Article # 129 – L’étincelle nécessaire à l’acquisition de l’esprit critique

L’importance de l’esprit critique prend de l’ampleur en ces temps de désinformation qui laissent apparaître « La faiblesse du vrai » (Myriam Revault d’Allones, Seuil, 2018). Aujourd’hui, la situation de l’information sur les réseaux sociaux nous plonge dans une crise réelle de désinformation. Hier, dans les années 1960-1970-1980, nous parlions de la nécessité de développer l’esprit critique de la population face aux médias traditionnels (journaux, radio, télévision). Il s’agissait alors de mettre en branle une toute nouvelle discipline, l’éducation aux médias, à laquelle nous ajoutons aujourd’hui « et à l’information ».

Qu’est-ce que l’éducation aux médias?

L’éducation aux médias est le processus par lequel les personnes acquièrent des compétences médiatiques, c’est-à-dire qu’elles sont capables de comprendre de manière critique la nature, les techniques et les impacts des messages et des productions médiatiques. Selon Sonia Livingstone, spécialiste de la littératie aux médias numériques, « plus les médias imprègnent tout dans la société, notamment le travail, l’éducation, l’information, la participation civique et les relations sociales, plus il est essentiel que les gens soient informés et capables de juger de manière critique le contenu qui est utile ou trompeur, de comprendre comment les médias sont réglementés, qui sont les médias dignes de confiance, et quels intérêts commerciaux ou politiques sont en jeu. Bref, l’éducation aux médias est nécessaire non seulement pour interagir avec les médias, mais aussi pour interagir avec la société par le biais de médias[1]. »

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[1] Livingstone, S. (2018). « Media literacy – everyone’s favourite solution to the problems of regulation ». Media @ LSE. Consulté à l’adresse : https://blogs.lse.ac.uk/medialse/2018/05/08/media-literacy-everyones-favourite-solution-to-the-problems-of-regulation/. [traduction]

Source : Qu’est-ce que l’éducation aux médias? HabiloMédias.

Par exemple, le journal Le Monde s’implique dans l’éducation aux médias en publiant en 1979 un guide sous le titre « Lire le journal – Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques » signé par deux de ses journalistes, Yves Agnès et Jean-Michel Croissandeau.

La même année, toujours en France, un programme interministériel voit le jour sous le nom « Jeunes Téléspectateur actif » (JTA). Le terme « Actif » s’oppose ici à « Passif »; on s’interroge sur l’influence de la télévision sur les jeunes compte tenu de leur passivité face à ce média. La psychologue Évelyne Pierre sera l’une des principales observatrices des impacts de ce programme.

DEUX EXPÉRIENCES SCOLAIRES DE FORMATION À L’AUDIOVISUEL : ICAV ET JTA

Brigitte Chapelain, Université Paris XIII

Parmi les expériences d’intégration de l’audiovisuel à l’école, deux expérimentations, très différentes, l’Icav (Initiation à la culture audiovisuelle), démarrée en 1966, et le programme JTA (Jeune Téléspectateur Actif), lancé après 1975, sont à la fois les plus symboliques et les plus abouties. Elles reflètent le désir d’une interaction entre les pratiques pédagogiques, la formation et la recherche, et elles témoignent d’une effervescence pionnière tentant d’utiliser un appareil théorique issu des Sciences de l’information et de la communication.

A priori, ces deux expérimentations présentent de nombreux points communs : des organisations pensées et structurées en termes de formation et d’objectifs éducatifs ; des programmes, ou tout au moins des outils et des dispositifs pédagogiques mis à la disposition des enseignants ; une évaluation scientifique et institutionnelle pour s’interroger sur une éventuelle généralisation. Par ailleurs, ces deux formes d’intégration de la communication audiovisuelle dans l’éducation secondaire n’ont pas été expérimentées au niveau national, mais laissées à la responsabilité des instances régionales.

Leurs différences s’expliquent par un décalage de dix ans durant lequel ont évolué les Sciences de l’information et de la communication, ainsi que les théories de l’apprentissage, la pratique sociale des médias et la gestion institutionnelle de l’innovation.

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Source : Chapelain, B. (2007) . Deux expériences scolaires de formation à l’audiovisuel : Icav et Jta. Hermès, La Revue, n° 48(2), 53-60. https://doi.org/10.4267/2042/24098.

À l’époque (1960-1980), certains médias hésitent à s’impliquer, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique, au Québec, parce qu’ils perçoivent l’éducation aux médias comme ayant pour but de critiquer leur travail et ses résultats, c’est-à-dire les informations qu’ils offrent à la population. Mais là n’est pas le but de l’éducation aux médias. Il faut bien lire le sous-titre du livre « Lire le journal » :

« Pour comprendre et expliquer les mécanismes de la presse écrite avec 110 fiches pratiques »

Il s’agit alors de « comprendre et expliquer » le fonctionnement des médias d’information en vue de permettre aux utilisateurs de formuler une critique sur des bases solides. Par exemple, on s’attend à ce que le lecteur ne se limite plus à une simple affirmation : « Je n’aime pas cet article ». Mais qu’il puisse proposer une analyse plus fine : « Je n’aime pas le chapeau et le titre de cet article mais le contenu est intéressant même si je n’en partage pas la conclusion (la chute) ». Autre exemple, le jugement « Je n’aime pas cette émission de télévision », on espère une argumentation mieux informer : « Je n’aime pas le scénario ou la réalisation, ou encore l’animation, de cette émission ». Il s’agit simplement de savoir de quoi l’on parle, d’où l’intérêt pour le fonctionnement des médias, leurs mécanismes, de la cueillette de l’information à son traitement en passant par la vérification.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’objectif de l’éducation aux médias : développer de l’esprit critique des consommateurs de média plutôt que d’apprendre à formuler des opinions éditoriales.

On se souviendra du temps où nous disions « Si c’est dans le journal, c’est que c’est vrai ». La confiance envers les médias était quasi inébranlable. On ne voyait l’utilité de douter du contenu des médias. Nous pouvions être en accord ou en désaccord avec une prise de position éditoriale mais nous n’avions pas la connaissance et l’expertise pour remettre en question l’information elle-même, dite objective, même si notre réaction demeurait subjective.


Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


L’éducation aux médias des années 1960-1980 fut donc la première étape de l’introduction officielle de la formation de l’esprit critique des élèves dans les programmes scolaires avec effets sur la population en générale.

L'esprit critique consistait alors à savoir de quoi on parle.

La démarche pédagogique se voulait à la fois théorique et pratique. Par exemple, après la théorie sur le fonctionnement de la télévision, on demandait aux jeunes de concocter eux-mêmes un bulletin d’information télévisé.

Dans les années 1980, ma partenaire et moi, fondateurs du Club d’Initiation aux médias, le tout premier organisme québécois d’éducation aux médias, nous sommes allés un peu plus loin dans notre expérimentation du programme Jeune Téléspectateur Actif. L’atelier au cours duquel les jeunes enregistraient leur bulletin de nouvelle télévisée se déroula en présence de journalistes des grands médias de la Capitale nationale (Québec, Québec). L’atelier pris fin avec une conférence de presse des jeunes interrogés par les journalistes présents. Nous nous attendions à une couverture de presse des principaux médias invités et ce fut le cas. Ainsi, l’atelier suivant, le lendemain, permis aux élèves de constater le traitement de l’information par ces médias, c’est-à-dire qu’est-ce qui avait été mis de l’avant par les journalistes, comment et avec quelle ampleur.

Le quotidien le plus populaire de la région titra sa première page, la une, avec une citation tirée de la réponse d’un élève à la question d’un journaliste : « S’il n’y avait plus de télé, je me suiciderais ». D’autres médias offrirent un traitement tout aussi surprenant.

Vous pouvez imaginer facilement les réactions des élèves face à ce traitement de leurs réponses aux questions des journalistes. Et cette fois, l’esprit critique faisait une place au doute, à un doute sur la pertinence du rapport médiatique de leur expérience. L’esprit critique de ces élèves devint, non plus une simple théorie appliquée à une expérience pratique, mais une étincelle qui alluma un feu en leur conscience. Le traitement journaliste fut pour les uns un trauma et pour les autres une révélation qui changea leur appréciation des médias d’information.


Quand l'esprit critique naît d'une étincelle révélatrice ou traumatique, il éclaire à jamais la conscience.

La question de la désinformation sur le web, notamment sur les réseaux sociaux, propulse à nouveau la nécessité de l’esprit critique à l’avant de la scène au sein de nos institutions d’enseignement et tout comme au sein de la population.

Mais tant et aussi longtemps que l’esprit critique demeure une théorie, il est intellectualisé davantage que pratiqué. Et si les exercices pratiques proposés pour l’acquérir et le développer donnent en exemple les efforts intellectuels à déployer, il ne servent alors qu’à donner raison à la théorie. Dans ce cercle, l’esprit critique devient un sujet de plus en plus populaire sans pour autant l’expliciter.

Esprit critique

Détrompez-vous !

1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ?

 Il faut faire preuve d’esprit critique.  Cette expression, entendue dans des contextes variés, sonne souvent comme une évidence. La sensibilisation à l’esprit critique, spécifiquement dans le monde de l’éducation, est un enjeu majeur face à une surabondance d’informations erronées. Toutefois, la notion d’esprit critique est rarement explicitée. Quelle définition pourrait en être donnée ?

Esprit critique, 1 – Esprit critique, de quoi s’agit-il ? Universcience, Palais des découverte.

Esprit critique et esprit scientifique

J’apprécie le rapprochement entre « esprit critique » et « esprit scientifique » dans les offres pédagogiques, l’un n’allant pas sans l’autre.

Les principes du projet « Esprit scientifique, Esprit critique »

Ce projet thématique propose aux élèves ainsi qu’à leurs enseignants de découvrir les outils propres à développer notre esprit critique, en s’appuyant sur l’enseignement de la méthode scientifique. Son objectif est d’aider l’élève à les mobiliser de manière pertinente dans différentes situations, et notamment dans leur vie quotidienne.

Pour favoriser l’apprentissage de ces outils, deux stratégies pédagogiques doivent être mobilisées : premièrement, l’enseignant doit se montrer explicite quant à l’outil utilisé ; deuxièmement, il doit multiplier les situations où l’outil est nécessaire.

Nous avons choisi de produire des ressources pluridisciplinaires, qui s’ancrent sur toutes les sciences et même d’autres disciplines (mathématiques, histoire et géographie, français, éducation aux médias et à l’information). Nous pensons que la pluridisciplinarité crée le cadre pour mettre en place ces deux stratégies. En multipliant les exemples et en diversifiant les situations où un même outil se révèle pertinent, on donne à l’élève les moyens de s’affranchir du contexte d’apprentissage et de transférer le savoir-faire acquis.

Enseigner l’esprit critique fondé sur l’esprit scientifique exige de comprendre soi-même les enjeux qui sous-tendent ce défi. Les pages qui suivent se proposent de fournir une base de réflexion. On portera l’attention sur les capacités et attitudes qui nous guident dans la recherche et collecte d’informations, les obstacles et les solutions « expertes » que la science a su développer au cours du temps. Révéler les obstacles est indispensable pour aller à l’encontre de ceux-ci et apprendre à se construire des connaissances plus solides et fiables.

Esprit scientifique, Esprit critique – Cycle 3, Projets, Fondation La main à la pâte.


Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives.

On peut faire preuve d’esprit scientifique dans une variété de domaines et de disciplines. Au cours de ce séminaire, nous avons donc proposé des activités et des pistes de réflexion qui, tout en s’inspirant des méthodes de la science, concernent en réalité toutes les disciplines.

L’éducation à l’esprit critique, telle qu’elle a été abordée, n’est pas une « écoute du doute » ou de la méfiance. Elle poursuit au contraire un objectif pluridisciplinaire d’outillage du raisonnement de l’élève. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Séminaire national « Esprit scientifique, esprit critique » – cycles 2, 3 et 4, éduscol | Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche | Dgesco


De l’art de conjuguer esprit critique et démarche scientifique

En science, il ne suffit pas de posséder un savoir encyclopédique pour donner une lecture interprétative d’un monde en progrès. Il faut aussi savoir conjuguer la démarche scientifique et l’esprit critique.

The conversation, Academic Journalism Society


Esprit scientifique, esprit critique

Rapprocher esprit critique et esprit scientifique permet en outre de prendre conscience de la manière avec laquelle la science parvient à construire des connaissances solides et fiables, en comparaison avec nos opinions courantes et intuitives. Ceci est fondamental pour bâtir une confiance raisonnée en la science, et pour outiller le citoyen de demain face aux choix qu’il devra prendre.

Eduscol. (2018, 26 mars). Esprit scientifique, esprit critique – Intervention d’Élena Pasquinelli , in Esprit scientifique, esprit critique. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/q957-cd56. (Consultée le 10 février 2025)

VOIR AUSSI

Pasquinelli, E., Farina, M., Bedel, A. & Casati, R. (2020). Définir et éduquer l’esprit critique [Rapport]. Institut Jean-Nicod. (PDF)

Pasquinelli, E., Bronner, G. et al. (2021). Éduquer à l’esprit critique – Bases théoriques et indications pratiques pour l’enseignement et la formation [Rapport]. CSEN. (PDF)

Ainsi, l’esprit scientifique est le meilleur moyen d’acquérir un esprit critique. La définition de l’esprit scientifique impose la « méthode scientifique ». Et ici encore, l’enseignement de la méthode scientifique ne suffit pas pour acquérir un esprit scientifique; il faut la vivre en conscience.

Mais sans conscience de la conscience rien ne peut y pénétrer volontairement. Et cette conscience de la conscience, une conscience de soi, demande un certain recul face à soi-même, une prise de conscience de soi pouvant mener à une prise de conscience du « Comment je connais » Nous revenons donc à la base de la philosophie de Socrate : « Connais-toi toi-même ». L’esprit critique s’inscrit donc d’abord et avant tout dans la connaissance de soi, y compris de ses propres “mécanismes” de pensée.

La majorité du temps, on se contente de penser sans penser à comment on pense avec le regard sur le résultat, la pensée exprimée. Les pensées nous viennent sans que l’on sache le « où-quand-comment-et-pourquoi » de chacune. Certes, nous trouverons toujours une justification, au besoin, mais ce n’est pas une préoccupation a priori.

Être une révélation pour soi-même

Découvrir comment je connais peut être très révélateur de soi à soi. Pour y parvenir, il faut ne pas prendre pour vrai ce que je pense uniquement parce que je le pense. Autrement dit, si nous fondons notre valeur sur la valeur que nous accordons à nos pensées, il nous sera difficile de remettre en cause nos pensées, plus particulièrement, nos opinions. Nous nous imposons inconsciemment d’avoir raison, d’être dans le vrai, pour respecter notre valeur. Dans ce cas, nous sommes emprisonnés en notre esprit sans faille, sans aucune entrée de lumière. Bref, nous visions alors dans un système sans faille, dans le noir. Car la lumière ne pourra entrer en notre esprit qu’avec une faille. Et sans cette lumière sur nous, il est impossible de nous connaître.

Si nous visons depuis longtemps dans un système sans faille, dans le noir, la moindre petite faille qui laissera entrer un peu de lumière nous aveuglera. La réaction est alors de vite colmater cette faille en trouvant le moyen de se donner raison, de garder raison.

Or, notre valeur ne provient pas de la valeur que nous attribuons à nos pensées mais du fait que nous possédons la faculté de penser. « La “machine” avant le résultat » ou « Sans la “machine”, pas de résultat ». Ce que je pense a moins d’importance que le fait même que je pense car… « Je pense, donc je suis ». Il n’est pas dit « Je pense ceci ou cela, donc je suis ». « La valeur d’une maison ne repose pas sur l’ameublement qu’elle contient mais d’abord et avant tout sur le fait même qu’elle existe et qu’elle puisse remplir sa fonction. »

Vivre dans un esprit sans faille, un esprit qui a toujours raison, c'est se priver de lumière, c'est vivre dans le noir.

Le rôle de la faculté de penser n’est pas de nous donner raison. Il n’est pas d’esprit critique si tout ce qui importe est d’avoir raison. Notre valeur tient donc dans notre capacité à penser et non dans les pensées qui en résultent.

Une grande partie de notre esprit critique prend ses sources dans notre capacité à penser et dans notre pouvoir d’analyse pour prendre les bonnes décisions et les actions pour vivre mieux.

Gilles Julien, pédiatre social, Avons-nous encore le droit et la possibilité de penser?, Libre opinion, Le Devoir, 10 octobre 2023.

La prise de conscience de la valeur intrinsèque de notre faculté de penser permet à cette dernière de s’interroger sur elle-même, de se demander pourquoi je pense, comment je pense, comment je peux être bénéfique à celui ou celle qui me pense, bref comment je peux penser mieux, penser juste. La faculté de penser demande, à l’instar de toute autre faculté, à être formée. Ainsi, la connaissance d’elle-même et les qualités acquises par la faculté de penser donnent aux pensées toute leur valeur.

Une faculté de pensée molle donnera des pensées molles. Une faculté de penser qui pense de travers donnera des pensées de travers. Une faculté de penser sous l’influence de biais cognitifs donnera des pensées biaisées. Imaginez une faculté de penser au prise avec les biais cognitifs ci-dessous.


Liste de biais cognitifs

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul
et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    • L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    • L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


À elle seule, cette liste a été une autre grande révélation pour moi en ma conscience. Je pouvais cocher chacun des dix biais cognitifs de la liste proposée par le docteur David D. Burns dans son livre « Être bien dans peau — Traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur ». Cette liste a raisonné en ma conscience parce que j’étais ouvert à toutes les remises en question possible depuis mon adolescence. J’avais entendu à la radio :

« La lumière entre par les failles. Ceux qui vivent dans un système sans faille demeure dans le noir. »

Si cela ne m’a pas empêché d’être une victime inconsciente de biais cognitifs, c’est que je pensais, toujours à mon adolescence, qu’être un adulte donnait le pouvoir de se donner raison sur les autres. C’est du moins l’image que me renvoyait mes adultes de mon entourage. Ils avaient raison et ils parlaient avec une telle force de conviction qu’il valait mieux les observer plutôt que de tenter d’intervenir. Je savais que j’avais tort avant même d’ouvrir la bouche avec ces adultes, sans doute en raison de ma jeunesse et de mon manque d’expérience.

« Tu atteins toujours tes objectifs
mais il faut bâtir un cimetière après ton passage
»

Cette attitude des adultes de mon entourage a eu un effet inattendu sur moi : j’ai cru qu’il s’agissait là de la seule et unique façon de d’exploiter ma faculté de penser et de vivre mes relations interpersonnels. En fait, j’avais la ferme conviction que tout le monde vivait ainsi, sauf ma mère. Il n’y avait qu’un seul modèle à suivre, celui du fonceur pur et dur. À l’époque, une institution financière au premier rang au Québec, avait lancé une campagne publicitaire auprès des jeunes sous le thème « Foncer, c’est permis » qui me rassura davantage.

Mais n’allez pas vous imaginer que j’avais conscience d’être un fonceur. Je fonçais sans me questionner. Je commettais une erreur, je me relevais et je fonçais de nouveau, toujours sans me questionner.

Au début de la trentaine, j’ai fait quelque chose qui ne se fait pas : j’ai critiqué la présidence de l’organisme qui retenait mes services en m’adressant directement les autres membres du conseil d’administration. Cette remise en question la présidence a entraîné la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration, non pas décidé de ma critique du président, mais plutôt pour décider s’il fallait ou non me congédier.

La décision de me garder en poste fut prise et c’est le président en personne qui avait la mission de me l’annoncer lors d’une rencontre privée en tête-à-tête le lendemain. J’ai été sérieusement sermonné et avec raison par le président. Il me confirma la pertinence de ma critique de sa présidence mais il désapprouvait vivement ma démarche. Je retiens de cette rencontre l’une de ses observations sur ma conduite : « Tu atteins toujours tes objectifs mais il faut bâtir un cimetière après ton passage ». Il me soulignait le peu d’attention que j’accordais aux personnes sur le chemin de mon objectif. Ma conscience a gravé cette phrase en ma mémoire pour toujours. On m’avait déjà dit dans le passé qu’ « on ne se taillait pas une place dans la vie en marchant sur la tête des autres » mais, cette fois, c’était plus grave. Il y avait des “morts”. La lutte mon changer mon comportement ne fut pas aisé en raison de mon penchant naturel de fonceur, ce dernier demeurant en place malgré mes efforts. « Chasser le naturel et il revient au galop ».

« J’ai l’impression d’être passé sous un train »

À la mi-trentaine, c’était inévitable, le fonceur naturel frappa un autre mur. Un événement inédit dans la conduite de mes affaires à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing me fit perdre pied. J’ai été battu sur un appel d’offres pour la première fois de ma vie professionnelle.

J’ai décrit la situation à une psychologue enseignante en entrepreneuriat en ces mots : « J’ai l’impression d’être passé sous un train », ce qui venait de me faire perdre tous mes moyens et l’événement leva un sérieux doute sur mes capacités entrepreneuriales. J’étais profondément traumatisé. La confidence à cette psychologue enseignante suivait le tout premier cours du cursus d’une formation à l’entrepreneuriat dont le titre me surprenait : « Connaissance de soi ». Par association incongrue, je me demandais ce que Socrate venait faire dans cette formation de futurs entrepreneurs mais j’ai compris. Si on enseigne qu’il faut bien connaître ses fournisseurs et ses clients, il faut d’abord et avant tout bien se connaître soi-même.

Et en abordant la question des « Styles interpersonnels » de ce premier cours, je me reconnaissais puisque mon style « Fonceur » s’inscrivait dans la liste. Mon étonnement fut de constater qu’il y avait une liste, que plus d’un style interpersonnel existait. Je percevais tout le monde comme des fonceurs et, qui plus est, dans une cohorte composée uniquement de futurs entrepreneurs. Ensemble, nous devions déterminer le style interpersonnel de chaque participant. Le groupe questionnait chaque participait à tour de rôle et, selon ses réactions et son comportement, nous devions nous prononcer sur son style interpersonnel. Mon tour venu, les autres participants me bombardèrent de questions auxquelles je répondais plus instantanément, il me fallait un temps de réflexion, moi qui, auparavant, avait réponse à tout tout le temps. Ce temps de réflexion quasi-automatique m’étonnait grandement. Ce n’était pas dans mes habitudes de fonceur et mes collègues de classe ne m’attribuèrent pas ce style, ce qui m’étonna davantage. C’étaient-ils tous trompé ?

Le cours terminé, j’ai discuté en privé avec la psychologue pour lui demander : « Est-ce qu’il advient que l’on puisse changer de style interpersonnel ? » « Oui, cela est possible, surtout à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme ». « C’est sans doute ce qui m’arrive puisque j’ai l’impression d’être passé sous un train récemment en perdant un appel d’offres pour la première fois de ma vie » ai-je précisé.

Je suis rentré chez moi avec les Notes du cours « Connaissance de soi » remises par la psychologue enseignante en les considérant comme un trésor, une découverte qui changea à jamais ma vie.

Et ce, d’autant plus que ces notes de cours comprenaient des instructions précises à suivre pour adopter la bonne approche avec chacun des quatre styles interpersonnels et dont je fis l’expérience sur le terrain avec beaucoup de succès au cours des années suivantes, encore et toujours avec un étonnement soutenu. Les professeurs suivants des autres cours avaient insisté sur le fait que les statistiques veulent que des 100% des efforts déployés pour recruter un nouveau client, seuls 20% porteraient des fruits. Je vivais, avec cette histoire des styles interpersonnels, tout le contraire en obtenant 80% de succès dans mon recrutement de nouveaux clients. Je n’en revenais pas. Je n’étais connu ni d’Ève ni d’Adam dans mon nouveau domaine d’expertise, et 80% des gens d’affaire sollicités devenaient mes clients. Le succès fut tel que ma partenaire et moi, avons du ralentir le recrutement de nouveaux clients de peut de ne pas être capables de répondre à la demande.

Je suivais les instructions quasi-aveuglément car je ne comprenais pas vraiment comment ça marchait cette affaire des styles interpersonnels. Mais, devenu Analytique et ayant désormais besoin du maximum d’information, j’ai creusé l’affaire.

Une autre surprise de taille : l’esprit scientifique

En parallèle, une autre surprise m’attendais pendant mon auto-apprentissage à mon nouveau domaine d’action : les études de motivation d’achat des consommateurs, une forme de recherche prédictive du succès ou de l’échec d’un nouveau produit ou la relance d’un produit existant.

Une surprise de taille : l’esprit scientifique ! Je dévorais chaque page de chacun des quinze livres signés par le pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs et dans lesquels il offrait des rapports détaillés des succès de ses clients. La particularité des ces études de marché : elles se fondaient sur la science, la science dure. Ce chercheur apportait à la recherche marketing toute la scientificité dont elle avait cruellement besoin.

Il avait trouvé une erreur fondamentale dans le choix original de l’objet d’étude des recherches en marketing. Jusque-là, le marketing, cherchant à devenir une discipline à part entière au sein des universités et ainsi s’émanciper des cours en management et direction des affaires, plaidait sa cause en soutenant que son objet d’étude était les consommateurs. Dans le contexte de l’arborescence des disciplines universitaires, le marketing se retrouvait ainsi classé, en raison de son objet d’étude, parmi les sciences humaines ou, pour le dire plus simplement, dans la famille des sciences inexactes par opposition à celle des sciences exactes, tel que la physique. Depuis, la recherche marketing se fonde essentiellement sur les sondages auprès des consommateurs et les groupes de discussion (focus group). Le résultat est clair : seulement un nouveau produit sur dix rencontre le succès de vente espéré, soit un taux d’échec de 90%. Et lorsqu’il y a un succès, ne ne peut pas le répéter à volonté puisqu’on ne connaît les clés du succès. En publicité, ont dit que 50% des publicités atteignent leurs objectifs mais on ne sait pas pourquoi à coup sûr.

Ceci dit, où est donc l’erreur fondamentale de la recherche marketing trouvée par le chercheur américain : dans le choix de l’objet de la recherche. Le bon objet de la recherche, c’est le produit lui-même. Et puisqu’il s’agit d’un objet physique, on peut parler d’une science exacte, à l’instar de la physique. Il ne s’agit plus de sondages et de groupes de discussion mais plutôt de tester des produits et puisque tester est un processus scientifique, il faut l’appliquer à la recherche marketing. C’est simple : le produit plutôt que les consommateurs comme objet d’étude. Le marketing devient une science exacte. Tant mieux si vous pouvez le croire car près de 99% des gens de marketing refuse d’y croire, par manque d’esprit scientifique – d’esprit critique. Et il en va de même au sein des universités.

Je fais rapport de mon expérimentation de cette approche scientifique de la recherche marketing auprès d’entreprises québécoises dans mon livre « Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendrez jamais à l’université » offert gratuitement en format numérique (PFD). Et ça fonctionne très bien à chaque fois grâce aux tests réalisés méticuleusement dans le respect du processus scientifique. De vendeur d’idée à titre de consultant indépendant en publicité et en marketing je suis devenu « testeur » des propositions des autres. Mes opinions n’avaient plus autant d’importance que les tests auxquels soumettre les propositions de nouveaux produits.

Le chercheur américain a éveillé ma conscience à la méthode scientifique en s’y référant à de nombreuses reprises dans ses écrits et les résultats de mes expérimentations avec différentes entreprises confirmèrent sa scientificité. De là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que je me penche sur la « connaissance et de la connaissance », sur le “comment” la science produit du savoir, sur l’importance du doute… « La connaissance scientifique se bâtit sur la destruction du déjà-su, rien n’est jamais acquis définitivement » ai-je découvert. Il n’est donc plus important désormais de se donner raison, pas plus que de chercher à avoir raison. La méthode scientifique est une lutte constante contre nos opinions.

J’aime bien la définition de la science donnée par l’historien philosophe des sciences et professeur de chimie et de physique, Gaston Bachelard, dont le livre La Formation de l’esprit scien­tifique(7) fait autorité en la matière. « Il définit la science comme un combat, un refus de ses propres opinions »(8), pour moi, un refus de ce qu’on prend d’emblée pour vrai, puisqu’une opinion est par définition prise pour vraie.

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NOTES

  1. Bachelard, Gaston, La formation de l’esprit scientifique, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 1938, Seizième édition, 1999. (Disponible en livre de poche).
  2. Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107.

Le professeur Jean-Marie Nicolle, dans son livre « Histoire des méthodes scientifiques » formule en ces mots la démarche :

« La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal ».

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

N’y a-t-il pas là un nouvel élément ? Qu’est-ce que vous inspire : « par destruction du déjà su » et « contre une connais­­sance antérieure » ? La réponse doit préciser qu’est-ce qui peut détruire le déjà su. Seul un doute au sujet d’une connaissance déjà établie (pour vrai) peut détrôner cette dernière. Si je ne doute pas de la connaissance établie, il n’est aucune raison de croire que je sais mal. Si je doute d’une connaissance établie, mon doute détruit cette connaissance et c’est sur ces ruines que s’installera une nouvelle connaissance, plus certaine, jusqu’à ce qu’un doute vienne la détruire à son tour, pour une connaissance encore plus certaine. Lorsque je crois en une connaissance, j’accepte l’éventualité de devoir l’abandonner si un doute survient. Le bénéfice du doute, c’est la certitude… jusqu’au prochain doute !

Mais notre habitude de prendre pour vraies les évidences se pose comme un obstacle au doute assurant le développement de la connaissance. Gaston Bachelard introduit la notion d’« obstacles épistémologiques », de épistémè, savoir.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir
un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

“1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L‘obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en famille. (…)

5. L‘obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique.

Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (sub-stans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L‘obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction.”

Source : Jean-Marie Nicolle, Histoire des méthodes scientifiques – Du Théorème De Thalès à La Fécondation In Vitro, Bréal, Rosny, France, 1994, pp. 108-114. En référence à : La Formation de l’Esprit Scientifique, Gaston Bachelard, 1934.

P.S.: Voir notre article au sujet du livre «Histoire illustrée des méthodes scientifiques » de Jean-Marie Nicolle (2024).

Ma lecture de ces deux ouvrages (Histoire des méthodes scientifiques et La formation de l’esprit scientifique) entretient ma curiosité d’un étonnement à l’autre. Elle m’incite à faire le ménage dans le « comment » je connais. Elle déplace mes opinions sur mon échelle hiérarchique au profit de la connaissance acquise dans le respect des méthodes scientifiques. « Je me trompe souvent mais mes recherches ne se trompent jamais » écrira le chercheur américain pionnier des études de motivation d’achat des consommateurs, fort de sa méthode scientifique.

Ensuite, j’ai suivi le cours en ligne « Science, éthique et société » donné par Olivier Clain, professeur de sociologie à l’Université de Laval (Québec, Québec). Selon Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées ». (Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval). Le cours Science, éthique et société est disponible en ligne en libre accès sur Canal U.

Je garde en mémoire ma découverte du terme « obstacles épistémologiques » introduite par Gaston Bachelard. Jean-Marie Nicolle en parle en ces mots :

« La nouveauté de sa réflexion tient à la découverte des obstacles épistémologiques. Ce ne sont pas des obstacles extérieurs, comme la difficulté d’observer les phénomènes, de les mesurer, d’expérimenter sur eux; ni des obstacles techni­ques liées à la mise au point d’instruments au service de la science; ce sont des phénomènes internes à l’esprit même du chercheur. G. Bachelard a emprunté à la psychanalyse le concept de résistance. Une résistance est tout ce qui, dans les actions et les paroles d’un patient, s’oppose à l’exploration, par celui-ci, de son inconscient (ex. : fatigue, oublis, refus d’une interprétation, impatience, etc.)

L’obstacle épistémologique est une résistance au déve­loppement de la connaissance, interne à l’acte de connaître. C’est dans l’esprit du chercheur, dans sa démarche intellectuelle elle-même que l’on trouve des barrières, des obstacles au progrès de la connaissance. Ces obstacles sont bien entendu involontaires. »

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

Et me voilà plongé dans une nouvelle étude, l’épistémologie :

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Source : Épistémologie, Dictionnaires Le Robert.

Gaston Bachelard nous propose ces quatre exercices disciplinaires pour conduire notre intelligence avec rigueur(13) :

1. La catharsis intellectuelle : toute culture scientifique doit commencer (…) par une catharsis intellectuelle et affective, c’est-à-dire par une véritable purification des préjugés, des idées toutes faites, des opinions admises. C’est une condition préalable pour qui veut vraiment entreprendre une recherche intellectuelle. Bachelard reprend ici la tradition philosophique, qui, depuis Socrate en passant par Descartes, exige la rupture avec la doxa (l’opinion) pour penser librement par soi-même.

2. La réforme de l’esprit : il faut éduquer convenablement son esprit, c’est-à-dire non pas le remplir de connaissances jusqu’à saturation, mais le former avec méthode. Plus précisément, il faut apprendre à son esprit à se réformer sans cesse, à ne jamais s’installer dans des habitudes intellectuelles qui deviennent vite des carcans; il doit être capable de renoncer à une théorie à laquelle il était attaché, il doit être capable de refondre totalement le système de son savoir chaque fois que c’est nécessaire. Il faut avoir un esprit souple

3. Le refus de l’argument d’autorité : comme nous l’ont appris les savants de la Renaissance, il faut savoir rompre avec le respect pour les autorités intellectuelles, quel que soit leur prestige. Un épistémologue irrévérencieux disait, il y a quelque vingt ans, que les grands hommes sont utiles à la science dans la première moitié de leur vie, nuisibles dans la seconde moitié. Effectivement, dès qu’un chercheur devient célèbre, il acquiert une autorité intellectuelle et morale qui peut gêner ses étudiants. Pour progresser, ceux-ci doivent souvent rompre avec les idées de leur maître, ce qui n’est pas toujours facile lorsque celui-ci détient le pouvoir d’orienter les travaux de recherche, les thèses, les carrières, etc. À ceux qui veulent apprendre, c’est souvent une gêne que l’autorité de ceux qui leur donnent leur enseignement, écrivait Cicéron.(14)

4. L’inquiétude de la raison : il ne faut jamais laisser sa raison en repos (quies); il faut l’inquiéter, la déranger. Il ne faut pas s’installer dans la sympathie avec une doctrine. La sympathie enlève l’esprit critique, la liberté de jugement. Il ne faut jamais se sentir à l’aise avec ses propres idées, il faut se remettre toujours en question. Celui qui ne s’interroge plus se sclérose. L’esprit qui finit toujours par dire oui s’endort. Penser, c’est dire non, pensait Alain. »(15)

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NOTES

(13) Tel que rapporté par : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

(14) Homme politique et orateur latin, 106 – 43 av. J.-C. Le Petit Larousse Illustré.

(15) Gaston Bachelard fait référence à Émile Chartier, dit Alain, « essayiste français » (1868 – 1951). Le Petit Larousse Illustré.

Source : Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, pp. 115-116.

La rupture avec l’opinion revient très souvent à une rupture avec ce que l’on admet pour vrai parce que nous prenons pour vrai nos opinions, elles est notre vérité.

« Lorsque quiconque avance une affirmation qu’il prétend être une vérité, lorsqu’il veut la faire reconnaître et partager comme telle (comme une vérité), on est toujours en droit de lui demander « pourquoi devrais-je vous croire? ». Selon les domaines et les circonstances, les réponses peuvent être très diverses : on peut invoquer l’expérience quotidienne, la pratique, un témoignage, l’autorité de quelqu’un de reconnu comme compétent, la tradition, une révélation, l’intime conviction, l’intuition, le raisonnement, le sentiment d’évidence, et encore bien d’autres raisons de croire. »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, pp. 21-22.

La science procède autrement :

« Les affirmations scientifiques, elles, devraient en principe appuyer leur validité sur des arguments à la fois empiriques, rationnels, et publics. À la question ci-dessus, le scientifique devrait pouvoir répondre : « voilà l’expérience ou l’observation que j’ai réalisée et les raisonnements que j’ai faits pour en tirer mes conclusions. Vous pouvez les refaire, je vous donne toutes les indications nécessaires pour cela, vous verrez que vous aboutirez au même point que moi ». »

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 22.

Quelle différence remarquez-vous? Lorsqu’un scientifique avance une affirmation qu’il prétend être vraie, il doit la soumettre à l’approbation publique. Dans notre vie privée, nous nous contentons souvent de nous approuver nous-mêmes. Nous jugeons nous-mêmes si nous pouvons être certains ou non, par conséquent, notre capacité à reconnaître nos erreurs est réduite uniquement à notre propre expérience.

Le scientifique ne saurait se contenter d’une preuve personnelle, il la soumettra aux d’autres :

« Une preuve scientifique doit pouvoir s’imposer à toute personne suffisamment informée; obtenir le consensus est donc une visée de tout effort de recherche. La connaissance scientifique est, par sa nature même, partageable. (Un chimiste anglais, Ziman (1968), a forgé pour cela l’adjectif  “consensible”, c’est-à-dire susceptible d’être l’objet d’un consensus, pour exprimer la même idée ».

Matalon, Benjamin, La construction de la science – De l’épistémologie à la sociologie de la connaissance scientifique, Delachaux et Niestlé S.A., Lausane (Switzerland) – Paris, 1996, p. 23.

Dans ce contexte, je prends conscience qu’il vaut mieux valoriser la connaissance “consensible”, « susceptible d’être l’objet d’un consensus ». Mais attention, en dehors de la sphère scientifique, il y a des consensus que je qualifie de « créatifs », c’est-à-dire inventés et sans preuve suffisante mais auxquels le grand nombre d’adhésions donnent l’impression d’un consensus.

Les quatre « P » du marketing soumis au doute scientifique

J’ai creusé la question du consensus dans ma sphère d’activité, soit autours des quatre piliers ou quatre « P » du marketing (Produit, Prix, Place, Promotion) (Price, place, product, promotion). L’étudiant universitaire en marketing les découvrira dans le manuel choisie par son professeur. Il abordera la question des quatre « P » du marketing comme faisant consensus au sein de sa discipline. À prime abord, il n’a aucune raison de remettre en question les quatre « P ».

La logique impose ainsi que l’on prennent d’abord soin du produit, que l’on en fixe le prix ensuite, puis la place qu’il occupera dans sa catégorie (ou la place qu’il occupera en magasin), pour terminer l’exercice avec la promotion du produit.

Dans ma pratique de la recherche marketing dans les années 1990, plusieurs de mes clients, les vice-président et les directeurs du marketing, arrivaient en bout de course en constatant qu’il n’y a plus d’argent pour la promotion, notamment la publicité. Je me suis demandé pourquoi il en était ainsi, d’autant plus que plusieurs autres dirigeants en d’autres entreprises faisaient le même constat. Est-ce que l’épuisement des ressources financières pour la promotion découlait d’un simple manque d’argent ou d’une erreur de planification ?

J’ai donc fouillé la question des quatre « P ». Presque tous les livres de formation universitaire abordent le sujet. J’en ai consulté plusieurs pour constater que leurs auteurs agissaient comme si la structure du marketing ne tenait qu’à eux. Certains affirment qu’il y a quatre composantes majeures − les 4 P − et d’autres qui soutiennent qu’il y en a cinq, six voire huit et même dix.

Parmi les tenants des 4 P, il y en a qui placent la Publicité avant le Prix, d’autres le Prix avant la Publicité,… Il y en a aussi qui font de l’emballage un des 4 P et d’autres qui incluent l’emballage avec le produit.

En d’autres mots, après plus de cinquante ans d’étude, il n’est toujours pas de consensus sur le nombre de composantes, sur les éléments de ces composantes et l’ordre ou la place spécifique occupé par chaque composante dans la structure, tout comme la place occupée par chaque élément dans chaque composante. Il faut le faire : réinventer la structure du marketing d’un livre à l’autre. Ainsi, la structure du marketing n’est pas la même selon que vous fréquentez telle ou telle université. C’est vrai que dans les fausses sciences, bien des largesses sont permises.

S’il ne reste plus d’argent pour la promotion ou la publicité, c’est parce qu’elle se retrouve en dernière place des quatre « P », c’est-à-dire après la fixation du « Prix ». Or, ce dernier devrait venir en dernier afin d’inclure une part du budget de la promotion ou de la publicité. Plus encore, le « Prix » doit venir en dernier parce que la « Place » du « Produit » occupé sur les tablettes implique aussi un budget.

La plupart des gens considèrent le marketing comme une invention de l’homme; nous pouvons donc en modifier la structure par une simple pensée − une création purement intellectuelle.

La question des quatre « P » du marketing pose un autre problème : l’absence de fondation sur laquelle reposera les quatre piliers. sur quelle fondation repose ces quatre piliers ?

Le pionnier des études de motivation d’achat, le chercheur américain Louis Cheskin, écrit ceci dans son livre « Secrets of marketing success » :

“There is actually no single road to success. At least four roads have to be taken. I have found, however, that a marketing program should be viewed as a type of structure built around four pillars and on a solid foundation.”

Louis Cheskin, Secrets of marketing success, p. 8.

TRADUCTION  avec DeepL

« En fait, il n’y a pas de voie unique vers le succès. Il faut en emprunter au moins quatre. J’ai toutefois constaté qu’un programme de marketing doit être considéré comme une sorte de structure reposant sur quatre piliers et sur des fondations solides ».

Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l'homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est : exposition (par la distribution et la mise à l'étalage).
Voici la structure marketing telle que reconnue par Louis Cheskin à la suite des observations de la relation entre l’homme et les objets de consommation de son environnement : Pilier 1. Produit de qualité; Pilier 2. Emballage ou Design du produit; Pilier 3. Publicité; Pilier 4. Prix. La fondation sur laquelle reposent ces quatre piliers est l’exposition (par la distribution et la mise à l’étalage).

C’est en appliquant le doute dicté par la méthode scientifique que j’ai questionné la structure des quatre piliers du marketing. Le consensus ou plutôt les différents consensus d’une université à l’autre ne relavaient que de l’imagination créative, comme si, pour se distinguer dans la masse, il revenait à chaque groupe de bâtir son propre temple du marketing.

Dès que j’ai observé avec étonnement les différences des quatre « P » du marketing entre deux enseignements, je me suis questionné plutôt que de choisir l’un ou l’autre, comme l’esprit scientifique l’exige.

Je trouve l’origine primaire de cette attitude dans ma pratique du journalisme à la fin des années 1970 alors que j’étais encore aux études et au cours des années 1980. Formé par des rédacteurs en chef expérimentés intéressés à motiver un jeune talent, j’ai écrit des chroniques et des reportages pour différents médias. Si tout commence par la cueillette de l’information, l’étape suivante, la vérification de l’information s’avère cruciale. Et si cette vérification de l’information permet de conclure à un consensus général, il faut chercher s’il n’y a pas quelqu’un quelque part qui remet en cause de consensus.

Ma dernière année d’étude collégiale a mis à l’épreuve mes professeurs. J’assistais à mes cours en soumettant à mes professeurs des sources différentes de celles qu’ils avaient retenues. Pourquoi telle ou telle hypothèque plutôt que celles-là ? Pourquoi tel ou tel auteur plutôt que celui-là ? Cet auteur soutient le contraire dans son livre, pouvez-vous me dire si vous l’avez lu ? Et ainsi de suite, cours après cours. Moi, ce que j’attendais de ma formation scolaire, c’était qu’on m’enseigne comment chercher et évaluer les informations dont j’aurais besoin tout au long de ma vie, non pas que l’on choisisse pour moi.

J’avais quinze ans lorsque je me suis rendu à l’évidence que la lumière entre par les failles. Tout au long de ma vie, j’ai été sensible à la remise en question de ce qu’on m’enseignait, de ce que j’apprenais par mes propres expériences. Mais parfois, j’étais aveugle sur certains sujets, certaines attitudes et certains comportement de ma part.

Au début de la quarantaine, j’ai perdu pied, les deux pieds. Je me suis retrouvé à genoux, pour ne pas dire allongé au sol, lorsqu’un client de ma firme de notre firme de recherche en marketing m’a trahi et m’a entraîné dans sa faillite. Naïf, trop confiant, ma garde baissée, j’avançais encore avec des œillères. Ce fut un dépression, non pas psychologique, mais philosophique. Je venais de perdre toutes mes valeurs, mes convictions, mes croyances… Ce fut difficile, très difficile. En plus d’être victime des biais cognitifs dont j’ai fait mention ci-dessus, j’étais victime de rigidité émotive et intellectuelle par adhésions à une idée qui m’était très chère. Je percevais out compromis sur certains sujets, attitudes et comportements comme des sources de pollutions de mon authenticité, de mon identité. Autant j’étais ouvert d’esprit sur certaines choses, autant j’étais fermé, barricadé, sur d’autres.

Et c’est cette phrase étonnante de mon thérapeute à la fin de notre première rencontre, « Vous avez un problème de rigidité » qui allait enfin m’ouvrir les yeux au début des années 2000. Tous les jours de la semaine suivante, je me questionnais sur cette affirmation en essayant de trouver une réponse positive à ma soit-disant rigidité. « Les compromis, c’est de la pollution » me répétais-je en vue de ma prochaine séance de thérapie. Je ne me disais qu’il était important de faire des compromis en certaines circonstances mais plutôt qu’il valait mieux s’en tenir à sa perception, à son idées, à son attitude, à son comportement face à certaines personnes et à certaines circonstances. J’avais tort. Et le tout premier compromis que je devais faire était avec moi-même. Je devais m’accorder une marge de manœuvre plutôt que de rester figé en rejetant en bloc tout compromis. Ma thérapie fut un succès parce qu’elle créa une faille en mon esprit permettant ainsi à la lumière de m’éclairer à nouveau.


Conclusion

Dans cet article j’ai partagé une partie du parcours de mon esprit critique sous l’influence de l’esprit scientifique. Chaque étape s’enclenche à la suite d’un étonnement engendrant une étincelle en ma conscience. Chez moi, l’esprit critique n’est pas acquis définitivement d’un seul coup mais il se développe au fil du temps et des étonnements. La prise de recul n’est jamais complète et durable. Il faut sans cesse re-prendre du recul car nous avons tendance à nous prendre pour acquis à chaque étape de notre vie.

Se connaître soi-même implique d’abord et avant tout de connaître comment je connais.

Quand le philosophe Pierre Hadot nous propose « La philosophie comme manière de vivre », il nous invite, entre autre, à la permanence de l’esprit critique pour une conscience fondamentalement critique par elle-même. Il m’inspire à vivre en connaissance de cause.

Et le meilleur moyen de tenir éveiller ma conscience est de permettre à l’étincelle d’allumer un feu pérenne et, pour ce faire, de l’alimenter avec le combustible de la connaissance.

Désormais, je valorise davantage la connaissance que mes opinions sur cette connaissance.

Évidemment « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais). Je me dois d’adopter une « manière de vivre » vertueuse.


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Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Article # 101

J’AI LU POUR VOUS

Loin de moi

Étude sur l’identité

Les Éditions de Minuit, 2024

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Loin de moi

Étude sur l’identité

Les Éditions de Minuit, 2024

(Paris, France)

ISBN : 9782707316912

96 pages


Texte de présentation sur le site web de l’éditeur

« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.

Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.

L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger – et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous –, au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre. »

Clément Rosset

Source : Les Éditions de Minuit.


Table des matières

Avertissement

Chapitre I. La hantise de soi

Chapitre II. L’identité d’emprunt

Chapitre III. L’identité et la vie


EXTRAIT

AVERTISSEMENT

Il ne s’agit pas dans ce livre du problème de l’identité, sujet rebattu depuis l’Antiquité (et que j’ai moi-même souvent eu l’occasion d’aborder), mais du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai également très rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume.

L’enquête à ce sujet mène à d’étranges considérations et paradoxes. Elle conduit aussi à s’interroger — et c’est là, comme toujours, le point qui me paraît le plus intéressant de tous — au-delà de l’aveuglement où est l’individu quant à lui-même, sur la nature de l’irrésistible et déraisonnable aveuglement qui le porte à vivre.


Extrait du Chapitre I

LA HANTISE DE SOI

Nous sommes faits de l’étoffe des songes

Shakespeare, La Tempête

Dans la matinée du 28 janvier 1998, j’ai fait le rêve suivant, que j’ai retranscrit aussitôt après m’être réveillé :

J’explique à un cercle de connaissances (il semble qu’il s’agisse de ce qu’un de mes étudiants appelle irrévérencieusement « le poulailler », c’est-à-dire le petit groupe d’auditeurs d’un certain âge qui suivent mes cours à l’université de Nice) que mon identité officielle est entièrement controuvée, étant le résultat d’une suite bizarre de coïncidences, de méprises, de malentendus et d’erreurs, – un peu comme certains enchaînements de gags chez Feydeau, Buster Keaton ou Jacques Tati : un écart (au normal) en entraîne un deuxième puis un troisième, etc., l’ensemble aboutissant à une situation absurde, totalement incroyable et éloignée de toute réalité vraisemblable. C’est ainsi que mon nom n’est pas mon vrai nom, mon âge mon vrai âge, et ainsi de suite. Je fais remarquer à mon auditoire cette césure curieuse qui fait de nous deux êtres : celui, officiel, des papiers, et celui, réel mais mystérieux, dont aucun document ni d’ailleurs rien d’apparent ne témoigne.

Ce rêve (comme d’ailleurs le sens commun) admet d’emblée et comme allant de soi une différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle) ; distinction que pour ma part j’ai toujours tenue pour douteuse et même spontanément récusée, suivant en cela le sentiment de penseurs tels Montaigne ou David Hume (ce qui illustre, soit dit en passant, le fait bien connu qu’on peut rêver contre la logique, mais aussi contre sa propre pensée). Mon identité peut certes être controuvée, comme il arrive dans mon rêve ; mais c’est alors qu’elle dissimule ma véritable identité sociale, pas un hypothétique substrat qui serait l’identité personnelle. Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. Platon énonçait déjà la même idée, dans le mythe terminal du Gorgias, qui recommande aux juges qui doivent décider du sort post mortem des hommes lors du jugement dernier, d’exiger que ceux-ci se présentent nus devant le tribunal suprême, dépouillés des vêtements assimilés aux oripeaux sociaux qui dissimulent la réalité de leur moi. Idée reprise en France, depuis Napoléon Ier, quoique peut-être dans un autre esprit, lors de l’organisation de la cérémonie du conseil de révision.

On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. Je me limiterai, dans la suite de cet écrit, et pour la commodité de la lecture, à l’expression d’identité personnelle, mais je dois avertir que cette expression impliquera toujours les caractères que je viens d’indiquer : vérité, réalité, antériorité à toute reconnaissance sociale, caractère « naturel » et non conventionnel, caractère unique et non composite, contrairement à ce que suggère Montaigne dans un passage des Essais : « Notre fait, ce ne sont que pièces rapportées ».

Je ne suis pas un autre, je ne suis jamais un autre, voilà ce qu’affirme la conscience commune contre la formulation contraire de Rimbaud dans Une saison en enfer (« Je est un autre »). Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. On sait que c’est David Hume qui le premier a mis le doigt sur cette impasse philosophique dans un passage important du Traité de la nature humaine qui devait par la suite tant préoccuper Kant :

« Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment, sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps je n’ai plus conscience de moi et on peut dire vraiment que je n’existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne conçois pas ce qu’il faudrait de plus pour faire de moi un parfait mort. Si quelqu’un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu’il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l’avouer, je ne peux raisonner plus longtemps avec lui. Tout ce que je peux lui accorder, c’est qu’il peut être dans le vrai aussi bien que moi et que nous différons essentiellement sur ce point. Peut-être peut-il percevoir quelque chose de simple et de certain qu’il appelle lui : et pourtant je suis sûr qu’il n’y a pas en moi de pareil principe.(1) »

_______________

(1) Livre I, 4e partie, section VI. Tr. A. Leroy, Aubier éd.

Source : Les Éditions de Minuit.


AU SUJET DE L’AUTEUR

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Clément Rosset

(1939 — 2018)

Clément Rosset est né le 12 octobre 1939 à Carteret (Manche). Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, docteur ès lettres, il a enseigné pendant 30 ans la philosophie à l’Université de Nice. Il est mort à Paris le 27 mars 2018.

Source : https://clementrosset.com/

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    Clément Rosset sur Wikipédia


DU MÊME AUTEUR

Les Éditions de Minuit

LE RÉEL, TRAITÉ DE L’IDIOTIE, « Critique », 1977 (« Reprise », no 8).

L’OBJET SINGULIER, « Critique », 1979.

LA FORCE MAJEURE, « Critique », 1983.

LE PHILOSOPHE ET LES SORTILÈGES, « Critique », 1985.

LE PRINCIPE DE CRUAUTÉ, « Critique », 1988.

PRINCIPES DE SAGESSE ET DE FOLIE, « Critique », 1991 (« Reprise », no 9).

EN CE TEMPS-LÀ, Notes sur Althusser, 1992.

LE CHOIX DES MOTS, 1995.

LE DÉMON DE LA TAUTOLOGIE, suivi de Cinq petites pièces morales, « Paradoxe », 1997.

LOIN DE MOI, Étude sur l’identité, 1999.

LE RÉGIME DES PASSIONS et autres textes, « Paradoxe », 2001.

IMPRESSIONS FUGITIVES, L’ombre, le reflet, l’écho, « Paradoxe », 2004.

FANTASMAGORIES, suivi de Le réel, l’imaginaire et l’illusoire, « Paradoxe », 2006.

L’ÉCOLE DU RÉEL, « Paradoxe », 2008.

LA NUIT DE MAI, « Paradoxe », 2008.

TROPIQUES, Cinq conférences mexicaines, « Paradoxe », 2010.

L’INVISIBLE, « Paradoxe », 2012.

RÉCIT D’UN NOYÉ, 2012.

Chez d’autres éditeurs

LA PHILOSOPHIE TRAGIQUE, P.U.F., « Quadrige », 1960.

SCHOPENHAUER, PHILOSOPHIE DE L’ABSURDE, P.U.F., « Quadrige », 1967.

L’ESTHÉTIQUE DE SCHOPENHAUER, P.U.F., « Quadrige », 1969.

LOGIQUE DU PIRE, P.U.F., « Quadrige », 1971, rééd. 2008.

L’ANTI-NATURE, P.U.F., « Quadrige », 1973.

LE RÉEL ET SON DOUBLE, Gallimard, 1976.

MATIÈRE D’ART, Hommages, Éditions Le Passeur, Cecofop (Nantes), 1992.

LETTRE SUR LES CHIMPANZÉS, « L’Imaginaire », Gallimard, rééd. 1999.

ROUTE DE NUIT, Épisodes cliniques, Gallimard, 1999.

LE RÉEL, L’IMAGINAIRE ET L’ILLUSOIRE, Éditions Distance (Biarritz), 1999.

LE MONDE ET SES REMÈDES, P.U.F., « Perspectives critiques », 2000.

ÉCRITS SUR SCHOPENHAUER, P.U.F., « Perspectives critiques », 2001.

PROPOS SUR LE CINÉMA, P.U.F., « Perspectives critiques », 2001.

UNE PASSION HOMICIDE… et autres textes : chroniques au Nouvel Observateur (1969-1970), P.U.F., 2008.

ÉCRITS SATIRIQUES, 1. Précis de philosophie moderne, P.U.F., 2008.

LE MONDE PERDU, Fata Morgana, 2009.

PROPOS SUR LE CINÉMA, P.U.F., 2011.

L’INEXPRESSIF MUSICAL, suivi de questions sans réponse, avec Santiago Espinosa, Encre marine, 2013.

FAITS DIVERS, P.U.F., 2013.

Sous le pseudonyme de Roboald Marcas

PRÉCIS DE PHILOSOPHIE MODERNE, Robert Laffont, 1968.

Sous le pseudonyme de Roger Crémant

LES MATINÉES STRUCTURALISTES, suivies d’un Discours sur l’écrithure, Robert Laffont, 1969.

En collaboration avec Michel Polac

FRANCHISE POSTALE, P.U.F., 2003.


Revue de presse

Clément Rosset, Loin de moi – Publié le 16 janvier 2015 par argoul

Loin de moi, contre le mythe de l’identité personnelle – Michel Béja

   « Moins on se connaît, mieux on se porte » – Le sentiment d’identité personnelle est un mirage – William Demuyter,  MEDIUM – 7 juillet 2017

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L’impasse du narcissisme
Le moi, ce grand mystère inutile
Clément Rosset, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 18 juillet 2012

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  Clément Rosset sur France culture

Le gai savoir
Emission de Raphaël Enthoven
France Culture, 2 mars 2014

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    Hommage au philosophe Clément Rosset – Etudes – Revue de culture contemporaine

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Mon rapport de lecture

Loin de moi

Clément Rosset

Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » :

La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte.

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Wow ! Enfin une pensée philosophique originale, décoiffante, étonnante. Le philosophe Clément Rosset traite, non pas de « du problème de l’identité, mais plutôt « du problème du sentiment de l’identité, sujet il est vrai souvent rebattu, notamment depuis les analyses célèbres de David Hume » (Avertissement, p. 7). Il approfondit la « différence entre l’identité sociale et l’identité personnelle (ou identité intime du moi, ou identité psychologique, ou encore identité réelle » (La hantise de soi, p. 10). Il remet sérieusement en cause cette identité personnelle.

(…) Plus précisément, j’ai toujours tenu l’identité sociale pour la seule identité réelle ; et l’autre, la prétendue identité personnelle, pour une illusion totale autant que tenace, puisqu’elle est tenue par le plus grand nombre pour être au contraire la seule identité réelle, suivant ici plutôt le sentiment de Rousseau dont la raison a achevé de se perdre dans la recherche éperdue de cette identité fantomatique. (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 11.

De cette identité personnelle, il dit qu’elle n’est qu’illusion même si elle « apparaît comme le moi vrai et authentique » tandis que le moi (vraiment) « identitaire » est « social » :

On pourrait aussi appeler cette identité personnelle, tenue pour première et antérieure à toute identité sociale, identité « pré-identitaire » si on entend par identitaire ce qui est attesté par la documentation qu’on peut en produire ainsi que par le témoignage de son entourage. Le moi « pré-identitaire » apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi « identitaire » (ou social) comme un moi conventionnel qui n’est que l’habit qui couvre et cache à la fois le premier et n’a d’autre consistance que celle du papier et de la rumeur. (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 12.

Qui suis-je finalement ? Je suis moi mais je ne peux me connaître que par mes qualités. Le moi m’est insaisissable, indescriptible, dans son essence.

(…) Autrement dit : je suis moi et je suis toujours moi, de la naissance à la mort. Je puis naturellement paraître autre ; mais alors c’est le moi social qui change, à la faveur par exemple d’une double identité rendue possible par de faux papiers ou l’appartenance à des réseaux d’espionnage, – le moi social et pas le moi « réel » qui ne change jamais. Le problème tourne ici autour du sentiment, véritable ou illusoire, de l’unité du moi, dont on nous assure qu’il est indubitable et constitue un des faits majeurs de l’existence humaine, encore qu’on soit incapable de le justifier et même simplement de le décrire. (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 13.

Le moi, mon moi réel, c’est-à-dire mon identité, n’est pas personnel mais social. Mon identité réelle est donc une construction sociale. Mon moi, si personnel qu’il serait, ne pourrait pas se percevoir. Je ne perçois pas Je. Le philosophe Clément Rosset se réfère à David Hume.

Le sens de l’argument de Hume est qu’il n’y a pas de perception du moi – comme il peut y avoir d’une chaise ou d’une table – mais seulement des perceptions de qualités, ou d’états psychologiques ou somatiques que nous pouvons éprouver à un moment donné ; (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre I – La hantise de soi, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 16.

Il ajoutera plus loin dans son texte « deux arguments » « qui suffisent », « à son avis », « à démontrer la difficulté qu’il y a à se forger une conception un tant soit peu cohérente de l’identité personnelle ».

Tout d’abord, cette identité est un objet invisible car il est impossible de l’observer : les autres ne peuvent percevoir que mon extérieur, et je manque moi de la distanciation minimale qui me permettrait de m’apercevoir. L’introspection, qui signifie littéralement « observation de soi-même », est une contradiction dans les termes : un « je » ne peut se prendre pour sujet d’étude, pas plus qu’une lunette d’approche ne peut se prendre elle-même comme objet d’observation. (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 79-80.

Voilà qui est convaincant. Si moi il y a, il est encore et toujours social en raison de l’impossibilité de l’introspection. Je ne peux me connaître que par mon identité sociale.

(…) Je veux dire par là que les renseignements que l’individu humain possède sur lui-même par l’intermédiaire de son identité sociale suffisent amplement à la conduite de sa vie personnelle, tant publique que privée. Je n’ai pas besoin d’en appeler à un sentiment d’identité personnelle pour penser et agir de manière particulière et personnelle, toutes choses qui, si je puis dire, s’accomplissent d’elles-mêmes. Je pense même que le souci ou l’inquiétude qui portent à s’interroger sur sa propre personne et sur ce que celle-ci aurait d’inaliénable joue plutôt un rôle inhibiteur dans l’accomplissement de sa personnalité. Les questions du type « qui suis-je réellement ? » ou « que fais-je exactement ? » ont toujours été un frein tant à l’existence qu’à l’activité. (…)

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 85-86.

Le philosophe Clément Rosset citera Proust, à propose de Swann, au tout début de la Recherche du temps perdu :

(…) « Nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres ». Il n’en est pas moins vrai que, du point de vue du moi, cette personnalité sociale reste le plus sûr registre que nous puissions consulter pour nous assurer de la connaissance et de la continuité de ce moi.

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 89.

Et cette « pensée des autres » m’implique pas nécessairement un continuum d’échanges interpersonnels la vie durant. La « pensée des autres » peut venir de rencontres fortuites marquantes et de l’écrit. Je le souligne parce que je demeure un solitaire depuis mon enfance, et ce, même je suis devenu aussi mari et père. Mon univers social en personne se limite à mes proches proches et prend de l’expansion dans mes lectures, dans la télévision et le cinéma, tout comme dans les vidéos de conférences. Si les contacts de personne à personne sont essentiels, je m’en tiens à l’essentiel.

Si la croyance en une identité personnelle est inutile à la vie, elle est en revanche indispensable à toute conception morale de la vie, et notamment à la conception morale de la justice, fondée non sur la sanction des faits mais sur l’appréciation des intentions — « intentions » dont on peut remarquer qu’elles constituent une notion aussi vague et impénétrable que celle de l’identité personnelle. C’est pourquoi tout philosophe d’obédience morale a toujours soutenu contre vents et marées, unguibus et rostro, le credo du libre arbitre, c’est-à-dire le dogme d’une identité personnelle responsable non seulement de ses actes — et surtout — des intentions présumées qui en seraient l’origine : tels Kant, Sartre, ou encore Paul Ricœur qui, dans un livre relativement récent, s’est proposé de défendre ce qu’il appelle, de manière délicieusement polysémique, le « maintien de soi » . Ne pas oublier qu’on est une personne responsable, – ne pas oublier non plus de se tenir droit. »

ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, chapitre III – L’identité et la vie, Les Éditions de Minuit, 1999, pp. 90-91.

P.S.: unguibus et rostro = bec et ongles.

Peu importe qui nous sommes, peu importe notre identité sociale, il est de notre devoir, conféré par (notre croyance en) notre identité personnelle, de se réaliser en pensant et en agissant en personnes responsables.

Enfin, je comprends aussi que je ne peux être qu’au monde uniquement en étant une construction du monde social dans lequel je vis. Cela me rappelle mon poème intitulé « Lit » :


Lit

Je suis sur mon lit

Dans ma chambre

De la maison

Sur la terre

Dans l’espace

De l’univers

Qui est infini

Je suis dans l’infini

Un être défini

Qui vit

Et dévie

Devant la mort

De l’immortalité

Je suis pour l’immortalité

Un élément mortel

Qui ressuscite

Sans suite

Pour l’éternel

Je suis dans l’éternel

Un esprit sans corps

Qui pense en rêveur

Dans son lit

* * *

Serge-André Guay, 17 ans.

Vacances de Noël, 1974.


Comme le souligne le philosophe Clément Rosset, des nombreuses études traitent du Moi selon David Hume.


par

Marie-Hélène Audy, Doctorante en philosophie, Université de Montréal.

Société Philosophique Ithaque – Ithaque ; vol. 6, 2010, p. 95-110.
Université de Montréal. Faculté des arts et des sciences. Département de philosophie

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Papyrus : Dépôt institutionnel

Résumé

David Hume, dans son Traité sur la nature humaine, utilise deux concepts qui semblent se rapporter à l’identité personnelle d’un individu : le moi (self) et le caractère personnel. Cependant, dans le Traité, il ne traite pas à la fois de l’un et de l’autre : dans le premier livre, « De l’entendement », il s’intéresse au moi, alors que dans les second et troisième livres, « Des passions » et « De la morale » il traite plutôt du caractère. On constate alors qu’il y a une nette différence chez Hume entre ce qui constitue le moi d’un individu et son caractère personnel. Ils ne se définissent absolument pas de la même manière et au final, ils ne se rapportent pas, tous deux, à l’identité personnelle. Le caractère qui permet d’aborder la question de la responsabilité morale d’un individu, ce que le moi ne peut pas faire, constitue la véritable identité d’un individu.

* * *

Dans le premier livre du Traité sur la nature humaine, David Hume tente de déterminer ce qui constitue le moi (self) d’un individu, sans pour autant parvenir à une définition satisfaisante. Le moi qu’il décrit demeure quelque chose d’on ne peut plus incertain, dont on n’a pas « d’impression constante et invariable1 ». Pourtant, dès les premières pages du second livre du Traité, il pose ce moi indéfinissable et douteux comme une réalité effective, sujette à des passions directes ou indirectes. Par la suite, dans cette même partie du Traité une nouvelle notion apparaît : celle du caractère (character) d’un individu. À travers les explications portant sur les passions indirectes d’abord, sur les passions directes et la volonté ensuite, la notion de caractère prend davantage d’importance, alors que la notion du moi disparaît.

Il semble que Hume se sert(?) du caractère personnel à partir du second livre du Traité afin de remplacer le moi, celui-ci étant une notion trop problématique pour ce qui suit dans ses écrits sur la morale2. Le caractère personnel, en effet, contrairement au moi, peut facilement être lié au problème de la responsabilité morale de l’individu3, car lorsque l’on désapprouve ou que l’on approuve moralement les actions d’un homme, c’est son caractère qui est jugé, selon Hume. En accordant davantage de place à la notion de caractère et en rattachant celle-ci au problème de la responsabilité morale, il semble que Hume s’inscrive d’une manière originale dans la suite du débat qui a eu lieu au début du XVIIIème siècle et qui portait sur l’identité personnelle4.

___________________

NOTES

1. David HUME, A Treatise of Human Nature, édit. par David Fate Norton et Mary J. Norton, Oxford, Oxford University Press, 2006 (2000), 1.4.6.2, p. 164.

2. C’est-à-dire le troisième livre de A Treatise of Human Nature et An Enquiry concerning the Principles of Morals.

3. David HUME, An Enquiry concerning Human Understanding, édit. par L. A. Selby-Bigge et P. H. Nidditch, Oxford, Clarendon Press, 1975, p. 80-103 et David HUME, An Enquiry concerning the Principles of Morals, édit. par Tom L. Beauchamp, Oxford, Clarendon Press, 1998.

4. Le débat en question eut pour principaux protagonistes Samuel Clarke et Anthony Collins. Il eut lieu principalement entre 1706 et 1708 et débuta avec une réponse de Clarke à Henry Dodwell sur son écrit au sujet de la question de l’immortalité de l’âme (1706). John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain avait auparavant traité de l’identité personnelle et ses propos eurent par ailleurs eu un impact sur le débat. Enfin, outre l’intérêt suscité chez Hume par ces questions, on retrouve d’autres écrits sur le sujet à la même époque, comme la « Dissertation sur l’identité personnelle » de Joseph Butler en 1736, par exemple. Voir la bibliographie pour des références plus complètes.

* * *

Lire la suite (télécharger le PDF) : Papyrus : Dépôt institutionnel.


Le plus érudit des ouvrages au sujet de notre identité au fil de l’histoire nous est proposé par le philosophe canadien (québécois) Charles Taylor : Les sources du moi, la formation de l’identité moderne.


Il est impossible de saisir toute la richesse et toute la complexité de l’identité moderne sans considérer comment notre conception du moi s’est développée à partir des images anciennes de l’identité humaine. Cet ouvrage tente donc de définir le moi contemporain en en décrivant la genèse. - Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme.
Il est impossible de saisir toute la richesse et toute la complexité de l’identité moderne sans considérer comment notre conception du moi s’est développée à partir des images anciennes de l’identité humaine. Cet ouvrage tente donc de définir le moi contemporain en en décrivant la genèse. – Charles Taylor est un philosophe de réputation internationale. Ses écrits, traduits en vingt langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Les Éditions du Boréal , 1998, 712 pages.

Recensement

C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne

Paris : Le Seuil

Barbara Ritz, Revue L’orientation scolaire et professionnelle (O.S.P.).

p. 167-169

https://doi.org/10.4000/osp.3223

Charles Taylor est un philosophe canadien qui s’intéresse au concept de l’identité et aux problèmes que posent les questions d’intégration ethnique et culturelle de populations diverses. Il est connu pour être un penseur majeur du multiculturalisme et du communautarisme. Ses positions sont engagées dans des combats qui touchent aux grands phénomènes de société. Taylor théorise et philosophe dans ce sens. Les questions autour de la morale sont à ses yeux, des incontournables et, selon lui, il existerait une diversité de conception de la « vie bonne » dans laquelle il faudrait rendre justice à deux notions : la différence et l’unité. Ses ouvrages principaux sont : le Malaise de la modernité (1994), la Liberté des modernes (1997), les Sources du moi (1998).

Dans les Sources du moi, Charles Taylor se donne pour objectif de définir l’identité moderne et d’en écrire l’histoire. Derrière ce travail, la finalité est toujours pour Taylor de nourrir sa compréhension des problématiques modernes et des nouveaux phénomènes de société. Pour cela, l’auteur choisit de retracer la genèse de notre identité « de » moderne en insistant sur le fait qu’elle nous vient de l’héritage des époques passées et de la longue histoire des idées qui nous a été léguée. Pour Taylor, cette histoire est complexe et riche et elle peut être source de tensions. Elle se lit, se déchiffre et s’analyse à partir des non-dits et des présupposés des courants actuels de la pensée moderne et post-moderne. C’est ce travail d’explicitation et de réflexion qu’il s’est proposé de poursuivre. Sa démarche reste essentiellement analytique et historique. Son entreprise est d’autant plus considérable qu’elle a nécessité un travail d’érudition hors du commun. À ce titre, cette œuvre peut être qualifiée de magistrale.

Selon Taylor, notre identité moderne reposerait sur des idéaux et des interdits qui modèlent notre pensée, notre épistémologie, ainsi que notre philosophie de moderne, sans que nous en ayons conscience. Ces idéaux, développés par les grands courants philosophiques, continuent bien plus que nous ne l’imaginons de façonner notre identité. Selon cet auteur, nous serions les héritiers d’innombrables représentations, très souvent informulées, qui conditionnent fortement notre conception moderne du fait d’être un « agent humain ». Derrière cette expression, Taylor veut souligner les différentes dimensions qui s’y rattachent : le sens de l’intériorité, le sens de la liberté, le sens de l’individualité et le sentiment d’appartenir à la nature.

SOURCE ET LIRE LA SUITE : Barbara Ritz, “C. Taylor. Les Sources du moi-La formation de l’identité moderne”, L’orientation scolaire et professionnelle [Online], 32/1 | 2003, Online since 06 May 2011, connection on 03 October 2024. URL : http://journals.openedition.org/osp/3223 ; DOI :  https://doi.org/10.4000/osp.3223


Le philosophe Clément Rosset affirme que Le Moi réel est une construction sociale de l’identité ou, si vous préférez, que seule l’identité sociale existe. Il nous parle aussi de la « croyance en une identité personnelle ». Je retiens ici le mot « croyance ». Je peux croire sans aucune preuve ou sans argumentaire satisfaisant que ce que je crois existe réellement.

Que notre univers social façonne notre Moi réel, j’en conviens aisément. Que je ne puisse reconnaître mon existence que dans le regard de l’auteur, j’en conviens tout aussi facilement. Mais je conteste l’idée que l’identité personnelle n’existe pas ou se limite à une pré-identité de l’identité sociale. Je me reconnais une identité personnelle sous l’influence de mon identité sociale mais l’une et l’autre se distinguent. Mon identité personnelle affiche une différence notable ne serait-ce que par mon « jardin secret », par l’histoire de mes idées et de mes prises de conscience. J’aimerais plutôt parler d’une identité publique et d’une identité privée. Ce que vous connaissez de moi, c’est ce que je montre en publique, à la société de mes pairs. Ce que je suis en Moi et par moi, c’est ce que je garde pour moi. Évidemment, on parlera de l’authenticité, de l’harmonie entre mon identité personnelle et mon identité sociale.

Et si on parlait d’une seule et même identité, comparable à un arbre, ses racines, son tronc et son houppier. Là où je prends racines, c’est dans le terreau social, à l’abri du regard de l’autre, mais en interaction avec ses racines. Nous sommes dans le même terreau. Mais nos troncs et nos houppiers sont uniques, originales, malgré nos ressemblances en espèce.

Il y a dans cette comparaison un non sens car la partie visible par tous de l’arbre devrait être mon identité personnelle et, mes racines dans le terreau partagé avec les autres arbres, mon identité sociale. Cette identité sociale peut-elle être invisible, cachée du regard de l’autre, tandis que mon identité personnelle serait visible de tous ? Pour soutenir tout de même cette hypothèse, il me faudrait admettre que l’autre ne perçoit finalement que mes différences apparentes. Suis-je ainsi le seul à percevoir et ressentir mes racines sociales ?

Si je me reconnais dans l’autre, c’est par ressemblance d’espèce. Je présuppose alors qu’il y a aussi ressemblance en nos racines, toujours en espèce.

Aussi, j’avance que l’autre ne perçoit jamais mon identité sociale dans toutes ses différences et ses détails. Il a une perception globale ; il me reconnaît comme on reconnaît par référence une chaise droite à ses quatre pattes, son siège et son dossier.

Ah ! Comme l’essai LOIN DE MOI de CLÉMENT ROSSET me donner à penser.


J’accorde cinq étoiles sur cinq

au livre LOIN DE MOI – ÉTUDE SUR L’IDENTITÉ du philosophe CLÉMENT ROSSET paru aux ÉDITIONS DE MINUIT en 1999.

5-etoiles

Je vous en recommande FORTEMENT la lecture.


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Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.


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