
Article # 115
J’AI LU POUR VOUS
Uniques au monde
De l’invention de soi à la fin de l’autre
Vincent Cocquebert
Collections Vox’
Les Éditions Arkê, 2023
27 novembre 2023
Mesures : 21.0 cm (Hauteur), 14 cm (Largeur), 200 gr (Poids)
153 pages
ISBN : 978-2-38341-110-9
EAN : 9782383411109


TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE
Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons été autant livrés à nous-même. De l’amour à la santé, en passant par la vie professionnelle ou l’alimentation, tout peut être personnalisé. Avec, en ligne de mire, un seul et même projet : exprimer nos singularités.
Ce fantasme d’une vie sur-mesure est nourri par un puissant capitalisme de l’ego. Il se déploie dans un nouveau consumérisme existentiel, structuré pour nous laisser croire à un accomplissement personnel.
Nous assistons dès lors à l’avènement d’un être d’un nouveau genre – bourreau et victime – bercé par l’illusion que le monde peut et doit se conformer à ses désirs, et non l’inverse.
Cette réduction du réel à la sphère du soi est le dévoiement d’une promesse fondatrice de la modernité : la possibilité de se réaliser en tant qu’individu, de se sentir « unique au monde ». Une promesse désormais hors de contrôle.
Ainsi, une nouvelle culture du narcissisme a envahi notre quotidien. Elle prospère sur les ruines d’un projet de société centré sur l’individu et la chimère d’une existence désolidarisée de tout destin commun.
Ce livre dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite à retrouver le sens d’une interdépendance vertueuse.
* * *
Vincent Cocquebert est journaliste et essayiste, il a publié, chez Arkhê, Millennial Burn Out et La Civilisation du Cocon. Observateur amusé des tics de ses contemporains, il jette un regard lucide et tranchant sur notre époque et ses dérives.
Source : Les Éditions Arkê.
Résumé
A la fois promesse mal comprise de la modernité, via l’individualisation pour tous, et créneau commercial le plus recherché, le sur-mesure, un peu comme le sans-contact, est devenue une nouvelle norme de notre société étonnamment peu interrogée dans ses effets. Logique, au sein d’une France devenue celle des consommateurs bien plus que celle des producteurs, le client est roi car de lui dépend le PIB du pays.
Mais, si elle peut être valorisante et réconfortante car en écho à notre individualité fantasmée, cette mentalité du « comme je veux » , « où je veux » , éduquée dès la plus tendre enfance, semble avoir largement déteint sur l’ensemble de nos comportements. Initiée par la consommation, elle imprègne aujourd’hui le travail comme l’amour, la vie familiale, la santé, les croyances, la culture, voir la réalité qu’on tente de tordre pour qu’elle entre dans notre modèle.
De fait, si l’on devait auparavant s’adapter au monde et aux individus qui le peuple, aujourd’hui, tout un chacun fini par exiger de l’autre et du monde qu’il s’adapte à lui-même, à ses envies, à sa sensibilité et son idéologie. Un créneau qui rend dès lors impossible toute idée de commun et génère l’apparition de plusieurs postures existentielles oscillant entre apathie, tyrannie, victimisation et uniformisation.
Source : decrite.fr.
SOMMAIRE
LA TENTATION DU MIROIR, p. 11
I. UN MONDE À MOI, p. 21
- L’individu, cette invention
- Du pouvoir d’achat au pouvoir d’être soi
- La personnalisation du monde
II. UNE VIE SUR-MESURE, p. 53
- Parce que je le vaux
- Je fais ce que je veux
- C’est moi qui commande
III L’ÈRE DE L’ÉGOCÈNE, p. 107
- Sous-traite-moi bien
- L’enfer, c’est le nôtre
- La fuite devant soi
ÉPILOGUE: VERS UNE TRANSITION ÉGOLOGIQUE, p. 129
Revue de presse
France Inter
Vincent Cocquebert considère qu’aujourd’hui, on ne va pas vers le monde, on n’essaie plus de l’embrasser tel qu’il est. Mais on essaie de le pousser pour qu’il soit de plus en plus proche de nos affects. Et toujours selon lui, c’est pourquoi aujourd’hui la grande passion est celle de l’identification …
Le Monde
L’essayiste fait le constat d’une ère sociale de repli sur soi qu’il baptise « egocène », faite de « micromondes dépeuplés », créés sur mesure par le système marchand …
Le Figaro
Dans son dernier essai, «Uniques au monde», Vincent Cocquebert analyse la tendance de l’homme contemporain à construire un monde à son image. Mais en exigeant une vie «sur mesure», nous abaissons encore d’un cran notre capacité à nous confronter à l’altérité …
Décideurs
De manière audacieuse, l’auteur analyse la façon dont les individus se considèrent eux-mêmes comme des produits uniques pour qui tout doit être sur mesure … Un essai remue-méninges à lire absolument …
Source : Les Éditions Arkê.
Autres articles de presse
Le repli sur soi, ou comment le consumérisme nous isole, Lundi 18 décembre 2023, Radio-Canada.
Société : retrouvera-t-on un jour le goût des autres ? Laure Coromines, L’ADN, 18 octobre 2023.
Comment expliquer l’épidémie d’hyper narcissisme ? Radio France / FranceInter, 16 novembre 2023.
AUTRES

Coups de cœur documentaire 2024
Uniques au monde : de l’invention de soi à la fin de l’autre
Cocquebert, Vincent
Edité par Arkhê
Notre avis : Une analyse limpide de la nouvelle culture du narcissisme, « l’égocène », caractérisée par le fantasme d’une vie sur-mesure et d’un monde conforme à nos désirs et à notre image, où l’épanouissement individuel et l’expression de sa singularité représentent l’ultime utopie. Processus nourri par un consumérisme existentiel et identitaire, entretenu stratégiquement par les marques et facilité par le numérique et les algorithmes. Avec des conséquences aussi bien sociales que politiques : perte du commun, refuge dans la sphère intime et domestique, inadaptation au monde, hystérisation du débat et empathie sélective. Source : Régis B., Bibliothèque Robert Sabatier. Source : Bibliothèque de Paris – Coups de cœur documentaire 2024.
Du même auteur
Vincent Cocquebert
Millennial Burn-out

La Civilisation du Cocon

Au sujet de l’auteur
Vincent Cocquebert

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À propos
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Mon rapport de lecture du livre
Uniques au monde
De l’invention de soi à la fin de l’autre
Vincent Cocquebert
Collections Vox’
Les Éditions Arkê, 2023
Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse.
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.
Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !
Tiré du film à sketchs Selfie, cette scène à l’humour grinçant intitulée « Algorithmes » est interprété par l’acteur Manu Payet est une illustration par l’absurde d’un syndrome de masse de plus en plus envahissant et qui se déploie dans de nombreux domaines de nos existences : la quête éperdue de personnalisation. En parallèle d’une civilisation du cocon qui nous pousse à cultiver à l’excès la recherche du confort, le replis, et ériger le « chez soi » comme une norme d’existence, vient désormais se greffer le fantasme d’une vie et d’un environnement comme « sur-mesure » qui seraient le reflet de nos multiples et profondes singularités. Un fantasme nourri par le marketing de l’ego et ses promesses d’hyperpersonnalisation, jusqu’à l’obsession et dont la réalisation passe par un consumérisme à vocation existentielle.
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, La tentation du miroir, Les Éditions Arkhê, 2023, p. 13.
P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.
Avant d’aller plus loi, un arrêt sur image s’impose sur la définition du « consumérisme ».
consumérisme
Définition
anglicisme
- Protection des intérêts du consommateur par des associations.
- Propension à consommer.
- Mode de vie basé sur la consommation.
Source : Consumérisme, Le Robert – Dico en ligne.
consumérisme
nom masculin
(anglais consumerism)
- Mode de vie axé sur la consommation et caractérisé par une tendance à acheter systématiquement de nouveaux biens.
- Vieilli. Mouvement visant à organiser l’information et la défense des consommateurs face aux entreprises de production et de distribution.
Source : Consumérisme, Larousse.
Consumérisme
Le 5 novembre 2015
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Le nom anglo-américain consumerism a d’abord désigné un mouvement visant à défendre les droits et les intérêts des consommateurs, mais ce sens s’est peu-à-peu effacé et consumerism est aujourd’hui surtout compris comme le goût de la consommation ou comme un mode de vie basé sur la consommation. Cette hésitation touche aussi l’anglicisme consumérisme. En témoignent les éditions successives d’un de nos éminents confrères lexicographes. On trouve dans celle de 2014 uniquement le sens « défense des consommateurs », alors que celle de l’année suivante ajoute celui de « société de consommation ». On préfèrera donc s’abstenir d’employer cette forme qui n’est pas loin de dire une chose et son contraire, et de s’en tenir aux mots et locutions françaises exprimant, et depuis longtemps, ces idées.
Source : Consumérisme, Académie française.
* * *
Les ressorts symboliques du consumérisme. Au-delà de la marchandise, le symbole et le don
Par François Gauthier
De la consommation au consumérisme moderne
La consommation moderne se distingue, avec la production, par sa centralité dans les dynamiques du capitalisme. L’attitude moderne face à la consommation est le produit d’un arrachement à la morale chrétienne traditionnelle – qui en freinait l’expansion en dehors de l’éthique aristocratique – via son inscription dans une nouvelle éthique hédoniste qui a trouvé dans la consommation des moyens d’exprimer l’identité et l’authenticité [Campbell, 1987 ; Taylor, 2003 ; Gauthier, ce numéro]. Autrement dit, la consommation moderne a pour moteur l’expansion infinie des désirs compris comme autant de possibilités d’expression des subjectivités.
LIRE LA SUITE : Gauthier, F. (2014) . Les ressorts symboliques du consumérisme. Au-delà de la marchandise, le symbole et le don. Revue du MAUSS, n° 44(2), 137-157. https://doi.org/10.3917/rdm.044.0137.
La définition de « consumérisme » à retenir est donc celle de la sociologie à savoir la « Propension à consommer – Mode de vie basé sur la consommation » (Le Robert) ou « Mode de vie axé sur la consommation et caractérisé par une tendance à acheter systématiquement de nouveaux biens » (Larousse). De ce côté-ci de l’Atlantique, dans le Québec francophone, le mot « consumérisme » se définit encore comme l’« Ensemble des actions visant à promouvoir les intérêts des consommateurs et à protéger leurs droits » (Office québécois de la langue française).
Notre musique, nos séries, nos films, nos meubles, nos prothèses numériques, nos vêtements, nos produits cosmétiques, notre nourriture, nos services téléphoniques, nos voyages, notre travail, nos croyances, notre corps, notre temps et, par extension, nos relations amicales ou amoureuses, nos enfants, nos animaux de compagnie, et même nos hommes et nos femmes politiques, tout doit aujourd’hui être à notre propre mesure et être le reflet de notre moi. Car si notre poursuite permanente de cocons protecteurs semble être une réponse défensive à un mythe du progrès périmé sur fond d’obsolescence de l’altérité, celle de ce nouveau monde miroir fait plus figure de dévoiement de cette autre promesse de la modernité qu’est l’individualisation pour tous. Soit cette possibilité pour les individus des sociétés post-holistiques, délestées de l’influence des grandes institutions politiques ou religieuses, de devenir les « maîtres » de leurs propres existences, dans les domaines professionnels, spirituels, amoureux ou familiaux.
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, La tentation du miroir, Les Éditions Arkhê, 2023, pp. 13-14.
Qu’est-ce qu’une société holiste ?
Une société holiste peut être comparée à un grand corps dont les individus ne sont que les cellules, alors que dans les sociétés individualistes les individus sont premiers, ce sont eux qui contractent pour former une société dont le but consiste à servir leurs intérêts particuliers.
L’altérité pour penser l’identité
De nombreuses disciplines des sciences humaines et sociales se sont saisies de la question de l’identité. Si elles la traitent différemment, il existe un relatif consensus sur le fait que définir une identité nécessite d’identifier l’altérité, de déterminer qui sont les autres.
La constitution d’une identité passe nécessairement par la rencontre avec d’autres que soi. C’est seulement dans la confrontation, directe ou indirecte, qu’il est possible d’identifier des individus, des réseaux d’individus et de se positionner par rapport à ces derniers. Ainsi, l’identité prend ici la forme d’une négociation avec l’autre ou les autres. C’est par rapport à lui/eux qu’on se situe lorsqu’on produit une auto-identification (« je suis » ou « nous sommes »). Nous avons besoin d’être reconnus tels que nous nous pensons afin que notre identité soit complète.
Les sciences humaines et sociales définissent donc l’altérité comme la qualité de ce qui est autre, de ce qui n’est pas le même que moi/nous. Elle est parfois perçue comme une menace, parfois comme une infériorité, parfois comme un enrichissement. Il faut également souligner le caractère intrinsèquement subjectif des réalités que la notion d’altérité recouvre.
Source : Identité et altérité, Les valeurs de la République, CANOPÉ, RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
L’auteur Vincent Cocquebert a bien raison de relever l’impact de l’individualisation sur nos sociétés, et ce, d’autant plus de forte parce qu’elles se trouvent « délestées de l’influence des grandes institutions politiques et religieuses ». Plus l’individualisme gagne du terrain, plus le souci du bien commun en perd et plus l’État doit intervenir.
Au Québec, dans les années 1960, au cours de ce que appelons la Révolution tranquille, les institutions religieuses furent séparées brutalement de la politique et de l’État. Or, jusque-là, ces institutions religieuses assuraient la charité aux plus pauvres d’entre nous. Un curé pouvait commander aux fidèles de sa paroisse d’héberger les membres d’une famille à la rue en raison d’un incendie de leur maison et ordonner une corvée générale de reconstruction de l’habitat. Mais, en plein cœur de cette Révolution tranquille, on m’a rapporté qu’un paroissien se leva débout lors de la messe du dimanche pour répondre à la demande d’hébergement du curé et lui dit : « Pourquoi pas vous ? Vous avez un presbytère avec plusieurs chambres, une cuisinière et une femme de ménage. Vous êtes en meilleure position que nous pour héberger cette famille pendant que nous reconstruisons leur maison ». Je ne connais pas la réponse du curé. Mais une chose est certaine, la perte d’influence des institutions religieuses sur la vie des Québécois a donné lieu à une individualisation des chrétiens-catholiques du Québec, désormais moins empathiques, et ainsi forcé l’État à prendre la relève de la charité religieuse avec des programmes d’aide sociales gouvernementaux.
Au sein même de l’institution familiale, l’individualisme a fait des ravages. La solidarité des parents, devenus individualistes, s’est effritée et l’enfant dans le besoin financier se voyait (et se voit encore répondre) : « J’ai travaillé pour mon argent. Il est à moi. Alors, débrouilles-toi. Si tu veux de l’argent pour réparer ta bicyclette, travaille ». À chaque fois que les jeunes sont mis à mal par une crise financière nationale ou internationale, l’État doit prendre la relève des parents individualistes capables mais refusant de mettre la main au portefeuille.
Des parents individualistes sont nés des enfants individualistes. On ne s’étonnera donc pas de l’isolement de ces parents, devenus des personnes âgées, placées dans des maisons pour vieux, qui ne reçoivent aucune visite de leurs enfants… individualistes.
(…) Le slogan du site de dating par géolocalisation illustre également les dissonances cognitives sociales qui semblent animer notre époque, avec d’un côté un sentiment de solitude grandissant (un français sur cinq n’aurait presque aucune relation sociale, amicale ou familiale, un chiffre qui a quasiment doublé en dix ans et plus de la moitié des Français déclarent se sentir seuls « souvent » ou parfois et 71% des 18-24 ans) et de l’autre une défiance interpersonnelle elle aussi toujours aussi forte, au point où les deux tiers des Français estiment que l’on ne se méfie jamais assez d’autrui. Soit le même pourcentage (74%) à reconnaitre que « pouvoir acheter contribue fortement au bonheur. Des résultats assez peu étonnants puisque les deux facteurs qui influencent le plus notre rapport au matérialisme sont la prudence relationnelle et la xénophobie : moins on est confiants et ouverts à autrui, plus notre taux de matérialisme est important. L’inverse est aussi vrai. D’ailleurs, aujourd’hui, l’autre ne semble plus vraiment nécessaire à notre épanouissement. Seuls 13% des Français citent « la multiplication des rencontres, l’enrichissement par les relations aux autres » comme synonyme d’une vie réussie. (…)
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, I. Un monde à moi, Les Éditions Arkhê, 2023, pp. 35-36.
P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.
À RETENIR
(…) moins on est confiants et ouverts à autrui, plus notre taux de matérialisme est important. (…)
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, I. Un monde à moi, Les Éditions Arkhê, 2023, p. 36.
Voilà une explication claire de l’impact de la fermeture à l’autre, cet autre sans lequel je ne peux pas me construire. Je l’ai relevé dans le chapitre « La pensée différente » dans mon livre J’AIME PENSER — Essai et témoignage de gouvernance personnelle en me référant au généticien et philosophe Albert Jacquard :

La pensée différente
(…)
Mais tout aussi personnelle que la connaissance de soi puisse être, elle demeurera théorique et incomplète si elle n’est pas reliée aux autres. Pour se connaître, il faut être conscient de son existence, ce qui est uniquement possible en relation avec les autres. Connaître son moi implique donc de reconnaître que ce « moi » existe uniquement par rapport à l’autre. À la question « Voulez-vous dire que vous ne pourriez exister sans les autres? », Albert Jacquard, généticien et philosophe, répond :
« Certes, seul, je pourrais exister, mais je ne pourrais pas le savoir. Ma capacité à penser et à dire « je » ne m’a pas été fournie par mon patrimoine génétique; ce que celui-ci m’a donné était nécessaire, mais non suffisant. Je n’ai pu dire « je » que grâce aux « tu » entendus. La personne que je deviens n’est pas le résultat d’un cheminement interne solitaire; elle n’a pu se construire qu’en étant au foyer du regard des autres. Non seulement cette personne est alimentée par tous les apports de ceux qui m’entourent, mais sa réalité essentielle est constituée par les échanges avec eux; je suis les liens que je tisse avec les autres. Avec cette définition, il n’y a plus de coupure entre moi et autrui. »18
(…)
_________
18. Jacquard, Albert, Petite philosophie à l’usage des non-philosophes, Québec-Livres, 1997, pp. 15-16
Plus jeune, on me disait « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es » (dérivé de « Dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es » du romancier espagnol Miguel de Cervantès). Aujourd’hui, avec « la fin de l’autre », on soutiendra : « Dis-moi ce que tu consommes, je te dirai qui tu es ». Et rares sont les personnes qui adhèrent à cette idée de la connaissance de soi de soi par l’autre. On ramène tout à soi, même l’autre. On s’affirme haut et fort comme unique, fait par soi-même et que par soi-même. « Je suis unique tout autant que le monde dans lequel je vis et me construit est unique » pourrait-on dire. On veut « Un monde à soi » comme le souligne si bien l’auteur Vincent Cocquebert dans « Uniques au monde ».
Nous serions passés, en somme, de la démocratie à ce que l’on pourrait nommer l’intimocratie. Dès le milieu des années 1980, la papesse de la psychologie positive, feue Louise Hay nous assurait ainsi que « la force » était en nous et qu’avec une peu de bonne volonté on pouvait facilement transformer sa vie, voir la rendre exceptionnelle. Mais cette exigence de réalisation d’un soi régulièrement actualisé dans un monde de changement permanent — notre société dite moderne-liquide théorisée par le penseur Zygmunt Bauman — a produit sa propre crise. Ce qu’Alain Ehrenberg a nommé la « fatigue d’être soi », autrement dit ce prix à payer pour l’énergie déployée, souvent par la dépression, afin d’espérer un jour « devenir soi-même ».
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, II. Une vie sur-mesure, Les Éditions Arkhê, 2023, p. 56.
De cette citation, je retiens « Intimocratie » et « fatigue d’être soi ».
« Notre culture du narcissisme est quasi pathologique » – Vincent Cocquebert
Par Laurent Ottavi
Pouvez-vous faire le lien entre ce que vous avez expliqué jusqu’ici et ce que vous nommez « l’intimocratie » ?
À partir des années 1980, le culte de l’individu comme cellule productive et comme monade consommatoire a porté avec lui l’idée que la vérité se réduisait à la vérité de chacun et que la quête intérieure excluait l’altérité, les petits récits permettant d’améliorer son quotidien ont pris la suite des grands récits. On le voit bien aux émissions de télévision. Dans les années 1980 et 1990 apparaissent des émissions de témoignages où l’on vient raconter sa maladie, ses traumatismes, son enfance malheureuse, etc. Elles sont alors considérées comme des sommets voyeuristes de trash-TV (de la télé poubelle).
Aujourd’hui, le témoignage est devenu une norme journalistique (Brut, Konbini), un vecteur de vérité, un objet inquestionnable. Les récits de l’intimité font désormais le politique. En l’absence de grandes utopies, l’affirmation de ce qu’on croit être « notre moi » est devenue notre petite utopie personnalisée. Quelque part, comme on a le sentiment de ne plus pouvoir changer les choses, on essaie de changer les gens.
Source et lire l’intégral de l’entrevue : OTTAVI, Laurent, Égocène, Notre culture du narcissisme est quasi-pathologique, Élucide, 04/08/2024.
« La culture du narcissisme est devenue quasi pathologique »
Par Sophie Kloetzli, 23 octobre 2023
Tout ceci expliquerait aussi une relative torpeur face aux enjeux écologiques, et plus largement face au fait politique. Le « capitalisme du narcissisme », comme vous l’appelez, entretient-il la dépolitisation des individus ?
Vincent Cocquebert
Ça l’entretient tout à fait. Les marques étant devenues les dernières productrices de discours de valorisation de l’individu, celui-ci a l’impression d’être une sorte de monade(1) consommatrice dont le destin commun serait détaché du destin individuel. On le voit très bien : quand on pose la question aux individus, ils disent que ça va être extrêmement noir au niveau collectif. En revanche, quand on leur pose la question au niveau individuel, c’est beaucoup plus positif, comme s’ils se sentaient de plus en plus comme « à part ».
Ça fait écho au passage de la démocratie à l’« intimocratie » : comme il n’y a plus de grands récits politiques et collectifs, ce sont les petits récits de la vie privée et quotidienne qui deviennent politique. On entend souvent que « l’intime est politique », et il est vrai que l’intime porte une dimension politique, mais ce que l’on observe, c’est surtout qu’il y a de plus en plus d’intime et de moins en moins de politique.
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(1) monade : « Conscience individuelle, individualité en tant qu’elle représente à la fois un point de vue unique, original sur le monde et une totalité close, impénétrable aux autres consciences individuelles ou individualités », selon la définition du site de référence La langue française.
Source et lire l’intégral de l’entrevue : KLOETZLI, Sophie, « La culture du narcissisme est devenue quasi pathologique », Usbek & Rica, 23 octobre 2023.
C’est vrai, aujourd’hui, c’est le témoignage individuel émotionnel qui fait l’actualité et cela me tombe sur nerfs. La nouvelle a cédé sa place à un récit personnel dans un vaste portrait émotif du monde. « On veut vous montrer ce qui se passe sur le terrain » semble soutenir les artisans des bulletins de nouvelles. Et c’est ainsi qu’ils attirent l’attention de l’État sur du singulier et du particulier alors que ce dernier est là pour gouverner pour le plus grand nombre. J’ai l’impression que les nouvelles intimistes sont conçues et diffusées par les médias pour tester l’empathie de l’État face à « ce » citoyen, « ce » citoyen « orphelin ». Nous observons une subdivision ministérielle sur-segmentées et constante de l’État pour répondre à ces récits intimes privés auxquels la population se montre empathique (scandalisée – indignée) mais sans jamais agir par elle-même si ce n’est que de crier sur les toits. La population met ainsi en jeu la réputation et la popularité de l’État sur la base de ses réactions à ces récits-témoignages privés rendus publics par les médias.
Au sujet de la « fatigue d’être soi » :
Si la neurasthénie est la fatigue du moteur humain, la dépression est la fatigue d’être soi(3), la fatigue d’avoir à entreprendre de devenir soi-même, idéal absent dans la vie de l’individu ordinaire de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle.
____________
(3) Sur l’histoire de la dépression des années 1930 à la fin du XXe siècle, voir Alain Ehrenberg, La Fatigue d’être soi. Dépression et société, Paris, Odile Jacob, 1998.
Si « entreprendre de devenir soi-même » fatigue l’individu au point de la plonger ainsi dans le dépression, c’est soit parce qu’il exerce une grande pression sur lui-même, soit parce que la société exerce une grande pression sur lui. À vrai dire, je ne comprends pas très bien ce concept de « fatigue d’être soi-même ». Je comprendrai mieux si on y ajoutait la notion de « devoir » : « La fatigue de devoir être soi-même ». Le devoir implique à la fois la pression de l’intérieur et de l’extérieur qui inter-agissent ensemble sur l’individu.
Dans son épilogue, l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert écrit :
(…) Tout comme certains penseurs ont pu percevoir notre passion maladive pour la vie d’intérieur comme le destin logique de notre sédentarité, la cancelisation de l’autre est sans doute la suite attendue d’un long processus d’individualisation, hier libérateur, aujourd’hui aliénant. (…)
COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Épilogue, Les Éditions Arkhê, 2023, p. 135.
P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.
Et si jamais je devenais étranger à moi-même, que je ne se reconnaissais plus, que je finisse par être un autre pour moi-même, qu’adviendrait-il ? On ne peut tout de même pas imaginer une cancelisation de soi-même devenu l’autre. Bref, peut-on imploser ? Si oui, c’est à ce moment-là, à mon humble avis, que l’on tombe dans un trou sans fond, c’est-à-dire dans la dépression, ce mal du siècle.
Est-ce alors une simple conséquence de mon égocentrisme qui expliquerait que je suis trop concentré sur moi-même. Dans la dépression, je souffre du mal-être, je ne parviens plus à fonctionner, et j’ai la nostalgie de mon bien-être passé et je désespère de le retrouver. Soit mes valeurs sont mises en cause, soit mes convictions les plus profondes se réduisent en cendres. Je perds pied. Mais est-ce là la conséquence d’un ego blessé, accidenté ou de mon individualisme à outrance ?
En dépression, je l’ai vécue, je ne compense pas par un élan de consommation. Je n’accuse pas la société. Je ne m’accuse pas non plus. Je suis dans l’incapacité d’accuser. Je ne suis pas unique au monde. Je tente de mettre fin à ma chute dans ce trou sans fond par tous les moyens puis, lorsque je n’y parviens pas, je demande à un autre expert en ce domaine de me venir en aide pour remettre mes idées dans le bon sens, voire de créer de nouvelles valeurs et convictions. La cancelisation de l’autre serait désespérante, suicidaire.
On reconnaît aisément la dépression psychologique (la fatigue d’être soi-même). On ignore souvent que la dépression peut être philosophique, existentielle, une malversation de l’Être, un mal qui afflige l’esprit. Dans la dépression psychologique, ce sont les valeurs qui sont en cause. Dans la dépression philosophique, plus profonde, ce sont les convictions qui sont en jeu.
Dans son livre « Être bien dans peau », David D. Burns, M.D. soutient que l’on peut guérir de la dépression psychologique sans médicament en se concentrant sur l’identification et la correction de nos distorsions cognitives, ayant relevé ces dernières sur un grand nombre de ses patients dépressifs.
Quatrième de couverture
« Être bien dans sa peau. Ce livre nous initie aux principes de la thérapie cognitive, suivant laquelle nous apprenons qu’en changeant notre manière de penser nous pouvons modifier notre humeur.
Dans un langage clair et simple, un éminent psychiatre américain esquisse à grands traits un programme systématique de maîtrise des distorsions de la pensée qui conduisent au pessimisme, à la léthargie, au stress, à l’anxiété, à la perte du respect de soi.
Découvrez comment :
- Identifier les facteurs ayant une influence sur l’humeur;
- Réagir face à l’hostilité et la critique;
- Se débarrasser des sentiments de culpabilité;
- Surmonter la dépendance à l’égard du besoin d’approbation;
- Augmenter le respect de soi;
- Gérer le stress de la vie quotidienne et l’anxiété;
- Se sentir bien, tous les jours…
Une approche thérapeutique à la portée de tous :
La joie d’être « bien dans sa peau »
Voici la liste qu’il dresse de ces dix distorsions cognitives dressées par David D. Burns, M.D. :
Ces 10 types de distorsions cognitives sont à l’origine de plusieurs, sinon de tous vos états dépressifs. Vous les trouverez en résumé aux pages 65 et 66. Étudiez ce tableau de façon à bien posséder ces notions, elles doivent vous devenir aussi familière que votre numéro de téléphone. Consultez le tableau 3-1 aussi souvent que nécessaire au cours de votre apprentissage des diverses méthodes de modification de l’humeur. Une connaissance approfondie de ces 10 types de distorsions vous sera utile pour le restant de vos jours.
- Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
- La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
- Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
- Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
- Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
- L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
- L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
- L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
- Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
- Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
- L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
- La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.
Source : BURNS, David D., Tableau 3-1 Les distorsions cognitives, Être bien dans sa peau : traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur, Collection Vive la vie ! Les éditions Héritage inc., 1985, pp. 64-66.
J’ai lu « Être bien dans sa peau » au début des années 2000 et cette liste de distorsions cognitives m’habite donc depuis 25 ans. À ma première lecture et à ma grande surprise, j’ai dû admettre que chacune de ces dix types de distorsions cognitives affectaient mon esprit. Et elles furent LE programme que j’ai soumis à mon thérapeute pour nos prochaines rencontres.
Solitaire et sédentaire, en pleine crise existentielle, j’ai profité de la première séance avec mon thérapeute pour verbaliser mon état mental. À la fin de la rencontre, je lui ai adressé une seule question : « Qu’en pensez-vous ? » Il m’a répondu : « Vous avez un problème de rigidité. » J’ai été étonné car je n’en avais aucune conscience mais il avait raison. Je ne parvenais pas à m’adapter à la situation dans laquelle je me retrouvais en raison de ma rigidité d’esprit. En fait, je n’étais pas ouvert aux compromis que je considérais comme des polluants affectant la solidité de mes valeurs et de mes convictions, ce qui laissait percevoir ma rigidité d’esprit. Je me tenais sur mes positions et brûlait ainsi une sommes énorme d’énergie; j’éprouvais une « grande fatigue (de devoir) d’être soi ». À elle seule, l’idée de devoir me réinventer (encore une fois) me fatiguait. C’était une question de survie financière pour combler à la fois mes besoins de base, ceux de mon épouse et de nos quatre enfants. Il me fallait me former à une nouvelle carrière et à l’exercice de cette dernière pour subvenir au besoin de ma famille. Je suis devenu éditeur et j’ai créé, avec ma partenaire de toujours, mon épouse, la Fondation littéraire Fleur de Lys, la toute première maison d’édition en ligne avec impression à la demande au Québec. Et le succès de cette entreprise dépendait de la correction de chacune de mes distorsions cognitives au jour le jour.
Au départ, il s’agissait d’un projet personnel dédié à l’édition en ligne de mes propres manuscrits. Mais, quant à le faire pour moi, pourquoi ne pas le faire pour tous les auteurs, amateurs et professionnels en quête d’un éditeur en ligne. Il n’était donc plus question d’une quête égocentrée, loin du collectif et ayant le potentiel de me rendre malheureux, sujet abordé par Vincent Cocquebert dans Uniques au monde :
Comment le culte de soi a (aussi) envahi la sphère professionnelle
Aujourd’hui, on change d’amoureux comme de chemise, et de travail comme de pantalon. On cherche l’emploi qui nous correspond, le seul et l’unique, en miroir de notre “moi” forcément unique ! Une quête égocentrée, loin du collectif et qui nous rendrait malheureux ? C’est ce qu’affirme l’essayiste Vincent Cocquebert dans son nouveau livre « Uniques au monde » (ed. Arkhê, 2023).
Dans votre précédent essai « La civilisation du cocon » (Ed. Arkhê, 2021), vous mettiez la lumière sur la tendance moderne au repli sur soi. Dans ce nouveau livre, vous affirmez que nous vivons dans l’ère de « l’egocène ». Comment la définissez-vous ?
Ce que j’appelle l’egocène, c’est la période historique que nous vivons depuis une trentaine d’années. La société a beaucoup été vidée de son discours politique, collectif et fédérateur. Une des conséquences majeures, c’est que l’épanouissement de soi est devenu un des principaux buts de nos vies. Comme par appel d’air, c’est cette quête individuelle qui est devenue notre utopie collective.

Société : retrouvera-t-on un jour le goût des autres ?
Le fantasme d’une vie sur mesure et le consumérisme existentiel ne nous mèneront nulle part de bien joyeux.
Interview de Vincent Cocquebert.
Dans La Civilisation du cocon (Arkhê), le journaliste essayiste auscultait l’exigence contemporaine consistant à vouloir se lover, à tout moment et en tout lieu, dans un douillet cocon. Installé dans une posture de protection défensive au sein d’une société de plus en plus complexe perçue comme hostile, l’individu, biberonné au capitalisme et à l’ego omnipotent, se réfugie dans le fantasme d’une consommation sur mesure. Dans Uniques au monde (Arkhê), Vincent Cocquebert explique pourquoi nous tombons dans le panneau de la personnalisation à outrance et d’une consommation érigée en levier d’émancipation et mode d’expression d’un soi illusoire.
D’où nous vient cette lubie de la personnalisation à tout prix ? Qu’est-ce que la socialisation par la consommation ?
Vincent Cocquebert : L’une des promesses de la modernité est de s’extraire des communautés pour s’inventer en tant qu’individu unique au monde et devenir maître de son existence. Or, faute de prise sur le monde, et à un moment où les champs de validation narcissique que pouvait être la vie familiale, amoureuse, professionnelle sont de plus en plus chaotiques, la consommation est devenue une sphère refuge. Que devient cette proposition dans un monde où la croyance dans le progrès vacille et où demain est envisagé comme plus dur qu’aujourd’hui ? Cela ne tiendra plus longtemps, puisqu’on sait qu’il nous faudra inévitablement changer de mode de production et de consommation. Nous sommes pourtant arrivés à un tel niveau d’intégration de ces modèles de performance, de valorisation de soi et de distinction à tout prix, qu’il semble, comme le note le philosophe et essayiste slovène Slavoj Zizek, plus facile d’envisager la fin du monde que la fin du capitalisme.
Source : COROMINES, Laure, Société : retrouvera-t-on un jour le goût des autres ? L’ADN, 18 octobre 2023.
Un dernier point très important pour rendre justice au livre UNIQUES AU MONDE de VINCENT COCQUEBERT : le rôle aliénant du marketing dans le processus d’individualisation et l’avènement de cette ère égocentrée. L’auteur offre aux lecteurs un excellent historique des différentes approches adoptées en marketing afin que l’individu consommateur puisse se créer « un monde à moi, « une vie sur-mesure » et, finalement, être l’acteur principal de cette « ère de l’égocène ». Et si vous n’êtes pas familiers avec l’influence du marketing sur nos vies, la lecture de UNIQUES AU MONDE vous surprendra à coup sûr avec ses nombreux exemples.
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J’accorde 5 étoiles sur 5 à UNIQUES AU MONDE – DE L’INVENTION DE SOI À LA FIN DE L’AUTRE par l’essayiste et journaliste indépendant VINCENT COCQUEBERT paru chez Les Éditions Arkê en 2023. J’en recommande fortement la lecture.
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Articles du dossier
Article # 1 : Introduction
Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».
Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie
La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).
L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.
L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.
Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.
Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre
Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.
Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout
Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.
Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel
Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.
Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris
Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».
Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France
À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.
Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France
J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.
Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.
Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020
J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.
Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien
La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.
Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007
Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.
Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000
Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».
Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001
Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)
Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021
Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface, p. 9.
Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017
J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.
Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004
Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, « La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.
Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme
J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.
Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.
Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale
Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.
Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.
Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil
Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.
Article # 23 – Pour une philothérapie balisée
Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.
Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil
Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »
Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel
Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.
Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur
J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.
Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?
Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.
Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014
J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».
Article # 29 – Je sais parce que je connais
Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».
Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson
J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.
Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018
Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.
Article # 32 – Les émotions en philothérapie
J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.
Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois
Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer
Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation
Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.
Article # 35 – La lumière entre par les failles
Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».
Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie
Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.
Article # 37 – L’impossible pleine conscience
Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.
Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»
Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».
Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société
Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.
Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale
Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.
Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie
Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.
Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995
J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.
Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018
Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.
Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?
Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».
Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob
Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.
Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007
Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.
Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017
La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.
Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000
Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.
Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?
À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…
Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel
Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.
Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell
Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.
Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel
Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.
Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité
Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».
Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022
J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.
Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance
Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.
Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance
La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.
Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?
La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.
Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique
Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.
Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.
J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.
Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?
Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.
Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »
En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.
Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)
“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?
Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021
J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.
Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021
Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.
Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019
Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.
Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018
Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…
Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023
Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.
Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens
En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.
Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023
J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».
Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022
Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.
Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019
Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.
Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997
J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.
Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000
À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…
Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021
J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.
Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005
Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.
Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989
Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).
Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023
La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.
Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023
À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.
Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015
J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.
Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006
À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.
Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997
Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.
Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023
L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.
Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion
La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.
Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019
La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).
Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket
La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.
Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international
L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.
Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique
Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.
Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024
Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.
Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022
De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.
Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique
Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)
Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001
« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.
Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936
« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?
Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993
J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.
Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023
Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.
Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009
J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.
Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992
Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.
Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003
Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».
Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013
Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.
Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024
Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.
Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999
Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.
Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024
Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.
Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022
Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.
Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992
Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.
Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024
J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement
Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024
L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.
Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014
Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.
Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024
Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.
Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024
CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »
Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024
Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !
Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024
Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.
Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015
Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.
Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024
Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.
Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile
Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.
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