Article #118 – Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Albert Moukheiber, Allary Éditions, 2024

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Article # 118

J’AI LU POUR VOUS

Neuromania

Le vrai du faux sur votre cerveau

Albert Moukheiber

Création graphique de la couverture :
Raphaëlle Faguer

© Allary Éditions, 2024
Création graphique de la couverture : Raphaëlle Faguer. © Allary Éditions, 2024

Neuromania

Le vrai du faux sur votre cerveau

ISBN : 978-2-37073-431-0

Allary Éditions

5 septembre 2024

22.0 cm (Hauteur), 15 cm (Largeur), 372 gr (Poids)

288 pages

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Aujourd’hui, tout, ou presque, semble devoir trouver son explication dans le cerveau. Nos bonheurs, nos émotions, nos addictions, nos peurs, nos croyances, nos performances, notre capacité à changer individuellement ou collectivement ne seraient qu’un effet des interactions de nos neurones.

Mais cette profusion de discours sur le cerveau – cette neuromania – se fait au prix de raccourcis, d’approximations, voire de contre-vérités. On ne peut pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni faire dire aux neurosciences et aux sciences cognitives ce qu’elles ne disent pas.

En rendant accessibles les dernières études, Albert Moukheiber redonne la parole aux chercheurs et démêle le vrai du faux dans les discours sur le cerveau. Il nous libère ainsi de nombreuses idées reçues, et nous rend plus lucide sur nous-même et les autres.

Source : © Allary Editions.

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Albert Moukheiber est Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Il est l’un des fondateurs de Chiasma, collectif de neuroscientifiques s’intéressant à la façon dont se forment nos opinions. Il est l’auteur d’un premier essai à succès Votre cerveau vous joue des tours (Allary Éditions, 2019), en cours d’adaptation pour Arte et traduit dans 12 langues. Son dernier livre paru est Neuromania (2024).

Source : Allary Éditions.


TABLE DES MATIÈRES


EXTRAIT

INTRODUCTION

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web leslibraires.ca

Aujourd’hui, tout, ou presque, semble devoir trouver son explication dans le cerveau. Nos bonheurs, nos émotions, nos addictions, nos peurs, nos croyances, nos performances, notre capacité ou incapacité à changer ne seraient qu’un effet des interactions de nos neurones.

On peut évidemment se réjouir que les neurosciences1 et les sciences cognitives, des disciplines encore jeunes, aient gagné en si peu de temps l’intérêt du grand public. Elles ont, de fait, réalisé des avancées spectaculaires ces dernières années, notamment dans le traitement des maladies neurodégénératives. Et nous n’en sommes qu’au début. Mais en tant que neuroscientifique, et comme beaucoup de mes confrères et consœurs, je m’inquiète de cette prolifération de discours sur le cerveau, de cette neuromania, car elle se fait au prix de raccourcis, d’approximations, voire de contre-vérités.

Faut-il y voir l’exigence de scientifiques soucieux de ne pas retrouver dans les discours tenus au grand public toutes les nuances et réserves qui figuraient dans leurs articles de recherche ? Pas seulement. Car en matière de neurosciences et de sciences cognitives, les croyances sont performatives. Autrement dit, elles ont des effets dans le monde réel. Si, après avoir effectué un test ou lu un article de vulgarisation, vous vous considérez plutôt cerveau droit que cerveau gauche – un découpage rejeté par la plupart des chercheurs actuels – vous n’aurez pas simplement une vision caricaturale de votre cerveau, cette vision influencera vos choix d’études ou de carrière. Elle aura un impact dans votre vie.

Pour gagner en lucidité, en liberté, il est donc urgent de savoir ce que les neuroscientifiques et les sciences cognitives disent vraiment, et pas simplement ce qu’on leur fait dire. C’est le projet de ce livre, qui redonne la parole aux scientifiques et rend accessibles leurs travaux, avec leurs limites et précautions, pour ne plus être condamné aux discours caricaturaux instrumentalisant, pour des raisons idéologiques ou mercantiles, les recherches sur le cerveau.

Cela est d’autant plus important que cette neuromania installe l’idée que, de l’intime au politique, tout s’éclaire par le cerveau. Or, celui-ci n’est pas le bon niveau explicatif pour beaucoup de nos comportements individuels et collectifs. Tout réduire à nos neurones revient, dans certains cas, à vouloir expliquer le fonctionnement d’une voiture en étudiant au microscope les atomes de carbone qui la composent. Le réductionnisme est l’un des moteurs de la science, il a certes permis des avancées fantastiques en neurosciences, mais il provoque une myopie sur des sujets comme les addictions, les douleurs, les maladies psychosomatiques, les fake news… Pour bien comprendre les phénomènes humains et sociaux, il est parfois nécessaire d’élargir la focale : penser le cerveau non pas dans un bocal mais en lien avec le corps, avec son contexte, et ne pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau. Les chercheurs et les scientifiques sont les premiers à le dire. Il est donc important de les écouter pour démêler le vrai du faux dans cette profusion de discours sur le cerveau.

Partie I

Aux origines du réductionnisme :
une brève histoire du cerveau²

« Le cerveau est la seule chose à s’être nommée elle-même »

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La méthode cartésienne

Notre cerveau est l’organe le plus mystérieux de notre corps. Si vous opérez une dissection d’un corps humain, vous pourrez à grands traits déduire les fonctions de l’essentiel de ses constituants : vous trouverez des restes d’aliments dans l’estomac et le système digestif, vous constaterez la fonction structurelle et mécanique des os et des ligaments, vous pourrez inférer de vos observations le principe du système circulatoire et le rôle de pompe à sang du cœur. C’est d’ailleurs, historiquement, la manière dont nos connaissances anatomiques se sont constituées. Le cerveau cependant se livre plus difficilement. Impossible par un simple examen de comprendre les principes qui le régissent. Un cerveau mort ne nous apprend pas grand-chose. Son opacité a longtemps constitué un obstacle à notre compréhension des bases biologiques de notre psyché. Nous savions que le cerveau était le siège de « l’esprit », mais, jusqu’au siècle des Lumières, la majorité de nos connaissances se résumaient à des schémas anatomiques purement descriptifs, à l’image de ceux d’Ibn al-Haytham(3) datant du Xe siècle.

Les premières tentatives systématiques de percer les mystères du cerveau de manière méthodique apparaissent au XVIIe siècle avec la parution de trois ouvrages : L’Homme (posth. 1662) de René Descartes ; Cerebri anatome (1664) de Thomas Willis et Discours sur l’anatomie du cerveau (1669) de Nicolas Sténon. On y trouve les bases des débats philosophiques et scientifiques qui vont fonder pour quatre siècles nos connaissances du sujet, que ce soit sur la nature de l’esprit ou le fonctionnement du cerveau. Nous avons ainsi hérité d’un certain nombre d’hypothèses fausses auxquelles nous prêtons encore foi aujourd’hui. Par exemple, Descartes, pour étayer son système dualiste, fait de la glande pinéale l’interface entre le corps et l’âme. Willis défend l’idée que chaque aire du cerveau est responsable d’une fonction spécifique, une théorie très ancienne et essentiellement intuitive qui se base sur le constat que certains traumas de la boîte crânienne peuvent faire perdre certaines fonctions du corps. Sténon, quant à lui, propose d’une part, contre Willis, d’abandonner les spéculations sur d’éventuelles fonctions mentales localisées, théories trop spéculatives et non étayées par des preuves empiriques, et d’autre part, il préconise d’appliquer au cerveau les méthodes employées pour le reste des organes : le « démanteler » de la manière la plus délicate possible pour ne pas l’abîmer, cartographier les différentes connexions neuronales et suivre une approche multidisciplinaire englobant l’anatomie pathologique et comparative des cerveaux d’autres animaux ; en somme appliquer la méthode cartésienne. Sténon reprochait en effet à Descartes de ne pas avoir mis en application dans son étude du cerveau sa propre méthode. Il n’avait pas suivi son principe de « diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre(4) ».

Ainsi, en 1665, au domicile de Melchisédech Thévenot5, Sténon mettait en œuvre sa méthode face à un groupe de savants et opérait la dissection d’un cerveau humain. Sténon affirmait que « le cerveau est une machine » et qu’on devait donc l’aborder comme telle, pièce par pièce, en tentant de comprendre la fonction de chaque élément. Il pensait qu’une fois ce travail accompli, les autres mystères, comme les localisations et les aires cérébrales, se trouveraient résolus d’eux-mêmes. Cette approche qui consiste à réduire des phénomènes complexes à leurs composants les plus simples s’appelle le « réductionnisme », une sorte de découpage à la plus petite entité pour ensuite tenter de reconstituer et comprendre le tout. Associée à la vision mécaniste de Sténon, elle a constitué la feuille de route des neurosciences depuis et a permis des bonds de compréhension fulgurants, mais conduit aussi aujourd’hui à des impasses. Elle est pourtant encore largement suivie. Elle s’est tant et si bien implantée dans l’imaginaire collectif qu’elle continue d’influencer et d’orienter les travaux des scientifiques. L’approche mécaniste s’est vue – et se voit encore – souvent associée à une vision localiste ou localisée, à l’image de celle proposée par Willis, et a donné naissance à des théories telle que la phrénologie.

La phrénologie

« J’ai rarement vu un crâne aussi dolichocéphalique que le vôtre, ni des bosses supra-orbitales aussi développées. Voulez-vous me permettre de promener mon doigt sur votre suture pariétale ? Un moulage de votre crâne, monsieur, en attendant la pièce originale, ferait l’ornement d’un musée d’anthropologie. Loin de moi toute pensée macabre ! Mais je convoite votre crâne. »

Ce sont là les premiers mots que Mortimer adresse au célèbre détective Sherlock Holmes dans Le Chien des Baskerville(6). Arthur Conan Doyle reprend ici le lexique de la phrénologie (du grec phren, « cerveau », et logos, « connaissance »), une théorie selon laquelle la forme du crâne reflète la personnalité, le caractère et certaines compétences de la personne. Cette discipline rencontrait une audience assez large dans divers milieux au xixe siècle : la reine Victoria elle-même a fait analyser la boîte crânienne de ses enfants par un praticien phrénologue. AuXIXe siècle et encore au début du XXe siècle, la phrénologie a tant le vent en poupe qu’on la trouve mentionnée chez des auteurs tels que Mark Twain ou Balzac. Bianchon, le grand médecin de La Comédie humaine, décrit le père Goriot de la sorte : « Moi qui étudie le système de Gall, je lui [Goriot] trouve les bosses de Judas. […] ; je lui ai pris la tête : il n’y a qu’une bosse, celle de la paternité(7) ». Le « Gall » que mentionne Balzac à travers Bianchon est Franz Gall. Ce médecin viennois émit l’hypothèse dans les années 1790 que les différentes facultés mentales d’un individu humain seraient produites respectivement dans différents organes du cerveau, mesurables par palpation du crâne. Gall s’appuyait sur des observations « empiriques » : par exemple, ses camarades de classe possédant les meilleures capacités à retenir présentaient des yeux proéminents et de larges fronts. Ses diverses conjonctures le menèrent à déterminer 27 facultés mentales identifiables grâce à la crânioscopie. On y trouvait aussi bien la sagesse que l’estime de soi ou la capacité à déterminer les poids et les forces par la manipulation des objets physiques. Gall travaillait avec le médecin Johann Spurzheim et, ensemble, ils vont expérimenter, développer et promouvoir leur approche. Le terrain avait été préparé quelques décennies plus tôt par le Suisse Johann Lavater, qui avait fondé la physiognomonie à la fin du xviiie siècle, une discipline proche qui prétendait pouvoir définir le caractère d’une personne par l’étude de son visage et de ses mimiques. Balzac cite aussi ce dernier dans Le Père Goriot.

Si la phrénologie sut séduire le grand public auprès duquel elle rencontra un certain succès, accaparant une place de choix dans les croyances populaires, elle ne fut jamais considérée comme une hypothèse crédible par les scientifiques, au grand dam de Gall. Il se vit d’ailleurs refuser plusieurs fois son admission à l’Académie des sciences de Paris. Et à juste titre ! Au-delà des problèmes de méthodologie et d’hypothèses hasardeuses, les recherches scientifiques nous ont confirmé qu’il n’existe pas de « bosse des maths » et que la forme du crâne ne reflète en rien l’anatomie cérébrale. Cela n’a pas empêché les thèses phrénologiques de se répandre pour justifier le racisme et l’esclavage ou affirmer la supériorité masculine. Les théories de Gall, bien que discréditées, s’instillèrent si bien dans les esprits qu’elles influèrent malgré tout sur la direction que prit la recherche scientifique concernant le fonctionnement du cerveau. Quatre croyances principales se sont ainsi implantées et nous orientent encore aujourd’hui.

La première de ces croyances identifie le cerveau comme l’organe responsable de notre identité et chargé de piloter notre corps. La deuxième affirme que nos capacités sont localisées dans le cerveau ; qu’il existe des aires responsables des différentes fonctions psychologiques et physiologiques que nous possédons. La troisième de ces idées présume que ces fonctions peuvent potentiellement être mesurées et que nous pouvons ainsi évaluer nos capacités. La quatrième et dernière estime que le cerveau humain ne serait pas très différent de celui des autres animaux. Selon Gall, nous partageons 19 de nos 27 fonctions cérébrales – cartographiées par ses soins, telles que le penchant pour le sexe, le talent musical ou le génie mathématique, l’instinct de propriété, la tendance au vol… – avec les animaux, quels qu’ils soient.

Un des plus féroces contradicteurs de Gall fut le médecin français Marie-Jean-Pierre Flourens, membre de l’Académie des sciences, un des fondateurs de la science expérimentale du cerveau. Il publia Examen de la phrénologie en 1842 et se montra formel : la phrénologie ne repose sur aucune donnée expérimentale. Flourens mena ses expériences sur un grand nombre d’animaux, principalement des oiseaux, en opérant différentes lésions sur leur cerveau et en observant les changements ainsi provoqués. Il en déduisit que seules les fonctions les plus primitives telles que le mouvement ou les besoins physiologiques sont localisées alors que toutes les autres fonctions sont distribuées : elles ne prennent pas leur source dans une zone spécifique du cerveau, mais impliquent divers réseaux de neurones plus ou moins éloignés les uns des autres. Ainsi naissait l’approche distribuée de nos fonctions en opposition à la vision localiste, débat qui se poursuit de nos jours.

Localistes contre distributistes

À la suite des travaux de Flourens, deux camps se sont donc formés : d’un côté les défenseurs d’un fonctionnement distribué du cerveau, représentés par Flourens et, de l’autre, les partisans de la localisation des fonctions cérébrales qu’avait proposée Gall, position soutenue par un de ses anciens étudiants : Jean-Baptiste Bouillaud. Ce dernier rejetait la méthode phrénologique, comme la majorité de ses pairs, mais pensait qu’il y avait de bonnes raisons de supposer que nos fonctions étaient localisées. En 1825, il présente un rapport à l’Académie royale de médecine exposant plusieurs cas de personnes ayant perdu la capacité de parler mais conservé celle de comprendre le langage. Les études post-mortem de leur cerveau montraient une lésion similaire dans une partie du lobe frontal. Bouillaud en conclut que Gall avait raison et que l’hypothèse de la localisation était la bonne.

À la même époque, ce même débat eut lieu à quelques rues de là, à la Société d’anthropologie de Paris, fondée par Paul Broca(8). Cet illustre médecin et anatomiste, à qui l’on doit nombre d’avancées dans diverses disciplines médicales, était également un anthropologue aux motivations plus sombres… Il s’intéressait à l’étude comparative de la taille des cerveaux et de la forme de la boîte crânienne pour, entre autres, démontrer la supériorité des Blancs sur les peuples présentant un taux de mélanine plus élevé dans leur épiderme. Broca défendait des hypothèses sexistes et racistes, et sa vision du monde orientait ses travaux(9). En 1861, il organise un débat sur les liens entre la taille du cerveau et les capacités mentales au cours duquel la question de la localisation versus le fonctionnement distribué du cerveau soulève les passions. Le gendre de Bouillaud, Ernest Auburtin, y présente le cas d’un patient parisien qui avait fait une tentative de suicide au pistolet. La blessure avait complètement exposé son lobe frontal. Au cours du traitement, Auburtin conduisit une expérience aussi horrifique qu’efficace pour sa démonstration. Avec une large spatule, il appuya sur la partie antérieure du lobe frontal du patient et remarqua que la capacité à produire des mots disparaissait alors immédiatement, coupant net la phrase émise à cet instant. Le patient devenait muet. Plus important encore, la faculté revenait dès qu’il relâchait la pression. Son beau-père, Bouillaud, semblait avoir raison : la capacité du langage articulé se trouvait dans le lobe frontal.

C’est pourtant Broca qui entra dans les livres de médecine pour sa découverte de la zone du cerveau responsable de la production du langage. Quelques mois plus tard, le hasard lui fit rencontrer Louis Leborgne, patient à l’hôpital Bicêtre, qui se trouvait dans l’incapacité de prononcer d’autres mots que « tan », qui devint son surnom. Sa compréhension de ce qu’on lui disait n’était cependant en rien altérée. Leborgne était atteint de gangrène et décéda quelques jours après sa rencontre avec Broca. Intrigué et se souvenant de l’exposé d’Auburtin, Broca procéda à une autopsie du cerveau de Leborgne et découvrit une lésion frontale. Toutefois, Broca se montra très précautionneux quant aux conclusions qu’il pouvait tirer de cette découverte. Un autre cas se présenta à Broca : Lazare Lelong, 84 ans, qui ne pouvait produire que cinq mots : « Lelo » (probablement son nom), « oui », « non », « toujours » et « trois ». Après sa mort, Broca constata une lésion frontale similaire à celle de Leborgne, mais la prudence restait de mise, d’autant plus que la vision distribuée de Flourens était encore dominante. Au cours des deux années suivantes, Broca accumula les données de douze patients présentant tous des problèmes de production du langage et trouva des lésions frontales localisées dans l’hémisphère gauche. Il publia ses découvertes en 1865 dans son article « Sur le siège de la faculté du langage articulé » dans lequel il spécifia la localisation de l’aire de l’articulation du langage, qui sera connue sous le nom d’aire de Broca. Ses travaux ont eu un tel impact qu’une partie des cerveaux des patients aphasiques de Broca sont préservés et accessibles pour observation à l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris. La vision localiste regagnait du terrain.

Quelques années plus tard, un jeune médecin allemand, Carl Wernicke, allait faire une série de découvertes qui, comme c’est souvent le cas en science, complexifieraient le débat. En 1874, il rencontra une patiente qui, presque à l’inverse des patients de Broca, pouvait produire du langage mais en avait perdu la compréhension. Wernicke en déduisit que les fonctions liées au langage se trouvaient réparties entre diverses aires dans le cerveau. Depuis, la zone que l’on pense responsable de la compréhension du langage porte le nom d’aire de Wernicke. Les expériences vont se poursuivre et la vision localisée du fonctionnement du cerveau ne va cesser de gagner du terrain. À la fin du XIXe siècle, elle est la vision dominante, et elle persiste encore mais de plus en plus de données viennent contredire cette conception et les scientifiques aujourd’hui réfléchissent en termes de « réseaux impliqués dans le langage », les aires de Broca et de Wernicke appartenant à ceux-ci.

Mais surtout, la vision localiste reste bien ancrée dans l’esprit du grand public. Elle s’accompagne souvent d’une vision latéralisée, séparant hémisphères droit et gauche du cerveau et associant à chacun des fonctions et caractéristiques précises.

La théorie des deux cerveaux

Le cerveau est constitué, physiologiquement, sur un principe symétrique (comme l’essentiel de notre corps) : deux hémisphères (un gauche et un droit) liés par une structure que l’on appelle le corps calleux. À la suite des théories localistes, cette caractéristique cérébrale a conduit à l’hypothèse latéraliste : chacun de nos hémisphères abriterait des fonctions spécifiques, indépendantes de l’autre. Des opérations du cerveau sont venues appuyer cette thèse. Jusqu’à récemment, on pratiquait quasi systématiquement la callosotomie chez des patients épileptiques, et dans certains cas, à défaut d’alternatives, on continue à le faire. Cette opération chirurgicale consiste à sectionner, partiellement ou totalement, le corps calleux, afin de déconnecter l’hémisphère gauche de l’hémisphère droit. Cette pratique s’est développée dans les années 1950 notamment avec les travaux du neuropsychologue et neurophysiologiste Roger Sperry, qui avait découvert, en sectionnant le corps calleux de singes, que cela n’avait pratiquement aucun impact notable sur leur comportement général. Michael Gazzaniga, étudiant de Sperry, a opéré des callosotomies sur des patients souffrant d’épilepsie. Ces patients allaient relativement bien et l’opération semblait traiter certaines de leurs crises épileptiques. Gazzaniga, à l’occasion de ses opérations, voulait étudier la communication et le traitement mono-hémisphérique des informations. Il espérait ainsi parvenir à une meilleure compréhension de la latéralisation. En effet, le corps est contrôlé de manière controlatérale : l’hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et vice versa. Sperry avait par exemple déterminé que si le langage est souvent latéralisé à gauche, la perception spatiale est plutôt latéralisée à droite. Partant de là, une extension s’est effectuée, l’hémisphère gauche s’est vu associé au langage et aux fonctions analytiques et de compréhension, et le droit à la perception et aux fonctions créatives. Mais, comme c’est souvent le cas avec de nouvelles données, le passage entre la recherche et la communication au grand public ne s’est pas très bien passé et les découvertes sur la latéralisation ont muté en un système binaire qui oppose nos capacités analytiques et nos capacités créatives. De plus, le mot « hémisphère » a été remplacé par « cerveau » et un modèle a émergé dans lequel notre « cerveau droit » serait responsable des pensées intuitives, du non-verbal, des émotions, alors que le gauche serait plus précautionneux, logique, rationnel.

Mais cette idée ne s’appuie sur aucune preuve scientifique ! Que ce soit au temps de Broca ou de Gazzaniga, et jusqu’à la littérature scientifique contemporaine, même les défenseurs les plus localistes n’ont jamais prétendu avoir découvert une latéralisation complète de nos fonctions. Aucune lésion hémisphérique connue n’a par exemple fait perdre à une personne sa capacité « créative ». On prétend aussi que l’hémisphère droit est en charge de la perception spatiale, mais certaines données scientifiques indiquent que l’hémisphère gauche est impliqué dans la localisation des objets dans l’espace(10). Les fonctions sont donc distribuées et les deux hémisphères travaillent de concert sur les divers paramètres d’une même fonction complexe. La réduction hémisphérique dont il est si souvent question dans les discours sur le cerveau ne tient pas.

Pour pouvoir prétendre à une latéralisation de nos fonctions, il faut d’abord les définir et les délimiter, et cela n’est pas si simple. Par exemple, pour peindre ses visages constitués de fruits, Arcimboldo ne devait-il pas être aussi méthodique, respectueux des principes géométriques et spatiaux (proportions, perspective…) que créatif ? Lorsque Benjamin Franklin, en 1752, essaie de capturer un éclair dans une bouteille en envoyant son cerf-volant au milieu d’un orage, était-il analytique et rationnel ou intuitif et créatif ? L’opposition binaire entre ces catégories ne reflète pas leur usage ni les liens étroits qu’elles entretiennent.

D’ailleurs, un autre découpage est venu concurrencer celui du cerveau gauche et du cerveau droit auprès du grand public. Le cerveau n’est plus théoriquement découpé en deux parties, mais en trois !

La théorie des trois cerveaux

Charles Darwin publia L’Origine des espèces en 1859, pavant la route de la théorie de l’évolution. Quelques années plus tard, l’hypothèse évolutionniste était acceptée par la grande majorité de la communauté scientifique. Cependant, diverses interprétations spécifiques de cette théorie de l’évolution vont se concurrencer et ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que la théorie se stabilise et se voit appliquée à de multiples champs du vivant. Les neurosciences n’échappent pas à l’évolutionnisme. Parmi les chercheurs qui travaillaient sur ces approches, on peut citer Paul MacLean, médecin et neuroscientifique, à l’origine du mythe du cerveau triunique, encore bien présent. Il postule que notre cerveau s’est développé au cours de l’évolution en étages : un complexe reptilien, le plus ancien ; un complexe paléomammalien, un peu plus récent et qu’on partage avec les autres mammifères et, enfin, un complexe néomammalien, la toute nouvelle addition évolutionniste que seuls certains mammifères développés, notamment les humains, posséderaient. MacLean commence à poser les bases de son modèle dans les années 1960, il devient directeur du Laboratory of Brain Evolution and Behavior en 1971 et publie en 1990 le fruit de toutes ses recherches sur le sujet dans le grand ouvrage de sa vie : The Triurne Brain in Evolution(11).

Dans son modèle, chaque couche est en charge de fonctions différenciées, on retrouve donc une vision localisée du fonctionnement cérébral, qui se cartographie non plus en deux (droite/gauche), mais en trois niveaux correspondant à trois « étages » cérébraux distincts. Le complexe reptilien, composé des ganglions de la base et du tronc cérébral, serait responsable de nos comportements instinctifs, d’agression, de domination, de territorialité, bref de nos pulsions primitives ; le complexe paléomammalien, que MacLean appelle aussi système limbique, composé du septum, de l’amygdale, de l’hypothalamus, de l’hippocampe et du cortex cingulaire, serait responsable de nos émotions et de notre motivation ; et, enfin, le complexe néomammalien, composé du néocortex, serait responsable de compétences réservées à un nombre restreint d’espèces, au sommet desquelles se tiendraient les humains avec le langage, l’abstraction, la planification ou le raisonnement. On renoue ici avec une séparation et une hiérarchisation très anciennes : la raison – supérieure, pondérée et réfléchie – doit dominer et maîtriser les instincts et les émotions perturbatrices. Désormais, les instincts, rattachés au complexe reptilien, et les émotions, appartenant au complexe paléomammalien, relèvent de couches primitives et inférieures de notre cerveau, et notre cognition – plus récente, valorisée et différenciante – possède un ascendant sur eux.

Le cerveau triunique va rapidement rencontrer un certain succès auprès du grand public grâce à son approche d’apparence rigoureuse et scientifique : le modèle de MacLean se base sur des travaux d’anatomie comparative et des travaux évolutionnistes. Une telle approche du développement cérébral pourrait théoriquement être cohérente, mais son application dans le modèle triunique est erronée. Le modèle de MacLean perdure bien qu’il n’ait jamais vraiment été adopté par les chercheurs en neurobiologie. Il a même été assez vite rejeté par la communauté scientifique. Aucune partie de notre cerveau n’est venue s’ajouter spontanément à un ensemble préexistant qui se serait révélé insuffisant, ou trop limité. Le cerveau ne s’est pas développé en strates à l’image des couches géologiques, et l’évolution est beaucoup plus chaotique qu’on pourrait le penser(12). En général, l’évolution opère par le développement de l’existant, comme c’est le cas pour nos autres organes ou membres. Ainsi, notre coccyx est probablement la transformation d’une queue qui s’est rétrécie jusqu’à disparaître. De la même manière, notre cortex n’est pas une structure qui est venue s’ajouter spontanément à un complexe néomammalien : quasiment tous les vertébrés possèdent des structures comparables à notre cortex, et certains chercheurs(13) pensent que ce dernier pourrait être antérieur à l’apparition des vertébrés. Ensuite, le développement du système nerveux ne s’est pas fait de manière linéaire, des organismes les plus simples aux plus complexes. Il s’est déployé selon un cheminement nébuleux constitué de lignes indépendantes, de fausses routes et de recombinaisons. Par exemple, certains céphalopodes possèdent des systèmes nerveux très complexes et très différents des nôtres alors qu’ils sont plus anciens, et on retrouve cette complexité chez certains insectes ou oiseaux. Enfin, notre cortex préfrontal n’est pas du tout spécifique à notre espèce, tous les mammifères en possèdent un. L’idée d’un cerveau se construisant en couches successives et gagnant en complexité au fur et à mesure de son développement et de celui de l’espèce est donc invalidée. Complexité du système et « intelligence/développement » de l’espèce ne sont pas nécessairement corrélées. L’évolution des systèmes cérébraux des diverses espèces s’est faite de manière confuse et désordonnée à partir de structures existantes sans que l’on puisse distinguer de phases successives claires liées à l’apparition de zones spécifiques.

Pourtant, en 2020, dans leur article « Votre cerveau n’est pas un ognon avec un petit reptile à l’intérieur »(14), Joseph Cesario et ses collègues du département de psychologie de l’université de Michigan révèlent que le modèle de MacLean est retrouvé dans nombre de manuels universitaires de psychologie : sur vingt livres introductifs publiés entre 2009 et 2017, 14 parlaient de l’évolution du cerveau et 12 le faisaient avec une notion erronée.

Au-delà de ces différentes visions, le modèle localiste a aussi prospéré sous l’impulsion de l’imagerie cérébrale.

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NOTES

1. Les neurosciences sont les études du système nerveux, aussi bien de sa structure que de son fonctionnement. On abordera principalement dans cet ouvrage les neurosciences cognitives qui se focalisent surtout sur le cerveau et le système nerveux central.

2. Ce retour historique se base notamment sur le livre de Matthew Cobb, The Idea of the Brain: The Past and Future of Neuroscience, Profile Books, 2020.

3. Abu Ali al-Hasan Ibn al-Haytham, né en 965 à Bassora, dans l’actuel Irak, décédé au Caire en 1040, et connu en Occident sous le nom d’Alhazen, est un savant et philosophe, mathématicien, physiologiste et physicien.

4. René Descartes, Discours de la méthode, 1637. Il s’agit de la deuxième règle de la méthode cartésienne, qui divise le complexe en éléments simples.

5. Melchisédech Thévenot, né vers 1620, mort à Issy en 1692, écrivain et physicien français. Humaniste, il créa chez lui un cercle de savants qui, associé à d’autres, formera l’Académie des sciences en 1666.

6. Arthur Conan Doyle, Le Chien des Baskerville, 1902.

7. Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835.

8. Paul Broca (1824-1880), médecin praticien, fut chirurgien des hôpitaux, vice-président du Conseil général des hôpitaux, président de la Société de chirurgie, membre de l’Académie de médecine… Il créa la chirurgie moderne du cerveau et fonda la Société d’anthropologie en 1859.

9. Les mesures de Broca ainsi que son approche furent réfutées plus de cent ans plus tard par Stephen Jay Gould dans La Mal-mesure de l’homme, 1981.

10. Langdon, D., Warrington, EK., « The role of the left hemisphere in verbal and spatial reasoning tasks », Cortex, vol. 36, no5, p. 691-702, 2000. https://doi.org/10.1016/S0010-9452(08)70546-X

11. Paul D. MacLean, The Triune Brain in Evolution: Role in Paleocerebral Functions, Springer US, 1990.

12. À ce sujet, voir : Hain, D., Gallego-Flores, T., Klinkmann, M., et al., « Molecular diversity and evolution of neuron types in the amniote brain », Science, vol. 377, sept. 2022. https://doi.org/10.1126/science.abp8202

13. Briscoe, S. D., & Ragsdale, C. W., « Evolution of the chordate telencephalon », Current Biology, vol. 29, no13, R647-R662, 2019. https://doi.org/10.1016/j.cub.2019.05.026

14. Cesario, J., Johnson, D. J., & Eisthen, H. L., « Your Brain Is Not an Onion With a Tiny Reptile Inside », Current Directions in Psychological Science, vol. 29, no3, juin 2020. https://doi.org/10.1177/0963721420917687

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REVUE DE PRESSE

Albert Moukheiber pour « Neuromania » : « Notre cerveau est beaucoup plus complexe qu’on l’imagine » / Radio France / France Inter, Publié le vendredi 13 septembre 2024

Neuromania: Le vrai du faux sur notre cerveau, Planetesante.ch, Dernière mise à jour 11/11/24 | Audio

Autour de la question, le magazine de toutes les sciences / Pourquoi tant d’idées reçues sur le cerveau ? Radio France International, Publié le : 16/09/2024 – 12:27

Albert Moukheiber : “le cerveau est instrumentalisé à des fins idéologiques ou mercantiles”, Bon Pote, 27/09/2024

Neuromanie : un vrai casse-tête ? Radio, France, Publié le mercredi 8 janvier 2025

Neurosciences : le cerveau devenu argument marketing « alors que souvent, ce n’est pas là que ça se joue », RTBF ACTU, 8 oct. 2024

Comment se fabriquent les idées reçues à propos du cerveau ? Radio France / France Culture, Publié le samedi 19 octobre 2024


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Journée professionnelle académique 25/01/2019 – Atelier Canopé 13 Marseille, Apprendre à apprendre : Neurosciences et pédagogie, Albert Moukheiber – L’importance du doute de soi, – Transcription de l’intervention

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Albert Moukheiber

Description : Français : Albert Moukheiber en 2024. Auteur : K192837 (Wikipédias).
Description : Français : Albert Moukheiber en 2024. Auteur : K192837 (Wikipédias).

 

Crédit photo : ©Bojana Tatarska/Allary Éditions
Crédit photo : ©Bojana Tatarska/Allary Éditions

« Albert Moukheiber est Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Il est l’un des fondateurs de Chiasma, collectif de neuroscientifiques s’intéressant à la façon dont se forment nos opinions. Il est l’auteur d’un premier essai à succès Votre cerveau vous joue des tours (Allary Éditions, 2019), en cours d’adaptation pour Arte et traduit dans 12 langues. Son dernier livre paru est Neuromania (2024). » Source : © Allary Editions.

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Mon rapport de lecture du livre

Neuromania

Le vrai du faux sur votre cerveau

Albert Moukheiber

Allary Éditions, 2024

« On ne peut pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni faire dire aux neurosciences et aux sciences cognitives ce qu’elles ne disent pas ». lit-on en quatrième de couverture de l’essai NEUROMANIA de ALBERT MOUKHEIBER docteur en neurosciences et psychologue clinicien. Au programme : distinguer le vrai du faux sur notre cerveau. Je ne savais pas que ces sciences étaient elles aussi victimes de désinformation et de raccourcis trompeurs dans les médias et ainsi au sein de nos propres croyances sur le cerveau. L’auteur note aussi une approche éhontée des neurosciences et des sciences cognitives dans le développement personne1.

Aujourd’hui, tout, ou presque, semble devoir trouver son explication dans le cerveau. Nos bonheurs, nos émotions, nos addictions, nos peurs, nos croyances, nos performances, notre capacité ou incapacité à changer ne seraient qu’un effet des interactions de nos neurones.

On peut évidemment se réjouir que les neurosciences1 et les sciences cognitives, des disciplines encore jeunes, aient gagné en si peu de temps l’intérêt du grand public. Elles ont, de fait, réalisé des avancées spectaculaires ces dernières années, notamment dans le traitement des maladies neurodégénératives. Et nous n’en sommes qu’au début. Mais en tant que neuroscientifique, et comme beaucoup de mes confrères et consœurs, je m’inquiète de cette prolifération de discours sur le cerveau, de cette neuromania, car elle se fait au prix de raccourcis, d’approximations, voire de contre-vérités.

(…)

Cela est d’autant plus important que cette neuromania installe l’idée que, de l’intime au politique, tout s’éclaire par le cerveau. Or, celui-ci n’est pas le bon niveau explicatif pour beaucoup de nos comportements individuels et collectifs. Tout réduire à nos neurones revient, dans certains cas, à vouloir expliquer le fonctionnement d’une voiture en étudiant au microscope les atomes de carbone qui la composent. Le réductionnisme est l’un des moteurs de la science, il a certes permis des avancées fantastiques en neurosciences, mais il provoque une myopie sur des sujets comme les addictions, les douleurs, les maladies psychosomatiques, les fake news… Pour bien comprendre les phénomènes humains et sociaux, il est parfois nécessaire d’élargir la focale : penser le cerveau non pas dans un bocal mais en lien avec le corps, avec son contexte, et ne pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau. Les chercheurs et les scientifiques sont les premiers à le dire. Il est donc important de les écouter pour démêler le vrai du faux dans cette profusion de discours sur le cerveau.

____________

NOTE

1 Les neurosciences sont les études du système nerveux, aussi bien de sa structure que de son fonctionnement. On abordera principalement dans cet ouvrage les neurosciences cognitives qui se focalisent surtout sur le cerveau et le système nerveux central.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Introduction, Éditions Allary, 2024, p. 9.

Je m’intéresse aux neurosciences depuis les 1990. J’ai toute une collection d’éditions spéciales de magazines consacrés au cerveau. J’ai lu aussi avec beaucoup d’attention les livres L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE – COMMENT TRANSFORMER SES ÉMOTIONS EN INTELLIGENCE de DANIEL GOLEMAN paru en 1997, L’ERREUR DE DESCARTES – LA RAISON DES ÉMOTIONS de ANTONIO R. DAMASCIO paru en 1994 et d’autres livres au sujet des neurosciences. Ma lecture de NEUROMANIA a remis drastiquement les pendules à l’heure et j’en remercie l’auteur ALBERT MOUKHEIBER.

Les premières tentatives systématiques de percer les mystères du cerveau de manière méthodique apparaissent au XVIIe siècle avec la parution de trois ouvrages : L’Homme (posth. 1662) de René Descartes ; Cerebri anatome (1664) de Thomas Willis et Discours sur l’anatomie du cerveau (1669) de Nicolas Sténon. On y trouve les bases des débats philosophiques et scientifiques qui vont fonder pour quatre siècles nos connaissances du sujet, que ce soit sur la nature de l’esprit ou le fonctionnement du cerveau. Nous avons ainsi hérité d’un certain nombre d’hypothèses fausses auxquelles nous prêtons encore foi aujourd’hui. (…)

(…)

Ainsi, en 1665, au domicile de Melchisédech Thévenot5, Sténon mettait en œuvre sa méthode face à un groupe de savants et opérait la dissection d’un cerveau humain. Sténon affirmait que « le cerveau est une machine » et qu’on devait donc l’aborder comme telle, pièce par pièce, en tentant de comprendre la fonction de chaque élément. Il pensait qu’une fois ce travail accompli, les autres mystères, comme les localisations et les aires cérébrales, se trouveraient résolus d’eux-mêmes.

Cette approche qui consiste à réduire des phénomènes complexes à leurs composants les plus simples s’appelle le « réductionnisme », une sorte de découpage à la plus petite entité pour ensuite tenter de reconstituer et comprendre le tout.

Cette approche qui consiste à réduire des phénomènes complexes à leurs composants les plus simples s’appelle le « réductionnisme », une sorte de découpage à la plus petite entité pour ensuite tenter de reconstituer et comprendre le tout. Associée à la vision mécaniste de Sténon, elle a constitué la feuille de route des neurosciences depuis et a permis des bonds de compréhension fulgurants, mais conduit aussi aujourd’hui à des impasses. Elle est pourtant encore largement suivie. Elle s’est tant et si bien implantée dans l’imaginaire collectif qu’elle continue d’influencer et d’orienter les travaux des scientifiques. L’approche mécaniste s’est vue – et se voit encore – souvent associée à une vision localiste ou localisée, à l’image de celle proposée par Willis, et a donné naissance à des théories telle que la phrénologie.

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NOTE

5 Melchisédech Yhévenot, né vers 1620, mort à Issy en 1692, écrivain et physicien français. Humaniste, il créa chez lui un cercle de savants qui, associé à d’autres, formera l’Académie des sciences en 1666.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², La méthode cartésienne, Éditions Allary, 2024, pp. 14-15.

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NOTE

² Ce retour historique sur base notamment sur le livre de Matthew Cobb, The Idea of the Brain : The Past and Future of Neuroscience, Profile Books, 2020.

P.S.: Les liens et l’encadré dans la citation sont de nous.

Je ne suis ni savant ni scientifique mais il me fut enseigné très jeune que le tout est supérieur à la somme de ses parties. Il me suffisait, disait-on, de prendre en considération les ingrédients d’un gâteau pour comprendre. Mais peu importe car ce souvenir remonte loin dans le temps.

Albert Moukheiber met en cause le « réductionnisme » qui, associé à l’approche mécaniste, « a donné naissance à des théories telle que la phrénologie » : « (…) une théorie selon laquelle la forme du crâne reflète la personnalité, le caractère et certaines compétences de la personne ». L’hypothèse fut émise dans les années 1790 par le médecin viennois Franz Gall à l’effet « que les différentes facultés mentales d’un individu humain seraient produites respectivement dans différents organes du cerveau, mesurables par palpitation du crâne ».

Si la phrénologie sut séduire le grand public auprès duquel elle rencontra un certain succès, accaparant une place de choix dans les croyances populaires, elle ne fut jamais considérée comme une hypothèse crédible par les scientifiques, au grand dam de Gall. Il se vit d’ailleurs refuser plusieurs fois son admission à l’Académie des sciences de Paris. Et à juste titre ! Au-delà des problèmes de méthodologie et d’hypothèses hasardeuses, les recherches scientifiques nous ont confirmé qu’il n’existe pas de « bosse des maths » et que la forme du crâne ne reflète en rien l’anatomie cérébrale. Cela n’a pas empêché les thèses phrénologiques de se répandre pour justifier le racisme et l’esclavage ou affirmer la supériorité masculine. Les théories de Gall, bien que discréditées, s’instillèrent si bien dans les esprits qu’elles influèrent malgré tout sur la direction que prit la recherche scientifique concernant le fonctionnement du cerveau. Quatre croyances principales se sont ainsi implantées et nous orientent encore aujourd’hui.

La première de ces croyances identifie le cerveau comme l’organe responsable de notre identité et chargé de piloter notre corps. La deuxième affirme que nos capacités sont localisées dans le cerveau ; qu’il existe des aires responsables des différentes fonctions psychologiques et physiologiques que nous possédons. La troisième de ces idées présume que ces fonctions peuvent potentiellement être mesurées et que nous pouvons ainsi évaluer nos capacités. La quatrième et dernière estime que le cerveau humain ne serait pas très différent de celui des autres animaux. Selon Gall, nous partageons 19 de nos 27 fonctions cérébrales – cartographiées par ses soins, telles que le penchant pour le sexe, le talent musical ou le génie mathématique, l’instinct de propriété, la tendance au vol… – avec les animaux, quels qu’ils soient.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², La phrénologie, Éditions Allary, 2024, pp. 18-19.


Anatomie et physiologie du système nerveux en général, et du cerveau en particulier, avec des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l’homme et des animaux par la configuration de leurs têtes / Par F. J. Gall et G. Spurzheim. Gall, F. J. (Franz Joseph), 1758-1828. Date: 1810-1819

Credit: Anatomie et physiologie du système nerveux en général, et du cerveau en particulier, avec des observations sur la possibilité de reconnoître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l'homme et des animaux par la configuration de leurs têtes / Par F. J. Gall et G. Spurzheim. Wellcome Collection. Source: Wellcome Collection.
Pl. LXXXII. Fig. 1. Bruegel / Fig. 2. Colomb / Fig. 3. Galilée / Fig. 4. Lalande / Fig. 5. Descartes / Fig. 6. Bacon – Anatomie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier, avec des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l’homme et des animaux par la configuration de leurs têtes. Quatrième volume. Source: Université Paris Cité.

Voir le livre sur Gallica.


Classement phrénologie du XIXe siècle -  From People's Cyclopedia of Universal Knowledge (1883). Source : Wikipédia.
Classement phrénologie du XIXe siècle – From People’s Cyclopedia of Universal Knowledge (1883). Source : Wikipédia.

Illustration et définition de la phrénologie, Dictionnaire Webster 1895
Illustration et définition de la phrénologie, Dictionnaire Webster 1895. Source : Wikipédia.

Pour le moins que l’on soit curieux, on a vu de telles illustration du cerveau au cours de notre adolescence. Ce fut mon cas et elles me laissèrent perplexes. Mais Albert Moukheiber a bien raison de dire que : « Les théories de Gall, bien que discréditées, s’instillèrent si bien dans les esprits qu’elles influèrent malgré tout sur la direction que prit la recherche scientifique concernant le fonctionnement du cerveau. » Albert Moukheiber nomme de cette quête de localisation dans le cerveau « la vision localiste ». Parlant des recherches de Paul Broca et de Carl Wernicke sur la localisation du langage dans le cerveau, il écrit :

(…) Les expériences vont se poursuivre et la vision localisée du fonctionnement du cerveau ne va cesser de gagner du terrain. À la fin du XIXe siècle, elle est la vision dominante, et elle persiste encore mais de plus en plus de données viennent contredire cette conception et les scientifiques aujourd’hui réfléchissent en termes de « réseaux impliqués dans le langage », les aires de Broca et de Wernicke appartenant à ceux-ci.

Mais surtout, la vision localiste reste bien ancrée dans l’esprit du grand public. Elle s’accompagne souvent d’une vision latéralisée, séparant hémisphères droit et gauche du cerveau et associant à chacun des fonctions et caractéristiques précises.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², Les localistes contre distributrices, Éditions Allary, 2024, pp. 22-23.

Cette question des hémisphères droit et gauche, bien ancrée en mon esprit, avant la lecture de NEUROMANIA, a trouvé un développement inattendu : ce n’est pas vrai !

(…) En effet, le corps est contrôlé de manière controlatérale : l’hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et vice versa. Sperry avait par exemple déterminé que si le langage est souvent latéralisé à gauche, la perception spatiale est plutôt latéralisée à droite. Partant de là, une extension s’est effectuée, l’hémisphère gauche s’est vu associé au langage et aux fonctions analytiques et de compréhension, et le droit à la perception et aux fonctions créatives. Mais, comme c’est souvent le cas avec de nouvelles données, le passage entre la recherche et la communication au grand public ne s’est pas très bien passé et les découvertes sur la latéralisation ont muté en un système binaire qui oppose nos capacités analytiques et nos capacités créatives. De plus, le mot « hémisphère » a été remplacé par « cerveau » et un modèle a émergé dans lequel notre « cerveau droit » serait responsable des pensées intuitives, du non-verbal, des émotions, alors que le gauche serait plus précautionneux, logique, rationnel.

Mais cette idée ne s’appuie sur aucune preuve scientifique !

Mais cette idée ne s’appuie sur aucune preuve scientifique ! Que ce soit au temps de Broca ou de Gazzaniga, et jusqu’à la littérature scientifique contemporaine, même les défenseurs les plus localistes n’ont jamais prétendu avoir découvert une latéralisation complète de nos fonctions. Aucune lésion hémisphérique connue n’a par exemple fait perdre à une personne sa capacité « créative ». On prétend aussi que l’hémisphère droit est en charge de la perception spatiale, mais certaines données scientifiques indiquent que l’hémisphère gauche est impliqué dans la localisation des objets dans l’espace(10). Les fonctions sont donc distribuées et les deux hémisphères travaillent de concert sur les divers paramètres d’une même fonction complexe. La réduction hémisphérique dont il est si souvent question dans les discours sur le cerveau ne tient pas.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², La théorie des deux cerveaux, Éditions Allary, 2024, pp. 24-25.

P.S. : L’encadré est de nous.

Juste pour cette mise au point, il vaut la peine de lire NEUROMANIA. On comprends qu’il nous faut nous débarrasser des présupposés même dans le domaine d’une science que je croyais exactes, du moins en apparence. Car il y a des mythes, même en science.

D’ailleurs, un autre découpage est venu concurrencer celui du cerveau gauche et du cerveau droit auprès du grand public. Le cerveau n’est plus théoriquement découpé en deux parties, mais en trois !

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², La théorie des deux cerveaux, Éditions Allary, 2024, p. 26.

Wow ! Nous voilà avec « La théorie des trois cerveaux » !

Charles Darwin publia L’Origine des espèces en 1859, pavant la route de la théorie de l’évolution. Quelques années plus tard, l’hypothèse évolutionniste était acceptée par la grande majorité de la communauté scientifique. Cependant, diverses interprétations spécifiques de cette théorie de l’évolution vont se concurrencer et ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que la théorie se stabilise et se voit appliquée à de multiples champs du vivant. Les neurosciences n’échappent pas à l’évolutionnisme. Parmi les chercheurs qui travaillaient sur ces approches, on peut citer Paul MacLean, médecin et neuroscientifique, à l’origine du mythe du cerveau triunique, encore bien présent. Il postule que notre cerveau s’est développé au cours de l’évolution en étages : un complexe reptilien, le plus ancien ; un complexe paléomammalien, un peu plus récent et qu’on partage avec les autres mammifères et, enfin, un complexe néomammalien, la toute nouvelle addition évolutionniste que seuls certains mammifères développés, notamment les humains, posséderaient. MacLean commence à poser les bases de son modèle dans les années 1960, il devient directeur du Laboratory of Brain Evolution and Behavior en 1971 et publie en 1990 le fruit de toutes ses recherches sur le sujet dans le grand ouvrage de sa vie : The Triurne Brain in Evolution11

____________

NOTE

11 Paul D. MacLean, The triune Brain in Evolution : Role in Paleocerebral Functions, Springer US, 1990.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², La théorie des trois cerveaux, Éditions Allary, 2024, pp. 26-27.



Quatrième de couverture
The main substance of the present book concerns comparative neurobehavioral and clinical studies germane to evolutionary considerations. Here the evidence, along with other considerations, seems to present an surmountable obstacle to our ever obtaining confidence in scientific or other intellectual beliefs---a confidence that is essential to make it worthwhile to pursue a search for the meaning of life. If the reader were able to contradict or circumvent the interpretations that have been reached in this respect, that would be a contribution of endless value.

Quatrième de couverture : « The main substance of the present book concerns comparative neurobehavioral and clinical studies germane to evolutionary considerations. Here the evidence, along with other considerations, seems to present an surmountable obstacle to our ever obtaining confidence in scientific or other intellectual beliefs—a confidence that is essential to make it worthwhile to pursue a search for the meaning of life. If the reader were able to contradict or circumvent the interpretations that have been reached in this respect, that would be a contribution of endless value. »

Tout le monde n’est pas d’accord avec cette théorie des trois cerveaux comme on peut le lire dans l’article ci-dessous. Steffen Patrick R (Department of Psychology, Brigham Young University, Provo, UT, United States), Hedges Dawson and Matheson Rebekka (Departments of Psychology and Neuroscience, Brigham Young University, Provo, UT, United States) avance une autre théorie (« adaptative ») :


Frontiers Media
Frontiers Media

The Brain Is Adaptive Not Triune: How the Brain Responds to Threat, Challenge, and Change

Theory impacts how research is conducted. A popular theory used to conceptualize brain functioning is the triune brain theory. The triune brain theory is an evolutionary theory of brain development that emphasizes three key brain regions consisting of the brainstem, the limbic system, and the cortex that function relatively independently in coping with stress via fight or flight, emotion, and cognition, respectively. However, modern neuroscience research demonstrates that the triune brain theory does not accurately explain how the brain functions in everyday life or during the stress response. Specifically, emotion and cognition are interdependent and work together, the limbic system is not a purely emotional center nor are there purely emotional circuits in the brain, and the cortex is not a purely cognitive center nor are there purely cognitive circuits in the brain. We propose a new evolutionarily based model, the adaptive brain, that is founded on adaptive prediction resulting from interdependent brain networks using interoception and exteroception to balance current needs, and the interconnections among homeostasis, allostasis, emotion, cognition, and strong social bonds in accomplishing adaptive goals.

Traduction avec DeepL

Le cerveau est adaptatif et non trinitaire : Comment le cerveau réagit à la menace, au défi et au changement

La théorie influe sur la manière dont la recherche est menée. Une théorie populaire utilisée pour conceptualiser le fonctionnement du cerveau est la théorie du cerveau trinitaire. Il s’agit d’une théorie évolutionniste du développement du cerveau qui met l’accent sur trois régions cérébrales clés, à savoir le tronc cérébral, le système limbique et le cortex, qui fonctionnent de manière relativement indépendante pour faire face au stress par la lutte ou la fuite, l’émotion et la cognition, respectivement. Cependant, les recherches neuroscientifiques modernes démontrent que la théorie du cerveau triunique n’explique pas avec précision le fonctionnement du cerveau dans la vie de tous les jours ou pendant la réponse au stress. Plus précisément, l’émotion et la cognition sont interdépendantes et fonctionnent ensemble, le système limbique n’est pas un centre purement émotionnel et il n’existe pas de circuits purement émotionnels dans le cerveau, et le cortex n’est pas un centre purement cognitif et il n’existe pas de circuits purement cognitifs dans le cerveau. Nous proposons un nouveau modèle basé sur l’évolution, le cerveau adaptatif, qui repose sur la prédiction adaptative résultant de réseaux cérébraux interdépendants utilisant l’interoception et l’extéroception pour équilibrer les besoins actuels, et sur les interconnexions entre l’homéostasie, l’allostasie, l’émotion, la cognition et les liens sociaux forts dans l’accomplissement des objectifs adaptatifs.

Source : Steffen Patrick R (Department of Psychology, Brigham Young University, Provo, UT, United States), Hedges Dawson and Matheson Rebekka (Departments of Psychology and Neuroscience, Brigham Young University, Provo, UT, United States), The Brain Is Adaptive Not Triune: How the Brain Responds to Threat, Challenge, and Change, JOURNAL Frontiers in Psychiatry, VOLUME13, 2022.

Télécharger cet article (anglais) (PDF)


On va s’en sortir comment ? Que pouvons-nous savoir scientifiquement sur notre cerveau, nous, le commun des mortels ? Je croyais que nous pouvions nous fier à l’imagerie médicale mais… Nous arrivons au sous-titre « Les limites de l’imagerie médicale ».

(…) La « photographie du cerveau en marche », fascinante, qui vient illustrer les articles de vulgarisation, n’est en fait que le résultat probabibliste d’activation d’un groupe très grossier de neuronnes qu’on surimpose sous forme colorée sur un dessins de cerveau. Cela ne dit pas rien, mais ce la ne montre pas tout, loin de là. Certains chercheurs, comme la psychiatre Sally Satel et le professeur de psychologie Scott O. Lilienfeld, ou le psychologue et neurscientifique Russel A. Poldrack, se montrent d’ailleurs très critiques envers l’utilisation des données de l’IRMf, considérant qu’y recourir pour expliquer des fonctions complexes comme des comportements, des cognitions ou des émotions revient le plus souvent à cherche à confirmer sa vision des choses plutôt qu’à décrire objectivement le cerveau. (…)

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², Les limites de l’imagerie médicale, Éditions Allary, 2024, p. 34.

Puis vient un autre sous-titre : « L’analogie cerveau/machine et les promesses de l’IA ».

(…) Mais si les IA copient certaines de nos fonctions, nos fonctionnement ne sont pas similaires. Une connexion entre deux neurones artificielles est différentes d’une synapse, et l’apprentissage d’une intelligence artificielle est très éloigné de l’apprentissage d’un cerveau humain. Par exemple, une petite fille de 2 ans peut reconnaître des chiens à partir de 3 ou 4 photo « d’entraînement » alors qu’une IA aura besoin de milliers de photos de chiens de différentes formes, races, sous différents angles de vue, peut-être aussi de photos de chats et de rats pour établir les différences d’espèce, avant de se montrer capable d’identifier et de reconnaître un chien. (…)

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie I, Aux origines du réductionnisme : une brève histoire du cerveau², L’analogie cerveau/machine et les promesses de l’IA, Éditions Allary, 2024, pp. 39-40.


La connaissance scientifique se construit sur la destruction du déjà su. Mais si plusieurs connaissances devenues obsolètes agissent toujours sur les chercheurs et sur le grand public, que faire ? En conclusion de la première partie de NEUROMANIA, Albert Moukheiber écrit :

Si les réductionnismes opérés par Descartes et Sténon ont eu leurs vertus et ont conduit à des découvertes et progrès notables, il se révèlent aujourd’hui réducteurs et nous éloignent d’une juste compréhension du cerveau

Pourtant, nos représentations du cerveau héritées d’approches devenues obsolètes influencent encore les schémas mentaux de certains chercheurs et, surtout, restent dominantes auprès du grand public. Avec des conséquences néfastes.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie II – Quand le développement personnel instrumentalise les sciences cognitives, Une science séduisante, Éditions Allary, 2024, p. 48.

Il faut souligner l’esprit critique dont fait preuve Albert Moukheiber dans NEUROMANIA.


Dans mon livre J’AIME PENSER – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, au premier chapitre, LA PENSÉE CERTAINE, on peut lire :

« J’aime bien la définition de la science donnée par l’historien philosophe des sciences et professeur de chimie et de physique, Gaston Bachelard, dont le livre La Formation de l’esprit scientifique fait autorité en la matière. « Il définit la science comme un combat, un refus de ses propres opinions », pour moi, un refus de ce qu’on prend d’emblée pour vrai, puisqu’une opinion est par définition prise pour vraie. »

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Les caractères ont été mis en italique par l’auteur. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

« Selon le professeur et sociologue des sciences Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées ». »

Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval.

Le professeur Nicolle formule en ces mots la démarche : « La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal ».

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Les caractères ont été mis en italique par l’auteur. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

« L’obstacle épistémologique est une résistance au développement de la connaissance, interne à l’acte de connaître. C’est dans l’esprit du chercheur, dans sa démarche intellectuelle elle-même que l’on trouve des barrières, des obstacles au progrès de la connaissance. Ces obstacles sont bien entendu involontaires. »

Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Les caractères ont été mis en italique par l’auteur. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.

Laissons à Gaston Bachelard le soin de replacer nos dires dans la version originale de son texte :

« Quand on recherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s’agit pas de considérer des obstacles externes comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d’incriminer la faiblesse des sens et de l’esprit humain : c’est dans l’acte même de connaître, intimement, qu’apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C’est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c’est là que nous décèlerons des causes d’inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n’est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n’est jamais « ce qu’on pourrait croire », mais il est toujours ce qu’on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l’appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d’erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l’esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.

L’idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais devant le mystère du réel, l’âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu’on croit savoir clairement offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter une mutation brusque que doit contredire un passé.

La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit.

Une connaissance acquise par un effort scientifique peut elle-même décliner. La question abstraite et franche s’use : la réponse concrète reste. Dès lors, l’activité spirituelle s’invertit et se bloque. Un obstacle épistémologique s’incruste sur la connaissance non questionnée. Des habitudes intellectuelles qui furent utiles et saines peuvent, à la longue, entraver la recherche. « Notre esprit, dit justement M. Bergson, a une irrésistible tendance à considérer comme plus claire l’idée qui lui sert le plus souvent ». L’idée gagne ainsi une clarté intrinsèque abusive. À l’usage, les idées se valorisent indûment. Une valeur en soi s’oppose à la circulation des valeurs. C’est un facteur d’inertie pour l’esprit. Parfois une idée dominante polarise un esprit dans sa totalité. Un épistémologue irrévérencieux disait, il y a quelque vingt ans, que les grands hommes sont utiles à la science dans la première moitié de leur vie, nuisibles dans la seconde moitié. L’instinct formatif est si persistant chez certains hommes de pensée qu’on ne doit pas s’alarmer de cette boutade. Mais enfin l’instinct formatif finit par céder devant l’instinct conservatif. Il vient un temps où l’esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit, où il aime mieux les réponses que les questions. Alors l’instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s’arrête. »

Bachelard, Gaston, La formation de l’esprit scientifique, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 1938, Seizième édition, 1999, pp. 13-15.


Si la connaissance scientifique se batit sur la destruction du déjà su, que fait-on lorsqu’une science accumule des connaissances les unes sur les autres et dans des directions théoriques différentes voire en compétition sans cette destruction du déjà su ? Si aucune théorie s’impose comme étant meilleure ou détrônant les anciennes théories, nous ne sommes plus dans une évolution de la connaissance scientifique mais dans un cul de sac.


Albert Moukheiber consacre la deuxième partie de NEUROMANIA à l’exploitation éhonté des sciences cognitives par le développement personnel : « Partie II – Quand le développement personnel instrumentalise les sciences cognitives ».

C’est une des raison pour lesquelles les connaissances et hypothèses neuroscientifiques, plus ou moins approximative, voire fausses, se répandent dans l’opinion publique et se voient instrumentalisées par les méthodes de développement personnel qui, à travers elles, se parent à moindre frais d’un vernis pseudoscientifique. Contrevérités et mensonges ainsi véhiculés ouvre la porte à toutes sortes de supercheries : nouveaux outils cognitifs qui vont vous reconnecter à vous-même, vous aider à effacer vos traumas, à mieux collaborer, à vous imposer comme un meilleur leader. Ils vous permettront de manifester vos désirs grâce à la puissance de votre volonté. Vous trouverez sans peine des tests pour vous dire quel cerveau est dominant chez vous, et, armé de ce savoir « scientifiquement prouvé » vous pourrez vous tourner vers nombre de livres vous promettant de débloquer votre cerveau droit pour libérer vos émotions ou votre créativité, ou activer votre cerveau gauche pour privilégier votre rationalité, si le modèle convoqué est dualiste ; à mieux utiliser votre cerveau néomammalien (votre capacité d’abstraction de planification et de raisonnement) si on se réfère au découpage triunique de MacLean. On vous proposera des méthodes adaptées à la configuration de votre cerveau pour faciliter l’apprentissage, d’autres permettant de résoudre des problèmes plus vite en développant votre pensée en arborescence, voire des techniques pour arrêter le prétendu conflit entre vos hémisphères, pour qu’ils travaillent enfin à l’unisson, à votre service. La liste est infinie et le business du développement personnel avoisine aujourd’hui les 45 milliards de dollars33. Cette dérive mercantile d’une certaine forme de scientisme n’est d’ailleurs pas nouvelle. Fut un temps, la radioactivité connue elle aussi une telle instrumentalisation, et l’on vendait des crèmes de beauté et des couches pour bébé au radium. Aujourd’hui c’est pas discipline en encore la physique quantique qui sont utilisées comme caution scientifique. Le point commun entre ces disciples c’est qu’elles sont relativement nouvelles et complexes.

Dans le cas des sciences cognitives, le cadre théorique n'est pas encore stabilisé, on parle alors de sciences pré-paradigmatiques.

Dans le cas des sciences cognitives, le cadre théorique n’est pas encore stabilisé, on parle alors de sciences pré-paradigmatiques. Il y a encore beaucoup d’incertitudes, la recherche est foisonnante et explore plusieurs direction. Cela multiplie les interprétation possibles sur les résultats des expériences et facilite la projection de croyances. Les neurosciences deviennent le cadre idéal pour projet notre vision du monde. en offrant à celle-ci un vernis « scientifique ». Chacun peu y trouver ce qu’il a envie d’y voir.

Les coachs en développement personnel ne s’en privent pas et n’hésitent à ajouter des éléments empruntés aux spiritualités, rituels religieux ou traditions médicinales aussi anciennes qu’exotiques, comme autant de sagesse ancestrales avec lesquelles renouer. Il leur suffit de la amputer de leur dimension religieuse et historique. (…)

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NOTE

33 Rod Berger, « Buiulding A Self-Development Business That Priritizes Education », forbes.com, 22 novembre 2022.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie II – Quand le développement personnel instrumentalise les sciences cognitives, Une science séduisante, Éditions Allary, 2024, pp. 50-52.

P.S.: L’encadré est de nous. Le lien dans la Note 33 est de nous.

Cette dénonciation de l’instrumentalisation des sciences cognitives par le développement personnel s’avère essentielle dans un livre qui distingue « Le vrai du faux sur votre cerveau ». Si « Dans le cas des sciences cognitives, le cadre théorique n’est pas encore stabilisé, on parle alors de sciences pré-paradigmatiques », il en va de même pour toutes les disciplines qui s’appuient sur elles.

Si le coaching se présente comme un moyen aisé et efficace de reprendre sa vie en mais pour les personnes rencontrant des difficultés, il est aussi et surtout une nouvelle profession particulièrement lucrative pour les coachs et leurs formateurs. Le coaching consiste en effet essentiellement à convaincre à devenir coach soi-même. Sans refléter l’ensemble des acteurs de cette profession, c’est une réalité qui s’approche d’une pyramide de Ponzi34. Le principe est d’orienter autant de candidats que possible vers les centres de formation certifié (en fait, auto-certifés), et leurs propriétaires qui s’enrichissent. Au final beaucoup de coach en son en fait que des formateurs de futurs coachs, qui eux-mêmes formeront de futures coachs.

Pour parvenir à leurs fins, coachs, auteurs et conférenciers en développement personnel s’appuient sur des concepts et des méthodes qui se veulent simples et efficaces, attractifs, mais sont en réalité simplistes et réducteurs voire mensongers. Notre personnalité devient, entre leurs mains, un système que quelques techniques permettent de décrypter.

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NOTE

34 Pyramide de Ponzi : escroquerie reposant sur le principe d’un système d’investissement pyramidal, les premiers contributeurs se voyant rémunérés par les mises des nouveaux arrivants, jusqu’à l’effondrement du mécanisme. À ce sujet, voir : Anne-Sophie Moreau, « Coaching, a neoliberal pyramid scheme – A tale of aggreghated individualism », Philonomist, 2 février 2022.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie II – Quand le développement personnel instrumentalise les sciences cognitives, Une science séduisante, Éditions Allary, 2024, pp. 52-53.

P.S.: Le liens dans la Note 34 est de nous.

Le sujet du développement personnel est largement traité par cet Observatoire de la philothérapie. Voici les rapports de lecture de livres remettant en cause le développement personnel.


À LIRE AUSSI

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ; 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.


(…) En somme, lorsque vous partez à la poursuite de votre moi véritable, profond, et de ses désirs et aspirations enfouis, vous vous engagez sur un chemin sans fin ni but, celui-ci évoluant et se déroulant au fur et à mesure que vous avancez. Vous serez ainsi baladé de sessions de coaching en thérapies diverses, de tests de personnalité en parcours d’orientation, d’atelier de yoga en réinvention professionnelle sans jamais dévoiler ce mystère de votre identité, puisqu’il n’y en a pas. L’introspection n’est pas pour autant inutile, elle a ses vertus. Par contre, la quête d’une sorte de trésor caché au coeur de votre intimité est aussi vaine que la course du chein après sa propre queue.

Bien qu’il n’existe vraisemblablement aucune identité secrète cachée en nous, toute une litanie de tests en ligne, dans les livres de développement personnel ou des magazines, ainsi que nombre de coachs, vous promettent de vous révéler votre « véritable moi », de vous profiler, vous vous analyser, de découper votre personnalité en catégories et couleurs pour que vous puissiez mieux vous comprendre, vous connaître et événtuellement savoir avec quels types de profils vous êtes compatibles, si vous cherchez l’amour ou devez travailler en équipe par exemple. Et merveille de méthode tautologique : on vous vend un développement de votre personne par votre personne elle-même, ce qui vous permettra de réaliser vos potentiels dans une version améliorée de vous-même.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie II – Quand le développement personnel instrumentalise les sciences cognitives, Qu’est-ce que le « moi » ?, Éditions Allary, 2024, pp. 55-56.

La « Partie III – La beauté complexe du cerveau » traite de « La fausse opposition entre émotion et raison » et aborde « Le “problème difficile” de la conscience ».

La « Partie IV – Je ne suis pas que mon cerveau », Albert Moukheiber démontre que « Notre cognition est incarnée » et nous invite à « en finir avec… » :

  • En finir avec une vision réductrice de la douleur;
  • En finir avec une vision réductrice du médicament;
  • En finir avec une vision réductrice des maladies psychiatriques;
  • En finir avec une vision réductrice de notre état psychologique;
  • En finir avec une vision réductrice de l’addiction;
  • En finir avec une vision réductrice de la performance.

D’où il tire la conclusion suivante de cette quatrième partie :

Une chose est certaine : le mystère de notre psyché ne se trouve pas dans notre seul cerveau, coupé de son contexte, du corps qui le porte et le prolonge, de la réalité sociale et politique qui l’impacte. Pas plus que l’on ne peut réduire notre douleur à un signal ascendant, nos émotions à la chimie, ou la suffrance psychologique à une maladie du cerveau, nous ne pourrons comprendre ce qui fait le propre de l’humain en s’en tenant à décortiquer ce qui se passe dans sa boîte cranienne, Pourtant, ce fantasme perdure, en partie dans la recherche elle-même, mais surtout dans les interprétations et vulgarisations des études menées par les neuroscientifiques, en particulier lorsqu’elles touchent à des questions sociales et politiques. Une chimère persiste, laissant croire, que l’on pourrait « cartographier » nos pensées et en révéler le subtil mécanisme cérébral. Les neurosciences et leurs outils d’analyse deviennent alors l’alpha et l’omega de l’explication de nos fonctionnements individuels et même collectifs.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie IV – Je ne suis pas que mon cerveau – Le rôle de l’environnement, Éditions Allary, 2024, p. 193.

On ne peut donc pas isoler le cerveau de son environnement corporel, social, culturel, politique…

Au fur et à mesure que le neuropsychologue Albert Moukheiber se dirige vers la cinquième et dernière partie de son livre, il prend des positions éditoriales intéressantes pour le lecteur que je suis. L’importance de ce livre tient en partie de cette approche éditoriale de l’auteur à la suite des énoncés des faits et de ses observations toutes aussi pertinentes les unes que les autres.

Cette cinquième partie dit tout de par son titre : « Quand la politique instrumentalise les sciences cognitives » et de par ses sous-titres :

  • Les neurosciences peuvent-elles prédire votre vote ?
  • Le cerveau et le droit : quand les neurosciences font la loi
  • Notre cerveau est-il anti-écolo ?
  • Fakes news et biais cognitifs
    • Qu’est-ce qu’un biais cognitif et peut-on le contourner ?
    • Comment lutter contre les fake news ?
    • Les réseaux sociaux et de « marché de la rationalisation »
  • Le problème des croyances performatives
    • Souffrons-nous de « déficit informationnel » ?
    • Les gens sont résistants au changement
    • Les injonctions paradoxales et le problème de la cohérence systémique
    • Panique et mouvement de foule en situation de crise
    • L’effet cobra et les incitations perverses

Albert Moukheiber conclut cette dernière partie de NEUROMANIA en ces mots :

Que ce soit Hugo Mercier sur la critique des biais cognitifs et l’hypothèses de la crédulité, ou encore Caron Chess et Lee Clarke sur les théorie des foules, de plus en plus de voix s’élèvent pour ne pas extrapoler les résultats des sciences cognitives, afin de leur donner une lecture publique, et pour rappeler l’importance de la prise en compte du contexte de ces études. Cette remise en perspective de la manière dont nous nous pensons et nous projetons face aux sujets politiques et de société est en fait éminemment scientifique, loin de toute opposition stérile et fausse entre les sciences dures (dont relèveraient les neurosciences) et les sciences dites « douces » voire « molles » que seraient les sciences humaines et sociales.  D’ailleurs, les critiques présentées dans ce livre contre l’instrumentalisation et la réduction aux neurosciences n’émanent pas que de sociologues, philosophes ou psychologues, mais d’abord des neuroscientifiques conscients de la nécessité d’élargir le cadre conceptuel dans lequel ils abordent le cerveau et d’appréhender les problématiques humaines par le bon niveau d’approche. La plupart des scientifique ne craignent pas de partager leurs incertitudes et de tracer les limites de leur savoir. Et ils ne manquent pas d’alerter lorsqu’on tire de leurs recherches des conclusions et affirmations qui ne sont pas les leurs.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Partie V – Quand la politique instrumentalise les sciences cognitives – Le rôle de l’environnement, Éditions Allary, 2024, pp. 245- 246.

Il n’en demeure pas moins, à mes yeux, que la psychologie cherche dans les neurosciences une certaine crédibilité scientifique « dure ». Ce n’est pas un reproche envers la psychologie même si j’en critique vivement l’efficacité. Toute science « dure » est bonne à prendre pour autant qu’elle ne soit pas sujette à l’instrumentalisation et au réductionnisme, tout comme à la mésinterprétation de ses données.

Et dans sa Conclusion, Albert Moukheiber écrit :

Je doute que nous parvenions à une pleine compréhension du cerveau, de son fonctionnement et de ses secrets, de mon vivant. Cela ne fait qu’augmenter ma fascination pour cet organe d’une incroyable complxité. C’est aussi cet amour pour la richesse et la beauté du vivant que j’ai voulu transmettre à travers ces lignes. Les neurosciences méritent mieux que des discours simplistes et réducteurs. Notre discipline est en pleine effervescence et reste ern partie à inventer pour être en mesure de prendre en compte notre subjectivité, les relations interpersonnelles, les contexte… et, au-delà, intégrer les autres savoirs pour créer une science inter- et pluri-disciplinaire. Nous ne percevons en effet pas les mystères de notre psyché et de nos comportements par les seuls apports des neurosciences, mais par les dialogue fécond de l’ensemble des savoirs, de la socilogie, de l’anthropologie, de la psychologie, des sciences sociales, de la linguistique, de la philosophie, de l’économie, etc. Il est temps de s’y mettre.

MOUKHEIBER, Albert, Neuromania – Le vrai du faux sur votre cerveau, Conclusion, Éditions Allary, 2024, pp. 249-250.


Dans NEUROMANIA, je suis surpris par l’absence de références aux recherches d’Antonio Damascio, médecin, professeur de neurologie, neurosciences et psychologie luso-américain, notamment aux livres L’ERREUR DES DESCARTES – LA RAISON DES ÉMOTIONS et SENTIR ET SAVOIR – UNE NOUVVELE THÉORIE DE LA CONSCIENCE, dont j’ai fait rapport de ma lecture sur ce site web (suivre les liens). Je m’étonne aussi de l’absence de références au livre HAPPYCRATIE : COMMENT L’INDUSTRIE DU BONHEUR A PRIS LE CONTRÔLE DE NOS VIES de Eva Illouz et Edgar Cabanas (Cliquez sur lien pour lire mon rapport de lecture). Dans ma bibliothèque, je place NEUROMANIA côte à côte avec HAPPYCRATIE. Et que dire de l’absence de référence au livre L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE de Daniel Goleman, ce dernier étant à mes yeux l’exemple parfait de l’instrumentalisation de données issues des neurosciences par le développement personnel au point où le concept a perdu toute son essence.


J’invite toutes les personnes intéressées par le cerveau humain et les neurosciences à se prémunir contre les fausses informations en lisant NEUROMANIA.


Je vous recommande fortement la lecture de l’essai NEUROMANIA – LE VRAI DU FAUX SUR VOTRE CERVEAU du docteur en neurosciences et psychologue clinicien ALBERT MOUKHEIBER chez Allary Éditions paru en 2024.

J’accorde à NEUROMANIA – LE VRAI DU FAUX SUR VOTRE CERVEAU cinq étoiles sur cinq.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

Article #117 – Votre cerveau vous joue des tours, Albert Moukheiber, Allary Éditions, 2019

L’essai VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS par ALBERT MOUKHEIBER, Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien, tient sa promesse. « Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances. » Le lecteur néophyte y trouvera son compte à l’instar de ceux et celles qui ont perdu de vue les neurosciences. Et sûrement en raison de sa pratique à titre psychologue clinicien, Albert Moukheiber parsème son livre de quelques judicieux conseils à ses lecteurs.

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Article #117 – Votre cerveau vous joue des tours, Albert Moukheiber, Allary Éditions, 2019

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Article # 117

J’AI LU POUR VOUS

Votre cerveau vous joue des tours

Albert Moukheiber

Traduit dans 13 pays

ISBN : 9782370732606

Allary Éditions

21 mars 2019

22.0 cm (Hauteur), 15 cm (Largeur), 310 gr (Poids)

233 pages

Création graphique : Alice Guillier

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TEXTE DE LA QUATRIÈME DE COUVERTURE

Pourquoi croyons-nous souvent avoir raison lorsque nous avons tort ? Pourquoi sommes-nous terrorisés par une toute petite araignée inoffensive ? Pourquoi avons-nous peur de parler en public alors qu’aucun danger ne nous guette ? Pourquoi nous laissons-nous avoir par les infox ?

Face à un réel multiple et complexe, nous sommes sujets à l’approximation, à l’illusion et à l’erreur. Ces mécanismes cérébraux nous permettent de construire une vision cohérente du monde. Mais trop souvent ils nous font perdre notre lucidité, nous enferment dans nos a priori et nous détournent des autres.

Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances.

 * * *

Albert Moukheiber est Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Il est l’un des fondateurs de Chiasma, collectif de neuroscientifiques s’intéressant à la façon dont se forment nos opinions. Il est l’auteur d’un premier essai à succès Votre cerveau vous joue des tours (Allary Éditions, 2019), en cours d’adaptation pour Arte et traduit dans 12 langues. Son dernier livre paru est Neuromania (2024).

Source : Allary Éditions.


TABLE DES MATIÈRES

PARTIE I

COMMENT PERÇOIT-ON LE MONDE?

 1. Voyons-nous vraiment le monde avec nos yeux?

Le cerveau humain face à l’ambiguüé du monde

Ce que les tours de magie nous apprennent

Remplir le vide

 2. Comment le cerveau fait-il pour nous raconter des histoires ?

Quand les aveugles pensent voir

Le cerveau, auteur-compositeur et interprète

La réécriture du passé

On ne se souvient pas toujours des choix que l’on fait, niais on les justifie

 3. Pourquoi sommes-nous si souvent dans l’approximation

L’inférence, ou l’art de trouver un taxi le Jour de l’an

La poignée de main

Quand la pensée intuitice nous induit en erreur

Intuition vs réflexion : pense-t-on seulement de deux manières

Les vertus de l’intuition

PARTIE II

NOTRE CERVEAU, LES AUTRES CERVEAUX ET LE MONDE

 4. Le stress, notre meilleur ennemi 65

Stress et anxiété, même combat ?

 5. L’illusion de nos certitudes

Penser comme un détective ou comme un avocat

«Bulles de l’entre-soi» et infox

Un biais peut en cacher un autre!

 6. La dissonance cognitive 95

Manipuler autrui grâce à la dissonance cognitive

Utiliser les mécanismes de dissonance à des fins positives

Quand nous sommes aveuglés par un excès de cohérence

 7. Ce sur quoi j’ai prise et ce qui m’échappe

Locus de contrôle et sentiment de responsabilité

L’impuissance acquise

L’illusion de contrôle

 8. L’illusion de connaissance

Conséquences sociétales et politiques de l’illusion de connaissance

Quand des idées fausses ont l’apparence du vrai

Pièges de la simplification et «conneries pseudo-profondes»

 9. L’importance du contexte

Le choix par défaut

Les nudges : quand on vous souffle à l’oreille la bonne décision

L’influence du contexte social

La conformité sociale

Effets de groupe et (in)action

Les chaînes de solidarité

 10. La boîte à outils pour plus de flexibilité mentale

Au-delà de nos pensées automatiques

Pondérer l’étendue de nos connaissances

Utiliser ces outils face aux infox

Quand Google et Facebook luttent contre les infox

Conclusion. Retrouver un socle commun de réalité

Appendices

Remerciements

Glossaire

Notes


EXTRAIT

Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web leslibraires.ca

Notre perception est partiale, notre attention est limitée, notre mémoire est infidèle. Pourtant, nous avons tous une « vision du monde » cohérente. Nous pouvons en remercier notre cerveau, qui met en œuvre des « tours », des mécanismes qui nous permettent d’appréhender le monde multiple, complexe, et de l’avoir en partage.

Le cerveau, foyer de la connaissance, fonctionne par approximations. Il découle de cela que notre connaissance des choses et du monde est toujours relative. Le cerveau crée des modèles mentaux pour absolument tout : nos relations amicales et amoureuses, notre conception du travail, nos opinions politiques… Souvent à notre insu, le cerveau nous raconte des histoires qui nous aident à mieux naviguer dans le monde. Il peut reconstituer de toutes pièces des souvenirs d’enfance, nous préparer à un danger potentiel pour que nous puissions sauver notre peau si jamais ce danger s’avérait bien réel, nous faire comprendre qu’un tas de cire devant nous est en fait une bougie fondue… Il peut tout aussi bien nous berner avec une illusion d’optique ou un tour de magie, nous faire tomber dans le piège des fake news, aussi appelées « infox », ou dans celui de l’illusion de connaissances. Au cours de ce voyage au centre du cerveau, nous étudierons les mécanismes et les modes de fonctionnement de cet organe à la fois si mystérieux et extraordinaire, pour découvrir quand, pourquoi et comment il nous joue des tours, il se joue des tours.

AVERTISSEMENT

Les sciences cognitives sont un domaine assez récent et en pleine expansion. Un certain degré d’approximation et d’erreur est inévitable, surtout lorsque nous nous intéressons à un organe aussi complexe que le cerveau humain. Tout au long de ce livre, nous allons procéder selon un principe que nous tenons d’Isaac Asimov : la relativité du faux. Contrairement à l’idée largement répandue, le vrai et le faux sont rarement absolus, mais plutôt relatifs. C’est pourquoi nous vous proposerons les modèles théoriques les plus fiables possibles à l’heure actuelle pour mieux connaître votre cerveau et mieux vous comprendre.

PARTIE I

Comment perçoit-on le monde ?

1

Voyons-nous vraiment le monde avec nos yeux ?

« Comme tous les grands voyageurs, j’ai vu plus que je me souviens et je me souviens de plus que j’ai vu. »

Benjamin Disraeli,
homme d’État britannique

Nous avons tendance à penser que nous voyons le monde avec nos yeux, que nous l’entendons avec nos oreilles, et c’est normal : notre perception passe d’abord par nos sens. Et pourtant, c’est avant tout avec notre cerveau que nous appréhendons le monde.

Évidemment, les cinq sens et le cerveau fonctionnent ensemble pour que l’être humain puisse percevoir le monde. Mais nos yeux, nos oreilles, notre langue et notre peau sont en fait des récepteurs qui vont transformer les signaux que nous renvoie le monde extérieur (optiques, sonores, olfactifs…) en signaux électriques. Ce sont ces milliers de signaux électriques que notre cerveau va traiter, qu’il va filtrer et qui vont nous permettre de reconstruire le monde mentalement.

Le cerveau humain face à l’ambiguïté du monde

Analysons une expérience que chacun de nous a faite : l’illusion d’optique. Ce terme est trompeur car il laisse penser que ce sont nos yeux qui nous trompent. Or c’est souvent notre cerveau qui est victime de l’illusion.

Regardez cette image :

© Allary Editions
© Allary Editions

Spontanément, la silhouette noire vous apparaît-elle de face ou bien de dos ? Êtes-vous situé au-dessus ou en dessous d’elle ? Vous hésitez.

Regardez maintenant l’image ci-dessous : le personnage apparaît clairement de face, accoudé à la rambarde, et il est situé au-dessus de vous. Maintenant que vous avez cette image-là en tête, regardez de nouveau la première version de l’image. L’interprétation que vous en faites va se calquer sur le scénario que vous a donné à voir l’image (a), et la silhouette noire vous apparaît à présent de face, en contre-plongée !

© Allary Editions
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À présent, passons à l’image (b). Regardez-la pendant quelques secondes, comme vous l’avez fait pour l’image (a), puis revenez de nouveau à l’image initiale.

© Allary Editions
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La silhouette noire de l’image de départ se trouve maintenant dos à vous, et vous l’observez du dessus.

Les voici maintenant toutes les trois, placées les unes à côté des autres :

En regardant quelques secondes la version du haut ou la version du bas, vous pouvez modifier votre perception de l’image centrale à votre guise.

Enfin, concentrez-vous uniquement sur la version initiale : maintenant que vous connaissez les deux variantes que celle-ci contient en germe, vous pouvez aisément changer votre perspective mentalement et voir le personnage de face, puis de dos, d’en haut, puis d’en bas, sans avoir à regarder à nouveau les versions (a) et (b) de l’image.

© Allary Editions
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Entrons maintenant dans le détail de cette illusion pour bien comprendre comment cette image affecte le cerveau humain : les images (a) et (b) sont les versions stables de l’image initiale. Il n’existe qu’une seule façon de les interpréter. L’image initiale en revanche est ambiguë car elle porte en elle plusieurs façons d’être vue – deux en l’occurrence. L’image centrale est donc une image bistable.

Face à elle, notre cerveau ne possède pas suffisamment d’informations pour résoudre l’ambiguïté et l’interpréter d’une seule et unique manière. Si en revanche vous fixez pendant quelques secondes l’une ou l’autre des versions stables de l’image initiale, à savoir l’image (a) ou l’image (b), votre cerveau va créer un a priori visuel et, lorsque vous regarderez de nouveau l’image bistable, vous réduirez son ambiguïté et verrez dans la silhouette noire soit une personne de face (a priori (a)), soit une personne de dos (a priori (b)).

Le cerveau a besoin d’interpréter les signaux que lui renvoie le monde de façon à s’en créer une représentation cohérente et stable. C’est ce qu’on appelle la réduction de l’ambiguïté : dès lors qu’on lui refuse la stabilité en lui présentant des images ambiguës (bistables ou multistables), il opère un choix parmi les différentes options que le réel contient.

Imaginez cette fois que vous regardez la première image, à savoir l’image bistable, en compagnie d’un ami. Aucun de vous n’a encore vu les versions stables de l’image. Chacun de vous réduit l’ambiguïté à sa façon : la silhouette vous apparaît comme étant de dos, alors que votre ami la voit de face. Vous êtes en fait tous les deux en train de regarder la même image mais vous voyez deux choses différentes. Si vous en discutez ensemble, vous n’allez pas vous entendre car votre perception n’est pas la même, et pourtant chacun de vous est intimement persuadé de voir l’image telle qu’elle est. Vous êtes même incapable de voir ce que l’autre voit.

Une illusion bistable a défrayé la chronique en 2015 sur les réseaux sociaux, posant de façon éclatante la question de savoir si nous avions vraiment le même monde en partage. Une utilisatrice de Tumblr du nom de « Swiked » avait posté une photo d’une robe à empiècements en dentelle, suivie de ce commentaire : « Les gars, aidez-moi, cette robe est-elle blanche et or ou bleue et noire ? Mes amis et moi ne pouvons nous mettre d’accord et ça nous fait totalement flipper. » Suite à cela, l’image est devenue « virale » sur Internet, et le monde entier, divisé, a débattu plusieurs jours de la couleur de la robe ! Si à l’époque vous avez pris part au débat, vous avez peut-être pensé que la moitié du monde qui ne voyait pas la robe de la même couleur que vous avait tort. Mais vous comprenez à présent qu’aucun des deux groupes n’avait tort ou raison, il y avait simplement deux façons pour le cerveau humain de réduire l’ambiguïté.

Ce que nous apprennent ces deux exemples d’illusions bistables est que l’être humain a tendance à faire une confiance aveugle à sa perception, au point de la considérer comme partagée par tout le monde.

Lorsqu’il filtre, traite et interprète les stimuli que le monde lui renvoie, le cerveau construit une vision globale du monde, en faisant sans cesse, sans s’en apercevoir, des suppositions sur la manière dont il fonctionne. Il opère sans cesse des réductions de l’ambiguïté – et pas seulement dans le cas d’illusions bistables –, afin de nous présenter un réel stable et cohérent.

Il existe dans le champ de vision un « point aveugle » qui correspond à l’endroit par lequel le nerf optique sort de la rétine vers le cerveau. Ce point ne contient pas de récepteurs de lumière contrairement au reste de la rétine. Nous pourrions supposer qu’il devrait y avoir un « trou » dans notre champ de vision à l’endroit où la lumière n’est pas reçue par la rétine. Toutefois, dans la vie de tous les jours, notre champ visuel est complet car nous avons deux yeux. Mais si nous étions borgnes, ou que nous fermions simplement un œil, il en irait tout autrement.

Fermez donc l’œil gauche et regardez la croix sur l’image ci-dessous avec votre œil droit tout en maintenant votre visage au centre de la page. Rapprochez progressivement la page de votre visage.

© Allary Editions
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D’un coup – lorsque la page est à peu près à 25 cm de votre œil –, le point noir à droite de la croix disparaît. Cela est dû au fait qu’il se situe exactement sur le point aveugle de votre rétine, et votre cerveau va estimer que la page entière est blanche. Il va donc donner une fausse interprétation du réel.

Faites maintenant la même expérience avec cette image :

© Allary Editions
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Dès que le point noir tombera sur votre point aveugle, la barre grise va vous sembler continue. Votre cerveau voit du gris avant et après le point : il remplit le vide avec la même chose.

Ce que les tours de magie nous apprennent

Les tours de magie nous fascinent. S’ils sont universels, c’est parce qu’ils jouent avec les mécanismes de notre cerveau et notamment celui que nous venons de mettre au jour : la réduction de l’ambiguïté.

C’est le cas, par exemple, du tour de la pièce de monnaie. Le magicien attrape une pièce entre le pouce et l’index de sa main droite, et la place lentement dans sa paume gauche avant de fermer le poing qu’il dirige ensuite vers vous en vous demandant de souffler dessus. Puis il ouvre sa main de façon théâtrale : la pièce a disparu, comme par magie ! Et il ne s’arrête pas là : il s’ingénie alors à faire réapparaître la pièce derrière votre oreille, ou dans votre poche.

En fait, la pièce n’a jamais été déposée dans sa main gauche. Le magicien a effectué ce qu’on appelle un « palming » (de l’anglais palm, « paume de la main ») : il fait comme si il déposait la pièce dans sa paume gauche, alors qu’il l’a gardée dans sa paume droite. Tout cela s’effectue très doucement, car ce ne sont pas les yeux que le magicien essaye de tromper mais le cerveau et l’interprétation logique que celui-ci fera du déplacement des objets. L’être humain se fie à sa perception du monde : il pense avoir vu la pièce passer d’une main à l’autre, il ne va donc pas comprendre comment elle peut se retrouver derrière son oreille. Il y a donc pour lui une rupture de cohérence, quelque chose d’irréel vient de se produire, et c’est cela qu’il appelle « magie ».

Notre cerveau, à partir du moment où nous sommes éveillés, passe son temps à faire des suppositions sur le réel, à l’interpréter, à en combler les vides. Il le fait dès notre plus jeune âge, et à notre insu. La table où nous mangeons, quel que soit l’angle sous lequel nous la regardons, quelle que soit la lumière dans la pièce, reste bien la même table. De même, si nous posons un objet à un endroit précis, nous savons qu’il n’en bougera pas. C’est le principe de permanence des objets. C’est grâce à ce constant travail d’interprétation et de recomposition du réel, forcément partiel, que le réel semble si réel, que les objets semblent des choses fixes et immuables. Voilà pourquoi nous sommes bernés par le tour de la pièce de monnaie.

Curieux de savoir grâce à quels mécanismes psychologiques leurs tours de magie arrivaient à bluffer les gens, des prestidigitateurs ont collaboré avec des neuroscientifiques. Le magicien Teller, l’un des plus grands de notre temps, a par exemple contribué à la rédaction d’un article dans la revue Nature[1], où sont exposés les liens qui existent entre magie et conscience du monde chez l’être humain. Teller part d’un tour de magie célèbre, celui des gobelets et des balles : face au spectateur se trouvent trois gobelets et des balles que le magicien fait « disparaître » ou fait passer « comme par magie » d’un gobelet à l’autre.

Teller raconte qu’un jour, juste avant de monter sur scène, il s’aperçoit qu’il a oublié chez lui ses balles et ses gobelets. Il se retrouve à devoir utiliser ce qu’il y a dans sa loge : des gobelets transparents, et des balles qu’il façonne à partir de mouchoirs en papier. Alors qu’il craint que le public ne comprenne d’emblée les rouages du tour, Teller raconte qu’en réalité, les spectateurs ont l’air encore plus bluffés que d’habitude. « Tous les gens présents dans le public pouvaient voir ce que je faisais et pourtant leurs cerveaux n’arrivaient pas à le comprendre », dit-il dans une interview accordée au magazine Wire[2].

Une formule célèbre dit que « nous ne voyons pas le monde tel qu’il est mais plutôt tel que nous sommes ». C’est une vérité profonde que les travaux des sciences cognitives confirment aujourd’hui : le monde nous renvoie en permanence une multitude de signaux, nous en réduisons l’ambiguïté en choisissant ce que nous voulons voir. Ainsi, petit à petit, notre interprétation du monde nous façonne psychologiquement, culturellement et socialement.

Cela ne veut pas dire pour autant que nous pouvons voir tout le temps ce que nous voulons voir, en d’autres termes que rien n’existe vraiment et que nous sommes libres de façonner notre propre réalité simplement en l’imaginant dans notre tête : dans le cadre de l’illusion d’optique étudiée précédemment, je suis libre de voir une silhouette de face ou de dos, mais je ne peux pas voir dans cette silhouette un arbre ou une banane, par exemple. Le réel existe et il est intangible, quand bien même on ne saurait l’appréhender sans que notre cerveau ne l’interprète.

Remplir le vide

L’ambiguïté des signaux reçus nous place toujours dans une situation inconfortable d’incertitude. Ainsi, si un élément manque à notre perception pour sortir de l’ambiguïté, notre cerveau va vouloir remplir le vide. Descartes écrit dans la deuxième de ses Méditations métaphysiques : « Que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? Mais je juge que ce sont de vrais hommes, par la seule puissance de juger qui est en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux. » L’œil ne voit pas les hommes sous les capes et les chapeaux, mais le cerveau les rétablit. Bien avant les premiers travaux en sciences cognitives, Descartes avait compris que notre cerveau « comblait les vides ».

Voici un autre exemple amusant de « vide » comblé par notre cerveau. Comment lisez-vous cette phrase : « C’35t cmmoe ca qu3 v0u5 3t2s enrtian de l1r3 c3tt3 l1gn3 » ?

Vous venez sûrement de lire : « C’est comme ça que vous êtes en train de lire cette ligne. » Votre cerveau vient de recréer du sens alors qu’en réalité, cette phrase ne veut rien dire. Votre cerveau a réordonné le désordre apparent et a donc choisi de privilégier son interprétation plutôt que de s’en tenir à la stricte réalité de ce qui était écrit. Bel exemple du travail de notre cerveau qui préfère donner du sens à un ensemble de lettres et donc, par extension, donner du sens aux choses et au monde, plutôt que de rester dans le flou !

 * * *

Notre cerveau, qui filtre la myriade d’informations ambiguës que la réalité nous fournit en permanence, interprète le monde et recrée le réel, souvent à notre insu. Dans la plupart des cas, c’est très utile et même vital. Mais cela peut aussi conduire à des erreurs susceptibles de nous être préjudiciables.

Il va falloir éclaircir la façon dont notre cerveau procède pour nous jouer des tours.

____________

[1] S. L. Macknik, M. King, J. Randi, A. Robbins, Teller, J. Thompson et S. Martinez-Conde, « Attention and awareness in stage magic: turning tricks into research », Nature Reviews Neuroscience, 9 (2008), p. 871–879.

[2] J. Lehrer « Magic and the Brain: Teller Reveals the Neuroscience of Illusion », Wired.com (2009).

Source : © Allary Editions via leslibraires.ca.


​Cet extrait est disponible en libre accès sur le site web leslibraires.ca

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REVUE DE PRESSE

Votre cerveau vous joue des tours, Agnès Lenoire, Le club mediapart

« On ne peut pas laisser s’installer des récits pourris », Usbek & Rica

Albert Moukheiber : « S’engager pour préserver notre capacité à changer d’avis », 20 Minutes

Albert Moukheiber : « Notre cerveau nous joue des tours ? Tant mieux ! », Patrick Schobbens – Director Private Banking Brabant wallon, Degroof Petercam Wealth Management

LE LIBRE ARBITRE, UNE ILLUSION ? , Entretien avec Albert Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Propos recueillis par Charlotte Collot. Salut & Fraternité, périodique trimestriel, est édité par le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège asbl


Du même auteur

Albert Moukheiber

Aujourd’hui, tout, ou presque, semble devoir trouver son explication dans le cerveau. Nos bonheurs, nos émotions, nos addictions, nos peurs, nos croyances, nos performances, notre capacité à changer individuellement ou collectivement ne seraient qu’un effet des interactions de nos neurones.

Mais cette profusion de discours sur le cerveau – cette neuromania – se fait au prix de raccourcis, d’approximations, voire de contre-vérités. On ne peut pas réduire tous les problèmes à l’individu et à son cerveau, ni faire dire aux neurosciences et aux sciences cognitives ce qu’elles ne disent pas.

En rendant accessibles les dernières études, Albert Moukheiber redonne la parole aux chercheurs et démêle le vrai du faux dans les discours sur le cerveau. Il nous libère ainsi de nombreuses idées reçues, et nous rend plus lucide sur nous-même et les autres.

En librairie le 5 septembre 2024
288 pages – Format 145*215mm
ISBN : 978-2-37073-431-0

Source : © Allary Editions.


Journée professionnelle académique 25/01/2019 – Atelier Canopé 13 Marseille, Apprendre à apprendre : Neurosciences et pédagogie, Albert Moukheiber – L’importance du doute de soi, – Transcription de l’intervention

Albert Moukheiber sur ResearchGate

Albert Moukheiber sur Google Scholar


Au sujet de l’auteur

Albert Moukheiber

Description : Français : Albert Moukheiber en 2024. Auteur : K192837 (Wikipédias).
Description : Français : Albert Moukheiber en 2024. Auteur : K192837 (Wikipédias).
Crédit photo : ©Bojana Tatarska/Allary Éditions
Crédit photo : ©Bojana Tatarska/Allary Éditions

« Albert Moukheiber est Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien. Il est l’un des fondateurs de Chiasma, collectif de neuroscientifiques s’intéressant à la façon dont se forment nos opinions. Il est l’auteur d’un premier essai à succès Votre cerveau vous joue des tours (Allary Éditions, 2019), en cours d’adaptation pour Arte et traduit dans 12 langues. Son dernier livre paru est Neuromania (2024). » Source : © Allary Editions.

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dossier-philotherapie-bandeau-750

Mon rapport de lecture du livre

Votre cerveau vous joue des tours

Albert Moukheiber

Allary Éditions, 2019

L’essai VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS par ALBERT MOUKHEIBER, Docteur en neurosciences cognitives et psychologue clinicien, tient sa promesse. « Riche de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne et de récits d’expériences de psychologie sociale, cet essai rend accessibles les dernières découvertes des neurosciences et propose des outils pour faire de notre cerveau notre allié en toutes circonstances. » Le lecteur néophyte y trouvera son compte à l’instar de ceux et celles qui ont perdu de vue les neurosciences. Et sûrement en raison de sa pratique à titre psychologue clinicien, Albert Moukheiber parsème son livre de quelques judicieux conseils à ses lecteurs.

Une formule célèbre dit que « nous ne voyons pas le monde tel qu’il est mais plutôt tel que nous sommes ». C’est une vérité profonde que les travaux des sciences cognitives confirment aujourd’hui : le monde nous renvoie en permanence une multitude signaux, nous en réduisons l’ambiguïté en choisissant ce que nous voulons voir. Ainsi, petit à petit, notre interprétation du monde nous façonne psychologiquement, culturellement et socialement.

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Chapitre 1 – Voyons-nous vraiment le monde avec nos yeux ?, Allary Éditions, Paris, 2019, pp. 25-26.

P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.

Heureuse confirmation des sciences cognitives car nous apprenons rapidement, dès l’enfance, que nos visions du monde diffèrent, et à l’adolescence, que la vision du monde que l’on nous inculquée ne correspond pas à la réalité, du moins à ce que nous voyons. Et c’est très souvent une source de conflit interne philosophique, psychologique, culturel et social qui engendre un traumatisme qui conduit certains à changer d’attitude et de comportement au profit d’une rébellion contre son entourage, pourvoyeur de visions du monde au cours de l’enfance, et contre le monde lui-même.

On ne se souvient pas toujours des choix que l'on fait, mais on les justifie.

Quand nous prenons une décision, nous pensons que le mécanisme qui s’enclenche est le suivant : plusieurs options se présentent à moi → je réfléchis à la situation →  je tranche en prenant une décision que je pourrai ensuite justifier froidement. Mais cela se passe-t-il vraiment ainsi dans notre cerveau ?

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Chapitre 2 – Comment le cerveau fait-il pour nous raconter des histoires ?, Allary Éditions, Paris, 2019, p. 43.

Albert Moukheibert vient de m’ouvrir toute grande la porte avec son énoncé « On ne se souvient pas toujours des choix que l’on fait, mais on les justifie » pour je vous parle de la découverte, dans les années 1930-1940, d’un phénomène inconscient connu sous le nom de « TRANSFERT DE SENSATION » et popularisé par le chercheur en étude des motivations Louis Cheskin.


DÉFINITION BRÈVE

TRANSFERT DE SENSATIONS. Les mots-clés : Phénomène inconscient universel. Transférer la sensation d’une chose à une autre, tel que de l’emballage au produit contenu dans l’emballage; juger un livre par sa couverture ou une personne par ses vêtements. En plus d’être inconscient, le phénomène du transfert de sensations est universel, dans le sens scientifique du terme.

GUAY, Serge-Andre, Comment motiver les consommateurs à l’achat – Tout ce que vous n’apprendre jamais à l’université, Les mots-clés ouvrant les portes de l’étude des motivations d’achat, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec), 2006, p.43. (PDF gratuit).


Dans les années 1930-1940, Louis Cheskin, alors professeur d’art plastique dans un collège de Chicago, s’adonne à la sculpture. Il reproduit le même modèle en différentes couleurs. Il les met en vente et se rend compte que des sculptures d’une couleur donnée se vendent davantage que les autres. Pourtant, il s’agit du même modèle de base pour toutes les sculptures. Il se concentre donc sur la couleur pour en cerner l’influence et fonde la « Color Research Institute of America » en septembre 1944. Il fait rapport de ses recherches dans huit livres entre 1940 et 1955 :

  1. Living with Art (1940, 233 pages)
  2. Colors: What They Can Do for You (1947, 333 pages)
  3. Notation on a Color System for Planning Color Identification (1949, 18 pages)
  4. Color for Profit (1951, 164 pages)
  5. Colours and What They Can Do (1951, 214 pages)
  6. Color Wheel for Color Planning (1953, 4 pages)
  7. Color Guide for Marketing Media (1954, 209 pages)
  8. Cheskin Color Charts (1955, 8 pages)

Louis Cheskin observe un phénomène qu’il nommera « transfert de sensation » : les gens effectuent inconsciemment un transfert de la sensation éprouvée avec la couleur vers l’objet coloré. Il constate aussi qu’il est impossible de questionner directement les gens au sujet de la couleur en raison de leurs mécanismes de défense à l’œuvre dans leurs réponses pour contrôler leurs images et la perception d’eux-mêmes qu’ils donnent à l’intervieweur.

Il en va de même du transfert de sensation puisque ce dernier est une opération automatique, involontaire et inconsciente.

À la demande de l’industrie des biens de consommation, Louis Cheskin investigue le domaine du marketing.

Il lui faut désormais abandonner les questions directes s’il veut cerner l’influence réelle des couleurs des objets. Il mettra au point une toute nouvelle approche : Aprroche indirecte des réactions du marché (Indirect Approach to Market Reactions). Il la dévoile dans un article qu’il signe avec Louis B. Ward sous le titre “Indirect Approach to Market Reaction” dans la Harvard Business Review, Vol. 26, en septembre 1948 (pp. 572–580). Vous trouverez cet article traduit en français à la page 77 et suivantes de mon livre Comment motiver les consommateurs à l’achat (PDF gratuit). Avec cette approche, il laisse de côté les questions directes (sondages et groupes de discussion) pour une méthode qui ne dévoile pas aux interviewés l’objet réel à l’étude.

Par exemple, si vous voulez tester un emballage, différentes propositions d’emballages pour un produit donné, vous ne devez certainement pas interroger les consommateurs au sujet de ces projets d’emballage mais plutôt au sujet du produit qu’ils contient puisque ce consommateur effectue inconsciemment le transfert des sensations qu’il éprouve à la vue et à la manutention de l’emballage au produit qu’il renferme. Il faut donc lui demander ce qu’il pense de chaque produit dans chaque emballage, non pas lui demander ce qu’il pense de l’emballage lui-même.

Toutes les composantes et les éléments de chacune ces composantes de l’emballage jouent un rôle primordiale dans la perception du produit qu’il contient, du nom de la marque, à la typographie de cette dernière, en passant par sa ou ses couleurs, le logotype de la marque, l’illustration du produit, les dimensions de cette illustration et ainsi de suite.

Et comme pour lui Cheskin « tester est un processus scientifique » qui implique une méthode scientifique, il faut alors tester chaque élément de chaque composante de l’emballage.

Dans une expérience dans notre propre firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, ma partenaire et moi rencontrons un client qui nous demande quel étiquette sera la mieux pour célébrer le cinquantième anniversaire de sa confiture, son produit vedette. Dans le respect du « Système Cheskin », j’ai demandé à ce manufacturier de produit de nous fournir des pots de sa confiture avec les différentes étiquettes proposées par son graphisme, en prenant soin de mettre dans chacun des pots la même confiture issue du même lot de production afin d’éviter toute différence. Puis, nous avons étiqueté ces pots de confiture des trois différentes étiquettes, une étiquette par pot. Nous avons distribué ces différents pots de confiture (différent que par leur étiquette) en demandant aux consommateurs, après une semaine de tests maison, de nous dire qu’elle était la meilleure confiture entre les trois pots. L’un des pots gagna haut la main la faveur des consommateurs. En fait, puisque la seule et unique différence entre ces pots étaient l’étiquette, nous savions laquelle recommandé à notre client manufacturier de cette confiture nationale. Aussi, nous avons demandé à chaque consommateur de justifier leur choix. Évidemment, aucun ne mentionnait l’étiquette mais nous parlait plutôt de la confiture elle-même, les différentes étiquettes donnant lieu à la perception d’une confiture différente d’un pot à l’autre, ce qui n’était pas le cas.

Et c’est ici que je rejoins Albert Moukheibert à l’effet que nos choix ne sont pas toujours raisonnés consciemment avant même de choisir, que nous choisissons plus souvent qu’autrement inconsciemment et que ce n’est qu’après que nous le justifions ce choix si on nous le demande.

Notez ici un fait d’une importance capitale : l’objet de l’étude de motivation d’achat était le produit plutôt que les consommateurs, ces derniers n’étant, dans ce contexte, qu’un révélateur du pouvoir de l’étiquette sur eux. L’objet d’une étude des motivations d’achat des consommateurs est toujours un objet « physique », ce qui permet de mener des tests scientifiques et de classer ce type d’étude parmi les sciences exactes. Lorsque l’étude de marché a pour objet les consommateurs, cette dernière se classe parmi les sciences inexactes, ce qui explique pourquoi les gens de marketing ne peuvent pas répéter le succès qu’ils obtiennent à volonté. C’est bien connu, « On sait que 50% de la publicité fonctionnent mais on ne sait pas lesquels ».

Autre aspect fondamentale dans la détermination du pouvoir du produit, son emballage, sa publicité et son prix sur les motivations d’achat des consommateurs : la mesure du résultat du transfert de sensation à savoir si le produit à l’étude a le pouvoir de motiver ou non les consommateurs à l’achat. On parle ici d’une mesure toute aussi précise que les sciences physiques le permettent lors d’un test lui aussi scientifique. Je ne vais vous exposé ici comment Louis Cheskin a conçu ses différents tests de mesure du transfert de sensation. Le défi : mesurer avec des lettres de l’alphabet comme on mesure avec des nombres. Louis Cheskin a expérimenté avec succès la « sémantique différentielle » (voir le chapitre La technique d’associations de mots et la sémantique différentielle dans mon livre Comment motiver les consommateurs à l’achat (PDF gratuit) (pp. 433-439).


Mais depuis, la cécité au choix a été introduite dans plusieurs protocoles expérimentaux, et la littérature scientifique foisonne d’exemple montrant l’étendue des capacité de justification a posteriori de notre cerveau. En 2010, le chercheur américain Lars Hall a conduit une autre expérience sur la cécité au choix. Dans le supermarché d’une petite ville américaine, Hall et son équipe montent un faux stand de produit locaux. Déguisés en vendeurs, ils présentent aux clients deux confiture et deux thés différents, et leur proposent de donner leur avis sur le duo confiture-thé qu’ils préfèrent. Soulignons ici que les deux confitures ont des goût prononcés et bien distincts : l’une est à la pomme et à la cannelle, l’autre aux agrumes. Et que le pot truqué : il s’ouvre des deux côtés, chaque côté étant associé à un parfum différents.

Une fois que le client a goûté aux différents confitures, qu’il a bu sa tasse de thé et son choix, l’expérimentateur retourne le pot à l’insu du client et lui demande de goûter à nouveau sa confiture préférée afin de justifier son choix. Seuls un tiers des participants détectent le changement de goût. Tous les autres justifient leur choix sans s’apercevoir qu’ils font le plaidoyer de la confiture qu’ils n’ont pas choisie ! Lorsqu’on leur révèle le tour de passe-passe et qu’on leur explique le but de l’expérience, les réactions vont de la surprise à l’incrédulité la plus totale.

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Chapitre 2 – Comment le cerveau fait-il pour nous raconter des histoires ?, Allary Éditions, Paris, 2019, pp. 44-45.


Hall, Lars & Johansson, Petter & Tärning, Betty & Sikström, Sverker & Deutgen, Thérèse. (2010). Magic at the marketplace: Choice blindness for the taste of jam and the smell of tea. Cognition. 117. 54-61. 10.1016/j.cognition.2010.06.010.   Download PDF.

Voir aussi : Nous sommes aveugles à bien des causes de nos choix conscients
Le cerveau à tous les niveaux, Agence Science-Presse, 14 novembre 2017.


Est-ce vraiment une « cécité au choix » que de justifier son choix après coup ? Si l’explication consciente du choix vient souvent après le choix, c’est surtout parce que la conscience est la dernière informée du résultat de la perception. Le processus observé par Louis Cheskin est le suivant : stimulus → sens → sensation → perception → schéma de référence → attitude → geste (dans ce cas, un geste d’achat). Le cerveau n’a pas le choix d’attendre que la conscience reçoive l’information, en vérifie la validité, l’analyse, décide de l’attitude à adopter et du geste à commander au corps. Nous conscientisons donc notre choix après coup et nous nous en formons une opinion justificatrice.

Personnellement, je doute du respect de l’application des critères de la scientificité du test parce qu’il implique, non pas un seul stimulus, mais plusieurs, notamment trois sources de goûts (confitures et thé), pouvant s’influencer l’un l’autre. Je crois que lorsque « l’expérimentateur retourne le pot à l’insu du client », il contrevient à la scientificité du test. Enfin, le phénomène inconscient et involontaire du transfert de sensation n’est pas pris en compte.

Ces heuristiques nous permettent de composer avec les limites de notre attention et de nos facultés cérébrales : nous n’avons pas les capacités attentionnelles, le temps ou l’énergie d’intégrer l’ensemble des informations que l’on reçoit dans une situation donnée avant de prendre une décision.

Au sujet de l’utilisation des heuristiques dans la prise de décision, on se rapportera avantageusement à un article de référence paru en 1974, signé Amos Tversky et Daniel Kahneman, qui vaudra à ce dernier le prix de la banque de Suède en sciences économiques[10].

Quand la pensée intuitive nous induit en erreur

Les heuristiques nous permettent donc de réaliser toutes ces petites actions dont nous n’avons pas conscience et qui nous servent au quotidien. Mais il existe des cas de figure dans lesquels une réflexe de pensée trop rapide et approximatif peut nous pousser à commettre des erreurs. Les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky ont appelé ces dérivations de la pensée conduisant à des erreurs de jugement ainsi qu’à des interprétations illogiques ou irrationnelles d’une situation donnée des biais cognitifs. C’est ainsi que dans certains cas nous prenons des décisions trop rapidement en nous appuyant sur un nombre limité d’éléments que l’on considère comme représentatifs d’une situation. Ils appellent cela le biais de représentativité.

____________

NOTE

[10] A. Tversky et D. Kahneman, « Judgment under Uncertainty: Heuristics ans Biases, Science, 185, N0 4157 (1974), P. 1124-1131.

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Chapitre 3 – Pourquoi sommes-nous si souvent dans l’approximation ?, Allary Éditions, Paris, 2019, pp. 52-53.

P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.

P.S. : Voir l’article en référence en ligne (PDF) ou ici ou ici.


Heuristique : action ou pensée spontanée qui donne d’assez bons résultats dans une situation donnée et qui a pour avantage d’être quasi instantanée, même si elles pêche par approximation.

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Glossaire, Heuristique, Allary Éditions, Paris, 2019, p. 214.


A. Tversky et D. Kahneman, « Judgment under Uncertainty: Heuristics ans Biases, Science, 185, N0 4157 (1974), P. 1124-1131.
A. Tversky et D. Kahneman, « Judgment under Uncertainty: Heuristics ans Biases, Science, 185, N0 4157 (1974), P. 1124-1131.

Nous voici donc au cœur des fameux « biais cognitifs » avec les chercheurs qui ont ainsi nommé ces opérations mentales, les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky.

Voici la définition donnée par Albert Moukheiber dans le Glossaire son livre « Votre cerveau vous joue des tours » :

Biais cognitifs : détour que fait notre cerveau pour prendre des décisions ou de porter des jugements da façon moins laborieise qu’en passant par un raisonnement analytique qui tiendrait compte de toutes les informations pertinentes à notre disposition. Radides et utiles, les viais cognitifs peuvent aussi être à l’origine d’erreurs de jugement. La liste des biais cognitifs ne cesse de s’étoffer, en voici les principaux :

  • Biais d’ancrage : (…).
  • Biais de confirmation : (…).
  • Biais de notoriété : (…).
  • biais de représentativité : (…).
  • Biaus de sélection : (…).
  • Biais de stéréotypahe négatif : (…).
  • Biais de surconfiance: (…).
  • Biais du moment présent : (…).
  • Biais fondamentale d’attribution : (…).
  • Biais négatif d’interprétation : (…).

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Glossaire, Heuristique, Allary Éditions, Paris, 2019, pp. 211-212.

P.S.: Notez que l’auteur Albert Moukheiber définit chacun des biais cognitifs ci-dessus dans le Glossaire son livre « Votre cerveau vous joue des tours».


BIAIS COGNITIF

Les biais cognitifs peuvent être organisés en quatre catégories : les biais qui découlent de trop d’informations, pas assez de sens, la nécessité d’agir rapidement et les limites de la mémoire.

Modèle Algorithmique: John Manoogian III (jm3)

Modèle Organisationnel: Buster Benson.

Modèle Algorithmique: John Manoogian III (jm3), Modèle Organisationnel: Buster Benson, Liste des Biais Cognitifs: Wikipedia. Traduction: Albert Moukheiber & Mariam Chammat; www.chiasma.co . Cliquez sur l'illustration pour l'agrandir.
Modèle Algorithmique: John Manoogian III (jm3), Modèle Organisationnel: Buster Benson, Liste des Biais Cognitifs: Wikipedia. Traduction: Albert Moukheiber & Mariam Chammat; www.chiasma.co. Cliquez sur l’illustration pour l’agrandir. Source : BENSON, Buster, Cognitive bias cheat sheet – An organized list of cognitive biases because thinking is hard, Sep 1, 2016.

« La liste des biais cognitifs ne cesse de s’étoffer » écrit Albert Moukheiber et c’est cela qui me cause un problème car nous finissons par nous y perdre. Plus encore, le nombre même de listes de biais cognitifs augmente lui aussi ajoutant ainsi à la confusion. C’est à se demander si toute pensée est un biais cognitif.

Encore faut-il savoir les corriger et une simple prise de conscience ne suffit pas. Il faut lutter contre l’habitude de ces biais cognitifs.


Réduire l’emprise des biais en 10 étapes

Les biais cognitifs sont aussi inévitables qu’insaisissables. À moins de se comporter en détective et de soumettre ses pensées erronées au tordeur, comme permet de le faire la psychothérapie quand elles font voir la vie en noir. Voici 10 façons de relever ce défi, qui requiert temps et recul.

Lire la suite

MALBOEUF, Marie-Claude, Réduire l’emprise des biais en 10 étapes, La Presse, 4 mars 2024.

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Voir aussi : MALBOEUF, Marie-Claude, Biais cognitifs Comme des lunettes déformantes, La Presse, 4 mars 2024.

Voir aussi : GARNIER, Emmanuèle, Choix d’un traitement – Quels biais cognitifs peuvent toucher les patients ? Le médecin du Québec, 1 avril 2019.


Dans mes comptes-rendus de lecture, je reviens souvent sur les travaux de David D. Burns, psychiatre américain et professeur émérite au département de psychiatrie et de sciences comportementales de la faculté de médecine de l’université de Stanford. J’ai lu son livre « Feeling Good: The New Mood Therapy » traduit en français sous le titre « Être bien dans sa peau » et sous-titré « Traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur ».

Feeling Good est né de l’insatisfaction suscitée par le traitement freudien conventionnel de la dépression. Le mentor de Burns, Aaron T. Beck (considéré comme le « père » de la thérapie cognitive ; Albert Ellis est considéré comme le « grand-père »), a conclu qu’il n’existait aucune preuve empirique du succès de la psychanalyse freudienne dans le traitement des personnes dépressives. L’idée que les sentiments négatifs tels que la dépression et l’anxiété sont déclenchés par des pensées ou des perceptions a une longue histoire, qui remonte au philosophe grec Épictète, qui disait que les gens ne sont pas perturbés par les choses, mais par la façon dont nous pensons à elles.


Feeling Good grew out of dissatisfaction with conventional Freudian treatment of depression. Burns’s mentor, Aaron T. Beck (considered the « father » of cognitive therapy; Albert Ellis is considered the « grandfather »), concluded that there was no empirical evidence for the success of Freudian psychoanalysis in treating depressed people. The idea that negative feelings such as depression and anxiety are triggered by thoughts or perceptions has a long history, dating back to the Greek philosopher Epictetus, who said that people are disturbed not by things but by the way we think about them.

Source : Feeling Good: The New Mood Therapy, Wikipédia.

Voici la liste qu’il dresse des dix distorsions cognitives responsables « de plusieurs, sinon tous vos états dépressif ». À l’époque de ma découverte de ce livre, j’étais en thérapie pour une dépression que je ne parvenais pas à surmonter. Ma lecture de la liste des distorsions cognitives relevées par le Dr. David D. Burns, je suis tombé en bas de ma chaise parce que je les avais toutes. À partir de là, le programme de ma thérapie fut de me corriger de ces distorsions cognitives et cela contribua grandement à ma réhabilitation et me maintient toujours hors des sentiers de la dépression.


Ces 10 types de distorsions cognitives sont à l’origine de plusieurs, sinon de tous vos états dépressifs. Vous les trouverez en résumé aux pages 65 et 66. Étudiez ce tableau de façon à bien posséder ces notions, elles doivent vous devenir aussi familière que votre numéro de téléphone. Consultez le tableau 3-1 aussi souvent que nécessaire au cours de votre apprentissage des diverses méthodes de modification de l’humeur. Une connaissance approfondie de ces 10 types de distorsions vous sera utile pour le restant de vos jours.

  1. Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
  2. La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.
  3. Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.
  4. Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.
  5. Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.
    • L’interprétation indue. Vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
    • L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.
  6. L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».
  7. Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.
  8. Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.
  9. L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.
  10. La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

Source : BURNS, David D., Tableau 3-1 Les distorsions cognitives, Être bien dans sa peau : traitement éprouvé cliniquement pour vaincre la dépression, l’anxiété et les troubles de l’humeur, Collection Vive la vie ! Les éditions Héritage inc., 1985, pp. 64-66.

Mais il nous faut accepter que notre cerveau nous joue encore et toujours des tours que nous ne sommes pas des êtres rationnels par défaut car notre attention et nos jugements demeurent soumis à notre subjectivité. La citation ci-dessous, tiré d’un livre traitant des études de motivation d’achat, « Basis For marketing Decision » du chercheur américain Louis Cheskin, dont j’ai pris connaissance dans les années 1990, m’a permis de prendre le recul utile pour mieux m’observer et me connaître autrement.

Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous nous intéressons à des informations objectives. En réalité, si l’on ne devient pas subjectif face à une nouvelle information objective, on ne s’y intéresse pas et on n’est pas motivé par elle. Nous disons que nous jugeons objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans la vie quotidienne. Nous choisissons les « choses » qui nous attirent subjectivement, mais nous considérons ces choix comme objectifs.

« Le comportement d’un individu se base sur son schéma de références. Le schéma de références d’un individu détermine ses attitudes. Consciemment et inconsciemment, un individu acquiert des concepts qui deviennent une partie de lui-même et qui sont la base de toutes ses attitudes. Le schéma de références est acquis des parents, des enseignants, des relations et des amis, du type d’émissions de radio que nous entendons, des émissions de télévision que nous regardons et du type de livres, magazines et journaux que nous lisons. La plupart d’entre nous croyons tirer des faits de ces sources, non pas des attitudes. Nous pensons que nous avons accumulé des informations objectives, non pas un schéma de références. »

TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively.

We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

An individual’s behavior is based on his frame of refer-ence. A person’s frame of reference determines his attitudes. Consciously and unconsciously one acquires concepts that become part of him and are the basis of all his attitudes. The frame of reference is acquired from parents, teachers, relatives and friends, from the type of radio pro-grams we hear, the T.V. programs we watch and from the kind of books, magazines and newspapers we read. Most of us believe we acquire facts from these sources, not attitudes. We think we have accumulated objective information, not a frame of reference.

Source : Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.

Tous les appartés ci-dessus dans mon rapport de lecture servent à démontrer ma familiarité avec certains des sujets abordés par Albert Moukheiber dans son livre « Votre cerveau vous joue des tours ». Autrement dit, je savais déjà que mon cerveau me jouiait des tours avant d’acheter ce livre, au départ, en raison de son titre très évocateur. J’ai donc été attiré subjectivement par cet ouvrage et je ne peux certainement pas prétendre l’aborder avec objectivité. Ma lecture permet de me mettre à jour.

Suite aux travaux de Kahneman et de Tversky, des centaines de biais cognitifs (11) ont été répertoriés et des chercheurs continuent à en identifier régulièrement. Deux des biais dont on parle le plus en cette période d’avènement des infox, nouveau terme utilisé pour parler des informations fausses ne reposant sur aucun fait, sont les biais de confirmation et le biais de la preuve anecdotique : les biais de confirmation nous pousse à ne prendre en compte que les informations qui renforcent nos opinions, nos convictions et nos croyances, et de rejeter comme fausses toutes les autres idées qui pourraient nous être présentées. Le biais de la preuve anecdotique intervient quand nous utilisons un exemple anecdotique pour justifier notre raisonnement. (…)

____________

NOTE

(11) A. P. Gregg, N. Mahadevan, C. Sedikides, « The SPOT effect : People spontaneously prefer their own theories », The Quartely Journal of Experimental Psychology, 70, No 6 (2017).

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 1 – Comment perçoit-on le monde ? Chapitre 3 – Pourquoi sommes-nous souvent dans l’approximation ?, Allary Éditions, Paris, 2019, pp. 55-56.

P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.

A. P. Gregg, N. Mahadevan, C. Sedikides, « The SPOT effect : People spontaneously prefer their own theories », The Quartely Journal of Experimental Psychology, 70, No 6 (2017).
A. P. Gregg, N. Mahadevan, C. Sedikides, « The SPOT effect : People spontaneously prefer their own theories », The Quartely Journal of Experimental Psychology, 70, No 6 (2017).

RÉSUMÉ

« Les gens font souvent preuve d’un biais de confirmation : ils traitent les informations relatives à la véracité de leurs théories d’une manière qui leur permet de continuer à considérer ces théories comme vraies. Ici, nous avons testé si le biais de confirmation émergeait même dans les conditions les plus minimales. Plus précisément, nous avons testé si l’établissement d’un lien nominal entre le soi et une théorie suffirait à inciter les gens à considérer cette théorie comme vraie. Si, toutes choses égales par ailleurs, les gens se considèrent comme bons (c’est-à-dire qu’ils se valorisent) et que les bonnes théories sont vraies (en accord avec leur fonction prévue), alors les gens devraient considérer leurs propres théories comme vraies ; autrement dit, ils devraient manifester une préférence spontanée pour leurs propres théories (c’est-à-dire un effet SPOT). Dans trois expériences, les participants ont été initiés à une théorie selon laquelle l’une de deux espèces extraterrestres imaginaires s’attaquait à l’autre. Les participants ont ensuite examiné tour à tour plusieurs éléments de preuve relatifs à la théorie et ont évalué à chaque fois la probabilité que la théorie soit vraie ou fausse. Comme nous l’avions supposé, les participants considéraient que la théorie avait plus de chances d’être vraie lorsqu’elle leur était attribuée arbitrairement qu’à un « Alex » (expérience 1) ou à personne (expérience 2). Nous avons également constaté que l’effet SPOT ne convergeait pas avec quatre indices différents de valorisation de soi (expérience 3), ce qui suggère qu’il pourrait avoir un caractère distinctif. »

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite).

Texte original en anglais

« People often exhibit confirmation bias: they process information bearing on the truth of their theories in a way that facilitates their continuing to regard those theories as true. Here, we tested whether confirmation bias would emerge even under the most minimal of conditions. Specifically, we tested whether drawing a nominal link between the self and a theory would suffice to bias people towards regarding that theory as true. If, all else equal, people regard the self as good (i.e., engage in self-enhancement), and good theories are true (in accord with their intended function), then people should regard their own theories as true; otherwise put, they should manifest a Spontaneous Preference for their Own Theories (i.e., a SPOT effect). In three experiments, participants were introduced to a theory about which of two imaginary alien species preyed upon the other. Participants then considered in turn several items of evidence bearing on the theory, and each time evaluated the likelihood that the theory was true versus false. As hypothesized, participants regarded the theory as more likely to be true when it was arbitrarily ascribed to them as opposed to an « Alex » (Experiment 1) or to no one (Experiment 2). We also found that the SPOT effect failed to converge with four different indices of self-enhancement (Experiment 3), suggesting it may be distinctive in character. »

Source : A. P. Gregg, N. Mahadevan, C. Sedikides, « The SPOT effect : People spontaneously prefer their own theories », The Quartely Journal of Experimental Psychology, 70, No 6 (2017).


Le plus difficile, disait Louis Cheskin, est d’amener le client à désirer ce dont il a réellement besoin plutôt que de simplement répondre à sa demande, cette dernière n’étant pas ce dont il a besoin. Bref, le client est parfois prisonnier de son opinion.

Dans les année 1990, plus de 90% des diagnostics d’entreprise, imposé par le ministère de l’Industrie et du Commerce du gouvernement du Québec pour obtenir une subvention, conclurent que le problème à régler n’était pas celui formulé dans la demande de subvention mais l’entrepreneur lui-même. Il fut décidé d’imposer un tel diagnostic afin de mettre fin aux subventions gouvernementales qui n’aboutissaient pas aux résultats énoncés dans la demande. Notez que les fonctionnaires de ce ministère confiaient la réalisation des diagnostics d’entreprise à des firmes extermes de façon à ne pas devoir confronter eux-mêmes les entrepreneurs en faute. Bref, l’entrepreneur est parfois prisonnier de son opinion.

Image modifiée – Image originale par Kaspar Lunt de Pixabay

J’ai écrit un article sur le sujet dans les pages de ce site web : « Êtes-vous prisonnier de vos opinions ? »


Le biais de confirmation implique, selon mois, « de prendre pour vrai ce que l’on pense uniquement parce qu’on le pense », une situation qui peut s’avérer très coûteuse pour la personne rour comme pour la société. Dans ce contexte la théorie devient une croyance dont la peuve demeure personnelle ou, pis encore, sans preuve aucune.

(…) Aujourd’hui, les dangers auxquels nous sommes confrontés sont même pour la plupart d’ordre psychologique : si on vous demande quelle est votre principale source de stress, vous avez peu de chance de répondre qu’il s’agit d’un lynx affamé, mais plutôt des factures qui s’accumulent, des impôts, de votre supérieur hiérarchques…

MOUKHEIBERT, Albert, Votre cerveau vous joue des tours, Partie 2 – Mon cerveau, les autres cerveaux et le monde. Chapitre 4 – Le stress, notre meilleur ennemi, Allary Éditions, Paris, 2019, p. 71.

Oui… Mais il faut aussi se demander si la psychologie suffit à la tâche. Nous n’avons pas eu dans l’histoire moderne autant de psychologues et de psychiatres qu’aujourd’hui. La question de la « foi psychologique » se pose, du moins dans le livre « La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne » du psychologue américain William Kirk Kilpatrick. (Voir aussi : Why Secular Psychology Is Not Enough, William Kirk Kilpatrick, Boston College, Imprimis, Hillsdale College, April 1986 | Volume 15, Issue 4.) et The Drift of Modern Psychology, Ivan Thorn, and William Kilpatrick, Foundation for economic education, August 1, 1984.)

Heureusement, les neurosciences viennent à la rescousse pour confirmer ou infirmer la connaissance dans le domaine de la psychologie. Merci Albert Moukheiber pour votre contribution.


Je vous recommande fortement la lecture de l’essai VOTRE CERVEAU VOUS JOUE DES TOURS du docteur en neurosciences cognitives ALBERT MOUKHEIBER chez Allary Éditions paru en 2019.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq.

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».

Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

Article # 100 – Vivre dans un monde où tout un chacun se donne raison, en réponse à l’article « L’art de couper les cheveux en quatre » d’Alexandre Lacroix publié dans Philosophie magazine, juin 2024

Dans le dossier de son édition de juin 2024, Philosophie magazine tente de répondre à cette question en titre : « Comment savoir quand on a raison ? » Il n’en fallait pas plus pour me motiver à l’achat d’un exemplaire chez mon marchand de journaux.

Article # 101 – Loin de moi – Étude sur l’identité, Clément Rosset, Les Éditions de Minuit, 1999

Le texte en quatrième de couverture de LOIN DE SOI de CLÉMENT ROSSET confronte tous les lecteurs ayant en tête la célèbre maxime grecque gravés sur le fronton du temple de Delphes et interprété par Socrate : « Connais-toi toi-même » : « La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. » ROSSET, Clément, Loin de moi – Étude sur l’identité, Les Éditions de Minuit, 1999, quatrième de couverture.

Article # 102 – Penser par soi-même, Sous la direction de Maud Navarre, Sciences Humaines Éditions, 2024

Avec ses dix-sept articles de différents auteurs, le recueil PENSER PAR SOI-MÊME , sous la direction de MAUD NAVARRE, docteure en sociologie et journaliste scientifique, chez SCIENCES HUMAINES ÉDITIONS paru en 2024, complète et bonifie généreusement le dossier du même nom de l’édition de mars 2020 du magazine Sciences Humaines.

Article # 103 – Éloge du point d’interrogation – Tous philosophes ? Patrick Moulin, Les Éditions du Net, 2022

Je n’ai pas aimé ce livre en raison de mon aversion face au style d’écriture de l’auteur. J’ai abandonné ma lecture au trois quarts du livre. Je n’en pouvais plus des trop nombreuses fioritures littéraires. Elles donnent au livre les allures d’un sous-bois amazonien aussi dense que sauvage où il est à charge du lecteur de se frayer un chemin, machette à la main. Ce livre a attiré mon attention, l’a retenue et l’auteur pouvait alors profiter de l’occasion pour communiquer avec moi. Mais les ornements littéraires agissent comme de la friture sur la ligne de cette communication. J’ai finalement raccroché.

Article # 104 – Grandeur et misère de la modernité, Charles Taylor, Coll. L’essentiel, Éditions Bellarmin (Éditions Fides), 1992

Notre place dans le monde s’inscrit dans notre identité. Construire sa propre philosophie de vie bonne exige non seulement de se connaître soi-même mais aussi de connaître le monde dans lequel nous existons. C’est l’« Être-au-monde » selon de Martin Heidegger. Bref, voilà donc pourquoi cet Observatoire de la philothérapie – Quand la philosophie nous aide dépasse son sujet avec le livre GRANDEUR ET MISÈRE DE LA MODERNITÉ du philosophe CHARLES TAYLOR paru en 1992, il y a plus de trente ans.

Article # 105 – La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question, Sylvain Roux, Les Belles Lettres, 2024

J’aime beaucoup ce livre. Tout philosophe se doit de le lire. Voici une enquête essentielle, à la fois très bien documentée, fine et facile à suivre. Elle questionne la conclusion du philosophe Pierre Hadot à l’effet que la philosophie est une manière de vivre. Sous le titre « La philosophie comme exercice spirituel ? – Un paradigme en question », le professeur de philosophie ancienne à l’université de Poitiers, Sylvain Roux, déterre les racines de la philosophie pour en montrer leur enchevêtrement

Article #106 – Crise de soi – Construire son identité à l’ère des réseaux sociaux et du développement personnel, Thierry Jobard, coll. Amorce, Éditions 10/18, 2024

L’essayiste Thierry Jobard nous propose trois ouvres : 1. CONTRE LE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL (voir mon rapport de lecture); 2. JE CROIS DONC JE SUIS : LE GRAND BAZAR DES CROYANCES CONTEMPORAINE; 3. CRISE DE SOI – CONSTRUIRE SON IDENTITÉ À L’ÈRE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET DU DÉVELOPPEMENT PERSONNEL. — Avec ce troisième essai, Thierry Jobard approfondit encore davantage son sujet démontrant ainsi une maîtrise de plus en plus grande des aléas de l’identité, cette fois-ci, sous l’influence des réseaux sociaux et du développement personnel.

Article #107 – Le parler de soi, Vincent Descombes, Collections Folio. Essais, Éditions Gallimard, 2014

Si vous avez aimez cet extrait, vous aimerez ce livre car il est représentatif de l’ensemble de l’œuvre. Personnellement, je cherchais des indices pour répondre à la question « Qui suis-je ? » et ce livre n’en offre pas. En revanche, j’aime bien quand un auteur remonte à la source de son sujet et le retrace dans le contexte historique. Vincent Descombes excelle en ce sens dans PARLER DE SOI. C’est pourquoi je me suis rendu jusqu’à la page 248 des 366 pages de son texte (Appendices exclues) avant d’abandonner ma lecture. J’aime bien m’informer de l’histoire d’une idée comme le fait si bien Vincent Descombes mais la vue sous microscope du fil historique de chaque détail a fini par me lasser. J’ai tenu bon dans l’espoir de me faire une vision d’ensemble de l’évolution du concept mais je ne suis pas parvenu à prendre le recul utile face à une telle multitude de détails.

Article #108 – La philosophie fait-elle votre bonheur ? Dossier, Revue Les Libraires, no 145, 2024

Peut-être vous dites-vous : « La philosophie, pas pour moi, non merci! » Pourtant, à partir du moment où une question germe dans votre tête et que vos neurones s’activent à faire des liens, à envisager des hypothèses, à analyser les pour et les contre, à réfuter certaines pistes, à emprunter d’autres foulées, à mettre en parallèle ou en confrontation des idées, vous êtes en train de philosopher.

Article #109 – Quatre moyens d’en finir avec la pointeuse, Clara Degiovanni, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

CITATION « 4. Raconter sa journée / 18 heures. Vous rejoignez un ami pour prendre un verre après le travail. Vous lui racontez votre journée, qui était finalement très réussie. Intéressé et sincèrement content pour vous, il vous invite à évoquer les perspectives qui s’offrent à vous dans votre entreprise actuelle. »

Article #110 – Pascal Chabot-Hélène L’Heuillet : silence, ça pulse !, propos recueillis par Cédric Enjalbert, Dossier / “Comment trouver le bon rythme ?”, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Philosophe, spécialiste du burn-out, Pascal Chabot vient de publier une enquête cherchant Un sens à la vie et montrant qu’il est toujours ouvert et dynamique. Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste, fait non seulement reparaître son Éloge du retard mais elle signe également un ouvrage sur Le Vide qui est en nous. Ensemble, ils montrent comment rythme de vie et sens de la vie se répondent !

Article #111 – Émile Durkheim : l’individu, ferment de la société, par Athénaïs Gagey, Philosophie magazine, no 183, octobre 2024

Fondateur de la sociologie moderne, Émile Durkheim pense l’individu comme la partie d’un tout. Alors que les fractures sociales sont légion dans notre société, sa lecture est une proposition pour tenter de (re)faire société.

Article #112 – Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne, Jean-Marie Nicolle, Bréal, 2015

Le livre « Histoire de la pensée philosophique – De l’homme grec à l’homme post-moderne » par Jean-Marie Nicolle se classe parmi les meilleurs, sinon comme le meilleur, que j’ai pu lire. Jean-Marie Nicolle fait preuve d’une maîtrise quasi absolue de son sujet et en témoigne par des explications simples dans une écriture compréhensible par tous accompagnée de graphiques fort utiles. Ce livre rempli toutes ses promesses.

Article #113 – Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, Yuval Noah Harari, Albin Michel, Paris, 2024

Le livre Nexus – Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA signé par Yuval Noah Harari donne à penser que les civilisations se transforment avec la capacité de l’homme à produire, recueillir, centraliser et contrôler ou à diffuser l’information au fil des grandes innovations, de la tablette d’argile à l’intelligence artificielle (IA) en passant par l’imprimerie, le télégraphe, l’imprimerie, la presse écrite, la radio, la télévision, l’ordinateur et l’internet. / Difficile pour la presse de passer sous silence un auteur avec plus de 45 millions d’exemplaires vendus de ses livres témoigne les trois exemples ci-dessous.

Article # 114 – Conférence vidéo «Qu’est-ce que la pratique philosophique ? » par Laurence Bouchet, Philo Mobile

Lors de cette conférence organisée à Poitiers par l’association Poitiers Cité Philo, j’ai montré la place que la philosophie peut prendre dans nos vies, puis j’ai proposé à quelques personnes volontaires, un atelier interactif sur le thème de la honte, choisi par les participants. Avec l’ensemble de la salle nous avons ensuite commenté cette façon de philosopher.

Article #115 – Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Vincent Cocquebert, Les Éditions Arkê, 2023

« Ce dresse le panorama oppressant de cette société du sur-mesure et nous invite le sens d’une indépendance vertueuse. » COCQUEBERT, Vincent, Uniques au monde – De l’invention de soi à la fin de l’autre, Les Éditions Arkhê, 2023, Quatrième de couverture.

Et c’est tout un « panorama » ! Complet en relevant bon nombre d’exemples concrets, l’essai UNIQUES AU MONDE de l’auteur et journaliste indépendant Vincent Cocquebert, permet aux lecteurs de se mettre à jour sur les sources et les impacts de l’individualisation de l’homme depuis plusieurs décennies, à commencer par le « surinvestissement émotionnel dans la consommation ». À titre de conseiller en marketing et en publicité puis de président directeur d’une firme d’études des motivations d’achat des consommateur dans les années 1980-1990, j’ai reconnu la tendance au repli sur soi, notamment le cocooning, relevée par monsieur Cocquebert dans son ouvrage. Et que, poussé à l’extrême, ce repli sur soi conduise à « la fin de l’autre » a tout pour nous inquiéter tout en nous mobilisant. Un livre dont la lecture surprend le lecteur de page en page. À lire absolument !

Article #116 – La philosophie comme attitude, Stéphane Madelrieux, Presses universitaires de France, Paris, 2023

L’auteur, STÉPHANE MADELRIEUX, professeur de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 et Directeur adjoint de l’Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), nous offre une histoire détaillée et de grande érudition de la LA PHILOSOPHIE COMME ATTITUDE. En quatrième de couverture, nous lisons : « Une philosophie ne se résume pas seulement à une doctrine ou à une méthode : c’est aussi une attitude. Au-delà des thèses doctrinales, et au-delà même des règles de méthode, il faut savoir retrouver les dispositions intellectuelles et morales qui composent les grandes attitudes. Ce livre voudrait en particulier prolonger la tradition des Lumières pour qui la philosophie est d’abord l’exercice d’une attitude spécifique, l’esprit critique, qui nous dispose à résister au dogmatisme. Il défend et illustre cette idée par l’examen détaillé de la philosophie pragmatiste, car les pragmatistes ont décelé dans l’histoire de la pensée et de la culture le conflit entre deux grandes tendances : l’attitude dogmatique et autoritaire, et l’attitude critique et expérimentales (…).

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR : Voir AJOUTS RÉCENTS.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

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Article # 72

J’AI LU POUR VOUS

Les philo-cognitifs

Ils n’aiment que penser et penser autrement…

Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier

Odile Jacob, Paris, 18 mars 2019

EAN13 : 9782738146724

224 pages / 145 x 220 mm

Mise en page 1

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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

Les philo-cognitifs sont ces individus, enfants ou adultes, qui réfléchissent de façon différente et ne peuvent s’arrêter de penser.

Appelés tour à tour surdoués, précoces, hauts potentiels, ils ont été décrits d’une seule et même façon, alors qu’ils révèlent en vérité deux types distincts d’intelligence. Là où certains, brillants et inadaptés, font la « révolution de la pensée », d’autres, en effet, s’imposent comme les piliers de leur environnement, lui apportant raison et équilibre.

Parce qu’à l’évidence les « hauts potentiels » ne sont pas tous les mêmes, deux psys et un neuroscientifique proposent, pour la première fois, de dégager les caractéristiques essentielles qui vont avec tel ou tel grand profil, en s’appuyant sur la clinique, mais également sur les neurosciences.

Vous aussi vous avez une pensée hors norme ? Alors partez à la rencontre de vous-même et découvrez si vous êtes plutôt ouvreur de voie ou couteau suisse, interpréteur ou explorateur, sympathique ou empathique, instinctif ou intuitif…

Des explications lumineuses pour mieux se comprendre en profondeur ; des conseils adaptés pour mieux vivre au quotidien.

Fanny Nusbaum est docteur en psychologie et chercheur associé en psychologie et neurosciences à l’université de Lyon. Elle est fondatrice et dirigeante du Centre PSYRENE (PSYchologie, REcherche & NEurosciences), spécialisé dans l’évaluation, le diagnostic et le développement de potentiels.

Olivier Revol, pédopsychiatre, dirige le centre des troubles de l’apprentissage de l’hôpital neurologique de Lyon et milite depuis plus de trente ans pour que chaque enfant puisse accéder au plaisir d’apprendre.

Dominic Sappey-Marinier est enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences à la faculté de médecine Lyon-Est.

Source : Éditions Odile Jacob.


TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

Les origines

Partenaires particuliers…

Un parcours escarpé et joyeux

De chair et d’âme

CHAPITRE PREMIER – Du haut potentiel à la philo-cognition

Les mots pour les dire…

    • Surdon, précocité,  haut potentiel…
    • L’arbitrage de la science

Trois caractéristiques majeures pour une façon de penser singulière

    • Je suis,  donc je pense : l’hyperspéculation
    • Comme un sixième sens : l’hyperacuité
    • Un réassemblage permanent des idées : l’hyperlatence
    • Trois fois mieux !

Comment appeler ces penseurs atypiques ?

    • Les deux profils
    • Philo-complexe ou philo-laminaire ?
    • Ni tout à fait le même,  ni tout à fait un autre…

CHAPITRE 2 – Ouvreurs de voies : Les philo-complexes

Portrait chinois

    • Si c’était un animal,  ce serait… un ouistiti
    • Si c’était une énergie,  elle serait… libre et torrentielle
    • Si c’était une posture,  ce serait… l’entièreté

Dans la tête d’un complexe

    • Interpréter le monde
    • Une surcharge cognitive mal maîtrisée
    • Un mouvement perpétuel

De soi à soi

    • Mauvaise estime et bonne confiance
    • Trop sympathique !
    • Une tendance à l’autosabordage

Face au monde

    • À l’instinct !
    • Relation à l’autre : le grand malentendu
    • Relation à l’autorité : opposition,  déni et transgression

Les souffrances du philo-complexe, les troubles associés

CHAPITRE 3 – Couteaux suisses : les philo-laminaires

Portrait chinois

    • Si c’était un animal,  ce serait… un ours
    • Si c’était une énergie,  elle serait… maîtrisée et solaire
    • Si c’était une posture,  ce serait… constance, patience et tempérance

Dans la tête d’un laminaire

    • Explorer le monde en tout terrain
    • Hyperconscience : il est « aware » !
    • Promotion naturelle…

De soi à soi

    • Meilleure estime que confiance…
    • Très empathique !
    • Une tendance à l’autoconservation

Face au monde

    • À l’intuition ! Fiable et adapté
    • Face à l’autorité,  respect mais contournement

Les souffrances du philo-laminaire, les troubles associés

CHAPITRE 4 – Recherche en cerveau inconnu

Les neurosciences de l’intelligence

    • Le cerveau : centre de l’intelligence
    • L’intelligence, une organisation cérébrale à la pointe de l’adaptation

L’étonnant cerveau des complexes et des laminaires : ce que révèle l’étude lyonnaise

    • Connectivité structurale : plus dense
    • Activité cérébrale : plus pointue
    • Connectivité fonctionnelle : plus efficace
    • Quelle intégration dans la société pour les philo-cognitifs ?

Vers un nouveau modèle de l’intelligence ?

    • La cognition supérieure comme meilleure qualité de raisonnement
    • La cognition supérieure comme meilleure performance dans un domaine de prédilection
    • La supra-cognition comme manifestation de toutes les intelligences

Intelligence, génie et réussite

    • Peut-on définir le génie ?
    • Et la réussite dans tout ça ?

Épilogue

Notes et références bibliographiques

Bibliographie


EXTRAIT

Avant-propos

Nous sommes fiers de partager avec vous le fruit d’une belle rencontre, écrite comme un roman. Ou plutôt une pièce de théâtre, démarrée dans un huis clos stimulant il y a une dizaine d’années, puis enrichie au fil des représentations publiques et des échanges privés. Le script est plutôt classique. Une psychologue passionnée, un enseignant-chercheur avisé et un médecin motivé se retrouvent autour du même défi. Comprendre ce qui se cache derrière le regard profond des enfants et des adultes « doués ». Puis analyser les mécanismes neurologiques et affectifs qui sous-tendent la vie colorée et parfois tumultueuse de ces personnes atypiques.

Les origines

En fait, cet ouvrage existe depuis longtemps. D’abord en « jachère » sans doute, tapi quelque part dans l’inconscient de chacun de nous trois, lorsque nos vies personnelles nous confrontaient quotidiennement à la « précocité ». Grandir avec un frère ou une sœur à « haut potentiel » est une expérience irremplaçable. La relation fraternelle est la plus longue et la plus intime des relations humaines. Terrain d’entraînement exemplaire et peu dangereux, l’univers familial nous prépare à accueillir nos enfants et nos patients, et à commencer à comprendre la diversité des rapports humains. Ensuite, nos parcours professionnels ont enraciné l’envie de savoir. Nous avons avancé tous les trois, séparément dans un premier temps, en parallèle, dans l’écoute clinique et la recherche neurologique, jusqu’à la maturation de nos idées. Et surtout jusqu’à cette certitude qu’il fallait aller plus loin. Tous les ingrédients étaient alors présents pour imaginer la « saison 2 », celle de la mise en commun de nos idées, de nos trouvailles mais aussi de nos doutes. Mais de bons produits mélangés dans la plus belle des marmites ne suffisent pas à créer un plat réussi. Qu’il manque une flamme et le résultat se révèle décevant, sans liant ni saveur.

Partenaires particuliers…

Plusieurs congrès ont permis de rassembler les personnes concernées par la valorisation de tous les potentiels. Des chercheurs et des cliniciens reconnus nous ont fait confiance. Ils nous suivent toujours. Au fil des échanges, à l’écoute des patients et des familles, nos regards conjugués sur le « haut potentiel » ne cessent d’évoluer.

C’est le produit de ce croisement de regards que nous avons tenté de mettre en musique. Avec prudence. Si nos expériences individuelles nous confèrent une certaine légitimité pour évoquer la « surdouance », il reste beaucoup d’inconnues. Des auteurs prestigieux ont décrit différentes formes d’intelligence, avec autant de particularités dans leur expression intrapersonnelle et interpersonnelle. Il nous a paru nécessaire de nous lancer dans un exercice audacieux. Décrire ce qui relie ces personnes atypiques, puis proposer des « sous-types » pour comprendre ce qui les différencie les uns des autres, mais aussi des individus standards. Enfin, analyser les mécanismes neurologiques mis en jeu dans chacun des sous-groupes, avec l’objectif d’utiliser nos découvertes pour prévenir et aider. Et l’idée forte de proposer aux personnes à « haut potentiel » (et à tous les autres) une véritable « neuro-éducation ».

Un parcours escarpé et joyeux

Entre la création de PSYRENE (PSYchologie, REcherche, NEurosciences) et la sortie de cet ouvrage, nous n’avons cessé de cheminer avec enthousiasme. De réunions confidentielles en conférences à trois voix, de rencontres autour des patients (lors de l’étude par IRM fonctionnelle en particulier) en émissions de télé et radio, nos échanges ont été de vrais moments de partage. Avec des questionnements parfois étranges, des éclats de rire, de l’autodérision, des points de désaccord aussi… Bien heureusement, l’un (ou l’une !) d’entre nous est toujours là pour freiner l’euphorie des deux autres, et éviter ainsi dérives et pensée unique !

Notre travail n’est qu’un début. Il ouvre de nouveaux espaces de compréhension de la philo-cognition, et du fonctionnement neurologique en général. Notre expérience est force de conviction. La plupart des philo-cognitifs vont bien. Surtout les adultes, car l’intelligence protège et les mécanismes de résilience sont particulièrement productifs dans une population spécialement « équipée » pour la métacognition, c’est-à-dire la capacité à penser sur ses propres pensées. Pour autant, nous n’oublions pas tous ceux qui restent en difficulté sur le plan affectif et/ou cognitif. C’est auprès d’eux que s’inscrit notre mission de soignants. Ils le savent, et nous le rendent bien et avec gratitude. Nous sommes toujours frappés par l’empressement de nos patients à accepter de participer aux protocoles de recherches. Qu’ils trouvent ici nos remerciements sincères. Leur contribution est inestimable. Comprendre pourquoi et comment une intelligence de haut niveau peut conduire à l’échec nous éclaire chaque jour un peu plus sur la modélisation des facteurs de réussite. Et nous permet d’œuvrer pour que les obstacles deviennent des tremplins, dans une dynamique de psychologie positive qui est le début du réenchantement. Nous pouvons ainsi relire sereinement la métaphore de l’albatros dans Les Fleurs du mal. Posé sur le pont du navire, l’oiseau est emprunté et soumis aux moqueries des marins. Dans une logique romantique et prémélancolique, Charles Baudelaire évoque ainsi l’isolement douloureux du poète maudit. Notre regard se veut plus optimiste et moins pathologisant. L’albatros possède l’envergure la plus importante de tous les oiseaux. Il sait utiliser le vent pour planer des heures durant. L’observation des capacités de vol et de chasse de ce géant des airs permet de comprendre les mécanismes de portage de tous les oiseaux…

De chair et d’âme (1)

L’être humain est une alchimie complexe, faite de neurones, d’ADN et d’un terreau environnemental. En fait, nous avons tous quelque chose de… philo-cognitif, avec un zeste de laminaire, une pincée de complexe ou un nuage de fonctionnement standard. Le mérite des personnes « douées » est de nous apprendre à évaluer ces proportions et leurs conséquences sur notre vie relationnelle, notre réussite professionnelle et notre harmonie affective.

Car nous nous sommes tous posés sur le même bateau…

___________

(1) Cyrulnik B., De chair et d’âme, Odile Jacob, 2006

Source : Éditions Odile Jacob.


Télécharger un extrait (ePub) : leslibraires.ca


Revue de presse & Sur le web

Les meilleurs conseils du livre « Les Philo-cognitifs » – Nous allons voir dans cet article quels sont les meilleurs conseils de du livre Les Philo-cognitifs, écrit par Fanny Nusbaum (docteur en psychologie, chercheur associé en psychologie et neurosciences à l’Université de Lyon, fondatrice et dirigeante du Centre PSYRENE), Olivier Revol (pédopsychiatre et dirigeant du centre des troubles de l’apprentissage de l’hôpital neurologique de Lyon) et Dominic Sappey-Marinier (enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences à la faculté de médecine de l’Université de Lyon). (L’éveil du TDAH).

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Les philo-cognitifs – Suite à une étude menée sur le cerveau d’enfants de 8 à 12 ans, Olivier REVOL, Fanny NUSBAUM et Dominic SAPPEY-MARINIER proposent un nouveau terme pour désigner les enfants surdoués. Ils ont choisi de les appeler « philo-cognitifs ». (Précoces et surdoués).

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NUSBAUM : Les philo-cognitifs. Ils n’aiment que penser et penser autrement… (2019) – Trois scientifiques lyonnais viennent de sortir un livre pour redéfinir les êtres dits précoces ou surdoués. A l’avenir, il faudra parler de philo-cognitifs… (wallonica.org)

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Enfant précoce ou surdoué : place au philo-cognitif ! RA-Sante.com (prononcez Rhône-Alpes Santé) 

Lire


Les Philo-cognitifs, ils n’aiment que penser et penser autrement… de Fanny Nusbaum, Olivier Revol et Dominic Sappey-Marinier, TEXTUALITÉS



Au sujet de l’auteure Fanny Nusbaum

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Fanny Nusbaum ouvre son cabinet en 2004 qui se développe pour devenir le Centre PSYRENE, un centre de psychologie et de neuropsychologie qui compte une dizaine de praticiens.

En 2008, elle reçoit le prix Peter Berner, récompensant un jeune chercheur en hypnose scientifique3. Elle est également chercheuse associée à l’université Claude Bernard Lyon 1, dans le laboratoire P2S4.

Elle se fait remarquer par la communauté scientifique et le grand public grâce à ses travaux sur la philocognition, un terme qu’elle a elle-même inventé pour décrire le Haut Potentiel Intellectuel (HPI). Son livre, publié en 2019 avec Olivier Revol et Dominique Sappey-Marinier aux Édition Odile Jacob5, présente deux profils de philocognitifs, les laminaires et les complexes. Cet ouvrage devient rapidement un best-seller et une référence pour les psychologues et neuropsychologues.

En 2020, durant la crise du Covid-19, elle assure le suivi de ses patients par téléphone6 et continue exclusivement de cette façon par la suite, privilégiant le contact direct et intime avec ses patients, une approche qu’elle détaille dans son livre « L’art de l’excellence : En finir avec la dictature des humanistes ».

En 2021, elle publie « Le Secret des Performants », où elle propose un modèle de l’intelligence considéré comme révolutionnaire7. Plutôt que de considérer l’intelligence comme une capacité, elle la définit comme un état qui révèle nos capacités et qui peut varier en fonction de l’environnement, de sa fatigue ou de son stress. Elle établit une gradation de cet état d’intelligence en trois stades : antiphase, compétence et performance. Ce livre devient rapidement une référence pour le monde de l’entreprise, qui sollicite régulièrement Fanny Nusbaum pour des conférences et des formations sur l’intelligence et la performance.

En 2022, Fanny Nusbaum publie « Le cerveau sous hypnose », où elle détaille comment l’hypnose et l’imaginaire peuvent servir de mécanismes fondamentaux pour l’intelligence et la performance.

En 2023, elle publie « L’art de l’excellence : En finir avec la dictature des humanistes », où elle critique la religion humaniste pour sa promotion d’une égalité stricte, de la bienveillance, de la faiblesse et de l’approximation qui inhibe la performance individuelle et collective. Cet ouvrage met en avant une approche de l’excellence fondée sur la force, l’instinct et la grandeur de l’humain. Il a été bien reçu par la critique et les lecteurs, et a été décrit comme un vent de changement dans le débat public. La même année, « Les Philo-cognitifs » et « Le Secret des Performants » sont publiés en Chine.

Fanny Nusbaum est reconnue comme une visionnaire dans son domaine, remettant en question les idées préconçues sur l’intelligence, la performance et l’excellence.

Source : Wikipédia.


Page du Centre PSYRENE fondé par Fanny Nusbaum

PSYRENE INTELLIGENCE

ONE WOMAN SHOW

Page de Fanny Nusbaum sur X (Twitter)

Page de Fanny Nusbaum sur Wikipédia

Page de Fanny Nusbaum sur LinkedIn

Page de la chaîne YouTube de Fanny Nusbaum

Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les philo-cognitifs

Ils n’aiment que penser et penser autrement…

Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier

Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Je dois avouer avoir commandé ce livre sans me donner la peine de prendre connaissance du texte en quatrième de couverture qui informe les lecteurs au sujet des disciplines des auteurs : Fanny Nusbaum est docteur en psychologie. – Olivier Revol, pédopsychiatre. – Dominic Sappey-Marinier est enseignant-chercheur en biophysique, imagerie médicale et neurosciences.

Bref, si j’avais su, je n’aurais pas acheté ce livre car j’entretiens depuis fort longtemps face à la psychologie une grande aversion dont j’ai amplement témoignée dans plusieurs de mes précédents articles avec cet extrait du livre SÉDUCTION PSYCHOLOGIQUE – ÉCHEC DE LA PSYCHOLOGIE MODERNE :


Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».
Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».

« L’ÉCHEC DE LA FOI PSYCHOLOGIQUE

Quelque bien intentionné et agréable qu’il soit, il n’est pas évident que l’« establishment » sache aider. Partout il existe de sombres signes que cette foi n’est pas efficace. En dépit de la création d’une armée virtuelle de psychiatres, psychologues, psychométriciens, conseillers et éducateurs sociaux, il n’y a eu aucune diminution du taux de maladies mentales, suicides, alcoolisme, toxicomanie, enfants maltraités, divorces, meurtres et voies de fait de toutes sortes. Contrairement à ce qu’on pourrait espérer dans une société analysée si soigneusement et assistée par tant d’experts de la santé mentale, il y a eu un accroissement dans tous ces domaines. Il semble parfois exister un rapport direct entre le nombre grandissant de ceux qui aident et le nombre grandissant de ceux qui ont besoin d’aide. Plus nous avons de psychologues, plus nous récoltons de maladies mentales; plus nous avons d’éducateurs sociaux et de délégués à la liberté surveillée, plus la criminalité s’accroît; plus nous avons d’enseignants et plus l’ignorance grandit.

Il nous faut nous interroger devant tout cela. En clair, cela est suspect. Nous sommes contraints de concevoir la possibilité que la psychologie et les professions qui gravitent autour d’elle proposent des solutions aux problèmes qu’elles ont elles-mêmes contribué à faire naître. Ainsi, nous voyons des psychologues élever chez les gens l’espoir de bonheur ici-bas à un niveau démesuré, pour ensuite dispenser leurs conseils sur la crise qui survient vers la mi-vie et à la mort. Nous voyons des psychologues faire de l’attention portée à soi-même une vertu, pour ensuite s’étonner du nombre croissant de narcissistes. Nous voyons des psychologues alléguer devant les tribunaux que les mauvais garçons et même les mauvais adultes n’existent pas, pour ensuite formuler des théories afin d’expliquer l’augmentation de la criminalité. Nous voyons des psychologues mettre à rude épreuve les liens de la vie familiale, pour ensuite mener une thérapie dans les foyers brisés.

ATTENTES ET RÉSULTATS

Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans les domaines où les professionnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanislas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :

« Ainsi, dans un pays où il y a pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans ce domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les lieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, pp. 25-26.

Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie? Le professeur Andreski poursuit :

« … Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et sœurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes qui n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix; et qu’il aurait dû en être toujours plus ainsi durant le dernier quart de siècle en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, p. 26.

Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont pas sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmentation de celui-ci. Les conseils matrimoniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle dans un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qu’il peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, ils ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu ».

Stanislas Andreski, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, p. 29.

Source : Séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne, William Kirk Kilpatrick, Traduction de l’original anglais (Psychological seduction, Thomas Nelson Publishers, Nashville, USA, 1983), Traduit en français par Alain Chong, Centre Biblique Européen, 1985, pp. 32-35


L’usage du mot « PHILO» dans le titre d’un livre de psychologie m’apparaît presque comme une usurpation. Les auteurs donnent à la PHILO un sens que je ne lui connaissais pas : « philo : philo : « intérêt marqué pour ». Il s’agit d’un intérêt marqué pour la cognition « ensemble des opérations mentales conscientes et non conscientes ».


En somme, on a longtemps parlé de ces êtres différents en les nommant « surdoués », « précoces », « hauts potentiels » ou par divers noms d’animaux. Mais aucune de ces appellations n’a su complètement recouvrir les caractéristiques pressenties de ces individus. Dans ce contexte, nous cherchions un terme qui illustre par lui- même le fonctionnement cognitif de ces individus dans sa totalité et nous avons retenu celui de philo-cognition (philo : « intérêt marqué pour » ; cognition « ensemble des opérations mentales conscientes et non conscientes »). En effet, il désigne d’abord un intérêt prononcé (voire un besoin profond) et une capacité supérieure pour la mobilisation massive de la pensée au travers de trois processus principaux : un raisonnement actif et compulsif (hyperspéculation), une sensibilité et une alerte exacerbées (hyperacuité) et une pensée automatique et analogique surdéveloppée (hyperlatence). Mais le préfixe « philo » se réfère également à une nécessité permanente de réflexion philosophique, c’est-à-dire de questionnements des grands principes existentiels pour l’homme dans son environnement, dans ses relations avec autrui, de sa place dans l’univers, avec une approche métaphysique ou spirituelle. Un philo-cognitif est donc cet individu, enfant ou adulte, doté d’une grande réceptivité globale et ainsi capable de détecter et collecter tout stimulus pertinent plus rapidement et/ou plus intensément pour l’intégrer à un système de raisonnement perfectionné.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre premier – Du haut potentiel à la philo-cognition, Sous-titre «Comment appeler ces penseurs atypiques ?», Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 32


Arrêtons-nous davantage à ce passage de la citation ci-dessus : « Mais le préfixe « philo » se réfère également à une nécessité permanente de réflexion philosophique, c’est-à-dire de questionnements des grands principes existentiels pour l’homme dans son environnement, dans ses relations avec autrui, de sa place dans l’univers, avec une approche métaphysique ou spirituelle. »

La « réflexion philosophique » est définie par les auteurs par les sujets abordés. Or, la « réflexion philosophique » se fonde d’abord et avant tout, non pas sur les sujets de la réflexion, mais bel et bien sur l’esprit critique, son acquisition, son développement et sa pratique. Un problème dans l’esprit critique faussera la réflexion. Le « Comment nous pensons » s’impose avant toute réflexion, qu’elle soit philosophique ou non, et que l’on soit ou non un être à haut potentiel. Mais les auteurs du livre LES PHILO-COGNITIFS ne vont pas à la source de la cognition dans l’esprit des individus lorsqu’ils abordent les problèmes et les situations des personnes à haut potentiel. Il demeurent en surface.

Évidemment, j’imagine leur désaccord puisqu’ils se réfèrent à leurs études cliniques et aux neurosciences. Cependant, à l’instar de toutes les études cliniques, ils mettent de l’avant leurs observations et leurs interprétations de ces dernières face au comportement des individus. Bref, ils proposent aux lecteurs leurs jugements ou, si vous préférez, leurs opinions, peu importe le respect des conventions et des règles de la recherche clinique.


« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objecti­vement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous appa­raissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »[2]

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82

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[2] Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82. « We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it. We say we judge objectively, but actually we react subjectively. We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »


Aussi la psychologie cherche à se donner de la crédibilité en se référant aux neurosciences, notamment et dans le cas présent, en traitant des phénomènes mentaux. La psychologie, science inexacte par excellence, cherche dans les sciences exactes, notamment et dans le cas présent, en biophysique, imagerie médicale et neurosciences, une argumentation et des justifications à ses jugements qui, nous venons de le voir, demeurent subjectifs. On parle même de neuropsychologie.

En fin de compte, la psychologie met de l’avant uniquement ce qu’elle offre :

Ce travail peut reposer sur :

— (…)

— des séances de visualisation, notamment par hypnose, axée sur la technique de reparentage (construction mentale d’un parent intérieur), avec un professionnel recinnu, bien sûr.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «De soi à soi» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 70.


Dans ce cadre les professionnel indiqué peut être un spécialiste des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) connaissant la philo-cognition, qui sera en mesure d’aider à modifier les pensées automatiques et d’en créer de nouvelles. Les techniques méditatives (hypnose, sophrologie, méditation) peuvent servir à visualiser et incarner une prise de distance par rapport aux événements. Enfin, le neuro-feedback ou la stimulation électriques transcrânienne (TDCS) axés sur la zone préfrontale peuvent permettre davantage de contrôle émotionnel.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «Trop sympathique !» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 73.


On tendra de préconiqer dans ce cas :

(…)

Des travailler en psychothérapie (psychodynamique, thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou d’orientation systémique, etc.) ou par des méthodes de développement personnel (programmation neurolinguistique ou PNL, analyse transactionnelle, méthode Coué…) sur le respect de soi par la détection et la modification des pensées automatiques de dévaluation, de dégradation de lui-même et de l’image qu’il renvoie.

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 2 – Ouvreurs de voies – Les philo-complexes, Sous-titre «Une tendance à l’autosabordage» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, p. 79.

Une « stimulation électriques transcrânienne (TDCS) » lorsque le philo-complexe « éprouve de grandes difficultés à gérer ses émotions », « pour s’extraire de cet engluement affectif » ? Wow ! C’est la psychologie dans toute la splendeur de la mise en marché de sa gamme de produits, y compris de développement personnel.

On ne peut pas reprocher à la psychologie de demeurer dans la psychologie. On peut cependant reprocher à la discipline de courir dans toutes les directions sous l’effet des modes qu’elles engendrent elle-même ou non.

La psychologie demeure à la surface. Elle ne plonge pas à la source même du problème. Elle ne peut pas se pencher sur la cause première car elle n’en a pas les moyens, ces derniers étant le propre de la philosophie.


Ce qui tient ensemble aujourd’hui les multiples programmes de recherche que l’on regroupe sous le nom de « sciences cognitives », c’est le travail philosophique qui est fait à leur propos. Sans la philosophie « cognitive », il y aurait des travaux en psychologie, en linguistique, en neurobiologie, en intelligence artificielle – il n’y aurait pas de science de la cognition. C’est la philosophie qui réfléchit et systématise la ou les attitudes de base qui constituent le seul lien social à l’intérieur du domaine. L’existence d’un lien social n’implique aucunement qu’il y ait un paradigme unique – on a vu qu’il y en a au moins deux, le paradigme cognitiviste classique ou orthodoxe, et le connexionnisme. Mais le choc entre ces deux modèles est lui-même créateur de solidarités. Ceux qui s’affrontent dans les controverses qui ponctuent l’histoire du champ se reconnaissent finalement moins comme adversaires que comme membres d’une même famille élargie. Or l’arbitre qui discipline, règle et finalement juge ces affrontements, c’est le philosophe.

Source : 4. Philosophie et cognition, Jean-Pierre Dupuy, Aux origines des sciences cognitives (2005).

Les auteurs recommandent une seule fois un « groupe d’échanges philosophiques » :

Conseils

On l’aura compris, le risque chez un philo-laminaire réside principalement dans le perfectionnisme qui peut le pousser aux limites de son fonctionnement, au bord de la cassure, voire jusqu’à la rupture.

Avant d’envisager une prise en charge thérapeutique, il est possible de tenter de réguler ce phénomène par une réorientation écologique vers plus d’intériorité et d’écoute de soi-même, au travers d’activités qui permettent une stimulation de l’hémisphère cérébral gauche, mais aussi une rééducation de l’hémisphère droit, lequel a perdu sa fonction d’harmonisation, notamment émotionnelle :

(…)

S’investir ponctuellement au sein d’un groupe d’échanges philosophiques en s’impliquant vraiment dans les débats et en cherchant à subjectiver sa pensée ( « je pense…, j’imagine…, j’aime à penser…, mon idéal serait…, voici comment je me représente les choses…, pour moi…, selon mes valeurs…, j’apprécie…, je n’apprécie pas…, je suis tout à fait d’accord…, je suis totalement opposé…, selon mon expérience…, je trouve ta réflexion grotesque… » ).

NUSBAUM, Fanny, REVOL, Olivier, SAPPEY-MARINIER, Dominic, Les philo-cognitifs, Chapitre 3 – Couteaux suisses : les philo-laminaires, Sous-titre «Les souffrances du philo-laminaire, les troubles associés» (Conseils), Éditions Odile Jacob, Paris, 2019, pp. 155-156.

Dans un groupe d’échanges philosophiques, le participant ne cherche pas à  subjectiver sa pensée, au contraire, il doit faire preuve d’objectivité et, pour ce faire, prendre du recul face à lui-même. La discussion au sein d’un groupe d’échanges philosophiques ne consiste pas en un exercice de verbalisation de soi (Je, me, moi). Il ne s’agit pas non plus de mettre de l’avant ses jugements (« je trouve ta réflexion grotesque… »).

Manuel pour animer des discussions philosophiques

1° L’apprentissage de la discussion sous l’angle démocratique

On peut apprendre à ne pas sous-estimer la difficulté de la tâche de discuter réellement ensemble, en ayant bien un objet commun, et en prenant conscience de tout ce qui doit être mis en place, et corrigé dans nos réflexes, pour espérer que « ensemble » ne soit pas une simple question de fait (il y a plusieurs discutants), mais la possibilité d’une construction réellement collective. Un apprentissage « démocratique » essentiel est celui de considérer les autres comme des interlocuteurs valables, de sorte à seulement pouvoir écouter ce qu’ils disent, à se montrer disposé à admettre éventuellement leur point de vue, particulièrement s’il s’avère mieux fondé que le nôtre. Un des autres apprentissages indispensables (mais peu à la mode) pour que la discussion collective soit réellement constructive est celui de la frustration. Car on ne doit pas nécessairement subir la loi du désir de parler ; il y a des attentes et des désirs qu’il est légitime de ne pas satisfaire. La parole n’est pas uniquement une occasion de « s’exprimer », c’est-à-dire de se vider de son idée devant les autres comme pour s’en soulager, sans souci de l’opportunité qu’elle peut avoir dans la réflexion commune. Nous pouvons et nous devons apprendre davantage l’art délicat de la parole opportune : savoir peser l’occasion propice de partager son idée et renoncer quand cette occasion ne se présente pas.

Source : Manuel pour animer des discussions philosophiques,  A) Partie théorique : quatre méthodes de discussion. I. Introduction, a) Apprendre à discuter ensemble philosophiquement, 1° L’apprentissage de la discussion sous l’angle démocratique. PhiloCité. (PDF)

Parler d’une « une réorientation écologique vers plus d’intériorité et d’écoute de soi-même » ne tient pas la route dans le cadre d’un groupe d’échanges philosophiques. Ce n’est ni le temps de s’intérioriser, ni de s’écouter parler. Dans un groupe, c’est l’Autre qui importe.

En conclusion du livre LES PHILO-COGNITIFS, les auteurs demandent aux lecteurs : « (…) Et si un des vecteurs de réussite était à rechercher du côté des… hyperactifs ? » et plaident ainsi pour une réhabilitation de l’hyperactivité. « Alors imaginez l’hyperactivité, et sa consœur d’infortune, l’impulsivité, comme des facteurs de réussite, il fallait oser » soutiennent les auteurs parlant de leurs efforts exposés dans leur livre.

Si je dois confesser m’être reconnu dans le deuxième chapitre de ce livre, « Ouvreurs de voies : Les philo-complexes », pour soutenir que les auteurs ont partiellement vu juste, je n’adhère nullement aux conseils qu’ils proposent.

Très jeune, j’ai été qualifié d’hyperactif par des observateurs dans mon milieu scolaire. « Observateurs » qui furent aussi des « facilitateurs » en me soutenant dans tous mes projets parascolaires et extrascolaires. Chacun de mes projets trouvait sa motivation dans une cause où je décelais des besoins au sein de ma communauté selon mes aptitudes et mes ressources pour les combler.

Une phrase, une seule, a définitivement orienté ma pensée dès mes 15 ans : « La lumière entre par les failles » et j’ai vite compris que ces failles n’étaient autres que les doutes. Tant et aussi longtemps que je doutais, je pouvais avoir confiance en moi et en mes capacités.

J’ai douté de la psychologie et l’expérience m’a donné raison. Et il en fut ainsi ma vie durant.

Le contact et mon intérêt pour la philosophie (Amour de la sagesse), plus spécifiquement, l’épistémologie (Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget)), ont marqué mon parcours personnel et professionnel à partir de la quarantaine. Je connais le bonheur de penser et de repenser dans le doute et l’action.

Le sous-titre du livre « Ils n’aiment que penser et penser autrement… » ne concorde pas avec un plaidoyer pour l’hyperactivité. Qui aime penser et penser autrement s’inscrit toujours dans une phase préparatoire à l’action.


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Je ne vous recommande pas la lecture du livre LES PHILO-COGNITIFS.

J’accorde à ce livre une seule étoile sur cinq.


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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

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Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

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Article # 45

Sentir et savoir

Une nouvelle théorie de la conscience

Antonio Damasio

Éditions Odile Jacob

EAN13 : 9782738154606
240 pages, 2021

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Présentation par l’éditeur

Ce livre, écrit par l’un des plus grands neuroscientifiques, propose une analyse tout à fait nouvelle et passionnante du phénomène de la conscience et de son rôle dans le vivant. Jusqu’à tout récemment, beaucoup de philosophes et de neuroscientifiques s’accordaient pour penser que la question de la conscience était insoluble. Antonio Damasio, au contraire, est convaincu qu’avec la neurobiologie, la psychologie et l’intelligence artificielle nous disposons des outils nécessaires pour résoudre le mystère de la conscience.

Dans ce livre, il éclaire toutes les facettes de la conscience. Les perspectives nouvelles qu’il explore en dévoilent les mécanismes, restant proches de l’expérience intime que nous en avons. Il explique les relations entre conscience et esprit, la différence entre être conscient, être éveillé et sentir, le rôle clé des sentiments et la manière dont le cerveau détermine le développement de la conscience.

Dans cette synthèse magistrale, Antonio Damasio réconcilie les découvertes scientifiques récentes et les éléments d’une philosophie de la conscience. Surtout, il présente de façon lumineuse l’essentiel de ses propres recherches qui ont transformé notre compréhension du cerveau et du comportement humain.

Antonio Damasio, mondialement connu, est professeur de neurosciences, de neurologie, de psychologie et de philosophie à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, où il dirige le Brain and Creativity Institute. Il est membre de la National Academy of Medicine et de l’American Academy of Arts and Sciences. Ses ouvrages sont traduits dans une trentaine de langues. Il est notamment l’auteur de L’Erreur de Descartes, de Spinoza avait raison et, dernièrement, de L’Ordre étrange des choses, qui ont connu un immense succès.

Source : Éditions Odile Jacob.


Table des matières

AVANT TOUTE CHOSE

PARTIE I – DE L’ÊTRE

  1. Au commencement n’était pas le verbe
  2. Le but de l’existence
  3. Les virus, ces casse-tête
  4. Les cerveaux et les corps
  5. Les systèmes nerveux, créations après coup de la nature ?
  6. Être, ressentir et connaître
  7. Chronologie du vivant

PARTIE II – DE L’ESPRIT ET DE L’ART NOUVEAU DE LA REPRÉSENTATION

  1. L’intelligence, l’esprit et la conscience
  2. Sentir n’est pas la même chose qu’être conscient et ne requiert pas d’esprit
  3. Les contenus de l’esprit
  4. L’intelligence sans esprit
  5. La fabrication des images mentales
  6. Transformer l’activité neurologique en mouvement et en esprit
  7. La fabrique de l’esprit
  8. L’esprit des plantes et la sagesse du prince Charles
  9. Des algorithmes dans la cuisine

PARTIE III – DES SENTIMENTS

  1. À l’origine des sentiments : planter le décor
  2. L’affect
  3. Efficacité biologique et origine des sentiments
  4. Le fondement des sentiments I
  5. Le fondement des sentiments II
  6. Le fondement des sentiments III
  7. Le fondement des sentiments IV
  8. Le fondement des sentiments V
  9. Le fondement des sentiments VI
  10. Le fondement des sentiments VII
  11. Sentiments homéostatiques dans un cadre socioculturel
  12. Mais ce sentiment n’est pas purement mental

PARTIE IV – CONSCIENCE ET CONNAISSANCE

  1. Pourquoi la conscience ? Pourquoi maintenant ?
  2. La conscience naturelle
  3. Le problème de la conscience
  4. À quoi sert la conscience ?
  5. Esprit et conscience ne sont pas synonymes
  6.  La conscience n’est pas l’éveil
  7. La (dé)construction de la conscience
  8. La conscience étendue
  9. Sans problème, et vous en plus
  10. Le miracle des sentiments
  11. La priorité du monde intérieur
  12. Un rassemblement de connaissances
  13. L’intégration n’est pas la source de la conscience
  14. La conscience et l’attention
  15. De l’importance du substrat
  16. Perte de conscience
  17. Le rôle des cortex cérébraux et du tronc cérébral dans la fabrique de la conscience
  18. Machines sensibles et machines conscientes

PARTIE V

En toute honnêteté : un épilogue

Notes et références

Remerciements

Du même auteur chez Odile Jacob

Source : Éditions Odile Jacob.


Mots clés

  • cerveau
  • conscience
  • conscience de soi
  • inconscient psychologique
  • mécanisme psychologique
  • neurobiologie
  • neurophysiologie
  • neuropsychologie
  • neuroscience
  • psyché

Source : Éditions Odile Jacob.


Revue de presse

Sentir et Savoir, Une recension de Pierre Terraz, publié le 01 juin 202, Philosophie magazine

Sentir et savoir – Une belle traversée des origines de la cognition humaine, ainsi qu’une pépite pour ceux qui veulent découvrir – ou redécouvrir – la pensée de cet intellectuel majeur qu’est Antonio Damasio, Mariana Babo-Rebelo, Cerveau & Psycho magazine.

Sentir et savoir de Antonio Damasio, La revue Études

Sentir d’abord : une exploration de la conscience Antonio Damasio, Mercredi 23 juin 2021, Radio France

Emission : L’invité – Antonio Damasio, TV5 Monde

Pourquoi la conscience émerge aussi de nos sens?, Radio France Internationale (RFI)

The quest to understand consciousness, Antonio Damasio, TED conference


Au sujet de l’auteur – ANTONIO DAMASIO, M.D., Ph.D.

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Antonio Damasio at « Fronteiras do Pensamento » in Porto Alegre, Brazil, 2013. Crédit : Fronteiras do Pensamento.

209px-Wikipedia-logo-v2-fr.svgAntónio Rosa Damásio, plus connu comme Antonio Damasio, né le 25 février 1944 à Lisbonne (Portugal), est un médecin, professeur de neurologie, neurosciences et psychologie luso-américain.

Fonctions

Après avoir obtenu son doctorat en neurobiologie à la faculté de médecine de l’Université de Lisbonne, Antonio Damasio fonde en janvier 1971 avec sa femme Hanna (pt) le « Centro de Estudos de Linguagem Egas Moniz »1. En 1975, le couple quitte le Portugal pour rejoindre Norman Geschwind à Harvard et y mener ses premières recherches en neurosciences1. Antonio Damasio devient enseignant-chercheur au Centre de recherche sur l’aphasie à Boston puis rejoint le Département de neurologie de l’Université de l’Iowa qu’il dirige de 1976 à 19952.

Il est le directeur de l’Institut pour l’étude neurologique de l’émotion et de la créativité de l’université de la Californie méridionale (University of Southern California) depuis 20053,4.

Il est également professeur adjoint au Salk Institute d’études de La Jolla5 et écrivain.

Source : António Damásio, Wikipédia.

Profil de l’auteur sur le site web de l’University of Southern California

Site de la Brain and Creativity Institute (BCI) de l’University of Southern California

Curriculum Vitae


Mon rapport de lecture du livre

Sentir et savoir

Une nouvelle théorie de la conscience

Antonio Damasio

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

(…) Par « sentir », j’entends détecter une « présence » – d’un autre organisme à part entière, d’une molécule située sur la surface d’un autre organisme, ou d’une molécule sécrétée par un autre organisme. Sentir n’est pas percevoir ; sentir ne revient pas à construire un « modèle » (pattern ) sur la base de quelque autre réalité pour en produire une « représentation » et en créer une « image » dans l’esprit. Pourtant, sentir est la forme la plus élémentaire de la cognition.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, p. 23.

Selon Antonio Damasio en référence à l’évolution de la vie, l’esprit sensible et conscient naissent à la suite de l’apparition du système nerveux. Mais ce dernier ne suffit pas à éclaircir le mystère de la conscience :

S’il est vrai que la conscience telle que nous la connaissons ne peut émerger complètement qu’au sein d’organismes dotés de systèmes nerveux, il faut également souligner qu’elle requiert de nombreuses interactions entre la partie centrale de ces systèmes, le cerveau proprement dit, et plusieurs régions du corps ne relevant pas du système nerveux.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, p. 33.

Antonio Damasio parle d’«un esprit éclairé par la conscience». Il lie l’esprit et l’importance des sentiments : « Les sentiments permettent à une créature de représenter dans l’esprit son propre corps (…) ».

Sans système nerveux, pas de gestes moteurs complexes. Il est le point de départ d’une véritable nouveauté : l’esprit. Les sentiments comptent parmi les premiers phénomènes mentaux et l’on ne soulignera jamais assez leur importance. Les sentiments permettent à une créature de représenter dans l’esprit son propre corps, soucieux de réguler les fonctions de ses organes internes selon les nécessités de la vie : se nourrir, boire, excréter ; se mettre sur la défensive comme on le fait dans le cas de la peur ou de la colère, du dégoût ou du mépris ; adopter des comportements de coordination sociale tels que la coopération ou le conflit ; afficher l’épanouissement, la joie, l’exaltation, et même les comportements liés à la procréation.

Les sentiments permettent à l’organisme d’éprouver sa propre vie. Plus précisément, ils fournissent à l’organisme une évaluation graduée du succès relatif de son aptitude à vivre : un examen naturel dont le résultat est perçu sous la forme d’une qualité – plaisante ou déplaisante, légère ou intense. Ces informations sont précieuses et tout à fait neuves : le type d’informations que les organismes cantonnés au stade de « l’être 4 » ne peuvent obtenir. Sans surprise, les sentiments jouent un rôle important dans la création d’un « soi », processus mental animé par l’état de l’organisme. Ils sont ancrés dans sa charpente corporelle – la charpente constituée des structures musculaires et osseuses –, et orientés selon la perspective que nous offrent les canaux sensoriels tels que la vue et l’ouïe.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 40-41

Bref, « Les sentiments nous donnent la connaissance de la vie dans le corps et rendent cette connaissance consciente, sans en perdre la moindre pulsation (…). » écrit Antonio Damasio.

Abordant la question de l’intelligence, il en distingue deux : non explicite et explicite. La première s’occupe de maintenir et réguler notre corps, de nous maintenir en vie. Il s’agit de l’homéostasie :

L’homéostasie ? On pourrait décrire l’homéostasie comme un ensemble de règles de savoir-faire, implacablement suivies selon les directives d’un manuel un peu particulier, sans aucun mot, sans aucune illustration. Ces directives garantissent que les paramètres dont dépend la vie, par exemple la présence de nutriments, certains niveaux de température ou de pH, sont maintenus dans un intervalle optimal.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 24-25

Quant au second type d’intelligence, explicite, il la présente en ces mots :

(…) L’intelligence humaine explicite n’est ni simple, ni modeste.

Elle requiert un esprit, et l’assistance des sentiments et de la conscience, qui sont des développements liés à l’esprit. Elle requiert la perception, la mémoire, et le raisonnement. Les contenus de l’esprit se fondent sur des schémas (patterns) cartographiés dans l’espace, qui représentent des objets et des actions. Ces contenus correspondent aux objets et aux actions que nous percevons à la fois à l’intérieur de notre organisme et dans le monde qui nous entoure. Les schémas cartographiés dans l’espace, que nous élaborons, peuvent faire l’objet d’une inspection mentale. Nous, propriétaires de l’esprit, nous pouvons étudier les « paramètres » et « l’extension » d’un schéma particulier. Propriétaires de ces schémas, nous pouvons en outre inspecter mentalement leur structure correspondant à un objet bien précis, et réfléchir, par exemple, au degré de « ressemblance » qu’ils entretiennent avec cet objet original.

En fin de compte, les contenus de l’esprit sont manipulables : nous, propriétaires des schémas, nous pouvons les découper en morceaux, et réarranger ces morceaux de mille et une façons pour former de nouveaux schémas. C’est précisément ce que nous faisons lorsque nous essayons de résoudre un problème : nous découpons les schémas pour les réorganiser à notre manière. C’est ce que nous appelons le raisonnement.

Lorsqu’on fait référence aux schémas (patterns) mentaux qui constituent l’esprit, il est commode de parler d’images. Je ne parle pas seulement d’images « visuelles », mais de schémas de tous types, produits par les canaux sensoriels dominants : des schémas visuels, bien sûr, mais aussi auditifs, tactiles, viscéraux. Après tout, lorsque nous jouons avec notre propre esprit de manière créative, nous utilisons bien notre imagination ?

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 50-51

Tout au long de ma lecture du livre « Sentir et savoir », j’ai éprouvé des difficultés à comprendre à ma satisfaction le terme « schémas (patterns) cartographiés dans l’espace », la référence aux « images » et celle aux « connaissances représentées dans les images ». Le défaut de ce livre se rapporte à l’absence d’un lexique clair et précis dès le départ. Il faut patienter jusqu’à la page 93 pour obtenir un lexique de trois mots :

Les définitions suivantes devraient expliciter ces descriptions :

Homéostasie : le processus qui maintient les paramètres physiologiques d’un organisme vivant (température, pH, niveaux de nutriments, fonctionnement des viscères, etc.) dans la fourchette la plus propice à son fonctionnement optimal et à sa survie. (Le terme « allostasie » est proche, mais bien distinct : il fait référence aux mécanismes que l’organisme utilise lorsqu’il cherche à rétablir l’homéostasie ³ .)

Émotions : ensembles d’actions internes involontaires et concomitantes (contractions des muscles lisses, changements du rythme cardiaque, de la respiration, des sécrétions hormonales, des expressions faciales, de la posture, etc.) déclenchées par des événements perceptifs. Les actions émotionnelles visent en général à soutenir l’homéostasie, pour faire face à une menace (par la peur ou la colère), signaler une réussite (via la joie), etc. Nous pouvons également produire des émotions lorsque nous nous remémorons des souvenirs.

Sentiments : les expériences mentales qui suivent et accompagnent divers états de l’homéostasie au sein de l’organisme. Ils peuvent être primaires (sentiments homéostatiques : la faim et la soif, la douleur et le plaisir) ou provoqués par des émotions (sentiments émotionnels : la peur, la colère, la joie, etc.)4 .

_________________

3. Pour une distinction raisonnable entre homéostasie et allostasie, voir : Bruce S. McEwen, « Stress, adaptation, and disease : Allostasis and allostatic load », Annals of the New York Academy of Sciences , 1998, 840 (1), p. 33-44.

4 . Les références suivantes couvrent extensivement le sujet de l’affect, de sa conception générale à son implémentation biologique et neuronale. Ralph Adolphs et David J. Anderson, The Neuroscience of Emotion : A New Synthesis , Princeton, Princeton University Press, 2018 ; Ralph Adolphs, Hanna Damasio, Daniel Tranel, Greg Cooper et Antonio Damasio, « A role for somatosensory cortices in the visual recognition of emotion as revealed by three-dimensional lesion mapping », Journal of Neuroscience , 2000, 20 (7), p. 2683-2690 ; Antonio Damasio, Le Sentiment même de soi. Corps, émotions, conscience , Paris, Odile Jacob, 1999 ; Antonio Damasio, Hanna Damasio et Daniel Tranel, « Persistence of feelings and sentience after bilateral damage of the insula », Cerebral Cortex, 2012, 23, p. 833-846 ; Antonio Damasio, Thomas J. Grabowski, Antoine Bechara, Hanna Damasio, Laura L. B. Ponto, Josef Parvizi et Richard Hichwa, « Subcortical and cortical brain activity during the feeling of self-generated emotions », Nature Neuroscience , 2000, 3 (10), p. 1049-1056 ; Antonio Damasio et Joseph LeDoux, « Emotion », in Erik R. Kandel, Principles of Neural Science , op. cit. ; Richard Davidson et Brianna S. Shuyler, « Neuroscience of happiness », in John F. Helliwell, Richard Layard et Jeffrey Sachs (éd.), World Happiness Report 2015 , New York, Sustainable Development Solutions Network, 2015 ; Mary Helen Immordino-Yang, Emotions, Learning, and the Brain : Exploring the Educational Implications of Affective Neuroscience , New York, W. W. Norton & Company, 2015 ; Kenneth H. Nealson et J. Woodlet Hastings, « Quorum sensing on a global scale : Massive numbers of bioluminescent bacteria make milky seas », art. cit. ; Anil K. Seth, « Interoceptive inference, emotion and the embodied self », Trends in Cognitive Sciences , 2013, 17 (11), p. 565-573 ; Mark Solms, The Feeling Brain : Selected Papers on Neuropsychoanalysis , Londres, Karnac Books, 2015 ; Anthony G. Vaccaro, Jonas T. Kaplan et Antonio Damasio, « Bittersweet : The neuroscience of ambivalent affect », Perspectives on Psychological Science , 2020, 15, p. 1187-1199.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 93-94

Sans système nerveux, pas d’esprit et sans esprit, pas de conscience :

(…) la conscience est une sorte particulière d’état… d’esprit ² : sans esprit, pas de conscience.

Une fois capables de conscience, ce dont nous devenons conscients, c’est du contenu de notre esprit. Les êtres possédant un esprit doué de sentiment et capable d’avoir quelques perspectives sur le monde environnant sont conscients. Ce n’est pas l’apanage des humains : c’est un trait largement répandu dans le règne animal.

___________

² Colin Klein et Andrew B. Barron, « How experimental neuroscientists can fix the hard
problem of consciousness », Neuroscience of Consciousness , 2020 (1), niaa009.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, p. 59

Et sans la conscience, par d’expérience mentale :

Sans la conscience, pas d’expérience mentale : pas de plaisir, pas de douleur, rien de ce que nous percevons, mémorisons, rappelons à la mémoire et manipulons pour décrire le monde extérieur et le monde intérieur par l’observation, la pensée, le raisonnement.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 131-132

Mais qu’est-ce que la conscience ?

Parmi les divers sens associés à la conscience, certains sont liés à la perspective de l’observateur ou de l’utilisateur du concept. Les philosophes, les psychologues, les biologistes et les sociologues ne voient pas la conscience de la même manière. Il en va de même pour les non-spécialistes, à qui l’on répète jour et nuit que leur problème se trouve « dans leur conscience » – ou ne s’y trouve pas –, et qui doivent se demander ce qu’être « conscient » signifie réellement dans la bouche des savants : être éveillé, être attentif, ou simplement posséder un esprit ? Pourtant, sous le bagage culturel se cache une signification essentielle du mot « conscience », signification reconnaissable par les neuroscientifiques, biologistes, psychologues et autres philosophes contemporains, malgré leurs différences de méthodes et la diversité de leurs explications. Pour chacun d’eux, le plus souvent, « conscience » (consciousness ) est synonyme d’expérience mentale . Qu’est-ce qu’une expérience mentale ? C’est un état d’esprit imprégné de deux caractéristiques remarquables et reliées entre elles : les contenus mentaux qu’il présente sont ressentis , et ces contenus mentaux adoptent une perspective singulière. Une analyse plus approfondie révèle que cette perspective singulière est celle de l’organisme particulier auquel l’esprit est inhérent. Certains lecteurs se diront peut-être que les notions de « perspective de l’organisme », de « moi » et de « sujet » sont apparentées, et ils auront raison. Ils auraient également raison de penser que ce « moi », ce « sujet » et cette « perspective de l’organisme » correspondent à une chose tout à fait tangible : la réalité du caractère de « propriété ». L’organisme possède son esprit particulier ; l’esprit appartient à son organisme particulier. Nous – vous, moi, quelle que soit l’entité consciente – possédons un organisme animé par un esprit conscient.

DAMASIO, Antonio, Savoir et sentir, Éditions Odile Jacob, 2021, pp. 138-139

Finalement, le livre « Savoir et sentir » d’Antonio Damasio, même avec ses chapitres courts, n’offre pas une vulgarisation simple à suivre. Et, personnellement, je déteste qu’un auteur inclut dans son texte de nombreux reports («comme nous le verrrons»).  J’accorde à ce livre 3 étoiles sur 5. J’en recommande la lecture.

* * *

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DOSSIER

Philothérapie

Consulter un philosophe

Quand la philosophie nous aide

Liste des articles par ordre de publication

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client.

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

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