Article # 132 – L’art de ne pas toujours avoir raison, Martin Desrosiers, Leméac Éditeur, 2024

J’ai lu pour vous

Sur cette page : un référencement du livre, des extraits de l’œuvre, une revue de presse, une présentation de l’auteur, des livres de l’auteur à télécharger gratuitement… Et MON RAPPORT DE LECTURE.

Martin Desrosiers

L’art de ne pas toujours avoir raison

Penser contre soi-même avec Montaigne

Leméac Éditeur

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Titre : L’art de ne pas toujours avoir raison

Collection : L’Inconvénient

Auteur : Martin Desrosiers (Professeur de philosophie)

Éditeur : Leméac (Editeur), 2024

ISBN EPUB : 9782760970618

ISBN Papier : 9782760994935

Nombre de pages : 112 pages

Publication : 25 septembre 2024


RÉSUMÉ SUR LE SITE WEB DE L’ÉDITEUR

RÉSUMÉ

Martin Desrosiers se demande comment retrouver les conditions d’un dialogue sain et constructif dans un contexte de forte polarisation et de guerre culturelle, où les médias sociaux servent davantage à conforter ses propres opinions qu’à les confronter à des idées autres, adverses. Il part du constat que la promesse annoncée par les réseaux sociaux au moment de leur lancement – servir la démocratie, encourager les échanges – s’avère jusqu’ici un échec.

Le titre de cet essai prend le contrepied du célèbre traité de Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison, et l’auteur y démontre qu’une grande partie de la philosophie moderne (et de son enseignement) sert malgré elle à former des rhéteurs habiles, capables de triompher de leur adversaire, bref de gagner une joute oratoire, sans égard pour la recherche de la vérité elle-même, qui se trouve pourtant au cœur de l’aventure philosophique. Si nous sommes bien formés dans l’art de persuader l’autre, si nous maîtrisons la logique de l’argumentation, nous sommes étrangement démunis quand vient le temps de nous laisser persuader par l’autre. Car le vrai dialogue, rappelle Desrosiers, renferme aussi la possibilité que nous ayons tort et que l’autre ait raison.

Pour retrouver le sens perdu du dialogue, l’auteur propose de revenir à la figure de Montaigne, le saint patron des essayistes. Il montre que le doute, l’humilité, l’écoute et le silence sont des vertus que Montaigne place au centre de sa recherche, et que nous aurions tout intérêt, à l’échelle individuelle aussi bien que collective, à cultiver.

À l’aide d’une écriture précise, cet essai éclaire le présent par le prisme du passé et enrichit notre compréhension du monde actuel par l’entremise d’une culture humaniste toujours pertinente. Ce livre intéressera toute personne soucieuse de comprendre pourquoi le dialogue est aujourd’hui si difficile, et qui voudrait apprendre à se disputer de manière plus productive.


QUATRIÈME DE COUVERTURE

Le dialogue démocratique est-il encore possible alors que les médias sociaux et la joute politique favorisent les réactions épidermiques et polarisantes ? Comment sortir du cul-de-sac dans lequel nous sommes coincés et apprendre à discuter d’enjeux sociaux de manière à la fois robuste, inclusive et productive ? Car si nous sommes enclins à vouloir persuader l’autre, nous sommes étrangement démunis quand vient le temps de l’écouter et de nous laisser convaincre. Pourtant, tout échange authentique suppose que nous puissions avoir tort.

Afin de se retrouver dans cette cacophonie, l’auteur propose, avec une lucidité pleine d’humour, une lecture fine de notre époque, de ses limites comme de ses promesses. Convoquant Montaigne, il montre à quel point l’humilité, l’ouverture, la souplesse, la curiosité et l’écoute sont des vertus intellectuelles précieuses, que nous aurions plus que jamais intérêt à cultiver.

Martin Desrosiers

Professeur de philosophie au collège Jean-de-Brébeuf, Martin Desrosiers a fait paraître des textes dans le journal Le Devoir. L’art de ne pas toujours avoir raison est son premier livre.

Source : Leméac éditeur.


TABLE DES MATIÈRES

1. L’obstineux et le philosophe

2. Démilitariser le dialogue

3. Le contrepoids de l’humilité

4. Montaigne, dégonfleur d’ego

5. Sortir de soi : l’ouverture comme vertu

6. Changer d’idée : la souplesse comme vertu

7. Rester attentif : la curiosité comme vertu

8. Apprendre à se taire : la générosité comme vertu

Épilogue


EXTRAIT DU TEXTE DU LIVRE

1. L’obstineux et la philosophe

« Nous sommes à un moment charnière dans le développement de notre communauté globale […] L’histoire est ponctuée de moments semblables. Nous avons fait des pas de géant en passant des tribus aux villes puis aux nations, et avons toujours réussi à nous épanouir, à atteindre le niveau suivant en construisant de nouvelles infrastructures […] C’est un honneur de partager cette aventure avec vous. Merci de faire partie de cette communauté, et merci de créer un monde plus ouvert et connecté. »

MARK ZUCKERBERG (notre traduction)

On nous avait promis un tout autre monde. Pendant au moins une décennie, de 2005 à 2015, tous les espoirs étaient permis : grâce au développement de ce qu’il était alors convenu d’appeler le web participatif, ou web social, nous devions créer un vaste réseau délibératif, plus ouvert, plus invitant, où chacun aurait enfin voix au chapitre. Le cyberespace se transformant en une immense place publique virtuelle, de meilleurs jours politiques étaient devant nous : jusqu’alors des ego atomisés, nous étions appelés à devenir les membres d’une grande et heureuse famille cybernétique qui, par- delà les anciennes frontières, pourraient discuter et délibérer en temps réel. « Inventez la presse à imprimer, et la démocratie devient inévitable », disait déjà Thomas Carlyle. L’histoire plus récente devait emprunter le même chemin : inventez les réseaux sociaux, et les atomes isolés d’hier deviendront, demain, des citoyens numériques avisés et engagés − une « communauté globale », dixit Zuckerberg. Les Anciens avaient leurs agoras et leurs forums, les Lumières avaient leurs salons et leurs cafés, nous aurions Twitter et Facebook. Entre la vidéo d’un chat avec un chapeau comique qui joue du piano et une photo de mon dernier osso buco, nous allions réinventer la démocratie.

On connaît la suite : les espoirs des prophètes du web 2.0 ont été brutalement déçus et, pour beaucoup, le fantasme de ce qu’on appelait encore sans rire la cyberdémocratie a viré au cauchemar. S’est installée, depuis, une suspicion généralisée à l’égard des nouvelles technologies (un techlash, selon le terme consacré), désormais tenues responsables de tous nos maux et malaises sociaux. Chroniqueurs et quidams, intellectuels et politiciens, tous s’entendent : le dérèglement de notre climat politique serait d’abord dû à l’emprise culturelle et psychologique des réseaux sociaux. La montée des discours haineux, du populisme et du conspirationnisme serait ainsi la rançon des « progrès » technologiques que l’on connaît. Alors que les plus modérés regrettent « l’art oublié du débat démocratique1 », les plus inquiets en sont à se demander si, dans ce « cauchemar à la Blade Runner 2 » que sont devenus les réseaux sociaux, la démocratie pourra même survivre3 − et, parmi eux, comble de l’ironie, certains collaborateurs de la première heure chez Facebook4.

Bien sûr, ces inquiétudes sont parfois aussi excessives que l’enthousiasme quasi messianique qui les a précédées. Elles tendent à nous faire oublier les bienfaits récréatifs des réseaux sociaux, qui facilitent comme jamais la construction de communautés d’intérêts et qui optimisent de manière extraordinairement efficace nos échanges avec nos proches (et nos moins proches). Cela dit, les critiques de ce genre visent juste lorsqu’elles mettent en cause les effets corrosifs des réseaux sociaux sur la qualité de nos discussions politiques et, plus exactement, sur notre capacité collective à entretenir une conversation démocratique libre et fructueuse. Les cris d’alarme sont stridents parce que l’enjeu est vital : lorsque le dialogue politique est entravé au point d’interdire tout échange digne de ce nom, il en va non seulement de la santé, mais de la survie même de nos démocraties. Si nous restons tous obstinément attachés à nos certitudes, et que les clivages politiques qui en résultent sont perçus, à tort plus qu’à raison, comme des gouffres insurmontables, le débat démocratique devient une guerre de tranchées sans issue. Chacun reste indéfiniment campé sur ses positions, parce que la moindre concession à l’ennemi est une compromission. Il ne reste alors plus qu’à nous autocongratuler de nos certitudes en lançant, du haut de notre supériorité morale, des grenades rhétoriques à nos adversaires.

Bien sûr, le dialogue démocratique ne peut pas se faire sans heurts. Il comporte nécessairement une dimension antagoniste. Seulement, il existe des conflits plus productifs que d’autres. Si nous nous retrouvons présentement dans une impasse, donc, c’est que nous ne savons pas nous disputer d’une manière qui soit à la fois robuste, inclusive et productive. La nuance est importante : notre problème ne tient pas tellement au fait que l’on se chicane trop, mais que l’on se chicane mal. En ce sens, il ne faut pas toujours s’effrayer de la présence de convictions politiques contradictoires dans l’espace public : après tout, ce qui distingue une société totalitaire d’une société démocratique, c’est justement la possibilité de créer une sphère de délibération publique dans laquelle s’entrechoquent des idées contraires. Il ne faudrait pas non plus s’émouvoir de la présence, dans ce même espace, d’idées trop « extrêmes », pour autant qu’elles ne cherchent pas à subvertir les règles du jeu démocratique : de toute manière, la radicalité est une catégorie bien relative, et les idées consensuelles d’aujourd’hui étaient, pas plus tard qu’hier, jugées irréalistes. Qu’il y ait chicane dans la cabane démocratique, c’est justement l’idée, mais que cette chicane soit véhémente au point de devenir irraisonnable et improductive, c’est le danger bien réel qui nous guette. Ainsi, si la polarisation politique, en général, n’est pas intrinsèquement problématique − le fait qu’il existe au sein de la société civile et de la classe politique des forces idéologiques plurielles et antagonistes, loin de constituer une menace pour l’avenir des démocraties, est plutôt la preuve de leur vitalité −, la polarisation affective 5, par contre, est autrement inquiétante : la tendance, partout présente sur les réseaux sociaux, à entretenir une animosité envers nos opposants idéologiques au point de présumer de leurs moindres intentions, d’exagérer les différences qui nous séparent et de les envisager comme des ennemis indignes de considération met fin au dialogue démocratique avant même qu’il ne commence. D’ailleurs, nul besoin de s’inventer des scénarios catastrophes, puisque les culture wars étatsuniennes peuvent déjà servir d’avertissement : non seulement l’hostilité affective qui oppose les démocrates aux républicains paralyse la vie politique en rendant presque impossible toute initiative transpartisane, et non seulement le spectre de la violence hante constamment le débat public, mais la conversation démocratique consiste essentiellement à rivaliser d’insultes et d’invectives. La démocratie meurt dans le silence, certes, mais elle peut tout aussi bien se perdre dans la cacophonie d’un dialogue de sourds.

Ce que j’évoque ici peut sembler une évidence. Et pourtant, j’ai mis beaucoup trop de temps à le comprendre. Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. Celui qui feint l’ouverture, mais qui, en réalité, souhaite secrètement mettre en échec la personne à qui il s’adresse. Celui qui, avec un mélange d’insécurité et d’arrogance, cherche avant tout la phrase assassine, la saillie cinglante, la pique acerbe. Celui qui balance aussi passivement qu’agressivement des énormités, puis qui s’étonne des réactions qu’il suscite (« C’est quoi le problème, je fais juste poser des questions ! »). Celui qui défend bec et ongles une position, mais sans trop y croire, pour le pur plaisir de la polémique. Celui qui adopte un ton inutilement combatif et convaincu, mais qui se scandalise dès que l’autre devient émotif. Celui qui interrompt, qui roule des yeux, qui soupire. Celui qui, au fond, veut surtout gagner. Et, oui, je dois aussi l’avouer : celui qui passe beaucoup trop de temps sur Twitter et Facebook à s’immiscer dans des débats stériles, non pas pour réfléchir et évoluer, mais pour marquer des points ou, par voyeurisme, pour guetter les réactions qu’il suscite. Pour tout dire, j’ai été celui qui consacre toutes ses énergies à toujours avoir raison, ou du (…)

Cet extrait est disponible sur le site web de LESLIBRAIRES.CA.


REVUE DE PRESSE

Discussion : comment sortir de sa chambre d’écho?
Pénélope, Radio-Canada, 7 janvier 2025.

Entrevue livre avec Martin Desrosiers pour L’art de ne pas avoir raison.
Il restera toujours la culture, 18 décembre 2024.


Pour une éthique de la discussion

L’art de dialoguer de manière constructive

Dans l’essai L’art de ne pas avoir toujours raison, Martin Desrosiers jette les bases d’une éthique de la discussion. L’enseignant de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf nous invite à redécouvrir des vertus intellectuelles essentielles à l’échange démocratique : l’humilité, l’ouverture, la curiosité et l’écoute. Un ouvrage à la fois précis et décontracté, qui offre un remède à la polarisation des idées.

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Apprendre à ne rien savoir ou presque

Paul Journet, La Presse

« Oh, tu devrais acheter ce livre pour ton ami… »

Publié le 4 janvier

Au Salon du livre de Montréal, Martin Desrosiers entendait souvent la remarque devant le présentoir de son excellent essai L’art de ne pas toujours avoir raison.

On connaît en effet tous quelqu’un qui gagnerait à découvrir les charmes insoupçonnés de l’humilité. Mais il y a une personne en priorité à qui chacun devrait offrir ce livre : soi-même.

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Opinions- Publié le 18 février

Dans le confort de ma chambre d’écho

Selon Martin Desrosiers, une chambre d’écho est « un espace discursif à l’intérieur duquel j’entends les voix de l’extérieur, mais, puisque je m’en méfie au point de ne leur accorder aucune crédibilité, je les déconsidère avant même qu’un quelconque dialogue puisse commencer ».

Le professeur de philosophie Martin Desrosiers fournit quelques pistes pour réussir à écouter « les voix de l’extérieur » et à reprendre le dialogue avec celles-ci.

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Débattre avec décence

Louis Cornellier, LE DEVOIR, 9 novembre 2024.

Nous sommes généralement convaincus d’avoir raison de penser ce que nous pensons. C’est normal. Dans le cas contraire, nous changerions d’idée. Personne ne veut être irrationnel. C’est la raison pour laquelle il est difficile de convaincre autrui.

Au moment où le débat s’enclenche, les participants ne sont pas idéologiquement vierges. Des opinions les habitent depuis longtemps, construites au gré des expériences, de l’éducation, des lectures et des rencontres. Ces convictions nous constituent, forment une part importante de notre identité, si bien qu’en changer devient presque impossible.

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L’art de ne pas toujours avoir raison

Sébastien St-Hilaire, LE DEVOIR, 11 février

Il y a des livres qui tombent entre nos mains au moment parfait. L’art de ne pas toujours avoir raison, de Martin Desrosiers, est un de ceux-là. Arrivé sous le sapin à Noël, ce court essai m’a immédiatement interpellé, car, depuis quelques années, je m’efforce de poser des questions plutôt que de donner mon opinion. Est-ce un signe de sagesse ou de lassitude ? J’ai mis de côté les autres ouvrages que je lisais pour le dévorer en quelques heures. Peut-être parce que, comme beaucoup d’entre nous, je trouve difficile de naviguer dans un monde polarisé, où chacun campe sur ses positions et sur ses croyances, convaincu d’avoir raison et refusant d’envisager une autre perspective.

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AU SUJET DE L’AUTEUR

Martin-Desrosiers-©-Annemarie-Baribeau
Martin-Desrosiers – © – Annemarie-Baribeau

Professeur de philosophie au collège Jean-de-Brébeuf, Martin Desrosiers a fait paraître des textes dans le journal Le Devoir. L’art de ne pas toujours avoir raison est son premier livre.

Une idée derrière la tête

Par Martin Desrosiers et Gabriel Malenfant

Balado philosophique animé par Martin Desrosiers et Gabriel Malenfant, professeurs au Collège Jean-de-Brébeuf. Ce balado s’adresse en premier lieu aux étudiant.es en philosophie du réseau collégial québécois, mais pourra plaire à quiconque a une idée derrière la tête.

Visiter le site web du balado

VOIR AUSSI

Les six lauréats du concours Philosopher 2021 « La popularité est-elle la nouvelle autorité? »


MON RAPPORT DE LECTURE

Martin Desrosiers

L’art de ne pas toujours avoir raison

Penser contre soi-même avec Montaigne

Dans « L’art de ne pas toujours avoir raison », le professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébœuf (Montréal, Québec), Martin Desrosiers, confesse son comportement sur les réseaux sociaux : « Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. »

OBSTINÉ, -ÉEa) Qui s’attache fermement, avec constance à une idée, à une conviction, à une résolution, à une entreprise. Synon. acharné, opiniâtre, persévérant, tenace. Adversaire, chercheur obstiné.Source : Obstineux, définition, Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL).

Ce que j’évoque ici peut sembler une évidence. Et pourtant, j’ai mis beaucoup trop de temps à le comprendre. Car j’ai été, je l’avoue, un ergoteur. Un obstineux. Celui qui feint l’ouverture, mais qui, en réalité, souhaite secrètement mettre en échec la personne à qui il s’adresse. Celui qui, avec un mélange d’insécurité et d’arrogance, cherche avant tout la phrase assassine, la saillie cinglante, la pique acerbe. Celui qui balance aussi passivement qu’agressivement des énormités, puis qui s’étonne des réactions qu’il suscite (« C’est quoi le problème, je fais juste poser des questions ! »). Celui qui défend bec et ongles une position, mais sans trop y croire, pour le pur plaisir de la polémique. Celui qui adopte un ton inutilement combatif et convaincu, mais qui se scandalise dès que l’autre devient émotif. Celui qui interrompt, qui roule des yeux, qui soupire. Celui qui, au fond, veut surtout gagner. Et, oui, je dois aussi l’avouer : celui qui passe beaucoup trop de temps sur Twitter et Facebook à s’immiscer dans des débats stériles, non pas pour réfléchir et évoluer, mais pour marquer des points ou, par voyeurisme, pour guetter les réactions qu’il suscite. Pour tout dire, j’ai été celui qui consacre toutes ses énergies à toujours avoir raison, ou du moins à en avoir l’air aux yeux d’autrui, et qui fait ainsi passer son ego avant son caractère intellectuel. Le problème avec l’obstineux que je fus naguère, ce n’est pas simplement qu’il pouvait être désagréable ou manquer de civilité : le problème, c’est que ses défauts faisaient carrément obstacle à la connaissance elle-même, en radant quasi impossible tout progrès ou toute compréhension mutuelle. J’étais loin d’être seul, et loin d’être le pire, mais j’ai trop longtemps joué dans ce mauvais film.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 12-13.

L’auteur pointe du doigt la formation en philosophie.

À ma décharge, ma formation en philosophie m’aura peut être ouvert la voie. C’est que trop souvent, pour ne pas dire presque toujours, ce qu’on pourrait appeler la dimension caractérologique de la pensée critique est passée sous silence, même et surtout chez ceux et celles qui, comme moi aujourd’hui, l’enseignent. Dans les cours de philosophie – du moins dans les cours d’introduction qui présentent les théories de l’argumentation -, l’accent est souvent mis, plutôt que sur le développement d’un caractère intellectuel, sur l’acquisition de compétences argumentatives : il s’agit, en gros, d’éviter les raisonnements fallacieux (sophismes et paralogismes) en assimilant de nouvelles connaissances théoriques (règle de l’inférence déductive et inductive), puis en maîtrisant de nouvelles techniques (la construction de raisonnements valides). C’est ainsi que l’on s’assure – du moins est-ce l’intention pédagogique, comme le précise de ministère de l’Éducation du Québec à l’intention des professeur•e•s de philosophie – du « respect des exigences de la rationalité dans l’argumentation7 ». Vaste programme, mais qui reste pourtant insuffisant. (…)

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NOTE

7 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Composantes de la formation générale, Québec, Bibliothèques et archives nationales du Québec, 2017, p. 18.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 13-14.

P.S. : Voici le lien vers le document en référence à la note 7.

Martin Desrosiers constate l’échec des réseaux sociaux ayant promis de « créer un monde plus ouvert et connecté » (Mark Zuckerberg).

On connaît la suite : les espoirs des prophètes du web 2.0 ont été brutalement déçus et, pour beaucoup, le fantasme de ce qu’on appelait encore sans rire la cyberdémocratie a viré au cauchemar. S’est installée, depuis, une suspicion généralisée à l’égard des nouvelles technologies (un techlash, selon le terme consacré), désormais tenues responsables de tous nos maux et malaises sociaux. Chroniqueurs et quidams, intellectuels et politiciens, tous s’entendent : le dérèglement de notre climat politique serait d’abord dû à l’emprise culturelle et psychologique des réseaux sociaux. La montée des discours haineux, du populisme et du conspirationnisme serait ainsi la rançon des « progrès » technologiques que l’on connaît. Alors que les plus modérés regrettent « l’art oublié du débat démocratique1 », les plus inquiets en sont à se demander si, dans ce « cauchemar à la Blade Runner2 » que sont devenus les réseaux sociaux, la démocratie pourra même survivre3 − et, parmi eux, comble de l’ironie, certains collaborateurs de la première heure chez Facebook4.

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NOTES

1Michael Sandel, The Lost Art of Democratic Debate (vidéo), TED Talk, 2010, 19 min 26 s. Voir aussi « L’art (presque perdu) du dialogue, numéro spécial de l’Inconvénient, no 83, 2001.

2Peter Pomeranstev, « The Web Is a Blade Runner Nightmare, but There Is a Way to Stem the Tide of Lies », The Guardian, 17 février 2023.

3 Nathaniel Persily, « Can Democracy Survive the Internet? », Journal of Democracy, vol. 28, No 2, 2017, P. 63-76

4 Roger McNamee, Facebook, une catastrophe annoncée, Lausanne, Quanto, 2019.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 8-9.


(…) Le nuance est importante : notre problème ne tient pas tellement au fait que l’on se chicane trop, mais que l’on se chicane mal. (…)

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 10.


Le fait d’être intellectuellement adroit n’a jamais été un gage de droiture intellectuelle. Mes aptitudes argumentatives ne garantissent aucunement que je sois un penseur constructif (dans mon rapport à moi-même). (…) Raison de plus pour ne pas confondre l’argumentateur habile et l’interlocuteur décent : on peut très bien être intelligent (au sens faible du terme) sans être intelligent (au sens fort du terme). Entre un provocateur professionnel et un véritable penseur, entre un arriviste de l’argumentation et un philosophe, il y a tout un monde.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 15-16.

Le professeur de philosophie Martin Desrosiers conclut en ces mots le premier chapitre de son essai :

En tant que professeur de philosophie, je n’ai plus envie de former des obstineux habiles que se servent de leur talent intellectuel pour mieux rationaliser leurs certitudes, ou pour affirmer leur ascendant sur les autres, ou pour épater la galerie numérique. J’ai envie de contribuer à une pensée qui, plutôt que de chercher par tous les moyens à s’imposer envers et contre les autres, est assez courageuse pour penser contre elle-même.

DESROSIERS, Martin, 1. L’obstineux et le philosophe, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 16.

Je savais déjà que nous visons dans un monde où tout un chacun se donne raison, s’enferme dans ses croyances, se barricade dans un système sans faille qui ne laisse pas entrer la lumière, mais je ne savais pas que l’enseignement de la philosophie au collégial contribuait un temps soit peu à cet état de fait. En fait, je croyais le contraire. Il faut certainement pas généraliser et mettre au banc des accusés l’ensemble de l’enseignement de la philosophie au collégial. Je suis accablé par la confession de ce professeur de philosophie. Je viens de me rendre compte que je m’illusionnais d’espoir sur l’enseignement de la philosophie. Je ne tenais pas compte de l’importance du caractère intellectuel propre à chaque professeur dans l’exercice de ses fonctions.

Aujourd’hui âgé de 68 ans, je vis depuis plus de cinquante ans avec l’idée que la lumière entre par les failles et qu’il ne sert à rien de se donner raison, c’est-à-dire de s’enferme dans le noir. Adolescent, je soutenais que si tu as une meilleure idée que la mienne, dépêches-toi de m’en faire part que je ne perdre pas mon temps avec une idée devenue désuète. Le comportement des adultes de mon entourage avait joué un rôle essentiel dans ma compréhension des aléas d’un système de penser sans faille. À un moment donné, j’ai même cru que de devenir adulte, c’était acquérir le pouvoir de se donner raison envers et contre tous, c’était du moins ce que je constatais autours de moi. Avoir raison ne me servirait à rien tout au long de ma vie. Je ne suis pas du genre à colmater en urgence toute faille dans mon système de penser et encore moins dans mes pensées elles-mêmes. Certes, j’avais de profondes convictions et des croyances que je mettais à l’épreuve, question de ne pas m’enfermer dans le noir et être à 68 ans ce que j’étais à 15 ans.

Aussi, j’ai très peu participé à des échanges sur les réseaux sociaux. Je n’ai donc pas été victime d’un détournement de mon caractère intellectuel. Je fuyais tout ce qui pouvait s’en approcher. M’obstiner pour M’obstiner ne m’a jamais intéressé. Et si je défendais un point de vue, c’était uniquement sur la base d’une expérience pratique de mes connaissances dans un domaine donné. Mes opinions n’avaient donc aucune valeur contrairement à mes connaissances. Ma vie se résume en trois étapes : 1. j’ai vendu mes idées (de solutions à des problèmes); 2. j’ai testé les idées des autres (pour aider à la prise de décision); 3. j’ai édité les idées des autres (pour donner droit au chapitre).

Si, à mon époque, les adultes donnaient l’impression qu’il fallait avoir raison pour être bien dans sa peau et soutenir ses convictions, aujourd’hui, les jeunes cherchent par eux-mêmes à avoir raison avec une étonnante force de conviction circulaire. Ils n’ont apparemment plus besoin de l’exemple des adultes. Les réseaux sociaux s’en chargent. Et je me désole de voir notre jeunesse dépendante des écrans sans souci aucun dans une ambiance de corridor.

Dans ce contexte, la prise de conscience et les efforts déployés par le professeur de philosophie Martin Desrosiers auprès de ses élèves et de la population des lecteurs sont plus que louables.

Il dénonce la polarisation extrême sur les réseaux sociaux, notamment dans le domaine de la politique. Il introduit le deuxième chapitre de son essai, Démilitariser le dialogue, en ces mots :

Comment revenir du précipice politique et apprendre à mieux dialoguer ? C’est là que les choses se corsent. Si à peu près tout le monde s’entend pour déplorer le climat délétère qui sévit sur les réseau sociaux, les avis divergent quand vient le temps d’en cerner les causes. Première hypothèse, plus sociologique : les espaces numériques dans lesquels la plupart de nos échanges politiques ont maintenant lieu son structurés de manière à nous conduite, nécessairement, au tribalisme idéologique. On se définit d’abord en choisissant un clan : nationaliste-anti-woke, vegan-intersectionnel, livre-penseur-empêcheur-de-tourner-en-rond, etc. C’est l’architecture même des réseaux sociaux qui serait en cause : non seulement le caractère public de nos échanges offre de forts incitatifs au fait de signifier ostentatoirement notre appartenance à une tribu politique en écrasant un membre de la tribu voisine ( de l’exogroupe envers et contre lequel nous nous définissons), mais les structures algorithmiques des réseaux sociaux nous enferment dans des chambres d’écho médiatiques à l’intérieur desquelles nous sommes continuellement réexposés à ce que nous savons et croyons déjà. (…)

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 17-18.

« Très intuitive, ajoute Martin Desrosiers, cette hypothèse reste tout de même fragile, du moins pour l’instant ». Il y a débat précise le professeur de philosophie : « Faute de consensus scientifique, technophile et technophobes peuvent facilement trouver de quoi justifier leurs présupposés respectifs. Ainsi le débat sur les chambres d’écho se déroule désormais… dans les chambres d’écho ».

(…) Nous n’avons peut-être pas « oublié » ou « perdu » l’art du débat démocratique, pour la simple raison que, n’ayant pas été formés en ce sens, nous ne l’avons jamais pratiqué. (…)

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 20.

Personnellement, j’ai été éduquer par des parents très impliqués dans une famille politique en raison de l’élection d’un frère de mon père à titre de député à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada, et ce, pendant vingt ans à compter des années 1960. À cette époque riche en débats contradictoires, nous apprenions vite les règles de l’art de la politique respectées dans les assemblées publiques entre les candidats. Oui au débat dans le plus grand respect de l’autre. Oui à l’argumentaire du meilleur programme politique. Non à la démolition de l’autre, du moins en public.

(…) D’où la première de deux intuitions qui ne serviront de fil conducteurs : notre capacité à réfléchir, discourir et débattre de manière fructueuse ne dépend pas d’abord de nos habiletés argumentatives, mais de nos habitudes et attitudes intellectuelles12. (…)

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NOTE

12 Je suis loin d’être le premier à défendre cette thèse. Ma position s’inspire très largement de la virtue epistemoloy (que je proposerais de traduire par « éthique des vertus épistémiques»), un courant contemporains en philosophie anglo-saxonne, malheureusement très peu connu dans le monde francophone, qui cherche à penser des habitudes et des attitudes favorisant la connaissance (des vertus épistémiques) et à identifier celles qui y font obstacle (des vices épistémique). Pour le texte fondateur de cette tradition, voir Linda Zagebski, Vertues of the Mind : An Inquiry into the Narure of Virtue ans the Ethical Foundation ok Knowledge, Cambridge, Cambridge University Press, 1996.

DESROSIERS, Martin, 2. Démilitariser le dialogue, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 22. P.S. : Le lien vers le livre mentionné dans la Note est de nous.

P.S. : Le lien vers le livre mentionné dans la Note est de nous.

1. Introduction à l’épistémologie de la vertu

L’épistémologie de la vertu est un ensemble d’approches récentes de l’épistémologie qui accordent aux concepts de vertu épistémique ou intellectuelle un rôle important et fondamental.

L’avènement de l’épistémologie de la vertu a été au moins partiellement inspiré par un renouveau assez récent de l’intérêt pour les concepts de vertu parmi les philosophes moraux (voir, par exemple, Crisp et Slote 1997). Notant cette influence de l’éthique, Ernest Sosa a introduit la notion de vertu intellectuelle dans le débat épistémologique contemporain dans un article de 1980 intitulé « The Raft and the Pyramid » (Le radeau et la pyramide). Sosa y soutenait qu’un appel à la vertu intellectuelle pourrait résoudre le conflit entre les fondamentalistes et les cohérentistes sur la structure de la justification épistémique. Depuis la publication de l’article de Sosa, plusieurs épistémologues se sont tournés vers les concepts de vertu intellectuelle pour aborder un large éventail de questions, du problème de Gettier au débat internalisme/externalisme en passant par le scepticisme.

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TEXTE ORIGINAL EN ANGLAIS

1. Introduction to Virtue Epistemology

Virtue epistemology is a collection of recent approaches to epistemology that give epistemic or intellectual virtue concepts an important and fundamental role.

The advent of virtue epistemology was at least partly inspired by a fairly recent renewal of interest in virtue concepts among moral philosophers (see, for example, Crisp and Slote 1997). Noting this influence from ethics, Ernest Sosa introduced the notion of an intellectual virtue into contemporary epistemological discussion in a 1980 paper, “The Raft and the Pyramid.” Sosa argued in this paper that an appeal to intellectual virtue could resolve the conflict between foundationalists and coherentists over the structure of epistemic justification. Since the publication of Sosa’s paper, several epistemologists have turned to intellectual virtue concepts to address a wide range of issues, from the Gettier problem to the internalism/externalism debate to skepticism.

Source : Virtue Epistemology, © Copyright Internet Encyclopedia of Philosophy and its Authors | ISSN 2161-0002.

P.S.: Les liens vers l’article « The Raft and the Pyramid / Le radeau et la pyramide  » sont de nous.


Ah ! L’épistémologie. C’est par cette discipline que je fus réintroduit à la philosophie dans les années 1990. Voici une science que j’aime beaucoup parce qu’elle est au fondement du développement de l’esprit critique, de la pensée qui se pense.

épistémologie

nom féminin           didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget).

Épistémologie génétique.

Source : Dictionnaires Le Robert – Dico en ligne.

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Dans mon essai et témoignage de gouvernance personnelle, accessible gratuitement sur le web sous le titre « J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout chacun se donne raison », le premier chapitre s’inspire de l’épistémologie appliquée à mes connaissances sous le titre « La pensée certaine », un éloge à mon dicton « La lumière entre par les failles ».

Je m’instruis alors avec des manuels scolaires traitant de la connaissance scientifique et de la connaissance en générale.

C’est le chercheur américain pionnier des études des motivations d’achat des consommateurs, Louis Cheskin, qui me conduit à l’épistémologie. Dans ses livres où il expose les résultats de ses recherches, un nouveau titre à tous les deux ans pendant trente ans, Louis Cheskin traite entre autres sujets des attitudes, fondement de notre comportement. Les attitudes adoptées en dernière étape du traitement d’un stimulus en notre esprit dictent nos comportements. J’en suis informé en 1992 à la lecture de son premier livre publié en 1940.

Je suis étonné que le texte fondateur de la « virtue epistemoloy (que je proposerais de traduire par « éthique des vertus épistémiques»), « courant contemporains en philosophie anglo-saxonne, (…),qui cherche à penser des habitudes et des attitudes favorisant la connaissance » ne remonte qu’à 1996 selon le professeur de philosophie Martin Desrosiers.

Il m’apparaît évident, depuis mon adolescence, que nos attitudes favorisent ou défavorisent la connaissance. Ce que l’on remarque avant tout chez une personne qui passe son temps à se donner raison, c’est son attitude, avant même tout ce qu’elle peut dire.


Le renforcement de l’ego par le fait de se donner raison m’apparaît tout aussi évident. C’est sans doute pourquoi Martin Desrosiers consacre le troisième chapitre de son essai à l’humilité (« Le contrepoison de l’humilité »).

D’où la deuxième intuition qui parcourt cet essai : l’humilité est la mère des vertus intellectuelles, puisqu’une grande part de mon développement intellectuel dépend de ma capacité à me mettre en cause, Ou plus simplement : toutes les personnes humbles ne sont pas forcément intelligentes, mais toutes les personnes vraiment intelligentes sont, nécessairement, humbles, puisqu’il s’agit de la vertu qui rend possible toutes les autres. C’est que l’humilité a des qualités anti-inflammatoire : elle empêche notre orgueil de s’enfler. (…) Ainsi, l’humilité serait surtout une vertu dans la mesure où elle sert de rempart contre des défauts de caractère intellectuel qui – comme l’arrogance et l’intolérance – naissent d’une incapacité à se remettre sincèrement en question. Car vouloir penser de manière critique sans faire preuve d’autocritique, c’est scier la branche sur laquelle est assis notre esprit.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 29.

Un jour, au début des années 1990, debout à clôture délimitant le terrain de notre maison, un homme arrête son automobile, en descend et vient me parler. Je le reconnais à peine (je n’ai pas la mémoire des visages). C’est un prêtre que j’ai connu au cours de mes études au collège. Nous discutons et il finit par me dire que je suis différent. Je lui demande pourquoi. Il me répond que j’étais arrogant. Je ne le savais pas. Et on ne me l’avait jamais dit auparavant. Que j’ai changé pour le mieux aux yeux de cet homme, tout était bon. Mais étais-je vraiment arrogant ? L’arrogant, semble-t-il, se sent supérieur aux autres. Personnellement, je ne me sentais pas supérieur mais j’étais fier de ma différence. Trop Fier ? Peut-être ? Mais supérieur, pas du tout. À la lecture de l’essai de Martin Desrosiers, je me demande si fierté et humilité peuvent cohabiter.

Puis nous entrons dans le cœur de cet essai au chapitre quatre intitulé « Montaigne, le dégonfleur d’ego ».

(…) Mais malgré ses quelques défauts, ce qui me séduit avant tout chez lui, c’est qu’il s’agit sans doute du philosophe le moins « philosophe » des philosophes, c’est-à-dire celui qui correspond le moins à l’image stéréotypée que l’on peut s’en faire. En un certain sens, Montaigne a d’abord appris à penser contre lui-même en pensant contre la philosophie. Alors que le philosophe aura tendance à se perdre dans ses idées et à construire des systèmes abstraits au point de ne plus voir ce qui est juste devant ses yeux – on se souviendra de Thalès. le premier des philosophes, est tombé dans un puits en contemplant le ciel étoilé –, Montaigne jette son regard sur les réalités les plus concrètes du quotidien. Alors que le philosophe aura tendance à placer l’être humain sur un piédestal ontologique, prétextant sa supériorité intellectuelle, Montaigne le ramène brutalement sur terre. Comme il le rappelle à la toute fin des Essais, « sur le plus élevé trône du monde, encore ne sommes-nous assis que sur notre cul » (III/13/1091). En ce sens lorsque Montaigne se défend d’être philosophe (« Je ne suis pas philosophe » (III/9/925), déclare-t-il lui-même), il faut lire : je ne suis pas ce philosophe-là, idéaliste et imbu de sa prétendue sagesse.

Si j’ai été à ce point charmé par les Essais et si, surtout, j »y reviens aussi assidument, c’est que j’y ai trouvé un remède au pire fléau de l’intellect humain. et donc, du mien : notre tendance à nous enfler d’orgueil ou, comme l’écrit Montaigne, notre propension à la « présomption ». Je ne connais aucun philosophe qui nous ait aussi brillamment mis en garde contre les dérives et délire de notre propre intelligence. Si l’humilité était une discipline olympique, il en serait non seulement le premier, mais le plus illustre champion.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 36- 37.

P.S.: Le soulignement remplace l’italique dans le texte du livre


Penser contre soi-même par Nathan Devers Chez Albin Michel, 2024.
Penser contre soi-même par Nathan Devers Chez Albin Michel, 2024.

Penser contre soi-même

Nathan Devers

Palmarès Les 100 livres de l’année 2024 – Lire Magazine

Prix Cazes – Brasserie LIPP 2024

Sélection de Printemps du Prix Renaudot

Pourquoi la philosophie ?

Qu’apporte-t-elle à l’existence ?

Que change-t-elle à nos vies ?

Nathan Devers a voulu répondre à ces questions de manière personnelle : pourquoi, alors qu’il avait choisi de devenir rabbin au terme d’une adolescence très croyante, a-t-il perdu la foi ? Comment a-t-il pu abandonner une vocation profonde au profit d’un univers sans dogme ?

Intense et puissant, avec sa poésie mais aussi sa violence, ce récit est une vibrante invitation à philosopher, c’est-à-dire à penser contre soi-même. Une quête universelle et pourtant difficile : le désir d’échapper à ses préjugés, de bouleverser ses certitudes, d’aller au-delà de l’identité déterminée par sa naissance.

C’est l’histoire d’une rupture vécue comme une aurore. Ou comment donner du sens à un monde qui en manque.

Nathan Devers, normalien et agrégé de philosophie, a vingt-cinq ans. Son dernier roman, Les liens artificiels (Albin Michel, 2022), a été salué par la critique. Il est éditeur de la revue La règle du Jeu.

 » Un livre [..] disert, inventif, éclatant. Feu d’artifice d’écriture, il mêle intelligence et humour, rigueur et poésie. C’est brillant […]. » Roger Pol-Droit – Le Monde des livres.

Lire un extrait en ligne


Penser contre soi-même reste le plus solide rempart contre les incendies de l’esprit. Ce n’est pas le doute qui conduit à la folie, mais les certitudes.

Sébastien Le Fol – Penser contre soi-même, Débats – Les éditorialistes du Point, Le Point, 20 septembre 2018.

Une seule règle me guide: ne rien négliger de ce que la vie comporte; ne jamais se dispenser d’écouter les autres et de penser par soi-même.

CHENG, François, Cinq méditations sur la beauté (2006), ALBIN MICHEL, 2006.

En un certain sens, Montaigne a d’abord appris à penser contre lui-même en pensant contre la philosophie.

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, p. 36.

‘Penser par soi-même’, qu’est-ce à dire? selon moi c’est passer toute information, toute image, toute statistique, tout schéma, au tamis de son expérience propre ; et n’admettre que le vraisemblable, celui qui émerge de l’intuition vécue, et qui ne contrevient ni à l’expérience personnelle, ni à la cohérence. Il y faut d’abord la capacité de suspendre son propre jugement, ‘jugement de fait’ préformaté par les catégories de l’habitus, ‘jugement de valeur’ cadré par l’éducation et l’expérience passée. Suspendre mon jugement n’est pas le renier, c’est avoir conscience qu’il est soumis à mon milieu, mon éducation à ma mémoire sélective qui propulse mes projets d’une manière singulière. Car la démarche de penser naît d’une pratique baignée dans le ‘jugement prudentiel’, celui de l’intelligence des situations en devenir vécues en tensions (entre l’attention et l’extension qui englobe les phénomènes, entre la rétention des traces du passé et la pro-tension qui projette la pensée dans l’avenir). C’est pourquoi la culture est ici nécessaire, rapport-au-monde qui permet de relativiser les informations numériques en les resituant dans leur lieu d’élaboration (groupements idéologiques, tendances politiques, logiques commerciales, travers journalistiques, traditions philosophiques).

PERROT, Etienne, Penser par soi-même (et contre soi-même), Blogs « Deux doigts au-dessus du sol », Revue ETUDES, 1 janvier 2024.

Je n’aime pas beaucoup cette expression « Penser contre soi-même ». Je la trouve trop négative. Et elle ne dit rien au commun des mortels. Il vaudrait mieux une expression qui vante les bénéfices du doute. Mais encore là, l’expression « Tirer le bénéfice du doute » n’en dit pas plus au commun des mortels. Il n’en demeure pas moins que le doute est la clé pour penser contre soi-même, contre ses présomptions. Et cela se fait dans la plus grande humilité selon Montaigne dans ses Essais et Martin Desrosiers dans L’art de ne pas toujours avoir raison. Celui ou celle qui doute laisse entrer la lumière. Est-ce que le doute instaure automatiquement l’humilité ?

En vue d’éviter les excès, la diète intellectuelle de Montaigne soumet notre esprit à une stricte discipline, en lui imposant deux conditions préalable. La première: nos progrès intellectuels doivent toujours nous aider à mieux penser et mieux vivre. Le défi du ou de la philosophe n’est pas de se bourrer le crâne de connaissances, mais, tâche autrement ardue, de mettre à profit ses connaissances de manière à vivre une vie belle et bonne. (…) En ce sens, pour que le fameux adage humaniste scientia potentia est (« Le savoir, c’est le pouvoir») ait pour Montaigne un sens, les savoirs que nous assimilons doivent servir au développement d’un art de vivre, sans quoi ils sont tout simplement sans intérêt. L’objectif, répète Montaigne, n’est pas d’être plus savant, mais mieux savant.

La deuxième condition imposée par l’éthique intellectuelle de Montaigne est plus sévère encore : nos énergies intellectuelles doivent avant tout être dirigées contre nous-mêmes, dans un effort constant d’introspection critique. Pourquoi autant de méfiance ? C’est que le vaccin de l’humilité reste la seule manière de nous immuniser contre les deux vices le plus vicieux qui soient, à savoir, dans mon rapport à moi-même, la suffisance (une confiance excessive en mes propres moyens intellectuels, qui me dissimule mes propres manquements), et dans mon rapport aux autres, la vanité (un désir de faire impression sur autrui, qui subordonne mon intellect à mon ego).

D’abord, l’humilité telle que la conçoit Montaigne passe par la reconnaissance du caractère tout à la fois partiel, partiel et précaire de mes connaissances : partiel, parce que je ne saurais prétendre détenir la vérité de manière définitive et exhaustive; partial, parce que ma perspective n’est pas tout englobante, mais circonscrite par un ensemble de préconceptions plus ou moins conscientes; précaire, puisqu’aucune certitude n’est à l’abri, du moins en théorie, d’une révision ou d’une réfutation future. (…)

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 40-42.

P.S. : Le soulignement remplace l’italique dans le texte original.

Je me demande qu’est-ce qui se passe avec ces personnes à qui l’on doit conseiller de penser contre eux-mêmes, de déployer « un effort constant d’introspection critique ». Sont-ils prisonniers de ce qu’ils pensent ? Prennent-ils pour vrai tout ce qu’ils pensent uniquement parce qu’ils le pensent ? Ces personnes sont-elles emportées par le courant de la rivière de leurs pensées instantanées ?

J’ai réfléchi à ces questions dans mon essai et témoignage de gouvernance personnelle, J’aime penser, au chapitre consacré à « La pensée solitaire », la solitude étant essentielle pour penser contre soi-même :

Quand une personne s’organise de façon à se retrouver le moins souvent possible seule avec elle-même, son espace intérieur se rétrécit et se comprime elle-même jusqu’à ce qu’elle en soit évacuée. La petitesse de son espace intérieur ne lui offre plus la place nécessaire pour se loger en elle-même et, encore moins, pour s’y épanouir. L’exiguïté de son espace intérieur lui permet à peine de se rendre compte qu’elle pense et, pis encore, qu’elle peut penser par elle-même; la conscience chétive de sa conscience ne vit que par soubresauts successifs frôlant la mort à chaque fois. Cette personne sombre dans l’obsession de la compagnie d’autrui et elle n’est plus que le fruit de la société des autres, pareille en défaut et en qualité plutôt que différente. Son « moi » est bien vivant et profite avec une vigueur peu commune mais son « moi-même » agonise au bout d’une existence minable. Et son état intérieur finira par se refléter dans son état extérieur, par exemple, la personne célibataire redoutera de rentrer chez elle, comme elle craint de rentrer en elle-même, de peur de s’y retrouver terriblement seule.

Je dis souvent de cette personne qu’elle suit le courant car il ne lui viendrait pas à l’idée de diriger elle-même sa barque et, encore moins, d’accoster le rivage le temps d’une pause pour se demander si la rivière conduit là où elle veut réellement se rendre. À la limite, cette personne n’a pas choisi de se laisser porter par le courant, c’est tout ce qu’elle connaît et y prend suffisamment de plaisir pour ne pas penser à se questionner sur sa vie. Que la rivière ne mène nulle part n’a pas d’importance pour elle, du moins, tant et aussi longtemps qu’elle s’y trouve entourée d’autres barques et de préférence en bonne compagnie.

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée solitaire, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.

Ce dont je puis personnellement être certain, c’est que je pense et cette faculté est à mes yeux le bien ultime de chaque être humain, ce qui lui confère sa plus grande valeur après la vie elle-même. Ce que je pense n’a pas d’importance, pas plus que mes opinions et mes croyances. Je ne crois pas que « La vérité est ce en quoi je crois ».

Et voici que Martin Desrosiers apporte une réponse très intéressante :

(…) C’est plus fort que nous : nous nous accrochons à nos certitudes comme à des bouées, parce que les eaux troubles nous effraient.

(…) Par quels processus psychologiques et affectifs nos opinions politiques en viennent-elles parfois à se cristalliser en dogmes, au point que nous nous replions idéologiquement sur nous-mêmes ? Dans son excellent ouvrage The Scout Mindset, la philosophe Julia Galef soutient que notre tendance à nous cramponner à nos croyances serait d’abord le résultat d’un processus d’identification par lequel nous faisons de nos opinions des parties intégrantes de notre conception de nous-mêmes.

Nous nous attachons d’autant plus désespérément à ce que nous tenons pour vrai que nous nous y identifions existentiellement.

Nous nous attachons d’autant plus désespérément à ce que nous tenons pour vrai que nous nous y identifions existentiellement. Surtout, elle suggère que cette tendance serait exacerbée par deux sentiments moraux : le fait de nous sentir assiégés dans un monde hostile, qui nous pousse à nous recroqueviller sur nous même pour mieux nous défendre, et la fierté orgueilleuse avec laquelle nous tenons notre vision du monde, qui nous oblige inévitablement à défendre notre intégrité morale contre des personnes concurrentes. (…)

DESROSIERS, Martin, 3. Le contrepoison de l’humilité, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 63-64.

P.S. : L’encadré est de nous. Le soulignement remplace l’italique dans le texte original. Le lien vers le livre de la philosophe Julia Galef  est de nous.

Intégrer à son identité ses opinions, ce que nous prenons pour vrai, sur le plan existentiel ? Wow ! Quelle idée de fou ! Mais elle explique fort bien pourquoi les gens redoute le doute. N’y aurait-il pas derrière cette idée un problème liée à la conception et l’utilité de la vérité. Personnellement, « J’ai un problème avec la vérité ».


J’ai un problème avec la vérité

Observatoire de la philothérapie, Serge-André Guay

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Lire la suite.


Le chercheur américain Louis Cheskin, pionnier des études de motivations d’achat des consommateurs, écrivait : « Je me trompe souvent mais mes recherches ne se trompent jamais ». Pour appuyer une telle affirmation, il se référait à la scientificité des tests qu’il réalisait.

Puisque la connaissance scientifique se construit sur la destruction – sur les ruines – du déjà-su, nous devions en faire tout autant dans notre vie. La connaissance repose sur sa remise en question.


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Selon le professeur et sociologue des sciences Olivier Clain, non seulement le premier geste de la démarche critique est une mise en doute des connaissances acquises, mais la connaissance elle-même apparaît dès lors comme une réflexion critique, c’est-à-dire, comme « une démarche qui rend possible une avancée continuelle du savoir par destruction du déjà su, des évidences déjà accumulées » (Clain, Olivier, cours Science, Éthique et Société, programme de formation Télé-Universitaire du département de sociologie de l’Université Laval).

Le professeur Jean-Marie Nicolle formule en ces mots la démarche : « La connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même. On connaît contre une connaissance antérieure. La connaissance n’est pas une simple acquisition; elle est une remise en question de ce que l’on croyait savoir et qu’on savait mal » (Nicolle, Jean-Marie, Histoire des méthodes scientifiques – Du théorème de Thalès à la fécondation in vitro, Bréal, 1994, p.107. Les caractères ont été mis en italique par l’auteur. Le professeur Nicole traite ici de l’enseignement de Gaston Bachelard.).

N’y a-t-il pas là un nouvel élément ? Qu’est-ce que vous inspire : « par destruction du déjà su » et « contre une connaissance antérieure » ? La réponse doit préciser qu’est-ce qui peut détruire le déjà su. Seul un doute au sujet d’une connaissance déjà établie (pour vrai) peut détrôner cette dernière. Si je ne doute pas de la connaissance établie, il n’est aucune raison de croire que je sais mal. Si je doute d’une connaissance établie, mon doute détruit cette connaissance et c’est sur ces ruines que s’installera une nouvelle connaissance, plus certaine, jusqu’à ce qu’un doute vienne la détruire à son tour, pour une connaissance encore plus certaine. Lorsque je crois en une connaissance, j’accepte l’éventualité de devoir l’abandonner si un doute survient. Le bénéfice du doute, c’est la certitude… jusqu’au prochain doute !

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée certaine, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.


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La pensée profonde

J’aime penser – Serge-André Guay

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Pour trouver la cause première – Celui ou celle qui aime penser n’évite pas la pensée profonde mais y plonge toujours avec prudence. Le risque de se perdre dans les profondeurs de la pensée est réel. Rien ne sert de se lancer dans la recherche de la cause première d’un problème et ainsi pouvoir le résoudre une fois pour toutes, à tout le moins, de le comprendre vraiment, s’il devient impossible de revenir à la surface. De nombreuses illusions peuvent nous retenir. Certaines usent du charme de la poésie pour nous perdre dans nos pensées. Voyez par vous-même.

On peut toujours rester à la surface et se laisser bercer par les flots de la mer. Par beau temps, tout va pour le mieux. Malheureusement, la mer perd souvent son calme, signe de problèmes à résoudre. Parfois, il tempête de problèmes. Notre embarcation risque de chavirer à la prochaine vague. Et la plupart d’entre nous prennent place dans un simple canot. Malgré nos efforts honnêtes de pensée positive pour en faire un paquebot, nos mains agrippées au rebord nous trahissent et nous ramènent vite à la dure réalité du tangage et du roulis excessif de la vie en ces jours malades de mauvais temps.

De toute évidence, le recours à l’arme secrète s’impose. Il faut vite sauter à bord du sous-marin de la raison et plonger loin du tumulte des pensées incisives.

Inimaginable d’envisager aplanir les vagues avec nos mains, même avec un mouvement soutenu en nageant directement à la surface de la mer. Ça prendrait un front de bœuf et une pensée écervelée pour se lancer dans l’aventure. C’est pourtant l’impression que me donnent les animateurs des débats d’opinions dans les médias et ailleurs. Tombés à la mer, on ne voit plus que leurs mains tapant désespérément sur le dos des vagues, entourées de dizaines voire de centaines d’autres mains s’agitant dans un pareil effort perdu d’avance. À vol d’oiseau, la scène ressemble au naufrage du Titanic de la raison, retenu à la surface par des poches pleines d’air de l’esprit vide de sens. En fait, il n’y a plus que le courant qui a du sens dans ces débats d’idées. Rien de plus normal : les idées suivent le courant qui les entraîne. Pendant ce temps, l’esprit ballotte dans un sens, puis dans l’autre, revient, ballotte encore dans un sens, puis dans l’autre. Il y a de quoi avoir le mal de mer et plusieurs l’ont, si l’on se fie aux vomissements avalés par la mer de sa gigantesque bouche de liberté d’expression dont l’appétit vorace ne connaît jamais la satiété. C’est peu dire que j’en ai contre les débats d’opinions, de véritables cliniques d’avortement de la raison.

Pendant ce temps, les plus sages, évidemment beaucoup moins nombreux, sont déjà en discussion dans leur raison sous-marine, chargée d’une bonne provision d’idées éclairantes alimentées par des piles de doutes et d’une réserve d’ouverture d’esprit oxygénante reliée à un caisson à air comprimé de connaissances et de compréhensions permettant d’éviter en tout temps les accidents de décompressions de la raison. Une carte des profondeurs du grand Esprit dans une main, le bâton de contrôle des émotions de navigation dans l’autre, le sage s’éloigne lentement mais sûrement de la surface énervée et énervante. Bientôt, seule la lumière des idées l’éclaire. Sur le plateau du continent, il distingue déjà l’épave de la raison utile à rien. Il progresse sur la pente descendante, évite d’autres épaves de l’« hommerie », cette fois, avec difficultés, car les courants idéologiques, les plus meurtriers de l’histoire humaine secouent sans ménagement la raison. Sur la carte, il peut lire : « Cimetière perdu des idées aveugles ». Absorbé par le drame de la vision de toutes ces catastrophes, il est surpris par un premier signe du mal des profondeurs : il hallucine. Il voit des fantômes idéologiques sortir de la coque des navires irraisonnés. Il imagine le pire à l’idée de voir ces fantômes atteindre la réalité de la surface. Il augmente l’arrivée d’oxygène, retrouve ses esprits et le mal disparaît peu à peu. L’hallucination l’a motivé davantage à trouver la cause première du problème, la source de la foule folle tuée par le remous de sa raison sans gouvernail. Il arrive à la limite du plateau de la bêtise, à ses pieds, les bas fonds, dangereux, très dangereux, là où se trouvent les meilleures raisons mais aussi les pires, dont celles avec le pouvoir de l’empêcher de revenir à la surface, qui le rendraient complètement ivre des profondeurs de la pensée.

Mais il dispose d’une deuxième arme secrète : une science des profondeurs, la philosophie. Sa recherche de la cause première ne sera pas désordonnée, sans méthode. Il a mis un certain temps à maîtriser quelque peu cette arme au nom rébarbatif. Au départ, il avait l’impression d’une science difficile et ennuyeuse. Même après une certaine familiarité, cette impression n’est jamais complètement disparue, d’où une certaine prudence, souvent salutaire, il faut le dire, car la science a deux tranchants : on risque de comprendre mais aussi de ne pas être compris.

Une seule condition s’impose pour accepter de courir le risque de la réflexion : demeurer raisonnable par les autres, c’est-à-dire, s’assurer qu’il y aura toujours quelqu’un pour me comprendre et me ramener à la raison si je perds la tête. Un sage est sage tant qu’il n’est pas seul, tant qu’il y a quelqu’un pour prendre de ses nouvelles. Si le sage apprend à réfléchir en profondeur avec sa raison, cela ne lui servirait à rien s’il ne pouvait pas en discuter ensuite avec d’autres, pour recharger ses piles de doutes.

GUAY, Serge-André, J’aime penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison, La pensée profonde, Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis (Québec, Canada), Édition augmentée, 2020.


Je cite mon propre essai J’AIME PENSER pour ne pas réécrire ce que je pense.

Dans le huitième et dernier chapitre de son essai, Martin Desrosiers nous parle de l’importance d’ « Apprendre à se taire : le générosité comme vertu ». À la suite du « silence expressif », du « silence introspectif », du « silence éloquent », du « silence gêné », du « silence écrasant », et du « silence complice » l’auteur cible un autre silence :

Il existe par ailleurs un autre silence, dont il me semble que l’on sous-estime gravement l’importance : le silence éthique qui s’observe lorsque nous choisissons de céder la parole puis, attentivement, d’écouter. Les philosophes ne se préoccupent que rarement de ces silence. Ils apprennent à dire leurs vérités, mais plus rarement à se taire. Pourtant, l’écoute attentive est une pratique proprement philosophique, au même titre que la mise en discours. Malheureusement, c’est aussi une pratique qui, aujourd’hui, se perd – raison de plus, peut-être, pour que les philosophes s’y intéresse davantage. C’est que, pour le dire en termes économiques, nous subissons depuis plusieurs années une hyperinflation de l’opinion : tout le monde, tout le temps, a un avis sur tout, et ressent le besoin irrésistible de la partager. Everyone’s a critic, comme disent les Américain, et la critique ne s’est jamais mieux portée depuis que nous avons tous et toutes notre mégaphone virtuel. (…)

DESROSIERS, Martin, 8. Apprendre à se taire : le générosité comme vertu, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 94-95.


Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, et Laurent Carouana, Formateur-animateur et concepteur en communication orale, je suis un professionnel de l’apprentissage et du perfectionnement à la prise de parole en public et à la relation interpersonnelle, se sont intéressés de près à ce que j’appelle la verbalisation à outrance dans leur livre Savoir se taire, savoir parler :

Présentation du livre par l’éditeur

Tweets, sms, emails, posts, etc. se multiplient et rebondissent, circulant à une telle vitesse qu’ils deviennent irrattrapables — les agressifs et les toxiques aussi vite relayés que les sympathiques. La facilité et la rapidité avec lesquelles nous pouvons nous exprimer tout autant que l’idée que nous existons que si nous communiquons nous ont fait oublier les vertus du silence. Happés par ce tourbillon compulsif et communicationnel, nous devons réapprendre à nous taire pour redevenir conscients de ce que nous ressentons avant de le dire, pour redonner du poids et de la bienveillance à notre communication , pour ne pas regretter d’avoir parlé . Savoir se taire est la force cachée de la personne qui agit en pleine conscience et sait s’exprimer à bon escient et avec les mots justes .

Source : www.hachette.fr.

Mon point de vue : Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. C’est par l’article du Figaro / Santé que j’ai découvert ce livre : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», dont voici un court extrait :

Quelles autres dérives de la parole avez-vous pu observer?

Chez certains, la tendance à commenter toute situation de manière négative, c’est-à-dire la plainte, nourrit l’anxiété. En réalité, cette parole est une vaine tentative de masquer sa fragilité essentielle, cette vulnérabilité de base que l’ACT, thérapie de l’acceptation que je pratique, pose comme un fondement à l’existence. Avez-vous observé? Certains sont littéralement «accros» aux discours pour ne pas rentrer en contact avec leur intériorité vacillante. Les pervers narcissiques n’utilisent guère la parole comme un instrument de dialogue, mais parfois comme un masque de leur fragilité au service d’une agressivité relationnelle. L’usage des SMS peut aussi servir à cet évitement relationnel. D’autres, dans leur conversation, reviennent sans cesse sur trois ou quatre thèmes obsessionnels qui leur servent à installer un monologue et, ainsi, à se sentir exister.

Source : SENK, Pascale, Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole», Figaro – Santé, 3 juin 2018.


Martin Desrosiers nous offre trois conseils pour  : Écouter soigneusement, Écouter avec équité, Écouter charitablement. Cette offre s’inscrit dans ce qu’il nomme le « silence éthique » :

Plutôt que de nous obstiner à vociférer dans le vide, peut-être devrions-nous consacrer nos énergie à affirmer notre ouïe. Ce qui nécessite, comme tout art, un enseignement et un apprentissage. Quelque chose comme une pédagogie pour les oreilles.

À quoi pourrait ressembler ce silence éthique qui reste à penser ? Il ferait appel à une vertu qui, de plus en plus rare, est sans doute la condition première de tout échange fructueux : la générosité. (…)

DESROSIERS, Martin, 8. Apprendre à se taire : le générosité comme vertu, L’art de ne pas toujours avoir raison, Leméac Éditeur, Montréal, 2024, pp. 95-96.

Si Martin Desrosiers a bien raison d’en appeler à la générosité dans nos échanges, le simple fait que nous en soyons rendus à parler de générosité pour savoir se taire afin d’écouter illustre bien le point de rupture atteint dans nos communications. On parle, on parle, on parle… Mais on écoute peu par simple égoïste. Or, c’est grâce aux réactions de l’Autre à ce que je dis que je peux me connaître.


Cinq étoiles sur cinq

Parce qu’il me donne sérieusement à penser et qu’il m’étonne, j’accorde cinq étoiles sur cinq au livre L’ART DE NE PAS TOUJOURS AVEC RAISON du professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf (Montréal, Québec), MARTIN DESROSIERS, paru chez LEMÉAC ÉDITEUR en 2024.

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Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

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Article # 73Qu’est-ce que la philosophie ?

J’AI LU POUR VOUS

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

(1950-2022)

Le livre de poche – Librairie générale française

Paris, 1997

EAN : 9782253942412

160 pages


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PRÉSENTATION

(Texte de la quatrième de couverture)

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a fait siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

M. M.


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Extrait du livre

L’ÉTAT DE LA PHILOSOPHIE

Jamais on n’a eu autant besoin de philosophie qu’aujourd’hui. Dans un monde fragmenté, désorienté, où l’esprit analytique semble l’avoir emporté, la quête d’une synthèse est plus pressante que jamais. Les scientifiques ont pris le relais des philosophes, trop occupés à répéter que la philosophie était morte et qu’il n’y a plus rien à dire, qu’au mieux, on peut tout juste redire et relire le plus fidèlement du monde les penseurs du passé, l’idéal étant là aussi de devenir un « spécialiste ». Déjà Nietzsche condamnait l’esprit philologique que certains philosophes professent en passant leur vie à décortiquer un auteur : au nom de la pensée, la grande, ils s’interdisent ainsi toute pensée propre, pour se réfugier dans le confort d’une orthodoxie dont ils se veulent les dépositaires vigilants. Mais qui parlera alors de l’origine de l’univers, de la mort, de la vie, de l’évolution, de la nature, de la vérité, de la liberté, du sens du Soi et de l’Autre, sinon les hommes de science ou les hommes de religion ? À cela, qu’oppose la philosophie, si ce n’est que tout a été dit, ou impossible à dire au nom d’une rigueur qu’elle n’a jamais eue et dont elle se fait l’écho lointain, depuis que les progrès de la science l’ont amputée de ses illusions ?

La question de ce petit livre est simple : peut-on aller au-delà du constat de crise et d’impuissance dont le philosophe se fait ainsi le prophète depuis plus d’un siècle ? Peut-on parler de la science sans complexe d’infériorité, de Dieu sans obscurantisme, d’existence sans tomber dans la banalité du café du commerce, de politique sans consacrer le cynisme, de morale sans faire dans le sermon ? Bref, la philosophie peut-elle aider à faire comprendre et à dépasser les apories du temps présent qu’elle a faites siennes, comme un malade ressasse sa propre maladie pour se donner le sentiment qu’ainsi, il peut la mettre à distance à défaut de la vaincre ?

Toutes ces questions sont aujourd’hui les nôtres, et il ne faut pas avoir peur de parler des grands problèmes qui agitent les hommes depuis l’aube des temps, car si la philosophie a un sens, c’est bien en ce qu’elle seule envisage les questions ultimes dans une plus ou moins grande systématicité selon les époques.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’état de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 7-8.


Extrait du livre

LES QUESTIONS ULTIMES DE LA PENSÉE

Pour les Anciens, la philosophie était divisée en trois grandes disciplines : la logique, la physique et l’éthique. Les Stoïciens parlaient même de la physique comme d’un champ dont les clôtures étaient la logique et le produit, l’éthique. D’où vient cette division de la philosophie ? A-t-elle encore un sens, à une époque où les disciplines scientifiques se sont multipliées au-delà de la seule physique, où la métaphysique spéculative issue d’Aristote et du christianisme a fécondé la philosophie moderne, où le rapport à l’action et au politique déborde le cadre de la morale ?

Si on regarde attentivement l’histoire de la pensée, on ne peut s’empêcher d’observer que la tripartition est demeurée une constante, malgré tous les développements dont il a été question.

Prenons Kant par exemple. Il écrit trois grandes Critiques, celle de la Raison Pure, celle de la Raison Pratique et celle de la Critique de la Faculté de juger. De quoi traitent précisément ces trois grands livres ? La Critique de la raison pure s’attache à rendre compte de notre rapport au monde ; la Critique de la raison pratique porte sur le rapport à autrui ; quant à la dernière Critique, elle est en quelque sorte la synthèse des deux premières en ce qu’elle s’interroge sur ce qui rend possible le fait de s’interroger sur la nature, de s’en distancier, de la contempler pour elle-même bref, de l’étudier tout en en faisant partie. Cette réflexivité consacre l’identité, qui est le maître mot de la logique, même si le projet kantien est anthropologique et esthétique, au sens où la contemplation de soi par rapport à ce qui n’est pas soi est source d’étonnement, d’admiration.

Certes, on est loin ici de la logique au sens classique du terme, mais si l’on veut bien réfléchir au sens qu’a pris l’identité après et avec Descartes, on pourra se rendre compte que l’identité des choses et des êtres s’enracine désormais dans celle du Soi, immortalisée dans le Je pense, donc je suis, source de toute identité possible, même si elle est avant tout la nôtre.

D’ailleurs, déjà chez Hume, grand inspirateur de Kant, on peut voir à l’œuvre la tripartition de la philosophie proclamée par les Anciens. Le Traité de la nature humaine, par exemple, se subdivise en trois grands livres : l’entendement, les passions et la morale en sont les objets respectifs. Ce qui recouvre précisément la physique, c’est-à-dire le rapport à la nature, au monde, pour le premier livre ; et pour le second, qui traite des passions, on retrouve le problème du Soi, de l’identité, forme nouvelle que prend le fondement du champ logique à l’ère de la subjectivité – qui devient la pensée – qui a connu, on le sait, peu de progrès en logique au sens strict ; reste le troisième livre, consacré à l’éthique.

Soi, le Monde et Autrui : telles sont, en définitive, et semble-t-il depuis toujours, les grandes questions de la philosophie. Celles qui agitent l’homme depuis l’aube des temps, et qui alimentent tous ses soucis et ses préoccupations les plus fondamentales. L’identité n’est d’ailleurs pas simplement une affaire de logique, de raisonnement, de méthode ; elle est aussi l’expression de ce que l’on est, et l’âme, qui nourrit tout raisonnement possible, s’est vue interrogée sur son identité éternelle, au travers du problème de la survie, de la mort, de l’existence. Avant toute psychologie, au sens où on l’entend habituellement, l’âme – ce que l’on appellerait aujourd’hui le Soi – a été conçue comme le principe moteur de la vie, de ce que l’on était, de l’identité et des identités issues de la pensée et du raisonnement, une partie d’elle-même étant la source du logique et du rationnel, à côté d’autres parties, retenues davantage par l’émotion, le biologique et l’animal (anima = âme), où, précisément, l’identité se perd, se dilue, se fluidifie dans une sensibilité erratique, tissée de mouvements contradictoires et changeants. Les goûts, les besoins, les plaisirs, les intérêts même, relèvent ainsi de cette partie de l’âme où elle n’est pas vraiment un Soi, une identité, une raison logique, car elle est déchirée entre plusieurs directions qui l’attirent tour à tour ou simultanément, selon les circonstances.

Soi, le Monde et Autrui sont ainsi les points d’ancrage de la réflexion philosophique depuis toujours, et le lecteur contemporain, s’il est sincère avec lui-même, retrouvera dans ces trois grands problèmes ce qui sous-tend les siens encore à l’heure actuelle. Qui ne s’interroge sur ce qu’il est, surtout dans un monde comme le nôtre ? Les rôles sociaux, jadis fixés une fois pour toutes, se diluent : on est enfant, parent, mari ou femme, amant, employé un jour, cadre ou chômeur peu après (c’est rarement l’ordre inverse), contribuable, citoyen, électeur, voire élu, client, épargnant, pensionné, voyageur, etc. Bref, qui est-on au juste et quel sens cela a-t-il de faire tous ces parcours, alors que la mort annule tous nos rôles d’un revers de la main ?

Mais aussi que faire, si tout est futile, absurde eût dit Camus ou Sartre ? N’y a-t-il pas un minimum d’exigence à l’égard d’autrui, que prescrit la morale et que la politique s’efforce de faire respecter en théorie, dans l’intérêt de tous ?

Et enfin, il y a les choses. Pour notre malheur mais aussi notre bonheur : elles nous sont utiles, mais avant cela, elles nous posent problème ; le monde est opaque, l’univers mystérieux. A-t-il été créé ou existe-t-il depuis toujours ? Pourquoi l’Homme ? Y aurait-il un dessein caché dans l’Univers, que l’on pourrait peut-être même découvrir ? La science, la connaissance, le goût d’apprendre, donc de lire et de voir, ne peuvent qu’orienter et alimenter cette quête pour comprendre ce qui fait question.

Soi, le Monde, Autrui : vivre, c’est toujours d’une certaine façon, dérivée la plupart du temps, avoir résolu, souvent sans l’avoir voulu, ces trois grands problèmes. On n’y échappe pas. On a tous, de fait, une vision du monde et des autres comme de soi-même, qui agit sur nous, qui guide nos actes et nos pensées. On est donc tous philosophes, comme Monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir. C’est sans doute pour cela que tout le monde s’intéresse à la philosophie, pour aller au fond de soi, de ses possibilités, de ses angoisses et de ses espérances.

Le philosophe y répond-il ?

Trop souvent, on lui reproche d’être obscur. Il prétend décrire l’entendement commun ou l’homme que nous sommes chacun, mais ce faisant, il va forcément au-delà de ce que chacun dirait, s’éloignant ainsi de son objet, au point que certains n’hésiteront pas à dire qu’il le perd et que cela n’a plus rien à voir avec l’homme de la rue. Certes, le physicien n’agit pas autrement sans qu’on le lui reproche. Il explique la lumière ou la chaleur avec des concepts inintelligibles pour la plupart d’entre nous. Mais chez le philosophe, cela semble inadmissible. La philosophie ne saurait être une science : elle doit divulguer les vérités enfouies au fond de soi, de chacun, pour les rendre accessibles à chacun. Le concept est par là condamné, même s’il est bien souvent inévitable.

L’autre reproche est sans doute le fait que la philosophie ne donne pas de réponses, alors que la science progresse en résolvant sans arrêt de nouveaux problèmes. N’est-ce pas le signe même de sa faiblesse ? Ne faut-il pas alors quitter le terrain de la Raison, préférer la religion, ou qui sait ?, la secte et la magie, l’horoscope et la divination ?

Que répondre à de tels reproches ?

Il est vrai que la philosophie est parfois obscure, qu’elle nécessite un apprentissage, tout simplement parce qu’elle a une histoire, avec des concepts qui se modifient au fil des siècles. On ne peut rentrer dans la philosophie contemporaine et ignorer ce qui précède. La philosophie est difficile ; c’est une ascèse, elle incarne l’inutile parce que l’essentiel est inutile. Mais le propre de l’essentiel est que l’on en a besoin, qu’il est incontournable. Il faut donc accepter de penser de façon élaborée. De plus, il est moins que certain que l’objet de la philosophie soit l’homme ordinaire. En tout cas, ce n’est pas la préoccupation première de la philosophie, et c’est au mieux, un problème dérivé. L’homme n’intéresse en propre la philosophie que de Descartes à Nietzsche, car avant comme après, il est appréhendé à partir d’autre chose que lui-même : Dieu, l’être, l’univers, la matière et, aujourd’hui, les sciences humaines ont détrôné la philosophie à cet égard, même si ce n’est que pour offrir des visions fragmentées et analytiques. C’est l’esprit du temps : d’ailleurs les synthèses sont rares, et les esprits synthétiques ont été remplacés par des « spécialistes ».

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 9-14.


Au sujet de l’auteur

Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/
Source : https://data.bnf.fr/fr/12007973/michel_meyer/

wikipedia-1pceMichel Meyer, né le 11 novembre 1950 à Bruxelles et mort le 23 mai 2022 à Waterloo, est un philosophe belge, professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’université de Mons.

Michel Meyer est économiste et philosophe de formation, licencié en sciences économiques (1973), maître ès arts de l’Université Johns-Hopkins aux États-Unis (1975), agrégé de philosophie (1973) et docteur en philosophie (1977).

Professeur à l’Université libre de Bruxelles et à l’Université de Mons, il a été président du Centre européen pour l’étude de l’argumentation, directeur de la Revue internationale de philosophie et directeur de la collection L’interrogation philosophique aux Presses universitaires de France. Il est membre de l’Académie royale de Belgique et de I’Institut international de philosophie.

Sa réflexion porte sur la rhétorique à laquelle il a contribué par l’introduction d’une approche de l’argumentation qu’il nomme « problématologie ».

Lire la suite : Wikipédiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Meyer_(philosophe)


Hommage au philosophe Michel Meyer (1950-2022)

Comment concevoir la morale aujourd’hui ?

La rhétorique, l’argumentation et les sciences humaines (1) – Philippe Descola (2010-2011)


LinkedIn

Page de Michel Meyer sur le réseau d’affaire LinkedIn


In memoriam. Michel Meyer (1950-2022)

Paul Earlie, Arnaud Pelletier

Dans Revue internationale de philosophie 2022/2 (n° 300), pages 5 à 7

La Revue internationale de philosophie pleure la disparition de son directeur Michel Meyer, décédé subitement le 23 mai 2022 à l’âge de 71 ans. Il laisse derrière lui un héritage intellectuel foisonnant et varié non seulement à sa famille – son épouse Corinne et ses fils Patrick et Alexandre –, mais aussi à ses amis, ses collègues, ses étudiants, et enfin ses lecteurs.

2 Beaucoup a été dit – et beaucoup sera encore dit – de la contribution très singulière de Michel Meyer à la pensée contemporaine, de sa recherche sans cesse renouvelée du questionnement dans les aspects fondamentaux de la réflexion humaine, tant en histoire de la philosophie que dans les domaines du langage, de la rhétorique, de la politique ou de la société. À une époque de spécialisation croissante et de partis pris méthodologiques, son œuvre est tout à fait unique et inclassable. Son souci d’embrasser toutes les disciplines et de regarder ce qui les unit, plutôt que ce qui les divise, allait à contre-courant de la culture universitaire contemporaine, vis-à-vis de laquelle il gardait une certaine distance amusée. Cette distance lui conférait toutefois une précieuse vision d’ensemble. Comme il l’a écrit, de son aplomb si caractéristique, dans la préface de ses récents Principia Politica : « la question essentielle qui se pose aujourd’hui en sciences humaines, comme en philosophie d’ailleurs, est celle de la synthèse ».

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IN MEMORIAM MICHEL MEYER
(11 novembre 1950 – 23 mai 2022)

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ULB-Faculté de Philosophie et Sciences sociales – C’est avec une grande tristesse que avons appris le décès de notre collègue Michel MEYER, Professeur émérite de notre Faculté et philosophe belge de renommée internationale, ce 23 mai 2022. Michel Meyer était l’un des héritiers de la pensée de Chaïm Perelman. Il a notamment introduit la notion de « problématologie » dans le champ et la pratique philosophiques. Il a également dirigé pendant de nombreuses années la « Revue internationale de Philosophie ». Nos pensées accompagnent sa famille à qui nous présentons nos condoléances les plus sincères.

ARTICLES

L’origine du questionnement

À propos de la lecture de Platon et Aristote par Michel Meyer

Arnaud Macé

Dans Revue internationale de philosophieRevue internationale de philosophie 2011/3 (n° 257)2011/3 (n° 257), pages 17 à 46
Éditions De Boeck Supérieur

Qu’est-ce que la philosophie? Comme en témoigne Hérodote, «philosopher», c’est, au sens courant que ce verbe avait en grec ancien, être mû par la curiosité de tout savoir, parcourir le monde pour observer la diversité des choses 1 , la forme et les couleurs des fleurs comme la configuration des institutions et des mœurs des hommes. En ce sens la philosophie est un désir de tout connaître, et par conséquent un désir de tous les savoirs et de toutes les pratiques en lesquels se dissémine l’expérience que les hommes font de ce qu’il y a: de la botanique à la science politique, de la médecine à l’astronomie, rien n’échappe à ce désir. Il semble que se soit en outre ajouté à cet idéal celui de chercher l’unité dissimulée derrière l’étonnante diversité des choses, aussi bien que des savoirs et des pratiques qui se préoccupent de celles-ci2. Michel Meyer adhère résolument à cette idée de l’exercice philosophique comme recherche d’une «vision synthétique des différents domaines de la culture comme des diverses activités humaines»: il souligne en outre que la philosophie propose une certaine «lisibilité» de cette diversité, en essayant peut-être de déterminer un type de «problèmes» commun3. Nous avons récemment avancé l’idée que l’œuvre de Platon consiste à proposer une telle lisibilité, en déployant un type d’écriture susceptible à la fois de recueillir la plus grande diversité des formes d’expérience et de savoir de son temps et de faire paraître l’unité transversale d’un même problème à l’œuvre dans chacune de celles-ci4. Plus encore, parce qu’il met en scène les protagonistes de conversations variées et toujours recommencées, sans jamais parler en son nom propre, Platon choisit un mode d’écriture qui qui manifeste la nature même du problème dont il s’agit de lire la présence dans tous les domaines de la réalité. C’est en effet sous la forme d’une multiplicité dont l’unité n’est pas donnée d’avance que les dialogues platoniciens se présentent: or, en faisant l’épreuve de la lecture de ces œuvres, on découvre aussi que la réalité que les hommes découvrent se signale, dans chacune de ses parties ou sous toutes ses formes, comme une multiplicité dont l’unité doit être trouvée. L’écriture platonicienne reproduit le type de problématicité qui est celle des choses mêmes et c’est en ce sens qu’elle est un lieu où s’exercer à devenir philosophe, en parcourant ces anciennes multiplicités que Platon pouvait trouver dans les savoirs et les pratiques de son temps. Beaucoup de lecteurs, depuis deux millénaires et demi, se sont exercés dans les dialogues, avant de sortir au grand air, affronter le multiple de leur temps.

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Argumentation et Analyse du Discours

2 | 2009

Rhétorique et argumentation

Comment repenser le rapport de la rhétorique et de l’argumentation ?

How should we consider the relationship between rhetoric and argumentation?

Michel Meyer

La rhétorique, dit Aristote, est le pendant de la dialectique et de l’argumentation. Cela pose le problème de leur harmonisation au sein d’une théorie unifiée, où la rhétorique littéraire voisine avec la logique juridique. La problématologie est cette conception unifiée. Les questions expresses relèvent du conflit argumenté, comme en droit, qui les codifie, et les questions indirectes, des réponses qui les avalent par l’élégance et le style pour se faire passer pour résolutoires de ces questions. La rhétorique est la négociation de la distance entre les individus sur une question donnée, une question plus ou moins problématique et conflictuelle. La problématologie est à la base d’une véritable nouvelle rhétorique, avec de nouvelles prémisses fondées sur le questionnement, laissées jusque-là en friche. Des figures de rhétorique à l’inférence du vraisemblable, le questionnement est le socle où viennent s’articuler la raison, le langage et la persuasion.

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Bibliographie – Michel Meyer

Découverte et justification en science – Kantisme, néo-positivisme et problématologie, Klincksieck, Paris, 1979.

Logique, langage et argumentation, Michel Meyer, Hachette, Paris, 1982, 2e édition 1985, (ISBN 978-2010072901).

(en) Meaning and Reading. A philosophical Essay on Language and Litterature, John Benjamins Publishing Company (en), Amsterdam, 1983.

De la problématologie : langage, science et philosophie, Mardaga, Bruxelles, 1986, Le Livre de Poche, 1994.

Science et métaphysique chez Kant, Michel Meyer et Quadrige, PUF, Paris, 1988. 2e édition Poche : Quadrige, Paris, PUF, 1995, (ISBN 978-2130471271).

Langage et littérature, PUF, Paris, 1992, Quadrige, 2001.

Questions de rhétorique, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-essais, 1993.

De l’insolence : essai sur la morale et le politique, Paris, Grasset, 1995.

Science et métaphysique chez Kant, Paris, Presses Universitaires de France – PUF, coll. « Quadrige », 1er juin 1995, 256 p. (ISBN 978-2-13-047127-1).

Pour une critique de l’ontologie, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, (ISBN 978-2800410265). Édition de Poche, Quadrige, PUF, 1999.

Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Hachette, Biblio-Essais, 1997.

Les passions ne sont plus ce qu’elles étaient, Bruxelles, Labor, 1998.

Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours, avec Manuel Maria Carrilho et Benoît Timmermans, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 1999.

Petite métaphysique de la différence, Paris, Hachette, Le Livre de Poche, Biblio-Essais, 2000.

Questionnement et historicité, Paris, PUF, 2000. Réédition : Paris, PUF, Quadrige, mars 2011.

Le tragique et le comique. Penser le théâtre et son histoire, Paris, PUF, 2003.

La rhétorique, « Que Sais-je ? », PUF, 2004.

Éric-Emmanuel Schmitt ou les identités bouleversées, Albin Michel, 2004.

Qu’est-ce que l’argumentation ?, Paris, Librairie Philosophique Vrin, 2005.

Comment penser la réalité ?, Paris, PUF, 2006.

Le philosophe et les passions. Esquisse d’une histoire de la nature humaine, Michel Meyer, Presses Universitaires de France – PUF, Paris, 14 septembre 2007, (ISBN 978-2130564423).

Rome et la naissance de l’art européen, Paris, Éditions Arléa, 2007.

Principia Rhetorica, Paris, Fayard, 2008. Réédition : Paris, PUF, « Quadrige », 2010, traduction roumaine, 2011.

De la problématologie, Paris, PUF, 2008.

La problématologie, « Que Sais-je ? », Paris, PUF, 2009.

Esthétique générale. Les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art, Paris, PUF, 2009.

La rhétorique, Paris, PUF, collection Que sais-je, 2009.

Chaïm Perelman (1912-2012). De la nouvelle rhétorique à la logique juridique, avec Benoît Frydman, Paris, PUF, 2012.

Qu’est-ce que le refoulement?, Paris, L’Herne, 2012.

Principia Moralia, Paris, Fayard, 2013.

Qu’est-ce que l’histoire, progrès ou déclin ?, Paris, PUF, 2013.

Source : Meyer, Michel – Wikipédia.


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Qu’est-ce que la philosophie ?

Michel Meyer

Le livre de poche

© Librairie Générale Française

Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond :

La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Dans le Développement personnel (DP), on trouve plutôt des directives (Faites ceci, faite cela…) en réponse aux questions adressés par les clients à leurs coachs. Le développement personnel exploite (malheureusement trop) souvent la philosophie mais, en fait, cette activité ne se questionne pas sur elle-même, si ce n’est sur le comment commercial.

Michel Meyer consacre un chapitre de son livre aux arguments en philosophie dont voici un court extrait :

L’argumentation en philosophie est essentielle, car celle-ci n’a ni les ressources expérimentales de la sciences, ni la contraignance formelle des mathématique ou de la logique. Il ne lui reste qu’à débattre des questions, en se nourrissant des multiples arguments qui ont trait aux thèses qu’elle défend à un moment donné.

Les conclusions de la philosophie n’auront donc jamais rien d’absolu : elles resteront toujours, quelque part, problématiques. C’est-à-dire source de questions, celles que l’on se pose, celles qui nous interpellent et même qui s’adressent à notre sensibilité. C’est là, peut-être, que la philosophie est le plus proche de la sophistique, cette mauvaise rhétorique tant décrié par Platon, et que l’on doit dénoncer en déconstruisant la rhétorique en général pour ne plus se laisser abuser par des artifices de langage. Cela dit, n’oublions jamais que la problématicité de la philosophie est conforme à ce qu’elle est : une réflexion sur les problèmes, ce qui est déjà une réponse.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les arguments de la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 41.

Bref, on ne peut pas conclure définitivement en philosophie. La réponse pose toujours d’autres problèmes à questionner à leur tour.

Michel Meyer aborde aussi la question de la « nature même de la pensée philosophique » dans le chapitre Philosophie, art et religion :

(…) Quelle est la différence de base entre la philosophie et la religion. La religion se meut dans le dogme et la foi, c’est-à-dire ce qui échappe à l’interrogation. Elle répond sans mettre en question, et elle accepte mal la mise en question. La philosophie, elle, aimerait pouvoir se réclamer de certitudes, mais les seules réponses qu’elle peut mettre en avant sont issues d’un questionnement, et le plus souvent, elle se maintient dans un répondre éminament problématique. La philosophie est, jusque dans la métaphysique même, interrogative. N’admettre pour réponse que ce qui a d’abord été mis en question : telle est, depuis Socrate, la nature même de la pensée philosophique. (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Philosophie, art et religion, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 44.

Philosopher, c’est questionner la question. Il s’agit d’ailleurs du propre de l’Homme que de pouvoir se retrouver en lui-même, en sa conscience, et de se questionner. Un singe ne se demande pas s’il est un singe. Une fleur ne se demande pas si elle-est une fleur. Seul l’Homme se demande ce qu’il est vraiment.

Évidemment, on peut vivre sans se poser de questions, à la surface de Soi. On peut repousser toutes les questions embarrassantes pour éviter le malaise des réponses ou de l’absence de réponses. Se questionner est négatif pour certaines personnes.

Encore faut-il  « Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants ».

La problémacité est dont vécue non comme une richesse et une positivité, mais comme une impossibilité et un échec. Faute d’avoir questionner le questionnement, la philosophie se heurte malgré tout à lui avec les vieux concepts qui en ont fait quelque chose de négatif. Elle affronte le problématique sans y être préparée. Elle véhicule une tradition centrée sur les solutions qui évacuent les questions, et non ce qui les pensent.

Il faut donc aller au-delà, et ne pas se contenter de voir les questions qui surgissent. Il faut penser le questionnement comme tel, à partir de lui-même, et accepter l’idée que la première étape de toute résolution possible a lieu avec la question. Bien poser une question, la réfléchir, en appréhender les tenants et les aboutissants, est le tout premier pas de la pensée dans sa positivité même.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Qu’est-ce que la métaphysique ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 52.

À mon humble avis, toute question soulève un doute et ce dernier pose lui-même problème. En effet, certaines personnes tissent un lien malsain entre le doute et la confiance en soi. Plus encore, elles lient la confiance en soi au confort d’avoir raison. Autrement dit, certaines personnes perdent pied lorsqu’elles n’ont pas raison. Elles évacuent ainsi tous les doutes possibles et bénéfiques à la vie bonne. Or et ce n’est pas nouveau : la lumière entre par les failles ou, si vous préférez, par les doutes. Le doute est aussi la clé de toute pensée féconde, notamment la pensée scientifique.

Or, on ne peut négliger la science, encore moins l’ignorer, car elle fait partie intégrante de la réflexion de l’homme. Tout dépend de ce que l’on attend d’elle. Et s’il s’agit de la « fonder », comme Descartes le voulait, force est de constater que c’est inutile : elle n’en a pas besoin. Par contre, s’il s’agit de voir comment elle procède afin de mieux comprendre la Raison, alors la science est importante pour la philosophie. Et il s’agit d’interpréter la science et ses résultats, afin d’intégrer en une vision systématique ce qu’elle dit de l’espace, du temps, de la matière, etc., alors la philosophie, en retour, sera importante pour la science, qui verra mieux, ce qu’elle apporte de façon fragmentée et analytique, au nom de l’efficacité, alimentant la réflexion de fond que l’homme a de l’univers et de sa place dans cet univers.

La méthodologie de la science – ce que l’on appelle l’épistémologie – illustre bien le fonctionnement de l’esprit humain.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Que dit la philosophie à propos de la science ?, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. pp. 57-58.


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épistémologie

Définition de épistémologie ​​​

nom féminin

didactique

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

L’épistémologie m’intéresse depuis plus de 25 ans. Je cherche dans cette discipline de la philosophie des réponses à la question « Comment nous pensons ? » afin de prendre conscience et d’agir sur mes erreurs de pensée, ce que je considère comme une forme de philothérapie.

Un peu d’esprit scientifique dans nos ne nous fera pas de tort.


La formation de l’esprit scientifique

Gaston Bachelard

La Formation de l’esprit scientifique (sous-titré Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective) est un essai d’épistémologie de Gaston Bachelard publié aux éditions Vrin en 1938. Bachelard y propose une analyse de la transition entre l’esprit « préscientifique » et l’esprit « scientifique » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette évolution est rendue possible par la prise en compte et le dépassement de ce qu’il définit comme des obstacles épistémologiques, permettant alors la construction rationnelle d’une expérience. Celle-ci, par la longue réflexion qui la précède, dépasse l’observation directe d’un fait empirique et entraîne l’abstraction et la mathématisation du phénomène physique, seul moyen à ses yeux d’échapper aux préjugés inhérents à la nature humaine qui ont longtemps paralysé le progrès scientifique. Tout au long de l’ouvrage, il cite un grand nombre d’ouvrages préscientifiques illustrant les différents obstacles qu’il met en lumière, en particulier des œuvres d’alchimistes et de savants du siècle des Lumières. Source : InternetArchive.

Les sept obstacles à surmonter pour acquérir un esprit scientifique selon Gaston Bachelard

1. L’expérience immédiate : cet obstacle consiste à s’attacher aux aspects pittoresques et spectaculaires d’un phénomène, ce qui empêche d’en voir les aspects importants. (…)

2. La connaissance générale : elle consiste à généraliser trop vite un concept, à tel point qu’il en cache d’autres. (…)

3. L’obstacle verbal : il consiste à mettre un mot à la place d’une explication. On croit avoir expliqué un phénomène alors qu’on n’a fait que cacher son ignorance par un mot généralement à la mode. Molière déjà se moquait des médecins qui, par des mots latins ou des termes compliqués, laissaient croire qu’ils étaient savants alors qu’ils ne comprenaient rien aux maladies. Par exemple, la vertu dormitive de l’opium expliquerait pourquoi l’opium fait dormir ! (…)

4. La connaissance pragmatique : elle consiste à vouloir expliquer un phénomène par son utilité, comme si le monde était organisé comme une gigantesque et merveilleuse machine, dans laquelle chaque pièce a une place et joue un rôle en vue du tout. Les explications les plus mythiques, mais aussi les plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…)

5. L’obstacle substantialiste : c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus important au progrès scientifique. Il consiste à chercher un support matériel, une substance, derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène. En effet, la recherche d’une explication commence souvent par l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le phénomène ne serait qu’un effet. Par exemple, on croit généralement que les sensations comme la saveur reposent sur des substances (substans, ce qui se tient et se maintient dessous). Les alchimistes croyaient que la couleur dorée de l’or était due à un certain composant chimique qu’il suffirait de lier à un autre métal, comme par exemple le plomb, pour le transformer en or. (…)

6. L’obstacle animiste : il consiste à attribuer à des objets inertes des propriétés des organismes vivants. (…)

7. La libido : cet obstacle consiste à attribuer des caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. » (…)

Consulter ce livre en libre téléchargement


Évidemment, on ne peut pas se limiter à surmonter des obstacles épistémologiques pour acquérir un peu d’esprit scientifique dans notre vie de tous les jours. Pour penser juste, il faut suivre quelques « Leçons de logiques ».


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Leçons de logique

ABBÉ ARTHUR ROBERT (1876-1939)

Manuel scolaire,
Première édition : 1914 – Québec
Réédition de la huitième édition parue en 1940
Collection du domaine public de la
Fondation littéraire Fleur de Lys,
Laval, Québec, Canada,
20 novembre 2009, 236 pages.
ISBN 978-2-89612-315-5

EXEMPLAIRE NUMÉRIQUE : GRATUIT (PDF)

NOTES DE L’ÉDITEUR

Collection du domaine public de la Fondation littéraire Fleur de Lys

«Où est passée la logique ?» À la poubelle, tout simplement, comme un vieux manuel scolaire. Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut l’enseigner. Or, au Québec, l’enseignement de la logique a pris le bord lors du grand ménage de la Révolution tranquille au cours des années 60. Parce que la logique alors au programme se référait à la religion catholique, la logique est disparue dans le tourbillon de la modernisation, comme on jette le bébé avec l’eau du bain. Aujourd’hui, on la cherche partout sans succès, d’où l’urgence de remettre en circulation LEÇONS DE LOGIQUE, un petit manuel scolaire, purement québécois, dont la toute première édition remonte à 1914. Lire la suite.


À ces leçons de logiques nécessaires pour profiter de l’esprit scientifique dans nos vie de tous les jours, j’ajoute la correction incontournable de nos biais cognitifs.


Biais cognitifs

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David D Burns, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.

Voici une liste de biais cognitifs pour prendre du recul et ainsi être capable d’espionner votre conditionnement :

Le tout-ou-rien : votre pensée n’est pas nuancée. Vous classez les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. En conséquence, si votre performance laisse à désirer, vous considérez votre vie comme un échec total.
La généralisation à outrance : un seul événement malheureux vous apparaît comme faisant partie d’un cycle sans fin d’échecs.

Le filtre : vous choisissez un aspect négatif et vous vous attardez à un tel point à ce petit détail que toute votre vision de la réalité en est faussée, tout comme une goutte d’encre qui vient teinter un plein contenant d’eau.

Le rejet du positif : pour toutes sortes de raisons, en affirmant qu’elles ne comptent pas, vous rejetez toutes vos expériences positives. De cette façon, vous préservez votre image négative des choses, même si elle entre en contradiction avec votre expérience de tous les jours.

Les conclusions hâtives : vous arrivez à une conclusion négative, même si aucun fait précis ne peut confirmer votre interprétation.

L’interprétation indue : vous décidez arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative à votre égard, et vous ne prenez pas la peine de voir si c’est vrai.
L’erreur de prévision. Vous prévoyez le pire, et vous êtes convaincu que votre prédiction est déjà confirmée par les faits.

L’exagération (la dramatisation) et la minimisation : vous amplifiez l’importance de certaines choses (comme vos bévues ou le succès de quelqu’un d’autre) et vous minimisez l’importance d’autres choses jusqu’à ce qu’elles vous semblent toutes petites (vos qualités ou les imperfections de votre voisin, par exemple). Cette distorsion s’appelle aussi « le phénomène de la lorgnette ».

Les raisonnements émotifs : vous présumez que vos sentiments les plus sombres reflètent nécessairement la réalité des choses : « C’est ce que je ressens, cela doit donc correspondre à une réalité.

Les « dois » et les « devrais » : vous essayez de vous motiver par des « je devrais… » ou des « je ne devrais pas… » comme si, pour vous convaincre de faire quelque chose, il fallait vous battre ou vous punir. Ou par des « je dois ». Et cela suscite chez vous un sentiment de culpabilité. Quand vous attribuez des « ils doivent » ou « ils devraient » aux autres, vous éveillez chez vous des sentiments de colère, de frustration et de ressentiment.

L’étiquetage et les erreurs d’étiquetage : il s’agit là d’une forme extrême de généralisation à outrance. Au lieu de qualifier votre erreur, vous vous apposez une étiquette négative : « Je suis un perdant ». Et quand le comportement de quelqu’un d’autre vous déplaît, vous lui accolez une étiquette négative : « C’est un maudit pouilleux ». Les erreurs d’étiquetage consistent à décrire les choses à l’aide de mots très colorés et chargés d’émotion.

La personnalisation : vous vous considérez responsable d’un événement fâcheux dont, en fait, vous n’êtes pas le principal responsable.

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Source : Burns, David D, Être bien dans sa peau, Héritage, 2005.


(…) « le philosophe ne peut aller au fond des choses sans s’interroger sur ce qu’il fait en s’interrogeant. » (…)

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Pour une ontologie minimale : les faits, les choses et leur catégorisation, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 93.

Ainsi nous faut-il découvrir comment nous pensons pour penser juste. J’ai finalement compris pourquoi le philosophe consultant Jérôme Lecoq interroge et problématise les interventions et les questions des participants à ses ateliers de philosophie en ligne.

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Quelques exemples d’ateliers

ATELIER SUR LE RESSENTI

ATELIER CONFLITS INTERNES

ATELIER LE MOI EST-IL HAïSSABLE ?

ATELIER FAUT-IL PLUS SE MÉFIER DE NOUS-MÊMES OU D’AUTRUI ?

À lire

Les 10 accords socratiques par Jérôme Lecoq.

À visiter

Site web de Jérôme Lecoq

Groupe Facebook Ateliers de la pensée par Jérôme Lecoq

Page Facebook de Jérôme Lecoq

Page LinkedIn de Jérôme Lecoq


« Raison sans passion n’est ruine de l’âme. »

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme est-il un animal raisonnable ? La logique des passions, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 113.

La raison a toujours besoin d’un coup de pouce des émotions pour parvenir à prendre une décision. Lorsque vous vous retrouver devant cinq chois différents pour l’achat d’une automobile, d’une maison, de la date d’un prochain rendez-vous, etc., vous pouvez analyser en détails toutes les offres pendant des heures sans pour autant avoir les connaissances et les synthèses pour effectuer votre choix. C’est dans de telles circonstances que les émotions viennent à la rescousse avec « un coup de cœur » pour la meilleure offre. À lire : L’Erreur de Descartes : la raison des émotions, Antonio Damascio. À écouter : Sentir d’abord : une exploration de la conscience, Antonio Damasio, Fleur bleue, Radio France.


La philosophie est une question en soi, pour elle-même, parce qu’elle est l’interrogativité même qui s’interroge, qui est en question. De ce fait même, on la voit à l’oeuvre dans la science comme dans la vie, qui l’une et l’autre interpellent et problématisent. La philosophie nous ramène au principe, au sens, c’est-à-dire à ce dont il est question, mais elle nous oblige à penser systématiquement les différentes problématiques, telle que les voit en science ou en art par exemplae, donc à les articuler et à les différencier également.

MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – L’homme et la philosophie, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 151.


* * * * *

J’accorde au livre QU’EST-CE LA PHILOSOPHIE ? de MICHEL MEYER cinq étoiles sur cinq.

Je vous en recommande fortement la lecture.


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Page d’accueil du dossier

Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thierry Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

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