professeur de philosophie, logicien. Fondateur de la pratique de la philosophie pour enfants. Montclair Institute. USA
  • Discussion à visée démocratique et philosophique (DVDP), développée par Michel Tozzi, Professeur émérite en Sciences de l’éducation à l’Université P. Valéry de Montpellier et expert auprès de l’UNESCO en philosophie avec les enfants
  • Utilisation de la littérature jeunesse en philosophie avec les jeunes développée par Edwige Chirouter, Titulaire de la Chaire UNESCO des pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue culturel et la transformation sociale
  • l’utilisation des situations problèmes et des apports spécifiques notamment pour les jeunes en situation de vulnérabilité développés par Jean-Charles Pettier, philosophe et formateur à l’Académie de Créteil
  • Situation d’apprentissage philosophique développée par Mathieu Gagnon, professeur en science de l’éducation, Université de Sherbrooke
  • Le CIP offre occasionnellement des initiations à d’autres approches selon la demande et le contexte

Lire la suite

Site web PhiloJeunes


Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel

Pascal Engel — Directeur d’études émérite à l’EHESS. Il a publié notamment Les Lois de l’esprit. Julien Benda ou la raison (2e éd., Elliott, 2023), et Manuel rationaliste de survie (Agone, 2020).

Être rationnel ne relève pas seulement de la cohérence logique. La vraie rationalité tient à la capacité à justifier ses croyances, qu’on appelle plus proprement la raison.

ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 113.

Je rencontre un problème avec le lien entre croyance, raison et rationalité.

(…) Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes : si vous croyez qu’une soucoupe volante a atterri sur votre pelouse parce que l’herbe a brûlé, vous raisons sont insuffisantes. La rationalité exige aussi que nos désirs et nos émotions ne viennent pas interférer avec notre jugement. Mais ces critères — cohérence, justification par des preuves, indépendance par rapport aux désirs — ne sont pas suffisants. On ne peut pas avoir des croyances irrationnelles — par exemple croire que des extraterrestres vont détruire la Terre demain — et raisonner assez bien, par exemple en corrigeant ses croyances initiales : la fin du monde n’a pas eu lieu le lendemain, mais c’est juste que les extraterrestres ont différé la date. On est souvent aussi plus ou moins rationnel. Quelles sont alors les conditions de la rationalité ?

ENGEL, Pascal, Il ne suffit pas d’être logique pour être rationnel, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, pp. 113-114.

L’affirmation « Une croyance est rationnelle si elle est cohérente, mais également si elles est fondée sur des preuves suffisantes » m’embarrasse. J’ai abandonné l’idée de rationaliser mes croyances par des preuves. Selon moi, une croyance n’a pas besoin de preuve. Autrement, on tombe dans des spéculations à n’en plus finir. La raison d’une croyance devient elle-même croyance dans une croyance.

Sujet de dissertation : Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

Introduction

Par définition la croyance c’est avant tout l’attitude de l’esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (synonyme d’opinion). Mais, en conséquence mais dans un champ plus spécifique c’est l’adhésion de l’esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi).

En ce sens la croyance semble s’opposer radicalement à la raison, entendue comme faculté de calculer, de raisonner, c’est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences et, en conséquence, de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.

C’est pourquoi la science s’est construite avant tout contre la croyance et plus particulièrement en s’émancipant des dogmes de la foi religieuse mais aussi de celles de l’opinion. Pour autant on peut se demander jusqu’où va cette opposition et si la raison échappe totalement à la croyance.

Source : superprof – La plateforme qui connecte profs particuliers et élèves.

J’adhère à cette proposition à l’effet que « (…) la croyance semble s’opposer radicalement à la raison (…) ». Se donner raison dans nos croyances est un non-sens.

III. Deux formes de croyance

A. La croyance irrationnelle

Kant affirme que l’opinion est différent de la foi car cette dernière porte sur des objets indémontrables. La foi serait ainsi la forme de la croyance qui porte sur des éléments idéels et qui ne peuvent de fait pas être démontrés.

B. La croyance rationnelle

Pascal avance que la croyance est au-delà de la raison. En effet, croire implique le cœur de l’Homme qui ne peut se soumettre uniquement à la raison. La croyance n’est alors pas complètement irrationnelle. Conclusion : Une fois la raison établie, son exercice se retrouve soumis à un certain nombre d’obstacles qui en freinent sa portée. Enfin, la caractéristique essentielle de la raison, universelle ou relative, dépend des écoles de pensée.

Source : La croyance et la raison, Le Figaro étudiant, 12 février 2015.

Philosopher dès l’enfance, une école de liberté

Edwige Chirouter — Professeure des universités en philosophie de l’éducation, chercheuse au Centre de recherche en éducation de Nantes (Cren), titulaire de la chaire Unesco/université de Nantes « Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale ».

Si un des défis de l’éducation démocratique est de lutter contre les écueils du dogmatisme et du relativisme, alors elle doit permettre aux futurs citoyens de développer des défenses intellectuelles qui évitent de tomber dans ces « deux maladies séniles de notre modernité tardive » selon l’expression du philosophe Michel Fabre (M. Fabre, Éduquer pour un monde problématique, La carte et la boussole, PUF, 2011). Le dogmatisme ( religieux, politique, économique) reste crispé sur des réponses fermées, révélées, non critiquables; le relativisme, à l’inverse, renonce à donner des repères fiables. Seule une approche herméneutique du monde, fondée sur l’interprétation rigoureuse des phénomènes, peut permettre un éclairage pertinent de la complexité du réel et de l’existence. Le monde est comme un texte à interpréter et comme toute interprétation littéraire, les lectures en sont plurielles, mais reposent aussi sur des données factuelles et stables.

CHIROUTER, Edwige, Philosopher dès l’enfance, une école de la liberté, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 127.

Interpréter est-ce reconnaître le sens ou donner un sens selon sa compréhension ? Si j’interprète « des données factuelles et stables », est-ce qu’il y a dans ces données un sens à reconnaître ou dois-je moi-même donner un sens ? Un chose est certaine, on ne peut pas se dire objectif lors d’une interprétation.

La rhétorique ou l’art de la persuasion

Juliette Dross — Enseignante- chercheuse  à Sorbonne Université. Elle est spécialiste de philosophie ancienne, notamment du stoïcisme romain, et de rhétorique. Elle a dirigé le concours d’éloquence de la Sorbonne et a, entres autres, publié L’Art rhétorique. Petit manuel pour un usage éclairé de la parole (Armand Colin, 2023)

(…) Au sens plein, la rhétorique est un art complet, qui de la conception d’un discours jusqu’à sa prononciation, en passant par son organisation, le style choisi, la mémorisation ; et on ne peut séparer ces différents aspects sans l’amputer et la dénaturer. C’est parfois d’ailleurs le point aveugle de certaines formations ou coaching en prise de parole, qui insiste avant tout sur la forme (poser sa voix, gérer son stress, avoir une élocution claire, etc.). Or, si l’on n’a pas les outils permettant d’élaborer un discours persuasif, de trouver les idées qui vont faire mouche, se structurer ce qu’on dit, de choisir les mots et le rythme adaptés à l’objectif fixé, le discours tombera à plat. Si la forme n’est pas le prolongement du fond, elle est creuse et ne provoque pas la persuasion.

DROSS, Juliette, La rhétorique ou l’art de la persuasion, Penser par soi-même, Sciences Humaines Éditions, 2024, p. 133.

Par exemple une conférence doit amener l’auditoire du point A au point B en suivant différentes étapes de prise de conscience en prise de conscience. J’ai animé plus de 350 conférences sur différents sujets au cours de ma carrière professionnelle et je n’avais en tête l’idée de convaincre mais plutôt de partager ma compréhension et l’évolution de ma conscience. Il ne s’agissait de persuader l’auditoire pour qu’il adopte ma propre compréhension et évolue dans le même sens que ma conscience. C’est beaucoup plus subtile. Amener l’auditoire à prendre elle-même conscience d’une information et de ses implications sur la perception du réel exige de partager un vécu.

Sommes-nous à l’âge de la postvérité ?

Sebastian Dieguez — Docteur en neurosciences, Sebastian Dieguez enseigne à l’université de Fribourg. Il a publié Total Bullshit ! Au cœur de la postvérité (PUF, 2018) et Croiver. Pourquoi la croyance n’est pas ce que l’on croit (Eliott, 2022).

Je ne savais pas que le concept de « postvérité » est contesté mais je ne suis pas surpris.

(…) précision utile mais souvent négligée, le préfixe « post » ne devrait pas se lire dans un sens strictement chronologique, comme s’il y avait un avant et un après la vérité, mais plutôt dans un sens privatif : la vérité en que telle aurait perdu de son importance et de son influence.

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 139.

Dans son livre La faiblesse du vrai – Ce que la post-vérité fait à notre monde commun , la philosophe Myriam Revault d’Allones, professeur émérite des universités à l’École pratique des hautes études, soutient que « L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel ».

Apparemment, l’idée selon laquelle nous nous situerions à un moment, voire à une époque, d’« après » la vérité constitue une rupture signifiante au regard d’une notion fondamentale de la métaphysique occidentale et sur laquelle repose également, pour le sens commun, l’évidence du réel : une proposition est dite « vraie » lorsqu’elle est garantie par sa conformité à ce qui est. Le souci de la vérité a pu s’énoncer de multiples façons, antagonistes, plus ou moins savantes, dans des domaines divers, mais la pluralité des approche n’a jamais conduit à remettre en question le caractère « vital » de la référence au vrai.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, Éditions du Seuil, 2018, p. 10.


Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, Éditions du Seuil, 2018, p. 11.


c.myriam-tevault-d-allonnes-1a-1024

Voir aussi mon rapport de lecture

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil (Média-Participations), Paris, 2018.


Sebastian Dieguez souligne l’absence de consensus.

Absence de consensus

Pour autant, cet état des lieux est loin d’avoir fait l’unanimité. Aucun consensus n’a abouti sur ce qu’est exactement la postvérité, ni même si cette chose existe. Était-ce un simple effet de mode, un lubie journalistique passagère, une expression de détresse concomitante d’une actualité politique dont on peinait à expliquer ses aspects les plus outrageants ? Ou alors cette notion de « postvérité » mettait-elle le doigt sur un phénomène réel et inédit, qui allait donner lieu à un programme de recherche aussi passionnant que fructueux, creusant au plus profond de nos pratiques intellectuelles, sociales et politiques contemporaines ?

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 141.

Me voilà dans une très belle démonstration qu’il ne me faut rien prendre pour acquis. Il faut douter pour comprendre et l’article de Sebastian Dieguez nous y pousse.

Il nous certes clarifier les tenants conceptuels de ces enjeux, se garder d’exagérer la menace ou d’y voir un caractère trop exceptionnel, et prendre garde aux possibles récupérations politiques et idéologiques d’une rhétorique simpliste de la postvérité. Mais rien de tout cela ne serait possible ni nécessaire sans envisager l’idée que notre espèce semble hélas bien capable de détruire la fragile édifice intellectuel qu’elle s’est si laborieusement bâti au fil des siècles.

DIEGUEZ, Sebastian, Sommes-nous à l’âge de la postvérité ? Penser par soi-même, Sciences Humaines Édition, 2024, p. 147.

Un « édifice intellectuel », oui, mais aussi et surtout « un édifice civilisationnel ». Tout cela ne sa passe pas que dans nos têtes car nous pouvons observer au sein des sociétés occidentales le recul de la vérité, la désinformation, les fausses nouvelles…


Lire aussi

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Lire la suite


Le recueil PENSER PAR SOI-MÊME,

sous la direction de Maud Navarre

chez Éditions Sciences Humaines (2024),

m’a beaucoup donné à penser.


J’accorde quatre étoiles sur cinq

au livre PENSER PAR SOI-MÊME sous la direction de Maud Navarre chez Sciences Humaines Éditions paru en 2024 .

4-etoiles

Je vous en recommande fortement la lecture.


dossier-philotherapie-bandeau-750

  Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.


D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR


NOUVELLES SECTIONS

Ressources : études et articles

Nouvelle section INTERNATIONALE


MON LIVRE

Exemplaire numérique gratuit

J'aime penser - Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison. Cliquez ici pour télécharger gratuitement ce livre (PDF) ou cliquez ici pour le lire en ligne sur ce site web

Mon livre « J’aime penser ou Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison» offert gratuitement en format numérique (PDF) ou à lire en ligne sur un site web dédié.

Vidéo : Sciences, pseudosciences, croyances et vérités par Méta de choc, Olivier Sartenaer et Élisabeth Feytit

Sciences, pseudosciences, croyances et vérités

par Méta de choc, Olivier Sartenaer et Élisabeth Feytit

Janvier 2023

Voici la captation d’une table-ronde à laquelle j’ai participé à l’université de Namur, sur la question épineuse et non moins passionnante des frontières entre sciences et pseudosciences.

Cette conversation avec Olivier Sartenaer, physicien et philosophe des sciences, trouve son point de départ dans l’évocation du parcours intellectuel du biologiste belge du début du XXe siècle : Hector Lebrun. Ce chercheur brillant voulait concilier la théorie de l’évolution de Charles Darwin et la pensée créationniste catholique.

Nous y abordons des sujets aussi variés que la croyance en la Terre plate, la lithothérapie, la Loi de l’attraction, l’anti-vaccinisme ou les préoccupations environnementales. La crédulité est-elle liée à un manque d’intelligence ? La quête spirituelle est-elle compatible avec l’intérêt pour les sciences ? La crise du Covid aurait-elle révélé notre manque criant de rationalité ?

Élisabeth Feytit


Source : FEYTIT, Élisabeth, Sciences, pseudosciences, croyances et vérités, Méta de choc, janvier 2023.


Contenus libres de droits pour un usage non-commercial – Licence Creative Commons CC BY-NC 4.0.


Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

dossier-philotherapie-bandeau-750

J’ai un problème avec la vérité

Serge-André Guay

Observatoire québécois de la philothérapie

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

La philosophe Myriam Revault d’Allonnes va encore plus loin en parlant d’une « ère post-factuel » :

Il n’en va pas de même avec la « post-vérité » selon laquelle — à suivre le dictionnaire d’Oxford — les faits objectifs ont moins d’importance que leur appréhension subjective. La capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits. Peu importe que ces derniers informent ou non les opinions : l’essentiel, c’est l’impact du propos. Le partage du vrai et du faux devient donc insignifiant au regarde de l’efficacité du « faire-croire ». L’ère de la post-vérité est aussi celle du post-factuel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, p. 11.

L’erreur serait pourtant de penser que la post-vérité et la fabrication de « faits alternatifs » dans des sociétés démocratiques relèvent des mêmes mécanismes que l’idéologie totalitaire. Certes, dans les deux cas on propose un substitut à la réalité, un réarrangement de toute la texture factuelle en sorte qu’un monde fictif vient en lieu et place du monde des expériences et des relations que nous avons en partage et qui est le « sol » sur lequel nous nous tenons.

Dans les systèmes totalitaires, une idéologie « fantasmatiquement fictive » suscite un monde à la fois mensonger et cohérent que l’expérience est impuissante à contrarier. Le penser idéologique s’affranchit de l’existence de la réalité plus « vraie » que celle que nous appréhendons et percevons. Il ordonne les faits selon une procédure entièrement logique : en partant d’une prémisse tenue pour un axiome et dont tout le reste est déduit, on parvient à une cohérence jamais rencontrée dans le réel.

Source : Revault d’Allonnes, Myriam, La faiblesse du vrai, Introduction, p. 14.

(Voir notre Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil).

La vérité se fait bardasser par tout un chacun en ces temps qui courent. Elle est victime d’érosion comme les berges soumis aux ondes de tempête provoquées par les changements climatiques.

Il y a 25 ans, en pleine crise intellectuelle au début de ma quarantaine d’âge, je me suis réfugié dans la méthode de la pensée scientifique, dans l’épistémologie, c’est-à-dire dans l’étude de la connaissance de la connaissance. J’en suis venu à la conclusion que nous devrions importer dans notre vie de tous les jours la méthode de la pensée scientifique, notamment le doute systématique. Mon objectif : une pensée juste débarrassée des biais cognitifs, libérée de mes opinions, de mes préjugés… Admettre pour vrai uniquement ce que les sciences exactes ont démontré, tout en considérant qu’en ces sciences, la connaissance se bâtit sur la destruction du déjà-su dont on s’est donné formellement l’obligation de douter.

À la fin de cette décennie de ma vie, j’ai observé de plus en plus de gens prendre pour vrai ce qu’ils pensaient uniquement parce qu’ils le pensaient. Cette absence complète de recul et de doute court-circuite voire détruit le système de penser. « Seul ce que je pense est vrai » semble dire ces personnes plus attachées à leurs opinions qu’au savoir et à la connaissances eux-mêmes. Or, la première règle de la pensée scientifique est de lutter contre ses opinions.

À la question « Pourquoi la vérité ne triomphe pas par elle-même ? », je répond « parce qu’elle est imparfaite » et cette imperfection vient du fait qu’on la cherche dans des domaines où elle ne peut pas émerger, comme dans les sciences inexactes. Une imperfection justifiée aussi par le fait qu’elle est un concept de l’Homme et que ce dernier est lui-même imparfait. La vérité n’existe pas non plus dans la Nature. La vérité est une invention conceptuelle de l’Homme qui lui permet de s’assurer de la correspondance de ses observations avec la réalité.

Pour commencer, il faut distinguer la vérité et la réalité : la vérité n’est pas la réalité. La réalité est une propriété des choses. La vérité est une propriété du discours ou de la pensée. Une chose est réelle, si elle est, si elle existe, si elle est effective. Ici, nous entendons « réalité » dans son sens ordinaire, et non pas dans son sens technique.

Source : Gabriel Gay-Para, La vérité a-t-elle une histoire ? ggpphilo.

La vérité tient donc du seul fait de l’expérience que nous faisons de la réalité pour en tirer une connaissance (vraie).

Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.

Source : Gabriel Gay-Para, La vérité a-t-elle une histoire ? ggpphilo.

Et si des experts se prononcent sur notre temps en évoquant dans notre histoire une ère de post-vérité, ce n’est pas parce que la vérité change avec le temps mais plutôt parce que les critères de la vérité changent. « (…) la vérité est par définition absolue, universelle et transhistorique », nous dit Gabriel Gay-Para :

De prime abord, si on considère l’essence ou la nature de la vérité, et non ses critères, la vérité est par définition absolue, universelle et transhistorique. Prenons un exemple simple : « la somme des angles d’un triangle est égale à un angle plat. » Cette vérité, dans le cadre de la géométrie euclidienne, respecte cette triple propriété. Elle est absolue : comme cette propriété découle de l’essence même du triangle, elle est indépendante de toute condition. Elle vaut pour tout le monde, qu’on soit géomètre ou non. Mais elle vaut aussi pour tous les triangles, quelles que soient leurs propriétés particulières (triangle isocèle, équilatéral, rectangle, etc.) ; elle est donc universelle. Elle est enfin transhistorique : elle vaut pour toutes les époques. Cette propriété vaut pour les arpenteurs de l’Égypte ancienne, comme pour les mathématiciens du XXe siècle : le développement des géométries non-euclidiennes depuis le XIXe siècle n’y a rien changé. Un triangle dessiné sur une surface plane a toujours la somme de ses angles égale à un angle plat. La vérité semble donc transhistorique ou éternelle, indépendante du temps qui passe. Dans cette perspective, comment la vérité pourrait-elle avoir une histoire ? Si la vérité est la propriété qui caractérise nos énoncés lorsque ceux-ci décrivent ce qui est, autrement dit, « correspondent » ou sont en adéquation avec la réalité, comment pourrait-elle avoir une histoire, et donc évoluer avec le temps ? Historiciser le concept de vérité, n’est-ce pas le vider de son contenu ?

Source : Gabriel Gay-Para, La vérité a-t-elle une histoire ? ggpphilo.

La vérité n’a pas d’histoire parce qu’elle « (…) est par définition absolue, universelle et transhistorique ».

La vérité existe que dans son rapport à la réalité. C’est une théorie de la vérité nommée « correspondantisme » : « Le correspondantisme, appelé aussi théorie de la vérité-correspondance, est l’ensemble des théories définissant la vérité comme une relation de correspondance entre un énoncé et une chose réelle. Un énoncé est vrai seulement s’il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité. » (source : Vérité, Wikipédia, consulté le 26 janvier 2023).

À présent, toute connaissance s’accomplit dans l’assimilation du connaissant à la chose connue, et l’on dit que cette assimilation est cause de la connaissance, comme la vue connaît la couleur du fait qu’elle y est disposée par l’espèce de la couleur. De la sorte, le premier rapport de l’étant à l’intellect tient à ce que l’étant et l’intellect concordent, concordance qui est appelée adéquation de l’intellect et de la chose [adaequatio intellectus et rei], et dans laquelle la notion de vrai s’accomplit formellement. C’est donc cela que le vrai ajoute à l’étant, la conformité ou l’adéquation de la chose et de l’intellect [adaequationem rei et intellectus], conformité de laquelle, comme on l’a dit, suit la connaissance de la chose. Ainsi l’entité de la chose précède-t-elle la notion de vérité alors que la connaissance est un certain effet de la vérité.

Source : Thomas d’Aquin, Sur la vérité, 1257, Article 1, tr. fr. Gilles-Jérémie Ceaucescu, CNRS éditions, 2008, p. 6-7. Tiré du site web philo52.com, consulté le 26 janvier 2023.

Si la vérité ne triomphe pas toujours par elle-même, si elle ne s’impose pas d’emblée à tous, c’est parce que nous ne nous entendons pas sur la réalité. Et si nous ne nous entendons pas sur la réalité, c’est en raison des différences et des variations des perceptions de cette réalité d’une personne à l’autre, et ce, même si nous disposons tous du même « matériel biologique » de perception. Notre histoire personnelle, sociétale, nationale, civilisationnelle… caractérise nos perceptions non seulement de la réalité mais aussi de nos interprétations.

Le seul et unique moyen dont nous disposons pour décerner la statut de vérité à une chose matérielle, c’est la pensée scientifique à la barre de l’expérience scientifique. Le scientifique nous propose une hypothèse concernant une chose matérielle spécifique, il vérifie cette hypothèse lors d’une expérience et tous ceux et celles qui reprendront avec rigueur la même expérience arriveront aux mêmes résultats confirmant l’hypothèse. Cette dernière est prouvée. Elle est une vérité. Personnellement, je préfère soutenir que l’hypothèse ainsi mise à l’épreuve de l’expérience est une « connaissance ». Reprenons la citation tiré du texte de Gabriel Gay-Para :

Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.

Source : Gabriel Gay-Para, La vérité a-t-elle une histoire ? ggpphilo.

Mais ce « vrai » n’est pas nécessairement « absolue, universelle et transhistorique » tel que le précise Gabriel Gay-Para. Car, en science du moins, une connaissance est admise pour vraie que le temps qu’une autre connaissance la rende caduque et lui soustrait son caractère de vérité. En science la connaissance se construit sur la destruction du déjà-su. Autrement dit, une connaissance scientifique n’est pas nécessairement absolue et transhistorique. Il y a obligation de douter de toute connaissance. La connaissance n’est vrai que le temps que l’on en doute.

Si une connaissance peut être admise comme étant « absolue, universelle et transhistorique » tel que le précise Gabriel Gay-Para en donnant en exemple « la somme des angles d’un triangle est égale à un angle plat », c’est uniquement parce qu’elle a résisté jusqu’ici à tous les doutes et à toutes les expériences des scientifiques tout comme à tous les changements de critères de vérité survenus au fil du temps.

Dans ce contexte, faut-il donner un statut différent aux connaissances scientifiques qui ne sont pas absolues, universelles et transhistoriques ? Que faire de cette « connaissance » scientifique qui se construit sur la destruction du déjà-su ? Les question est posée. Je n’ai pas de réponse pour l’instant.

Enfin, si j’ai toujours et encore un problème avec la vérité, c’est parce que chacun se forge « sa vérité ». La vérité est devenue aussi personnelle que les perceptions personnelles de la réalité. Dans le film LA RÈGLE DU JEU (France, 1939, 1h52) de JEAN RENOIR (1894 – 1979), l’un des personnages dit : « Tu comprends, sur cette terre, il y a une chose effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons ».

  • Dis donc vieux, j’ai envie de foutre le camp. J’ai envie de disparaître dans un trou.
  • Ça t’avancerait à quoi ?
  • Ça m’avancerait à plus rien voir. À ne plus chercher, à savoir ce qui est bien, ce qui est mal. Parce que, tu comprends, sur cette terre, il y a une chose effroyable, c’est que tout le monde a ses raisons.
  • Mais bien sur que tout le monde a ses raisons.

Jean Renoir dans le rôle d’Octave dans le film La règle du jeu, France, 1939.

Voir l’extrait : https://youtube.com/clip/UgkxaK1R4t_NGO6fHaJu7IWDAB1WrggB4VTz

« À chacun sa vérité » revient sans cesse dans les discussions, à l’instar de « À chacun son opinion ». Ainsi devenue une simple affaire personnelle, la vérité n’est plus absolue, universelle et transhistorique. Le concept de vérité en prend pour son rhume avec ce critère de validité personnelle.

Pour plusieurs, la vérité n’est rien de plus que ce que l’on croit ou, si vous préférez, une simple croyance à défendre avec force de conviction. La vérité perd ainsi son sens propre (absolue, universelle et transhistorique).

La vérité laisse place à l’interprétation et, de ce fait, elle n’est que rarement absolue, universelle et transhistorique.

Comparé à la perfection des concepts de base en mathématiques, les chiffres et les nombres, celui de la vérité se caractérise par ses imperfections. Si nous prenons le chiffre « 2 », jamais nous le rencontrerons au coin de la rue parce qu’il s’agit d’un concept abstrait parfait. Il en va de même de la vérité; nous ne la rencontrerons pas non plus au coin de la rue. La supériorité des concepts de base en mathématique (chiffres et nombres) repose sur sa parfaite adéquation avec la réalité qu’ils désignent. Lorsqu’on dénombre 2 pommes, il y en a pas 1, 2½ ou 3, et ce, peu importe les perceptions personnelles. Je ne rencontre aucun problème avec un tel concept abstrait parfait qui nous donne un vérité absolue, universelle et transhistorique.

Cependant, je rencontre un grave problème avec la vérité lorsqu’elle est relative, personnelle et historique parce qu’elle donne lieu à de multiple interprétations et d’opinions, toujours particulières.

En général, on définit la vérité soit comme un jugement conforme à son objet (on parle alors de vérité-correspondance), soit comme un jugement non-contradictoire (on parle alors de vérité-cohérence). Son caractère universel la distingue de l’opinion qui est toujours particulière.

Source : Vérité, Lexique, Philosophie magazine. Consulté le 6 février 2023.

Dans la définition ci-dessus, le mot  « jugement » associé à la « vérité » me cause aussi un problème. Je me demande si l’on porte un jugement lorsqu’on exprime une vérité.


screenshot-dicophilo.fr-2023.02.06-11_32_03

Vérité (nom commun)

  1. Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
  2. Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
  3. Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

Exemple(s)

  1. La vérité d’une proposition scientifique est parfois difficile à établir.
  2. C’est une vérité bien admise que les poules ne poussent pas sur les arbres.
  3. La vérité du capitalisme, c’est l’exploitation.

Terme(s) associé(s)

correspondance, faux

Remarque

La définition de « vérité » est controversée. Il n’y a d’accord ni sur la nature du concept, ni sur la façon de le penser. Même la définition précédente , pourtant très classique, ne fait pas consensus. Ceux qui tendent à l’accepter ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. « Qu’est ce que la vérité ? » reste une question ouverte. Difficultés philosophiques mises de coté, la « vérité » est une notion très courante. Son usage est peut-être inévitable, en dépit des incertitudes philosophiques.

Source : Vérité, Dicophilo – Dictionnaire de philosophie en ligne. Consulté le 6 février 2023.


screenshot-dicophilo.fr-2023.02.06-11_32_03

Vérité

0) (traditionnellement) Adequatio rei et intellectus
1) (sens commun) Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
2) Proposition, jugement, ou croyance qui est vraie.
3) « Réalité stable, profonde, essentielle, par opposition aux apparences aux accidents »
(Dictionnaire de Philosophie, Godin).

Remarques

Jugement & proposition. La définition dite commune de la vérité la donne comme « jugement » ou « proposition » conforme à la réalité. Cette expression est d’emblée problématique : elle utilise deux termes dans leur sens philosophique pour circonscrire ce qu’on présente comme le sens commun. L’usage courant de jugement & de proposition n’est pas celui qu’on mobilise ici. Si on devait définir depuis le sens commun, on dirait que c’est une « phrase » qui est conforme ou non à la réalité.

Stricto sensu, une proposition est une entité abstraite, dotée d’une valeur de vérité unique (ou bien vrai ou bien faux), et qui s’exprime dans des phrases. Deux phrases prononcées dans des langues différentes peuvent expriment la même proposition [4], et deux phrases linguistiquement identiques refléter des propositions différentes selon le contexte spatio-temporel de son énonciation et son locuteur (« Il faisait beau hier » ; « J’aime le chocolat »). Les propositions sont des entités hors du temps, leur valeur (V/F) est et sera toujours la même [5]. La possibilité d’être V ou F est essentielle à une proposition, même si certaines propositions pourront êtres dites vraies en vertu de leur forme et d’autres en vertu des faits [6]. Il semble que les propositions soient d’emblée des entités linguistiques (cf. « proposition » est presque une abréviation de « proposition linguistique »).

A contrario, un jugement est le résultat de la faculté de juger, il met en relation ordonnée des concepts, mais n’est ni forcément une entité linguistique, ni toujours ou bien vrai ou bien faux. On peut penser le jugement comme un élément mental, et refuser à des jugements absurdes, moraux, ou esthétiques la possibilité d’être vrai ou faux. La notion de jugement est plus lâche : il n’est pas clair que le jugement soit une entité abstraite ou concrète. Par rapport à la proposition on peut considérer que ce qui permet à un jugement d’être vrai est le fait d’exprimer une proposition. On enchâsse alors les deux notions.

La définition classique & commune de la vérité oscille donc entre deux descriptions proches mais distinctes des vériporteurs, tout en maintenant un usage vague et imprécis des termes philosophiques qu’elle mobilise. D’un coté on use de concepts précis, de l’autre on noie la différence entre ces concepts, en présentant la définition comme « commune », alors même que son expression est philosophique.

[4] Au delà de non-nominalisme dans lequel engage l’admission de propositions, le fait qu’on sache mal quand une proposition exprimée par une phrase est la même que celle exprimée par une autre phrase a été critiqué.
[5] La proposition qui dit qu’il faisait beau hier, prononcée le jour/mois/année à l’endroit E, aura toujours la même valeur de vérité (V/F), parce qu’en dépit de la possibilité de réitérer la phrase « il faisait beau hier », la proposition exprimée sera toujours différente (sauf au cours de la journée X, où pendant toute la journée « hier » réfère à X-1 jour).
[6] Ce qui pose la question de ce qui est à l’origine de la vérité.

Source : Vérité : Définition philosophique (fiche personnelle) (PDF offert sur : http://dicophilo.fr, pp 4-5.)


La définition de la vérité comme étant « Proposition, jugement, ou croyance qui est vraie », cette fois en ajoutant au terme « jugement » celui de « croyance » me déstabilise. Il y a toujours un danger de prendre pour vrai ce que l’on croit, et ce, uniquement parce qu’on le pense. L’expression d’une croyance comme étant en adéquation avec une réalité donnée relève à mes yeux du monde métaphysique plutôt que du monde physique perceptible (par nos sens). À mon avis, la métaphysique se classe parmi les sciences inexactes et ne peut pas prétendre être absolue, universelle et transhistorique.

Aussi, je ne mets sur le même pied une « proposition » et un « jugement ». À mon avis, une proposition peut être objective tandis qu’un jugement sera toujours subjectif. Certaines personnes parlent de la « vérité d’une proposition » et de la « vérité d’un jugement », ce qui me complique davantage la vie. Dans ce cas, la vérité ne peut pas être un jugement puisque ce dernier peut ne pas être vrai en raison de sa subjectivité. Il en va de même avec la proposition qui possède pas un caractère de vérité qui lui soit intrinsèque puisqu’elle peut ne pas être vraie. Or, à mes yeux, une vérité existe que si la seule et unique option est qu’elle soit vraie.

Une vérité ne peut pas être déclarée fausse, à moins qu’il y ait eu méprise. Dans ce cas, la vérité est contestée, ce qui va à l’encontre de son caractère absolue, universelle et transhistorique. Et c’est ce qui se produit lorsqu’on croit en une vérité ou que l’on prend la vérité pour croyance vraie.

Je considère que la vérité doit tout simplement être admise. Je me rapproche ainsi de la connaissance. Revenons donc à la citation tirée de Gabriel Gya-Para :

Le concept de connaissance enveloppe celui de vérité : toute connaissance est par définition vraie ; une connaissance qui ne serait pas vraie perdrait aussitôt son statut de connaissance.

Source : Gabriel Gay-Para, La vérité a-t-elle une histoire ? ggpphilo.

Cette observation logique m’apparaît la seule solution à mon problème avec la vérité : il n’y a pas de vérité en dehors de la connaissance.


dossier-consulter-un-philosophe.01

Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d'un bronze perdu réalisé par Lysippe.
Portrait de Socrate. Marbre, œuvre romaine du Ier siècle, peut-être une copie d’un bronze perdu réalisé par Lysippe. Collection du Louvre. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5 Generic license. Attribution: Sting

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.

Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.


Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !

STEPHANIE DEZIEL

Formation de l’esprit critique et société de consommation

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
© Stéphanie Déziel, 2010

Téléchargement

Cliquez ici pour télécharger l’intégral de ce mémoire (PDF)   ou ici

Résumé

Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.


Extrait

Chapitre III : Socrate et la formation de l’esprit critique

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…)

Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

L’enseignement de Socrate n’est en rien celui d’un professeur qui donne des cours théoriques à ses étudiants. L’école de Socrate c’était l’agora, l’espace public où il se provenait, abordait ses concitoyens et les interrogeait sans cesse. C’est de cette rencontre que pouvait jaillir la vie de l’esprit. En effet, lorsque Socrate rencontrait un citoyen d’Athènes, il ne lui apprenait pas un savoir déjà tout fait, mais il le questionnait. Alors l’esprit de son interlocuteur s’échauffait, Socrate l’amenait à penser par lui-même et formuler ses propres réponses. L’objectif de la méthode éducative de Socrate est donc la formation de l’esprit critique. Cette méthode s’appelle la maïeutique. Dans son livre Considérations morales, Hanna Arendt explique que nous pouvons entrevoir la méthode de Socrate à travers trois métaphores, Socrate est à la fois une sage-femme, un taon et une raie-torpille.

3.1- Socrate l’accoucheur des esprits

Penser de façon critique, frayer le chemin de la pensée à travers les préjugés, à travers les opinions et les croyances reçues sans examen, est un vieux souci de la philosophie, que nous pouvons faire remonter, pour autant qu ‘il s’agisse d’une entreprise consciente, à la maïeutique socratique à Athènes.

Arendt, Hannah, Juger. Sur la philosophie politique de Kant.

3.1.1- L’ironie socratique

La maïeutique est, au sens propre, l’art de mener les accouchements, cet art que possèdent les sages-femmes. Dans le livre de Platon, Théétète, Socrate affirme qu’il a le même métier que sa mère qui était sage-femme. Il utilise ce terme au sens figuré, sa méthode, la maïeutique, n’accouche pas les corps mais les esprits. C’est ce qu’il affirme dans le Théêtète : « Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent les sages-femmes; mais il digère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non des femmes et qu’il surveille leur âme en travail et non leurs corps » . Au cœur de la maïeutique se trouve la question ti esti : qu’est-ce que c’est? Socrate parcourait les rues d’Athènes et arrêtait les citoyens pour leur demander : qu’est-ce que l’amour, la justice, l’amitié, etc. Ses interlocuteurs tentaient alors de définir ces réalités. 11 questionnait souvent ses contemporains sur les thèmes qui les touchaient personnellement et qui leur étaient familiers. Par exemple, s’il rencontrait un général, il le questionnait sur le courage puisque celui-ci devait savoir comment combattre courageusement l’ennemi.

Le moyen utilisé par Socrate pour faire accoucher les esprits de ses interlocuteurs est 1’ironie. L’ironie socratique n’est pas 1’ironie comme nous l’entendons aujourd’hui. Ce n’est pas se moquer de quelqu’un en disant le contraire de ce que l’on veut faire entendre. Elle est plutôt « une attitude psychologique selon laquelle 1’individu cherche à paraître inférieur à ce qu’il est : il se déprécie lui-même » . Socrate paraissait vouloir apprendre quelque chose de son interlocuteur et lui demandait ainsi quelle était sa définition de tel ou tel concept. ll feignait au départ de considérer la position de l’autre comme valable. L’ironie socratique consiste à feindre de donner raison à l’autre et d’adopter son point de vue. C’est ce qu’explique Cicéron : « Socrate, se dépréciant lui-même, concédait plus qu’il ne fallait aux interlocuteurs qu’il voulait réfuter : ainsi pensant une chose et en disant une autre, il prenait plaisir à user habituellement de cette dissimulation que les Grecs appellent « ironie » . Par exemple, dans le dialogue Lachès, Lysimaque et Mélèsias demandent aux militaires Lachès et Nicias de leur expliquer comment donner une bonne éducation à leurs fils pour les rendre courageux. Socrate est convié à participer à la délibération. Il demande alors aux militaires de définir ce qu’est le courage avant de s’entendre sur le moyen d’éduquer les jeunes à développer cette vertu. Alors, Lachès donne sa définition du courage. Socrate feint au départ de considérer sa position comme acceptable, mais par la suite il lui fait admettre toutes les conséquences de cette position. Socrate posait la question « ti esti » dans 1’intention de mettre les hommes en contradiction avec eux-mêmes. Il voulait leur faire prendre conscience qu’ils étaient incapables de dire ce qu’est réellement le courage, la justice, l’amitié, l’amour, etc.

Trop souvent, 1’interlocuteur répondait par un exemple lorsque la question « ti esti » lui est posée. Socrate posait de nouvelles questions relatives à ce cas particulier et amenait l’interlocuteur à donner des réponses contradictoires à sa première réponse. Lachès n’était pas capable de définir le courage, tout ce qu’il pouvait faire c’était de donner des exemples d’actes courageux. Il affirmait entre autres que le courage c’est quand on accepte de rester dans le rang et de repousser l’ennemi, au lieu de prendre la fuite. Socrate avait vite fait de lui donner des contre-exemples. Parfois, il peut être courageux de prendre la fuite. Socrate voulait savoir ce qu’est le courage dans tous les cas. Il voulait découvrir ce qu’il y a d’identique dans toutes les manifestations du courage. Donc, passer de la multiplicité des exemples, dont les manifestations varient selon les circonstances, à une unité. L’interlocuteur devait expliquer ce que ces exemples avaient en commun pour parvenir ainsi au concept de courage. Comme le dit Socrate, il devait découvrir « ce qu’il y a d’identique en toutes ces variétés de courage » . Il cherchait à dégager des phénomènes qu’on appelle beaux, ce qu’est la beauté; des actions que l’on nomme justes, ce que c’est que la justice, etc. Par exemple, dans le Banquet, tous les invités tentent de dire ce qu’est l’amour. Pour Phèdre, 1’amour est un Dieu; pour Pausanias, il y a deux sortes d’amour : un céleste et un populaire, et ainsi de suite. Il y a tellement de façons de se représenter l’amour; pourtant Socrate voulait aller vers une connaissance de l’amour qui englobe toutes les autres. Le concept universel de l’amour. La personne soumise au questionnement ironique de Socrate devait tenter de définir ce concept universel de la pensée.

De même que la sage-femme examine de près l’enfant qui vient de venir au monde, de même Socrate examinait consciencieusement les définitions proposées par ses interlocuteurs. Dans le Théétète, Socrate invite Théétète à définir la nature de la science. Il en est incapable. Socrate lui dit qu’il faut trouver une définition unique pour désigner la pluralité des connaissances. Théétète explique à Socrate qu’il est incapable de définir la nature de la science, mais qu’en même temps, il est tourmenté par cette définition, il veut à tout prix la trouver. Socrate lui explique alors la cause de son tourment : « C’est que tu es en butte aux douleurs de l’enfantement, mon cher Théétète, parce que ton âme n’est pas vide, mais grosse » . Théétète souffre, car il porte bel et bien en lui la réponse au questionnement de Socrate, mais il ne parvient pas à l’exprimer seul. Il a besoin de l’aide de Socrate pour la faire émerger. Il est ainsi semblable à une femme enceinte qui doit être délivrée par une sage-femme. Ainsi sont tous les interlocuteurs de Socrate. L’art de l’accoucheur des âmes consiste à délivrer les autres des pensées dont ils sont gros pour examiner, une fois qu’elles ont vu le jour, si elles sont viables ou non. Par ses questions, Socrate tourmente ses interlocuteurs. C’est le cas de Lachès. Le général croyant être le spécialiste du courage découvert qu’il ne savait pas réellement ce qu’est une action courageuse. Socrate voulait faire sentir à son interlocuteur son erreur, non pas en la réfutant directement, mais en l’exposant pour que l’absurdité de son discours lui apparaisse clairement. L’interlocuteur passe donc ainsi de la certitude aux doutes. Le but de Socrate était qu’ils découvrent qu’ils souffrent du pire des maux, celui de la double ignorance.

§ 3.1.2- La double ignorance

Socrate voulait que les citoyens découvrent leur propre ignorance face à ces réalités primordiales de la vie. Grâce à la réfutation, il emplissait la tête de son interlocuteur de doutes sur les réponses et les idées qu’il tenait pourtant pour vraies. L’interlocuteur réalisait alors qu’il ne savait plus pourquoi il agissait. Ainsi, il devait reconnaître que les idées qu’il tenait pour vraies n’étaient pas ce qu’il croyait. Il ne pouvait demander à Socrate la bonne réponse, puisque celui-ci se savait aussi ignorant que lui. Comme la sage-femme, Socrate est stérile. C’est ce qu’il explique à Théétète. Il lui rappelle qu’à leur époque, les sages- femmes pouvaient pratiquer leur métier lorsqu’elles étaient hors d’état d’avoir des enfants, donc lorsqu’elles étaient stériles. Socrate, lui, est stérile en matière de sagesse. Il n’a ni réponses ni savoirs à offrir au disciple. C’est lors de son procès qu’il affirme être lui-même ignorant. Il faut se rappeler qu’il fut accusé de corrompre la jeunesse et d’introduire de nouveaux dieux dans la cité. Il était perçu comme un danger pour l’ordre social, car il amenait les gens, surtout les jeunes, à réfléchir. Lors de son procès il affirme : « … j’ai bien conscience, moi, de n’être savant ni peu ni prou » . Aussi, il s’adressa aux Athéniens pour leur rappeler le message « divin » révélé par l’oracle de Delphes. Il leur expliqua qu’un jour, son ami d’enfance Chéréphon alla à Delphes et consulta l’oracle pour lui demander s’il pouvait exister quelqu’un de plus sage que Socrate. Pythie, la Prêtresse du dieu Apollon, aurait répondu qu’i1 n’y avait personne de plus sage que lui. Cette affirmation intrigua énormément Socrate, car il ne se considérait pas sage et pourtant le dieu Apollon ne pouvait mentir. Il en fut si bouleversé qu’il voulut savoir pourquoi il le considérait le plus sage des hommes. C’est ainsi qu’il se mit à interroger les hommes à Athènes qui sont considérés comme sages : les hommes politiques, les poètes et les artisans qui travaillent de leurs mains.

Son enquête lui a permis de découvrir que toutes ces personnes pensaient, à tort, détenir la vérité. Bien sûr, l’homme d’état sait conduire une armée, le poète composer un poème et l’homme de métier fabriquer des chaussures ou un navire. Ils détiennent tous le savoir nécessaire à l’exercice de leur métier. Ils savent quelque chose, mais ils ignorent l’essentiel. Ils savent faire, mais ne savent pas pourquoi ils le font. Les politiciens, par exemple, savent parler au peuple, comment le persuader de prendre telle décision, etc. Mais savent-ils dans quel but ils agissent ainsi? Sûrement pour atteindre la justice. Mais qu’est- ce que la justice? Une fois la question posée, ils se retrouvent bien embarrassés. Ils s’embrouillent et sont incapables de définir ce qui fonde pourtant tous leurs actes. Ils sont ignorants de l’essentiel et ils ignorent qu’ils sont ignorants. Tous ces hommes que Socrate a interrogés souffrent de la double ignorance. Dans le dialogue Alcibiade, Socrate interroge Alcibiade sur la justice et celui-ci est incapable de définir la justice. Pourtant il parle du juste et de l’injuste aux Athéniens comme s’il était un savant en la matière. Alcibiade, qui se dit apte à gouverner, est incapable de définir ce concept fondamental de la politique. Aux yeux de Socrate, il est lui aussi atteint de l’ignorance suprême, la double ignorance qui consiste non seulement à ignorer, mais aussi à ignorer que l’on ignore. Voici comment il la définit : « Ne vois-tu pas que les erreurs de conduite viennent de cette sorte d’ignorance qui consiste à croire savoir ce que l’on ignore? (…) C’est que non seulement tu ignores ces choses importantes, mais encore que tu crois les connaître » . Socrate était donc réellement le plus sage. Il ne savait pas réellement davantage ce qu’est la justice ou le courage, mais tandis que les autres s’imaginaient savoir ce que sont ces réalités primordiales de l’existence, lui, Socrate, était conscient de son ignorance. C’est ce qu’explique Jacques Brunschwig dans son texte sur Socrate : « Tous croient savoir quelque chose, et ne savent pas qu’ils ne savent rien. Sous le feu des questions de Socrate, ces certitudes nai’ves se dégonflent comme baudruches. Lui, au moins, sait qu’il ne sait rien : l’oracle avait raison » . Ainsi Socrate, à la suite du signe divin, s’est cru investi d’une mission, celle d’éprouver ceux qui se croient sages sans l’être. À ses yeux, le dieu de Delphes lui avait assigné pour tâche de philosopher, c’est-à-dire non seulement de se soucier de se scruter lui-même, mais aussi de sonder les autres. Il devait interroger ceux qui pensaient savoir et démasquer les faux savoirs. Il voulait ainsi que les citoyens pensent par eux-mêmes, qu’ils découvrent réellement ce que signifient le courage, la justice, le bien, l’amour, etc. En somme, il voulait les doter d’un esprit critique.

3.2- Socrate le taon

Il semble bien que le procès de Socrate ne soit pas seulement un événement historique en marge de toute répétition possible; le procès de Socrate c’est le procès fait à la pensée qui recherche, en dehors de la médiocrité quotidienne, les problèmes véritables. Socrate, en harcelant les Athéniens comme un taon, les empêchait de dormir et de se reposer dans les solutions morales, sociales, toutes faites : Socrate est celui, qui, en nous étonnant nous interdit de penser selon les habitudes acquises. Socrate se situe aux antipodes du confort intellectuel, de la bonne conscience et de la sérénité béate.

Jean Brun, Socrate.

3.2.1- Penser par soi-même

Dans un premier temps Socrate voulait conscientiser ses citoyens sur leur double ignorance, mais il voulait aussi que ceux-ci pensent par eux-mêmes, qu’ils aient un esprit critique. Socrate aimait se comparer à un taon qui réveille ses concitoyens de leur torpeur routinière. Ceux-ci se sécurisent dans des solutions toute faites. C’est ainsi qu’il se décrit dans l’Apologie de Socrate : « Si, en effet, vous me condamner à mort par votre vote, vous ne trouverez pas facilement un autre homme comme moi, un homme somme toute – et je le dit au risque de paraître ridicule – attaché à la cité par le dieu, comme le serait un taon au flanc d’un cheval (…) le dieu m’a attaché à votre cité, moi qui suis cet homme qui ne cesse de vous réveiller (…) » . Par sa méthode interrogative, Socrate éveille les citoyens, il les conscientise. Socrate éveille ses concitoyens à la pensée. Il est donc avant tout un Athénien qui fait réfléchir ceux qu’il rencontre à l’agora. Socrate voulait que les citoyens d’Athènes fassent table rase des certitudes irréfiéchies pour qu’ils se mettent en quête des valeurs qu’ils souhaitent être au fondement de leurs actions. Il voulait aussi qu’ils soient armés contre les démagogues et les hommes d’état qui prononcent de faux discours afin d’avoir leur assentiment et ainsi obtenir davantage de pouvoir.

Socrate vécut à Athènes à la fin du Ve siècle avant J.-C. et à cette époque la démocratie athénienne était, contrairement à aujourd’hui, directe. Le peuple ne passait pas par des représentants pour faire valoir ses droits. Les hommes libres (ce qui exclut les étrangers, les esclaves et les femmes) délibéraient tous à l’assemblée en prenant des décisions sur la paix, les lois, la justice, etc. La puissance oratoire était donc très importante pour celui qui intervenait afin de proposer des décisions. Si l’individu qui prenait position était éloquent, il parvenait à charmer la foule et elle était portée à le croire plus facilement. Celui qui pouvait convaincre l’assemblée était celui qui avait le pouvoir. La démocratie athénienne fit donc naître des maîtres de la dialectique et de l’argumentation qui profitaient de la situation pour s’enrichir en donnant des cours sur l’art de la parole. Ces sophistes formaient des virtuoses de la communication qui cherchaient à atteindre le pouvoir sans nécessairement avoir le souci de la vérité. Ils enseignaient aux jeunes l’art de la persuasion. Voici comment Auguste Diès décrit le sophiste : « Le sophiste nous apparaît comme le magicien de la parole : il rend vrai ce qui est faux, il fait être ce qui n’est pas » . Les sophistes sont des démagogues. Ils enseignaient qu’il est possible de mentir au peuple, qu’il est bien de feindre la vérité si cela permet d’atteindre le pouvoir. Ils enseignaient donc les règles permettant de persuader le peuple. Les Athéniens n’étaient que des instruments pour acquérir la gloire et la richesse. Socrate menait un combat contre la sophistique. Il ne pouvait accepter que les citoyens se fassent conditionner par les sophistes et qu’ils intériorisent des opinions fausses et mauvaises. Il jugeait inacceptable cet enseignement qui ne visait pas à atteindre la vérité. Il voulait rendre les citoyens aptes à discerner si l’homme qui parle est sincère, si ce qu’il avance est fondé et s’il ne cherche pas seulement à profiter d’eux. Il tentait de leur donner des outils pour les rendre capables de discerner le vrai du faux et pour reconnaître ceux qui semblent dire la vérité sans la connaître. Il cherchait donc à les doter d’un esprit critique et à les armer contre les démagogues. 11 souhaitait ainsi qu’ils se libèrent de l’opinion publique et pense réellement par eux-mêmes.

3.2.2- Le refus de la doxa

Lorsqu’il interrogeait les citoyens, Socrate refusait toute conception ou opinion qui provenait de la doxa, de l’opinion publique. Grâce à son questionnement, il discernait si les réponses tendaient vers le vrai ou le faux, si elles n’étaient que des clichés et des préjugés véhiculés dans la société. L’art de la maïeutique est l’art de discerner, dans la discussion provoquée par les questions, les idées qui proviennent de la personne. Hannah Arendt souligne que Socrate « (…) purgeait les gens de leurs « opinions », ces préjugés non critiques qui empêchent de penser en suggérant que nous savons alors que non seulement nous ne savons pas mais ne pouvons savoir; en les aidant, comme le note Platon, à se débarrasser de ce qui est mauvais en eux – ces opinions – mais sans toutefois les rendre meilleurs ou leur donner la vérité » . L’ironie permet de purifier l’esprit de toutes les idées et les conceptions qui proviennent de la doxa pour découvrir les idées qui viennent de la personne elle-même. La personne interrogée est poussée à exprimer par elle-même ce qu’est la vertu, la justice, l’amour, etc. Ces conceptions sont enfouies, elles ont besoin d’un accoucheur pour les mettre à jour. Comme l’explique Herbert Marcuse, « C’est en Socrate que (. . .) le principe de 1’intériorité, de l’indépendance absolue de la pensée est parvenu à sa libre expression (. . .) Socrate enseigne que l’homme doit découvrir et reconnaître en lui- même ce qui est juste et bien (. . .) » . Donc Socrate est l’accoucheur des esprits. Comme la sage-femme, il n’engendre pas, il ne le peut pas, car il ne sait rien. Cependant, il aide les autres à s’engendrer eux-mêmes. Socrate ne dit pas simplement à l’autre qu’il est, mais il l’aide à mieux réfléchir. II l’aide à découvrir sa double ignorance. Prenant conscience qu’il sait qu’il ne sait pas, il pourra essayer de corriger cet état et essayer d’atteindre la vérité. Cette prise de conscience de sa propre ignorance libère celui qui est interrogé. Elle donne le goût de découvrir ce qu’est vraiment la justice, la beauté, l’amour, etc.

3.3- Socrate poisson torpille

L’homme livré à Socrate, réveillé par la piqûre du « taon », du sommeil dont ses opinions sont les rêves, est devenu une inquiétude, une recherche, une conscience.

Jacques, Brunschwig, Socrate et écoles socratiques.

3.3.1- La remise en question de ses convictions

Socrate était finalement comparé par Ménon à la raie torpille. Ce poisson a comme propriété de paralyser ses proies. Socrate paralyse le disciple lorsque celui-ci découvre que son savoir est un pseudo-savoir, qu’au fond il n’est sûr de rien. Dans le dialogue Ménon, Socrate demande à Ménon de définir la vertu. Comme Lachès, celui-ci a beaucoup de difficulté à préciser sa pensée. Ménon vit cette incapacité comme une paralysie. C’est ce qu’il affirme dans le passage suivant :

(…) me voilà ensorcelé par toi, j’ai bu ton filtre magique, je suis, c’est bien simple, la proie de tes enchantements, si bien que je suis maintenant tout embarrassé de doutes! À mon sens, supposé que l’on doive ici faire à la raillerie quelque place, tu es, de tout point, tant par ton extérieur qu’à d’autres égards, on ne peut plus semblable à cette large torpille marine qui, comme on sait, vous plonge dans la torpeur aussitôt qu’on s’en approche et qu’on y touche. C’est une impression analogue qu’à cette heure, je crois, tu as produite sur moi! Une véritable torpeur envahit en effet mon âme aussi que ma bouche, je ne sais que te répondre. Et pourtant, oui, j’ai sur la vertu mille et mille fois copieusement parlé, et devant de grands auditoires, enfin, au moins si je m’en crois, avec plein succès! Or, à présent, ce qu’elle est, je suis totalement incapable de même le dire.

La réfutation socratique brise 1’illusion de connaître un concept et de se voir en droit de 1’utiliser pour juger et donc pour vivre. C’est ainsi que, de par l’enseignement de Socrate, le disciple est poussé à remettre en doute ses propres opinions qu’il croyait pourtant vraies jusqu’à présent. Son système de valeurs lui parait sans fondement au bout de la discussion. Il s’identifiait pourtant jusque là à ce système de valeurs qui lui communiquait sa manière de penser et d’agir. Il n’a donc rien appris à la fin de sa discussion avec Socrate. Au contraire, il ne sait plus rien du tout. Cette remise en doute du disciple est vécue comme une paralysie. Voilà comment Pierre Hadot décrit Socrate :
« Éternel questionneur, Socrate amenait ses interlocuteurs par d’habiles interrogations à reconnaître leur ignorance. Il les remplissait ainsi d’un trouble qui les amenait éventuellement à une remise en question de toute leur vie » .

L’enseignement de Socrate paralyse, mais en même temps s’élève une tempête dans I’esprit de l’interlocuteur. Ce vent de la pensée qui se lève défait et secoue son langage qui était gelé en mots, concepts, phrases, définitions et doctrines. La réflexion critique a donc un effet destructeur sur les critères déjà établis et les valeurs acquises. Elle déroute. L’interlocuteur n’est plus tout à fait certain de ce qui pourtant lui semblait indubitable auparavant. Il est porté à critiquer les valeurs sociales apprises. Socrate apparaissait donc comme un démolisseur de la tradition. Il n’est pas surprenant qu’il fut perçu comme un empêcheur de tourner en rond, que les Athéniens lui firent un procès et le condamnèrent à mort. 11 est très difficile d’accepter la critique. Être soumis à un examen constant devient rapidement insupportable. Comme le dit bien Hanna Arendt dans son livre Considérations morales, tout examen critique doit passer par une remise en question, une phase de négation des opinions et des valeurs qui étaient jusque-là perçues comme vraies. Cette phase de négation peut être dangereuse, elle peut mener au cynisme. En effet, les discussions avec Socrate conduisent toutes à des impasses et celui qui est interrogé doit repartir les mains vides. Certains peuvent être mécontents de ne pas apprendre de doctrine qui pourrait combler le vide de cet examen critique de leurs propres idées et valeurs. Ils risquent donc d’affirmer, puisque Socrate ne sait rien et que tous sont ignorants, qu’il n’y a donc pas de vérité et qu’il est inutile de se questionner plus longtemps sur ces concepts. Ou bien, d’autres peuvent soutenir qu’il est beaucoup plus simple de ne pas effectuer cet examen critique de nos propres valeurs et opinions en évitant ainsi un embarras certain et une déstabilisation. Il est beaucoup moins exigeant de s’attacher fermement aux règles de conduite admises à notre époque et dans notre société. C’est pour cette raison que la pensée est subversive, elle met en doute ces codes et ces signes qui permettent aux hommes de s’orienter. Penser, c’est consentir à ne pas tout comprendre et à vivre dans une certaine insécurité. Cependant, penser c’est en même temps marcher vers davantage de lucidité et de liberté individuelle.

3.3.2- L’amour de la sagesse

Malgré ces dangers inhérents à l’exercice de la pensée, l’aspect positif d’un tel exercice est qu’il peut aussi éveiller chez le disciple la quête de sens. Ce désir (Éros) de découvrir la vérité, de s’approcher de la sagesse. Là, nous touchons au cœur même de la philosophie, l’amour de la sagesse. Le mot philosophie vient du grec ancien philosophia et est composé des mots philein, et sophfa. Philein signifie amour et sophia sagesse ou savoir. L’étymologie du terme « philosophie » indique bien que le philosophe est celui qui tend vers la sagesse. Découvrir que nous ne savons rien, que nous ne sommes pas sages, peut nous donner l’envie irrésistible de le devenir un peu plus. Socrate a conscience qu’il n’est pas sage. Il n’est pas sophos, mais philosophos, quelqu’un qui désire la sagesse parce qu’il en est privé. De ce sentiment de privation naît un immense désir. Socrate, comme la raie torpille, paralyse tous ceux qu’il questionne, mais ce qui peut sembler n’être qu’une simple paralysie, est aussi un dynamisme. L’esprit s’échauffe et la prise de conscience de 1’ignorance exalte les facultés intellectuelles. À la suite de son contact avec Socrate, le disciple est en quête, il veut savoir pourquoi il agit, comment devenir un homme meilleur et comment créer une vie significative. La piqûre de Socrate est donc féconde. Socrate excite l’esprit, allume l’étincelle. Au lieu d’apporter un savoir sur un plateau d’argent, il pousse à la réflexion. Au bout du compte, 1’interlocuteur n’a rien appris de son échange avec Socrate, même qu’il ne sait plus rien du tout. Malgré tout, comme le dit bien Pierre Hadot, « (…) pendant tout le temps de la discussion, il a expérimenté ce qu’est l’activité de l’esprit, mieux encore, il a été Socrate lui-même, c’est-à-dire 1’interrogation, la mise en question, le recul par rapport à soi, c’est-à-dire finalement la conscience » . C’est grâce à ce désir de connaître que 1’interlocuteur sera poussé à chercher à se connaître et à prendre soin de son âme.

3.4- Le soin de l’âme

Socrate cherchait à savoir comment l’on doit vivre sa vie. Au temps de Socrate, philosopher, c’était surtout faire de l’astronomie et de la physique. Les philosophes spéculaient sur l’origine de l’univers, sur la cause de chaque chose, ce qui la fait être, ce qui la fait périr. Socrate allait à contre-courant des philosophes qui s’intéressaient avant tout à l’étude de la nature. À ses yeux, cette connaissance du monde n’apportait pas vraiment de lumière sur la manière de bien conduire sa vie. Il cherchait plutôt une connaissance utile aux hommes, une connaissance qui pourrait les éclairer sur leurs comportements. Il croyait, que les hommes devaient découvrir comment agir, comment devenir meilleurs et comment être plus heureux. C’est ce qu’explique Xénophon :

Il ne discutait pas non plus, comme la plupart des autres, sur la nature de l’univers et ne recherchait point comment est né ce que les philosophes appellent le monde, ni par quelles lois nécessaires se produit chacun des phénomènes célestes; il démontrait même que c’était folie de s’occuper de ces problèmes. Lui, au contraire, ne s’entretenait jamais que des choses humaines. Il examinait ce qui est pieux ou impie, ce qui est beau ou honteux, ce qui est juste ou injuste (…).

Sur le fronton du temple de Delphes, les Athéniens pouvaient lire différentes formules de sagesse dont la phrase célèbre attribuée à Socrate : « Connais-toi toi-même », « gnôthi seauton ». Il invitait justement ses disciples à cet examen d’eux-mêmes. Que chacun sache ce qu’il fait et pourquoi il le fait. La maïeutique atteint cet objectif. Grâce au questionnement de Socrate, l’interlocuteur est obligé de se pencher sur lui-même et sur ses propres actions : « L’individu est (…) remis en question dans les fondements mêmes de son action, il prend conscience du problème vivant qu’il est lui-même pour lui-même’’ » .

Comme nous l’avons vu, l’individu interrogé par Socrate remet en question ses convictions profondes. Pour Socrate, une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue : « (…) je soumets les autres et moi-même à cet examen, et je vais jusqu’à dire qu’une vie à laquelle cet examen ferait défaut ne mériterait pas d’être vécue (…) » . Alcibiade, ce jeune présomptueux aux ambitions politiques, est présenté dans le Banquet comme un exemple de l’attitude inverse du souci de l’âme. Il y explique que Socrate le contraint à s’avouer qu’il persiste à ne pas se soucier de lui-même et que cette vérité le rend honteux. Ce souci de 1’âme n’est pas la recherche d’une connaissance particulière de soi, de ses propres aptitudes, de ses qualités et de ses défauts. Socrate invite plutôt son interlocuteur à se tourner vers ces concepts du langage qui expriment ces réalités essentielles qui traversent notre vie à tous : la justice, le bonheur, le plaisir, la beauté, etc. L’individu ne doit pas s’adonner à une introspection psychologique pour découvrir ses aptitudes, son caractère, ses forces ou ses faiblesses. Non, il doit plutôt trouver ce qui fait sens et comment orienter ses actions vers une vie significative. Il voulait qu’il cherche la meilleure direction à donner à sa vie. Grâce à Socrate, le disciple va chercher qui il est vraiment et il va examiner sa vie pour mener une existence digne.

Pour Socrate, tous doivent faire cette recherche, l’homme d’État comme le cordonnier. Pour lui, nous ne pouvons nous rendre meilleurs que si nous prenons soin de nous-mêmes, que si nous savons qui nous sommes. Malheureusement, la plupart des hommes ne se soucient guère de leur vie intérieure. Par leurs actions et leur divertissement, ils s’empêchent de penser et d’examiner leur âme. Socrate aussi constatait que les citoyens d’Athènes étaient peu soucieux d’entretenir et d’améliorer leur âme. Voici comment il s’adresse à ces derniers lors de son procès : « Ô le meilleur des hommes, toi qui es Athénien, un citoyen de la cité la plus importante et la plus renommée dans les domaines de la sagesse et de la puissance, n’as-tu pas honte de te soucier de la façon d’augmenter le plus possible richesses, réputation et honneurs, alors que tu n’as aucun souci de la pensée, de la vérité et de l’amélioration de ton âme, et que tu n’y songes même pas? » . Socrate voulait réveiller chaque homme en lui disant connais-toi toi-même! Voue ta vie à des valeurs précieuses et non au conformisme, à l’habitude et à la peur. À ses yeux, 1’être humain n’a pas réellement vécu une vie libre tant qu’il ne s’est pas interrogé. Comme le dit bien Jean Brun, « Socrate invite donc le disciple à un retournement sur lui-même, à une conversion le guérissant des divertissements multiples tout le long desquels il ne peut que se perdre en se détournant de l’essentiel (…) il fait naître dans le disciple le désir véritable d’une maîtrise intérieure le conduisant à l’autonomie que seul le « connais-toi toi-même » peut lui conférer » . La démarche de Socrate est existentielle. Elle met en question l’individu qui est poussé à se soucier de ce qu’il pense et fait. Il nous permet d’accéder au sérieux de l’existence. Il nous fait prendre conscience qu’il faut réfléchir sur nous-mêmes et ne pas être endormis, donc avoir un esprit critique. Celui qui pense se soucie de son âme, réalise que l’essentiel n’est pas dans le confort et la sécurité d’une vie dictée par les normes sociale, mais que l’essentiel est dans la liberté. La liberté de choix et de ce que l’on veut devenir.

En conclusion, dans ce troisième chapitre, nous avons tenté de démontrer que la méthode de Socrate est la méthode par excellence pour développer l’esprit critique. Pour ce faire, nous avons expliqué en quoi consiste cette méthode. Nous avons alors utilisé trois métaphores pour expliquer la maïeutique de Socrate. Premièrement, Socrate est un accoucheur d’esprit. Telle sa mère qui était sage-femme, Socrate tente de délivrer ses interlocuteurs de leurs propres pensées sur les réalités importantes de l’existence. Il les questionne ainsi sur divers concepts tels que l’amour, le bien, la justice, etc. La question « ti esti », « qu’est-ce que c’est? », est donc au cœur de la maïeutique. L’ironie aussi joue un rôle primordial dans la méthode de Socrate. En effet, Socrate feignait de reconnaître comme juste et valable la première définition donnée par ses interlocuteurs, mais par la suite il démontrait toutes les apories d’une telle définition. Il voulait ainsi leur démontrer qu’ils se croient tous savants, mais qu’au fond ils ne savent pas ce que sont ces réalités. Il est donc réellement le plus sage des Athéniens comme l’affirmait l’Oracle de Delphes, car il ne souffre pas de la double ignorance. Il sait qu’il ne sait pas. Deuxièmement, Socrate est un taon qui voulait pousser les autres à penser par eux-mêmes. Par son questionnement perpétuel, il cherchait à les éveiller. II voulait les doter d’un esprit critique et les rendre aptes à remette en question ce qui est véhiculé par la doxa, l’opinion publique. À l’époque de Socrate, la démocratie était directe et les sophistes enseignaient l’art de persuader pour prendre le pouvoir politique. Il voulait donc que les citoyens soient en mesure d’identifier les propos démagogues et qu’ils cessent de mener une vie fidèle à l’opinion publique.

Troisièmement, Socrate était comparé au poisson torpille qui paralyse ses proies à son contact. Il paralysait ses interlocuteurs, car ils étaient incapables de donner la définition des réalités qu’ils croyaient bien connaître. Il remettait donc ainsi en question leurs idées et leurs convictions profondes. Cependant, suite à cet engourdissement, le désir de connaître émergeait en eux. Ils devenaient assoiffés de connaissances et désiraient découvrir le sens de ces réalités primordiales de l’existence. Ils devenaient des amoureux de la sagesse et, par le fait même, faisaient ainsi de la philosophie au sens étymologique de ce mot. Au bout du compte, Socrate voulait qu’ils réalisent 1’importance de prendre soin de leur âme. Qu’il est essentiel de chercher à se connaître pour choisir ses propres valeurs, ses propres idées pour trouver réellement un sens à leur vie.

NOTES

  1. Hadot, Pierre, Eloge de Socrate, Paris, Éditions Allia, 1998, p. 29.
  2. Platon, Théétète, trad. Emile Chambry, Paris, Éditions Garnier-Flammarion, 1967, 150b-151c, p. 71.
  3. Hadot, Pierre, op. cit., p. 22.
  4. Cicéron, cité par Hadot, Pierre, op. cit., pp. 22-23.
  5. (Platon, Dialogues socratiques, Laches, trad. Léon Robin, Paris, Éditions Gallimard, coll. «Idées», 1978, 191 (e), p. 177)
  6. Platon, op.cit., 148 c- 14 a, p. 68.
  7. Id., Apologie de Socrate. Cri/on, trad. Luc Brisson, Paris, Éditions Flammarion, coll. « Garnier Flammarion », 1997, 21 d, p. 92.
  8. Id., Alcibiade, Laval, Éditions Beauchemin, coll. « Édicible », 1995, p. 28-29.
  9. Brunschwig, Jacques, «Socrate et écoles socratiques», dans Encyclopaedia universalis, Paris, 1989, Tome 21, p .234.
  10. Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 30e, p. 110.
  11. Diès, Auguste, dans Platon, Le Sophiste, trad. Auguste Diès Paris, Éditions Belles Lettres, 1925, p. 268.
  12. Arendt, Hannah, Considérations morales, trad. Marc Ducassou et Didier Maes, Paris, Editions Pavot et Rivages, coll. « Rivages poche/Petite Bibliothèque », 1996, p. 50.
  13. Marcuse, Herbert, Raison et révolution : Hegel et la naissance de la théorie sociale, trad. Robert Castel, Pans, Editions de Minuit, coll. « Sens commun », 1968, pp. 288-289.
  14. Platon, Dialogues socratiques, Ménon, trad. Léon Robin, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Idées », 1978 80 a-b, p. 256.
  15. Hadot, Pierre, op. cit., p. 13.
  16. lbid., p. 28.
  17. Xénophon, OEuvres complètes III : les mémorables, trad. Pierre Chambry, Pans, Éditions Garnier-Flammanon, 1967, p. 287.
  18. Hadot, Pierre, op. cit., p. 31.
  19. Platon, Apologie de Socrate, op. cit., 38 a, p. 121.
  20. Platon, Apologie de Socrate, op. cit. 29 de, 29 de, p. 108.
  21. Brun, Jean, Socrate, Paris, Éditions PUF, coll. « Que sais-je? », 1978, p. 36.

La photographie de présentation en haut de l’article a été ajoutée par nous.


dossier-philotherapie-bandeau-750

Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Problèmes de philosophie (1912) marque un tournant dans l'histoire philosophique de la logique moderne. Ce livre offre aussi, par le souci constant qu'il manifeste d'éviter les questions trop techniques ; par le rappel des grandes conceptions classiques que Bertrand Rus-sell passe en revue afin de mieux situer sa démarche ; par la clarté, enfin, avec laquelle il pose les grands problèmes de la théorie de la connaissance et en parcourt le domaine — une excellente introduction à toute une part de la philosophie contemporaine.
Problèmes de philosophie (1912) marque un tournant dans l’histoire philosophique de la logique moderne. Ce livre offre aussi, par le souci constant qu’il manifeste d’éviter les questions trop techniques ; par le rappel des grandes conceptions classiques que Bertrand Russell passe en revue afin de mieux situer sa démarche ; par la clarté, enfin, avec laquelle il pose les grands problèmes de la théorie de la connaissance et en parcourt le domaine — une excellente introduction à toute une part de la philosophie contemporaine. Source : Bibliothèque philosophique Payot.

dossier-philotherapie-bandeau-750

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.


Citation tirée du livre Problèmes de philosophie (1912), chapitre La valeur de la philosophie, de Bertrand Russell

« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu. »

Source : Problèmes de philosophie, Bertrand Russell (trad. François Rivenc), éd. Payot, 1989 (ISBN 2-228-88172-4), chap. XV. La valeur de la philosophie, p. 180-181.

Note : Ce livre de Bertrand Russell est disponible gratuitement dans sa langue originale de publication (anglais) (1912).


Bertrand Russell : ce qu’est la philosophie

par Caroline Vincent, professeur de philosophie, site web : Apprendre la philosophie.

Bienvenue sur Apprendre la philosophie ! Comme ça n’est pas la première fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique comment réussir votre épreuve de philosophie au bac : cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement !

« Dans ce texte (voir la citation ci-dessus), Bertrand Russell fait un éloge de la philosophie en commençant par une affirmation qui peut paraître paradoxale. La valeur de la philosophie ne vient pas essentiellement de sa capacité à répondre aux questions quelle pose, comme cela peut être le cas de la science. La valeur de la philosophie vient notamment de sa capacité à susciter l’incertitude. Cela peut sembler étonnant car, en tant qu’humain, nous avons plutôt tendance à fuir l’incertitude et à chercher des certitudes. Pourquoi pourrait-on alors dire que l’incertitude est une bonne chose ?

Pour Bertrand Russell, l’incertitude n’est pas la seule valeur de la philosophie, mais elle est essentielle car être incertain c’est être travaillé par le doute, c’est refuser d’adhérer à une idée sans s’interroger. En somme, c’est donc être le contraire d’un esprit dogmatique qui accepte les idées sans les remettre en question. Ainsi, pour Russell, un homme qui ne fait pas de philosophie aura tendance à être aveuglé et prisonnier des préjugés et croyances de son époques et de son pays. Ne pas faire de philosophie c’est donc ne pas être libre car c’est être conditionné par les opinions communes et rester toujours dans les mêmes idées et les mêmes habitudes.

A ses yeux, la philosophie a une grande valeur car elle nous sort de l’habitude et l’habitude est un grand mal. Selon lui, une âme habituée est une âme morte, c’est une âme où il ne se passe plus rien de nouveau, où tout ce qui nous entoure a toujours le même sens et n’a rien de surprenant. Au contraire, faire de la philosophie c’est questionner le réel pour tenter de le voir différemment, c’est peut-être refuser ce qui est pour dire ce qui devrait être, c’est envisager les possibles. »

Source : Apprendre la philosophie, Bertrand Russell : ce qu’est la philosophie, Caroline Vincent, professeur de philosophie.


Russell. La valeur de la philosophie.

par Gabriel Gay-Para, ggpphilo.

problemes-de-philosophie-bertrand-russell

Introduction

Dans ce texte extrait de l’ouvrage intitulé Problèmes de philosophie (1912), Bertrand Russell s’interroge sur la valeur de la philosophie. Cette interrogation est d’autant plus nécessaire que la philosophie rencontre de nombreux détracteurs, tant chez ceux qui, ralliant l’opinion commune, la jugent inutile au regard des préoccupations de la vie pratique, que chez ceux qui la dénigrent sous prétexte qu’elle ne peut pas accéder au statut de science. Dans le cadre de cette polémique, Russell avance un argument décisif en faveur de la philosophie. La thèse qu’il défend est énoncée explicitement dès la première phrase : « En fait, c’est dans son incertitude que réside largement la valeur de la philosophie ». Encore faut-il en saisir toute la portée. Loin de faire une simple et complaisante apologie de la philosophie, Russell cherche ici à retourner contre lui-même l’argument de ses adversaires.

Il est, en effet, de bon ton d’opposer la science et la philosophie. La science serait définie par un ensemble de connaissances dont nous pouvons être sûrs, car elles ont été soit démontrées, soit prouvées expérimentalement. La philosophie, en revanche, dans la mesure où elle échoue à répondre de manière définitive aux problèmes dont elle se préoccupe, serait placée sous le signe de l’incertitude. Or, cette incertitude, loin d’être un défaut, n’est-elle pas ce qui fait la valeur de la philosophie ? L’opinion commune aurait tendance à considérer l’incertitude comme une faiblesse et le doute comme un échec. La thèse défendue par Russell est paradoxale, puisqu’elle consiste à renverser cette opinion commune. Dans quelle mesure l’incertitude et le doute qui l’accompagne, loin d’être le signe d’une faiblesse ou la conséquence d’un échec, sont-ils bénéfiques ?

Pour établir sa thèse, Russell commence par montrer dans quelle mesure la certitude et l’absence de doute peuvent être néfastes (lignes 1 à 8). L’homme ordinaire, parce qu’il est certain, ne pense pas : il se contente de croire. Replié sur lui-même, enfermé dans ses certitudes, il est incapable de s’interroger et de considérer des points de vue différents du sien. La philosophie, parce qu’elle réintroduit le doute au milieu des croyances communément admises, permet d’éviter ces écueils (lignes 8 à 18). Celui qui la pratique non seulement se libère des croyances, mais, reconsidérant le monde à partir d’un point de vue nouveau, le redécouvre et devient ainsi plus à même de l’apprécier dans toute sa complexité.

* * *

Développement

1.  La prison des certitudes
a) L’attitude du non-philosophe

Russell a recours à une comparaison : celui qui ne fait pas de philosophie vit « comme un prisonnier ». Cette comparaison n’est pas originale [1]. En filigrane, on comprend aussitôt que, si la philosophie a de la valeur, c’est dans la mesure où elle contribue à la libération de l’individu. Ce thème sera repris dans la deuxième partie du texte. Encore faut-il préciser de quoi l’homme ordinaire est prisonnier. Russell énumère rapidement les différents barreaux de sa prison.

Celui qui ne fait pas de philosophie ne doute pas : il vit donc dans la croyance.  Russell envisage différents cas : certaines croyances sont universelles et se retrouvent chez tous les hommes (« les préjugés du sens commun ») ; d’autres sont relatives à une société ou à une culture particulière, et sont transmises par l’éducation (« les croyances de son pays ou de son temps ») ; enfin, certaines croyances sont individuelles : l’homme croit, parce qu’il a besoin de croire ; la croyance l’aide à vivre. Pensons, par exemple, aux croyances religieuses (« convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison »).

Dans tous les cas, l’homme ordinaire est passif. Cette passivité provient du fait qu’il croit, au lieu de penser par lui-même et de faire usage de sa raison. D’une part, puisqu’il ne pense pas par lui-même, il est soumis à la pensée des autres : il croit ce que les autres croient ; ses croyances dépendent très largement de la société dans laquelle il vit. D’autre part, il croit sans faire usage de sa raison, donc de manière irrationnelle : esclave des autres, il est aussi esclave de lui-même, car il est soumis à ses propres émotions et sentiments. L’homme ordinaire est donc prisonnier de toutes ces idées auxquelles il a donné son assentiment sans réfléchir, et qu’il a intériorisées malgré lui, à cause de l’influence des autres, ou en proie à certaines émotions. L’absence de questionnement qui le caractérise va de pair avec une attitude dogmatique, à la fois face au monde et dans le rapport avec les autres.

 b) Les conséquences de cette attitude
  • Le rapport au monde. Tout d’abord, ne pensant pas, refusant de s’interroger, l’homme ordinaire considère le monde à travers le verre réducteur de ses propres croyances. « Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement » : la certitude s’accompagne d’un sentiment de familiarité avec le monde. Du point de vue de l’homme ordinaire, les choses sont telles qu’elles lui apparaissent ; à aucun instant, il n’envisage la possibilité que les choses soient différentes. Lorsqu’il regarde autour de lui, on pourrait dire qu’il est « en terrain connu » : chaque chose peut entrer dans une catégorie distincte ; un chat est un chat, un chien est un chien ; il n’y a pas de place pour des objets insolites ou inclassables. Il n’y a pas non plus de place pour des événements imprévisibles, tant tout semble se répéter sous l’effet de l’habitude. Dès lors, on comprend mieux pourquoi l’homme ordinaire refuse de douter, et consent à son propre esclavage. Même si sa connaissance du monde est illusoire ou trompeuse, elle a au moins le mérite de le rassurer. Un monde « connu », c’est-à-dire un monde familier et auquel on est habitué, est un monde dans lequel on peut se sentir en sécurité. Des croyances même fausses valent mieux qu’une remise en question perpétuelle qui entraînerait une perte de repères, ce qui est, à l’évidence, déstabilisant et inconfortable dans la vie quotidienne.
  • Le rapport aux autres. On comprend aussi pourquoi « les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris ». Refusant d’interroger le monde dans lequel il vit, l’homme qui ne fait pas de philosophie refuse toute remise en question éventuelle de ses croyances. En ce sens, puisqu’il est si sûr de lui, il se montre facilement méprisant à l’égard d’autrui, lorsque celui-ci ose émettre une opinion différente de la sienne, et refuse, à l’avance, tout dialogue. Ainsi, non seulement il se montre intolérant, ce qui pose problème, d’un point de vue moral, mais il se prive aussi de toute chance d’évoluer : ses croyances sont définitivement figées. Pour se libérer de la « prison mentale » qu’il s’est construite, il devra apprendre à considérer les choses à partir d’un point de vue différent du sien, quitte à abandonner le sentiment de certitude qui l’habite.
2. Le doute libérateur
a) Concession

Ayant établi que la certitude peut avoir des conséquences négatives, Russell en vient à montrer, de manière symétrique, les bienfaits de l’incertitude, et donc de la philosophie. Son éloge échappe pourtant à la naïveté et à la complaisance : en tant que philosophe réfléchissant sur la valeur de sa propre discipline, il ne nie pas son caractère incertain, et concède même volontiers son échec à connaître. « Sans doute la philosophie ne nous apprend pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir ». Il faut donc distinguer le domaine de la philosophie, et celui des sciences. Si l’homme scientifique peut répondre aux questions qu’il pose, car il dispose d’un procédé fiable pour découvrir la réponse, le philosophe, en revanche, échoue à savoir. Mais cet échec est, en quelque sorte, et non sans paradoxe, positif. Certes, le philosophe ne sait pas. Mais, à l’instar de Socrate, il sait qu’il ne sait pas : tel est son avantage décisif tant par rapport à l’homme ordinaire qui vit dans les croyances que par rapport à l’homme scientifique qui peut se targuer de savoir. Le doute se révèle positif, parce qu’il permet à l’homme de se libérer de ses croyances, et d’envisager le monde selon de nouvelles perspectives. Russell reprend donc, de manière rigoureuse, les différents thèmes qu’il a abordés précédemment, instaurant un certain parallélisme entre les deux moments du texte.

 b) Les vertus du doute
  • Se libérer des croyances. Tout d’abord, le doute a une valeur libératrice. Si l’homme ordinaire « traverse l’existence comme un prisonnier », le philosophe peut, en doutant, se libérer « de la tyrannie de l’habitude ». Russell a, de nouveau, recours à une image : en assimilant l’habitude à un pouvoir tyrannique, il suggère que celle-ci s’impose, avant tout, par la force, du fait de la répétition des événements, et donc sans aucune légitimité. Contrairement à l’homme ordinaire, le philosophe refuse d’obéir au pouvoir de l’habitude ; au lieu de croire, il préfère examiner et continuer à chercher, pour se prémunir contre toute conclusion hâtive. De fait, il ne faut pas se fier aux premières impressions : les choses « pourraient » être autrement qu’elles n’apparaissent. Le philosophe possède ce qu’on pourrait appeler avec Robert Musil « le sens du possible », c’est-à-dire, « la faculté de penser tout ce qui pourrait être « aussi bien », et de ne pas accorder plus d’importance à ce qui est qu’à ce qui n’est pas [2]». Ainsi, contrairement à l’homme de science, le philosophe ne dira pas : « ici s’est produite, va se produire, doit se produire telle ou telle chose » ;  mais « il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d’une chose qu’elle est comme elle est, il pense qu’elle pourrait aussi bien être autre [3]». Ce « sens du possible » a des conséquences dans le domaine pratique : le philosophe critique les idées reçues, mais aussi la morale établie et la politique de son temps ; selon lui, les hommes pourraient vivre autrement. Il y aurait un lien profond entre la philosophie et l’utopie.
  • Redécouvrir le monde. Si la philosophie est positive, c’est aussi qu’elle « détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur » et qu’elle « maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu ». En ce sens, remettant en question l’opinion commune, le philosophe s’ouvre au dialogue avec les autres, et redécouvre le monde. Tel un enfant, il pose sans cesse de nouvelles questions, est toujours capable de s’étonner, contrairement à l’homme ordinaire que rien n’étonne. En ce sens, le philosophe peut prétendre, au cours de sa recherche de la vérité, à une certaine forme de « bonheur ». Russell le sous-entend ici, mais il faut le rappeler. Depuis l’origine, la philosophie est étroitement liée à la recherche du bonheur. S’il s’agit de se libérer des croyances, apprendre à penser par soi-même pour redécouvrir le monde dans toute sa complexité, c’est d’abord dans l’espoir qu’une telle activité procure à celui qui s’y consacre une vie plus riche et plus intense, donc plus heureuse.

NOTES

[1] Elle est même devenue un lieu commun depuis l’allégorie de la caverne, développée par Platon au début du livre VII de la République.

[2] L’Homme sans qualités, I, Chap. 4. Le passage en entier ( « Points Seuil », p.20) :

« S’il y a un sens du réel, et personne ne doutera qu’il ait son droit à l’existence, il doit bien y avoir quelque chose que l’on pourrait appeler le sens du possible.

L’homme qui en est doué, par exemple, ne dira pas : ici s’est produite, va se produire, doit de produire telle ou telle chose ; mais il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d’une chose qu’elle est comme elle est, il pense qu’elle pourrait aussi bien être autre. Ainsi pourrait-on définir simplement le sens du possible comme la faculté de penser tout ce qui pourrait être « aussi bien », et de ne pas accorder plus d’importance à ce qui est qu’à ce qui n’est pas. On voit que les conséquences de cette disposition créatrice peuvent être remarquables : malheureusement, il n’est pas rare qu’elle fasse apparaître faux ce que les hommes admirent et licite ce qu’ils interdisent, ou indifférents l’un et l’autre… Ces hommes du possible vivent, comme on dit ici, dans une trame plus fine, trame de fumée, d’imaginations, de rêveries et de subjonctifs ; quand on découvre des tendances de ce genre chez un enfant, on s’empresse de les lui faire passer, on lui dit que ces gens sont des rêveurs, des extravagants, des faibles, d’éternels mécontents qui savent tout mieux que les autres.

Quand on veut les louer au contraire, on dit de ces fous qu’ils sont des idéalistes, mais il est clair que l’on ne définit jamais ainsi que leur variété inférieure, ceux qui ne peuvent pas saisir le réel ou l’évitent piteusement, ceux chez qui, par conséquent, le manque de sens du réel est une véritable déficience. Néanmoins, le possible ne comprend pas seulement les rêves des neurasthéniques mais aussi les desseins encore en sommeil de Dieu. Un événement et une vérité possibles ne sont pas égaux à un événement et une vérités réels moins la valeur « réalité », mais contiennent selon leurs partisans du moins, quelque chose de très divin, un feu, une envolée, une volonté de bâtir, une utopie consciente qui, loin de redouter la réalité, la traite simplement comme une tâche et une invention perpétuelles. ».

[3] Ibid.

Source : GAY-PARA, Gabriel, Russell. La valeur de la philosophie. Site web : ggpphilo. Consulté le 19 janvier 2023.


wikipedia-1pceProblèmes de philosophie

Problèmes de philosophie est un livre écrit par Bertrand Russell, publié en 1912.

Ce livre comporte une perspective analytique générale. Russell s’efforce, par le rappel de quelques conceptions classiques, de passer en revue afin de mieux situer sa propre démarche. Il pose les questions de la théorie de la connaissance et offre une introduction à la philosophie.

Russell aborde sous le titre kantien : « comment la connaissance a priori est-elle possible ? », une question de la possibilité de l’application des mathématiques au monde empirique; comment comprendre, se demande Russell, ce pouvoir d’anticipation de l’expérience que semble posséder la mathématique, si on refuse la réponse kantienne des formes a priori de la sensibilité ? La réponse passe par la découverte que les énoncés arithmétiques sont concernés exclusivement par des universaux, que nous connaissons par « expérience directe. »

Source : Problèmes de philosophie, Wikipédia. Consulté le 18 janvier 2023.


wikipedia-1pce Bertrand Russell

Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire) et mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth (pays de Galles), est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.

Russell est considéré comme l’un des philosophes les plus importants du XXe siècle. Sa pensée peut être présentée selon trois grands axes : la logique, la philosophie analytique, et l’éthique.

Russell est, avec Frege, l’un des fondateurs de la logique contemporaine qui fait de cette dernière le fondement des mathématiques. Son ouvrage majeur, écrit avec Alfred North Whitehead, a pour titre Principia Mathematica. À la suite des travaux d’axiomatisation de l’arithmétique de Peano, Russell a tenté d’appliquer ses propres travaux de logique à la question du fondement des mathématiques (cf. logicisme).

Il soutient l’idée d’une philosophie scientifique et propose d’appliquer l’analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l’analyse de l’esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l’existence du monde extérieur. Il est ainsi le père de la philosophie analytique.

Bertrand Russell en novembre 1957.
Bertrand Russell en novembre 1957.

Il écrit des ouvrages philosophiques dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d’une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l’amour. Il s’engage dans de nombreuses polémiques qui lui valent le qualificatif de « Voltaire anglais » ou de « Voltaire du XXe siècle », défend des idées proches du socialisme de tendance libertaire et milite également contre toutes les formes de religion, considérant qu’elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l’ignorance. Il organise le tribunal Sartre-Russell contre les crimes commis pendant la guerre du Viêt Nam.

Son œuvre est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1950, « en reconnaissance des divers écrits, toujours de premier plan, qui le posent en champion des idéaux humanistes et de la liberté de pensée ».

Source : Bertrand Russell, Wikipédia.


Mon commentaire

Le bénéfice du doute

La découverte de la citation en vedette dans cet article me rend heureux, tout comme les commentaires des professeurs Caroline Vincent et de Gabriel Gay-Para. Tirée du livre Problèmes de philosophie de Bertrand Russell publié en 1912, cette citation demeure pertinente.

Et c’est sans compter qu’elle s’inscrit en ligne directe avec l’idée que je mets de l’avant depuis mon adolescence : la lumière entre par les failles, ces dernières étant les doutes nécessaires pour éclairer notre esprit et nos pensées. Vivre sans douter, c’est vivre dans le noir. Et vivre en se précipitant pour colmater toutes failles, c’est aussi vivre dans le noir.

Or le doute est le principal outil de l’acquisition et du développement de l’esprit critique à la base de LA philosophie.

Tout aussi paradoxale que cela puisse paraître, le bénéfice du doute, c’est la certitude, une certitude dont on se permettra de douter si elle est remise en question. En science, on acquiert des connaissances que l’on considère comme vraies que le temps qu’une autre connaissance viennent la mettre en doute. Bref, la connaissance scientifique se bâtie sur la destruction du déjà-su. Pourquoi ne pas nous appliquer cette méthode pour penser et réfléchir sainement et librement ?

J’ai remarqué que bon nombre de personnes prennent pour vrai ce qu’elles pensent uniquement parce qu’elles le pensent. Le doute est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux. Dans une société où l’on enseigne qu’il faut se convaincre, renforcer ses convictions, croire dur comme fer, se faire confiance pour réussir, et pour y parvenir, de ne pas douter, on devient esclave de soi-même. Pourtant, le doute n’est pas lié à un manque de confiance en soi. Au contraire, douter, c’est se faire confiance, confiance en sa liberté de penser et en sa capacité de réfléchir.

« Si tu as une meilleure idée que la mienne, presses-toi de me la donner. Je n’ai pas de temps à perdre. Rien n’est coulé dans le béton. Je veux avancer ». Je suis prêt à remettre en question toutes mes idées, mes connaissances et mes croyances. Je ne vis pas pour autant dans l’incertitude et le doute ne me fait pas peur. Mes opinions n’ont de valeur que pour être remise en question. Je profite d’une grande liberté intellectuelle…

La liberté intellectuelle, ou sagesse, c’est le doute. (…). Douter, c’est examiner, c’est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous.

Alain, Propos, 1912, p. 134.

Dans le doute, je ne m’abstiens pas car je peux ainsi changer mes actions en tout temps et en toute autre direction.

dossier-philotherapie-bandeau-750

Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Image par Steve Buissinne de Pixabay
Image par Steve Buissinne de Pixabay

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

J’ai trouvé ce mémoire alors que je cherche à démontrer que LA philosophie existe tout autant que LES philosophies contrairement à certaines affirmations. Et, à mon humble avis, à la base de LA philosophie se trouve l’esprit critique à acquérir et à développer. Sans cet esprit critique, il m’apparaît impossible d’élaborer sa propre philosophie et d’aborder LES philosophies.

Stéphanie Déziel nous fait la démonstration de l’importance de l’esprit critique appliqué à son développement au sein de la société de consommation.


Extrait reproduit avec l’aimable autorisation de Stéphanie Déziel. Merci !

STEPHANIE DEZIEL

Formation de l’esprit critique et société de consommation

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l’obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

FACULTE DE PHILOSOPHIE – UNIVERSITÉ LAVAL – QUÉBEC – 2010
© Stéphanie Déziel, 2010

Téléchargement

Cliquez ici pour télécharger l’intégral de ce mémoire (PDF)   ou ici

Résumé

Dans ce mémoire nous avons cherché à comprendre comment former l’esprit critique des jeunes dans une société de consommation. Dans cette société, les individus sont obsédés par la recherche du bien-être matériel et par la réussite sociale. Il s’ensuit qu’ils n’utilisent pas leur pensée critique et sont trop souvent conformistes. Nous tenterons de démontrer que les cours de philosophie peuvent les aider à former leur esprit critique et à choisir une forme de vie réellement significative. Selon nous, ces cours devraient s’inspirer surtout de la méthode pédagogique de Socrate, nommée maïeutique, et laisser une grande place à la culture littéraire pour atteindre ce but. Cette recherche s’articulera autour de cinq axes, à savoir : la société de consommation; l’importance de former l’esprit critique; Socrate et la formation de l’esprit critique; Socrate comme modèle pour l’enseignement de la philosophie et enfin culture et esprit critique.


Extrait

Chapitre II : L’importance de former l’esprit critique

L ‘éducation est le processus qui, tout au long de la vie, confère la capacité de la diriger en accord avec notre réflexion, notre pensée et nos choix. L’éducation libère. Elle nous accorde la « souveraineté personnelle ».

Federico, Mayor, dans De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation. Essai sur le devenir humain.

2.1- Conquérir la liberté individuelle

Se former une opinion à soi, c’est faire preuve de liberté d’esprit, c’est par la suite choisir soi-même sa voie, ses orientations, ses engagements. C’est éviter de se laisser guider par autrui, d’être prisonnier d’un milieu,… »

Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.

2.1.1- Les somnambules

L’être humain est un être pensant, donc doué de raison. Dans son livre Politique, Aristote explique que l’être humain est par nature un « animal politique », bien plus que les abeilles ou autres animaux grégaires. Il est un « animal politique », car il est le seul parmi les animaux qui a la parole. Lui seul a cette aptitude à la conversation et à la réflexion. Pascal, de son côté, soutient dans ses Pensées que la pensée est la plus noble des activités humaines: « L’homme est visiblement fait pour penser; c’est toute sa dignité et tout son métier; et tout son devoir est de penser comme il faut »(1). Chaque être humain a cette capacité réflexive, mais certains ne l’utilisent pas, faute de temps, de courage ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas été habitués à réfléchir et à utiliser leur esprit critique.

Dans son texte Réponse à la question : Qu ‘est-ce que les Lumières?, Kant explique ce qui caractérise le siècle des Lumières qui a donné naissance à la démocratie moderne. Selon lui, ce moment historique a permis la sortie de l’homme hors de son état de minorité :

La minorité est l’incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d’un manque d’entendement, mais d’un manque de résolution et de courage pour s’en servir sans être dirigé par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des lumières(2).

Même si, dans notre système démocratique, les hommes sont libres de penser par eux-mêmes, certains d’entre eux restent leur vie durant mineurs et cherchent le plus possible à trouver des tuteurs qui pensent à leur place. Il leur est trop difficile de penser par eux-mêmes. Déjà, Héraclite affirmait que la plupart des humains étaient endormis en plein jour. Il leur reprochait de mener tout éveillés, une vie de dormeurs. Dans son livre Vigiles de l’esprit, Alain explique que dormir, ce n’est pas avoir les yeux fermés et rester immobile ; dormir, c’est penser peu, penser le moins possible. Il explique que penser, c’est peser. Lorsque l’on dort, on ne pèse plus ce qui est dit, l’on tient pour vrai, sans examen, tout ce qui est véhiculé dans la société, ce qu’il appelle le murmure du monde. Pour lui, « …beaucoup d’hommes, qui, en apparence, sont bien éveillés, qui ont les yeux ouverts, qui se meuvent, qui parlent, en réalité dorment; la cité est pleine de somnambules(3) ». Comme nous l’avons souligné, les hommes des sociétés démocratiques se lancent dans le travail, dans le divertissement pour ne pas avoir trop à penser et évitent les questionnements existentiels. Ils existent sans savoir pourquoi. Ils adoptent les valeurs de leur société sans chercher à être ce qu’ils sont réellement. Ils sont donc les prisonniers d’une caverne d’ombres et de chimères.

2.1.2- Le conformisme

L’allégorie de la caverne est une fable écrite par Platon qui dévoile une réalité toujours actuelle. Platon utilise cette allégorie pour expliquer sa théorie des idées. Sans entrer dans les détails de cette théorie, nous pouvons utiliser cette fable pour expliquer dans quelle situation risquent de se retrouver les jeunes de notre société de consommation s’ils ne sont pas éveillés à la pensée. Dans cette allégorie, Socrate veut démontrer à Glaucon qu’elle est « notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation(4) ». Il faut se rappeler les éléments essentiels de cette allégorie. Il y a premièrement la caverne où sont confinés les prisonniers. Ceux-ci y vivent depuis leur naissance, donc elle est la seule réalité qu’ils connaissent. Ils sont attachés par des chaînes qui maintiennent leur cou pour qu’ils ne voient que les ombres qui défilent devant eux. La paroi de la caverne est un écran sur lequel se reflètent les ombres des objets qui passent derrière eux et qu’ils sont incapables de voir. Les prisonniers ne savent pas que ces ombres sont le reflet d’autre chose, ils croient que réside là toute la vérité : «(…) aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres (…) »(5). Entre eux et les objets, il y a le feu qui permet aux ombres de se refléter sur la paroi rocheuse. Dans l’allégorie, Socrate invite Glaucon à imaginer ce qui arriverait si l’on détachait l’un des prisonniers. Bien sûr, il serait dans un premier temps ébloui par la lumière du soleil, elle lui blesserait les yeux. Il aurait une vision confuse de la nouvelle réalité qui se déploie devant lui et il pourrait croire que le monde de la caverne est beaucoup plus réel que celui-ci. Par la suite, si le prisonnier retourne dans la caverne, il aura de la difficulté à retourner dans le monde des ombres, à retourner à la noirceur. Sa plus grande difficulté résidera dans ses efforts pour persuader les prisonniers que leur réalité n’est faite que d’ombres et d’illusions et que la réalité est plus vraie et plus belle hors de ces murs froids et sombres. Il sera perçu comme un empêcheur de tourner en rond, car il remet les fondements même de leur existence en question. Les prisonniers risquent alors de vouloir protéger leur confort et leur sécurité.

Nous pouvons utiliser l’allégorie de Platon pour expliquer que le manque d’esprit critique menace la liberté individuelle. Comme nous l’avons déjà souligné, l’homme moderne est jeté dans le monde de la consommation dès l’enfance et il vit dedans, sans distance. Son monde est celui de l’abondance, de l’accumulation de toutes sortes d’objets. D’autre part, il est soumis à une communication de masse. Il se fait endoctriner par les publicités, les émissions télévisées, les magazines hebdomadaires, etc. Ces médias lui dictent des valeurs et un modèle de vie idéal. Par exemple, les publicités véhiculent le message qu’il est important pour être heureux d’avoir un corps mince et en forme. Elles présentent un modèle de corps parfait qui met une pression immense sur les individus. Baudrillard dira que la beauté est devenue, pour les femmes, un impératif absolu, religieux. Plusieurs d’entre elles sont, en effet, en quête de ce modèle et pour y arriver vont faire des régimes, subir des chirurgies plastiques, acheter des produits miracles, etc. Elles croient que ce corps parfait les rendra heureuses. Les femmes occidentales se disent autonomes et libres d’agir ainsi, mais elles se conforment aux standards sociaux. L’auteure québécoise Nelly Arcand met en scène, notamment dans son livre Folle, des personnages qui sont aux prises avec cette pression sociale. Elle dira que les femmes sont prisonnières d’une burka de chair. La télévision peut parfois éduquer et bien informer, mais trop souvent elle véhicule les valeurs de la société de consommation : apparence, pouvoir, abondance, etc. Elle formate les esprits et les conditionne. C’est ce que soutient Jean-Jacques Wunenburger dans son livre L’homme à l’âge de la télévision :

La télévision est parvenue en un demi-siècle à peine à se rendre indispensable à la vie quotidienne des hommes, à rythmer leur existence, à transformer leurs rapports sociaux, à devenir le réfèrent obligé de leurs savoirs et pouvoirs. La petite boîte noire qui trône dans tous les logements privés et dans un nombre de plus en plus grand de lieux publics, remplit l’espace et le temps social, fait circuler des modèles de sentir, d’imaginer et de penser, imprègne les modes de vie.(6)

La télévision vient s’immiscer dans la vie de tous et impose un style de vie uniforme. Elle a en quelque sorte pris le relais des Églises pour définir ce qu’il faut croire, savoir, admirer et posséder. Elle définit des normes collectives.

Wunenburger explique que les images télévisuelles sont souvent trompeuses et montrent une réalité tronquée. À ses yeux, les images les plus trompeuses sont celles des séquences publicitaires. La publicité est régie par le principe de la persuasion. Elle vise à rendre un produit commercial désirable. Elle promeut surtout les qualités d’un produit, ses atouts, ses avantages et ses performances. Elle met en perspective les bienfaits d’un produit en dissimulant ses limites d’usage, ses vices et ses méfaits. Donc, elle est liée au mensonge par omission. Les téléspectateurs deviennent ainsi les otages de stratégies mercantiles. Les producteurs d’émissions et de publicités utilisent des idées et des valeurs pour manipuler les gens et ainsi faire des profits. Les intérêts financiers sont immenses, alors les compagnies publicitaires investissent énormément pour trouver la meilleure façon de pousser les gens à acheter leurs produits. Elles savent utiliser les techniques pour conditionner les gens à consommer. Les médias ont une influence considérable sur les individus. Les citoyens se croient libres dans leurs choix. Libres d’acheter telle voiture, tel shampooing, etc. Pourtant, ces choix sont fortement influencés par la publicité. Comme le mentionne Erich Fromm, l’homme dans la société de consommation est loin de faire des choix libres :

L’individu est dirigé et manipulé non seulement dans le domaine de la production, mais aussi dans celui de la consommation, qui est prétendument celui où il peut exprimer son libre choix. Qu’il s’agisse de la consommation de la nourriture, de l’habillement, de l’alcool, des cigarettes, des films et des programmes de télévision, un puissant appareil de persuasion est utilisé à deux fins : d’abord, pour accroître sans cesse l’appétit des individus pour de nouveaux produits, ensuite pour orienter ces appétits vers les débouchés les plus rentables pour l’industrie (…) L’homme est transformé en «consommateur», en un éternel nourrisson, dont l’unique désir est de consommer davantage et mieux(7).

Les hommes du siècle des Lumières se sont battus héroïquement pour s’affranchir de la tutelle des autorités politiques et religieuses. Ils ont vaincu en grande partie les dogmatismes. Les hommes de la société de consommation eux sont sous l’emprise d’un tyran invisible. La plupart des individus sont des automates qui vivent dans l’illusion d’être leur propre maître. Il en est tout autrement, ils se conforment aux modèles sociaux pour gagner la tranquillité et la sécurité.

Nous pouvons facilement comparer les hommes de la société de consommation qui sont rivés à leur écran de télévision quotidiennement et assimilent les valeurs de la société de consommation aux prisonniers de la caverne de Platon. Ils sont prisonniers de ces ombres et de ces illusions. C’est ce que croit Alvin Kernan :

La télévision est l’actualisation technologique de la caverne de Platon, un média de masse contrôlé par la publicité et soumis par la suite à un marché de masse, projetant sur l’écran des images presque totalement fausses du monde. La fausseté est inscrite en un dispositif pavlovien qui fonctionne en déclarant à ses sujets comme ils sont libres et individuels tout en les conditionnant. À quel degré elle a rendu triviale et vulgaire la vie américaine n’a pas encore été, je pense, pleinement compris, mais les contours sont clairs pour quiconque regarde(8).

Les ombres de la caverne de la société de consommation sont toutes ces valeurs, ces pseudos-vérités qui sont véhiculées dans la société et qui ne sont pas remises en question. Ce que les Grecs appelaient la doxa, l’opinion publique. Comme nous l’avons vu, Heidegger parle plutôt dans Être et temps du « On ». Il explique que l’homme est d’emblée un être social, ainsi la difficulté de celui-ci est de devenir un individu, de trouver un mode authentique d’existence personnelle. Il se laisse dicter ses projets, ses préférences, ses goûts par les autres. En se laissant dicter sa manière d’être par Y « On », l’homme ne projette pas une existence véritablement sienne, mais tombe sous l’emprise de l’opinion publique. Il comprend alors le monde selon l’opinion commune et est poussé à penser ce que 1′ « On » pense. La télévision contribue fortement à l’uniformisation de la vie. Les gens veulent copier les modèles de vie qui y sont présentés. Mais, au fond d’eux-mêmes, ne veulent-ils pas plutôt être véritablement libres et choisir réellement les valeurs qui vont guider leur vie? Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir exprimer librement nos opinions et de pouvoir choisir notre vie, mais nous ne sommes pas si libres. Notre société renforce le conformisme social. Nietzsche, de son côté, explique dans ses Considérations inactuelles que les hommes sont paresseux. Selon lui, si l’on demandait à un voyageur qui a parcouru le monde et a vu d’innombrables hommes qu’elle est la qualité qu’il a rencontrée chez les hommes, il répondrait que c’est une certaine propension à la paresse. Au fond de lui, l’homme sait qu’il ne vivra qu’une fois et qu’il est un miracle unique, mais il s’en cache et aime mieux vivre comme tout le monde.

2.1.3- Conquérir sa liberté individuelle

Pour Nietzsche, l’homme agit en bête de troupeau. Il dira à l’homme endormi : « Sois toi-même!45 » À ses yeux, la vie est désolante et absurde tant que l’on n’est pas devenu soi-même. La société stérilise un certain nombre de possibilités. Il faut faire comme tout le monde et les jeunes cherchent à entrer dans un moule préétabli. Pour devenir soi-même, l’homme doit se défaire des chaînes de l’opinion courante. Il doit assumer la responsabilité de son existence et devenir le pilote de sa propre vie. La vie est tellement brève, il faut qu’il s’emploie à créer quelque chose de significatif dans ce voyage éphémère. Pour se créer une vie significative, il ne doit pas agir en conformité avec ce qui est véhiculé dans la société, mais conquérir sa liberté intérieure et s’édifier une vie qui fait sens. Pindare, le grand poète grec, recommandait : « Deviens celui que tu es.(9)»

Lors d’une conférence en 2004, le philosophe québécois Georges Leroux a démontré l’importance des cours de philosophie pour notre société. Il a alors expliqué que le but des cégeps, c’est de former à une vie libre. Former les jeunes pour qu’ils choisissent une forme d’existence qui sera souveraine et qui va pouvoir accomplir les valeurs de leur choix. Il constatait, lui aussi, qu’aujourd’hui nous formons avant tout des compétences et des expertises. Les écoles et même les cégeps cherchent à ajuster les esprits aux impératifs économiques et techniques et à les accommoder aux contraintes des marchés. Il faut plutôt que l’éducation donne assez de force intérieure aux jeunes pour qu’ils affrontent le réel. Il faut donner les moyens aux jeunes de dépasser la simple recherche de la prospérité et favoriser l’accès à l’intériorité et à la souveraineté. Selon lui, il y a une confusion aujourd’hui : il semble que devenir libre c’est devenir le meilleur dans son domaine pour gagner beaucoup d’argent et pouvoir faire ce que l’on veut. Mais il faut se questionner aussi sur la finalité de nos choix. Pourquoi devenir le meilleur politicien, le meilleur chirurgien, le meilleur professeur? Est-ce pour la justice, la santé, la sagesse? Que signifient ces finalités à nos yeux, que sont-elles vraiment? S’il faut être meilleur seulement pour gagner davantage de sous, acheter des biens luxueux et jouir davantage des loisirs, est-ce que notre forme de vie aura réellement du sens? Quel est notre idéal personnel?

Georges Leroux explique que le concept de forme de vie vient du philosophe Wittgenstein. Pour Wittgenstein, tous les jugements de valeur exprimés par une personne peuvent être reconduits à une forme de vie. Ce qu’il considère beau, bon et bien est lié à cette forme de vie. La forme de vie qu’un individu poursuit devrait être celle qui lui permet de se réaliser. Mais pour y arriver, il faut qu’il découvre qui il est. Comment faire pour que, parmi tous les modèles de vie, il choisisse celui qu’il désire vraiment. Emerson dira dans son essai sur la confiance en soi que ce qui est prisé dans la société c’est le conformisme. Tous les membres d’une société cherchent à vivre selon le modèle social valorisé pour être acceptés des autres. Celui qui ne se conforme pas court le risque de se faire rejeter et mépriser. Il faut que l’éducation donne la confiance en soi nécessaire aux jeunes, la liberté individuelle qui leur fera choisir ce qu’ils veulent vraiment. : Emerson dira : « Ma vie existe pour elle-même et non pour la parade. (…) Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non pas ce que pensent les gens. (…) Il est facile, étant dans le monde, de vivre selon l’opinion du monde; il est facile, dans la solitude, de vivre selon la nôtre, mais il a de la grandeur, celui qui au milieu de la foule garde avec une suavité parfaite l’indépendance de la solitude(10) ». Il faut donner les instruments de la liberté aux jeunes, sinon nous renforcerons le conformisme. La liberté individuelle exige de s’engager sur les traces de nos propres idéaux. La liberté implique aussi un devoir civique. Pour être libre et avoir un pouvoir sur sa destinée, l’individu ne doit pas être sous la tutelle de l’État. Il doit participer à la vie politique pour se gouverner lui-même.

2.2- Esprit critique et démocratie

(…) Il est plus important de comprendre que l’enseignement prépare la société de demain. Que c’est lui qui forme les hommes qui auront à se débattre, à se faire entendre de leurs concitoyens, à juger librement et clairement sans se laisser aller au gré des phrases toutes faites, du langage de bois et des propagandes qui les menacent aujourd ‘hui de partout.

Jacqueline, De Romilly, Le trésor des savoirs oubliés.

2.2.1- L’indifférence face à la chose publique

Pendant longtemps, le système politique des sociétés occidentales était aristocratique. Il y a une très grande différence entre l’aristocratie et la démocratie. Dans une aristocratie, le pouvoir est concentré dans les mains d’un petit nombre d’individus tandis que dans une démocratie, c’est le peuple qui détient le pouvoir. Le petit nombre d’individus au pouvoir dans une aristocratie établit les lois sans consulter le peuple, alors que dans une démocratie c’est le peuple qui participe à la composition des lois. Il gouverne lui-même. Chaque individu forme ainsi une portion égale du souverain et participe au gouvernement de l’Etat. Il élit ses représentants grâce au vote universel. C’est ainsi que chaque citoyen détient le droit de gouverner.

Selon Tocqueville, l’un des dangers les plus grands des démocraties est que la concentration du citoyen sur son bien-être personnel et son désintérêt pour la réflexion critique et la chose publique permettent l’apparition d’un nouveau despotisme. Le danger est que les individus soient tellement absorbés par leur propre bien-être et par la réussite matérielle qu’ils n’aient plus le temps de participer à la vie publique et négligent la sphère politique. Voici le portrait qu’il dresse des citoyens de la société démocratique : « L’exercice de leurs devoirs politiques leur paraît un contretemps fâcheux qui les distrait de leur industrie. S’agit-il de choisir leurs représentants, de prêter main-forte à l’autorité, de traiter en commun la chose commune, le temps leur manque; ils ne sauraient dissiper ce temps si précieux en travaux inutiles(11) ». Puisque les citoyens sont entièrement concentrés à s’occuper de leurs propres affaires personnelles, ils risquent de ne plus être maîtres d’eux-mêmes. Les individus dans une société de consommation recherchent avant tout le confort, se mobilisent de moins en moins et ne sont plus soucieux de leur destin. Une telle indifférence de la chose publique se manifeste, entre autres, dans un très faible taux de participation aux élections. Les citoyens risquent ainsi de considérer leurs pareils, leurs parents, leurs amis et leur famille comme leur seule société. La démocratie se fonde sur la participation active de tous les citoyens. Il est facile à un despote de prendre le pouvoir quand tous se désintéressent de la chose publique. Surtout si celui-ci s’évertue à assurer le bien-être matériel de tous et veille à ce que ce bien-être prospère. C’est ce que croit Tocqueville :

(…) je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance (…) C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre (…) il ne brise pas les volontés, mais les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger(12).

Dans cette longue et célèbre citation de Tocqueville, nous retrouvons le portrait d’une société démocratique où les individus ont abandonné leur liberté de penser et leur liberté politique. Dans cette société, les citoyens qui sont préoccupés par leur bien-être et leur plaisir deviennent individualistes et indifférents à la chose publique. Ceux-ci remettent dans les mains de l’État la gouvernance et n’utilisent plus leur liberté de penser. L’État devient le tuteur qui leur assure ce bien-être tant convoité, mais les infantilise et les soulage de leur libre-arbitre. Voilà la grande crainte de Tocqueville, que dans la démocratie les individus perdent leur faculté de penser, de sentir et d’agir par eux-mêmes. Qu’ils perdent donc un pouvoir effectif sur leur destinée.

Aristote explique, lui aussi, que la tyrannie peut émerger dans une démocratie. Le tyran utilise trois moyens pour maintenir son pouvoir. Premièrement, il avilit les esprits. Ensuite, il sème la méfiance chez les citoyens, car ils ne peuvent renverser le pouvoir du tyran s’ils ne se font pas confiance entre eux. Pour finir, il faut les priver du pouvoir d’agir. Comme nous l’avons vu plus haut, dans notre société de consommation, les citoyens ne cherchent pas à réfléchir. Nous assistons donc à un avilissement des esprits. Lorsque les citoyens ne font pas preuve de lucidité et qu’ils n’ont pas un esprit critique aiguisé, ils sont susceptibles de se faire manipuler par des démagogues. Ceux-ci utilisent de belles phrases pour séduire, ils cherchent à persuader la foule pour acquérir le pouvoir. Ils ne voient aucun mal dans la manipulation de l’opinion publique pour arriver à leurs propres fins. Ils n’accordent pas d’importance à la vérité de leurs propos. Tout ce qu’ils désirent c’est d’obtenir le pouvoir et grimper les échelons de la réussite sociale. Nous pouvons facilement comparer le démagogue au commerçant qui veut vendre sa marchandise à tout prix, en la vantant de toutes les qualités inimaginables. Cependant, il ne se soucie pas de savoir si ce qu’il vend est bon en soi, mais il se préoccupe seulement du profit qu’il peut apporter. Dans une démocratie comme la nôtre, il est important de charmer la foule pour que les dirigeants soient élus. Trop souvent, les hommes d’état jouent la carte de l’apparence pour accéder au pouvoir et cherchent à séduire pour se faire élire. Pour résister à la démagogie, les citoyens doivent être éduqués.

2.2.2- La capacité de réfléchir et de prendre des décisions éclairées

Dans une démocratie, l’exercice de l’esprit critique est indispensable. Les citoyens doivent s’intéresser à la chose publique, mais aussi être capables d’y participer. Ils doivent être aptes à choisir entre des positions politiques différentes et à exprimer leurs positions par le vote. Les citoyens sont informés, par le biais des médias, des sujets et des questions qui les concernent. Ils doivent êtres capables de discuter sur ces divers sujets et à juger de la pertinence des décisions politiques. Comme l’explique Normand Baillargeon : « Dans une démocratie, chacun est gouvernant en puissance et est appelé à se prononcer sur les affaires qui concernent le bien commun; chacun peut faire entendre sa voix et peut, en droit, prendre part aux débats et aux discussions qui ont constamment cours sur un nombre en théorie infini de sujets et de questions qui débouchent, après délibération, sur des décisions et des actions(13)». Celui-ci ajoute que, malheureusement, trop souvent les citoyens de notre société sont incapables de prendre part au débat: «(…) la figure idéale d’un citoyen informé, capable déjuger et de prendre part à des discussions tend à céder la place, dans les faits, à celle de sujets endoctrinés, ignorants de données cruciales concernant le monde dans lequel ils vivent et exclus du débat politique dont ils ne sont plus participants mais spectateurs(14) ».

La société démocratique repose sur la nécessité de développer l’intelligence et la raison de tous les membres de la société pour rendre possible le libre exercice de leur souveraineté et leur permettre de jouir de leurs droits. Pour Wunenburger, nos sociétés médiatisées appauvrissent plutôt l’intelligence. La télévision remettrait en question les valeurs les plus fondamentales de la modernité : idéal d’émancipation, idéal de liberté et d’autonomie du jugement, idéal de discussion critique des opinions. La télévision nous évite de parler et d’agir, elle porte plutôt à la passivité, à la réception d’un spectacle indépendant de nous et à la consommation passive d’images. Elle endort en quelque sorte les esprits, même si parfois elle informe vraiment. : « La télévision ne doit-elle pas dès lors être accusée de nos jours comme la plus grande ennemie de la liberté et de la vérité, et donc de la démocratie ». La démocratie fait appel à l’esprit critique des citoyens et à leur capacité à prendre part aux diverses discussions. C’est le système éducatif qui doit outiller les jeunes et développer leur esprit critique pour les rendre aptes à une participation active.

2.3- Esprit critique et philosophie

2.3.1- La philosophie forme l’esprit critique

Dans son livre Introduction à la philosophie, le philosophe allemand Karl Jaspers souligne que les êtres humains portent des regards contradictoires sur la philosophie. Certains ont des attentes vis-à-vis celle-ci, d’autres y sont indifférents. Plusieurs vénèrent ceux qui l’exercent tandis que certains les méprisent et les considèrent comme des rêveurs qui s’adonnent à une introspection superflue. Dans un monde où la science est admirée pour ses connaissances certaines qui donnent des résultats pratiques, la philosophie fait souvent piètre figure. Elle n’aboutit à rien de concret. En effet, malgré de nombreux efforts depuis des milliers d’années, la philosophie ne réussit pas à atteindre un savoir définitif ni à faire l’unanimité. Les théories philosophiques se contredisent et il n’y a pas une vérité philosophique certaine et définitive. Elle est souvent perçue comme une connaissance inutile, un jeu théorique vain. Plusieurs individus considèrent que la philosophie ne devrait pas être enseignée au collégial. À leurs yeux, cet enseignement serait une perte de temps et il faudrait plutôt former des travailleurs efficaces, aptes à aller sur le marché du travail.

Dans son texte Valeur de la philosophie, Russell tente d’expliquer pourquoi il est nécessaire d’étudier la philosophie. Pour lui, les critiques adressées à la philosophie sont l’art des gens pratiques, ceux qui ne reconnaissent que les besoins matériels, qui croient que l’homme doit nourrir son corps, mais ne considèrent pas nécessaire qu’il nourrisse son esprit. La philosophie est une nourriture pour l’esprit. Elle ne peut fournir des réponses précises sur les questions qui la concernent, mais elle nous fait prendre conscience de 1’importance de ces problèmes et surtout, elle permet de développer notre esprit critique:

La valeur de la philosophie, affirme Russell, doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. (…) La philosophie, bien qu’elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée (. . .).

Russell, Bertrand, Problèmes de philosophie, Paris, Paris, Éditions Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », 1965, p. 25.

C’est le rôle de la philosophie de doter les jeunes d’un esprit critique et de les délivrer de leurs préjugés et de leurs opinions préconçues.

2.3.2- Définition de l’esprit critique

Qu’est-ce que l’esprit critique que la philosophie permet de développer? Le mot critique dérive du verbe grec krinein qui signifie « séparer », « juger », « décider », « distinguer », « trancher », « passer au crible ». Il renvoie à une fonction fondamentale du corps, celle d’éliminer les substances nocives. En effet, si les reins d’un individu cessent de « critiquer », celui-ci meurt. Avoir un esprit critique, c’est faire preuve de discernement. Dans le mot discernement, nous retrouvons le verbe latin cernere qui a une signification semblable : séparer le bon du mauvais. Celui qui a un esprit critique est celui qui est capable de discerner et de juger ce qui est mauvais et est ainsi apte à le rejeter. Il est capable de faire preuve de discernement dans ses choix quotidiens. Dans l’Encyclopédie philosophique universelle, nous retrouvons la définition suivante du terme critique : la critique est une forme de la pensée rationnelle qui consiste à examiner un autre produit de la pensée afin de le juger et d’en déterminer, en pesant le pour et le contre, la véritable valeur : vrai ou faux. Un esprit critique sera apte à dissocier le vrai du faux dans une publicité, un discours politique, etc. Par exemple, il comprendra qu’il n’y a aucun rapport entre une jolie femme et la qualité d’une auto. Qu’il n’y a pas nécessairement de lien entre une vie réussie, le bonheur et l’accumulation de richesses. L’esprit critique rend en mesure de savoir si un individu est en train de débiter des balivernes, s’il utilise de mauvais arguments ou des sophismes. La pensée critique met à l’abri du dogmatisme, des préjugés et des généralisations hâtives. Elle est une arme contre les démagogues, les superstitions, les préjugés, les opinions non fondées, etc. De plus, l’esprit critique permet de nous défaire des chaînes du conformisme et de l’opinion publique et de plutôt choisir ce que nous voulons réellement devenir. Il aide à vivre une vie libre. Heureusement, l’esprit critique s’apprend, notamment dans les cours de philosophie.

L’une des tâches principales de la philosophie est de former des citoyens éclairés capables d’avoir un esprit critique. C’est ce que souligne Jaspers : « Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement : il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être » (16). La philosophie comporte un travail critique. Cette critique n’est cependant jamais purement et simplement négative, elle est plutôt constructive. Elle a pour but de corriger les fausses évidences, les illusions et erreurs du sens commun. Elle permet de faire des choix éclairés. Celui qui a un esprit critique ne peut accepter les vérités toutes faites, il remet en question les prétendues vérités véhiculées dans la société et il est apte à opérer un recul face aux valeurs sociales. 11 est capable de se faire une opinion par lui-même et de reconnaître ses propres préjugés et de s’en méfier. Faire de la philosophie c’est être en route, comme le dit avec justesse Jaspers. Être en route vers davantage de lucidité. L’éducation doit permettre aux jeunes de se retourner pour regarder le soleil et non plus les images projetées sur le fond de la caverne. Elle doit déprendre les jeunes de ces illusions.

En conclusion, dans ce deuxième chapitre, nous avons voulu démontrer qu’il est urgent de former l’esprit critique des jeunes de la société de consommation. En premier lieu, nous avons expliqué que trop souvent dans une société de consommation, les individus sont des somnambules qui dorment en plein jour et qui ne pensent pas par eux-mêmes. En effet, la plupart d’entre eux sont comme les prisonniers de la caverne de Platon, ils absorbent sans remise en question les valeurs et opinions véhiculées dans les médias et surtout à la télévision. Ils sont conditionnés par une vision du bonheur liée à l’abondance matérielle et au paraître. Ils se croient libres, mais ne sont pas maîtres de leur choix et décisions. Le fait de ne pas utiliser leur esprit critique a donc pour première conséquence d’empêcher les individus de conquérir leur liberté individuelle. Ils sont conformistes et sont incapables de vivre la vie qu’ils désirent réellement et de choisir leurs propres valeurs.

Dans un deuxième temps, nous avons souligné que le manque d’esprit critique est une menace pour la démocratie et pour la liberté politique. Premièrement, l’obsession du bien-être matériel détourne les individus de la politique. Ils sont tellement préoccupés par leur avancement et la consommation de biens qu’ils oublient de se soucier de la politique et abandonnent leur droit de vote. Ils risquent ainsi de ne plus être réellement les maîtres de leur destin. Dans une démocratie, c’est le peuple qui gouverne, mais les membres qui le composent doivent s’impliquer et participer aux décisions pour réellement gouverner. De plus, sans esprit critique ils sont incapables de bien cerner les débats et de bien analyser les discours politiques. L’esprit critique est essentiel pour prendre des décisions politiques éclairées. Nous avons terminé en donnant une définition de l’esprit critique. Celui qui est doté d’un esprit critique est capable de discerner dans une idée, un discours, une opinion ce qui est vrai et ce qui est faux. Il a la capacité de séparer le bon du mauvais et de remettre en question ce qui est véhiculé dans une société. Il fait donc preuve d’un doute constructif, il doute pour chercher la pertinence de ce qui est dit et pour pouvoir prendre de meilleures décisions. L’esprit critique permet surtout de s’éloigner du conformisme et de choisir la forme de vie qui fait réellement sens à nos yeux. Il s’apprend notamment dans les cours de philosophie. Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, Socrate enseignait à user de notre esprit critique, à remettre en question nos certitudes, à penser par nous-mêmes et à cherche à nous connaître. Il est donc un maître à suive pour doter nos jeunes d’un esprit critique.


NOTES

(1) lbid., p.92.

(2) Kant, Immanuel, Oeuvres philosophiques II, Des prolégomènes aux écrits de 1797, trad. Heinz Wismann, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1980, p. 209.

(3) Alain, (Emile Charrier), l’igiles de l’esprit, Paris, Éditions Gallimard, coll. « nrf », 1942, p.8.

(4) Platon, Œuvres complètes 17 : La République, trad. Emile Chambry, Pans, Éditions Les Belles Lettres, 1949, 514a,
p. 340.

(5) lbid, p. 340.

(6) Wunenburger, Jean-Jacques, L’homme à l’âge de la télévision, Pans, Éditions Presses universitaires de France, coll. « Intervention philosophique », 2000, p.l 19.

(7) Fromm, Erich, De la désobéissance et autres essais, trad. Théo Carlier, Paris, Éditions Robert Laffont, 1983, p. 86.

(8) Kernan, Alvin, cité par De Koninck, Thomas, Philosophie de l’éducation : essai sur le devenir humain, Paris, Edition Presses universitaires de France, coll. « Thémis », 2004, p. 60.

(9) Nietzsche, Friedrich, Considérations inactuel/es, III, 4, trad. Geneviève Bianquis, Paris, Éditions Aubier, 1966, p. 17.

(10) Emerson, Ralph Waldo, l^a confiance en soi et autres essais, trad. Monique Bégot, Pans, Editions Payot et Rivages, coll. « Rivage poche/Petite Bibliothèque », 2000, p. 93.

(11) De Tocquevlle, Alexis, op. cit., T.II, Deuxième partie, Ch. XIV, p. 196.

(12) lbid., T.II, Quatrième partie, Ch. VI, p. 434-435.

(13) Baillargeon, Normand, La lueur d’une bougie : citoyenneté et pensée critique, Montréal, Éditions Fides, coll. « Grandes conférences », 2001, p. 19.

(14) lbid., p. 22-23.

(15) Wunenburger, Jean-]acques, op. cit., p .6.

(16) Jaspers, Karl, Introduction à la philosophie, trad. Jeanne Hersch, Paris, Éditions Pion, coll. « 10/18 », 1965, p. 6.


La photographie de présentation en haut de l’article a été ajoutée par nous.


dossier-philotherapie-bandeau-750

Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007.

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE. L’auteur prend le temps de situer son sujet dans son contexte historique soulignant la reconnaissance plutôt récente de la dépression comme une maladie. Auparavant, on parlait d’acédie et d’ennui.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole» – Avec cet article, nous sortons de du cadre de la philosophie pour entrer de plein pied dans celui de la psychologie. Le livre Savoir se taire, savoir parler a attiré mon attention à la suite de ma lecture de l’article « Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole » paru dans le Figaro.fr. J’accepte cette intrusion de la psychologie dans ce dossier sur la philosophie parce que cette « hystérie de la parole » observable à notre époque, notamment sur les réseaux sociaux, entre directement en conflit avec le silence nécessaire et incontournable à la réflexion philosophique. Bref, il faut savoir se taire, savoir parler pour philosopher. J’ai donc acheté ce livre et voici mon rapport de lecture.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques (…)

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR