Article # 132 – L’art de ne pas toujours avoir raison, Martin Desrosiers, Leméac Éditeur, 2024

J’ai lu pour vous

Sur cette page : un référencement du livre, des extraits de l’œuvre, une revue de presse, une présentation de l’auteur, des livres de l’auteur à télécharger gratuitement… Et MON RAPPORT DE LECTURE.

Martin Desrosiers

L’art de ne pas toujours avoir raison

Penser contre soi-même avec Montaigne

Leméac Éditeur

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Titre : L’art de ne pas toujours avoir raison

Collection : L’Inconvénient

Auteur : Martin Desrosiers (Professeur de philosophie)

Éditeur : Leméac (Editeur), 2024

ISBN EPUB : 9782760970618

ISBN Papier : 9782760994935

Nombre de pages : 112 pages

Publication : 25 septembre 2024


RÉSUMÉ SUR LE SITE WEB DE L’ÉDITEUR

RÉSUMÉ

Martin Desrosiers se demande comment retrouver les conditions d’un dialogue sain et constructif dans un contexte de forte polarisation et de guerre culturelle, où les médias sociaux servent davantage à conforter ses propres opinions qu’à les confronter à des idées autres, adverses. Il part du constat que la promesse annoncée par les réseaux sociaux au moment de leur lancement – servir la démocratie, encourager les échanges – s’avère jusqu’ici un échec.

Le titre de cet essai prend le contrepied du célèbre traité de Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison, et l’auteur y démontre qu’une grande partie de la philosophie moderne (et de son enseignement) sert malgré elle à former des rhéteurs habiles, capables de triompher de leur adversaire, bref de gagner une joute oratoire, sans égard pour la recherche de la vérité elle-même, qui se trouve pourtant au cœur de l’aventure philosophique. Si nous sommes bien formés dans l’art de persuader l’autre, si nous maîtrisons la logique de l’argumentation, nous sommes étrangement démunis quand vient le temps de nous laisser persuader par l’autre. Car le vrai dialogue, rappelle Desrosiers, renferme aussi la possibilité que nous ayons tort et que l’autre ait raison.

Pour retrouver le sens perdu du dialogue, l’auteur propose de revenir à la figure de Montaigne, le saint patron des essayistes. Il montre que le doute, l’humilité, l’écoute et le silence sont des vertus que Montaigne place au centre de sa recherche, et que nous aurions tout intérêt, à l’échelle individuelle aussi bien que collective, à cultiver.

À l’aide d’une écriture précise, cet essai éclaire le présent par le prisme du passé et enrichit notre compréhension du monde actuel par l’entremise d’une culture humaniste toujours pertinente. Ce livre intéressera toute personne soucieuse de comprendre pourquoi le dialogue est aujourd’hui si difficile, et qui voudrait apprendre à se disputer de manière plus productive.


QUATRIÈME DE COUVERTURE

Le dialogue démocratique est-il encore possible alors que les médias sociaux et la joute politique favorisent les réactions épidermiques et polarisantes ? Comment sortir du cul-de-sac dans lequel nous sommes coincés et apprendre à discuter d’enjeux sociaux de manière à la fois robuste, inclusive et productive ? Car si nous sommes enclins à vouloir persuader l’autre, nous sommes étrangement démunis quand vient le temps de l’écouter et de nous laisser convaincre. Pourtant, tout échange authentique suppose que nous puissions avoir tort.

Afin de se retrouver dans cette cacophonie, l’auteur propose, avec une lucidité pleine d’humour, une lecture fine de notre époque, de ses limites comme de ses promesses. Convoquant Montaigne, il montre à quel point l’humilité, l’ouverture, la souplesse, la curiosité et l’écoute sont des vertus intellectuelles précieuses, que nous aurions plus que jamais intérêt à cultiver.

Martin Desrosiers

Professeur de philosophie au collège Jean-de-Brébeuf, Martin Desrosiers a fait paraître des textes dans le journal Le Devoir. L’art de ne pas toujours avoir raison est son premier livre.

Source : Leméac éditeur.


TABLE DES MATIÈRES

1. L’obstineux et le philosophe

2. Démilitariser le dialogue

3. Le contrepoids de l’humilité

4. Montaigne, dégonfleur d’ego

5. Sortir de soi : l’ouverture comme vertu

6. Changer d’idée : la souplesse comme vertu

7. Rester attentif : la curiosité comme vertu

8. Apprendre à se taire : la générosité comme vertu

Épilogue


EXTRAIT DU TEXTE DU LIVRE

1. L’obstineux et la philosophe

« Nous sommes à un moment charnière dans le développement de notre communauté globale […] L’histoire est ponctuée de moments semblables. Nous avons fait des pas de géant en passant des tribus aux villes puis aux nations, et avons toujours réussi à nous épanouir, à atteindre le niveau suivant en construisant de nouvelles infrastructures […] C’est un honneur de partager cette aventure avec vous. Merci de faire partie de cette communauté, et merci de créer un monde plus ouvert et connecté. »

MARK ZUCKERBERG (notre traduction)

On nous avait promis un tout autre monde. Pendant au moins une décennie, de 2005 à 2015, tous les espoirs étaient permis : grâce au développement de ce qu’il était alors convenu d’appeler le web participatif, ou web social, nous devions créer un vaste réseau délibératif, plus ouvert, plus invitant, où chacun aurait enfin voix au chapitre. Le cyberespace se transformant en une immense place publique virtuelle, de meilleurs jours politiques étaient devant nous : jusqu’alors des ego atomisés, nous étions appelés à devenir les membres d’une grande et heureuse famille cybernétique qui, par- delà les anciennes frontières, pourraient discuter et délibérer en temps réel. « Inventez la presse à imprimer, et la démocratie devient inévitable », disait déjà Thomas Carlyle. L’histoire plus récente devait emprunter le même chemin : inventez les réseaux sociaux, et les atomes isolés d’hier deviendront, demain, des citoyens numériques avisés et engagés − une « communauté globale », dixit Zuckerberg. Les Anciens avaient leurs agoras et leurs forums, les Lumières avaient leurs salons et leurs cafés, nous aurions Twitter et Facebook. Entre la vidéo d’un chat avec un chapeau comique qui joue du piano et une photo de mon dernier osso buco, nous allions réinventer la démocratie.

On connaît la suite : les espoirs des prophètes du web 2.0 ont été brutalement déçus et, pour beaucoup, le fantasme de ce qu’on appelait encore sans rire la cyberdémocratie a viré au cauchemar. S’est installée, depuis, une suspicion généralisée à l’égard des nouvelles technologies (un techlash, selon le terme consacré), désormais tenues responsables de tous nos maux et malaises sociaux. Chroniqueurs et quidams, intellectuels et politiciens, tous s’entendent : le dérèglement de notre climat politique serait d’abord dû à l’emprise culturelle et psychologique des réseaux sociaux. La montée des discours haineux, du populisme et du conspirationnisme serait ainsi la rançon des « progrès » technologiques que l’on connaît. Alors que les plus modérés regrettent « l’art oublié du débat démocratique1 », les plus inquiets en sont à se demander si, dans ce « cauchemar à la Blade Runner 2 » que sont devenus les réseaux sociaux, la démocratie pourra même survivre3 − et, parmi eux, comble de l’ironie, certains collaborateurs de la première heure chez Facebook4.

Bien sûr, ces inquiétudes sont parfois aussi excessives que l’enthousiasme quasi messianique qui les a précédées. Elles tendent à nous faire oublier les bienfaits récréatifs des réseaux sociaux, qui facilitent comme jamais la construction de communautés d’intérêts et qui optimisent de manière extraordinairement efficace nos échanges avec nos proches (et nos moins proches). Cela dit, les critiques de ce genre visent juste lorsqu’elles mettent en cause les effets corrosifs des réseaux sociaux sur la qualité de nos discussions politiques et, plus exactement, sur notre capacité collective à entretenir une conversation démocratique libre et fructueuse. Les cris d’alarme sont stridents parce que l’enjeu est vital : lorsque le dialogue politique est entravé au point d’interdire tout échange digne de ce nom, il en va non seulement de la santé, mais de la survie même de nos démocraties. Si nous restons tous obstinément attachés à nos certitudes, et que les clivages politiques qui en résultent sont perçus, à tort plus qu’à raison, comme des gouffres insurmontables, le débat démocratique devient une guerre de tranchées sans issue. Chacun reste indéfiniment campé sur ses positions, parce que la moindre concession à l’ennemi est une compromission. Il ne reste alors plus qu’à nous autocongratuler de nos certitudes en lançant, du haut de notre supériorité morale, des grenades rhétoriques à nos adversaires.

Bien sûr, le dialogue démocratique ne peut pas se faire sans heurts. Il comporte nécessairement une dimension antagoniste. Seulement, il existe des conflits plus productifs que d’autres. Si nous nous retrouvons présentement dans une impasse, donc, c’est que nous ne savons pas nous disputer d’une manière qui soit à la fois robuste, inclusive et productive. La nuance est importante : notre problème ne tient pas tellement au fait que l’on se chicane trop, mais que l’on se chicane mal. En ce sens, il ne faut pas toujours s’effrayer de la présence de convictions politiques contradictoires dans l’espace public : après tout, ce qui distingue une société totalitaire d’une société démocratique, c’est justement la possibilité de créer une sphère de délibération publique dans laquelle s’entrechoquent des idées contraires. Il ne faudrait pas non plus s’émouvoir de la présence, dans ce même espace, d’idées trop « extrêmes », pour autant qu’elles ne cherchent pas à subvertir les règles du jeu démocratique : de toute manière, la radicalité est une catégorie bien relative, et les idées consensuelles d’aujourd’hui étaient, pas plus tard qu’hier, jugées irréalistes. Qu’il y ait chicane dans la cabane démocratique, c’est justement l’idée, mais que cette chicane soit véhémente au point de devenir irraisonnable et improductive, c’est le danger bien réel qui nous guette. Ainsi, si la polarisation politique, en général, n’est pas intrinsèquement problématique − le fait qu’il existe au sein de la société civile et de la classe politique des forces idéologiques plurielles et antagonistes, loin de constituer une menace pour l’avenir des démocraties, est plutôt la preuve de leur vitalité −, la polarisation affective 5, par contre, est autrement inquiétante : la tendance, partout présente sur les réseaux sociaux, à entretenir une animosité envers nos opposants idéologiques au point de présumer de leurs moindres intentions, d’exagérer les différences qui nous séparent et de les envisager comme des ennemis indignes de considération met fin au dialogue démocratique avant même qu’il ne commence. D’ailleurs, nul besoin de s’inventer des scénarios catastrophes, puisque les culture wars étatsuniennes peuvent déjà servir d’avertissement : non seulement l’hostilité affective qui oppose les démocrates aux républicains paralyse la vie politique en rendant presque impossible toute initiative transpartisane, et non seulement le spectre de la violence hante constamment le débat public, mais la conversation démocratique consiste essentiellement à rivaliser d’insultes et d’invectives. La démocratie meurt dans le silence, certes, mais elle peut tout aussi bien se perdre dans la cacophonie d’un dialogue de sourds.

Ce que j’évoque ici peut sembler une évidence. Et pourtant, j’ai mis beaucoup trop de temps à le comprendre. Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. Celui qui feint l’ouverture, mais qui, en réalité, souhaite secrètement mettre en échec la personne à qui il s’adresse. Celui qui, avec un mélange d’insécurité et d’arrogance, cherche avant tout la phrase assassine, la saillie cinglante, la pique acerbe. Celui qui balance aussi passivement qu’agressivement des énormités, puis qui s’étonne des réactions qu’il suscite (« C’est quoi le problème, je fais juste poser des questions ! »). Celui qui défend bec et ongles une position, mais sans trop y croire, pour le pur plaisir de la polémique. Celui qui adopte un ton inutilement combatif et convaincu, mais qui se scandalise dès que l’autre devient émotif. Celui qui interrompt, qui roule des yeux, qui soupire. Celui qui, au fond, veut surtout gagner. Et, oui, je dois aussi l’avouer : celui qui passe beaucoup trop de temps sur Twitter et Facebook à s’immiscer dans des débats stériles, non pas pour réfléchir et évoluer, mais pour marquer des points ou, par voyeurisme, pour guetter les réactions qu’il suscite. Pour tout dire, j’ai été celui qui consacre toutes ses énergies à toujours avoir raison, ou du (…)

Cet extrait est disponible sur le site web de LESLIBRAIRES.CA.


REVUE DE PRESSE

Discussion : comment sortir de sa chambre d’écho?
Pénélope, Radio-Canada, 7 janvier 2025.

Entrevue livre avec Martin Desrosiers pour L’art de ne pas avoir raison.
Il restera toujours la culture, 18 décembre 2024.


Pour une éthique de la discussion

L’art de dialoguer de manière constructive

Dans l’essai L’art de ne pas avoir toujours raison, Martin Desrosiers jette les bases d’une éthique de la discussion. L’enseignant de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf nous invite à redécouvrir des vertus intellectuelles essentielles à l’échange démocratique : l’humilité, l’ouverture, la curiosité et l’écoute. Un ouvrage à la fois précis et décontracté, qui offre un remède à la polarisation des idées.

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Apprendre à ne rien savoir ou presque

Paul Journet, La Presse

« Oh, tu devrais acheter ce livre pour ton ami… »

Publié le 4 janvier

Au Salon du livre de Montréal, Martin Desrosiers entendait souvent la remarque devant le présentoir de son excellent essai L’art de ne pas toujours avoir raison.

On connaît en effet tous quelqu’un qui gagnerait à découvrir les charmes insoupçonnés de l’humilité. Mais il y a une personne en priorité à qui chacun devrait offrir ce livre : soi-même.

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Opinions- Publié le 18 février

Dans le confort de ma chambre d’écho

Selon Martin Desrosiers, une chambre d’écho est « un espace discursif à l’intérieur duquel j’entends les voix de l’extérieur, mais, puisque je m’en méfie au point de ne leur accorder aucune crédibilité, je les déconsidère avant même qu’un quelconque dialogue puisse commencer ».

Le professeur de philosophie Martin Desrosiers fournit quelques pistes pour réussir à écouter « les voix de l’extérieur » et à reprendre le dialogue avec celles-ci.

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Débattre avec décence

Louis Cornellier, LE DEVOIR, 9 novembre 2024.

Nous sommes généralement convaincus d’avoir raison de penser ce que nous pensons. C’est normal. Dans le cas contraire, nous changerions d’idée. Personne ne veut être irrationnel. C’est la raison pour laquelle il est difficile de convaincre autrui.

Au moment où le débat s’enclenche, les participants ne sont pas idéologiquement vierges. Des opinions les habitent depuis longtemps, construites au gré des expériences, de l’éducation, des lectures et des rencontres. Ces convictions nous constituent, forment une part importante de notre identité, si bien qu’en changer devient presque impossible.

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L’art de ne pas toujours avoir raison

Sébastien St-Hilaire, LE DEVOIR, 11 février

Il y a des livres qui tombent entre nos mains au moment parfait. L’art de ne pas toujours avoir raison, de Martin Desrosiers, est un de ceux-là. Arrivé sous le sapin à Noël, ce court essai m’a immédiatement interpellé, car, depuis quelques années, je m’efforce de poser des questions plutôt que de donner mon opinion. Est-ce un signe de sagesse ou de lassitude ? J’ai mis de côté les autres ouvrages que je lisais pour le dévorer en quelques heures. Peut-être parce que, comme beaucoup d’entre nous, je trouve difficile de naviguer dans un monde polarisé, où chacun campe sur ses positions et sur ses croyances, convaincu d’avoir raison et refusant d’envisager une autre perspective.

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AU SUJET DE L’AUTEUR

Martin-Desrosiers-©-Annemarie-Baribeau
Martin-Desrosiers – © – Annemarie-Baribeau

Professeur de philosophie au collège Jean-de-Brébeuf, Martin Desrosiers a fait paraître des textes dans le journal Le Devoir. L’art de ne pas toujours avoir raison est son premier livre.

Une idée derrière la tête

Par Martin Desrosiers et Gabriel Malenfant

Balado philosophique animé par Martin Desrosiers et Gabriel Malenfant, professeurs au Collège Jean-de-Brébeuf. Ce balado s’adresse en premier lieu aux étudiant.es en philosophie du réseau collégial québécois, mais pourra plaire à quiconque a une idée derrière la tête.

Visiter le site web du balado

VOIR AUSSI

Les six lauréats du concours Philosopher 2021 « La popularité est-elle la nouvelle autorité? »


MON RAPPORT DE LECTURE

Martin Desrosiers

L’art de ne pas toujours avoir raison

Penser contre soi-même avec Montaigne

Dans « L’art de ne pas toujours avoir raison », le professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébœuf (Montréal, Québec), Martin Desrosiers, confesse son comportement sur les réseaux sociaux : « Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. »

OBSTINÉ, -ÉEa) Qui s’attache fermement, avec constance à une idée, à une conviction, à une résolution, à une entreprise. Synon. acharné, opiniâtre, persévérant, tenace. Adversaire, chercheur obstiné.Source : Obstineux, définition, Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL).

Ce que j’évoque ici peut sembler une évidence. Et pourtant, j’ai mis beaucoup trop de temps à le comprendre. Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. Celui qui feint l’ouverture, mais qui, en réalité, souhaite secrètement mettre en échec la personne à qui il s’adresse. Celui qui, avec un mélange d’insécurité et d’arrogance, cherche avant tout la phrase assassine, la saillie cinglante, la pique acerbe. Celui qui balance aussi passivement qu’agressivement des énormités, puis qui s’étonne des réactions qu’il suscite (« C’est quoi le problème, je fais juste poser des questions ! »). Celui qui défend bec et ongles une position, mais sans trop y croire, pour le pur plaisir de la polémique. Celui qui adopte un ton inutilement combatif et convaincu, mais qui se scandalise dès que l’autre devient émotif. Celui qui interrompt, qui roule des yeux, qui soupire. Celui qui, au fond, veut surtout gagner. Et, oui, je dois aussi l’avouer : celui qui passe beaucoup trop de temps sur Twitter et Facebook à s’immiscer dans des débats stériles, non pas pour réfléchir et évoluer, mais pour marquer des points ou, par voyeurisme, pour guetter les réactions qu’il suscite. Pour tout dire, j’ai été celui qui consacre toutes ses énergies à toujours avoir raison, ou du moins à en avoir l’air aux yeux d’autrui, et qui fait ainsi passer son ego avant son caractère intellectuel. Le problème avec l’obstineux que je fus naguère, ce n’est pas simplement qu’il pouvait être désagréable ou manquer de civilité : le problème, c’est que ses défauts faisaient carrément obstacle à la connaissance elle-même, en radant quasi impossible tout progrès ou toute compréhension mutuelle. J’étais loin d’être seul, et loin d’être le pire, mais j’ai trop longtemps joué dans ce mauvais film.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 12-13.

L’auteur pointe du doigt la formation en philosophie.

À ma décharge, ma formation en philosophie m’aura peut être ouvert la voie. C’est que trop souvent, pour ne pas dire presque toujours, ce qu’on pourrait appeler la dimension caractérologique de la pensée critique est passée sous silence, même et surtout chez ceux et celles qui, comme moi aujourd’hui, l’enseignent. Dans les cours de philosophie – du moins dans les cours d’introduction qui présentent les théories de l’argumentation -, l’accent est souvent mis, plutôt que sur le développement d’un caractère intellectuel, sur l’acquisition de compétences argumentatives : il s’agit, en gros, d’éviter les raisonnements fallacieux (sophismes et paralogismes) en assimilant de nouvelles connaissances théoriques (règle de l’inférence déductive et inductive), puis en maîtrisant de nouvelles techniques (la construction de raisonnements valides). C’est ainsi que l’on s’assure – du moins est-ce l’intention pédagogique, comme le précise de ministère de l’Éducation du Québec à l’intention des professeur•e•s de philosophie – du « respect des exigences de la rationalité dans l’argumentation7 ». Vaste programme, mais qui reste pourtant insuffisant. (…)

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NOTE

7 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Composantes de la formation générale, Québec, Bibliothèques et archives nationales du Québec, 2017, p. 18.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 13-14.

P.S. : Voici le lien vers le document en référence à la note 7.

Martin Desrosiers constate l’échec des réseaux sociaux ayant promis de « créer un monde plus ouvert et connecté » (Mark Zuckerberg).

On connaît la suite : les espoirs des prophètes du web 2.0 ont été brutalement déçus et, pour beaucoup, le fantasme de ce qu’on appelait encore sans rire la cyberdémocratie a viré au cauchemar. S’est installée, depuis, une suspicion généralisée à l’égard des nouvelles technologies (un techlash, selon le terme consacré), désormais tenues responsables de tous nos maux et malaises sociaux. Chroniqueurs et quidams, intellectuels et politiciens, tous s’entendent : le dérèglement de notre climat politique serait d’abord dû à l’emprise culturelle et psychologique des réseaux sociaux. La montée des discours haineux, du populisme et du conspirationnisme serait ainsi la rançon des « progrès » technologiques que l’on connaît. Alors que les plus modérés regrettent « l’art oublié du débat démocratique1 », les plus inquiets en sont à se demander si, dans ce « cauchemar à la Blade Runner2 » que sont devenus les réseaux sociaux, la démocratie pourra même survivre3 − et, parmi eux, comble de l’ironie, certains collaborateurs de la première heure chez Facebook4.

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NOTES

1Michael Sandel, The Lost Art of Democratic Debate (vidéo), TED Talk, 2010, 19 min 26 s. Voir aussi « L’art (presque perdu) du dialogue, numéro spécial de l’Inconvénient, no 83, 2001.

2Peter Pomeranstev, « The Web Is a Blade Runner Nightmare, but There Is a Way to Stem the Tide of Lies », The Guardian, 17 février 2023.

3 Nathaniel Persily, « Can Democracy Survive the Internet? », Journal of Democracy, vol. 28, No 2, 2017, P. 63-76

4 Roger McNamee, Facebook, une catastrophe annoncée, Lausanne, Quanto, 2019.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 8-9.


(…) Le nuance est importante : notre problème ne tient pas tellement au fait que l’on se chicane trop, mais que l’on se chicane mal. (…)

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 10.


Le fait d’être intellectuellement adroit n’a jamais été un gage de droiture intellectuelle. Mes aptitudes argumentatives ne garantissent aucunement que je sois un penseur constructif (dans mon rapport à moi-même). (…) Raison de plus pour ne pas confondre l’argumentateur habile et l’interlocuteur décent : on peut très bien être intelligent (au sens faible du terme) sans être intelligent (au sens fort du terme). Entre un provocateur professionnel et un véritable penseur, entre un arriviste de l’argumentation et un philosophe, il y a tout un monde.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 15-16.

Le professeur de philosophie Martin Desrosiers conclut en ces mots le premier chapitre de son essai :

En tant que professeur de philosophie, je n’ai plus envie de former des obstineux habiles que se servent de leur talent intellectuel pour mieux rationaliser leurs certitudes, ou pour affirmer leur ascendant sur les autres, ou pour épater la galerie numérique. J’ai envie de contribuer à une pensée qui, plutôt que de chercher par tous les moyens à s’imposer envers et contre les autres, est assez courageuse pour penser contre elle-même.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 16.

Je savais déjà que nous visons dans un monde où tout un chacun se donne raison, s’enferme dans ses croyances, se barricade dans un système sans faille qui ne laisse pas entrer la lumière, mais je ne savais pas que l’enseignement de la philosophie au collégial contribuait un temps soit peu à cet état de fait. En fait, je croyais le contraire. Il faut certainement pas généraliser et mettre au banc des accusés l’ensemble de l’enseignement de la philosophie au collégial. Je suis accablé par la confession de ce professeur de philosophie. Je viens de me rendre compte que je m’illusionnais d’espoir sur l’enseignement de la philosophie. Je ne tenais pas compte de l’importance du caractère intellectuel propre à chaque professeur dans l’exercice de ses fonctions.

Aujourd’hui âgé de 68 ans, je vis depuis plus de cinquante ans avec l’idée que la lumière entre par les failles et qu’il ne sert à rien de se donner raison, c’est-à-dire de s’enferme dans le noir. Adolescent, je soutenais que si tu as une meilleure idée que la mienne, dépêches-toi de m’en faire part que je ne perdre pas mon temps avec une idée devenue désuète. Le comportement des adultes de mon entourage avait joué un rôle essentiel dans ma compréhension des aléas d’un système de penser sans faille. À un moment donné, j’ai même cru que de devenir adulte, c’était acquérir le pouvoir de se donner raison envers et contre tous, c’était du moins ce que je constatais autours de moi. Avoir raison ne me servirait à rien tout au long de ma vie. Je ne suis pas du genre à colmater en urgence toute faille dans mon système de penser et encore moins dans mes pensées elles-mêmes. Certes, j’avais de profondes convictions et des croyances que je mettais à l’épreuve, question de ne pas m’enfermer dans le noir et être à 68 ans ce que j’étais à 15 ans.

Aussi, j’ai très peu participé à des échanges sur les réseaux sociaux. Je n’ai donc pas été victime d’un détournement de mon caractère intellectuel. Je fuyais tout ce qui pouvait s’en approcher. M’obstiner pour M’obstiner ne m’a jamais intéressé. Et si je défendais un point de vue, c’était uniquement sur la base d’une expérience pratique de mes connaissances dans un domaine donné. Mes opinions n’avaient donc aucune valeur contrairement à mes connaissances. Ma vie se résume en trois étapes : 1. j’ai vendu mes idées (de solutions à des problèmes); 2. j’ai testé les idées des autres (pour aider à la prise de décision); 3. j’ai édité les idées des autres (pour donner droit au chapitre).

Si, à mon époque, les adultes donnaient l’impression qu’il fallait avoir raison pour être bien dans sa peau et soutenir ses convictions, aujourd’hui, les jeunes cherchent par eux-mêmes à avoir raison avec une étonnante force de conviction circulaire. Ils n’ont apparemment plus besoin de l’exemple des adultes. Les réseaux sociaux s’en chargent. Et je me désole de voir notre jeunesse dépendante des écrans sans souci aucun dans une ambiance de corridor.

Dans ce contexte, la prise de conscience et les efforts déployés par le professeur de philosophie Martin Desrosiers auprès de ses élèves et de la population des lecteurs sont plus que louables.

Il dénonce la polarisation extrême sur les réseaux sociaux, notamment dans le domaine de la politique. Il introduit le deuxième chapitre de son essai, Démilitariser le dialogue, en ces mots :

Comment revenir du précipice politique et apprendre à mieux dialoguer ? C’est là que les choses se corsent. Si à peu près tout le monde s’entend pour déplorer le climat délétère qui sévit sur les réseau sociaux, les avis divergent quand vient le temps d’en cerner les causes. Première hypothèse, plus sociologique : les espaces numériques dans lesquels la plupart de nos échanges politiques ont maintenant lieu son structurés de manière à nous conduite, nécessairement, au tribalisme idéologique. On se définit d’abord en choisissant un clan : nationaliste-anti-woke, vegan-intersectionnel, livre-penseur-empêcheur-de-tourner-en-rond, etc. C’est l’architecture même des réseaux sociaux qui serait en cause : non seulement le caractère public de nos échanges offre de forts incitatifs au fait de signifier ostentatoirement notre appartenance à une tribu politique en écrasant un membre de la tribu voisine ( de l’exogroupe envers et contre lequel nous nous définissons), mais les structures algorithmiques des réseaux sociaux nous enferment dans des chambres d’écho médiatiques à l’intérieur desquelles nous sommes continuellement réexposés à ce que nous savons et croyons déjà. (…)

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 17-18.

« Très intuitive, ajoute Martin Desrosiers, cette hypothèse reste tout de même fragile, du moins pour l’instant ». Il y a débat précise le professeur de philosophie : « Faute de consensus scientifique, technophile et technophobes peuvent facilement trouver de quoi justifier leurs présupposés respectifs. Ainsi le débat sur les chambres d’écho se déroule désormais… dans les chambres d’écho ».

(…) Nous n’avons peut-être pas « oublié » ou « perdu » l’art du débat démocratique, pour la simple raison que, n’ayant pas été formés en ce sens, nous ne l’avons jamais pratiqué. (…)

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 20.

Personnellement, j’ai été éduquer par des parents très impliqués dans une famille politique en raison de l’élection d’un frère de mon père à titre de député à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada, et ce, pendant vingt ans à compter des années 1960. À cette époque riche en débats contradictoires, nous apprenions vite les règles de l’art de la politique respectées dans les assemblées publiques entre les candidats. Oui au débat dans le plus grand respect de l’autre. Oui à l’argumentaire du meilleur programme politique. Non à la démolition de l’autre, du moins en public.

(…) D’où la première de deux intuitions qui ne serviront de fil conducteurs : notre capacité à réfléchir, discourir et débattre de manière fructueuse ne dépend pas d’abord de nos habiletés argumentatives, mais de nos habitudes et attitudes intellectuelles12. (…)

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NOTE

12 Je suis loin d’être le premier à défendre cette thèse. Ma position s’inspire très largement de la virtue epistemoloy (que je proposerais de traduire par « éthique des vertus épistémiques»), un courant contemporains en philosophie anglo-saxonne, malheureusement très peu connu dans le monde francophone, qui cherche à penser des habitudes et des attitudes favorisant la connaissance (des vertus épistémiques) et à identifier celles qui y font obstacle (des vices épistémique). Pour le texte fondateur de cette tradition, voir Linda Zagebski, Vertues of the Mind : An Inquiry into the Narure of Virtue ans the Ethical Foundation ok Knowledge, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 22. P.S. : Le lien vers le livre mentionné dans la Note est de nous.

P.S. : Le lien vers le livre mentionné dans la Note est de nous.

1. Introduction à l’épistémologie de la vertu

L’épistémologie de la vertu est un ensemble d’approches récentes de l’épistémologie qui accordent aux concepts de vertu épistémique ou intellectuelle un rôle important et fondamental.

L’avènement de l’épistémologie de la vertu a été au moins partiellement inspiré par un renouveau assez récent de l’intérêt pour les concepts de vertu parmi les philosophes moraux (voir, par exemple, Crisp et Slote 1997). Notant cette influence de l’éthique, Ernest Sosa a introduit la notion de vertu intellectuelle dans le débat épistémologique contemporain dans un article de 1980 intitulé « The Raft and the Pyramid » (Le radeau et la pyramide). Sosa y soutenait qu’un appel à la vertu intellectuelle pourrait résoudre le conflit entre les fondamentalistes et les cohérentistes sur la structure de la justification épistémique. Depuis la publication de l’article de Sosa, plusieurs épistémologues se sont tournés vers les concepts de vertu intellectuelle pour aborder un large éventail de questions, du problème de Gettier au débat internalisme/externalisme en passant par le scepticisme.

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TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

1. Introduction to Virtue Epistemology

Virtue epistemology is a collection of recent approaches to epistemology that give epistemic or intellectual virtue concepts an important and fundamental role.

The advent of virtue epistemology was at least partly inspired by a fairly recent renewal of interest in virtue concepts among moral philosophers (see, for example, Crisp and Slote 1997). Noting this influence from ethics, Ernest Sosa introduced the notion of an intellectual virtue into contemporary epistemological discussion in a 1980 paper, “The Raft and the Pyramid.” Sosa argued in this paper that an appeal to intellectual virtue could resolve the conflict between foundationalists and coherentists over the structure of epistemic justification. Since the publication of Sosa’s paper, several epistemologists have turned to intellectual virtue concepts to address a wide range of issues, from the Gettier problem to the internalism/externalism debate to skepticism.

Source : Virtue Epistemology, © Copyright Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors | ISSN 2161-0002.

P.S.: Les liens vers l’article « The Raft and the Pyramid / Le radeau et la pyramide  » sont de nous.


Ah ! L’épistémologie. C’est par cette discipline que je fus réintroduit à la philosophie dans les années 1990. Voici une science que j’aime beaucoup parce qu’elle est au fondement du développement de l’esprit critique, de la pensée qui se pense.

épistémologie

nom féminin           didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget).

Épistémologie génétique.

Source : Dictionnaires Le Robert – Dico en ligne.

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Dans mon essai et témoignage de gouvernance personnelle, accessible gratuitement sur le web sous le titre « J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout chacun se donne raison », le premier chapitre s’inspire de l’épistémologie appliquée à mes connaissances sous le titre « La pensée certaine », un éloge à mon dicton « La lumière entre par les failles ».

Je m’instruis alors avec des manuels scolaires traitant de la connaissance scientifique et de la connaissance en générale.

C’est le chercheur américain pionnier des études des motivations d’achat des consommateurs, Louis Cheskin, qui me conduit à l’épistémologie. Dans ses livres où il expose les résultats de ses recherches, un nouveau titre à tous les deux ans pendant trente ans, Louis Cheskin traite entre autres sujets des attitudes, fondement de notre comportement. Les attitudes adoptées en dernière étape du traitement d’un stimulus en notre esprit dictent nos comportements. J’en suis informé en 1992 à la lecture de son premier livre publié en 1940.

Je suis étonné que le texte fondateur de la « virtue epistemoloy (que je proposerais de traduire par « éthique des vertus épistémiques»), « courant contemporains en philosophie anglo-saxonne, (…),qui cherche à penser des habitudes et des attitudes favorisant la connaissance » ne remonte qu’à 1996 selon le professeur de philosophie Martin Desrosiers.

Il m’apparaît évident, depuis mon adolescence, que nos attitudes favorisent ou défavorisent la connaissance. Ce que l’on remarque avant tout chez une personne qui passe son temps à se donner raison, c’est son attitude, avant même tout ce qu’elle peut dire.


Le renforcement de l’ego par le fait de se donner raison m’apparaît tout aussi évident. C’est sans doute pourquoi Martin Desrosiers consacre le troisième chapitre de son essai à l’humilité (« Le contrepoison de l’humilité »).

D’où la deuxième intuition qui parcourt cet essai : l’humilité est la mère des vertus intellectuelles, puisqu’une grande part de mon développement intellectuel dépend de ma capacité à me mettre en cause, Ou plus simplement : toutes les personnes humbles ne sont pas forcément intelligentes, mais toutes les personnes vraiment intelligentes sont, nécessairement, humbles, puisqu’il s’agit de la vertu qui rend possible toutes les autres. C’est que l’humilité a des qualités anti-inflammatoire : elle empêche notre orgueil de s’enfler. (…) Ainsi, l’humilité serait surtout une vertu dans la mesure où elle sert de rempart contre des défauts de caractère intellectuel qui – comme l’arrogance et l’intolérance – naissent d’une incapacité à se remettre sincèrement en question. Car vouloir penser de manière critique sans faire preuve d’autocritique, c’est scier la branche sur laquelle est assis notre esprit.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 29.

Un jour, au début des années 1990, debout à clôture délimitant le terrain de notre maison, un homme arrête son automobile, en descend et vient me parler. Je le reconnais à peine (je n’ai pas la mémoire des visages). C’est un prêtre que j’ai connu au cours de mes études au collège. Nous discutons et il finit par me dire que je suis différent. Je lui demande pourquoi. Il me répond que j’étais arrogant. Je ne le savais pas. Et on ne me l’avait jamais dit auparavant. Que j’ai changé pour le mieux aux yeux de cet homme, tout était bon. Mais étais-je vraiment arrogant ? L’arrogant, semble-t-il, se sent supérieur aux autres. Personnellement, je ne me sentais pas supérieur mais j’étais fier de ma différence. Trop Fier ? Peut-être ? Mais supérieur, pas du tout. À la lecture de l’essai de Martin Desrosiers, je me demande si fierté et humilité peuvent cohabiter.

Puis nous entrons dans le cœur de cet essai au chapitre quatre intitulé « Montaigne, le dégonfleur d’ego ».

(…) Mais malgré ses quelques défauts, ce qui me séduit avant tout chez lui, c’est qu’il s’agit sans doute du philosophe le moins « philosophe » des philosophes, c’est-à-dire celui qui correspond le moins à l’image stéréotypée que l’on peut s’en faire. En un certain sens, Montaigne a d’abord appris à penser contre lui-même en pensant contre la philosophie. Alors que le philosophe aura tendance à se perdre dans ses idées et à construire des systèmes abstraits au point de ne plus voir ce qui est juste devant ses yeux – on se souviendra de Thalès. le premier des philosophes, est tombé dans un puits en contemplant le ciel étoilé –, Montaigne jette son regard sur les réalités les plus concrètes du quotidien. Alors que le philosophe aura tendance à placer l’être humain sur un piédestal ontologique, prétextant sa supériorité intellectuelle, Montaigne le ramène brutalement sur terre. Comme il le rappelle à la toute fin des Essais, « sur le plus élevé trône du monde, encore ne sommes-nous assis que sur notre cul » (III/13/1091). En ce sens lorsque Montaigne se défend d’être philosophe (« Je ne suis pas philosophe » (III/9/925), déclare-t-il lui-même), il faut lire : je ne suis pas ce philosophe-là, idéaliste et imbu de sa prétendue sagesse.

Si j’ai été à ce point charmé par les Essais et si, surtout, j »y reviens aussi assidument, c’est que j’y ai trouvé un remède au pire fléau de l’intellect humain. et donc, du mien : notre tendance à nous enfler d’orgueil ou, comme l’écrit Montaigne, notre propension à la « présomption ». Je ne connais aucun philosophe qui nous ait aussi brillamment mis en garde contre les dérives et délire de notre propre intelligence. Si l’humilité était une discipline olympique, il en serait non seulement le premier, mais le plus illustre champion.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 36- 37.

P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte du livre


Penser contre soi-même par Nathan Devers Chez Albin Michel, 2024.
Penser contre soi-même par Nathan Devers Chez Albin Michel, 2024.

Penser contre soi-même

Nathan Devers

Palmarès Les 100 livres de l’année 2024 – Lire Magazine

Prix Cazes – Brasserie LIPP 2024

Sélection de Printemps du Prix Renaudot

Pourquoi la philosophie ?

Qu’apporte-t-elle à l’existence ?

Que change-t-elle à nos vies ?

Nathan Devers a voulu répondre à ces questions de manière personnelle : pourquoi, alors qu’il avait choisi de devenir rabbin au terme d’une adolescence très croyante, a-t-il perdu la foi ? Comment a-t-il pu abandonner une vocation profonde au profit d’un univers sans dogme ?

Intense et puissant, avec sa poésie mais aussi sa violence, ce récit est une vibrante invitation à philosopher, c’est-à-dire à penser contre soi-même. Une quête universelle et pourtant difficile : le désir d’échapper à ses préjugés, de bouleverser ses certitudes, d’aller au-delà de l’identité déterminée par sa naissance.

C’est l’histoire d’une rupture vécue comme une aurore. Ou comment donner du sens à un monde qui en manque.

Nathan Devers, normalien et agrégé de philosophie, a vingt-cinq ans. Son dernier roman, Les liens artificiels (Albin Michel, 2022), a été salué par la critique. Il est éditeur de la revue La règle du Jeu.

 » Un livre [..] disert, inventif, éclatant. Feu d’artifice d’écriture, il mêle intelligence et humour, rigueur et poésie. C’est brillant […]. » Roger Pol-Droit – Le Monde des livres.

Lire un extrait en ligne


Penser contre soi-même reste le plus solide rempart contre les incendies de l’esprit. Ce n’est pas le doute qui conduit à la folie, mais les certitudes.

Sébastien Le Fol – Penser contre soi-même, Débats – Les éditorialistes du Point, Le Point, 20 septembre 2018.

Une seule règle me guide: ne rien négliger de ce que la vie comporte; ne jamais se dispenser d’écouter les autres et de penser par soi-même.

CHENG, François, Cinq méditations sur la beauté (2006), ALBIN MICHEL, 2006.

En un certain sens, Montaigne a d’abord appris à penser contre lui-même en pensant contre la philosophie.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 36.

‘Penser par soi-même’, qu’est-ce à dire? selon moi c’est passer toute information, toute image, toute statistique, tout schéma, au tamis de son expérience propre ; et n’admettre que le vraisemblable, celui qui émerge de l’intuition vécue, et qui ne contrevient ni à l’expérience personnelle, ni à la cohérence. Il y faut d’abord la capacité de suspendre son propre jugement, ‘jugement de fait’ préformaté par les catégories de l’habitus, ‘jugement de valeur’ cadré par l’éducation et l’expérience passée. Suspendre mon jugement n’est pas le renier, c’est avoir conscience qu’il est soumis à mon milieu, mon éducation à ma mémoire sélective qui propulse mes projets d’une manière singulière. Car la démarche de penser naît d’une pratique baignée dans le ‘jugement prudentiel’, celui de l’intelligence des situations en devenir vécues en tensions (entre l’attention et l’extension qui englobe les phénomènes, entre la rétention des traces du passé et la pro-tension qui projette la pensée dans l’avenir). C’est pourquoi la culture est ici nécessaire, rapport-au-monde qui permet de relativiser les informations numériques en les resituant dans leur lieu d’élaboration (groupements idéologiques, tendances politiques, logiques commerciales, travers journalistiques, traditions philosophiques).

PERROT, Etienne, Penser par soi-même (et contre soi-même), Blogs « Deux doigts au-dessus du sol », Revue ETUDES, 1 janvier 2024.

Je n’aime pas beaucoup cette expression « Penser contre soi-même ». Je la trouve trop négative. Et elle ne dit rien au commun des mortels. Il vaudrait mieux une expression qui vante les bénéfices du doute. Mais encore là, l’expression « Tirer le bénéfice du doute » n’en dit pas plus au commun des mortels. Il n’en demeure pas moins que le doute est la clé pour penser contre soi-même, contre ses présomptions. Et cela se fait dans la plus grande humilité selon Montaigne dans ses Essais et Martin Desrosiers dans L’art de ne pas toujours avoir raison. Celui ou celle qui doute laisse entrer la lumière. Est-ce que le doute instaure automatiquement l’humilité ?

En vue d’éviter les excès, la diète intellectuelle de Montaigne soumet notre esprit à une stricte discipline, en lui imposant deux conditions préalable. La première: nos progrès intellectuels doivent toujours nous aider à mieux penser et mieux vivre. Le défi du ou de la philosophe n’est pas de se bourrer le crâne de connaissances, mais, tâche autrement ardue, de mettre à profit ses connaissances de manière à vivre une vie belle et bonne. (…) En ce sens, pour que le fameux adage humaniste scientia potentia est (« Le savoir, c’est le pouvoir») ait pour Montaigne un sens, les savoirs que nous assimilons doivent servir au développement d’un art de vivre, sans quoi ils sont tout simplement sans intérêt. L’objectif, répète Montaigne, n’est pas d’être plus savant, mais mieux savant.

La deuxième condition imposée par l’éthique intellectuelle de Montaigne est plus sévère encore : nos énergies intellectuelles doivent avant tout être dirigées contre nous-mêmes, dans un effort constant d’introspection critique. Pourquoi autant de méfiance ? C’est que le vaccin de l’humilité reste la seule manière de nous immuniser contre les deux vices le plus vicieux qui soient, à savoir, dans mon rapport à moi-même, la suffisance (une confiance excessive en mes propres moyens intellectuels, qui me dissimule mes propres manquements), et dans mon rapport aux autres, la vanité (un désir de faire impression sur autrui, qui subordonne mon intellect à mon ego).

D’abord, l’humilité telle que la conçoit Montaigne passe par la reconnaissance du caractère tout à la fois partiel, partiel et précaire de mes connaissances : partiel, parce que je ne saurais prétendre détenir la vérité de manière définitive et exhaustive; partial, parce que ma perspective n’est pas tout englobante, mais circonscrite par un ensemble de préconceptions plus ou moins conscientes; précaire, puisqu’aucune certitude n’est à l’abri, du moins en théorie, d’une révision ou d’une réfutation future. (…)

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 40-42.

P.S. : Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.

Je me demande qu’est-ce qui se passe avec ces personnes à qui l’on doit conseiller de penser contre eux-mêmes, de déployer « un effort constant d’introspection critique ». Sont-ils prisonniers de ce qu’ils pensent ? Prennent-ils pour vrai tout ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent ? Ces personnes sont-elles emportées par le courant de la rivière de leurs pensées instantanées ?

J’ai réfléchi à ces questions dans mon essai et témoignage de gouvernance personnelle, J’aime penser, au chapitre consacré à « La pensée solitaire », la solitude étant essentielle pour penser contre soi-même :

Quand une personne s’organise de façon à se retrouver le moins souvent possible seule avec elle-même, son espace intérieur se rétrécit et se comprime elle-même jusqu’à ce qu’elle en soit évacuée. La petitesse de son espace intérieur ne lui offre plus la place nécessaire pour se loger en elle-même et, encore moins, pour s’y épanouir. L’exiguïté de son espace intérieur lui permet à peine de se rendre compte qu’elle pense et, pis encore, qu’elle peut penser par elle-même; la conscience chétive de sa conscience ne vit que par soubresauts successifs frôlant la mort à chaque fois. Cette personne sombre dans l’obsession de la compagnie d’autrui et elle n’est plus que le fruit de la société des autres, pareille en défaut et en qualité plutôt que différente. Son « moi » est bien vivant et profite avec une vigueur peu commune mais son « moi-même » agonise au bout d’une existence minable. Et son état intérieur finira par se refléter dans son état extérieur, par exemple, la personne célibataire redoutera de rentrer chez elle, comme elle craint de rentrer en elle-même, de peur de s’y retrouver terriblement seule.

Je dis souvent de cette personne qu’elle suit le courant car il ne lui viendrait pas à l’idée de diriger elle-même sa barque et, encore moins, d’accoster le rivage le temps d’une pause pour se demander si la rivière conduit là où elle veut réellement se rendre. À la limite, cette personne n’a pas choisi de se laisser porter par le courant, c’est tout ce qu’elle connaît et y prend suffisamment de plaisir pour ne pas penser à se questionner sur sa vie. Que la rivière ne mène nulle part n’a pas d’importance pour elle, du moins, tant et aussi longtemps qu’elle s’y trouve entourée d’autres barques et de préférence en bonne compagnie.

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée solitaire, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.

Ce dont je puis personnellement être certain, c’est que je pense et cette faculté est à mes yeux le bien ultime de chaque être humain, ce qui lui confère sa plus grande valeur après la vie elle-même. Ce que je pense n’a pas d’importance, pas plus que mes opinions et mes croyances. Je ne crois pas que « La vérité est ce en quoi je crois ».

Et voici que Martin Desrosiers apporte une réponse très intéressante :

(…) C’est plus fort que nous : nous nous accrochons à nos certitudes comme à des bouées, parce que les eaux troubles nous effraient.

(…) Par quels processus psychologiques et affectifs nos opinions politiques en viennent-elles parfois à se cristalliser en dogmes, au point que nous nous replions idéologiquement sur nous-mêmes ? Dans son excellent ouvrage The Scout Mindset, la philosophe Julia Galef soutient que notre tendance à nous cramponner à nos croyances serait d’abord le résultat d’un processus d’identification par lequel nous faisons de nos opinions des parties intégrantes de notre conception de nous-mêmes.

Nous nous attachons d’autant plus désespérément à ce que nous tenons pour vrai que nous nous y identifions existentiellement.

Nous nous attachons d’autant plus désespérément à ce que nous tenons pour vrai que nous nous y identifions existentiellement. Surtout, elle suggère que cette tendance serait exacerbée par deux sentiments moraux : le fait de nous sentir assiégés dans un monde hostile, qui nous pousse à nous recroqueviller sur nous même pour mieux nous défendre, et la fierté orgueilleuse avec laquelle nous tenons notre vision du monde, qui nous oblige inévitablement à défendre notre intégrité morale contre des personnes concurrentes. (…)

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 63-64.

P.S. : L’encadré est de nous. Le soulignement remplace l’italique dans le texte original. Le lien vers le livre de la philosophe Julia Galef  est de nous.

Intégrer à son identité ses opinions, ce que nous prenons pour vrai, sur le plan existentiel ? Wow ! Quelle idée de fou ! Mais elle explique fort bien pourquoi les gens redoute le doute. N’y aurait-il pas derrière cette idée un problème liée à la conception et l’utilité de la vérité. Personnellement, « J’ai un problème avec la vérité ».


J’ai un problème avec la vérité

Observatoire de la philothérapie, Serge-André Guay

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Lire la suite.


Le chercheur américain Louis Cheskin, pionnier des études de motivations d’achat des consommateurs, écrivait : « Je me trompe souvent mais mes recherches ne se trompent jamais ». Pour appuyer une telle affirmation, il se référait à la scientificité des tests qu’il réalisait.

Puisque la connaissance scientifique se construit sur la destruction – sur les ruines – du déjà-su, nous devions en faire tout autant dans notre vie. La connaissance repose sur sa remise en question.


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Selon le professeur et sociologue des sciences Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées » (Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval).

Le professeur Jean-Marie Nicolle formule en ces mots la démarche : « La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal » (Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Les caractères ont été mis en italique par l’auteur. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.).

N’y a-t-il pas là un nouvel élément ? Qu’est-ce que vous inspire : « par destruction du déjà su » et « contre une connaissance antérieure » ? La réponse doit préciser qu’est-ce qui peut détruire le déjà su. Seul un doute au sujet d’une connaissance déjà établie (pour vrai) peut détrôner cette dernière. Si je ne doute pas de la connaissance établie, il n’est aucune raison de croire que je sais mal. Si je doute d’une connaissance établie, mon doute détruit cette connaissance et c’est sur ces ruines que s’installera une nouvelle connaissance, plus certaine, jusqu’à ce qu’un doute vienne la détruire à son tour, pour une connaissance encore plus certaine. Lorsque je crois en une connaissance, j’accepte l’éventualité de devoir l’abandonner si un doute survient. Le bénéfice du doute, c’est la certitude… jusqu’au prochain doute !

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée certaine, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.


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La pensée profonde

J’aime penser – Serge-André Guay

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Pour trouver la cause première – Celui ou celle qui aime penser n’évite pas la pensée profonde mais y plonge toujours avec prudence. Le risque de se perdre dans les profondeurs de la pensée est réel. Rien ne sert de se lancer dans la recherche de la cause première d’un problème et ainsi pouvoir le résoudre une fois pour toutes, à tout le moins, de le comprendre vraiment, s’il devient impossible de revenir à la surface. De nombreuses illusions peuvent nous retenir. Certaines usent du charme de la poésie pour nous perdre dans nos pensées. Voyez par vous-même.

On peut toujours rester à la surface et se laisser bercer par les flots de la mer. Par beau temps, tout va pour le mieux. Malheureusement, la mer perd souvent son calme, signe de problèmes à résoudre. Parfois, il tempête de problèmes. Notre embarcation risque de chavirer à la prochaine vague. Et la plupart d’entre nous prennent place dans un simple canot. Malgré nos efforts honnêtes de pensée positive pour en faire un paquebot, nos mains agrippées au rebord nous trahissent et nous ramènent vite à la dure réalité du tangage et du roulis excessif de la vie en ces jours malades de mauvais temps.

De toute évidence, le recours à l’arme secrète s’impose. Il faut vite sauter à bord du sous-marin de la raison et plonger loin du tumulte des pensées incisives.

Inimaginable d’envisager aplanir les vagues avec nos mains, même avec un mouvement soutenu en nageant directement à la surface de la mer. Ça prendrait un front de bœuf et une pensée écervelée pour se lancer dans l’aventure. C’est pourtant l’impression que me donnent les animateurs des débats d’opinions dans les médias et ailleurs. Tombés à la mer, on ne voit plus que leurs mains tapant désespérément sur le dos des vagues, entourées de dizaines voire de centaines d’autres mains s’agitant dans un pareil effort perdu d’avance. À vol d’oiseau, la scène ressemble au naufrage du Titanic de la raison, retenu à la surface par des poches pleines d’air de l’esprit vide de sens. En fait, il n’y a plus que le courant qui a du sens dans ces débats d’idées. Rien de plus normal : les idées suivent le courant qui les entraîne. Pendant ce temps, l’esprit ballotte dans un sens, puis dans l’autre, revient, ballotte encore dans un sens, puis dans l’autre. Il y a de quoi avoir le mal de mer et plusieurs l’ont, si l’on se fie aux vomissements avalés par la mer de sa gigantesque bouche de liberté d’expression dont l’appétit vorace ne connaît jamais la satiété. C’est peu dire que j’en ai contre les débats d’opinions, de véritables cliniques d’avortement de la raison.

Pendant ce temps, les plus sages, évidemment beaucoup moins nombreux, sont déjà en discussion dans leur raison sous-marine, chargée d’une bonne provision d’idées éclairantes alimentées par des piles de doutes et d’une réserve d’ouverture d’esprit oxygénante reliée à un caisson à air comprimé de connaissances et de compréhensions permettant d’éviter en tout temps les accidents de décompressions de la raison. Une carte des profondeurs du grand Esprit dans une main, le bâton de contrôle des émotions de navigation dans l’autre, le sage s’éloigne lentement mais sûrement de la surface énervée et énervante. Bientôt, seule la lumière des idées l’éclaire. Sur le plateau du continent, il distingue déjà l’épave de la raison utile à rien. Il progresse sur la pente descendante, évite d’autres épaves de l’« hommerie », cette fois, avec difficultés, car les courants idéologiques, les plus meurtriers de l’histoire humaine secouent sans ménagement la raison. Sur la carte, il peut lire : « Cimetière perdu des idées aveugles ». Absorbé par le drame de la vision de toutes ces catastrophes, il est surpris par un premier signe du mal des profondeurs : il hallucine. Il voit des fantômes idéologiques sortir de la coque des navires irraisonnés. Il imagine le pire à l’idée de voir ces fantômes atteindre la réalité de la surface. Il augmente l’arrivée d’oxygène, retrouve ses esprits et le mal disparaît peu à peu. L’hallucination l’a motivé davantage à trouver la cause première du problème, la source de la foule folle tuée par le remous de sa raison sans gouvernail. Il arrive à la limite du plateau de la bêtise, à ses pieds, les bas fonds, dangereux, très dangereux, là où se trouvent les meilleures raisons mais aussi les pires, dont celles avec le pouvoir de l’empêcher de revenir à la surface, qui le rendraient complètement ivre des profondeurs de la pensée.

Mais il dispose d’une deuxième arme secrète : une science des profondeurs, la philosophie. Sa recherche de la cause première ne sera pas désordonnée, sans méthode. Il a mis un certain temps à maîtriser quelque peu cette arme au nom rébarbatif. Au départ, il avait l’impression d’une science difficile et ennuyeuse. Même après une certaine familiarité, cette impression n’est jamais complètement disparue, d’où une certaine prudence, souvent salutaire, il faut le dire, car la science a deux tranchants : on risque de comprendre mais aussi de ne pas être compris.

Une seule condition s’impose pour accepter de courir le risque de la réflexion : demeurer raisonnable par les autres, c’est-à-dire, s’assurer qu’il y aura toujours quelqu’un pour me comprendre et me ramener à la raison si je perds la tête. Un sage est sage tant qu’il n’est pas seul, tant qu’il y a quelqu’un pour prendre de ses nouvelles. Si le sage apprend à réfléchir en profondeur avec sa raison, cela ne lui servirait à rien s’il ne pouvait pas en discuter ensuite avec d’autres, pour recharger ses piles de doutes.

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée profonde, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.


Je cite mon propre essai J’AIME PENSER pour ne pas réécrire ce que je pense.

Dans le huitième et dernier chapitre de son essai, Martin Desrosiers nous parle de l’importance d’ « Apprendre à se taire : le générosité comme vertu ». À la suite du « silence expressif », du « silence introspectif », du « silence éloquent », du « silence gêné », du « silence écrasant », et du « silence complice » l’auteur cible un autre silence :

Il existe par ailleurs un autre silence, dont il me semble que l’on sous-estime gravement l’importance : le silence éthique qui s’observe lorsque nous choisissons de céder la parole puis, attentivement, d’écouter. Les philosophes ne se préoccupent que rarement de ces silence. Ils apprennent à dire leurs vérités, mais plus rarement à se taire. Pourtant, l’écoute attentive est une pratique proprement philosophique, au même titre que la mise en discours. Malheureusement, c’est aussi une pratique qui, aujourd’hui, se perd – raison de plus, peut-être, pour que les philosophes s’y intéresse davantage. C’est que, pour le dire en termes économiques, nous subissons depuis plusieurs années une hyperinflation de l’opinion : tout le monde, tout le temps, a un avis sur tout, et ressent le besoin irrésistible de la partager. Everyone’s a critic, comme disent les Américain, et la critique ne s’est jamais mieux portée depuis que nous avons tous et toutes notre mégaphone virtuel. (…)

DESROSIERS, Martin, 8. Apprendre à se taire : le générosité comme vertu, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 94-95.


Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, et Laurent Carouana, Formateur-animateur et concepteur en communication orale, je suis un professionnel de l’apprentissage et du perfectionnement à la prise de parole en public et à la relation interpersonnelle, se sont intéressés de près à ce que j’appelle la verbalisation à outrance dans leur livre Savoir se taire, savoir parler :

Présentation du livre par l’éditeur

Tweets, sms, emails, posts, etc. se multiplient et rebondissent, circulant à une telle vitesse qu’ils deviennent irrattrapables — les agressifs et les toxiques aussi vite relayés que les sympathiques. La facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons nous exprimer tout autant que l’idée que nous existons que si nous communiquons nous ont fait oublier les vertus du silence. Happés par ce tourbillon compulsif et communicationnel, nous devons réapprendre à nous taire pour redevenir conscients de ce que nous ressentons avant de le dire, pour redonner du poids et de la bienveillance à notre communication , pour ne pas regretter d’avoir parlé . Savoir se taire est la force cachée de la personne qui agit en pleine conscience et sait s’exprimer à bon escient et avec les mots justes .

Source : www.hachette.fr.

Mon point de vue : Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. C’est par l’article du Figaro / Santé que j’ai découvert ce livre : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», dont voici un court extrait :

Quelles autres dérives de la parole avez-vous pu observer?

Chez certains, la tendance à commenter toute situation de manière négative, c’est-à-dire la plainte, nourrit l’anxiété. En réalité, cette parole est une vaine tentative de masquer sa fragilité essentielle, cette vulnérabilité de base que l’ACT, thérapie de l’acceptation que je pratique, pose comme un fondement à l’existence. Avez-vous observé? Certains sont littéralement «accros» aux discours pour ne pas rentrer en contact avec leur intériorité vacillante. Les pervers narcissiques n’utilisent guère la parole comme un instrument de dialogue, mais parfois comme un masque de leur fragilité au service d’une agressivité relationnelle. L’usage des SMS peut aussi servir à cet évitement relationnel. D’autres, dans leur conversation, reviennent sans cesse sur trois ou quatre thèmes obsessionnels qui leur servent à installer un monologue et, ainsi, à se sentir exister.

Source : SENK, Pascale, Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», Figaro – Santé, 3 juin 2018.


Martin Desrosiers nous offre trois conseils pour  : Écouter soigneusement, Écouter avec équité, Écouter charitablement. Cette offre s’inscrit dans ce qu’il nomme le « silence éthique » :

Plutôt que de nous obstiner à vociférer dans le vide, peut-être devrions-nous consacrer nos énergie à affirmer notre ouïe. Ce qui nécessite, comme tout art, un enseignement et un apprentissage. Quelque chose comme une pédagogie pour les oreilles.

À quoi pourrait ressembler ce silence éthique qui reste à penser ? Il ferait appel à une vertu qui, de plus en plus rare, est sans doute la condition première de tout échange fructueux : la générosité. (…)

DESROSIERS, Martin, 8. Apprendre à se taire : le générosité comme vertu, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 95-96.

Si Martin Desrosiers a bien raison d’en appeler à la générosité dans nos échanges, le simple fait que nous en soyons rendus à parler de générosité pour savoir se taire afin d’écouter illustre bien le point de rupture atteint dans nos communications. On parle, on parle, on parle… Mais on écoute peu par simple égoïste. Or, c’est grâce aux réactions de l’Autre à ce que je dis que je peux me connaître.


Cinq étoiles sur cinq

Parce qu’il me donne sérieusement à penser et qu’il m’étonne, j’accorde cinq étoiles sur cinq au livre L’ART DE NE PAS TOUJOURS AVEC RAISON du professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf (Montréal, Québec), MARTIN DESROSIERS, paru chez LEMÉAC ÉDITEUR en 2024.

Cliquez ici pour acheter ce livre sur le site web leslibraires.ca


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Article #130 – L’art de se connaître soi-même, Arthur Schopenhauer, Rivages poche, 2015

J’ai lu pour vous

Sur cette page : un référencement du livre, des extraits de l’œuvre, une revue de presse, une présentation de l’auteur, des livres de l’auteur à télécharger gratuitement… Et MON RAPPORT DE LECTURE.

Arthur Schopenhauer

L’art de se connaître soi-même

Franco Volpi (Préfacier)

Laurent Ferec (Traducteur)

Éditions Payot & Rivages


Univers : Philosophie / Petite bibliothèque

Collection : Rivages Poche Petite Bibliothèque

Genre : Philosophie

Numéros poche : 830

Traduit de l’allemand

ISBN : 978-2-7436-2961-8

EAN : 9782743629618

Parution : 28 janvier 2015

Nombre de pages : 160 pages

Poids de l’article ‏ : ‎ 98 g

Format : 11.0 x 17.0


QUATRIÈME DE COUVERTURE

« Dès que j’ai commencé à penser, je me suis trouvé en rupture avec le monde. »

Arthur Schopenhauer

L’Art de se connaître soi-même» rassemble les notes intimes que le maître du pessimisme écrivit tout au long de sa vie. Ces souvenirs, bribes de pensées, maximes, citations et sentences sont un véritable bréviaire des règles de vie personnelles du philosophe. Avec une ironie parfois féroce, il explique comment et pourquoi il lui faut mettre le monde à distance, y vivre seul tout en se constituant une famille spirituelle parmi les esprits avec lesquels il se sent en communion.

Longtemps considéré comme disparu, ce « cahier secret » a été reconstitué par le philosophe italien Franco Volpi au prix d’une minutieuse recherche philologique.

Source : Éditions Payot & Rivages.


Commencé en 1821, inédit en français, ce petit « livre secret » de Schopenhauer composé de notes autobiographiques, de souvenirs, de maximes et de règles de vie distille sa sagesse de la vie. Un petit manuel utile pour se connaître soi-même et pour rendre moins difficile la vie avec les autres. « Vouloir le moins possible, connaître le plus possible, a été la maxime qui a guidé ma vie » Schopenhauer.

Source : L’art de se connaître soi-même, Amazon.


Cet écrit autobiographique de Schopenhauer se compose de 30 feuillets rassemblés dans un « cahier secret », sorte de journal intime tendant à la maxime, dont la publication fit l’objet d’une polémique à la disparition du philosophe.

Plus une réflexion générale sur la nécessité et la façon de se connaître, L’Art de se connaître soi-même reste centré sur la personne d’un auteur au pessimisme revendiqué, vécu au quotidien. Il justifie son éloignement du monde par la mission intellectuelle au service de la vérité dont il s’est senti tôt investi. Renonçant à se servir soi-même, il s’attache pour le bien de l’humanité à se détacher du monde. Comme le regard porté sur le monde n’est pas purement spéculatif, mais qu’il se pose sur l’environnement concret du philosophe, une ironie savoureuse est souvent convoquée pour mettre ce monde à distance. Ce texte est un bel exemple de regard ironique porté sur soi-même.

Source : L’art de se connaître soi-même, Librairie des Sciences-Politiques.


EXTRAIT

L’art de se connaître soi-même

Si tu veux tirer jouissance de ta valeur, c’est à toi d’en conférer au monde.

 * * *

De la même façon qu’un peu de chaleur rend la cire, par nature dure et cassante, assez souple pour prendre n’importe quelle forme, un soupçon de politesse et d’amabilité pourra rendre dociles et complaisants jusqu’aux individus récalcitrants et hostiles. D’où il s’ensuit que la politesse est à l’homme ce que la chaleur est à la cire.

 * * *

Lorsqu’il m’est arrivé parfois de me sentir malheureux, la cause en a plutôt été une simple méprise, une erreur de personne. Dans ces moments, je me suis pris pour un autre que moi, un être dont je me suis mis à déplorer le triste sort. Je me suis pris par exemple pour un chargé de cours à l’université qui n’obtient pas de chaire et dont les cours n’ont pas d’auditeurs, ou pour quelqu’un sur le compte duquel tel philistin dit des horreurs et les commères cancanent en sirotant leur café, ou bien pour l’accusé d’un procès pour injures, ou encore pour l’amoureux que la jeune fille dont il s’est entiché ne veut pas exaucer, ou pour ce patient que la maladie condamne à garder la chambre, ou pour d’autres personnes de ce genre qui s’escriment contre ce genre de misère. Tout cela, ce n’était pas moi, tout cela, c’est une matière étrangère dont était faite tout au plus la redingote que j’ai portée un temps avant de l’abandonner pour une autre.

 * * *

Ce qui, dans la vie réelle, a été à tout moment et en tout lieu une entrave pour moi, c’est que, jusqu’à un âge avancé, je n’ai pas été capable de me faire une idée suffisante de la petitesse et de la médiocrité des hommes.

 * * *

Une fois qu’ils ont compris qui ils sont, ceux qui, comme moi, ont pour mission de transmettre la vérité au genre humain s’abstiendront autant que possible de se mêler aux gens en dehors de leur mission […]. Dans toutes les circonstances de la vie, et en particulier tant que dure la jeunesse, un être comme moi se sent à tout moment comme une personne affublée de vêtements qui ne lui vont pas.

 * * *

Vouloir le moins possible et connaître le plus possible : telle est la maxime qui a dirigé le cours de ma vie.

 * * *

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015.


REVUE DE PRESSE

Série « Les arts d’Arthur Schopenhauer »

Épisode 1/4 : L’art de se connaître soi-même


THÈSES

Gilbert, Nathanaël (2019). Arthur Schopenhauer et ses divergences avec Emmanuel Kant. Mémoire. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, 119 p.

La théorie du génie selon Arthur Schopenhauer par Nathanaël Gilbert

La notion d’inconscient dans la philosophie d’Arthur Schopenhauer : pour une nouvelle interprétation du lien entre Schopenhauer et Freud par Jean-Charles Banvoy


AU SUJET DE L’AUTEUR

Arthur Schopenhauer

Portrait photograph of Arthur Schopenhauer par Johann Schäfer, March 1859, Frankfurt am Main University Library
Portrait photograph of Arthur Schopenhauer par Johann Schäfer, March 1859, Frankfurt am Main University Library

Arthur Schopenhauer

(1788-1860)

Voici le philosophe du pessimisme par excellence ! Toute la philosophie d’Arthur Schopenhauer est en effet marquée par le constat du caractère tragique de l’existence humaine. Selon le penseur allemand, nous passons toute notre vie à poursuivre un objet puis un autre, allant du désir et de la privation à la déception que la possession engendre toujours.

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Éléments de biographie (Th. Duret)

«Arthur Schopenhauer est né à Dantzig le 22 février 1788, fils d’un des principaux négociants de la ville. Envoyé très jeune à l’étranger, il séjourna plusieurs années en Angleterre et en France. Il s’initia ainsi de bonne heure à la connaissance des langues, et finit par parler facilement le français, l’anglais, l’italien et même l’espagnol. Il montrait la plus vive répulsion pour la carrière commerciale à laquelle on le destinait; aussi, à la mort de son père, abandonna-t-il le comptoir pour aller étudier à l’Université d’Iéna. Au sortir de l’Université, il visita Weimar et connut Gœthe, puis fit de longs voyages, particulièrement en Italie. Sa fortune se trouva un instant compromise par la mauvaise gestion de sa mère, et, cherchant à se créer une profession, il se fit inscrire à l’Université de Berlin comme privat-docent, pour enseigner la philosophie. Le cours qu’il essaya n’eut aucun succès. Il dut renoncer à l’enseignement que régentaient alors des professeurs célèbres, tels que Hegel, dont il s’était déclaré l’implacable ennemi. En 1832, il s’établit à Francfort qu’il ne quitta plus, et où il mourut le 23 septembre 1860.

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La vie de Schopenhauer

Autobiographie

Les tribulations du jeune Arthur

Le récit d’un drame éternel

Biographie d’un philosophe tragique

Le bagne de Toulon

Les malentendus

Copyright © Guy Heff – Schopenhauer.fr


DU MÊME AUTEUR

Œuvres de Schopenhauer

Les œuvres proposées ici ne sont pas des fac-similés. Elles ont été ressaisies, corrigées, annotées et mises en page.

Visiter le site

Guy Heff – Schopenhauer.fr

Télécharger les livres d’Arthur Schopenhauer

« Langage, éthique, compassion, folie… Les sujets abordés par la philosophie d’Arthur Schopenhauer sont nombreux et variés, et son influence sur les écrivains et philosophes qui l’ont suivie est tout aussi multiple. Flaubert, Maupassant, Nietzsche, Freud ou encore Dostoïevski… Jusqu’aux sœurs Wachowski, qui en revendiquent l’influence sur la trilogie Matrix. Redécouvrez la philosophie du penseur allemand en téléchargeant gratuitement ses livres au format numérique. »

Essais

De la quadruple racine du principe de raison suffisante, 1813, via Schopenhauer.fr

Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818-1819, via Wikisource

L’Art d’avoir toujours raison, 1830-1831, via Wikisource

Les Deux Problèmes fondamentaux de l’éthique : Essai sur le libre arbitre (1839) et Le

Fondement de la morale (1841), via Schopenhauer.fr

Parerga et Paralipomena : Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1851, via Schopenhauer.fr

La philosophie universitaire, 1851, via Schopenhauer.fr

Essai sur les femmes, 1851, via Wikisource

Écrivains et Style, 1851, via Schopenhauer.fr

Éthique, droit et politique, 1851, via Schopenhauer.fr

Philosophie et philosophes, 1851, via Schopenhauer.fr

Mémoires sur les sciences occultes, 1912, via Wikisource

Pour effectuer les téléchargements de ce livres, visitez le site web ActuaLitté


MON RAPPORT DE LECTURE

Arthur Schopenhauer

L’art de se connaître soi-même

Franco Volpi (Préfacier)

Laurent Ferec (Traducteur)

L’art de se connaître soi-même du philosophe allemand Arthur Schopenhauer rassemble des textes de ses carnets de notes personnelles et fut publiés après son décès. Je ne crois pas que ces carnets de notes furent intitulée « L’art de se connaître soi-même » par Arthur Schopenhauer. À lecture des textes, j’ai la nette impression que l’auteur se donne lui-même en exemple dans l’art de se connaître soi-même. Arthur Schopenhauer parle de lui et par projection de sa vision du monde. Avant tout, il faut nous pencher sur la fameuse injonction « Connais-toi toi-même », ce que fait fort bien le philosophe italien Franco Volpi, professeur à l’Université de Vicenze, dans sa préface :

La connaissance de soi est le premier pas sur la voie de la sagesse. « Connais-toi toi-même ! », γνῶθι σεαυτόν, nosce te ipsum : cette injonction, venue de la nuit des temps et attribuée à l’un des sept sages, est censée guider qui veut être heureux. Elle concentre en soi la sagesse de la vie et s’est transmise presque sans interruption sans perdre en influence. Les sources les plus anciennes la mentionnent comme un commandement initiatique pour parvenir à la réalisation de soi, et renvoient à son origine divine. Elle était gravée comme précepte sur le temps d’Apollon à Delphes, autrement dit au « nombril du monde », le lieu où deux aigles que Zeus avant lâchés aux extrémités du cosmos se croisèrent dans leur vol dirigé vers le centre de la terre. (…)

« Connais-toi toi-même » est en même temps la pierre angulaire de la philosophie, comprise comme l’ «amour de la vérité ». C’est la première règle de vie que la philosophie se propose de transmettre, depuis toujours. « Il a été accordé à tous les hommes de pouvoir se connaître », affirmait déjà Héraclite (fragment 116). Mais c’est surtout Socrate qui fait de l’art de se connaître soi-même la base de toute la sagesse philosophique. Dans ses dialogues (dans son Apologie de Socrate et puis surtout dans son Alcibiade majeur), Platon le présente comme un enseignant de la connaissance de soi. (…)

Le thème de la connaissance de soi traverse toute la philosophie antique et connaît un développement particulier avec la littérature hellénistique du « soin de soi » (epiméleia beautoû), qui atteint son apogée avec Cicéron, Sénèque, Épictète ou Marc Aurèle (entre autres auteurs). Désormais, la connaissance de soi n’est plus liée à une mission politique, elle n’est plus limitée à un âge précis, celui de la transition de la jeunesse à la maturité. Elle n’est plus comprise simplement comme un savoir théorique sur soi-même, comme une simple contemplation de soi. La connaissance de soi s’assimile de plus en plus à l’intégralité du soin qu’on prend se soi, un soin qui s’applique à toute la durée de la vie et implique quotidiennement une série d’exercices, tant pratiques que spirituels, dont le but est de s’imprimer à la vie comme on façonne une œuvre d’art pour lui conférer la forme la plus belle et la plus réussie possible. Connaissance de soi et soin de soi sont les principes sur lesquels se fonde une esthétique de l’existence.

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 7-10.

« En véritable philosophe, Schopenhauer s’attaque lui aussi au motif de la connaissance de soi » souligne Franco Volpi et avance qu’ « (…) il ne pouvait pas ne pas traiter de ce thème ».

(…) À ceci prêt : il ne se limite pas à traiter de la connaissance de soi comme un objet abstrait d’un examen théorique, mais il la prend au sérieux en tant que règle pour mener une vie sage dans la pratique, et il la met en œuvre (…)

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, p. 13.

C’est « La philosophie comme manière de vivre » avancée par Pierre Hadot. Il ne s’agit non plus de la philosophie pour la philosophie évoluant dans son enclos théorique mais de la philosophie libérée en notre mode de vie, y compris nos choix de vie, à commencer en notre mode de pensée, en nos attitudes et en nos comportements.

(…) Le cahier comprenait au total une trentaine de feuillets, et le maître du pessimisme y tenait tout particulièrement, car il représentait une sorte de somme de sa propre expérience de la vie, de son expérience personnelle, son « journal intime * » : des remarques d’ordre autobiographique, des souvenirs, des observations de soi, des instructions pour l’action, des règles de comportement, des maximes, des citations et des proverbes. (…)

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 14-15.

On présente Arthur Schopenhauer comme étant « Le pessimiste le plus connu du monde ».

Le véritable titre de ce « cahier secret », nous dit Franco Volpi est « Eis beautón ».

Sous le titre de Eis beautón, choisi vraisemblablement par analogie aux Pensées pour lui-même de Marc Aurèle (en grec : Tà eis beautón), il rassembla au fils des ans des réflexions, des méditations et des bribes de pensées « adressées à soi-même », qui donnèrent naissance à un « cahier secret » personnel dont on perdit la trace après sa mort et qui, par conséquent, se trouve ici reconstitué dans une version fondée sur des supputations. (…)

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, p.14.

Mais puisqu’on ne naît pas pessimiste, il faut bien une explication.

Ce n’est pas par hasard si Schopenhauer a commencé à remplir ce précieux cahier à une époques de grands questionnements qui mettaient son caractère à rude épreuve. Après la publication du Monde comme volonté et représentation (1819), il avait pleinement conscience de sa vocation pour la philosophie, et dans ce domaine, il ne se sentait inférieur à personne. Mieux, il se voyait même investi d’une mission au service de l’humanité. Et pourtant, cette conscience ne lui valut pas la moindre reconnaissance de la part de la corporation des philosophes. Au lieu de cela, sont œuvre fut ignorée et sa dure confrontation avec Hegel, l’astre resplendissant au firmament philosophique de son temps, tua dans l’œuf toute perspective de carrière. À cela s’ajoutaient des obstacles et des contrariétés de toute sorte : la rupture douloureuse avec sa même, des problèmes financiers liés à la faillite des banques qui administraient l’héritage de son père, des difficultés insurmontables et des heurts constants dans ses rapports avec les autres, une méfiance viscérale vis-à-vis de l’autre sexe — bref, toute une série d’alimenta misanthropiae supplémentaires qui justifiaient et aggravaient sa vision pessimiste de l’existence. Et pourtant, il ne s’agissait pas d’un pessimisme qui tirait son origine de l’aigreur, de la faiblesse ou de la résignation. Non, c’était le résultat logique de la clairvoyance, de la désillusion et du sens du tragique de l’existence. En ce sens, un véritable pessimisme, comme l’était Schopenhauer, est en même temps un optimiste bien informé.

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 15-17.

« Un optimiste bien informé » ? Ce n’est pas du tout ma compréhension des textes de Schopenhauer dans les pages de ce livre. « Une vision pessimiste de l’existence » ne s’inscrit pas en toute logique pour celui ou celle qui ne cesse de recevoir une brique après l’autre sur la tête à chaque fois qu’il avance d’un pas dans la vie. En pareille situation ou quand le malheur s’acharne, il y a plus d’une réaction possible. Le pessimisme n’est certainement pas la seule voie possible. Or, Schopenhauer fait du pessimisme sa philosophie de vie. C’est un choix, un choix sous l’influence directe et indirecte, volontaire et involontaire, conscient et inconscient, de ses difficultés. Je l’imagine se dire : « S’il en va ainsi, aussi bien demeurer pessimiste ». On peut certes pas soutenir qu’il s’agit là d’un « résultat logique de la clairvoyance ». Soutenir qu’il n’y a là ni aigreur, ni faiblesse ou ni résignation ne tient pas la route. Je ne vois en cette « vision pessimiste de l’existence » de Schopenhauer aucune sagesse et aucune vie bonne.

(…) Avec son Eis beautón, Schopenhauer s’était constitué au fil des ans un petit manuel personnel de philosophie pratique auquel il pouvait recourir à tout moment, comme un outil. Les règles fondamentales de sa philosophie de la vie y sont identifiables : autarcie, estime de soi, amour-propre, solitude, aristocratie de l’intelligence, saine misanthropie, retenue dans ses rapports à l’autre sexe, et bien d’autres choses encore. Le fondement de tout cela est la conviction que notre monde est un mundus pessimus, et que dans les cas de doute et les incertitudes que la vie nous réserve, il vaut toujours mieux agir ex summo malo, c’est-à-dire en présumant le pire, que de se laisser berner par le mirage d’un improbable mundus optimus.

SCHOPENHAUER, Arthur, Préface (VOLPI, Franco), L’art de se connaître soi-même, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 31-32.

Je ne crois pas qu’il vaut toujours mieux agir en présumant le pire. Et je ne crois pas le contraire, c’est-à-dire qu’il vaut mieux agir en présumant le meilleur.

Notez bien le mot « conviction » dans ce passage : « (…) Le fondement de tout cela est la conviction que notre monde est un mundus pessimus (…) » Peut-on fonder une philosophie sur une conviction, une croyance, qui repose de toute évidence sur une perception de réalité plutôt que sur la réalité elle-même ? Le monde n’est pas en soi ou par essence pessimiste ou optimiste. La réalité n’est jamais autre chose que ce que nous en percevons de notre point de vue.

On peut toujours juger ce que nous percevons mais est-ce là encore une fois de la philosophie. À la limite, on peut parler d’UNE « philosophie » mais certainement pas de LA philosophie.

On ne peut pas se connaître soi-même en s’abreuvant uniquement de jugements enchaînés à nos perceptions et à nos interprétations de nos expérience de vie. Ce que je lis dans le cahier de Schopenhauer, ce sont des jugements sous l’influence, entre autres, de biais cognitifs et de préjugés.

La phrase de Bacon dans laquelle il dit que toute suspicion repose sur de l’ignorance, je la rejette, et fais mienne la pensée de Chamfort qui veut que le commencement de la sagesse soit la criante des hommes.13 Démosthène a raison quand il dit que fortifications et murailles sont certes une bonne protection, mais que la meilleurs est la méfiance. Le proverbe de Bias (…)14  [« La plupart des hommes sont mauvais »] et les maximes de Leopardi (…)15  [« L’imposture est l’âme de la vie sociale »] et (…)16  [« Le monde est une bande de filous qui s’en prennent aux honnêtes gens, et d’êtres mesquins qui s’en prennent aux êtres généreux »] sont les guides de ma pensée et de mon action.

____________

NOTES

13. Cf. Chamfort, Produit de la civilisation perfectionné, chap. 11, 116. « L’Écriture a dit que le commencement de la sagesse était la crainte de Dieu; moi, je crois que c’est la crainte des hommes. » Schopenhauer utilise également cette citation dans son avant-propos à la première édition de Die beiden Grundprobleme der Ethik (Les deux problèmes fondamentaux de l’éthique) (1841).

14 Sentence de Bias, l’un des sept sages (cf. Diogène Laërce, I, 5, 87 ; Stobée, III, 1, 172). Schopenhauer découvrit cette sentence dans une inscription gravée sous le buste de Bias au Vatican (cf. Der bandschriftliche Nachlass, vol. III, p. 9), et on la trouve à plusieurs reprises dans ses écrits posthumes et dans ses lettres (par exemple sa lettre du 25 mai 1822 à Osann, et dans celle du 22 juin 1854 à Frauenstädt), cf. Schopenhauer, Gesammelte Briefe, p. 86-87, 346.

15 Giacomo Leopardi, Pensieri, XXIX, dans l’édition utilisée par Schopenhauer : Opere, vol. II, Antonio Ranieri (ed.), Florence, Le Monnier, 1845, p. 128.

16 Ibid, p. 107


P.S. : (…) = Remplacement des équivalents en grec ancien.

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, 13, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, p. 59.

Je ne crois pas que « le commencement de la sagesse soit la criante des hommes ». Je ne crois pas que « La plupart des hommes sont mauvais ». Je ne crois pas que « L’imposture est l’âme de la vie sociale ». Je ne crois pas que « Le monde est une bande de filous ».

Aussi, lisez attentivement cette affirmation : « Le monde est une bande de filous qui s’en prennent aux honnêtes gens, et d’êtres mesquins qui s’en prennent aux êtres généreux ». Est-ce à dire que les honnêtes gens et que les êtres généreux ne font pas partie monde puisque ce dernier est dit comme étant « une bande de filous » « et d’êtres mesquins ». On peut ici parler du biais de généralisation à outrance. Il eut mieux valu écrire : « Il y a en ce monde une bande de filous » plutôt que « Le monde est une bande de filous ».

Voilà un exemple explicatif de mon désintérêt envers LES philosophies au profit de LA philosophie. Ce que je trouve dans LES philosophies, ce sont de simples opinions et des croyances prise pour la vérité. Notez que je répond à cette citation par des « Je ne crois pas ». Face à une croyance, on croit ou on ne croit pas. Est-ce là une marche vers la vérité ?

Le titre de ce livre est bel bien « L’art de se connaître soi-même ». Or, l’autre demeure le seul révélateur de la connaissance de soi. Seul sur Terre, je ne peux pas me connaître. Si j’approche l’autre en le craignant, j’aurai donc une fausse connaissance de soi-même.

(…) Si pour les autres la véritable compréhension de ce que veut dire Plaute par son « homo bomini lupus »  [ « l’homme est un loup pour l’homme » ] est le produit du hasard, elle repose chez moi sur un instinct vital. On craint les bêtes dangereuses sans pour autant les haïr : j’ai la même attitude vis-à-vis des hommes. Je ne veux pas être un misanthrope mais un contempteur des hommes. Pour pouvoir mépriser ceux qui le méritent comme ils le mérite (c’est-à-dire les cinq sixièmes de l’humanité), il faut avant tout qu’on ne les haïsse pas. Il faut éviter de laisser monter la haine en soi. Car ce que l’on hait, on ne le méprise pas totalement. Ou, pour prendre les choses par l’autre bout : le moyen le plus simple d’éviter de haïr les hommes est de les mépriser. Mais alors de les mépriser radicale ment, ce à quoi on arrive quand on a une vision claire et nette de l’incroyable petitesse de leurs vues, de la colossale étroitesse de leur intelligence et de leur égoïsme dans fin de leur envie et de pure méchanceté, et parfois même de cruauté.

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, 17, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 66-67.

P.S. : Les notes en bas de page et les termes grecs originaux sont supprimés de la citation.

P.S.: Contempteur : Personne qui méprise, dénigre (qqn, qqch.). Source : Le Robert.

Comment Schopenhauer peut-il soutenir que ceux qui méritent d’être méprisés comme ils le mérite représente « les cinq sixièmes de l’humanité » ? A-t-il parcouru le monde, rencontré un échantillonnage suffisant scientifiquement pour se prononcer sur « les cinq sixièmes de l’humanité » ? Schopenhauer privilégiait sa solitude à toute socialisation. Il vivait en retrait du monde. Comment pouvait-il avoir une telle connaissance de l’humanité ?

Dans un monde composé pour les cinq sixièmes de voyous ou bien de fous et d’imbéciles, tout individu du sixième restant devra, dans une mesure qui croît avec la distance le séparant des autres, nécessairement fonder l’organisation de sa vie sur le retrait du monde. Plus il vivra loin du monde, mieux ce sera. La conviction que le monde est une contrée désertique où il ne faut pas compter sur la compagnie des hommes doit devenir un sentiment profond, rentrer dans son caractère. (…)

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, 18, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, p. 68.

Un jour, un pasteur m’a dit que la lumière ne brille pas au soleil dans le noir. Comment un homme en retrait du monde peut-il alors prétendre éclairer ce monde ?

Schopenhauer garde le cap en se référant à Heinrich von Kleist, écrivain prussien, poète, dramaturge et essayiste.

(…) Kleist ne dit rien d’autre quand il chante les louanges de Schiller :

« Un homme véritable doit se tenir loin des hommes »

Dans un monde si bassement commun, tout ce qui échappe au commun est appelé à s’isoler, et ne s’est pas privé de le faire. Plus on peut se soustraire à la compagnie des hommes, mieux on s’en trouve. Il faut que celui qui ressent un besoin de compagnie agisse avec les hommes dans l’état où ils sont en s’inspirant de l’attitude de celui qui meurt de faim et laisse sans y toucher une herbe non comestible, peut-être même toxique. Et c’est de ce fait un rare et grand bonheur que d’être suffisamment riche de sa propre personne pour ne pas être poussé par l’ennui et la lassitude vis-à-vis soi-même à recherche la compagnie des hommes, dont même le noble et doux Pétrarque que dit :

« Car l'homme est non seulement un être vil et répugnant, mais aussi — je le dis avec déplaisir, ah si seulement l'expérience ne l'avait pas montré et ne continuait à le montrer largement ! — un être nuisible, inconstant, infidèle, traître, sauvage et cruel. »

Pétrarque
De vita solitaria, praefatio

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, 18, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, pp. 69-70.

Schopenhauer s’est-il demandé : « Pourquoi tous les hommes ne sont-ils tous pas comme moi, un homme véritable ? » Il me semble qu’il y a un rejet des différences dans sa critique de l’homme. Est-ce que tout homme qui n’est pas comme moi est à rejeter, à traiter d’être vil, répugnant, nuisible, inconstant, infidèle, traître, sauvage et cruel ? Du fin fond de ma solitude, coupé de tout contact avec les hommes, que puis-je observer de l’autre ?

Pour Schopenhauer, il n’est pas question de laisser l’autre nous révéler qui on est.

(…) Du comportement que les autres ont vis-à-vis de nous, nous ne devrions surtout pas apprendre et déduire qui nous sommes, mais qui ils sont eux. (…)

SCHOPENHAUER, Arthur, L’art de se connaître soi-même, 20, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2015, p. 78.

En opposition à la position d’Arthur Schopenhauer, voici quelques citations tirées de l’œuvre d’Albert Jacquard :

Respecter autrui, c’est le considérer comme une partie de soi, ce qui correspond à une évidence si l’on accepte la définition : je suis les liens que je tisse avec d’autres.

 * * *

L’autre est différent, certes. Il ne s’agit pas de nier cette différence, ou de prétendre l’oublier, mais d’en tirer parti. Car la vie se nourrit de différences; l’uniformité mène à la mort.

 * * *

La véritable activité de l’homme consiste à se construire soi-même en rencontrant les autres.

 * * *

Il faut prendre conscience de l’apport d’autrui, d’autant plus riche que la différence avec soi-même est plus grande.

 * * *

Albert Jacquard

Source : Citation du jour, Ouest France.


AUTRUI

En quel sens ai-je besoin d’autrui
pour être conscient de moi-même ?

Extrait de « Autrui », Guillaume Nicaise, 19 octobre 2015.

« Pour Hobbes, j’ai besoin d’autrui parce qu’il est dans la nature humaine de désirer qu’autrui admette ma supériorité. La nature humaine révèle donc un désir de pouvoir sur autrui. Hegel juge cette thèse insuffisante, car Hobbes suppose une nature humaine antérieure à la rencontre d’autrui. Mais selon Hegel, je ne suis homme que si l’on m’accorde ce statut. Le désir de pouvoir, et donc le besoin d’autrui n’est pas seulement révélateur, mais bien constitutif de mon humanité.4

Pour Husserl, la visée d’autrui est en soi spécifique et diffère de la visée de tout autre objet intentionnel, parce que je sais qu’autrui me voit le voir : autrui est bien un objet de ma perception parmi tous les autres, mais il diffère de tous les autres objets parce que je suis moi- même un objet de sa perception. Il est vrai que c’est également le cas avec les animaux : mais même si je sais qu’un animal me voit lorsque je le regarde, je ne sais pas quel sens il peut bien donner à cette perception.

Face à autrui, je peux m’assurer de la signification qu’il donne à ce qu’il voit de moi par le langage : parce qu’autrui peut me parler, je suis face à lui en situation de compréhension réciproque. Paresser lorsqu’on a du travail sous le regard de son chien n’est pas un problème ; mais si autrui me voit dans cette situation, j’en suis gêné, parce que je sais le sens qu’il donne à mon comportement. Autrui n’est donc pas celui qui a des devoirs envers moi ; c’est bien plutôt moi qui ai toujours des devoirs envers lui, parce que c’est aussi à travers lui que je me juge.

Quel est le sens de la thèse de Hegel ? Selon Hegel, l’humanité ne nous est pas donnée à la naissance, au contraire, elle est gagnée si nous voyons autrui nous l’accorder, car c’est lui qui me donne le statut d’être humain. Il faut le miroir de l’autre pour que la conscience de nous- même ne soit pas une illusion : ce qui différencie le fou qui se prend pour Napoléon, et Napoléon lui-même, c’est qu’autrui ne reconnaît pas que le fou est ce qu’il croit être. Or, la reconnaissance par l’autre ne passe pas simplement par la reconnaissance de l’autre : tel est le véritable sens de la dialectique du maître et de l’esclave. Qu’est-ce que la reconnaissance d’autrui ? Je reconnais autrui comme un homme, et en échange, il fait de même. Hegel va montrer en quoi cette thèse est absurde : si je cesse de dominer autrui, si je le reconnais comme un autre homme, alors, c’est lui qui va me dominer. La reconnaissance est donc pour Hegel « une rivalité à mort » dont l’enjeu est le choix entre la vie et la liberté. Dans la lutte pour la reconnaissance, l’esclave est le premier à lâcher prise : il préfère abandonner sa liberté plutôt que de risquer sa vie. Le maître arrive donc à obliger l’autre à le reconnaître comme étant un homme, c’est-à-dire comme étant libre ; et en acceptant de reconnaître le maître, l’esclave accepte d’être asservi, c’est-à-dire de ne pas être lui-même reconnu comme homme. Selon Hegel, c’est finalement le maître qui devient inhumain en refusant le statut d’homme à l’esclave. Il est en réalité esclave de son désir qui l’enchaîne au plaisir. Faisant d’autrui un moyen d’assouvir ses désirs, et non une fin en soi, le maître méconnaît la liberté véritable : je ne suis vraiment libre que si je reconnais autrui, malgré toutes ses différences, comme étant le même que moi.

La moralité ne se fonde donc pas sur un prétendu « droit à la différence », bien au contraire : c’est parce qu’autrui, malgré ses différences, appartient au même, c’est-à-dire à l’humanité, que j’ai des devoirs moraux envers lui ; c’est pourquoi Rousseau faisait de la pitié, sentiment naturel par lequel je m’identifie aux souffrances d’autrui, le fondement de la moralité. Rousseau pose la pitié, ou compassion suscitée par le malheur d’autrui, comme le sentiment caractéristique de la nature humaine. La tradition philosophique insiste en général davantage sur l’ambivalence de ce sentiment, qui permet d’asseoir sa domination sur autrui. En effet, cette tendance humanitariste à considérer l’autre comme un être en souffrance ayant besoin de moi pose un rapport équivoque qui peut cautionner un rapport de domination (celui qui souffre et qui est dans le besoin est alors un être inférieur à moi). En outre, cette affection pour l’autre ne suppose pas nécessairement une véritable sortie de soi. Or sans celle-ci, il est vain de croire qu’il puisse y avoir position d’autrui comme une altérité irréductible à soi, il peut s’agir d’une simple projection de soi sur l’autre. Pour que l’autre soit posé dans son altérité, il faut transcender le pathos. Un sentiment plus noble serait donc de poser le mécanisme de solidarité sur la dignité humaine. »

Source : Autrui, Guillaume Nicaise, 19 octobre 2015.


À mon avis et contrairement à Arthur Schopenhauer, « L’art de la connaissance de soi-même » ne passe pas par le rejet de l’autre, l’isolement et la solitude mais plutôt par l’Autre comme révélateur de moi-même.

C’est bien là toute la difficulté avec LES philosophies et LA philosophie. Chacune DES philosophie est celle de son auteur ou celle d’un autre rapportée par un autre auteur. Ce sont des philosophies personnelles avancées sur la scène publique par leurs publications. Les lecteurs se retrouvent donc dans un débat d’opinion, un débat entre différentes philosophies personnelles. Chacun avance SA philosophie. C’est ainsi qu’on préfère certains philosophes à d’autres.

Quand à LA philosophie, elle ne concerne pas l’opinion philosophique personnelle, mais bel et bien la manière de penser cette opinion dans le respect des principes de la philosophie instaurés par Descartes (voir aussi ce document : Première partie : des principes de la connaissance humaine), et ce, par Amour de la Sagesse, comme connaissance du vrai et du bien, fondée sur la raison et sur l’expérience.

Ce que je connais par la raison et l’expérience, je peux librement le reconnaître comme vrai et fondé mais je me dois, pour philosopher, d’en douter et d’en questionner l’idéal supérieur de vie.

Je ne crois donc pas que le pessimisme avancé par Arthur Schopenhauer dans « L’art de se connaître soi-même » puisse être un idéal supérieur de vie.

Ce livre, comme tous les autres dont j’ai fait rapport de lecture, m’a aidé à mieux connaître en raison de ce qui a attiré et retenue mon attention. Je ne suis pas un pessimiste même si je m’amuse à envisager le pire pour m’y préparer au cas où.

J’accorde à ce livre une seule étoile sur cinq parce qu’il ne tient pas sa promesse en titre, c’est-à-dire d’enseigner ou de témoigner de « L’art de se connaître soi-même ».

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Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

Article # 92

J’AI LU POUR VOUS

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

(1883-1969)

Traduit par Jeanne Hersch

Collection 10-18

Date de parution : 3 décembre 2001

Format : 108 x 177 mm

Façonnage normé : POCHE

ISBN : 978-2-264-03444-1

Nombre de pages : 192

(Date de publication originale : 1936)

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J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien. Partant de la constatation primordiale de l’existence, le philosophe, échappant au réalisme matérialiste, doit rechercher les conditions du salut de l’homme, c’est-à-dire l’accomplissement de sa liberté. Cet accomplissement, Jaspers le situe en Dieu. Récusant donc la primauté de la science sur la métaphysique et la foi, Jaspers montre comment on peut, depuis Platon, déduire et construire un humanisme philosophique de la liberté.


TABLE DES MATIÈRES

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

II. Origines de la philosophie

III. L’Englobant

IV. L’idée de Dieu

V. L’exigence absolue

VI. L’Homme

VII. Le Monde

VIII. La Foi et les Lumières

IX. L’histoire de l’humanité

X. L’indépendance philosophique

XI. Le sens philosophique de la vie

XII. Histoire de la philosophie

Appendice (5)

I. — Remarques. Sur l’étude de la philosophie.

II. — Remarques. Sur les lectures philosophiques.

III. — Exposés. De l’histoire de la philosophie.

IV. — Textes.

V. — Les grandes œuvres.


EXTRAIT

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

A l’opposé des sciences, la pensée philosophique ne paraît pas non plus progresser. Nous en savons plus, certes, qu’Hippocrate, mais nous ne pouvons guère prétendre avoir dépassé Platon. C’est seulement son bagage scientifique qui est inférieur au nôtre. Pour ce qui est chez lui à proprement parler recherche philosophique, à peine l’avons-nous peut-être rattrapé.

Que, contrairement aux sciences, la philosophie sous toutes ses formes doive se passer du consensus unanime, voilà qui doit résider dans sa nature même. Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement ; il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être. Les connaissances scientifiques concernent des objets particuliers et ne sont nullement nécessaires à chacun. En philosophie, il y va de la totalité de l’être, qui importe à l’homme comme tel ; il y va d’une vérité qui, là où elle brille, atteint l’homme plus profondément que n’importe quel savoir scientifique.

L’élaboration d’une philosophie reste cependant liée aux sciences ; elle présuppose tout le progrès scientifique contemporain. Mais le sens de la philosophie a une autre origine : il surgit, avant toute science, là où des hommes s’éveillent.

Cette philosophie sans science présente quelques caractères remarquables :

1° Dans le domaine philosophique, presque chacun s’estime compétent. En science, on reconnaît que l’étude, l’entraînement, la méthode sont des conditions nécessaires à la compréhension ; en philosophie, au contraire, on a la prétention de s’y connaître et de pouvoir participer au débat, sans autre préparation. On appartient à la condition humaine, on a son destin propre, une expérience à soi, cela suffit, pense-t-on.

Il faut reconnaître le bien-fondé de cette exigence selon laquelle la philosophie doit être accessible à chacun. Ses voies les plus compliquées, celles que suivent les philosophes professionnels, n’ont de sens en effet que si elles finissent par rejoindre la condition d’homme ; et celle-ci se détermine d’après la manière dont on s’assure de l’être et de soi-même en lui.

2° La réflexion philosophique doit en tout temps jaillir de la source originelle du moi et tout homme doit s’y livrer lui-même.

Un signe admirable du fait que l’être humain trouve en soi la source de sa réflexion philosophique, ce sont les questions des enfants. On entend souvent, de leur bouche, des paroles dont le sens plonge directement dans les profondeurs philosophiques. En voici quelques exemples :

L’un dit avec étonnement : « J’essaie toujours de penser que je suis un autre, et je suis quand même toujours moi. » Il touche ainsi à ce qui constitue l’origine de toute certitude, la conscience de l’être dans la connaissance de soi. Il reste saisi devant l’énigme du moi, cette énigme que rien ne permet de résoudre. Il se tient là, devant cette limite, il interroge.

Un autre, qui écoutait l’histoire de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre … » demanda aussitôt : « Qu’y avait-il donc avant le commencement ? » Il découvrait ainsi que les questions s’engendrent à l’infini, que l’entendement ne connaît pas de borne à ses investigations et que, pour lui, il n’est pas de réponse vraiment concluante.

Une petite fille fait une promenade ; à l’entrée d’une clairière, on lui raconte des histoires d’elfes qui y dansent la nuit. « Mais pourtant, ils n’existent pas … » On lui parle alors des choses réelles, on lui fait observer le mouvement du soleil, on discute la question de savoir si c’est le soleil qui se meut ou la terre qui tourne, on produit les raisons de croire à la forme sphérique de la terre et à son mouvement de rotation … « Mais ce n’est pas vrai, dit la fillette en frappant du pied le sol, la terre ne bouge pas. Je ne crois que ce que je vois. » On lui réplique : « Alors tu ne crois pas au bon Dieu, tu ne le vois pas non plus. » La petite semble interloquée, puis déclare résolument : « S’il n’existait pas, nous ne serions pas là. » Elle avait été saisie d’étonnement devant la réalité du monde : il n’existe pas par lui-même. Et elle comprenait la différence qu’il y a entre un objet faisant partie du monde et une question concernant l’être et notre situation dans le tout.

Une autre enfant va faire une visite et monte un escalier. Elle prend conscience du fait que tout change sans cesse, que les choses s’écoulent et passent comme si elles n’avaient pas existé. « Mais il doit pourtant bien y avoir quelque chose de solide. Je monte maintenant, ici, un escalier pour aller chez ma tante, ça je veux le garder. » Sa surprise et sa frayeur devant l’écoulement universel et l’évanescence de tout lui faisaient chercher à tout prix une issue.

En collectionnant des remarques de ce genre, on pourrait constituer toute une philosophie enfantine. On alléguera peut-être que les enfants répètent ce qu’ils entendent de la bouche de leurs parents et des autres adultes ; cette objection est sans valeur lorsqu’il s’agit de pensées aussi sérieuses. On dira encore que ces enfants ne poussent pas plus loin la réflexion philosophique et que, par conséquent, il ne peut y avoir là chez eux que l’effet d’un hasard. On négligerait alors un fait : ils possèdent souvent une génialité qui se perd lorsqu’ils deviennent adultes. Tout se passe comme si, avec les années, nous entrions dans la prison des conventions et des opinions courantes, des dissimulations et des préjugés, perdant du même coup la spontanéité de l’enfant, réceptif à tout ce que lui apporte la vie qui se renouvelle pour lui à tout instant ; il sent, il voit, il interroge, puis tout cela lui échappe bientôt. Il laisse tomber dans l’oubli ce qui s’était un instant révélé à lui, et plus tard il sera surpris quand on lui racontera ce qu’il avait dit et demandé.

3° Une recherche philosophique jaillie de l’origine ne se manifeste pas seulement chez les petits, mais aussi chez les malades mentaux. Il semble parfois — rarement — que chez eux le bâillon de la dissimulation générale s’est relâché, et nous entendons alors parler la vérité. Au stade où des troubles mentaux commencent à se manifester, il arrive que se produisent des révélations métaphysiques saisissantes. Leur forme et leur langage, il est vrai, ne sont pas tels que, publiées, elles puissent prendre une signification objective, à moins de cas exceptionnels comme celui du poète Hölderlin ou du peintre Van Gogh. Mais lorsqu’on assiste à ce processus, on a malgré soi l’impression qu’un voile se déchire, celui sous lequel nous continuons, nous, notre vie ordinaire. Beaucoup de gens bien portants ont fait aussi l’expérience suivante : ils s’éveillent avec le sentiment d’avoir aperçu dans leur sommeil le sens de choses étrangement profondes, et celles-ci se dérobent au moment où ils sont parfaitement éveillés, en laissant seulement derrière elles une sensation d’impénétrabilité. Le dicton selon lequel « la vérité sort de la bouche des enfants et des fous » recèle un sens profond. Pourtant ce n’est pas là que réside l’originalité créatrice à laquelle nous devons les grandes pensées philosophiques ; elle est le fait d’un petit nombre de grands esprits, d’une fraîcheur et d’une indépendance exceptionnelles, surgis au cours des millénaires.

4° L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

Être en route et chercher, ou bien trouver la paix et l’achèvement d’un instant privilégié, ce ne sont pas là des définitions de la philosophie. La philosophie ne se situe ni au-dessus, ni à côté d’autre chose. Elle ne peut pas être dérivée. Toute philosophie se définit elle-même par sa réalisation. Ce qu’elle est, on ne peut le savoir que par l’expérience ; alors on voit qu’elle est à la fois l’accomplissement de la pensée vivante et la réflexion sur cette pensée, ou l’action et le commentaire de l’action. Seule l’expérience personnelle permet de percevoir ce qu’on peut trouver de philosophie dans le monde.

Nous pouvons recourir à d’autres formules pour exprimer la signification de la philosophie. Aucune n’épuise cette signification et aucune ne s’avère la seule. Dans l’antiquité, définissant la philosophie d’après son objet, on a dit qu’elle était connaissance des choses divines et humaines, ou de l’être en tant qu’être ; la définissant d’après son but, on a dit qu’elle était apprendre à mourir, ou qu’elle était la conquête, par la pensée, du bonheur, ou de la ressemblance divine ; la définissant enfin par ce qu’elle embrasse, on a dit qu’elle était le savoir de tout savoir, l’art de tous les arts, la science en général, qui ne se limite plus à tel ou tel domaine particulier.

Aujourd’hui, si l’on essaie de parler du sens de la philosophie, on pourrait peut-être recourir aux formules suivantes : elle tend à apercevoir la réalité originelle ; à saisir la réalité par la manière dont je me comporte envers moi-même quand je pense, par mon comportement intérieur ; à ouvrir notre être aux profondeurs de l’englobant (1) ; à assumer le risque de la communication d’homme à homme, par une vérité quelle qu’elle soit, en un combat fraternel ; à garder sa raison patiemment et inlassablement en éveil, même devant l’être le plus étranger, qui se ferme et se refuse.

La philosophie est ce qui ramène au centre où l’homme devient lui-même en s’insérant dans la réalité.

La philosophie, nous l’avons vu, peut atteindre tout homme, et même un enfant, sous la forme de quelques pensées simples et efficaces. Cependant, son élaboration est une tâche sans fin et sans cesse recommencée qui s’accomplit toujours sous la forme d’un tout actualisé. C’est ainsi qu’elle apparaît dans les œuvres des grands philosophes, et, sous forme d’écho, dans celles des philosophes mineurs. Aussi longtemps que les hommes seront des hommes, la conscience de cette tâche, sous quelque forme que ce soit, ne s’éteindra pas.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que la philosophie se trouve en butte à des attaques radicales ; on l’a rejetée en bloc comme superflue et nuisible. A quoi sert-elle ? Elle ne résiste pas devant l’angoisse.

La pensée autoritaire de l’Église a rejeté la philosophie en alléguant qu’elle éloigne de Dieu, qu’elle séduit l’âme et l’attache au siècle, qu’elle la corrompt en l’occupant de futilités ; la pensée politique totalitaire a reproché aux philosophes de s’être bornés à interpréter diversement le monde alors qu’il s’agit de le transformer. Toutes deux estiment la philosophie dangereuse : elle sape l’ordre, elle stimule l’esprit d’indépendance, et par là d’indignation et de révolte, elle trompe et détourne l’homme de sa tâche réelle. Force d’attraction d’un au-delà illuminé par le Dieu révélé, ou puissance d’un ici-bas sans Dieu, exigeant tout pour lui, toutes deux voudraient éteindre la philosophie.

A cela s’ajoute, imposée par la vie quotidienne et le bon sens, la simple norme de l’utilité, devant laquelle la philosophie se trouve impuissante. Thalès déjà, qui passe pour le plus ancien des philosophes grecs, a été moqué par sa servante qui l’avait vu tomber dans un puits alors qu’il observait le ciel étoilé. Pourquoi cherchait-il ce qui est si loin, lui si maladroit dans l’immédiat ?

La philosophie devrait donc se justifier. Et, précisément, c’est impossible. Elle ne peut citer pour sa justification aucune espèce d’utilité qui lui donnerait un droit à l’existence. Elle ne peut que se réclamer des forces qui poussent tout homme à philosopher. Elle sait qu’elle plaide une cause désintéressée, soustraite à tout calcul de profits et pertes dans le monde, qu’elle ne concerne que l’homme comme tel, et aussi qu’elle se poursuivra aussi longtemps qu’il y aura des hommes. Ses ennemis mêmes ne peuvent s’empêcher de donner une signification aux forces qu’ils lui opposent et de produire ainsi des systèmes intellectuels liés à une fin, des succédanés de philosophie, déterminés toutefois par le résultat qu’ils visent, tels le marxisme, le fascisme. Ces systèmes intellectuels, eux aussi, témoignent encore du caractère inéluctable de la philosophie. Elle est toujours là.

Elle ne peut pas combattre, elle ne peut pas se démontrer, mais seulement se communiquer. Elle ne résiste pas quand on la rejette, elle ne triomphe pas si on l’écoute. Elle vit dans la région unanime qui, dans les profondeurs de l’humanité, peut lier chacun avec tous.

Une philosophie de grand style et présentant une cohérence systématique existe depuis deux millénaires et demi en Occident, en Chine et aux Indes. C’est une grande tradition qui s’adresse à nous. La diversité des efforts philosophiques, les contradictions, les prétentions, réciproquement exclusives, à la vérité, ne sauraient empêcher qu’au fond il y ait quelque chose d’unique, que nul ne possède et autour de quoi tournent en tout temps toutes les recherches sérieuses : la philosophie une et éternelle, la philosophia perennis. C’est à ce fondement historique de notre pensée que nous sommes ramenés quand nous voulons que notre réflexion soit aussi claire que possible et qu’elle atteigne l’essentiel.

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)


REVUE DE PRESSE

Introduction à la philosophie – Karl Jaspers – PhiloLog

Jean-François Robinet, « Jaspers et son temps », Germanica [En ligne], 8 | 1990, mis en ligne le 27 novembre 2014, consulté le 12 mai 2024. URL : http://journals.openedition.org/germanica/2434 ; DOI : https://doi.org/10.4000/germanica.2434

The Theme of Existence in the Philosophy of Karl Jaspers.

Karl Jaspers, la faute et la responsabilité par Alain Brossat, Cahiers critiques de philosophie 2014/1 (n°13)2014/1 (n°13), pages 7 à 23

La tradition selon Karl Jaspers répond-elle aux besoins de notre temps ? – Jeanne Hersch

«La philosophie n’est pas tout à fait innocente», Hannah Arendt – Karl Jaspers


AU SUJET DE L’AUTEUR

Cette image provient d'une collection de la bibliothèque de l'École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d'une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.
Cette image provient d’une collection de la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d’une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.

Karl Jaspers

(1883-1969)

Karl Jaspers, né le 23 février 1883 à Oldenbourg et mort le 26 février 1969 à Bâle, est un psychiatre et philosophe germano-suisse représentatif de l’existentialisme. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. Il obtient la nationalité suisse en 1967. Wikipédia


Date/Lieu de naissance : 23 février 1883, Oldenbourg, Allemagne

Date de décès : 26 février 1969, Bâle, Suisse

Influences : Martin Heidegger, Hannah Arendt, Paul Ricœur, PLUS

Influencé(e) par : Emmanuel Kant, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, PLUS

Épouse : Gertrud Jaspers (m. 1910–1969)

Enseignement : Université de Heidelberg


Apports à la philosophie et la théologie

Karl Jaspers est le plus souvent associé au mouvement existentialiste, en partie en raison de ses idées issues des jalons posés par Friedrich Nietzsche et Søren Kierkegaard et en partie parce que le thème de la liberté individuelle occupe une large part de son travail. Dans Philosophie (1932), Jaspers donne son point de vue sur l’histoire de la philosophie et présente ses thèmes principaux. Commençant avec la science moderne et l’empirisme, il fait remarquer que pendant que l’on interroge la réalité, nous affrontons les limites de ce qu’une méthode scientifique ou empirique ne peut transcender. À cet instant, l’individu doit faire face à un choix : ou bien sombrer dans le désespoir et la résignation ou bien faire un pas vers ce que Jaspers nomme la Transcendance. En faisant ce pas, l’individu se confronte par induction à la limitation de sa propre liberté, qu’il appelle « Existenz », afin de pouvoir enfin ressentir une véritable existence. Wikipédia

Jaspers-Jahr 2008

Jaspers Society of Japan

Karl Jaspers Stiftung, Switzerland

Polskie Towarzystwo Karla Jaspera / Polish Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Gesellschaft, Oldenburg

Österreichische Karl-Jaspers-Gesellschaft / Austrian Karl Jaspers Society

Società Italiana Karl Jaspers / Italian Karl Jaspers Society

Hrvatsko Društvo « Karl Jaspers » / Croatian Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Society of North America

Karl Jaspers sur Philosophie Magazine

Karl Jaspers sur Wikipédia

Karl Jaspers sur L’Agora – une agora, une encyclopédie


Mon rapport de lecture

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins.

Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.


D’entrée de jeu, Karl Jaspers distingue la philosophie de la science.

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 5-6.

P.S.: Définition « Apodictique : Se dit d’un jugement ou d’une démonstration caractérisés par la nécessité logique et l’universalité. (Par opposition à assertorique.) Larousse.

Le simple fait historique se rapportant au développement de la philosophie en différentes écoles avec différents points de vue justifie le propos de Karl Jaspers à l’effet que : « On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif ». Il n’y a donc pas une philosophie qui supplante toutes les autres. On peut introduire l’idée de la liberté subjective d’adhésion à une ou des philosophies plus qu’une ou plusieurs autres.

Parlant de la philosophie sans science, il en relève « quelques caractères remarquable » dont celle-ci :

4. L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 10.


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Charles Robin, le Précepteur, fait écho à cette présence de la philosophie dans nos vies dans son livre « TOUS PHILOSOPHES ? L’inconscient philosophique de nos phrases de tous les jours » (offert gratuitement en format PDF).

Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !

Avant-propos

Honnie par les foules et combattue par les hommes de pouvoir, la philosophie est parfois obligée de trouver refuge dans les interstices du langage quotidien pour continuer à survivre. C’est de manière invisible (et imprévisible) qu’elle s’immisce dans nos paroles les plus triviales, au point, bien souvent, de nous laisser perplexes quant à la profondeur que certains esprits fantaisistes voudraient leur prêter.

Que notre lecteur soit prévenu : nous faisons partie de ces esprits-là !

ROBIN, Charles, Tous philosophes ?


Karl Jasper traite aussi de la dégénération de la philosophie en dogmatisme, un sujet qui me préoccupe grandement.

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

« Faire de la philosophie, c’est être en route. »

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 10-11.

Karl Jaspers écrit : « (…) l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession (…) ».

Je dévoile ma position face à la vérité dans mon article J’ai un problème avec la vérité :

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

GUAY, Serge-André, J’ai un problème avec la vérité, Observatoire de la philothérapie, 6 février 2023.


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Vérité (nom commun)

  • Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
  • Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
  • Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

« Concept majeur de la philosophie, mais dont la définition est controversée. Il n’y a d’accord unanime ni sur la nature du concept, ni la façon de le penser. La définition classique de la vérité ne fait pas consensus, et même ceux qui pourraient l’admettre ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. Globalement, la question « Qu’est ce que la vérité ? » reste ouverte, avant même de s’intéresser à toute question liée (valeur de la vérité, propos sur le futur, &c.). Ces difficultés philosophiques mises à part, la notion est très courante et son usage peut-être inévitable. »

Source : Vérité, Dico Philo. Fiche personnel : Vérité (PDF).


Karl Jaspers distingue nettement le commencement de l’origine de la philosophie. Si nous nous référons au commencement de la philosophie, nous nous situons dans le contexte historique avec toutes les obligation qui s’impose en tel cas. Si nous nous référons à l’origine de la philosophie, nous plongeons dans l’homme lui-même, à la source de son « impulsion à philosopher » :

L’histoire de la philosophie a commencé sous la forme d’un effort de pensée méthodique il y a deux mille cinq cents ans; sous la forme d’une pensée mythique, beaucoup plus tôt.

Mais un commencement, c’est autre chose qu’une origine : le commencement est historique et procure aux successeurs une quantité croissante de données fournies par le travail intellectuel déjà accompli. Tandis que l’origine, c’est la source d’où jaillit constamment l’impulsion à philosopher. C’est par elle seulement qu’une philosophie contemporaine devient quelque chose d’essentiel, par elle que l’on comprendra la philosophie du passé.

Cet élément originel est multiple. L’étonnement engendre l’interrogation et la connaissance; le doute au sujet de ce que l’on croit connaître engendre l’examen et la claire certitude ; le bouleversement de l’homme et le sentiment qu’il a d’être perdu l’amènent à s’interroger sur lui-même. (…)

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 15.

Karl Jasper souligne l’importance du doute « de ce que l’on croit connaître » et ça me plaît car le doute est le rempart contre le dogmatisme. Si vérité il y a, il faut en douter. La valeur de la vérité repose dans le doute.

Le doute devenu méthodique entraîne un examen critique de toute connaissance. D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. Mais ce qui est décisif, c’est de voir comment et où le doute lui-même permet de conquérir le fondement d’une certitude.

« D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. »

Quand je suis absorbé par la connaissance des objets dans le monde, par déploiement du doute qui doit me conduire à la certitude, je m’occupe des choses, je ne pense pas à moi, à mes fins, je suis content de m’oublier moi-même en acquérant ces nouvelles connaissances.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 17.

Vous connaissez peut-être cette question : « Quel est le bénéfice du doute ? » C’est la certitude, jusqu’au prochain doute. Rien n’est jamais acquis définitivement, en science comme en philosophie. Quant à la connaissance scientifique, elle s’érige sur la destruction du déjà-su, un exemple pour notre vie de tous les jours.

Puis vient le quatrième chapitre : « L’idée de dieu ». Notez qu’il est question que d’une « idée »., une idée sans preuve.

Les philosophes contemporains paraissent étudier volontiers le problème de l’existence de Dieu. Ils n’affirment pas sa réalité, ils ne la nient pas non plus. Mais quiconque fait de la philosophie doit en parler. Quand Dieu est mis en doute, le philosophe doit donner réponse : ou alors c’est qu’il ne sort pas de la philosophie sceptique dans laquelle on ne peut jamais faire aucune déclaration, rien n’affirmer ni rien nier. Ou bien encore c’est qu’il s’en tient à un savoir concernant des objets définis et qu’il cesse de philosopher en disant : « Il ne faut pas parler de ce qu’on ne peut savoir. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 41.

Ces propos au sujet des philosophes doutant de l’idée de Dieu m’apparaissent quelque peu réducteur. Il n’y a pas que les « ou alors » et les « ou bien ». La diversité des argumentations autours de l’existence de dieu va bien au-delà des deux attitudes mentionnées par Karl Jaspers dans son texte.


Secticisme

Courant de pensée qui estime que la vérité est inaccessible et qu’il faut donc adopter une attitude critique à l’égard de toutes les opinions dogmatiques en les « examinant » (skeptikos signifiant « celui qui examine » en grec).

Source : Philosophie Magazine.


Karl Jaspers exprime-t-il une opinion dogmatique ? Toute foi m’apparaît comme une source de dogmatisme.

(…) alors vient le principe inverse : la réfutation de toutes les preuves de l’existence de Dieu signifie qu’il n’y a pas de Dieu.

Cette déduction est fausse. En effet, si on ne peut pas prouver l’existence de Dieu, on ne peut pas davantage prouver son inexistence. Les preuves et leurs réfutations ne montrent que ceci : un Dieu prouvé n’est pas Dieu; il ne serait qu’une chose dans le monde.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 42.

Wow ! Il y a impossibilité de prouver Dieu. Peut-on prouver une idée ?

Mais d’où vient cette foi ? Elle ne vient pas originellement des limites extrêmes de l’expérience dans le monde, mais de la liberté de l’homme. L’homme qui prend vraiment conscience de sa liberté acquiert en même temps la certitude de Dieu. La liberté et Dieu sont inséparables.

Je suis certain d’une chose : en tant qu’être libre, je n’existe pas par moi-même, mais je suis donné à moi-même en présent. En effet, je peux me manquer à moi-même,et je ne peux pas conquérir ma liberté par force. Lorsque je suis vraiment moi-même, je suis certain de ne pas l’être par moi-même. La liberté suprême, libre de toute emprise de la part du monde, se serait en même temps liée de la façon la plus profonde à la transcendance.

La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence. Je suis sûr que Dieu est, par la décision même qui me fait exister. Cette certitude ne permet pas d’enfermer Dieu dans une formule, mais de lui une présence pour l’existence.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 45.

La seule liberté que je vois dans tout cela, c’est la liberté de croire ou non en l’existence de Dieu. Ce n’est pas parce que je suis libre que Dieu existe. La liberté de l’homme ne vient pas de Dieu. D’ailleurs, à ce que je sache, Dieu n’est pas tellement friand de la liberté de ses sujets. Il encadre et ordonne. La foi ne trouve certainement pas sa source dans la liberté elle-même, si ce n’est, comme je le précisais, dans la liberté de croire ou non.

Et lorsque Karl Jaspers écrit « La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence », c’est encore discutable, discutable sans fin. Je n’ai pas choisi d’exister et ma liberté n’a rien d’absolu.

Il n’est pas besoin de fendre les cheveux en quatre pour comprendre que toute croyance n’a pas besoin de preuve. La croyance existe bel et bien mais ce à quoi l’on croit peut ou non exister; ce n’est que spéculation ou simple foi. Nous sommes dans l’imaginaire. C’est en cet imaginaire que je crois, que j’ai la foi.

Une autonomie absolue n’est pas possible. Quand nous pensons, nous sommes obligés de recourir à des intuitions qui doivent nous être données; sur le plan pratique, nous avons besoin des autres, d’un échange de services avec eux, qui rende possible notre vie. En tant qu’être libre, nous avons besoin d’autres êtres libres avec lesquels puisse s’établir la communication, qui seule nous permet, aux uns et aux autres, de devenir nous-mêmes. Il n’y a pas de liberté isolée. Là où la liberté existe, elle est aux prises avec la contrainte; et si celle-ci était complètement vaincue, si tous les obstacles tombaient, la liberté elle-même s’évanouirait.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, X. L’indépendance philosophique, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 123.

Je comprends que la liberté existe par ce qui la limite, les contraintes. Or, je me dois de répliquer aux propos de Karl Jaspers en ces mots : « Dieu est lui-même une idée contraignante ». Est-ce là la liberté dont il parlait dans son INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE ? La liberté, pour le Dieu unique de la Bible me semble correspondre à l’absence de la connaissance du bien et du mal. Mais est-ce parce qu’on n’a pas conscience du bien et du mal que nous en sommes exemptés ? Pour être libre du bien et du mal, il faut être contraint d’une manière ou d’une autre puisque la liberté n’existe pas sans contrainte.

Pour créer un « Arbre de la connaissance du bien et du mal », dieu doit connaître lui-même le bien et le mal. Il ordonne de ne pas manger les fruits de cet arbre. C’est une contrainte qui donne lieu à la liberté d’obéir ou non. La philosophie chrétienne de Karl Jaspers ne me semble pas adéquate.

Philosopher, c’est prendre la décision de faire jaillir à nouveau en soi la source vive, de retrouver le chemin de son for intérieur, de s’aider soi-même par une action intime, dans toute la mesure de ses forces.

Certes, ce qui prime dans la vie, sur le plan des réalités tangibles, ce sont les tâches objectives, c’est de répondre aux exigences de chaque jour. Mais l’homme qui veut avoir une conduite philosophique refuse de se contenter de ces obligations immédiates. Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité. Il prend au sérieux les échanges humains, l’expérience du bonheur et de la peine, de la réussite et de l’échec, de l’obscurité et du tourment. Refuser l’oubli pour assimiler profondément la vie, refuser le divertissement pour élaborer intérieurement l’expérience, ne pas considérer le passé comme résolu, mais au contraire l’éclairer toujours davantage, c’est la`une conduite philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XI. Le sens philosophique de la vie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 131.

Cette affirmation manque de respect : « Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité ». Travailler, se donner des buts définis, ce n’est pas être sur la voie de la démission. C’est être responsable et être responsable, c’est déjà une vie philosophique. Il n’y aucune culpabilité à avoir à mener un telle vie. La philosophie ne dort pas en notre for intérieur, c’est un mode de vie et le travail en est un. On peut s’adonner à ses activités quotidiennes avec philosophie (et ce sera déjà mieux que bien des philosophes de référence dans leur propre vie).

Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. On ne peut que l’imiter jusqu’à faire illusion. Nous n’avons pas, comme les croyants, de textes où nous puissions trouver la vérité absolue. C’est pourquoi nous aimons les textes anciens comme nous aimons les anciennes œuvres d’art. Nous nous plongeons dans la vérité des uns comme dans celle des autres, nous tendons la main vers eux. Mais il reste une distance, quelque chose d’inaccessible, et quelque chose d’inépuisable qui nous accompagne pourtant le long de notre vie; et il y a enfin quelque chose qui nous permet de faire le saut et de philosopher nous-mêmes face au présent.

« Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. »

En effet, la philosophie trouve son sens dans la présence. Nous n’avons qu’une seule réalité, ici et maintenant. Tout ce que nous esquivons par lâcheté ne se présentera plus; mais si nous nous prodiguons à la légère, nous perdrons l’être aussi. Chaque jour est précieux : un instant peut décider de tout.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XII. Histoire de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 155.

Je crois qu’on ne peut pas faire comme Socrate aujourd’hui compte tenu du temps présent, de notre époque, bien différente de celle dans laquelle évoluait Socrate. Il nous faut prendre en considération les différents contextes historiques et bien comprendre notre époque, notre culture et nos traditions pour offrir des consultations philosophiques ici et maintenant. Personne ne vous condamnera à mort et vous forcera a boire la ciguë. Vous devez être des êtres responsables du temps présent.

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J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre « INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE » de KARL JASPERS, et paru en 2001 chez Plon, coll. 10/18.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

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Article # 90

J’AI LU POUR VOUS

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Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch

Éditions Flammarion

Date de parution : 28 septembre 2022

136 x 210 mm, Broché

EAN : 9782080265715

ISBN : 9782080265715

Nombre de pages : 224

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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Êtes-vous sûr d’avoir raison ? de Gilles Vervisch et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Tout le monde pense avoir raison. Et s’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on peut faire confiance à la mauvaise foi de chacun pour défendre ses opinions lors des débats en famille ou sur les réseaux sociaux : vaccin, pass sanitaire, #MeToo, complotisme, climat, wokisme, politique, religion, etc.

J’y mettrais ma main au feu, ma tête à couper. Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? D’où nous viennent nos opinions et nos certitudes ? Pourquoi y sommes-nous tant attaché(e)s ? Et dans le fond, faut-il avoir raison ?

 * * *

Gilles Vervisch est agrégé de philosophie. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages qui tentent de rendre la philosophie accessible et ludique : Comment ai-je pu croire au Père Noël ? (Max Milo, 2009), Star Wars, la philo contre attaque (Le Passeur, 2015), Comment échapper à l’ennui du dimanche après-midi (Flammarion, 2020). En 2022, il s’est lancé dans le stand-up philosophique avec les spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ? car, comme ne disait pas du tout Montaigne, philosopher, c’est apprendre à mieux rire.


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

Remerciements


EXTRAIT

« Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion. »

Arthur Schopenhauer

Avertissement

Cet essai est l’adaptation du spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, un stand-up philosophique (ou one-man-show philo) écrit par Gilles Vervisch et joué pour la première fois le 16 mars 2022 au Théâtre de Dix Heures, à Paris.

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INTRODUCTION

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison ! Vous, moi… Même si moi, c’est vrai : j’ai raison ! Alors que vous… c’est moins sûr.

Mes goûts et mes couleurs sont les meilleurs ; mes valeurs morales, mes croyances, mes convictions politiques sont les bonnes.

Tout le monde pense avoir raison, c’est naturel. C’est scientifique, même : ce sont les lois de la physique : ce que je ne supporte pas en voiture, par exemple, ce sont les chauffards qui roulent trop vite et qui me collent en faisant des appels de phares pour me faire signe de me rabattre ; comme si leur temps était plus précieux que le mien, genre « moi, je travaille ! ». Eh bien moi aussi, je travaille : je pars au lycée. On devrait leur retirer le permis de conduire ! Ils méritent la peine de mort, même. Mais que fait la police ?

Mais ce que je supporte encore moins, c’est le type qui se traîne – sur la file de gauche, en plus. Alors moi, forcément, je le colle un peu, et je lui fais des appels de phares pour qu’il se rabatte. Il n’a qu’à pas prendre l’autoroute s’il est trop lent ! Vous le voyez : quelle est la bonne vitesse ? Vous me direz : c’est la vitesse maximale autorisée. Mais non, ce serait trop simple ! Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) derrière une voiture qui respecte scrupuleusement les limitations de vitesse, sur une route nationale ? Qui roule à 90 kilomètres à l’heure ou pire, à 80 kilomètres à l’heure ? C’est vraiment très lent ! Et comme ça ne suffit pas, elle décélère encore à 70 kilomètres à l’heure parce qu’il y a un panneau, avant de rouler à 50 kilomètres à l’heure en traversant un village ! Rien n’est plus énervant. Donc, la bonne vitesse, ni trop rapide ni trop lente, c’est plutôt la mienne ! En voiture comme ailleurs, j’ai toujours raison, et les autres ont tort : celui qui ne met pas son clignotant avant de tourner devant moi mérite quasiment la peine de mort, alors que moi, s’il m’arrive, bien malgré moi, une fois dans ma vie, de ne pas mettre mon clignotant, ce n’est pas si grave ! Et si je passe au feu rouge, j’ai mes raisons : « Il était orange très mûr. » Et si je grille un stop, j’ai bien regardé avant. Je me conduis exactement comme tous les chauffards, mais moi, j’ai raison. Parce que c’est moi.

Tout le monde pense avoir raison, c’est une question de référentiel : si je suis assis dans le TGV, mon voisin ne bouge pas ; nous sommes assis tous les deux, immobiles. En revanche, pour celui ou celle qui regarde passer le train, nous sommes en mouvement, très rapide, même, à plus de 300 kilomètres à l’heure. Qui a raison, qui a tort ? Impossible à dire. Pourquoi ce serait mieux d’être sur le quai que dans le train ? Comme il est tout aussi impossible de faire changer son point de vue à chacun : pour celui qui attend sur le quai, le TGV passe réellement à 300 kilomètres à l’heure devant lui, tandis que le passager assis dans le train est réellement assis, et ne bouge pas d’un pouce. Il dort, même.

Bien sûr que vous êtes sûr d’avoir raison. Tout le monde est sûr. Pensons à tous ces débats enflammés qui ont lieu – aujourd’hui, plus qu’hier, même – y compris et surtout sur les réseaux sociaux : en politique, à l’occasion des élections, entre les « macronistes » et les « mélenchonistes », les « lepénistes » et les « européistes » ; avec la crise du Covid, entre les anti-vax et les pro-vaccin, les pro et les anti-pass sanitaire ; les uns traitant les autres d’irresponsables ou d’égoïstes ; et ceux-ci traitant les premiers de liberticides ou de moutons. Sans parler des questions « sociétales » : féminisme, écologie, écoféminisme, #MeToo, wokisme, islamo-gauchisme, etc. D’Abad à Zemmour, tout est bon pour avoir raison.

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

Tout le monde pense avoir raison. Et en même temps, tout le monde peut se tromper. Vous savez quand on dit : « Je te parie un million d’euros que j’ai raison ! » D’ailleurs, plus on est prêt à parier… moins on en est sûr. Parce que personne ne vous réclamera un million d’euros. C’est trop. Alors qu’en pariant un restaurant, on risque bien de devoir le payer. Des fois, on est prêt à parier encore plus, à littéralement donner son corps à la science : « J’en mettrais ma main au feu » ou « ma tête à couper », et « mon œil »…

Manifestement, les convictions favorisent le don d’organes. Allez savoir pourquoi !

Il n’empêche que si j’avais vraiment perdu ma main, mon œil ou même ma tête à chaque fois que je m’étais trompé, il ne me resterait pas grand-chose. Il ne resterait plus au médecin légiste qu’à constater la somme de toutes mes erreurs au cours d’une autopsie : « Un corps sans mains, ni tête : voilà quelqu’un qui a passé sa vie à se tromper. »

Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? C’est ça la question. Pour y répondre, à l’occasion de ses Méditations métaphysiques, Descartes imagine qu’un « mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à le tromper1 ». Autrement dit : imaginez qu’un genre de Dieu qui n’a rien d’autre à faire de ses journées, passe son temps à me manipuler l’esprit, ou à me retourner le cerveau pour me faire entrer des choses fausses dans la tête : « 2 + 2 = 4 », « le ciel est bleu », « Marine Le Pen ne sera jamais élue présidente de la République », etc. Et si tout ce que je crois « dur comme fer » était faux ? Voilà bien un truc de philosophe, bien débile. D’ailleurs, on a appelé ça le doute « hyperbolique », parce qu’il exagère ! En même temps, il y a des choses que j’ai crues avec tellement de certitude que je n’imaginais même pas qu’il puisse en être autrement. Et pourtant, je me trompais. C’est ça le « malin génie » : la métaphore des fausses évidences, trompeuses, dont nous avons tous été victimes, un jour.

L’art d’avoir toujours raison

Dans un drôle d’article publié en décembre 2021, le journal Le Monde proposait : « Quatorze sujets de dispute pour animer votre réveillon2 ». On y retrouvait effectivement les classiques de notre époque : vaccin, pass sanitaire, écriture inclusive, #MeToo, réunions non mixtes, nucléaire, etc. Typiquement, les sujets « sensibles », pour ne pas dire tabous qu’il vaut mieux éviter d’aborder. Ou pas : le même article promet « de quoi mettre tout le monde en désaccord autour d’un bon repas ».

C’est vrai : pourquoi on discute ? À quoi servent les débats (d’opinion(s)), que ce soit en famille ou sur les réseaux sociaux ? Au mieux, le but est tout bonnement d’affirmer mon point de vue pour me faire entendre (et montrer que j’existe). Au pire, c’est de convaincre les autres – ou de les « persuader » – que j’ai raison pour les faire changer d’avis. Mais si chacun cherche à convertir les autres en partant du principe qu’il a raison, ça s’annule, et à la fin, tout le monde repart avec le petit avis qu’il avait apporté. Comme on le voit sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, un débat ne fait jamais changer d’avis, il fait changer d’amis : « Il n’est pas d’accord avec moi ? Je l’éjecte ! » Un de moins qui ne pense pas comme moi. Et à la fin, on se retrouve avec une liste d’amis bien propre, où tout le monde pense exactement la même chose, et s’envoie des fleurs et des articles qui confortent ses amis dans l’idée que décidément, on a bien raison de tous penser la même chose ; une certaine manière de se mettre d’accord, en éliminant tous ceux qui ne le sont pas. Enfin, ça, c’est sur Facebook. Sur Twitter, la tendance est plutôt aux haters, où le but, c’est bien de se disputer !

C’est ce qu’on ne comprend pas quand on cherche à mettre les gens d’accord. Ça les amuse ! Le but de la discussion n’est pas de s’entendre et de cheminer ensemble vers la contemplation de la vérité. On ferait quoi à la fin ? On s’ennuierait ! Non, le but, c’est de disputer. Comme l’écrit le philosophe Thomas Hobbes : « L’homme est un loup pour l’homme3. » Il aime la guerre. Il y en a même qui en font leur métier : « polémiste » ; du grec polemos, la « guerre ». (Suivez mon regard, je ne vise personne : son nom il le signe à la pointe du stylo, d’un Z qui ne veut pas dire « Zorro ».)

— Tu fais quoi dans la vie, toi ?

— Moi, je suis polémiste : je fous la merde. Sur n’importe quel sujet.

À cette fin, Le Monde offrait « les arguments des tenants du “pour” et du “contre”, avec une pincée de simplisme et une bonne rasade de mauvaise foi ». Un écho, sans doute, au fameux petit manuel d’Arthur Schopenhauer, L’Art d’avoir toujours raison. « Toujours », y compris et surtout quand on a tort : une liste de trente-huit « stratagèmes » (vocabulaire guerrier) pour l’emporter dans les joutes oratoires. « Avoir raison », non pas parce qu’on détient la vérité, mais parce qu’on met l’autre au tapis, par n’importe quel moyen, jusqu’à l’ultime stratagème : « Si on constate que l’adversaire nous est supérieur, et qu’on ne pourra pas avoir raison, on s’en prendra à sa personne par des attaques grossières et blessantes4. » C’est bien connu, quand on n’a plus d’argument, on s’insulte. Et Schopenhauer lui-même de citer à son tour Hobbes dans Le Citoyen : « Toute volupté de l’esprit, toute bonne humeur provient de ce qu’on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même. »

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. Une expression savante pour dire qu’on peut toujours se tromper. Dans « biais cognitif », il y a « biais », comme dans « biaisé » ; ce qui signifie qu’on pense de travers, non pas parce qu’on commet des erreurs ou qu’on se précipite, mais parce que c’est le fonctionnement normal de la pensée. Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

Soyons honnêtes : ça fait tellement de bien de penser et surtout, de dire du mal des gens ! « Ce sont là les véritables délices de la société » pour Hobbes. Et moi, je pense qu’on a plus de plaisir à dire du mal des gens qu’on n’aime pas, qu’à dire du bien des gens qu’on aime ; la « bienveillance », c’est chiant ! Pourquoi ? Parce que les gens « bien » qu’on admire, on se sent forcément inférieur à eux ; alors, on en parle cinq minutes, c’est bien ; on fait sa BA – bonne action – et, enfin ! On peut passer aux choses sérieuses :

— T’as vu ?! L’abbé Pierre ! C’est vraiment une belle personne ! C’est formidable, c’est admirable !

— Oh oui ! Mais tu veux pas qu’on parle de Zemmour, plutôt ?!

— Pourquoi ?

— Parce que je l’aime pas.

— T’as raison ! Rho, oui ! T’as vu ce qu’il a déclaré l’autre jour ?

Et là on s’amuse ! Et quand on a fini de tailler son costard à une personne, on passe à une autre : « Bon, on va dire du mal de qui, maintenant ? » D’où le conseil avisé de Hobbes « qui se retirait toujours le dernier d’une compagnie » : parce que si vous ne partez pas le dernier, et laissez un groupe sans vous, il y a fort à parier qu’on dira du mal de vous dès que vous aurez le dos tourné.

Notre intelligence a-t-elle ses instincts ?

Bien sûr, je peux toujours trouver des arguments pour défendre mon opinion : qu’il s’agisse de mes opinions politiques, de « gauche », de « droite » ; de mes valeurs morales – ou « sociétales » : pour ou contre le droit à l’avortement, la peine de mort, l’euthanasie, le féminisme, le wokisme, le vaccin, le pass sanitaire, etc. ; mes croyances religieuses, même – et surtout. Mais non ! Ce n’est pas après avoir pesé le pour et le contre, écouté les différentes parties et examiné les preuves que je me fais ma propre opinion ! On ne pense pas après avoir fait son enquête comme un juge d’instruction, ou alors, un juge qui enquêterait uniquement à charge : en fait, on a déjà son opinion, et ensuite, on cherche tous les arguments qui la confortent, en rejetant tous ceux qui la remettent en question. Henri Bergson le dit un peu autrement, dans un passage que je donne souvent aux élèves en début d’année, extrait de son Essai sur les données immédiates de la conscience : « Qu’il nous suffise de dire que l’ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions prouve assez que notre intelligence a ses instincts : et comment nous représenter ces instincts, sinon par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ? Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons mêmes par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter5. »

Si on me demande pourquoi je suis contre la peine de mort, par exemple, je peux bien trouver des arguments pour défendre ma conviction face aux autres. Mais, là encore, soyons honnêtes : ce ne sont pas ces arguments qui m’ont moi-même convaincu – à quelques exceptions près. D’ailleurs, en général, ces fameux arguments, je les invente ou du moins, je les improvise sur le moment, et je m’y accroche, un peu comme on peut se rattraper aux branches. Mais, dans le fond, je n’y avais jamais vraiment réfléchi, avant qu’on me demande mon avis ; ce qui ne m’empêche pas d’en avoir un, et même, d’en être certain. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été contre – ou pour. Alors d’où viennent, d’une part, mon opinion et d’autre part, ma conviction, puisque Bergson lui-même parle des « opinions auxquelles nous tenons le plus ». Mais on n’est pas d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on y a réfléchi. Ce serait même plutôt le contraire ! Ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger, du nom de deux psychologues qui ont montré qu’on était d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on n’y connaissait rien. C’est naturel ; le propre de l’ignorance, c’est de s’ignorer elle-même. C’est un peu l’allégorie de la caverne de Platon, que vous connaissez peut-être : des hommes sont prisonniers dans une caverne dont ils ne sont jamais sortis. Du coup, ils ignorent qu’ils sont dans une caverne, et qu’il existe une « vraie » réalité à l’extérieur. De la même manière, celui qui n’est jamais entré dans une bibliothèque ignore qu’il y a une infinité de livres qu’il n’a jamais lus ; comme celui qui n’a pas Netflix ignore qu’il y a une infinité de séries qu’il n’a jamais vues, et s’il s’agit de Stranger Things, c’est bien dommage ! Quoique, il en a sûrement entendu parler, vu que la bande-son a remis au goût du jour la chanson Running up that Hill de Kate Bush qui date de 1986, et qui s’est retrouvée en tête des charts en juin 2022, mais je m’éloigne… L’effet Dunning-Kruger, autrement dit, consiste à remarquer que plus on est ignorant, plus on est sûr d’avoir raison, et inversement : quand on s’y connaît, ne serait-ce qu’un peu, dans un domaine, on mesure le puits sans fond de connaissances qu’il reste à acquérir. Un biais « cognitif » que le philosophe (et scientifique) Étienne Klein rapproche de l’ultracrépidarianisme ou l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas, dans son excellent petit livre, Le Goût du vrai6. Ça, on en a entendu beaucoup pendant le Covid, « experts » et « citoyens », dire : « Je ne suis pas médecin, mais… j’aimerais bien quand même donner mon avis. » Un biais déjà pointé par Schopenhauer, d’ailleurs, qui remarque : « Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion7. »

D’où nous viennent alors nos opinions ? Là encore, soyons honnêtes : Platon, Descartes et même Bergson le disent, de notre éducation ; « pour ce que nous avons été enfants avant que d’être hommes8 », dit Descartes. On a tendance à adopter les convictions politiques de ses parents, ou sinon, de son milieu social. Et si vous étiez né(e) dans une famille qui pratiquait une – autre – religion, vous l’auriez sans doute adoptée. Et sinon, nos « opinions » nous viennent de notre « expérience » comme on dit, tout aussi peu fiable ; ce qu’on a vu ou vécu ou entendu, là encore, sans trop se poser de questions. Comme le dit Bergson : « Notre intelligence a ses instincts. » Remarquez qu’il est moins sévère qu’Étienne Klein ou même Descartes : nos opinions ne sont pas de simples idées reçues, des « on-dit » que j’ai crus bêtement. Sans réfléchir, oui, mais pas « sans raison ». Après tout, il y a des gens qui se construisent plutôt en « réaction » à leurs parents ou à leur milieu. Alors, pourquoi adhérer à une opinion plutôt qu’à une autre ?

Un de mes copains m’a donné un jour la réponse. Un copain de gauche – oui, j’ai des amis parmi ces gens-là. J’ai même des copains de droite, donc je ne suis pas sectaire. Ce copain de gauche – ancien militant de feu le PS – m’a dit : « Hier soir, je me suis retrouvé dans une soirée avec des gens de droite. On a un peu débattu, discuté. Et j’ai compris ! En fait, ce n’est pas une question d’idées, c’est eux : on n’avait rien en commun. » Et c’est à peu près ce que dit Bergson : si nous adhérons à une opinion plutôt qu’à une autre, c’est « par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ». Il dit autrement « que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées ». Image ou métaphore des couleurs que l’on retrouve bien dans les courants ou sensibilités politiques, souvent désignés en termes de « rouges », de « verts », de « bleus » ou de « noirs ». Un peu plus loin dans le livre, Bergson ajoute : « Que nous y avons vu, dès l’abord, quelque chose de nous9. » Si je suis sûr d’avoir raison, sans même avoir réfléchi, sans avoir discuté, c’est parce que l’idée correspond à ma personnalité ; parce que c’est moi ; et si je suis capable de répondre, de but en blanc, à une question sur la peine de mort, l’avortement ou le vaccin, c’est parce que l’ensemble de mes idées forme un système cohérent. Et c’est de ma personnalité qu’il est question, comme il en va de la question même : « Qui suis-je ? » On comprend que j’aie du mal à penser autrement, sinon à changer moi-même. C’est pour ça qu’il est si difficile de changer d’avis ; parce que c’est mon identité même qui est en jeu, là-dedans.

Pourtant, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : d’abord, parce que si je n’avais jamais changé d’avis, j’aurais toujours les mêmes idées qu’à trois ans – et je croirais encore au père Noël. Ensuite, si j’ai effectivement tort, il serait temps que je m’en rende compte, et que je sorte de la caverne.

Je préfère être en vie qu’avoir raison

Moi, je ne suis pas du tout philosophe ! Vraiment : je m’énerve tout le temps, surtout en voiture ; je suis la plupart de mes désirs sans aucun discernement ; j’ai des opinions un peu à la con. En plus, je ne comprends rien à la plupart des livres de philosophie que je lis, traînant un genre de syndrome de l’imposteur depuis toujours. J’ai en permanence l’impression que les autres sont plus forts en philosophie que moi.

Je ne suis pas du tout philosophe, sauf sur un truc ! Je ne m’attache pas du tout à mes idées. Je veux dire, je n’y tiens pas. Je veux dire : je ne tiens pas à avoir raison. De toute façon, à quoi ça sert ?

J’ai vu une dame, un jour, qui a manqué de se faire écraser sur un passage « protégé ». Elle a crié à la voiture : « Hey ! Le piéton est prioritaire ! » Ouais, et donc ? Donc, le passage « protégé » protège seulement mon droit : si je me fais écraser, j’avais le droit de passer. Donc, si je meurs, j’avais raison ! Si je suis mort, ça me fera une belle jambe – c’est le cas de le dire. Moi, je préfère être en vie qu’avoir raison.

Je ne tiens pas spécialement à avoir raison, et si quelqu’un me montre que j’ai tort, je lui dirai merci. Parce qu’effectivement, j’ai plus le souci de dire ou de penser la vérité que d’avoir raison. C’est ça, d’ailleurs, un vrai dialogue. C’est ainsi que Schopenhauer conclut son Art d’avoir toujours raison, avec une sorte de morale : les gens refusent bien souvent de discuter, ou sinon, ils font preuve de mauvaise foi ; en tout cas, il est bien difficile de remettre leurs certitudes en question ; de les faire « sortir de la caverne », comme je dis. Moralité : « Ne pas débattre avec le premier venu, mais uniquement avec des gens que l’on connaît, et dont on sait : qu’ils ont assez d’entendement pour ne pas débiter d’âneries et se voir infliger une défaite cuisante10. » Derrière les moqueries, on devine un genre d’éthique de la discussion, invitant chacun à faire preuve d’ouverture d’esprit, pour que le dialogue ne serve pas à rien.

Tout le monde peut se tromper. Et j’imagine que je ne suis pas le seul. C’est déjà bien de l’admettre ; alors, je vous propose un voyage introductif, pour ne pas dire initiatique, au cœur de la philosophie, en traitant, bien sûr, de sujets bien « polémiques », bien « sensibles », bien « abrasifs ». L’utilité première, si tant est qu’il y en ait une, c’est de remettre ses certitudes en question. Et si ça ne marche pas, on aura bien rigolé !

Et comme c’est d’abord dans le cadre d’une discussion ou d’un débat que l’on peut, ou non, « avoir raison », je me suis proposé d’illustrer toutes ces idées par des « dialogues ».

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AU SUJET DE L’AUTEUR

Gilles Vervisch

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Source de la photographie : AdGENCY EXPERTS

Présentation de Gilles Vervisch par l’éditeur

Né en 1974, à Rouen, Gilles Vervisch est agrégé de philosophie et enseigne dans un lycée de la région parisienne. Il essaie de rendre la philosophie à la fois ludique et accessible, dans des ouvrages comme Star Wars, la philo contre-attaque (Le Passeur, 2015), Peut-on réussir sans effort ni aucun talent ? (Le Passeur, 2018) ou encore Êtes-vous sûr d’avoir raison ? (Flammarion, 2022).

Source : Éditions Flammarion.


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Mon rapport de lecture

Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch, 2022

Éditions Flammarion

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Le lecteur de mes textes se souviendra de mon livre J’AIME PENSER et du sous-titre que je l’ai donné : « Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison. »

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Le sujet me passionne depuis mon adolescence. Né d’un père impliqué en politique et ayant lui-même un frère député à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada, j’ai vite constaté que chacun se donnait raison et qu’ils étaient les seuls à avoir raison. Autrement dit, impossible de placer un mot, d’avancer une autre opinion et encore moins de critiquer. J’ai même eu l’impression qu’être adulte procurait le pouvoir de se donner raison envers contre tous.

Puis, un jour, à la radio, l’animateur de mon émission préférée, déclara :

La lumière entre par les failles.

LANGUIRAND, Jacques, Par 4 chemins, Radio-Canada.

Je devais avoir 15 ans lorsque cette affirmation est venue à mes oreilles. L’animateur parlait des gens qui se donnent constamment raison. Il soutenaient que ces gens vivaient alors dans un système sans faille ne laissant entrer aucune lumière. Et si jamais une faille apparaissait, ils se dépêchaient à la colmater, même aveuglés par la lumière. Car lorsqu’on vit dans un système sans faille, on vit dans le noir et nos yeux perdent l’habitude de la lumière. Je vivais donc dans un monde où les gens, se donnant constamment raison, vivaient, sans le savoir, dans un système sans faille.

J’observais aussi que les gens ne se limitaient pas à se donner raison mais qu’il leur fallait aussi avancer leurs opinions avec une telle force de conviction qu’il fallait obligatoirement les croire, du moins ne pas les remettre en question.

À partir de cette prise de conscience, je me suis lancé en avant avec l’ouverture d’esprit nécessaire à l’évolution de mes idées : « Si vous avez une meilleure idée que la mienne, donnez-la moi vitre que je ne perde pas mon temps ». À l’adolescence, je n’avais pas pris l’habitude des opinions car j’avais tort avant d’ouvrir la bouche ; aussi bien me taire. En revanche, j’avais des idées à profusion sur lesquelles je développais et réalisais des projets. Pour le reste de l’histoire, il faut consulter mon curriculum vitae. En bref, j’ai passé une bonne partie de ma vie à vendre et à réaliser mes idées, puis à tester celles autres et enfin à diffuser les idées des auteurs de ma maison d’édition.


Ceci dit, vous comprenez toute l’attention que j’accorde à un livre dont le titre demande « ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? »

Gilles Vervisch donne le ton à son livre par cette épigraphe :

Rares sont les hommes capable de penser, mais tous son désireux d’avoir une opinion.

Arthur Schopenhauer

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 14.

Tout le monde pense avoir raison et tout le monde pense qu’il faut avoir raison. Je dirais même plus, comme les détectives Dupond et Dupont dans Tintin, pour avoir raison, il faut être certain. Mais, sans rire, je crois qu’avoir raison est désormais une question de confiance en soi. Plus on se donne raison, plus on a confiance en soi.

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 18.

L’orgueil ou la vanité ? Je n’y avais pas pensé. Est-ce que les gens qui se donnent raison font preuve d’orgueil : « Opinion très avantageuse qu’une personne a de sa propre valeur aux dépens de la considération due à autrui » (Dictionnaires Le Robert) ? Si oui, nous sommes dans le trouble jusqu’aux yeux. On n’y verra bientôt plus rien.

(…) Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 19.

C’est vrai : se donner raison implique que l’autre a tort. Mais je ne suis pas certain car en ce bas monde tout le monde peut avoir raison et se foutre complètement des autres.

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

« Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La question se pose d’abord dans le couple ! À commencer par les (nombreuses) disputes que l’on peut avoir avec son conjoint : « Et ta mère ! Oui, mais toi ! C’est çui qui dit qui y est ! » Tant et si bien qu’au bout d’un moment, se pose LA question : est-ce que je l’aime ? Est-ce que c’est la bonne — personne ? Jusqu’à se poser la question de son modèle de relation amoureuse : seule ou en couple ? ou à trois ? ou à plus ? En binôme non binaire ? ou trio LGBTTQIA+(1) ? Il en en va de son choix de vie, ce qui n’est pas rien ! Donc, on a raison de se demander si on est sûr d’avoir raison.

(1) Pour ceux et celles qui, comme moi, s’interrogent sur le sens si sigle LGBTTQIA+, il signifie : Lesbian, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel… et Plus si affinité ou plutôt « et toutes les catégories de personnes qui voudront revendiquer leur identité sexuelle qu’on ne connaît pas encore, car on ne sait de quoi demain sera fait, donc, il ne faut pas insulter l’avenir, vu qu’on en découvre tous les jours ». C’est ça qu’il veut dire le +.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 1, Flammarion, Paris, 2022, p. 32.

Ah ! Les disputes dans dans le couple : « Tu veux toujours avoir raison ! » « Non, c’est toi qui veut toujours avoir raison ! » « Bon, t’as raison ! On n’en parle plus. » Et je réplique finalement que « le but dans la vie n’est pas d’avoir raison » mais ça ne règle rien. Dire ce que l’on pense est une chose, avoir raison en est une autre.

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

(…) Bref, quand on dénonce le wokisme, on revendique le droit à discriminer en toute tranquillité : « On ne peut plus siffler une femme dans la rue sans se faire traiter de violeur ! On ne peut même plus dire que les Arabes sont tous des voleurs sans se faire traiter de raciste ! On ne peut plus dire que les homos, c’est tous des pédés ! Pis c’est quoi ces écritures inclusives ! Ces gens qu’on pas de genre ! On ne peut plus rien dire ! »

En même temps, c’est vrai qu’on ne peut plus rien dire…

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 2, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

Si on ne peut plus rien dire, rien n’empêche qu’on peut tout penser : « Penses ce tu voudras mais garde-le pour toi ». Vivre dans sa tête et son cœur sans ne rien dire. Et quand à dire des niaiseries, ne dis rien ! Les gens sont devenus hypersensibles à défaut d’intelligents, de raisonnables. On parle même de l’intelligence émotionnelle ! Mais l’autre intelligence, on s’en souci ?


EN MARGE

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DEMAIN, TOUS CRÉTINS ?

Un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry De Lestrade

Baisse du QI, multiplication du nombre d’enfants atteints d’hyperactivité ou souffrant de troubles de l’apprentissage : les tests les plus sérieux révèlent ce qui paraissait inimaginable il y a 20 ans : le déclin des capacités intellectuelles humaines. Serions nous entrés dans une sorte « d’évolution à l’envers » ? La question est posée par d’éminents chercheurs. Au banc des accusés, les perturbateurs endocriniens qui ont envahi notre quotidien et menacent les cerveaux des bébés. Révélations sur un phénomène inquiétant. (Et conseils pour protéger les générations futures !).

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Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

(…) C’est ça, le truc, quand on demande : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La vérité, c’est vaut mieux ne jamais être sûr d’avoir raison. On a l’habitude de dire « Le diable se cache dans les détails », mais c’est plutôt que le diable se cache dans les certitudes. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

La connaissance scientifique se bâtit sur les ruines du déjà-su. C’est donc dire que la connaissance scientifique, pour être scientifique, ne doit jamais être prise définitivement pour vrai. Une connaissance scientifique, c’est une connaissance ouverte à la remise en question jusqu’à sa destruction par une autre connaissance dont la vérité prévaut sur l’ancienne jusqu’à ce qu’une autre connaissance vienne à tour la remette en cause et ainsi de suite se bâtit la connaissance scientifique. Sans cette approche qui autorise le doute de toute certitude, la science n’aurait accumulée aucune connaissance. Pourquoi n’en irait-il pas ainsi dans notre propre vie ? Le doute, c’est la faille par laquelle la lumière entre et nous éclaire. Je peux avoir confiance en moi, une confiance pleine et entière, QUE SI JE DOUTE ! Sans le doute, pas d’intelligence ! Le doute est la valeur ultime et fondamentale de mon intelligence. Le bénéfice du doute, c’est la certitude dont je doute !


C’est ce qui me fait dire que les deux critères essentiels de l’intelligence, c’est le doute et le sens de l’humour. Enfin, il a y toujours des débats, mais disons que ça rend un peu moins con, et que si vous avez au moins un des deux, ça vous sauve un peu ; ça permet déjà de discuter. La doute, ça consiste à pouvoir se remettre en question ; ne jamais être sûr d’avoir raison. L’humour, rire de soi, surtout, ne pas se prendre trop au sérieux, c’est un peu pareil ; le doute et l’humour, c’est la capacité à pouvoir prendre un peu de recul, de distance par rapport à ce qu’on pense. Ça tombe bien, c’est à la mode : « On n’a pas assez de recul ! » Et à quoi ressemble quelqu’un qui n’a ni doute ni sens de l’humour ? Quelqu’un qui est sûr d’avoir raison et en plus, que ne veut surtout qu’on rigole ? À un fanatique religieux. À un intégriste.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 126.

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

(…) On distingue ainsi opinion, croyance et certitude : l’opinion, c’est ce que je pense sans en être moi-même tout à fait sût ; « je crois que… », mais « y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, etc. ». La certitude, de type scientifique, c’est quand on est sûr parce qu’on a des preuves. Entre les deux, il y a la croyance, c’est quand on est sûr : « croire à… », en particulier, en matière de religion, mais on ne peut pas le prouver. Le drame, c’est que la plupart de nos conviction se réduisent à des croyances qui cumulent les vices : on est sûr, et en même temps, on n’a aucune preuve, ce qui, de l’aveu de Russell, est quand même le plus courts chemin vers l’intolérance. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 152.

(…) D’ailleurs, à en croire Russell : « Les opinions auxquelles se mêle la passion sont celles qui ne peuvent jamais être soutenues par des bonnes raison ; le degré de passion mesure le manque de conviction rationnelle » (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 153.

(…) Plus nous sommes concernés par un sujet, plus nous sommes sûrs d’avoir raison, forcément ; et en même temps, moins notre certitude est justifiée. Un genre de biais cognitif dont il faudrait trouver le nom : plus nous sommes sûrs d’avoir raison, et plus nous risquons d’avoir tort, finalement. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, pp. 153-154.

J’ai une affirmation simple que je ne me lasse pas de répéter : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que nous pensons uniquement parce que nous le pensons ».

On retrouve une explication philosophique à notre subjectivité au cœur d’un livre sur le marketing:


Traduction libre

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Texte original

« We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it.

We say we judge objectively, but actually we react subjectively. We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


C’est clair : « En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas ». Ce qui attire et retient notre attention est un indice de notre subjectivité.


Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

(…) En bref, le propre de la démarche scientifique, c’est de ne jamais être sûr d’avoir raison, tout en faisant l’effort de montrer et démontrer ce qu’on affirme. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, p. 207.

Je le soulignais ci-dessus : il nous faut intégrer la démarche scientifique dans notre vie de tous les jours. Les opinions se fondent plus souvent qu’autrement au contact de l’information de surface. Nous ne prenons pas le temps de faire nos propres recherches. D’ailleurs, comme le souligne Gilles Vervisch nous n’avons pas le temps pour faire de telles recherches. Paradoxalement, sans recherche aucune, une majorité de gens sont opiniâtres (Tenace dans ses idées, ses résolutions. — Qui ne cède pas, que rien n’arrête. Opposition opiniâtre. Dictionnaires Le Robert).

L’opinion, dans la vie, n’est pas nécessaire. On ne meurt pas par absence d’opinion. Parce contre, on peut mourir par absence de savoir et de connaissance. J’appelle à l’acquisition et à l’expression de la connaissance, c’est-à-dire de l’expérience personnelle ou professionnelle du savoir.

Si le complotisme est une théorie, c’est aussi une idéologie. Une idéologie, c’est quoi ? C’est un peu l’inverse d’une théorie. Les deux sont censés expliquer la réalité. Saut que la théorie part de ce qu’on observe pour tenter d’en tirer une explication, faite d’un ensemble de lois qui fonctionnent les unes avec les autres ; comme la théorie de l’évolution ou la théorie de la relativité. À noter le caractère prudent ou hypothétique d’une théorie qui se veut vraie jusqu’à preuve du contraire. Je demande à vois. Je crois ce que je vois. L’idéologie, c’est l’inverse : je vois ce que je crois. On part de l’idée qu’on a — préjugé — pour essayer de la faire corresponde avec tout. Tout doit rentrer dedans, comme on voudrait faire entrer un carré dans un rond. Dans Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt définit l’idéologie comme « la logique des idées ». Dans ce sens, « la pensée idéologique s’affranchit de toute expérience » et « s’émancipe de la réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens, et affirme l’existence d’une réalité plus vraie qui se dissimule dernière les choses sensible » (1). Comme chez Platon ; comme dans Matrix. Ici, il faut reconnaître qu’il n’y a rien de rationnel dans l’idéologie (ou le complotisme). Elle se contente de projeter sa grille de lecture, sa théorie, sur tout.

« La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité ; elle s’efforce toujours d’injecter une signification secrète à tout événement public et tangible, et de faire soupçonner une intention secrète derrière tout acte politique public… Le concept d’hostilité est remplacé par celui de conspirations.(2) Il faut comprendre à quel point le complotiste qui se prétend septique — « moi je ne fais que poser des questions ; je demande à voir » — est fermé à la discussion. Non seulement il refuse les preuve qu’on lui montre, mais il refuse tellement la contradiction et les avis divergents qu’il y voir une intention maligne. L’adversaire ou le contradicteur devient un ennemi, qui ne peut pas penser autrement, sinon par des mauvaises intentions. (…)

(1) Arendt, Les Origines du totalitarisme, le système totalitaire, chapitre IV, trad. J.-L. Bourget, R. Davrieu et P. Lévy, Seuil, « Points essais », p. 298-299.

(2) Ibid., p.299.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, pp. 216-217.

Bien dit : « La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité (…) ». Par curiosité et simple divertissement, j’écoute parfois une des émissions de la série télévisée « Nos Ancêtres les extraterrestres » (« Ancient Aliens ») :

Cette série évoquant le passage d’extraterrestres sur la Terre ne laisse personne indifférent! On y analyse des preuves afin d’expliquer des phénomènes mystérieux, qu’ils se soient produits à l’ère des dinosaures ou de nos jours.

D’extraordinaires structures, de mystérieux artefacts, des observations d’étranges créatures; les indices d’une présence extraterrestre sur Terre – passée ou actuelle – continuent de faire surface! En Irlande, les légendes des fées font état d’êtres puissants et brillants descendus du ciel. Ces contes auraient-ils pu être inspirés par d’anciennes visites extraterrestres? Puis, un passage intrigant d’un texte ancien qui décrit des royaumes cachés sous la surface de la Terre dévoile-t-il que nous ne sommes pas seuls sur notre propre planète?

Source : Historia.

Cette série tient de l’hypothèse des « anciens astronautes » mise de l’avant dans les années 1960 par l’auteur à succès Erich von Daniken. » Il s’agit de pseudo-science complotiste ! Et je ne m’y fais pas. La série est rendu à sa vingtième saison ! C’est aberrant !


À LIRE

Mais comment peut-on croire une chose pareille ? LAURENT TESTOT, Sciences Humaines N° 149 – Mai 2004


L’une de mes connaissance est complotiste. Je l’écoute poliment. Je ne commente pas. Je garde silence. Je ne le confronte pas. Puis, j’introduis un sujet terre-à-terre pour détourner son attention du complot dont elle me parle. Je ne sais pas que faire d’autre. Il faut dire que « chat échaudé craint l’eau froide ». Un jour, un de mes proches, à qui je ne cessais de demander des preuves à chaque complot qu’il avançait a coupé subitement la conversation téléphonique. Dans un texto, il a ajouté « C’est moi la preuve ». J’ai compris, après des mois de cogitation, que ce « C’est moi la preuve » était alors une réponse intelligente. Car cette personnes n’avançait pas des faits mais des croyances et que les croyances n’ont pas besoin de preuve, si ce n’est la crédibilité de celui ou celle qui y adhère.



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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » de Gilles Vervisch, et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

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